Grève interprofessionnelle : de quelques secteurs où ça bloque – CONTRETEMPS
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Autre enjeu de taille : répondre syndicalement à ceux qui pensent que le travail ne doit pas être arrêté, et qui témoigne d’un rapport au travail qui est à la fois celui d’une fierté et d’une aliénation. Que signifie un travail qu’on ne peut pas arrêter ? Les éboueurs réticents à l’arrêt du travail expliquent simplement que les poubelles qu’ils ne ramassent pas aujourd’hui seront toujours là demain. Elles seront recouvertes par d’autres sacs, grossissant le tas de déchets. D’où l’utilité de leur passage quotidien, et d’où, aussi, la difficulté à envisager de débrayer.
Pour expliquer leur impossibilité à s’arrêter, certains travailleurs mettent en avant la “charge de travail”. Cette notion est devenue clé dans les préoccupations syndicales et par ricochet dans la possibilité de faire grève. Elle est souvent utilisée pour dénoncer une surcharge de travail. Elle implique que le travail ne peut pas s’arrêter. Comme si aucun tri, aucun choix, aucune priorisation n’était possible. Les notions “d’objectif” et de “rentabilité” sont passées par là. Elles ont donné des allures de châtiment de Sisyphe au travail. Il ne s’agit pas tant de sauver la vie d’une personne ou de terminer un dossier, que de tenir le rythme effréné et sans fin du travail contemporain.