• Lutte des berges de la Garonne et Union des Comités de Quartier | Collectif de Radiographie Urbaine
    https://toulouse.espacesensible.net/lutte-des-berges-de-la-garonne-et-union-des-comites-de-quar

    En juin 1974, Capitole information, annonce un projet de voies sur berges devant traverser le centre-ville entre Empalot et le port de l’embouchure en longeant par les quais de la Daurade et St pierre. Un comité de défense se constitue pour lutter contre ce projet et bien plus encore. Ce documentaire en deux parties raconte cette histoire avec les voix de personnes qui y ont participé. De la lutte contre une autoroute au centre-ville à la formation de l’Union des Comités de Quartier, c’est aussi la question du pouvoir urbain qui est traité en toile de fond. Durée : deux parties de 49 min. chacune. Source : Toulouse Espace (...)

  • Contre les « Grands projets culturels »

    [L’ouroboros]

    https://lundi.am/Contre-les-Grands-projets-culturels

    Le dernier numéro de l’excellent revue lyonnaise L’ouroboros vient de paraître. Nous en publions ici quelques bonnes feuilles qui font échos au lundisoir que nous avions consacré à ce que la fondation Luma fait subir à la ville d’Arles. Comme le note L’ouroboros :

    « La dernière démarche de certaines fondations, dans leur tentative de dominer le terrain de la création, va dans le sens d’une transformation d’un milieu local – connue depuis un certain temps comme gentrification ou métropolisation – en y associant maintenant un dispositif artistique qu’on pourrait appeler, en analogie avec de grands projets destructeurs économiques, de « Grands projets culturels » où des architectes renommés jouent un rôle éminent. Le premier cas d’un tel assaut urbanistique et idéologique sur un lieu historique a été la défiguration sans scrupules du château de Sade et de tout le village de Lacoste dans le Vaucluse, par la Fondation Pierre Cardin. Le dernier exemple d’une telle colonisation est l’opération LUMA à Arles. »

    #culture#Grands_projets#gentrification

  • Plusieurs associations d’Occitanie dénoncent les grands projets inutiles
    https://www.lejournaltoulousain.fr/occitanie/actualites-occitanie/associations-occitanie-denoncent-grands-projets-inutiles-173450

    Ces grands projets d’ inutilité publiques

    Pour ces trois années décisives, voilà ce que les élus en place nous ont concocté :

    – L’État veut construire une autoroute Castres-Toulouse payante pour une fraction de 5 640 véhicules par jour ! Tous les marqueurs vont à l’encontre d’un projet tel que cette autoroute A69 : inutile, imposée, injuste, d’un autre temps. https://www.lvel.fr Pourquoi ne pas regarder la vérité en face ?

    – Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole veulent construire un réseau routier de contournement à l’ouest de Toulouse (BUCSM et BUO) : 24 kilomètres de nouvelles routes, 52 hectares d’espaces naturels et agricoles artificialisés, pour un total de 276 millions d’euros.

    – Toulouse Métropole porte un projet de nouvel échangeur tout voiture à 80 millions d’euros sur la rocade Est de Toulouse, la Jonction Est, au milieu d’une zone verte à fort intérêt écologique, et cela https://www.change.org/p/non-%C3%A0-la-jonction-est-rocade-de-toulouse pour desservir une clinique privée au détriment de la qualité de vie des habitants.

    – Toulouse Métropole souhaite construire la Tour Occitanie, projet phare du réaménagement du quartier de la gare de Toulouse-Matabiau, qui devrait culminer à 150 mètres et héberger des bureaux, un hôtel, des commerces, des restaurants et des appartements haut de gamme. Il s’agit d’un projet antisocial, dont les classes populaires seront exclues. Un prélude à l’embourgeoisement du quartier.

    – Dans l’Aude, un projet immobilier et de golf Lacoste sur 220 hectares de terres agricoles et naturelles avec 120 villas et maisons, 168 appartements, un hôtel de 80 chambres, un héliport… Capacité d’accueil de plus de 1 000 habitants, le tout en zone de montagne dans un village de 450 habitants ! L’augmentation du trafic aérien serait inéluctable.

    – La Région Occitanie et l’État veulent agrandir le port industriel de Port-la-Nouvelle pour accueillir des navires plus grands, sans qu’un projet économique ne le justifie, si ce n’est importer toujours plus de pétrole, d’engrais chimiques, de bois d’Amazonie, et exporter des blés que nous ne produisons pas. Le projet fait peser un grave danger sur la biodiversité du complexe lagunaire Bages-Sigean, et détruit des centaines d’hectares de fonds marins. Ce sont également des milliers de tonnes par kilomètre de cailloux qui sont transportés quotidiennement depuis le Tarn jusqu’à la Méditerranée. Ce projet voit l’abandon d’une gestion publique au profit d’une société d’économie mixte à dominante privée.

    – Entre Puylaurens (Tarn) et Castelnaudary (Aude), un projet d’axe rapide assorti de deux déviations : Blan (Tarn) et Revel (Haute-Garonne). Soit l’accaparement de quelques centaines d’hectares de terres fertiles, de refuges de biodiversité, des parcelles fracturées, les paysages et le cadre de vie bouleversés.

    – Un projet de contournement par l’Ouest de la ville de Nîmes est récemment ressorti des cartons. Un vieux Contrat de plan État-Région d’une 2×2 voies de 12 kilomètres https://caveiracvaunage.wixsite.com/contournement/lassociation qui détruira la garrigue du village voisin, Caveirac. 230 millions d’euros pour saccager 140 hectares d’espaces boisés sans résoudre les problèmes d’embouteillages à l’entrée de la ville ! Un “pognon de dingue” pour appauvrir la biodiversité !

    – À Montpellier, le département de l’Hérault entend dépenser près de 100 millions d’euros pour https://www.sosoulala.org éventrer 80 hectares de garrigues et de terres agricoles pour tracer au Nord de la ville de Montpellier un périphérique, le LIEN. À l’Ouest, l’État et la Métropole promeuvent une nouvelle liaison autoroutière surdimensionnée, le COM (contournement Ouest de Montpellier), sur 6 kilomètres, au coût d’au moins 275 millions d’euros, avec jusqu’à 10 voies en parallèle, détruisant au passage 24 hectares de très bonnes terres agricoles et 6 hectares de bois classés (pétition). Quid du trafic induit de poids lourds qui vont se déverser en masse sur ce nouvel itinéraire autoroutier plus court et moins cher ? De quoi étendre ainsi https://agir.greenvoice.fr/petitions/contre-les-projets-routiers-dans-l-agglomeration-montpellieraine et toujours plus une métropole hypertrophiée, de quoi grossir indéfiniment les trafics routiers périurbains de même que le transit de transport routier et de tourisme.

    – Dans les Pyrénées-Orientales, la Mairie de Codalet souhaite construire un lotissement à la sortie du village, sur 8 600 m² de terres agricoles. Les habitants s’opposent à ce bétonnage et estiment que la population locale n’a pas été informée. Ils aimeraient plutôt que le centre urbain soit rénové.

    – Dans les Pyrénées-Orientales, les organisations écologistes font face à de multiples projets issus d’un autre temps.
    À Argelès-sur-Mer, le maire Antoine Passa veut agrandir le port au mépris de zones humides et donne son feu vers à la construction de centaines de villas sur des zones boisées.
    A Céret, des espaces naturels encore préservés sont menacés par un projet de pont et de contournement soutenu, quoiqu’il en coûte, par le Conseil départemental.
    À Canet-en-Roussillon, des habitants découvrent qu’une zone arborée de 6 000 m² sera détruite pour y construire des immeubles. L’agglomération de Perpignan est défigurée par des routes et déviations de plus en plus nombreuses. Un entrepôt Amazon vient d’être inauguré dans la plaine du Roussillon et d’autres pourraient s’y implanter encore. Partout autour des villes et villages catalans, lotissements et zones commerciales grignotent les terres agricoles pour le seul profit des promoteurs immobiliers et des propriétaires, sans qu’aucune réflexion sur la qualité environnementale, la ressource en eau et l’intérêt commun ne soit menée.

    – En Ariège, un collectif s’oppose à la construction de l’écodomaine Coucoo sur le lac de Montbel. Les promoteurs ont promis d’investir 3 millions d’euros et de créer 14 emplois. Les opposants dénoncent une absence totale de concertation avec les habitants et plaident pour un libre accès à cet espace naturel. Ils craignent que les infrastructures nécessaires à l’hôtel (accès routier, assainissement, piscines) et la présence humaine permanente ne perturbent le fragile écosystème du lac. Ils réclament la prise en compte des avertissements de la mission régionale d’autorité environnementale concernant les dommages que pourraient causer les aménagements.

    – Toujours en Ariège, pour un coût de 11 à 13 millions d’euros, le détournement de la rivière Touyre pour alimenter le barrage de Montbel qui a pourtant toujours rempli son contrat pour servir l’irrigation des plaines d’Ariège, du Lauraguais et de l’Hers mort : sur 32 années, fin juin, après avoir servi à remplir le lac de la Ganguise, il est toujours resté plus de 41 millions de m3 pour la branche Hers Ariège malgré des turbinages en période de remplissage et le soutien d’étiage de la Garonne a été assuré.

    La LGV Bordeaux Toulouse/Dax ou GPSO https://www.lejournaltoulousain.fr/societe/carole-delga-jean-luc-moudenc-sadressent-conjointement-a-letat-1 est un des plus gros projets de bétonnage d’Europe. 6 000 hectares de forêt, de champs et de zones NATURA 2000 (Ciron, Gat Mort…) détruites. C’est aussi 4,5 millions de tonnes de CO2 équivalent, rien que pour le chantier. Un impact carbone qui ne sera pas amorti avant 2060 soit bien trop tard pour limiter le réchauffement climatique. Et c’est aussi une gabegie financière sans limite. 14 milliards d’euros annoncés qui se finiront en 25 ou 30 milliards. Le collectif NINA ainsi que les autres associations se battent contre ce projet mortifère et ne lâcheront rien.

    et tu as aussi

    – Mine de Salau (Ariège)
    https://www.ladepeche.fr/2022/06/24/mine-de-salau-le-conseil-detat-relance-le-dossier-10394590.php
    La mine de Salau a cessé toute activité en 1986. Mais en 2017, la hausse du cours du tungstène permet à la société Variscan de relancer l’idée de sa réouverture. Une importante mobilisation contre ce projet voit le jour à travers l’association Stop Mine Salau. Ces habitants s’inquiètent des polluants pouvant contaminer le réseau d’eau et des conséquences sur le tissu économique local.

    – Centre commercial Val Tolosa (Haute-Garonne)
    Projet abandonné d’après https://www.ladepeche.fr/2022/05/30/en-haute-garonne-le-projet-du-mega-centre-commercial-val-tolosa-a-lagonie-
    90 000 m2 pour un centre commercial construit sur 44 hectares de terres agricoles. Ce projet gigantesque devait voir le jour dans l’ouest de Toulouse (Haute-Garonne). Jugé inutile en raison d’une présence importante de centres commerciaux, Val Tolosa fait face à une très importante fronde. Des opposants qui ont obtenu plusieurs fois l’annulation de son permis de construire et qui n’attendent désormais que l’abandon officiel de ce projet.

