Je hais le nouvel an
▻http://dormirajamais.org/gramsci-2
Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Source : Dormira jamais
Je hais le nouvel an
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Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Source : Dormira jamais
Aigreurs administratives : Quelques réflexions sur l’unité de l’Eglise, à partir de la lecture de Gramsci
▻http://aigreurs-administratives.blogspot.ch/2013/12/quelques-reflexions-sur-lunite-de.html
Si Gramsci prend à bien des égards ses distances avec l’analyse marxiste classique du christianisme, telle qu’elle a été posée par Engels, il partage avec cette dernière la conviction que, d’un point de vue culturel, social et politique, il n’y a pas une seule Eglise catholique, mais une multiplicité de courants, parfois diamétralement opposés dans leur conception du monde, qui, même lorsqu’ils partagent une même soumission à la doctrine dominante, comprennent celle-ci de manière extrêmement hétérogène, suivant la situation socio-culturelle des catholiques concernés :
"Pour ce qui concerne la conception que l’on a du monde, on appartient toujours à un groupe déterminé, et précisément au groupe de tous les éléments sociaux qui partagent une même façon de penser et d’agir. Nous sommes donc toujours les conformistes d’un quelconque conformisme, nous sommes des hommes-masses ou hommes-collectifs. La question est la suivante : de quel type historique est le conformisme, l’homme-masse, dont on fait partie ?
Quand la conception que l’on a du monde n’est ni critique ni cohérente, mais désagrégée et occasionnelle, on appartient simultanément à une multiplicité d’hommes-masses, la personnalité est composée de façon bizarre ; on y trouve des éléments de l’homme des cavernes et des principes de la science la plus moderne et la plus avancée, on y trouve les préjugés de toutes les phases historiques passées dans l’étroitesse de leur localisation, pêle-mêle avec les intuitions d’une philosophie à venir, qui sera la philosophie propre au genre humain unifié mondialement.
Critiquer sa propre conception du monde signifie donc la rendre unitaire et cohérente et l’élever jusqu’au point où elle rencontre la pensée mondiale la plus avancée. Cela signifie aussi par conséquent critiquer toute la philosophie qui a existé jusqu’ici, dans la mesure où elle a laissé de solides stratifications dans la philosophie populaire.
Le point de départ de l’ élaboration critique est la conscience de ce qui est réellement, c’est-à-dire un « connais-toi toi-même » en tant que produit du processus historique qui s’est déroulé jusqu’ici et qui a laissé en toi-même une infinité de traces, reçues sans bénéfice d’inventaire. C’est un tel inventaire qu’il faut faire pour commencer ."
(#Gramsci, Cahiers de prison )
RAGEMAG | Gramsci : ce que le socialisme moderne peut apprendre du penseur italien
▻http://ragemag.fr/gramsci-ou-la-revolution-par-lhegemonie-culturelle-40203
Si aujourd’hui encore les militants ou théoriciens anticapitalistes se battent pour revendiquer l’héritage de Lénine, Trotsky, Mao ou Rosa Luxemburg, trop ignorent encore le co-fondateur du Parti communiste italien : Antonio Gramsci. Théoricien socialiste de la première moitié du XXe siècle, Gramsci a produit une œuvre de grande envergure, qui plus est en pleine période de crise du socialisme. Le bloc soviétique chute, la conscience de classe s’affaiblit : Gramsci est un homme qui a usé de sa plume dans un contexte complexe pour un penseur de la gauche radicale, le tout derrière les barreaux d’une prison fasciste. Peut-être est-il alors nécessaire aujourd’hui plus que jamais de le redécouvrir ?
Alors que le Parti Socialiste a enfin réussi à reconquérir le pouvoir, il n’a paradoxalement jamais semblé recueillir aussi peu d’adhésion auprès des Français. Dans le même temps, commentateurs politiques et intellectuels s’inquiètent à raison d’une nouvelle et dangereuse lepénisation des esprits, permettant à l’extrême droite de gagner du terrain. Si, à notre époque, il paraît naturel d’essayer d’arriver au pouvoir en combattant sur le terrain des valeurs, cette idée a vu le jour avec le révolutionnaire Antonio Gramsci. Si l’on souhaite donner des clefs de lecture pour comprendre la situation politique actuelle, il peut être intéressant de se pencher sur la vie et la pensée du communiste italien.
