• #montpellier met en place la #Gratuité_des_transports_en_commun
    http://carfree.fr/index.php/2023/10/03/montpellier-met-en-place-la-gratuite-des-transports-en-commun

    Le 21 décembre 2023, Montpellier Méditerranée Métropole deviendra la plus grande métropole européenne à instaurer la gratuité des transports en commun pour tous ses habitants. Le maire de Montpellier et Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Transports_publics #transports_collectifs_urbains

  • Veolia : combat commun des travailleurs britanniques et ukrainiens contre une multinationale qui collabore avec la Russie de Poutine

    Une scène inhabituelle se produira le vendredi 29 septembre. Devant le siège londonien de Veolia le parlementaire travailliste John Mc Donnell prendra la parole avec Yulia Yurchenko, une militante de l’organisation de gauche ukrainienne Sotsialny Ruh sous les drapeaux du GMB (un des principaux syndicats britanniques) et de l’Ukraine.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/29/veolia-combat-commun-des-travailleurs-britanni

    #international #grandebretagne #ukraine

  • ENTRETIEN. « Les jeunes attendent beaucoup des médias, il ne faut pas les décevoir »
    https://www.ouest-france.fr/education/entretien-les-jeunes-attendent-beaucoup-des-medias-il-ne-faut-pas-les-d
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMzA5ODc4NmU1ZjlmZDZkMDQxYmFjMDFiN2NkYTFhNjk0MWQ?width=1260&he

    Depuis 2012, Anne Cordier a rencontré 250 élèves, du CE1 jusqu’à la première. Professeure en sciences de l’information et de la communication, elle a ainsi enquêté en profondeur sur le rapport aux médias et à l’information des adolescents et jeunes adultes et en a tiré un livre, « Grandir informés ». Elle nous livre ici ses conclusions.
    Les jeunes générations sont encore friandes d’informations, selon la chercheuse Anne Cordier. Mais sur des thématiques qui, parfois, intéressent moins la société adulte. (Photo d’illustration)
    Les jeunes générations sont encore friandes d’informations, selon la chercheuse Anne Cordier. Mais sur des thématiques qui, parfois, intéressent moins la société adulte. (Photo d’illustration) | PIXABAY
    Ouest-France Propos recueillis par Emile BENECH. Publié le 28/09/2023 à 15h01

    Elle les suit depuis plus de dix ans. Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (Crem), étudie le rapport aux médias et à l’information de 250 élèves des Hauts-de-France, de Normandie et des Pays-de-la-Loire, du CE1 jusqu’à la première. Elle en tire un livre, Grandir informés (éditions C & F), où elle explique les pratiques informationnelles des jeunes et leur évolution sur cette durée.

    [Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (Crem).]
    Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (Crem). | DR

    Anne Cordier, commençons par une idée reçue : est-ce que les jeunes ont arrêté de s’informer ?

    Pas du tout. En fait, lorsque l’on dit que les jeunes ne s’informent pas, on estime qu’ils devraient s’intéresser à des sujets dits « sérieux », comme l’actualité politique, internationale, etc.

    Les « jeunes » s’informent en fait sur plein de sujets. Mais ce sont des thématiques qui, parfois, intéressent moins la société adulte

    Les « jeunes » s’informent en fait sur plein de sujets, comme les questions de genre, celles liées au climat, ou des questions de sociétés, avec notamment les questions des violences faites aux enfants. Mais ce sont des thématiques qui, parfois, intéressent moins la société adulte.

    Comment les jeunes s’informent-ils ?

    D’abord, c’est difficile de figer les jeunes dans une catégorie sociale homogène. Le milieu social, le parcours académique, professionnel ou encore personnel va modifier les besoins informationnels de chacun.

    Cette veille se fait principalement via les réseaux sociaux et les médias 100 % vidéos [Brut, Konbini, Loopsider, etc.]. Au contraire, ils vont trouver que ces sujets sont peu – ou mal – traités, dans les médias plus traditionnels.

    Qu’est-ce que ça veut dire, de s’informer depuis les réseaux sociaux ?

    En fait, le réseau social est un canal qui est utilisé pour pouvoir accéder à toutes sortes de sources d’information. On y retrouve les médias traditionnels, comme Ouest-France, La Voix du Nord ou Libération, mais aussi des créateurs de contenus (Hugo Décrypte, Micode, etc.).

    Les jeunes ont délégué leurs systèmes de veille de l’actualité à ces réseaux sociaux. Bien sûr, ça nécessite de développer une forte culture des sources

    Les jeunes – et parfois les moins jeunes aussi – ont délégué leurs systèmes de veille de l’actualité à ces réseaux sociaux. Bien sûr, ça nécessite de développer une forte culture des sources, pour séparer la bonne info de l’ivraie.

    Mais ils ne subissent pas forcément cette relation avec eux ?

    Non, les jeunes connaissent le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux [qui « optimisent » l’affichage des publications sur les fils d’actualités, en fonction des centres d’intérêt des utilisateurs, NdlR], et jouent avec. Ils vont « liker » une page, en suivre une autre ou aimer une vidéo, afin que ces contenus reviennent plus fréquemment dans leurs flux.

    Ils délèguent leurs systèmes de veilles aux réseaux sociaux, mais prennent quand même soin de les configurer en amont.

    À côté des réseaux sociaux, on trouve les médias 100 % vidéos. Ils sont eux aussi devenus la norme ?

    Oui, ces nouveaux médias sont extrêmement cités par les nouvelles générations. Mais ils font bien la distinction entre deux notions lorsqu’ils en parlent : le plaisir et la confiance. Pour eux, ces pure players sont extrêmement plaisants à regarder, mais ce ne sont pas systématiquement les médias dans lesquels ils ont le plus confiance.

    Et quels sont les médias investis de cette confiance ?

    Principalement la presse, qu’ils décrivent comme une présence rassurante. Paradoxalement, d’ailleurs, puisqu’ils indiquent que c’est le média dans lequel ils ont le plus confiance, que c’est important qu’elle existe, mais ils ne la lisent presque pas, dans sa version imprimée s’entend.

    Quelles sont les raisons ?

    C’est clairement parce qu’il y manque le côté audiovisuel. Et, lire un article, ça prend du temps. Cette question de la temporalité est devenue centrale dans le regard que portent les jeunes sur l’information.

    L’information est désormais choisie non pas en fonction de son intérêt, mais en fonction du temps qu’on souhaite lui accorder.

    Sur le site des médias 100 % vidéo, le temps des contenus est clairement indiqué, et les jeunes générations vont s’appuyer sur cette référence pour choisir ce qu’ils vont regarder. L’information est désormais choisie non pas en fonction de son intérêt, mais en fonction du temps qu’on souhaite lui accorder.

    Ça, c’est symboliquement fort, et ça montre la puissance du dispositif technique.

    Est-ce que l’information est perçue comme anxiogène par les jeunes ?

    Oui, et c’est quelque chose qui m’a beaucoup frappée dans mes entretiens avec eux. En fait, la notion de plaisir est très importante dans leur recherche d’informations. Et, d’ailleurs, les jeunes adorent s’informer, notamment sur des sujets documentaires, que ce soit la santé, les pyramides, la sexualité, etc. Là, ils prennent du plaisir, même sur des sujets pas rigolos en soi.

    Mais alors, dès qu’on parle de l’information d’actualité, donc qui, entre guillemets, leur tombe dessus, ils disent tous qu’elle est hyper anxiogène, que ça les angoisse, que, parfois, ils ont besoin de couper ou que ça ne leur donnait pas envie de vivre.

    Quel serait le média idéal pour les jeunes générations ?

    Alors ça, c’est toujours le vrai problème. En fait, le média idéal, ce serait presque un média totalitaire. Les plus jeunes rêvent souvent d’un média unique. Ils voudraient un grand média en lequel ils puissent avoir confiance de façon absolue. Et donc, c’est forcément problématique !

    Plus largement, ils souhaitent pouvoir consulter un média qui les prend au sérieux, et qui fait écho à leur quotidien. Sur les questions liées au climat par exemple, ils expliquent avoir du mal à se représenter les faits très lointains. En revanche, lorsque l’information est axée sur le quotidien et qu’on l’ouvre sur la question du climat, là ça prend plus de sens pour eux.

    Le lien entre les jeunes et le monde médiatique n’est donc pas si distendu qu’on pourrait le penser ?

    Non, au contraire, les jeunes attendent beaucoup des médias, beaucoup plus qu’on ne le pense. Et les grandes figures d’autorités qu’ils citent ne sont pas que des créateurs de contenus, loin de là, mais aussi des figures traditionnelles. La figure de référence est d’ailleurs Élise Lucet. Il ne faut pas les décevoir.

    #Anne_Cordier #Grandir_informés #Ouest-France

  • If earthworms were a country, they’d be the world’s fourth largest producer of grain | Science | AAAS
    https://www.science.org/content/article/if-earthworms-were-country-they-d-be-world-s-fourth-largest-producer-grain

    Earthworms do many things to make soil more fertile. By feeding on dead plant matter, they release nutrients much faster than soil microbes would by themselves. They also improve the physical structure of soil. As worms digest plant matter, they excrete tiny, stable clumps of particles. Together with the earthworm burrows, these aggregates make soil more porous. This allows rainwater to soak in and enables roots to grow more easily.

    #sols #vers_de_terre #grains

  • #Grand_Paris Sud : l’aménagement sous influence d’État
    https://metropolitiques.eu/Grand-Paris-Sud-l-amenagement-sous-influence-d-Etat.html

    Dans l’agglomération parisienne, les changements institutionnels et les projets liés au Grand Paris ont conduit à une montée en puissance du privé associé à des opérateurs locaux. Mais le retrait de l’État est loin d’être univoque, comme le montre Tanguy Le Goff avec l’exemple de #Grand_Paris_Sud. Historiquement, l’État joue un rôle central dans l’aménagement de la région capitale. Depuis les années 1960, les établissements publics d’aménagement (EPA), chargés de l’aménagement des villes nouvelles, sont les #Terrains

    / #gouvernance, #aménagement, #ville_nouvelle, Grand Paris, Grand Paris Sud

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_legoff.pdf

  • Merde, la lévitation n’est donc pas pour demain… Ô Déception…

    Des chercheurs démontrent que l’#antimatière ne « tombe » pas vers le haut
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/09/27/des-chercheurs-demontrent-que-l-antimatiere-ne-tombe-pas-vers-le-haut_619126

    L’expérience commune nous enseigne un principe de bon sens : on tombe vers le bas. Mais les physiciens aiment bien jouer avec le bon sens et oser l’impensable. Et s’il existait des objets qui ne chutent pas vers le bas mais vers… le haut, voire qui ne tombent pas du tout ? Plus savamment, est-ce que la force de #gravité, dont on connaît l’effet sur la #matière ordinaire, agit de la même façon sur sa cousine l’antimatière, image miroir de la première ? Dans l’antimatière, les charges électriques des particules sont inversées, tandis que les masses restent identiques. Un proton du noyau devient un antiproton, chargé négativement, et un électron qui gravite autour devient un antiélectron, chargé positivement.

    Alors, une plume d’antimatière chuterait-elle aussi vite qu’une plume de matière ? La réponse est enfin tombée, sous forme d’un article dans la revue Nature du 27 septembre : l’antimatière ne chute pas vers le haut. La gravité, connue pour attirer les masses de matière ordinaire entre elles, n’est pas répulsive pour l’antimatière.

    #physique

  • “Le livre des solutions” : Gondry et l’idéologie du génie toxique
    https://www.frustrationmagazine.fr/gondry

    Le livre des solutions est le dernier film en date du réalisateur français Michel Gondry. Il raconte les étapes qui précèdent la sortie d’un film loufoque et avant-gardiste réalisé par un cinéaste, Marc Becker, incarné à l’écran par Pierre Niney. Son équipe et lui se sont refugiés chez la grand-tante du cinéaste, dans un village […]

    • La réception critique de ce film en dit finalement très long sur la façon dont est envisagé le cinéma parmi la classe dominante du secteur culturel en France : comme un processus violent comprenant de l’exploitation d’autrui, des cris, des décisions insensées pour un résultat qui sera célébré, à la fin, comme l’oeuvre d’un “génie”...

      ... Contrairement à ce que les critiques enthousiastes prétendent, à aucun moment ce film ne nous apprend comment on fait du grand cinéma. Il nous montre seulement à quel point un grand cinéaste a le droit de se comporter comme un gros con.

      Une brillante contribution aux mythes bourgeois du génie

      Le film de Michel Gondry s’inscrit dans l’idéologie plus large, extrêmement contemporaine et bourgeoise, du génie. Cette idéologie comporte plusieurs grands mythes.

      Premier mythe : le génie se serait fait tout seul. Il serait le méritant par excellence. Il ne devrait son mérite à rien d’autre qu’à des caractéristiques quasi-surnaturelles, qui n’auraient – ça alors – aucun lien avec son milieu social. C’est sans doute pour appuyer ce trait – fictif – que Gondry fait provenir son alter égo d’un petit village des Cévennes alors que lui-même a grandi à Versailles, dans une famille de musiciens connus. Pour Samah Karaki, une neuroscientifique qui a consacré cette année un livre au mythe du talent, : “Les génies ne sont jamais solitaires, même si on aime les imaginer comme étant des êtres marginaux qui, comme ça, par dérive psychanalytique, en ayant vécu des traumas dans l’enfance, dans l’adolescence, ont pu dériver et finalement fournir une innovation sociale. En fait, si on creuse, que ce soit dans les sciences ou dans les arts, le génie solitaire n’existe pas parce qu’il s’assoit sur un écosystème. C’est une excroissance d’un écosystème qui est déjà présent, de connaissances, de travail, de collaboration, de contributions qui sont très complexes, qui font qu’un individu va comme un petit nain qui s’assoit sur l’épaule d’un géant de connaissances et de collaboration nous paraître comme étant celui ou celle qui a produit cette innovation.”

      Cette analyse nous amène au deuxième grand mythe, que l’on retrouve dans le film : les chefs d’œuvres des génies le seraient globalement de leur seul fait. Car si le film de Gondry met en scène une équipe, ses membres sont dépourvus de la moindre possibilité d’initiative, leur boss les mettant constamment dans un climat de confusion et de peur qui les empêche d’accomplir correctement leur travail. Le film met en scène un réalisateur omnipotent, capable d’avoir un avis sur tous les aspects du film, du scénario à la bande originale, alors que ce n’est jamais ce qu’il se produit. A cet égard, mon ami D., à qui je disais, en sortant du film, que cette daube signée Gondry risquait de changer à tout jamais l’image que j’avais de l’une des oeuvres les plus connues, Eternal Sunshine of the Spotless Mind (qui est l’un de mes films préférés), m’a rappelé que ce chef d’oeuvre avait été écrit par le scénariste Charlie Kaufman. Sa bande originale si remarquable est marquée par des compositions de Jon Brion tandis qu’on imagine désormais la grande équipe que Gondry a du martyriser pendant le film et qui a été ensuite invisibilisée par son grand nom. Il n’est pas le seul à maîtriser cette tradition bien nocive : alors que le succès d’un film est toujours le fait d’un très vaste groupe de gens, c’est toujours le nom du réalisateur qui écrase tous les autres.

      “Que ce soit dans les sciences ou dans les arts, le génie solitaire n’existe pas parce qu’il s’assoit sur un écosystème. C’est une excroissance d’un écosystème qui est déjà présent, de connaissances, de travail, de collaboration, de contributions qui sont très complexes.”
      Samah Karaki

      Le troisième mythe se situe dans l’idée déjà illustrée plus haut qu’on ne fait pas de génie sans casser d’œufs, et qu’un grand génie vaut bien de petits tracas. Harcèlement moral, souffrance au travail, violences psychologiques ou sexuelles : rien ne saurait ternir l’image qu’on devrait avoir des génies, qui sont de toute façon “incompris” et ne méritent pas d’être jugés comme le commun des mortels.

