• Cela dit pour le coup dans ce texte, il n’est question à aucun moment d’homosexualité, ni de droits homo, LBGT. Il s’agit d’une partie de l’histoire des recherches sur la FIV, le DPI, et de l’archivage très sourcé de ce qu’en ont dit elleux-mêmes les découvreurs et les gens de l’époque. Ainsi que du commentaire de Gramsci à l’époque des débuts de ces découvertes. Et les seuls passages ironico-fielleux cette fois-ci le sont contre tous les riches/technocrates (dont les techno-progressistes de gauche qui dans le Monde et le Diplo veulent d’après eux une sécu sociale de l’eugénisme, remboursée par l’État).

      Gramsci 1918 :

      Le docteur Voronoff a déjà annoncé la possibilité de la greffe des ovaires. Un nouveau débouché commercial ouvert à l’activité exploratrice de l’entreprise individuelle. Les filles pauvres pourront se faire facilement une dot. A quoi leur sert l’organe de la maternité ? Elles le céderont à une riche femme infertile qui désire une progéniture pour hériter du magot du mari amassé à la sueur de son front. Ces pauvres filles gagneront des sous et se sauveront d’un danger. Elles vendent déjà leur blonde chevelure pour les têtes chauves des cocottes qui prennent mari et veulent rentrer dans la bonne société. Elles vendront la possibilité de devenir mère, elle offriront la fécondité à des vieilles fripées, aux gâtées qui se sont trop amusées et veulent rattraper le temps perdu.

      Les enfants nés après une greffe ? Étranges monstres biologiques, créatures d’une race nouvelle, marchandises eux aussi, produits naturels de l’industrie des humains de substitution, nécessaires à la transmission de l’hérédité des charcutiers enrichis.

      La vieille noblesse avait sans nul doute bien meilleur goût que la classe dirigeante qui lui a succédé au pouvoir. L’argent dégrade, abrutit tout ce qui tombe sous sa loi implacable et féroce.
      La vie, toute la vie, pas seulement l’activité mécanique des arts, mais la source même de l’activité physiologique, se détache de l’âme et devient marchandise à troquer ; tel est le destin de Midas aux mains fatales, symbole du capitalisme moderne

      #Antonio_Gramsci #Gramsci #histoire #histoire_des_sciences #recherche #naissance #fertilité #FIV #DPI #PMA #critique_techno

  • #Gramsci, défenseur des subalternes dans « un monde grand et terrible »

    Avec « L’Œuvre-vie d’Antonio Gramsci », Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini nous plongent dans les combats et le laboratoire intellectuel d’une figure majeure de la tradition marxiste. Victime du fascisme et opposant au tournant stalinien du communisme, il a développé une pensée encore stimulante.

    « Gramsci« Gramsci, ça vous dit quelque chose ? Il était né en Sardaigne, dans une famille pauvre. À deux ans, une tuberculose osseuse le frappa à la moelle épinière, si bien qu’il ne mesura jamais plus d’un mètre et demi. Vous comprenez ? Un mètre et demi. Et pourtant, c’était un géant ! » Voilà comment, dans Discours à la nation (Les Éditions Noir sur Blanc, 2014), le dramaturge Ascanio Celestini présente le membre fondateur du Parti communiste italien (PCI), martyr du régime fasciste de Mussolini, aujourd’hui considéré comme un monument de la pensée marxiste.

    La même admiration pour « un des plus grands [philosophes] de son siècle » se ressent à la lecture du livre de Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini, consacré à L’Œuvre-vie d’Antonio Gramsci (Éditions La Découverte). S’il existe déjà des biographies du révolutionnaire sarde (notamment celle de Jean-Yves Frétigné) ou des introductions de qualité à son œuvre (aux Éditions sociales ou à La Découverte), les deux spécialistes en études italiennes proposent, avec cet ouvrage de plus 500 pages, une enquête lumineuse et inégalée.

    Ils suivent pas à pas l’élaboration de la pensée gramscienne, liée aux événements de sa vie personnelle et militante, elle-même affectée par les soubresauts d’une époque que Gramsci a décrite comme un « monde grand et terrible ».

    Les deux auteurs embrassent ainsi tous les textes produits depuis ses premières années de militantisme socialiste dans les années 1910, jusqu’aux Cahiers de prison rédigés dans les années 1930, en passant par son implication dans le mouvement turinois des conseils d’usine en 1919-1920, puis son engagement comme responsable et chef du PCI dans les années 1920.

    « Sa vie, son action et sa pensée, écrivent Descendre et Zancarini, l’ont conduit à produire un corpus de textes ayant une double caractéristique rare : il conserve aujourd’hui encore une grande pertinence théorique et politique, en même temps qu’il hisse son auteur au rang des plus grands “classiques” européens. »

    Si c’est le cas, c’est parce que Gramsci a suivi une évolution intellectuelle singulière. Nourri de la lecture de philosophes italiens de son temps, il est imprégné d’une culture très idéaliste lorsqu’il découvre le marxisme. Tout en dépassant ses premières conceptions, il a développé une pensée subtile sur l’ordre politique et les moyens de le subvertir, en intégrant l’importance des conditions socio-économiques, mais en accordant toujours un rôle crucial aux idées et à la culture.
    La culture et l’organisation, clés de l’émancipation

    Certes, « Gramsci n’a jamais écrit ni pensé qu’il suffisait de gagner la bataille des idées pour gagner la bataille politique ». Pour autant, les deux auteurs repèrent chez lui une réflexion constante « sur les mots (idées ou images) qui permettent de mettre en mouvement une volonté collective et sur l’articulation entre pensée et action, entre interprétation et transformation du monde ».

    L’émancipation des groupes subalternes est le moteur de Gramsci, au sens où « possibilité [devrait être] donnée à tous de réaliser intégralement sa propre personnalité ». La chose est cependant impossible dans une société capitaliste, sans parler des autres dominations qui se combinent à l’exploitation du prolétariat ouvrier et paysan.

    Pour changer cet état de fait, la prise du pouvoir est nécessaire. Elle requiert des tâches d’organisation auxquelles Gramsci consacrera une bonne partie de sa vie, mais présuppose aussi un minimum de conscience, par les subalternes eux-mêmes, de leur condition, des tâches à accomplir pour la dépasser et de l’idéal de société à poursuivre. C’est pourquoi Gramsci insiste régulièrement dans son œuvre sur l’importance de s’approprier la culture classique existante, afin de la dépasser dans un but révolutionnaire.

    Citant un texte de 1917, Descendre et Zancarini pointent que selon Gramsci, « l’ignorance est le privilège de la bourgeoisie. […] Inversement, l’éducation et la culture sont un devoir pour les prolétaires, car la “civilisation socialiste”, qui vise la fin de toutes les formes de privilèges catégoriels, exige “que tous les citoyens sachent contrôler ce que décident et font tour à tour leurs mandataires” ». Avant que ce contrôle s’exerce à l’échelle de la société, Gramsci pensait nécessaire qu’il se déploie dans le parti révolutionnaire lui-même.

