• #Aigues-Vertes, un village pas tout à fait comme les autres (1/5)

    Niché dans la campagne genevoise, Aigues-Vertes est un village comme un autre avec sa mairie, son conseil, ses commerces, son exploitation agricole, son église et son cimetière. Mais ses 120 habitants sont hors des normes. Ce sont des personnes qui vivent avec une #déficience_intellectuelle. Quelque deux cents professionnels travaillent à Aigues-Vertes pour permettre à chaque villageois de développer des parcelles d’#autonomie et de participer à la vie sociale de cette petite #communauté.

    « Vacarme » vous propose une immersion dans ce village singulier et une réflexion, in situ, sur la notion de #handicap_mental.


    http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vacarme/6831391-aigues-vertes-un-village-pas-tout-a-fait-comme-les-autres-2-5-16-06-2015
    #Suisse #Genève #handicap #village #agriculture
    Les autres épisodes se trouvent sur le site de l’émission Vacarme

    Le site du village d’Aigue-Verte :
    http://www.aigues-vertes.ch/site/pages/default.aspx

  • Nouveaux délais votés à l’Assemblée pour l’accessibilité aux handicapés
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/07/20/nouveaux-delais-votes-a-l-assemblee-pour-l-accessibilite-aux-handicapes_4691

    ❝L’échéance du 1er janvier 2015 n’a pas été atteinte. Les administrations publiques, écoles, hôpitaux, commerces, transports… ne sont toujours pas accessibles aux handicapés, comme l’avait pourtant fixé la loi de 2005. Lundi 20 juillet, l’Assemblée nationale a définitivement ratifié l’ordonnance prévoyant de nouveaux délais pour l’accessibilité des lieux publics, prenant acte de l’impossibilité d’atteindre l’objectif de 2015, au grand dam des associations.

    Le Sénat devrait à son tour adopter définitivement mardi le projet de loi dans la version issue d’un compromis députés-sénateurs. L’ordonnance du 26 septembre 2014 tire les conséquences du fait que l’échéance du 1er janvier 2015, fixée par la loi handicap de 2005 en matière d’accessibilité des établissements recevant du public, des bâtiments d’habitation et des services de transport public de voyageurs, n’a pas pu être tenue « du fait du retard accumulé ».

    #handicape

  • Un #conflit entre deux cultures médicales ?
    http://www.laviedesidees.fr/Un-conflit-entre-deux-cultures-medicales.html

    La médicalisation de la fin de vie soulève de nouveaux enjeux de régulation politique. Tout comme les aspects économiques et les facteurs religieux, les cultures professionnelles sont à considérer dans la prise en charge de patients à la lisière de la fin de vie et du grand #handicap.

    Essais & débats

    / #euthanasie, #médecine, #culture, #mort, conflit, handicap

    #Essais_&_débats

  •  » Papas bricoleurs et mamans astucieuses : à vos tournevis !
    https://destinationsante.com/papas-bricoleurs-et-mamans-astucieuses-a-vos-tournevis.html
    Ce n’est pas parce que tu es #handicapé que tu as le droit d’être #sexiste !
    Parents débrouillards, c’était trop compliqué, comme concept ?

    Fabriquer soi-même une rampe amovible, transformer un transat de plage en siège de douche, créer une table de jeu sécurisée ou un jeu de société en version braille… C’est le principe des papas bricoleurs, mamans astucieuses & Cie, organisé par Handicap International et les magasins Leroy Merlin.

  • Pourquoi tu ne fais pas d’effort ? | Au creux de mon âme
    http://aucreuxdemoname.fr/blog/pourquoi-tu-ne-fais-pas-deffort

    La #maladie m’épuise, dans un sens assez difficile à appréhender. Quand je parle de la #spondylarthrite, on me demande si j’ai mal. Oui j’ai mal. Pourtant ce n’est pas la douleur en elle-même, mais ce sentiment que je suis LIMITÉE en tout qui est le plus #pénible. Le #douleur on fait avec, on l’accepte, et on la tolère de plus en plus avec le temps. Le plus problématique c’est juste la vie qui va avec.

    […]

    Cet article n’a pas vocation à faire pleurer dans les chaumières (d’ailleurs les chaumières existent plus depuis 1923 les enfants), simplement à rappeler à mes amis que je ne fais pas exprès de me désister, et, j’espère, aux bien-portants que nous, handicapés, nous en faisons, des #efforts. Plein. Tout le temps. Surtout pour ceux qu’on aime.

    Mais c’est ça aussi le #handicap : la #solitude. On est toujours seuls face à nous-mêmes, les marques de soutien et d’amitié remontent le moral et aident à vivre mais ne guérissent pas l’inguérissable. Votre rôle à vous, amis, conjoints, c’est aussi de vous souvenir qu’on se bat en permanence, qu’on vous aime, mais qu’il y a plein de choses qu’on ne peut pas réaliser alors qu’on voudrait les faire, ces efforts.

