• Les #voitures_électriques assoiffent les #pays_du_Sud

    Pour extraire des #métaux destinés aux voitures électriques des pays les plus riches, il faut de l’eau. Au #Maroc, au #Chili, en #Argentine… les #mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse.

    #Batteries, #moteurs… Les voitures électriques nécessitent des quantités de métaux considérables. Si rien n’est fait pour limiter leur nombre et leur #poids, on estime qu’elles pourraient engloutir plusieurs dizaines de fois les quantités de #cobalt, de #lithium ou de #graphite que l’on extrait aujourd’hui.

    Démultiplier la #production_minière dans des proportions aussi vertigineuses a une conséquence directe : elle pompe des #ressources en eau de plus en plus rares. Car produire des métaux exige beaucoup d’eau. Il en faut pour concentrer le métal, pour alimenter les usines d’#hydrométallurgie, pour les procédés ultérieurs d’#affinage ; il en faut aussi pour obtenir les #solvants et les #acides utilisés à chacun de ces stades, et encore pour simplement limiter l’envol de #poussières dans les mines. Produire 1 kilogramme de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau, 1 kg de nickel 100 à 1 700 l, et 1 kg de lithium 2 000 l [1].

    Selon une enquête de l’agence de notation étatsunienne Fitch Ratings, les investisseurs considèrent désormais les #pénuries_d’eau comme la principale menace pesant sur le secteur des mines et de la #métallurgie. Elle estime que « les pressions sur la ressource, comme les pénuries d’eau localisées et les #conflits_d’usage, vont probablement augmenter dans les décennies à venir, mettant de plus en plus en difficulté la production de batteries et de technologies bas carbone ». Et pour cause : les deux tiers des mines industrielles sont aujourd’hui situées dans des régions menacées de sécheresse [2].

    L’entreprise anglaise #Anglo_American, cinquième groupe minier au monde, admet que « 75 % de ses mines sont situées dans des zones à haut risque » du point de vue de la disponibilité en eau. La #voiture_électrique devait servir à lutter contre le réchauffement climatique. Le paradoxe est qu’elle nécessite de telles quantités de métaux que, dans bien des régions du monde, elle en aggrave les effets : la sécheresse et la pénurie d’eau.

    Au Maroc, la mine de cobalt de #Bou_Azzer exploitée par la #Managem, qui alimente la production de batteries de #BMW et qui doit fournir #Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l’équivalent de la consommation d’eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de #manganèse d’#Imini et la mine de #cuivre de #Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l’approvisionnement de #sulfate_de_manganèse et de cuivre ».

    Importer de l’eau depuis le désert

    Importer du cobalt, du cuivre ou du manganèse depuis la région de Bou Azzer, cela revient en quelque sorte à importer de l’eau depuis le désert. Les prélèvements de ces mines s’ajoutent à ceux de l’#agriculture_industrielle d’#exportation. À #Agdez et dans les localités voisines, les robinets et les fontaines sont à sec plusieurs heures par jour en été, alors que la température peut approcher les 45 °C. « Bientôt, il n’y aura plus d’eau, s’insurgeait Mustafa, responsable des réseaux d’eau potable du village de Tasla, lors de notre reportage à Bou Azzer. Ici, on se sent comme des morts-vivants. »

    Un des conflits socio-environnementaux les plus graves qu’ait connus le Maroc ces dernières années s’est produit à 150 kilomètres de là, et il porte lui aussi sur l’eau et la mine. Dans la région du #Draâ-Tafilalet, dans la commune d’Imider, la Managem exploite une mine d’#argent, un métal aujourd’hui principalement utilisé pour l’#électricité et l’#électronique, en particulier automobile. D’ailleurs, selon le Silver Institute, « les politiques nationales de plus en plus favorables aux véhicules électriques auront un impact positif net sur la demande en argent métal ». À Imider, les prélèvements d’eau croissants de la mine d’argent ont poussé les habitants à la #révolte. À partir de 2011, incapables d’irriguer leurs cultures, des habitants ont occupé le nouveau réservoir de la mine, allant jusqu’à construire un hameau de part et d’autre des conduites installées par la Managem. En 2019, les amendes et les peines d’emprisonnement ont obligé la communauté d’Imider à évacuer cette #zad du désert, mais les causes profondes du conflit perdurent.