    À la même époque, des auteurs comme Roberto Michels délivrent des diagnostics sans concession sur les tendances oligarchiques qui finissent par affecter les partis de masse, y compris ouvriers. Or Gramsci est attaché à la forme-parti, qu’il juge indispensable pour affronter de manière « réaliste » la domination sociale et politique de la bourgeoisie. Contre tout fatalisme, il veut donc croire en la possibilité d’une dialectique démocratique, propre à éviter les « phénomènes d’idolâtrie, […] qui font rentrer par la fenêtre l’autoritarisme que nous avons chassé par la porte ».
    Un opposant au « tournant sectaire » de Staline

    Certes, Gramsci a été le dirigeant d’un parti de l’Internationale communiste dans lequel on ne plaisantait pas avec la discipline une fois l’orientation tranchée. Mais son attachement à la libre discussion n’était pas feint, et lui-même n’a pas hésité à interpeller de manière critique le parti frère russe, dans une missive d’octobre 1926 fort mal reçue par les intéressés, à l’époque où la majorité dirigée par Staline attendait un alignement sans discussion.

    L’épisode peut se lire comme un prélude à son rejet du « tournant sectaire » imprimé par Staline au mouvement communiste en 1928 – rejet qui l’a placé en porte-à-faux avec ses propres camarades, qui eux s’y sont ralliés. Gramsci était alors incarcéré, et doutait que tout soit fait, à l’extérieur, pour faciliter sa libération. Le constat de son « isolement », affirment Descendre et Zancarini, a en tout cas été « un élément déclencheur de sa réflexion » dans les Cahiers de prison.

    Les deux auteurs restituent bien les conditions compliquées dans lesquelles Gramsci a travaillé, en devant lutter contre la maladie, négocier l’accès aux lectures multiples qui le nourrissaient, et déjouer la surveillance de ses écrits. La ligne qu’il développait était originale, en ce qu’elle s’opposait tout autant au stalinisme qu’au trotskisme, sans se replier sur un réformisme social-démocrate. Mais « cette opposition de l’intérieur [ne devait] surtout pas être comprise ni récupérée par les autorités fascistes. D’où le caractère partiellement crypté – et donc ardu – de l’écriture de Gramsci. »

    Appuyés sur une nouvelle édition en cours des Cahiers de prison, Descendre et Zancarini décryptent comment le penseur sarde a élaboré un réseau de notions telles que « l’hégémonie politique », « la révolution passive », ou encore la « guerre de position » distinguée de la « guerre de mouvement ».

    En raison de la puissance de sa réflexion, ces notions peuvent encore nous aider à penser notre situation politique. Mais les deux spécialistes préviennent : « Le travail théorique de Gramsci ne produit jamais de catégories abstraites, encore moins un système à visée universelle : toute son élaboration critique et conceptuelle […] est en prise sur la réalité internationale autant qu’italienne. »

    Un exemple permet de bien le comprendre. Fin 1930, Gramsci défend auprès des autres détenus communistes une proposition hétérodoxe. Face au régime de Mussolini, estime-t-il, le PCI devrait travailler avec les autres forces antifascistes derrière le mot d’ordre de Constituante républicaine. Puisque « l’inutilité de la Couronne est désormais comprise par tous les travailleurs, même par les paysans les plus arriérés de Basilicate ou de Sardaigne », il s’agit d’un point de départ intéressant pour politiser des masses, avant d’aller plus loin.

    Au-delà du cas italien, il ne croit pas que la crise du capitalisme fournisse les conditions suffisantes à une offensive du prolétariat, du moins à court terme. Le refus du déterminisme économique est renforcé par le constat, préalable aux Cahiers de prison, des différences qui existent entre les pays d’Europe de l’Ouest et la Russie de 1917. Dans les premiers, la société civile et la société politique apparaissent beaucoup plus denses, et les élites dirigeantes sont mieux parvenues à reproduire le consentement des populations.

    C’est ce qui convainc Gramsci que la priorité est à la « guerre de position », c’est-à-dire une période longue d’apprentissages, d’accumulation de force, et d’élaboration d’une « contre-hégémonie ». Il ne croit certes pas à une transition pacifique vers le socialisme. Mais même après la dimension « militaire » de la prise du pouvoir, il estime qu’il restera beaucoup à faire pour qu’émerge un État nouveau, permettant à la société de s’autogouverner. Une « perspective anti-autoritaire et anti-bureaucratique » en contradiction avec l’évolution de l’État soviétique, que Gramsci cible en mettant en garde contre « le fanatisme aveugle et unilatéral de “parti” » et les risques d’une « statolâtrie » prolongée.

    Dans leur conclusion, Descendre et Zancarini rappellent que Gramsci s’était lui-même défini, dans une phrase terrible, comme « un combattant qui n’a pas eu de chance dans la lutte immédiate ». Si ses efforts n’ont toujours pas suffi à ce que triomphe une hégémonie des subalternes, ils lui auront néanmoins assuré une postérité impressionnante dans le champ de la pensée critique, bien au-delà de l’Italie et même de l’Occident.

    Pour les deux auteurs, Gramsci appartient à une génération « broyée dans les affrontements de cette époque, entre fascisme et communisme et au sein même du communisme ». Il se distingue cependant par « la force de [sa] résistance morale et intellectuelle ».

    C’est ce que traduit, à sa façon, le texte théâtral d’Ascanio Celestini par lequel nous avons commencé, et qui se poursuit ainsi : « Je suis en train de parler de Gramsci, le type qui fonda le Parti communiste italien et qui fit un seul discours au Parlement vu qu’ensuite les fascistes l’arrêtèrent et le jetèrent en prison où il passa dix années pendant lesquelles il transforma la pensée socialiste. Il sortit de prison cinq jours avant de mourir et pourtant, près d’un siècle plus tard, il nous rappelle que nous devons nous opposer au pessimisme de la raison en ayant recours à l’optimisme de la volonté. »

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/101223/gramsci-defenseur-des-subalternes-dans-un-monde-grand-et-terrible
    #Antonio_Gramsci #marxisme #culture #émancipation #organisation #exploitation #capitalisme #dominations #privilèges #civilisation_socialiste #éducation #ignorance #dialectique_démocratique #autoritarisme #idolâtrie #tournant_sectaire #Staline #hégémonie_politique #révolution_passive #guerre_de_position #guerre_de_mouvement #contre-hégémonie #socialisme #statolâtrie

    • L’Oeuvre-vie d’Antonio Gramsci

      Antonio Gramsci (1891-1937) reste l’un des penseurs majeurs du marxisme, et l’un des plus convoqués. L’Œuvre-vie aborde les différentes phases de son action et de sa pensée – des années de formation à Turin jusqu’à sa mort à Rome, en passant par ses activités de militant communiste et ses années d’incarcération – en restituant leurs liens avec les grands événements de son temps : la révolution russe, les prises de position de l’Internationale communiste, la montée au pouvoir du fascisme en Italie, la situation européenne et mondiale de l’entre-deux-guerres. Grâce aux apports de la recherche italienne la plus actuelle, cette démarche historique s’ancre dans une lecture précise des textes – pour partie inédits en France –, qui permet de saisir le sens profond de ses écrits et toute l’originalité de son approche.
      Analysant en détail la correspondance, les articles militants, puis les Cahiers de prison du révolutionnaire, cette biographie intellectuelle rend ainsi compte du processus d’élaboration de sa réflexion politique et philosophique, en soulignant les leitmotive et en restituant « le rythme de la pensée en développement ».
      Au fil de l’écriture des Cahiers, Gramsci comprend que la « philosophie de la praxis » a besoin d’outils conceptuels nouveaux, et les invente : « hégémonie », « guerre de position », « révolution passive », « subalternes », etc. Autant de concepts qui demeurent utiles pour penser notre propre « monde grand et terrible ».

      https://www.editionsladecouverte.fr/l_oeuvre_vie_d_antonio_gramsci-9782348044809
      #livre

  • Gramsci, Gilets jaunes et perspectives pour une alternative au capitalisme néolibéral
    https://www.revolutionpermanente.fr/Gramsci-Gilets-jaunes-et-perspectives-pour-une-alternative-au-c
    #palombarini
    #revolutionpermanente(npa, Site d’information du Courant Communiste Révolutionnaire du...)