#Gramsci penseur italien
#matérialisme
» [Vidéo] Comment penser et représenter la crise, par Frédéric Lordon & André Orléan
▻http://www.les-crises.fr/comment-penser-la-crise
Quelle crise vivons-nous ? Une crise de la spéculation et de l’économie des fonds de pensions ou bien également une crise de civilisation ? Pour l’économiste André Orléan, nous vivons sous l’empire et l’emprise de la valeur. Puisque la science économique doit être refondée sur d’autres bases théoriques et d’autres principes que les spéculations chancelantes des néoclassiques, il est temps de déconstruire la notion dominante de valeur économique, tout comme la philosophie a pu déconstruire les valeurs morales, religieuses ou esthétiques, en en explicitant les règles de production. Selon André Orléan, « l’extension infinie du règne de la marchandise est le moyen par lequel l’argent établit sa puissance ». Mais, à rebours de Marx, il considère que les économistes ont trop voulu transformer le monde et qu’il est temps désormais de mieux l’interpréter ! La crise financière que nous vivons est matière à penser tant elle a surpris les économistes, les experts et la plupart des éditorialistes. Mais elle est aussi matière à représenter. Elle sollicite également les artistes, documentaristes, plasticiens, cinéastes et metteurs en scène, à qui il revient de trouver les formes expressives susceptibles de hâter la transformation de nos cadres de pensée. Comme le dit Frédéric Lordon : « Il faut toute la cécité des “demi-intellectuels” pour ne pas voir que les idées pures n’ont jamais rien mené, sauf à être accompagnées et soutenues d’affects qui seuls peuvent les doter de force. » Et d’ajouter : « On pourra analyser la crise financière sous toutes ses coutures, raffiner l’argument autant qu’on veut, démonter les systèmes, exposer les rouages, tout ça ne vaudra jamais une image bien choisie qui fait bouillir les sangs ou, comme le dit fort à propos une expression commune, qu’on prend en pleine gueule. » Ainsi, « il ne faut plus seulement dire la crise capitaliste, il faut la montrer, ou bien la faire entendre ». Avec D’un retournement l’autre, sa « comédie sérieuse » en quatre actes sur la crise financière, Frédéric Lordon a choisi les alexandrins pour mettre en scène la tragi-comédie boursière qui se joue à l’ère planétaire. D’autres cherchent du côté de l’esthétique post-dramatique pour donner corps et forme au chaos économique. Un dialogue entre deux économistes hétérodoxes sensibles à la question de la représentation théâtrale.
