• Gardiens du phare, Les dessous de #Produit_en_Bretagne

    Gardiens du phare, un podcast qui explore les dessous de Produit en Bretagne. En 1993, l’association est fondée par une poignée de chefs d’entreprises finistériens, représentants de l’#agro-alimentaire et de la #grande_distribution. Ils se sont fédérés pour, ensemble, lutter contre la disparition de leurs entreprises. Plus qu’une association régionale, Produit en Bretagne est aujourd’hui devenue un réseau influent, qui réunit plus de 480 entreprises bretonnes. Comment ce logo s’est-il répandu dans nos supermarchés ? Tous les produits viennent-ils vraiment de Bretagne ? Dans quelles conditions sont-ils fabriqués ?

    Dans ce podcast en 5 épisodes, découvrez une enquête réalisée par les étudiant·e·s de l’Institut Universitaire Technologique de Lannion.

    https://shows.acast.com/gardiens-du-phare

    #podcast #bretagne #marketing

  • Plus con tu meurs ! l’oeuf à 1 euro

    Carrefour City à Paris. Ici on sauve les poules de l’abattoir. Mais à 6 € les 6 œufs (entre 4 et 6 fois le prix) c’est mon portefeuille qui n’en sort pas vivant.

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2021/06/12/samedi-conso-mon-carnet-retail-mais-pas-que-de-la-semaine-167

    #grande_distribution #france #alimentation #carrefour #foutage_de_gueule #sans_viande #oeufs

  • Vidéosurveillance biométrique dans nos supermarchés
    https://www.laquadrature.net/2021/05/31/videosurveillance-biometrique-dans-nos-supermarches

    Pendant que le combat continue pour faire interdire la surveillance dans nos rues, le secteur privé déploie discrètement ses dispositifs jusque dans les supermarchés. Afin de détecter de vols, Carrefour, Monoprix, Super U ou encore…

    #Non_classé

  • Excédé.e.s face à l’attente aux caisses, des client.e.s abandonnent 168 caddies dans un supermarché.e ce 1er mai Idem pour d’autres magasins

    Privés de caissiers, le Géant Casino de Fréjus avait ouvert ses portes en libre-service ce samedi 1er mai.


    Illustration sexiste du Figaro, comme si les hommes étaient les seuls pousseurs de caddies.

    Mauvaise surprise pour les employés du Géant Casino de Fréjus (Var) en arrivant sur leur lieu de travail le dimanche 2 mai. La veille, plus d’une centaine de caddies ont été laissés à l’abandon dans les allées du supermarché. La raison ? Face à la longue attente aux caisses automatiques du magasin, certains clients impatients ont abandonné leur chariot avec leur course à l’intérieur.

    Bien qu’il s’agisse d’un jour férié, le supermarché avait gardé ses portes ouvertes en libre-service. L’absence de caissiers en raison de la fête du Travail a contrasté avec l’afflux de clients de ce samedi, qui ont dû se contenter des 21 caisses automatiques mises à leur disposition pour régler leurs achats. Ainsi, chaque client devait tour à tour scanner, peser, ranger et payer par carte, via l’application Casino Max ou par espèce en caisse rapide ses courses, ce qui a engendré de longues queues au moment de payer. Excédés face à l’attente, certains clients ont abandonné leur course, laissant derrière eux 168 caddies dispersés dans les allées du supermarché.

    En arrivant le lendemain, les salariés ont dû s’occuper du rangement et du réapprovisionnement des rayons. . . . . .

    La suite, sans intêret : https://www.lefigaro.fr/conso/excedes-face-a-l-attente-aux-caisses-des-clients-abandonnent-168-caddies-da

     #france #casino #monoprix  #carrefour #auchan #grande_distribution #travail #centre_commercial #Connards #travail #caissières

  • Le miel de montagne de la famille Vacher : Jura ? Pyrénées ? Non… Brésil. L’obligation de l’affichage de l’origine a du bon. Au moins pour le client (curieux) qui retourne le pot. Il y apprendra qu’il n’y a pas que des plages au Brésil.

    #miel #montagne #brésil #origine #grande_distribution
    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2021/04/24/samedi-conso-mon-carnet-retail-mais-pas-que-de-la-semaine-160

  • Pour faire des économies, Carrefour remplace une partie de ses CDD par des jeunes en contrat pro | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1618828051-economies-carrefour-remplace-cdd-jeunes-contrat-pro-supermar

    Depuis décembre 2020, le groupe Carrefour communique massivement sur sa dernière campagne de recrutement. Après une année de Covid-19, le groupe enregistre une croissance de son chiffre d’affaires « jamais vue en 20 ans » : 7,8% à l’échelle mondiale, 3,6% en France. C’est dans ce contexte qu’il ouvre son recrutement à 15 000 jeunes pour l’année 2021. Officiellement pour « soutenir la génération Covid », le géant de la grande distribution française entend pérenniser 7.000 postes en CDI et en créer 8.000 nouveaux en alternance. Chez les syndicats, cette annonce a fait plus que grincer des dents. À l’unisson, ils dénoncent une méthode « perverse qui détruit des CDD déjà en place » pour les remplacer par des jeunes en alternance ou des contrats-aidés.
    Faire des économies

    Objectif selon les syndicats : faire des économies en engrangeant les subventions. Un jeune en contrat pro alterne temps de formation et temps en entreprise. Il est payé au maximum à 90% du Smic, pour un job au drive ou en caisse où il sera vite aussi performant qu’un autre. L’employeur est également exonéré, en très grande partie, de cotisations sociales et patronales. Si l’on cumule ces avantages avec l’aide exceptionnelle pour les employeurs, c’est le jackpot : Carrefour fait presque 60% d’économies, par rapport à un salarié classique au Smic.

  • Résultats auchan carrefour 2020 + Gafam, Cac40 : La chanson de leurs Bons Calculs Économiques

    Le mot COVID ne serait il pas l’abréviation de : Capacité d’Ordonner Vite d’Immenses Dépenses à nos frais.

    Les nouvelles de la grande distribution : Auchan

    Passage du chiffre d’affaire consolidé de 46,4 en 2019 à 32,117 milliards d’euros en 2020. - 31% en une année. Que se passe t’il ?

    Perte de 945 millions d’euros en 2018 en chiffre d’affaire, et de 1255 millions d’euro en 2019.

    Par contre, le bénéfice net de 2020 : 900 millions d’euros, suite aux cessions stratégiques de la Chine, du Vietnam, de l’Italie (perte de prés de 14 milliards d’euros de chiffre d’affaire).

    Licenciements, postes supprimés du groupe auchan : 677 postes, en 2020, 1475 postes en cours en 2021.

    La marge commerciale reste autour de 24,5%.

    La valeur ajoutée passe de 12,5 à 13,1 %.

    Le résultat de l’excédent brut d’exploitation est passé à prés de 6%, alors qu’en 2018 il était de 4%.

    Les bénéfices sont là.

    La suite et les commentaires de notre économiste : https://www.campuslille.com/index.php/entry/resultats-auchan-carrefour-2020-gafam-cac40-bons-calculs-economiques

    #cac40 #Auchan #Mulliez #Carrefour #Casino #multinationales #grande_distribution #France #h&m . . . .

  • #DuFauxPourDeVrai : plus de transparence sur les fraudes alimentaires !
    https://www.foodwatch.org/fr/sinformer/nos-campagnes/transparence-et-scandales/scandales-alimentaires/petition-fraude-alimentaire

    Poulet gonflé à l’eau, thon avarié injecté d’additifs pour avoir l’air frais, faux miel, tomates espagnoles étiquetées françaises… la fraude alimentaire est partout et ces produits contrefaits, contaminés ou illégaux se retrouvent dans votre assiette.

    L’enquête que mène #foodwatch depuis plusieurs années révèle un business d’ampleur, qui rapporte gros et que les autorités, l’industrie #agroalimentaire et la #grande_distribution connaissent bien.
    Pourtant, le sujet reste tabou en France. Impossible de savoir quels sont précisément les produits concernés, où ils sont vendus, en quelle quantité. Pratiquement aucune information ne transparaît sur les sanctions prises à l’encontre des tricheurs… qui ne sont jamais exposés au grand jour.

    Or nous avons le droit de savoir. Vous avez le droit de savoir.

    Avec nous, exigez ce droit à plus de la transparence. Les ministres de l’économie et de l’agriculture en charge de la qualité de notre alimentation doivent s’engager concrètement contre ces fraudes alimentaires et contre l’opacité : signez et partagez la pétition !

    foodwatch a lancé cette pétition le 25 mars 2021

    Et un #livre

    Manger du faux pour de vrai
    par Ingrid KRAGL


    https://www.babelio.com/livres/Kragl-Manger-du-faux-pour-de-vrai/1312773

    #alimentation #fraude #contamination

  • Oise : abandonnés, squattés, délabrés… les supermarchés vides hantent villes et villages - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/oise-60/oise-abandonnes-squattes-delabres-les-supermarches-vides-hantent-villes-e


    #territoire

    Par Stéphanie Forestier
    Le 23 mars 2021 à 16h25

    Au bord des routes départementales et nationales, en plein cœur des villes et villages de l’Oise, ce sont des supermarchés à l’abandon. Des friches qui finissent par nuire à l’image des municipalités qui peinent à s’en débarrasser.

    Lassigny, Noyon, Beauvais, Les Ageux, Grandvilliers, Cambronne-lès-Ribécourt, Méru, Trosly-Breuil, Mouy, Nanteuil-le-Haudouin… La liste des villes concernées est longue et le phénomène difficile à chiffrer.

    Dans l’Oise, une quinzaine de ces locaux vacants seraient, a minima, recensés à ce jour. D’un point de vue légal, un espace commercial inutilisé pendant trois ans devient une friche.

    « Ce phénomène ne fait que commencer, s’alarme-t-on à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Oise. L’accroissement du commerce en ligne et l’appétence des consommateurs pour les surfaces plus petites font que ce modèle commercial est en mutation. »

  • Les « dark stores », ces supermarchés sans clients et entièrement conçus pour la vente en ligne
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/17/dark-store-plongee-dans-un-supermarche-de-l-ombre_6073393_3234.html

    Ils ont la fonctionnalité d’un entrepôt, mais l’organisation d’un magasin. A Paris, des salariés de Monoprix préparent des commandes à des dizaines de mètres sous terre.

    Par Cécile Prudhomme

    A l’intérieur du « dark store » de Monoprix, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, le 12 mars.
    A l’intérieur du « dark store » de Monoprix, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, le 12 mars. A. POTIGNON / MONOPRIX

    Des pommes rutilantes viennent d’être soigneusement rangées sur leur gondole au milieu des fruits et légumes, face à l’armoire réfrigérée dédiée aux surgelés, et à quelques mètres du rayon des yaourts. Dans les allées de ce supermarché Monoprix, les chariots de courses se croisent et se remplissent sous le halo industriel d’une dizaine de néons : les produits frais dans des cabas isothermes bleus, le reste dans d’épais sacs en papier kraft. Le bruit de leurs roulettes résonne, amplifié par la hauteur sous plafond et les murs en parpaings.

    Mais dans ce magasin, il n’y a aucun client… Ou plutôt si, un seul : le géant américain Amazon. Qui vient satisfaire ici les besoins de courses alimentaires de ses internautes voulant être livrés au maximum dans les deux heures qui suivent leur achat.

    #E-commerce #Amazon #Monoprix #Logistique #Nouvelle_domesticité

  • Autoréduction à Paris ce samedi, via @Paroleerrante sur touiteur
    https://twitter.com/Paroleerrante/status/1355489979405893633

    Autoréduction réussie à Paris dans un carrefour [market]. Les caisses ont été bloquées le temps que la direction accepte de ne pas porter plainte, ce qui a permis de sortir le contenu de 25 caddies, des produits alimentaires et hygiéniques

    Deux vidéos (que je ne sais importer ici...)
    https://twitter.com/BMasques/status/1355453473995845632
    https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    Le #tract (qui n’avait pas prévu l’absence de confinement)

    Nous appelons chacun et chacune à continuer de s’organiser pour mener des actions solidaires.

    Nous n’en avons pas fini avec la crise sanitaire et sociale. #autoréduction une lecture recommandée : AUTO-RÉDUCTIONS ! Expériences d’auto-réductions dans le mouvement autonome italien des années 70 https://infokiosques.net/spip.php?article620

    À propos d’autoréductions, on peut également consulter un chapitre de La horde d’or : Des bancs publics aux centres sociaux http://ordadoro.info

    Des supermarchés de centre ville, on en trouve partout.
    Diverses revendications d’#autoréductions en utilisant un moteur de recherche : « autoréductions cip-idf » (ce site a un bug mais des document restent lisibles).

    1/ Note PRATIQUE : bloquer les caisses avec des caddies pleins aux heures de pointe fait perdre du fric à l’entreprise, ce qui donne du poids à une négociation qui a pour objectif que la direction ne porte pas plainte, ne sollicite pas une intervention policière

    2/ Sans demande du responsable de supermarché (pour tentative de vol ou autre), la police ne dispose pas dun cadre légal pour intervenir. On a vu des manifestants sortir avec des caddies entre deux haies de CRS et de civils, sans suite.

    3/ A contrario , sur ordre de la préfecture, les policiers peuvent faire pendant l’action pression pour que la direction requière une intervention. Parfois avec succès. Même si c’est pas le cas, cela rend la négociation plus difficile pour les manifestants.❞

    #Carrefour #grande_distribution #solidarité #luttes

    • Paris. Des militants obligent un Carrefour à les laisser partir avec des caddies remplis sans payer
      https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/carrefour/paris-des-militants-obligent-un-carrefour-a-les-laisser-partir-avec-des

      Après des négociations, le magasin les a laissées repartir avec des caddies remplis de produits alimentaires et hygiéniques, devant des policiers qui ont procédé à des [deux] contrôles d’identité.
      Le directeur du magasin, interrogé par l’AFP, a souligné des « moments de tension » et regretté la mise en danger de ses clients. « Carrefour étudie les suites à donner en matière judiciaire », a indiqué une porte-parole de l’enseigne.

    • Bonne nouvelle numéro deux : Relaxée après un vol chez Carrefour
      https://www.sudinfo.be/id318256/article/2021-01-27/une-maman-prise-en-flagrant-delit-de-vol-avec-sa-fille-au-carrefour-market

      Une mère de famille verviétoise a été pincée en flagrant délit de vol ce mardi après-midi, au Carrefour Market du centre-ville de Verviers. Elle était en compagnie de sa fille.

      L’auteur des faits est une Verviétoise de 31 ans accompagnée de sa fille en bas âge. Elle a dérobé de l’alimentation et du dentifrice.

      « Elle a été entendue sur les faits et relaxée », termine la police.