    Pour prendre encore une fois les sondages, dans le cas où il y aurait une liste Gilets jaunes aux européennes et qu’on regarde comment voteraient les gens qui soutiennent le mouvement, on se rend compte que seulement 10% voteraient pour la liste Gilet jaune, alors que 35% choisiraient le Rassemblement National, 15% DLF ou LR, et 15% la France Insoumise.

    [...]

    c’est un peu désolant de voir la gauche politique non seulement soutenir le mouvement, ce qui est bien sûr très important, mais d’une certaine façon se fondre en lui, en espérant récupérer une partie de l’énergie qu’il dégage et en oubliant, pour le dire avec Gramsci, que son rôle est d’exercer une capacité de direction sur ce qui se passe. C’est à la gauche d’exercer une hégémonie sur les Gilets Jaunes, et non pas le contraire.

    [...]

    Pour en revenir à la responsabilité de la gauche, il me semble précisément que le rôle d’un parti politique, c’est non seulement d’appuyer le mouvement, mais aussi de lui offrir un débouché politique, et donc de poser les questions gênantes. Se contenter de se dire « tous Gilets jaunes » ce n’est pas suffisant…

    [...]

    La construction d’un bloc hégémonique implique de partir des revendications et des aspirations des électeurs et de chercher à les articuler. Cette articulation se fait autour d’un projet politique et idéologique qui doit être construit par le politique. Et c’est dans la mesure où un projet arrive à convaincre qu’il sera soutenu. C’est cet aller-retour qui est au cœur de la politique.

    [...]

    La médiation politique se joue pour partie sur le terrain de l’idéologie. Médiation, c’est peut-être un terme trompeur car il fait penser à la recherche d’un juste milieu entre des demandes différentes. Or, il ne suffit pas de répondre un peu à chaque demande pour arriver à une synthèse. La médiation politique, surtout celle qui réussit, est un processus plus complexe qui correspond à l’élaboration d’un projet qui doit avoir une cohérence interne, mais dans lequel des groupes porteurs d’attentes diversifiées puissent simultanément se reconnaitre. Là encore il s’agit d’une opération hégémonique.

    Aujourd’hui il me semble que les composantes sociales qui provenaient de l’ancien bloc de gauche lui ont fait défaut. Macron a pris conscience de la faiblesse du bloc bourgeois et il fait le pari de profiter de la crise de Les Républicains pour aller vers la constitution d’un bloc de droite plus traditionnel. Contrairement à ce que pensent certains, il me semble que ses phrases méprisantes, par exemple, correspondent plus à une stratégie politique qu’à un trait de caractère : en oubliant complètement son profil progressiste, dont on peut mesurer clairement le contenu hypocrite et trompeur, et en droitisant son discours, il compte gagner des secteurs de la vieille droite républicaine en perdition. Mais ce qui est difficile pour lui, c’est que le bloc de droite qu’il cherche à recomposer était lui-même en crise... En même temps, en face, il n’y a pas encore un autre bloc à vocation hégémonique qui se dessine.

    [...]

    De mon côté, je considère qu’il n’y aura pas de solution à cette crise historique sans regarder en face les fractures des blocs traditionnels, je pense en particulier à celui de gauche. Il faut constater la profondeur de ces fractures, non pas pour affirmer qu’il est temps de passer à autre chose, un autre chose destinée à conduire à des impasses, mais pour essayer de les recomposer. C’est un processus ni simple ni rapide, mais la construction d’une hégémonie radicalement alternative au néolibéralisme passe par là.

    #amable
    #bloc_bourgeois

  • #Fachos 2.0 ou comment les idées d’#extrême_droite se répandent jusque chez vous
    https://theconversation.com/fachos-2-0-ou-comment-les-idees-dextreme-droite-se-repandent-jusque

    Trente personnes – militants associatifs LGBTI, défenseurs du droit d’asile, féministes, artistes, chercheurs – auraient été « fichées » en Bretagne par un site d’extrême droite qui révélaient leurs noms et adresses. Ce lundi 9 avril, le responsable de la publication du site a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Rennes pour « incitation à la haine, diffamation, injures publiques et provocation à la commission de crimes et de délits » selon le quotidien Le Télégramme.

    Celle-ci, comme son nom l’indique, s’inspire des thèses du théoricien politique italien Antonio #Gramsci, appliquées à l’univers numérique. Il s’agit d’édulcorer et de banaliser les thèses de l’extrême droite sur Internet afin de les rendre acceptables auprès de l’opinion publique.

  • #Gramsci géographe : entretien avec Stefan Kipfer – Période

    http://revueperiode.net/gramsci-geographe-entretien-avec-stefan-kipfer

    Dans cet entretien, Stefan Kipfer réalise un tour de force. Non content d’avoir proposé un agenda profondément novateur en géographie critique, en associant Fanon et Lefebvre, Kipfer s’attaque cette fois à Gramsci. Prenant le contre-pied de la focalisation temporelle de Gramsci, autour du concept d’historicisme, le géographe montre l’immense potentiel que le philosophe communiste recèle pour penser l’espace. Jonglant brillamment avec les études gramsciennes sur la question méridionale, sur l’impact de l’urbain ou du rural dans le développement du fascisme, Kipfer n’oublie pas non plus d’aborder toute la littérature secondaire qui a permis de tirer de précieux enseignements sur Gramsci et la postcolonialité, la race et le nationalisme. De ce fait, Kipfer apporte un éclairage particulièrement neuf sur des sujets aussi divers que la géographie populiste de Christophe Guilluy, les révolutions arabes de 2011, la racialisation dans la périphérie de l’Europe, le sociologue islamique médiéval Ibn Khaldoun ou encore le rapport Orient-Occident.

