• Olivier Hamant, chercheur en #biologie et #biophysique :

    « Dans la question socio-écologique ce qui domine c’est le climat. On a réduit la #complexité_écologique à une molécule, le #CO2, c’est une aberration.

    Du coup les solutions qu’on apporte c’est pour réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Cet été en Islande on a construit la première grande usine de capture CO2.

    Un enfant de 5 ans comprendrait que ça n’a aucun sens, c’est bcp d’énergie et de métaux et c’est une opération financière. On a privatisé le CO2.

    Le #climat c’est le pire levier, il faut commencer par la #biodiversité. Notre #performance est une #guerre_à_la_vie.

    La #biodiversité ça coute rien, on peut le faire à toutes les échelles et c’est positif pour le #climat et les #pénuries »

    Eloquente prise de parole d’Olivier Hamant qui rappelle que la révolution à accomplir est avant tout culturelle et non une question d’#innovation technologique.

    Pour faire de la robustesse, il nous faut aller contre la performance et sortir du #capitalisme en s’inspirant des pratiques naissantes à la marge telles les #coopératives et l’#économie_de_la_fonctionnalité & de l’usage."

    https://x.com/GabrielMalek9/status/1847973387106152647

    Survie dans le Chaos : La #robustesse à l’épreuve ? #Olivier_Hamant
    https://www.youtube.com/watch?v=JPW_m8JBl2Q

    #CO2 #économie_de_l'usage #imprévisibilité #fluctuation #compétition #colonisation #mécanisation #grande_accélération #culte_de_la_performance #délire_de_la_performance #agriculture_circulaire #basculement #interactions #crises

  • Ma supérette 100 % automatique : « Pour les gens qui n’aiment pas les courses, c’est génial »
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2024/10/05/ma-superette-100-automatique-pour-les-gens-qui-n-aiment-pas-les-courses-c-es

    En 2021, les compères apprennent que des minisupermarchés (Lifvs) en conteneurs, sans personnel, s’installent en rase campagne suédoise. Un « plop » de bouchon qui saute se produit dans leur esprit. Et s’ils ramenaient de cette façon, eux aussi, le commerce de proximité dans les villages français ?

    « On a agi très, très vite, témoigne Alex Grammatico, dont le regard clair, mais fatigué, accrédite le propos. On s’est plongés dans les fichiers Insee des besoins en équipements des 35 000 communes de France. On a cartographié ces données avec un data analyst, visualisé 26 500 villages dépourvus de magasin d’#alimentation. Et 2 000 d’entre eux, comptant plus de 750 habitants, situés à dix minutes au moins du premier supermarché. » Tel serait leur vaste terrain de jeu commercial.

    Commence alors une tournée des mairies concernées (d’autant plus fructueuse que la pandémie de Covid-19 a accru l’isolement et familiarisé avec le QR code). Puis des négociations avec la #grande_distribution. Jusqu’à l’accord avec Carrefour, capable de livrer en petites quantités partout en France, au même prix que dans ses supermarchés. Mais, pour cela, les fondateurs d’Api doivent commander en gros, donc ouvrir d’emblée une brochette d’épiceries, quand les banques ne prêtent pas. S’ensuit une levée de fonds express auprès d’actionnaires privés régionaux.

    https://justpaste.it/fltpx

    #commerce #commerce_de_proximité #villages #ruralité #voiture

    • Les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer peuvent faire leurs courses sans solliciter les voisins ni la famille

      Voilà, c’est super. Besoin de personne. Le rêve ultime.

      Bon, si ça peut tuer les supermarchés, c’est intéressant. Parce-que là ça se répand dans les campagnes comme la misère sur le monde, mais, y’a aucune raison que ça ne « séduise » pas les urbains ensuite. Il paraît que les urbains, même dire bonjour au livreur deliveroo, c’est un contact humain éprouvant.

    • #numérique #QR_code #carrefour #supermarché

      c’est toujours eux derrière, avec que des produits industriels de centrale d’achat, sûrement avec des trucs de vaches et cochons en batterie et des trucs sucrés transformés plein d’huile de palme, comme partout ailleurs

      après purement comptablement, oui c’est mieux ça (un camion qui amène la marchandise à 700 personnes au centre du village), que chacun qui va loin faire des courses dans sa voiture tout seul (700 personnes qui conduisent jusqu’au supermarché à 15km), pour ce qui est de la pollution, du CO2 et de moins de monde sur les routes.

    • Moi, mon petit doigt qui vit à la campagne, me dit que ça ne produira pas moins de km bagnole et à mon avis au contraire plus (paradoxe de Jevons)

      « Il y a tout ce qu’il faut pour cuisiner un plat familial courant. J’y envoie mon mari, il trouve plus facilement ce que je lui demande. Parce qu’il y a toujours une bricole qui manque, à la maison. Quelqu’un vous tombe sur le dos pour l’apéro, un mot en appelle un autre, il reste manger…

      Question 1 : Les anciens kilomètres hebdomadaires pour aller au bourg centre à 15km en profitant de la voiture de la belle-sœur seront-ils supprimés ? Non. Car la belle-sœur continuera d’aller au bourg-centre pour sa séance de pilate et en profiter pour passer à la pharmacie et acheter des chrysanthèmes pour la tombe du frère pour pas avoir la honte le prochain 1er novembre.

      Question 2 : Puisqu’avec ces nouvelles supérettes, on peut oublier tout, au lieu de devenir prévoyant et/ou de dire « bah tant pis on va faire sans beurre » et/ou de dire « chéri, va demander à la voisine si elle aurait pas deux œufs à me passer pour la gougère, je lui rendrai samedi », les ruraux ne vont-ils pas surtout découvrir le luxe d’avoir un « arabe du coin » ?

      Point subsidiaire 3 : Les campagnards ne vivent pas tous en centre-village. Dans mon village, c’est 1/5. Les 4/5 sont dans des hameaux/fermes. Et pour venir au village, ils font 2 ou 3km ou 5km en bagnole (même 500m en fait, et même parfois 100m...). En rural, ce serait une erreur de croire qu’on va aller « à l’arabe du coin » à pied.

    • Uhuh, dans un coin des corbières dans le canton de mouthoumet pour être précise, les politiques locaux avaient tenté d’imposer une distribution d’épicerie. Il suffisait que les vieux qui en avaient besoin (donc sans avoir à solliciter leurs voisins) se servent d’internet pour commander, dommage ils ne savaient pas. Dans chaque village avaient été installés à grand coût d’argent public des lieux dédiés avec frigo. Marrant hein, sans aucune étude sur les besoins locaux, ben ça a capoté.

      Ce qui marche bien c’est le marché organisé une fois par semaine des producteurs locaux, musiques, chants, boire un coup ce soir là est devenu un petit rituel bien plus sympathique.

    • Un marché, sauf si le bled est assez grand, il faut que des clients roulent 15 bornes pour que ça dépote assez pour pour les commerçants. Quand au système camion avec bref passage hebdo (boulangerie, boucherie, ...), il me semble que c’est devenu rarissime, et puis c’est le plus souvent une gamme limitée, une spécialité. D’ailleurs il y a des supermarkets toutes les 20 bornes et les gens y achètent, le pain, le journal et les pellets aussi, éventuellement en taillant la bavette avec la caissière.
      J’ai l’impression que ces nouveaux sous-traitants de Carouf ont de l’avenir.

    • Sinon, un truc vraiment super de la part de Clément, le maraicher du coin des corbières avec des villages entre 10 et 100 habitants, pas plus, soit je crois 5h/km2. Clément installe tous les matins ses fruits légumes, des fleurs et des plantes dans une cabane au bord de la route puis s’en va.
      On vient se servir, on met les sous dans la caisse, y’a pas d’ordi, rien, juste la confiance. Ça fait 4 ans qu’il fait comme ça, tu pèses toi même et si l’envie te prend tu lui laisses un petit mot de remerciement.