#Frédéric_Lordon
#André_Orléan
#Crises économiques dans le système capitaliste
théorie #Gramsciste
L’état, le pouvoir,le socialisme de #Nicos_Poulantzas enfin réédité par la remarquable maison d’édition #les_Prairies_Ordinaires
▻http://www.nonfiction.fr/article-6612-
L’ouvrage de Poulantzas proprement dit s’organise quant à lui en cinq temps. Dans une introduction essentielle à la compréhension de sa démarche, l’auteur précise le sujet d’EPS, qui représente une tentative de #théorisation non pas de l’#Etat (chose impossible selon lui) mais de l’Etat #capitaliste (chose rendue possible par la séparation que le capitalisme suppose entre l’Etat et l’espace économique des #rapports de #production). Cette tentative est justifiée par le caractère insatisfaisant des approches existantes, qui considèrent soit que l’Etat est une institution neutre et préexistante aux #classes #sociales, soit que les classes dominantes le modèlent et en usent à leur goût. Poulantzas s’attache plutôt à démontrer que « toutes les actions de l’Etat ne se réduisent pas à la #domination politique, mais n’en sont pas moins constitutivement marquées » . Dans la même veine, il affirme que cet Etat ne reproduit pas sa domination seulement grâce à la #coercition et à la diffusion d’une #idéologie. Cela supposerait une pratique et un discours unifiés de la part d’appareils voués à l’une ou l’autre fonction, ce qui ne correspond pas à la #réalité. En effet, l’Etat est perméable aux #luttes de #pouvoir qui le débordent constamment, ce qui d’une part empêche l’unification de son discours et de sa pratique, et d’autre part explique qu’il produise aussi des « mesures positives » à l’égard des classes #subalternes. Tentant de résumer sa position théorique et en quoi elle se distingue du #marxisme-léninisme comme des approches wéberienne et foucaldienne, Poulantzas affirme que « contre toute conception en apparence #libertaire ou autre, […] l’Etat a un rôle constitutif non seulement dans les rapports de production et les pouvoirs qu’ils réalisent, mais dans l’ensemble des relations de pouvoir, à tous les niveaux. En revanche, contre toute conception #étatiste, […] ce sont les luttes, #champ premier des rapports de pouvoir, qui détiennent toujours le primat sur l’Etat » .
Biographie de l’auteur :
▻http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicos_Poulantzas
En #Grèce, il fait des études de #droit durant les années 1950 ; il est actif dans le mouvement étudiant et rejoint l’#EDA (Alliance démocratique grecque), organisation légale émanant du Parti #communiste grec, alors interdit1.
Il vient en #France en 1960 et y obtient un doctorat en philosophie du droit. Il devient #professeur à l’université Paris 8, où il enseigne la #sociologie de #1968 à sa mort. Durant les années 1960, il est membre du PC grec, et, après la scission intervenue en 1968 suite à l’établissement de la #dictature, du Parti communiste grec de l’Intérieur2.
Ses travaux renouvellent et approfondissent considérablement ceux de #Marx , #Lénine , #Gramsci , et portent notamment sur le rôle complexe et multiple de l’État dans les sociétés occidentales, les caractéristiques de la « nouvelle petite #bourgeoisie », la problématique de la #division #travail #intellectuel - travail #manuel . Opérant une distinction fondamentale entre l’appareil d’Etat et le pouvoir d’Etat, Poulantzas met en lumière les multiples fonctions dudit Etat ainsi que les rapports de force et les contradictions qui s’y manifestent.
Vers la fin des années 1970, après la chute des dictatures portugaise (1974), grecque (1974) et espagnole (1978) , Nicos Poulantzas tente d’esquisser les contours théoriques d’une voie originale vers un #socialisme démocratique, proche des conceptions de l’eurocommunisme. Ses contributions sur ce thème ont été recueillies après sa mort dans Repères et sont précisées de façon plus systématique dans L’État, le pouvoir, le socialisme.
Après plusieurs mois de dépression, il se suicide en octobre 1979 depuis la Tour Montparnasse de #Paris3.
#Marxisme #Philosophie #Politique #Sciences_politiques #livre
Mardi 21 mai 2013. Aujourd’hui débutent les auditions de la commission d’enquête parlementaire sur l’action du gouvernement pendant l’ « affaire Cahuzac ». Que s’est-il passé entre le 4 décembre, date des premières révélations de #Médiapart, et le 2 avril, date de l’aveu du ministre ? Ces audiences, retransmises en direct sur le site de l’Assemblée, jetteront-elles la lumière sur autre chose qu’un carnaval ?
▻http://videos.assemblee-nationale.fr/commissions.affaire-cahuzac-ce
« Affaire Cahuzac » : le carnaval de l’#investigation, par Razmig Keucheyan et Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, #2013/05)
►http://www.monde-diplomatique.fr/2013/05/KEUCHEYAN/49087
« Subversivisme ». C’est ainsi qu’Antonio #Gramsci qualifierait peut-être l’humeur politique qui monte en Europe à la faveur de la crise. Pour le penseur marxiste italien, ce terme désigne les formes de rébellion privées et inorganisées. Celles qui reposent sur un fort ressentiment à l’égard de l’Etat, déplorent ou moquent le spectacle donné par les puissants, mais intériorisent en même temps la position de subalternité.
