• La production de l’évidence hétérosexuelle chez les enfants | #Kevin_Diter, dans Actes de la recherche en sciences sociales 2023/4
    https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2023-4-page-20.htm
    Une présomption hétérosexuelle omniprésente et diffuse

    La perception de l’évidente #hétérosexualité des #enfants apparaît tout d’abord dans la manière dont les pères, les mères, les professeur·es et animateur·rices définissent et caractérisent les relations entre enfants : quand un·e enfant joue, parle, rigole avec un·e enfant du même sexe, cet échange est aussitôt pensé et défini comme une relation amicale. Il s’agit de deux ou plusieurs meilleur·es copains ou copines qui « aiment passer du temps ensemble », « se raconter leur vie », « faire les 400 coups » ou « se chamailler pour un oui ou un non, avant de se réconcilier » [...]. À l’inverse, lorsque deux enfants de sexe différent s’amusent ou restent simplement à proximité, sans montrer de faux signes d’agacement ou sans faire semblant de se repousser, la relation perd son caractère amical. Elle est immédiatement requalifiée par les adultes, puis par les autres enfants assistant à la scène, comme une relation amoureuse, et ce de façon d’autant plus vive si le garçon et la fille sont en « tête à tête » et restent relativement à l’écart de leurs copains et copines respectif·ves.

    Cette redéfinition amoureuse des relations garçons-filles s’effectue même lorsque les enfants ne sont pas d’accord avec la labélisation proposée et estiment être dans une relation purement amicale.

    [...]

    La présomption hétérosexuelle des enfants se donne ensuite plus directement à voir dans les discussions parents-enfants, ou plus précisément les discussions mères-enfants, lorsqu’elles et ils abordent ensemble la question de leurs « vraies amours », c’est-à-dire de leurs #amours adolescentes et adultes, de leur mariage à venir, voire de la conception des enfants. [...]

    Quand je demande aux mères et aux pères (qui sont toutes et tous hétérosexuel·les) s’il leur arrive d’évoquer lors de ces échanges les amours entre deux filles ou entre deux garçons, les réponses sont souvent identiques. Elles oscillent entre le « trop petits pour comprendre, on verra ça plus tard » et le « non » franc et massif [...].

    Enfin, la présomption hétérosexuelle ressort de manière flagrante au moment de la Saint-Valentin ou à la fin des vacances, quand les adultes organisent des activités « romantiques », comme les boums, dont le but premier et présenté comme tel est de permettre aux enfants « d’aller à la rencontre de leurs amoureuses », et plus généralement, lors des slows, de « mélanger un peu les filles et les garçons » et de « voir des petits couples se former » pour reprendre les expressions amusées des animateurs et animatrices qui encadrent les activités dansantes. Lors de ces évènements, l’hétérosexualité – et l’ordre du genre sur lequel elle repose et qu’elle participe à légitimer – sont « hyper-ritualisées  » [...].

    Une homosexualité possible et pensable uniquement « à la troisième personne »

    Tous les exemples [d’#homosexualité] pris par les enfants renvoient à des ami·es ou à des membres de la famille de l’âge de leurs parents (qui ont tous et toutes des enfants et qui ont donc fait preuve d’un véritable amour). L’homosexualité ne semble pas relever du champ du possible pour les enfants elles- et eux-mêmes. Cette mise à distance du monde enfantin de l’homosexualité est particulièrement saillante quand je leur demande si elles et ils pourraient être amoureux/ses d’un·e enfant du même sexe. Elles et ils me répondent immédiatement et sans aucune hésitation par la négative [...]. En d’autres termes, un effet de troisième personne émerge de leurs commentaires : si l’homosexualité entre dans le champ du possible et du pensable des enfants, et peut leur apparaître légitime, elle ne l’est pas pour elles et eux. Elle l’est uniquement pour d’autres personnes, des personnes relativement éloignées d’elles et eux puisqu’appartenant au seul monde des adultes. Cette mise à distance enfantine peut s’expliquer par le fait que les histoires de couple ou d’amour homosexuels que les filles et les garçons connaissent ne concernent généralement que des adultes et sont mentionnées sous le sceau du secret, signalant et renforçant leur caractère anormal pour les enfants. 

    De vraies amitiés entre filles et garçons

    Plusieurs enfants soutiennent, malgré les moqueries dont elles et ils ont pu parfois faire l’objet, que l’« amitié avec les garçons, ça existe vraiment » (Céline, CM1...), « [qu’] on peut être copain avec une fille, sans qu’elle soit notre amoureuse » (Clément, CM2...), concédant toutefois que « c’est quand même vachement rare ». Elles et ils prennent le plus souvent pour exemple des #amitiés hétérosexuées qui se sont développées dans le cadre domestique ou lors de vacances, loin des regards moqueurs et des risques de rappel à l’ordre hétérosexuel de la part de leurs camarades d’école ou des professionnel·les de l’enfance. Ces amitiés se tissent le plus souvent avec les copains/copines de leur(s) frère(s) ou sœur(s) aîné·e(s) ou avec les enfants des ami·es de leurs parents, qui ont tous et toutes pour point commun de ne pas avoir le même âge. Cette différence d’âge, tout comme la coprésence imposée de l’enfant de l’autre sexe (puisque ce sont les autres membres de la famille qui l’ont convié·e au domicile), permettent aux amitiés filles/garçons de se développer sereinement dans la mesure où elles endiguent, voire suppriment, tout soupçon d’amour naissant. Les enfants des deux sexes qui jouent ensemble ne peuvent être des amoureux puisqu’ils et elles n’ont pas choisi d’être réuni·es. Ils et elles le sont, contre leur gré, du fait de l’intervention de personnes extérieures. De même, l’écart d’âge rend le développement de toute relation amoureuse impossible en raison de la distance (sociale) qui sépare les « grand·es » des « petit·es ». Ces dernier·ères seraient trop éloigné·es, trop différent·es pour qu’un sentiment plus fort qu’une simple camaraderie n’émerge .

    #homophobie #sexisme

  • #Barbie

    Parallèlement au monde réel, il existe Barbieland, un monde parfait où les poupées Barbie vivent joyeusement, persuadées d’avoir rendu les filles humaines heureuses. Mais un jour, une Barbie commence à se poser des questions et à devenir humaine.

    Sur les conseils d’une Barbie bizarre, elle part pour le monde réel afin de retrouver la fille à laquelle elle appartenait afin de pouvoir retrouver sa #perfection. Dans sa quête, elle est accompagnée par un #Ken fou amoureux d’elle qui va également trouver un sens à sa vie dans le monde réel…

    https://www.youtube.com/watch?v=5oBOyBxxHlk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.genre-ecran.net


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbie_(film)
    #film #comédie #patriarcat #stéréotype #réalité

    • Une opération commerciale de #blanchiment_féministe

      Voilà un (trop) bel exemple de la capacité d’Hollywood de récupérer même les avancées politiques et idéologiques qui paraissent a priori les plus contradictoires avec ses visées capitalistes : soit un moment fort de la lutte d’#émancipation des femmes (depuis le déclenchement de #MeToo), une entreprise capitaliste (#Mattel) qui produit depuis 50 ans la Barbie, une #poupée mondialement célèbre figurant le #stéréotype_féminin le plus aliénant de la #société_de_consommation, et dont les ventes sont en déclin du fait des critiques féministes. Résultat : une actrice productrice, Margot Robbie, connue pour son féminisme fait appel à une jeune réalisatrice, Greta Gerwig, qui s’est fait connaître pour ses portraits progressistes de personnages féminins (Lady Bird, 2017 ; Les Filles du docteur March, 2021), pour faire un film qui reconfigure Barbie au prisme du féminisme contemporain, avec le financement de Mattel (le film a coûté 100 millions de dollars) qui orchestrera la promotion du film et la relance des ventes de poupées par la même occasion… Mattel n’a pas caché son ambition de créer une franchise, à l’image de Marvel.

      Le film porte la marque de cette alliance de la carpe et du lapin, en tentant d’orchestrer la régénération féministe du monde de Barbie, tout en voulant nous faire croire que la conception d’origine de la Barbie (par une femme) était un projet émancipateur : permettre aux petites filles de cesser de jouer à la maman avec leur poupon, pour se projeter dans une image flatteuse d’elles-mêmes en tant que femmes.

      Le film met d’abord en scène le « Barbie Land » habité par toutes les déclinaisons de la poupée que Mattel a mis sur le marché depuis 50 ans, dont celle qui se nomme elle-même comme la « #Barbie_stéréotypée » (incarnée par Margot Robbie) et qui est au centre de ce petit monde où les hommes, les Ken, ont besoin du regard des femmes pour se sentir exister (on aura reconnu l’inversion du monde où les femmes dépendent du « #male_gaze », tel que le cinéma mainstream le construit). Mais ce monde se détraque le jour où Barbie a une pensée morbide : elle devra partir dans le monde réel à la recherche de la femme qui a dessiné cette Barbie dépressive pour la neutraliser.

      Elle part avec Ken (Ryan Gosling) pour la Californie, où ils ont la surprise (divine pour Ken) de découvrir une société patriarcale où les femmes sont au service des hommes et exclues du pouvoir : le conseil d’administration de Mattel que Barbie va rencontrer, est exclusivement masculin et n’aura de cesse de faire repartir Barbie dans son monde, pour éviter toute contamination du monde réel avec le Barbie Land où le pouvoir feint d’appartenir aux femmes. Cette représentation satirique de la direction de Mattel relève davantage d’un stéréotype du cinéma hollywoodien contemporain que d’une critique réelle du capitalisme états-unien.