    #géographie

  • #Gramsci géographe : entretien avec Stefan Kipfer

    Dans cet entretien, Stefan Kipfer réalise un tour de force. Non content d’avoir proposé un agenda profondément novateur en géographie critique, en associant Fanon et Lefebvre, Kipfer s’attaque cette fois à Gramsci. Prenant le contre-pied de la focalisation temporelle de Gramsci, autour du concept d’historicisme, le géographe montre l’immense potentiel que le philosophe communiste recèle pour penser l’espace. Jonglant brillamment avec les études gramsciennes sur la question méridionale, sur l’impact de l’urbain ou du rural dans le développement du fascisme, Kipfer n’oublie pas non plus d’aborder toute la littérature secondaire qui a permis de tirer de précieux enseignements sur Gramsci et la postcolonialité, la race et le nationalisme. De ce fait, Kipfer apporte un éclairage particulièrement neuf sur des sujets aussi divers que la géographie populiste de Christophe Guilluy, les révolutions arabes de 2011, la racialisation dans la périphérie de l’Europe, le sociologue islamique médiéval Ibn Khaldoun ou encore le rapport Orient-Occident. L’hégémonie ne s’avère pas seulement être une hypothèse parmi d’autres de l’histoire intellectuelle progressiste : il représente sans aucun doute l’un des agendas les plus féconds pour le subalternes aujourd’hui.

    http://revueperiode.net/gramsci-geographe-entretien-avec-stefan-kipfer
    #géographie
    cc @albertocampiphoto

  • Book Review: Gramsci’s Common Sense: Inequality and its Narratives by Kate Crehan

    In Gramsci’s Common Sense: Inequality and its Narratives, Kate Crehan examines a number of core concepts in the work of theorist #Antonio_Gramsci – including common sense, the subaltern and the intellectual – that can help give precise insight into the emergence and persistence of social inequalities. Drawing on such case studies as the Tea Party and Occupy Wall Street movements, this is a timely and profound account that has much to contribute to understandings of political change, writes Marcos González Hernando.

    http://blogs.lse.ac.uk/europpblog/2017/01/22/book-review-gramscis-common-sense-inequality-and-its-narratives-by-kate
    #Gramsci #inégalités #common_sense #sens_commun #subalternité

  • The Rise of the Thought Leader | New Republic
    https://newrepublic.com/article/143004/rise-thought-leader-how-superrich-funded-new-class-intellectual

    Writing in one of Mussolini’s prisons in the 1930s, the Italian Marxist Antonio #Gramsci jotted down the fragments that would become his theory of intellectuals. New classes, like the European bourgeoisie after the Industrial Revolution, he proposed, brought with them their own set of thinkers, which he called “organic intellectuals”—theorists, technicians, and administrators, who became their “functionaries” in a new society. Unlike “traditional intellectuals” who held positions in the old class structure, organic intellectuals helped the bourgeoisie establish its ideas as the invisible, unquestioned conventional wisdom circulating in social institutions.

    Today, Gramsci’s theory has been largely overlooked in the ongoing debate over the supposed decline of the “public intellectual” in America. Great minds, we are told, no longer captivate the public as they once did, because the university is too insular and academic thinking is too narrow.

    #Thomas_Friedman #Nicholas_Kristof etc.. et même #Daniel_Drezner #chiens_de_garde #fausses_pistes

  • Le pire n’est pas normal
    https://mouisebourgeoispresents.wordpress.com/2017/04/22/le-pire-nest-pas-normal

    Boire une tasse de thé, fumer une clope, faire ma revue de presse quotidienne, écouter de la musique en même temps pour empêcher à ma petite voix intérieure, qui hurle en lisant les infos, de prendre toute la place dans mon cerveau. Refaire une tasse de thé, rallumer une clope, penser qu’il faudrait que j’arrête… Source : Mouise Bourgeois presents

  • Gramsci & Pasolini : récit d’une fraternité
    http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

    Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l’heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

    Pier Paolo Pasolini : Le Ceneri di Gramsci

    Des cendres, un chiffon rouge
    L’ouvrage Le Ceneri di Gramsci parut treize années avant que le poète ne se fît photographier devant la tombe du philosophe marxiste. « Un chiffon rouge, comme celui / noué au cou des partisans / et, près de l’urne, sur le sol cendré, / deux géraniums, d’un rouge différent. / Te voici donc, banni, en ta grâce sévère, / non catholique, enregistré parmi ces morts / étrangers ». On aura reconnu la description de la tombe. L’esprit du philosophe, notait-il, demeure sur terre auprès des gens libres. Pasolini s’adressa directement à Gramsci, le tutoyant, lui confiant la tension qui l’habitait : l’amour de ce monde qu’il haïssait. La vie, dehors, à l’extérieur des enceintes de ce cimetière, n’était que « survie ». Dans d’autres vers qui composent ce recueil, Pasolini revint sur son enfance – les murs de chaux, les olives que l’on vendait, les gosses aux culottes abîmées, le bourg sous le vent. Plus loin, il avançait que Marx et Gramsci « vivaient dans le vif de [s]es expériences ». Paysages et sentiments se frottent, s’esquintent, s’enchâssent – joie et désert, rives et blessure. Et, pour clore le livre, il loro rosso straccio di speranza : « leur rouge chiffon d’espérance ». Dans un appendice, paru en guise d’introduction à son anthologie Poesie , il précisa : « Ce qui me poussa à devenir communiste, ce fut une lutte de journaliers frioulans contre de grands propriétaires terriens, sitôt la guerre achevée […]. Je fus du côté des journaliers. Puis je me mis à lire Marx et Gramsci. »

    Un article émouvant et poignant tout comme l’oeuvre de Pasolini.

    #Gramsci #Pasolini #fraternité

    • Antonio Gramsci osait rêver d’une « société réglée », le communisme – entendu, chez lui, comme la liberté pour l’humanité –, dans un futur plus ou moins chiffrable ; Pasolini étouffait, à la fin de sa vie, sous « l’enfer » de ce présent marchand, la vue voilée par la mélancolie et la nostalgie d’un monde perdu. L’un mourut dans sa quatrième décennie ; l’autre dans la suivante. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Mais les morts vivent tant que les vivants saluent les morts. La pluie continue de tomber sur la tombe. Le cimetière ferme ses portes. Dehors, Rome bruit, voitures et passants filant dans ce nouveau siècle égaré.

    • Cité autant par Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Christiane Taubira, que par Emmanuel Macron, mais qui est donc Antonio Gramsci ?

      « Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre veut dire être partisan ». On ne peut être seulement homme, étranger à la cité. Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen, et partisan. L’indifférence est aboulie, parasitisme, lâcheté ; elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet que doit traîner le novateur, c’est la matière inerte en laquelle il n’est pas rare que se noient les plus beaux enthousiasmes, c’est le marais qui entoure la vieille ville et qui la défend mieux que les remparts les plus épais, mieux que les poitrines de ses guerriers, en engloutissant les assaillants dans ses sables mouvants, en les décimant et en les décourageant, et en les faisant parfois renoncer à leur entreprise héroïque. L’indifférence agit vigoureusement dans l’histoire. Elle agit passivement, mais elle agit. Elle se fait fatalité ; elle est ce quelque chose que l’on n’attendait point ; ce quelque chose qui bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux établis ; la matière brute qui se rebelle devant l’intelligence et l’étrangle. Les événements, le mal qui s’abat sur tous, le bien que pourrait engendrer un acte héroïque (de valeur universelle), ne dépendent pas tant de l’initiative du petit nombre qui agit, que de l’indifférence, de l’absentéisme de la multitude. (…) Mais, si je hais les indifférents, c’est aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me sont insupportables. "

      #Antonio_Gramsci, « Je hais les indifférents » (février 1917)
      http://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/qui-est-antonio-gramsci

    • Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8

      Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l’heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

  • Le dialogue continu de #Poulantzas avec #Gramsci
    http://revueperiode.net/le-dialogue-continu-de-poulantzas-avec-gramsci

    À partir de 1965 jusqu’à la rédaction de L’État, le pouvoir, le socialisme, son dernier livre, le marxisme de Nicos Poulantzas porte l’empreinte d’Antonio Gramsci. D’abord influencé par Lucien Goldman et Lukacs, c’est en lisant et en discutant non seulement les travaux d’Althusser, mais aussi l’œuvre du communiste italien que Poulantzas s’oriente peu à peu vers le sujet qui le préoccupera jusqu’à sa mort, et qui constitue son principal apport au matérialisme historique : une théorie de l’État capitaliste comme pouvoir de classe. Dans cette intervention, Panagiotis souligne la richesse et la pertinence intactes du débat autour des concepts gramsciens d’hégémonie, d’État intégral et de guerre de positions, et invite à poursuivre une des discussions les plus stimulantes du marxisme (...)