#journalisme #presse #médias #justice #politique #France #fiscalité #criminalité_financière #corruption
Gramsci, une pensée devenue monde
▻http://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/KEUCHEYAN/47970
Mener la bataille des idées pour soustraire les classes populaires à l’#idéologie dominante afin de conquérir le pouvoir… Fréquemment citées, mais rarement lues et bien souvent galvaudées, les analyses qu’Antonio Gramsci développe alors qu’il est incarcéré dans les geôles fascistes au début des années 1930 connaissent une remarquable résurgence. De l’Europe à l’Inde en passant par l’Amérique latine, ses écrits circulent et fertilisent les pensées critiques.
Au service de la révolution
▻http://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/KEUCHEYAN/47969
Né en Sardaigne en 1891, Antonio Gramsci grandit dans une famille relativement pauvre.
"Le déclin de la pensée radicale accroît considérablement le pouvoir des mots, les mots du pouvoir. « Le pouvoir ne crée rien, il récupère. ». Les mots forgés par la critique révolutionnaire sont comme les armes des partisans, abandonnées sur un champ de bataille : ils passent à la contre-révolution ; et comme les prisonniers de guerre, ils sont soumis au régime des travaux forcés." ( Mustapha #Khayati , Internationale #situationniste)
▻http://lesilencequiparle.unblog.fr/2009/03/28/les-mots-captifs-mustapha-khayati-internationale-situationn
Bordiguistes, vous avez dit bordi...quoi ?
►http://www.mondialisme.org/spip.php?article1888
Préface au livre de #Michel_Olivier "Les années terribles (1926-1945) La Gauche italienne dans l’émigration, parmi les communistes oppositionnels" à paraître aux Editions Ni patrie ni frontières le 15 novembre 2012
#Amadeo_Bordiga est sans doute l’un des marxistes les plus méconnus de la galaxie #communiste. Boycotté ou dénaturé par les historiens du #communisme et du #stalinisme italien, caricaturé par #Trotsky, oublié par les groupies néostaliniens et postmodernes de #Gramsci, son nom n’a acquis une très regrettable célébrité qu’à l’occasion de la polémique sur les négationnistes français (S. Thion, P. Guillaume et leur compère R. Faurisson) et la republication par le groupuscule mortifère de La Vieille Taupe d’une très mauvaise brochure intitulée Auschwitz ou le Grand Alibi , faussement attribuée à Bordiga, mais rédigée par l’un de ses disciples.
De là, s’est construit, depuis les années 70, une réputation sulfureuse autour de Bordiga et de ses partisans, calomniés comme négationnistes. Et la polémique redémarre régulièrement dans des journaux comme Le Monde ou Libération , et dans les ouvrages d’« historiens » pressés comme #Christophe_Bourseiller (1).
L’ouvrage de Michel Olivier vient à point nommé pour démontrer, tout comme un autre livre paru récemment aux éditions Science marxiste "Lotta Comunista, le groupe originaire 1943-1952" (2) de #Guido_La_Barbera, que les communistes de gauche italiens, ceux qu’on appellera un peu par dérision les « bordiguistes », n’étaient pas des étudiants coupés des réalités, des pisse-copie gauchistes en mal de célébrité, des talmudistes plongés dans les Saintes Ecritures marxistes ou léninistes toute la journée, ou des sectaires se limitant à commenter la lutte des classes et à dénoncer tous les autres groupes révolutionnaires. Et certainement pas des antisémites, des négationnistes, ou des individus passifs face au fascisme italien ou au nazisme allemand !