  • Contre Carrefour et pour les autoréductions, procès le 7 octobre
    https://paris-luttes.info/contre-carrefour-et-pour-les-18654

    En janvier 2021, après presque un an de confinement, une cinquantaine de militant·es et précaires ont procédé à une action de réquisition alimentaire (#autoréduction) dans un #Carrefour market à Paris. Pour y avoir participé, deux personnes ont été condamnées à verser au groupe Carrefour plus de 38 000 euros. Elles ont décidé de faire appel et leur procès aura lieu le 7 octobre 2024 à la cour d’appel de Paris. Outre les dommages et intérêts exorbitants, cette affaire pourrait faire jurisprudence pour d’autres actions du même type. C’est donc aussi la défense de cette pratique militante qui est en jeu.

    #grande_distribution #justice

  • L’arrêt de la CIJ contre l’occupation israélienne est une bombe à retardement

    L’avis consultatif de 83 pages publié vendredi dernier par la Cour internationale de justice de La Haye concernant l’occupation du territoire palestinien par Israël est, comme le dit le cliché, un tremblement de terre juridique. La Cour a explicitement déclaré que la présence israélienne dans les territoires palestiniens occupés et la domination qu’elle y exerce sont illégales – et cela inclut Jérusalem-Est, au cas où les Israéliens et d’autres gens auraient oublié que le bassin sacré est sous occupation. [Le bassin sacré, ou bassin historique, est un terme israélien moderne désignant une zone géographique à Jérusalem qui comprend la vieille ville et ses territoires adjacents, NdT] Israël a l’obligation légale de mettre fin à cette occupation prolongée, a statué la Cour. Ce faisant, la CIJ a mis fin au grand mensonge israélien, qui cherche à profiter des prérogatives d’un occupant militaire sans être soumis aux limitations et obligations imposées à un occupant par le droit international.

    ...
    Cette décision constitue bel et bien un tremblement de terre sur le plan juridique. Tout ce que les organisations de défense des droits humains et les juristes, tant en Israël-Palestine que dans le reste du monde, soutiennent depuis des années a maintenant été validé par la plus haute institution juridique internationale au monde.
    ...
    Mais les tremblements de terre en droit international sont plutôt des tremblements de terre à retardement
    ...
    L’impact de cet avis se manifestera par des répliques.

    Il faut lire l’article complet

    https://www.les-crises.fr/l-arret-de-la-cij-contre-l-occupation-israelienne-est-une-bombe-a-retarde

    #Israël #CIJ #occupation #Palestine #États-Unis #Grande-Bretagne #Allemagne #France #crimes-contre-l'humanité

  • Pourquoi on s’oppose à la #LGV #Bordeaux - #Dax / #Bordeaux - #Toulouse ?

    Episode 1 : LE #FINANCEMENT 💰

    La LGV Bordeaux-Dax/Bordeaux- Toulouse est un gigantesque chantier dont personne ne connait le #coût exact… qui dépassera les 14 milliards d’euros annoncés il y a plus de dix ans.

    Ce sont les collectivités locales, endettées, qui vont supporter 40% du projet et tous les surcoûts (inflation, frais de gestion, aléas diverses etc). Cerise sur le gâteau, une taxe 🪙 est levée depuis 2023 dans 2340 communes du sud-ouest spécialement pour financer la LGV.

    Pendant ce temps, #SNCF_Réseau peine à entretenir les lignes existantes avec ses moyens actuels. Cela ne l’empêche pas de réaliser de tels projets doublant les voies existantes pourtant non saturées 🤯 : on marche sur la tête !

    Sources :

    • La Société de projet du GPSO : un cheval de Troie institutitonnel pour piéger les finances locales dans le financement des TGV, page 7, Gilles Savary et Marc Ivaldi, 2023

    • Les métamorphoses du modèle économique de la vitesse ferroviaire, Open Edition Journals, Yves Crozet, 2022

    • SNCF Réseau, des réformes à approfondir, Rapport thématique, Cour des compte, 2018

    • Comission développement durable : M. Matthieu Chabanel, président directeur général de SNFC Réseau, sur le financement des infrastructures ferroviaires, Assemblée Nationale, 2023

    • Plan de financement GPSO, SNCF Réseau

    https://social.tmprs.net/notice/AlJrDaaEIa2psWsIgy

    #no-LGV #train #réseau_ferroviaire #France #ligne_à_grande_vitesse #grande_vitesse #résistance

  • Stop à l’extrême droite : Unissons-nous contre le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme

    Des émeutes fascistes ont eu lieu dans plusieurs villes de Grande-Bretagne, entraînant des attaques contre des mosquées et des hôtels hébergeant des migrant·es. Tommy Robinson a mobilisé plus de 15 000 personnes à Trafalgar Square le 27 juillet. L’extrême droite propage le racisme, l’islamophobie et la haine.

    Robinson et d’autres tentent d’exploiter l’horrible attaque au couteau de Southport pour attiser l’islamophobie et semer la division en diffusant des informations erronées sur l’identité de l’agresseur. Cela a conduit à une émeute raciste à Southport et ailleurs, attaquant violemment les mosquées et la police, scandant les mêmes slogans haineux que ceux entendus lors de la manifestation londonienne de Robinson.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/08/stop-a-lextreme-droite-unissons-nous-contre-le

    #international #grandebretagne #racisme #extremedroite

  • Les vols aux selfscans plombent les supermarchés : des franchisés Delhaize veulent supprimer les caisses automatiques La Libre.be - Arnaud Farr

    Le modèle actuel des caisses automatiques constitue un défi majeur pour les supermarchés. Certains décident de les supprimer, d’autres d’intensifier les contrôles. Tour d’horizon.

    Lassé des vols à répétition aux caisses automatiques, le gérant du Delhaize de Lochristi, en Flandre-Orientale, a décidé cette semaine de supprimer son service de #selfscan. D’autres franchisés envisagent d’emboîter le pas. Une décision qui va à contre-courant des tendances observées parmi les clients lorsqu’on sait que le paiement des courses aux caisses automatiques est de plus en plus prisé.

    « La proportion doit être de 60-40 % de clients qui privilégient leur paiement aux selfscans » , selon Karima Ghozzi, porte-parole de Delhaize. « Ce service est fort apprécié et nous entendons le soutenir bien qu’il revient à l’affilié de décider ce qu’il souhaite mettre en place. »

    Le nombre de voleurs a triplé avec les selfscans
    Le service de caisses automatiques fait les affaires des clients qui évitent de longes files, mais également des fraudeurs. Traditionnellement, le voleur à la tire allait cacher la bouteille de vin dans sa veste ou son sac à dos mais désormais, le vol par le selfscan est privilégié. Les supermarchés contactés refusent d’indiquer le montant des pertes liées aux vols mais selon l’organisation Prévention&Sécurité à laquelle sont affiliés 460 supermarchés belges, l’on estime que le nombre de voleurs a triplé depuis l’instauration des caisses automatiques.

    Bien consciente du phénomène, la chaine néerlandaise Albert Heijn n’a toutefois pas l’intention de supprimer le selfscan. Au contraire, les premiers supermarchés sans caisse traditionnelle ont vu le jour à Amsterdam et Arnhem aux Pays-Bas. Ce n’est pas encore le cas en Belgique, où les contrôles ont en revanche été drastiquement renforcés pour éviter toute tentative de fraude.

    Des contrôles de plus en plus systématiques
    « Nous misons sur la responsabilisation » , explique Ann Maes, porte-parole de la filiale belge d’Albert Heijn. « Nos clients savent qu’ils ont désormais plus de chance d’être contrôlés que de ne pas l’être. Un algorithme décide de contrôler aléatoirement et à fréquence régulière telle ou telle caisse. En parallèle, certains de nos franchisés décident d’organiser des opérations proactives de contrôles systématiques durant toute la journée, ou de contrôler une personne sur deux. »

    Chez Carrefour, le selfscan est également bien ancré dans les habitudes des clients. « Cela leur facilite la tâche avec un gain de temps important puisqu’ils évitent les files » , explique Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour, qui démonte l’idée reçue selon laquelle les caisses automatiques suppriment le contact social. « Il y a en permanence la présence d’une caissière ou d’un caissier pour aiguiller les clients qui craignent de faire une erreur. Comme il y a souvent moins de files qu’aux caisses traditionnelles, ça laisse de la place pour papoter avec l’employé. »

    Seul bémol : lorsqu’une fraude est avérée, il revient à l’employé de jouer « à la police » pour veiller à éviter tout risque de fraude. « Sur base de sa propre appréciation, l’employé doit estimer la bonne foi ou non du client. Les vols dans les magasins sont vieux comme le monde et il y aura toujours des gens qui essayeront de tricher. S’il est avéré qu’une personne a tenté de voler, alors une transaction immédiate doit etre payée sur-le-champ. En cas de refus, la police peut intervenir » , ajoute Siryn Stambouli.