      Avec ce film, Michel Gondry ne s’offre pas seulement un égotrip plaisant pour lui. Il demande aux spectateurs de venir avec lui entériner les grands axes de l’idéologie du génie, celle qui justifie ses sales comportements potentiels, l’invisibilisation des autres et l’idée d’une réussite qui n’aurait dépendu que de son propre talent. Que les critiques de cinéma qui appartiennent ou envient l’univers culturel de la classe dominante s’y laissent prendre n’a rien de surprenant. A nous de nous désintoxiquer de ce genre de discours, car nous ne sommes plus dupes.

      Nicolas Framont

  • Ventes à perte : « cela risque de provoquer des faillites », prévient l’économiste Mathieu Plane | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/ventes-a-perte-cela-risque-de-provoquer-des-faillites-previent-leconomiste-

    La Première ministre a annoncé ce week-end « qu’à titre exceptionnel sur le #carburant et sur une période limitée de quelques mois », le gouvernement va lever l’interdiction de #vente_à_perte en place depuis 1963. C’est donc une mesure économique extraordinaire que s’apprêtent à vivre les distributeurs comme les stations-service. Le spécialiste des politiques publiques Mathieu Plane à l’Observatoire français des conjonctures économiques livre sa première réaction.

    #paywall #concentration #grande_distribution

  • Quelle transposition didactique pour l’éducation aux médias et à l’information ? Réflexions depuis la lecture d’Anne Cordier (2023. Grandir informés : Les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes. C&F Editions) – Dé montages
    https://demontages.phl-lab.uliege.be/quelle-transposition-didactique-pour-leducation-aux-medias

    Néanmoins, éduquer aux médias et à l’information suppose peut-être, avant toute chose, de cerner le profil des publics à qui l’on s’adresse ; d’anticiper, autant que faire se peut, le destinataire de l’action éducative afin de mieux comprendre ses représentations initiales, ses résistances éventuelles, le rapport qu’il entretient avec les médias dans sa vie quotidienne, les pratiques qu’il met en place pour s’informer et communiquer. De ce point de vue, l’ouvrage d’Anne Cordier se révèle un adjuvant précieux : huit ans après Grandir connectés, l’autrice poursuit ses recherches auprès d’un public composé d’adolescents et de jeunes adultes, parmi lesquels on retrouvera, dans les retours d’enquêtes longitudinales, les douze participants de la première étude.

    L’angle choisi par Cordier sera celui des activités des enquêtés, des expériences vécues dans ce contexte, morceaux de biographies informationnelles à travers lesquelles le lecteur est invité à déambuler au fil des onze chapitres thématiques.

    Une première ligne qui traverse l’ouvrage est la dimension affective et relationnelle de l’information : elle se partage, en famille ou avec des amis ; elle est une manière de nourrir le lien, de négocier des représentations structurantes, des impressions, d’intégrer des communautés :

    les sociabilités informationnelles rompent avec la considération psychologique et individuelle de la démarche informationnelle : on ne recherche pas de l’information pour soi mais pour occuper une place dans le monde ainsi que pour partager du sens avec autrui. (p. 33)

    La sociabilité est, en premier lieu, familiale : Cordier relève ici l’importance des processus de socialisation primaire dans l’élaboration des pratiques informationnelles, dès lors que la famille apparaît comme un premier lieu d’échange, d’évaluation et de transmission des ressources informationnelles.

    À ces constats s’ajoute celui d’une obsession typiquement institutionnelle (politique, médiatique) relayée dans le monde scolaire, qu’est la chasse aux fake news. Davantage qu’un phénomène de société global (objet de préoccupations légitimes, au demeurant), les pratiques de désinformation sont présentées comme étant le propre des jeunes générations, et devant être corrigées durant le cursus éducatif. Il en résulte qu’évaluer l’information apparaît désormais comme « une injonction académique et non comme un processus intellectuel participant d’une démarche informationnelle critique plus globale, adoptée au quotidien. » (p. 240). La consultation de l’information de type news, celle de l’actualité vive, devient alors chez les jeunes une source d’anxiété en raison de la culture de la défiance (p. 255) qui se déploie dans le monde éducatif. Par contraste, Cordier souligne les émotions souvent positives associées aux pratiques d’information documentaires (soit, une recherche d’information de type knowledge), qui transparaissent des interviews.

    Ces représentations du milieu médiatique, immédiat, ouvert, interactif, orientent la saisie et la compréhension des formats d’information, dont le design joue un rôle de premier plan. Il contribue en effet à charger d’affectivité les pratiques informationnelles, en particulier lorsqu’elles se trouvent outillées numériquement[3] à des fins de captation attentionnelle et économique. Ce qui n’échappe en aucune manière aux enquêtés, qui oscillent, dans leur attitude face aux dispositifs, entre attraction et résistance. Le design des formats d’information numérique, visant la fluidité et l’instantanéité des propositions informationnelles, nourrit dans le même mouvement des imaginaires de démédiation et de transparence

    or, rappelle l’autrice, on gagnerait à réinterroger avec les jeunes le rôle que joue la presse dans leurs pratiques informationnelles, dès lors qu’ils continuent à la percevoir comme un média de référence. Cordier propose de la replacer dans une économie intermédiatique (Jeanneret [2000] 2017) qui prendrait en compte sa circulation sur différents supports. Plus généralement, elle réfute toute ligne de partage qui isolerait l’information en ligne dans les actions éducatives :

    L’erreur commise actuellement, et depuis hélas trop de temps, est d’opérer une focalisation obsessionnelle sur ledit numérique, isolant celui-ci au sein des pratiques informationnelles juvéniles, ce qui nuit à la véritable compréhension de l’épaisseur de ces pratiques mais aussi à la mise en place d’une éducation aux médias et à l’information ayant un sens social effectif car faisant écho à la véritable expérience des acteurs. (p. 131)

    L’une des conséquences de ce partage est la disqualification, par le monde scolaire, de certains sites où s’exercent les pratiques informationnelles (réseaux sociaux, Wikipédia) ; en d’autres termes, une stigmatisation de la ressource au détriment d’une culture des sources (p. 242) qui devrait pourtant prendre en considération l’économie intermédiatique.

    Discussion et pistes pour une exploitation didactique

    On décèle déjà, à la lecture de ces axes, tout le potentiel de l’enquête pour une approche didactique de l’éducation aux médias. Le travail est d’ailleurs préparé par Cordier qui, au terme de chaque chapitre et dans sa conclusion, émet une série de propositions pédagogiques tirées des analyses présentées (on en retrouvera les grandes lignes dans une interview récente dans le Café pédagogique). Il s’agit à proprement parler d’un appel à un changement de paradigme culturel dans l’enseignement des médias et de l’information :

    culture des sociabilités informationnelles, consolidées par la fréquentation des lieux de savoir (vs. culture de pratiques individuelles de l’information décontextualisées) ;
    culture de la confiance et du plaisir (vs. culture de la défiance et de l’angoisse de se tromper) ;
    culture des sources informationnelles (vs. stigmatisation des ressources informationnelles) ;
    culture technique du web attentive aux enjeux du capitalisme de surveillance et à ses logiques de captation (vs. culture instrumentale centrée sur l’outillage) ;
    culture intermédiatique explicitant la fabrication de l’information et les « systèmes d’intentions et de valeur des formats médiatiques » (p. 300) (vs. culture des médias numériques pensés comme isolés) ;
    culture valorisant les savoirs informels et les pratiques extra-scolaires (vs. culture académique) ;
    culture des légitimités informationnelles (vs. culture des bons usages normés dont les implicites renforcent les inégalités).

    La démarche de Cordier, résolument compréhensive, vise en réalité à mieux saisir l’expérience informationnelle de l’usager des médias. L’autrice exploite ici à bon escient tout le potentiel de l’approche qualitative, donnant accès au matériau vivant et concret de l’expérience, tout en étant étayée méthodologiquement (l’annexe en donne un aperçu). On appréciera la posture éthique de l’autrice, marquée d’un profond respect pour les enquêtés en tant que personnes, dans la diversité de leurs positions — qu’il s’agisse du militant antifa ou du gamer sympathisant du RN — mais aussi, par exemple, pour les enseignants et acteurs de l’action éducative qui, tant bien que mal, s’ajustent aux injonctions institutionnelles. L’approche résolument bienveillante n’empêche en rien la considération critique de ces injonctions, de leurs faiblesses intrinsèques ou de leur difficile applicabilité. La reconnaissance de la pluralité de pratiques informationnelles (incluant les pratiques amateur) évitant la reconduction des hiérarchies consacrées (qui sont toutefois pensées analytiquement) donne également matière à réflexion.

    En guise de conclusion…

    La transposition didactique repose sur la transformation adaptative de savoirs savants ou de pratiques sociales de référence en savoirs enseignables. Cette transformation d’un objet social ou scientifique en objet scolaire passe par une mise en texte du savoir, que l’on retrouvera par exemple dans les textes institutionnels (programmes, référentiels, etc.), les manuels et autres supports de cours (Reuter et al. 2013, 221). À ce titre, la transposition didactique consiste en une pratique discursive du savoir au sens de (Badir 2022), soit la manière dont un savoir est, par le discours, constitué en objet susceptible d’être transmis et enseigné. Elle est donc affaire, notamment, de précision lexicale.

    De notre lecture d’Anne Cordier, nous retiendrons donc cette idée d’un étayage terminologique et conceptuel indispensable à l’éducation aux médias et à l’information, qui pourrait servir de filtre pour la sélection de pratiques sociales de référence pertinentes

    Ces quelques considérations sont loin d’épuiser le potentiel de Grandir informés pour penser les aspects didactiques de l’éducation aux médias et à l’information. Par exemple, la prise en compte du rôle essentiel des émotions dans la saisie de l’information pourra faire l’objet d’activités réflexives intégrant les théories du design de l’information et de l’énonciation éditoriale — ce qu’on trouvera par ailleurs dans les propositions méthodologiques de la sémiotique sociale (Saemmer, Tréhondart, et Coquelin 2022). Dans un autre registre, celui de la scénarisation didactique, l’identification des représentations préalables associées aux médias numériques (immatérialité, démédiation, immédiateté, interactivité, dualisme, etc.) fournira des points d’appuis précieux pour initier une activité pédagogique. On continuera donc avec plaisir à suivre l’autrice dans ses nombreuses interventions médiatiques, adressées aux chercheurs mais également, bien souvent, aux parents, enseignants et adolescents, tout à la fois acteurs et bénéficiaires de l’action éducative.

    #Anne_Cordier #Grandir_informés

  • Dans les supermarchés américains, lessive sous clé et antivols sur crèmes glacées
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/09/16/dans-les-supermarches-americains-lessive-sous-cle-et-antivols-sur-cremes-gla


    Des bouteilles de lessive liquide mises sous clé dans un magasin à New York, le 3 juillet 2023. RICHARD B. LEVINE-ROBERTS / SIPA

    ces nouvelles habitudes qui font un carton aux Etats-Unis pourraient bientôt débarquer en France.

    On pourrait s’imaginer qu’on vient de demander une bouteille de champagne, mais on veut juste acheter un paquet de café jusque-là inaccessible car rangé derrière une vitre verrouillée. La vendeuse vient alors ouvrir la vitrine pour nous libérer un paquet de café. Bien sûr, le prix des matières premières a flambé ces dernières années. Mais l’inflation n’explique pas tout. Dans certaines grandes surfaces américaines, ce sont aussi le shampooing, les chaussettes pour hommes ou la lessive qui ne sont plus accessibles qu’en demandant à un vendeur de venir vous ouvrir la vitrine.
    La grande distribution américaine, qui a inventé le supermarché où tous les produits étaient en accès libre, connaît un retour de balancier, avec des rayons entièrement sous clé. Plutôt qu’un vendeur, il y a généralement un bouton à côté de la vitrine sur lequel appuyer pour faire venir quelqu’un. Oui, j’ai vu une employée ouvrir une vitre pour qu’une dame attrape une éponge exfoliante de douche à 2,99 dollars.
    Sur la vitrine du rayon chaussettes pour hommes d’un magasin Target de Manhattan, il n’est pas écrit « pour éviter le #vol, on a tout enfermé », mais « pour maintenir nos niveaux d’inventaire, cette partie demande l’assistance d’un membre de l’équipe » ou encore « des étagères sécurisées permettent de garder les produits en stock pour que vous puissiez faire vos courses ». Le rayon dentifrice est entièrement sous vitre. « Les gens volent même le dentifrice maintenant ? », s’interroge un homme devant moi.

    Certaines stratégies semblent plus bricolées
    Ce n’est pas toujours ce qui est le plus cher qui est sous les verrous, mais ce qui est le plus facile à écouler, se dit-il. C’est ce qu’a expliqué un supermarché Giant de Washington pour justifier son renoncement à vendre certaines marques comme Colgate ou la lessive Tide. Manifestement, les marques distributeurs se revendent moins facilement.
    Souvent sous verrou, les vitamines, le Red Bull… et les crèmes glacées. Dans les supermarchés Fairway de Manhattan, les glaces Häagen-Dazs sont vendues avec un antivol sur le couvercle. Il existe donc des ingénieurs sur cette terre à qui un service de recherche et développement a demandé de plancher sur des antivols destinés à bloquer l’ouverture de pots de glace de 400 grammes.

    Certaines stratégies semblent plus bricolées : dans le même magasin, un gros cadenas a été mis sur les rayons de complément nutritionnel. Les chaînes de magasins n’ont jamais aussi bien porté leur nom. La présence de ces cadenas aurait pu tirer le shopping vers le haut — après tout, on pourrait se sentir place Vendôme entouré de tous ces produits de luxe sous vitrine. Du shampooing ! Des déodorants ! Du paracétamol ! A la vérité, on se sent plutôt pris pour un voleur en puissance. Voilà qui ruine tous les efforts qu’avait déployés la grande distribution pour nous faire croire que les caissiers étaient des coéquipiers, les vendeurs des conseillers, et les courses « une expérience ».

    Au centre du Target de la 86e Rue à New York, une feuille a été scotchée à un comptoir. « Besoin d’aide pour déverrouiller un produit ? Je peux vous aider. » Mais personne n’est là derrière. C’est une autre partie du problème. Le nombre d’employés dans la grande distribution n’est pas revenu au niveau pré-Covid 19, ce qui pourrait expliquer la plus grande quantité de vols, tandis que les distributeurs, eux, justifient la réduction de leurs effectifs par la baisse de leurs résultats financiers.

    Le Wall Street Journal s’est déjà inquiété des effets de ce cercle vicieux : « Le risque est que ces contre-mesures rendent le shopping en magasin encore plus pénible qu’il ne l’est déjà. » A Chicago, les supermarchés-pharmacies Walgreens testent un nouveau type de grande surface où le client ne peut rien toucher : sur une sorte de tablette, il indique ce qu’il souhaite avant de retrouver sa commande à la sortie. Le cerveau derrière cette idée a réussi à combiner les aspects les plus désagréables du commerce physique et de l’achat en ligne : être contraint d’aller dans un magasin mais sans rien toucher et devoir utiliser un écran.

    #antivol #grande_distribution #revente #É-U

  • Technocratisme
    Les grands corps à la dérive
    Alexandre Moatti | Éditions Amsterdam
    http://www.editionsamsterdam.fr/technocratisme


    Couverture © Sylvain Lamy

    TECHNOCRATISME
    LES GRANDS CORPS À LA DÉRIVE

    En France, les élites dirigeantes, tant économiques que politiques, sont pour l’essentiel issues d’une poignée de « grands corps » d’État : le corps des Mines, celui des Ponts et Chaussées, l’Inspection des finances, le Conseil d’État et la Cour des comptes. Pourtant, bien que la moitié des dirigeants du CAC 40 et trois présidents de la République sur quatre depuis trente ans soient issus de ces lieux de production par excellence de la technocratie française, ceux-ci demeurent largement méconnus du public.
    Riche d’une connaissance de première main du système des grands corps et de ses dérives, Alexandre Moatti en propose dans cet ouvrage une critique engagée, à la fois historique et systémique. Il décrypte de manière minutieuse les logiques de carrière qui informent les trajectoires des membres de ces corps et leurs effets néfastes, tant sur l’élaboration des politiques publiques que sur le fonctionnement du secteur privé. Surtout, il montre que la montée en puissance des grands corps s’est accompagnée d’un effondrement de l’éthique de l’État, situation à l’origine non seulement d’une déperdition du lien social en France, mais d’un recul progressif de la démocratie.