    #Uncategorized #double_pouvoir #Etat #hégémonie

  • La discipline du temps. L’application de la mesure temporelle au procès productif et la discipline du travail (XVIIIe-XXe siècles) [Séminaire Anselm Jappe, séance du 5 décembre]
    http://www.palim-psao.fr/2016/12/l-application-de-la-mesure-temporelle-au-proces-productif-et-la-disciplin

    Il s’agit de la séance du 5 décembre 2016 du séminaire d’Anselm Jappe, qui traite du thème indiqué, du taylorisme (avec ses grands admirateurs que seront Gramsci et Lénine) et des cultures temporelles capitaliste et prémoderne.

    Parmi de nombreux matériaux, que nous ne pouvons résumer ici, on trouvera notamment un ensemble de remarques critiques des vues intéressantes mais souvent trop limitées de Edward P. Thompson dans son Temps, discipline du travail et capitalisme industriel, qui naturalise le travail et n’a pas vraiment de recul critique vis-à-vis de la proto-industrie déjà capitaliste, qu’il idéalise. Thompson se centre sur une critique assez limitée du temps abstrait et de la transition de l’ancienne culture temporelle à la nouvelle, au travers de l’opposition entre la mesure du temps « orienté par la tâche » (task-oriented) et celle évaluée, dans le factory system, en unité de temps (timed labour).

    Dans « Américanisme et fordisme » (Cahiers de prison 22), Antonio Gramsci, marxiste traditionnel forgeant les bases d’un anticapitalisme tronqué glissant vers des parallèles avec les catégories d’extrême-droite de « capital rapace » etc. (depuis longtemps, l’ultra-Droite en Italie et ailleurs fait référence positivement à Gramsci), passé par ailleurs des conseils ouvriers au parti communiste aux ordres de Moscou, fait également l’éloge du travail et de la disciplinarisation du matériel humain (lutte contre alcoolisme, le libertinage, les oisifs parasites, l’élimination de ceux qui ne voudront pas se soumettre, etc.) sur la chaîne de montage taylorisé, pour le bien de la production. La chaîne taylorisée libérant évidemment le travailleur pour Gramsci... comme bien sûr pour le marxisme traditionnel et ses expériences historiques de capitalisme d’Etat. Trotski voulait quant à lui organiser des "armées de travail", à l’image du culte du travail que l’on retrouve également chez certains anarchistes (voir aussi l’anecdote sur Durruti à propos de la mise au travail des Gitans), les conseillistes et dans l’ensemble du mouvement ouvrier qui voulait lever, comme dans le procès de travail capitaliste, tous les obstacles au développement des forces productives naturalisées comme extérieures à la synthèse sociale capitaliste.

    #Anselm_Jappe #temps #travail #critique_du_travail #capitalisme #Histoire #critique_de_la_valeur #Gramsci

  • Les communistes arabes et la lutte contre le fascisme et le nazisme | Aggiornamento hist-geo
    https://aggiornamento.hypotheses.org/3497

    Dès l’entrée en scène du fascisme, puis du nazisme, en Europe, les partis communistes des pays arabes prirent une position nette vis-à-vis d’eux, mettant en garde contre leurs ambitions et leurs politiques agressives. Cette prise de position plaça les communistes arabes à contre-courant de certains secteurs de l’opinion publique arabe, influencés par la propagande du fascisme et du nazisme et qui voyaient dans l’Italie et l’Allemagne des alliés potentiels dans leur lutte contre la Grande-Bretagne et la France, puissances coloniales dans la majorité des pays arabes.

    C’est peu dire que cette Historie est mal connue. Quant à imaginer qu’il y avait encore, il y a moins d’un demi-siècle, pléthore de puissants mouvements communistes dans le monde arabe, on a du mal à le faire...

    • C’est loin, mais il en reste des traces. Je connais certaine librairie d’Amman où on trouve les œuvres complètes de Lénine, édition des années 60. Dans la Jordanie d’aujourd’hui, ces livres sont des objets si incongrus. Et tout est devenu si compliqué qu’on se demande par quel bout on reprendrait les choses, si on en avait la possibilité.

      Et dire aussi que la dernière guérilla communiste dans le « tiers monde » (on disait comme ça à l’époque), ça se passe... dans le Golfe, en Oman, avec le front de libération des pays du Golfe, jusqu’en 1975 - le sujet du roman de Sonallah Ibrahim, Warda, et d’un livre récent « Monsoon revolution » de Abdelrazzaq Taqriti. Espérons que cela reviendra, dès qu’on en aura fini avec ce que vous nommez si justement cette catastrophe arabe.

    • Solidarité avec l’URSS et lutte universelle contre le nazisme

      A la suite de la signature, par les démocraties occidentales, du traité de Munich avec l’Allemagne, fin septembre 1938, le pouvoir soviétique, redoutant de voir les troupes germaniques envahir son territoire, donna son accord, le 23 août 1939, pour signer un traité de non agression avec l’Allemagne nazie. En dépit de l’embarras que cette décision soudaine de l’URSS provoqua dans les rangs des communistes arabes, ils n’en ont pas moins soutenu cette dernière, dans la conviction qu’il fallait à tout prix soutenir l’« État socialiste unique ».

      L’agression allemande contre l’URSS, en juin 1941, a conduit toutefois les communistes du monde, dont les communistes arabes, à considérer le soutien de l’URSS comme une tâche primordiale. C’est alors que les communistes arabes se sont mis à organiser des campagnes de solidarité avec les peuples soviétiques et à créer des comités, ad hoc, pour les assister.