    Une transaction immédiate de 141 euros
    Le recours à la police reste toutefois très marginal. « Du côté d’Albert Heijn, nous observons moins de fraudes depuis que les contrôles ont été drastiquement intensifiés. Lorsqu’une personne est prise en flagrant délit, elle doit s’acquitter d’un montant de 141 euros. En général, elles refusent de se rebeller et nous n’avons quasiment jamais dû faire appel à la police » , précise Ann Maes.

    Les employés connaissent bien les techniques des fraudeurs et restent attentifs aux comportements suspects. « Cela concerne surtout les produits avec une tarification au volume. Ainsi, un client va scanner une bouteille de lait ou une seule bière dans un lot de six. Nos employés sont donc vigilants lorsqu’ils aperçoivent des clients dans ce cas de figure » , ajoute Ann Maes.

    Le saumon et le vin en tête des vols
    Jean, nom d’emprunt, est un adepte des fraudes aux caisses automatiques. « J’ai commencé à voler en pleine période Covid. Je vivais sur mon chômage technique et c’était donc des vols de nécessité », explique-t-il. « Depuis, je continue ces pratiques en volant du saumon fumé, un bon bout de viande, une bouteille de vin, des avocats que je scanne avec l’étiquette d’oignons. J’ai aussi volé des préservatifs ou des épices rares. Je me suis toutefois calmé depuis que certains aliments sont vendus avec des antivols, comme pour le crabe qui peut vite coûter 30 euros l’unité », conclut-il. _

    Source : https://www.lalibre.be/economie/entreprises-startup/2024/08/07/les-vols-aux-selfscans-plombent-les-supermarches-des-franchises-delhaize-veu

    #Pays_Bas #belgique #Flandre #grandes_surfaces #caisses #caisses_automatiques #grande_distribution #travail #travail_dissimulé #consommation #hypermarchés #hypermarché #supermarché #commerce #supermarchés #alimentation #économie #contributions_sociales #contrôle #surveillance

  • On avait dit « Plus jamais ça »
    Comment est-ce possible que les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France aient remis ça, la barbarie des années 1940, en protégeant et en aidant Israël, leur porte-avion militaire au Moyen-Orient ?

    Génocide ou crimes contre l’humanité à répétition, peu importe les qualificatifs.

    Au nom de tous ces morts, enfants, femmes et hommes palestiniens, j’accuse ces quatre pays, dont le mien, de participer à la plus grande barbarie du XXIème siècle.

    J’accuse ces quatre pays de détruire ce que les vainqueurs de la seconde guerre mondiale avaient construit, une armature de droits, Convention de Genève, Droit de la guerre, Droit international, pour nous protéger du retour éventuel de cette barbarie perpétrée lors des deux guerres mondiales.

    Je les accuse de rendre leurs populations spectateurs d’atrocités vertigineuses et innommables .

    Je les accuse de rendre leurs populations complices involontaires de ces crimes contre l’humanité, de ces carnages, parce que ce sont nos ressources, nos impôts qui servent à protéger et à aider Israël.

    L’ONU a décrit et condamné les faits, la plupart des grandes ONG (Amnesty, HRW, MSF, Médecins du Monde etc...) ont décrit les faits , les journalistes israéliens dignes de ce nom (Haaretz, 972) ont décrit les faits, même CNN a décrit les faits.

    La Cour internationale de Justice (CIJ) a décrit et condamné clairement les faits

    Mais les chaines de télévision et les radios continuent à mentir et à déverser la propagande israélienne qui présente Israël comme une victime.

    Mais une grande partie des politiciens occidentaux continuent à mentir et à déverser la propagande israélienne qui présente Israël comme une victime.

    Mais la censure s’abat sur ceux qui décrivent la réalité et se révoltent contre la barbarie (répression des mouvements étudiants, menaces et censure des universitaires, convocation de François Burgat par la police entre autres).

    Mais les armées américaines, britanniques, allemandes et française continuent à protéger et à aider Israël. Dans la totale indifférence au sort des populations palestiniennes martyrisées .

    Je n’ai pas le courage du militaire américain, Aaron Bushnell, pour m’immoler devant l’ambassade israélienne, ou devant l’Élysée.
    Alors je hurle depuis mon blog.

    Nous devons HURLER et REFUSER CETTE HAINE RACIALE DÉCHAINÉE qui motive nos médias, nos politiciens, et nos armées, pour s’attaquer à des populations sans défense martyrisées de manière vertigineuse depuis 10 mois. Je suis convaincue que c’est l’arabophobie et l’islamophobie qui sous-tend la collusion de ces quatre pays occidentaux avec Israël dans ces crimes contre l’humanité .

    Parce que les États-Unis de Biden et Harris, la Grande Bretagne de Keir Starmer, l’Allemagne d’Olaf Scholz et la France d’Emmanuel Macron ont absolument tous les moyens d’arrêter Netanyahu, d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et l’entrée immédiate de la nourriture, de l’eau, des médicaments et des soignants, pour sauver ceux qui ne sont pas encore morts, même s’ils sont déjà amputés ou devenus fous d’errance sous les bombes, et de souffrances diverses et infinies.

    S’ils ne le font pas, c’est parce que les silhouettes émaciées, brisées, les cadavres d’enfants, de femmes et d’hommes arabes et musulmans (assimilés tous aux musulmans, même s’il y a des chrétiens parmi ces victimes), ne les touchent pas.

    Ces médias, ces politiciens, ces chefs d’armée, ne considèrent pas ces personnes comme des êtres humains.

    Comment est-ce possible ?

    https://blogs.mediapart.fr/stephane-m/blog/060824/comment-est-ce-possible-refusons-la-haine-qui-dechaine-les-crimes-co

    #Crimes-contre-l'humanité #Génocide #Israël #États-Unis #Grande-Bretagne #Allemagne #France #Joe-Biden #Kamala-Harris #Keir-Starmer #Olaf-Scholz #Emmanuel-Macron
    #Convention de Genève #Droit de la guerre #Droit international

  • La galaxie Grand Frais, un système implacable pour limiter les droits des salariés
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/07/07/la-galaxie-grand-frais-un-systeme-implacable-pour-limiter-les-droits-des-sal

    « La cadence, la cadence, la cadence. Tout est millimétré. » En commençant sa journée de travail trois heures avant l’ouverture de l’un des 316 supermarchés Grand Frais de France, Antoine – son prénom a été changé par crainte de représailles –, employé du rayon des fruits et légumes, sait déjà à quoi s’attendre. Ce trentenaire aux cheveux courts commence toujours par « bien refaire le tri, tailler toutes les croûtes noircies des salades, enlever les premières feuilles des choux… », avant de disposer l’arrivage du matin dans les rayons « selon une technique bien précise qu’il faut respecter ».

    • Bienvenue chez Grand Frais, enseigne en pleine croissance (130 magasins il y a dix ans, 316 aujourd’hui), mais aussi système implacable, avec son aspect extérieur attirant et ses rouages complexes. Côté face, ce sont des magasins inspirés des halles alimentaires de Paris, avec des étals de fruits et de légumes brillants comme s’ils venaient d’être récoltés et rangés aussi esthétiquement que sur une photo publiée sur Instagram, qui donnent aux clients l’envie de tout acheter, et aux concurrents de les imiter. Côté pile, une galaxie composée de plusieurs centaines de sociétés et un savant découpage de microentreprises qui étouffe tout dialogue social.

      [...]