    Alexandre Moatti
    Alexandre Moatti est ingénieur au corps des Mines, chercheur associé (habilité à diriger des recherches) à l’université Paris Cité.

    ISBN 9782354802738
    18 EUROS
    256 PAGES
    PARU LE 08 SEPTEMBRE 2023

  • Le refus du gratte-ciel
    https://topophile.net/savoir/le-refus-du-gratte-ciel

    1925. Lewis Mumford, critique d’architecture, historien des villes et des techniques, avocat des cités-jardins et membre de la Regional Planning Association of America (RPAA), rédige un dialogue fictif, chargé d’ironie mordante, entre un architecte et un critique au sujet du gratte-ciel, le skyscraper, cette expression architecturale des Etats-Unis et son idéal masculin, le self-made-man. Si... Voir l’article

  • A lire :
    Technocratisme
    Les grands corps à la dérive

    Alexandre Moatti

    Sort aujourd’hui aux Editions Amsterdam

    Crucial pour saisir l’essence des pouvoirs actuels : intrication du politique, de la finance & de la grande industrie ; réseaux & connivences ; perte de toute valeur au profit de l’argent ; et ce qu’Alexandre Moatti nomme « l’effacement progressif de la démocratie »

    https://twitter.com/LBantigny/status/1700441642791047522?s=20

  • #PAUVRETÉ : “IL Y A LARGEMENT ASSEZ DE RICHESSES POUR TOUT LE MONDE”

    Les pauvres sont paresseux, ils ne savent pas gérer leur argent, et ils méritent la situation qui est la leur. Voici quelques clichés sur la pauvreté que l’économiste #Esther_Duflo démonte depuis des années, au travers de son vaste travail sur la pauvreté.
    A l’heure où les #inégalités explosent, qu’une poignée de privilégiés détiennent un niveau de richesses toujours plus important, et ce alors qu’ils sont ceux qui polluent le plus, comment réduire ce fossé, comment lutter contre la pauvreté et offrir des conditions de vie dignes à toutes et à tous ?
    Comment les économistes peuvent-ils impacter les prises de décision des dirigeants politiques, comment lutter contre les #clichés sur les pauvres ? Esther Duflo répond à toutes ces questions au micro de Salomé Saqué.

    0:00 : Introduction
    1:36 : La pauvreté expliquée aux enfants
    8:09 : #Définition de la pauvreté
    9:29 : Pauvreté et #universalité
    12:35 : Le bond en arrière de la pauvreté
    14:13 : L’#extrême_pauvreté
    16:35 : Comment répartir les richesses ?
    20:42 : Un #impôt_international sur les #grandes_fortunes ?
    27:07 : Pauvreté : quel est le #discours_politique ?
    34:38 : Faut-il distribuer de l’argent aux pauvres ?
    36:34 : L’impact de l’#économie sur la #politique
    44:46 : Que peut-on faire en tant que citoyen ?

    https://www.youtube.com/watch?v=H7syPQvbHOU


    #richesse #idées-reçues #répartition_des_richesses #préjugés #interview #vidéo

  • Il sistema delle “coop pigliatutto”

    Per anni hanno dominato il settore dell’accoglienza in Veneto prima di sbarcare nella detenzione amministrativa. Oggi gestiscono due Cpr, tra cui quello di Gradisca d’Isonzo, dove dalla sua riapertura sono morte quattro persone

    Il 16 dicembre del 2019 il Centro di permanenza per il rimpatrio (Cpr) di Gradisca d’Isonzo, in provincia di Gorizia, riapre, a sei anni dalle proteste che hanno portato alla sua chiusura. Tra i primi trattenuti del nuovo corso, c’è un gruppo di circa settanta persone provenienti dal centro di Bari, dove sono stati bruciati tre degli ultimi quattro moduli rimasti dopo le proteste dei mesi precedenti. Bibudi Anthony Nzuzi è tra coloro che sono stati trasferiti «di punto in bianco», dice, in Friuli. L’accoglienza non è stata delle migliori: «Pioveva, faceva freddo, ci siamo ritrovati i poliziotti in tenuta antisommossa. Non avevamo materassi, non c’erano coperte, non avevamo niente per poterci vestire. Ci siamo ritrovati a dormire al freddo perché non c’era il riscaldamento», racconta.

    Nzuzi è nel Cpr friulano anche tra il 17 e il 18 gennaio 2020, quando muore un trattenuto georgiano di 37 anni, Vakhtang Enukidze. I poliziotti di cui parla Nzuzi stanno sedando una protesta. «Hanno inizialmente pestato tutti, solo che lui [Vakhtang Enukidze] era caduto – racconta – ma continuavano a pestarlo e gli altri ragazzi si sono buttati addosso ai poliziotti e l’hanno tirato via».

    Nzuzi si trova nello stesso reparto di Enukidze ma in un’altra cella. «La sera lui [Vakhtang Enukidze] lamentava dolori, non si sentiva bene – ricorda, ripensando ai momenti dopo che la polizia ha lasciato il Cpr -. È andato a dormire e non si è più risvegliato». Questa versione è stata confermata da alcune testimonianze raccolte dal deputato Riccardo Magi durante due visite ispettive subito dopo il decesso. Non dagli investigatori, però.

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    L’inchiesta in breve

    - Ekene nasce nel 2017 come diretta emanazione di Ecofficina ed Edeco, enti che hanno dominato il mercato dell’accoglienza in Veneto guadagnandosi l’appellativo di “coop pigliatutto”
    - A gestirla è Simone Borile, imprenditore padovano che proviene dal business dei rifiuti. Sebbene non compaia mai nella visura camerale, viene considerato dagli inquirenti di Venezia “amministratore di fatto” delle cooperative
    - Nel 2016, Ecofficina-Edeco si aggiudica due centri di accoglienza, a Cona e Bagnoli. Per la gestione dei due hub, sono nati due processi paralleli a Padova e Venezia, dove sono indagati alcuni funzionari delle due prefetture e i vertici della cooperativa, tra cui Simone Borile. Le accuse, a vario titolo, sono di frode nell’esecuzione del contratto, inadempimento e frode degli obblighi contrattuali, rivelazioni di segreto d’ufficio
    - Con la liquidazione di Edeco nasce Ekene, che segna l’ingresso nel mondo della detenzione amministrativa con l’aggiudicazione dei Cpr di Gradisca d’Isonzo, in Friuli-Venezia Giulia, e Macomer, in Sardegna
    – Dalla sua riapertura nel gennaio 2019, nel Cpr friulano sono morte quattro persone. Borile è indagato per omidicio colposo per il decesso di Vakhtang Enukidze, lasciato secondo l’accusa per nove ore senza soccorsi
    – Nell’ottobre 2022, la cooperativa veneta ha vinto la gara per la gestione del Cpr di Caltanissetta. Dopo sette mesi la Prefettura ha annullato l’aggiudicazione per i procedimenti a carico dei vertici

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    A seguito della morte di Enukidze, la procura di Gorizia ha cominciato a indagare. L’autopsia sul deceduto ha stabilito come causa della morte un edema polmonare e cerebrale dovuto non a un pestaggio, ma a un cocktail di farmaci e stupefacenti. Così a essere riviati a giudizio con l’accusa di omicidio colposo sono stati il direttore del centro, Simone Borile, e il centralinista che era di turno quel giorno. La cooperativa che ha in gestione il Cpr si chiama Ekene. È nata dalle ceneri di Ecofficina ed Edeco, conosciute in Veneto come “coop pigliatutto”, per aver dominato per anni la gestione dell’accoglienza in tutta la regione.

    Secondo la ricostruzione degli inquirenti, Enukidze è stato lasciato senza soccorso per diverse ore, nonostante le richieste di aiuto degli altri trattenuti, prima di essere trasferito in ospedale, dove è morto alle 15:37. La sorella, Asmat, ricorda l’ultima telefonata in cui percepiva una voce diversa: «Sembrava che avesse bevuto. Aveva dei dolori e gli avevano dato qualcosa per calmarlo, un antidolorifico. Stava talmente male che non riusciva nemmeno ad andare all’udienza. Mi diceva di contattare l’ambasciata georgiana, per farlo uscire dal Cpr», racconta. Simone Borile, raggiunto al telefono da IrpiMedia, ha una versione diversa dei fatti: «È stato soccorso immediatamente, appena c’è stata la chiamata», il problema «riguarda il mancato funzionamento del sistema di chiamata. Niente a che vedere con il mancato soccorso».
    L’ascesa di Ecofficina tra le coop dell’accoglienza

    Borile ha cominciato a lavorare con i migranti dai tempi di Ecofficina Educational, cooperativa con sede a Battaglia Terme, in provincia di Padova, fondata il 2 agosto 2011. Il direttore del Cpr di Gradisca non appare nella visura camerale in quanto sarebbe stato un semplice consulente esterno. Gli inquirenti di Venezia e Padova che indagheranno sulla società, sosterranno tuttavia che sia lo stesso Borile l’amministratore di fatto delle “coop pigliatutto”.

    I legami tra Borile e i vertici di Ecofficina sono però evidenti: vicepresidente della cooperativa è la moglie Sara Felpati mentre il presidente del consiglio di amministrazione è Gaetano Battocchio, coinvolto con lui nel processo per bancarotta della società di gestione dei rifiuti della Bassa Padovana, Padova Tre srl, ma poi assolto, al contrario di Borile che a marzo 2023 è stato uno dei due condannati in primo grado a quattro anni e otto mesi per peculato perché avrebbe trattenuto illegalmente un importo di oltre tre milioni di euro.

    È nel dicembre 2014 che per la prima volta il nome di Ecofficina viene accostato a un caso di frode nelle pubbliche forniture e maltrattamenti sugli ospiti. Il processo che ne è scaturito si chiuderà otto anni e mezzo dopo, il 12 luglio 2023, con l’assoluzione dei vertici della cooperativa perché il fatto non sussiste.

    Durante gli anni passati a processo, Ecofficina Educational – che nel 2015 ha ceduto parte dell’azienda a un’altra cooperativa, Ecofficina Servizi – si aggiudica diversi appalti per l’accoglienza migranti in particolare nella provincia di Padova, con un monopolio che comprende l’ex Caserma Prandina di Padova, l’Hotel Maxim’s a Montagnana, lo Sprar del comune di Due Carrare e l’accoglienza di più di 700 migranti nelle province di Venezia, Vicenza e Rovigo.

    Nel caso dello Sprar di Due Carrare, uno dei requisiti fondamentali per partecipare era aver svolto in modo continuativo, e per almeno due anni, l’attività di accoglienza. A gennaio 2016, la cooperativa ha depositato una dichiarazione attestante una convenzione con la Prefettura di Padova che provava l’inizio dell’attività il 6 gennaio 2014, nonostante Ecofficina fosse entrata nel settore solo nel maggio dello stesso anno. Grazie alla documentazione falsa, secondo l’ipotesi degli inquirenti di Padova, Ecofficina avrebbe ottenuto l’aggiudicazione provvisoria delle gare per la gestione di centri di accoglienza. Il processo che è scaturito dall’indagine è ancora in corso, riporta il Mattino di Padova. IrpiMedia non ha ricevuto alcuna risposta a domande di chiarimento rivolte via email alla cooperativa su questo e su altri temi.

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    Cpa, Cas, Sai: le sigle dell’accoglienza

    In Italia il sistema di accoglienza dovrebbe svilupparsi su due binari: a un primo livello ci sono i Centri di prima accoglienza (Cpa) e gli hotspot, e a un secondo il Sistema di accoglienza e integrazione (Sai), strutture gestite dagli enti locali su base volontaria, che dovrebbero rappresentare il sistema ordinario. I Centri di accoglienza straordinaria (Cas), invece, dovrebbero essere individuati e istituiti dalle prefetture nel caso in cui i posti negli altri centri fossero esauriti. La maggior parte delle persone che arrivano sul territorio però sono accolte nei Cas, sintomo di una gestione perennemente emergenziale del fenomeno. In base ai dati del rapporto di Actionaid Centri d’Italia del 2022, i posti nei Cas, dove è ospitato oltre il 65% delle persone, e nei Cpa sono infatti quasi 63 mila, a fronte dei 34 mila posti del Sai.

    I centri di prima accoglienza e gli hotspot sono invece strutture nate per identificare, fotosegnalare e assistere dal punto di vista sanitario le persone appena arrivate in Italia. Dovrebbero fornire anche le prime informazioni legali per la richiesta di protezione internazionale.

    Nel Sai – prima conosciuto come Siproimi (Sistema di protezione per titolari di protezione internazionale e per minori stranieri non accompagnati) e prima ancora come Sprar (Sistema di protezione per richiedenti asilo e rifugiati) – i servizi assicurati sono solitamente superiori rispetto agli altri centri e mirano ad accompagnare le persone accolte nei loro percorsi di vita e di autonomia: oltre al vitto e all’alloggio, sono infatti assicurate assistenza legale, mediazione linguistica, orientamento lavorativo, insegnamento della lingua italiana, assistenza psicosociale.

    A parte alcune categorie di soggetti, come i minori stranieri non accompagnati, il decreto firmato il 10 marzo 2023 dal ministro dell’Interno Matteo Piantedosi ha escluso i richiedenti asilo dalla possibilità di essere accolti nel sistema ordinario, riservando loro i pochi servizi di base garantiti dal Cas, ulteriormente ridotti: l’assistenza materiale, sanitaria e linguistica, vitto e alloggio, eliminando i servizi di assistenza psicologica, i corsi di italiano e l’orientamento legale.

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    Gli anni di Edeco

    Dopo le vicende di Ecofficina, la cooperativa cambia nome. Spunta dunque un nuovo attore nel mercato dell’accoglienza in Veneto: Edeco. I vertici però rimangono invariati. La cooperativa inizia a partecipare ai bandi per la gestione dell’accoglienza a partire dal 2016, quando il suo organigramma si arricchisce di nuove figure. Tra queste, Annalisa Carraro, che con Battocchio, Felpati e Borile sarà imputata nel processo di Venezia. Quell’anno in Italia il numero dei Centri di accoglienza straordinaria (Cas) cresce di quasi il doppio rispetto all’anno precedente, con 137 mila strutture dove si concentra il 78% dei richiedenti asilo. In particolare, in Veneto questa tendenza si affianca alla resistenza degli amministratori locali verso il sistema di accoglienza diffusa rappresentato dagli Sprar (oggi Sai).

    È in questo contesto che nascono centri come la tendopoli nell’ex base militare di Cona, in provincia di Venezia, gestita provvisoriamente da Ecofficina fino al luglio del 2016. Quel mese sarà proprio Edeco, in un raggruppamento temporaneo d’imprese con Ecos e Food Service, ad aggiudicarsi il nuovo appalto.

    Le denunce sulle condizioni interne emergono già dal giugno dello stesso anno, quando alcune associazioni effettuano una visita al centro evidenziando il sovraffollamento e la carenza dei servizi essenziali. Le proteste successive dei richiedenti asilo spingono il presidente della Confcooperative del Veneto, Ugo Campagnaro, a prendere la decisione di sospendere Ecofficina-Edeco con queste motivazioni: «Non esiste una legge che impedisca di ospitare e gestire centinaia di profughi in un’unica struttura. Questo però è un sistema che non risponde alle logiche della buona accoglienza […]. Si tratta invece di un modello che guarda soprattutto al business».

    I problemi diventano evidenti quando a gennaio 2017 Sandrine Bakayoko, 25enne ivoriana ospite del centro di Cona, muore per trombosi polmonare. Questo episodio porterà ad alcuni lavori di ristrutturazione e alla riduzione degli ospiti da 1.600 a 1.000, misure comunque non sufficienti a evitare la protesta dei richiedenti asilo, che a novembre si mettono in marcia verso Venezia per ottenere un incontro con il prefetto di Venezia, che alla fine deciderà di spostarli in altre strutture, scrive Internazionale.