      Barbie rencontre deux femmes au look latino, une mère et sa fille, aussi brunes qu’elle est blonde, qui sont à l’origine de son dysfonctionnement. C’est Gloria, la mère (America Ferrera), employée chez Mattel, qui a dessiné des déclinaisons négatives de Barbie, alors que sa fille Sasha (Ariana Greenblatt) formule les critiques féministes de Barbie. Elles vont bizarrement devenir les alliées de Barbie pour l’aider à retrouver Barbie Land, qui entretemps est passé sous domination masculine, suite à la découverte faite par Ken du patriarcat dans le monde réel.

      La suite est assez confuse : la guerre des sexes dans Barbie Land donne lieu à plusieurs séquences mettant en valeur chorégraphiquement la plastique masculine, avant que les Barbies reprennent le pouvoir, galvanisées par le discours féministe de Gloria. Mais Barbie choisit finalement de revenir dans le monde réel avec ses deux alliées humaines, et sa première démarche en tant que « vraie femme » est de prendre rendez-vous dans une clinique gynécologique : on peut s’interroger sur cette fin qui réduit le discours féministe à une vision essentialiste de « la » femme…

      https://www.genre-ecran.net/?barbie=
      #féminisme

    • Féminisme et Barbie, Ana Dumitrescu

      https://blogs.mediapart.fr/ana-dumitrescu/blog/230723/feminisme-et-barbie

      Barbie : ce qui a attisé ma curiosité et m’a incité à y aller, ce sont les nombreux commentaires selon lesquels ce film est « féministe ». Mais le fond du #film tourne finalement autour de Ken et non pas de Barbie. C’est lui qui impose le débat et qui contraint l’action. Attention, je « spoile » l’intégralité du film pour le décrypter.

      un bon article opportunément signalé par @biggrizzly pour faire suite au propos d’une identitaire d’extrême droite dénonçant le wokism-féminisme (...) https://seenthis.net/messages/1011025

      (c’est pas tant l’alliance de la carpe et du lapin que féministes bankable sur le marché de la désintégration de tout discernement)

      ce Dumitrescu : #toctoc

      #cinéma

    • en vrai, Ken est un chic type, il a mis la mer à Tarbes.
      https://www.leboncoin.fr/ventes_immobilieres/2383862345.htm

      Nous vous présentons cette magnifique villa avec piscine sur le centre ville de Tarbes. Une jolie maison de 145 m2, avec 4 chambres dont une suite parentale avec salle d’eau et dressing. Maison sur 3 niveaux , avec 3 terrasse, salle de sport / fitness, grand dressing, cuisine d’été, et grand garage.

    • Greta Gerwig entre dans le club très masculin des films qui ont rapporté plus de 1 milliard de dollars
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/11/avec-barbie-greta-gerwig-entre-dans-le-club-tres-masculin-des-films-qui-ont-

      EN UN GRAPHIQUE – Jamais un film réalisé par une femme, sans coréalisateur masculin, n’avait dépassé ce montant symbolique au box-office mondial.

      #$ #cinéma #femwashing

    • ça vous paraît lunaire que des gens voient dans Barbie de la promotion de l’homosexualité ?? Louise Kervella, PhD @ForzaBombardier
      https://twitter.com/ForzaBombardier/status/1691121401271574529

      L’obsession représentationniste vous aveugle vous êtes incapables de voir une critique de l’hétérosexualité
      littéralement à la fin Barbie s’émancipe de son couple qui lui apportait rien en devenant humaine et Ken comprend qu’il n’a pas besoin du regarde d’une femme pour être heureux et qu’il se suffit à lui-même
      On peut pas comprendre l’homophobie des État réactionnaires sans comprendre le rôle que joue le couple hétérosexuel dans le capitalisme à savoir la reproduction de la force de travail. Tout ce qui remet en cause le couple hétérosexuel peut-être un danger pour la classe dirigeante
      En plus on a vu plusieurs articles passer qui disaient que des femmes rompaient avec leur mec après avoir vu Barbie. C’est de ça qu’ont peur les pays qui l’interdise. Bien sûr c’est pas un film révolutionnaire non plus faut pas exagérer, mais il porte une critique

      y’a une différence entre la possibilité réelle pour le film de convaincre à l’homosexualité politique et la peur que ça arrive de la part de la bourgeoisie. Faut voir comment ils exagèrent à 1000% tous les combats féministes. Genre les suffragettes qui veulent le droit
      De vote sont présentée comme voulant asservir les hommes. Les militantes pour l’avortement sont présentées comme des tueuses d’enfants sanguinaires qui veulent que l’humanité cesse de se reproduire. Les militants pour le mariage gay sont présentés comme voulant supprimer la
      Famille hétérosexuelle. Moi ça me choque pas que Barbie qui critique un peu le patriarcat et le couple hétérosexuel, le montre comme pas nécessaire pour être heureux soit présenté comme de la promotion de l’homosexualité (en plus les hommes portent du rose)

      #hétérosexualité #couple #homosexualité

    • Barbie, la #femme_parfaite ?

      Plus de soixante ans après sa naissance, la poupée Barbie séduit toujours autant. Entre stéréotypes et discours émancipateurs, exploration d’un jouet iconique qui s’est transformé au gré des époques.

      Nul besoin de la présenter. Adoptée par plusieurs générations d’enfants, Barbie est une véritable icône intergénérationnelle. Imaginée en 1959 par la femme d’affaires américaine Ruth Handler, la célèbre poupée s’est rapidement retrouvée dans tous les foyers américains avant de conquérir le reste du monde. Astronaute, chirurgienne ou encore candidate à la présidentielle, Barbie devait initialement encourager les petites filles à se projeter dans des carrières masculines. Longtemps décriée pour sa silhouette filiforme et ses proportions irréalistes, elle incarne aujourd’hui une forme de diversité : au gré de ses avatars, elle est ainsi représentée dans un fauteuil roulant ou porteuse de trisomie 21. Désormais héroïne d’un film au prestigieux casting, la poupée est aussi devenue une influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux.

      https://www.youtube.com/watch?v=gB_Ws3uRM5Q


      #icône #Ruth_Handler #Mattel #Lilli #poupée #modèle #Rolemodel #diversité #féminisme #féminité #jeu #hijab #voile #hijarbie #corps

  • Les mamans les plus puissantes d’Amérique | Kiera Butler
    https://cabrioles.substack.com/p/les-mamans-les-plus-puissantes-damerique

    Leur croisade contre l’éducation publique n’est qu’un début.

    Que feront donc les Moms for Liberty si elles prennent le contrôle des conseils scolaires ? Elles promettent des choses claires, comme lutter contre et les mesures de prévention sanitaire (masques et vaccins) et faire pression sur les bibliothèques scolaires pour qu’elles retirent les livres qu’elles jugent obscènes. Elles veulent supprimer les enseignements sur le racisme systémique, les livres adaptés aux LGBTI, les aménagements pour les étudiant·es transgenres. Mais, si vous écoutez attentivement, vous pourrez entendre des allusions à un objectif bien plus radical : liquider les écoles publiques.

    Kiera Butler est rédactrice en chef chez Mother Jones. Elle couvre les sujets santé, alimentation et environnement. Elle supervise aussi les reportages sur les pandémies. Kiera a contribué au lancement et à la co-animation du podcast MoJo’s food politics, Bite. Elle est l’autrice du livre Raise : What 4-H Teaches 7 Million Kids- and How Its Lessons Could Change Food and Farming Forever (University of California Press).

    Fondé en 1976, Mother Jones https://www.motherjones.com est un organe d’informations et d’investigation indépendant à but non lucratif financé par ses lecteurs. Récompensé par ses pairs comme Magazine de l’année, Mother Jones aborde les grands thèmes de l’époque, de la politique à la justice pénale et raciale, en passant par l’éducation, le changement climatique et l’alimentation/agriculture. Mother Jones c’est aussi le nom sous lequel est connue la militante activiste Mary G. Harris Jones fondatrice des Industrial Workers of the World
     

    [Note de Cabrioles] En cette rentrée scolaire 2022 nous vous proposons en collaboration avec l’indispensable Action Antifouchiste - qui mène un précieux travail de veille à propos des réseaux conspiracistes anti-prévention - la traduction de cette enquête sur les Moms for Liberty qui semblent être l’une des principales sources d’inspiration du groupe français les Mamans Louves, un des satellites du réseau antisémite de désinformation médicale Réinfocovid.

    _____________________________________

    C’est la première journée complète du sommet national inaugural des « Moms for Liberty, Joyful Warriors », et 500 de ces joyeuses guerrières écoutent attentivement le discours d’ouverture du gouverneur de Floride, Ron DeSantis. La grande salle de bal du Tampa Marriott est bondée. Autour des tables, les « Mamas for DeSantis » agitent des pancartes et portent des T-shirts aux slogans explicites : « Je ne coparente pas avec le gouvernement », « Arrêtez l’endoctrinement Woke ». Elles se trémoussent et applaudissent lorsque DeSantis, qui envisage la course aux présidentielles en 2024, se vante d’avoir résisté au « gauchisme » de Disney ou encore lorsqu’il se réfère au président « gaffeur » Joe Biden.

    Les mamans ont été chauffées à blanc toute la matinée : la journée a débuté par une version « luxe » de l’hymne national additionné d’un couplet rarement chanté ajouté en 1986, sous les regards d’une Garde d’Honneur de quatre adolescents, drapeaux, sabres et fusils aux clairs. S’est ensuivi une prière faisant appel à Dieu dans la lutte contre le fléau du progressisme dans les écoles. Lorsque M. De Santis est finalement monté sur scène, trois dirigeantes de Moms for Liberty lui ont remis une épée bleu vif, ornée du logo du groupe. « C’est ce que les gladiateurs recevaient en récompense après avoir livré une longue et dure bataille pour la liberté », a déclaré la fondatrice du groupe, Tina Descovich. « C’est une distinction remise par l’ensemble des Moms for Liberty, pour tout ce que vous avez fait pour défendre les droits des parents. » Serrant l’épée dans ses bras, DeSantis a souri à la foule tandis que la presse, au fond de la salle de bal, les mitraillait de photos.