    • Un Carrefour cambriolé par un obscur groupuscule anti-précarité

      Dans la journée du 30 janvier, un magasin parisien du groupe Carrefour a été investi et cambriolé par un collectif inconnu de militants. Ce dernier prétendait « réquisitionner » les denrées du magasin au profit des « précaires ».

      Scène hallucinante dans les rayons d’un Carrefour parisien. Samedi 30 janvier, un groupuscule qui se revendique anti-précarité et anti-raciste s’est introduit dans le magasin, afin d’en « réquisitionner » certains produits alimentaires et hygiéniques. L’opération est intégralement filmée et diffusée sur Twitter, via le compte « Cerveaux non-disponibles » (près de 60 000 abonnés), qui relaie fréquemment les actions et mouvements sociaux. Munis d’un mégaphone, les activistes procèdent au pillage des rayons du magasin, remplissant plusieurs chariots entiers. Ils entreprennent ensuite de bloquer toutes les caisses, jusqu’à ce que la direction du site les autorise à sortir. L’opération est alors sobrement qualifiée… de « réquisition négociée » par le compte « Cerveaux non-disponibles ». Il affirme également que les activistes « ont obtenu gain de cause [et] sont sortis sans encombre [afin] de procéder à des distributions des victuailles, à des familles et personnes dans le besoin ».

      « Carrefour assassin, Carrefour raciste »

      Dans un communiqué diffusé sur ce même compte Twitter, le groupuscule d’activistes développe sa rhétorique, et explique son geste. Fait notable : le cambriolage n’est pas revendiqué par un groupe existant ou connu, mais par « des étudiant.es, des retraité.es, chômeur.ses, travailleur.ses et individus en lutte contre la précarité ». Ces derniers affirment que, face à l’explosion de la précarité, la distribution classique de biens de première nécessité par les banques alimentaires « ne suffit plus ». Surtout, les militants accusent le groupe Carrefour d’avoir fait trop de bénéfices en 2019, et de connaître des retards de paiement dans une prime de 1 000 euros promise aux employés pendant le premier confinement. Enfin, et pour conclure sa démonstration, le collectif accuse Carrefour d’être… un groupe assassin et raciste. En cause ? La mort d’un homme noir, tabassé par des vigiles d’un Carrefour de Porto Alegre… au Brésil. Un crime qui, selon le communiqué, « s’inscrit dans la polémique du Groupe Carrefour au Brésil, qui correspond au racisme systémique du pays ».

      Pour qui voudrait parcourir des commentaires souvent proches du ton de cet article
      https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    • Retour sur l’autoréduction de samedi à Paris et appel à démultiplier les actions
      https://paris-luttes.info/retour-sur-l-autoreduction-de-14719

      Concernant les pourparlers, ils ont essentiellement porté sur la nature et la qualité des produits. Selon la direction de Carrefour, le précaire doit manger des biens médiocres ou des invendus. Nous avons refusé leurs miettes pour récupérer les bonnes choses, celles auxquelles tout le monde devrait avoir accès. Sur la fin, la police a malheureusement fait deux contrôles d’identité avant que nous puissions tous.tes reprendre le métro.

      Nous redistribuerons les marchandises cédées gracieusement aux collectifs dans lesquels nous militons, pour les publics les plus touchés par la crise (exilés, précaires, mères isolées, familles en galère...). Nous ne voulons plus attendre la charité pour lutter contre la précarité.

      La crise économique liée à la crise sanitaire n’en est qu’à ses débuts et les rassemblements statiques ne suffiront plus ! Blocages de l’économie, grèves, réquisitions de logements, autoréductions dans les supermarchés, démultiplions les actions de solidarité !

  • France : le service de #livraison #Stuart limoge des dizaines de travailleurs sans-papiers

    La plateforme de livraison Stuart a radié du jour au lendemain une quarantaine de livreurs sans-papiers. Si l’entreprise se défend de se mettre « en conformité avec la loi », les travailleurs assurent que Stuart savait pertinemment qu’elle employait des étrangers en situation irrégulière. Soutenus par un collectif, ils demandent aujourd’hui leur #régularisation.

    La semaine dernière, l’hebdomadaire L’Obs révèle que 24 livreurs sans-papiers ont été limogés du jour au lendemain par la plateforme française Stuart. La société, filiale de #La_Poste, assure la livraison d’entreprises de la #restauration, de la #grande_distribution, ou encore de #commerces_indépendants. Motif de leur #radiation : ils n’ont pas de #papiers en règle.

    Depuis la publication de l’article de l’Obs, d’autres salariés étrangers ont eux aussi été licenciés. « On est une quarantaine dans cette situation, et les #licenciements continuent encore aujourd’hui », assure à InfoMigrants Mamadou.

    Ce Sénégalais de 29 ans travaillait pour Stuart depuis mai 2019 quand le 29 septembre dernier, il a reçu un mail de la compagnie : son compte a été désactivé. Le jeune homme ne peut plus se connecter à l’application qui lui permettait d’accepter des livraisons. Stuart lui annonce que ses documents d’identité ne lui donnent pas le droit d’être employé en France et qu’il est radié de la plateforme, sans plus d’explication.
    « Ils nous ont exploité en pleine crise sanitaire »

    Mamadou dénonce #hypocrisie de la société. « Lorsque je me suis inscrit sur Stuart, j’ai pourtant donné mon passeport sénégalais. Dès le départ, ils savaient que j’étais étranger », raconte-t-il. « À la fin du confinement, Stuart m’avait déjà demandé de renvoyer mes documents d’identité, ce que j’avais fait. Mais ils ne m’avaient pas coupé l’accès à l’application pour autant », poursuit-il.

    Durant un an et demi au sein de l’entreprise, le Sénégalais a effectué 1 845 courses. « J’ai livré des fleurs, des médicaments, des produits de chez Monoprix ou du McDonald’s…etc ». Mamadou travaille 10 heures par jour, même pendant le #confinement. « Ils nous ont exploités en pleine #crise_sanitaire et maintenant ils nous mettent dehors », dit-il désabusé.

    Dans leur combat, les travailleurs licenciés peuvent compter sur le soutien du #collectif_des_livreurs_autonomes_de_Paris (#Clap). « Les sans-papiers deviennent les petites mains de ces entreprises. Sans eux, il n’y aurait pas eu de livraisons pendant le confinement. Ceux qui travaillaient légalement se sont arrêtés car ils ont touché des aides », assure Jérôme Pimot, cofondateur et porte-parole de Clap, « Stuart fait mine de ne pas savoir que l’entreprise employait illégalement des sans-papiers mais comment est-ce possible quand la majorité ont fourni un passeport étranger lors de leur inscription ? »

    « Mise en conformité avec la #loi »

    Interrogée par l’AFP, la plateforme estime n’avoir « d’autre choix que se mettre en conformité avec la loi dès lors que les #fraudes ont été portées à sa connaissance ». « Stuart vérifie systématiquement les pièces d’identité et titres de séjour des livreurs partenaires de la plateforme », indique la plateforme. La vague de #déconnexion ces dernières semaines est liée à l’entrée en vigueur en avril d’un « outil informatique d’#authentification des documents, capable de détecter des #falsifications invisibles à l’œil nu », explique-t-elle.

    Cette affaire n’est pas sans rappeler celle d’une autre plateforme de livraison de repas, #Frichti. Quelque 200 livreurs sans papiers avaient entamé en juin un mouvement de protestation après avoir été radiés, là aussi, juste après le confinement. Une moitié d’entre eux ont réussi à engager une démarche de régularisation auprès de la préfecture de police, avec le soutien de la CGT.

    Les livreurs radiés de Stuart entendent eux aussi obtenir leur régularisation. Clap a demandé la semaine dernière un entretien avec l’entreprise. Celle-ci a accepté de recevoir les travailleurs sans-papiers individuellement, évoquant des restrictions en raison du Covid. « Ils nous disent qu’ils n’ont pas de salle pouvant recevoir quatre personnes », explique Jérôme Pimot qui craint des pressions si un travailleur sans-papier se présente seul au rendez-vous face aux cadres de Stuart.

    En attendant qu’une entrevue avec les syndicats soit enfin programmée, les livreurs et Clap comptent bien maintenir la pression. Un rassemblement est prévu en début de semaine prochaine devant le siège de la société, dans le 17e arrondissement de Paris.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/28029/france-le-service-de-livraison-stuart-limoge-des-dizaines-de-travaille
    #travail #exploitation #sans-papiers

    ping @karine4 @isskein

  • ’We pick your food’ : migrant workers speak out from Spain’s ’Plastic Sea’

    In #Almería’s vast farms, migrants pick food destined for UK supermarkets. But these ‘essential workers’ live in shantytowns and lack PPE as Covid cases soar.

    It is the end of another day for Hassan, a migrant worker from Morocco who has spent the past 12 hours under a sweltering late summer sun harvesting vegetables in one of the vast greenhouses of Almería, southern Spain.

    The vegetables he has dug from the red dirt are destined for dinner plates all over Europe. UK supermarkets including Tesco, Sainsbury’s, Asda, Lidl and Aldi all source fruit and vegetables from Almería. The tens of thousands of migrant workers working in the province are vital to the Spanish economy and pan-European food supply chains. Throughout the pandemic, they have held essential worker status, labouring in the fields while millions across the world sheltered inside.

    Yet tonight, Hassan will return to the squalor and rubbish piles of El Barranquete, one of the poorest of 92 informal worker slums that have sprung up around the vast farms of Almería and which are now home to an estimated 7,000-10,000 people.

    Here, in the middle of Spain’s Mar del Plastico (Plastic Sea), the 31,000 hectares (76,600 acres) of farms and greenhouses in the region of Andalucía known as “Europe’s garden”, many of El Barranquete’s inhabitants don’t have electricity, running water or sanitation.

    Hassan’s house, like all the others in El Barranquete, is constructed from whatever he could find on rubbish dumps or the side of the road; pieces of plastic foraged from the greenhouses, flaps of cardboard and old hosing tied around lumps of wood. Under Spain’s blazing sun, the temperature can reach 50C – at night the plastic sheeting releases toxic carcinogenic fumes while he sleeps.

    When he first arrived in Spain, Hassan was stunned by how the workers were treated on the farms. Like other workers in El Barranquete, Hassan says he earns only about €5 (£4.50) an hour, well under the legal minimum wage. “The working conditions are terrible,” he says. “Sometimes we work from sunup to sundown in extreme heat, with only a 30-minute break in the whole day.”

    Now, as Almería faces a wave of Covid-19 infections, workers say they have been left completely unprotected. “We pick your food,” says Hassan. “But our health doesn’t matter to anyone.”

    In August, the Observer interviewed more than 45 migrants employed as farm workers in Almería. A joint supply chain investigation by Ethical Consumer magazine has linked many of these workers to the supply chains of UK supermarkets including Tesco, Sainsbury’s, Asda, Lidl and Aldi.

    All claimed to be facing systemic labour exploitation before and throughout the pandemic such as non-payment of wages and being kept on illegal temporary contracts. Many described being forced to work in a culture of fear and intimidation. Some of those who complained about conditions said they had been sacked or blacklisted.

    Workers employed by Spanish food companies linked to UK supermarkets also claimed that throughout the pandemic they have been denied access to adequate personal protective equipment (PPE) that under Spanish law they are entitled to as essential workers. Many said they were not given enough face masks, gloves or hand sanitiser and have been unable to socially distance at work.

    One man employed at a big food company supplying the UK says that he has only been given two face masks in six months.

    In response to the investigation, the British Retail Consortium – members of which include Sainsbury’s, Asda, Lidl and Aldi – released a statement calling on the Spanish government to launch an inquiry.

    Commenting on the Observer’s findings, Olivier De Schutter, the United Nations special rapporteur on extreme poverty, says the situation facing migrant workers in southern Spain is a human tragedy.

    “The pandemic has exacerbated the unacceptable conditions facing migrant workers and the Spanish government must urgently act. But two-thirds of all fruit and vegetables consumed across Europe and the UK come from these greenhouses and all the companies and retailers up these supply chains have a responsibility to these workers as well,” he says.

    Spain is experiencing the highest numbers of new Covid-19 infections in Europe, with the province of Almería recording more than 100 new cases a day.

    Despite the local government in Almería claiming that the virus has not reached the plastic settlements, there have been multiple outbreaks on farms across the province and in the cortijos, the dilapidated housing blocks near the farms in which workers live.

    As Covid-19 infections rise, medical charities such as as Médicos del Mundo are supplying masks, gloves and temperature checks in the settlements in scenes more reminiscent of a disaster zone than one of the richest countries in the world.

    “People want to protect themselves, but they cannot”, says Almudena Puertas from the NGO Cáritas. “They are here because there is work and we need them.”

    In the past month, the local government in Andalucía has allocated €1.1m to create better health and safety conditions, but critics say they have yet to see any significant improvements.

    “I do not understand why these people are not being rehoused in better accommodation. Do we have to wait for them to get Covid instead of looking for a much more dignified place, with adequate hygienic conditions?” says, Diego Crespo, a Forward Andalucía party MP.

    Hassan knows that his work and living conditions make him vulnerable to becoming infected with Covid-19. When asked whether he is supplied with PPE at work, Hassan laughs. “Gloves and face masks in the greenhouse? Temperature checks?” he says. “They don’t give you anything.”

    Like many of the people living in the settlements, he say he is more scared of not being able to work than they of becoming ill. If he can’t send money home, his children don’t eat.

    One groups of workers say that they lost their jobs after testing positive for Covid-19 and quarantining at home. Muhammad, a farm worker from Morocco, said that when he and others had recovered and returned to work, some of them were told there was no work for them.

    “When I contracted Covid-19, I’d already spent two years working for this company without papers and two years on a temporary contract, but when I came back they said there is nothing for me here,” he says. He says he and the other workers who did not get their jobs back also did not receive the sick pay they were entitled to as essential workers.

    The Soc-Sat union, which represents agricultural workers across Almería, says the failure to provide farm workers with basic PPE speaks to the culture of impunity that surrounds the mistreatment of Spain’s migrant workforce.

    “Around 80% of fruit companies in Almería are breaking the law,” says José García Cuevas, a Soc-Sat union leader. The union says that across the region, widespread fraud is being perpetrated on the farm workers. “People will work 25 days but their employers will only count 10,” he says. “Or when you look at the payslips, it says €58 a day, which is minimum wage but that’s not what the worker is receiving.” He says that according to figures from the General Union of Workers, workers lose out on up to €50m of wages every year.

    For decades, the exploitation and abuse of migrant workers in Spain has been widely condemned by UN officials and human rights campaigners, but to little effect.

    Soc-Sat says that in 2019 it dealt with more than 1,000 complaints from migrant workers about exploitation and working conditions. This year it also says it has helped workers file legal complaints against food companies in Almería for breaching labour laws and not providing adequate PPE.