    Due anni più tardi la Procura di Venezia chiede il rinvio a giudizio per i vertici di Ecofficina-Edeco. Borile, sempre “amministratore di fatto” a quanto afferma l’accusa, e i suoi colleghi avrebbero impiegato un numero di operatori inferiore agli obblighi contrattuali, un’inadempienza che sarebbe stata coperta dai trasferimenti di personale dall’altro grande centro gestito dalla cooperativa, quello di Bagnoli, in provincia di Padova, e dalla falsificazione dei documenti, che avrebbero fatto apparire un numero di operatori superiore. Inoltre, l’impiego di medici e infermieri con turni e orari inferiori rispetto a quanto previsto dal capitolato d’appalto avrebbe procurato un ingiusto profitto di oltre 200 mila euro. Tutto questo sarebbe stato possibile anche grazie alle informazioni fornite dalla Prefettura. Secondo quanto emerge da alcune intercettazioni contenute nelle carte processuali, ex prefetti e funzionari avrebbero preannunciato e in alcuni casi concordato con i responsabili della cooperativa l’orario e la data delle visite ispettive. Una prassi che avrebbe permesso a Ecofficina-Edeco di organizzarsi in anticipo per coprire eventuali falle.

    Per questo motivo, la giudice per le indagini preliminari ha accolto le richieste di rinvio a giudizio, tra gli altri, anche nei confronti dell’ex prefetto pro tempore di Venezia Domenico Cuttaia e dell’allora vice prefetto vicario Vito Cusumano per rivelazione di segreto d’ufficio.

    Raggiunto al telefono, Simone Borile ha commentato in questo modo: «Non si trattava di ispezioni, ma esclusivamente di una visita di cortesia». Il processo è ancora in primo grado, in fase dibattimentale: nell’ultima udienza, un’ex operatrice ha raccontato che era il personale a firmare il foglio presenze per conto dei richiedenti asilo, in modo da poter ricevere dalla Prefettura la quota diaria per ogni persona accolta, riporta Il Gazzettino.

    Un processo molto simile si sta svolgendo a Padova sulla gestione del Cas di Bagnoli. Tra gli imputati ci sono ancora una volta Sara Felpati, Simone Borile, Gaetano Battocchio, oltre all’ex viceprefetto Pasquale Aversa, il vicario Alessandro Sallusto e una funzionaria della Prefettura. Le accuse a vario titolo sono di turbativa d’asta, frode nelle forniture pubbliche, truffa, concussione per induzione, rivelazione di segreti d’ufficio e falso ideologico. Secondo l’accusa, grazie ai contatti con la Prefettura, Borile, Battocchio e Felpati avrebbero ottenuto informazioni sui concorrenti, partecipando a un bando su misura per Edeco. Anche in questo caso viene contestata la presenza di personale in numero inferiore rispetto al capitolato d’appalto e le chiamate di preavviso della Prefettura prima di alcune ispezioni per permettere alla cooperativa di farsi trovare in regola.
    I danni delle indagini

    Le indagini finiscono per danneggiare la “coop pigliatutto” che alla fine del 2018, anno di chiusura delle strutture di Cona e Bagnoli, avvia una procedura di licenziamento collettivo per 57 lavoratori, a cui se ne aggiungono 71 in scadenza di contratto. Si tratta di addetti alle pulizie e custodia, operai, insegnanti, tecnici, psicologi, educatori che riducono sensibilmente la rosa di Edeco, composta fino ad allora da 228 dipendenti. Nel 2020, Edeco inizia il processo di liquidazione, ma comincia a prendere nuova forma, sempre con lo stesso sistema: la creazione di nuove cooperative.

    Questa volta sono due le cooperative che prendono il testimone di Edeco, segnando l’ingresso nel mondo del trattenimento dei cittadini stranieri: Ekene e Tuendelee. La prima è dedicata quasi esclusivamente alla gestione dei Cpr, la seconda all’attività principale di «pulizia generale (non specializzata) di edifici», oltre a servizi educativi e socio-sanitari come le «attività di prima accoglienza per cittadini stranieri».

    Simone Borile, che di nuovo non compare nelle visure camerali, ha giustificato così a La Nuova Venezia la necessità di creare nuovi soggetti: «Era impossibile continuare a lavorare a causa del danno reputazionale che abbiamo subito». Le stesse persone coinvolte nei processi di Padova e Venezia sono presenti anche nei nuovi organigrammi, come Sara Felpati, prima presidente del Cda di Ekene, ruolo passato poi alla sorella Chiara, e Annalisa Carraro, ex consigliera di Edeco, che oggi ricopre il ruolo di vicepresidente di Ekene e di consigliera in Tuendelee.

    Le controversie del passato non hanno quindi impedito l’aggiudicazione di nuove strutture: nell’agosto del 2019 Edeco ottiene in gestione il Cpr di Gradisca d’Isonzo, poi ceduto due anni dopo a Ekene, e nel dicembre 2021 quello di Macomer. In Friuli, la cooperativa si aggiudica una gara da quasi cinque milioni di euro, grazie al ribasso dell’11,9% rispetto alla base d’asta, dopo l’esclusione delle prime quattro società in graduatoria. Ekene a marzo 2023 vince anche un ricorso al Tar per ottenere la gestione di un centro di accoglienza a Oderzo, nel trevigiano, nell’ex caserma Zanusso.

    Ekene ha poi preso in gestione il Cpr di Macomer dopo l’aggiudicazione della gara del 2021. In una visita, l’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi) ha riportato criticità simili a quelle emerse nella struttura friulana, come la violazione del diritto alla salute, all’informazione normativa e alla corrispondenza, poiché «neanche i difensori possono contattare i loro assistiti in caso di comunicazioni urgenti se non attraverso il filtro del gestore», si legge nel rapporto. Inoltre, secondo Asgi la visita medica è spesso assente o viene fatta in modo superficiale.

    La cooperativa veneta ha poi vinto, nell’ottobre 2022, la gara per la gestione del Cpr di Caltanissetta. Ma dopo sette mesi, a maggio 2023, la Prefettura ha annullato l’aggiudicazione per i procedimenti a carico dei vertici: nel decreto di esclusione si riconosce esplicitamente Ekene come diretta emanazione di Edeco. Ricordando i gravi reati contestati nei procedimenti penali in corso, la Prefettura afferma di non poter «valutare favorevolmente l’integrità e l’affidabilità dell’operatore economico». Considerazioni diverse rispetto a quelle della Prefettura di Gorizia, che ha permesso a Simone Borile di mantenere il ruolo di direttore del centro di Gradisca d’Isonzo.

    L’imputazione di Borile per omicidio colposo, secondo i verbali della nuova gara indetta dalla Prefettura di Gorizia per la gestione del Cpr, «può avere rilievo solo al fine di considerare l’affidabilità dell’operatore economico sotto la cui gestione è occorso l’evento morte», dato che Borile non ricopre alcun incarico formale in Ekene. Nella stessa gara, la cooperativa Badia Grande è stata esclusa per il rinvio a giudizio del rappresentante legale per diversi reati, tra cui frode nelle pubbliche forniture per la gestione dei Cpr di Trapani e Bari. Dai verbali della prefettura disponibili in rete risulta che la posizione della cooperativa veneta sia ancora in fase di valutazione.
    Morire di Cpr a Gradisca d’Isonzo

    Dalla riapertura del 2019 ad oggi sono morti quattro trattenuti al Cpr di Gradisca d’Isonzo. Dopo Vakhtang Enukidze, Orgest Turia, cittadino albanese di 28 anni, è morto per overdose da metadone quattro giorni dopo essere entrato nel centro, il 10 luglio 2020, in una cella di isolamento, dove si trovava con altre cinque persone per il periodo di quarantena. Andrea Guadagnini, avvocato di Turia, ha scoperto della sua morte proprio in sede di convalida del trattenimento ed esprime perplessità sulla provenienza di quella sostanza. Altre due persone si sono poi tolte la vita nella struttura: Anani Ezzedine era un cittadino tunisino di 44 anni. Anche lui in isolamento per il periodo di quarantena, si è suicidato nella sua cella nella notte tra il 5 e il 6 dicembre 2021. Arshad Jahangir, un ragazzo 28enne di origine pakistana, si è suicidato il 31 agosto 2022 in camera un’ora dopo essere entrato nel Cpr.

    «È chiaro che per noi i Cpr debbano essere chiusi, ma nel frattempo volevamo instaurare delle prassi virtuose per agevolare la tutela dei diritti dei detenuti», afferma Eva Vigato, che insieme ad altre due colleghe, tra dicembre 2019 e novembre 2020 ha svolto il servizio di assistenza legale per l’ente gestore. Sostiene che anche per lei fosse molto difficile intervenire: i diritti dei trattenuti nei Cpr non sono delineati da una legge, ma da un semplice regolamento ministeriale, di cui non possono essere contestate le violazioni.

    https://www.youtube.com/watch?v=xq-OrG9-V7c&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Firpimedia.irpi.eu%2

    «Sono successe delle cose che ci hanno sconvolto», ricorda l’avvocata Vigato. Dopo la morte di Vakhtang Enukidze, Vigato e le sue colleghe hanno assistito a un’altra serie di irregolarità: «Abbiamo deciso di tener duro e ci siamo date come limite la Convenzione di Ginevra – spiega -. Di fronte a una violazione del trattato internazionale avremmo sporto denuncia».

    L’occasione si è presentata a novembre 2020: le legali si sono rese conto che dal Cpr transitavano cittadini tunisini senza che venisse registrato il loro ingresso nel sistema e senza che riuscissero a incontrarli e a informarli dei loro diritti, tra cui la richiesta di asilo, tutelata proprio dalla Convenzione di Ginevra. Le avvocate avevano dunque incaricato formalmente i mediatori di informare i trattenuti della possibilità di chiedere protezione internazionale e di metterlo per iscritto. In risposta, l’ente gestore ha deciso di diminuire le ore di ufficio legale, portando l’avvocata a inviare una segnalazione per denunciare la violazione della Convenzione di Ginevra alla Prefettura e al Garante nazionale. Ha risposto «il prefetto in persona – racconta Vigato – dicendo che non c’era nulla di irregolare ravvisabile nell’operato. Mi domando come abbia fatto, in così pochi giorni e senza un serio controllo, ad affermare una cosa del genere». La sera stessa Edeco ha rimosso Vigato e le sue colleghe dall’incarico.

    Nella segnalazione inviata alle autorità, Vigato ha evidenziato la violazione di molteplici diritti, tra cui quello alla salute e all’assistenza legale. Sostiene ci fosse un abuso di medicine nella struttura: «A un certo punto ci siamo rese conto che non c’era un controllo reale sui farmaci e potevano essere utilizzati anche in modo improprio dai detenuti». Le legali spesso non riuscivano ad accedere alle informazioni sanitarie e, in alcuni casi, non veniva caricato il resoconto delle visite, soprattutto quelle psicologiche. «L’impressione che è uscita sia dal processo Edeco sia dalla mia esperienza nel Cpr – conclude Vigato – è che ci sia una sorta di soluzione di comodo tra l’ente gestore e l’istituzione, per cui va bene così».

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    La storia di Anthony

    Bibudi Anthony Nzuzi è nato in Libano, da genitori congolesi, nel 1983, in piena guerra civile. «Era la fase del bombardamento massiccio», racconta, ma dopo cinque anni «la situazione era diventata veramente insostenibile». Per questa ragione, sua madre ha deciso di mandare i figli fuori dal Paese: due dei tre fratelli più grandi sono emigrati in Congo Brazzaville, ma lui, il più piccolo, è rimasto con lei. Poi sono fuggiti insieme in Siria e, visto che il conflitto si stava avvicinando, in Turchia, ad Ankara e a Istanbul.

    Infine, hanno deciso di venire in Italia per ricongiungersi con il fratello maggiore, che si trovava nel Paese da diversi anni. «Nel 1998 mia madre, dopo anni di duro lavoro, è riuscita a riunire tutta la famiglia qui a Jesi, nelle Marche», dice Anthony, che ha poi studiato come perito elettrotecnico, mentre uno dei fratelli ha partecipato alle Olimpiadi di Pechino del 2008 con l’Italia nella disciplina delle arti marziali.

    Anthony vive quindi in Italia da quasi trent’anni e ha conosciuto il mondo dei Cpr «per un errore», racconta: «Vivevo a Modena e mi sono fidato di una persona, sbagliando. Mi sono trovato a dover scontare una pena di 11 mesi e 29 giorni in carcere». Mentre era recluso gli è scaduto il permesso di soggiorno senza, sostiene, che gli fosse data la possibilità di rinnovarlo. «A luglio mi è arrivato il foglio di via e il 10 ottobre a mezzanotte sono venuti a prendermi in cella, mi hanno fatto preparare tutte le mie cose perché dovevano espatriarmi in Congo». Ma dopo essere stato trasferito a Fiumicino alle quattro di mattina e alcune ore di attesa, il volo non è partito ed è stato riportato in cella.

    Uscito dal carcere, dopo uno sconto di pena per buona condotta, ha potuto passare un giorno con la famiglia per poi essere recluso in un Cpr. «Era l’unico modo per me per rimanere in Italia – racconta con commozione – non è facile, ma sono riuscito ad andare avanti». È stato portato al Cpr di Bari, ma per la sua avvocata, che esercita nelle Marche, era diventato difficile seguirlo.

    Dopo pochi giorni le condizioni nel centro pugliese erano già critiche: cibo ammuffito, carenze igieniche e, secondo Anthony, negli altri moduli la situazione era anche peggiore. Per questo sono iniziate rivolte interne che hanno reso inagibile la struttura, andata a fuoco. «La mattina dell’incendio ci siamo ritrovati caricati su dei pullman e portati a Gorizia – dice – di punto in bianco».

    Anthony considera il carcere molto meglio del Cpr: «Hai una vita dignitosa, per quanto è possibile. Sei detenuto, ma comunque hai la tua dignità. Nel Cpr ti tolgono tutto, o almeno ci provano». E aggiunge: «Se arrivo a dire una cosa del genere significa che stavo meglio in carcere per davvero. I primi giorni a Gradisca abbiamo patito il freddo, il cibo arrivava gelato e crudo. Non è stato per niente facile».

    Grazie all’assistenza legale della sua avvocata è riuscito a uscire, ma se fosse stato rimpatriato nel Paese di origine dei suoi genitori, dove lui non è mai stato, avrebbe dovuto arrangiarsi senza soldi: «Non mi hanno dato un euro quando sono arrivato in aeroporto», spiega. Anthony rischiava di essere rimpatriato in Congo, dove ha alcuni parenti, «ma non so neanche dove siano, come si chiamino o come contattarli». E, oltre ad avere sempre avuto i documenti in regola, già prima di entrare nel Cpr, aveva un figlio di nazionalità italiana.

    «Metà delle persone che trovi nel Cpr – conclude Anthony – hanno semplicemente voglia di trovare un futuro. Magari c’è chi vorrebbe veramente lavorare, ma non ha possibilità perché lo trattano come un cane. Dagli la possibilità di dimostrarti che può rimanere nel tuo Paese. Non ne vuole tante, gliene basta una».

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    https://irpimedia.irpi.eu/cprspa-coop-ekene-gradisca-isonzo-macomer

    ici aussi : https://seenthis.net/messages/1016060

    #accueil #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #sans-papiers #business #Gradisca_d'Isonzo #Italie #CPR #Vakhtang_Enukidze #Enukidze #Simone_Borile #Ecofficina-Edeco #Ecofficina #Edeco #Cona #Bagnoli #Ekene #Macomer #coopérative #Ecofficina_Educational #Sara_Felpati #Gaetano_Battocchio #Ecofficina_Servizi #Due_Carrare #CPA #CAS #SAI #centri_di_prima_accoglienza #Sistema_di_accoglienza_e_integrazione #Centri_di_accoglienza_straordinaria #Edeco #Annalisa_Carraro #Ecos #Food_Service #Sandrine_Bakayoko #Tuendelee #Oderzo #caserma_Zanusso #Caltanissetta #Badia_Grande

  • Emergence d’économie hors-pétrole en Arabie Saoudite, perçue par le FMI.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4508

    Les atouts de l’Arabie Saoudite qui ont pesé auprès des décideurs des BRICS, dans le processus d’élargissement ouvert aux candidatures peu soupçonneuses pour leur admission, sont les vrais critères financiers, ainsi que la teneur des réformes politiques. Ils ont tranché favorablement pour les Ibn-Saoud. Les flux financiers qui s’articulent dans une dynamique de changement, Ryad a déjà un florissant secteur, le tourisme religieux, d’où sont puisées de faramineuses taxes de séjours. Grands événements : Gigantisme de l’inattendu.