    Le gouverneur Ron DeSantis reçoit « The Liberty Sword » lors du sommet national Moms for Liberty à Tampa.

    « Les droits des parents », c’est le cri de ralliement de Moms for Liberty. Elles ne parlent cependant pas de tous les droits. Elles ne se préoccupent, par exemple, pas du droit d’un parent à garantir la sécurité de son enfant LGBTI à l’école, ou que son enfant immunodéprimé·e, soit protégé·e du Covid. C’est au contraire autour de préoccupations parentales résolument conservatrices et réactionnaires qu’elles ont engagés leur action. Elles veulent supprimer les enseignements sur le racisme systémique, les livres adaptés aux LGBTI, les aménagements pour les étudiant·es transgenres et les mesures de prévention sanitaire (masques et vaccins). Elles défendent aussi le deuxième amendement, celui-là même qui a permis les tueries dans les écoles américaines. Elles travaillent à la réalisation de ces objectifs avec une bonne humeur aussi inébranlable que factice, d’où le thème de la conférence : « Guerrières Joyeuses ». « Les gens veulent être entourés de personnes joyeuses », déclare une des organisatrices. « Ils ne veulent pas nécessairement être entourés de personnes en colère, qui crient, qui hurlent, sinon ça ne va pas se développer ».

    Moms for Liberty n’est pas le seul groupe de défense des droits des parents à s’être constitué ces dernières années dans la bataille pour l’hégémonie culturelle, mais c’est l’un des plus importants. L’organisation a été officiellement fondée début 2021. À peine 19 mois plus tard, elle compte plus de 100 000 membres dans quelque 200 groupes locaux répartis dans 38 États.

    Les positions extrêmes de ses partisan.es au sujet de l’éducation, avait déjà donné au mouvement une visibilité médiatique nationale. Récemment, dans le New Hampshire, une section locale a offert une récompense de 500 $ à quiconque surprendrait un·e enseignant·e qui parlerait à ses élèves de racisme systémique. L’année dernière, après que la fondatrice de Moms for Liberty, Tina Descovich, ait perdu sa course pour intégrer le conseil scolaire dans le comté de Brevard en Floride, son adversaire, Jennifer Jenkins, a rapporté que le groupe était à l’origine de manifestations menaçantes. « Nous venons vous chercher », « Pédophile », criait la foule rassemblée devant son domicile, rapporte un éditorial du Washington Post. « Nous arrivons comme un train en marche ! Nous allons vous faire demander grâce. Si vous pensiez que le 6 janvier [attaque du Capitole par les partisan·es de Trump Ndt] était terrible, attendez de voir ce qu’on vous réserve ! ».Une personne malveillante l’avait dénoncée au ministère de l’Enfance et de la Famille, affirmant à tort qu’elle avait abusé de sa fille de 5 ans. « S’il y a des divergences d’opinion sur ce qui est juste pour tous·tes les élèves, je serais ravi d’en discuter », a-t-elle écrit. « Mais j’ai aussi des droits, et cela inclut le droit d’être à l’abri du harcèlement et des agressions. » (La justice a nié l’implication de Moms for Liberty dans cette campagne de harcèlement. "Nous sommes des guerrières de la joie, et notre section n’a jamais été impliquée dans quoi que ce soit de ce genre", ont-t-elles déclaré).

    Le battage médiatique autour de Moms for Liberty tend souvent à les dépeindre comme des « cinglées », impossibles à prendre au sérieux. Mais, ce serait une erreur de sous-estimer leur pouvoir ou la possibilité qu’elles deviennent des actrices décisives dans les élections de mi-mandat. Si elle se présente comme une simple organisation populaire — une association peu structurée de mères partageant les mêmes idées et préoccupées par les tendances progressistes de l’éducation — parmi ses partisan·es, on compte pourtant des poids lourds du mouvement conservateur. D’influent·es stratèges républicain·es font partie de son équipe dirigeante, et d’importants Think Tank de droite leur apportent soutien financier et expertise.

    Toutes ces prouesses politiques conservatrices alimentent un objectif explicite : prendre le contrôle des School Board, les conseils scolaires. (...)

    [2020] Elles commencent alors à s’organiser, avec des ami·es et des voisin·es, ell·eux aussi indigné·es par les politiques de prévention sanitaire liée au Covid. Mais également par ce dont iels ont été témoins lors des cours en distanciel sur Zoom pendant le confinement. « Beaucoup ont été étonné·es de constater qu’au lieu d’apprendre à lire, à écrire et à compter, leurs enfants recevaient des leçons sur des sujets très controversés et d’un intérêt scolaire discutable », écrivent les deux fondatrices, dans une tribune publiée en novembre 2021, dans le Washington Post. (...)

    Si l’association Moms for Liberty est récente, les idées qui l’animent sont anciennes. C’est d’ailleurs une panique morale concernant le bien-être des #enfants qui est à l’origine des toutes premières théories conspirationnistes européennes, qui accusaient les Juifs d’assassiner les bébés chrétiens et de boire leur sang. Cette frénésie complotiste s’est à nouveau manifestée aux USA à partir des années 1950, lors du mouvement pour les droits civiques, lorsque des parents blanc·hes luttant contre la déségrégation ont affirmé que leurs filles seraient violées par des garçons noirs.

    [...]

    Ce n’est pas que les femmes soient plus crédules que les hommes, explique-t-elle. Ce sont plutôt les structures sociales sous-jacentes — celles qui font peser de manière disproportionnée la charge des enfants sur les mères — qui rendent les femmes vulnérables. Les pourvoyeur·euses de désinformation exploitent délibérément ces vulnérabilités. Les femmes ont la lourde charge de protéger les enfants contre tout danger — souvent sans congé familial payé, ni services de garde d’enfants abordables. La menace d’enlèvement et d’agression d’enfants, qui est au cœur des nombreuses théories complotistes qui circulent en ligne, laisse de nombreuses mères dans un état d’anxiété constante. Cette préoccupation obsessionnelle pour la sécurité des enfants, dans un monde rempli de prédateurs, peut constituer un terrain fertile à la propagation de la pensée conspirationniste. « Vous êtes à un moment très incertain de votre vie, dans la période d’incertitude incroyable que nous avons connue, et en plus, vous êtes isolée », dit Moran. Il est compréhensible que des femmes « aillent en ligne où il est trop facile de trouver, non seulement des informations erronées, mais également des communautés incroyables qui se construisent autour de ces narratifs

    #pour_le_bien_de_nos_enfants #Mother_Jones #Moms_for_Liberty #école #école_publique #écoles_sous_contrat #écoles_privées #néo-néo_cons #USA #hégémonie_culturelle #conseils_scolaires #wokisme #conpirationnisme #complotisme #racisme #extrême_droite #QAnon #hétérosexualité

  • Nintendo now provides benefits for Japanese employees in same-sex marriages
    https://www.gamedeveloper.com/culture/nintendo-now-provides-benefits-for-japanese-employees-in-same-sex-mar

    In March 2021, [Nintendo] began providing equal benefits for employees in domestic partnerships with a person of the same sex, meaning that said employees now receive the same support that are given to employees in heterosexual marriages.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #nintendo #japon #homosexualité #hétérosexualité #égalité #couples #ressources_humaines #lgbt #shuntaro_furukawa

    • Tina Turner, ex-femme battue : à 81 ans, elle reste traumatisée

      Dans un nouveau documentaire, cité par The Daily Mail ce mardi 16 mars, Tina Turner s’est confiée sur les séquelles laissées par les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime durant son premier mariage avec Ike Turner.

      Un traumatisme à vie. Elle est des femmes qui ont survécu au pire, armées de résilience et d’un instinct de survie imparable, mais Tina Turner subit encore les séquelles psychologiques laissées par des années de violences conjugales. Les souvenirs restent vifs et l’illustre chanteuse se revoit subir les coups (et les violences sexuelles) de son premier époux et père de ses deux enfants cadets (son premier fils, Craig, était issu de sa relation avec le saxophoniste Raymond Hill), Ike Turner. « Cette scène revient, vous rêvez, la vraie image est là - c’est comme une malédiction », a-t-elle confié dans le documentaire sobrement intitulé Tina, cité par le tabloïd britannique The Daily Mail ce mardi 16 mars et diffusé sur HBO le 2 mars 2021.