      à propos de la note : [2] Ercoli [Palmiro Togliatti], « Les tâches de l’Internationale Communiste en liaison avec les préparatifs d’une nouvelle guerre mondiale par les impérialistes », in Résolutions et décisions du VIIème congrès de l’Internationale Communiste, Paris, Bureau d’éditions, s.d., p. 24-32.
      Palmiro TOGLIATTI écrit des textes de propagande sous le nom de plume d’Ercole Ercoli jusqu’en 1926, époque où le régime fasciste l’expulse du pays. En exil à Moscou, il participe aux activités du #Komintern et coordonne l’action clandestine du #Parti_communiste_italien. En août 1936, il signe avec tout le comité central du PCI émigré en France,
      l’« #Appel_aux_fascistes »
      Titre original : Per la salvezza dell’Italia riconciliazone del popolo italiano (publié par Lo Stato Operaio, Aout 1936, n°8, Paris revue du PCI) , qui proclame entre autres :

      « Les communistes adoptent le programme fasciste de 1919, qui est un programme de paix, de liberté, de défense des intérêts des travailleurs. (...) Nous proclamons que nous sommes prêts à combattre avec vous et tout le peuple italien pour la réalisation du programme fasciste. (...)
      Nous devons unir la classe ouvrière et faire autour d’elle l’unité du peuple et marcher unis, comme des frères. Donnons-nous la main, fascistes et communistes, catholiques et socialistes, hommes de toutes les opinions. Donnons-nous la main et marchons l’un à côté de l’autre pour arracher le droit à être des citoyens d’un peuple civilisé comme le nôtre. »

      Ce texte, daté d’août 1936,a été écrit par Palmiro TOGLIATTI, secrétaire général du parti communiste italien, et signé par le comité central au complet ainsi que par des dizaines de dirigeants du parti.
      Ce document qui est à la fois étonnant et significatif a été soustrait furtivement au jugement des communistes et des révolutionnaires : il n’a jamais été republier intégralement et il n’est que très rarement mentionné par les historiens.
      On ne peut s’empêcher d’éprouver un profond malaise à la lecture de cet appel qui suscite toujours une vive inquiétude quatre-vingts ans après sa rédaction, non seulement par ce qui est dit littéralement, mais surtout par la « tactique » utilisée par le parti communiste.
      Celle-ci, qui consiste en une alliance conjoncturelle avec les forces les plus réactionnaires du moment, s’intègre en fait dans un système plus complexe de compromission, de manipulation et de collaboration de classe contribuant à l’élaboration du #totalitarisme.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti
      http://cgecaf.com/mot173.html
      http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fcgecaf.com%2Farticle1846.html

      #Palmiro_TOGLIATTI naît à Gènes, le 26 mai 1893. Rédacteur aux côté de #Gramsci du journal « L’ORDINE NUOVO », dans les années vingt, il est l’un des fondateurs du parti communiste italien ; il en sera même l’un de ses plus haut dirigeants jusqu’à sa mort. Pendant la #période_fasciste, il a de très nombreuses responsabilités au sein de l’internationale communiste ou il sera l’interprète fidèle et zélé des directives de Moscou. En 1937, il est envoyé en Espagne par le Komintern pour « renforcer » l’activité du #parti_communiste_espagnol dont il deviendra ¬ en coulisse ¬ le secrétaire. Après la seconde guerre mondiale, durant laquelle il séjourne en URSS, il revient en Italie pour reprendre aussitôt la direction du parti communiste italien (PCI).
      En 1946, il est ministre de la justice ; il marquera cette période par un décret d’amnistie « d’une très grande générosité » envers tous les fascistes. Il accueille très tièdement le « revirement » du XXͤ congrès du PCUS ; Il meurt à Yalta, le 21 aout 1964.

  • L’Uzeste de #Bernard_Lubat : un front culturel de résistance populaire
    http://revueperiode.net/luzeste-de-bernard-lubat-un-front-culturel-de-resistance-populaire

    Bernard Lubat est l’une des figures emblématiques du jazz militant aujourd’hui. Fondateur de la Compagnie Lubat et de l’Uzeste musical, il a fait de ces formations une expérimentation politique et esthétique ancrée en Sud-Gironde. Dans ce texte, issu d’un recueil d’entretiens parus chez Outre Mesure, Fabien Granjon présente la pensée-pratique de Lubat. Dans le prisme de #Gramsci et de la théorie de l’hégémonie, Granjon décrit le projet lubatien comme un travail musical éclectique, traversé par les traditions occitanes, paysannes, mais aussi par les musiques improvisées et le jazz. Il en émerge une conception de la #musique comme travail collectif de condensation d’un vécu collectif et (...)

    #Uncategorized

  • De #spinoza à #Gramsci : entretien avec André Tosel
    http://revueperiode.net/de-spinoza-a-gramsci-entretien-avec-andre-tosel

    Des auteurs de la tradition marxiste, Gramsci est sans doute le plus mobilisé sans intelligence de ses concepts : réduite à un pensée de « l’hégémonie culturelle », la critique tranchante du communiste sarde est généralement évincée. André Tosel, grand lecteur de Gramsci, a toujours cherché à souligner combien la « philosophie de la praxis » et les Cahiers de prison portent une refondation philosophique et politique du communisme. Dans cet entretien avec Gianfranco Rebucini, Tosel revient sur sa trajectoire intellectuelle, qui l’a mené à interroger le texte gramscien au prisme des impasses du communisme historique. De sa foi catholique au spinozisme, de la rencontre avec Althusser jusqu’au dépassement gramscien de l’althussérisme, Tosel raconte son passionnant cheminement du Dieu caché de l’espérance (...)

    #Uncategorized

  • Les voeux d’Antonio Gramsci (1916)

    Je hais le nouvel an

    Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an.
    Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante.
    Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.
    (Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.

    Odio il capodanno
    Ogni mattino, quando mi risveglio ancora sotto la cappa del cielo, sento che per me è capodanno.Perciò odio questi capodanni a scadenza fissa che fanno della vita e dello spirito umano un’azienda commerciale col suo bravo consuntivo, e il suo bilancio e il preventivo per la nuova gestione. Essi fanno perdere il senso della continuità della vita e dello spirito. Si finisce per credere sul serio che tra anno e anno ci sia una soluzione di continuità e che incominci una novella istoria, e si fanno propositi e ci si pente degli spropositi, ecc. ecc. È un torto in genere delle date.Dicono che la cronologia è l’ossatura della storia; e si può ammettere. Ma bisogna anche ammettere che ci sono quattro o cinque date fondamentali, che ogni persona per bene conserva conficcate nel cervello, che hanno giocato dei brutti tiri alla storia. Sono anch’essi capodanni. Il capodanno della storia romana, o del Medioevo, o dell’età moderna. E sono diventati cosí invadenti e cosí fossilizzanti che ci sorprendiamo noi stessi a pensare talvolta che la vita in Italia sia incominciata nel 752, e che il 1490 0 il 1492 siano come montagne che l’umanità ha valicato di colpo ritrovandosi in un nuovo mondo, entrando in una nuova vita. Così la data diventa un ingombro, un parapetto che impedisce di vedere che la storia continua a svolgersi con la stessa linea fondamentale immutata, senza bruschi arresti, come quando al cinematografo si strappa la film e si ha un intervallo di luce abbarbagliante.Perciò odio il capodanno. Voglio che ogni mattino sia per me un capodanno. Ogni giorno voglio fare i conti con me stesso, e rinnovarmi ogni giorno. Nessun giorno preventivato per il riposo. Le soste me le scelgo da me, quando mi sento ubriaco di vita intensa e voglio fare un tuffo nell’animalità per ritrarne nuovo vigore. Nessun travettismo(1). Ogni ora della mia vita vorrei fosse nuova, pur riallacciandosi a quelle trascorse. Nessun giorno di tripudio a rime obbligate collettive, da spartire con tutti gli estranei che non mi interessano. Perché hanno tripudiato i nonni dei nostri nonni ecc., dovremmo anche noi sentire il bisogno del tripudio. Tutto ciò stomaca.
    (Antonio Gramsci, 1° Gennaio 1916 su l’Avanti!, edizione torinese, rubrica « Sotto la Mole »)
    1.La voce « travettismo » è derivata dal piemontesismo « travet » che designa un « impiegato di basso livello e mal retribuito che svolge scrupolosamente un lavoro monotono e, anche, poco gratificante (e, con valore ironico, ne indica la mancanza di personalità, di iniziativa e di motivazioni) » (Grande Dizionario della Lingua Italiana). Si tratta del nome del protagonista della commedia piemontese di Vittorio Bersezio Le miserie di Monsù Travet (1862) divenuto il paradigma dell’impiegato dalla vita grigia e con prospettive limitate. [↩]