    / #Arabie_Saoudite,_Qatar,_Koweït,_EAU,_Moyen-Orient,_monarchies,_arabes,_musulmans, #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale, Russie, Poutine, Europe de l’Est, , Chine, réforme, développement, environnement, Asie, , Terrorisme , islamisme , Al-Qaeda , politique , , (...)

    #Grands_événements_:Gigantisme_de_l’inattendu. #Russie,_Poutine,_Europe_de_l’Est, #Chine,réforme,_développement,_environnement,_Asie, #Terrorisme_,islamisme,Al-Qaeda,politique,_ #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient,

  • Incapables de faire face à l’afflux de demandeurs, les Restos du cœur appellent à l’aide

    L’association a annoncé qu’elle allait devoir éconduire 150 000 personnes. Le gouvernement a promis 100 balles par tête (15 millions d’€), mais pas de Mars.

    « Nous demandons des réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire. » Le président des #Restos_du_cœur, Patrice Douret, a adressé un appel à l’aide aux « forces politiques et aux forces économiques » lors du « 13 heures » de TF1, dimanche 3 septembre. Il décrit une « situation inédite » : jamais, depuis leur création en 1985 par Coluche, les Restos du cœur n’avaient aidé autant de monde – ils ont déjà accueilli 1,3 million de personnes cette année, contre 1,1 million en 2022. Et jamais l’association n’avait autant dépensé, du fait de ces besoins accrus et de l’inflation : elle doit acheter plus du tiers de la nourriture qu’elle distribue et faire face aux surcoûts d’électricité, de transports…
    « A ce rythme-là, si on ne fait rien, les Restos du cœur pourraient [comme l’école et l’hôpital] mettre la clé sous la porte d’ici trois ans ». Ils vont « réduire fortement » le nombre de personnes accueillies pour se concentrer sur ceux qui ont les plus faibles « restes à vivre ». « On devra aussi réduire les quantités pour tous ceux qu’on pourra accueillir ».
    (...) Avec les trois autres associations bénéficiant de l’#aide_alimentaire européenne – les banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix-Rouge –, il a demandé au printemps à rencontrer Maquereau. Il a aussi appelé, dans une tribune au Monde, à renforcer le Soutien européen à l’aide alimentaire. Sans résultat.

    Cette fois, des élus de nombreux partis (HellFI, RN, Pécéèfe, EELV, Répoublicains, P$) se sont émus de la situation, plusieurs ont soutenu l’idée du « plan d’urgence alimentaire ». Les Mousquetaires et Carrefour ont promis d’effectuer des dons et d’organiser des #collectes.

    La ministre des solidarités, Aurore Bergé a indiqué que l’aide alimentaire du gouvernement avait été portée à 156 millions d’euros cette année et que, « dans les prochains jours, 15 millions d’euros » seront « mis sur la table » pour aider les Restos du cœur à « passer cette période », et 6 millions d’euros débloqués en faveur des associations d’aide aux tout-petits. Elle a elle-aussi lancé « un appel solennel aux grandes entreprises », qui avaient su se mobiliser pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, et compte les recevoir rapidement, en même temps que les présidents des grandes associations de solidarité.

    Cette annonce « ne répond pas à l’urgence », puisque « même en réduisant le nombre de personnes accueillies et les quantités données, nous avons besoin de 35 millions d’euros pour terminer notre exercice à l’équilibre en mars, réagit le pédégé des Restos. De plus, arnaque classique, les 15 millions annoncés englobent une dizaine de millions d’euros déjà budgétés dans le cadre du plan “Mieux manger pour tous”.

    Les autres grands acteurs de l’aide alimentaire soulignent l’urgence à agir. « Nous recevons moins de dons de nourriture de la #grande_distribution et de l’#industrie_agroalimentaire, et nous avons moins d’aides européennes que durant la crise sanitaire, tandis que les besoins augmentent fortement, résume Laurence Champier, D.G. des B.A.. Nous sommes obligés de rationner les associations que nous aidons et de limiter leur nombre. Notre secteur a besoin de crédits suffisants et pérennes, d’autant plus que les particuliers risquent de moins pouvoir donner ! »
    Côté du Secours pop : « Nous accompagnons désormais 3,5 millions de personnes, y compris de plus en plus d’étudiants, de retraités et des personnes qui travaillent. Nous essayons de partager plutôt que de refuser des gens, car il y en a déjà beaucoup trop qui sont en dehors des radars, explique le D.G. de l’association, Thierry Robert. Il faut plus de soutien, et aussi plus d’accompagnement humain de la part de l’Etat. Nos bénévoles constatent combien la dématérialisation des services publics prive de nombreuses personnes de leurs droits. »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/04/l-appel-a-l-aide-des-restos-du-c-ur-confrontes-a-une-situation-inedite_61876

    #alimentation #plan_d’urgence_alimentaire

  • "Moi, mon colon celle que j’préfère, c’est la guerre de 14-18". Traces de la grande guerre dans la chanson populaire.

    « La première guerre mondiale fait plus de 10 millions de morts, dont près de 9 millions de soldats. On déplore également des millions de blessés, invalides, traumatisés, défigurés (gueules cassées). Par son ampleur inédite, sa dimension planétaire, le conflit s’impose comme la guerre de référence. Ce n’est pas ce bon vieux Georges qui dira le contraire : "La guerre de 14-18" "Depuis que l’homme écrit l’Histoire, / Depuis qu’il bataille à cœur joie / Entre mille et une guerr’s notoires, / Si j’étais t’nu de faire un choix, / A l’encontre du vieil Homère, / Je déclarerais tout de suit’ : / "Moi, mon colon, cell’ que j’préfère, / C’est la guerr’ de quatorz’-dix-huit !" On déplore également de très nombreux orphelins et veuves de guerre. Barbara se glisse dans la peau de l’une d’entre elles. Tourneboulée, fataliste, elle entend continuer à vivre, vaille que vaille. "Mon amant est mort à la guerre / Je venais d’avoir 19 ans / Je fus à lui seul toute entière / De son vivant / Mais quand j’ai appris ça / Je ne sais ce qui se passe / Je ne sais quelle folie / Je ne sais quelle furie / En un jour, je pris 3 amants / Et puis encore autant / Dans le même laps du temps

    Si ça devait arriver / C’est que ça devait arriver / Tout dans la vie arrive à son heure / Il faut bien qu’on vive / Il faut bien qu’on boive / Il faut bien qu’on aime / Il faut bien qu’on meure".

    Dès la fin du conflit, les femmes sont invitées à quitter leurs emplois pour regagner leurs foyers. En dépit de leur implication dans l’effort de guerre et de leurs sacrifices, elles n’obtiennent pas le droit de vote. Les voilà de nous nouveau cantonnées à leur rôle de mères comme le déplorent les Femmouzes T dans la chanson "La femme du soldat inconnu" "Il fallait qu’il s’en aille / Il est pas revenu / Il a eu sa médaille / Mon soldat inconnu / Des honneurs à la noix / Et quand la mort m’a prise / Je n’ai eu que l’honneur / De la femme soumise
    Ad vitam eternam j’aurai pas ma statue / Je n’étais que La Femme Du Soldat Inconnu". »

    A lire :
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2023/09/moi-mon-colon-celle-que-jprefere-cest.html

    ou écouter :
    https://podcasters.spotify.com/pod/show/blottire/episodes/Moi--mon-colon-celle-que-jprfre--cest-la-guerre-de-14-18--La-grande-guerre-en-chansons-e26pigi/a-aa11iem

  • Designing Accessible Text Over Images: Best Practices, Techniques, And Resources — Smashing Magazine
    https://www.smashingmagazine.com/2023/08/designing-accessible-text-over-images-part1
    https://www.smashingmagazine.com/2023/08/designing-accessible-text-over-images-part2

    #CSS #gradient #Images #Text

    En complément de https://seenthis.net/messages/924372

  • Bourges : le 1er septembre, les bus deviennent gratuits
    https://www.francebleu.fr/infos/transports/bourges-le-1er-septembre-les-bus-deviennent-gratuits-7867380

    Il n’y a donc pas de file d’attente en cette rentrée scolaire dans les locaux d’agglobus : les familles n’ont plus besoin de demander des cartes de transport, avec à la clef une belle économie, rappelle Jean-Michel Guérineau : « Un abonnement annuel, c’était 180 euros par personne pour le tarif le plus élevé, qui était calculé en fonction des revenus et de la famille. Plus besoin d’en souscrire. Plus besoin d’abonnement pour les écoliers. Plus de ticket à acheter non plus. C’est une belle économie pour les familles et aussi pour les salariés, même si l’employeur remboursait la moitié du prix d’un abonnement. En moyenne, on estime l’économie de l’ordre de 300 à 400 euros par an, par famille. Sans parler des économies de carburant, si vous décidez de délaisser votre voiture. »

    Mais ce n’est pas gratuit pour tout le monde. Ce sont les entreprises de onze salariés et plus qui financent cette nouvelle organisation : le versement mobilité, une taxe qu’elles doivent acquitter, passe progressivement de 1,25 % à 2 % de la masse salariale, d’ici juillet prochain. C’est ainsi huit millions d’euros supplémentaires (en année pleine) qui arrivent dans les caisses du syndicat des transports. Pas de quoi réjouir le président de la chambre de commerce du Cher, Serge Richard : «  Cette augmentation tombe mal. Les entreprises doivent investir pour s’adapter au déréglement climatique. Elles doivent faire face à l’inflation avec la hausse du prix de l’énergie notamment. En plus le gouvernement a décidé de repousser sa promesse de suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) à 2027. L’augmentation du versement mobilité tombe donc mal. D’un autre côté, on le savait puisque les transports gratuits, c’était une promesse de campagne du maire de Bourges, Yann Galut. »

    Moins de 1% de ponctionné sur la masse salariale, et les transports sont gratuits ? J’adhère immédiatement de mon côté, tellement l’augmentation serait bénigne. Mais à Bourges, le patronat local parvient à pleurnicher. Le patronat, quand il n’exulte pas en palpant le CIR ou le CICE, il pleurniche en faisant croire qu’il s’intéresse au changement climatique ; il faudra lui signaler que le changement climatique, on s’y adapte aussi en prenant les transports en commun.

  • Le “#navi_quarantena” sono costate più di 130 milioni di euro in due anni

    Tra l’aprile 2020 e il giugno 2022 almeno 56mila persone sono transitate dalle imbarcazioni messe a disposizione da operatori privati su volere del governo, per una spesa pro-capite di 220 euro al giorno. Dati inediti evidenziano un esborso pubblico molto più elevato di quanto avrebbe richiesto una più dignitosa accoglienza a terra

    Le “navi quarantena” utilizzate per oltre due anni dal governo italiano per l’isolamento preventivo dei richiedenti asilo arrivati sulle coste italiane durante l’emergenza sanitaria sono costate, in totale, quasi 132 milioni di euro: 220 euro a persona al giorno. “Una follia fuori da ogni logica, un simile costo è più di quattro volte quello che si sarebbe speso utilizzando soluzioni residenziali a terra. Un paradosso, considerando che oggi si grida all’emergenza ma si continua a spendere pochissimo per creare un sistema d’accoglienza dignitoso”, spiega Gianfranco Schiavone, presidente del Consorzio italiano solidarietà di Trieste (Ics) e membro dell’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi).

    L’86% di quanto speso è andato a Grandi navi veloci Spa, la principale azienda che ha fornito le navi, ma il conto potrebbe essere parziale: dai documenti consultati da Altreconomia non è chiaro se la rendicontazione dei soggetti coinvolti sia già conclusa. Quel che è certo è che vanno aggiunti a questa cifra almeno 420mila euro per i costi sostenuti per la Raffaele Rubattino, proprietà della Compagnia italiana navigazione Spa, per l’accoglienza di 180 profughi tra il 17 aprile e il 5 maggio 2020.

    Ma andiamo con ordine. Nel pieno della pandemia da Covid-19, con il lockdown nazionale proclamato il 9 marzo 2020, un doppio decreto istituisce il sistema delle cosiddette “navi quarantena”: da un lato, il 7 aprile 2020 un decreto interministeriale emanato dai ministeri dell’Interno, della Salute e delle Infrastrutture stabilisce che, per tutta la durata dell’emergenza sanitaria, i porti italiani non potevano essere considerati “luoghi sicuri” per lo sbarco dei migranti; dall’altro cinque giorni dopo, il 12 aprile, la Protezione civile affida al Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione del Ministero dell’Interno la gestione dell’isolamento e della quarantena dei cittadini stranieri soccorsi o arrivati autonomamente via mare. È sulla base di questo decreto che il Viminale, insieme alla Croce rossa italiana, viene autorizzato a utilizzare navi per lo svolgimento della sorveglianza sanitaria “con riferimento alle persone soccorse in mare e per le quali non è possibile indicare il “Place of Safety” (luogo sicuro)”. Quelle, quindi, non sbarcate autonomamente. Comincia così la stagione delle navi quarantena: tra il 17 aprile e il 5 maggio 183 persone vengono “ospitate”, come detto, sulla nave Rubattino seguita dal traghetto Moby Zaza (attivo dal 12 maggio), che può ospitare fino a 250 persone appartenente anche esso alla Compagnia di navigazione italiana. Sarà poi Grandi navi veloci, successivamente, a fornire quasi tutti i servizi.

    Traghetti su cui, in totale, dal 17 aprile 2020 al 7 giugno 2022 secondo i dati forniti ad Altreconomia dall’ufficio del Garante nazionale delle persone private della libertà personale, sono salite in totale 56.007 persone, per una permanenza media nel 2021 e 2022 di 10,7 giorni. Considerando un costo totale di 132 milioni di euro significa quindi più di 2.300 euro a persona e 220 al giorno.

    “Ipotizziamo di aumentare da 30 a 50 euro il costo pro-capite pro-die per l’accoglienza di queste persone in strutture residenziali sul territorio -osserva Schiavone-. Aumentiamo la diaria perché consideriamo l’oggettiva situazione di emergenza sanitaria che alza i costi. Ebbene, anche così facendo e considerando che comunque la spesa totale potrebbe essere al ribasso significa un costo quattro volte più alto. È irragionevole”. Di questi soldi, ricavati da Altreconomia dai giustificativi di pagamento dei servizi effettuati dal Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione, in seno al ministero dell’Interno, come detto 113 milioni sono stati destinati a Grandi navi veloci (tra nave, carburante e personale), quasi sei milioni a Moby Zaza e poco più di 12 alla Croce rossa italiana (Cri) che assisteva le persone trattenute sulle navi. La stessa Croce rossa a gennaio 2022 aveva minacciato di non garantire più il servizio a seguito del ripetuto superamento del periodo massimo di permanenza sulla nave -10 giorni- per almeno mille persone e che, anche per questo motivo, aveva preoccupato tra gli altri l’Asgi che in un dettagliato report aveva pubblicato le sue perplessità sui rischi di un simile sistema.

    “L’accoglienza a terra avrebbe evitato note criticità logistiche, violazioni di alcune procedure e soprattutto, da un punto di vista strettamente economico avrebbe fatto risparmiare il ministero e aiutato, per esempio, albergatori in difficoltà che si sono trovati a dover chiudere le proprie attività. Chi non avrebbe accettato le accoglienze a 50 euro? Di certo, nessuno, ai 220 costati per le navi”. E forse si sarebbero anche evitate le morti di Bilal, ragazzo tunisino di 22 anni che si è suicidato dalla Moby Zaza a maggio 2020; Abou Diakite, 15 anni, nato in Costa d’Avorio e deceduto nell’ospedale di Palermo dopo essere stato trasportato d’urgenza dalla Gnv Allegra; Giorgio Carducci, psicologo volontario di 47 anni stroncato da un arresto cardiaco. E poi Abdallah Said deceduto a settembre 2020 all’ospedale di Catania dopo due settimane di permanenza sulla Gnv Azzurra.