    « Ici, on se sent comme des morts-vivants »

    Autre exemple : au Chili, le groupe Anglo American exploite la mine de cuivre d’#El_Soldado, dans la région de #Valparaiso. Les sécheresses récurrentes conjuguées à l’activité minière entraînent des #coupures_d’eau de plus en plus fréquentes. Pour le traitement du #minerai, Anglo American est autorisé à prélever 453 litres par seconde, indique Greenpeace, tandis que les 11 000 habitants de la ville voisine d’#El_Melón n’ont parfois plus d’eau au robinet. En 2020, cette #pénurie a conduit une partie de la population à occuper l’un des #forages de la mine, comme au Maroc.

    #Désalinisation d’eau de mer

    L’année suivante, les associations d’habitants ont déposé une #plainte à la Cour suprême du Chili pour exiger la protection de leur droit constitutionnel à la vie, menacé par la consommation d’eau de l’entreprise minière. Face au mouvement de #contestation national #No_más_Anglo (On ne veut plus d’Anglo), le groupe a dû investir dans une usine de désalinisation de l’eau pour alimenter une autre de ses mégamines de cuivre au Chili. Distante de 200 kilomètres, l’usine fournira 500 litres par seconde à la mine de #Los_Bronces, soit la moitié de ses besoins en eau.

    Les entreprises minières mettent souvent en avant des innovations technologiques permettant d’économiser l’eau sur des sites. Dans les faits, les prélèvements en eau de cette industrie ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années : l’Agence internationale de l’énergie note qu’ils ont doublé entre 2018 et 2021. Cette augmentation s’explique par la ruée sur les #métaux_critiques, notamment pour les batteries, ainsi que par le fait que les #gisements exploités sont de plus en plus pauvres. Comme l’explique l’association SystExt, composée de géologues et d’ingénieurs miniers, « la diminution des teneurs et la complexification des minerais exploités et traités conduisent à une augmentation exponentielle des quantités d’énergie et d’eau utilisées pour produire la même quantité de métal ».

    Réduire d’urgence la taille des véhicules

    En bref, il y de plus en plus de mines, des mines de plus en plus voraces en eau, et de moins en moins d’eau. Les métaux nécessaires aux batteries jouent un rôle important dans ces conflits, qu’ils aient lieu au Maroc, au Chili ou sur les plateaux andins d’Argentine ou de Bolivie où l’extraction du lithium est âprement contestée par les peuples autochtones. Comme l’écrit la politologue chilienne Bárbara Jerez, l’#électromobilité est inséparable de son « #ombre_coloniale » : la perpétuation de l’échange écologique inégal sur lequel est fondé le #capitalisme. Avec les véhicules électriques, les pays riches continuent d’accaparer les ressources des zones les plus pauvres. Surtout, au lieu de s’acquitter de leur #dette_écologique en réparant les torts que cause le #réchauffement_climatique au reste du monde, ils ne font qu’accroître cette dette.

    Entre une petite voiture de 970 kg comme la Dacia Spring et une BMW de plus de 2 tonnes, la quantité de métaux varie du simple au triple. Pour éviter, de toute urgence, que les mines ne mettent à sec des régions entières, la première chose à faire serait de diminuer la demande en métaux en réduisant la taille des véhicules. C’est ce que préconise l’ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste des matières premières et coauteur de La ville stationnaire — Comment mettre fin à l’étalement urbain (Actes Sud, 2022) : « C’est un gâchis effroyable de devoir mobiliser l’énergie et les matériaux nécessaires à la construction et au déplacement de 1,5 ou 2 tonnes, pour in fine ne transporter la plupart du temps qu’une centaine de kilogrammes de passagers et de bagages », dit-il à Reporterre.

    « C’est un #gâchis effroyable »

    « C’est à la puissance publique de siffler la fin de partie et de revoir les règles, estime l’ingénieur. Il faudrait interdire les véhicules électriques personnels au-delà d’un certain poids, comme les #SUV. Fixer une limite, ou un malus progressif qui devient vite très prohibitif, serait un bon signal à envoyer dès maintenant. Puis, cette limite pourrait être abaissée régulièrement, au rythme de sortie des nouveaux modèles. »

    C’est loin, très loin d’être la stratégie adoptée par le gouvernement. À partir de 2024, les acheteurs de véhicules de plus de 1,6 tonne devront payer un #malus_écologique au poids. Les véhicules électriques, eux, ne sont pas concernés par la mesure.

    LES BESOINS EN MÉTAUX EN CHIFFRES

    En 2018, l’Académie des sciences constatait que le programme de véhicules électriques français repose sur « des quantités de lithium et de cobalt très élevées, qui excèdent, en fait et à technologie inchangée, les productions mondiales d’aujourd’hui, et ce pour satisfaire le seul besoin français ! » En clair : si on ne renonce pas à la voiture personnelle, il faudra, pour disposer d’une flotte tout électrique rien qu’en France, plus de cobalt et de lithium que l’on en produit actuellement dans le monde en une année.