    #grands_projets #inutilité_publique

  • #financiarisation et réaménagement urbain : le cas des « Opérations urbaines » au Brésil
    https://metropolitiques.eu/Financiarisation-et-reamenagement-urbain-le-cas-des-Operations-urbai

    En examinant l’histoire des grands projets de renouvellement urbain au #Brésil, Laisa Stroher montre comment un instrument d’action publique conçu en réponse au manque de financements a permis de convertir le #foncier urbain en actif financier, conduisant à l’expulsion des habitants. Dossier : Les villes à l’ère de la financiarisation Les grands projets de renouvellement urbain et leurs contradictions sont prédominants dans la littérature en matière d’urbanisme et de néolibéralisation des politiques #Terrains

    / Brésil, financiarisation, foncier, #immobilier, #finances_locales, #Grands_projets_urbains, (...)

    #promoteurs
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_stroher_fr.pdf

  • Faire et défaire la #métropolisation

    Comment la #financiarisation a transformé les projets de #renouvellement_urbain du #Grand_Paris et du #Grand_Lyon

    Quelles sont les conséquences matérielles et politiques de la financiarisation de l’immobilier d’entreprise ? À travers l’analyse de #grands_projets de renouvellement urbain, Antoine Guironnet montre que les collectivités doivent désormais s’adapter aux attentes des gestionnaires d’actifs, dont les interventions remettent parfois en cause les objectifs de mixité sociale et fonctionnelle.

    À partir du milieu des années 1990, en France, les marchés immobiliers connaissent d’importantes transformations capitalistiques qui aboutissent à leur financiarisation (Nappi-Choulet 2013 ; sur les infrastructures, voir Cremieux 1999). Ce processus bouleverse l’ampleur et la forme de la circulation des capitaux sur ces marchés. Il se traduit d’abord par une croissance inédite des capitaux placés dans l’immobilier locatif, en particulier non résidentiel (bureaux, commerces, plateformes logistiques). Ce processus se matérialise aussi par le développement d’une industrie de la gestion d’actifs immobiliers rassemblant des intermédiaires financiers

    chargés de rémunérer ces capitaux pour le compte de leurs clients institutionnels (sociétés d’assurances, mutuelles, fonds de pension, fonds souverains, etc.) et particuliers. Ces gérants d’actifs mobilisent des stratégies et des techniques de la finance de marché dans l’objectif d’optimiser la rentabilité et la liquidité de leurs placements, dont ils évaluent les risques et les bénéfices par rapport à d’autres produits immobiliers, mais aussi financiers.

    Désormais, les collectivités qui s’engagent dans l’aménagement urbain font donc face à une industrie de l’immobilier d’entreprise financiarisée. La comparaison de deux grands projets dans les premières couronnes des métropoles parisiennes et lyonnaises, les Docks de Saint-Ouen et le Carré de Soie à Villeurbanne et Vaulx-en-Velin (figures 1 et 2), permet d’en comprendre les conséquences sur la gouvernance et la matérialité des transformations urbaines

    . Dans ces territoires historiquement industriels, il s’agit d’accueillir de nouvelles activités et populations participant de leur métropolisation. La maîtrise publique de ces opérations y est cependant contrainte compte tenu de l’acquisition directe du foncier par quelques promoteurs (limitée à certains secteurs opérationnels). Ces projets, qui débutent au début des années 2000, s’inscrivent également dans une conjoncture immobilière marquée par l’afflux de capitaux sur les marchés immobiliers, et ce en dépit de la crise financière de 2007-2008 qui marque tout au plus une parenthèse.

    Au-delà de ces similarités territoriales, foncières et immobilières, ces deux projets relèvent de politiques différentes. D’un côté, la municipalité de Saint-Ouen, communiste jusqu’en 2014, souhaitait reconvertir un quartier à dominante industrielle et énergétique tout en conservant une mixité sociale et fonctionnelle, notamment du point de vue de la diversité des activités économiques. De l’autre, le Grand Lyon, dont le maire-président, Gérard Collomb, adopte dès son premier mandat (2001-2008) une ligne entrepreneuriale avec pour objectif d’intégrer le « top 15 » des métropoles européennes aux côtés de Barcelone et Francfort, moyennant l’attraction d’entreprises notamment. Or malgré ces différences politiques, le financement de l’immobilier tertiaire par les gérants d’actifs s’est accompagné d’effets socio-spatiaux remarquablement similaires. Cependant, les rapports de pouvoir entre collectivités et acteurs immobiliers conduisant à une forme sélective de renouvellement urbain varient d’un projet à l’autre du point de vue de leur conflictualité et de leur échelle.

    Le calibrage des projets en fonction des critères sélectifs des gérants d’actifs

    La comparaison des premières phases opérationnelles des deux projets fait apparaître, pour ce qui est de l’immobilier tertiaire, des similarités notables. Les immeubles de bureaux sont concentrés à proximité des transports en commun : le long d’une « rue tertiaire » dans les Docks ; autour du pôle multimodal de transport au Carré de Soie. Leurs caractéristiques constructives et architecturales sont standardisées : organisation en plots divisibles, hauteur sous plafond et profondeur de plateau calibrées, certification ou labellisation environnementale
    . De même, les locataires sont presque exclusivement des grandes entreprises capables de louer de vastes surfaces sur le long terme, le plus souvent dans le cadre d’une relocalisation au sein de l’agglomération, ou même de la commune

    .

    Ce renouvellement urbain sélectif a des effets sur l’aménagement des nouveaux quartiers. La concentration spatiale d’immeubles de bureaux monofonctionnels va à rebours des objectifs de mixité fonctionnelle. Au Carré de Soie, alors que le périmètre du projet concerne un vaste territoire de 500 hectares, l’immobilier de bureau est concentré dans un rayon d’une centaine de mètres autour du pôle multimodal. Associée à la standardisation des immeubles de bureau, cette polarisation conditionne en outre la préservation du patrimoine local. En effet, la réhabilitation des bâtiments industriels au titre de la mémoire ouvrière (halle Alstom à Saint-Ouen, usine TASE à Vaulx-en-Velin) a été contrainte par la capacité des promoteurs à pouvoir y recréer, derrière les façades industrielles, des plots de bureaux standardisés et à y installer préalablement des locataires présentant des garanties financières ou une réputation au sein de l’industrie immobilière.

    Cette sélectivité correspond aux attentes des gérants d’actifs immobiliers qui privilégient, ici dans le cadre de politiques d’investissement au niveau de risque-rendement perçu comme modéré

    , certaines formes urbaines et types d’occupation reflétant leurs « conventions d’investissement », c’est-à-dire de constructions sociales partagées et situées (Guironnet 2017, p. 58). Cependant, bien que leurs critères conditionnent les projets menés par les collectivités, leurs interactions avec les élus et services de l’urbanisme et du développement économique sont rares. D’autres acteurs immobiliers diffusent et imposent leurs critères selon une division du travail bien établie. Les sociétés de conseil en immobilier (BNP Paribas Real Estate, CBRE, Cushman & Wakefield, JLL, etc.) se chargent d’accompagner les transactions, de produire des données sur les marchés immobiliers locaux (souvent mobilisées dans la programmation des projets) et, parfois, d’évaluer les projets à la lumière des conventions d’investissement. Leurs interactions avec les collectivités sont secondaires en regard de celles des promoteurs, qui se font les porte-parole des gérants d’actifs immobiliers.

    Dans la mesure où les grandes et moyennes entreprises se désengagent de l’immobilier en préférant la location de surfaces à l’achat, les gérants d’actifs sont devenus en l’espace d’une quinzaine d’années la principale clientèle des grands promoteurs d’immobilier tertiaire qui diffusent leurs conventions

    . Cette discipline marchande se traduit par l’anticipation par les promoteurs des attentes de leur clientèle d’investisseurs, lesquels n’hésitent pas, le cas échéant, à user de leur position d’acheteur pour faire adapter certains programmes. Du fait de la mobilité professionnelle au sein du secteur de l’immobilier tertiaire, plusieurs promoteurs ont en outre déjà exercé comme gérants d’actifs ou dans des entreprises qui leur fournissent des services, comme les conseils immobiliers. Enfin, plus ponctuellement, certains d’entre eux mobilisent des techniques (montage en cession-bail) ou développent des activités propres à l’investissement (portage par des filiales foncières).
    Des rapports de pouvoir à géométrie variable, mais favorables aux gérants d’actifs

    Dans les deux cas, les relations entre collectivités et gérants d’actifs sont donc médiatisées par les conseils en immobilier et surtout les promoteurs. Pour autant, la conflictualité ainsi que l’échelle de ces relations diffèrent, aboutissant à des formes de gouvernance urbaine spécifiques.

    À Saint-Ouen, les négociations ont été nombreuses entre les promoteurs et la municipalité, épaulée par la société d’économie mixte d’aménagement du département (Séquano). Les principes de mélange des fonctions définis par l’urbaniste de la ZAC et soutenus par les élus municipaux se sont heurtés au projet de Nexity. Fort de l’acquisition de terrains sur une surface importante dès 2004, ce groupe immobilier a fini par avoir gain de cause pour regrouper l’immobilier tertiaire le long d’une rue dédiée. De même, le projet initial de mutualisation des parkings entre bureaux, logements et commerces afin de réduire l’usage de la voiture a été modifié. Certains promoteurs ont pu maintenir des parkings privatifs pour les employés des bureaux, au motif que les immeubles seraient dans le cas contraire moins attractifs pour les entreprises, et donc in fine pour les gérants d’actifs faute de loyers.

    Dans un contexte institutionnel fragmenté favorisant la compétition entre communes de la métropole parisienne

    , la municipalité a fini par amender son projet au profit des acteurs de l’immobilier financiarisé. La priorité accordée au logement a conduit la municipalité à reculer sur l’immobilier de bureau afin de préserver ses objectifs. Les besoins de financement du bilan d’aménagement ont également pesé dans la balance, d’autant plus que la politique de logement (plafonnement des prix de vente, construction de 40 % de logements sociaux) créait un manque à gagner en termes de recettes dégagées par la vente de droits à construire aux promoteurs et que les coûts de recyclage du foncier industriel étaient élevés.

    Au Carré de Soie, c’est le consensus entre le Grand Lyon et les promoteurs immobiliers qui a présidé à la définition du projet puis à sa mise en œuvre. Ce consensus portait sur la réalisation d’un pôle tertiaire secondaire accueillant, autour de la gare multimodale, une « masse critique » de 100 000 à 150 000 mètres carrés à destination de grandes entreprises. Cette programmation a été portée par les services de développement économique du Grand Lyon, s’appuyant sur l’agenda de l’exécutif pour mieux enrôler les urbanistes du projet. Elle s’inscrit dans un processus plus général de conversion d’une partie de ces services aux conventions d’investissement dans le cadre d’une politique d’offre immobilière destinée à rendre « visible » et « lisible » l’agglomération aux yeux des investisseurs (voir Guironnet 2016). Cette politique passe par la relance de l’observatoire régional de l’immobilier d’entreprise afin d’améliorer la « transparence » du marché lyonnais. Elle se traduit aussi par la création d’une équipe de techniciens familiers des tendances et standards du marché de l’immobilier tertiaire financiarisé, notamment du fait de leur fréquentation assidue des salons immobiliers comme le Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM). À partir de 2011, ces agents mettent en place une « stratégie tertiaire » qui flèche l’aménagement de la métropole lyonnaise vers quelques sites économiques prioritaires hiérarchisés et spécialisés (dont le Carré de Soie). Couplée avec un phasage de la construction dans le temps, cette polarisation a vocation à produire une offre immobilière attractive pour les gérants d’actifs, en contenant le risque d’emballement du marché, donc en garantissant une rémunération régulière de leur capital.