    “If, under normal conditions, health and safety regulations are not followed, you can imagine what’s happening in the current situation with a pandemic,” says García Cuevas.

    In its statement, the British Retail Consortium (BRC) says its members have zero tolerance for labour exploitation: “Many grocery members have funded and supported the Spain Ethical Trade Supplier Forums ... We call on the Spanish government to launch an investigation into labour conditions in the Almería region to help our members stamp out any exploitative practices.”

    In a separate statement, Tesco says it was aware of the issues surrounding migrant workers in Southern Spain and that the company worked closely with growers, suppliers and Spanish ethical trade forums to ensure good standards.

    The Andalucían Ministry for Labour, Training and Self-Employment in Andalucía said that it had delivered training for businesses on how to protect workers against Covid-19. In a statement it says, “You cannot criminalise an entire sector that is subject to all kinds of controls by the labour, health and other authorities and that must also abide by strict regulations regarding the protection of workers’ rights and prevention and occupational health.”

    In two weeks, the greenhouses of Almería will be at their busiest as the high season for tomatoes, peppers and salad begins. Ali, a farm worker who has been in Spain for more than 15 years, doesn’t expect his situation to improve.

    “If you complain, they will say: ‘If you don’t want to work here then go home,’” he says. “Every worker here has a family, a wife and children, but the only thing that matters is that we work to get the vegetables to Germany or the UK. It’s like they have forgotten we are also human beings.”

    https://www.theguardian.com/global-development/2020/sep/20/we-pick-your-food-migrant-workers-speak-out-from-spains-plastic-sea
    #Espagne #agriculture #exploitation #asile #migrations #travail #alimentation #plastique #supermarchés #grande_distribution #migrants_marocains #serres #légumes #Tesco #Sainsbury’s #Asda #Lidl #Aldi #El_Barranquete #Mar_del_Plastico #Andalucía #Andalucia #travail #conditions_de_travail #esclavage_moderne #covid-19 #coronavirus #logement #hébergement #Soc-Sat #British_Retail_Consortium (#BRC) #Spain_Ethical_Trade_Supplier_Forums

    ping @isskein @karine4 @thomas_lacroix

  • Ventes de masques au grand public : les mensonges du gouvernement | Reflets.info
    https://reflets.info/articles/ventes-de-masques-au-grand-public-les-mensonges-du-gouvernement

    Cela peut paraître incroyable, mais les pharmaciens et la grande distribution, entre autres, pouvaient vendre des masques chirurgicaux depuis le 23 mars. Et pourtant le discours était tout autre. Les autorités sanitaires le martelaient dans les médias : interdiction de vendre des masques chirurgicaux et FFP2 au grand public. Syndicats de pharmaciens et Ordre national ne disaient pas autre chose. De toute façon, jusqu’à une date très récente, ces masques n’étaient, paraît-il, pas nécessaires. Ces éléments de langage servaient surtout à masquer l’imprévoyance organisée par les gouvernements successifs, déjà sous Nicolas Sarkozy, après le départ de Roselyne Bachelot, sous François Hollande puis sous Emmanuel Macron, comme l’a démontré entre autres Libération.

    • « On a fait comme si c’était interdit alors que ça ne l’était pas, explique un cadre d’un répartiteur pharmaceutique sous couvert d’anonymat. La vente a toujours été légale, il n’y a jamais eu d’arrêté disant que les pharmaciens n’avaient plus le droit de vendre des masques. L’État a organisé un rationnement sans le dire. Il y avait tellement peu de masques pour le personnel de santé, que l’Etat ne pouvait pas se permettre de montrer que le grand public pouvait en avoir. Avec ce décret du 23 mars qui menace de réquisition au-delà d’un achat de 5 millions de masques, ce qui est une toute petite quantité, si vous ajoutez en plus le discours du gouvernement et du directeur général de la Santé, M. Salomon, vous verrez que le parti pris du gouvernement, c’est pas de vente en pharmacies, puisqu’il n’y a pas assez de masques pour les soignants. En clair, on nous demande de ne pas les vendre. Ce n’est pas la loi, mais quand vous avez le gouvernement qui dit ça dans toutes les conférences de presse pendant un mois, vous êtes pharmacien, vous vous posez la question, est-ce que vous le faites, est-ce que vous le faites pas. Donc c’est un gentleman agreement qui a perduré pendant toute la crise jusqu’à cette semaine. Quand vous êtes pharmacien et inscrit à l’Ordre, quand vous êtes syndicalistes et que vous respectez la parole des pouvoirs publics. Quand les pouvoirs publics vous demandent de ne pas vendre de masques, aussi parce que l’État en distribue en parallèle et que vous êtes dans une forte tension d’approvisionnement pour l’hôpital, vous respectez ça. Nous avions le droit d’en vendre. Quand vous êtes une profession réglementée, vous ne vous amusez pas à ne pas respecter les paroles des autorités. Ce n’était pas une question légale, c’était une question éthique et morale. Les pharmaciens sont des personnes disciplinées qui respectent les pouvoirs publics et qui sont restées dans les consignes que le gouvernement leur a donné. »

      Le grand public qui n’a pas eu les moyens de se protéger du Coronavirus et les malades du Covid qui n’ont jamais eu accès aux masques même sur ordonnance, alors que les filières d’approvisionnement existaient, apprécieront...

    • De toute façon, les masques étaient inutiles pour le grand public. C’est ce qu’indiquait l’inénarrable porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye à BFM TV le 17 mars : « Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade. »

      Le 17 mars au soir, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, affirmait lors de son point presse quotidien que dans la rue, énormément de gens ont des masques qui sont mal ajustés et donc se contaminent massivement en pensant être protégés alors que ces masques sont réservés aux professionnels de santé. Il n’y a pas de raison de porter un masque dans la rue, expliquait-il.

      Le 25 mars, Sibeth Ndiaye précisait, invoquant Jupiter lui-même, que « le président ne porte pas de masque parce qu’il n’y en a pas besoin d’un masque quand on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres ». Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron visitait l’hôpital de campagne de Mulhouse avec un masque FFP2 sur le visage...

      Elle n’a pas tort, Ndiaye... Sauf qu’avec la longueur de la période d’incubation de cette maladie, on ne sait pas si on est malade !

  • Covid-19 : des masques « grand public » pour cacher la pénurie | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/030520/covid-19-des-masques-grand-public-pour-cacher-la-penurie

    Faute de masques chirurgicaux, le gouvernement a créé en deux mois une filière de masques anti-postillons en tissu. La France est le premier pays européen à expérimenter massivement ces modèles ni certifiés, ni normés et scientifiquement mal connus.

    Fini les discours sur la prétendue inutilité du masque. Comme l’a indiqué mardi le premier ministre Édouard Philippe lors de l’annonce de son plan de déconfinement, les masques seront obligatoires dans les transports et fortement recommandés dans l’espace public.

    Mais, faute de disposer de masques chirurgicaux en nombre suffisant, une grande partie de la population devra se contenter de masques en tissu lavables et réutilisables, des masques baptisés « grand public », dont l’exécutif a fait la promotion toute la semaine. Les Français pourront en acheter à partir de lundi chez les buralistes ou dans les grandes surfaces, pour des prix variant de 2 à plus de 10 euros.

    « Progressivement, nous parviendrons à une situation classique où tous les Français pourront, sans risque de pénurie, se procurer des masques “grand public” dans tous les commerces », a déclaré mardi Édouard Philippe. « Grâce à la mobilisation de tous, il y aura donc assez de masques dans le pays pour faire face au 11 mai » , a-t-il promis.

    Vu le manque de masques chirurgicaux et le fiasco de l’approvisionnement des soignants (lire ici), le gouvernement a dû trouver une alternative dans l’urgence. Résultat : la France est le seul pays d’Europe qui a misé sur l’équipement massif en masques en tissu.

    En moins de deux mois, l’État et ses partenaires ont réussi à créer, fabriquer et labelliser le premier modèle du genre destiné à une production industrielle. L’exécutif a mobilisé 242 entreprises textiles françaises, qui ont déjà produit 41 millions de masques en trois semaines. Mais aussi les couturières et couturiers amateurs, invités à participer à l’effort de guerre.

    Toutefois ce pari pose question. L’État a défini des critères de qualité, afin que les masques filtrent 70 à 90 % des particules. Mais il a lancé sur le marché, sans disposer de recul expérimental, des masques qui ne correspondent à aucune norme et certification officielle. Ils sont d’ailleurs interdits chez les soignants, vu les incertitudes scientifiques sur leur efficacité.

    Le recours aux masques en tissu pose aussi un problème d’inégalité en matière de protection contre le Covid-19. La #grande_distribution vient en effet d’annoncer la mise en vente progressive de centaines de millions de masques chirurgicaux (lire ici). Avec d’un côté les Français qui pourront en acheter, et les autres qui devront se contenter du tissu.

    Efficacité enjolivée et incertitudes scientifiques

    La communication de l’exécutif au sujet des performances des modèles « grand public » est pour le moins contradictoire. D’un côté, les autorités rappellent, à raison, que ce masque n’est pas à lui seul un rempart face au virus, et qu’il n’est qu’un complément de la distanciation sociale et des gestes barrières.

    De l’autre, plusieurs membres du gouvernement n’ont pas hésité à enjoliver leur efficacité. « Les masques grand public nous paraissent […] garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent » , a indiqué le premier ministre Édouard Philippe lors de sa conférence de presse du 19 avril.

    « Ce masque, il offre une capacité de filtration de l’ordre de 90 %, c’est-à-dire qu’il a quasiment la même filtration qu’un masque destiné aux soignants » , ajoutait quatre jours plus tard sur France 2 le ministre de la santé Olivier Véran, en montrant un exemplaire aux téléspectateurs. « Ce sont des masques pour protéger, pour participer à la protection des gens. »

    Pourtant, les masques « grand public » n’apportent pas de garantie de protection individuelle à ceux qui les portent, contrairement à ceux destinés aux soignants : les FPP2 (les masques de protection, les plus performants, conçus pour empêcher d’inhaler le virus) et les chirurgicaux (conçus pour empêcher leur porteur de contaminer les autres, mais qui protègent des gouttelettes et postillons).

    « Ces masques n’ont pas été soumis à l’ensemble des tests d’efficacité prescrits par les normes en vigueur » , explique l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), en rappelant que « le peu d’études scientifiques sur les performances de filtration des masques en tissu montrent une efficacité de filtration inférieure à celle des masques chirurgicaux » .

    La seule étude randomisée comparant leur efficacité à celle des masques chirurgicaux, portant sur 1 600 membres du personnel de 14 hôpitaux vietnamiens pendant le Sras, a été publiée dans le British Medical Journal en 2015. Elle concluait que « la pénétration des masques en tissu par des particules était de près de 97 % et [pour] les masques médicaux de 44 % ».

    « La rétention d’humidité, la réutilisation des masques en tissu et une mauvaise filtration peuvent entraîner un risque accru d’infection, signalait la célèbre revue. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour éclairer l’utilisation généralisée des masques en tissu à l’échelle mondiale. »


    Des travailleurs prennent le train en gare du Nord, le 28 avril. © Thomas COEX / AFP

    Tous les médecins interrogés s’accordent à dire que le dispositif ne convient pas en milieu hospitalier. À la mi-mars, la pénurie de chirurgicaux était telle que certains soignants ont commencé à s’équiper en masques en tissu après avoir lancé des appels locaux auxquels des industriels du textile ont répondu. Certains hôpitaux ont même passé des commandes.

    Pour stopper le mouvement, la Société française des sciences de la stérilisation (SF2S) et la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) ont publié le 21 mars une recommandation déconseillant formellement l’usage de masques en tissu comme « solutions palliatives pour couvrir les besoins des soignants et des usagers des établissements » . « Il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité des masques en tissu », insiste cet avis.

    Interrogé par Mediapart, le ministère de la santé répond que la note du 21 mars s’inscrit dans le contexte de l’équipement de certains soignants en masques en tissu qui n’étaient « pas testés » , et qu’elle ne concerne que leur usage médical.

    Le ministère s’est contenté d’indiquer que l’usage des masques « grand public » a été validé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), mais n’a pas souhaité nous dire sur quelle base scientifique.

    Les autorités précisent que ces masques constituent seulement un « moyen de réduction du risque complémentaire » aux gestes barrières, offrant une « protection » dans les situations de la vie quotidienne, qui n’ont rien à voir avec « ce que rencontre un soignant dans un service de réanimation ».

    « C’est adapté au risque de transmission dans la population » , considère lui aussi le professeur Didier Lepelletier, qui a cosigné la note du 21 mars en tant président du conseil scientifique de la SF2H, et qui copréside le groupe Covid-19 du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). « C’est moins bien qu’un masque chirurgical et bien sûr moins bien qu’un masque FFP2, mais le masque grand public est une mesure complémentaire – après la distance physique, l’hygiène des mains et les gestes barrières » , précise-t-il.

    Une stratégie de protection collective

    Si les masques en tissu ne protègent qu’imparfaitement les individus, le gouvernement, ainsi que les experts interrogés par Mediapart, estiment qu’ils peuvent assurer une protection collective. Son port « par le plus grand nombre a pour objectif de freiner la contamination » , car les masques « permettent de bloquer en grande partie l’expulsion de gouttelettes contaminantes » , indique le ministère de la santé à Mediapart.

    « L’important c’est le double port par les gens [émetteur des postillons et récepteur – ndlr] », explique la docteur Dominique Abiteboul, conseillère médicale au Groupe d’études et de recherches sur l’exposition des soignants (GERES). « Si par exemple dans un supermarché tout le monde en porte, et que les gens ne font pas n’importe quoi avec leurs masques bien sûr, cela va faire en sorte que beaucoup moins de gouttelettes vont être émises à la parole dans l’environnement, et en complément de la distanciation sociale, c’est quand même un net plus » , considère-t-elle.

    « Le sujet c’est que tous les Français doivent porter un masque pour que collectivement on se protège. Vous vous souvenez de la campagne contre le sida, “Ça ne passera pas par moi”, là, c’est pareil : je ne serai pas un transmetteur du virus, donc je mets un masque » , ajoute Jacques-Hervé Lévy, le directeur général de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), associé au projet du gouvernement.

    Cette stratégie s’appuie sur deux études scientifiques publiées en 2009 et 2013, dans le contexte de la pandémie de grippe A H1N1. Elles montrent que des masques en tissu artisanaux, même fabriqués avec de simples tee-shirts, sont certes moins performants que ceux des soignants, mais parviennent tout de même à filtrer une part significative des particules, et contribuent donc à limiter la propagation du virus.