Les années terribles couvre la période 1926-1945 et nous fait découvrir les débats qui ont agité l’émigration italienne des communistes de gauche, principalement en Europe. Il retrace aussi le parcours individuel d’un certain nombre de militants, courageux, tenaces, qui ont défendu leurs convictions communistes et leur engagement révolutionnaire au péril de leur vie, et n’ont jamais renoncé à leurs convictions révolutionnaires.
En lisant ce livre, le lecteur s’apercevra que certaines questions qui aujourd’hui préoccupent les altermondialistes ou les Indignés, et surtout les ouvriers et les exploités en lutte qui veulent abattre le capitalisme, étaient déjà l’objet de débats et de rudes polémiques : Qu’est-ce que le #capitalisme ? Quelle est la portée du modèle soviétique ? Que doit-on penser de la lutte pour l’indépendance nationale ? Peut-on compter sur les #syndicats ? Comment doit-on s’organiser politiquement ?
Nous espérons que ce livre donnera envie aux nouvelles générations qui découvrent la « #Gauche_italienne » de lire ses textes, d’en débattre et de juger sur pièces si ses positions sont encore utiles pour comprendre le monde actuel.
Pour ma part, je suis loin de partager toutes les analyses de l’auteur et suis sans doute plus critique que lui vis-à-vis de l’héritage des communistes de gauche italiens. Mais l’objectif de Ni patrie ni frontières est de faire connaître des individus, des textes, des groupes, des expériences qui ont marqué et qui marquent le mouvement révolutionnaire. Aux lectrices et lecteurs de s’emparer de cet héritage pour en tirer le meilleur.
Bonne lecture !
Y.C., Ni patrie ni frontières, octobre 2012
1. Cet individu peu scrupuleux dévoile les véritables noms des militants « ultragauches » qu’il évoque, alors que ceux-ci préfèrent garder l’anonymat ou être désignés par un pseudonyme. De plus, il ne comprend rien aux débats théoriques dans « l’#ultragauche » qu’il prétend étudier, et présente quasiment comme « collabos » les militants qui se sont courageusement opposés à la fois au fascisme, au nazisme, au stalinisme et aux démocraties bourgeoises pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est malheureusement l’auteur du seul livre facilement accessible en librairie sur l’histoire de « l’ultragauche », ce qui en fait, en plus de son prestigieux poste d’enseignant à Sciences Po, un « spécialiste » dont les « analyses » et les « informations » sont et seront recopiées par toutes sortes de scribouillards.
2. Ce livre de La Barbera nous offre une reconstruction apologétique et doctrinaire des origines du groupe Lotta comunista et surtout de son principal dirigeant et théoricien, #Arrigo_Cervetto, aujourd’hui décédé. S’il ne nous apprend rien sur l’histoire de la Fédération anarchiste italienne, et pas grand-chose sur les Groupes anarchistes d’action prolétarienne (GAAP, auxquels a appartenu Cervetto), il nous fournit de précieuses indications concrètes sur le milieu révolutionnaire de ces années très difficiles, qu’il s’agisse des résistants du Parti « communiste » italien qui veulent sortir de l’impasse stalinienne, des militants anarchistes qui cherchent à élargir leurs horizons théoriques ou des ouvriers en pleine radicalisation politique face au fascisme puis à la démocratie bourgeoise. En cela, et malgré ses limites, la lecture de cet ouvrage est fort utile et complémente celle du livre de Michel Olivier.
La #presse comme appareil d’hégémonie selon #Gramsci
►http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2005_num_57_1_1661
On doit à deux penseurs marxistes des années 1930 des conceptions critiques concernant la communication et les médias modernes. Il s’agit de Walter Benjamin et d’Antonio Gramsci. La pensée du premier a fait date avec l’essai L’œuvre d’art à l’âge de sa reproductibilité technique (1936) qui a ouvert en quelque sorte la critique de la culture développée par Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, les pères de l’École de Francfort. On connaît moins en France l’apport en la matière d’Antonio Gramsci, fondateur du parti communiste italien et l’un des tout premiers philosophes marxistes du XXe siècle, aujourd’hui tombé dans l’oubli.