  • La boîte à idées des intellos de #Podemos
    https://www.mediapart.fr/journal/international/161215/la-boite-idees-des-intellos-de-podemos

    La dynamique de Podemos ne se serait pas cristallisée sans la rencontre, sur les bancs de l’université, d’intellectuels convaincus de la nécessité d’une nouvelle pensée stratégique pour la gauche. Leur boîte à outils mêle #Gramsci, Laclau, Bolivar ou Negri, pour « construire un peuple » de gauche. Au risque d’oublier que la politique n’est pas une affaire de philosophes rois... Une enquête effectuée par la Revue du Crieur, dont le deuxième numéro est en librairie jusqu’en janvier prochain.

    #International #Amérique_latine #Ciudadanos #Ernesto_Laclau #Espagne #europe #Juan_Carlos_Monedero #Pablo_Iglesias #Venezuela

  • L’illusion de l’État social : entretien avec Joachim Hirsch
    http://revueperiode.net/lillusion-de-letat-social-entretien-avec-joachim-hirsch

    On assiste aujourd’hui à un regain d’intérêt pour les théories de l’État proposées par Gramsci ou Poulantzas. C’est cependant sur une autre tradition, largement méconnue en France, que revient ici Joachim Hirsch : celle de la « dérivation de l’État » – il s’agit d’aborder la forme politique spécifique que prennent la domination de classe et l’abstraction marchande dans la société bourgeoise. Contre toute illusion réformiste, Hirsch rappelle ainsi que l’État n’est pas un instrument neutre, mais un moment essentiel de l’accumulation capitaliste. À ce titre, il reste le lieu de conflits mettant en jeu la reproduction même de la société. 

    #Uncategorized #Etat #forme-valeur

    • [...] l’État n’est ni un sujet propre ni un instrument neutre qui puisse être utilisé à souhait par un groupe dominant ou une classe, comme l’ont affirmé par exemple les théories critiques du pluralisme ou encore la théorie du capitalisme monopoliste d’État. Il constitue plutôt une composante structurelle du rapport de production capitaliste lui-même, sa forme spécifiquement politique.

      Jusque là tout va bien, mais ça s’emberlificote juste après :

      Les rapports de classe et d’exploitation capitalistes sont constitués de telle sorte que la classe dominante sur le plan économique ne peut pas dominer directement sur le pan politique. Sa domination doit ainsi d’abord se réaliser par la médiation d’une instance relativement distanciée des rapports de classes : l’État. En même temps, l’État reste soumis à la logique structurelle et fonctionnelle de la société capitaliste. Il n’est pas une instance qui existerait hors du capital. L’État bourgeois est ainsi un État de classe sans être directement l’instrument d’une classe. Et c’est bien cette « particularisation » ou « relative autonomie » de l’État qui se trouve à la base de l’illusion étatique.

      Encore une fois, comme dans tout le marxisme traditionnel, le rapport capitaliste fondamental est rabattu sur un phénomène dérivé, une réalité certes fort désagréable et qui mérite d’être combattue, mais qui n’est que secondaire, dérivée : le rapport capitaliste fondamental, c’est la production marchande en soi, d’où émerge nécessairement des rapports conflictuels de classe, un antagonisme qui n’a de sens que parce que le rapport sous-jacent est en quelque sorte « naturalisé ». Cela explique plus surement la permanence de l’État et de son caractère « inutilisable » dans le cadre d’une lutte contre le capitalisme, que le fait que les bourgeois en tant que classe se cacheraient derrière un artefact dont la dynamique leur échapperaient plus ou moins partiellement.

      L’État dérive de la production marchande, de la même façon que la lutte des classes. Le rapport de dérivation ne peut être entre deux phénomènes eux-mêmes dérivés. Ça veut aussi dire que l’on ne peut parler d’État et de lutte des classes dans les sociétés pré-capitalistes sans faire une erreur logique et historique qui consiste à rétro-projeter les catégories spécifiquement capitalistes sur des sociétés passées qui ne l’étaient pas. Cette erreur est aussi un fondement de l’impossibilité de penser vraiment des issues au capitalisme puisqu’elle consiste à « éternaliser » ses catégories. On ne se donne ainsi pas non plus les moyens de penser la spécificité des dominations pré-capitalistes (qui pouvaient être tout aussi dégueulasses) et donc d’anticiper correctement le fait que la fin de la domination capitaliste (sans sujet, impersonnelle) pourrait faire advenir d’autres saloperies et ne pas être une voie vers l’émancipation.

  • De l’antifascisme au socialisme : #stratégie révolutionnaire dans la guerre civile libanaise
    http://revueperiode.net/de-lantifascisme-au-socialisme-strategie-revolutionnaire-dans-la-guerr

    En 1986, au cœur du tumulte de la guerre civile, Mahdi Amil, intellectuel communiste libanais, fait paraître l’État confessionnel à Beyrouth. Le texte qui suit, conclusion de l’édition arabe de l’ouvrage, constitue une intervention dans cette conjoncture. Les forces progressistes libanaises, représentées par une alliance de nationalistes, de Palestiniens et de communistes, ont traversé une séquence révolutionnaire (1975-1976) puis une série de défaites, combattues par la Syrie, l’État d’Israël et les forces réactionnaires phalangistes. Amil tente ici d’hégémoniser les forces antifascistes, en donnant à la lutte contre les phalangistes un contenu précis : la lutte contre le régime confessionnel, comme libération démocratique-nationale, point de départ d’une transformation socialiste du #Liban. Assassiné (...)

    #Uncategorized #Confessionnalisme #Etat #État_confessionnel #Gramsci #hégémonie #nationalisme #Phalangisme #transition

  • Contrôle ouvrier et nationalisations dans la révolution portugaise : réformisme ou socialisme
    http://revueperiode.net/controle-ouvrier-et-nationalisations-dans-la-revolution-portugaise-ref

    La révolution portugaise a été au cœur des débats stratégiques de la gauche radicale des années 1970. Dernière expérience révolutionnaire en Europe occidentale, elle a été un véritable champ d’essai de la #stratégie eurocommuniste (définie par les PC européens dans ces mêmes années) et en révèle aussi les points aveugles. Dans cet article, l’historienne Raquel Varela propose une critique incisive de la stratégie du Parti communiste portugais (PCP) face à la vague de nationalisations et de luttes ouvrières qui ont suivi la dite « révolution des Œillets ». Plutôt que de s’appuyer sur les institutions obtenues par le prolétariat et les couches subalternes pour aiguiser leurs luttes, le PCP les a mises au service d’un sauvetage du capitalisme portugais. Cette étude détaillée esquisse les clivages entre une stratégie (...)