      Seize années de calvaire dont Anna Mae Bullock de son vrai nom a tout dévoilé dans les années 1980, lorsque les médias n’ont pu la dissocier de son ex-mari, malgré leur séparation survenue en 1978. Une revanche sur l’homme qui l’avait tant brisée. « Après tout le succès que j’ai eu, les gens parlaient encore d’Ike et de Tina », s’est rappelée la star de 81 ans. « Je ne voulais pas raconter cette histoire ridiculement embarrassante de ma vie. Mais j’ai senti que c’était une façon de me débarrasser des journalistes. » Tina Turner a fini par trouver un réconfort dans les bras du producteur allemand Erwin Bach mais, là aussi, les blessures n’ont pu être dissimulées. Durant les débuts de leur idylle, celui-ci a remarqué que la chanteuse se comportait tel « un soldat revenant de la guerre. » Une attitude qui peut être expliquée par le diagnostic d’un syndrome de stress post-traumatique, décelé chez des survivantes et survivants de violences conjugales.

      https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/tina-turner-ex-femme-battue-a-81-ans-elle-reste-traumatisee_465108
      #violences_masculines #hétérosexualité

    • c’est en 1957, qu’elle fera la rencontre de Ike Turner, qui la fait monter sur scène et deviendra son mentor, son manager, puis son époux. C’est lui qui transforme la jeune Anna en « Tina », en référence au personnage Sheena, reine de la jungle apparue dans un magazine britannique à la fin des années 30. Tina Turner est née.
      https://www.hbo.com/documentaries/tina
      Tina’s gun

  • Woman’s grocery list for husband goes viral and sparks conversation about men’s ’strategic incompetence’
    https://eu.usatoday.com/story/life/health-wellness/2021/09/15/men-weaponize-incompetence-avoid-housework-caring-kids/8336253002

    The grocery list was beautiful, meticulous, a combination of text and photos painstakingly organized. Each item featured a cut-out photograph, so there could be no mistaking it for a similar item, and included accompanying lines for quantity, aisle and price. The list came with a hand-drawn map of the store. Perfect, some education experts say, for a child working on gaining independence during their first time grocery shopping.

    Except this list wasn’t for a child. It was posted by a woman on the social media platform TikTok with the onscreen text, “When I have to send my husband to the store.”

    Some people thought the video was a joke, and while it may have been intended as hyperbole, many users on the platform cited it as an example of what gender experts call “strategic incompetence,” a tactic used by men – sometimes consciously, sometimes not – to avoid equitable division of family work. It is also referred to as “weaponized incompetence” or “performative incompetence,” in which men pretend they are unable to perform certain tasks so women will do them instead.

    On TikTok, the term #weaponizedincompetence has 3.5 million views.

    “Incompetence has its rewards. It allows men to justify the gender-based distribution of domestic labor,” said Francine M. Deutsch, Professor Emerita of Psychology at Mount Holyoke College and author of “Creating Equality at Home: How 25 couples around the world share housework and childcare.”

    Men in heterosexual relationships who fake incompetence at home or blame their poor performance on women’s unreasonable standards (ones sociologists say women have been socialized to maintain in order to be viewed as “good mothers” and “good wives”), harm women by placing the disproportionate burden of family work on their shoulders.

    According to the Pew Research Center:

    74% of mothers say they do more to manage their children’s schedules and activities than their spouse. Only 3% say their husband or partner does more.
    59% say they do more household chores than their spouse, with 6% saying their spouse does more.
    Just 39% of fathers say they were doing a “very good job” raising their children, compared with 51% of mothers.

    “There’s this assumption that women have the skills needed to complete childcare and housework, which means that we then stereotype men as having fewer skills or greater incompetence in this arena, but the reality is that no one is born knowing how to get a stubborn stain out of a shirt in the laundry or to scrub a pot effectively,” said Caitlyn Collins, a sociology professor at Washington University. “We learn how to do this. We are socialized from a very young age into learning what men and women can and should be responsible for.”
    Ruining the laundry, ignoring the children

    More than two decades ago, Deutsch interviewed hundreds of couples for her book, “Halving it All: How Equally Shared Parenting Works,” and found men employed many strategies of resistance to avoid participating equally at home. They included strategic incompetence, passive resistance – where men sit back while women repeatedly ask, nag and cajole – and praise, which may be sincere, but which Deutsch said also has the “insidious effect of keeping the work within women’s domain.”

    ’No’: The one word women need to be saying more often

    Deutsch said one husband she interviewed told her, “It would be a struggle for me to do the laundry. I don’t do it as well as Robin. I think she’s better with that sort of peasant stuff of life.”

    Strategic incompetence can look like a man ruining the laundry, leaving grease on the dishes or ignoring the children. It can sound like a husband who says, “I’m just not very good in the kitchen,” or that his daughter’s shirt buttons are too tiny to fasten himself.

    Collins said she once interviewed a successful working mom in Washington, D.C., married to a man who also worked full-time. The woman told Collins one night she asked her husband to take steak out of the freezer to thaw so she could cook it when she got home. He didn’t.

    “She said ’Caity, I’m embarrassed to say this out loud, but my husband works from home. He’s home all day long, and he could have taken the meat out of the freezer at any point in the day while I’m out at the office, so I can come home and cook, and he couldn’t even do that.’ She was embarrassed to tell me this because her husband was a very, very successful white-collar professional in D.C.” Collins said. “These are smart, capable men, and they weren’t really successful in helping their partners feel less stressed at home.”
    The problem with saying, ’but men were never taught’

    Deutsch said some of her detractors argue incompetence is not a strategy. It’s simply that men weren’t taught how to perform these tasks.

    “If you think about it for five minutes, you’ll realize that’s ridiculous,” she said. “Many women today, my husband and I, neither of us had ever held a newborn baby before our child was born. We both were novices.”

    Deutsch said she once interviewed a machinist who couldn’t figure out how to do the laundry. She’s talked to men who are employed in high-level management who did not contribute to the overall management of their homes.

    Analysis: What your mom actually needs

    “It’s one of the most intractable gendered things. And the men constantly said to me things like, ’She’s just more organized than I am.’ Well, some of these men were managers at work,” she said. “It’s not an issue of competence. It’s motivation. If you want to learn how to cook, do the laundry, take care of children, manage the household chores, certainly most men are capable of doing this.”
    Why women are sometimes unwilling to let go of the work

    Deutsch said some men are likely consciously manipulative, while others have simply learned there are benefits to doing less. And many women continue to do the lion’s share of managing their homes, Collins said, because they have been socialized to believe it is their responsibility.

    “It makes sense that women are unwilling to just let these tasks drop completely, like the laundry, changing diapers, helping with homework, scheduling doctor’s appointments,” Collins said. “Women aren’t really willing to let those things fall by the wayside and so they step in when their partners fumble to do the work, but there is no safety net for them when they don’t do those tasks.”

    That feeling you can’t name?: It’s called emotional exhaustion

    A woman who runs her household well is viewed as a “good woman,” which is why so many women have high standards for family work. It’s an authentic pressure but can have a backfire effect, leading to what gender experts call “maternal gate-keeping,” when some women prevent partners from helping because they don’t think they can complete the tasks as well.

    There are times, Deutsch said, when women must relax standards in order to achieve equity at home. Men also can’t blame their lack of participation on those standards, especially because some are non-negotiable.

    “Some standards are really important,” Deutsch said. “If the kid’s in the swimming pool, somebody has got to be watching them.”
    ’It’s a lot of work to try and be equal’

    Getting men to participate equally at home is its own kind of labor, in some ways more daunting than household tasks.

    “It’s a lot of work to try and be equal,” Collins said.

    Collins says the popularity of these videos on TikTok shows women have found an outlet for expressing frustration with their partners. They have also captivated an audience that’s encouraged them to demand better.

    “We do not teach women to express anger or rage at all in their lives and certainly not in the context of their families and in their relationships. We socialize women to put up with a lot that isn’t acceptable,” Collins said. “What you’re seeing on TikTok is a way women have found to express themselves with a veiled, kind of loving humor. But what you’re also seeing is people saying, ’that’s pretty messed up. You can expect more.’”

    Deutsch said some men won’t change. Other men can and will. But developing more empathy for their spouses may not be the right catalyst. Some degree of appreciation is likely already there, and the increased help a husband provides a burnt-out spouse at her wit’s end is not likely to last. For work to be shared at home, men need to believe equality matters. Women need to recognize they deserve it.

    “Equality is more straightforward than helping,” Deutsch said. “Helping is very ambiguous. How much help is required? When you commit to equality, it’s not ambiguous. It’s very clear what equality is. Maybe you’ll negotiate about a particular thing, but it’s a principle that you can always look to and ask, ’are we equal now?’”

    #domination_masculine #technique d’ #oppression #masculinisme #discrimination #hétérosexualité #incompétence_stratégique

  • LE MYTHE DE LA LIBIDO FEMININE FAIBLE

    Récapitulons : les femmes sont génitalement mutilées, lapidées, fémicidées, individuellement et collectivement violées, stigmatisées, slut shamed si elles prétendent prendre le contrôle de leur sexualité. Elles sont utilisées comme instrument masturbatoire disposable, soumises dans les rapports sexuels à des pratiques pornographiques dégradantes et dangereuses (étranglement, tirage de cheveux, etc.), privées de toute possibilité d’expérimenter une sexualité gratifiante par leur réduction au rôle de simples auxiliaires de la jouissance des dominants. Et vivent sous la menace toujours présente de leur violence. A cela s’ajoute la fatigue de la double journée, l’exaspération et le ressentiment envers un conjoint qui vous laisse assumer 80% des tâches domestiques et familiales, la charge mentale, les tue-le-désir des chaussettes sales qui traînent et autres promiscuités quotidiennes qui désérotisent le partenaire. Et on s’étonne—si même elles ne simulent pas un orgasme pour ménager l’ego masculin—qu’elles ne manifestent pas un enthousiasme démesuré pour les rapports sexuels standard ? Attribuer aux femmes des pulsions sexuelles faibles, c’est un peu comme de remplir la gamelle de son chat de navets, lui envoyer une décharge électrique à chaque fois qu’il s’en approche et en déduire qu’il n’a pas faim.

    Toutes les sociétés patriarcales sont obsédées par le contrôle de la sexualité des femmes, et toute manifestation d’autonomie sexuelle de leur part y est vécue comme menaçant leur existence même. Cette sexualité a donc toujours été férocement réprimée depuis des millénaires dans la quasi-totalité des cultures–ce qui fait d’elle une terra incognita.