    La métropole lyonnaise se caractérise ainsi par l’établissement d’une « coalition de croissance » (Logan et Molotch 1987) financiarisée associant d’une part l’exécutif et les services de développement économique du Grand Lyon, d’autre part les conseils et promoteurs immobiliers locaux. Du fait de l’intégration intercommunale établie depuis plusieurs décennies et de l’agenda entrepreneurial poursuivi par l’exécutif, cette coalition est structurée à l’échelle métropolitaine. Cette organisation des rapports de pouvoir est cependant mise au service d’orientations politiques qui ne visent pas à contraindre les gérants d’actifs et leurs intermédiaires, mais à en faire des partenaires d’un développement territorial alors sélectif.
    Les fronts pionniers de la financiarisation en ville

    La comparaison des projets des Docks de Saint-Ouen et du Carré de Soie à Villeurbanne et Vaulx-en-Velin montre en définitive deux combinaisons locales favorables à la financiarisation de la production urbaine, et ce malgré des différences politiques. Cela se traduit par un calibrage sélectif de l’urbanisme et du développement économique par les gérants d’actifs, approfondissant certaines tendances comme la standardisation ou la polarisation spatiale. Ainsi, ces acteurs pèsent sur les termes du renouvellement urbain dans les territoires métropolitains qu’ils plébiscitent. Or, compte tenu du contexte d’austérité budgétaire, leur pouvoir est susceptible de s’étendre à de nouveaux territoires et populations, comme l’aménagement foncier (Thibault 2017) ou le logement intermédiaire (Bigorgne 2017). Cette « colonisation » (Chiapello 2017) de fronts pionniers prend alors également de nouvelles formes : dans le cas du logement intermédiaire, la puissance publique mobilise elle-même des capitaux et des instruments de la finance qu’elle internalise au sein d’organisations dédiées pour mener des politiques publiques, augurant de leur financiarisation émergente. Il en va du renforcement de l’emprise des logiques actionnariales sur de nouveaux territoires, et des mécanismes d’arbitrage entre les bénéficiaires des politiques publiques.

    https://metropolitiques.eu/Comment-la-financiarisation-a-transforme-les-projets-de-renouvelleme
    #Paris #Lyon #géographie_urbaine #urbanisme #matérialité

  • L’élection des présidents dans les métropoles : la démocratie confisquée par les élus
    https://www.mediacites.fr/tribune/national/2020/07/13/lelection-des-presidents-dans-les-metropoles-la-democratie-confisquee-par-les-elus/?mc_cid=e250c5812d&mc_eid=6eb9734654

    Les désignations à huis-clos des présidents des intercommunalités ont consacré les mécanismes de confiscation de la démocratie locale par les élus à un point jamais atteint, estime Fabien Desage, maître de conférence en sciences politiques à l’Université de Lille.

    l y a près de 10 ans, avec David Guéranger, nous publiions un ouvrage consacré à l’histoire et au fonctionnement des intercommunalités en France, avec un titre volontairement interpellant : « La politique confisquée ». Loin d’être polémique, ce dernier soulignait, sur la base de recherches rigoureuses menées durant de nombreuses années selon les canons scientifiques en vigueur, combien les pouvoirs métropolitains en France s’étaient développés à l’abri des regards des citoyens, donnant lieu à des compromis entre élus locaux, à bonne distance des procédures démocratiques https://www.mediacites.fr/decryptage/lille/2018/06/29/les-intercommunalites-sont-des-prisons-dorees-pour-les-elus . Nous montrions que loin d’être provisoires, ces « consensus métropolitains » faisaient désormais partie de l’ADN de ces structures, partout en France, et qu’ils étaient souhaités si ce n’est désirés par des élus locaux s’accommodant fort bien de cette distance avec le peuple.

    Ces « consensus communautaires » ne sont pas le résultat d’accords sur les objectifs de l’action publique ou de la volonté de dépasser les « logiques politiciennes », mais en sont au contraire l’expression la plus pure. Ils traduisent l’autonomisation croissante des logiques d’action des représentations par rapport à l’élection. Au sein des intercommunalités, les élus municipaux à peine élu.es scellent ainsi des « pactes de non-agression » avec leurs adversaires d’hier, qui n’ont pour seule fin que de préserver leur pré-carré communaux et de leur permettre de négocier la répartition des ressources intercommunales à l’abri des regards.

    Une logique de consensus paralysante
    Ces ressources intercommunales sont pourtant colossales. Aujourd’hui, disons le sans ambages, les établissements intercommunaux concentrent l’essentiel des moyens d’investissement au niveau local, indispensables pour faire face aux défis de l’avenir, sur les plans social, sanitaire, économique et climatique. Mais les consensus entre élus, loin d’augmenter la capacité d’agir de ces instances, ont pour effet de les paralyser, de les empêcher de faire des choix qui soient autre chose que des plus petits dénominateurs communs. Des « non choix » en somme, à un moment où les arbitrages sont essentiels.

    Tout cela est fort bien démontré par tous les chercheurs qui s’intéressent à ces structures. Ainsi, aucune métropole, en dépit des nombreuses réformes de la loi NOTRe en passant par la loi MAPTAM , n’est parvenue à freiner la consommation des terres agricoles, à lutter contre la hausse de la pollution atmosphérique ou contre les logiques ségrégatives croissante au sein des espaces urbains. Autant de maux, qui menacent nos villes de grands périls. 

    Les désignations à huis-clos des présidents des métropoles cette dernière semaine ont consacré les mécanismes de confiscation de la démocratie locale par les élus, à un point jamais atteint. Jusqu’à l’indécent, dans un contexte où chacun se sentait obligé de proclamer qu’il ou elle avait tiré les leçons des échecs du « monde d’avant »…

    Farce tragique
    Ainsi de Martine Vassal ou de Patrick Ollier, réélus président.es de leurs métropoles respectives d’Aix-Marseille-Provence et du Grand-Paris, en dépit des évolutions électorales et, surtout, de leur délégitimation électorale évidente. Défaite à Marseille, Martine Vassal, la mal nommée, continue d’être « primus inter pares ». Pour être réélu.es, ces sortants ont noué des accords partisans incompréhensibles pour le quidam, qui contribueront, outre les accusations de collusion, à favoriser l’immobilisme de ces structures et leur incapacité à faire face aux défis essentiels de gouvernement des villes.

    Au sein de la métropole européenne de Lille, La 4ème du pays en importance, qui compte 1,2 million d’habitant.es, l’élection du président a tourné à la farce https://www.mediacites.fr/reportage/lille/2020/07/10/election-a-la-metropole-de-lille-on-prend-les-memes-et-on-recommence . Une farce tragique pour cette agglomération, la plus inégalitaire de France après… les agglomérations parisienne et marseillaise ! (d’après les travaux du collectif Degeyter https://www.mediacites.fr/interview/lille/2017/05/25/lille-une-agglomeration-toujours-plus-inegalitaire ). En dépit de sa mise en examen pour « trafic d’influence passif » et « complicité de favoritisme » dans l’affaire du grand stade, d’enquêtes en cours relatives à des abus de biens sociaux, le président sortant, maire de droite d’une petite commune de la MEL – a en effet été largement et facilement réélu à la tête de l’institution, avec le soutien du groupe des socialistes et apparentés (avec Martine Aubry à la manoeuvre https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2020/07/06/presidence-de-la-mel-aubry-choisit-castelain-malgre-tout ), de plusieurs élus LR (dont le maire de Marcq-en-Baroeul https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2020/06/30/apres-les-municipales-damien-castelain-en-pole-position-pour-la-metropole ) et le cortège des maires « sans étiquette » des communes périurbaines.

    Plus encore sans doute, c’est l’absence totale de débat https://www.mediacites.fr/tribune/national/2020/07/13/lelection-des-presidents-dans-les-metropoles-la-democratie-confisquee-par-les-elus/?mc_cid=e250c5812d&mc_eid=6eb9734654#annexe-1 lors de la campagne autour de la position pourtant préparée de longue date de Martine Aubry et des élus de son groupe qui interpelle et éclaire la vraie nature des compromis faustiens métropolitains. Certains observateurs se rassurent – à tort – en voyant dans le soutien des maires de Tourcoing et de Roubaix à un autre candidat le signe de la « fin du consensus ». C’est bien mal connaître le fonctionnement de ces instances que de le croire. 

    Faut-il rappeler que ces maires de droite de Tourcoing et de Roubaix ont été des soutiens directs du président Castelain et de la MEL durant le précédent mandat ? Qu’ils ont voté le choix de la location de longue durée du nouveau siège – le “Biotope” – récemment étrillé par la Chambre régionale des comptes, comme la quasi-unanimité des conseillers communautaires, avant de se rétracter pour une partie d’entre eux quand il était trop tard.

    Défaut de politique redistributive
    Comme toujours, dans cet espace en permanence « confiné » que constitue le conseil métropolitain, les opposants d’aujourd’hui seront les soutiens discrets de demain. Si d’aventure le président Castelain devait quitter ses fonctions forcé à le faire par la justice https://www.mediacites.fr/complement-denquete/lille/2017/08/01/damien-castelain-nechappera-pas-au-tribunal-pour-trafic-dinfluence-passif ce qui n’est pas improbable, on peut parier que les « contestataires » rentreront dans le rang et soutiendront la formation d’un exécutif consensuel élargi, qui leur permettrait de réassurer leur position, au détriment des intérêts des habitants de leurs communes.

    Parce qu’il faut le rappeler avec force : si les maires des grandes villes trouvent opportun de rallier la majorité de la MEL pour défendre le soutien de cette dernière à leurs « grands projets » contestés (à l’image de Saint-Sauveur pour Martine Aubry à Lille), c’est au détriment des intérêts d’une grande partie de leur population. Majoritairement peuplées par les classes populaires, Lille, Roubaix et Tourcoing sont les territoires dont les habitants perdent le plus à des compromis avec les élus des communes périurbaines et/ou privilégiées, qui empêchent toute politique réellement redistributive à l’échelle intercommunale qui tiendrait compte de ces inégalités et tenterait de les résorber.

    De la sorte, ces maires de grandes villes déjà si mal élus (moins de 15% des inscrits) nourrissent l’indifférence voire la défiance des citoyens à leur égard, à l’égard des institutions politiques, et creusent un peu plus la tombe de la démocratie locale, en même temps que la leur et que la nôtre…

    #Démocratie #Démocratie_locale #Farce #Communes #Métropoles #intercommunalités #consensus #ségrégation #terres_agricoles #pollution_atmosphérique #martine_aubry #Lille #Roubaix #Tourcoing #grands_projets #Saint-Sauveur #Loi_NOTRe #Loi_MAPTAM #Fabien_Desage

    Loies NOTRe et MAPTAM
    Les lois NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République, août 2015) et MAPTAM (Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, janvier 2014) ont pour but de redéfinir et clarifier les compétences entre les différentes collectivités territoriales. Elles renforcent notamment le pouvoir des régions et des métropoles. 