    L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande de lithium pour les véhicules électriques pourrait être multipliée par 14 en 25 ans, celle de cuivre par 10 et celle de cobalt par 3,5. Simon Michaux, ingénieur minier et professeur à l’Institut géologique de Finlande, a calculé récemment que si l’on devait électrifier les 1,4 milliard de voitures en circulation sur la planète, il faudrait disposer de l’équivalent de 156 fois la production mondiale actuelle de lithium, 51 fois la production de cobalt, 119 fois la production de graphite et plus de deux fois et demie la production actuelle de cuivre [3]. Quelles que soient les estimations retenues, ces volumes de métaux ne pourraient provenir du recyclage, puisqu’ils seraient nécessaires pour construire la première génération de véhicules électriques.

    https://reporterre.net/Les-voitures-electriques-assoiffent-les-pays-du-Sud
    #eau #sécheresse #extractivisme #résistance #justice #industrie_automobile #métaux_rares

    • #Scandale du « cobalt responsable » de BMW et Renault au Maroc

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’approvisionnent en cobalt au Maroc en se vantant de leur politique d’achat éthique. « Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association », s’insurgent plusieurs responsables syndicaux et associatifs, basés en France et au Maroc.

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’affichent en champions de la mine responsable. Depuis 2020, la marque allemande s’approvisionne en cobalt au Maroc auprès de la Managem, grande entreprise minière appartenant à la famille royale. En 2022, Renault l’a imité en signant un accord avec le groupe marocain portant sur l’achat de 5000 tonnes de sulfate de cobalt par an pour alimenter sa « gigafactory » dans les Hauts de France. Forts de ces contrats, les deux constructeurs automobiles ont mené des campagnes de presse pour vanter leur politique d’achat de matières premières éthiques, BMW assurant que « l’extraction de cobalt par le groupe Managem répond aux critères de soutenabilité les plus exigeants » en matière de respect des droits humains et de l’environnement.

      Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association. Elle est responsable de violations de droits humains, d’une pollution majeure à l’arsenic et menace les ressources en eau de la région, comme l’ont révélé l’enquête de Celia Izoard sur Reporterre et le consortium d’investigation réunissant le quotidien Süddeutsche Zeitung, les radiotélévisions allemandes NDR et WDR et le journal marocain Hawamich (2).

      Une catastrophe écologique

      Les constructeurs automobiles n’ont jamais mentionné que la mine de Bou Azzer n’est pas seulement une mine de cobalt : c’est aussi une mine d’arsenic, substance cancérigène et hautement toxique. Depuis le démarrage de la mine par les Français en 1934, les déchets miniers chargés d’arsenic ont été massivement déversés en aval des usines de traitement. Dans les oasis de cette région désertique, sur un bassin versant de plus de 40 kilomètres, les eaux et les terres agricoles sont contaminées. A chaque crue, les résidus stockés dans les bassins de la mine continuent de se déverser dans les cours d’eau.

      A Zaouit Sidi-Blal, commune de plus de 1400 habitants, cette pollution a fait disparaître toutes les cultures vivrières à l’exception des palmiers dattiers. Les représentants de la commune qui ont mené des procédures pour faire reconnaître la pollution ont été corrompus ou intimidés, si bien que la population n’a fait l’objet d’aucune compensation ou mesure de protection.

      Dans le village de Bou Azzer, à proximité immédiate du site minier, treize familles et une vingtaine d’enfants se trouvent dans une situation d’urgence sanitaire manifeste. Faute d’avoir été relogés, ils vivent à quelques centaines de mètres des bassins de déchets contenant des dizaines de milliers de tonnes d’arsenic, au milieu des émanations d’acide sulfurique, sans argent pour se soigner.

      Depuis vingt ans, la mine de Bou Azzer, exploitée en zone désertique, n’a cessé d’augmenter sa production. Le traitement des minerais consomme des centaines de millions de litres d’eau par an dans cette région durement frappée par la sécheresse. Les nappes phréatiques sont si basses que, dans certains villages voisins de la mine, l’eau doit être coupée plusieurs heures par jour. A l’évidence une telle exploitation ne peut être considérée comme « soutenable ».