      Chaque magasin est une société à part entière, construite sous forme de GIE (groupement d’intérêt économique). Il y a par exemple le « GIE Grand-Quevilly » pour le Grand Frais de cette commune près de Rouen, le « GIE de Pontivy » pour celui de la ville du Morbihan du même nom…
      Chaque GIE est partagé entre ses membres, des partenaires qui interviennent dans ses rayons. La société Despi, propriété de la famille Despinasse, gère le rayon boucherie de la plupart des Grand Frais. Euro Ethnic Foods (ex-Agidra), fondé par la famille Bahadourian et dont le fonds d’investissement PAI Partners détient 60 %, s’occupe de la partie épicerie. Enfin, Prosol gère tout le reste avec deux sociétés (Prosol Exploitation pour les fruits et légumes et la poissonnerie, et Crèmerie Exploitation pour la crémerie). Pour compliquer encore un peu plus les choses, Prosol a annoncé, mardi 2 juillet, l’acquisition à l’automne de Novoviande, le réseau de boucheries qui intervient dans trente-neuf Grand Frais de la région parisienne.

      En matière économique, chaque prestataire récupère le chiffre d’affaires qu’il réalise dans le magasin, et les dépenses concernant les « parties communes » (encaissement, parking, déchets…) sont, à la manière d’un immeuble en copropriété, réparties entre tous les intervenants. Rien de tout cela, en revanche, chez Fresh ou Mon marché, entièrement aux mains de Prosol, dont le fonds d’investissement Ardian est actionnaire majoritaire aux côtés de M. Dumont. « Grand Frais, c’est juste une enseigne, pas une société », résume Frédéric Leschiera, membre du bureau du syndicat SUD-Commerces et Services pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.

      #commerce #travail #grande_distribution #Grand_frais #Fresh

  • Opinion | Keir Starmer, Britain’s Next Prime Minister, Has Shown Us Who He Is - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/07/03/opinion/britain-election-keir-starmer.html?te=1&nl=today%27s-headlines&emc=edit_th_

    Un article à lire et conserver. Surtout quand tout le monde s’exclame de la victoire de travaillistes « centristes » et voudrait la même chose chez nous. L’avenir dira si les comportement du passé se cnservent une fois au pouvoir. Mais la gauche anglaise a du soucis à se faire.

    By Oliver Eagleton

    Mr. Eagleton is a journalist and the author of “The Starmer Project.” He wrote from London.

    The outcome seems predestined. The British Conservative Party, moribund after 14 years in office and struggling to defend its record of routine corruption and economic mismanagement, is heading into Thursday’s general election with the backing of just 20 percent of the electorate. The opposition Labour Party, having run a colorless campaign whose main aim was to channel frustration with the government, is projected to win a huge parliamentary majority. That means that Labour’s leader, Keir Starmer, will be the country’s next prime minister.

    How is he likely to govern? A former lawyer with a bland rhetorical style and a tendency to modify his policies, Mr. Starmer is accused by critics on the left and right alike of lacking conviction. He is labeled an enigma, a man who stands for nothing, with no plans and no principles. His election manifesto, which The Telegraph pronounced “the dullest on record,” appears to confirm the sense that he is a void and that the character of his administration defies prediction.

    But a closer look at Mr. Starmer’s back story belies this narrative. His politics are, in fact, relatively coherent and consistent. Their cardinal feature is loyalty to the British state. In practice, this often means coming down hard on those who threaten it. Throughout his legal and political career, Mr. Starmer has displayed a deeply authoritarian impulse, acting on behalf of the powerful. He is now set to carry that instinct into government. The implications for Britain — a country in need of renewal, not retrenchment — are dire.

    Mr. Starmer has seldom dwelt on the specifics of his legal career, and his personal motives are, of course, unknowable. But it seems clear, based on his track record, that Mr. Starmer’s outlook began to take shape around the turn of the millennium. By that time, he had gained a reputation as a progressive barrister who worked pro bono for trade unionists and environmentalists. But in 1999 he surprised many of his colleagues by agreeing to defend a British soldier who had shot and killed a Catholic teenager in Belfast. Four years later, he was hired as a human rights adviser to the Northern Ireland Policing Board — a role in which he reportedly helped police officers justify the use of guns, water cannons and plastic bullets.

    Feted by the judicial establishment, Mr. Starmer was hired to run the Crown Prosecution Service in 2008, putting him in charge of criminal prosecutions in England and Wales. Professional success brought him closer to the state, which he repeatedly sought to shield from scrutiny. He did not bring charges against the police officers who killed Jean Charles de Menezes, a Brazilian migrant who was mistaken for a terrorist suspect and shot seven times in the head. Nor did Mr. Starmer prosecute MI5 and MI6 agents who faced credible accusations of complicity in torture. Nor were so-called spy cops — undercover officers who infiltrated left-wing activist groups and manipulated some of their members into long-term sexual relationships — held accountable.
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    He took a different tack with those he saw as threatening law and order. After the 2010 student demonstrations over a rise in tuition fees, he drew up legal guidelines that made it easier to prosecute peaceful protesters. The following year, when riots erupted in response to the police killing of Mark Duggan, Mr. Starmer organized all-night court sittings and worked to increase the severity of sentencing for people accused of participating. During his tenure, state prosecutors fought to extradite Gary McKinnon, an I.T. expert with autism who had embarrassed the U.S. military by gaining access to its databases, and worked to drag out the case against the WikiLeaks editor Julian Assange.

    For his service, Mr. Starmer was knighted in 2014; the year after that, he entered Parliament. After biding his time there, he played a central role in kiboshing his own party’s position on the European Union, maneuvering to secure Labour’s support for a second referendum rather than accepting the vote to leave the bloc. This stance alienated many Brexit voters and helped ensure his party’s defeat in the 2019 election. It then fell to Mr. Starmer to recapture Labour from the left-wing supporters of Jeremy Corbyn and cleanse it of radicalism, using the same repressive repertoire that he developed as chief prosecutor.

    Mr. Starmer more than met the brief. Since becoming leader, he has begun a merciless crackdown on the mildest forms of internal dissent. He expelled his predecessor, blocked left-wing candidates from standing for Parliament, proscribed various socialist groups, barred politicians from joining picket lines and introduced antidemocratic rules for leadership elections. He has also demanded a stifling level of ideological conformity. Lawmakers who criticize NATO face instant expulsion, and members who oppose Israel’s actions are cynically accused of antisemitism.

    This purge has turned Labour into a mirror image of the Conservatives: obsequious toward big business, advocating austerity at home and militarism abroad. It has also foreshadowed how Mr. Starmer would operate in Downing Street. He has said he intends to retain the Public Order Act, which places unprecedented restrictions on protests and makes it easier to lock up activists. He has described climate campaigners as “contemptible” and “pathetic,” pledging to impose harsh sentences on them. He has even backed a proposal to punish protesters who vandalize monuments with 10 years in prison.

    Some say such hawkishness is merely good sense or excuse it as the necessary cost of credibility. But the repressive reflex reveals a fundamental truth about Mr. Starmer: At every turn, he seeks to protect the regnant order from disruption. The Labour Party’s offering, which promises to alter things so little that it is enthusiastically backed by prominent business leaders, can be seen as an extension of that principle to the country as a whole. Mr. Starmer’s nebulous invocation of growth and change, without any clear route to secure either, is a feature, not a bug. A Labour Party made in his image can be expected to do little to upset the status quo.

    Fortune has often smiled on Mr. Starmer. The government praised his performance at the Crown Prosecution Service. The media celebrated his remaking of the Labour Party. Now, thanks to the Conservatives’ implosion, he is set to inherit the country. Yet contemporary Britain is not well. It is afflicted by stagnant growth and gutted public services, its work force is shrinking, its prisons are overcrowded, and more than a fifth of its population lives in poverty.

    Solving such problems requires more than reverence for established institutions and small-minded attempts to silence their critics. But this, seemingly, is all the incoming prime minister has to offer.

    Oliver Eagleton (@Oliver_Eagleton) is an associate editor of New Left Review and the author of “The Starmer Project: A Journey to the Right.”

    #Keir_Starmer #Travaillistes #Grande-Bretagne

  • ‘As complicit as Saddam’ : people on BA flight held hostage in Kuwait sue UK government
    https://www.theguardian.com/world/article/2024/jul/01/as-complicit-as-saddam-people-on-ba-flight-held-hostage-in-kuwait-sue-u
    https://i.guim.co.uk/img/media/aa5055a3a2341230f6df69642b741afca1322c64/0_185_1359_815/master/1359.jpg?width=480&dpr=1&s=none

    Morale de cette histoire : tu ne peux pas faire confiance à ton gouvernement.