    Abbiamo chiesto a Croce rossa italiana se era già terminata la rendicontazione delle spese effettuate ma non abbiamo ricevuto risposta nel merito. Il periodo di riferimento dei pagamenti effettuati va dall’ottobre 2020 al 24 febbraio 2023. Mancano però le informazioni del primo trimestre del 2021 che hanno una tabella “vuota”: non è chiaro se perché non sono state effettuati pagamenti o per un errore di caricamento.

    Un capitolo chiuso che ha ancora molto da “insegnare” anche per il presente. “Evidenzia come non ci sia nessun tipo di ragionata pianificazione che consenta di trovare delle soluzioni adeguate anche in contesti straordinari, come è indubbiamente stato il Covid-19, ma sulla base di criteri e paletti di ragionevolezza -conclude Schiavone-. Passiamo dalla spesa folle fatta con le navi quarantena al rifiuto attuale di adeguare e prevedere un corrispettivo pro die-pro capite dignitoso per l’accoglienza nei Centri di accoglienza straordinaria (Cas) con la conseguenza che le gare vanno deserte perché le condizioni sono economicamente insostenibili. La stessa amministrazione, certo con tempi diversi e governi, sembra non abbia nessun parametro logico su come operare in emergenza, su cosa e quanto sia ragionevole spendere per conseguire gli obiettivi pubblici. Tutto sembra invece avvenire in modo molto casuale in contrasto con il principio di efficienza che deve guidare l’operato della pubblica amministrazione”.

    https://altreconomia.it/le-navi-quarantena-sono-costate-piu-di-130-milioni-di-euro-in-due-anni
    #budget #coût #asile #migrations #réfugiés #Italie #privatisation #covid #Grandi_navi_veloci #navires #bateaux #Raffaele_Rubattino #Compagnia_italiana_navigazione #lockdown #confinement #isolement #quarantaine #Place_of_Safety #Rubattino #Moby_Zaza #ferry #Croce_rossa_italiana #croce_rossa #hébergement #accueil #GNV

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    voir aussi ce fil de discussion:
    Rights in route. The “#quarantine_ships” between risks and criticisms
    https://seenthis.net/messages/866072

  • Coop ou pas coop de trouver une alternative à la grande distribution ?

    Un #magasin sans client, sans salarié, sans marge, sans contrôle, sans espace de pouvoir où la confiance règne vous y croyez ? Difficile, tant le modèle et les valeurs de la grande distribution, et plus largement capitalistes et bourgeoises ont façonnés nos habitus. Néanmoins, parmi nous certains cherchent l’alternative : supermarchés coopératifs, collaboratifs, épiceries participatives, citoyennes, etc. Des alternatives qui pourtant reprennent nombre des promesses de la grande distribution et de ses valeurs. Les épiceries “autogérées”, “libres” ou encore en “gestion directe” tranchent dans ce paysage. Lieux d’apprentissage de nouvelles habitudes, de remise en cause frontale du pouvoir pyramidal et pseudo-horizontal. Ce modèle sera évidemment à dépasser après la révolution, mais d’ici-là il fait figure de favori pour une #émancipation collective et individuelle.

    Le supermarché : une #utopie_capitaliste désirable pour les tenants de la croyance au mérite

    Le supermarché est le modèle hégémonique de #distribution_alimentaire. #Modèle apparu seulement en 1961 en région parisienne il s’est imposé en quelques décennies en colonisant nos vies, nos corps, nos désirs et nos paysages. Cette utopie capitaliste est devenue réalité à coup de #propagande mais également d’adhésion résonnant toujours avec les promesses de l’époque : travaille, obéis, consomme ; triptyque infernal où le 3e pilier permet l’acceptation voire l’adhésion aux deux autres à la mesure du mérite individuel fantasmé.

    Malgré le succès et l’hégémonie de ce modèle, il a parallèlement toujours suscité du rejet : son ambiance aseptisée et criarde, industrielle et déshumanisante, la relation de prédation sur les fournisseurs et les délocalisations qui en découlent, sa privatisation par les bourgeois, la volonté de manipuler pour faire acheter plus ou plus différenciant et cher, le greenwashing (le fait de servir de l’écologie de manière opportuniste pour des raisons commerciales), etc., tout ceci alimente les critiques et le rejet chez une frange de la population pour qui la recherche d’alternative devient motrice.

    C’est donc contre ce modèle que se (re)créent des #alternatives se réclamant d’une démarche plus démocratique, plus inclusive, ou de réappropriation par le citoyen… Or, ces alternatives se réalisent en partant du #modèle_dominant, jouent sur son terrain selon ses règles et finalement tendent à reproduire souvent coûte que coûte, parfois inconsciemment, les promesses et les côtés désirables du supermarché.
    Comme le dit Alain Accardo dans De Notre Servitude Involontaire “ce qu’il faut se résoudre à remettre en question – et c’est sans doute la pire difficulté dans la lutte contre le système capitaliste -, c’est l’#art_de_vivre qu’il a rendu possible et désirable aux yeux du plus grand nombre.”
    Le supermarché “coopératif”, l’épicerie participative : des pseudo alternatives au discours trompeur

    Un supermarché dit “coopératif” est… un supermarché ! Le projet est de reproduire la promesse mais en supprimant la part dévolue habituellement aux bourgeois : l’appellation “coopératif” fait référence à la structure juridique où les #salariés ont le #pouvoir et ne reversent pas de dividende à des actionnaires. Mais les salariés ont tendance à se comporter collectivement comme un bourgeois propriétaire d’un “moyen de production” et le recrutement est souvent affinitaire : un bourgeois à plusieurs. La valeur captée sur le #travail_bénévole est redistribuée essentiellement à quelques salariés. Dans ce type de supermarché, les consommateurs doivent être sociétaires et “donner” du temps pour faire tourner la boutique, en plus du travail salarié qui y a lieu. Cette “#coopération” ou “#participation” ou “#collaboration” c’est 3h de travail obligatoire tous les mois sous peine de sanctions (contrôles à l’entrée du magasin pour éventuellement vous en interdire l’accès). Ces heures obligatoires sont cyniquement là pour créer un attachement des #bénévoles au supermarché, comme l’explique aux futurs lanceurs de projet le fondateur de Park Slope Food le supermarché New-Yorkais qui a inspiré tous les autres. Dans le documentaire FoodCoop réalisé par le fondateur de la Louve pour promouvoir ce modèle :”Si vous demandez à quelqu’un l’une des choses les plus précieuses de sa vie, c’est-à-dire un peu de son temps sur terre (…), la connexion est établie.”

    L’autre spécificité de ce modèle est l’#assemblée_générale annuelle pour la #démocratie, guère mobilisatrice et non propice à la délibération collective. Pour information, La Louve en 2021 obtient, par voie électronique 449 participations à son AG pour plus de 4000 membres, soit 11%. Presque trois fois moins avant la mise en place de cette solution, en 2019 : 188 présents et représentés soit 4,7%. À Scopeli l’AG se tiendra en 2022 avec 208 sur 2600 membres, soit 8% et enfin à la Cagette sur 3200 membres actifs il y aura 143 présents et 119 représentés soit 8,2%

    Pour le reste, vous ne serez pas dépaysés, votre parcours ressemblera à celui dans un supermarché traditionnel. Bien loin des promesses de solidarité, de convivialité, de résistance qui n’ont su aboutir. Les militants voient de plus en plus clairement les impasses de ce modèle mais il fleurit néanmoins dans de nouvelles grandes villes, souvent récupéré comme plan de carrière par des entrepreneurs de l’#ESS qui y voient l’occasion de se créer un poste à terme ou de développer un business model autour de la vente de logiciel de gestion d’épicerie en utilisant ce souhait de milliers de gens de trouver une alternative à la grande distribution.

    #La_Louve, le premier supermarché de ce genre, a ouvert à Paris en 2016. Plus de 4000 membres, pour plus d’1,5 million d’euros d’investissement au départ, 3 années de lancement et 7,7 millions de chiffre d’affaires en 2021. À la création il revendiquait des produits moins chers, de fonctionner ensemble autrement, ne pas verser de dividende et de choisir ses produits. Cette dernière est toujours mise en avant sur la page d’accueil de leur site web : “Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché.” L’ambition est faible et le bilan moins flatteur encore : vous retrouverez la plupart des produits présents dans les grandes enseignes (loin derrière la spécificité d’une Biocoop, c’est pour dire…), à des #prix toujours relativement élevés (application d’un taux de 20% de marge).

    À plus petite échelle existent les épiceries “participatives”. La filiation avec le #supermarché_collaboratif est directe, avec d’une cinquantaine à quelques centaines de personnes. Elles ne peuvent généralement pas soutenir de #salariat et amènent des relations moins impersonnelles grâce à leur taille “plus humaine”. Pour autant, certaines épiceries sont des tremplins vers le modèle de supermarché et de création d’emploi pour les initiateurs. Il en existe donc avec salariés. Les marges, selon la motivation à la croissance varient entre 0 et 30%.

    #MonEpi, startup et marque leader sur un segment de marché qu’ils s’efforcent de créer, souhaite faire tourner son “modèle économique” en margeant sur les producteurs (marges arrières de 3% sur les producteurs qui font annuellement plus de 10 000 euros via la plateforme). Ce modèle très conforme aux idées du moment est largement subventionné et soutenu par des collectivités rurales ou d’autres acteurs de l’ESS et de la start-up nation comme Bouge ton Coq qui propose de partager vos données avec Airbnb lorsque vous souhaitez en savoir plus sur les épiceries, surfant sur la “transition” ou la “résilience”.

    Pour attirer le citoyen dynamique, on utilise un discours confus voire trompeur. Le fondateur de MonEpi vante volontiers un modèle “autogéré”, sans #hiérarchie, sans chef : “On a enlevé le pouvoir et le profit” . L’informatique serait, en plus d’être incontournable (“pour faire ce que l’on ne saurait pas faire autrement”), salvatrice car elle réduit les espaces de pouvoir en prenant les décisions complexes à la place des humains. Pourtant cette gestion informatisée met toutes les fonctions dans les mains de quelques sachant, le tout centralisé par la SAS MonEpi. De surcroit, ces épiceries se dotent généralement (et sont incitées à le faire via les modèles de statut fournis par MonEpi) d’une #organisation pyramidale où le simple membre “participe” obligatoirement à 2-3h de travail par mois tandis que la plupart des décisions sont prises par un bureau ou autre “comité de pilotage”, secondé par des commissions permanentes sur des sujets précis (hygiène, choix des produits, accès au local, etc.). Dans certains collectifs, le fait de participer à ces prises de décision dispense du travail obligatoire d’intendance qui incombe aux simples membres…

    Pour finir, nous pouvons nous demander si ces initiatives ne produisent pas des effets plus insidieux encore, comme la possibilité pour la sous-bourgeoisie qui se pense de gauche de se différencier à bon compte : un lieu d’entre-soi privilégié où on te vend, en plus de tes produits, de l’engagement citoyen bas de gamme, une sorte d’ubérisation de la BA citoyenne, où beaucoup semblent se satisfaire d’un énième avatar de la consom’action en se persuadant de lutter contre la grande distribution. De plus, bien que cela soit inconscient ou de bonne foi chez certains, nous observons dans les discours de nombre de ces initiatives ce que l’on pourrait appeler de l’#autogestion-washing, où les #inégalités_de_pouvoir sont masqués derrière des mots-clés et des slogans (Cf. “Le test de l’Autogestion” en fin d’article).

    L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Et on pourrait s’en contenter et même y adhérer faute de mieux. Mais ne peut-on pas s’interroger sur les raisons de poursuivre dans des voies qui ont clairement démontré leurs limites alors même qu’un modèle semble apporter des réponses ?

    L’épicerie autogérée et autogouvernée / libre : une #utopie_libertaire qui a fait ses preuves

    Parfois nommé épicerie autogérée, #coopérative_alimentaire_autogérée, #épicerie_libre ou encore #épicerie_en_gestion_directe, ce modèle de #commun rompt nettement avec nombre des logiques décrites précédemment. Il est hélas largement invisibilisé par la communication des modèles sus-nommés et paradoxalement par son caractère incroyable au sens premier du terme : ça n’est pas croyable, ça remet en question trop de pratiques culturelles, il est difficile d’en tirer un bénéfice personnel, c’est trop beau pour être vrai…Car de loin, cela ressemble à une épicerie, il y a bien des produits en rayon mais ce n’est pas un commerce, c’est un commun basé sur l’#égalité et la #confiance. L’autogestion dont il est question ici se rapproche de sa définition : la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés.

    Mais commençons par du concret ? À #Cocoricoop , épicerie autogérée à Villers-Cotterêts (02), toute personne qui le souhaite peut devenir membre, moyennant une participation libre aux frais annuels (en moyenne 45€ par foyer couvrant loyer, assurance, banque, électricité) et le pré-paiement de ses futures courses (le 1er versement est en général compris entre 50€ et 150€, montant qui est reporté au crédit d’une fiche individuelle de compte). À partir de là, chacun.e a accès aux clés, au local 24h/24 et 7 jours/7, à la trésorerie et peut passer commande seul ou à plusieurs. Les 120 foyers membres actuels peuvent venir faire leurs courses pendant et hors des permanences. Ces permanences sont tenues par d’autres membres, bénévolement, sans obligation. Sur place, des étagères de diverses formes et tailles, de récup ou construites sur place sont alignées contre les murs et plus ou moins généreusement remplies de produits. On y fait ses courses, pèse ses aliments si besoin puis on se dirige vers la caisse… Pour constater qu’il n’y en a pas. Il faut sortir une calculatrice et calculer soi-même le montant de ses courses. Puis, ouvrir le classeur contenant sa fiche personnelle de suivi et déduire ce montant de son solde (somme des pré-paiements moins somme des achats). Personne ne surveille par dessus son épaule, la confiance règne.

    Côté “courses”, c’est aussi simple que cela, mais on peut y ajouter tout un tas d’étapes, comme discuter, accueillir un nouveau membre, récupérer une débroussailleuse, participer à un atelier banderoles pour la prochaine manif (etc.). Qu’en est-il de l’organisation et l’approvisionnement ?

    Ce modèle de #commun dont la forme épicerie est le prétexte, cherche avant tout, à instituer fondamentalement et structurellement au sein d’un collectif les règles établissant une égalité politique réelle. Toutes les personnes ont le droit de décider et prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent. “#Chez_Louise” dans le Périgord (Les Salles-Lavauguyon, 87) ou encore à #Dionycoop (St-Denis, 93), comme dans toutes les épiceries libres, tout le monde peut, sans consultation ou délibération, décider d’une permanence, réorganiser le local, organiser une soirée, etc. Mieux encore, toute personne est de la même manière légitime pour passer commande au nom du collectif en engageant les fonds disponibles dans la trésorerie commune auprès de tout fournisseur ou distributeur de son choix. La trésorerie est constituée de la somme des dépôts de chaque membre. Les membres sont incités à laisser immobilisé sur leur fiche individuelle une partie de leurs dépôts. Au #Champ_Libre (Preuilly-Sur-Claise, 37), 85 membres disposent de dépôts moyens de 40-50€ permettant de remplir les étagères de 3500€ selon l’adage, “les dépôts font les stocks”. La personne qui passe la commande s’assure que les produits arrivent à bon port et peut faire appel pour cela au collectif.

    D’une manière générale, les décisions n’ont pas à être prises collectivement mais chacun.e peut solliciter des avis.