      Mineurs sacrifiés

      Les conditions d’extraction à Bou Azzer sont aussi alarmantes qu’illégales. Alors que le recours à l’emploi temporaire pour les mineurs de fond est interdit au Maroc, des centaines d’employés de la mine travaillent en contrat à durée déterminée pour des entreprises de sous-traitance. Ces mineurs travaillent sans protection et ne sont même pas prévenus de l’extrême toxicité des poussières qu’ils inhalent. Les galeries de la mine s’effondrent fréquemment faute d’équipement adéquat, entraînant des décès ou des blessures graves. Les entreprises sous-traitantes ne disposent d’aucune ambulance pour évacuer les blessés, qui sont transportés en camion. Les nombreux mineurs atteints de silicose et de cancer sont licenciés et leurs maladies professionnelles ne sont pas déclarées. Arrivés à la retraite, certains survivent avec une pension de moins de 100 euros par mois et n’ont pas les moyens de soigner les maladies contractées dans les galeries de Bou Azzer.

      Enfin, si la Managem prétend « promouvoir les libertés syndicales et les droits d’association », la situation politique du Maroc aurait dû amener BMW et Renault à s’intéresser de près à l’application de ces droits humains. Il n’existe à Bou Azzer qu’un syndicat aux ordres de la direction, et pour cause ! En 2011-2012, lors de la dernière grande grève sur le site, les tentatives d’implanter une section de la Confédération des travailleurs ont été violemment réprimées. Les mineurs qui occupaient le fond et qui n’exigeaient que l’application du droit du travail ont été passés à tabac, des grévistes ont été torturés et poursuivis pour « entrave au travail », de même que les membres de l’Association marocaine pour les droits humains qui soutenaient leurs revendications.

      Comment, dans ces conditions, les firmes BMW et Renault osent-elles vanter leurs politiques d’achat de « cobalt responsable » ? Au regard ne serait-ce que des lois sur le devoir de vigilance des entreprises, elles auraient dû prendre connaissance de la situation réelle des mineurs et des riverains de Bou Azzer. Elles auraient dû tout mettre en œuvre pour faire cesser cette situation qui découle d’infractions caractérisées au droit du travail, de l’environnement et de la santé publique. Mieux encore, elles devraient renoncer à la production en masse de véhicules qui ne sauraient être ni soutenables ni écologiques. Les luxueuses BMW i7 pèsent 2,5 tonnes et sont équipées de batteries de 700 kg. La justice sociale et l’urgence écologique imposent aux constructeurs automobiles et aux dirigeants de prendre leurs responsabilités : adopter des mesures drastiques pour réduire le poids et le nombre des véhicules qui circulent sur nos routes. La « transition » pseudo-écologique portée par les pouvoirs publics et les milieux économiques ne doit pas ouvrir la voie au greenwashing le plus éhonté, condamnant travailleurs et riverains à des conditions de travail et d’environnement incompatibles avec la santé et la dignité humaines et renforçant des logiques néocoloniales.

      (1) Tous nos remerciements à Benjamin Bergnes, photographe, qui nous cède le droit de disposer de cette photo dans le cadre exclusif de cette tribune.

      Premiers signataires :

      Annie Thébaud-Mony, Association Henri-Pézerat

      Alice Mogwe, présidente de la Fédération internationale pour les droits humains

      Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme

      Agnès Golfier, directrice de la Fondation Danielle-Mitterrand

      Lawryn Remaud, Attac France

      Jawad Moustakbal, Attac Maroc/CADTM Maroc

      Hamid Majdi, Jonction pour la défense des droits des travailleurs, Maroc

      Pascale Fouilly, secrétaire générale du syndicat national des mineurs CFDT, assimilés et du personnel du régime minier de sécurité sociale

      Marie Véron, coordinatrice de l’Alliance écologique et sociale (qui réunit les Amis de la Terre, Attac, la Confédération paysanne, FSU, Greenpeace France, Oxfam France et Solidaires)

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      https://reporterre.net/BMW-et-Renault-impliques-dans-un-scandale-ecologique-au-Maroc

      https://reporterre.net/Mines-au-Maroc-la-sinistre-realite-du-cobalt-responsable

      https://reporterre.net/Au-Maroc-une-mine-de-cobalt-empoisonne-les-oasis

      https://www.tagesschau.de/investigativ/ndr-wdr/umweltstandards-bmw-zulieferer-kobalt-marokko-100.html

      https://www.sueddeutsche.de/projekte/artikel/wirtschaft/bou-azzer-arsen-umweltverschmutzung-e-autos-bmw-e972346

      https://www.ndr.de/der_ndr/presse/mitteilungen/NDR-WDR-SZ-Massive-Vorwuerfe-gegen-Zulieferer-von-BMW,pressemeldungndr24278.html

      https://www.br.de/nachrichten/bayern/schmutzige-kobalt-gewinnung-vorwuerfe-gegen-bmw-zulieferer,TvPhd4K

      https://www.dasding.de/newszone/bmw-zulieferer-marokko-verdacht-umwelt-arbeit-kobalt-100.html

      https://hawamich.info/7361

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/131123/scandale-du-cobalt-responsable-de-bmw-et-renault-au-maroc

    • Scandale du cobalt marocain : lancement d’une enquête sur BMW

      À la suite de l’enquête de Reporterre et de médias internationaux sur l’extraction de « cobalt responsable » au Maroc pour les voitures électriques, l’autorité fédérale allemande de contrôle a engagé une procédure contre BMW.