    1.6.2024 Haroon Siddique - Claimants who were onboard BA149 claim airline and Thatcher’s government knew of risk before they landed in 1990

    British Airways (BA) passengers and crew taken hostage in Kuwait and used as human shields during Saddam Hussein’s invasion are suing the airline and the UK government.

    The claimants, who were subjected to torture, including mock executions, say they have evidence that BA and the government knew the invasion had taken place hours before the plane landed in Kuwait. They also claim that the flight was used to secretly transport a special ops team for immediate and covert deployment to the battlefield, “regardless of the risk this posed to the civilians onboard”.

    The BA149 flight to Kuala Lumpur, Malaysia, carrying 367 passengers and 18 crew members, arrived for a scheduled stopover at Kuwait International airport on 2 August 1990 as Iraqi armed forces were invading. It was the last commercial flight to do so. Those on board were held captive for up to five months, during which time they were subjected to torture, rape, mock executions, starvation and other abusive practices.

    In 2021, after the release of documents to the National Archives that showed the British ambassador in Kuwait had warned the UK Foreign Office that the invasion was under way before flight BA149 landed, the then foreign secretary, Liz Truss, admitted that the government had covered up the warning for decades.

    She said the warning was not passed on to BA and, in a reference to allegations regarding the presence of special forces, insisted that the government at the time “did not seek to exploit the flight in any way by any means whatsoever”.

    However, lawyers for the claimants say BA did know of the invasion and a covert special ops team was on board.

    Nicola Dowling, 56, a member of cabin crew on flight BA149 who spent about two months in Kuwait, during which time she was deployed as a human shield, said: “Not being believed and denied justice all these years has been hideous. It was all very well for [Margaret] Thatcher to say Saddam Hussein is hiding behind women and children. She bloody well sent us in there, presented us to him on a plate for him to use. She was as complicit in this as he was, as was BA.”

    https://i.guim.co.uk/img/media/53db731836b4f3a6d74ee2159574b26c9831965e/0_16_750_450/master/750.jpg?width=480&dpr=1&s=none
    Nicola Dowling on her first day of training for BA in January 1989. Photograph: supplied

    Dowling, who had been working for BA for 18 months at the time and turned 23 while in Kuwait, told of the moment she thought she was going to die, when being transported to the IBI camp in Fahaheel to be deployed as a human shield.

    “They stopped in the middle of a desert and all the soldiers in the bus surrounded our bus and pointed their rifles at the windows and you could have heard a pin drop,” said Dowling, who lives in Surrey. “All the babies stopped crying and the kids stopped wailing and we thought we were going to be shot. We thought this was a start of reprisals, but we weren’t [shot]. And I don’t know to this day why they stopped in the middle of the desert with their rifles cocked at us.”

    She described conditions at the IBI camp, where British expats were also being held, as “inhumane” and “hideous”, with overflowing excrement everywhere, limited running water and food, and frequent outbreaks of dysentery. She said her late ex-RAF father was so concerned about her that he wrote to Thatcher asking if he could swap places.

    Dowling said BA’s response when she was released was “appalling”. She said she was pressed to return to work as soon as possible because of a shortage of available cabin crew and to resume flying to the Middle East, despite her pleas not to be sent back there.

    She said she was threatened with the sack if she did not comply, so went back to the region once a month for the next 15 years, Like many of her colleagues on BA149, she retired with a medical pension.

    “It was just torturous,” she said. “In the end I was just broken. I was a broken shell.”

    Dowling said the claim for negligence and joint misfeasance in public office, brought by 95 people against the Foreign, Commonwealth and Development Office, the Cabinet Office, the Ministry of Defence and BA, was an attempt to “hold the buggers to account. It’s impacted my life hugely.”

    Matthew Jury, the managing partner of McCue Jury & Partners LLP, which is acting for the claimants, said: “The victims and survivors of flight BA149 deserve justice for being treated as disposable collateral. HMG [her majesty’s government] and BA watched on as children were paraded as human shields by a ruthless dictator, yet they did and admitted nothing. There must be closure and accountability to erase this shameful stain on the UK’s conscience.”

    A coalition of US-led forces liberated Kuwait in 1991 during Operation Desert Storm, also known as the first Gulf war.

    BA and the government have been approached for comment.

    #histoire #guerre #ôtages #Grande_Bretagne #Kuweit #Iraq #thatcherisme #aviation

  • The Mask of Anarchy, Percy Bysshe Shelley, Written on the Occasion of the Massacre at Manchester
    https://en.m.wikisource.org/wiki/The_Complete_Poetical_Works_of_Percy_Bysshe_Shelley_(ed._Hutchinson,_1914)/The_Mask_of_Anarchy

    L’attitude du poète ressemble à la notre par rapport aux événements à Gaza.

    On August 16th, 1819, approximately 100,000 millworkers and their families congregated at Saint Peter’s Field in Manchester in a peaceful demonstration of protest calling for reform in the working class’s role. The local ruling class was sent to arrest the leader of the protest, Henry Hunt, and in turn wounded hundreds, and killed a dozen.

    As I lay asleep in Italy
    There came a voice from over the Sea
    And with great power it forth led me
    To walk in the visions of Poesy.

    I met Murder on the way—
    He had a mask like Castlereagh—
    Very smooth he looked, yet grim;
    Seven blood-hounds followed him.

    All were fat; and well they might
    Be in admirable plight,
    For one by one, and two by two,
    He tossed the human hearts to chew
    Which from his wide cloak he drew.

    Next came Fraud, and he had on,
    Like Eldon, an ermined gown;
    His big tears, for he wept well,
    Turned to mill-stones as they fell:

    And the little children, who
    Round his feet played to and fro,
    Thinking every tear a gem,
    Had their brains knocked out by them.

    Clothed with the Bible, as with light,
    And the shadows of the night,
    Like Sidmouth, next, Hypocrisy
    On a crocodile rode by.

    And many more Destructions played
    In this ghastly masquerade,
    All disguised, even to the eyes,
    Like Bishops, lawyers, peers, or spies.

    Last came Anarchy: he rode
    On a white horse, splashed with blood;
    He was pale even to the lips,
    Like Death in the Apocalypse.

    And he wore a kingly crown;
    And in his grasp a sceptre shone;
    On his brow this mark I saw—
    ’I AM GOD, AND KING, AND LAW!’

    With a pace stately and fast,
    Over English land he passed,
    Trampling to a mire of blood
    The adoring multitude.

    And a mighty troop around,
    With their trampling shook the ground,
    Waving each a bloody sword,
    For the service of their Lord.

    ...

    Peterloo Massacre
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Peterloo_Massacre

    #poésie #Grande_Bretagne #histoire #lutte_des_classes #Gaza

  • La tyrannie de l’horloge
    https://www.partage-noir.fr/la-tyrannie-de-l-horloge

    En aucun domaine, les sociétés occidentales existantes ne se distinguent des sociétés antérieures, qu’elles soient européennes ou orientales, que dans celui de la conception du temps. Pour le chinois ou le grec anciens, pour le berger arabe ou le paysan mexicain d’aujourd’hui, le temps est représenté par le cour cyclique de la nature, l’alternance du jour et de la nuit, le passage de saison en saison. Les nomades et les agriculteurs mesuraient et mesurent encore leurs jours depuis le lever jusqu’au coucher du soleil et leurs années en fonction du temps de la semence et du temps de la récolte, de la chute des feuilles et de la fonte des neiges dans les lacs et rivières. Partages

    / #Traduction_:_Non_Fides, Archives Autonomies , War Commentary , (...)