    On ne peut donc pas avoir la moindre idée de ce que serait une sexualité féminine absolument libre—parce que, au moins dans les temps historiques, elle ne l’a jamais été. Nonobstant les slogans des 70s, la libération de la sexualité féminine—celle où les femmes feraient exactement ce qu’elles veulent sexuellement et surtout ne feraient pas ce qu’elles ne veulent pas–n’a toujours pas eu lieu : avec l’omniprésence du porno, on a de nouveau changé de norme, les femmes sont désormais tenues de « s’éclater » sexuellement mais le projet patriarcal qui sous-tend ces injonctions contradictoires est toujours le même : l’image de la « chaudasse » pornifiée et celle de la bonne mère asexuée ne sont que les deux faces d’une même entreprise immémoriale de répression de toute forme autonome de sexualité féminine.

    #féminisme #hétérosexualité #mâle-alphisme #viol #culture_du_viol #male_gaze #parasitisme #excision #slut_shaming #harem #éthologie #libido #harcelement

  • Un agresseur peut-il être condamné pour avoir frappé une femme pendant un rapport sexuel ?
    http://ellesaimentca.com/un-agresseur-peut-il-etre-condamne-pour-avoir-frappe-une-femme-pendan

    Puisqu’un agresseur peut être condamné pour avoir frappé une femme dans tous les autres cas de figure, la question peut paraître absurde. Et pourtant.


    Disclaimer : nous ne sommes pas juristes. Les informations présentées ci-dessous sont issues de nos expériences personnelles des services de police, et de la prise de renseignement auprès de 4 juristes et avocats. Si vous disposez d’informations complémentaires à nous faire parvenir, nous serons ravies de mettre à jour notre article.
    Les violences non-consenties durant un rapport sexuel consenti, ça s’appelle de la coercition sexuelle graduelle

    En 2017, l’autrice Noémie Renard posait le terme de “coercition sexuelle graduelle” sur les actes sexuels violents non-consentis, au sein de relations sexuelles consenties : “La coercition graduelle, ce sont des interactions sexuelles qui commencent sans violence apparente, qui peuvent même être désirées, mais qui, progressivement, deviennent des rapports sexuels violents”. Ainsi, après s’être retrouvée débordée de réponses à son appel à témoignages, Noémie Renard a pu dégager un portrait de ces violences subies :
    La coercition sexuelle graduelle, c’est par exemple une femme qui désire un rapport, puis subit soudain une gifle, des coups, des griffures, un étranglement, des insultes. C’est par exemple lorsqu’un homme lui tient les cheveux lors d’une fellation, et pousse son pénis dans sa bouche ou sa gorge plus loin qu’elle ne le désire. C’est par exemple un partenaire sexuel qui lui impose petit à petit (pour banaliser) ou très soudainement (pour sidérer) des pratiques violentes et dégradantes.

    Et ça concerne BEAUCOUP de monde. En 2019, l’institut de sondage Savanta ComRes interrogeait plus de 2000 femmes anglaises entre 18 ans et 39 ans, et l’enquête révélait que deux tiers d’entre elles avaient vécu de la sexualité violente durant des rapports sexuels consentis : 59% avaient déjà été frappées, 38% avaient subi un étouffement par une compression de la gorge (52% chez les 18-24 ans), 34% un étouffement par une obstruction de la bouche (46% chez les 18-24 ans), 1 femme sur 5 s’était déjà fait cracher dessus durant un rapport sexuel. Parmi ces femmes, environ la moitié disaient ne pas avoir désiré ces actes.

    On parle de coercition dans le cas où les actes ne sont pas consentis, et de graduelle dans le sens où cette coercition évolue au sein d’un même rapport (qui commence “doucement”, puis “dérape”), ou au sein d’une relation (qui commence avec des rapports respectueux qui deviennent de plus en plus violents et abusifs). Au sein de couples, il est fréquent que ces deux types de coercitions graduelles se superposent.

    Comme toute violence sexuelle, la coercition graduelle peut avoir des conséquences psycho-traumatiques lourdes : conséquences physiques comme des bleus, des marques ou des douleurs, et conséquences psychiques comme du sentiment de mal-être, de l’anxiété et de la tristesse, la sensation d’avoir du mal à respirer (oppression de la poitrine + tachycardie), la peur ou le dégout des rapports sexuels, le développement de phobies ou de conduites addictives, etc.
    Et comme toute violence sexuelle, ces actes peuvent causer des états de sidération ou de dissociation aux victimes (en particulier s’ils sont précédés ou suivis d’actes doux et gentils), ce qui fait qu’elles ne seront pas forcément capables de s’y opposer immédiatement, ou de fuir. D’autant plus si elles ont un lien de confiance ou amoureux avec leur agresseur.
    Les victimes de ces violences sexuelles peuvent-elles porter plainte ?

    Et bien, si aberrant que ce soit, ce n’est pas si sûr.

    Prenons l’exemple d’une personne qui est consentante à un rapport sexuel pénétratif puis qui est étranglée ou frappée au visage durant celui-ci :

    Actuellement, la loi française a prévu 3 “cases”, 3 chefs d’accusation, pour définir les violences sexuelles :

    Le viol (articles 222-23 à 222-26 du code pénal) est défini comme : “Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise.” Ce chef d’accusation n’est donc pas pertinent dans notre cas, où le rapport et la pénétration étaient consentis par la personne, mais où ce sont les actes de violences commis lors du rapport qui ne l’étaient pas.

    Le harcèlement sexuel est défini comme “le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.” Dans les faits, cet article est utilisé pour lutter contre les situations où la personne ne désire aucune interaction à caractère sexuel avec la personne qui la lui impose, comme par exemple dans les cas de harcèlement au travail par des patrons ou collègues.

    Enfin, l’agression sexuelle (article 222-27 à 222-30 du code pénal) se définit comme “toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.” On devrait donc trouver ici un article utile pour définir des violences sexuelles comme les coups ou les étranglements. Dans les faits, ce chef d’accusation est retenu par exemple lorsqu’un inconnu touche la poitrine ou les fesses d’une femme sans son consentement : il est très rarement retenu dans le cadre d’un couple, d’un rapport consenti, et encore moins lorsque les parties du corps concernées sont “non-sexuelles” comme le visage ou le cou (ce qui est le cas dans notre exemple).

    Bienvenue au lit, zone de non-droit ?

    Reprenons notre exemple d’une personne voulant porter plainte pour avoir été cognée et etranglée lors d’un rapport. Nous connaissons malheureusement plusieurs victimes concernées par ce type de faits, et voilà ce qu’il leur est arrivé lorsqu’elles ont porté plainte :

    → Si elles entretenaient une relation sentimentale et/ou sexuelle avec leur agresseur, les policiers ont directement évacué les chefs d’accusation d’agression sexuelle et de harcèlement.

    → Dès lors où il y a eu un rapport pénétratif, ils ont opté pour la case du “viol”. Certains policiers ont même précisé “du moment où il y a violence et où il y a pénétration, on rentre dans la case du viol”. SAUF QUE les policiers vont alors interroger la victime sur son consentement concernant la pénétration. Si la victime établit qu’elle était d’accord pour la pénétration, on ne rentre pas dans la case du viol. Basta : l’affaire est classée sans suite.

    De ce que nous en savons, la question des actes non-consentis lors d’un rapport consenti est actuellement un ÉNORME NO MAN’S LAND JURIDIQUE. Ce que cela veut dire dans les faits, c’est qu’avec la loi telle qu’elle est actuellement, une femme à qui l’on met des coups de poings dans le cadre d’un rapport sexuel ne peut pas porter plainte, car on lui dit que la bonne case n’existe pas pour qualifier la violence subie.

    Ce que cela signifie concrètement, c’est que consentir à une pénétration sexuelle, c’est signer un chèque en blanc à son partenaire, en croisant les doigts pour qu’il ne nous brutalise pas pendant le rapport.
    Mais alors, que peut-on faire pour aider les victimes de coercition sexuelle graduelle ?

    Vu l’application actuelle des lois, que faudrait-il faire pour que les plaintes des victimes de ces actes puissent aboutir ?

    Faut-il créer un texte qui définit spécifiquement ces violences sexuelles qui ne sont pas des viols ?
    Peut-on faire entrer ces violences dans la case des “agressions sexuelles” ?
    Ou bien faut-il considérer que ces violences ne sont pas spécifiquement “sexuelles” et qu’il s’agit de violences commises au sein d’un acte sexuel ? Auquel cas il faudrait référer aux articles 222-11 à 222-16 du Code Pénal, qui concernent “les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne”.

    Dans les deux derniers cas de figure, cette qualification des violences sexuelles à coercition graduelle ne pourra fonctionner que si l’on informe les parquets de cette application de la loi, et qu’on forme les policiers à prendre ce genre de plainte. Sinon, les policiers vont juste continuer à poser les mauvaises questions (“Est ce que vous étiez d’accord pour le rapport ?” “Est ce que vous avez refusé la pénétration ?”) ce qui aboutit sur les classements systématiques des plaintes.

    Comme précisé en début d’article, ces réflexions sont issues de nos expériences et recherches, et nous espérons nous tromper. Si vous êtes avocate, juge ou juriste, et que vous savez que c’est le cas, nous vous serions reconnaissantes de nous le signaler, et nous diffuserons l’information. Car manifestement, ni nous (militantes féministes), ni la police, ni les avocat·es que nous avons interrogé·es, n’arrivons à répondre de manière utile aux personnes qui nous ont contactés sur ces sujets.

    Dans le cas où nous aurions raison, cela signifierait qu’actuellement le meilleur moyen pour insulter, frapper, agresser une femme en toute impunité … est de le faire dans un lit.