      La mine de cobalt de Bou Azzer, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, intoxique les travailleurs et l’environnement. À la suite de nos enquêtes sur ce scandale, l’Office fédéral allemand du contrôle de l’économie et des exportations (Bafa) a ouvert une enquête sur le constructeur automobile BMW. Le gouvernement a confirmé cette information après une question écrite du groupe parlementaire de gauche Die Linke le 25 novembre, selon le quotidien Der Spiegel.

      L’autorité de contrôle pourrait infliger des sanctions à BMW pour avoir enfreint la loi sur le devoir de vigilance des entreprises. Depuis 2020, BMW fait la promotion de son « approvisionnement responsable » au Maroc sans avoir mené d’audit dans cette mine de cobalt et d’arsenic, comme l’a révélé notre investigation menée conjointement avec le Süddeutsche Zeitung, les chaînes allemandes NDR et WDR et le média marocain Hawamich.
      Les mineurs en danger

      Privés de leurs droits syndicaux, les mineurs y travaillent dans des conditions illégales et dangereuses ; les déchets miniers ont gravement pollué les oasis du bassin de l’oued Alougoum au sud de Ouarzazate, où l’eau des puits et les terres présentent des concentrations en arsenic plus de quarante fois supérieures aux seuils.

      En vigueur depuis janvier 2023, la loi allemande sur le devoir de vigilance vise à améliorer le respect des droits humains et de l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Comme dans la loi française, les grandes entreprises ont l’obligation de prévenir, d’atténuer ou de mettre fin à d’éventuelles violations.

      Mais les moyens de contrôle de l’autorité fédérale sont ridiculement insuffisants pour faire appliquer cette loi, estime Cornelia Möhring, députée et porte-parole du parti de gauche Die Linke au Bundestag, interviewée par Reporterre : « Le cas de BMW, qui se vante d’exercer sa responsabilité environnementale et sociale “au-delà de ses usines” et qui a préféré ignorer la réalité de cette extraction, est emblématique, dit-elle. Il montre que le volontariat et l’autocontrôle des entreprises n’ont aucun sens dans un monde capitaliste. Face au scandale du cobalt, le gouvernement fédéral doit maintenant faire la preuve de sa crédibilité en ne se laissant pas piétiner par l’une des plus grandes entreprises allemandes. »

      « L’autocontrôle des entreprises n’a aucun sens »

      Le propriétaire de BMW, Stefan Qandt, est le quatrième homme le plus riche d’Allemagne, souligne Cornelia Möhring. En cas d’infraction avérée au devoir de vigilance, les sanctions maximales prévues par l’autorité de contrôle allemande sont une exclusion des marchés publics pour une durée de trois ans ou une amende allant jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires annuel du groupe (celui de BMW était de 146 milliards d’euros en 2022). Le constructeur s’est déclaré prêt à « exiger de son fournisseur des contre-mesures immédiates » pour améliorer la situation à Bou Azzer. De son côté, la députée Cornelia Möhring estime qu’« une action en justice à l’encontre de BMW pour publicité mensongère serait bienvenue ».

      Quid de Renault, qui a signé en 2022 un accord avec l’entreprise Managem pour une fourniture en cobalt à partir de 2025 pour les batteries de ses véhicules ? Il a lui aussi fait la promotion de ce « cobalt responsable » sans avoir enquêté sur place. Interrogé par Reporterre, le constructeur automobile assure qu’« un premier audit sur site mené par un organisme tiers indépendant » sera mené « très prochainement », et qu’« en cas de non-respect des normes et engagements ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance] du groupe, des mesures correctives seront prises pour se conformer aux normes ». Reste à savoir quelles « normes » pourraient protéger les travailleurs et l’environnement dans un gisement d’arsenic inévitablement émetteur de grands volumes de déchets toxiques.

      https://reporterre.net/Scandale-du-cobalt-marocain-l-Etat-allemand-va-enqueter-sur-BMW

  • Leaked document fuels concern Israel plans to push Palestinians from Gaza into Egypt

    Israel says ‘concept paper’ isn’t policy, but Palestinians fear ethnic cleansing.