    #Partages_ #Archives_Autonomies_ #War_Commentary_ #Grande-Bretagne
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/war-commentary-volume5-cira-n10.pdf

  • “These Thankless Deserts” - Winston Churchill and the Middle East : An Introduction
    https://winstonchurchill.org/publications/finest-hour/finest-hour-196/churchill-and-the-middle-east-an-introduction
    Voici le point de vue de la société Winston Churchill. A noter : La Déclaration Balfour de 1917 était le résultat d’une intrigue de Dr. Chaim Weizmann

    Wikipedia nous informe que
    https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour_de_1917#Contexte_strat%C3%A9gique_internation

    Dès 1903 Herzl avait obtenu une lettre officielle du Foreign Office déclarant que la Grande-Bretagne acceptait un accord sur la création d’une colonie juive sous administration juive, document que Yoram Hazony juge « surpassant même la Déclaration Balfour ».
    ...
    Hazony (2007), p. 180 : « Lord Landsdowne est prêt à envisager favorablement ... un projet dont les caractéristiques principales sont l’octroi d’un vaste territoire, la nomination d’un responsable juif à la tête de l’administration (ayant) carte blanche en matière d’administration municipale, religieuse et purement intérieure » (voir lettre de Sir Clement Hill (en) à Leopold Greenberg (en), 14 août 1903. Repris in Die Welt, 29 août 1903)..

    Churchill étant proche des sionistes travaillait depuis ce moment et jusqu’à la fin de sa vie en faveur de la colonisation juive d’une partie du territoire arabe sous mandat britannique. L’article contient quelques éléments qui ont pu le motiver à prendre cette position.

    10.7.2023 by David Freeman - Finest Hour 196, Second Quarter 2022

    During the First World War, the United Kingdom went to war against the Ottoman Empire, which had allied itself with the Central Powers of Germany and the Austro-Hungarian Empire. The Ottoman Empire traced its origins and its name back to the thirteenth-century Turkish Sultan Osman I.

    Although once a great power controlling large sections of Europe, Africa, and Asia, the Ottoman Empire by the twentieth century had become known as the “sick man of Europe” and was much reduced in size. Nevertheless, the Turks still controlled nearly all of the lands of Arabia, including the Moslem Holy Cities of Mecca and Medina. For centuries, the office of Sultan had been combined with that of the Caliph, the spiritual leader of the Moslem world.

    All of this came to an end with Turkish defeat in the Great War. In 1915, the British attempted a quick thrust at the Ottoman capital of Constantinople (now known as Istanbul) with a plan strongly supported by First Lord of the Admiralty Winston Churchill. The Dardanelles (or Gallipoli) campaign ended in failure. The British then turned to attacking the Turks from further out, along the frontiers of Arabia.

    In control of Egypt since 1882, the British used the ancient land to launch an offensive against Gaza, which lay in Turkish-controlled Palestine near the Sinai border with Egypt. At the same time, the British opened talks with Emir Hussein ibn Ali Al-Hashimi, the Sharif of Mecca. The Sharifate included Mecca and Medina, both located in the western regions of Arabia known as the Hejaz. Although an Arab, Hussein served the Turks, his title of Sharif indicating descent from the Prophet Mohammad.

    In 1916, the British induced Hussein to declare independence and establish himself as King of the Hejaz. In doing this, the British hoped to bring down the Ottoman Empire from within and minimize the resources they would need to commit to the region. The “Arab Revolt,” however, failed to attract the sort of support for which the British had been hoping.

    Much more powerful among the Arabs than Hussein was Abdul Aziz ibn Saud, the dominant chieftain in the Nejd, the large, barren region of eastern Arabia. Ibn Saud was much more concerned with defeating his chief rival in the Nejd than making war against the Turks. And so, in the end, the British had to do most of their own fighting in the Middle East, using forces from Britain, India, South Africa, Australia, and New Zealand.

    Hussein had several sons. Of these, the one who worked most closely with the British during the war was Feisal, known variously as “Emir Feisal” and, after his father proclaimed himself king, “Prince Feisal.” In return for Arab support, the British made ambiguous promises about supporting the creation after the war of independent states, including the region of Palestine, which was vaguely understood to be the land around the Jordan River.

    In the search for victory, however, the British also made promises in other directions. In 1916, Britain and France entered into an agreement that became known as the Sykes-Picot Treaty. The two imperial powers decided to carve up the Arab lands once the Turks were defeated. The French would take the northern regions of Syria and Lebanon, which might include Mosul and parts of Palestine, but which would definitely include Damascus. The British would take most of Palestine and Mesopotamia.

    In 1917, the British entered into yet another potentially conflicting agreement. Even before 1914, the World Zionist Congress had begun to establish new settlements in Palestine, the ancient homeland of the Jewish people. During the war, Dr. Chaim Weizmann, a naturalized British citizen and a research chemist, provided vital assistance to the war effort as Director of the British Admiralty Laboratories (see FH 195). Weizmann skillfully used his influence to induce the British government to issue the Balfour Declaration, a letter from Foreign Secretary Arthur Balfour to Lord Rothschild pledging support for the establishment “in Palestine for a national home for the Jewish people.”
    Churchill and the Middle East
    British map appended to 1921 Cabinet Memorandum showing proposed Mandates

    In the final year of the war, British forces made major progress against the Turks. Starting from Basra, at the head of the Persian Gulf, the British swept up the valley of Mesopotamia and captured Baghdad. Under the leadership of Gen. Sir Edmund Allenby, the British Army finally took Gaza and pushed through to Jerusalem. In the interior, meanwhile, Arab forces carried out a guerrilla campaign against the Turks, assisted to a degree by a young archaeologist turned intelligence officer turned commando, T. E. Lawrence (see FH 119).

    In the fall of 1918, the Ottoman Empire finally collapsed. Turkish forces remaining in Arabia hastily retreated, creating a vacuum. The Allies had not anticipated this, and Feisal seized the opportunity to establish himself in Damascus with the intention of ruling a new kingdom from the world’s oldest continually inhabited city. The French, however, insisted on their “rights” under the Sykes-Picot agreement, and the British had to acquiesce on the grounds that amity with the French was more important to the United Kingdom than amity with the Arabs.

    The French, however, were not to be altogether satisfied. President Wilson of the United States insisted that the Allies were to gain no territory from the defeated Central Powers. Instead the former colonies of Germany and Turkey would come under the authority of the League of Nations, which would assign the various territories to member states with a “mandate” to assist the native populations towards self-government. At least in theory, French and British authority in the Middle East was supposed to be only temporary.

    For the most part, the British were anxious to exit their mandates as soon as possible. British forces in Mesopotamia were made unwelcome by the locals, who were also bitterly divided against one another. Chaos prevailed, and British troops were regularly ambushed and killed in what Churchill called “these thankless deserts.” The cost of military operations became a primary concern to Churchill after the Armistice, when he became Secretary of State for War and was told by Prime Minister David Lloyd George that his paramount responsibility had to be reduction of expenditure.

    By 1920, Churchill came to believe that reducing military spending in the Middle East required the establishment of an Arab Department within the Colonial Office, which could work to settle the grievances of the Arabs and thereby reduce hostilities in the region. He lamented the price in blood and treasure that Britain was paying to be “midwife to an ungrateful volcano” (see FH 132). After Lloyd George agreed to Churchill’s proposal, the Prime Minister invited his War Secretary to move to the Colonial Office and supervise the settlement process himself.

    Churchill became Secretary of State for the Colonies early in 1921 and immediately called for a conference to take place in Cairo that March. Altogether forty key people involved with Britain’s Middle Eastern affairs gathered for what Churchill jestingly called a meeting of the “forty thieves.” Out of this emerged what became known as the “Sharifian” solution.

    Hussein would continue to be recognized as King of the Hejaz. His son Feisal, driven from Damascus by the French, would be set up in Baghdad as King of Iraq, as Mesopotamia was formally renamed. Palestine would be divided along the line of the Jordan. The eastern side, or “Trans-Jordania” (later shortened to Jordan), would become an Arab kingdom under Feisal’s elder brother Abdullah. Churchill argued that the advantage of this would be that pressure applied in any one of the three states would also be felt in the other two. Ibn Saud, to keep the peace, would be given a healthy subsidy by the British government.

    The western side of Palestine remained under British mandate authority so as to fulfill the pledge made by the Balfour Declaration. Although the Arabs of Palestine (i.e., the Palestinians) protested against this, Churchill curtly rejected their representations during a visit to Jerusalem after the Cairo Conference ended. Churchill did not foresee Jewish immigration overtaking the Palestinian population and naively believed that the two groups, along with Arab Christians, would work together to create a peaceful, prosperous, secular Palestinian state. Churchill was not always right.