    #viol #violences_sexuelles #déni #violences_masculines #hétérosexualité

  • Picasso, séparer l’homme de l’artiste
    https://www.venuslepodcast.com/episodes/picasso,-s%C3%A9parer-l'homme-de-l'artiste

    Cet épisode a mis du temps à arriver, mais c’était le temps nécessaire pour digérer et retranscrire tout ce qu’il y a à dire sur Picasso (enfin presque). Figure du génie par excellence, Picasso est une icône quasi-intouchable, auréolée d’une mythologie qu’il a lui-même entretenue, que des centaines d’expositions et de records en salles de ventes continuent à alimenter. Au-delà de cette figure mythique... Source : Vénus s’épilait-elle la chatte ?

    • Au-delà de cette figure mythique, Picasso était un homme particulièrement violent et misogyne, qui a passé sa vie à écraser les personnes moins puissantes et moins privilégiées que lui. Le caractère destructeur de Picasso est loin d’être limité à sa vie privée, il a au contraire nourri une immense partie de son travail et c’est précisément pour ça qu’il est valorisé. Le cas de Picasso permet de réfléchir sur la façon dont les valeurs virilistes impactent tous les aspects de la culture occidentale, de l’esthétisation des violences sexistes et sexuelles à la fabrique des génies.

      On a parlé de tout ça avec mon invitée Sophie Chauveau, autrice de Picasso, le Minotaure, mais aussi de division sexuée du travail et de charge mentale, de Dora Maar et des artistes que Picasso a brisé·es, d’appropriation culturelle, de subversion et de l’impunité qu’on accorde aux hommes puissants.

      #misogynie #haine #violences_masculine #grand_homme #masculinité #virilité #art #amour #hétérosexualité #picasso #violophilie #boys_club #male_alphisme #homophobie #pédocriminalité #malegaze #sadisme #proxenetisme #viol #pédoviol #appropriation_culturelle

      La nature existe pour que nous puissions la violer

      Picasso

      Apollinaire s’est fait connaitre en écrivant sur Picasso, le geni et la notoriété en histoire de l’art ce sont des hommes qui écrivent leur admiration pour d’autres hommes. Plus tard Clouzot fera pareil avec « Le mystère Picasso » - le film est déclaré tresor national et il est toujours encensé.

      Paul Eluard offrit sa femme à Picasso en signe d’admiration- Picasso l’appelait (Paul) Madame Picasso pour marqué sa soumission à lui et le dévalorisé par le marqueur du féminin.

      Max Jacob vivait pendant un moment avec Picasso - les deux étaient en galère sauf que Max Jacob travaillait pour entretenir Picasso dont il était amoureux et le laisser peindre. Pendant la seconde guerre Max Jacob est déporté et Picasso qui aurait pu lui sauvé la vie a refusé de l’aider et l’a laisser mourir.

      Au moment ou il se met en couple avec Thérèse Walter qui à 17 ans il s’identifie au Minotaure et en fait l’image du violeur ( alors que c’est un monstre devoreur d’enfant et non violeur à l’origine) et il se représente en violeur - il y a plus de 50 oeuvres de Picasso intitulée le viol.

      L’intelligence de Dora Marre était un défi pour lui et il s’est employé à la brisé et la soumettre aussi bien psychologiquement, artistiquement et socialement. Il la battait jusqu’à évanouissement - c’est la série des femmes qui pleurent. Cette série est une sublimation des violences misogynes. Lassé de sa victime il la confie à Lacan qui la fait interné et subir des électrochocs. Après elle est entrée au couvent et à disparu.

      Il a remplacé Dora Marre par Françoise Gillot et lui a fait du chantage pour qu’elle vive avec lui, lui fasse deux enfants et mette sa carrière en suspend pour le servir et lui permettre de travailler 18h par jour sur ses oeuvre. Au moment ou Françoise Gillot devait accouché il a refusé qu’on l’hospitalise car il n’avait pas que ca à faire. A chaque fois qu’il détruisait une femme il y puisait une nouvelle inspiration. Les femmes lui servaient de servantes et d’objet à détruire pour y puiser l’art qui fera tant rêver les autres hommes.

      Picasso « fit cadeau » à un ami de deux jeunes filles mineurs dont il à voler les papiers d’identité. Il etait applaudit pour cela.

      L’idée que l’art est subversif est faux, la subversion est en fait l’exercice déchainé de la domination.

      Pour son interet sur l’art africain et précolombien, il est purement formel et jamais il ne s’est interessé à d’autres, autres cultures, autres personnes, tout est uniquement tourné vers son ego.

      après les centaines et les centaines d’expo sur Picasso, avec des approche toutes plus variées pour faire valoir son oeuvre et son geni, il est temps de montrer comment son oeuvre exprime ses crimes. Ses tableaux vendus des millions sont des trophées de viols de femmes et de mineures, de passages à tabac de femmes et de mineures, et on adore toujours ca comme du grand arts.

  • A propos d’autonomie, d’amitié sexuelle et d’hétérosexualité, partie 3 – Corinne Monnet – Tarage – Anarcha-féminisme
    https://tarage.noblogs.org/post/2020/05/08/a-propos-dautonomie-damitie-sexuelle-et-dheterosexualite-partie-3-co

    lesbianisme Annotations :

    Une des difficultés qui se pose aux femmes pour prendre conscience de leur oppression, en regard par exemple des oppressions racistes et classistes, se trouve dans le fait que la plupart du temps, les femmes cohabitent avec des hommes, que ceux-ci soient leur père, leur(s) frère(s), leur(s) copain(s), leurs collègues de travail, leur conjoint ou leur(s) fils. Cette promiscuité avec les hommes est ce qui rend très difficile la projection d’une image ennemie sur des personnes que l’on côtoie quotidiennement, avec qui on peut avoir des relations très intimes et que l’on aime. Elle m’a aussi permis de voir que de nombreuses femmes étaient (...)

    #.brochure #:Corinne_Monnet #féminismes #anarchaféminisme #hétérosexualité #amour #dominations #lesbianisme

  • « En amour, nous sommes devenus des machines évaluatives » - Eva Illouz 
    https://www.liberation.fr/debats/2020/02/13/en-amour-nous-sommes-devenus-des-machines-evaluatives_1778305

    Dans son dernier essai, « la Fin de l’amour », la sociologue Eva Illouz décrypte la marchandisation de nos relations les plus intimes. Nous aurions échangé la liberté contre l’instabilité.

    Comment le capitalisme agit-il sur les relations amoureuses ? Tel est le terrain de jeu d’Eva Illouz, directrice d’études à l’EHESS depuis près de vingt ans. Dans son dernier essai, la Fin de l’amour. Enquête sur un désarroi contemporain (Seuil, 2020), la chercheuse se penche sur ces moments où l’on cesse d’aimer. Une enquête sociologique sur ces fins de partie qui révèle qu’en matière d’amour la liberté s’exerce surtout par un non-choix, aux dépens de l’autre.

    Votre livre s’intitule la Fin de l’amour, une thèse très définitive, non ?

    L’amour est pour moi une façon de comprendre plus généralement la modernité. Il ne s’agit pas bien sûr de la fin de l’amour en tant qu’idée et que représentation. Le livre s’intéresse au décalage entre la croyance et la représentation romantique de l’amour d’une part et aux pratiques amoureuses dans lesquelles j’observe une certaine décomposition de l’amour en tant qu’émotion qui était perçue sur le mode religieux comme transcendantale. La forme stable de l’amour est devenue un problème sociologique, un problème à nous-mêmes, une question que nous traitons à l’infini. Il y a dans ce titre une sorte de diagnostic de civilisation : le concept de non-amour qualifie le mieux l’état des rapports intimes aujourd’hui. Durkheim parlait d’« anomie » pour qualifier la façon dont les liens sociaux se défont. La rupture des liens intimes, potentiels ou réels, est aujourd’hui productive, c’est-à-dire liée à l’usage des réseaux sociaux, de la technologie et de la consommation. Cette anomie génère une grande activité sociale et économique. Avec les réseaux sociaux, les sites de rencontres et les applications tels que Tinder, les moyens de chercher l’amour, sont démultipliés, mais deviennent vite le lieu d’expression de différences entre les sexes et les genres. Plus qu’un manque de désir, je vois dans cette non-sociabilité l’affirmation d’une position de pouvoir. Dans une relation, la personne la plus détachée est toujours celle qui détient le pouvoir. La confiance a été définie par un économiste comme la capacité de se rendre le premier vulnérable. Ce sont les mécanismes sociaux permettant que quelqu’un se rende vulnérable le premier qui font de plus en plus défaut.

    Si les relations prennent fin, le couple demeure le modèle social dominant…

    Absolument mais le chemin pour y arriver a changé. Et cela n’a rien d’anecdotique. L’institutionnalisation de la sexualité d’une nuit génère des changements profonds dans les parcours biographiques, et dans l’outillage mental et psychologique dont les acteurs doivent être munis. On a échangé la liberté pour l’instabilité généralisée. L’incertitude préside à la formation des liens, elle est aussi à l’œuvre dans les liens eux-mêmes. J’examine dans ce livre l’incertitude comme problème et mécanisme social. Elle touche nos sentiments mais aussi ceux d’autrui et génère de la souffrance. On a souvent pensé la souffrance amoureuse comme relevant du domaine du psychologique, pour moi, il s’agit d’une expérience sociale qui touche notamment les femmes mais aussi les hommes comme le montre le phénomène des Incel, les célibataires involontaires dont Houellebecq parlait déjà dans son livre Extension du domaine de la lutte. Ils sont les laissés- pour-compte de ce nouveau marché néolibéral de la sexualité.

    Comment expliquer cette décomposition de ces liens ?