    Conclusion de l’étude de 2013, réalisée par des chercheurs de l’université de Cambridge : les masques en tissu faits maison « doivent seulement être considérés en dernier recours pour prévenir la transmission de gouttelettes par les individus infectés, mais ce serait mieux que pas de protection » .

    Un projet monté tardivement et dans l’urgence

    Justement, début mars, le gouvernement n’avait rien à proposer aux Français. Le retard pris depuis la fin janvier et le fiasco dans l’approvisionnement étaient tels que l’État ne parvenait même pas à fournir correctement les hôpitaux en masques chirurgicaux et FFP2 (lire nos enquêtes ici et là).

    D’où l’idée d’essayer de produire en urgence des masques en tissu, avec la meilleure qualité possible. « Le lancement s’est fait très précocement, et sans aucune base » , rappelle le Dr Lambert, président de la SF2S.

    Le 6 mars, soit un mois et demi après avoir diagnostiqué la pénurie, Bercy commence à sonder des industriels du textile. Pour la technique, le gouvernement appelle l’armée à la rescousse. La mission échoit au laboratoire de la Direction générale de l’armement (DGA) de Vert-le-Petit (Essonne), spécialisé dans la « défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique » . Son expertise se déduit de son intitulé : il vérifie et met au point les masques de protection des forces armées.

    Le 16 mars, la DGA publie une « lettre aux industriels » signée par l’ingénieur général de l’armement Raymond Levet, détaillant le « cahier des charges » et la « procédure de test » . L’objectif est dans un premier temps très ambitieux : il s’agit de « confectionner des masques susceptibles de remplacer les FFP2 dans certains de leurs emplois » . Ce afin de « fournir aux autorités des solutions de repli » , précise la lettre.

    L’ingénieur général prend soin de rappeler qu’il s’agit d’une démarche purement expérimentale : « Il appartiendra à chaque client utilisateur des masques de vérifier l’adéquation avec les risques contre lesquels il cherche à protéger ses personnels. DGA Maîtrise NRBC […] ne constitue pas un organisme agréé pour la normalisation, et ne peut procéder à des homologations civiles. »

    Deux jours plus tard, Bercy demande à plusieurs organismes professionnels, dont l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH) et le Comité stratégique de filière (CSF) mode et luxe de structurer la mobilisation de la filière.

    Les premiers industriels et artisans envoient leurs assemblages de tissus ou leurs prototypes de masques à la DGA, qui les teste selon deux critères : le taux de filtration des particules d’une taille de 3 microns, et le fait qu’on puisse respirer correctement à travers. Ce qui permet à la DGA de constituer une base de données des matières des plus performantes, mise à la disposition des industriels.

    Le laboratoire de Vert-le-Petit a également testé certains modèles sur une tête artificielle mobile capable de simuler les mouvements du visage, et dotée « d’une peau artificielle en silicone reproduisant la texture et l’élasticité d’une peau de visage humain » , et d’ « un poumon artificiel pour simuler la respiration humaine » .

    Le 24 mars, l’ANSM valide le projet, mais en le révisant à la baisse. Il ne s’agit plus de produire des alternatives aux FFP2, mais des versions dégradées des masques chirurgicaux, « exclusivement réservés à des usages non sanitaires ».

    L’agence décide de créer deux catégories de « masques alternatifs en tissu » . Ceux destinés « aux professionnels en contact avec le public » (caissières, policiers, etc.), conçus pour filtrer plus de 90 % des particules (contre 95 à 98 % pour les chirurgicaux), et ceux destinés au reste de la population, offrant un taux de filtration d’au moins 70 %.

    La « norme » qui n’existe pas

    Trois jours plus tard, le 27 mars, l’Association française de normalisation (Afnor), publie un guide de fabrication. Téléchargé à ce jour plus de 1,1 million de fois, il est censé permettre à n’importe qui, les entreprises comme les particuliers, de confectionner le masque qui filtre à 70 %. Le document donne des références de tissu validées par les tests de la DGA, et fournit deux « patrons » de masques.

    Mais il s’agit d’une simple « spécification » , qui « ne peut être en aucun cas assimilée à une norme française » , souligne l’Afnor. Et pour cause : saisi en urgence par le gouvernement, l’organisme a dû consulter 150 experts et boucler le document en à peine plus d’une semaine. « Une norme, ça demande plutôt un an de travail » , a précisé le directeur général de l’Afnor, Olivier Peyrat lors d’une réunion avec les industriels.

    Aucun contrôle n’est prévu pour les particuliers. « Nous ne pouvons pas mettre un laboratoire derrière chaque couturier » , a justifié la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher, qui pilote le dossier. Pour les entreprises, il n’y a, comme le précise l’Afnor, pas d’évaluation obligatoire de la conformité : la qualité relève de la « responsabilité du fabricant » , qui est « autorisé » à faire des tests.

    Jean-Marie Iotti, ancien référent de l’IRNS auprès du ministère de la santé pendant les épidémies SRAS et H1N1, et référent « masques » dans la cellule Bachelot à l’époque, se dit particulièrement « gêné » par le document de l’Afnor.

    « Attention, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi », indique à Mediapart cet ingénieur, qui, à l’Afnor, a justement présidé la commission de normalisation des appareils de protection respiratoire. « Ce document n’a rien d’une norme. Il ne sert d’ailleurs pas à grand-chose, si ce n’est à apporter un support pour fabriquer des “masques barrières” dont on ne sait toujours pas ce qu’ils sont. Au moment de H1N1, on n’aurait jamais édité un document comme ça » , cingle-t-il.

    « Les masques médicaux sont certifiés, contrôlés sur leur niveau de filtration mais aussi avec des prélèvements pour s’assurer qu’il n’y a pas de microbes , s’agace Éric Bensimhon, PDG du fournisseur de matériel médical Ylea. Les masques barrières ont été faits à la va-vite, juste pour répondre à une demande urgente. C’est un geste politique. Le gouvernement aurait pu doter la population en masques chirurgicaux mais, pour cela, il fallait s’y prendre plus tôt, et cela aurait coûté beaucoup plus cher. »


    Dans le Tarn-et-Garonne, des bénévoles du Secours populaire reçoivent des masques testés par la DGA. © Patricia HUCHOT-BOISSIER
    / Hans Lucas / AFP [et rien que les voir ici on sait que c’est moins bien ajusté que nombre de masques confectionnés dans des ateliers autogérés, ndc]

    Cela n’empêche pas le gouvernement de clamer, à tort, qu’il a créé une « norme ». « Ces masques répondent à des normes parce qu’on sait qu’ils garantissent un niveau d’efficacité intéressant », déclarait le ministre de la santé Olivier Véran le 19 avril en conférence de presse.

    Présent à ses côtés, le premier ministre Édouard Philippe est allé encore plus loin : « Les masques grand public nous paraissent, après étude, après certification, après normalisation, être à même de garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent. » [de la sécurité des autres]

    Interrogé par Mediapart, le ministère de la santé reconnaît qu’il n’y a pas de « norme » (en créer une prendrait « plusieurs mois » ), ni « à proprement parler, de certification » . Mais souligne que des mesures ont été prises pour s’assurer de la « conformité » des masques avec les « spécifications de l’État » .

    Faute de temps pour créer une norme officielle, le gouvernement s’est en effet lancé en urgence vers une démarche de labellisation.

    Le cadre légal est une simple « note d’information » interministérielle publiée le 29 mars. Signée par Bercy, les directeurs généraux de la santé et du travail, elle crée une nouvelle catégorie de masques « à usage non sanitaire » , de catégorie 1 (90 % de filtration) et 2 (70 %).

    Les fabricants qui souhaitent s’en prévaloir doivent respecter la spécification Afnor, effectuer un test du port du masque pendant quatre heures, et faire tester les performances selon le protocole de la DGA.

    Cette dernière obligation* a été allégée le 20 avril par le ministère de l’économie. Afin « d’accélérer la mise en production des masques » , il est désormais facultatif de faire tester le prototype en laboratoire, à condition qu’il ait été confectionné avec un ensemble de matières validé par la DGA. Dès lors qu’un matériau a déjà été testé, « il n’est pas utile de le tester une nouvelle fois » , nous a répondu le ministère de la santé.

    Pour soulager la DGA, les demandes de tests sont désormais centralisées par l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), qui en réalise une partie lui-même. Les essais peuvent également être réalisés par des laboratoires privés, notamment pour les masques importés.

    Les limites du « label » du gouvernement

    Au bout du compte, que valent les masques conformes à la « note » du gouvernement ? « Si le masque est bien fait et bien porté, la catégorie 1, qui filtre à 90 % des particules, un taux assez proche des chirurgicaux, c’est beaucoup mieux que de ne rien avoir. Quant à ceux qui filtrent à 70 %, ce n’est pas si mal, mais il faut que tout le monde en porte pour que cela soit efficace » , répond un expert ayant requis l’anonymat au vu des « incertitudes » scientifiques sur le sujet.

    Les tests de filtration de la DGA ne sont pas réalisés avec des agents pathogènes, mais sont néanmoins sérieux. « La DGA a utilisé un aérosol de chlorure de sodium, ce qui est déjà représentatif, puisqu’on cherche à mesurer des particules de trois micromètres » , explique le Dr Christophe Lambert, président de la SF2S.

    Cette taille de 3 microns est celle recommandée « par la Société française d’hygiène hospitalière dans le cadre de la protection […] contre les postillons émis lors d’une conversation » , précise le ministère de la santé.

    En revanche, aucun test n’est effectué pour évaluer le comportement du masque dans un univers humide. Or, « les masques non tissés (chirurgicaux, FFP2, FFP3) sont hydrophobes, c’est-à-dire que l’humidité va ruisseler à l’intérieur du masque » , explique l’ingénieur Jean-Marie Iotti. « Le tissu est, lui, hydrophile, l’humidité reste dans le tissu, et le masque va s’en imprégner par capillarité. Le masque devient rapidement malsain, un nid à microbes. »

    Le ministère de la santé reconnaît que « l’humidité peut en effet altérer les fonctions de filtration d’un masque, en particulier pour la filtration de l’air expiré. C’est pour cela que le port du masque est limité à quatre heures afin qu’il reste suffisamment sec » . Sur quelle base scientifique ? Le ministère répond que ce délai a été « préconisé » par l’ANSM, sans plus de détails. Contactée, l’agence du médicament n’a pas répondu.

    Si les résultats des tests, publiés sur le site de la Direction générale des entreprises (DGE), permettent de se faire une idée de la filtration des différents modèles, l’ergonomie et la portabilité peuvent varier en fonction des modèles.

    Or, les experts interrogés par Mediapart soulignent l’importance de la forme et du bon ajustement du masque. « Cela ne sert à rien d’avoir une magnifique barrière filtrante si le masque ne joint pas ou n’épouse pas la forme du visage , explique le Dr Lambert, de la SF2S. Lorsque vous inhalez, tout ce qui rentre par le pourtour du masque ne fera pas l’objet d’une filtration. Inutile d’avoir 95 % de barrière filtrante, si vous avez un taux de fuite de 80 %. À la fin, vous filtrez 95 % des 20 % qui passent par la barrière filtrante du masque. »

    Dans la « note » du gouvernement, le « test porté pendant 4 heures » , qui doit valider ce point clé, n’a pas à être réalisé en laboratoire, et peut donc être fait par le fabricant lui-même.

    Jacques-Hervé Lévy, directeur général de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), répond que cette « auto-certification » est « une procédure classique » en matière d’équipements de protection. « C’est un test d’ergonomie pour vérifier l’ajustement et le fait que le masque reste en place quand vous tournez la tête sèchement, que les industriels peuvent faire eux-mêmes. La DGA et l’IFTH ont publié des protocoles pour les guider » , ajoute-t-il.

    Le résultat peut toutefois se révéler étonnant. Comme lorsque, ce 17 avril, des salariés d’un opérateur du Marché d’intérêt national (MIN) de Nantes-Métropole découvrent les masques qui leur sont livrés. Sur une vidéo du site Nantes révoltée, dépubliée depuis, on les voit déplier de grands tissus. « Bonne nouvelle : les masques commandés par le gouvernement arrivent enfin !, note le site. Mauvaise nouvelle : ce sont des draps qu’il faut découper à la main… »

    Le fabricant, Les Tissages de Charlieu, revendique aujourd’hui une production de 250 000 masques par jour. Vu l’importance de l’ajustement du masque, est-ce vraiment approprié de les vendre en kit ? L’entreprise répond qu’elle a proposé « des masques à découper » pour répondre dans l’urgence à « la situation de pénurie, immédiate et massive ».

    La DGA avait rendu un rapport favorable sur ces masques qui présentaient « des performances en filtration et en perméabilité compatibles pour un usage de type masque chirurgical » . Mais le laboratoire de l’armée avançait « trois pistes d’amélioration pour le design » : _« améliorer l’adaptation au niveau des joues », « améliorer la résistance de l’élastique », et « ajouter une barrette métallique au niveau du nez » – l’entreprise préconisait un simple trombone…


    Extraits de la notice explicative de présentation des masques des Tissages de Charlieu. © DR

    L’entreprise Les Tissages de Charlieu indique qu’elle a, depuis, procédé aux améliorations suggérées par la DGA avec un nouveau modèle, notamment l’adaptation au niveau des joues, et que la barrette est désormais fournie. Mais ses masques ont une nouvelle fois été critiqués par leurs usagers, au CHU de Toulouse, qui en a acheté 50 000 unités pour les personnels non soignants, jusqu’alors dotés de masques chirurgicaux, comme l’a révélé Mediacités.

    Le Comité d’hygiène et de sécurité de l’hôpital a demandé leur « retrait » et le retour aux masques médicaux. Une procédure d’alerte a été déposée. La CGT a dénoncé des masques « low cost » et « d’une qualité médiocre » : « Ils s’effilochent, ont des élastiques cassants et ne sont pas adaptés à beaucoup de formes de visages. Du coup, ils risquent par un geste de la mâchoire de découvrir le menton ou le nez de l’agent qui le porte. On nous signale aussi qu’ils engendrent des irritations et saignements derrière les oreilles au bout de plusieurs heures. »

    « Ils sont petits et on est obligé d’adapter le système de fixation. Mais ils sont tout à fait conformes, et bien entendu, ils ne sont pas fournis au personnel soignant, ni aux agents qui interviennent dans les services Covid », répond le porte-parole du CHU. Le fabricant répond qu’il a « agrandi »_ ses masques depuis. 

    Casse-tête sur les étiquettes

    Pour tenter de limiter les problèmes et apporter plus de clarté aux consommateurs, le gouvernement a modifié sa « note » sur les « masques à usage non sanitaires » , rebaptisés pour l’occasion « masques grand public » , ce mardi 28 avril. Pile le jour de l’annonce du plan de déconfinement par Édouard Philippe devant l’Assemblée nationale.