    #Uncategorized #Etat #Gramsci #hégémonie #Portugal

  • Réponse aux sophistes Deux sophismes, ou plutôt... - Stathis Kouvelakis
    https://www.facebook.com/stathis.kouvelakis/posts/10153046118360470?fref=nf

    Nation subalterne (ou périphérique), lutte transnationale, internationalisme...Réponse de Stathis Kouvelakis, de l’aile gauche de Syriza, aux défenseurs de la stratégie Tsipras...

    (en tous cas, Syriza a fait monter le niveau du débat politique sur FB de façon un peu vertigineuse)

    Troisième sophisme, celui d’Etienne Balibar et de Sandro Mezzadra qui, de ce qui s’est passé, et après avoir ironisé sur la « gauche de Syriza » qui parlerait de « reniement » (personne bien entendu n’a jamais utilisé ces termes dans la gauche de Syriza, mais passons...), tirent la conclusion que cela montre « qu’une politique de liberté et d’égalité ne se construira pas en Europe sur la simple affirmation de la souveraineté nationale ». L’essentiel selon eux serait d’avoir gagné du temps, au prix certes de concessions ( avec la référence obligée à Lénine pour garantir le radicalisme du propos), et de permettre d’autres victoires politiques (ils mentionnent l’Espagne) et le déploiement de mobilisations sur le terrain des mouvements sociaux, de préférence « transnationaux » (type Blockupy).
    Ici encore on nage en plein sophisme, d’une pseudo-naïveté confondante mais après tout logique de la part d’ardents défenseur du « projet européen » (certes dans une « bonne version ») tels que ces deux auteurs. Car bien sûr les rythmes des forces politiques et des mouvements sociaux auxquels ils se réfèrent ne sont pas synchrones. D’ici l’été, le gouvernement Syriza sera confronté à des échéances plus que pressantes et on ne voit pas en quoi le succès d’une manifestation à Francfort ou un possible succès de Podemos aux législatives de novembre pourrait d’ici là modifier la situation en sa faveur. Ce décalage entre rythmes temporels est l’une des modalités sous lesquelles se présente aux acteurs de la lutte politique le caractère stratégique du niveau national : il est le terrain où se condense de façon décisive le rapport de forces entre les classes.
    Ce que Balibar et Mezzadra sous-estiment gravement par ailleurs c’est l’effet de démobilisation que ne manqueront pas d’avoir, au niveau grec interne et au niveau européen, la perception (qui s’imposera terme à tous malgré le battage qu’essaient d’organiser les défenseurs à courte vue du gouvernement grec) d’une Grèce et d’un gouvernement Syriza contraints de plier l’échine devant les diktats austéritaires de l’UE. Déjà en Grèce le climat de mobilisation et confiance retrouvée des premières semaines après les élections est loin derrière. Ce sont le désarroi et une certaine confusion qui dominent actuellement. Bien sûr les mobilisations peuvent reprendre mais d’une part elles seront cette fois dirigées contre les choix gouvernementaux et, de l’autre, elles ne peuvent surgir « sur commande ».
    Conditionner un choix politique sur l’émergence de mouvements est plus qu’ hasardeux. C’est une manière de dire qu’il ne sera pas tenu, du fait de leur absence ou de leur insuffisance. En réalité, c’est en sens inverse qu’il s’agit de procéder. On assume un choix de rupture, et c’est cela qui stimule la mobilisation, laquelle possède ou acquiert sa propre autonomie. C’est d’ailleurs exactement ce qui s’est passé en Grèce lors de la phase de « confrontation » entre le gouvernement et l’UE, entre le 5 et le 20 février, lorsque des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, de façon largement spontanée et en dehors des cadres partidaires.
    Par ailleurs, l’argument du « temps gagné » relèvent en l’occurrence de l’illusion. Pendant ces quatre mois de supposé « répit », Syriza sera en réalité obligé de se mouvoir dans le cadre actuel, donc de le consolider en mettant en oeuvre une bonne part de ce que la Troïka (relookée en « Institutions ») exige, et en « reportant » l’application des mesures-phares de son programme, celles qui lui auraient justement permis de « faire la différence » et de cimenter l’alliance sociale qui l’a porté au pouvoir. Ce « temps gagné » risque fort en effet de s’avérer comme du « temps perdu », qui déstablisera la base de Syriza tout en permettant aux adversaires (notamment à l’extrême-droite) de regrouper leurs forces et de se présenter comme les seuls partisans d’une « vraie rupture avec le système ».
    Relevons également que, malgré le dégoût qu’inspire toute référence nationale à des mordus de l’européisme comme Balibar et Mezzadra, que les succès politiques auxquelles eux-mêmes se réfèrent, ceux de Syriza ou de Podemos, sont non seulement des victoires dans le cadre national, qui ne modifient le rapport de forces que parce qu’elles permettent à des forces politiques de gauche radicale d’accéder aux leviers d’un Etat national, mais aussi que ces succès se sont pour une part déterminante construits sur la revendication de la souveraineté nationale, dans un sens démocratique, populaire, non-nationaliste, et ouvert sur autrui. Le discours « national-populaire », et les références au « patriotisme » abondent, de façon parfaitement assumée dans les discours de Tsipras et d’Igglesias, comme abondent les drapeaux nationaux (grec ou républicain dans le cas de l’Espagne, sans mentionner ceux des nationalités de l’Etat espagnol dans son ensemble) parmi les foules et les mouvements « autonomes » (pour reprendre le terme de Mezzadra et Balibar) qui remplissent les rues et les places de ces pays.
    Plus que tout autre élément, cela montre que le référent national est, tout particulièrement dans les pays dominés de la périphérie européenne, un terrain de luttes que dans des pays comme l’Espagne ou la Grèce des forces progressistes ont réussi à hégémoniser, pour un faire l’un des moteurs les plus puissants de leur succès. C’est sur cette base que peut se construire un véritable internationalisme, et non sur le discours creux, entièrement déconnecté des réalités concrètes de la lutte politique, d’un niveau censée être d’emblée et sans médiation « européen » ou « transnational ».

    #national_populaire #Gramsci #Europe #18_mars #Francfort #Syriza #eurogroupe #Grèce

  • Gramsci et la stratégie de la gauche contemporaine : le « bloc historique » comme concept stratégique
    http://revueperiode.net/gramsci-et-la-strategie-de-la-gauche-contemporaine-le-bloc-historique-

    À quoi #Gramsci peut-il servir pour la #gauche ? Longtemps, on a cru voir chez le révolutionnaire sarde un penseur de « l’hégémonie culturelle », de l’importance de la « bataille des idées » pour la politique communiste. À rebours de cette vision schématique, Panagiotis Sotiris éclaire ici le sens du concept de « bloc historique ». Le bloc historique se révèle être la jonction entre la conscience et l’action, mais aussi entre les rapports sociaux économiques et les décisions politiques : c’est le moment où des forces sociales forgent un point de vue critique et scientifique sur l’ensemble de la société pour viser l’exercice du pouvoir. Sotiris s’engage dans une discussion du concept en lien avec les défis stratégiques de la gauche contemporaine. Il pose ainsi les jalons d’une #politique des subalternes.