De l’indifférence
« Je hais les indifférents. Pour moi, vivre veut dire prendre parti. Qui vit vraiment ne peut ne pas être citoyen et parti prenant. L’indifférence est apathie, elle est parasitisme, elle est lâcheté, elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.
L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est la boule de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte dans laquelle souvent se noient les enthousiasmes les plus radieux, c’est le marécage qui ceint la vieille cité et la défend mieux que les murailles les plus fermes, mieux que ses guerriers, car elle enlise ses assaillants dans ses gouffres boueux, limoneux, et elle les décime et les démoralise et quelques fois elle les oblige à renoncer à leur entreprise héroïque.
L’indifférence opère énergiquement dans l’histoire. Elle opère passivement, mais elle opère. C’est la fatalité ; c’est sur quoi l’on ne peut compter ; c’est ce que bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux construits ; c’est la matière brute qui se rebelle à l’intelligence et l’étrangle. Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque (de valeur universel) peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui activent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité.
Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’epee pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul un mutinement pourra renverser.
La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point.
Mais les faits qui ont mûri aboutissent à leur fin ; mais la toile tissée à l’ombre s’accomplit : et alors il semble que c’est la fatalité qui emporte tout et tous, il semble que l’histoire n’est pas un énorme phénomène naturel, une irruption, un séisme, dont tous restent victimes, qui a voulu et qui n’a pas voulu, qui savait et qui ne savait pas, qui a été actif et qui indiffèrent.
Ce dernier s’irrite, il voudrait échapper aux conséquences, il voudrait qu’il soit clair que lui n’y était pour rien, qu’il n’était point responsable. Certains pleurnichent piteusement, d’autres blasphèment avec obscénité, mais personne ou peu de personnes se demandent : si j’avais moi aussi fait mon devoir, si j’avais cherché à faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il advenu ce qui est advenu ? Mais personne ou peu de personnes se sentent responsables de leur indifférence, de leur scepticisme, du fait de ne pas avoir offert leurs bras et leur activité à ces petits groupes de citoyens qui luttaient justement pour éviter tel mal et procurer tel bien.
La plupart de ceux-ci par contre, à évènements accomplis, préfèrent parler de faillite des idéaux, de programmes définitivement écroulés et d’autres fadaises. Ainsi recommencent-ils leur absence de toute responsabilité. Et ce n’est pas vrai qu’ils ne voient pas clair dans les choses, et que parfois ils ne soient pas capables d’avancer de très belles solutions pour des problèmes plus urgents, ou pour ceux qui, bien qu’ils demandent une ample préparation et du temps, sont toutefois pareillement urgents.
Mais ces solutions restent très bellement infécondes, et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lumière morale ; elle est le produit de la curiosité intellectuelle, pas d’un piquant sens d’une responsabilité historique qui veut que tous soient actifs dans la vie, qui n’admet pas agnosticismes et indifférences d’aucun genre. Je n’aime pas les indifférents aussi à cause de l’embêtement que me provoquent leurs pleurnicheries d’éternels innocents. Je demande des comptes à chacun d’eux : comment il s’est acquitte des tâches que la vie lui propose quotidiennement ? qu’est-ce qu’il a fait et plus particulièrement qu’est-ce qu’il n’a pas fait ? Je sens de pouvoir être inexorable, de ne pas devoir gaspiller ma pitié, de ne pas devoir partager avec eux mes larmes.
Je suis parti prenant, je vis, je sens déjà pulser dans les consciences viriles de ma part l’activité de la cité future que ma part est déjà en train de construire. Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur peu de personnes, en elle chaque chose qui arrive n’est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne qui reste à la fenêtre à regarder pendant que le petit nombre se sacrifie, s’évanouit dans le sacrifice ; et celui-là qui est à la fenêtre, aux aguets, veuille profiter du peu de bien que l’activité de peu de personnes procure et dilue sa déception en vitupérant le sacrifie, le saigne, car il n’a pas réussi dans son dessein.