    • 10 000 « esclaves » dans les usines de Leicester
      http://www.lessentiel.lu/fr/news/europe/story/10-000-esclaves-dans-les-usines-de-leicester-28304438

      La pandémie de coronavirus a mis en lumière les conditions de travail dans les ateliers textiles de Leicester, ville d’Angleterre. Une enquête va être ouverte.

      Jusqu’à 10 000 personnes sont employées dans des conditions proches de l’esclavage, dans les ateliers textiles de Leicester, une ville du centre de l’Angleterre, a affirmé lundi un député local. La ministre de l’Intérieur, Priti Patel, s’en est émue devant le Parlement lundi, dénonçant « ce fléau moderne » et son ministère a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ces allégations par l’Agence nationale contre la criminalité (NCA), alors que, depuis quelques jours, les dénonciations publiques de la situation dans les usines de Leicester se multiplient.

      Une flambée de cas de coronavirus a poussé les autorités, fin juin, à prolonger d’au moins deux semaines le confinement dans cette ville industrielle des Midlands. Les ateliers de confection ont continué à fonctionner pendant le confinement et ils sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans la deuxième vague de contaminations. Ce qui a braqué les projecteurs sur les pratiques dans ces usines.

      Boohoo montrée du doigt
      Selon le député conservateur Andrew Brigden, interrogé par l’AFP, jusqu’à 10 000 personnes pourraient être employées pour un salaire de misère de 2 livres sterling de l’heure (environ 2,2 euros). Les victimes de ces pratiques sont « un mélange de gens du cru et de travailleurs immigrés, dont certains seraient en situation illégale, raison pour laquelle ils sont réduits en esclavage », a ajouté Andew Brigden. Labour Behind the Label, un groupe de défense des droits des travailleurs, a assuré dans un rapport que certaines usines fonctionnaient à plein régime pendant la crise, même quand un salarié avait été testé positif, alors qu’il était « inconcevable » qu’elles puissent respecter les mesures préconisées contre le virus, comme les gestes barrière.

      « Cela fait des années que circulent les allégations d’abus dans bon nombre de sociétés de Leicester », a souligné Dominique Muller, de Labour Behind the Label. Selon un récent rapport parlementaire, Leicester, une ville à forte diversité ethnique, compte un bon millier d’ateliers textiles. Labour Behind The Label accuse les marques comme Boohoo, spécialiste de la « Fast Fashion », de piétiner le droit du travail.

      #esclavage en #Angleterre #migrants #textile #Fast Fashion #confinement #covid-19 #coronavirus #contamination #travail #MissPap #PrettyLittleThing #Nasty_Gal

  • Grands projets inutiles en temps de confinement | Zoom Ecologie
    http://www.zoom-ecologie.net/?Grands-projets-inutiles-en-temps-de-Confinement

    Dans l’état d’urgence sanitaire décrété il y a maintenant deux mois, le confinement semble à géométrie variable, interdisant d’un côté aux militant-e-s de se réunir pour s’organiser contre les projets d’aménagement, autorisant de l’autre les aménageurs à poursuivre leur entreprise de bétonisation du monde. Pour nous en parler nous recevons les collectifs de la ZAD de la Dune, de la ZAD du Brochet et de Terres Communes, chacun nous faisant pas de la situation vécue sur place et des perspectives pour s’organiser dans ce nouveau contexte politique. Durée : 1h15. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://www.zoom-ecologie.net/IMG/mp3/ze_2020-05-07_confinement-zad.mp3

  • Appel à résister aux 12 nouveaux projets inutiles et imposés

    https://lundi.am/Appel-a-resister-aux-12-nouveaux-projets-inutiles-et-imposes chez @lundimatin

    Lundi 20 janvier au Château de Versailles, le président Macron a accueilli lors du sommet Choose France 200 magnats de l’industrie dont les PDG de Total, Coca-Cola, Netflix ou encore General Electric. Le projet est simple : les inviter à participer à la ’reconquête industrielle’ des territoires français en leur offrant 12 sites dits ’clés en main’. Un véritable ’prêt-à-construire’ au nom de l’attractivité et de la compétitivité, toutes les études obligatoires à mener en amont d’une installation ont déjà été prises en charge par les collectivités territoriales. De plus, le gouvernement ne compte pas s’arrêter là : jusqu’à 50 sites de ce genre seront révélés dans les prochains jours.

    Nous appelons à une opposition nombreuse et forte contre le projet du gouvernement d’industrialisation des 12 sites français par des investisseurs étrangers. Les menaces locales et globales qu’il fait peser sur l’environnement et les populations habitant à proximité des sites exigent de lutter localement et de manière coordonnée contre ces grands projets inutiles et imposés.

    /.../

    Alors que s’organise le refus du débat sur l’avenir de l’industrie en France, nous appelons tout-e-s celles et ceux conscient-e-s de l’impasse mortifère de la croissance économique à :

    — rejoindre les collectifs en lutte contre des projets qui méconnaissent le bien commun [ https://superlocal.team ] ;

    — former ces collectifs lorsque cela est nécessaire (recrutez dans vos dîners de famille !) ;

    — participer à la manifestation nationale contre les projets inutiles qui se tiendra le 29 février 2020 à Nantes [ https://laissebeton.org ] ;

    — organiser une convergence régionale des collectifs et individu-e-s en lutte, qui pourraient se rassembler lors d’une manifestation nationale contre la politique de ré-industrialisation de la France et les projets destructeurs ;

    — reprendre aux aménageurs et promoteurs le choix de la manière d’habiter nos territoires ;

    — résister, par tous les moyens nécessaires et partout où cela s’impose, à la destruction programmée du vivant.

    #publication #GPII #grands_projets_inutiles_et_imposés #ecologie_radicale #bétonisation #zad #zones_a_defendre

  • Un projet d’autoroute hérisse les défenseurs de l’environnement en Camargue AFP - Le figaro - 2 mars 2019
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2019/03/02/20002-20190302ARTFIG00042-un-projet-d-autoroute-herisse-les-defenseurs-de-l

    Relancé par le gouvernement, un projet de contournement de la ville d’Arles hérisse les écologistes, qui redoutent l’impact sur les terres agricoles et les écosystèmes aux portes de la Camargue.

    Chaque jour, Arles - la cité provençale prisée des touristes pour sa feria et son festival de photographie - est empoisonnée par les gaz d’échappement de 80.000 véhicules en transit. Parmi eux, des milliers de camions qui relient l’Espagne à l’Italie. Évoqué depuis au moins un quart de siècle et plusieurs fois enterré, le projet de contournement autoroutier, baptisé A54, a été relancé fin 2018 par le gouvernement, dans une liste de « grands projets » d’infrastructures à mener à bien malgré la disette budgétaire. Des études ont été lancées pour réactualiser le projet.

    Très soutenu localement, des milieux économiques à la mairie communiste, le projet fait cependant bondir des associations écologistes qui tentent de protéger les équilibres fragiles d’une zone unique, entre le parc régional de Camargue, la plus vaste zone humide d’Europe, et la plaine de la Crau, steppe de 25.000 hectares. Et vendredi, ils ont reçu l’appui de deux eurodéputés EELV, José Bové et Michèle Rivasi, venus dénoncer un projet qu’ils estiment « dévastateur, polluant et climaticide ». « Ce contournement, c’est 900 hectares de terres agricoles perdues, dont 700 hectares de terres arables ! », s’alarme Michèle Rivasi. « Faire cette autoroute, c’est montrer qu’on n’a rien compris au changement climatique », ajoute-t-elle, contemplant depuis un pont la plaine déjà balafrée par la voie rapide et une voie ferrée.

    Les flamants roses au contact des camions
    Cigognes, canards, flamants roses et tortues du parc régional de Camargue devront voisiner avec les camions, dénoncent les détracteurs du projet, qui craignent une hausse du trafic. « On ne passe pas au milieu du delta du Rhône », rétorque Jean-Luc Masson, élu d’Arles qui préside l’entité chargée de veiller sur les digues du fleuve. Le périmètre du parc régional a été rogné pour le « rendre compatible » avec le projet, précise-t-il. Pour tenter de mobiliser, l’ancien leader paysan José Bové évoque le contournement autoroutier de Strasbourg (GCO), « un projet qui ressemble comme deux gouttes d’eau » à celui d’Arles. Ses travaux ont été en partie suspendus par la justice après une mobilisation des écologistes. . . . .

    #grands_projets_inutiles #capitalisme #massacre de la #Camargue à venir, ainsi que d’#Arles et du #parc_régional #camions #écologie

  • Face à la pénurie annoncée de neige, Tignes veut skier à l’intérieur 62 millions euros
    https://www.rtbf.be/info/dossier/changement-climatique-les-enjeux/detail_face-a-la-penurie-annoncee-de-neige-tignes-veut-skier-a-l-interieur?id=1

    . . . . .
    Après un été caniculaire, l’ouverture des pistes a du-être retardée cette année. En cause, la fonte accélérée du glacier. « Sur 5 ans, on voit les glaciers bouger », précise un autre skieur, masque et casque sur la tête. « Le téléski n’avait pas pu ouvrir tout de suite car le glacier était trop descendu. C’est vraiment visible pour nous. » Des observations confirmées par Pierre Spandre, nivologue et responsable des pistes à Tignes. Selon lui, « à l’échéance de 10 à 20 ans maximum, ce sera extrêmement compliqué d’assurer du ski d’automne et d’été à Tignes ».

    Une piste de ski et une vague de surf

    Si la situation est compromise à haute altitude, qu’en sera-t-il plus bas ? Nous retournons dans la station avec le funiculaire creusé dans la montagne. Pas encore de neige, ni de touristes, Tignes et ses 2600 habitants préparent activement la saison et le futur. Avec la fin annoncée du glacier et les scénarios climatiques pessimistes, on annonce moins de neige et plus de pluie, la ville de montagne organise sa survie. Pour garantir à l’année l’avenir du ski à Tignes, le maire a une idée. Il nous emmène au pied d’un télésiège. A cet endroit, il veut en créer une piste de ski intérieure. Avec également une vague de surf. Le tout, donc, au milieu des montagnes. « Vous aurez peut-être la montagne de manière artificielle à l’intérieur mais il suffira de sortir pour découvrir -en vrai- la montagne à l’extérieur », explique, très convaincu de son projet, Jean-Christophe Vitale.

    . . . .
    #Tignes #Neige #Ski #écologie #malades_mentaux #grands_projets_inutiles

    Et aussi :
    https://seenthis.net/messages/552528
    https://reporterre.net/Face-au-changement-climatique-la-station-de-Tignes-veut-mettre-le-ski-so

  • Mort d’ouvriers, déforestation... la face cachée du nouveau « méga-aéroport » d’Istanbul - France 24

    https://www.france24.com/fr/20181029-turquie-aeroport-istanbul-face-cachee-ouvriers-morts-deforestatio

    Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a inauguré, lundi, le nouvel aéroport d’Istanbul. Ce mégaprojet suscite de vives polémiques sur les conditions de travail des ouvriers et sur la destruction de la biodiversité.

    À tout point de vue, le nouvel aéroport turc, qui doit être finalisé d’ici 2028, a de quoi donner le vertige : une surface de 7 600 hectares sur les rives de la mer Noire, un transit à terme de 200 millions de passagers par an – soit près du double des 103,9 millions passant par l’aéroport américain d’Atlanta, le plus fréquenté au monde, et un coût total de 10,5 milliards d’euros.