    An Israeli government document suggesting the mass relocation of Gaza’s 2.3 million people to Egypt’s Sinai Peninsula is fuelling concerns about the possible ethnic cleansing of Palestinians.

    The leaked document, first reported in Israeli media, was compiled by an Israeli government research agency known as the Intelligence Ministry and was dated Oct. 13 — six days after Hamas led deadly attacks on Israel and the Israeli government declared war against the Palestinian militant group, which controls Gaza.

    Although not a binding policy, it has deepened long-standing Egyptian fears that Israel wants to make Gaza into Egypt’s problem and revived Palestinians’ memories of the displacement of hundreds of thousands of people who fled or were forced from their homes during the fighting surrounding Israel’s creation in 1948, which Palestinians refer to as the Nakba, the Arabic word for catastrophe.

    “What happened in 1948 will not be allowed to happen again,” Nabil Abu Rudeineh, spokesperson for Palestinian President Mahmoud Abbas, told The Associated Press in reaction to the paper.

    He said a mass displacement of Palestinians would be “tantamount to declaring a new war.”

    A long-term plan

    A Hebrew-English translation of the document, published by the Israeli website +972 Magazine, outlined three options regarding the civilian population of Gaza.

    One would see the civilians remain in Gaza under the rule of the Palestinian Authority — which was ejected from Gaza after a weeklong 2007 war that put Hamas in power — while the second suggested an attempt to establish “a local Arab non-Islamist political leadership” to govern the population.

    Neither of these options were considered feasible strategies to create ideological change and deter future militancy against Israel.

    The third option, the evacuation of civilians in Gaza to Sinai, would “yield positive, long-term strategic outcomes for Israel,” the document stated.

    The proposal does not indicate this would be a temporary relocation.

    “In the first stage, tent cities will be established in the area of Sinai,” it reads. “The next stage includes the establishment of a humanitarian zone to assist the civilian population of Gaza and the construction of cities in a resettled area in northern Sinai.”

    Growing sentiment about Gaza

    Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu’s office played down the report as a hypothetical exercise, saying it was a “concept paper, the likes of which are prepared at all levels of the government and its security agencies.”

    But the paper does not exist in isolation.

    An Israeli think-tank, the Misgav Institute for National Security and Zionist Strategy, released a paper inferring the situation presented “a unique and rare opportunity to evacuate the whole Gaza Strip in co-ordination with the Egyptian government.”

    “At the moment, these conditions exist, and it is unclear when such an opportunity will arise again, if at all,” reads a Hebrew-English translation published by the website Mondoweiss.

    Israeli officials and other political figures have openly expressed similar sentiments, according to an article from the Carnegie Endowment for International Peace.

    The question of ethnic cleansing

    Pushing Palestinians out of Gaza into Sinai would be “ethnic cleansing,” said Dr. Mustafa Barghouti, a Palestinian physician and politician.

    He believes there is no chance they would ever be allowed to return and that it would set “a very dangerous precedent” for all Palestinians.

    “The ultimate goal will not only be ethnic cleansing of Gaza, but also of the West Bank,” he told CBC News. “We already see terrorist settlers’ attacks on Palestinian communities in the West Bank.”

    Ethnic cleansing is a term that emerged during the war in the former Yugoslavia in the 1990s.

    The United Nations describes it as “a purposeful policy designed by one ethnic or religious group to remove by violent and terror-inspiring means the civilian population of another ethnic or religious group from certain geographic areas.”

    It is not recognized as an independent crime under international law. Attributes of ethnic cleansing — including murder, extermination, enslavement, deportation, imprisonment, torture and rape, among others — can, however, constitute other crimes under international law, such as crimes against humanity or genocide.

    Israeli-American historian Gil Troy, a history professor at McGill University in Montreal, cautions against the suggestion that Israel plans to “transfer” Palestinians out of Gaza, saying the concept paper is “not even a plan that is being actioned, but simply it’s a thought.”

    But Troy said he thinks a loss of some territory in Gaza isn’t out of the question.

    “I think in the wake of the savagery of Oct. 7, Israel has to create a much bigger buffer zone between the Gazans and the Israelis on the Gaza corridor,” he said.

    “That’s not about ethnic cleansing, that’s about creating territorial defence.”