Je vis, je suis parti prenant. Donc je hais qui ne prend pas parti, je hais les indifférents. »
(#Gramsci)
"La terre constitue de fait un seul monde, où il n’y a pratiquement pas d’espaces vides et inhabités. De même qu’aucun d’entre nous ne se trouve hors de la carte ou au-delà, nul n’est entièrement étranger à la lutte dont elle est l’enjeu. Bataille complexe et captivante, car elle ne se livre pas seulement avec des soldats et des canons mais aussi avec des idées et des formes, des images et de l’imaginaire." (#Edward_Said, Culture et Impérialisme)
La droite a quand même gagné (ou : it’s the hegemony, stupid)
"Le FN a marqué des points. A gauche comme à droite, on s’est empressé de comprendre et de consoler ses électeurs ; l’UMP s’est même permise d’aligner son programme sur leurs désirs supposés – puisqu’ils adhèrent à « tout et n’importe quoi » – en mettant la frontière au cœur de son discours. Et cette campagne ultra réac n’apporte presque que des bénéfices ; les centristes et les (soi-disant) humanistes s’écrasent et Sarkozy, même probablement sorti, reste bien haut malgré son bilan déplorable.
Comme le note Raffaele Simone dans cet entretien passionnant, ce ne sont pas des phénomènes passagers, mais le produit d’un « air du temps » particulièrement favorable :
En ce sens, j’avance l’idée que cette droite nouvelle, consommatrice, people, médiatique, liftée, acoquinée aux chaînes de télévision, appelant à gagner plus d’argent, défendant les petits propriétaires, décrétant comme ringardes les idées d’égalité et de solidarité, méfiante envers les pauvres et les immigrés, est plus proche des intérêts immédiats des gens, plus adaptée à l’ambiance générale de l’époque, plus " naturelle " en quelque sorte. Et c’est pourquoi elle gagne.
Il a raison ; la droite va peut-être perdre cette élection, mais elle a gagné dans les têtes. Elle a gagné et elle pourtant elle continue à se présenter comme une idéologie de combat, victime, minoritaire, pour mieux s’affirmer insidieusement. Pour moi, elle est désormais en situation d’hégémonie culturelle, et notamment parce qu’elle se construit en permanence contre trois grandes figures, aux travers desquelles on peut lire tous ses discours : l’assisté, l’étranger et le bobo."
►http://www.radical-chic.com/?2012%2F05%2F06%2F1045-la-droite-a-quand-meme-gagne-ou-its-the-hegemon
Des groupes sociaux subalternes
« L’histoire de groupes sociaux subalternes est nécessairement fragmentée et épisodique. Il est hors de doute que, dans l’activité historique de ces groupes, il y a une tendance à l’unification, fut-ce à des niveaux provisoires, mais cette tendance est continuellement brisée par l’initiative des groupes dominants et ne peut être démontrée qu’après l’achèvement du cycle historique, si celui-ci se conclut par un succès. Les groupes subalternes subissent toujours l’initiative des groupes dominants même quand ils se rebellent et se soulèvent : seule la victoire « permanente » brise, et pas immédiatement, la subordination. En réalité, même quand ils paraissent triomphants, les groupes subalternes sont seulement en état de défense et d’alerte. Toute trace d’initiative autonome de la part de groupe subalternes devrait donc être d’une valeur inestimable pour l’historien intégral ; il résulte de cela qu’une telle histoire ne peut être traitée que par monographie et que chaque monographie demande une somme considérable de matériaux souvent difficile à rassembler[...] Souvent les groupes sociaux subalternes sont d’une autre race (autre culture et autre religion) que les groupes dominants et souvent ils sont un mélange de races diverses, comme dans le cas des esclaves. La question de l’importance des femmes dans l’histoire romaine est comparable à celle des groupes subalternes, mais jusqu’à un certain point seulement [...] » (Gramsci, Cahiers de prison )
►http://bougnoulosophe.blogspot.com/2012/03/les-groupes-sociaux-subalternes.html