En 2012, le marché de la musique enregistrée a encore chuté en France de 4,4 %, à 589,7 millions d’euros (source : SNEP, .pdf). Pourtant dans le même temps, au niveau mondial, le marché a renoué pour la première fois depuis 1999 avec la croissance. 21 pays ont vu les revenus de la musique enregistrée augmenter chez eux l’an dernier, dont 9 des 20 plus gros marchés mondiaux, parmi lesquels la Suède, la Norvège, l’Australie ou le Canada (source : IFPI).
Malgré la riposte graduée, le marché musical en France fait aussi mal voire pire que d’autres pays comparables qui n’ont pas d’équivalent de la loi Hadopi, comme l’Allemagne (- 4,6 %), l’Italie (- 1,8 %), les Pays-Bas (- 4,7 %), ou la Grande-Bretagne (- 5,6 %).
La croissance du numérique est certes plus forte en France (+ 12 %) que la moyenne mondiale (+ 8 %), mais il s’agit uniquement d’un effet de rattrapage. Le numérique ne représente en France que 25 % du marché musical en 2012, alors qu’il représente 35 % à l’échelle mondiale.
En Corée du Sud, qui a été le premier pays à mettre en oeuvre une riposte graduée en 2009, les revenus musicaux ont baissé de 5 % en 2012, après plusieurs années de croissance qui avaient commencé dès 2008, avant l’envoi des premiers avertissements. Un article passionnant de Music Industry Blog démontre bien que la croissance n’a pas été portée par la riposte graduée, mais par une offre légale boostée par une offre de streaming très attractive (seulement 3$), et par un phénomène de mode qui voyait les Coréens acheter des chansons pour personnaliser leur profil sur le réseau social Cyworld. Les revenus de la musique numérique ont chuté, en grande partie à cause de la chute de Cyworld, et fait inédit, la musique physique reprend de l’ampleur avec une croissance de 19 % portée par les efforts marketing considérables que font les maisons de disques pour proposer des produits physiques packagés, qui intègrent le disque et d’autres goodies que s’arrachent les jeunes coréens.