    Il y a deux grandes nouveautés. Les fabricants qui respectent les spécifications peuvent désormais apposer un logo officiel avec la mention « filtration garantie » , ainsi que le nombre de lavages possibles sans dégrader les performances. Et les entreprises doivent, pour en bénéficier, obtenir l’accord préalable de Bercy, après examen des rapports d’essais.

    La secrétaire d’État #Agnès_Pannier-Runacher a par ailleurs demandé à la direction générale de la concurrence et des fraudes (DGCCRF), qui n’était jusqu’ici pas dans la boucle, de lui faire des « propositions » afin d’effectuer des contrôles a posteriori.


    © agnesrunacher

    Mais ce logo ne sera pas disponible sur les masques fabriqués et livrés avant le 28 avril.

    C’est le cas de ceux achetés par la ville de Nice, où le maire Christian Estrosi a lancé une vaste distribution gratuite de masques en tissu à la population. Les notices d’utilisation (voir ici), signées du slogan « # ILoveNice », ont de quoi étonner. Elles indiquent que le produit est « conforme aux normes validées par la Direction générale de l’armement » , alors qu’il n’y a pas de norme (seulement une spécification) et que la DGA n’en est pas responsable.

    On ne trouve nulle trace sur la notice de la catégorie du masque et de son taux de filtration (70 % ou 90 %). Il s’agit de produits de catégorie 2 à 70 %, nous a répondu la mairie.

    Enfin, à rebours des consignes officielles, qui préconisent un port de 4 heures maximum, la notice des masques niçois indique qu’ils peuvent être « portés entre 4 h et 6 h par jour » . « Ce sont les recommandations des fournisseurs » , se défausse la collectivité.

    La demande est telle que les 242 fabricants français ne peuvent pas suivre. Ils ont 70 millions de masques commandés, alors qu’ils n’en fabriquent à l’heure actuelle qu’un peu plus de 3 millions par jour. « On ne répond qu’à 10 % de la demande, c’est monstrueux » , confie l’un d’entre eux.

    Les entreprises et collectivités sont pressées par le calendrier, depuis l’annonce du déconfinement par Emmanuel Macron sans la moindre concertation. À Toulouse, le président de l’agglomération Jean-Louis Moudenc a commandé en urgence 800 000 masques en tissu en Chine, qui ne sont pas encore arrivés. « Nous devrions les avoir pour le 11 mai » , espère-t-on au siège de la collectivité.

    Même les administrations agissent en rangs désordonnés, sans soutien des ministères. Après n’avoir reçu que 200 masques chirurgicaux pour l’ensemble de son personnel (150 fonctionnaires et 50 magistrats), la cour d’appel de Cayenne a commandé de sa propre initiative, il y a deux semaines, un millier de masques lavables à une entreprise de métropole, qui a fait tester ses prototypes par la DGA.

    Les distributions ont commencé cette semaine, à raison de deux exemplaires seulement par fonctionnaire. Ces masques à l’apparence sommaire comportent une couture sagittale (sur la barrière filtrante du masque), alors même que l’ANSM et l’Afnor proscrivent formellement cette méthode de conception, qui crée des risques de fuites. « Ce n’est pas l’idéal mais chacun se débrouille, il n’y a rien d’autre pour le moment » , explique un fonctionnaire à Mediapart.

    Le problème des masques artisanaux

    Reste aussi, en parallèle, le cas des masques qui n’auront pas le logo officiel du gouvernement, fabriqués par des entreprises mais aussi par des réseaux de couturières et couturiers, et des amateurs.

    Preuve que l’exécutif compte sur ce dernier canal d’approvisionnement, Édouard Philippe lui-même a renouvelé, lors de son discours mardi, son appel « aux particuliers » qu’il a invités à « se confectionner eux-mêmes des masques » grâce au guide de l’Afnor. Les marchands de tissus viennent d’être autorisés à reprendre leur activité afin que « chacun se mobilise ».

    Un mail envoyé mi-avril par l’Afnor aux 500 000 personnes qui avaient téléchargé la spécification, incite même les particuliers à participer à la « plateforme solidaire » lancée par l’organisme. Le principe : produire, puis donner ou vendre à « prix coûtant » des masques pour des « salariés, des entreprises et des organismes publics » .

    Certes, l’Afnor, qui a refusé de nous répondre, fournit la méthode, des patrons, et des liens pour acheter des kits de matières testées par la DGA. Mais si la mobilisation des bénévoles était appréciable lors du pic de la pénurie, continuer à l’encourager pose question en matière de qualité, maintenant qu’il existe des masques industriels labellisés par l’État.

    Olivier Véran est d’ailleurs beaucoup moins enthousiaste que son premier ministre. Sur France 2, le 21 avril, il a mis en garde sur la confection artisanale de masques, « faits avec la meilleure bonne volonté » , mais qui « ne filtrent pas contre le Covid ».

    Son ministère confirme à Mediapart que « ce sont bien les masques labellisés qui sont à privilégier » . « En l’absence de masque industriel, le port de masques “artisanaux” peut avoir une certaine forme d’efficacité » , ajoute le ministère, qui conseille aux particuliers de suivre le guide de l’Afnor.

    Lavage à 60 °C et discipline de fer

    Pour les particuliers les plus modestes, la tentation est grande de confectionner soi-même ou de se tourner vers les circuits artisanaux. Le refus du gouvernement de plafonner les prix, officiellement pour de « ne pas freiner l’innovation » , fait aussi craindre un système à deux vitesses : des masques labellisés (vendus de 2 à plus de 10 euros l’unité) pour les foyers les mieux dotés, les plus rustiques pour les autres.

    Conscient du problème, Édouard Philippe a promis que l’État distribuerait gratuitement 5 millions de masques par semaine aux plus démunis. Une paille au regard des besoins.

    Comme le port est limité à 4 heures, la consommation, donc la facture, peut très vite monter. Il faut trois masques par jour pour un salarié qui se rend au travail. Et six en réalité si on veut éviter de les laver quotidiennement , mais seulement un jour sur deux.

    Éric Bensimhon, PDG du fournisseur de matériel médical Ylea, a fait expertiser la spécification Afnor (lire ici le résultat complet), et a notamment tiqué sur un point : le lavage du masque à 60 °C pendant trente minutes.

    La température de lavage a été déterminée sur la base d’une publication de chercheurs de l’Institut Pasteur, de septembre 2014, sur un autre coronavirus (le MERS-CoV) démontrant qu’une chaleur de 65 °C pendant 15 minutes ou de 56 °C pendant 30 minutes inactive complètement le virus. 

    Après de nouvelles études expérimentales, deux chercheurs de l’unité « environnement et risques infectieux » de l’Institut, India Leclercq et Christophe Batéjat, viennent d’obtenir des résultats similaires pour le SARS-CoV-2 (lire ici les résultats mis en ligne sur le site BioRxiv).

    La température de 60 °C est donc adaptée. Mais dans le guide de l’Afnor, le temps de lavage prête à confusion. « Il faut atteindre 60 °C pendant un plateau constant de 30 minutes. Il ne s’agit pas d’un cycle de 30 minutes en machine, qui n’assure pas 30 minutes de lavage à 60 °C » , explique une spécialiste en contrôle qualité de matériel médical.

    Cette experte a fait l’expérience chez elle : « Impossible de savoir sur ma machine, selon les programmes, pendant combien de temps le cycle tient à 60 °C. Les fabricants de machines pour particuliers communiquent rarement là-dessus. »

    Pour que les masques soient efficaces, les Français vont devoir appliquer une discipline de fer. Outre le bon cycle de lavage, un masque en tissu qu’on quitte doit être immédiatement isolé dans un sac en plastique fermé, jusqu’à son passage dans la machine. Il doit ensuite être repassé [aucun argument là dessus. la membrane du coronavirus va se reconstituer] .

    Il est également indispensable de le mettre en ne touchant que les élastiques, de bien l’ajuster et de ne plus y toucher. « Je vois plein de gens dans la rue qui le montent, qui le descendent, qui le mettent autour du cou, qui chez eux vont le poser dans un coin, qui le remettent. Or, si le masque il est souillé, ce n’est rien d’autre qu’une façon de s’inoculer le virus sur la bouche ou sur le nez » , rappelle la docteur Dominique Abiteboul, conseillère médicale du Groupe d’étude et de recherche sur l’exposition des soignants (GERES).

    Les pouvoirs publics vont désormais devoir lancer de grandes campagnes d’information sur le port du masque. Après avoir dépensé beaucoup pendant des semaines pour expliquer qu’ils ne servaient à rien.

    #gouvernement #industriels #commerçants #arnaques_multiples #prix #qualité #masques #crise_sanitaire

    • Il ya déjà des tabac qui vendent des masques à 8euros composés d’une seul épaisseur de tissu... On on encourage la production d’ersatz (bientôt labellisés) pour simuler le soin. Confinement ou pas, mieux vaut fabriquer ou choisir des masques artisanaux bien conçus et bien faits (tissus, ergonomie, filtre), ou aller voler en nombre ceux qui seront réalisés correctement pour ceux qui ont réellement des moyens (pas pour ceux qui disposeront 60 à 100 balles pour un lot minimal de masques ),car non seulement il n’y aura jamais assez de FFP2 pour tous (le chirurgical protège peu le porteur), en ville et à proximité de tous les lieux confinés (commerces, transports, travail etc), et que partout on risque de croiser des personnes sans masques, à masques pourris, mal mis, mais lavés, etc..

    • Parfois, il craint « une forme de guerre civile autour du matos » [un manutentionnaire à Coronaland, en Alsace.].

      https://seenthis.net/messages/848071

      En public, rester chacun son tour impassible devant l’extraordinaire.


      Les professionnels de santé s’étonnent des quantités de masques vendus par la grande distribution (mais pas 3.95€ la boite de 50 masques chirurgicaux comme c’était le cas l’été dernier)
      https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/05/01/les-professionnels-de-sante-entre-consternation-et-degout-sur-la-gestion-des

      Médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, kinésithérapeutes, podologues, toutes ces professions s’indignent en constatant que la grande et moyenne distribution a pu se procurer plusieurs centaines de millions de masques chirurgicaux, qui seront mis sur le marché à partir du lundi 4 mai, alors qu’eux-mêmes en ont si cruellement manqué et subissent toujours rationnement et pénurie.

      Jeudi 30 avril au soir, les ordres nationaux de ces professions ont publié un communiqué commun d’une rare véhémence, sous le titre « Les masques tombent » . « Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût. Toute guerre a ses profiteurs » , écrivent ces professionnels de santé, en demandant où étaient ces masques quand tous, « en prise directe avec la maladie, tremblaient et tombaient chaque matin » . Les annonces de la grande distribution qui se sont succédé mercredi et jeudi (Carrefour, Leclerc, Intermarché, Système U, Lidl…) pour indiquer le nombre de millions de masques bientôt mis en vente, sont qualifiées de « surenchère de l’indécence ».
      Carrefour en annonce 225 millions, en plus des 70 millions réservés pour les salariés du groupe, mais la direction de l’entreprise précise qu’ « il n’y a pas de stockage, les masques arrivent au fur et à mesure. Dès le 4 mai, on pourra en vendre 10 millions, à prix coûtant, pas en rayon, mais en caisse » . De tels chiffres ne supposent-ils pas un certain stockage, puisque ces masques sont reconditionnés par lots de 5 ou de 10, chaque client n’ayant droit qu’à deux lots ? Chez Leclerc, ce sont 170 millions de masques qui ont été « sécurisés » dans un premier temps, mais bien davantage à terme. Là aussi, un rempaquetage a eu lieu pour les vendre dès lundi par paquets de dix. Il est à noter que ce sont les PDG des groupes qui se sont déplacés dans les médias pour annoncer les quantités à vendre, les prix, le conditionnement, faisant clairement de ces masques si désirés un #produit_d’appel grand public pour leurs super ou hypermarchés.

      Demande de réquisition par l’Etat de ces stocks

      Les professionnels de santé prennent soin de préciser, même si cela tombe sous le sens, qu’ils ne visent pas la vente de masques lavables en tissu ou de masques « grand public » , offrant une protection moindre et destinés à « compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus » , mais bien celle de masques chirurgicaux, dits FFP1, voire FFP2, les plus protecteurs, jusqu’ici réquisitionnés par l’Etat. Le groupe Agromousquetaires (celui d’Intermarché, Netto, Bricorama et d’autres enseignes) a annoncé pour sa part qu’il produirait lui-même 130 millions de masques FFP1 et FFP2 d’ici à décembre dans une usine à Ploërmel (Morbihan), après avoir acheté les deux machines ad hoc.

      « Que ces stocks de masques aient été constitués depuis plusieurs semaines ou quelques jours, ils sont la manifestation qu’on ne cherche pas, ou plus, à équiper prioritairement les professionnels de santé , s’insurge l’ordre des infirmiers, par la voix de son président, Patrick Chamboredon. C’est intolérable et révoltant, alors que les équipements de protection nous font encore défaut. » Le même sentiment domine chez les médecins. « Nous sommes très en colère d’apprendre que des dizaines de millions de masques vont être vendus alors qu’on a dû gérer une pénurie profonde » , réagit Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l’ordre. La distribution de masques reste très parcimonieuse – 12 chirurgicaux et 6 FFP2 par semaine pour les médecins. « La réquisition par l’Etat de ces stocks me semble la suite logique » , ajoute-t-il.

      C’est cette réquisition qu’a demandée « instamment » , jeudi soir, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, au ministre de la santé, Olivier Véran, dans une lettre ouverte. Après réquisition, ces masques doivent « être remis prioritairement aux populations en ayant le plus besoin », insiste le pharmacien : non seulement aux personnels de santé, mais aux Français les plus fragiles, comme les personnes âgées ou les dix millions de malades en affection longue durée (ALD). « Les grandes enseignes déstockent des masques à prix coûtant en envoyant des cartes de fidélité à leurs clients, comme on aurait une promo sur l’essence ou le Nutella. Mais comment les autorités peuvent-elles tenir un discours aussi contradictoire ? » , s’insurge Gilles Bonnefond, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

      Pour la Fédération du commerce et de la distribution, qui a réagi dans un communiqué, « il n’y a pas de stocks cachés » . « Les chiffres annoncés par les enseignes concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement » , assure-t-elle. Pour éviter tout dérapage tarifaire, le gouvernement a annoncé, vendredi 1er mai, que le prix des masques à usage unique de type chirurgical serait réglementé à 95 centimes d’euros l’unité.