    Côté finances, à #Haricocoop (Soissons, 02), quelques règles de bonne gestion ont été instituées. Une #créditomancienne (personne qui lit dans les comptes bancaires) vérifie que le compte est toujours en positif et un “arroseur” paye les factures. La “crédito” n’a aucun droit de regard sur les prises de décision individuelle, elle peut seulement mettre en attente une commande si la trésorerie est insuffisante. Il n’y a pas de bon ou de mauvais arroseur : il voit une facture, il paye. Une autre personne enfin vérifie que chacun a payé une participation annuelle aux frais, sans juger du montant. Ces rôles et d’une manière générale, toute tâche, tournent, par tirage au sort, tous les ans afin d’éviter l’effet “fonction” et impliquer de nouvelles personnes.

    Tout repose donc sur les libres initiatives des membres, sans obligations : “ce qui sera fait sera fait, ce qui ne sera pas fait ne sera pas fait”. Ainsi, si des besoins apparaissent, toute personne peut se saisir de la chose et tenter d’y apporter une réponse. Le corolaire étant que si personne ne décide d’agir alors rien ne sera fait et les rayons pourraient être vides, le local fermé, les produits dans les cartons, (etc.). Il devient naturel d’accepter ces ‘manques’ s’il se produisent, comme conséquence de notre inaction collective et individuelle ou l’émanation de notre niveau d’exigence du moment.

    Toute personne peut décider et faire, mais… osera-t-elle ? L’épicerie libre ne cherche pas à proposer de beaux rayons, tous les produits, un maximum de membres et de chiffre d’affaires, contrairement à ce qui peut être mis en avant par d’autres initiatives. Certes cela peut se produire mais comme une simple conséquence, si la gestion directe et le commun sont bien institués ou que cela correspond au niveau d’exigence du groupe. C’est à l’aune du sentiment de #légitimité, que chacun s’empare du pouvoir de décider, de faire, d’expérimenter ou non, que se mesure selon nous, le succès d’une épicerie de ce type. La pierre angulaire de ces initiatives d’épiceries libres et autogouvernées repose sur la conscience et la volonté d’instituer un commun en le soulageant de tous les espaces de pouvoir que l’on rencontre habituellement, sans lequel l’émancipation s’avèrera mensongère ou élitiste. Une méfiance vis-à-vis de certains de nos réflexes culturels est de mise afin de “s’affranchir de deux fléaux également abominables : l’habitude d’obéir et le désir de commander.” (Manuel Gonzáles Prada) .

    L’autogestion, l’#autogouvernement, la gestion directe, est une pratique humaine qui a l’air utopique parce que marginalisée ou réprimée dans notre société : nous apprenons pendant toute notre vie à fonctionner de manière autoritaire, individualiste et capitaliste. Aussi, l’autogestion de l’épicerie ne pourra que bénéficier d’une vigilance de chaque instant de chacun et chacune et d’une modestie vis-à-vis de cette pratique collective et individuelle. Autrement, parce que les habitudes culturelles de domination/soumission reviennent au galop, le modèle risque de basculer vers l’épicerie participative par exemple. Il convient donc de se poser la question de “qu’est-ce qui en moi/nous a déjà été “acheté”, approprié par le système, et fait de moi/nous un complice qui s’ignore ?” ^9 (ACCARDO) et qui pourrait mettre à mal ce bien commun.

    S’affranchir de nos habitus capitalistes ne vient pas sans effort. Ce modèle-là ne fait pas mine de les ignorer, ni d’ignorer le pouvoir qu’ont les structures et les institutions pour conditionner nos comportements. C’est ainsi qu’il institue des “règles du jeu” particulières pour nous soutenir dans notre quête de #confiance_mutuelle et d’#égalité_politique. Elles se résument ainsi :

    Ce modèle d’épicerie libre diffère ainsi très largement des modèles que nous avons pu voir plus tôt. Là où la Louve cherche l’attachement via la contrainte, les épiceries autogérées cherchent l’#appropriation et l’émancipation par ses membres en leur donnant toutes les cartes. Nous soulignons ci-dessous quelques unes de ces différences majeures :

    Peut-on trouver une alternative vraiment anticapitaliste de distribution alimentaire ?

    Reste que quelque soit le modèle, il s’insère parfaitement dans la #société_de_consommation, parlementant avec les distributeurs et fournisseurs. Il ne remet pas en cause frontalement la logique de l’#économie_libérale qui a crée une séparation entre #consommateur et #producteur, qui donne une valeur comptable aux personnes et justifie les inégalités d’accès aux ressources sur l’échelle de la croyance au mérite. Il ne règle pas non plus par magie les oppressions systémiques.

    Ainsi, tout libertaire qu’il soit, ce modèle d’épicerie libre pourrait quand même n’être qu’un énième moyen de distinction sociale petit-bourgeois et ce, même si une épicerie de ce type a ouvert dans un des quartiers les plus défavorisés du département de l’Aisne (réservée aux personnes du quartier qui s’autogouvernent) et que ce modèle génère très peu de barrière à l’entrée (peu d’administratif, peu d’informatique,…).

    On pourrait aussi légitimement se poser la question de la priorité à créer ce type d’épicerie par rapport à toutes les choses militantes que l’on a besoin de mettre en place ou des luttes quotidiennes à mener. Mais nous avons besoin de lieux d’émancipation qui ne recréent pas sans cesse notre soumission aux logiques bourgeoises et à leurs intérêts et institutions. Une telle épicerie permet d’apprendre à mieux s’organiser collectivement en diminuant notre dépendance aux magasins capitalistes pour s’approvisionner (y compris sur le non alimentaire). C’est d’autant plus valable en période de grève puisqu’on a tendance à enrichir le supermarché à chaque barbecue ou pour approvisionner nos cantines et nos moyens de lutte.

    Au-delà de l’intérêt organisationnel, c’est un modèle de commun qui remet en question concrètement et quotidiennement les promesses et les croyances liées à la grande distribution. C’est très simple et très rapide à monter. Aucune raison de s’en priver d’ici la révolution !
    Le Test de l’Autogestion : un outil rapide et puissant pour tester les organisations qui s’en réclament

    À la manière du test de Bechdel qui permet en trois critères de mettre en lumière la sous-représentation des femmes et la sur-représentation des hommes dans des films, nous vous proposons un nouvel outil pour dénicher les embuscades tendues par l’autogestion-washing, en toute simplicité : “le test de l’Autogestion” :

    Les critères sont :

    - Pas d’AGs ;

    - Pas de salarié ;

    - Pas de gestion informatisée.

    Ces 3 critères ne sont pas respectés ? Le collectif ou l’organisme n’est pas autogéré.

    Il les coche tous ? C’est prometteur, vous tenez peut être là une initiative sans donneur d’ordre individuel ni collectif, humain comme machine ! Attention, le test de l’autogestion permet d’éliminer la plupart des faux prétendants au titre, mais il n’est pas une garantie à 100% d’un modèle autogéré, il faudra pousser l’analyse plus loin. Comme le test de Bechdel ne vous garantit pas un film respectant l’égalité femme-homme.

    Il faut parfois adapter les termes, peut être le collectif testé n’a pas d’Assemblée Générale mais est doté de Réunions de pilotage, n’a pas de salarié mais des services civiques, n’a pas de bureau mais des commissions/groupe de travail permanents, n’a pas de logiciel informatique de gestion mais les documents de gestion ne sont pas accessibles sur place ?
    Pour aller plus loin :

    Le collectif Cooplib fait un travail de documentation de ce modèle de commun et d’autogestion. Ses membres accompagnent de manière militante les personnes ou collectifs qui veulent se lancer (= gratuit).

    Sur Cooplib.fr, vous trouverez des informations et des documents plus détaillés :

    – La brochure Cocoricoop

    – Un modèle de Statuts associatif adapté à l’autogestion

    – La carte des épiceries autogérées

    – Le Référentiel (règles du jeu détaillées)

    – Le manuel d’autogestion appliqué aux épiceries est en cours d’édition et en précommande sur Hello Asso

    Ces outils sont adaptés à la situation particulière des épiceries mais ils sont transposables au moins en partie à la plupart de nos autres projets militants qui se voudraient vraiment autogérés (bar, librairie, laverie, cantine, camping,…). Pour des expérimentations plus techniques (ex : garage, ferme, festival,…), une montée en compétence des membres semble nécessaire.

    D’autres ressources :

    – Quelques capsules vidéos : http://fede-coop.org/faq-en-videos

    – “Les consommateurs ouvrent leur épiceries, quel modèle choisir pour votre ville ou votre village ?”, les éditions libertaires.

    https://www.frustrationmagazine.fr/coop-grande-distribution
    #alternative #grande_distribution #supermarchés #capitalisme #épiceries #auto-gestion #autogestion #gestion_directe #distribution_alimentaire

    sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/1014023

  • #Otto_Neurath, sur les traces d’une #planification_écologique

    Organiser l’#économie à partir des #besoins, en se focalisant sur des #grandeurs_physiques plutôt que leur #valeur en monnaie, tel était le projet subversif de ce philosophe des sciences qui eut à affronter les néolibéraux et les fascistes de son temps.

    Otto #Neurath, un philosophe autrichien du début du siècle dernier, tiendrait-il sa revanche ? La planification écologique, dont on peut le considérer comme étant un des ancêtres intellectuels, est en tout cas sortie des catacombes doctrinales. Pièce maîtresse du programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon, elle est également devenue, avec des intentions certes différentes, un objectif affiché par le pouvoir macroniste. Un secrétariat général auprès de la première ministre lui est dévolu, et des annonces détaillées sont prévues pour la fin de cet été.

    Parler de planification tout court n’a pas toujours été aussi évident dans le débat public. Il fallait montrer patte blanche, en rappelant qu’il a existé des planifications différentes, et que toutes n’ont pas conduit à l’autoritarisme et aux dysfonctionnements de l’Union soviétique et de la Chine maoïste. Mais au moins y avait-il des précédents historiques à invoquer, des travaux intellectuels à citer. La planification écologique, elle, souffre du handicap supplémentaire de ne pas s’être déjà incarnée dans des expériences à grande échelle.

    Celles et ceux qui la promeuvent aujourd’hui ont à surmonter une défaite vieille de près d’un siècle, lorsque de rares penseurs socialistes ont élaboré des modèles économiques démocratiques, attentifs à l’environnement et aux générations futures. Une « brèche écologiste [qui] fut dans l’ensemble colmatée et oubliée », regrette Serge Audier dans son travail sur L’Âge productiviste (La Découverte, 2019). Encore plus qu’à Karl Polanyi (1886-1964), connu pour ses appels à « réencastrer » l’économie dans la société, c’est à un autre intellectuel de la Mitteleuropa que l’on doit cette brèche : Otto Neurath.

    Philosophe des sciences, économiste, ce dernier a connu la prison pour avoir participé à la république des conseils de Bavière en 1919. Durant la décennie suivante, il a polémiqué avec certains des pères fondateurs du néolibéralisme, Ludwig von Mises (1881-1973) et Friedrich Hayek (1899-1992). Dans le même temps, il s’impliquait dans la vie politique et associative de « Vienne la Rouge ». Après que celle-ci a été écrasée par la dictature du chancelier Dollfuss en 1934, il a pris le chemin de l’exil, d’abord aux Pays-Bas puis au Royaume-Uni, où il est mort en 1945.

    En dépit de ce pedigree, on aurait tort de voir en lui une tête brûlée imprégnée d’idéaux marxistes. Tout aussi pacifiste et attaché à la préservation des ressources qu’il fût, il serait également déraisonnable d’en faire un « Vert » avant l’heure. Mais à quelques décennies de distance, sa figure intéresse à la fois la tradition socialiste et la tradition écologiste : d’abord par sa critique frontale et assumée de la logique de marché, ensuite par sa quête optimiste d’un chemin rationnel et méthodique vers l’amélioration du bien-être collectif.
    Un cocktail d’ingénierie et d’utopies sociales

    Né en 1882 à Vienne, le jeune Otto Neurath est élevé dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle austro-hongroise, qui lui fait profiter du dynamisme culturel de la capitale impériale autant que de contacts répétés avec la nature.

    Dans un mémoire universitaire en forme de biographie intellectuelle, Billal Tabaichount mentionne l’influence durable exercée sur Neurath par son père. Ce dernier portait en effet un regard négatif sur la concurrence capitaliste, en raison de ses conséquences socialement décevantes et moralement dommageables sur la population.

    Le même chercheur souligne aussi l’influence de l’intellectuelle suédoise Ellen Key (1849-1926), avec qui Neurath a entretenu une correspondance. De cette féministe engagée sur les questions de pédagogie, le jeune homme aurait retenu qu’une « réforme sociale » désirable doit viser le « bonheur humain », compris de façon non religieuse, et ne doit pas « passe[r] uniquement par l’élite d’une société, mais […] concerner de larges pans de la population ».

    Formé aux sciences sociales à Berlin, Neurath revient à Vienne en 1907. Il y côtoie des intellectuels réunis par leur insatisfaction envers les approches idéalistes et métaphysiques qui dominent dans l’université de l’époque. D’horizons différents, ils privilégient les faits observables et les raisonnements logiques pour mieux appréhender le monde réel, et tenter d’améliorer l’insertion et le développement de l’humanité en son sein.

    Spécialisé en économie, Neurath travaille sur la théorie de la valeur. Il se familiarise notamment avec des travaux de statisticiens réfléchissant aux méthodes les plus rationnelles pour répondre à la subsistance des populations. Il observe le fonctionnement de sociétés en guerre, d’abord dans les Balkans au début des années 1910, puis dans toute l’Europe à partir de 1914. Il est alors frappé par la capacité de la puissance publique à répertorier, affecter et redistribuer des ressources de manière volontariste, la décision politique se substituant au « laisser-faire » du marché.

    « L’économie monétaire qui existait avant la guerre, écrit-il en 1916, n’était pas capable de remplir les nouvelles exigences qui étaient celles de peuples intéressés par la victoire. Il est apparu que la guerre se mène avec des munitions et de la nourriture, pas avec de la monnaie. » Dès lors, explique-t-il, l’attention s’est focalisée sur les structures concrètes de production et de distribution. L’évolution de ces dernières était pourtant jusque-là négligée, ou considérée comme une fatalité même lorsqu’elle causait des souffrances sociales.

    L’épisode conforte Neurath dans son rejet de l’aspect anarchique et « sous-optimal » du #capitalisme. Sa condamnation ne repose pas tant sur les asymétries de pouvoir, les rapports d’exploitation et l’aliénation que ce mode de production implique, que sur son caractère irrationnel. Comme le résume l’économiste Gareth Dale dans la revue Jacobin, « le capitalisme n’est pas suffisamment moderne » à ses yeux.

    De la révolution bavaroise à #Vienne la Rouge

    Même en temps de paix, pense Neurath, un autre ordre économique est possible, qui ne serait plus structuré par la maximisation individuelle du profit. Grâce à la délibération et l’expertise, la société doit pouvoir s’organiser consciemment pour mieux diffuser le bien-être. Neurath est d’ailleurs avide d’expériences dans ce sens. Selon le chercheur Thomas Kayzel, historien de la planification économique aujourd’hui affilié au CEE de Sciences Po, « c’est un penseur pragmatique, politiquement flexible et toujours à la recherche de nouvelles voies d’engagement et de réalisation ».

    Ainsi se comprend sa participation à la #révolution déclenchée contre la monarchie bavaroise, en novembre 1918. Nommé à la tête du Conseil économique central de Munich, dans le cadre de la république nouvellement instituée, il œuvre en faveur de la socialisation de l’économie de la région. Il y acquiert la conviction qu’un tel programme nécessite de forger un « bloc anticapitaliste » allant bien au-delà de la classe ouvrière industrielle.

    Dans l’immédiat, cependant, il se heurte aux intérêts du patronat, à ceux de la paysannerie, mais aussi aux velléités anarchisantes des groupes les plus révolutionnaires, là où lui défend la centralisation des décisions économiques une fois les besoins identifiés. Et s’il s’efforce de défendre une conception « technique » de sa tâche pour mieux l’isoler des soubresauts politiques permanents de l’expérience bavaroise, ceux-ci le rattrapent.