    The Israeli government says Hamas-led militants killed more than 1,400 civilians and soldiers in the surprise assault on Israeli communities more than three weeks ago, and took 240 people hostage. More than 8,700 Palestinians have been killed, and nearly 2,000 more have been reported missing, since Israel began attacking the Gaza Strip, according to the territory’s Hamas-run Health Ministry.

    Under Article 51 of the United Nations Charter, Israel has the “inherent right” to defend itself against an armed attack, but several human rights groups have alleged that violations of international humanitarian law, and possibly war crimes, have been committed on both sides.

    On Wednesday, Prime Minister Justin Trudeau reiterated that right of self-defence and “unequivocally” condemned Hamas, but he expressed strong concerns.

    “The price of justice cannot be the continued suffering of all Palestinian civilians,” he said.
    Marketing mass displacement

    Whether or not Israel can or will carry out such a plan, the leaked document argued there would be a need to win over international support for a relocation of Palestinians.

    It suggests relying on “large advertising agencies” to promote messaging to Western nations “in a way that does not incite or vilify Israel” but instead focuses on “assisting the Palestinian brothers and rehabilitating them, even at the price of a tone that rebukes or even harms Israel.”

    At the same time, campaigns would be needed to “motivate” Gaza residents to accept the plan by pinning the loss of land on Hamas and “making it clear that there is no hope of returning to the territories Israel will soon occupy, whether or not that is true.”

    As for Egypt and other regional countries that may have to bear the brunt of a mass deportation of Palestinians, the document proposes incentives, including financial assistance for Egypt, specifically, to aid its current economic crisis.

    Egypt’s president, Abdel Fattah el-Sisi, has said a mass influx of refugees from Gaza would eliminate the Palestinian nationalist cause. It would also risk bringing militants into Sinai, where they might launch attacks on Israel, he said.

    Egypt has long feared that Israel wants to force a permanent expulsion of Palestinians into its territory, as happened during the war surrounding Israel’s independence. Egypt ruled Gaza between 1948 and 1967, when Israel captured the territory, along with the West Bank and east Jerusalem.

    https://www.cbc.ca/news/world/israel-gaza-palestinians-concept-paper-1.7015576
    #déportation #déportation_de_masse #Gaza #Israël #nettoyage_ethnique #Sinaï #Egypte #évacuation #transfert

    • Et petite mise en perspective de cette nécessité de vider Gaza...

      Article sorti le 5 mai 2023 :
      Israël et l’Autorité palestinienne négocient l’exploitation d’un #champ_gazier au large de Gaza

      L’État hébreu et l’Autorité palestinienne ont repris leurs discussions sur l’exploitation du camp #Gaza_Marine, situé au large des côtés de l’enclave palestinienne, dont les Palestiniens pourraient profiter. L’Égypte pourrait jouer un rôle pivot.

      Israël et l’Autorité palestinienne (AP) mènent des “discussions secrètes” autour de l’exploitation du champ gazier baptisé Gaza Marine, situé à 30 kilomètres de la côte de l’enclave palestinienne de la bande de Gaza, a révélé, jeudi 4 mai, le site Internet de la chaîne de télévision israélienne Channel 13.

      Ce sujet s’intègre dans les pourparlers, plus larges, politiques et sécuritaires entre les deux parties. Ces dernières ont repris langue ces dernières semaines, sous la pression des États-Unis, lors de récents sommets en février à Aqaba, en Jordanie, et en mars à Charm El-Cheikh, en Égypte.

      Découvert en 1999 dans les eaux territoriales palestiniennes, le gisement de Gaza Marine contiendrait plus de 30 milliards de m3 de gaz naturel. Pour l’Autorité palestinienne, il pourrait représenter “un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars”, écrit le site Middle East Eye, qui rapporte l’information.

      Les choses pourraient donc changer.
      L’Égypte en médiatrice ?

      En réalité, les “discussions secrètes” révélées par Channel 13 autour du champ gazier au large de Gaza ne sont pas nouvelles. L’année dernière, Israël, l’Autorité palestinienne et l’Égypte, habituel médiateur entre les deux parties, avaient échoué à se mettre d’accord. Parmi les questions en suspens, celle du positionnement du Hamas palestinien, rival d’Israël et du Fatah, qui contrôle l’AP, explique la chaîne israélienne.

      Comme Israël considère que l’AP n’a pas les moyens d’exploiter ce champ, il était question qu’une société égyptienne chapeaute le projet en distribuant 55 % des bénéfices à l’Autorité palestinienne et 45 % à la compagnie égyptienne. C’est sans doute autour d’une solution similaire que les discussions ont repris.