      « J’ai perdu confiance »

      Les pharmaciens, qui se sont pliés aux injonctions du ministère de la santé en distribuant les masques au compte-gouttes, par lots strictement contingentés selon les professions, se sentent néanmoins floués. Durant des mois, ils ont géré les masques d’Etat, gratuits et réquisitionnés, fait face aux supplications de leur patientèle pour obtenir un seul de ces précieux masques pour aller passer une IRM, sans pouvoir y répondre favorablement, et constatent aujourd’hui le tsunami commercial qui s’apprête à déferler. « Des millions de masques dorment dans des entrepôts et nous, nous n’en avons pas ?, s’étrangle une pharmacienne de la banlieue parisienne. J’ai perdu confiance et je suis à deux doigts de vendre l’officine. »

      Carine Wolf-Thal, la présidente de l’ordre des pharmaciens, qui s’était réjouie le 26 avril de la possibilité de vendre enfin des masques au grand public, dit éprouver « colère, frustration, indignation et sentiment de trahison » . Comment avoir expliqué, des semaines durant, qu’il fallait être solidaire des personnels de santé, et se retrouver si démuni ? Lucien Bennatan, président du groupe Pharmacie référence (PHR), a sa propre explication. Lorsque le gouvernement a annoncé, par le décret du 23 mars, la réquisition des masques FFP2 et des masques de protection respiratoire présents sur le territoire national, sous la responsabilité du ministère de la santé, rien n’empêchait les officines de se procurer des masques à l’étranger, soutient-il.

      Mais les pharmaciens, regrette M. Bennatan, se sont pliés au discours politique dominant, tandis que les grandes surfaces constituaient, elles, des stocks et annonçaient, jeudi 30 avril, un accord pour leur commercialisation avec le #ministère_de_l’économie, sous la responsabilité de la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher. « Il n’était pas tenable longtemps d’expliquer aux gens que les masques ne protégeaient pas d’un virus propagé par voie aérienne. Les pharmaciens auraient dû réagir en professionnels de santé en cherchant à en acquérir dès que possible » , dit-il.

      Au cabinet de la secrétaire d’Etat, on souligne que depuis le décret du 23 mars, les collectivités locales et acteurs privés – dont la grande distribution – ont la possibilité d’importer des masques, notamment de type FFP2. Mais ils sont tenus de déclarer toute importation supérieure à 5 millions de masques sur un trimestre, l’Etat se gardant le droit de réquisitionner tout ou partie de la marchandise en cas de nécessité pour le système de santé (il doit alors le faire dans un délai de soixante-douze heures après la demande).

      « Il y a une grande confusion entre les commandes de masques et ce qui est stocké en France. Chaque semaine, des masques arrivent effectivement nombreux, mais les millions de masques qu’annonce la grande distribution, ce sont des commandes organisées qui vont arriver progressivement », a précisé Agnès Pannier-Runacher, vendredi 1er mai sur RTL.

      « Il n’y avait pas de stocks de masques cachés en France », a assuré Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, vendredi 1er mai, lors de son point presse quotidien. Selon lui, les commandes passées par la grande distribution l’ont été avec l’aval des autorités. « Plus nous favorisons l’accès aux masques, mieux c’est », a-t-il estimé, en rappelant que « les professionnels de santé auront accès aux masques en premier » . « Il y a peut-être eu un vide juridique : parce que les pharmaciens ne savaient pas s’ils seraient autorisés à vendre des masques, ils n’ont pas pris les devants pour en commander. C’est la limite d’une profession hyperréglementée » , glisse une source proche du dossier.

      #profiteurs_de_guerre #masques #Grande_distribution

  • Bas les masques ! Un appel de soignant.e.s à construire un mouvement populaire
    Le 29 avril 2020
    https://baslesmasques.co/index.php/je-signe-lappel
    https://www.youtube.com/watch?v=KH4lhDYYMR8

    Nous sommes des soignant.e.s et professionnel.le.s de la santé d’horizons divers. Bouleversé.e.s et en colère, nous décidons de nous lever et de crier haut et fort « Bas les masques ! » Nous disons stop aux mensonges, à l’hypocrisie et au cynisme du gouvernement !

    #coronavirus #France #solidarité #Bas_Les_Masques

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • A peine rouverts, des restaurants McDonald’s pris d’assaut en Ile-de-France
    https://www.20minutes.fr/paris/2765151-20200421-peine-rouverts-restaurants-mcdonald-pris-assaut-ile-franc

    De nombreux automobilistes se sont rués dans les fast-foods, lundi soir, rouverts progressivement en « drive »

    Des scènes peu ragoûtantes en plein confinement ? Les amateurs de Big Mac, nuggets et McFlurry ont pu satisfaire leur appétit lundi soir. Une trentaine des 1.490 établissements de l’enseigne américaine McDonald’s, fermés depuis le 15 mars, ont en effet rouvert en France, en #vente_à_emporter (« #drive »), ainsi qu’en livraison à domicile.

    Et le retour des fast-foods n’est pas passé inaperçu auprès de nombreux Franciliens. Des scènes ahurissantes d’embouteillages et de longues files d’attente ont été partagées par plusieurs internautes. À Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne, des automobilistes ont fait la queue pendant plusieurs heures sur des centaines de mètres. Le restaurant a d’ailleurs dû établir un montant maximum pour les commandes (60 euros) en raison de l’afflux de clients, rapportent nos confrères du HuffPost.

    L’appel des burgers était aussi trop fort au McDo Saint-Gratien dans le Val-d’Oise. Au point de désoler cet internaute (« Tout ça pour bouffer chez McDo, c’est pas magnique ça »), qui a immortalisé la queue impressionnante sur le Boulevard du Maréchal-Foch :

    McDonald’s France avait annoncé le 2 avril dernier préparer la réouverture d’une trentaine de ses restaurants, suscitant l’inquiétude de #salariés de certains établissements encore en activité dans la région de Tours. Pour se faire, le géant du hamburger avait déclaré mettre en place « un guide opérationnel » , « validé par un comité scientifique composé d’experts en infectiologie et virologie » , « visant à renforcer significativement les mesures sanitaires » pour les personnels et les clients sur les activités de « drive » et de #livraison_à_domicile.

    A Tours [,Saumur, Chatellerault], les McDonald’s sont les seuls en France à avoir maintenu la vente à emporter au grand dam des salariés, Barbara Gabel, le 10/04/2020
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/indre-loire/tours/coronavirus-tours-region-12-restaurants-mcdonald-s-pour

    Les McDonald’s de la métropole tourangelle sont les seuls en France à avoir maintenu les drive et la vente à emporter depuis l’annonce du confinement dû à la pandémie de #covid_19. Une situation dénoncée par les salariés, pour qui les mesures de sécurité ne sont pas respectées.

    Le Big Mac serait-il devenu un produit de première nécessité ? Il semblerait que oui, pour les habitants de la région de Tours. Alors que partout en France, près de 1 500 McDonald’s ont fermé leurs portes après la mise en place du #confinement, 12 restaurants restent ouverts à Tours, Amboise, et dans des départements alentours, à Saumur ou encore Châtellerault.

    Coronavirus. Le McDonald’s de Châtellerault a-t-il servi de "laboratoire" pendant la crise sanitaire ?

    Ces restaurants, qui appartiennent tous au même gérant, Bernard Simmenauer, font l’objet d’un “test" selon la direction de la chaîne de fast-food, tandis que les salariés dénoncent les #conditions_de_travail, notamment dans une enquête publié par Mediapart le 5 avril.
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050420/des-gens-meurent-et-nous-chez-mcdonald-s-vend-des-nuggets?onglet=full

    De son côté, le franchisé de 22 établissements au total n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet malgré nos demandes. Seule une déclaration* par écrit à l’attention des médias nous a été parvenue :

    La direction des restaurants McDonald’s de Tours tient à rappeler que la sécurité des équipes est sa première priorité (...) et travaille, depuis plus de 15 jours, à développer et tester des mesures de sécurité nouvelles dans une démarche de progrès continue.
    Déclaration écrite de Bernard Simmenauer à l’attention des médias

    Les restaurants de Tours, des "sites pilotes"

    Ce #test, s’il s’avère concluant, doit permettre à l’enseigne d’étendre l’ouverture à d’autres restaurants en France. Trois restaurants supplémentaires ont d’ores et déjà ouverts leurs portes en Île-de-France, considérés comme des “sites pilotes” au même titre que les restaurants de Tours. L’enseigne invoque la mise en place d’un “guide opérationnel” visant à “renforcer significativement les mesures sanitaires" pour les personnels et les clients en drive et en livraison à domicile.


    À Tours, "les mesures de distanciations sont en place avec des zones délimitées par des rubans de balisage pour délimiter les espaces de travail et un marquage au sol a été mis en place", affirme Bernard Simmenauer. / © McDonald’s France

    Pour Quentin, délégué du personnel du McDonald’s des Deux-Lions à Tours, la réalisation de ce guide n’est qu’une excuse : “Si le guide n’est pas encore validé, pourquoi restons-nous ouverts à Tours ?” , questionne le jeune homme de 23 ans. Dès le 25 mars, celui-ci avait donné l’alerte sur son compte Facebook :

    Aujourd’hui, ma compagne part sauver des vies et moi servir des burgers ! Je ne travaille pourtant pas dans un supermarché, je ne fais pas partie du personnel soignant, je ne suis pas un agent d’entretien, je ne suis pas un routier et je ne suis pas toutes les autres personnes indispensables pendant cette crise sanitaire. Je suis employé d’une grande chaîne de fast-food américaine à Tours. Je prends donc le risque de vous contaminer et de contaminer mes collègues ou de l’être pour que des citoyens puissent manger des burgers !
    Post Facebook de Quentin, délégué du personnel McDonald’s

    "Le profit avant la santé"

    Si le jeune homme a décidé de parler publiquement, c’est pour exprimer son “ras-le-bol”. “Je n’ai plus rien à perdre. J’avais donné ma démission avant la mise en place du confinement” , raconte-t-il. “Le fait que McDonald’s se fiche totalement de la santé et de la sécurité de ses salariés me conforte dans mon choix de partir. Aujourd’hui, c’est pour celles et ceux qui restent que je me bats.”

    Car Quentin l’assure, ses collègues vont au travail avec la peur au ventre. À l’instar de ce manager de l’enseigne américaine installée dans le centre-ville de Tours contacté par France 3 et qui souhaite garder l’anonymat. Après l’annonce du Gouvernement de fermer cafés et restaurants, le jeune homme affirme avoir eu une discussion avec le président de la franchise : “Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : “Le profit avant la santé” .


    Aux Deux-Lions, Quentin assure que les salariés ont continué à travailler sans masque jusqu’en avril. / © Photo fournie par l’association React

    Les salariés du restaurant ont continué à travailler “sans aucune protection, seulement avec des cache-barbes jusqu’au 2 avril” affirme de son côté Quentin, du restaurant des Deux-Lions. Depuis quelques jours, le port du masque chirurgical a été appliqué. Une situation que le manager anonyme juge “indécente” .

    On arrive à se fournir en masques alors que des hôpitaux en manquent… À quel moment McDonald’s est-il plus utile qu’un hôpital ?”
    Un manager de McDonald’s souhaitant garder l’anonymat

    "On se marche dessus"

    Le problème majeur dans le restaurant situé dans le centre-ville de Tours est la difficulté à respecter la distanciation sociale entre collègues. “La cuisine est toute petite par rapport à un restaurant en zone commerciale. On se marche dessus” , affirme le manager. Dans sa déclaration*, Bernard Simmenaue indique pourtant que “des zones délimitées par des rubans de balisage (...) et un marquage au sol a été mis en place. Chaque personne est ainsi éloignée de plus d’un mètre de son collègue" .

    De plus, un certain nombre d’employés utilisent les transports en commun pour venir au restaurant. "Ils s’exposent à un risque de contamination" , remonte Irvin Violette, membre de l’association React (Réseau pour l’action collective transnationale) qui défend notamment les droits des travailleurs de McDonald’s et compile les témoignages des salariés de Tours.

    Les personnes qui font de l’asthme ou ont des maladies chroniques n’ont pas d’autres choix que de prendre des congés maladies ou de ne pas venir, et donc de ne pas être payés. D’autres s’occupent de parent et de grands-parents dépendants, mais la direction ne veut rien savoir.
    Irvin Violette de l’association React, qui défend les salariés de McDonald’s

    Autre problème : la localisation du restaurant en centre-ville de Tours qui favorise le rassemblement des #livreurs UberEats ou Deliveroo, et semble également inciter les clients à venir se restaurer plus facilement qu’ailleurs. “Les gens se baladent sur la place et viennent nous commander des glaces comme si le confinement et la maladie n’existaient pas” , se désole le jeune manager qui aimerait faire comprendre aux Tourangelles et Tourangeaux que “McDonald’s, ce n’est pas vital.”

    –----------------

    *La déclaration de Bernard Simmenauer
    "La direction des restaurants McDonald’s de Tours tient à rappeler que la sécurité des équipes est sa première priorité.

    Accompagnés par les ingénieurs qualité de l’enseigne, et en lien avec la #préfecture d’Indre-et-Loire, la direction des #restaurants de Tours travaille, depuis plus de 15 jours, à développer et tester des mesures de sécurité nouvelles dans une démarche de progrès continue.

    Nous nous sommes améliorés tous les jours avec rigueur et détermination avec la volonté d’être mieux disant que les recommandations sanitaires. Aujourd’hui, un guide de nouveaux process très robustes de préparation, de prise de commande ou de délivrance des sacs est en place pour aller au-delà de l’ensemble des mesures barrières recommandées. Ce guide a fait l’objet d’une validation de plusieurs médecins spécialistes.

    Les échanges sont naturellement constants pour les amender et les renforcer avec les salariés.

    Ces nouvelles procédures ont été présentées, quotidiennement, aux représentants du personnel et à l’ensemble des équipes.

    L’ensemble des salariés mobilisés pour continuer à servir les clients le sont dans le respect le plus strict de la loi, des arrêtés, des décrets, ordonnances ainsi qu’évidement du code du travail.

    Parmi les mesures prises pour assurer la sécurité des équipes qui poursuivent le service des clients, nous avons mis en place :

    Les salariés doivent tous porter un masque (disponible en restaurant- pas un cache-barbe) dès la prise de poste et jusqu’à leur fin de service alors que les recommandations sanitaires ne l’intègrent pas.
    L’ensemble des salariés doivent se laver les mains, un par un, toutes les 30min avec un savon bactéricide. L’ensemble des équipes a la possibilité de porter des gants à usage unique mis à disposition.
    Pas plus d’un équipier à la fois dans les vestiaires, les horaires ont été décalés pour des arrivées et des départs séquencés.
    Les mesures de distanciations sont en place avec des zones délimitées par des rubans de balisage pour délimiter les espaces de travail et un marquage au sol a été mis en place. Chaque personne est ainsi éloignée de plus de 1 mètre de son collègue. Selon les restaurants, les fenêtres de « prise de commande » du drive ont toutes été équipées d’un plexiglas fixe ou d’un système limitant l’ouverture au seul passage du terminal de paiement. La seconde fenêtre, pour la remise des commandes est équipée d’un tourniquet de sécurité pour remettre les commandes sans contact entre les salariés et les clients ou de fenêtres avec une ouverture limitée au seul passage d’un sac.
    Les paiements en espèce ont été proscrits au profit du paiement sans contact."