    In June 1921, Churchill made a lengthy speech to the House of Commons in which he outlined his settlement and the reasons behind it (see p. 38). This would be the longest statement Churchill ever made about the Middle East and its peoples. Over the following year and a half, he supervised the implementation of the decisions made at Cairo and approved by Parliament. The process was not without incident—Feisal was in a precarious position in Baghdad and constrained to demonstrate his independence—but went generally according to plan before Churchill and his Liberal party were driven from power late in 1922.

    Churchill’s most dedicated period of involvement with the Middle East ended with his tenure at the Colonial Office, but he continued to monitor events. The short-lived Kingdom of Hejaz ended when it was overrun in 1924 by the forces of ibn Saud, who unified the region with the Nejd to create the Kingdom of Saudi Arabia. Hussein went into exile, later to be buried in Jerusalem. After returning to Parliament as a Conservative, Churchill remained a supporter of Zionism and strongly objected when the government of Neville Chamberlain acted to restrict Jewish immigration into Palestine, even as Nazi Germany was forcing Jews in Europe to flee for their lives.

    During the Second World War, the Middle East became a critical zone for the Allies. The Suez Canal linked Britain with India and the Antipodes, and Egypt was a base from which to fight the Axis powers directly when first Italy and then Germany began offensive operations in North Africa. As Prime Minister, Churchill travelled to Cairo several times during the war. In 1945 it was where he last met with President Roosevelt and first met with ibn Saud. After a cabal of pro-fascist army officers seized control of the government in Baghdad in 1941, Churchill supported a bold and successful move to reestablish an Iraqi government friendly to Britain.

    Although out of office when Israel declared independence in 1948, Churchill expressed the view to his old friend and fellow Zionist Leo Amery that it was “a big event…in history” and “all to the good that the result has come about by fighting” (see FH 178). It also pleased Churchill that Weizmann became the first President of Israel and that the nation’s leading technical university chose to name its auditorium for the former British Prime Minister who had supported Zionism at a crucial moment (see FH 195).

    One hundred years on, the decisions that Churchill made about the Middle East continue to affect the world today.

    #Grande_Bretagne #Empire_ottoman #Palestine #histoire #impérialisme #Déclaration_Balfour #Conférence_du_Caire_1943 #Égypte #Iraq #Mésopotamie #Moyen-Orient #Lawrence_d_Arabie #Israel

    • April 26, 2023
      Winston Churchill’s 1922 White Paper for Palestine
      Finest Hour 196, Second Quarter 2022
      Page 32 - By Sarah Reguer
      https://winstonchurchill.org/publications/finest-hour/finest-hour-196/we-tender-our-most-grateful-thanks/?highlight=Dr.+Chaim+Weizmann

      (...) At the end of 1921 Churchill did act on issues connected with the Palestine garrison, but High Commissioner Samuel kept writing about the need for a clear political policy, since the political status was still not regularized by a formal document, either a British one or one from the League of Nations.

      Memoranda arrived from Samuel, from leading members of the Colonial Office’s advisory board, from Dr. Chaim Weizmann, president of the World Zionist Organization, and from the Arab delegation. On 11 August, Churchill wrote an introduction to a Palestine memorandum that was not very encouraging nor optimistic. “The situation in Palestine causes me perplexity and anxiety,” he began.1 “The whole country is in a ferment. The Zionist policy is profoundly unpopular with all except the Zionists.” Both sides were arming, elective institutions were refused in the interests of the Zionist policy, “and the high cost of the garrison is almost wholly due to our Zionist policy.”2 Meanwhile, even the Zionists were discontented at the lack of progress and the “chilling disapprobation” of the British officials and the military. (...)

  • Dans « Our country has lost its moral compass »
    https://seenthis.net/messages/1034287
    Arundhati Roy dit

    –-> In 1937, Winston Churchill said of the Palestinians, I quote, “I do not agree that the dog in a manger has the final right to the manger even though he may have lain there for a very long time. I do not admit that right. I do not admit for instance, that a great wrong has been done to the Red Indians of America or the black people of Australia. I do not admit that a wrong has been done to these people by the fact that a stronger race, a higher-grade race, a more worldly wise race to put it that way, has come in and taken their place.” That set the trend for the Israeli State’s attitude towards the Palestinians. In 1969, Israeli Prime Minister Golda Meir said, “Palestinians do not exist.”
    ...
    Thiruvananthapuram on December 13. 2023

    merci @cdb_77

    Finalement Churchill et Hitler n’étaient pas si loin l’un de l’autre à la différence que l’homme d’état savait ce que c’était de gouverner un empire mondial alors que le peintre autrichien rêvait d’en « construire » un. Son antisemitisme fanatique comme plein d’autres de ses particularités rendaient le mouvement politique nazi incmpatible avec la domination internationale recherchée.

    Racial views of Winston Churchill
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Racial_views_of_Winston_Churchill

    Some academics, such as Kehinde Andrews, go so far as to suggest Churchill was “the perfect embodiment of white supremacy”, while others like historian Andrew Roberts, say that Churchill could certainly be accused of paternalism, but not race-hatred.

    Pas besoin de haïr les gens qui travaillent pour toi.

    Source de la citation d’Arundhati Roy :
    Roberts, Andrew (2018). Churchill : Walking with Destiny. London : Allen Lane. ISBN 978-11-01980-99-6. page 106

    #colonialisation #racisme #impérialisme #antisemitisme #fascisme #Allemagne #Grande_Bretagne

  • Post de Utopia, 19.04.2024 :

    Avant la construction de ce mur il y a deux semaines, des centaines de personnes passaient sous ce pont pour accéder aux #distributions_alimentaires près de Grande-Synthe.

    Hier, un jeune homme a voulu passer en traversant la route, il est mort renversé par une voiture.

    https://twitter.com/Utopia_56/status/1781370600994361820

    #murs_intra-urbains #murs #Grande-Synthe #réfugiés #migrations #anti-migrants #barrières #France #Calais #frontières

  • Araser, creuser, terrasser : comment le béton façonne le monde, Nelo Magalhães
    https://www.terrestres.org/2024/04/05/araser-creuser-terrasser-comment-le-beton-faconne-le-monde

    Nos infrastructures pèsent un poids matériel et écologique dont nous n’avons pas idée. Ainsi, une autoroute contemporaine exige 30 tonnes de sable et gravier par mètre. Pour commencer à explorer cette histoire environnementale des grandes infrastructures, nous publions l’introduction du livre Accumuler du béton, tracer des routes.

    #livre #béton #infrastructures #autoroutes #écologie

    • Accumuler du béton, tracer des routes. Une histoire environnementale des #grandes_infrastructures

      Dans les décennies d’après-guerre, des milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes sortent de terre pour soutenir l’intensification du trafic et relier, à travers les paysages agricoles remembrés, les métropoles aux zones industrielles, ports, aéroports, centrales électriques et complexes touristiques. C’est le début d’une « Grande accélération » qui bouleverse la production de l’espace. Sur les chantiers, le béton coule à flots tandis que le bruit des machines (qui ne font pas grève) a remplacé le tumulte des terrassiers. La chimie et l’industrialisation des techniques affranchissent la construction des contraintes du relief, du climat et de la géologie : « abstraire le sol » pour faire passer la route – et supporter le poids des camions – devient un leitmotiv de « l’aménagement du territoire » qui nécessite l’extraction et le déplacement continus de milliards de mètres cubes de terres, sable et granulat.