    Le désamour est le résultat de forces sociologiques plus générales. Elle est d’abord une conséquence de la libération sexuelle au tournant des années 60 et 70. Le féminisme et la libération sexuelle ont eu pour effet de rendre légitime la sexualisation des rapports, la séparation entre émotions et sexualité. Mon idée est périlleuse dans une époque qui fait de la liberté une valeur suprême, mais j’ai voulu travailler sur les pathologies de la liberté, analyser comment cette valeur devient institutionnalisée dans des technologies et organisations capitalistes et transforme le moi et les liens de l’intérieur. Ce sont les hommes qui tirent leur épingle du jeu de cette libération sexuelle parce que le capital sexuel qui se traduit par l’accumulation des relations sexuelles est devenu un attribut de la masculinité contemporaine alors qu’elle est en contradiction avec une certaine forme de l’identité féminine qui peut être de l’ordre du soin, tournée davantage vers l’affectif et le relationnel. L’institutionnalisation de la sexualité a pour effet de déstructurer toutes les normes, les rituels ou les règles avec lesquels les gens se rencontraient et créaient du lien.

    L’essor du capitalisme va jouer aussi un rôle essentiel, notamment les industries scopiques qui vont extraire une plus-value phénoménale du corps des femmes et qui vont marchandiser comme jamais dans l’histoire le corps sexualisé des femmes. Le sujet sexuel contemporain est un sujet économique. La sexualité est devenue économique.

    La libération sexuelle aurait selon vous profité davantage aux hommes, des sociologues ont pourtant montré que certaines femmes sont très heureuses des relations éphémères…

    Dire qu’on prend du plaisir à la sexualité ne veut pas dire qu’on ne souffre pas des conditions générales de l’hétérosexualité contemporaine. Mon livre est une ethnographique critique de l’hétérosexualité, il s’agit de comprendre l’interaction entre liberté et inégalités, davantage à l’œuvre dans les couples hétérosexuels que dans les couples homosexuels, et sans doute plus vraie pour la génération baby-boom que pour les « millennials ». L’expérience sociale que je décris est éminemment ambivalente, la libération sexuelle a été une source de plaisir, de pouvoir et d’autonomie pour les femmes mais génère aussi de la souffrance sociale qu’il convient de théoriser.

    Le choix multiple de partenaires via les applications de rencontres n’est-il pas une cause spécifique de ce désordre affectif ?

    Tinder est une forme sociale qui s’inscrit dans l’histoire de la libération sexuelle en levant les barrières sociales et morales sur la sexualité. Nous pouvons désormais avoir des relations sexuelles avec tout le monde. Or, la mécanique du désir s’accommode mieux de la rareté. De plus, nous sommes devenus des machines évaluatives : on approche les autres moins sur le mode épiphanique de l’amour et davantage comme l’effet d’une évaluation et d’un choix sur le mode de la consommation. On recherche sur les sites de rencontres une adéquation des goûts qui, loin de faciliter les relations, les empoisonnent. Plus on rencontre des personnes, plus on prend conscience de ce qui leur manque. Tout ce processus s’inscrit dans une nouvelle phase de l’individualisme où le moi s’affirme précisément par ce qu’il rejette.

    #Eva_Illouz #hétérosexualité #non-amour #relation #relation_de_pouvoir #pathologies_de_la_liberté #moi

  • Le pouvoir de l’amour
    https://emmaclit.com/2020/03/22/le-pouvoir-de-lamour

    Salut à toutes et tous, en ces temps confinés j’ai pensé vous mettre à disposition cette histoire inédite de mon tome 3 « La charge émotionnelle ». Je souhaite plein de courage à toutes celles et ceux qui galèrent, qu’on soit obligé·es d’aller travailler, par la nécessité ou par nos patrons, ou qu’on soit confiné·es seul·es ou avec des petits à gérer. Source : Emma

  • Sexualité : en finir avec les injonctions paradoxales

    « Il faut pimenter sa vie sexuelle », « le sexe est meilleur quand il fait un peu mal »... Les femmes sont victimes de matraquage, dénonce Maïa Mazaurette dans une chronique « coup de gueule ». Car comment réussir à s’écouter quand on demande de considérer l’insulte comme un compliment et la douleur comme un plaisir ?

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/02/23/sexualite-en-finir-avec-les-injonctions-paradoxales_6030503_4500055.html

    ...quand un homme dit non, personne ne vient lui expliquer qu’il pense oui. Parce que quand il a mal, personne ne prétend que c’est pour son bien, que ça n’a pas d’importance, ou qu’il doit réessayer pour s’habituer. Aucun magazine masculin ne propose de se frotter le pénis contre une râpe à fromage avant un rapport pour « pimenter » ses ébats.

    Le point commun de ce matraquage est simple : aux femmes, et aux femmes seulement, on demande de nier leur propre ressenti. Pas parce qu’elles sont folles, mais parce que leur ressenti constitue un bâton dans les roues des partenaires égoïstes (tous les hommes ne sont pas égoïstes). Si les femmes cessent de se faire confiance, alors on peut leur faire subir absolument n’importe quoi : en l’occurrence des violences, des injures, des rapports non désirés et des techniques sexuelles inefficaces.
    Tour de passe-passe

    Dans son ouvrage Pourquoi le patriarcat ? (Flammarion, 2019), la psychologue américaine Carol Gilligan raconte comment la construction de l’identité féminine repose sur ce tour de passe-passe. Vers la pré-adolescence, les filles apprennent à dire « I don’t know » (« je ne sais pas »), tandis qu’encore plus tôt, les petits garçons apprennent à dire « I don’t care » (« je m’en fiche »).

    Cette réduction au silence de ses propres émotions génère des conséquences bien réelles, comme des troubles de la concordance sexuelle. Les travaux de la sexologue américaine Meredith Chivers démontrent en effet que même quand les femmes ressentent une excitation physique (afflux sanguin dans les zones génitales, lubrification), elles n’en sont pas toujours conscientes. Exactement comme s’il existait une barrière invisible entre la tête et le corps.

    Cette discordance est probablement multifactorielle (autocensure, tests mal adaptés, etc.), mais tout de même : comment s’écouter soi-même, quand notre culture sexuelle nous demande en permanence de considérer l’insulte comme un compliment, la douleur comme un plaisir, ou le ressentiment comme un motif de désir ? Quand il faut en permanence « transcender » les signaux les plus élémentaires du corps ?

    Ces aphorismes ne concernent d’ailleurs pas seulement le champ sexuel : « la force des femmes, c’est leur faiblesse », « Les plus visibles sont les plus minces », « L’accouchement est le plus beau jour de leur vie ». On fait comme si les femmes étaient irrationnelles (ce qui revient à les psychiatriser), alors que c’est la logique sous-jacente qui est irrationnelle. Et abusive. « Elle dit non, elle pense oui », « elle dit oui, elle pense oui », « quand on aime son conjoint, on lui donne des rapports », « quand on déteste son conjoint, on lui donne des rapports » : la ficelle est énorme, et nous valons mieux que ces discours littéralement aberrants.

    #sexisme #injonction_paradoxal #catch22 #domination_masculine #hétérosexisme #hétérosexualité #amour #haine #culture_du_viol #BDSM #porno

  • CRITIQUE DE LA FEMINITE ET DE L’ HETEROSEXUALITE | Irrédentiste !
    https://sporenda.wordpress.com/2020/02/02/critique-de-la-feminite-et-de-l-heterosexualite

    La féminité est un comportement appris qui est re-acté tous les jours de la vie d’une femme dans son interaction avec les hommes. Le comportement « féminin » exprime la déférence. Les filles et les femmes sont censées prendre peu de place, s’asseoir en croisant les jambes, les bras collés au corps, garder les yeux baissés et ne parler que quand on leur parle …

    La masculinité est aussi un comportement appris, qui manifeste la dominance et maintient la place des hommes dans la classe dominante. ..
    La masculinité et la féminité sont érotisées pour créer la sexualité de la suprématie masculine, que j’appelle désir hétérosexuel. Par le terme « désir hétérosexuel », je ne veux pas dire « désir pour le sexe opposé » mais un désir qui est organisé autour de l’érotisation de la domination et de la soumission.

    Ce type de désir procède du système politique de l’hétérosexualité, dans lequel la soumission des femmes est vue comme naturelle et comme définissant ce qu’est » la sexualité ». Le mot « hétéro » dans « hétérosexualité » signifie « autre », dans ce type de désir, un des participants est « altérisé », ou réduit à un statut de subordination par une sexualité objectifiante inscrite dans un rapport dominant/dominée.

    La différence entre les sexes qui est censée produire l’excitation dans la sexualité hétérosexuelle n’est pas naturelle, elle est politique, c’est une différence de pouvoir. Le désir hétérosexuel est formé à partir de la soumission des femmes, et celle-ci est requise pour qu’il y ait excitation.

    (#Sheila_Jeffreys, article « Heterosexuality and the Desire for Gender » dans le livre « Theorising Heterosexuality » , edit. Diane Richardson, Open University Press, 1996, traduction Francine Sporenda.)

    #hétérosexualité #domination_masculine
    @touti

  • J’ai été un violeur ? (discussion avec des féministes)
    https://www.youtube.com/watch?v=u1t--qEn1F4

    Je découvre la polémique autour de cette video posté il y a trois jours.
    Voici ce que disent les deux féministes invitées par ce vidéaste.

    L’introduction et le titre sont une mise en scène qui permet ensuite de parler de la « culture du viol ». Je n’ai violé personne et je n’ai jamais forcé personne. Le message principal de la vidéo était : « tous les hommes sont des violeurs car leurs comportements sont conditionnés par la culture du viol ». J’ai dit que j’étais un violeur parce que j’ai voulu incarner cette idée et inviter les hommes à se remettre en question.