    Coronavirus : McDonald’s ouvre au compte-gouttes ses restaurants
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/21/coronavirus-mcdonald-s-ouvre-au-compte-gouttes-ses-restaurants_6037305_3234.

    Le numéro un mondial de la #restauration_rapide tente de relancer en partie son activité sans attendre le 11 mai.

    McDonald’s République, à Paris, a rouvert boutique. Pas question toutefois, pour les clients de venir s’attabler dans le fast-food. Ce restaurant propose pour l’instant la livraison à domicile de son Big Mac et de son cheeseburger. Un exemple des quelques points de vente de l’enseigne américaine de nouveau en activité. En effet, McDonald’s souhaiterait relancer son business en France et ouvre au compte-gouttes ses restaurants.

    Lorsque le couperet du confinement est tombé pour les bars-restaurants, obligés de fermer leurs portes, samedi 14 mars à minuit, pour enrayer la propagation du coronavirus, la situation a été fluctuante du côté du leader mondial du burger. Alors que son grand rival américain, Burger King, annonçait la fermeture de tous ses établissements en France, rien de tel n’était déclaré du côté de McDonald’s.

    Il est vrai que dans la négociation, le gouvernement a autorisé les restaurants à proposer un service de plats à emporter ou à livrer au domicile du client. Une soupape dont l’entreprise à l’arche dorée souhaitait bénéficier. D’autant que sur les 1 490 points de vente de l’enseigne, 850 sont à même de proposer la vente à emporter.

    Droit de retrait

    Mais les salariés n’ont guère été enclins à venir travailler sans être sûrs que toutes les mesures sanitaires soient prises face à la crise du Covid-19. Certains ont fait jouer leur #droit_de_retrait. Finalement, après un premier temps d’ouverture de certains points de vente, seuls une douzaine d’établissements gérés par un même #franchisé à Tours et dans sa région ont poursuivi leur activité.

    Pour autant, le géant américain ne perdait pas de vue son objectif. Un guide opérationnel destiné à renforcer les conditions de sécurité sanitaires a été élaboré par l’enseigne et, à partir de la deuxième semaine d’avril, McDonald’s a fait des tests dans trois de ses propres restaurants en région parisienne. Avec l’objectif annoncé d’en ouvrir ensuite près d’une trentaine à l’enseigne.

    Aujourd’hui, une dizaine sont opérationnels, à Paris, donc, mais aussi dans l’Essonne, dans les Yvelines, dans le Val-d’Oise, la Seine-Saint-Denis [dont celui de Montreuil, des nouvelles à suivre, ndc] et la Seine-et-Marne. Certains syndicats ne voient pas d’un bon œil ce projet. « Nous avons donné un avis négatif dans trois des quatre filiales de McDonald’s en Ile-de-France. Nous pensons que ces ouvertures sont prématurées et qu’il faut attendre le 11 mai » , affirme Lyes Abdi, délégué central FO, McDonald’s Ile-de-France.

    Deliveroo ou Uber Eats au régime sec

    McDonald’s n’est pas la seule enseigne de fast-food à vouloir relancer la machine. La chaîne américaine #KFC a décidé d’ouvrir certains de ses magasins pour de la vente à emporter ou de la livraison. Des initiatives qui ont de quoi satisfaire les sociétés de livraison de repas à domicile, comme #Deliveroo ou #Uber_Eats.

    Depuis l’annonce de la fermeture des restaurants, ils sont au régime sec. Leur offre s’est retrouvée soudainement limitée, même s’ils ont mis en place des procédures spéciales pour poursuivre leur activité. Sur leur site, le client a, actuellement, le choix entre des restaurants de quartier habitués à la vente à emporter ou qui se sont adaptés à cette nouvelle donne. Et quelques franchisés de chaînes de restauration rapide, à l’exemple de Big Fernand, Factory & Co, Sushi Shop, #O’Tacos ou #Pizza_Hut.

    Pour élargir l’éventail, en ces temps de crise, Deliveroo et Uber Eats ont d’ailleurs choisi de passer des accords avec des enseignes de #grande_distribution, comme Carrefour, Casino, Franprix ou Monoprix. Ils livrent désormais les courses à domicile à des clients plus enclins à se mettre derrière les fourneaux en ces temps de confinement.

    #McDonald’s #travail #santé #crise_sanitaire #rubalise #services_à_la_personne #capitalisme_de_plate_forme

    • « Des gens meurent et nous, chez McDonald’s, on vend des nuggets » 5 AVRIL 2020 PAR KHEDIDJA ZEROUALI
      https://www.mediapart.fr/journal/france/050420/des-gens-meurent-et-nous-chez-mcdonald-s-vend-des-nuggets?onglet=full

      Le 14 mars, le premier ministre a annoncé la fermeture des commerces non essentiels. Les restaurants sont les premiers concernés, mais la vente à emporter et la livraison restent autorisées. Une brèche dans laquelle une poignée de McDonald’s se sont engouffrés, mettant en danger clients et salariés.

      Depuis le début du confinement, 12 restaurants sur les 1 490 que compte McDonald’s France sont restés ouverts, en drive-in et pour la livraison à domicile. Ils sont tous situés dans la région de Tours et sont détenus par Bernard Simmenauer, l’un des plus gros franchisés du pays, à la tête de plus de 22 établissements.

      Jeudi soir, la chaîne américaine affirmait que trois nouveaux restaurants allaient très bientôt ouvrir en région parisienne et qu’elle préparait la réouverture d’une trentaine d’autres. En réalité, la décision qu’a prise, seul, Bernard Simmenauer, au détriment de la protection de ses salariés, a été transformée a posteriori en « test » par le mastodonte du fast-food.

      « Au début de l’épidémie, l’enseigne n’a donné aucune consigne claire, raconte Henry*, salarié du siège depuis une dizaine d’années. Certains ont continué à ouvrir, puis ils ont eu peur de contaminer tout le monde quand ils ont appris que certains de leurs équipiers étaient atteints du coronavirus. D’autres, comme Bernard Simmenauer, sont restés ouverts malgré tout. Burger King, lui, a décidé de tout fermer, c’était clair. » McDonald’s Belgique a fermé ses 87 magasins, y compris ses 23 franchises. Au Royaume-Uni et en Espagne, la décision a été la même.

      Lucie travaille 24 heures par semaine dans l’un des McDonald’s de Tours, en parallèle à ses études d’histoire. Depuis février 2018, la jeune femme de 21 ans sert des burgers et des frites pour payer ses études, son loyer, son permis. « Je ne suis pas boursière et c’est grâce à ce travail que je suis devenue autonome financièrement » , rapporte-t-elle fièrement.

      Le samedi 14 mars à 20 heures, alors que premier ministre fait ses annonces, Lucie travaille. Sa manager pose son téléphone sur le comptoir et, tout en préparant les commandes, les salariés tendent l’oreille. Édouard Philippe annonce la fermeture des restaurants en ces termes explicites : « En lien avec le président de la République, j’ai donc décidé jusqu’à nouvel ordre la fermeture à compter de ce soir minuit de tous les lieux accueillant du public non indispensables à la vie du pays, il s’agit notamment des restaurants, cafés, cinémas, discothèques. » Tout de suite, sa manager objecte : « Le discours du gouvernement ne vaut rien tant qu’on n’a pas d’informations du franchisé. »

      Au McDo des Deux-Lions à Tours, le « franchisé », c’est le patron, Bernard Simmenauer, qui règne sur un empire de 22 restaurants et semble avoir plus de poids que le chef du gouvernement. « En attendant, vous venez travailler » , conclut la manager.

      Elle avait raison, puisque le gouvernement a finalement décidé que les drive-in et la livraison à domicile étaient exemptés de fermeture. Et ce malgré les risques que cela pouvait faire courir aux salariés, aux livreurs et aux clients. Si l’on excepte une fermeture les 15 et 16 mars, 12 des 22 restaurants du franchisé sont donc restés ouverts.

      Dans les jours qui suivent l’annonce du premier ministre, aucune protection n’est mise en place dans le restaurant de Tours, affirme Lucie. « La salle était fermée mais le drive et les commandes en livraison continuaient, sans aucune protection, raconte-t-elle. Pas de gants, pas de gel, pas de masque, rien. »

      « Bernard Simmenauer fait toujours ce qu’il veut. Il est considéré comme un précurseur : c’est lui qui a inventé le service à table, sans demander la permission, et McDo France l’a généralisé ensuite. Même chose sur l’ameublement, il fait ce qu’il veut, sans toujours respecter le cahier des charges » , indique Quentin, un autre salarié du restaurant. Le jeune homme de 23 ans a été élu délégué du personnel il y a deux ans, au moment où il a obtenu son CDI. « Pendant longtemps, je ne servais pas à grand-chose, je ne savais pas comment faire et ça arrangeait bien ma direction. Mais depuis le début de l’épidémie, mon rôle est enfin concret » , se réjouit-il.

      À Tours, avant même l’annonce du premier ministre, des mesures avaient pourtant été prises. « On nous demandait de nettoyer plusieurs fois et de manière très visible les bornes de commande, juste pour rassurer les clients » , se souvient Quentin. Des mesures en trompe-l’œil : même si le jeune homme, contrairement à tous ses autres collègues de l’équipe de jour, a été mis au chômage partiel dès le 15 mars, il écoute chaque jour ses collègues qui lui chroniquent les petites humiliations, les pressions, l’angoisse et, invariablement, le manque de protection.

      Alors, le 25 mars, Quentin publie un message sur sa page Facebook pour dire son désarroi : « Aujourd’hui, ma compagne part sauver des vies et moi servir des burgers ! Je ne travaille pourtant pas dans un supermarché, je ne fais pas partie du personnel soignant, je ne suis pas un agent d’entretien, je ne suis pas un routier et je ne suis pas toutes les autres personnes indispensables pendant cette crise sanitaire. Je suis employé d’une grande chaîne de fast-food américaine à Tours, je prends donc le risque de vous contaminer et de contaminer mes collègues ou de l’être pour que des citoyens puissent manger des burgers ! »

      Le McDonald’s Vendôme est l’un des 12 restaurants que Bernard Simmenauer a décidé de laisser ouverts. Sur Facebook, des clients et des citoyens se mobilisent pour la fermeture.

      Quentin espère ainsi toucher ceux qui continuent à commander chez McDonald’s en ces temps d’épidémie. Pour Loïc Roldan, représentant de la CGT au sein de l’enseigne, cela ne suffira pas : « Il y a toujours le mythe du consommateur acteur mais le consommateur est égoïste. À la télé, il critique la situation des salariés, des livreurs. Une heure après, il se commande une pizza ou un burger avec Uber Eats. »

      Pour Manon Aubry, députée européenne de La France insoumise mobilisée sur la question, « la question qui va se poser est : est-ce qu’un Big Mac est indispensable en temps de confinement, quand des milliers de gens meurent d’un virus qui est hypercontagieux ? » .

      Des protections insuffisantes et des mesures inapplicables

      Les salariés du McDonald’s Les Deux-Lions à Tours ne sont pas les seuls à pâtir de cette situation. Dans un autre restaurant du Centre-Val de Loire, également détenu par Bernard Simmenauer, Nora* marche sur des œufs, tiraillée entre sa colère et la peur de perdre son emploi : « Ma patronne a vu que je répondais sur un groupe Facebook qui regroupe des équipiers de McDonald’s, et j’ai écrit qu’on travaillait toujours et qu’à l’époque, les seuls masques que l’on avait étaient faits avec du Sopalin. J’ai eu des remontrances de ma patronne et elle m’a laissé le choix : soit je viens et j’arrête de me plaindre, soit je m’en vais et je suis licenciée pour abandon de poste. »

      Nora le concède, depuis le début de l’épidémie, quelques mesures ont été prises : des masques, qui selon elle « ne servent à rien » , et « des distances de sécurité, qui ne peuvent pas toujours être mises en place, par exemple dans les vestiaires ou à la plonge » . Face à la légèreté des protections, Nora s’astreint à la plus grande des prudences : « Je suis toujours au drive et à chaque client, je désinfecte le terminal de paiement ou mon poste. Mais je me fais engueuler quand le temps d’attente est trop long. »

      La jeune femme ne se sent pas en sécurité et le dit à ses responsables. Mais face à ses plaintes, la seule réponse est, invariablement, la menace de licenciement : « Je suis inquiète car j’ai besoin de mon salaire, mais j’estime que ma vie et celle de mes proches est en danger. »


      "Des zones délimitées par des rubans de balisage pour délimiter les espaces de travail et un marquage au sol a été mis en place", annonce le franchisé. Exemple au McDonald’s Les Deux-Lions à Tours.

      Il y a quelques jours, des mesures de distanciation ont été annoncées. « Des zones délimitées par des rubans de balisage pour délimiter les espaces de travail et un marquage au sol a été mis en place. Chaque personne est ainsi éloignée de plus d’un mètre de son collègue » , précise Bernard Simmenauer à Mediapart (la totalité de ses réponses ainsi que celles de McDonald’s France sont à lire sous l’onglet Prolonger).

      La photo ci-dessus est une illustration de ce que le franchisé entend par « des rubans de balisage » . En réalité, la distanciation sociale est impraticable dans les restaurants. Sans compter les salariés qui estiment que « ça ne sert à rien » et qu’ « on se prend les pieds dedans » .

      Au début de l’épidémie, les salariés du restaurant des Deux-Lions étaient moqués par leurs supérieurs quand ils demandaient des masques. Ceux qui ont été assez courageux pour en exiger ont finalement obtenus des « cache-barbe », utilisés toute l’année pour ne pas retrouver un poil dans un burger.

      « Les salariés doivent tous porter un masque, disponible en restaurant, et pas un cache-barbe, dès la prise de poste et jusqu’à leur fin de service, alors que les recommandations sanitaires ne l’intègrent pas » , déclare Bernard Simmenauer. Une affirmation contredite par les témoignages de salariés que nous avons interrogés.

      L’une des autres mesures récemment mises en place dans les restaurants encore ouverts concerne le paiement. « Les paiements en espèces ont été proscrits au profit du paiement sans contact » , affirme Bernard Simmenauer. Là encore, pour les salariés, cela ne suffit pas : les tickets-restaurant, toujours acceptés, passent de main en main.