    Après qu’un gouvernement de type soviétique a pris le contrôle de Munich, une violente répression s’abat au printemps 1919. Elle est soutenue par les sociaux-démocrates au pouvoir à Berlin, qui ont déjà maté une première insurrection en début d’année dans la capitale – celle au cours de laquelle Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht furent assassinés. Neurath échappe à un sort aussi funeste, mais il est emprisonné pour haute trahison, avant d’être exfiltré en Autriche grâce au social-démocrate Otto Bauer, ministre des affaires étrangères de ce pays.

    Si c’est à Vienne que l’économiste s’épanouira, ces années tumultueuses sont importantes. Elles sont d’abord l’occasion pour Neurath d’exprimer sa croyance en la nécessité d’« #utopies_scientifiques », contre tout fatalisme ou déterminisme historique. Sous ce terme, il désigne des conceptualisations de futurs possibles, d’ordres sociaux améliorés, qui tiennent compte des contraintes naturelles et du type de personnalités qui auront été façonnées par l’ordre antérieur. Ces exercices intellectuels ne peuvent se substituer à des mobilisations sociales et politiques, mais sont propres à les encourager, en leur fixant un cap à la fois désirable et atteignable.

    Ensuite, ces années de guerre et de sortie de guerre sont celles où Neurath formule la proposition iconoclaste de se passer des prix, exprimés en argent, pour prendre des décisions économiques, voire pour échanger des biens et des services. « Ce qui remplaçait le motif du profit comme principe conducteur, dans la conception de Neurath d’une économie socialisée, était le plan économique, résume le philosophe des sciences Thomas Uebel, spécialiste de son œuvre. Ce plan était basé sur des calculs statistiques de production et de consommation – et ceci en nature, pas en termes monétaires. »
    Un plaidoyer pour une économie « en nature »

    Son approche suscite une réplique de l’économiste autrichien Ludwig von Mises, attaché à démontrer l’irrationalité du socialisme. Le débat sur la possibilité d’un calcul économique dans une économie collectivisée se poursuivra tout au long des années 1920, mais ne deviendra fameux qu’après avoir changé de nature. Entretemps, il a en effet impliqué l’économiste polonais Oskar Lange, qui s’est efforcé de défendre la rationalité d’un socialisme de marché.

    Neurath, qui a été oublié au passage, défendait le point de vue plus radical d’une économie sans marché, c’est-à-dire sans système de prix pour décider de l’allocation des ressources. Comme le précise Bilal Tabaichount, « Neurath ne veut pas d’une économie de troc, [mais] plutôt d’une économie où les biens et services transitent par des organisations centrales de coordination », les ménages pouvant disposer de « bons de rationnement non échangeables ».

    À l’époque, von Mises pointe la difficulté d’appliquer une telle proposition à grande échelle. Neurath ne lui répond que partiellement et tardivement. Mais son argument le plus important, qui n’implique pas forcément de se passer de tout marché, réside dans son refus de réduire les choix économiques à une seule unité de mesure.

    « Neurath conteste que la monnaie puisse être un résumé adéquat de la valeur des choses, explique la militante et chercheuse Claire Lejeune, engagée dans une thèse en science politique sur la planification. La réduction aux prix lui semble une mesure trop grossière pour penser notre rapport aux ressources et au temps. » Cette conviction vaut d’ailleurs pour toute autre unité de mesure à prétention universelle. Pour lui, il y a une incommensurabilité indépassable entre les différentes facettes du bien-être à travers les générations.

    C’est ici que se repère la dimension écologique de l’argument de Neurath. Dans un article de 1925 paru dans la presse sociale-démocrate, il affirme que l’économie socialiste doit viser « le bien-être de tous ses membres ». « Dès le début, ajoute-t-il, doit être déterminé ce qu’est “l’intérêt de la totalité sociale”. Est-ce que cela inclut la prévention de l’épuisement prématuré des mines de charbon ou de la karstification des montagnes ou encore, par exemple, de la santé et de la force de la prochaine génération ? »

    Comme l’illustrent aujourd’hui les émissions excessives de carbone et les nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles, la centralité du marché et de la quête de profit est incompatible avec un tel souci pour le long terme. « L’argument écologique fut le principal argument de Neurath contre le fondamentalisme de marché, c’est-à-dire l’idée que les marchés sont la clé de résolution universelle des problèmes de coordination sociale », remarque Thomas Uebel.

    Cela fait-il de Neurath un écologiste ? L’homme avait conscience du caractère irréversible de certains dégâts infligés à la nature. Dressant une comparaison avec la reprise d’une production de pain ou la reconstitution d’un cheptel, il relève dans un de ses derniers textes « qu’il faut un temps beaucoup plus long pour reboiser des vastes zones de territoires et pour en changer le climat – et en quel temps bref une forêt et un climat peuvent être détruits ! ».

    Pour autant, il a aussi défendu avec peu de prescience la monoculture en matière agricole. Plus généralement, Thomas Kayzel le voit davantage comme une source d’inspiration que comme un véritable précurseur de l’économie écologique. Celle-ci conçoit l’économie comme un sous-système inscrit à l’intérieur du système Terre et soumis à la finitude des ressources planétaires, ce qui correspond à des intuitions mais pas à une vision aboutie chez Neurath.
    Pédagogie et délibération

    On peut également estimer incomplète sa compréhension du capitalisme. Focalisé sur la concurrence et la quête du profit, il a négligé la domination et la conflictualité sociales inhérentes à ce mode de production, de même que ses effets sur d’autres sphères de l’existence, comme l’oppression de genre et les rivalités impérialistes. Selon Gareth Dale, il a ainsi manqué la façon dont le capitalisme – a fortiori un capitalisme d’État – pouvait trouver un intérêt fonctionnel à la planification. Pour les mêmes raisons, sa critique du nationalisme et du racisme serait restée « rudimentaire ».

    Il n’en reste pas moins qu’Otto Neurath s’est distingué par sa conception « inclusive » de la planification. « Sa position est celle d’une construction démocratique de la rationalité, affirme Claire Lejeune. À ses yeux, les planificateurs et le centre politique n’ont pas le monopole de la décision, il est important de ménager une place à la pluralité des visions de ce que doit être un bon ordre social. »

    S’il s’est lui-même présenté comme un ingénieur social, il ne confondait pas ce rôle avec celui de philosophe-roi, ou d’un expert au-dessus des masses ignares. « Sa foi était grande dans le fait de définir et d’appliquer des programmes, précise Thomas Kayzel. Mais l’aspect délibératif comptait, car le but de la planification ne peut pas être établi de manière solitaire. Les “bonnes conditions de vie”, ce n’est pas quelque chose que des économistes et des ingénieurs peuvent calculer, les communautés concernées doivent s’exprimer dessus. »

    Neurath a ainsi distingué deux types de plans : un « plan directeur », fruit d’un processus démocratique d’identification et de hiérarchisation des besoins ; et un « plan technique », par lequel les experts mettent concrètement en musique la satisfaction de ces besoins, en tenant compte des diverses contraintes et en optimisant les ressources. Pour cela, Neurath accorde beaucoup d’importance aux données statistiques collectées et partagées de manière compréhensible par les pouvoirs publics.

    Ce n’est pas un hasard si l’économiste a travaillé pour plusieurs musées d’économie, notamment à Vienne, et sur la mise en forme visuelle d’informations, qu’elles soient chiffrées ou non. Avec sa compagne graphiste Marie Neurath et l’artiste Gerd Arntz, il a fondé un langage visuel international connu sous le nom de « système isotype », dont sont issus des pictogrammes que nous croisons tous les jours. « Sa visée était plus pédagogique que scientiste, défend Claire Lejeune. Il souhaitait inclure le corps social dans une prise de décision consciente. »

    La pensée de Neurath s’inscrit ainsi dans une tradition socialiste souhaitant poursuivre l’ambition des Lumières dans ses implications les plus radicales, c’est-à-dire l’exercice collectif de la raison, y compris dans le domaine de la production où l’on s’est habitués à ce que des décisions structurantes soient prises par une poignée de personnes, selon des critères éloignés de l’intérêt général et de la justice.

    C’est l’objectif de la démocratie économique qui est ainsi pointé. Rendu nécessaire pour lutter contre les « forçages » dont le système Terre fait l’objet, il a été perdu de vue par la social-démocratie au cours du XXe siècle. Ici réside l’actualité de Neurath, en plus du refus de la monétarisation et de la marchandisation des richesses naturelles.

    Même son souhait de raisonner « en nature » et « hors marché », qui pourrait apparaître hors de portée au regard de la complexité des économies actuelles, rencontre les nouvelles possibilités techniques de calcul et d’accumulation des données. Il fait en tout cas écho à la diversité des indicateurs dont le guidage de l’économie a désormais besoin, au lieu du simpliste produit intérieur brut (PIB).

    « Nous disposons aujourd’hui d’une grande quantité d’informations, qui devraient être considérées comme des “communs” pour naviguer dans l’anthropocène, et perfectionner nos outils d’action publique, estime Claire Lejeune. Otto Neurath nous rappelle qu’il ne sert à rien de rejeter la modernité en bloc, comme sont tentés de le faire certains écolos. L’héritage des Lumières comme l’histoire du socialisme ne sont pas monolithiques. »

    Neurath apparaît en tout cas comme une figure ayant plaidé pour une coordination centralisée et démocratique des activités économiques, au nom d’une répartition égale du bien-être qui ne soit pas opérée au détriment des générations futures. Si son socialisme proto-écologique laisse à désirer et n’offre pas de solutions clés en main à un siècle de distance, les coordonnées du défi qu’il proposait de relever nous sont familières.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/190823/otto-neurath-sur-les-traces-d-une-planification-ecologique

  • Migranti, dalla Lombardia al Veneto all’Emilia la rivolta dei sindaci del Nord. Zaia : “Rischiamo di avere le tendopoli”

    Aumentano i minori affidati ai Comuni, i primi cittadini sindaci leghisti guidano il fronte degli amministratori che accusano Roma: «Così mettono in ginocchio i bilanci»

    Mentre il governo si prepara per l’approvazione di un provvedimento sul modello dei decreti sicurezza voluti nel 2018 da Matteo Salvini, il tema immigrazione diventa materia di scontro, non solo tra maggioranza e opposizione e tra alleati di governo, ma anche tra Roma e il Nord. Con il fronte dei sindaci - leghisti in testa - che si sente abbandonato. A partire dalla Lombardia dove, mettendo in fila i dati, al 31 luglio 2023 si registrano 16.232 migranti: 2.156 in più rispetto al mese precedente e 5.481 in più rispetto al 31 luglio 2022. Secondo il piano di redistribuzione del Viminale, entro il 15 settembre la quota arriverà a 6.000. La fetta più grande, insomma, per cercare di ripartire gli oltre 50 mila richiedenti asilo. «I comuni sono diventati i centri di costo dell’immigrazione. La politica si ricorda di noi solo quando ci sono le elezioni e ha bisogno di voti. Poi, ci lascia le grane da risolvere». Roberto Di Stefano, sindaco leghista di Sesto San Giovanni, alle porte di Milano, parla di una situazione che «mette in ginocchio i bilanci: siamo costretti a distrarre fondi che potremmo spendere per gli anziani, per i disabili, per occuparci dell’accoglienza agli stranieri». A destare maggiore preoccupazione, spiega ancora Di Stefano, sono minori non accompagnati che vengono assegnati ai comuni direttamente dal Tribunale. «Ho l’impressione che il ruolo dei sindaci non sia capito. Non basta il rimpatrio di qualche centinaio di persone, perché gli arrivi sono molti di più. E il lavoro va fatto a monte: investendo in democrazia nei Paesi da cui queste persone scappano».

    Nella provincia di Brescia, l’insoddisfazione è la medesima: il sindaco di Edolo, Luca Masneri (civico), dalla Valle Camonica ricorda di aver chiesto alla Prefettura «di iniziare a pensare a una exit strategy. Negli anni passati abbiamo avuto anche 200 migranti su una popolazione di 4.400 persone. Ora siamo a 70 e vogliamo arrivare a 40». Marco Togni, primo cittadino leghista di Montichiari (Brescia), non si pone proprio il problema: «Immigrati non ne voglio. Non ho posti in cui accoglierli e quindi non me ne preoccupo. Non posso impedire che strutture private nel mio comune partecipino ai bandi della Prefettura per l’accoglienza ma quando chiedono il mio parere dico sempre che sarebbe meglio non farlo». E in mancanza di strutture in cui ospitarli, Togni ribadisce la sua «indisponibilità a qualsiasi conversione di strutture di proprietà comunale». Anche Sebastian Nicoli, sindaco Pd di Romano di Lombardia, nella bergamasca, ha contestato l’arrivo di una trentina di richiedenti asilo nell’ex hotel La Rocca, struttura privata gestita da una cooperativa: «Ancora una volta affrontiamo un’emergenza calata dall’alto. La Prefettura mi ha avvisato solo informalmente dell’arrivo dei richiedenti asilo. Non mi è stato neanche comunicato il numero esatto».

    In terra lombarda il tema degli alloggi è stato anche materia di scontro tra alleati in giunta regionale: l’assessore alla Casa Paolo Franco (in quota Fdi) era stato costretto a un dietrofront sulla proposta di utilizzare le case popolari non occupate (e pronte all’uso) per allargare la rete dei Cas (Centri di accoglienza straordinaria) come richiesto dal governo. Immediate le proteste da parte della Lega con tanto di precisazione del governatore Attilio Fontana.

    Seconda solo alla Lombardia, l’Emilia-Romagna ha ospitato nei primi sette mesi di quest’anno il 9% dei migranti sbarcati in Italia. Poco meno di 12 mila al 15 luglio, se ne attendono altri 4.000 tra la fine di agosto e settembre. Principalmente maschi, giovani e adulti, provenienti da Costa D’Avorio, Guinea, Egitto, Bangladesh, Pakistan, Tunisia, Burkina Faso, Siria, Camerun e Mali. I minori non accompagnati sono il 10%, ma rilevante è anche la quota dei nuclei familiari, che il sistema d’accoglienza prevede di tenere uniti. Da mesi, la crisi degli alloggi viene denunciata da prefetti, sindaci, cooperative di settore che reclamano più sostegno da parte di Roma ma anche collaborazione nella ricerca di soluzioni rapide. L’hub di via Mattei a Bologna, per esempio, accoglie da settimane i richiedenti asilo in una tendopoli, non essendoci più camere disponibili. Una soluzione che il sindaco Matteo Lepore (centrosinistra) definisce «non dignitosa» e «preoccupante» , segno che al ministero dell’Interno «non c’è alcuna idea su come gestire l’emergenza». Proprio al Viminale, l’assessore al Welfare del comune di Reggio-Emilia Daniele Marchi (Pd), ha minacciato di portare i molti rifugiati assegnati al suo distretto: «Se il governo va avanti così, carico dei pullman e li porto tutti a dormire al ministero».

    Il Veneto, che dai piani del Viminale dovrebbe accogliere 3.000 migranti entro settembre, arriverà a quota 200 mila, secondo il presidente Luca Zaia: «Di questo passo avremo presto le tendopoli». A Legnago, in provincia di Verona, il sindaco Graziano Lorenzetti ha riposto la fascia tricolore in protesta: «Tornerò a utilizzarla quando lo Stato metterà i sindaci e le forze dell’ordine nelle condizione di poter garantire la sicurezza ai propri cittadini». Il sindaco leghista di Chioggia Mauro Armelao è stato chiaro: «Non disponiamo di strutture pubbliche in cui accogliere i migranti, abbiamo già famiglie in attesa di un alloggio».

    https://www.lastampa.it/cronaca/2023/08/18/news/migranti_sindaci_del_nord_in_rivolta-13000355

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    C’était 2019... j’avais fait cette #carte publiée sur @visionscarto des "maires qui résistent en Italie". 2023, on en est au même point :
    En Italie, des maires s’opposent à la politique de fermeture des États

    « Quand l’État faillit à ses responsabilités, l’alternative peut-elle provenir des municipalités ? » se demandait Filippo Furri dans le numéro 81 de la revue Vacarme en automne 2017. La réponse est oui. Et pour illustrer son propos, Furri cite en exemple le mouvement des villes-refuge, avec des précurseurs comme Venise. Un mouvement qui se diffuse et se structure.


    https://visionscarto.net/italie-resistances-municipales