      Ces dernières années, d’importants #gisements_de_gaz et de #pétrole ont été repérés dans les eaux territoriales des pays bordant la Méditerranée orientale, de la Turquie à Israël, en passant par le Liban et Chypre, qui espèrent pouvoir exploiter pleinement cette ressource. La Palestine aimerait bien rejoindre ce club.

      https://www.courrierinternational.com/article/energie-israel-et-l-autorite-palestinienne-negocient-l-exploi
      #gaz #énergie

    • Israël entend accélérer l’exploitation du gisement de gaz de Gaza

      Le champ Gaza Marine sera développé en coopération avec l’Egypte et l’Autorité palestinienne, affirme le gouvernement israélien

      Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré, dimanche, que son gouvernement allait accélérer l’exploitation d’un gisement de gaz naturel au large de la Bande de Gaza.

      « Dans le cadre des accords existants entre Israël, l’Egypte et l’Autorité palestinienne (AP), le gouvernement [israélien] va accélérer le projet de développement du champ gazier de Gaza Marine, au large de la Bande de Gaza », a déclaré le bureau de Netanyahu, dans un communiqué.

      Le Premier ministre israélien a déclaré qu’un comité ministériel, chapeauté par le Conseil de sécurité nationale, devait être formé pour préserver la sécurité et les intérêts politiques d’Israël dans ce dossier.

      Cette décision est « soumise à la coordination entre les services de sécurité [israéliens] et au dialogue direct avec l’Égypte, en coordination avec l’Autorité palestinienne », précise le communiqué.

      L’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, et le Hamas, qui gouverne la Bande de Gaza, n’ont pas encore commenté l’initiative israélienne.

      Dans un communiqué publié le mois dernier, le Hamas avait déclaré qu’il ne permettrait pas à l’occupant israélien d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties.

      L’Égypte n’a pas encore commenté les déclarations de Netanyahu.

      En octobre 2022, le Fonds d’investissement palestinien a déclaré qu’il était sur le point de conclure un accord technique avec l’Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS) en vue de l’extraction du gaz du champ de Gaza Marine au large de la Bande de Gaza.

      Le champ Marine 1, premier champ gazier de Gaza, a été découvert dans les années 1990 dans les eaux territoriales de l’enclave. Il est situé à 36 kilomètres à l’ouest de la Bande de Gaza, dans les eaux méditerranéennes, et a été exploité en 2000 par la société British Gas.

      Le champ Marine 2 est situé dans la zone frontalière entre Gaza et Israël. Les Palestiniens ne peuvent cependant pas exploiter les deux champs gaziers en raison de l’opposition d’Israël.

      La Bande de Gaza, qui compte 2,3 millions d’habitants, est soumise depuis 2007 à un blocus israélien permanent qui pèse lourdement sur les conditions de vie de la population du territoire.

      https://www.aa.com.tr/fr/monde/isra%C3%ABl-entend-acc%C3%A9l%C3%A9rer-lexploitation-du-gisement-de-gaz-de-gaza/2925378

  • Perenco, la brute du pétrole - Actualités - Disclose.ngo
    https://disclose.ngo/fr/article/perenco-la-brute-du-petrole

    En #République_démocratique_du_Congo, la société #Perenco, qui exploite une dizaine de #gisements de #pétrole, est accusée de nombreuses atteintes à l’environnement. #Disclose, EIF et Investigate Europe ont recensé pas moins de 167 affaires de #pollution dans le pays.

    Perenco files - Enquêtes - Disclose.ngo
    https://disclose.ngo/fr/investigations/perenco-files

  • #Roumanie : le futur #carrefour_énergétique de l’Europe ?

    Les récentes découvertes de #gisements_offshore dans la #Mer_Noire ont relancé les spéculations sur l’exploitation de #pétrole et de #gaz en Roumanie. D’autant que son positionnement stratégique entre la Russie et l’UE pourrait être un sérieux avantage. Aujourd’hui, Bucarest produit à peine 0,1% du brut mondial avec 105 000 barils/jour.


    http://balkans.courriers.info/article26309.html
    cc @reka

  • #Gisements_gaziers au large de #Gaza : la face cachée d’une guerre

    La guerre de Gaza cache-t-elle, derrière un alibi militaire, la volonté israélienne de reprendre une zone géographique permettant à l’Etat hébreu de revendiquer les gisements gaziers ? Le débat avait été lancé dès la découverte des gisements sous-marins au début de ce siècle, mais la nouvelle offensive de Tsahal relance la polémique.


    http://www.rtbf.be/info/monde/detail_gisements-gaziers-au-large-de-gaza-la-face-cachee-d-une-guerre?id=832228

    #gaz #énergie #guerre #Israël