      Par ailleurs, les terminaux de paiement sur lesquels les clients posent leur carte pour le paiement sans contact doivent être placés au bout d’un manche. « Chez nous, on nous a conseillé de scotcher le terminal à un ustensile de cuisine qui sert à racler les grils, c’est le système D » , rapporte Lucie. Mais manche ou pas, nombreux sont les clients à prendre en main le terminal de paiement, juste après les salariés.
      « La sécurité de nos équipiers et de nos clients est notre priorité numéro 1 » , assure de son côté la chaîne de restauration américaine, qui précise : « C’est dans ce cadre que nous testons actuellement [dans] 12 restaurants dans l’ouest de la France et très bientôt dans 3 restaurants en région parisienne un guide opérationnel visant à renforcer significativement les mesures sanitaires pour nos personnels et nos clients sur le canal du drive et sur le canal de la livraison à domicile. »

      « Les autres franchisés attendent ce guide et d’autres non, visiblement , s’agace Henry, le salarié du siège. Ça n’est pas cohérent, cela veut dire qu’en attendant, tous les salariés et clients des restaurants de Bernard Simmenaeur ont été mis en danger. »

      Le guide en question a été, selon McDo France, « préalablement développé par les équipes opérationnelles de l’enseigne et des franchisés au cours d’un processus interactif de plus de quinze jours, et les représentants du personnel ont été dûment informés » . Mais en fin de semaine, il était toujours en cours de construction, alors que les salariés que nous avons interrogés travaillent déjà depuis trois semaines sans règles claires.

      La direction continue son argumentaire en expliquant qu’un comité scientifique « composé d’experts en infectiologie et virologie » , mais dont la composition exacte reste un mystère malgré nos questions, a ensuite « formellement » validé ce guide. « Il est maintenant testé en grandeur réelle avec des équipes en restaurant et un encadrement composé de volontaires qui seront amenés à se prononcer sur la poursuite du test toutes les 48 heures. »

      Là encore, un positionnement à des années-lumière de la réalité décrite par les salariés du groupe. « Il y a les salariés et les salariés McDo. On est la troisième classe du salariat, au même titre que les livreurs à vélo ou les éboueurs… » , souffle Loïc Roldan, de la CGT.

      Ni Quentin, ni Nora*, ni Lucie ne se sont portés volontaires. Et quand certains d’entre eux ont tenté d’exercer leur droit de retrait, ils ont été la cible de méthodes « humiliantes » . Le 17 mars, quand ont rouvert les restaurants de Bernard Simmenauer, sept équipiers sur les 70 du restaurant des Deux-Lions ont déposé leurs droit de retrait. Mais quinze en ont été dissuadés par la direction.

      « Une manager nous a dit qu’elle risquait sa place à nous dire ça mais qu’on avait la possibilité de faire valoir notre droit de retrait. Elle nous a bien spécifié que les consignes de la directrice du restaurant étaient de nous l’accorder seulement si on connaissait vraiment bien nos droits, et qu’on insistait » , assure Lucie.

      « Au restaurant de Châtellerault , aussi exploité par Bernard Simmenauer, les salariés se sont également vu rétorquer que “le droit de retrait n’existait pas dans leur entreprise” , rapporte de son côté l’association React, qui a tiré la sonnette d’alarme et lancé une campagne de sensibilisation. _Un message a d’ailleurs été envoyé par la directrice du McDonald’s de Châtellerault à quelques salariés, dans lequel elle prévient que “toute absence sera considérée comme absence injustifiée”. »

      « Aux autres, la direction répondait que le droit de retrait n’existait pas »

      Quand, le 17 mars, Lucie et deux de ses collègues entrent dans leur restaurant, ils portent des masques. Selon leur récit, le manager les accueille alors avec ironie : « Vous avez oublié votre combinaison intégrale. Vous êtes au courant que vous êtes ridicules ? Vous êtes au courant que ce n’est qu’une grippe ? On boit un thé, une soupe chaude, on prend une douche chaude et on n’a plus le coronavirus, vous ne le saviez pas ? »

      Puis le gérant leur indique qu’il ne signera pas leur droit de retrait. Sourire en coin, il leur demande si le stylo est désinfecté. Les salariés ont dû insister un quart d’heure avant d’obtenir une signature. L’une des trois salariés, apeurée par la véhémence du cadre, a finalement décidé de retourner travailler. « Ensuite, aucun appel, aucun mail, pas de réponse jusqu’au 24 mars et une lettre de Bernard Simmenauer » , décrit Lucie. Dans cette lettre, le franchisé répond qu’il ne comprend pas la motivation de ce droit de retrait et que toutes les mesures ont été prises.


      Finalement, le droit de retrait de Lucie a été payé.

      Les jours d’absence au titre du droit de retrait ont finalement été payés aux salariés. Quentin, de son côté, craint pour la suite. Sa mobilisation récente lui a valu une attention soutenue de son patron. Le 31 mars, après sa journée de travail, le délégué du personnel a été convoqué par Bernard Simmenauer pour faire le point sur les mesures mises en place : « Il m’a aussi expliqué qu’il s’inquiétait pour mon avenir, en disant que puisque des élus de La France insoumise avaient pris mon parti, ça serait compliqué pour retrouver un emploi après. Il est habile, il a ajouté qu’il ne se permettrait pas de dire que mes choix politiques n’étaient pas les bons. »

      Quentin a démissionné, fatigué d’une direction qu’il juge trop « paternaliste » . Mais à deux semaines de son départ, il continue de se battre pour que ses collègues, s’ils sont obligés de travailler, le fassent au moins dans de bonnes conditions.

      Mais Bernard Simmenaeur n’est pas l’unique responsable de la situation. Ses restaurants sont sous la responsabilité directe de McDonald’s France, qui en est l’actionnaire majoritaire, souligne Irvin Violette, de l’ONG React : « McDonald’s France détient 51 % des parts des restaurants exploités par Bernard Simmenauer. Il s’agit donc de restaurants “intégrés”, par opposition aux restaurants 100 % franchisés ou aux joint-ventures exploités à 50/50. »


      Campagne de sensibilisation lancée sur les réseaux sociaux par React, association qui lutte contre les abus des multinationales envers les salariés.

      Sur les près de 1 490 McDo hexagonaux, l’immense majorité, 84 %, appartiennent à des franchisés. Pour la députée européenne Manon Aubry, ce fonctionnement permet avant tout de diluer les responsabilités : « Franchisé et maison-mère se renvoient la balle en profitant du fait que juridiquement, les entreprises sont séparées, et du coup, plus personne n’est responsable. »

      Dans une lettre cosignée avec sa collègue Leïla Chaibi, adressée le 3 avril à la direction de McDonald’s et à Bernard Simmenauer, elle alerte sur les conditions de travail des salariés de ces 12 restaurants : « Face à la catastrophe sanitaire, respecter le droit est la condition première de la solidarité. Des millions de Français acceptent ainsi la dure épreuve du confinement dans un effort collectif. Votre mépris des règles mine cette solidarité et met en danger des vies humaines pour votre seul profit. Celles de vos employés, […] des livreurs Uber Eats, essentiels au maintien de vos livraisons et dont vous savez combien ils manquent de protections sanitaires et sociales. Celles de vos clients, qui vous font confiance et attendent de vous la plus grande rigueur quand il s’agit de leur santé et de celles de leurs proches. »

      Dans une vidéo adressée samedi 28 mars aux salariés du siège de McDonald’s, le PDG Nawfal Trabelsi se veut rassurant. Il détaille les mesures qui seront mises en place dès que « la version 1 du “guide opérationnel” et des “procédures sanitaires renforcées” » sera complète. Il conclut par un bel appel à la solidarité, à base de café : « Les trois restos tests offriront du café à volonté aux forces de l’ordre et aux soignants durant les trois mois à venir. Ce lien aux Français et à la France est notre marque de fabrique. Il est indispensable de continuer à le nourrir en toute circonstance à notre échelle et avec nos moyens. Continuons à échanger, à travailler et à rester solidaires et unis. Soyons forts, soyons aux côtés des nôtres, de l’ensemble des parties prenantes. » Dans ses réponses à Mediapart, Bernard Simmenauer ajoute : « Les échanges sont naturellement constants pour amender [les mesures de sécurité] et les renforcer avec les salariés. »

      Malgré les grandes inquiétudes de sa mère, infirmière à l’hôpital, Lucie est retournée au travail. À son retour, dit-elle, Bernard Simmenauer était présent. Selon la jeune femme, il est venu au comptoir, a mimé une révérence et lui a lancé : « Je vous félicite, vous devez être fière de vous, mais attention, vous allez être citée dans un article. Vous aurez votre notoriété dans la région, après, je ne sais pas si c’est celle que vous attendiez. »

  • « C’est la douche froide » : pas de prime pour tous les salariés de la grande distribution qui travaillent, les syndicats s’indignent
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/c-est-la-douche-froide-pas-de-prime-pour-tous-les-salaries-de-la-grande

    Une prime de 1 000 euros défiscalisée pour récompenser les salariés qui travaillent pendant la crise sanitaire : l’appel a été lancé le 20 mars par Bruno Le Maire aux entreprises privées, celles qui exercent une activité essentielle à la nation. Dans la grande distribution, Auchan est le premier à répondre l’appel du gouvernement. Le groupe s’engage à verser une prime forfaitaire de 1 000 euros à 65 000 collaborateurs pour saluer leur exceptionnel engagement. Mais un mois plus tard, adieu la prime forfaitaire. Aux dernières nouvelles, elle sera finalement calculée en fonction du temps de travail effectif, sur une période définie.

  • « Ils nous remercient d’être en première ligne pour leurs propres intérêts » : entretien avec un caissier
    https://acta.zone/ils-nous-remercient-detre-en-premiere-ligne-pour-leurs-propres-interets-entre

    Alors que les caissiers et les caissières se retrouvent en première ligne face à l’épidémie de coronavirus, cet entretien permet de mieux saisir la manière dont le travail se reconfigure en période d’état d’urgence sanitaire. Il apparaît aussi que cette situation contribue à mettre en lumière de façon accrue les inégalités de classe qui structurent la société : « la conscientisation sur notre rôle productif et déterminant ne fait que grandir ». Source : ACTA

  • Je fais un post séparé pour ces infos hallucinantes, ces mesures du gouvernement destinées à favoriser la grande distribution, les supermarchés côtés en bourse, aux dépends des petits commerces et des marchés où les prix sont plus bas et où s’alimentent les plus pauvres, en région et dans les quartiers pauvres des grandes villes, souvent racisé.es...
    https://seenthis.net/messages/834154
    https://seenthis.net/messages/835682

    Confinement : des restrictions d’ouverture pour les commerces du quartier de Château Rouge, à Paris
    BFM, le 23 mars 2020
    https://www.bfmtv.com/societe/confinement-des-restrictions-d-ouverture-pour-les-commerces-du-quartier-de-ch

    Une mesure visant à favoriser le respect des mesures d’hygiène

    « De nombreux commerces alimentaires disposent d’un étal occupant la totalité de l’espace public sur le trottoir », estime le préfet de police Didier Lallement, et « de nombreux clients provenant de différents quartiers de la capitale et de banlieues parisiennes s’y retrouvent dans un espace confiné. Ce qui aboutit au non-respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale ».

    Les horaires d’ouverture de ces commerces seront également restreints de 8h à 10h et de 14h à 16h

    Les marchés sont fermés ? Les paysans inventent des solutions
    Estelle Dautry et Victor Point, Reporterre, le 25 mars 2020
    https://reporterre.net/Les-marches-sont-fermes-Les-paysans-inventent-des-solutions

    Lundi 23 mars, Édouard Philippe, Premier ministre, a annoncé la fermeture des marchés de plein air.

    Confinement : la préfecture de police restreint les horaires d’ouverture de commerces du quartier de Château Rouge
    France 3 Ile de France, le 26 mars 2020
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/confinement-prefecture-police-restreint-horaires-ouvert

    Et quand les marchés restent ouverts, les keufs s’arrangent pour que ce soit le bordel :

    Paniers à légumes sous surveillance #2 La cour d’école
    Expansive, le 24 avril 2020
    https://expansive.info/Paniers-a-legumes-sous-surveillance-2-La-cour-d-ecole-2205

    #favoritisme #discrimination #marchés #supermarchés #racisme #classisme #solidarité (manque de) #quartiers_populaires
    #Didier_Lallement #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

    #coronavirus #travail

  • Une caissière licenciée après une fausse couche déboutée par les prud’hommes Le Figaro avec AFP - 25 Septembre 2019
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/une-caissiere-licenciee-apres-une-fausse-couche-deboutee-par-les-prud-homme

    Licenciée en 2016 par son employeur, cette caissière se voit déboutée par les prud’hommes. Elle avait fait une fausse couche après avoir porté de lourdes charges au travail.

    Une caissière victime d’une fausse couche au travail qui contestait son licenciement en 2016 devant les prud’hommes de Bobigny a été déboutée mercredi, selon son avocat.

    « C’est extrêmement décevant mais nous allons interjeter appel, nous irons jusqu’au bout », a déclaré Maître Montasser Charni. « Il semble que le conseil des prud’hommes ait déconnecté le licenciement de la fausse couche subie par ma cliente », a-t-il précisé. L’avocat n’avait pas encore eu connaissance des motivations du jugement. L’avocat du supermarché rebaptisé Marché Frais, Maître Norbert Thomas, n’a pas pu être joint.

    Ayélé Ajavon avait fait une fausse couche à quatre mois et demi de grossesse sur son lieu de travail du magasin O’Marché frais de La Courneuve. Elle avait été convoquée quelques semaines après son retour au travail après deux mois d’arrêt maladie, en vue de son licenciement, intervenu quatre mois après la fausse couche pour « fautes liées à l’exécution de son contrat ». « On lui reprochait des erreurs de caisse », précise Maître Charni. Ayélé Ajavon a toujours nié ces erreurs de caisse, expliquant que sa caisse étant reliée à une console centrale, des articles ont pu être ajoutés sans qu’elle en ait connaissance. Ayélé Ajavon estimait que son licenciement était directement lié à sa fausse couche, causée selon elle par ses conditions de travail. Selon son avocat, elle avait porté des charges lourdes avant de perdre les eaux derrière son tapis de caisse.

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  • Porte des Alpes : Auchan fait passer la Métropole de Lyon à la caisse | Mediacités
    https://www.mediacites.fr/enquete/lyon/2019/09/18/porte-des-alpes-auchan-fait-passer-la-metropole-de-lyon-a-la-caisse

    Ikea parti à Vénissieux, le groupe Auchan récupère le hangar libéré à Saint-Priest pour un projet de centre commercial baptisé « Yellow Pulse ». Petit détail : le contribuable en sera pour ses frais de plusieurs millions d’euros puisque le Grand Lyon réglera en partie les nouvelles infrastructures routières prévues pour le géant de la distribution.