• Ni « putes » ni prudes, et surtout pas « pédés » : attentes de genre chez les adolescent.e.s
    http://theconversation.com/ni-putes-ni-prudes-et-surtout-pas-pedes-attentes-de-genre-chez-les-

    Les outils numériques amplifient le poids des standards de genre Les outils numériques offrent des conditions idéales aux adolescent.e.s qui se prêtent à cet exercice de la conformité de genre pilotée par la conformité aux standards de féminité/de masculinité, et d’hétérosexualité.

    • L’adolescence est une période de conformité aux stéréotypes de genre, mais également de mise en marge de celles et ceux qui ne se conforment pas à différents degrés à ces attentes (adolescent.e.s trans ou questionnant leur identité de genre, adolescent.e.s gays, lesbiennes, bisexuel.le.s, garçons studieux ou artistiques, filles revendiquant un intérêt pour la sexualité ou le sport, etc.).

      Si l’article dit vrai on vit dans une époque réactionnaire où les images imposées par une majorité de droite (eh oui, l’orientation ne se définit pas qu’à traver des choix économiques et dans le cadre d’un système politique établi) exercent une néfates énorme pression sur les jeunes.

      Quand le lis ce genre de témoignage je me sens comme si ma jeunesse s’était passé dans une bulle de liberté parfaite où on mettait en question tout ce qu’on rencontrait, tout c’e qui nous intéressait, et surtout nos comportements et idées par rapport à nos corps et à notre sexualité. Pourtant on avait les mêmes soucis et préoccupations que partagent depuis toujours les jeunes du monde entier.

      La preuve :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Rom%C3%A9o_et_Juliette
      https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89veil_du_printemps
      etc.

      #jeunesse #sexualité

    • On vit sans doute dans une époque où reviennent avec une vigueur qui nous surprend des idées réactionnaires. Le sentiment est renforcé peut-être par le côté contre-intuitif lié à une représentation implicite d’un inéluctable progrès historique qui, du coup, ne se vérifierait pas.
      Il est vrai que le « sens commun » semble revenir sur des terres conservatrices, mais je doute que « c’était mieux avant ». Mes souvenirs de mes jeunes années (des vestiaires de la piscine à l’école, aux « discussions entre mecs » de l’adulescence en passant par l’intégration aux groupes de collégiens ou lycéens) sont finalement assez proches de ce qui est décrit. Les mots n’étaient pas les mêmes, mais les mécanismes oui, très exactement.

      Cf. aussi : https://seenthis.net/messages/536128

      Lorsque nous vieillissons, d’autres phénomènes s’ajoutent et influent sur notre mémoire. La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle montre par exemple qu’avec l’âge, nous retenons plus facilement les stimuli (événements, visages, informations) positifs que négatifs, ce qui pourrait expliquer physiologiquement notre tendance à dire que « c’était mieux avant ».

      Une des explications avancées serait qu’en vieillissant, la perspective de notre finitude nous pousserait à nous concentrer davantage sur notre bien-être et sur la régulation de nos émotions, et donc de prioriser le positif (voir ici ou ici). Pourtant, il semble que cette reconstruction optimiste du passé ne nous aide en définitive pas vraiment à positiver le présent, car nous serions confronté au quotidien à une réalité moins idyllique que nos souvenirs.

    • Tu as sans doute raison… je ne me sens pas assez calé pour répondre vraiment.
      Je suis juste surpris que ça ait pu être moins pire qu’aujourd’hui à une époque où une partie des « indicateurs » que tu mentionnes n’existaient même pas faute d’un minimum de conscience sociale de ces problématiques hors des cercles de militantes. Par exemple, tu parles du consentement, si on prend le marqueur du droit, le premier cas de crime de viol entre époux reconnu par la justice date de 1990, donc intuitivement j’ai du mal à croire que dans les années 80, les mentalités rendaient les hommes plus attentifs à la question du consentement qu’aujourd’hui.
      Mais bon, je ne suis ni légitime ni expert de ces questions. Je vais juste tenter de prendre l’exemple de la littérature jeunesse que je connais un peu mieux pour illustrer mon questionnement sur le « c’est de pire en pire ». Avant 1968, les stéréotypes de genre en littérature jeunesse n’étaient même pas en débat. Dans les années 70, il y a eu Adela Turin, les éditions « Le sourire qui mord », etc. Mais qui les lisaient ? Plus de vingt ans plus tard (!), en 1999, nous avons la thèse d’Hélène Montardre, intitulé « L’image des personnages féminins dans la littérature de jeunesse française contemporaine de 1975 à 1995 » qui pointent une force des représentations stéréotypées et une hégémonie des héros garçons. Un travail de conscientisation est fait avec en pointe l’indicateur « présence en couverture d’héroïnes filles non stéréotypées pouvant être un modèle d’identification ».
      Aujourd’hui, où en est-on ? À la fois, il y a un fort retour de la littérature et des magazines genrées, donc c’est pire. Mais en même temps, il y a de nombreuses ressources déclinées en fictions et documentaires qui n’existaient pas il y a 8 ans lorsque j’ai commencé à travailler sur le thème « égalité filles-garçons », les listes bibliographiques ont fleurit permettant un meilleure essaimage de cette question auprès des professionnel.le.s de l’enfance, comme on dit. L’édition généraliste a aussi été sensibilisé et a pris en compte l’indicateur mentionné plus haut. Ainsi une auteure me disait qu’un magazine d’histoires pour petits à grand tirage lui avait pris une fiction courte en lui demandant de changer le garçon, personnage principal, en fille, car ils n’avaient pas leur quota sur l’année. Donc ce n’est pas si simple que de dire « c’est pire » (ce qui est ma première intuition lorsque j’entre dans une maison de la presse ou un espace culturel Leclerc).
      Je peux me tromper mais j’ai l’impression qu’en terme de racisme, sexisme, grossophobie, etc, ce n’est pas pire qu’avant. Par contre ce qui a changé et qui fait craindre le pire, c’est que depuis les années 70, on était dans une dynamique de délégitimation de ces oppressions, et qu’aujourd’hui le vent souffle dans l’autre sens, et ça fait peur.

    • Le discours public s’est individualisé. La liberté est aujourd’hui définie comme une choses individuelle, alors qu’on la considérait possible qu’à travers des actes collectifs. Les comportements et préférences sexuelles furent alors considérées comme des fonctions de l’existence d’êtres sociétals. D’où la possibilité d’établir un lien systématique entre sexualité et révolution (ou réaction) politique. Cette vision dialectique des choses n’existe plus dans la conscience collective, enfin individuelle ;-).