    #turquie #istanbul #grands_projets #grands_projets_de_développement

  • « La pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation »
    https://unphilosophe.com/2018/10/22/entretien-avec-serge-quadruppani-la-pensee-plus-que-jamais-nexiste-que

    Entretien avec Serge Quadruppani sur le site Un Philosophe à propos de son livre « Le monde des grans projets et ses ennemis »

    Je n’ai aucune idée de ce que sont les « penseurs de métier ». Aujourd’hui, on a des personnages médiatiques qui prennent des poses de penseurs, qui sont complètement déconsidérés, que plus personne ne prend au sérieux mais que les médias continuent à promouvoir. Leur fonction n’est évidemment pas d’aider leurs contemporains à penser, mais de les distraire de l’effort de penser, en leur fournissant des banalités de comptoir machinalement répétées (l’obsession du « c’était mieux avant » chez Finkelkraut ou Debray) ou des énormités tonitruantes (comme l’équation « Freud=nazi » chère à Onfray), ou pour s’offrir comme cibles à sarcasmes et dis-penser de prendre quoi que ce soit au sérieux (la dérision généralisée, arme de soumission massive). Parce que la pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation. On ne pense pas le monde suivant qu’on s’y soumet à travers les dispositifs spectaculaires et les parcours fléchés du discours dominant, ou qu’on s’y affronte sur le terrain, avec les zadistes, les soutiens aux migrants, les travailleurs en grève. S’il existe bien des chercheurs qui trouvent (comme Grégoire Chamayou, au hasard), c’est-à-dire des gens payés (plutôt chichement, en général) pour accumuler des données, rares sont les données qui donnent quelque chose à la lutte, mais celles-là sont évidemment précieuses. C’est aux gens qui luttent de construire un contre-savoir et un contre-imaginaire. Sur la Zad ou dans la vallée de Susa, et en bien d’autres lieux qui résistent au saccage de la planète, des gens s’y emploient. Ils ne font pas métier de penser, mais ils pensent.

    #grands_projets #grands_projets_inutiles #ZAD #NDDL #Val_Souza #autonomie #communs

  • Lentillères : subversion maraîchère

    A Dijon, 6 hectares promis à l’urbanisation sont occupés depuis 2010. Potager collectif, jardins partagés : le quartier revit. Un reportage publié par Libération en 2014

    Sont-ils frères et sœurs des zadistes de Notre-Dame-des-Landes ? Ou enfants du Candide de Voltaire, qui appelait à « cultiver notre jardin » ? Leur zone à défendre (ZAD) à eux se trouve à Dijon. C’est une ancienne friche à proximité de l’entrée sud de la ville, en contrebas de la voie ferrée. Un triangle de six hectares, promis à l’urbanisation, qu’ils occupent en la cultivant depuis quatre ans. Une subversion maraîchère que la municipalité a tenté en vain de décourager. La ville de Dijon entend en effet construire ici l’un des 14 écoquartiers de son plan local d’urbanisme. Sur 21 hectares qui englobent aussi l’ancien quartier des abattoirs, sont prévus 1 500 logements, 15 000 à 20 000 m2 de bureaux, surfaces commerciales et espaces verts. Une « cité-jardin » brocardée par les squatteurs-jardiniers qui raillent une « dimension environnementale limitée aux normes BBC (bâtiments basse consommation en énergie) ». Contre « le bétonnage écologique », ils défendent ces terres rescapées de l’ancienne ceinture maraîchère de la ville et forgent un modèle d’agriculture bio et vivrière.

    La campagne à la ville

    De l’extérieur, on ne voit pas grand-chose, juste un grand tag « Non à l’écoquartier ». Quand on franchit le portail, on découvre la campagne à la ville. Un paysage hybride et apaisant, une zone plus bucolique qu’horticole parsemée de haies, d’arbres et de chemins sinueux… A l’occasion de l’anniversaire des quatre ans d’occupation, des « squatteurs jardiniers » nous guident dans le « quartier libre des Lentillères ». Il y a d’abord un potager collectif, le Pot’col, un hectare de terre où « on travaille et récolte ensemble », et sans pesticides, explique Thomas, 25 ans, ingénieur en environnement. Fraises, patates, choux, radis, épinards… « Pour notre consommation et pour des soupes ou salades parties grâce auxquelles on collecte un peu d’argent ». A son arrivée à Dijon, en 2011, Thomas avait envie de « faire un jardin ». Il s’est adressé aux jardins familiaux. Mais l’ambiance l’a déçu. Au potager des Lentillères, il a plongé ses mains dans la terre, en a retiré bien plus qu’il n’en attendait : « Ici, on démultiplie nos capacités et nos compétences. »

    Le Pot’col a été « la première surface occupée, la seule jusqu’en 2012 », poursuit Benjamin. Chaussé de bottes de caoutchouc, il se définit comme « un urbain, titulaire d’un bac agricole », qui a trouvé aux Lentillères une opportunité rare d’« accéder à la terre » et de se former au maraîchage. Derrière la haie, des parcelles, des potagers partagés entrecoupés d’arbres, de quelques hamacs, de collecteurs d’eaux pluviales… Comme le « jardin des Marocains », ainsi nommé parce que cultivé par les ouvriers immigrés du foyer voisin. « En 2012, on a commencé à appeler les gens à venir défricher leur parcelle »,dit Thomas, et le mouvement a pris une ampleur inattendue. « On vient autant pour le lien social que pour la production, remarque Yannick Sencébé, sociologue du monde rural à l’Inra de Dijon, qui a fait du potager des Lentillères son terrain d’études (1), à partir, précise-t-elle, « d’une posture de participation observante ». « Chacun choisit sa parcelle et se l’approprie. Beaucoup laissent un barbecue, d’autres une caravane… »

    Vient ensuite « l’espace des maraîchers », grande parcelle horticole, dont la production permet d’alimenter un marché à prix libres, chaque jeudi soir, où se pressent de plus en plus de Dijonnais. Antoine, l’un des maraîchers, vit sur place et partage son temps de travail entre les Lentillères et d’autres terres à 30 kilomètres de là. « Monomaniaque du jardin », il a « découvert ici l’autogestion, le collectif », une expérience qu’il espère valoriser au sein d’une ferme collective.

    Dans la grange aménagée en bar et salle de concerts, un diaporama retrace l’histoire de la friche. Au départ, en 2009, il y a Urgence Bio21, un collectif d’associations dont Attac, la Confédération paysanne, Slow Food et les Amap locales. « Sept cents familles étaient sur liste d’attente pour intégrer une Amap et bénéficier chaque semaine d’un panier de légumes bio, relate Yannick Sencébé. Il n’y avait pas assez d’offre. » Le collectif discute avec la ville pour promouvoir une agriculture bio et locale. Selon Benjamin, les associations « se font balader par la mairie qui propose des terres pourries » alors que celles de la ceinture maraîchère sont d’une « qualité agronomique exceptionnelle ».

    Pourtant, au fil des projets d’urbanisation qui se sont succédé sans se concrétiser depuis quinze ans - une gare TGV, une clinique - et depuis 2008, l’écoquartier, les maraîchers sont partis, les propriétaires ont vendu à bon prix les terres que la mairie a préemptées. Une seule famille de maraîchers vit encore là, le reste n’est que ronces, buissons et ordures. Les jeunes militants du collectif - « la génération des zadistes, précise Yannick Sencébé, celle qui passe plus volontiers à l’action que nous, les altermondialistes »- découvrent la friche, nouent des liens avec la famille et avec les habitants du squat voisin, installé depuis 1998 dans les bâtiments des anciens abattoirs. Le 28 mars 2010, du centre-ville jusqu’aux Lentillères, 200 manifestants marchent avec bêches, brouettes et chariots pleins de semis pour « libérer les dernières terres agricoles intra-muros ». « On a fait l’expérience de la force du collectif », se souvient Yannick Sencébé. Les ronces sont arrachées, la terre nettoyée, les salades plantées. « Au début personne ne savait jardiner, admet Thomas, mais les maraîchers nous ont aidés. »

    La renaissance des terres suscite sympathie et soutien. Une fois par an, un paysan vient livrer 12 tonnes de fumier, même s’il lui faut faire une heure de tracteur. Il y a aussi ce gérant de café qui ouvre ses cuisines pour que les potagistes puissent préparer les plats pour les fêtes, ces voisins contents de voir revivre le quartier, ou ces chômeurs pour lesquels le marché à prix libres est une aubaine. Et des sympathisants de France, de l’étranger ou croisés sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes…

    Au fil des mois, l’éventail des motivations s’est étoffé : à la volonté de préserver des terres en ville, de promouvoir une agriculture bio de proximité, s’est greffée l’aspiration de jeunes « paysans sans terre » qui rêvent de « faire sauter le verrou de l’accès au foncier » ; certains potagistes rejettent le salariat et aspirent à une forme de vie collective ; d’autres entendent remettre entre les mains de « ceux qui désirent un bout de jardin les terres sous l’emprise des promoteurs urbains ». S’y ajoute la critique d’une « urbanisation synonyme d’atomisation des vies avec une logique d’habitat individuel et peu de mixité sociale ». « Le but affiché des écoquartiers est d’atteindre les 300 000 habitants, une taille considérée comme critique pour Dijon qui se veut aussi capitale écologique », souligne Yannick Sencébé. La sociologue discerne (1) chez les jeunes potagistes une sensibilité commune : « C’est une génération marquée par les enjeux écologiques et recherchant à travers le rapport à la terre la mise en pratique d’un mode de vie alternatif. »

    Avec l’ex-maire socialiste de Dijon (2001-2014), François Rebsamen - ministre du Travail depuis avril -, le dialogue n’a jamais pu se nouer. En témoigne sur la friche un tas de décombres, vestiges d’une grande maison bourgeoise, rachetée par la mairie mais devenue le QG du potager des Lentillères. En 2010, raconte Thomas, « la mairie a envoyé des bulldozers qui ont rasé la villa ». En 2011, les potagistes demandent un entretien au maire mais leur lettre ouverte, cosignée par une vingtaine d’associations, reste sans réponse. « La deuxième attaque, relate Benjamin, s’est produite en 2012. Une tractopelle a déboulé et retourné une partie de la friche, creusant de gros trous. » Paradoxalement, le saccage cristallise la lutte et la résistance. En 2013, les potagistes profitent de l’enquête publique sur le projet d’écoquartier pour s’exprimer mais, malgré une majorité d’avis négatifs, le commissaire enquêteur conclut à l’intérêt du projet. « Le jardinage, c’est la base, mais là-dessus se greffent plein de projets, observe Yannick Sencébé. On a cultivé un esprit festif avec un programme d’animations culturelles, retapé la grange où l’on organise des concerts chaque semaine. » Entre aubépines et sureaux, sont apparus des tables, des ruches, ou encore le « snack friche », un ancien appentis aménagé pour se mettre au chaud, faire la cuisine… Le quartier des Lentillères fourmille de vie et d’idées.

    L’écoquartier en question

    Au printemps, les potagistes ont profité de la campagne municipale, ils se sont invités à chacune des réunions publiques du maire candidat Rebsamen pour se faire entendre. Avec des discussions houleuses, des squatteurs refoulés, mais aussi une petite avancée. Dans une interview diffusée à la veille du deuxième tour, Rebsamen a reconnu qu’il y avait aux Lentillères de « bonnes terres ». « On va les protéger », a-t-il garanti. La mairie avait jusque-là toujours dit que ces terres étaient polluées et impropres à la culture. Mais le maire a précisé qu’il refusait « l’occupation sauvage », souhaitant que « des associations agréées » gèrent ces espaces.

    Fin avril, au téléphone, Pierre Pribetich, l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme, manie le chaud et le froid. Il se dit « respectueux de la démarche » des potagistes, mais dénonce une « occupation illégale ». Il est « ouvert au dialogue », « partisan du compromis » à condition que « chacun fasse évoluer sa position ». Il explique les contraintes auxquelles la ville doit faire face : « D’un côté, une demande récurrente de logements à Dijon (il en faudrait 600 à 700 nouveaux par an pour éviter que la ville périclite). De l’autre, l’obligation qui nous est faite de limiter l’étalement urbain. » Il vante la conception de l’écoquartier qui prévoyait « dès le début, des espaces de culture dédiés, 10 000 m2 de jardins potagers et 1500 m2 de vergers pédagogiques ». Selon lui, la seule divergence porte sur la localisation de ces espaces mais il ajoute qu’aux Lentillères, il n’y a pas de « professionnels ».

    Cela fait sourire les potagistes, fiers de leurs légumes. Ils ne revendiquent que 6 hectares sur les 21 alloués à l’écoquartier. Avec humour, ils ont baptisé le journal des Lentillères le Génie du lieu, en référence à Nicolas Michelin : « Le génie du lieu, disait l’urbaniste dans une interview, c’est l’impression, l’air, l’atmosphère… […] Nous devons nous imprégner de ce qui existe, de l’histoire, des hommes avant de construire. […] Je ne comprends pas ceux qui inventent des systèmes complexes sans tenir compte de l’existant. »

    (1) « Empaysannement de luttes urbaines : Quand la défense de la terre nourricière s’invite au cœur des villes », de Y. Sencébé, in « Pour » n°220, 2013.

    Eliane Patriarca

    #autonomie #communs #ZAD #territoires #grands_projets_inutiles #Lentillères

  • Aux Lentillères, le paradis altermondialiste menacé par l’écoquartier

    Défrichées en 2010, d’anciennes terres maraîchères du sud de Dijon accueillent jardins partagés et squatteurs désireux de vivre en marge de la société. Un laboratoire alternatif à ciel ouvert que la mairie souhaiterait raser pour construire logements, bureaux et commerces.

    La route est courte pour se rendre aux Lentillères depuis le centre-ville dijonnais. Une demi-heure à pied, le temps de voir le paysage évoluer des immeubles haussmanniens aux maisons de banlieue. Et puis la signalisation change : un « zone 30 » devient « zone libre », un affichage annonce le « quartier libre des Lentillères ». L’entrée sur les terres maraîchères se fait sans encombre. A l’inverse de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, aucune barricade ne restreint les allées et venues. Les huit hectares du quartier sont relativement calmes. Seul le bruit des trains qui longent les Lentillères se fait parfois entendre.

    Campagne rattrapée par la ville, le quartier des Lentillères fut aussi une zone industrielle au XIXe siècle et durant les Trente Glorieuses. L’étalement urbain s’amplifiant, les dernières terres agricoles sont enclavées dans les années 80. Quelques maraîchers continuent pourtant à cultiver dans le périmètre actuel du quartier libre des Lentillères. Les décennies passent et en mars 2010, des militants dijonnais décident d’accaparer les terres maraîchères, alors que le terrain appartient à la ville. Souhaitant développer encore les écoquartiers, la municipalité de François Rebsamen et la communauté de communes ont misé en 2010 sur cette parcelle de la banlieue sud pour construire logements, commerces et bureaux. Le bras de fer entre les élus et squatteurs est féroce, entre consultations publiques et actions coups de poing. La première phase des travaux, à proximité de la ZAD, a pourtant débuté en 2016. La deuxième, qui raserait le quartier, fait toujours débat. Du côté de la mairie, aucune date de début de travaux n’est communiquée. Lors du dernier conseil municipal, le sujet est revenu sur la table, menant à des échanges virulents entre majorité et opposition.

    Depuis huit ans, une centaine de personnes vivent en permanence sur cette ZAD urbaine. Ils se nourrissent en grande partie des légumes qu’ils récoltent. Les surplus sont vendus sur place, le jeudi, à l’occasion d’un marché où les prix sont libres. Sur les premiers hectares, les jardins du collectif Pot’Co’Le définissent le paysage. Habitants et jardiniers y cohabitent. Trois ans après le premier défrichage des terres, Monique, retraitée logeant au centre-ville, a pris possession d’une parcelle avec des amis. « Il a fallu quatre mois pour tout défricher, il y avait des arbustes de 3 mètres de haut », se souvient-elle. Elle y cultive fruits, légumes et herbes aromatiques. « J’ai rencontré beaucoup de monde ici. J’ai même sympathisé avec des Touaregs. Ils m’invitent à leurs fêtes et arrosent mes plantations quand je suis en voyage », raconte la retraitée.

    Solidarité, système D, potager

    Un peu plus loin, on rejoint les serres. En cette fin d’après-midi du début octobre, une dizaine d’habitants désherbent. C’est là que nous rencontrons Pablo. Ce jeune Uruguayen vagabonde à travers l’Europe, souhaitant créer un projet culturel à son retour au pays. Bien qu’il n’y vive que pour un mois maximum, Pablo est désireux d’apprendre sur le mode de vie du quartier. « L’éducation scolaire n’apprend pas les méthodes pour entretenir la nature, pointe l’Uruguayen. Ici, cela va à l’encontre de la culture populaire où l’on imagine un champ comme une étendue infinie de blé ou de maïs. Je suis surpris de la manière dont on arrive à nourrir tout le quartier avec aussi peu d’espace. »

    Pablo ne parle pas français, seulement espagnol et un anglais approximatif. « Cela ne m’a pas aidé lors de mon arrivée au quartier. Plusieurs nationalités cohabitent. Heureusement, j’ai été aidé par d’autres habitants qui font la traduction », explique-t-il devant sa caravane.

    En plus d’accueillir des étrangers, le quartier compte dans ses habitants de nombreux Français désireux de vivre en marge de la société. C’est le cas d’Alexis, qui vit aux Lentillères depuis quatre ans. Cet anarchiste raconte ses passages dans des squats à Paris, son implication dans la lutte, ne manquant pas de nous présenter des médias alternatifs, pendant que son enceinte crache du Keny Arkana.

    Quelques instants après notre rencontre, le jeune homme sort de l’enclave des Lentillères et croise quatre voitures qu’il pense banalisées. « J’ai vu un homme sortir de l’une d’elles. Après avoir prévenu mes amis, je l’ai rejoint puis escorté et filmé le temps qu’il longe le quartier. » Finalement, l’inconnu ne s’introduira pas dans la ZAD. « Il n’y a pas eu d’intervention policière depuis plusieurs années, mais c’est obligé que des keufs en civil se baladent dans le quartier. Ils peuvent toujours venir, nous sommes tellement unis qu’on ne lâchera rien. On peut tenir jusqu’en 2025 si on veut », affirme-t-il avant de nous emmener dans son squat.

    La pièce principale de cette maison autrefois abandonnée est colorée : les murs y sont orange mat et bleu ciel. Les cinq habitants de la bâtisse disposent de l’électricité, de meubles, de petit électro-ménager, mais pas d’eau courante. Alors pour le café, c’est au jerrican qu’Alexis remplit le réservoir d’eau de sa machine. Débrouille et récupération font partie des normes du quartier.

    « Nous sommes les ennemis du système »

    Un peu plus loin, on arrive aux petites Lentillères. L’endroit est moins boisé et surtout en face des anciennes tanneries, où est construite en ce moment la phase 1 de l’écoquartier des maraîchers. Un aperçu de l’avenir ? La phase 2, dont les dates de travaux sont encore floues, mènerait au bétonnage du quartier libre. Un décalage entre deux mondes que décrit Franck, vivant à la frontière du quartier. « On entend du bruit toute la semaine, mais on se soigne. L’autre jour, il y avait un ouvrier sur chacun des cinq étages de l’échafaudage, on aurait dit les Village People » s’exclame-t-il avant de confier « être allé danser YMCA devant eux avec un voisin ».

    Son voisin justement, c’est Fred. La cinquantaine, il dort dans une caravane en attendant que sa maison des Lentillères, incendiée, soit reconstruite. Cet amoureux de la nature a peint une pancarte appelant à profiter du chant des oiseaux, qui « donne la force de résister ». Décrivant les Lentillères comme son coin de paradis, il parle du manque de moyens face aux protagonistes de la seconde phase. « Nous n’avons pas grand-chose à défendre, si ce n’est nos terres et la solidarité qui anime le quartier. Ce serait vraiment embêtant qu’une dalle de béton soit coulée sur cet écrin de nature », avoue-t-il tristement. Fred s’inquiète aussi de l’arrivée imminente des habitants de la première phase : « Si des vols ou des incidents ont lieu, les Lentillères seraient immédiatement pointées du doigt. Cela compliquerait notre combat. »

    Lucky est plus radical. Cet Espagnol vit en alternance entre les Lentillères et la péninsule ibérique depuis trois ans. « Nous sommes les ennemis du système. Notre action et notre mode de vie ne vont pas dans son sens », affirme l’Espagnol. Tout comme Monique, Alexis, Franck et Fred, il est prêt à se battre pour défendre les terres maraîchères. Le bras de fer avec la mairie semble interminable, à l’heure où les bulldozers pourraient débarquer au prochain réveil. Un peu comme l’avaient fait par surprise des pelleteuses à l’occasion du second anniversaire du Pot’Co’Le.

    Martin Esposito Photos Claire Jachymiak

    #autonomie #communs #ZAD #territoires #grands_projets_inutiles #Lentillères

  • « Il va bien falloir prendre parti dans la guerre en cours, entre les managers et les alliés du vivant » - Basta !
    https://www.bastamag.net/Il-va-bien-falloir-prendre-partie-dans-la-guerre-en-cours-entre-les-manage
    https://www.bastamag.net/IMG/arton6775.jpg?1529398386

    D’un côté la biodiversité disparaît à grande vitesse, à cause des pesticides, du bétonnage et de la déforestation industrielle. De l’autre, de plus en plus de populations et territoires se soulèvent contre ces projets funestes. Dans son ouvrage Être Forêts, habiter des territoires en lutte, le philosophe et bâtisseur Jean-Baptiste Vidalou se penche sur la forêt, lieu de résistances à l’exploitation de la terre et des hommes, défendue par « ceux qui élaborent et font vivre des communs » : « Un monde pluriel, attaché à des territoires, des animaux, des plantes, un monde qui favorise l’hétérogénéité du vivant plutôt que l’homogénéisation capitaliste. » Entretien.

    #capitalocène #territoire #grands_projets_inutiles #communs

  • Threatening wilderness, dams fuel protests in the Balkans

    For almost a year, a clutch of Bosnian women has kept watch over a wooden bridge to disrupt the march of hydropower - part of a Balkan-wide protest against the damming of Europe’s wild rivers.

    From Albania to Slovenia, critics fear the proposed run of dams will destroy their majestic landscape, steal their water and extinguish species unique to the Balkans.

    So the village women stake out the bridge around the clock, listening out for the telltale sounds of diggers on the move.

    “We are always here, during the day, at night, always,” said Hata Hurem, a 31-year-old housewife, in the shadow of the towering mountains that dominate the Balkan landscape.

    Clustered by a creek on the edge of the village of Kruscica, about 40 miles north west of Sarajevo, the local women have taken turns to stand firm, blocking trucks and scrapers from accessing the construction sites of two small plants.

    Investment in renewable energy is growing worldwide as countries rush to meet goals set by the Paris Agreement on climate change. But from China to South America, dams cause controversy for flooding fragile ecosystems and displacing local communities.

    Plans to build almost 3,000 hydropower plants were underway across the Balkans in 2017, about 10 percent of them in Bosnia, according to a study by consultancy Fluvius.

    Authorities and investors say boosting hydropower is key to reducing regional dependency on coal and to falling in line with European Union energy policies as Western Balkan states move toward integration with the bloc.

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    The energy ministry of the Federation of Bosnia and Herzegovina, one of Bosnia’s two autonomous regions, where Kruscica is located, did not respond to a request for comment.

    The government of Bosnia’s other region, Republika Srpska, said building dams was easier and cheaper than shifting toward other power sources.

    “The Republic of Srpska has comparative advantages in its unused hydro potential and considers it quite justified to achieve the goals set by the EU by exploiting its unused hydropower,” said energy ministry spokeswoman Zorana Kisic.
    DAMS AND PICKETS

    Yet, critics say the “dam tsunami” - a term coined by anti-hydropower activists - endangers Europe’s last wild rivers, which flow free.

    If rivers stop running freely, they say dozens of species, from the Danube Salmon to the Balkan Lynx, are at risk.

    About a third of the planned dam projects are in protected areas, including some in national parks, according to the 2017 study, commissioned by campaign groups RiverWatch and Euronatur.

    Most plants are small, producing as little as up to 1 MW each - roughly enough to power about 750 homes - but their combined impact is large as activists say they would cut fish migration routes and damage their habitat.

    “Three thousand hydropower plants ... will destroy these rivers,” said Viktor Bjelić, of the Center for Environment (CZZS), a Bosnian environmental group.

    “Many of the species depending on these ecosystem will disappear or will be extremely endangered.”

    Some local communities fear displacement and lost access to water they’ve long used for drinking, fishing and farming.

    In Kruscica, protesters say water would be diverted through pipelines, leaving the creek empty and sinking hopes for a revival of nature tourism that attracted hikers, hunters and fishing enthusiasts before war intervened in the 1990s.

    “(The river) means everything to us, it’s the life of the community,” said Kruscica’s mayor Tahira Tibold, speaking outside the barren wooden hut used as base by demonstrators.

    Locals first heard about the plants when construction workers showed up last year, added the 65-year-old.

    Women have led protests since fronting a picket to shield men during a confrontation with police last year, said Tibold.

    Campaigners have taken their plight to court, alleging irregularities in the approval process, and works have stalled. But demonstrators keep patrolling around the clock, said Bjelić of CZZS, as it is not known when or how the case will end.
    SHADES OF GREEN

    The protest was backed by U.S. clothing company Patagonia as part of a wider campaign to preserve Balkan rivers and dissuade international banks from investing in hydropower.

    Banks and multilateral investors including the European Investment Bank (EIB), the European Bank for Reconstruction and Development (EBRD) and the World Bank’s International Finance Corporation (IFC), fund hundreds of projects, according to a 2018 study by Bankwatch, a financial watchdog.

    “It’s a waste of money and a moral travesty that some of the world’s largest financial institutions have embraced this out-dated and exploitative technology,” Patagonia founder Yvon Chouinard said in a statement in April.

    The World Bank, EBRD and EIB said their investments have to comply with environmental and social standards, which EBRD and EIB said they were strengthening.

    EBRD said it also improved its assessment process and pulled out of some projects near protected areas.

    “Hydropower is an important source of renewable energy for Western Balkans,” said EBRD’s spokeswoman Svitlana Pyrkalo.

    Bosnia gets 40 percent of its electricity from hydropower, the rest from coal-fired power plants. It plans to increase the share of renewables to 43 percent by 2020, under a target agreed with the EU.

    Dams are generally considered more reliable than wind and solar plants as they are less dependent on weather conditions.

    But that could change with global warming if droughts and floods grow more common, said Doug Vine, a senior fellow at the Center for Climate and Energy Solutions, a U.S.-based think tank.

    Last year a long drought lowered water levels across the Western Balkans, hitting hydropower output and driving up prices.

    Campaigners say Balkan states should focus on solar and wind power as they involve less building works and cost less.

    “Just because it doesn’t emit CO2 it doesn’t mean it’s good,” said Ulrich Eichelmann, head of RiverWatch.

    “Is like saying (that) … smoking is healthy because it doesn’t affect the liver”.

    https://www.reuters.com/article/us-bosnia-environment-dams/threatening-wilderness-dams-fuel-protests-in-the-balkans-idUSKCN1J0007
    #barrages_hydroélectriques #eau #énergie #Balkans #Bosnie #résistance #manifestations #faune #wildlife

    Je commence ici une compilation avec des articles d’archive pour l’instant...
    cc @albertocampiphoto

    • Dans les Balkans, un « tsunami de barrages » déferle sur les écosystèmes

      Portée par une image verte et des financements européens, l’énergie hydroélectrique connaît de multiples projets dans les Balkans. Au grand dam des populations locales concernées et au détriment d’écosystèmes encore préservés.

      « Ne touchez pas à la #Valbona ! » « Laissez les fleuves libres ! » Le soleil automnal à peine levé, les cris et les slogans d’une trentaine de manifestants résonnent jusqu’aux plus hauts sommets des « Alpes albanaises ». Coincée entre les montagnes du #Monténégro et du #Kosovo, la vallée de la Valbona a longtemps été l’une des régions les plus isolées d’Europe. Les eaux cristallines de sa rivière et le fragile écosystème qui l’entoure attirent depuis quelques années des milliers de personnes en quête de nature sauvage.

      « Les barrages vont détruire les rares sources de revenus des habitants. Sans le tourisme, comment peut-on gagner sa vie dans une région si délaissée ? » Après avoir travaillé une quinzaine d’années à l’étranger, Ardian Selimaj est revenu investir dans le pays de ses ancêtres. Ses petits chalets en bois se fondent dans la végétation alpine. Mais, à quelques dizaines de mètres seulement, les bétonnières sont à l’œuvre. Malgré l’opposition bruyante des habitants et des militants écologistes, le lit de la rivière est déjà défiguré. « Si la Valbona est bétonnée, ce ne sera plus un parc national mais une zone industrielle », se désole Ardian Selimaj, la larme à l’œil.

      Les barrages qui se construisent aux confins albanais sont loin d’être des cas uniques. « Les Balkans sont l’un des points chauds de la construction des centrales hydroélectriques. Près de 3.000 y sont prévus ou déjà en construction ! » Militant écologiste viennois, Ulrich Eichelmann se bat depuis près de trente ans pour la protection des rivières d’Europe. Son ONG, RiverWatch, est en première ligne contre les 2.796 centrales qu’elle a recensées dans le sud-est du continent. De la Slovénie à la Grèce, rares sont les rivières épargnées par ce « tsunami de barrages ».
      Un désastre environnemental qui se fait souvent avec le soutien du contribuable européen

      « Les raisons de l’explosion du nombre de ces projets sont multiples, commente Ulrich. La corruption, la mauvaise compréhension des enjeux climatiques, les intérêts financiers qu’y trouvent les banques et les institutions financières, l’extrême faiblesse de l’application des lois... » Dans des sociétés malmenées par la corruption, les investisseurs ont peu de mal à faire valoir leurs intérêts auprès des dirigeants. Ceux-ci s’empressent de leur dérouler le tapis rouge. Et sont peu enclins à appliquer leur propre législation environnementale : 37 % des barrages envisagés le sont au cœur de zones protégées.

      Parc national ou zone Natura 2000, des points chauds de la biodiversité mondiale sont ainsi menacés. Un désastre environnemental qui se fait souvent avec le soutien du contribuable européen. « En 2015, nous avons constaté que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) avait financé 21 projets dans des zones protégées ou valorisées au niveau international », commente Igor Vejnovic, de l’ONG Bankwatch-CEE. Alors que l’Union européenne (UE) promeut officiellement les normes environnementales dans la région, on retrouve ses deux grandes banques de développement derrière plusieurs constructions de centrales. Igor Vejnovic dénonce « un soutien à des projets qui ne seraient pas autorisés par la législation européenne en vigueur ».

      Un soutien financier qui est d’ailleurs difficile à établir. « Leur nombre est probablement encore plus élevé, assure Igor Vejnovic, car la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Berd financent ces centrales par des intermédiaires régionaux et les deux banques refusent systématiquement d’identifier les porteurs des projets en invoquant la confidentialité du client. » Des clients qui font souvent peu de cas des obligations légales. Selon Bankwatch-CEE, de nombreuses études d’impact environnemental ont été bâclées ou falsifiées. Des irrégularités parfois si caricaturales qu’elles ont conduit les deux banques européennes à suspendre, quand même, leurs prêts à d’importants projets dans le parc national de Mavrovo, en Macédoine. Ses forêts abritent l’une des espèces les plus menacées au monde, le lynx des Balkans.

      Grâce à une géographie montagneuse et à une histoire récente relativement épargnée par les phases destructrices de l’industrialisation, les rivières des Balkans offrent encore des paysages spectaculaires et une nature sauvage. Leurs eaux cristallines et préservées abritent près de 69 espèces de poissons endémiques de la région, dont le fameux saumon du Danube, en danger d’extinction. Une expédition de quelques jours sur la Vjosa, le « cœur bleu de l’Europe », a ainsi permis la découverte d’une espèce de plécoptères et d’un poisson encore inconnus de la science. Un trésor biologique méconnu dont les jours sont pourtant comptés. Malgré leurs conséquences catastrophiques, les petits barrages de moins de 1 MW se multiplient : ceux-ci ne nécessitent généralement aucune étude d’impact environnemental.
      La détermination des populations locales a fait reculer plusieurs barrages

      Louée pour son caractère « renouvelable », l’hydraulique représente 10 % du parc électrique français et près de 17 % de l’électricité produite sur la planète. Bénéficiant de la relative conversion du secteur énergétique au développement dit « durable », les barrages sont en pleine expansion à travers le globe. Les industriels de l’eau n’hésitent pas à le répéter : l’énergie hydraulique, « solution d’avenir », n’émet ni gaz à effet de serre ni pollution. Ces affirmations sont pourtant contredites par de récentes études. Peu relayées dans les grands médias, celles-ci démontrent que les pollutions causées par l’énergie hydraulique auraient été largement sous-estimées. Dans certaines régions du monde, les grandes retenues d’eau artificielles généreraient d’importantes productions de méthane (CH4), dont le pouvoir de réchauffement est 25 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2).

      « L’hydroélectricité est l’une des pires formes de production d’énergie pour la nature, s’emporte Ulrich. Ce n’est pas parce qu’il n’émet pas de CO2 que c’est une énergie renouvelable. » Le militant écologiste s’indigne des conséquences de ces constructions qui transforment des fleuves libres en lacs artificiels. « La nature et les espèces détruites ne sont pas renouvelables. Quand une rivière est bétonnée, la qualité de l’eau baisse, le niveau des eaux souterraines en aval du barrage chute alors que la côte, elle, est menacée par l’érosion en raison de la diminution de l’apport en sédiments. »

      Les discours positifs des industriels tombent en tout cas à pic pour les dirigeants des Balkans, qui espèrent ainsi tempérer les oppositions à ces centaines de constructions. La diversification énergétique recherchée a pourtant peu de chances de profiter à des populations locales qui verront leur environnement quotidien transformé à jamais. « Si les promoteurs investissent parfois dans les infrastructures locales, cela a une valeur marginale par rapport aux dommages causés au patrimoine naturel et à la qualité de l’eau, explique Igor Vejnovic. L’hydroélectricité est d’ailleurs vulnérable aux périodes de sécheresse, qui sont de plus en plus fréquentes. » Les centrales dites « au fil de l’eau » prévues dans les Balkans risquent de laisser bien souvent les rivières à sec.

      Malgré les problèmes politiques et sociaux qui frappent les pays de la région, les mobilisations s’amplifient. La détermination des populations locales à défendre leurs rivières a même fait reculer plusieurs barrages. En Bosnie, où les habitants ont occupé le chantier de la Fojnička pendant près de 325 jours, plusieurs constructions ont été arrêtées. À Tirana, le tribunal administratif a donné raison aux militants et interrompu les travaux de l’un des plus importants barrages prévus sur la Vjosa. Après s’être retirée du projet sur la Ombla, en Croatie, la Berd a suspendu le versement des 65 millions d’euros promis pour les gros barrages du parc Mavrovo, en Macédoine, et a récemment commencé à privilégier des projets liés à l’énergie solaire. Cette vague de succès suffira-t-elle à contrer le tsunami annoncé ?


      https://reporterre.net/Dans-les-Balkans-un-tsunami-de-barrages-deferle-sur-les-ecosystemes
      #hydroélectricité #extractivisme

    • Balkan hydropower projects soar by 300% putting wildlife at risk, research shows
      More than a third of about 2,800 planned new dams are in protected areas, threatening rivers and biodiversity.

      Hydropower constructions have rocketed by 300% across the western Balkans in the last two years, according to a new analysis, sparking fears of disappearing mountain rivers and biodiversity loss.

      About 2,800 new dams are now in the pipeline across a zone stretching from Slovenia to Greece, 37% of which are set to be built in protected areas such as national parks or Natura 2000 sites.

      Heavy machinery is already channelling new water flows at 187 construction sites, compared to just 61 in 2015, according to the research by Fluvius, a consultancy for UN and EU-backed projects.

      Ulrich Eichelmann, the director of the RiverWatch NGO, which commissioned the paper, said that the small-scale nature of most projects – often in mountainous terrain – was, counterintuitively, having a disastrous impact on nature.

      “They divert water through pipelines away from the river and leave behind empty channels where rivers had been,” he told the Guardian. “It is a catastrophe for local people and for the environment. For many species of fish and insects like dragonflies and stoneflies, it is the end.”

      One stonefly species, Isoperla vjosae, was only discovered on Albania’s iconic Vjosa river this year, during an expedition by 25 scientists which also found an unnamed fish previously unknown to science. Like the Danube salmon and the Prespa trout, it is already thought to be at risk from what Eichelmann calls “a dam tsunami”.

      The scientists’ report described the Vjosa as a remarkably unique and dynamic eco-haven for scores of aquatic species that have disappeared across Europe. “The majority of these viable communities are expected to irrecoverably go extinct as a result of the projected hydropower dams,” it said.

      However, Damian Gjiknuri, Albania’s energy minister, told the Guardian that two planned megadams on the Vjosa would allow “the passage of fish via fish bypass or fish lanes”.

      “These designs have been based on the best environmental practices that are being applied today for minimising the effects of high dams on the circulation of aquatic faunas,” he said.

      Gjiknuri disputed the new report’s findings on the basis that only two “high dams” were being built in Albania, while most others were “run-of-the-river hydropower”.

      These generate less than 10MW of energy and so require no environmental impact assessments, conservationists say. But their small scale often precludes budgets for mitigation measures and allows arrays of turbines to be placed at intervals along waterways, causing what WWF calls “severe cumulative impacts”.

      Beyond aquatic life, the dam boom may also be threatening humans too.

      Since 2012, property conflicts between big energy companies and small farmers have led to one murder and an attempted murder, according to an EU-funded study. The paper logged three work-related deaths, and dozens of arrests linked to Albania’s wave of hydropower projects.

      Albania is a regional hotspot with 81 dams under construction but Serbia, Macedonia, and Bosnia and Herzegovina are also installing 71 hydro plants, and Serbia has a further 800 projects on the drawing board.

      Gjiknuri said the Albanian government was committed to declaring a national park on a portion of the Vjosa upstream from the planned 50m-high Kalivaçi dam, preventing further hydro construction there.


      https://www.theguardian.com/environment/2017/nov/27/balkan-hydropower-projects-soar-by-300-putting-wildlife-at-risk-researc
      https://www.theguardian.com/environment/2017/nov/27/balkan-hydropower-projects-soar-by-300-putting-wildlife-at-risk-researc
      signalé par @odilon il y a quelques temps:
      https://seenthis.net/messages/648548

    • Serbie : mobilisation citoyenne contre les centrales hydroélectriques dans la #Stara_planina

      L’État serbe a donné le feu vert aux investisseurs pour la construction de 58 centrales hydroélectriques sur plusieurs rivières dans la Stara planina. S’étalant à l’est de la Serbie, ce massif montagneux constitue la frontière naturelle entre la Serbie et la Bulgarie et continue jusqu’à la mer Noire. Cette zone protégée est l’une des plus grandes réserves naturelles de Serbie.


      https://www.courrierdesbalkans.fr/Serbie-mobilisation-citoyenne-contre-les-centrales-hydroelectriqu

    • Le #Monténégro se mobilise contre les mini-centrales hydroélectriques

      Quand les directives européennes sur les énergies renouvelables servent les intérêts des mafieux locaux... Après l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie ou la Serbie, c’est maintenant le Monténégro qui entre en résistance contre les constructions de mini-centrales hydroélectriques. 80 projets sont prévus dans le pays, avec de très lourdes conséquences pour l’environnement et les communautés rurales.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/Centrales-hydroelectrique-au-Montenegro

  • Toulouse : 311 millions d’euros HT pour le Parc des Expositions
    https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/en-images-toulouse-nouveau-parc-expositions-se-devoile_15558881.html

    Coût total du projet : 311 millions d’euros hors taxes. Toulouse Métropole débourse 199 millions d’euros au total. Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et le Conseil régional prennent à leur charge 45 millions d’euros chacun. Tisséo avance 22 millions d’euros (pour l’avancement de la voie de tramway). Le site est susceptible de recevoir près de 12 000 personnes, et pourrait accueillir des événements nationaux et internationaux.

    La bâtisse présentera un ensemble de 70 000 m² de surfaces couvertes, lorsque le Parc des Expositions actuel, situé sur l’île du Ramier, ne faisait « que » 35 000 m². Sur place seront organisés des spectacles, des congrès, des expositions

    #grands_projets
    #croissance
    #bétonneurs

  • Entre la #France et l’Italie, un tunnel d’aberrations économiques
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070218/entre-la-france-et-l-italie-un-tunnel-d-aberrations-economiques

    Sur le chantier du #Lyon-Turin en 2014 (DR) Trois recours déposés mercredi 7 février contre le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin font apparaître des éléments dévastateurs pour ce chantier à 26 milliards d’euros.

    #Grands_projets #infrastructures #transports

  • Europa City : le capitalisme, de l’usine à la métropole - Marco Papetti
    https://visionscarto.net/europa-city

    deuxième épisode de la série #faux_lieu #grands_projets_inutiles #urbanisme

    EUROPA CITY : un projet architectural en France portant ce nom interpelle fatalement. L’expression évoque la ville s’installant dans les champs du Triangle de Gonesse, en région parisienne. Elle nous parle d’une Europe des loisirs dans la langue anglaise des affaires, avec, selon la communication de ses promoteurs, « un montant d’investissement privé de 3,1 milliards d’euros ».

    Le collectif Paris-luttes.info donne rendez-vous demain à Gonesse :

    Le 21 mai, faisons bloc contre Europa City à Gonesse !
    https://paris-luttes.info/le-21-mai-faisons-bloc-contre-8173
    https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-vignettes/L614xH410/balpaysan-0699e.jpg?1495051477

  • #Lyon-Turin : #anticor porte plainte pour prise illégale d’intérêts
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/lyon-turin-anticor-porte-plainte-pour-prise-illegale-d-interets

    Une plainte pour prise illégale d’intérêts a été déposée contre le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin, le 22 décembre, auprès du Parquet financier de Paris par l’association Anticor. Elle intervient alors que les députés viennent d’adopter l’engagement des travaux définitifs de la section transfrontalière de la nouvelle ligne.

    #France #Grands_projets #Justice

  • Face au changement climatique, la station de Tignes veut mettre le ski sous cloche
    https://reporterre.net/Face-au-changement-climatique-la-station-de-Tignes-veut-mettre-le-ski-so

    « Le ski 365 jours par an » a été pendant longtemps le slogan de la station savoyarde de Tignes. Mais le glacier de la Grande-Motte fond à vue d’œil. Alors, pour préserver la glisse estivale, les "responsables" envisagent une piste de ski sous cloche et artificiellement enneigée. Tignes, sa situation exceptionnelle au cœur du massif de la Vanoise, en Savoie, son glacier de la Grande-Motte, qui permet de skier 365 jours par an et… sa piste de ski sous cloche. C’est le projet qui a été validé par la (...)

    #Grands_projets_inutiles_imposés

  • Notre-Dame-des-Landes : référendum local ou injonction globale ?

    Voici un texte publié sur Basta à propos de la proposition d’un référendum local à Notre-Dame des Landes. Au-delà des arguments légaux et financiers qui donnent peu de justification au caractère local du référendum, une série d’enjeux, tel que le climat, la biodiversité ou la production agricole plaideraient pour internationaliser le débat : pourquoi les habitants de Tuvalu, des Kiribati, du golfe du Bengale, et bien d’autres n’aurait-ils pas le droit de se prononcer ?

    http://www.bastamag.net/Notre-Dame-des-Landes-referendum-local-ou-injonction-globale

    #NotreDameDesLandes #aéroport #Référendum #François_Hollande #Grands_Projets_Inutiles #Ayrault #Royal #COP21

  • « قناة سلمان » : 950 كلم بـ80 مليار دولار | الأخبار
    http://www.al-akhbar.com/node/241556

    La carte suffit pour comprendre l’importance pour les royaumes pétroliers du Golfe du projet d’un canal de "mer à mer" reliant le golfe "arabo-persique" et la mer Rouge en passant par le Yémen. L’étude d’un tel projet d’un canal de 950 km vient d’être rendue publique en Arabie saoudite.

    #arabie_saoudite #yémen #canal