    J’estime que ma domination masculine imprégnée de la culture du viol doit être remise en question. Je ne peux donc pas me « rendre à la police pour avouer mon crime » car ce n’en est légalement pas un.
    Mais je peux essayer de remettre en question mes privilèges et ceux de tous les hommes cis pour que soit mise en place une « culture du consentement ».

    Je présente mes excuses à toutes les victimes de viol qui ont pu souffrir suite à cette vidéo. Mon objectif n’était clairement pas d’avouer mon viol et d’obtenir un « pardon », mais de mettre en avant des comportements que beaucoup de couples ont connu.

    Je tiens également à présenter mes excuses à nos deux invitées féministes qui m’avaient alerté sur les conséquences possibles de cette introduction. Leur message a été obstrué par mon intro maladroite et c’est dommage. Elles ne sont pas responsable de tout ça.

    ►Si vous êtes victime de :

    Viol : appelez le 0.800.05.95.95
    Violences Conjugales : appelez le 3919
    (numéros gratuits et anonymes)

    #culture_du_viol #viol #male_gaze #violophilie #féminisme #hétérosexualité

  • Le complexe d’universalisation : révélateur du déni de l’oppression patriarcale
    https://blogs.mediapart.fr/aurex/blog/291119/le-complexe-d-universalisation-revelateur-du-deni-de-l-oppression-pa

    Une professeure de sociologie nous apprends en cours que lorsqu’elle fait des interventions sur les violences masculines, elle se trouve presque obligée de commencer par une phrase en introduction « Oui, les hommes aussi sont victimes de violence », sinon, quelqu’un dans la salle le lui fera remarquer. Plusieurs amies et collègues se mettant en couple avec un homme séparé m’ont fait part de la « perversité narcissique » de l’ex femme du compagnon, particulièrement folle et calculatrice, décidée à pourrir la vie de leur compagnon, et la leur, donc, indirectement. Quand bien même ce compagnon a un casier judiciaire pour violence sur cette ex-compagne. « Elle a menti, il lui a juste tenu les poignets parce qu’elle l’a poussé à bout ». Je retrouve ce discours chez des amies dont c’est le frère ou le beau frère qui est victime de cette « hystérisation » de l’ex-compagne. Enfin, lorsque l’affaire de l’assassinat d’Alexia Daval a fait surface, une amie m’a dit avoir calculé le temps que l’on met pour étrangler quelqu’un : 7 minutes, à ses yeux, la mari d’Alexia Daval mentait, cela ne pouvait pas être une réaction spontanée de violence sans prise de conscience de l’acte. Ouf, je me dis. Mais quelques minutes plus tard, l’argument de la femme castratrice revient timidement, comme circonstance atténuante, même si elle n’y croit pas vraiment.

    Dernier exemple : une actrice explique qu’elle a été victime de violence de la part d’un ex conjoint : il l’a strangulé et lui a frappé le visage pendant qu’elle était inconsciente : la mâchoire et le menton ont été fracturés, elle a perdu 8 dents. Mais dans son discours, elle a quand même placé « ce n’est pas contre les hommes, c’est contre quelques hommes, et je connais un homme qui a été battu par sa femme, c’est une question sur l’humain en général ».

    #masculinité #féminicide #hétérosexualité #couple #amour #assassinat #humanisme #hommerie #backlash

  • L’inquiétante banalisation des violences pendant les rapports sexuels consentis
    https://amp.lepoint.fr/2350286

    « J’étais choquée. Je me sentais mal à l’aise et humiliée. Si quelqu’un vous frappait ou vous étranglait dans la rue, ce serait considéré comme une agression. » Anna, une jeune Britannique de 23 ans, explique par le menu à la BBC (en anglais) comment la violence physique s’est immiscée à de nombreuses reprises durant l’acte sexuel. Baffes, étranglement, crachats… Comme elle, plus d’une Britannique sur trois âgée de moins de 40 ans aurait déjà été violentée par un homme pendant l’amour, selon une longue étude publiée jeudi 28 novembre 2019 par le média anglais. Parmi elles, 20 % affirment avoir été bouleversées ou apeurées par cette expérience.

    Le Centre pour la justice des femmes s’inquiète « de la pression croissante qui pèse sur les jeunes femmes de consentir à de tels actes. « C’est probablement dû à l’accessibilité, à la normalisation et à l’utilisation généralisée de la pornographie extrême », analyse l’association interrogée par la BBC. « C’est une épidémie silencieuse. Les gens le font parce qu’ils pensent que c’est la norme, mais cela peut être très dommageable. Ce que nous voyons, c’est que, pour beaucoup, cela dévalue la relation et, dans le pire des cas, banalise la violence », développe le psychothérapeute Steven Pope.

    https://www.bbc.com/news/uk-50546184
    #hétérosexualité #hétérosexisme #violences_masculines #sexualité

  • The fatal, hateful rise of choking during sex | Society | The Guardian
    https://www.theguardian.com/society/2019/jul/25/fatal-hateful-rise-of-choking-during-sex

    Since December last year, a group of women have attempted to gather “sex games gone wrong” defence killings under one place – the website We Can’t Consent to This. In the decade since Vicky’s murder, such killings have risen by 90%. Two thirds involve strangulation.

    In the UK, it’s routinely minimised at every level. It’s presented as a momentary loss of control

    Strangulation – fatal and non-fatal – “squeezing”, “neck compression” or, as some call, it “breath-play” – is highly gendered. On average, one woman in the UK is strangled to death by her partner every two weeks, according to Women’s Aid. It is a frequent feature of non-fatal domestic assault, as well as rape and robbery where women are the victims. It is striking how seldom it is seen in crimes against men.

    Numerous studies have shown that non-fatal strangulation is one of the highest markers for future homicide, which is why Australia, New Zealand, Canada and most US states have developed preventative legislation to strengthen police, prosecutorial and sentencing policies that surround it. In most US states, for example, it is now compulsory for police to charge strangulation assaults as felonies. Yet in the UK, they can fall under battery – the mildest assault possible.

    #hétérosexualité #violence_masculine #féminicide #amour

  • Israël : les « héros » douteux d’une sordide affaire de viol à Chypre - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/07/31/israel-les-heros-douteux-d-une-sordide-affaire-de-viol-a-chypre_1742828

    Les scènes de liesse accompagnant le retour d’un groupe d’ados israéliens blanchis dans une affaire de viol en réunion à Chypre ont secoué le pays, alors qu’un débat autour de la « masculinité toxique » et la « culture du viol » venait de s’y ouvrir.

    #viol #culture_du_viol #fraternité #héroïsme #virilité #hétérosexualité #justice #religion #misogynie #masculinité

  • La pilule du lendemain prise au piège des pipeaux
    https://www.liberation.fr/france/2019/07/31/la-pilule-du-lendemain-prise-au-piege-des-pipeaux_1743083

    Face aux manquements au code de la santé publique, l’Ordre des pharmaciens se dit en alerte. « J’invite les femmes à signaler les incidents au conseil régional de l’Ordre, insiste Pierre Béguerie. Après un dépôt de plainte, nous pouvons engager une action disciplinaire. » Méconnus du grand public, les signalements sont encore « rares, voire inexistants ». « C’est indispensable de faire remonter les problèmes, on ne peut pas accepter une attitude déplacée de la part de nos confrères, soutient le président du conseil central. Informer est au cœur de notre métier, y contrevenir peut entraîner jusqu’à la radiation. »

    #misogynie #contraception #femmes #hétérosexualité #culture_du_viol

  • « Beurette » : pourquoi la 1ère recherche pornographique de France pose question - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/societe/beurette-pourquoi-la-1ere-recherche-pornographique-de-france-pose-questio

    Une image sexualisée, qui repose également sur l’idée de la soumission : la « beurette » serait contrainte à la virginité, à la pudeur par les hommes de sa famille. Dès lors, elle aurait besoin d’être « libérée sexuellement ». Fatima Khelimat cite l’exemple des cérémonies de dévoilement pendant la décolonisation, les femmes arabes se voyaient retirer leur voile en public, un événement symbole de leur « libération ».

    Au quotidien, Nesrine a pris conscience des clichés sexuels dont elle peut faire l’objet. « Un de mes premiers copains avait une fascination ethnique, se rappelle-t-elle. Il voulait absolument sortir avec une fille arabe. J’avais 17 ans. Depuis, je pense que certains sont sortis avec moi pour ça. »

    Liza et Nesrine reconnaissent également qu’au sein-même des communautés arabes et nord-africaines, le terme « beurette » est utilisé de manière péjorative. À ce niveau communautaire, il est utilisé « pour qualifier une femme aux mœurs jugées légères », explique Liza. Il existe également le terme « beurette à khlel » pour désigner toute femme arabe ayant des relations amoureuses ou sexuelles avec des hommes noirs.

    « Il y a cette idée que chaque femme, du fait de sa catégorie ethno-raciale appartiendrait aux hommes de cette catégorie », explique Fatima Khelimat. Que ce soit au sein de sa communauté ou en dehors, les femmes arabes se retrouvent nécessairement stigmatisées pour leur sexualité.

    Sur les sites pornographiques, elle se trouve objet de fantasmes mêlés à d’autres recherches misogynes effarantes telles que « viol », « pute » ou « salope ». Conscient de la gravité de ces mots-clés communiqués par xHamster.com (qui n’a pas répondu à nos sollicitations), le collectif Nta Rajel, a voulu marquer le coup. « C’est une manière de se réapproprier notre voix », explique Liza.

    #racisme #culture_du_viol #hétérosexualité #misogynie #colonialisme #porno-racisme #domination