      Si les dégâts se font rapidement sentir dans le lit des rivières, les abords des carrières et dans l’atmosphère – sans parler de la mortalité sur les routes –, la frénésie du bitume n’a jamais faibli : il faut sans cesse réparer, épaissir, étendre cette infrastructure dévoreuse d’hectares et d’argent public. Ce livre offre une remarquable vue en coupe de cet engrenage technique, économique et politique. Alors que les luttes se multiplient contre le modèle routier et l’industrie cimentière, il identifie quelques verrous qui rendent le bâti si pesant. Un préalable pour penser des perspectives plus légères.

      https://lafabrique.fr/accumuler-du-beton-tracer-des-routes

      #sable #livre #Nelo_Magalhães #Nelo_Magalhaes

  • #Marie-Louise_Berneri
    https://www.partage-noir.fr/marie-louise-berneri-1484

    Fille aînée de Camillo et #Giovanna_Berneri, Marie-Louise Berneri est née le 1er mars 1918 à Arezzo, près de Florence. Son père, d’abord socialiste, puis devenu anar­chiste au début des années 20, avait quitté l’Italie avec sa famille en 1926 pour Paris. La maison familiale devint vite un centre d’acti­vité antifasciste et cette ambiance eut une pro­fonde influence sur Marie-Louise (et sur sa sœur Giliane). C’est là aussi qu’elle rencontre à l’âge de 13 ans le fils d’un autre anarchiste et (...) #Itinéraire_-_Agenda_2001

    / #Camillo_Berneri, Giovanna Berneri, Marie-Louise Berneri, #Vernon_Richards, #Freedom, #Grande-Bretagne, #@narlivres, Archives Autonomies , Itinéraire - Une vie, une (...)

    #Archives_Autonomies #Itinéraire
    https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique324
    https://freedomnews.org.uk/archive/#archive1930s
    https://www.deviantart.com/xit666/gallery

  • #Université, service public ou secteur productif ?

    L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.

    L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).

    Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.

    La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

    Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.

    Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État

    Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.

    À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
    L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche

    La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).

    Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).

    Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.

    C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.

    Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.

    La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.

    La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.

    La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :

    "Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."

    La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).

    Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).

    On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).

    Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste

    L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.

    La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.

    C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.

    La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.

    C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.

    Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.

    Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.

    Un régime face à ses contradictions

    Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.

    Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels

    Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.

    La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.

    La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.

    Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.

    Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs

    Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.

    La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.

    Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.

    Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.

    Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire

    En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.

    Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.

    La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.

    Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).

    Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.

    https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
    #ESR #facs #souffrance

  • Restitution au Ghana d’objets royaux en or volés : quel est le deal ?
    https://www.justiceinfo.net/fr/128288-or-asante-pille-ghana-revient-pays-quel-deal.html

    L’or d’Asante, pillé au Ghana, revient au pays – quel est le deal ?
    9 février 2024 Par Rachel Ama Asaa Engmann (pour The Conversation France)

    150 ans après, 39 pièces faisant partie des costumes royaux du peuple Asante doivent être restituées à son souverain, l’Asantehene, qui siège à Kumasi, au Ghana, entre février et avril 2024. Rachel Ama Asaa Engmann, archéologue et spécialiste du patrimoine ghanéen, s’entretient avec Ivor Agyeman-Duah, conseiller technique de l’Asantehene pour ce projet majeur de restitution culturelle, au sujet du retour de ces objets et de ses implications.

    Au XVIIIe siècle, l’empire Asante était le plus grand et le plus puissant de la région et contrôlait une zone riche en or. De nombreux objets royaux en or ont été pillés par les troupes britanniques lors de la troisième guerre anglo-asante de 1874. La première collection de 7 objets est attendue du Fowler Museum de l’Université de Californie à Los Angeles. La deuxième collection de 32 objets proviendra du British Museum et du Victoria & Albert Museum au Royaume-Uni. Ces objets sont prêtés au peuple Asante pour une durée de six ans.

    RACHEL AMA ASAA ENGMANN : Que représentent ces objets et comment ont-ils été pillés ?

    IVOR AGYEMAN-DUAH : Il s’agit d’objets royaux qui ont été pillés en 1874 dans le palais de Kumasi après la mise à sac de la ville par les troupes militaires coloniales britanniques. Une autre expédition punitive a eu lieu en 1896, qui a donné lieu à d’autres pillages. Parmi ces objets figuraient des épées et des coupes d’apparat, dont certaines étaient très importantes pour exprimer la mesure de la royauté dans le palais. Par exemple, l’épée Mponponsuo, créée il y a 300 ans, remonte au légendaire Okomfo (chef spirituel) lié à la fondation de l’empire, Okomfo Anokye. C’est avec cette épée que l’Asantehene prêtait le serment d’allégeance à son peuple. Les chefs utilisaient la même épée pour lui prêter serment.

    Certains objets ont été vendus aux enchères sur le marché libre de Londres ; des collectionneurs d’art les ont achetés et ont finalement fait don de certains d’entre eux à des musées (d’autres ont été conservés dans des collections privées). Le British Museum et le Victoria & Albert Museum en ont également acheté.

    Cependant, tous les objets que vous voyez au British Museum n’ont pas été pillés. Par exemple, il y a eu des échanges culturels entre l’Asantehene Osei Bonsu et Thomas Edward Bowdich, un émissaire de l’African Company of Merchants qui s’est rendu à Kumasi en 1817 pour négocier des échanges commerciaux. Certains cadeaux ont été offerts à Bowdich, qui les a ensuite déposés au British Museum. Ces objets sont au nombre de 14.

    Comment l’accord a-t-il été conclu ?

    La question est à l’étude depuis un demi-siècle. Ce n’est pas seulement une préoccupation de l’actuel Asantehene. Les trois derniers occupants du trône s’en sont préoccupés. Mais cette année est cruciale car elle marque les 150 ans de la guerre de Sagrenti. Elle marque également les 100 ans du retour de l’Asantehene Agyeman Prempeh après son exil aux Seychelles et les 25 ans de l’ascension de l’Asantehene actuel, Oseu Tutu II, sur le trône.

    Ainsi, lors de son séjour à Londres en mai 2023, après avoir eu des entretiens officiels avec les directeurs de ces musées, il a rouvert les discussions et les négociations. Il m’a demandé, ainsi qu’à Malcolm McLeod, ancien conservateur et chercheur au British Museum et vice-principal de l’université de Glasgow, de l’aider à prendre les décisions techniques qui s’imposaient. Nous avons travaillé ensemble sur ce dossier pendant les neuf derniers mois.

    Pourquoi s’agit-il d’un prêt de six ans ?

    Le droit moral à la propriété existe. Mais il y a aussi les lois sur l’antiquité au Royaume-Uni. Le Victoria & Albert et le British Museum sont des musées nationaux. Ils sont régis par des lois très strictes qui n’autorisent pas le retrait permanent d’une œuvre d’art ou d’un autre objet de la collection d’un musée pour le vendre ou s’en débarrasser d’une autre manière.
    Cela a toujours été un facteur contraignant au cours des 50 dernières années. Mais il y avait aussi un moyen de conserver ces objets pour une durée maximale de six ans. Tous les objets ne sont pas exposés au British Museum. Beaucoup n’ont jamais été exposés et sont stockés dans un entrepôt. Compte tenu des circonstances et de la trilogie d’anniversaires, nous sommes parvenus à cet accord. Les discussions se poursuivront toutefois entre nous et ces musées pour trouver un accord durable.

    Bien entendu, l’expérience du Ghana sera importante pour les demandes de restitution émanant d’autres pays d’Afrique.
    Qu’est-ce que cela signifie pour le peuple Asante et pour le Ghana ?

    Le fait qu’au cours des deux derniers mois, nous ayons pu parvenir à une forme d’accord témoigne de l’intérêt que suscitent les accords multiculturels.
    Tout cet ensemble d’objets datant de 150 ans (ou plus) intéressera de nombreuses personnes. Ces pièces nous aident à faire le lien entre le passé et le présent. Elles sont significatives de la façon dont notre peuple était, en termes de créativité et de technologie, de la façon dont il était capable d’utiliser l’or et d’autres propriétés artistiques. Ils sont aussi une source d’inspiration pour ceux qui travaillent aujourd’hui dans le domaine de la production d’or.
    Le musée du palais de Manhiya rouvrira ses portes en avril. L’exposition de ces objets va augmenter la fréquentation du musée. Il accueille déjà environ 80 000 visiteurs par an et nous estimons que ce chiffre pourrait passer à 200 000 par an avec le retour de ces objets. Cela générera des revenus et nous permettra d’agrandir et de développer nos propres musées.

    #restitutions #pillages #musées #Ghana #Grande-Bretagne #colonisation

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres