• Nous n’avons pas peur des ruines !
    de Yannis Youlountas
    http://paspeurdesruines.net/spip.php?rubrique3&lang=fr

    Film sorti en début d’année et réactualisé. Le réalisateur est en tournée en ce moment en France pour présenter son film. Je viens de le voir, très chouette.

    Grèce, de 2019 à 2023. Mitsotakis remplace Tsipras au pouvoir en Grèce et promet d’en finir avec Exarcheia, un quartier rebelle et solidaire d’Athènes. Mais la résistance s’organise et des renforts arrivent d’autres villes d’Europe. Le cri de ralliement devient No Pasaran ! Au fil des années, d’autres luttes s’étendent du nord au sud de la Grèce pour défendre la terre, la mer et la vie : en Crète, en Thessalie, en Épire… Même sur l’île de Paros dans les Cyclades, la population manifeste sur les plages devenues payantes et réussit à ce qu’elles redeviennent un bien commun, pour le bonheur de tous.

    Quand tout semble s’effondrer, à Athènes comme ailleurs, une même réponse se fait entendre : « nous n’avons pas peur des ruines, nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_n%27avons_pas_peur_des_ruines

  • Grèce : quatre morts dans un nouveau naufrage au large de Samos - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61420/grece--quatre-morts-dans-un-nouveau-naufrage-au-large-de-samos

    Grèce : quatre morts dans un nouveau naufrage au large de Samos
    Par La rédaction Publié le : 28/11/2024
    Le naufrage d’une embarcation de migrants au large de l’île grecque de Samos, près des côtes turques, a provoqué jeudi la mort de quatre personnes, deux femmes et deux enfants. Seize exilés ont été secourus et ramenés sur l’île. Les drames s’enchaînent en mer Égée. Jeudi 28 novembre, quatre personnes ont péri lors du naufrage d’un canot transportant des exilés, partis de la Turquie vers la Grèce. Les corps ont été récupérés près de l’île de Samos, à quelques dizaines de kilomètres des côtes turques, rapportent les gardes-côtes grecs.
    Selon la presse hellénique, les quatre morts ont été identifiés comme étant deux femmes et deux enfants. Seize autres personnes ont été secourues et des recherches sont actuellement en cours pour retrouver des survivants.
    Il s’agit du troisième naufrage dans cette zone maritime en l’espace de quatre jours. Lundi 25 novembre, deux autres embarcations se sont échouées près de Samos et de l’île de Lesbos, plus au nord. En tout, neuf personnes, dont six mineurs et deux femmes, sont décédées lors des deux naufrages. « Le naufrage de Samos, avec la perte de huit vies innocentes, dont six enfants, nous remplit de tristesse et de colère. Les gardes-côtes ont secouru 39 personnes, mais les réseaux de passeurs (...) vont nous trouver contre eux, avec détermination, afin de les éliminer », avait réagi mardi sur le réseau social X le ministre grec des Migrations, Nikos Panagiotopoulos.
    Depuis le début de l’année, la Grèce a enregistré une hausse de 25% du nombre d’arrivées d’exilés fuyant la guerre ou la pauvreté, dont 30% uniquement à Rhodes et dans le sud-est de la mer Égée, selon les chiffres du ministère grec des Migrations. La Grèce est l’une des principales portes d’entrée des migrants en Europe, et la route migratoire de la Turquie vers ce pays européen reste une voie d’accès pour des milliers de personnes en quête d’une vie meilleure. Depuis le début de l’année, plus de 52 000 personnes ont atteint les côtes helléniques, dont 47 000 par voie maritime, d’après les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mais malgré les courtes distances qui séparent la Turquie des îles grecques, les naufrages dans cette zone sont récurrents et très meurtriers. Début novembre, quatre exilés ont péri au large de l’île de Rhodes. Fin octobre, ce sont deux migrants qui se sont noyés près de Samos, quelques jours seulement après la disparition de quatre autres personnes - deux femmes et deux nourrissons - au large de l’île de Kos, au sud-est de la mer Égée.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#turquie#UE#meregee#mortalite#sante#routemigratoire#samos#lesbos#rhodes

  • Six ans après la mort de Zineb Redouane, percutée par une grenade en plein visage, un CRS mis en examen pour « homicide involontaire »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/28/six-ans-apres-la-mort-de-zineb-redouane-percutee-par-une-grenade-en-plein-vi


    A Marseille, le 5 décembre 2020. NICOLAS TUCAT/AFP

    Le 1ᵉʳ décembre 2018, lors d’une manifestation des « gilets jaunes » à Marseille, un policier avait tiré une grenade lacrymogène atteignant « Mama Zina », une Algérienne de 80 ans qui se trouvait alors à la fenêtre de son appartement.
    Par Mustapha Kessous

    Le 2 décembre 2018, #Zineb_Redouane mourait sur une table d’opération de l’hôpital de la Conception, à #Marseille. La veille au soir, cette Algérienne de 80 ans avait reçu une #grenade_lacrymogène en plein visage, tirée par un #CRS lors d’une #manifestation des « #gilets_jaunes », alors qu’elle était en train de fermer les fenêtres de son appartement situé au quatrième étage, rue des Feuillants, non loin du Vieux-Port. Cette manifestation s’était terminée en violents affrontements tout près de son domicile, dans une atmosphère saturée de gaz lacrymogènes : 200 grenades avaient été tirées.

    Six ans après le décès de « Mama Zina », comme elle était surnommée par ses enfants, le policier à l’origine du tir a été mis en examen, le 12 septembre, pour « homicide involontaire », a appris Le Monde. « Il est regrettable d’avoir dû attendre autant d’années pour obtenir la mise en examen du policier », déplore Yassine Bouzrou, l’avocat des enfants de la victime. Le gardien de la paix mis en cause a choisi de garder le silence lors de son audition de première comparution devant les deux juges chargées de l’instruction au tribunal judiciaire de Lyon. Thibault de Montbrial, le conseil du policier, n’a pas souhaité faire de commentaire.

    Cette première mise en examen marque une étape, au terme d’années de procédures. Une enquête préliminaire a été ouverte le 4 décembre 2018. Il a fallu d’abord dix-huit mois et un rapport balistique pour identifier le CRS, sa position et l’heure exacte du tir : le rapport estimait que le tireur se situait « entre les deux rails sur la voie du tramway (…) son buste orienté en direction de la rue des Feuillants », et identifiait un tir, à 19 h 04, qui « semble être celui qui est à l’origine des lésions corporelles de Mme Redouane ».

    Ce soir de 2018, sur les 70 agents que comptaient les rangs de la CRS 50, dépêchée depuis Nice pour sécuriser les manifestations, cinq étaient équipés de lance-grenades Cougar. Mais aucun n’avait avoué être l’auteur du coup de feu, tous disant ne plus vraiment se souvenir des événements. Ce n’est qu’en avril 2021 – dans le rapport de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) –, que son nom avait été dévoilé.

    Pour l’identifier, les enquêteurs avaient dû procéder par élimination : après avoir analysé la vidéo d’un manifestant postée sur YouTube, les échanges radio entre les agents, les auditions administratives, la modélisation 3D du média #Disclose – qui avait reconstitué la scène du tir –, et en s’appuyant sur les clichés du rapport balistique, l’IGPN avait pu écarter quatre des policiers.

    « Manquement professionnel »

    « Le gardien de la paix [soupçonné] admettait que le porteur de Cougar (…) à l’arrière de la colonne vers 19 h 00, ne pouvait être que lui. Mais il déclarait n’avoir gardé aucun souvenir ni des lieux, ni de la situation (…), pouvait-on lire dans le rapport. Il prétendait ignorer s’il était l’auteur du tir (…) sans toutefois le contester formellement. » L’IGPN avait « mis en lumière un manquement professionnel et un comportement contraire à la déontologie policière » concernant ce CRS, mais aussi son #superviseur, chargé de donner l’ordre de tirer une fois qu’il est assuré que les conditions légales d’emploi de l’arme sont réunies. L’inspection estimait que tous deux avaient « manqué à l’obligation de discernement », et avait demandé leur « renvoi en conseil de discipline ».

    Une observation qui n’avait pas été suivie d’effet : Frédéric Veaux, alors directeur général de la police nationale, avait décidé, en octobre 2021, de ne pas suivre l’avis de l’IGPN. Un choix qui « n’a aucune incidence sur la procédure pénale », se félicite Yassine Bouzrou, qui souhaite désormais « demander la mise en examen du CRS superviseur qui a autorisé le tir », ainsi que la requalification du chef d’inculpation en « violence volontaire ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner », dans la mesure où « il n’y a aucun doute sur le fait que le tir est volontaire et vise un immeuble d’habitation », selon lui.

    Au printemps 2023, les juges d’instruction ont mandaté deux médecins afin qu’ils déterminent une éventuelle « responsabilité médicale » des pompiers et de l’hôpital de la Conception dans la prise en charge de Mme Redouane, à la santé déjà fragile. L’enjeu est de déterminer si c’est bien la grenade – d’un poids de 384,5 grammes, qui a provoqué de lourdes blessures (un fracas de l’ensemble de l’hémiface droite) – qui a bien causé son décès, et non les conditions de sa prise en charge hospitalière, comme le soutenait, au lendemain de sa mort, le procureur de Marseille. « Une thèse ridicule », balaie Me Bouzrou, qui ajoute : « Même s’il y a eu un problème dans la prise en charge médicale, cela n’aurait aucune incidence d’un point de vue juridique, car, sans le tir, Mme Redouane n’aurait jamais été aux urgences. » Les conclusions de cette expertise ne sont pas encore connues.

    #DGPN

  • Grèce : un tribunal juge « illégale » la détention d’une famille dans le camp de Malakasa - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61374/grece--un-tribunal-juge-illegale-la-detention-dune-famille-dans-le-cam

    Grèce : un tribunal juge « illégale » la détention d’une famille dans le camp de Malakasa
    Par La rédaction Publié le : 26/11/2024
    La Cour d’Athènes a ordonné la libération d’une famille avec enfant, détenue selon elle « illégalement » dans le centre d’accueil fermé de Malakasa. La famille n’avait toujours pas été enregistrée par les autorités deux semaines après son arrivée, ce qui constitue, aux yeux de la justice, une « restriction de liberté ».
    La détention en Grèce pointée du doigt par la justice. Le 14 novembre, la Cour administrative d’Athènes a ordonné la libération d’une famille avec un enfant, « illégalement détenue » dans le centre d’accueil fermé de Malakasa, près d’Athènes. Le trio était soumis à des « restrictions de liberté » dans la structure, ont statué les magistrats.
    D’après Amnesty EU, la loi grecque autorise une détention de 25 jours maximum pour l’enregistrement des demandeurs d’asile. Des délais, dans la réalité, régulièrement dépassés. Selon l’ONG Refugee Support Aegean (RSA), qui a révélé l’affaire, la famille concernée était déjà à Malakasa depuis deux semaines lorsque les autorités du centre ont ordonné une nouvelle détention de 20 jours supplémentaires. En cause : « le service d’accueil et d’identification (RIS) n’avait toujours pas terminé leur enregistrement ».
    Le tribunal a estimé que ces retards dans la procédure ne justifiaient pas la poursuite de la détention et a ordonné le transfert de la famille dans un établissement ouvert jusqu’à leur enregistrement. La famille a finalement été enregistrée le lendemain de la décision du tribunal.D’après RSA, le cas de cette famille n’est pas isolé. Dans son communiqué, l’association indique que plusieurs migrants arrivés fin septembre à Malakasa ne sont toujours pas enregistrés dans les registres grecs. Conséquence, ces personnes ne peuvent signer les autorisations nécessaires leur permettant d’être défendus par un avocat, « en vue de revendiquer des droits fondamentaux tels que le contrôle judiciaire de leur détention, des conditions de vie dignes, des soins médicaux, ou le dépôt d’une demande d’asile ».
    Sur X, Amnesty partage son inquiétude sur des cas similaires détectés dans le centre de Samos, île grecque au large de la Turquie. « Les retards dans les enregistrements semblent être le résultat d’un manque de personnel, d’une augmentation des arrivées et de défaillances dans les systèmes utilisés par les autorités », indique l’ONG, qui affirme aussi que « l’extension systématique de la détention, de fait, est illégale ».
    Cette structure, souvent présentée comme un modèle d’accueil en Europe, est actuellement « en surcapacité ». Toujours d’après Amnesty, certains occupants sont « obligés de dormir sur du carton sans couverture », « l’accès à l’eau reste limité et les conditions d’hygiène sont désastreuses ».
    L’ONG réclame donc, comme à Malakasa, « le réexamen de la détention à Samos et dans les autres centres grecs ». La Grèce compte actuellement six hotspots, des camps « fermés » – appelés RIC (Reception and identification center) – chargés d’enregistrer les nouveaux arrivants, et 28 autres camps « ouverts » où sont hébergés les migrants durant la procédure de leur demande d’asile.
    Amnesty exhorte par ailleurs l’Union européenne à « clarifier l’état des procédures d’infraction contre la Grèce, afin de déterminer si les restrictions de liberté violent le droit de l’UE ».
    La Grèce est une des portes d’entrée de l’Union européenne pour des milliers de migrants en quête d’une vie meilleure. Depuis le début de l’année, plus de 52 000 personnes sont arrivées en Grèce, dont 46 000 par voie maritime, d’après les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans le pays, le quotidien des migrants se dégrade d’année en année. Fin septembre, plusieurs associations grecques dénonçaient l’arrêt des versements des allocations réservées aux demandeurs d’asile hébergés dans les camps du pays.
    Un état de fait qui plaçait ces exilés « en situation d’otages », avait regretté Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés. « La situation n’est pas catastrophique dans le sens où les migrants ne sont pas à la rue, ils ont un toit et reçoivent de la nourriture, avait-il nuancé. Mais le problème reste grave : car cette allocation leur sert surtout pour leur frais de transport. C’est loin d’être anecdotique : les camps en Grèce sont tous éloignés des zones urbaines », et donc des bureaux de l’administration. Et un rendez-vous manqué peut conduire à un dossier de régularisation rejeté.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#UE#frontiere#camp#sante#detention#malakasa

  • Grèce : deux naufrages d’exilés au large de Samos et Lesbos font neuf morts, dont six mineurs - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61373/grece--deux-naufrages-dexiles-au-large-de-samos-et-lesbos-font-neuf-mo

    Grèce : deux naufrages d’exilés au large de Samos et Lesbos font neuf morts, dont six mineurs
    Par La rédaction Publié le : 26/11/2024
    Nouveau drame en mer Égée. Deux naufrages d’embarcations d’exilés ont provoqué la mort de neuf personnes, au large des îles grecques de Lesbos et Samos, voisines des côtes turques, lundi 25 novembre. Huit migrants sont décédés - deux femmes et six mineurs - près de Samos, ont annoncé les gardes-côtes grecs. Trente-neuf rescapés - 15 hommes, sept femmes et 16 mineurs - ont été secourus et ramenés sur cette île proche de la Turquie, d’où partent de nombreux bateaux transportant des migrants en quête de l’Union européenne.
    Les opérations de sauvetage se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants, mais sont rendues difficiles par les vents violents qui soufflent sur la zone. D’après la presse grecque, 50 personnes auraient été à bord du canot, et les autorités auraient été alertées par des appels et des mails de plusieurs ONG opérant dans la zone.
    « Le naufrage de Samos, avec la perte de huit vies innocentes, dont six enfants, nous remplit de tristesse et de colère. Les gardes-côtes ont secouru 39 personnes, mais les réseaux de passeurs (...) vont nous trouver contre eux, avec détermination, afin de les éliminer », a réagi sur le réseau social X le ministre des Migrations, Nikos Panagiotopoulos.
    Selon un communiqué des gardes-côtes helléniques publié ce mardi, un Soudanais de 20 ans, identifié comme le passeur qui transportait les exilés depuis la Turquie, a été arrêté. Les rescapés ont de leur côté été pris en charge par la police puis transférés au camp fermé de Samos. Lundi, le corps d’un homme a également été retrouvé par les gardes-côtes sur l’île de Lesbos, un peu plus au nord de Samos, tandis que 26 exilés ont été secourus. Les survivants de ce naufrage assurent qu’il n’y avait pas d’autres passagers sur l’embarcation, rapportent les autorités portuaires.
    Depuis le début de l’année, la Grèce connaît une hausse de 25% du nombre d’arrivées d’exilés fuyant la guerre ou la pauvreté, et une augmentation de 30% des flux vers l’archipel du Dodécanèse - avec Rhodes comme île principale - et le sud-est de la mer Egée, selon les chiffres du ministère grec des Migrations fournis début novembre.
    La Grèce est l’une des principales portes d’entrée des migrants en Europe, et la route migratoire de la Turquie vers ce pays européen reste une voie d’accès pour des milliers de personnes en quête d’une vie meilleure. Depuis janvier 2024, environ 54 000 exilés ont atteint les côtes helléniques, une grande majorité par la mer, selon les données de l’agence des Nations unies pour les réfugiés.
    Malgré les courtes distances qui séparent la Turquie des îles grecques, les naufrages dans cette zone maritime sont récurrents et très meurtriers. Début novembre, quatre exilés ont péri au large de l’île de Rhodes. Fin octobre, ce sont deux migrants qui se sont noyés près de Samos, quelque jours seulement après la disparition de quatre autres personnes - deux femmes et deux nourrissons - au large de l’île de Kos, au sud-est de la mer Égée.

    #Cocid-19#migrant#migration#grece#UE#turquie#routemigratoire#migrationirreguliere#rhodes#samos#lesbos#sante#mortalite

  • Grèce : neuf morts dans deux naufrages d’embarcations transportant des migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/25/en-grece-huit-morts-dans-le-naufrage-d-une-embarcation_6413198_3210.html

    Grèce : neuf morts dans deux naufrages d’embarcations transportant des migrants
    Au large des îles grecques de Samos et de Lesbos, neuf personnes, dont six mineurs, sont mortes lundi 25 novembre dans le naufrage d’une embarcation de migrants, ont annoncé les gardes-côtes grecs.
    Sur l’île de Samos, trente-neuf personnes ont été secourues et les opérations de secours se poursuivent au nord de cette île de l’est de la mer Egée, proche de la Turquie et d’où partent de nombreux bateaux transportant des migrants en quête de l’Union européenne, selon la même source. « Le naufrage de Samos, avec la perte de huit vies innocentes, dont six enfants, nous remplit de tristesse et de colère. Les garde-côtes ont secouru trente-neuf personnes, mais les réseaux de passeurs (…) vont nous trouver contre eux, avec détermination, afin de les éliminer », a réagi sur X le ministre des migrations et de l’asile grec, Nikos Panagiotopoulos.
    Sur l’île de Lesbos, le corps d’un homme a également été retrouvé par les garde-côtes, qui ont secouru vingt-six personnes. Les survivants du naufrage assurent qu’il n’y avait pas d’autres passagers sur l’embarcation, selon un communiqué des autorités portuaires. Les opérations de secours sont rendues difficiles par les vents violents qui soufflent sur la zone.
    La Grèce a connu une hausse de 25 % du nombre d’arrivées de personnes fuyant guerre et pauvreté depuis le début de l’année, et une augmentation de 30 % des flux vers l’archipel du Dodécanèse et le sud-est de la mer Egée, avait affirmé au début de novembre le ministère des migrations. « Le sud-est de la mer Egée et l’île de Rhodes connaissent actuellement une pression migratoire », avait reconnu M. Panagiotopoulos, assurant que cette hausse n’était pas vraiment liée aux conflits au Proche-Orient.
    Les naufrages sont nombreux et meurtriers. Au début de novembre, quatre migrants sont morts au large de Rhodes, et à la fin d’octobre ce sont deux migrants qui se sont noyés près de Samos, quelques jours seulement après la disparition de quatre autres personnes – dont deux nourrissons – au large de l’île de Kos (Sud-Est).

    #Covid-19#migrant#migration#UE#grece#frontiere#routemigratoire#migrationirreguliere#mortalite#sante#pressionmigratoire#meregee

  • #Plastique, l’#escroquerie du #recyclage

    La fin de l’âge du fer ? Au début des années 1960, scientifiques et plasturgistes prédisent que les progrès fulgurants dans la fabrication des #polymères permettront aux plastiques de détrôner métaux, verres et bois sur le podium des matériaux dominants. Chacun s’extasie. Le sémiologue Roland Barthes qualifie en 1957 le produit de la distillation du pétrole de « substance alchimique », de « matière miraculeuse ». Un an plus tard, le poète Raymond Queneau succombe au chant du styrène et à l’esthétique des « innombrables objets au but utilitaire » appelés à surgir du naphta, ce liquide provenant du raffinage à partir duquel se fabriquent l’essentiel des plastiques (1). Au XXIe siècle, les plastiques écrasent effectivement la concurrence. Entre 1950 et 2015, le secteur pétrochimique en a produit plus de 8 milliards de tonnes, surtout au cours des vingt dernières années, et l’accélération se poursuit (2).

    Après l’extase, l’effroi : soixante-dix ans plus tard, 350 millions de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année sur le monde. La pollution qu’ils engendrent fait peser sur les vivants et non-vivants une menace aussi lourde que documentée (3). On boit, on mange, on respire du plastique. Pour faire face à ce cataclysme synthétique, les industries pétrochimiques promeuvent sans relâche une solution selon elles miraculeuse : le recyclage, avec son ruban de Möbius - une flèche circulaire conçue par les lobbies à la fin des années 1980 -, symbole d’une économie où rien ne se perd et tout se transforme. Une économie qui continue donc à produire ce poison environnemental, mais sous une forme partiellement réutilisable.

    Célébré comme plus intelligent et respectueux de la nature que l’incinération ou la mise en décharge, ce procédé a fini par s’imposer au nombre des priorités politiques mondiales. Le résultat laisse perplexe : après quatre décennies de propagande, moins de 10 % des 6,3 milliards de tonnes de plastique produit et jeté entre 1950 et 2017 a fait l’objet d’un recyclage (4). Pourtant, l’Europe et, singulièrement, la France ont adopté ce mot d’ordre avec un enthousiasme déconcertant.

    En 2019, Matignon fixe un objectif stratosphérique : 100 % des déchets plastiques nationaux recyclés en 2025. La méthode ? Rendre les industriels responsables du destin des objets polymères qu’ils produisent. L’approche française s’inscrit dans la droite ligne de celle impulsée par la Commission européenne : obligation faite aux États membres depuis 2021 d’interdire les plastiques à #usage_unique et d’utiliser au moins 30 % de matériaux recyclés dans les #bouteilles plastifiées ; recyclage en 2030 de 55 % des déchets d’#emballages plastiques (5).

    Alléchés, les industriels européens ne tardent pas à communiquer sur des #technologies « novatrices » ajustées à la nouvelle législation européenne. En 2022, les chimistes #BASF et #Borealis, l’emballeur #Südpack et le laitier bavarois #Zott claironnaient la mise au point d’un prototype d’emballage multicouche de mozzarella entièrement réalisé en nylon et polyéthylène recyclés. Mais ces « projets-pilotes » largement médiatisés représentent une goutte d’eau dans l’océan des ambitions politiques. D’autant qu’en période d’#austérité les #investissements d’infrastructure nécessaires à la collecte et au #tri des #déchets plastiques se trouvent rarement en tête des priorités, tant en Europe qu’aux États-Unis. D’où ces révélations aussi spectaculaires que banales, comme celle qui épouvanta l’été dernier Mme #Brandy_Deason, habitante de Houston, au Texas : quelques jours après avoir placé un traceur dans ses déchets plastiques destinés au conteneur recyclage, elle les géolocalisa non pas dans un centre de traitement dernier cri, mais dans une décharge géante à ciel ouvert (6).

    Ce cas extrême met en évidence le poids des considérations économiques dans l’#échec du recyclage. Du fait d’une production surabondante d’#éthylène, produit à partir du #pétrole ou du gaz, le prix du plastique « vierge » s’effondre et mine la #rentabilité des recycleurs européens, dont l’activité consiste en grande partie à retraiter le #polyéthylène (polymère de l’éthylène). Dans un monde guidé par la boussole du calcul coût-avantage, pourquoi les industriels et les distributeurs européens privilégieraient-ils des produits recyclés plus chers que le neuf ? En Allemagne, l’usine #Veolia de Rostock recyclait annuellement environ 36 000 tonnes de #polyéthylène_téréphtalate usagé (#PET). Elle a fermé ses portes car, selon la direction, l’#industrie_agro-alimentaire rechignait à soutenir ce produit plus vert mais plus cher. Non loin de là, un tribunal néerlandais a déclaré en faillite l’usine de recyclage de plastique d’#Umincorp, à Amsterdam (7). À moins que l’Union européenne n’édicte de nouvelles #réglementations plus contraignantes, le recyclage occidental ne pourra concurrencer l’orgie d’éthylène. D’autant que de nouveaux sites de production de ce composé chimique s’apprêtent à sortir de terre en Chine, aux États-Unis et en Arabie saoudite, ce qui, à demande constante, orienterait les #prix à la baisse.

    Mais la grande escroquerie du recyclage réside ailleurs : le procédé n’a jamais été viable, ni techniquement ni économiquement ; les industriels le savent de longue date, mais jouent avec succès sur la corruptibilité des pouvoirs et la crédulité du public. Un rapport du Center for Climate Integrity (CCI) publié en février 2024 a détaillé un secret que nul au fond ne voulait exhumer (8). Pendant des décennies, les grandes compagnies pétrochimiques ont sciemment provoqué la crise des #déchets_plastiques. « Ils ont menti, affirme M. Richard Wiles, un responsable du CCI. Voici venu le temps de rendre des comptes pour les dégâts qu’ils ont commis. »

    Sur les milliers de variétés produites, seules deux présentent des propriétés qui rendent le recyclage viable à ce jour : les PET et les #polyéthylènes_à_haute_densité (#PEHD). Le procédé nécessite donc un tri méticuleux qui renchérit le coût et conduit à écarter les éléments composés d’alliages de plastiques ou de plusieurs matériaux que l’on trouve dans de nombreux objets jetables. Un flacon et un bocal tous deux en PET devront être séparés s’ils comportent des additifs ou des colorants différents, de même que les bouteilles en PET vertes et transparentes. Autre difficulté de taille : les plastiques se dégradent à chaque #réutilisation et ne peuvent donc être réemployés qu’une fois ou, plus rarement, deux fois. Faute de quoi non seulement leurs propriétés se dénaturent, mais leur #toxicité peut s’accroître.

    La filière pétrochimique n’a jamais rien ignoré de ces obstacles structurels. Pour désarmer la mobilisation qui enfle contre les décharges à ciel ouvert ou la mode du jetable, et éviter le risque d’une réglementation trop contraignante, elle adopte au milieu des années 1980 l’idée du recyclage. En 1984 naît une fondation réunissant la pétrochimie et les embouteilleurs axée sur un engagement en faveur de ce procédé. L’année suivante, le secteur lance en grande pompe un centre de recherche à l’université Rutgers, dans le New Jersey, puis un projet-pilote de recyclage à Saint Paul, dans le Minnesota, alors que le conseil municipal de la ville venait juste d’interdire le polystyrène. Derrière les portes closes, personne n’y croit. « Il se peut qu’un jour cela puisse devenir une réalité, observait en 1994 un représentant d’#Eastman_Chemical lors d’une conférence sur le sujet. Il est plus probable que nous nous réveillerons et comprendrons que nous n’allons pas nous sortir de la question du recyclage des déchets solides. » Peu importait au fond puisque, comme le déclarait un employé d’Exxon au personnel de l’American Plastics Council (APC) : « Nous sommes engagés dans les activités de recyclage des plastiques, mais nous ne sommes pas tenus à des résultats. »

    Depuis quarante ans, l’« #engagement » consiste en une série de #campagnes de #désinformation et d’#enfumage sur les #mirages du recyclage. Elles mobilisent tantôt les #multinationales de la #pétrochimie, leurs associations professionnelles, leurs fondations, tantôt leurs multiples groupes de façade. À la fin de la décennie 1990, l’interdiction du polystyrène et du #polychlorure_de_vinyle (#PVC) dans plusieurs États accélère le mouvement. « Nous devons agir à la base et mener une guerre de guérilla comme nos adversaires », note un participant lors d’une réunion de l’Association européenne des producteurs de plastiques (Plastics Europe) le 2 janvier 1994. Des millions de dollars gonflent les caisses des agences de communication pour vendre la « solution » et riveter dans les consciences les mots : « modernité », « #innovation_technologique », « #efficacité », « engagement », « approche intégrée pour la gestion des plastiques », « avantage économique », etc. L’industrie chante désormais les vertus du « #recyclage_avancé », un procédé d’#incinération ou de #dégradation_chimique, plus polluant que la méthode classique, et qui ne produit que 1 à 14 % de matière réutilisable.

    Les pétrochimistes ont gagné leur bataille : en 2021, les États-Unis ne recyclaient que 5 à 6 % de leurs déchets plastiques (9) ; et l’industrie produisait toujours plus de #polymères. En 2022, le procureur général de Californie a lancé, sur la base du rapport du CCI, une enquête ciblant les fabricants « pour leur rôle dans la crise globale de la #pollution_plastique ». Mais quel tribunal international mettra l’humanité à l’abri de leur conduite criminelle ?

    Note(s) :

    (1) Roland Barthes, Mythologies, Seuil, Paris, 2010 (1re éd. : 1957) ; Raymond Queneau dans Le Chant du styrène, 1958, film commandé à Alain Resnais par le groupe de pétrochimie Péchiney.

    (2) Roland Geyer, Jenna R. Jambeck et Kara Lavender Law, « Production, use, and fate of all plastics ever made », Science Advances, vol. 3, n° 7, 2017.

    (3) Lire Mickaël Correia, « Le plastique, c’est fantastique », Le Monde diplomatique, février 2022.

    (4) Atlas du plastique. Faits et chiffres sur le monde des polymères synthétiques, Fondation Heinrich Böll - La Fabrique écologique - Break Free From Plastic, 2020.

    (5) Alex Scott, « Europe hardens stance on plastic recycling », Chemical and Engineering News, vol. 97, n° 29, Washington, DC, 2019.

    (6) Rachel Dobkin, « Woman drops AirTag in recycling to see if plastics are actually recycled », Newsweek, New York, 2 septembre 2024.

    (7) Alex Scott, « Global plastics glut and weak regulations hurt European recyclers », Chemical and Engineering News, vol. 102, n° 4, 2024.

    (8) Davis Allen, Alyssa Johl, Chelsea Linsley et Naomi Spoelman, « The fraud of plastic recycling. How big oil and the plastics industry deceived the public for decades and caused the plastic waste crisis » (PDF), Center for Climate Integrity, février 2024, dont sont tirées les citations suivantes. Cf. également Dharma Noor, « "They lied" : Plastics producers deceived public about recycling report reveals », The Guardian, Londres, 15 février 2024.

    (9) « The real truth about US plastic recycling rate », Beyond plastics, mai 2022.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/11/LARBI_BOUGUERRA/67771
    #green-washing #coût #mensonge #dégradation #réemploi

  • Ici commence la mort

    « Quelle connerie la #guerre ». Depuis le poème de Jacques Prévert et même bien avant. Et comme on n’arrête pas le progrès : la connerie devient de plus en plus ignoble. Depuis Gaza nous parviennent des informations effrayantes. Il y a bien entendu d’abord le décompte macabre des dizaines de milliers de morts. Mais la « manière » horrifie toujours un peu plus. D’autant plus quand on sait que l’#écosystème_grenoblois œuvre au développement des #robots_tueurs.

    Le 17 avril, le média Middle East Eye révèle que des « drones israéliens émettent des sons d’enfants qui pleurent dans le camp Al-Nuseirat à Gaza pour cibler et tirer sur les civils recherchant la source de ces appels de détresse. » Comme « preuve » : des témoignages d’habitants du camp et une vidéo tournée de nuit où l’on entend effectivement des pleurs d’enfants, qui ne permet pas de reconnaître les lieux ou d’éventuels drones israéliens. Alors, info ou intox de la part de ce « site d’actualité panarabe basé au Royaume-Uni » ? Impossible de savoir : le média France 24 reprend l’information le 26 avril en affirmant que rien « ne permet d’ailleurs de confirmer ou d’infirmer de manière indépendante si l’armée israélienne a effectivement employé une telle tactique ».

    Ainsi vont les incertitudes d’une guerre impossible à documenter précisément, qui a déjà causé la mort de plus d’une centaine de journalistes. S’il n’est pas possible de savoir si Israël diffuse effectivement des pleurs d’enfants pour faire sortir de leur cachette puis abattre des Gazaouis, force est de constater qu’on ne voit pas quelles raisons – éthiques, techniques ou politiques – empêcheraient Tsahal de le faire.

    Il est par contre prouvé que l’#armée_israélienne fait confiance à l’#intelligence_artificielle pour cibler les Palestiniens à abattre. Les systèmes s’appellent « #Lavender » ou « #Where’s_Daddy » et ils ont été « conçus pour marquer tous les agents présumés des ailes militaires du Hamas et du Jihad islamique palestinien, y compris les moins gradés, comme des cibles potentielles pour les bombardements » (L’Humanité, 4/04/2024).
    37 000 Palestiniens auraient ainsi été « marqués » comme « militants présumés – avec leurs maisons – en vue d’éventuelles #frappes_aériennes ». Ceci sans « vérification approfondie des raisons pour lesquelles la machine avait fait ces choix ni d’examen des données brutes de renseignement sur lesquelles elles étaient basées. (…) Le personnel humain ne faisait souvent qu’entériner les décisions de la machine, ajoutant que, normalement, il ne consacrait personnellement qu’environ “20 secondes” à chaque cible avant d’autoriser un #bombardement – juste pour s’assurer que la #cible marquée par Lavender est bien un homme. »

    Bienvenue dans l’époque des robots tueurs, aboutissement logique des évolutions technologiques. Y a-t-il des logiciels ou des composants réalisés par des entreprises grenobloises dans ces « innovations » du champ de bataille israélo-palestinien ? Ici aussi, impossible de trancher affirmativement ou négativement cette question, notamment à cause de l’opacité entourant la composition des armes militaires. Mais ici aussi, force est de constater qu’on ne voit pas pour quelles raisons – éthiques, techniques ou politiques – certains de nos « fleurons » locaux ne participeraient pas avec entrain à l’élaboration de telles armes. Les différentes révélations sur le commerce de composants servant à faire des armes avec la Russie sous embargo prouve l’absence - ou la très faible présence - de barrières éthiques.

    Le 20 mars dernier, Grenoble a reçu la visite de #Daniel_Halevy-Goetschel, « ministre conseiller aux Affaires politiques intérieures, économiques et scientifiques à l’ambassade d’Israël de Paris » venu inspecter la « dynamique de l’écosystème grenoblois ». Au Daubé (21/03/2024), il confie : « Grenoble est un exemple assez frappant de synergies entre le monde de la #recherche (à l’image du CEA où je me suis rendu), les #entreprises, les #start-up, et les #universités. Cela me rappelle le modèle israélien dont l’écosystème s’est construit ainsi, entre différents acteurs. En cette période qui n’est pas évidente, et des défis sécuritaires qu’elle pose, c’est important de soutenir l’économie d’Israël, et j’espère qu’une nouvelle phase de relations économiques entre l’agglomération grenobloise et Israël va s’ouvrir. »

    Les deux « modèles », israéliens et grenoblois, ont déjà quantité de « relations économiques », rappelées dans le texte « De Grenoble à Tel-Aviv » publié par le groupe Grothendieck sur le site Lundi matin le 1er avril dernier. Entre autres exemples :
    #Vérimag, laboratoire de recherche sur les #logiciels embarqués sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, a mené des recherches sur des #drones_de_combat avec le mastodonte israélien de l’#armement #Israël #Aerospaces Industries.
    • Le #CEA_Grenoble a un partenariat structurel avec la start-up #Weebit_Nano, spécialiste du design et de la fabrication de #puces nouvelle génération pour la mémoire RAM.
    • La société meylanaise #Dolphin_Design, rachetée notamment par le marchand de missiles #MBDA, a depuis 2009 une filiale en Israël.
    • La multinationale d’origine grenobloise #STMicro est, selon le directeur de son site israélien #Stephan_Chouchan « l’un des plus grands acteurs du #semi-conducteur en Israël » grâce à quantité de partenariats avec des boîtes ou projets technologiques israéliens (#Mobileye, #Valens, #Cisco, #Mellanox, #Adasky, #Autotalk, #Temi, etc.). Le même explique : « Après avoir ouvert un centre de ventes en 2002 et un centre de #recherche_et_développement en 2012, il nous est apparu logique d’ouvrir un centre d’#innovation en 2018. Nous favorisons donc l’accès à la #technologie, aux centres de recherche et développement, aux unités commerciales, aux manufactures, qui font défaut à la plupart des sociétés israéliennes. Dans le monde du semi-conducteur, cette expertise est d’une grande valeur. Nous jouons en quelque sorte le rôle de “grand frère technologique”, qui rend possibles des projets parfois assez ambitieux du point de vue industriel. »

    À Grenoble, les élites essayent de faire croire que les #innovations_technologiques servent avant tout à la « transition » et occultent leurs applications militaires. En Israël, « pays en guerre perpétuelle » depuis sa création en 1948, les liens primordiaux entre l’innovation technologique et l’armée sont complètement assumés. #Nicolas_Brien, ancien directeur de #France_Digitale, s’en amuse sans complexe (israelvalley.com, 19/04/2023) : « Il existe une blague israélienne qui m’a été rapportée lors de mon dernier voyage : les Américains croient qu’une start-up se crée à trois dans un garage, mais en Israël on sait qu’une start-up se crée à trois dans un garage à l’intérieur du ministère de la Défense. »

    Dans l’isolement de leur labo, de leur obscur projet de recherche, de leurs objectifs annuels, quantité d’ingénieurs grenoblois ne se rendent sans doute pas compte que – directement ou indirectement – ils contribuent à fabriquer des #armes toujours plus inhumaines. Que peut-être un bout de leur savoir-faire a servi à fabriquer un drone diffusant des pleurs d’enfants pour apitoyer des humains et les abattre froidement.

    Bien entendu, il ne s’agit pas ici de cibler spécifiquement Israël. De telles armes seraient utilisées par les Palestiniens, les Russes, les Ukrainiens, les Français, qu’elles seraient tout aussi effroyables.
    Il s’agit juste d’ouvrir les yeux sur les résultats de la fuite en avant technologique, dont l’écosystème grenoblois est un des « cerveaux ». Avec deux options principales : soit assumer le développement exponentiel des robots tueurs, soit œuvrer au démantèlement de ces technologies mortifères.

    https://www.lepostillon.org/Ici-commence-la-mort.html
    #complexe_militaro-industriel #Grenoble

    • De Grenoble à Tel Aviv. L’innovation de défense au fondement de la #start-up_nation

      Tout commence par une visite entre amis. En ce beau mois de mars, Daniel Halevy-Goetschel, ministre, conseiller aux affaires politiques intérieures, économiques et scientifiques à l’ambassade d’Israël était en visite dans les Alpes françaises. Dans Le Dauphiné Libéré, il lâchait le morceau :

      « Grenoble est un exemple frappant de synergies entre le monde de la recherche (à l’image du CEA où je me suis rendu) les entreprises, les start-up, les universités. Cela me rappelle le modèle israélien dont l’écosystème s’est construit ainsi entre différents acteurs. […] Et j’espère qu’une nouvelle phase de relations économiques entre l’agglomération grenobloise et Israël va s’ouvrir » [1]

      [1] Le Daubé,...

      Les synergies grenobloises évoquant le « modèle israélien », il serait utile d’en savoir plus sur celui-ci. Cela tombe bien, Daniel Halevy-Goetschel le détaillait l’an dernier dans le magazine Servir :

      « C’est d’un côté, l’implication des institutions publiques et notamment des armées, du gouvernement, sans oublier les universités et le Technion et l’Institut Weizman, et de l’autre côté, un système des start-up très dynamique avec des entrepreneurs qui prennent des risques et de multiples initiatives. En parallèle, il existe un mode de financement efficace, avec des fonds de capital-risque auquel s’ajoute la participation de grandes entreprises multinationales du domaine tech – environ 400 sociétés, connues mondialement et qui ont pour certaines d’entre elles construit des laboratoires de recherche en Israël, notamment EDF et Renault. » [2]

      [2] « La ’Start-Up nation’, Israël, un modèle à suivre pour...

      Voilà la définition du « modèle israélien » : des liens symbiotiques entre l’armée, le gouvernement, les universités, et des start-ups boostées au capital risque. Les lecteurs de notre livre L’Université désintégrée. La recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel [3]

      [3] Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La...
      reconnaîtront en effet là une forme de similarité avec le « modèle grenoblois ». Ainsi, la coopération de la « nation au 7000 start-up et 90 licornes » avec la « Silicon Valley grenobloise » paraît naturelle. Les liens sont symbiotiques entre les deux régions, qui parlent la même langue, celle de l’innovation.

      On sait qu’Israël est le pays comptant le plus de start-up par habitant. On sait aussi que le « modèle grenoblois » est à la source de la politique nationale des « pôles de compétitivité » qui structurent la recherche scientifique française et la coopération public-privé dans ce domaine. Nous nous proposons donc ici de jeter d’abord un œil sur l’économie israélienne et à la place structurante qu’y occupe la Défense, avant d’étudier les organismes principaux de coopération économique franco-israéliens, et de nous attarder quelques instants sur les collaborations spécifiques entre Grenoble et Israël. On verra qu’au coeur même de la notion de « start-up nation » chère à Emmanuel Macron, on trouve l’innovation de défense et la production de mort. Nous en profiterons pour livrer quelques réflexions sur les luttes en cours contre le Moloch.
      Zèbres, guépards et innovation

      « Il existe une blague israélienne qui m’a été rapportée lors de mon dernier voyage : les Américains croient qu’une start-up se crée à trois dans un garage, mais en Israël on sait qu’une start-up se crée à trois dans un garage à l’intérieur du ministère de la Défense »
      Stephane Chouchan, directeur israëlien de STMicroelectronics [4]

      ...

      L’armée et l’industrie de l’armement structurent Israël depuis sa création en 1948. Depuis le début, Israël, avec l’aide des États-Unis, fabrique une bonne part de son armement, sa « base industrielle et technologique de défense » (le terme par lequel on désigne l’ensemble des entreprises du secteur privé travaillant pour la défense) étant maintenant très large et variée.

      « Pays en guerre perpétuelle, l’avance technologique est une réelle question de survie pour Israël : l’armée est au cœur de son écosystème. » [5]

      ...

      Le secteur de l’armement est le premier employeur public du pays. L’industrie technologique représente quant à elle 18% du PIB du pays [6]

      ...
      . En mettant de côté les crédits alloués à Tsahal, plus de 4,5% du PIB est consacré aux dépenses en R&D. Une part non négligeable de l’argent public va donc inévitablement dans l’innovation de défense. N’oublions pas qu’Israël est un pays extrêmement belliqueux depuis sa création et constitua progressivement dans les années 1970 avec l’aide des États-Unis [7]

      [7] Encore en 2012, l’aide militaire américaine à Israël...
      , un complexe scientifico-militaro-industriel très puissant développant une maîtrise hors-pair dans les drones, la surveillance militaire, la cybersécurité, les systèmes anti-missiles et le maintien de l’ordre [8]

      [8] Voir la brochure très complète de Patrice Bouveret...
      . Cette maîtrise adaptée à sa guerre coloniale fait d’Israël un pays compétitif dans l’exportation d’armement (toujours dans le top 10 des ventes d’armes).

      Comment cela fonctionne-t-il ? C’est l’Innovation Authority, sous mandat direct du Premier ministre qui finance aussi bien les start-up que les PME que les grands groupes, pour des projets intéressant en premier chef Tsahal (cyberdéfense, cybersécurité, nanotechnologies, IA, etc), mais aussi des domaines où la tech israélienne à déjà une longueur d’avance permettant de conforter son statut derrière les État-Unis, de « seconde Silicon Valley ».

      « L’écosystème israélien doit énormément à l’intervention publique massive dès les phases d’amorçage. En France, on a mis du temps à le comprendre. Il faut des instruments publics efficaces pour faire germer des start-up » [9]

      ...

      Ces financements sont aussi audacieux et fonctionnent selon le jeux « du zèbre et du guépard : l’État israélien produit en masse des start-up innovantes (les zèbres) qui se font racheter par les géants de la tech, la plupart du temps américain (les guépards). Ainsi les guépards s’implantent en Israël, créent des emplois, injectent des liquidités, confortent l’économie du pays et attirent de nouveaux groupes.

      On sait que cette politique économique axée sur les start-ups avait inspiré Emmanuel Macron dans sa désormais fameuse déclaration de 2017 :

      « I want France to be a start-up nation. A nation that thinks and moves like a start-up. »

      Quand, il transpose à la France ce mot d’ordre de « start-up nation » jusque-là réservé à Israël, Emmanuel Macron choisit de le faire lors du salon Vivatech, lui même calqué sur les grands showroom israéliens comme le salon DLD de Tel Aviv.
      Les liens France-Israël

      Les liens économiques entre la France et Israël sont anciens et nombreux. Ils sont assurés par quatre organismes principaux. Passons-les rapidement en revue.

      La Chambre de commerce et d’industrie France-Israël (CCIIF) est une structure créée en 1957 [10]

      ...
      . Elle laisse progressivement la place à La Chambre de commerce France-Israël (CCFI), et son site promotionnel Israel Valley [11]

      ...
      qui est surtout un relais médiatique en faveur de l’économie israélienne et des coopération avec la France. L’Observatoire de l’armement précise que la Chambre « organise nombre d’évènements dans lesquels il n’est pas rare de voir participer comme intervenants des chercheurs, des responsables français et israéliens, impliqués dans des domaines de cyberdéfense, du spatial et autres secteurs connexes à la défense et à la sécurité » [12]

      [12] Patrice Bouveret, « La coopération militaire et...
      .

      Le Technion France est le relais français du Technion Israel Institute of Technology, une grande université et école d’ingénieurs israélienne, sorte de « MIT du Moyen-Orient ». Le Technion France fait connaître les réalisations et les projets du Technion en France dans les milieux scientifiques, académiques, industriels et économiques. L’institution cherche à développer des partenariats et des coopérations sur des sujets d’intérêt commun comme la e-santé et les nanotechnologies. Il multiplie les coopérations industrielles avec des entreprises françaises comme Véolia, Total, Havas, ou encore Servier, Arkema, SEB Alliance et Alstom. Enfin, le Technion France a mis en place de nombreux partenariats académiques (co-tutelles de thèses, mobilité des étudiants, doubles diplômes…) notamment avec l’École Polytechnique, l’Institut Mines Télécom, Université Paris Dauphine, Centrale Supélec, ou encore l’Université Paris Saclay [13]

      ...
      .

      La French Tech en Israël, déclinaison israélienne depuis 2016 de la French Tech. En Israël, « il s’agit d’un réseau assez actif d’investisseurs et d’entrepreneurs » explique Stéphane Chouchan, « ambassadeur French Tech Israël, Conseiller du commerce extérieur et directeur pays pour Israël de STMicroelectronics » [14]

      [14] « Table ronde 2 – La start-up nation et la French Tech...
      , qui ajoute : « Le réseau fonctionne très bien aux États-Unis et en Israël, mais moins en France. »

      Enfin, le Comité Israël des Conseillers Extérieurs de la France (Comité Israël des CCE), le lobby des sociétés françaises œuvrant en Israël. On trouve dans leur conseil d’administration, les plus importantes de ces entreprises. Ainsi, le vice-président et trésorier du CCE Israël est le directeur de Thales-Israël, un autre est le représentant en Israël de direction générale internationale de Dassault Aviation. Ce dernier « a débuté sa carrière chez Dassault Aviation en 1990 dans le domaine de la guerre électronique puis après un passage à la direction commerciale en 1996 où il a négocié la vente de produits militaires et spatiaux, a été appelé à la direction des achats en 2002 afin de s’occuper de grand compte tel que Thales, puis des partenaires israéliens jusqu’en 2017. » [15]

      ...
      . On retrouve encore Stephane Chouchan :

      « En charge de la filiale du groupe depuis 2007. ST est implanté depuis plus de 18 ans en Israël avec un site de Vente et Marketing, un centre R&D et, depuis 2018, avec le ST-Up Accelerator : un accélérateur de startups hardware late-stage. Parmi les projets réalisés avec des composants ST : Mobileye EyeQ SoC ; Autotalks Craton SoC ; Adasky Ada SoC, des composants de puissance chez SolarEdge, le STM32 pour Strauss/Tami4 ainsi que l’implémentation de capteurs et micro-contrôleurs dans le robot de Temi. » [16]

      ...

      Tous ces structures bi-nationales servent à nourrir des partenariats technoscientifiques dans les domaines qui intéressent les deux régions, c’est-à-dire la plupart du temps dans la nano et microélectroniques, les capteurs, l’internet des objets, les supra-conducteurs ou l’atome. Le CEA-Grenoble et le CNRS font régulièrement des échanges de leur chercheurs avec de grandes universités israéliennes [17]

      [17] Par exemple :...
      permettant de renforcer les liens militaro-civils qui ne date pas d’hier et a permit historiquement à Israël d’avoir la bombe atomique, et dont l’Observatoire des armements note que cette coopération atomique à été relancé en 2010 [18]

      [18] « La coopération militaire et sécuritaire...
      .

      Les liens Grenoble-Israël

      À Grenoble, on peut s’intéresser aux activités de l’un des plus gros instituts de l’université, l’IMAG, centre de recherche en logiciel, IA et internet des objets. En son sein, le laboratoire Verimag, laboratoire de recherche sur les logiciels embarqués, avait retenu en 2020 notre attention pour ses liens étroits avec le complexe français [19]

      [19] Cf Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée, op....
      . Mentionnons par exemple le projet CAPACITES [20]

      ...
      qui réunissait de 2014 à 2017 pratiquement tout le complexe militaro-industriel français (MBDA, ONERA, Safran, Dassault Aviation, Airbus Helicopter, etc) sous la houlette de Verimag et de la start-up de design de puce pour l’armement, la grenobloise Kalray.

      Verimag s’est acoquiné plusieurs fois avec le mastodonte israélien de l’armement Israel Aerospace Industries (IAI) pour des projets des recherches en drones de combat : le projet COMBEST [21]

      ...
      (avec comme partenaire connexe EADS) ; le projet SafeAir II [22]

      ...
      (avec comme partenaire MBDA) ; les projet OMEGA [23]

      ...
      et SPEEDS (avec EADS). Précisons que l’actuel directeur de l’université, Yassine Lakhnech, figure comme chercheur de ces projets en lien avec le conglomérat israélien.

      La start-up israélienne Weebit Nano, spécialiste du design et de la fabrication de puces nouvelle génération pour la mémoire RAM a, elle, un partenariat structurel avec le CEA-Leti. Elle teste dans les salles blanches du CEA ses dernières innovations et utilise du substrat semi-conducteurs préparé par le Leti (notament du FD-SOI).

      On pourrait également citer la société Dolphin Design (ex Dolphin Integration), domiciliée à Meylan. Cette entreprise dessine des puces pour des applications civiles et militaires, notamment du SoC (System-on-Chip). Rachetée conjointement par la société iséroise Soitec et le géant français du missile MDBA, Dolphin Design est bien implantée en Israël depuis la moitié des années 90 [24]

      ...
      . Cette implantation lui permettant de ravir des marchés militaires au Proche-Orient et profiter des réseaux de la tech israélienne. Il est en effet très intéressant pour des sociétés qui font du design de puces et de la création de nouvelles fonctions électroniques de s’implanter en Israël. Non pas tant pour profiter d’un marché déjà bien saturé, mais plutôt pour se servir de son expertise en ce domaine [25]

      [25] Voir...
      .

      On sait que Grenoble est jumelée avec la ville universitaire de Rehovot depuis 1984. Or, à Rehovot on trouve l’Institut Weizmann, une sorte d’équivalent de la branche recherche du CEA [26]

      [26] Nous avons déjà parlé de l’Institut Weizman dans...
      . Le site de la mairie de Grenoble nous explique que ce jumelage est réalisé dans le cadre de coopération de l’Institut Weizmann avec l’Université Joseph Fourier (Grenoble 1) [27]

      ...
      .

      Comme au CEA, les chercheurs et doctorant bénéficient d’un cadre de travail relativement libre leur permettant de « buller » dans leur recherche pointilleuse en physique nucléaire ou biologie de synthèse [28]

      [28] C.f Groupe Grothendieck, Guerre généralisée au vivant...
      . Le directeur de l’institut l’explique à Bruno Lemaire lors de la visite de ce dernier.

      « Ici la recherche scientifique pure et ses futures applications sont deux choses absolument séparées. Les scientifiques étudient ici par curiosité, avec une liberté de pensée complète. Une fois que vous avez trouvé quelqu’un avec du talent, il faut lui donner tous les moyens possibles. » [29]

      ...

      Mais – car il y a toujours un « mais » à chaque fois que l’on parle de liberté dans le technocapitalisme – l’Institut Weizmann, via son bureau de transfert (Navor), touche des royalties sur les découvertes de ses blouses blanches, (comme le CEA dispose aussi de ses bureaux de transfert CEA-Investissement et sa société Supernova Invest [30]

      ...
      ). Ce qui lui a rapporté en 2016... 3,5 milliards de dollars ! [31]

      ...
      La liberté est à ce prix.

      Indiquons que l’institut Weizmann possède en France une fondation destinée à capter les deniers et les cerveaux français et à faire sa pub dans l’Hexagone, Weizmann France [32]

      ...
      . Le président de Weizmann France n’est autre que Maurice Levy, patron de Publicis – donc organisateur du salon des technologies israélienne Vivatech [33]

      ...
      .

      On ne peut pas conclure ce petit état de l’amitié entre les entreprises françaises et israéliennes sans parler du plus gros employeur grenoblois : STMicroelectronics. Écoutons encore une fois l’ambassadeur et blagueur Stéphane Chouchan :

      « STMicroelectronics est un des leaders européens du semi-conducteur, avec un chiffre d’affaires de 8,35 milliards de dollars en 2017 et 120 millions de dollars domestiques en Israël, ce qui fait de STMicroeletronics l’un des plus grands acteurs du semi-conducteur en Israël. […] Nous menons depuis plus de quinze ans des partenariats avec Mobileye ou Valens, mais nous nous sommes également stratégiquement rapprochés de Cisco, Mellanox ou autres. Nous partageons également des projets avec des centres de design. Nous ne sommes en effet pas toujours facilement identifiables. Or les centres de design constituent parfois une aide précieuse dans ce domaine. Nous menons aussi des partenariats avec les universités, comme le Technion ou l’université de Tel-Aviv. [… ] Après avoir ouvert un centre de ventes en 2002 et un centre de recherche et développement en 2012, il nous est apparu logique d’ouvrir un centre d’innovation en 2018. Nous favorisons donc l’accès à la technologie, aux centres de recherche et développement, aux unités commerciales, aux manufactures, qui font défaut à la plupart des sociétés israéliennes. Dans le monde du semi-conducteur, cette expertise est d’une grande valeur. Nous jouons en quelque sorte le rôle de « grand frère technologique », qui rend possible des projets parfois assez ambitieux du point de vue industriel. » [34]

      [34] « Table ronde 2 - La start-up nation et la French tech...

      ST joue en Israël comme son homologue américain Intel Corp., le rôle de guépard, captant les cerveaux et les start-up à forte valeur ajoutée pour nouer des partenariats ou les intégrer au groupe franco-italien.

      Il faut noter aussi que la fonderie israélienne Tower Semiconductor, spécialiste des circuits analogiques et capteurs thermiques a signé un accord avec ST pour s’implanter dans la nouvelle usine de ST d’Agrate en Italie [35]

      ...
      . L’activité de Tower ? Faire des circuits spéciaux notamment pour l’industrie de l’armement :

      « Tower est le fournisseur unique proposant la plus large gamme de technologies pouvant être utilisées par les clients A&D [Aérospatial et Défense] pour les besoins gouvernementaux, militaires et de défense, notamment les ROIC à grande matrice [36]

      [36] Les ROIC sont des micropuces utilisées pour lire les...
      , les imageurs, la photonique sur silicium, le CMOS sur SOI pour les applications RH, les MEMS et les dispositifs à ondes millimétriques, entre autres. » [37]

      ...

      L’entreprise a reçu, sous la marque « Towerjazz », les qualification ITAR (International Trafic in Arms Regulations) pour ses puces 65nm lui permettant de s’ouvrir au marché américain de la Défense. Elle est classée par le DMEA (Defense Microelctroniocs Activity) du
      ministère de la Défense américain (DoD) comme une boîte importante et sûre [38]

      ...
      .

      Puisqu’on parle de STMicroelectronics, il serait malvenu d’oublier sa voisine Soitec et comme elle, spin-off du CEA-Grenoble. Ainsi, les plaquettes SOI utilisées par Tower proviennent de Soitec, qui fournit à Tower des dizaines de milliers de plaquettes RF-SOI 300nm par an [39]

      ...
      .

      Comme Tower, ST a un certain savoir-faire dans les produits spécifiques à destination du militaire. L’entreprise grenobloise est le chef de file du projet militaire européen EXCEED notamment pour le design de « système sur puce » (’system-on-chip’ SoC [40]

      [40] Les SoC sont des circuits intégrés embarqués ayant sur...
      ) avec la technologie développée par Soitec (FD-SOI 28 nm) dans son centre de recherche grenoblois sur le Polygone scientifique. Parmi les partenaires du projet, on trouve ArianeGroup (fabricant du missile atomique M51), Thales, MBDA, Safran Electronics and Defense et l’avionneur italien Leonardo. Le projet durera de 2020 à 2025 avec une enveloppe totale de 12 Millions d’euros dont 1,9 pour ST. Les puces issues du projet sont destinées à équiper, d’après la communication :

      « les capteurs RF et réseaux de traitement du signal, radios flexibles, positionnement et navigation sécurisés, liaisons de données UAV [drone], réseaux militaires, des moteurs de cryptographie flexibles, soldat débarqué, contrôleurs de guidage et de mission critiques » [41]

      ...
      .

      Nos luttes sont matérielles et locales

      En guise de conclusion nous tenons à dire que nous n’avons rien ni contre les Israéliens, ni contre les Palestiniens, ni contre les Juifs, les Arabes, ni contre les Slaves, les Russes, les Ukrainiens, ni contre n’importe quel peuple. Ce que nous combattons, c’est une logique à l’oeuvre et une façon dont notre monde est agencé : le technocapitalisme et sa course en avant mortifère et sanguinaire, aidé dans cette course par les structures étatiques et supra-étatiques. Qu’elles soit « made in France », « made in Israel » ou « made in Ukraine », les technologies continueront à nous tuer en tant qu’humains et en tant qu’êtres vivants. Elles continueront à nous écraser et à nous asservir comme des esclaves.

      Nous ne disons pas que tout se vaut, mais, depuis notre position et avec les idées qui nous portent, nous ne pouvons nous contenter d’accepter benoîtement la guerre de « l’Axe du Bien » face à la « Barbarie ». A l’heure de la fusion intégrale entre le capital et la technologie, il n’y a plus à choisir. Il n’y a rien à regretter de notre monde absurde et sans consistance où la guerre industrielle est devenue une option de gouvernance parmi d’autres, où « tout change pour que rien ne change » dans un confort ouaté de consommateur-citoyen ou sous une maison en ruine. Notre exigence de liberté nous commande d’agir tout de suite et ici-même. La mobilisation totale pour la guerre nous guette, tâchons d’être plus rapide qu’elle avant que nous soyons tous pris dans son piège inextricable.

      Le combat se situe donc bien au-delà des appels patriotiques, nationalistes, ethniques ou communautaires. La seule communauté auxquels nous accordons de l’importance et pour laquelle nous nous battrons sans relâche, c’est la communauté humaine. C’est dans cette optique que nous essayons d’aider nos congénères dans une pure localité de la lutte : solidarité avec nos congénères opprimés et combats sans relâche contre les ingénieurs, scientifiques, technologues et encravatés des instituts mortifères. Car le pouvoir aujourd’hui se situe là : dans la puissance liée à l’argent et à la technologie, liée aux machines, aux usines, aux laboratoires et à leurs directives. Dans cette démarche d’action réelle et endurante, intransigeante et stratégique, nous combattons donc les sbires grenoblois et leur modèle de développement car nous savons que les répercussions – on les vois déjà – dépassent de loin les frontières naturelles de nos montagnes.

      Tout est à faire, les rapports de force se mettent en place pendant que les contradictions profondes réémergent. Tâchons de dépasser les fausses oppositions, précipitons les frictions et poussons les exigences de liberté à l’ensemble de la vie humaine pour qu’enfin, le mouvement de contestation émergeant embrasse dans la négation la totalité des existences.

      Bella matribus detestata.

      https://lundi.am/De-Grenoble-a-Tel-Aviv

    • Guerres & Puces - La dure réalité de la microélectronique en temps de guerre mondialisée

      En pleine montée du bellicisme et de la barbarie au Moyen-Orient et pendant que Poutine et Biden nous refont la Guerre Froide avec notamment une nouvelle menace atomique, il nous faut redire encore et encore en quoi la France participe, avec son « écosystème de la microélectronique » aux guerres, avec ses morts, ses destructions et ses colères légitimes, de part et d’autre du globe.

      « Il existe un lien direct entre semi-conducteurs et puissance militaire [… ]. Bien que la plupart des puces produites aujourd’hui soient utilisées à des fins civiles, les grandes armées du monde sont de plus en plus dépendantes des semi-conducteurs les plus avancés. »

      Chris Miller, auteur de Chip War [1]

      [1] Chris Miller, La guerre des semi-conducteurs. L’enjeux...
      , interview dans Libération, 30 Août 2023.

      Le nerf de la guerre : les puces

      L’Observatoire des armements (OBSARM) vient de publier un compte-rendu à partir de deux rapports de la commission défense du parlement [2]

      ...
       : l’un concernant les exportations françaises d’armes et l’autre, les fameux « biens à double usage » [3]

      ...
      , c’est-à-dire le matériel civil servant à faire la guerre.

      Et la révélation est importante : en 2023 il y a eu une augmentation par six des exportations françaises de biens à double usage vers Israël. En effet le montant passe de 34 millions d’euros en 2022, à 192 millions d’euros en 2023, avec notamment 154 millions en puces (capteurs, lasers, etc).

      On se doute qu’une partie des puces et capteurs sont made in Grenoble, si on se souvient de l’enquête du media en ligne Blast, "Russian Paper [4]

      ...
      ", où il était démontré que les entreprises Lynred et STMircoelectronics utilisaient des intermédiaires israéliens pour acheminer leurs puces en Russie. D’intermédiaires, il est facile d’en faire des clients finaux. Sans compter que ST a des centres de R&D et des bureaux en Israël depuis 20 ans et que ses partenariats et autres acquisitions d’entreprises israéliennes sont nombreuses [5]

      [5] Groupe-Grothendieck, De Grenoble à Tel Aviv, sur...
       :

      « STMicroelectronics est un des leaders européens du semi-conducteur, avec un chiffre d’affaires de 8,35 milliards de dollars en 2017 et 120 millions de dollars domestiques en Israël, ce qui fait de STMicroeletronics l’un des plus grands acteurs du semi-conducteur en Israël [6]

      [6] Stéphane Souchan responsable de la French Tech en...
      . »

      Les guerres 2.0 ont un appétit gargantuesque en puces (contrôleurs, capteurs, processeurs) parce que le matériel jetable, c’est-à-dire les munitions, les missiles et les drones kamikazes en sont truffés. Le plus souvent, même des gros producteurs de puces comme Israël ou la Russie ne peuvent combler cet appétit avec seulement la production interne. Il faut donc rafler les puces partout où il y en a : des machines à laver kazakh [7]

      ...
      aux usines de la vallée grenobloise, tout est bon pour combler l’appétit sans fin de Moloch.

      D’où le fait que les exportations de puces françaises montent en flèche vers Israël et la Russie. Rappelons que pour l’année 2023, il a été découvert sur le champ de bataille ukrainien pour 94 millions d’euros de puces ST, le plus souvent issues de missiles russe [8]

      ...
      ….mais que font les syndicats des usines de Crolles ? Les morts russes et ukrainiens sont-ils plus « légitimes » que les morts palestiniens ? L’internationalisme est-il à géométrie variable ?

      Les embargos servent surtout à calmer les opinions publiques envers les vendeurs d’armes quand le sang éclabousse trop les caméras, mais n’ont jamais été réellement mis en application. Ils n’ont pas un rôle éthique du genre d’embargo qu’avait imposé De Gaulle à Israël en 1967 après l’attaque contre l’Égypte, espérant ainsi temporiser les déjà voraces appétits d’Israël. Les embargos aujourd’hui sont une manière de contraindre l’économie des ennemis à se reconfigurer. Ce qui prend du temps et qui permet de provoquer du mécontentement dans les populations qui ont à subir des coupes budgétaires et des baisses de salaires, et donne des temps de latence dans la production ou l’achat d’armement des assaillants.
      La guerre mondialisée : entre augmentation de la puissance technologique et ré-agencement économique

      Ce que l’on vient de dire précédemment est de la théorie. En pratique, le business l’emporte toujours sur le politique car le business est la vrai politique de notre temps. Enfin… le business couplé à l’accroissement sans limite de puissance, quitte à foutre en l’air des pans entiers du globe, à provoquer la haine de population pour trois générations, et à laisser planer sur la Terre entière des menaces d’holocauste atomique.

      Dans la guerre mondialisée, il n’y a plus cette ancienne rupture économique et sociale des guerres mondiales, où les fronts et frontières étaient bouclés, barricadés, et où la pénurie s’installait. Les échanges mondialisés et supportés par les réseaux virtuels s’accommodent maintenant d’affrontements durs et sanguinaires sur les fronts et frontières par un ré-agencement constant des routes et échanges économiques. Les pôles de puissances économiques maintenant variés et multiples (zone chinoise, zone étasunienne, zone singapourienne, zone indienne, zone turque, zone européenne, zone du golfe persique, etc) font qu’il est facile de changer de fournisseurs, d’acheteurs ou de vendeurs d’une denrée et d’échanger devises et actifs avec d’autres agents économiques.

      Prenons la Russie. Elle a complètement reconfiguré son système bancaire vers la Chine, réorienté ses exportations vers les Brics et dispose d’une diaspora aux quatre coins du monde permettant le transit de puces et autres matériels sensibles par des sociétés écrans singapouriennes, chinoises ou turques. Et vu que la demande en matières premières est bien souvent beaucoup plus forte que l’offre, au fur et à mesure de l’épuisement des ressources et du changement climatique, il est par exemple facile pour la Russie de vendre son excédant de gaz et d’autres matières pétrolifères à qui le veut. Poutine peut même se glorifier d’un peu de croissance et d’une augmentation générale des salaires de 17 % à 19 % [9]

      ...
      . Tournée générale, y’a rien à voir ! En somme, la routine capitaliste dans la guerre mondialisée.

      Israël ou l’Ukraine sont encore bien dépendantes des américains pour leur économie (de guerre il va sans dire !) mais développent toutes deux une forte « économie de la connaissance » liée à leur complexe scientifico-militaro-industriel, comprenez le système des start-up rachetées par des multinationales qui peuvent avoir comme client l’armée.

      Vous êtes haut technocrate d’un pays en guerre et vous voulez des points de croissance, malgré la guerre, les pleurs et le sang ? Injectez massivement de l’argent public dans des structures de recherches (Le Weizman Institute ou le Technion en Israël, CEA et l’AID en France, l’UCU et Polytechnique en Ukraine [10]

      ...
      ), puis concentrez le jus de cerveau de votre recherche publique dans des « incubateurs », enfin garantissez sur deux ou trois ans le revenu de vos nouveaux startuppers ex-chercheurs ou ingénieurs. Trois solutions sont à envisager. 1° Vos petites start-ups meurent car il n’y a pas de marché correspondant, c’est le lot des 3/4 des boîtes ; 2° Au contraire, des débouchés civils ou civilo-miltaires arrivent (investissez dans le drone, les biotechnologies ou l’IA en ce moment !) ; enfin, 3°, le must, c’est de se faire racheter très cher par les « guépards » du coin, c’est-à-dire par les grosses multinationales bien implantées dans les « silicon valley » françaises, israéliennes, russes ou ukrainiennes. C’est pour cette raison que tous les gros industriels français ou américains ont des centres et des bureaux en Israël, le pays au 7000 start-ups et 90 licornes. STMicroelectronics a même un incubateur géant, le ST-Up accelerator créé en 2018 à Jérusalem [11]

      [11] Pour une analyse du « jeu » des guépard, des zèbres...
      .

      Dans tout ce merdier, les industriels de l’armement français et les marchands de puces, notamment Safran [12]

      ...
      , Thales [13]

      ...
      , Nicomatic [14]

      ...
      et STMicroelectronics s’en sortent bien. Ils utilisent des intermédiaires chinois, singapouriens ou turques pour vendre des puces à des États en guerre de « haute intensité [15]

      [15] Il y a dans le monde quelques guerres dites par les...
       ».

      Quant aux « matières fissibles » (uranium enrichi ou déchets nucléaires), elles ne font même pas partie des embargos – et du reste on en parle pas – ce qui permet à la France de garder son train-train nucléariste comme à l’accoutumée (un tiers de notre uranium enrichi est importé des centrifugeuses du géant russe Rosatom ; Framatome (France) continue de construire, notamment en Hongrie, des centrales nucléaires avec Rosatom [16]

      ...
       ; et Orano refile une partie de ses déchets nucléaires à la Russie [17]

      ...
      .)

      Le technocapitalisme est une tuerie sans nom

      Revenons à Israël et aux liens avec la France et reparlons de plates vérités difficiles à entendre. La France exporte en moyenne tous les ans pour 20 millions d’euros d’armes à Israël. C’est juste 0,2 % de ses exportations mondiales pour ce mastodonte de l’armement (la France est deuxième exportateur mondial d’armement en 2023 [18]

      ...
      ). 20 millions, ce sont des broutilles diriez-vous, mais des broutilles qui tuent !

      On ne dira jamais assez qu’il ne faut pas voir tout le temps les quantités d’armes exportées mais plutôt le type (par exemple les boîtiers de détection Thalès classé ML5 « 
      Matériel de conduite de tir et matériel d’alerte et d’avertissement connexe » [19]

      [19] « Guide du classement du matériel de guerre et...
      peuvent avoir de grosse capacité de nuisance quand ils sont installés sur des drones israélien Hermes 900, même si leur coût n’est pas élevé, ni les quantités astronomiques [20]

      ...
      .)

      Sur le champ de bataille israélo-palestinien on peut retrouver l’hélicoptère AS565A Panther d’Airbus (ex-Eurocopter) baptisé « Atalef » [21]

      ...
      , des hommes de Tsahal équipés de fusils d’assaut de la marque PGM Précision [22]

      [22] Voir la brochure « Lyon, capitale européenne du...
      , des drones Watchkeeper WK450 d’une « joint venture » de Thales avec l’entreprise israélienne Elbit System [23]

      [23] « Les liaisons dangereuses de l’industrie française de...
      , ou encore de manière plus anecdotique, l’interception de drones iraniens par des missiles français tirés de bases françaises en Jordanie et en Irak [24]

      ...
      . La France donc, ou tout du moins son « savoir-faire », sont bien présent dans cette guerre d’extermination et ne font qu’amplifier le désastre même si elle se positionne dans le jeu médiatique en État-arbitre, renvoyant dos à dos palestiniens et israéliens.

      Mais ce n’est pas tout, Israël avec son gros Triangle de fer (complexe scientifico-militaro-industriel), exporte largement elle aussi, et les deniers récoltés peuvent retourner illico-presto pour faire la guerre aux palestiniens et maintenant aux libanais. Elle est toujours dans le top 10 des exportateurs d’armement, souvent talonnée par la Corée du Sud, et est leader dans quelques secteurs clé comme le drone, la cyberdéfense, maintenant l’IA militaire :

      « La concurrence israélienne est, quant à elle, très performante sur certains segments de haute technologie (matériels électroniques, drones, systèmes spatiaux, missiles). Les exportations d’armes israéliennes ont doublé en une décennie, en raison des changements de l’environnement stratégique en Europe et de la normalisation des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes. Malgré le conflit découlant de l’attaque du 7 octobre, l’industrie israélienne continue à proposer ses offres à l’export » [25]

      [25] « Rapport au Parlement 2023 sur les exportations...

      Le chiffre d’affaires combiné des trois entreprises israéliennes du Top 100 (Elbit System, IAI et Rafael) a atteint 12,4 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2021 [26]

      ...
      .

      Les échanges scientifico-techniques avec Israël ne se sont pas arrêtés, le Haut Conseil Franco-Israélien pour la Science et la Technologie (HCST) continue de délivrer des bourses à des chercheurs [27]

      ...
      , pendant que des gros instituts de recherche français nouent des partenariats de plus en plus serrés avec des pôles de recherches israélien. Notamment l’Institut national de recherche en informatique et automatisme (INRIA) qui a signé un accord cadre avec le Technion israélien avec à la clé une enveloppe bipartite de 720 Millions d’euros pour développer l’ordinateur quantique [28]

      ...
      . De plus l’INRIA continue a vouloir envoyer des chercheur en Israël [29]

      ...
      . L’INRIA n’est qu’un exemple, mais les échanges scientifiques franco-israéliens sont fructueux pour les deux « start-up nation » et mériteraient d’être cartographiés et dénoncés.

      La marche forcée scientifico-militaire n’a pas de point de vue « morale », au contraire, plus la guerre avance, plus « l’innovation de Défense », comprenez la mobilisation scientifique pour la guerre sera de mise. Il faut du jus de cerveau concentré et des savoirs-faire spécifiques pour que les drones tuent mieux, que l’IA détecte mieux les cibles et que les missiles soient le plus performant possible pour détruire ! Le technocapitalisme, dont la recherche publique est l’un des rouages [30]

      [30] Fabrice Lamarck, Des treillis dans les labo. La...
      (et le chercheur un pion mais un pion volontaire !), a besoin de ces cerveaux bien enrégimentés pour continuer à tuer et vendre des armes !

      Devant l’atrocité des massacres à Gaza, au Liban mais aussi sur le front russo-ukrainien, ou au Yémen, la neutralité scientifique n’a plus sa place. Continuer tout bonnement son train-train de recherche en IA, en informatique, en microélectronique, en résistance des matériaux, continuer à bosser dans des laboratoires où Thales ou MBDA ont investit et donnent des conseils, être chercheur ou ingénieur chez ST ou Airbus, c’est sûrement avoir du sang sur les mains. Et oui, quand nous sommes « en paix » (paix toute relative), les questions morales échauffent moins les oreilles de nos producteurs de biens ou de savoir parce que les massacres et la guerres existent qu’en potentiel. Effectivement, la France a un potentiel de mort et de destruction quasi-illimité, et cela c’est grâce en grande partie à nos chercheurs et à leur technoscience que nous le devons.

      Cependant, il n’y a pas les mêmes responsabilités entre un trimard faisant les 3-8 en salle blanche et le chef de projet R&D d’une multinationale, qui passe des commandes et comprend à quoi vont servir les puces de son unité de conception. Mais de toute façon, au-delà des parcours individuels, que ces usines et ces instituts de mort ferment, malgré les emplois, malgré la Connaissance, malgré le « Progrès », malgré la manne financière, serait la meilleur des solutions politiques pour mettre fin à la destruction sans concession à laquelle notre génération assiste.

      Quant aux thésards, étudiants, réfusant, celles et ceux qui ne sont pas résignés ou pas encore trop bien installés dans l’ordre technoscientifique commencent à se mobiliser. Il y a des énergies vivantes et en colères qui fomentent en interne. La technocratie en place va avoir du mal à « fixer » et à « canaliser » ce mouvement de fond et tant mieux !
      Conclusion : aux hésitants et refusants, c’est maintenant qu’il faut agir

      Il paraît clair que la France est rentrée tête baissée dans une économie de guerre et qu’elle se prépare à la guerre de « haute intensité ». Les signaux faibles de ce futur engagement sont pléthores (3 milliards pour les hôpitaux militaires, Jeux de rôles militaires avec l’OTAN, obligation pour les industriels de l’armement de faire des stocks, loi sur les ingérences étrangères, bourrage de crane intensif, etc). Encore beaucoup de personnes nient l’évidence et ce même après les multiples prises de parole de Macron, du Ministre des Armées Lecornu et des chefs militaires. Elle y rentrera doucement en guerre, elle y est déjà rentré en faite ! Le fait que la marine française ai intercepté des tirs de missiles houthis en provenance du Yémen le 21 Mars [31]

      ...
      , mais aussi les interceptions de quelques drones et missiles iraniens lors de l’attaque massive du 13 Avril dernier contre Israël [32]

      ...
      , montre qu’elle est déjà sur les théâtres d’opération (opération ASPIDES en mer Rouge, mission Aigle aux frontières Roumanie-Ukraine), prête à dégainer quand papa-OTAN le décidera.

      C’est une spirale montante dont on ne sait où elle mènera et quand elle s’arrêtera… si elle s’arrête un jour !, Et nous sommes bien malgré nous tous prit dedans en tant que producteurs de savoir, producteurs de biens à double-usage, producteurs d’armement mais aussi en tant que soldats et réservistes (objectif de 300 000 hommes au total pour 2030), et enfin en tant que citoyens, c’est-à-dire sujet de l’État nous nous prenons au jeu d’imaginer des stratégies de guerre, de promouvoir la violence (« faut bien se défendre ! ») et vivons torses bombés dans une atmosphère patriotique foncièrement réactionnaire. Les militaires appellent cette dernière « composante » du militarisme français, les « forces morales de la nation », qui devront, en cas de coup dur, être derrière les « premiers de cordée » cette fois habillés tout de kaki, arme à la main pour sauver les valeurs mortifères de la France [33]

      [33] Si vous voulez vous tenir au courant des agissements...
      .

      Les personnes qui soutiennent le calvaire palestinien en ce moment, les anti-militaristes convaincus ou qui viennent de le devenir, les sympathisants des causes anti-impérialistes, anti-colonialistes, les pacifistes, les anarchistes anti-nation, tous commencent à comprendre l’ampleur des forces bellicistes des pays du sommet capitaliste et de comment la France mène sa barque industriellement et militairement là dedans.

      Des groupes en réseaux comme Stop Arming Israël [34]

      ...
      ou le Réseau de surveillance de l’Observatoire des armements [35]

      ...
      , ont compris qu’il était intéressant d’agir localement sur le complexe scientifico-militaro-industriel, dans chaque ville de France, d’Angleterre ou d’Allemagne où ces instituts et multinationales se déploient. Manifestations, piquets devant les usines, jets de faux sang, sabotages, pression sur les pouvoirs publics, discussions dans les laboratoires, affiches de la honte, mobilisations des syndicats des boîtes, enquêtes critiques… un large panel d’actions se met en place un peu partout en France d’un mouvement anti-militariste qui, nous l’espérons, ne s’arrêtera pas au massacre des palestiniens, mais embrassera petit à petit toutes les misères des guerres en cours dont la France trempe salement.

      Principalement répartie en France en trois « pôles de compétitivité de rang mondial » à Grenoble, Paris-Saclay et Bordeaux-Toulouse, le côté « innovation de Défense » (le lien armée-recherche) commence à être aussi dénoncé dans les facs et écoles d’ingénieurs où les entreprises d’armement comme Thales, Airbus et SAFRAN [36]

      [36] Par exemple à Grenoble :...
      sont bien installées et amplifient leurs encrages, proposant cours, bourses pour les étudiants précaires [37]

      ...
      , présences dans les forums étudiants et surtout finançant des recherches grâces aux chaires privées [38]

      [38] Par exemple la chaire « Deepred » à Grenoble créée par...
      . Mais les étudiants et les syndicats commencent à réagir : tribune des chercheurs pour un cessez-le-feu à Gaza [39]

      [39] « Engageons-nous activement pour arrêter immédiatement...
      , occupation de la Sorbonne en mai dernier (86 gardés à vue) [40]

      ...
      , actions multiples contre Thales à Toulouse [41]

      ...
      , AG étudiante luttant contre la présence de Thales à Grenoble… la sauce monte et les directeurs d’universités feront tout pour conserver cette manne financière, quitte à avoir les mains sales et à envoyer la flicaille au moindre débordement, Attal l’a promis ! De toute façon, le Triangle de fer est structurant pour les 3 pôles de compétitivité depuis les années 1950-1960 [42]

      [42] Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La...
      , alors nous espérons que contester la présence de Thales pourra permettre de dérouler la vieille bobine mortifère d’une recherche publique française qui travaille structurellement pour le capitalisme mortifère… et peut-être permettre une remise en cause de l’ordre technoscientifique et de savoir s’il faut vraiment continuer la recherche scientifique ? [43]

      [43] Voir le collectif Grenoblois FIC la recherche ?...

      https://lundi.am/Guerres-Puces

  • Royaume-Uni : la renationalisation du rail votée au Parlement après les « #performances inacceptables » du secteur privé

    La loi pour faire revenir les opérateurs privés dans le giron public a reçu mercredi soir le feu vert de la chambre des Lords. Les deux tiers des Britanniques soutiennent le projet de renationalisation, après des années de mauvaises performances du secteur ferroviaire.

    Un clin d’œil du calendrier à la grève à la SNCF ce jeudi 21 novembre contre « la privatisation à basse intensité ». La loi pour renationaliser progressivement le rail au Royaume-Uni, où la plupart des compagnies ferroviaires ont été privatisées depuis trois décennies, a été approuvée par le Parlement britannique. Cette loi, promesse de longue date du parti travailliste, a reçu mercredi 20 novembre dans la soirée le feu vert de la chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, après un vote rejetant à une courte majorité un amendement de l’opposition conservatrice. Elle doit encore être promulguée par le roi.

    La réforme fera passer les opérateurs privés dans le giron public à l’expiration de leurs contrats – ou plus tôt en cas de mauvaise gestion – et les regroupera dans un organisme nommé « #Great_British_Railways ». Cela permettra, selon le gouvernement, d’éviter de payer des #compensations aux exploitants actuels, dont les différents contrats expireront d’ici 2027.

    #Retards et billets trop chers

    Les travaillistes avaient pointé, peu après l’élection du Premier ministre Keir Starmer le 4 juillet après quatorze années de gouvernements conservateurs, « des années de performances mauvaises et inacceptables » dans le secteur ferroviaire. Les deux tiers des Britanniques soutiennent le projet de renationalisation. Selon un sondage Yougov début septembre, 77 % jugent les billets trop chers et 51 % se plaignent des retards – mais 50 % apprécient la qualité des trains et 64 % sont satisfaits de la gamme de destinations.

    La privatisation des opérateurs ferroviaires avait eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur #John_Major. Mais le réseau ferré est depuis revenu dans le giron public, géré par la société #Network_Rail. Quatre opérateurs sur quatorze en Angleterre étaient déjà revenus sous contrôle public ces dernières années en raison de leurs mauvaises performances. Mais l’idée était, jusqu’ici, de les gérer temporairement avant un retour au secteur privé.

    Les opérateurs principaux en Ecosse et au Pays de Galles sont eux aussi redevenus publics récemment. Le syndicat ferroviaire TSSA a salué « un moment historique qui ouvre la voie au retour de nos chemins de fer dans le giron public, là où ils appartiennent, en tant que service vital ». Le rail britannique a connu une vague de grèves ces dernières années sous la pression de la crise du pouvoir d’achat provoquée par l’inflation.

    https://www.liberation.fr/international/europe/au-royaume-uni-la-renationalisation-du-rail-validee-par-le-parlement-2024
    #nationalisation #renationalisation #rail #train #UK #Angleterre #transport_ferroviaire #privatisation #prix #performance

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1074884

    • Au Royaume-Uni, un budget pour endiguer la casse des services publics

      Le gouvernement travailliste de Keir Starmer veut mettre le paquet sur les services publics et financer ces dépenses par des hausses d’impôts importantes, notamment pour les employeurs.

      #Rachel_Reeves a brandi fièrement la mallette rouge contenant la présentation du budget du Royaume-Uni devant les photographes, rue Downing Street à Londres, le 30 octobre.

      La nouvelle ministre des Finances britannique, première femme à occuper ce poste, a promis que ce projet permettrait de « réparer les fondations et d’apporter du changement », après quatorze ans de gouvernements conservateurs. La nouvelle majorité travailliste, issue des législatives du mois de juillet, a ainsi annoncé une hausse de 100 milliards de livres sterling (120 milliards d’euros) de l’investissement public sur cinq ans.

      « Pendant les années Covid et de crise inflationniste, les conservateurs ont financé leurs programmes de soutien par des coupes massives dans les services publics », retrace Max Mosley, économiste à l’Institut national des recherches économiques et sociales (NIESR), un organisme indépendant. Voire, n’ont tout simplement pas financé ces programmes.

      La ministre a ainsi accusé son prédécesseur d’avoir laissé un « trou noir » de 22 milliards de livres dans le précédent budget, que le gouvernement conservateur de Rishi Sunak aurait dissimulé.

      « Il n’était plus possible de poursuivre ce régime maigre, donc les travaillistes ont dû prendre cette décision d’augmenter largement les impôts, poursuit Max Mosley. Mais cela ne permettra que de maintenir les services publics dans l’état où ils sont aujourd’hui. »

      Et donc pas de les faire monter en puissance. Malgré l’ampleur des montants annoncés, le budget des travaillistes amorce donc un changement de direction timide plus qu’une révolution.
      Elargir le carcan budgétaire

      Parmi les hausses de dépenses figure un plan de soutien au NHS, le système de santé britannique qui se trouve dans un état critique. Ses dépenses de fonctionnement pourront augmenter de 22,6 milliards de livres et ses investissements de 3,1 milliards. L’éducation publique et les garderies bénéficient d’un soutien de 3,2 milliards supplémentaire, tandis que le logement reçoit un demi-milliard.

      Le financement de toutes les nouvelles dépenses – à savoir les 100 milliards d’investissement, auxquels s’ajoutent des hausses d’aides sociales, ou la hausse des salaires de la fonction publique – passera pour moitié par une hausse de l’endettement public et pour moitié par une hausse de la fiscalité1, à rebours des orientations choisies ces dernières années par les conservateurs.

      Sur le premier volet, Rachel Reeves a adopté une nouvelle règle de calcul de la dette. Alors que la précédente visait la décroissance de la dette publique à horizon de cinq ans, c’est désormais la décroissance de la dette publique « nette des investissements financiers » qui est visée. C’est-à-dire de la dette une fois qu’on en a déduit les actifs financiers détenus par le secteur public. De quoi permettre l’augmentation de l’investissement public.

      « Le gouvernement a élargi le carcan budgétaire au lieu de s’en débarrasser définitivement », nuance toutefois le NIESR, dans sa note du 31 octobre.

      Sur le volet fiscal, le Labour avait promis pendant la campagne électorale de ne pas augmenter ni l’impôt sur le revenu, ni les cotisations sociales payées par les salariés, ni la TVA.

      L’essentiel des hausses de la fiscalité incombera donc aux employeurs, via une hausse des cotisations sociales patronales qui permettra de récolter l’essentiel des recettes supplémentaires attendues par le gouvernement, à savoir l’équivalent de 25 milliards de livres.

      Pour appuyer son slogan de défense des travailleurs, le Labour prévoit par ailleurs une hausse du salaire minimum. Celui des jeunes de moins de 21 ans fera un saut de 16 % l’année prochaine tandis que le salaire minimum général augmentera de 6,7 % en avril 2025. Trois millions de salariés devraient bénéficier de ces hausses.

      Les retraites grimperont également de 4,1 % en avril prochain, tout comme l’aide accordée aux aidants, qui passera de 1,4 livre à 81,9 livres par semaine.

      Plusieurs statuts fiscaux avantageux sont, au contraire, supprimés, comme celui de « non-dom », qui permettait aux résidents britanniques déclarant un domicile dans un autre pays de ne pas être taxés sur leurs revenus à l’étranger. Les taxes sur les trajets en jet privé vont augmenter, tout comme celles des écoles privées ainsi que sur les transmissions d’héritages.
      Un « anti budget Barnier » ?

      De quoi qualifier le budget britannique « d’anti budget Barnier » ? Le gouvernement dirigé par le nouveau Premier ministre français a en effet pour mantra la réduction des dépenses publiques. Ce qui risque de conduire à une période d’austérité douloureuse pour la majorité des Français, en raison de l’absence de propositions fortes sur la fiscalité des plus riches qui auraient pu atténuer l’ampleur des coupes budgétaires à réaliser pour rétablir l’équilibre des comptes publics.

      Si les orientations budgétaires sont effectivement différentes des deux côtés de la Manche, il est difficile toutefois de tirer ce type de conclusion.

      A côté de marqueurs de gauche, qui tranchent certes avec la politique des conservateurs auxquels ont été habitués les Britanniques depuis 15 ans, Rachel Reeves a par exemple décidé de maintenir le taux d’imposition sur les entreprises à son niveau actuel de 25 %, le plus bas des pays du G7, et proche de la France avec ses 25,8 %.

      « Le gouvernement ne veut pas effrayer les investisseurs et se mettre à dos les grands patrons. Il pense que le pays a besoin d’une croissance forte et que c’est cette croissance qui permettra de financer les services publics et entraînera des hausses de salaires », analyse Clémence Fourton, maîtresse de conférences en études anglophones à Sciences Po Lille.

      « Il y a de bonnes mesures sociales dans ce budget, mais leur impact sera limité, poursuit la chercheuse. Cela ne permettra pas de réduire substantiellement les inégalités au Royaume-Uni. » Or, le défi est immense.

      Selon l’OCDE, les inégalités de revenu au Royaume-Uni sont parmi les plus élevées en Europe. Et en 2022, 25 % des enfants se trouvaient dans une situation de pauvreté absolue. Un chiffre en augmentation. Il y a urgence.

      https://www.alternatives-economiques.fr/royaume-uni-un-budget-endiguer-casse-services-publics/00113090

  • Maintien de l’ordre : Un appel d’offres XXL de 27 millions d’euros pour [120 000 à 360 000] grenades de désencerclement - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/11/maintien-ordre-un-appel-doffres-xxl-de-27-millions-deuros-pour-des-grenades-

    Le 1ᵉʳ mai 2019, des grenades de désencerclement avaient déjà commandées sur quatre ans pour un montant de 1,84 millions d’euros. Ici, il est estimé à 27 millions au maximum, soit près de 15 fois plus !

    La grenade de désencerclement est une arme bien connue des manifestants français. Ce type d’arme a déjà mutilé des manifestants, comme Laurent T. en 2016 et Jérôme Rodrigues en 2019, tous deux éborgnés. Son fonctionnement est assez simple. Jetée obligatoirement au sol (même si de nombreuses images montrent des forces de l’ordre les lancer en cloche), la GENL explose en produisant un fort effet assourdissant et projette 18 #galets de caoutchouc à haute vitesse, transformant tout manifestant en cible potentielle. 

    Dans le cahier des clauses techniques de l’appel d’offres, plusieurs caractéristiques sont demandées pour la grenade. Certains sont jugés impératifs, d’autres souhaitables. On apprend ainsi que l’absence de #fragment_métallique, pouvant donc gravement blesser, est seulement souhaitable et non indispensable. 

    Un effet sonore toujours plus fort ?

    On apprend aussi que l’effet sonore souhaité doit être compris en 160 et 163 #décibels à cinq mètres. Comme Politis l’expliquait dans la présentation des nouvelles grenades assourdissantes, d’après BruitParif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, « le seuil de douleur pour les oreilles est atteint à 120 décibels. À ce niveau, les dommages sur l’audition sont irréversibles ». Dans l’appel d’offres de 2019, l’effet sonore souhaité était entre 145 dB et 155 dB à la même distance. Pour mieux comprendre l’impact de cet écart, BruitParif explique qu’une simple augmentation de 10 dB est ressenti « comme si le bruit était deux fois plus fort ».

    #GENL, dite « grenade à éclats non létaux ».

    #police #militarisation #MDO #grenades_de_désencerclement #Alsetex #ceux_que_nous_réduirons_à_rien

  • Strasbourg. Quatre familles abritées dans un collège occupé
    https://www.rue89strasbourg.com/college-lezay-marnesia-mobilisation-illimitee-heberger-eleves-sans-

    80% des personnels enseignant et de vie scolaire ont fait #grève mardi 12 novembre pour obtenir l’hébergement de #collégiens sans-abri dans des logements de fonction vides. Face au refus réaffirmé par la Collectivité d’Alsace, les enseignants ont installé des familles dans les locaux.

    « C’est du jamais vu. » Devant le collège Lezay Marnésia, quartier Meinau, Octave, assistant d’éducation, vient de faire le compte des grévistes mardi 12 novembre. 80% des personnels enseignant et de vie scolaire sont mobilisés pour obtenir l’hébergement de huit élèves de leur établissement. Après trois jours d’#occupation d’un bâtiment, ils sont une trentaine devant le portail et attendent toujours une réaction de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), responsable des collèges d’Alsace et propriétaire d’une centaine de logements de fonction vides.

    Le soir même, la mobilisation montera encore d’un cran. Sans solution proposée par la CeA, ils décideront d’abriter quatre familles dans le CDI du collège, « jusqu’à ce qu’un hébergement leur soit proposé ». Céline, enseignante en histoire, résume la situation :

    « Nous avons conscience que notre place est en classe, devant nos élèves. Nous avons également conscience que la place de nos élèves n’est pas dans la rue. Nous allons remplacer aujourd’hui nos cours de français, de musique et de maths, par une leçon de #solidarité. Nous espérons qu’ainsi leur génération sera moins égoïste que la nôtre. Nous informons la CeA que nous nous lançons dans une mobilisation qui prendra fin avec la mise à l’abri de ces enfants. »

    #hébergement #droit_au_logement #lutte

    • [22 mètres carrés par famille] Strasbourg « Des familles précaires avec des enfants scolarisés » : des maisons de poche pour les sans-abri
      https://www.leparisien.fr/bas-rhin-67/des-familles-precaires-avec-des-enfants-scolarises-a-strasbourg-des-maiso.

      Ce sont 5 à 7 maisonnettes de 22 m2 chacune qui seront installées cet hiver au cœur du quartier huppé de la Robertsau à Strasbourg. « Nous avons choisi ces tiny houses pour y loger des familles précaires actuellement à la rue mais avec des enfants scolarisés », justifie Floriane Varerias, adjointe à la maire de Strasbourg (Bas-Rhin) en charge de la lutte contre la précarité. Montant de l’investissement : 480 000 euros avec une partie financée grâce au mécénat suite à une convention adoptée par le conseil municipal.
      La ville a fait le choix de ne pas équiper ces maisonnettes de toilettes et de douches individuelles, mais de sanitaires en commun.
      Selon un récent décompte de la ville, entre 800 et 900 personnes vivent à la rue dans la capitale alsacienne. La municipalité doit encore trouver l’association partenaire chargée de sélectionner les futurs résidents qui pourront bénéficier de ce logement.

    • La mairesse les loge dans les cabanes du marché de Noël dont les commerçants ne veulent plus ?
      480000/7 maisonnettes = 70.000€ pour 22m2 ultra précaire (ça durera pas 2 ans) sans chiotte ni douche et où jour et nuit faut sortir pour chier, même l’hiver quand on est un petit ?
      C’est bolloré ou bouygues qui empoche la mise pour construire ce taudis honteux ?

  • Maintien de l’ordre : un nouveau lance-grenades multicoups à douze canons - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/11/maintien-de-lordre-arrivee-discrete-dun-lance-grenades-multicoups

    Depuis quelques mois, la gendarmerie nationale semble expérimenter une nouvelle arme de maintien de l’ordre. Avec ce lanceur acheté en urgence pour la Nouvelle-Calédonie, ce sont douze grenades qui peuvent être tirées quasi simultanément.

    Vendredi 19 juillet, à Migné-Auxances, dans la Vienne, des militants antimégabassines coupent à travers champs pour éviter les forces de l’ordre. Après trois tirs de grenades lacrymogènes, la paille sèche prend rapidement feu, forçant les manifestants à fuir en panique. Au-dessus, l’hélicoptère de la gendarmerie lance un appel : « Le feu progresse vers vous, rejoignez les zones vertes ! » Mais ce que les militants des Soulèvements de la Terre ne savent pas, c’est qu’ils viennent de faire face à la première utilisation d’une nouvelle arme sur le sol français métropolitain.

    #police #grenades #grenades_lacrymogènes #militarisation #MDO #armes_de_la_police

  • #Fret #SNCF : #disparation programmée au 1er janvier
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/fret-sncf-disparation-programmee-au-1er-janvier-1010519.html

    Extraits ici :

    (...) C’est officiel : Fret SNCF a moins de deux mois à vivre. La direction du groupe public SNCF a annoncé que son entreprise chargée du transport de #marchandises va disparaître le 1er janvier prochain. Elle va laisser la place à deux sociétés distinctes : d’une part, #Hexafret, pour le #transport_de_marchandise, et d’autre part, #Technis pour la #maintenance des locomotives.

    Cette disparition de Fret SNCF « est très dure pour les cheminots », a reconnu Frédéric Delorme, le président de Rail Logistics Europe, la holding regroupant toutes les activités fret de la SNCF (Fret SNCF, Captrain, transport combiné...). Malgré l’affaiblissement de l’entreprise, il estime que les conditions sont réunies « pour se développer sur le plan économique ». « Ces sociétés (Hexafret et Technis) vont bénéficier de facteurs favorables », assure-t-il.

    #Fret_SNCF est actuellement leader du #fret_ferroviaire en #France. L’entreprise représente près de la moitié des parts de marché avec un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros annuel.

    Deuxième étape du plan de discontinuité

    Cette décision s’inscrit dans le cadre du #plan_de_discontinuité négocié par le gouvernement français avec la Commission européenne. Fret SNCF était dans le viseur de Bruxelles depuis début 2023 en raison d’aides d’État versées pour combler son déficit. Un soutien considéré comme illégal, qui se serait étalé entre 2005 et 2019, pour un montant estimé à cinq milliards d’euros. (...)

    Dans le cadre de ce plan, Fret SNCF a déjà été contraint d’abandonner 23 flux de marchandises parmi les plus rentables à la concurrence (repris par des opérateurs belges, allemands et français). Soit 20% de son chiffre d’affaires et 30% de ses trafics. Cette opération a été réalisée au premier semestre 2024.

    Après la #suppression de Fret SNCF, il restera encore une troisième et dernière étape. À savoir l’ouverture du capital de #Rail_Logistics_Europe, qui doit avoir lieu fin 2025-début 2026. « Avec une ligne rouge : que le groupe SNCF reste majoritaire », a assuré Frédéric Delorme. (...)

    Menace de grève

    La disparition de Fret SNCF n’est pas sans conséquence au niveau social. 500 suppressions d’emplois sont à la clé, soit 10% des effectifs. Sur les 4.500 salariés conservés, 10% iront chez Technis et le reste chez Hexafret.

    La SNCF et le gouvernement ont promis qu’il n’y aurait aucun licenciement. L’ensemble des cheminots seront pour cela transférés dans d’autres entreprises du groupe ferroviaire. Les premiers salariés concernés devraient ainsi intégrer des filiales nouvellement créées par la SNCF dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. Et ce, dès la mi-décembre, à Nice et Amiens.

    Reste que les syndicats du groupe public sont fermement opposés à ce plan. La semaine dernière, ils ont déposé une alarme sociale, à savoir une demande de concertation immédiate avec la direction. Une première réunion de conciliation doit avoir lieu cette semaine, dernière étape avant un probable préavis de grève. (...)

    Dans un communiqué publié le même jour, la CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots s’indignent des « multiples réorganisations, déstructurations du système ferroviaire public ». Elles « viennent percuter de plein fouet le nécessaire développement d’un outil public ferroviaire voyageurs et marchandises performant », fustigent les syndicats. Ils demandent donc de « mettre fin » au plan de discontinuité et dénoncent aussi le processus d’ouverture à la concurrence dans le transport de voyageurs. (...)

    https://mcinformactions.net/fret-sncf-disparation-programmee-au-1er-janvier

    #train #transport_ferroviaire #privatisation

    • Un rapport confidentiel étrille la privatisation de Fret SNCF
      https://reporterre.net/Un-rapport-confidentiel-etrille-la-privatisation-de-Fret-SNCF

      Une expertise indépendante, à laquelle Reporterre a eu accès, démonte point par point le plan de démantèlement de la branche marchandises de la SNCF. Une absurdité économique et écologique, jugent les experts.

      La démonstration est pointue et le constat est cinglant. Le démantèlement de la filiale marchandises de la SNCF, décidé par le gouvernement français, est une « punition disproportionnée », « injuste », « brutale » menée en suivant un « calendrier fou ». Et au bout du compte, il ne répondra pas au problème qu’il est censé résoudre.

      Reporterre a mis la main sur trois rapports d’expertise confidentiels du cabinet Secafi, rendus en septembre 2023, mars 2024 et le 29 octobre dernier aux représentants des 5 000 salariés de la branche Fret SNCF. À travers 350 pages de chiffres et d’analyse, ils offrent une plongée déroutante dans le monde ubuesque de l’économie ferroviaire.

      Le 1er janvier 2025, la filiale fret du groupe SNCF, qui transportait la moitié des marchandises circulant sur rails, disparaitra. Ses activités les plus rentables ont été cédées à des entreprises concurrentes ces derniers mois et 40 % de ses actifs (immeubles, locomotives, etc.) doivent être vendus. Pour remplacer ce qui reste de l’ancien fleuron public, deux sociétés nouvelles sont créées : Hexafret pour faire circuler les trains et Technis pour assurer la maintenance. Elles appartiennent encore à la SNCF, mais ne feront plus partie du groupe et pourront être privatisées à 49 % à l’avenir.

    • #Grève des cheminots : ce qui se joue avec la #liquidation de Fret SNCF

      Les cheminots se mobilisent ce 21 novembre et annoncent une grève reconductible pour le 11 décembre. C’est leur dernière chance d’arrêter ce qu’ils estiment être la liquidation du Fret SNCF, un mode de transport de marchandises plus écologique.

      Les arbres ont poussé au milieu des carcasses de locomotives, dans la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). C’est dans cette commune que Stéphane Lachèvre, cheminot, a grandi. Tout comme ses parents avant lui. « Quand j’étais à l’école primaire, il y avait des cheminots qui venaient dans nos classes pour vanter la SNCF et expliquer le métier », se souvient-il. La SNCF était le principal employeur des 30 000 habitants de cette banlieue de Rouen : « On allait visiter avec l’école les ateliers de réparation. L’identité de la ville était marquée par ce chemin de fer et son triage. » En 1996, le jeune homme qui rêvait d’être conducteur de train est embauché à la SNCF dans le fret – le transport ferroviaire de marchandises.

      Mais la gare de triage a fermé en 2010. « Un choc », se rappelle le cheminot. Depuis, la gare de triage de Sotteville est devenue « un cimetière de locomotives ». Pour les trains en bout de course, ou pour ceux en bon état que la SNCF ne fait plus circuler faute d’un trafic suffisant. « À force, on s’habitue », soupire le conducteur de fret. « Mais venir tous les jours au boulot en se disant que ce lieu est devenu un dépotoir… C’est désolant. »

      Bien d’autres gares de triage en France incarnent cette dégradation du fret ferroviaire, un moyen de transport de marchandises pourtant bien moins polluant que la route. Après des années d’ouverture progressive à la concurrence de ce qui était jusqu’alors un monopole public, l’État s’apprête à porter le coup fatal. Fret SNCF, qui représente 50 % de l’activité et 4500 cheminots, va être liquidé au 31 décembre.
      Transférés au privé, sans garantie sur leurs droits sociaux

      Après 28 ans de bons et loyaux services, Stéphane Lachèvre ne sera plus conducteur de Fret SNCF. À partir du 1er janvier 2025 en effet, lui et ses 4500 collègues seront transférés automatiquement vers deux nouvelles filiales. Hexafret, dédiée aux activités du fret, reprendra 4000 personnes. Technis en reprendra 500 pour l’entretien des locomotives. Le capital de la société Rail Logistics Europe, la branche du groupe SNCF qui englobe ces filiales Hexafret et Technis, a un capital ouvert aux actionnaires publics… comme privés. « On avait donc une branche construite avec de l’argent public, que l’on va désormais mettre au service du privé. Avec un schéma de rentabilisation à outrance », expose Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud Rail.

      Une plongée dans l’inconnu. Pendant quinze mois, les conditions de travail des cheminots du fret doivent être maintenues. Mais ensuite : aucune garantie. Après les 15 mois, il y aura de nouveaux accords d’entreprise, en repartant d’une feuille blanche, basée sur la convention collective nationale. « C’est une stratégie de dumping social, tout simplement », résume Sébastien Mourgues, contrôleur de train, secrétaire général de la CGT cheminots du Languedoc-Roussillon. « Quinze mois, ça passe très vite », craint Stéphane Lachèvre, aujourd’hui élu Sud Rail au comité social et économique (CSE) de Fret SNCF. « Nous ne vivons pas bien du tout cette incertitude. »

      Même pendant ces quinze mois, certaines dispositions pourraient ne plus être respectées. Les deux filiales ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas appliquer l’ensemble des mesures contenues dans les dizaines d’accords d’entreprise existants, pour le moment, à la SNCF. L’accord sur le temps de travail, par exemple, est en jeu. En vertu de cet accord, et des horaires de travail qui doivent être adaptées aux contraintes des trains de marchandises, qui circulent de jour comme de nuit, les agents avaient jusqu’ici droit à un repos minimum de 14 heures entre deux journées de travail , et de 9 heures lorsqu’ils sont en découché à l’extérieur (pour les conducteurs de locomotive notamment). « On sait qu’il y a une velléité de diminuer ce temps de repos. Sauf qu’en faisant cela, on affecte la sécurité ferroviaire », avertit Sébastien Mourgues. La direction de la SNCF prévoit une réunion sur ce sujet des conditions de transfert le 27 novembre. À peine un mois avant l’échéance.
      L’exigence d’un moratoire

      Pour espérer mettre un coup d’arrêt à la liquidation, une grève est menée ce jeudi 21 novembre par l’intersyndicale CGT, Unsa, Sud, CFDT. Si le gouvernement et la direction de la SNCF ne répondent pas à leurs revendications, les syndicats font planer la menace d’une grève reconductible à partir du 11 décembre au soir. Un ultimatum. C’est que depuis de longs mois, les syndicats et cheminots se mobilisent et se rassemblent sur le sujet.

      Parmi leurs revendications principales : la tenue d’un moratoire. Il s’agit d’un enjeu écologique, donc d’un sujet d’intérêt général, défendent les cheminots interrogés. « Il faut que le grand public se saisisse de ce sujet », insiste Loïc Guigou, conducteur de trains fret à Avignon, secrétaire général de la CGT cheminots locale. « Sur les chaînes d’infos en continu, on parle très peu du fret : on ne parle des cheminots que pour dire qu’ils “prennent en otage” pour les fêtes de fin d’année », déplore-t-il. Ce moratoire était l’une des préconisations de la commission d’enquête parlementaire dont le rapport sur la libéralisation du fret a été clôturé en décembre 2023. Mais jusqu’ici, le gouvernement et le ministère des Transports opposent une fin de non-recevoir.

      Le gouvernement affirme seulement répondre à des injonctions européennes. Rembobinons : en janvier 2023, la Commission européenne annonce l’ouverture d’une enquête à l’encontre de l’État français, soupçonné d’aides illégales versées à Fret SNCF entre 2005 et 2019. Le montant de l’aide publique à rembourser s’élève à 5 milliards d’euros. Pour éviter de devoir payer cette facture salée, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune annonce, en mai 2023, le futur découpage du Fret SNCF en deux filiales.
      Les activités parmi les plus rentables cédées à la concurrence

      « C’est de la lâcheté politique », estime Julien Troccaz de Sud Rail. Les conclusions de cette enquête européenne n’ont toujours pas été communiquées. Lorsqu’elles le seront, si une demande de remboursement est effectivement émise, il sera toujours temps de la contester, martèlent les syndicats. D’autant que la viabilité économique du modèle en deux filiales privatisées interroge. Le CSE de Fret SNCF a commandé des expertises au cabinet Secafi sur le sujet. Dans ces rapports 2023 et 2024, que nous avons pu consulter et que Reporterre avait révélé, il est écrit que les mesures imposées au groupe « risquent de fragiliser l’activité dans son ensemble » et qu’elles vont aboutir à un « modèle économique plus coûteux ».

      En outre, une fenêtre s’est ouverte avec un changement de poste : Teresa Ribera, ministre espagnole socialiste et écologiste, devrait devenir la nouvelle vice-présidente de la Commission européenne en charge de la concurrence au 1er décembre. Les syndicats estiment que le gouvernement français pourrait négocier avec elle un changement de cap. « Nous ne lâcherons pas politiquement, au vu de l’urgence climatique. On a beaucoup d’alliés qui nous soutiennent dans la défense du fret, notamment au sein de l’Alliance écologique et sociale [qui réunit huit organisations syndicales et associatives] », martèle Julien Troccaz. « On a quatre semaines pour amplifier le rapport de forces. »

      Le transfert aux deux filiales prévu en janvier 2025 a déjà impliqué la baisse de 10 % des effectifs du fret. 500 agents sont partis entre mi 2023 et aujourd’hui. Tous « se sont vus proposer une solution au sein du groupe », s’est maintes fois défendue la direction de la SNCF. « La direction a très bien joué tactiquement : elle a tellement pourri notre roulement, que les personnes ont d’elles-mêmes décidé de partir à droite à gauche et de demander des mutations », explique Loïc Guigou, le conducteur fret d’Avignon, dont le nombre de collègues a été divisé par deux en un an.

      C’est qu’en mai 2023, toujours pour donner des gages à la Commission européenne, le gouvernement a annoncé l’obligation pour Fret SNCF de délaisser une part importante de ses trains à la concurrence. Le ministère des Transports a ainsi contraint le Fret SNCF de se séparer de ses flux de combinés, c’est-à-dire son trafic de containers également transportés par voie fluviale ou routière. Le Fret SNCF a dû informer ses clients de leur obligation de trouver un nouvel opérateur d’ici juin 2024 pour gérer ces flux. C’était pourtant la partie la plus rentable du fret, avec une haute fréquence de circulation : les combinés représentent 20 % du chiffre d’affaires et 30 % du trafic. Ils sont désormais aux mains d’autres opérateurs belges, français ou encore allemands.

      Conséquence : « Il y a eu une vraie chute de la charge de travail », atteste Loïc Guigou. « Quand vous restez des semaines à attendre que le téléphone sonne, c’est difficile. » Sur la fiche de paie, là où un conducteur expérimenté fret gagne entre 2500 et 2800 euros net, la baisse de l’activité s’est concrétisée par « 400 à 600 euros de moins » chaque mois, du fait de l’absence de primes, précise-t-il.
      Les cheminots transformés en sous-traitants des concurrents

      À la place, l’État a obligé les cheminots du Fret SNCF à assurer de la sous-traitance pour conduire et maintenir les trains le temps que la concurrence forme ses propres employés. « On est allés jusqu’au bout de l’ignoble », lance Loïc Guigou. « Voir les trains que l’on faisait, nous, être remplacés par des trains roulant pour la concurrence. Et que l’on nous demande en plus d’assurer la sous-traitance le temps que cette concurrence soit prête… C’est très dur humainement. »

      Dans ses rapports d’expertise, le cabinet Secafi pointe une exposition aux risques psycho-sociaux « forte » depuis mai 2023. L’incertitude pour l’année prochaine produit le sentiment général que « tout le monde est laissé à l’abandon », décrit Mikaël Meusnier, conducteur du fret depuis plus de vingt ans, par ailleurs secrétaire général du syndicat des cheminots CGT de Perpignan. Cette situation « engendre un sentiment de dégoût. Et puis après, les problèmes professionnels, tu les ramènes à la maison », confie un cheminot, qui préfère en parler anonymement.

      « On a exercé nos droits d’alerte sur les risques psycho-sociaux, pour danger grave et imminent », insiste Loïc Guigou. En Languedoc-Roussillon, plusieurs cheminots du fret « sont tombés malades après l’annonce de mai 2023 », abonde Sébastien Mourgues. Partout, les syndicats ont alerté. En Normandie, pour les agents de Sotteville-lès-Rouen, une alerte pour danger grave et imminent a été adressée dès juin 2023 à la direction Fret SNCF et à la direction des ressources humaines par le CSE. Les annonces gouvernementales entraînent « beaucoup d’inquiétudes, d’anxiété et d’angoisse », pointe le document que nous avons consulté. Avec « un profond mal-être psychologique » qui « peut engendrer des ruptures de séquence dans des opérations de sécurité ».
      Dégradation historique au mépris des enjeux écologiques

      L’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, si elle a touché de plein fouet Fret SNCF entre 2023 et aujourd’hui, ne date pas d’hier. Dès 2006, les lignes nationales du fret ferroviaire sont ouvertes à la concurrence. Trois ans après les lignes internationales. D’où le fait que parmi les agents du Fret, « beaucoup ressentent le sentiment d’un lent déclassement collectif et individuel », pointe le rapport du cabinet Secafi.

      La SNCF était en situation de monopole public sur le fret il y a 20 ans. Elle est devenue, au fur et à mesure, un groupe parmi d’autres. Cet éclatement progressif a « cassé l’ambiance cheminote, la solidarité qu’il y avait à l’époque entre nous », regrette Mikaël Meusnier. Mais la SNCF est restée un groupe fort, puisqu’aujourd’hui, elle gère encore 50 % du transport de marchandises. L’ouverture à la concurrence, elle, est loin d’avoir tenu la promesse initiale d’une relance de l’activité. La part modale du fret ferroviaire par rapport aux autres types de transport a diminué de moitié (de 16 à 8 %) entre 2000 et 2018. Dans le même temps, en 15 ans, 63 % des effectifs ont été supprimés. « Un vrai carnage social », résume Julien Troccaz.

      À contre-courant de ce que prévoit aujourd’hui l’État français, les pays européens disposant d’une part modale du fret ferroviaire supérieure à 20 %, comme la Suisse, ont « tous développé des politiques publiques actives », note le cabinet d’expertise Secafi. Avec des investissements de modernisation et développement du réseau ferré, ou encore « des incitations au report modal », par exemple l’interdiction de circuler pour les poids lourds certains jours.

      Le même argument gouvernemental perdure pourtant : le fret coûterait trop cher, comparativement à la route. « Mais si on commençait à faire payer l’entretien des routes aux transporteurs routiers, et si l’on ne défiscalisait pas le gasoil, et bien peut-être que la bataille ne serait pas la même », raille Loïc Guigou. « On oublie toujours de parler des coûts induits du transport routier, que la société paie : la pollution de l’air, le bruit, les accidents de la route », liste Stéphane Lachèvre.

      En 2018, la réforme d’Élisabeth Borne a scellé le sort du fret, en divisant la SNCF en quatre sociétés anonymes (SA), tandis que le Fret est devenu une société par actions simplifiée (SAS). Le tout « en gardant l’endettement historique dans ses comptes et en se mettant sous dépendance de financements bancaires. Ce n’est rien d’autre que la mise à mort de Fret SNCF. Le Fret va disparaître », s’alarmait déjà le CSE de la filière dans un communiqué de 2019.

      Nous y sommes aujourd’hui. « Le fret SNCF est dans une situation qui découle de vingt ans de restructurations de l’outil de production », résume Sébastien Mourgues. Pour la suite, avec le basculement du Fret SNCF aux mains de deux filiales ouvertes au privé, « on s’attend à une descente infernale de suppressions de poste », prédit Julien Troccaz. L’opération rappelle le coûteux imbroglio autour de la création de la société Réseau ferré de France (RFF) en 1997, pour dissocier l’entretien des voies ferrées (assuré par RFF) de son exploitation (par la SNCF ou l’ouverture à la concurrence), et loger la dette de la SNCF dans une nouvelle entité. Résultat : pendant la décennie qui suit, à cause de trop faibles investissements, l’état du réseau ferré s’est fortement dégradé avec les conséquences que l’on sait en matière de fermeture de lignes, de dysfonctionnements et de retards pour les usagers.
      Le fret, « un laboratoire » pour les TER, Transiliens et Intercités

      Les demandes de mutation des agents du Fret, désireux d’éviter le transfert de janvier, se sont multipliées ces derniers mois. Au 31 décembre, chacun sera fixé. Soit le changement de poste – donc de lieu et/ou de conditions de travail – est accepté ; soit le cheminot est automatiquement transféré sans avenant à son contrat dans la nouvelle filiale.

      Loïc Guigou, lui, a fait une demande de mutation vers le TER. Mais sa région PACA est en première ligne de l’ouverture des TER à la concurrence – autre sujet de lutte des cheminots depuis de longs mois. Du fret au TER, la direction de la SNCF « emploie les mêmes méthodes sur l’ouverture à la concurrence », décrit Sébastien Mourgues. « Tout cela relève d’une stratégie globale de démantèlement de la SNCF et de baisse des droits sociaux des cheminots. » Ce 21 novembre, l’intersyndicale demande aussi l’arrêt du processus de filialisation des TER, Transilien et Intercités.

      Sa mutation, Loïc ne la perçoit donc que comme « une mini bouffée d’oxygène. Je sais que dans quelques années, je vivrai au TER la même chose que ce que j’ai vécu au Fret. » Les cheminots les plus anciens « mesurent que tout ce qui a été fait avec Fret SNCF, c’est le laboratoire de ce qui va s’appliquer ailleurs, dans les autres services », soutient Sébastien Mourgues. « D’où leur forte colère aujourd’hui. »

      https://basta.media/Greve-des-cheminots-ce-qui-se-joue-avec-liquidation-Fret-SNCF-transport-fer

  • Métropole de Grenoble. Vencorex : des salariés ferment un pipeline stratégique, les conséquences sont nationales
    https://www.ledauphine.com/economie/2024/11/08/vencorex-un-pipeline-strategique-comme-outil-de-pression

    Les salariés de Vencorex, en grève illimitée depuis le 23 octobre face à la menace qui pèse sur les 450 emplois, ont fermé depuis le début du mouvement la vanne d’un pipeline d’éthylène, qui traverse la France. Avec des conséquences nationales.

    #paywall

    • Menacé de fermeture, le pilier de la chimie Vencorex met Arkema sous tension - Challenges
      https://www.challenges.fr/entreprise/industrie/menace-de-fermeture-le-pilier-de-la-chimie-vencorex-met-arkema-sous-tensi

      Au siège francilien d’Arkema, le dossier Vencorex est surveillé comme le lait sur le feu. Le géant français de la chimie a déployé en interne une « task force » dans l’urgence pour gérer la crise qui frappe le sous-traitant isérois, dont les salariés sont en grève depuis dix jours et manifesteront à nouveau le jeudi 7 novembre, au lendemain d’une audience prévue au tribunal de commerce de Lyon. Fragilisé par la concurrence chinoise depuis plusieurs années, Vencorex (461 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022) produit des isocyanates utilisés dans les peintures et vernis industriels au Pont-de-Claix, près de Grenoble, et fournit à Arkema, pour son site voisin de Jarrie, du sel indispensable à la fabrication du chlore et de ses dérivés. Mais à la demande de son unique actionnaire, le groupe thaïlandais PTT GC, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire le 10 septembre dernier.

      A l’arrivée, une seule offre de reprise a été déposée à la date limite du 21 octobre, par un concurrent chinois, Wanhua, qui cherche à se renforcer en Europe via sa filiale hongroise BorsodChem. Problème : cette offre ne propose de reprendre qu’une seule unité – celle des Tolonates, un dérivé des isocyanates – et uniquement 25 des 450 salariés de Vencorex. Une solution qui ne fait pas les affaires d’Arkema. Car l’activité de son usine de Jarrie, qui emploie 340 personnes, dépend du sel fourni par l’entreprise menacée de fermeture. « L’absence d’une réelle continuité sur la production de sel au-delà de la fin de l’année va poser de gros problèmes pour notre site de Jarrie », reconnaît-on au siège d’Arkema.

      Arkema sous pression pour se poser en chevalier blanc

      Si bien que syndicats et élus locaux auraient vu d’un bon œil que le fleuron tricolore de la chimie, dont le chiffre d’affaires a atteint 9,5 milliards d’euros l’an dernier, se pose en chevalier blanc dans le dossier. « Nous avons été surpris qu’Arkema n’ait pas fait d’offre », confie Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère. D’autant que le PDG du groupe, Thierry Le Hénaff, a justement été reçu à Bercy la semaine dernière. « Le sort de Vencorex a certainement été abordé, mais cela n’a pas abouti à une offre de notre gros client Arkema », regrette de son côté Laurent Oberger, secrétaire CFDT du CSE de Vencorex.

      Le scénario de reprise a pourtant été « très sérieusement » étudié par Arkema, assure-t-on au siège du groupe. Mais celui-ci se serait positionné sur les actifs liés au sel de Vencorex, qui représentent 35 salariés, « ce qui ne permet pas d’assurer la pérennité du site ». Pour Arkema, « les conditions n’étaient pas réunies » pour déposer une offre. « Par ailleurs, la configuration et les délais de la procédure de redressement judiciaire ne le permettaient pas », ajoute-t-on. Le dossier est très complexe et technique. De nombreuses entreprises sont imbriquées dans les plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie, dont les géants Air Liquide, Suez, Solvay ou Framatome, pesant pour 5 000 emplois dans ce bassin grenoblois. « Ce type de reconfiguration industrielle dans le secteur de la chimie prend en général des années », fait-on valoir chez Arkema.

      Alerte sur la filière de la chimie française

      Or, le temps presse : le thaïlandais PTT GC, en cessation de paiement, arrêtera de financer Vencorex en fin d’année. « L’Etat doit faire pression sur l’actionnaire pour qu’il laisse du temps à d’éventuels repreneurs de monter des offres solides et qu’il ne se désengage pas ainsi sans contreparties », demande le sénateur Guillaume Gontard, qui appelle à ce que Matignon pilote directement le dossier. « Nos services suivent de près le dossier et échangent avec l’ensemble des acteurs, entreprises, organisations syndicales, actionnaire, industriels, organes de la procédure, pour essayer de trouver des solutions, répond-on au cabinet de Marc Ferracci, le ministre délégué à l’Industrie, à Bercy. Le ministère fait pression sur l’actionnaire pour qu’il prenne ses responsabilités. »

      Le cas de Vencorex est d’autant plus explosif que la fédération France Chimie a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la santé de la filière. Secteur qui exporte encore et emploie près de 200 000 personnes, la chimie est une activité stratégique pour bon nombres d’industries, telles les batteries, la santé, l’hydrogène… Mais depuis près de deux ans, les usines chimiques françaises tournent en moyenne à 75 % de leurs capacités, ce qui met en péril leur rentabilité. Conséquence, selon France Chimie, au moins 15 000 emplois directs seraient menacés. Ce décrochage s’explique, outre une demande en berne en Europe, par l’écart des coûts de l’énergie avec les Etats-Unis, la Chine ou le Moyen-Orient. Et les politiques offensives d’investissement, surtout en Chine, qui conduisent à des surcapacités mondiales et faussent la concurrence, n’ont rien arrangé.

      Les syndicats de Vencorex préparés à un plan social

      « Il faut voir les choses en face : en France, comme en Europe, (…) nous risquons de perdre des activités essentielles », déclarait Frédéric Gauchet, président de France Chimie, dans un communiqué le 16 octobre. L’espoir ne viendra peut-être pas de Vencorex. Car en coulisses, selon les syndicats, l’Etat est déjà résigné à ce que l’entreprise coule. « A Bercy, on nous parle déjà de plan social et du défi de la future dépollution du site », s’agace l’élu CFDT Laurent Oberger. Pas vraiment un plan de sauvetage.

  • Grèce : quatre migrants meurent au large de Rhodes - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61056/grece--quatre-migrants-meurent-au-large-de-rhodes

    Grèce : quatre migrants meurent au large de Rhodes
    Par La rédaction Publié le : 07/11/2024
    Quatre corps de migrants ont été retrouvés mercredi dans l’eau au large de l’île grecque de Rhodes. Selon les survivants, les passeurs ont forcé les exilés à sauter dans l’eau avant de quitter les lieux avec l’embarcation.
    Le corps de trois hommes et d’une femme ont été retrouvés mercredi 6 novembre en mer Égée près de Rhodes, île grecque située à quelques kilomètres des côtes turques, ont annoncé les gardes-côtes. Vingt-cinq personnes de la même embarcation sont parvenues à rejoindre le rivage par leurs propres moyens. Selon les survivants retrouvés sur terre par les autorités grecques, les passeurs qui conduisaient l’embarcation ont forcé les exilés à sauter par-dessus bord avant de quitter les lieux.
    Proche de la Turquie, Rhodes fait partie des îles grecques qui ont vu arriver un nombre croissant de demandeurs d’asile ces derniers mois - plus de 700 pendant la seule dernière semaine d’octobre, selon le journal local Rodiaki. Plusieurs centaines de migrants ont installé des tentes et des cabanes en carton devant les bureaux du commissariat de la ville de Rhodes, déclenchant la colère des habitants et des autorités locales.
    La Grèce a connu une hausse de 25% du nombre d’arrivées de personnes fuyant guerre et pauvreté en 2024, et une augmentation de 30% des flux vers le Dodécanèse - l’archipel dont Rhodes est l’île principale - et le sud-est de la mer Égée, selon le ministère des Migrations. « Le sud-est de la mer Égée et l’île de Rhodes connaissent actuellement une pression migratoire », avait reconnu mardi le ministre Nikos Panagiotopoulos, assurant que cette hausse n’était pas vraiment liée aux conflits au Proche-Orient.
    Pour le maire de Rhodes, Alexandros Koliadis, interrogé par Rodiaki, l’île ne rencontre pas un « problème migratoire » mais manque de personnel, de gardes-côtes, de policiers pour enregistrer les migrants afin qu’ils puissent être transférés rapidement vers des camps du continent ou des îles voisines. En mer Égée, les naufrages sont nombreux et meurtriers. Fin octobre, deux migrants sont morts près de l’île de Samos (est), quelques jours après la disparition de quatre autres personnes - dont deux nourrissons - au large de l’île de Kos (sud-est).

    #Covid-19#migrant#migration#grece#rhodes#mortalite#samos#kos#mortalite#humanitaire#migrationirreguliere#routemigratoire#sante

  • Le atrocità di Mussolini. I crimini di guerra rimossi dell’Italia fascista

    Questo libro è stato già pubblicato nel 1992 (con il titolo L’Olocausto rimosso), ma nessuno ha mai potuto trovarlo in libreria. La casa editrice Rizzoli decise infatti, subito dopo averle stampate, di mandare al macero tutte le copie di questo testo, ritenuto evidentemente troppo scomodo. Il lavoro di ricerca di #Michael_Palumbo sulla storia dei crimini di guerra del fascismo era già presente nel documentario Fascist Legacy prodotto dalla Bbc nel 1989, anch’esso acquistato dalla Rai e mai mandato in onda nonostante L’Unità del 10 giugno 1990 lo definisse come l’opera che «ha posto fine per sempre alla leggenda degli “italiani brava gente”».

    Palumbo ha portato infatti alla luce la decisiva documentazione proveniente dagli archivi nazionali degli Stati Uniti a Washington DC e dalla Commissione delle Nazioni Unite per i Crimini di Guerra con cui, insieme a ulteriore materiale reperito in dieci lingue diverse, comprova le atrocità commesse in tutti i paesi in cui l’Italia entrò in guerra: dalla Libia all’Etiopia, dalla Grecia alla Jugoslavia. Crimini poi insabbiati dagli angloamericani per non disturbare gli equilibri del dopoguerra e mantenere a disposizione una classe dirigente utile alla crociata anticomunista della nuova Italia democratica. Successivamente, tra la fine degli anni Novanta e i primi anni Duemila, altri studiosi hanno pubblicato importanti ricerche sui crimini di guerra fascisti. Arrivando solo oggi nelle librerie italiane, Le atrocità di Mussolini completa il quadro.

    Lo stile di Palumbo e la drammaticità degli eventi offrono un affresco tragico e illuminante di cosa è stata l’Italia fascista, un volto che le forze politiche eredi di quella stagione provano costantemente a rimuovere dalla memoria nazionale.

    https://edizionialegre.it/product/le-atrocita-di-mussolini
    #livre
    #histoire #Italie #fascisme #crimes_de_guerre #italiani_brava_gente #Libye #Ethiopie #Grèce #Yougoslavie #Mussolini #colonialisme #colonisation #Italie_coloniale

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    ajouté à la métaliste sur l’Italie coloniale:
    https://seenthis.net/messages/871953

    • La storia strappata al macero

      Vede finalmente gli scaffali il libro scomparso che documenta i crimini rimossi dell’Italia fascista e le atrocità commesse dai soldati italiani in Africa e in Europa.

      Qualcuno l’ha avuto in mano, questo libro, prima che finisse (quasi) integralmente al macero. Qualcuno è riuscito a recuperarne una copia, e ora Le atrocità di Mussolini. I crimini di guerra rimossi dell’Italia fascista, fresco di stampa per le Edizioni Alegre, non solo è arrivato in magazzino, ma anche in libreria. Dopo oltre trent’anni. E a quarantaquattro anni da quando, il 28 marzo 1980, il suo autore, l’allora giovane ricercatore Michael Palumbo, annunciò al New York Times la scoperta dei documenti della Commissione delle Nazioni Unite sui Crimini di Guerra (Unwcc), che avrebbero scoperchiato un vaso di Pandora portando alla realizzazione del documentario Fascist Legacy di Ken Kirby (BBC, 1989), basato sulle ricerche di Palumbo, e alla stesura di questo saggio «fantasma» all’epoca ampiamente annunciato e atteso.

      La rassegna stampa sul lavoro del ricercatore italo-americano e sulle sue implicazioni sul piano della conoscenza storica e della memoria pubblica in quegli anni tra la fine degli Ottanta e l’inizio dei Novanta fu notevole. Tre articoli in particolare anticiparono l’uscita del libro in quella primavera editoriale di trentadue anni fa: Italiani bonaccioni? No, assassini di James Walston (L’Indipendente, 17 marzo 1992: «Un libro che si preannuncia come una vera e propria bomba editoriale», scriveva Walston); Come trucidavamo di Giorgio Fabre (Panorama, 12 aprile 1992) e Quel libro non si stampi! di Simonetta Fiori, pezzo apparso sulle pagine culturali de la Repubblica del 17 aprile 1992, che esordisce riferendosi all’articolo di cinque giorni precedente:

      Quel lunedì mattina, in casa editrice tirava una brutta aria. Il libro di Michael Palumbo sui crimini dei soldati italiani continuava a produrre grane. L’ultima – di quel lunedì – era l’intervista a Panorama di uno dei personaggi incriminati. […]
      Chi ce lo ha fatto fare?, devono aver pensato alla Rizzoli. D’altra parte, che la materia fosse incandescente non era notizia di quel lunedì. Già tre anni prima, un programma sullo stesso argomento curato da Palumbo per la Bbc – Fascist Legacy, coautore Ken Kirby – aveva scatenato a Londra un pandemonio. Con la protesta risentita dell’ambasciatore italiano Boris Biancheri. Il documentario denunciava per la prima volta, senza reticenze, le atrocità commesse dai soldati italiani in Grecia, Jugoslavia e nelle colonie d’Africa. E la copertura che nel dopoguerra il potere democristiano avrebbe garantito ai criminali di guerra. Tanto per non sbagliare, la rete Uno della Rai, che s’era assicurata i diritti, si guardò bene dal mandarlo in onda.
      Il documentario di Palumbo, giovane ricercatore di Brooklyn, incuriosì l’allora direttore editoriale della Rizzoli, Gian Andrea Piccioli, che sottoscrisse con lui un contratto. Dopo un anno il libro, ricco di rivelazioni sulle malversazioni degli italiani nel campo di Arbe, in Etiopia, in Cirenaica e in Grecia, era già pronto.

      «Che fare del libro tanto atteso, che in un primo tempo doveva chiamarsi L’Olocausto mancato, poi più morbidamente Italiani, brava gente? e infine – titolo definitivo – L’Olocausto rimosso?», si chiedeva Fiori. A fronte alle minacce di querela di uno degli innumerevoli personaggi coinvolti nella galleria di atrocità compiute dagli italiani, «secondo una prima notizia, la Rizzoli avrebbe deciso di mandare al macero le ottomila copie già stampate, una tiratura giustificata dalle attese», chiosava.

      «Caso alla Rizzoli: che fine ha fatto il lavoro di Palumbo sui criminali italiani?», recitava l’occhiello di quell’articolo de la Repubblica. Aveva fatto una brutta fine, allora. Ma ora eccolo qui, finalmente, con una prefazione di Eric Gobetti e una postfazione (Breve storia di un libro censurato e ritrovato) di Ivan Serra, metalmeccanico e animatore del sito diecifebbraio.info, che ha inseguito come un segugio questa pista fino a ritrovare una copia – una delle copie? – sopravvissuta alla distruzione.

      «Abbiamo distrutto ogni cosa da cima a fondo senza risparmiare gli innocenti. Uccidiamo intere famiglie ogni notte, picchiandoli a morte o con le armi. Basta che facciano un movimento, noi spariamo senza pietà. Se muoiono, muoiono. Stanotte ci sono stati cinque morti: due donne, un bambino piccolo e due uomini», scriveva una camicia nera alla famiglia il 1° luglio 1942 dal Montenegro.

      «Stanno arrivando gli italiani», è una frase testuale che rispetto allo scenario greco riporta l’autore riferendo delle scene di panico che seguono annunci come questo, nel genocidio in Cirenaica come in Etiopia, come nella Jugoslavia «a ferro e fuoco» – nella Slovenia della famigerata «Circolare 3C» del generale Mario Roatta che autorizzava a fucilare in maniera indiscriminata, in Croazia e in Montenegro – come in Grecia, lasciando non di rado attoniti anche gli alleati nazisti.

      L’angolatura prospettica che permette a Palumbo questa ricognizione, oltre all’accesso alle ricerche allora già disponibili – in particolare quelle solidissime e pionieristiche di Angelo Del Boca e Giorgio Rochat – è proprio la documentazione della Unwcc, e il suo lavoro pachidermico cominciato nel 1978 quando ha potuto attingere massicciamente a documenti etiopici, jugoslavi, britannici, statunitensi, tedeschi, oltre che italiani, producendo il dossier necessario a realizzare Fascist Legacy e documentando, oltre che i crimini, la lucida e strategica opera di insabbiamento degli stessi, quando la lista della Unwcc arrivò «a comprendere 700 persone, molte delle quali occupavano un posto chiave nel governo italiano», e «gli alleati continuarono la loro tattica di indugio». «Fra i criminali di guerra ancora in servizio c’erano i generali [Alessandro] Pirzio Biroli, [Mario] Robotti, [Carlo] Tucci, [Silvio] Bonini, [Domenico] Chinnici e [Alessandro] Maccario, tutti colpevoli delle più gravi atrocità commesse in Jugoslavia», scriveva Palumbo un decennio prima che l’istituzione del Giorno del Ricordo contribuisse a ribaltare completamente nel senso comune il giudizio storico su quegli anni. Il libro avrebbe potuto persino precedere la celebre querelle tra Del Boca e Indro Montanelli, che nel 1996, dopo aver negato l’uso dei gas iprite in Africa orientale, a fronte delle prove schiaccianti prodotte dallo storico novarese, avrebbe infine ammesso di essersi sbagliato e – almeno di questo – si sarebbe pubblicamente scusato.

      Centinaia di voci – da Pietro Badoglio e Rodolfo Graziani all’ultimo dei loro sottoposti, dai carnefici alle vittime, ai testimoni degli orrori africani ed europei – si avvicendano nelle quasi quattrocento pagine a stampa che ora chiunque può avere tra le mani. Il saggio di Palumbo è una cartografia d’epoca – in fondo è un pezzo da collezione di storia della ricerca storica – delle atrocità commesse dall’Italia fascista lungo tutto il ventennio, e in particolare all’estero e dal 1930 in Libia al termine del secondo conflitto mondiale, in un procedere per episodi dei quali gli studi più recenti avrebbero confermato la rilevanza storica: il massacro di Addis Abeba del febbraio 1937 («una visione da inferno dantesco» nelle parole del delegato della Croce Rossa Internazionale in Etiopia, Marcel Junod), finalmente ricostruito nel dettaglio da Ian L. Campbell in un libro edito nel 2018 dalla stessa Rizzoli; quello immediatamente successivo di Debre Libanos, oggetto di uno studio approfondito di Paolo Borruso edito da Laterza nel 2020; quello di Zeret dell’aprile del 1939, a cui Matteo Dominioni avrebbe dedicato uno studio nel 2006; quello di Domeniko/Domenikon del 16 febbraio 1943 in Grecia (definito ancora «l’eccidio dimenticato» dal Corriere della Sera tre anni fa), quando gli italiani massacrarono tutti gli uomini validi di un piccolo villaggio greco, in Tessaglia, ora portato alla luce da Vincenzo Sinapi (Domenikon 1943. Quando ad ammazzare sono gli italiani, Mursia 2021) e al quale Palumbo dedicava già diverse pagine, con tanto di interviste ai sopravvissuti.

      Si ha l’impressione di assistere a un what if? della memoria pubblica italiana, trovando episodi ora noti tra gli studiosi e non solo già descritti nel dettaglio, e tutti insieme, in un libro di un terzo di secolo fa, prima ancora della «scoperta» a Roma dell’«armadio della vergogna» nel 1994. Già, perché il testo è stato pubblicato così come sarebbe dovuto uscire, in un’operazione di repêchage più unica che rara nel panorama della saggistica italiana. Con un valore conoscitivo e civile davvero con pochi precedenti.

      Il libro edito oggi da Alegre è infatti un recupero integrale di quel testo stampato (prima edizione: aprile 1992) e «cancellato», con la sola correzione di alcuni refusi e imprecisioni, specie nei toponimi, opera della traduttrice Paola Tornaghi. Un esempio che può illuminare è appunto la lectio «Domenikos» che Palumbo aveva utilizzato al posto di «Domenikon» (dicitura in katharevousa) e «Domeniko» (come è chiamato oggi, in dimotiko), le uniche due occorrenze presenti nelle fonti: leggiamo questa precisazione in Camicie nere sull’Acropoli. L’occupazione italiana in Grecia (1941-1943), edito da Deriveapprodi nel 2013, in cui l’autore Marco Clementi raccontando questo evento «riscoperto in Italia» solo negli anni Duemila si stupiva di questa versione del toponimo rintracciata in altri studi, ignaro del fatto che verosimilmente provenisse dal libro di Palumbo. Qualche altra copia oltre a quella recuperata da Serra è dunque circolata tra gli studiosi?

      Certo, la ricerca sul «nuovo ordine mediterraneo» (così avrebbe titolato il saggio di Davide Rodogno del 2003, edito da Bollati Boringhieri) in questi tre decenni è andata avanti, e il progetto imperiale fascista che in Europa come in Africa condusse a incalcolabili atrocità è stato studiato e divulgato con serietà e passione proprio da storici come Del Boca – che nel decennio seguente avrebbe intitolato il suo libro di maggior successo proprio Italiani, brava gente? Un mito duro a morire (Neri Pozza 2005), scomparso nel 2021 – e come Rochat, scomparso due settimane fa, che furono maestri per molti. E dalle successive generazioni ricordate anche nella prefazione di Gobetti: si pensi a Nicola Labanca, il già citato Dominioni e Valeria Deplano e Alessandro Pes per il colonialismo; a Paolo Fonzi per la Grecia, allo stesso Gobetti per la Jugoslavia, a Filippo Focardi per gli studi sulla memoria pubblica.

      Ma la ricerca, e ancora di più la discussione pubblica, avrebbe potuto avanzare con maggiore rapidità e pregnanza se i risultati di questo lavoro «cancellato» di Palumbo fossero passati dai magazzini alle librerie, e non solo in qualche mano fortunata che ha potuto avere le poche copie scampate al macero; avrebbe forse potuto avere, a proposito di what if?, un impatto simile a quello che il controverso I volonterosi carnefici di Hitler. I tedeschi comuni e l’Olocasusto di Daniel J. Goldhagen (1996) ebbe nel dibattito tedesco e globale sulla partecipazione delle persone «ordinarie» alla Shoah.

      Dal momento che non esistono «caratteri nazionali» immutabili, gli italiani furono As Cruel as Anyone Else, come titola la traduzione inglese del pamphlet di Del Boca, fresca di stampa per i tipi della University of Chicago Press. Eppure avviandosi a concludere Le atrocità di Mussolini l’autore italo-americano lasciava spazio a un’immagine controfattuale che vale la pena riportare, dopo aver riflettuto a lungo anche sulle profonde radici nel nazionalismo e nelle «avventure» espansionistiche e coloniali che hanno preceduto il fascismo, utili da ricordare in questi giorni in cui la sbronza nazionalista e militarista del 4 novembre ci sovrasta:

      È difficile valutare il numero totale delle vittime dei crimini di guerra fascisti, sicuramente centinaia di migliaia di persone morirono nei campi di concentramento italiani, nelle tremende incursioni e nelle carestie artificialmente create nei Balcani.
      Si possono aggiungere poi i massacri compiuti dalle forze di [Rodolfo] Graziani durante la Repubblica di Salò, così come le migliaia di civili e prigionieri di guerra assassinati dalle legioni di Mussolini nella guerra civile spagnola e sul fronte russo durante la Seconda guerra mondiale. Benché non si possa più conoscere il numero reale delle vittime, è probabile che un milione di persone siano morte in conseguenza delle atrocità fasciste italiane […].
      Se il regime di Mussolini fosse stato più efficiente, se la sua caduta non fosse coincisa col momento culminante della Seconda guerra mondiale, il tributo delle vittime sarebbe stato molto più elevato. Infatti, dato che i fascisti avevano progettato di spopolare grandi aree della Libia, dell’Etiopia, della Grecia e della Jugoslavia, la conclusione inevitabile è che, se il regime di Mussolini fosse sopravvissuto, parecchi milioni di persone sarebbero morte nelle zone destinate al nuovo Impero Romano.

      «Stavo dicendo all’Italia che il mito dell’innocenza italiana era finito», scrive oggi, da Taipei, Michael Palumbo, ricordando l’effetto del documentario della Bbc e introducendo il suo libro che vede finalmente gli scaffali, sperando che ne sia in qualche modo una replica tardiva. Forse, allora, quando si ammaineranno i tricolori dopo l’ennesimo e imbarazzante tripudio di celebrazioni del diritto alla «Difesa» di questo paese, si potrà iniziare a fare i conti con le guerre d’aggressione che per vent’anni si sono mosse in ogni angolo del tanto agognato progetto imperiale. Trentadue anni dopo quel «Non si stampi!» (da leggersi: «Non si distribuisca!»), e ottant’anni dopo la Liberazione.

      https://jacobinitalia.it/la-storia-strappata-al-macero

  • #Gravelines : pourquoi le projet de #filet_flottant anti-migrants suscite (déjà) l’inquiétude

    Un filet flottant destiné à empêcher les départs d’exilés pourrait être installé par l’État en aval de #chenal_de_l’Aa, entre Gravelines et #Grand-Fort-Philippe. Les plaisanciers montent au créneau, tant qu’élus et associations de défense des migrants pointent les risques de ce dispositif.

    https://www.lavoixdunord.fr/1518680/article/2024-11-01/gravelines-pourquoi-le-projet-de-filet-flottant-anti-migrants-suscite-d
    #mur_flottant #migrations #réfugiés #frontières #Calais #France #barrières_frontalières

    Les tentatives de construire des murs flottants ailleurs :
    – en #Grèce : https://seenthis.net/messages/823621
    – aux #Etats-Unis : https://seenthis.net/messages/1012365

  • Après ceux d’Ubisoft, les salariés de Don’t Nod se mettent aussi en grève – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/apres-ceux-dubisoft-les-salaries-de-dont-nod-se-mettent-aussi-en-greve-20

    Dans la foulée de l’annonce d’un plan de licenciement qui menace 69 emplois, les salariés du prestigieux studio français sont appelés à débrayer contre la direction ce lundi.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #don_t_nod #ressources_humaines #grève #licenciements

  • Les #marchés_financiers : une #illusion de pouvoir

    Alors que la #France débat de son #budget, le discours reste centré sur la #dette et le #déficit publics, et sur l’#influence supposée des marchés financiers. Cette approche conforte un cadre budgétaire contraint qui pénalise la population, tout en entretenant le #mythe d’un pouvoir des marchés sur l’#économie. Cet article vise à montrer que cette domination des marchés n’est en réalité qu’une illusion.

    Introduction

    Alors que la France traverse une période cruciale de discussions budgétaires, le débat se concentre encore une fois autour du déficit et de la dette publics. En arrière-plan, les marchés financiers apparaissent comme des arbitres incontournables, qu’il faudrait apaiser pour éviter une hausse des taux d’intérêt. Cette vision, qui exagère le pouvoir des marchés sur notre économie, repose en grande partie sur des #choix_politiques issus de l’#idéologie_néolibérale et imposés par les #règles strictes de l’Eurozone, celles du #traité_de_Lisbonne. Ce carcan budgétaire auto-imposé enferme les États membres dans une #logique_financière qui empêche une gestion budgétaire pleinement orientée vers le #bien-être des populations.

    Les milliards d’euros versés chaque année en #intérêts ne font qu’alimenter des investisseurs privilégiés, et cette situation découle de décisions politiques, non de nécessités économiques. Cet article vise à déconstruire les mythes entourant la #dette_publique et le rôle prétendu des marchés financiers en montrant que leur pouvoir n’est qu’une illusion bien entretenue et que les contraintes financières de l’Eurozone sont d’abord politiques.

    Les limites à la dépense publique ne sont pas financières

    Il est tout d’abord utile de rappeler que, selon l’analyse de la #Théorie_Monétaire_Moderne (#MMT), un État qui dispose du monopole de création de sa devise, en régime de #taux_de_change_flottant, ne peut faire #faillite dans sa propre devise, à moins de le vouloir. Les limites à sa #dépense_publique ne sont donc pas financières, mais liées à la disponibilité des #ressources_réelles, qu’il s’agisse des ressources technologiques, des ressources naturelles, ainsi que de la force de travail.

    Les États membres de l’Eurozone sont toutefois un cas particulier, puisqu’ils fonctionnent dans un cadre contenant des limites financières, en réalité auto-imposées, que sont les ratios de 3 % sur le PIB du déficit public et de 60 % de la dette publique. Ces limites représentent donc des contraintes concernant la #politique_budgétaire des États, les empêchant de réaliser le déficit nécessaire pour atteindre le #plein_emploi.

    Dans ces conditions, et dans la mesure où le compte des Trésors nationaux ouvert à la #BCE doit disposer d’un solde en permanence positif, les États-membres doivent obtenir des #recettes_fiscales et émettre des #titres_d’État, ce qui, en raison de l’absence de garantie par la BCE, les rend dépendants des marchés financiers et exposés au risque du défaut. Cette situation souligne la nécessité d’une réévaluation des règles budgétaires au sein de l’Eurozone, afin de permettre à ces États de disposer de leur plein potentiel économique.

    La dette publique n’est pas un fardeau, mais une richesse

    Comme le montre l’identité comptable vérifiable dans tous les pays, la dette publique équivaut à la devise nationale créée par la dépense publique et non encore utilisée par le secteur privé pour payer les impôts. Elle représente, au centime près, la richesse financière nette des agents du secteur privé1. Il en découle que la dette publique n’est pas composée des seuls titres d’État. Elle englobe l’ensemble des passifs de l’État, à savoir le cash, les réserves bancaires et les titres d’État. Cette définition est partagée par les banques centrales, y compris la BCE selon le #traité_de_Maastricht. Il est important de souligner que l’émission de #titres_d’État ne crée pas de nouvelle devise, mais change simplement la forme de la devise, passant de « #réserves » à « #titres », tout comme on transfère un montant d’un compte courant non rémunéré vers un compte de dépôt rémunéré2.

    La dette publique (stock) est la somme des déficits annuels (flux). Dette et déficit sont donc étroitement liés, et ainsi, lorsque l’État cherche à réduire son déficit en augmentant les #taxes ou en réduisant ses #dépenses, cela diminue l’épargne du secteur privé. Dit autrement, lorsque l’État retire plus de devise nationale par les taxes qu’il n’en crée par la dépense, cela provoque de l’#austérité.

    Les titres d’État ne servent pas à financer les dépenses publiques

    L’émission des titres d’État est une pratique héritée des anciens régimes de taux de change fixes, qui est aujourd’hui dépassée. Ces titres ne sont aujourd’hui plus émis pour financer directement les dépenses publiques, mais plutôt pour réguler les taux d’intérêt, une fonction devenue moins nécessaire depuis que la BCE rémunère les réserves excédentaires. Mais également, leur émission permet d’offrir un actif financier sans risque.
    Il est donc nécessaire de questionner l’obligation d’émettre des titres d’État.

    Cependant, en Eurozone, une précision s’impose : l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit à la BCE d’octroyer des découverts aux Trésors nationaux, obligeant ces derniers à émettre des titres. Pourtant, les #euros sont créés par la BCE, lorsque les États membres dépensent, ce qui fait de l’Eurozone le créateur monopolistique de la monnaie. Exiger un solde positif permanent sur le compte du Trésor auprès de la BCE repose donc sur une #fiction, fondée sur l’idée que l’État doit gérer sa trésorerie comme une entreprise. Cette contrainte n’a aucun fondement économique. Elle est purement politique et elle s’inscrit dans l’idéologie néolibérale, laquelle perçoit l’État comme un mauvais gestionnaire et souhaite ainsi limiter son action.

    Comme le suggère #Warren_Mosler, le père de la MMT, il serait tout à fait possible de cesser d’émettre des titres d’État. Et, quoi qu’il en soit, si cette émission devait être maintenue pour offrir un actif sans risque, une politique de taux d’intérêt à zéro constituerait une solution efficace dans le but de limiter l’influence des marchés financiers3.

    Le #taux_d’intérêt est fixé par la banque centrale

    Il est essentiel de comprendre que les mouvements des taux d’intérêt appliqués aux titres d’État dépendent étroitement des décisions prises par la BCE. Les taux d’intérêt sont entièrement sous son contrôle, constituant ainsi des choix politiques. L’observation des politiques de taux d’intérêt dans différents pays le confirme : les taux appliqués aux titres d’État suivent de très près les taux directeurs de la banque centrale, comme en témoignent les deux graphiques suivants4.

    Dans l’Eurozone, le "#Whatever_it_takes" de #Mario_Draghi en 2012 a marqué un tournant en ramenant les taux d’intérêt sur les titres d’État à des niveaux raisonnables, en particulier pour la Grèce. Cet événement a montré de manière éclatante que, dès lors que la BCE garantit les titres émis par les États, ceux-ci ne peuvent pas faire défaut.

    La crise de la COVID-19 a également confirmé ce pouvoir d’intervention : la BCE et les autres banques centrales ont démontré qu’elles pouvaient contrer les pressions des marchés financiers par des opérations comme l’#assouplissement_quantitatif (#quantitative_easing). Ainsi, bien que les marchés puissent influencer les taux pour ajuster la prime de risque, leur impact reste marginal en comparaison du pouvoir des banques centrales.

    Il s’ensuit que la soutenabilité de la dette publique dépend de décisions politiques, du bon vouloir de la BCE. Ni le niveau de la dette publique ni celui des intérêts ne restreignent réellement l’espace budgétaire des États, car la BCE peut, à tout moment, décider si un pays peut continuer à dépenser ou doit faire défaut, indépendamment de son niveau d’endettement. L’exemple de la #Grèce est révélateur : en 2010, alors que son ratio dette/PIB atteignait 130 %, le pays faisait face à une crise. En revanche, fin 2021, avec un ratio supérieur à 200 %, la question de la dette publique n’était plus problématique. Cela démontre que la soutenabilité de la dette publique est avant tout une question politique, et non économique.

    Il n’y a pas de lien entre niveau de dette publique et #croissance

    Un argument récurrent dans les discussions sur la dette publique affirme qu’il existerait un #seuil_d’endettement au-delà duquel la #croissance_économique se verrait compromise. Cependant, aucune recherche rigoureuse n’a jamais confirmé l’existence d’un tel seuil. Ainsi que le montrent Yeva S. Nersisyan et L. Randall Wray5 « Il n’existe pas de seuils [du niveau de la dette publique] qui, une fois franchis, seront insoutenables ou réduiront la croissance du pays. ». En réalité, l’histoire économique regorge d’exemples où des niveaux élevés de dette publique ont coexisté avec une croissance soutenue, dès lors que l’État maintient un soutien économique actif.

    La démission de Liz Trusss, un bon exemple de l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers

    Ce qu’il s’est passé en Angleterre en 2022, entraînant la démission de la Première ministre Liz Truss, illustre parfaitement l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers. En réalité, cette démission résulte de la pression des marchés financiers, une décision politique dictée davantage par la crainte de leur réaction que par une contrainte économique réelle. En effet, le Royaume-Uni, en tant que créateur de sa propre monnaie, aurait pu continuer à financer ses politiques sans risque de défaut, notamment en contrôlant les taux d’intérêt via la Banque d’Angleterre6.

    Les #agences_de_notation : quelle légitimité ?

    L’intervention des agences de notation consolide l’idée dominante selon laquelle il est impératif d’apaiser les marchés financiers, quel qu’en soit le coût. Ces agences, des entreprises privées opérant sans réel contrôle démocratique, se voient attribuer un rôle démesuré dans l’évaluation des finances publiques. Leur influence, souvent considérée comme infaillible, façonne les politiques budgétaires des États, et leurs décisions impactent directement les choix économiques. Pourtant, ni leur compétence, ni leur intégrité ne sont systématiquement vérifiées. Confier à ces entités privées, efficaces promoteurs de la pensée néolibérale dominante, la capacité de décider de l’avenir budgétaire d’un pays constitue un grave manquement au principe de #souveraineté_nationale, et un véritable déni de démocratie.

    Conclusion : déconstruire l’emprise idéologique des marchés financiers

    Au terme de cette analyse, il est évident que l’importance excessive accordée aux marchés financiers dans les choix budgétaires des États membres de l’Eurozone découle de contraintes financières auto-imposées, et que cette situation confère un pouvoir illusoire aux marchés, la décision finale appartenant toujours à la BCE. Les États-membres, en s’enfermant dans une logique où ils se voient forcés de "plaire" aux marchés pour financer leurs dépenses, se privent d’un levier essentiel pour stimuler leur économie et répondre aux besoins de leur population.

    Cette dépendance aux marchés financiers masque la réalité politique qui se cache derrière la soutenabilité de la dette publique : à tout moment, la BCE peut garantir ou non les titres publics émis, ce qui souligne le caractère fondamentalement politique de cette question. Ainsi, ce n’est pas le niveau de la dette publique ou des taux d’intérêt qui limite la marge de manœuvre des États, mais bien les choix de #gouvernance qui priorisent la satisfaction des marchés plutôt que celle des citoyens.

    L’exemple de la crise de la COVID-19 a montré la capacité d’intervention des banques centrales pour stabiliser l’économie, indépendamment des pressions des marchés financiers. Il est donc aujourd’hui essentiel de reconsidérer les #règles_budgétaires de l’#Eurozone, afin de restaurer la souveraineté des États et recentrer la politique budgétaire sur le #bien-être_collectif, au lieu de céder aux impératifs des marchés. En prenant cette direction, les États pourront pleinement utiliser leurs ressources pour servir leurs citoyens, laissant derrière eux l’illusion d’un pouvoir des marchés qui n’est en réalité qu’une contrainte politique imposée.

    https://blogs.mediapart.fr/robert-cauneau/blog/251024/les-marches-financiers-une-illusion-de-pouvoir
    #finance #néolibéralisme

  • Toute la Guadeloupe privée d’électricité en raison d’un « incident électrique généralisé », annonce EDF
    https://www.lemonde.fr/outre-mer/article/2024/10/25/toute-la-guadeloupe-privee-d-electricite-en-raison-d-un-incident-electrique-

    « On ne sait pas combien de temps le démarrage va prendre », a précisé EDF, vendredi, dans un contexte de conflit social opposant la branche énergie de la CGTG et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI).

  • Bluetooth temperature and humidity data logger with display for laboratories, greenhouses, etc.

    Bluetooth temperature and humidity data logger can use Bluetooth technology to read and analyze environmental temperature and humidity data directly through an app. It is very suitable for temperature and humidity monitoring in laboratories, greenhouses, museums, and other places, and improves the efficiency of temperature and humidity management.

    Freshliance launched the BlueTag TH20, a Bluetooth temperature and humidity data logger with LCD display, which can intuitively view temperature and humidity data on the screen. This Bluetooth temperature sensor can be connected to the Tkeeper App provided free of charge by Freshliance, which supports multiple users to view, share and export data using different mobile phones, which helps to analyze and manage environmental temperature and humidity. This Bluetooth temperature logger can set high and low temperature/humidity alarm points. If the ambient temperature/humidity exceeds the safe range, not only will the LCD display the alarm status, but there will also be an alarm reminder on the APP, so that managers can take timely measures to ensure the safety and quality of items.

    Temperature and humidity monitoring is very important for laboratories, greenhouses, medicine cabinets, etc. The Bluetooth temperature and humidity data logger provided by Freshliance can accurately and persistently collect environmental temperature and humidity data. While monitoring, it can also be used for subsequent analysis to help companies identify potential problems, optimize processes and improve decision-making.
    #bluetooth #laboratories #greenhouses #temperaturehumidity #temperaturesensor

    https://www.realtimelogger.com/products/bluetag-th20-bluetooth-temperature-and-humidity-data-logger.html

  • En Grèce, des Israéliens, fuyant la guerre, tentent de retrouver un semblant de « vie normale »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/21/en-grece-des-israeliens-fuyant-la-guerre-tentent-de-retrouver-un-semblant-de

    En Grèce, des Israéliens, fuyant la guerre, tentent de retrouver un semblant de « vie normale »
    Par Marina Rafenberg (Athènes, correspondante)
    « La réalité est devenue chaotique. Nous avons choisi de partir pour que nos enfants puissent avoir une vie normale », confie Haran Anjioni, qui a décidé depuis quelques semaines de s’installer sur l’île de Crète, en Grèce, avec sa femme et ses quatre enfants. Le 7 octobre 2023, la famille vivait dans un kibboutz du nord d’Israël, situé à seulement 7 kilomètres de la frontière avec le Liban. Le choc de l’attaque brutale du Hamas, « les cauchemars post 7-Octobre » et tirs de roquettes du Hezbollah ont poussé les Anjioni à déménager dès le lendemain dans un autre kibboutz du centre de l’Etat hébreu.
    « Depuis un an, nous avons déménagé plus de cinq fois. Quand le bail de notre dernière maison a pris fin, nous avons eu l’idée d’emmener toute la famille en Crète. Mais, cette fois, pas seulement pour de simples vacances », relate-t-il. Amoureux de la Grèce, où il a passé de nombreux congés, Haran Anjioni avoue que ce pays est « un choix parfait pour les Israéliens » : « Le climat méditerranéen et la nature sont les mêmes que ceux que nous connaissons. (…) Les Grecs sont incroyablement accueillants. Le pays se trouve à moins de deux heures de vol de Tel-Aviv et le coût de la vie y est raisonnable. »Tous les Israéliens ne sont pas aussi enthousiastes. Naomi, une célibataire qui n’a pas souhaité donner son nom, a séjourné quatre mois à Athènes avant de finalement retourner vivre en Israël, son errance dans un pays qui n’est pas le sien n’ayant finalement pas eu l’effet de soulagement escompté. « Je ne me suis jamais considérée comme réfugiée. Dans cette guerre, il y a des vrais déplacés, ceux qui ont été forcés de quitter leur maison dans le Nord et près de la bande de Gaza, puis, évidemment, tous les réfugiés palestiniens. Mais je n’étais pas non plus une touriste et je me sentais incomprise par les locaux. J’étais traumatisée, comme tous les Israéliens, j’ai perdu des proches, j’ai vu des roquettes passer au-dessus de ma tête », raconte au téléphone la jeune femme. Athènes avait été, pour elle, un choix par défaut. « Le monde après le 7-Octobre ne semblait pas très accueillant pour les Israéliens et nous ne voulions pas non plus aller dans des pays où les agressions antisémites augmentaient », ajoute-t-elle.
    D’après la chaîne israélienne Channel 12, entre novembre 2023 et mars 2024, environ 30 000 Israéliens ont quitté le pays de manière permanente, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à la même période l’année précédente. Le nombre exact d’Israéliens arrivés en Grèce après le 7-Octobre est difficile à évaluer. Mais le gouvernement grec a décidé de faciliter les démarches pour la prolongation du visa de tourisme de quatre-vingt-dix à cent quatre-vingts jours pour les ressortissants israéliens. L’ambassade d’Israël confirme de manière informelle une hausse du nombre d’Israéliens installés dans le pays. De son côté, le ministère grec des migrations affirme que le nombre de « visas dorés » délivrés aux Israéliens – une formule qui permet aux étrangers qui investissent au moins 250 000 euros dans l’immobilier d’obtenir une carte de séjour de cinq ans – a augmenté d’environ 70 % depuis le 7 octobre 2023.
    Ces dernières années, les investisseurs israéliens avaient déjà manifesté un grand intérêt pour l’immobilier en Grèce. « Mais, depuis le 7-Octobre, on observe une augmentation des demandes de tous types de visas. Les Israéliens veulent une deuxième maison dans un pays sûr, où ils peuvent s’échapper rapidement. Certains optent pour des visas de travail, par exemple s’ils sont des nomades numériques. S’ils gagnent au moins 3 500 euros par mois, ils peuvent obtenir une carte de séjour de deux ans, mais ce n’est qu’une minorité. La plupart doivent renouveler leur visa tous les trois mois, ou peuvent profiter du passeport européen de leur conjoint ou d’un parent pour essayer de régulariser leur situation », note l’avocat Kimon Zakkas, qui travaille essentiellement avec une clientèle israélienne. (...)

    #Covid-19#migrant#migration#grece#israel#guerre#gaza#economie#nomadenumérique#investisseur#visasdores#immobilier#sante

  • Recours massif aux enseignants précaires : « La réalité, c’est que l’université n’a plus les moyens de fonctionner »

    C’est chaque année l’opportunité d’une forme de consécration : en août, l’université Grenoble-Alpes a consolidé sa position dans le top 150 des « meilleures » universités mondiales, selon le très scruté classement de Shanghaï. Immédiatement, l’établissement s’est félicité de ces « bons résultats » qui confirment, à ses yeux, « la pertinence de la politique scientifique mise en œuvre » en son sein. Mais derrière cette belle image internationale, une machinerie bien moins reluisante se dessine en coulisse : celle d’une université dont les enseignements sont, en grande partie, tenus à bout de bras par des enseignants précaires, essorés par l’institution.

    De plus en plus, faute de titulaires suffisants pour assurer tous les cours, l’université de Grenoble en est réduite à bricoler pour faire tourner ses formations, avec toujours davantage de contractuels mais aussi de vacataires – ces enseignants payés « à la tâche », près de 6 000 par an. Les chiffres sont marquants : l’établissement compte à présent trois vacataires pour un enseignant titulaire, et 135 vacataires pour 1 000 étudiants (la moyenne nationale est à 80 pour 1 000). Dans nombre de disciplines, plus de la moitié des enseignements sont désormais remplis par des contrats précaires.

    « Ça, c’est clairement ce que ne disent pas les palmarès internationaux ou les statuts d’excellence dont se prévaut l’université », ironise Moïra Courseaux, en thèse de biologie à Grenoble-Alpes, membre d’un collectif de doctorants vacataires qui s’organise sur le campus pour faire porter la voix de ces précaires.

    Une explosion des vacataires

    Cette situation, loin de ne concerner que le cas grenoblois, est en fait devenue banale dans l’enseignement supérieur public français. En avril, un rapport de l’association Nos services publics pointait une « explosion »du recours aux enseignants vacataires dans les universités. Leur nombre a augmenté de 30 % en sept ans, indique cette note, qui estime que les vacataires représentent aujourd’hui les deux tiers des personnels enseignants.

    Les trous dans les formations qu’ils permettent de combler équivalent aux services à temps plein de 25 000 enseignants-chercheurs, d’après des données de la DGRH (direction générale des ressources humaines). Mais sans coûter le même prix : une heure de vacation revient à une université environ cinq fois moins cher qu’une heure de cours donnée par un titulaire (50 euros contre 300 euros en moyenne). Et permet surtout d’éviter aux établissements la prise en compte progressive de l’ancienneté d’un enseignant fonctionnaire.

    Là est le nerf de la guerre : en 2007, la loi LRU a donné à chaque établissement la responsabilité de ses finances, et cela notamment concernant ses recrutements. En parallèle, les budgets accordés aux universités n’ont pas augmenté, voire ont chuté, les amenant à réduire leur masse salariale et à geler des postes de titulaires… sans que ni le besoin de formation ni le nombre d’étudiants diminuent (ce dernier a même augmenté de 25 % entre 2008 et 2021).

    En cette rentrée, le budget prévu pour l’enseignement supérieur et la recherche dans le projet de loi de finances connaît une légère hausse (de 89 millions d’euros). Mais les mesures en faveur de la rémunération des agents publics, décidées plus tôt, resteront à la charge des universités en 2025, quand les aides à l’apprentissage seront par ailleurs rabotées… ce qui tendra mécaniquement les budgets des facultés.

    Pas de quoi rassurer à Grenoble, où « on est dans une situation financière très mauvaise, et déjà en plein plan d’austérité », souligne Gwenaël Delaval, enseignant-chercheur en informatique et cosecrétaire général de la section CGT. Pour l’année 2024, le déficit de l’université devrait dépasser les 10 millions d’euros. « Alors quand les profs partent à la retraite, ils ne sont plus remplacés pendant deux ou trois ans, raconte Théo Maurette, doctorant en urbanisme et membre du collectif de vacataires. Mais pendant ce laps de temps, il faut quand même du monde pour faire tourner la machine. »

    Si la vacation avait été créée pour rémunérer des professionnels qui viendraient intervenir ponctuellement dans des formations, les universités l’ont peu à peu détournée de sa fonction initiale. Et ce sont désormais des jeunes chercheurs en thèse ou en attente de poste qui abattent ces heures en masse. « On a institutionnalisé le recours à ces contrats précaires, qui bouchent les trous de façon pérenne à bien des endroits », poursuit Théo Maurette. « La réalité c’est que l’université n’a plus les moyens, structurellement, de fonctionner, et ce n’est que du rafistolage »,abonde Gwenaël Delaval.

    Une précarité à la limite de la légalité

    Désormais, même les cours magistraux en viennent à être assurés par des vacataires, notamment au niveau licence. C’est à cette mission que Pauline (son prénom a été modifié) , doctorante en sciences humaines, a été affectée lors de sa troisième année de thèse. Lorsqu’elle commence, en janvier, après avoir été prévenue en décembre de cette année-là, il lui faut monter de toutes pièces ce cours – bien plus chronophage que les travaux dirigés (TD), initialement dévolus aux vacataires.

    Avec une rémunération fixée à environ 40 euros l’heure de cours, « je pense que cela revenait à 2 euros l’heure de travail réel, entre les préparations de séances, les corrections de copies, les surveillances d’examens non rémunérées », raconte la jeune femme. Mais, y compris quand il s’agit de TD, la rémunération des vacataires se situe le plus souvent « en deçà du smic si on la rapporte au temps de travail effectif », souligne le rapport de Nos services publics.

    Pauline finit par travailler à perte, puisque ses trajets entre son laboratoire, à Lyon, et l’université, à Grenoble, ne sont pas remboursés – comme tous les vacataires. Pas vraiment encadré par un contrat en bonne et due forme, ce type d’emploi à la tâche ne fournit, de manière générale, aucune protection à l’enseignant qui le réalise… et qui se retrouve soumis à des conditions précaires souvent à la limite de la légalité.

    A commencer par les retards de paiement systématiques : « On s’est rendu compte, après une enquête interne, que la majorité des vacataires devaient attendre entre trois et six mois, parfois plus, pour être payés », rapporte Théo Maurette, qui explique être dans l’attente du paiement de vacations réalisées entre février et avril. Une situation qui va à l’encontre de la loi imposant, depuis 2022, une mensualisation de paiement – que peu d’établissements respectent dans les faits.

    Le président de l’université Grenoble-Alpes, Yassine Lakhnech, assure qu’une « procédure a bien été mise en place pour permettre la mensualisation ». « Il y a encore des composantes qu’on doit accompagner pour qu’elle soit appliquée. Mais rien ne permet d’affirmer que ces retards concerneraient la majorité des vacataires », estime la présidence, qui n’a pas chiffré les délais de rémunération.

    Les vacations ne permettent pas non plus de cotiser pour le chômage, la Sécurité sociale ou la retraite, et n’offrent aucune sécurité de l’emploi. « Si les heures ne sont pas réalisées, pour maladie ou parce que la faculté a décidé de les annuler au dernier moment, pas de paiement » , réprouve Théo Maurette.

    Une pression insidieuse

    Sur le campus, la mobilisation a commencé à s’organiser en 2021, après la radiation d’une doctorante vacataire par Pôle emploi, qui refusait de prendre en compte le décalage entre les dates de travail effectué et celles de son paiement. Si à l’époque l’université s’était impliquée en faveur de ce cas individuel, le collectif de doctorants vacataires regrette aujourd’hui une « absence de dialogue » avec la présidence sur les enjeux qui touchent collectivement leur catégorie. « Je les ai reçus trois ou quatre fois ces dernières années », réfute Yassine Lakhnech, pour qui l’enjeu principal, concernant cette explosion des emplois courts, se situe dans le « sous-financement chronique » national.

    Reste que les jeunes chercheurs sont encouragés à accepter ces heures d’enseignement précaire pour espérer obtenir un poste un jour. « On nous le présente comme un passage obligé pour notre CV, avec une certaine pression insidieuse », pointe Pauline. Or, l’âge d’accès au premier poste, sans cesse repoussé (34 ans aujourd’hui en moyenne), implique un sas de précarité de plus en plus long, dont les établissements profitent pour faire des économies.

    Mais pour les formations elles-mêmes, le fait de devoir avoir autant recours à des enseignants qui ne sont là que temporairement crée une désorganisation. Chaque rentrée, c’est le même travail que doivent réaliser les titulaires : trouver de nouveaux vacataires ou contractuels en CDD pour assurer les cours en souffrance. Pas une mince affaire dans certaines filières, en raison de ces conditions de travail et taux horaire prohibitifs. « En septembre, on voit passer des mails de recherche de vacataires en pagaille », explique un enseignant-chercheur en informatique, qui a souhaité rester anonyme.

    Tous les ans, il ne sait pas une semaine avant la rentrée s’il aura suffisamment de personnes devant les étudiants. « Ce sont ensuite des personnes que je dois former, une à une, raconte l’enseignant. Et il arrive que certains finissent par annuler, parce qu’ils ont trouvé un job plus stable. Il faut alors réorganiser toute la maquette, et, pour les contractuels, refaire des concours pour embaucher à nouveau. »Pour lui, c’est une « perte d’énergie abyssale ». « C’est ça le plus absurde : je ne suis même pas certain que l’université s’y retrouve, quand on voit aussi le temps que cela demande aux services administratifs qui doivent traiter manuellement chaque heure réalisée », s’étonne Théo Maurette.

    Avec le turnover que cela génère, « il devient difficile de maintenir une communauté enseignante, avec des échanges suivis, une cohérence sur le temps long », regrette également Pierre Bataille, responsable de la licence de sciences de l’éducation à l’université Grenoble-Alpes. Le nombre de ceux qui peuvent prendre à leur charge des responsabilités comme l’encadrement de niveaux ou de formations se réduit aussi mécaniquement, lorsque moins de titulaires subsistent – même si « on voit maintenant des précaires devenir responsables d’une année de licence ou d’un master, ce qui est aberrant », alerte Gwenaël Delaval.

    Enfin, face à la difficulté à trouver des candidats tous les ans , « ce sont des cours qui vont fermer petit à petit, constate le maître de conférences Laurent Lima, responsable de la première année de sciences de l’éducation. On a déjà chargé artificiellement la maquette d’heures en autonomie. On a dû réduire le nombre de TD, ce qui n’enchante pas les étudiants ».Alors qu’en parallèle est encouragée l’utilisation de cours enregistrés en vidéos, non réactualisés d’une année sur l’autre, un ingénieur pédagogique de l’université résume cette crainte collective : « Va-t-on vers une université sans profs devant les étudiants ? »

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/10/22/recours-massif-aux-enseignants-precaires-la-realite-c-est-que-l-universite-n

    #ESR #université #facs #Grenoble #France #précarité #précarisation #enseignement_supérieur #UGA #Université_Grenoble_Alpes

    • je pense que c’est une mauvaise lecture du problème, parce que ce n’est pas qu’en France que c’est comme ça ! à Montréal, sur les 4 universités c’est la même chose. Je pense que la réalité est que bon nombre de profs sont fatigués d’enseigner... ou disons préfèrent les cours gradués, et que la majorité des cours undergrads sont faits par des vacataires... et il me semble que c’est pareil dans beaucoup de pays ! dans les universités les plus prestigieuses, il ne faut pas espérer trop voir les profs, qui ont autre chose à faire qu’enseigner en bachelor... (il me semble)

    • Tu as tout à fait raison, mais, ayant travaillé en Suisse (où le recours au travail précaire est aussi prépondérant) et en France, je vois quand même une différence... sur plusieurs plans, que je ne pourrais pas synthétiser ici.
      Mais c’est notamment la vitesse avec laquelle le système est en train de basculer et aussi la lourdeur administrative du système (délétère pour la Suissesse que je suis) qui se répercute sur le nombre toujours plus restreint d’enseignant·es titulaires...

      J’avais écrit cela il y a quelques années un article un peu dans ce sens (https://hal.science/hal-02525636), je venais d’arriver en France et le processus de néolibéralisation/néo-management/précarisation avait commencé avant (avec la fameuse « loi Pécresse » sur l’autonomie des universités : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvements_universitaires_de_2007-2009_en_France) mais avec Macron le mouvement a été accéléré +++. Et quand la loi #LPPR a été approuvée, ça a été le début de la fin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_programmation_de_la_recherche_pour_les_ann%C3%A9es_2021_%C3%A0_

  • Mer Égée : quatre morts, deux femmes et deux bébés, dans un naufrage au large de Kos - InfoMigrants
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    Mer Égée : quatre morts, deux femmes et deux bébés, dans un naufrage au large de Kos
    Par La rédaction Publié le : 16/10/2024
    Deux femmes et deux nourrissons sont morts près de l’île grecque de Kos, après une manœuvre qui a fait chaviré leur embarcation pneumatique, ont rapporté les autorités. De son côté, l’ONG Aegean Boat Report avance un « refoulement » des gardes-côtes qui « aurait mal tourné ».
    Malgré le temps clément, le canot n’est pas venu à bout de la traversée. Quatre personnes – deux femmes et deux bébés - sont mortes dans le naufrage de leur embarcation près de l’île grecque de Kos, dans la mer Egée, ont indiqué mardi 15 octobre les gardes-côtes grecs. L’accident s’est produit lorsque le pilote du petit bateau a fait une manœuvre maladroite, selon le récit d’Athènes. La nationalité des victimes n’a pas été communiquée. Vingt-sept personnes ont tout de même pu été secourues, dont dix étaient déjà dans l’eau lorsque les autorités sont intervenues. Un homme, le passeur présumé de la traversée, a été arrêté.
    D’après la presse grecque, trois navires des gardes-côtes ainsi qu’un navire commercial ont poursuivi les recherches dans la zone après l’incident. Une autre version du drame a cependant été partagée par l’ONG Aegean Boat Report : d’après des membres des familles des victimes, les gardes-côtes grecs ont intercepté le bateau juste avant qu’il ne chavire. En clair, l’accident serait « un refoulement qui aurait mal tourné », affirme l’association sur sa page Facebook. « Nous ne spéculerons pas [sur les circonstances du drame], mais nous restons ouverts à toutes les éventualités », précise-t-elle.
    Les refoulements vers la Turquie sont légion sur cette route migratoire. La semaine dernière, Aegean Boat Report a comptabilisé 20 « pushbacks », concernant 537 personnes. Dans la moitié des cas, « les autorités grecques ont utilisé des radeaux de sauvetage comme outil d’expulsion illégale : 289 personnes ont été abandonnées à la dérive, impuissantes » en pleine mer Égée, indique-t-elle.
    Les autorités sont depuis des années accusées de refoulements violents en mer Égée. InfoMigrants reçoit régulièrement des témoignages de migrants faisant état de ces pratiques. Des vidéos et enquêtes ont montré aussi, à plusieurs reprises, les agissements des gardes-côtes à l’égard des exilés. Un rapport publié en novembre 2023 par Médecins sans frontières (MSF) affirmait même que les refoulements illégaux vers la Turquie « sont devenus la norme » et qu’ils s’accompagnent de « cycles de violences ». Des dénonciations graves, sans effet jusqu’ici, et qu’Athènes a toujours nié.
    La Grèce est l’une des portes principales d’entrée des migrants en Europe. Depuis le début de l’année, plus de 39 000 personnes sont arrivées en Grèce, dont 36 000 par voie maritime, d’après les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Malgré les courtes distances qui séparent la Turquie des îles grecques, les naufrages sont nombreux dans la zone. En septembre, trois migrants sont morts après que leur embarcation pneumatique a coulé près de l’île de Samos. Cinq passagers avaient été secourus, mais selon certains médias, le nombre de disparus pourrait atteindre au moins 20 personnes.

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