  • https://www.afnic.fr/medias/images/agenda/forum-braillenet.PNG

    Rendez-vous le lundi 8 juin de 9h à 18h à la Cité des sciences et de l’industrie pour le 9ème Forum Européen de l’Accessibilité au #Numérique organisé par Association BrailleNet et sous le thème « Handicap et technologies : Le numérique pour un meilleur accès à la connaissance » !

    Ouverture du Forum par Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au Numérique.

    Au programme :

    250 participants
    14 conférences
    14 démos & ateliers
    1 espace Innovations
    1 visite guidée de l’exposition neuroludique C3RV34U
    Des exposants

    https://www.afnic.fr/fr/l-afnic-en-bref/agenda/165/show/9eme-forum-europeen-de-l-accessibilite-numerique.html

    #Handicap #elearning #education #edition #Afnic #web #digital #mooc #accessibilité


  • Indésirables, Philippe Barassat, 2015
    Comme je l’ai dit : 2 fois 1h30 de route pour aller voir ce film dans la seule salle de Dordogne. Vraiment pas déçu. Ce film est important. Il n’y a pas de doutes.
    Je trouve ce genre de moment que j’adore où on ne peut différencier la forme et le fond.
    Je ne permettrais personne de dire qu’Indésirables « aborde la question de l’accompagnement sexuel pour les handis », ce n’est pas la question. C’est un thème du film, certes, le héro se fait proposer de passer du temps avec des femmes, mais pas que, en échange d’un peu d’argent. Et là, moi, je trouve la différence essentielle entre un film à thèse, que l’on peut aussi appeler film de propagande, et un film de cinéma avec la seule chose que sait faire bien le cinéma c’est à dire des représentations, des récits, des images.
    Et c’est comme ça que ce film pose des questions, bien réelles !
    Bon. Il couche avec la première fille. C’est vachement bien. Il y a du corps, et ça c’est rare. Parce que, j’arrête pas de le dire, le handicap, comme le cinéma, c’est une histoire de corps. Et là, il y en a. Et le héro qui a sa vie, se trouve bien débile quand la fille lui dit qu’elle est amoureuse de lui et qu’elle veut se marier. Bah oui tiens tu t’attendais à quoi ?
    Et finalement, Jeremie, il se met à enchaîner. Ca défile dans son appart’, de toutes les tailles et de toutes les formes. La cour des miracles je vous dis ...
    Et puis il vient des bribes, des doutes, pourquoi il fait ça ? Le plaisir sexuel, on s’en fiche ... mais le reste, la charité, la compassion, le plaisir de sa propre image d’être celui qui accepte de faire ce que les éducs n’ont jamais toléré ... le sauveur. C’est Hervé Chenais, merveilleux dans son zozotement lubrique qui lui dit ça la première fois. Est-ce que ce n’est pas lui Jeremie qui a besoin de ces monstres pour ce sentir utile ?
    Et c’est là qu’on touche les limites, autant pour le débat que pour le cinéma. Le générique crédite les nombreux participants ainsi : non pas un film avec mais un film grâce à. On sent bien que celui-ci est fait avec 2 francs 50. C’est bien pour ça qu’il passe nulle part. Ce n’est pas vraiment à cause de sa qualité.
    Les images et idées données dans ce film dépassent largement son niveau de production. Alors, ça déconne un peu, forcément, trop de choses sont textuelles et pas vraiment mises en film. Il a voulu tout mettre dedans et parfois, il n’y a pas la place.
    Par exemple, la scène de fin ne tient pas debout (eheh c’est rigolo comme tournure... : - )) pas assez. Mais c’est pas grave parce qu’on sent ce qu’il aurait fallu faire.
    Il faut soutenir ce film à mort. Il faut qu’il passe au cinémabrut :
    http://www.cinemabrut.com
    Et à l’étrange festival :
    http://www.etrangefestival.com
    Et dans tous les festivals LGBT de France et de Navarre.

    Bref, vive le cinéma, vive le handicap, vive le corps et vive le cul !
    https://www.youtube.com/watch?v=XZT7YMf9DRc


    #critique_a_2_balles #Indésirables #Philippe_Barassat #Hervé_Chenais #2015 #film_d'handicapé #cinéma #cinémabrut #accompagnement_sexuel #prostitution #handicap #stras

  • Hasta la vista (2011) : un film d’handicapé-e-s parmi d’autres… | Le cinéma est politique
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/hasta-la-vista-2011-un-film-dhandicape-e-s-parmi-dautres

    On parlera d’un petit film, Hasta La Vista (Geoffrey Enthoven, Belgique, 2011). Il n’est pas un monument et il ne fera pas grand succès. Toutefois, il me semble être un condensé extraordinaire de tout ce que je trouve insupportable dans ce genre de films. C’est un film d’handicapé-e-s, comme on en voit en ce moment, qui prétend, à sa mesure, au choix : faire changer les mentalités, ou faire évoluer le soi-disant regard de la société tout en nous donnant une bonne dose de pêche et d’envie de vivre.

    @fil @rezo #critique_a_2_balles_50 #hasta_la_vista #2011 #geoffrey_enthoven #cinema #prostitution #handicap #rémi_gendarme #film_d'handicapés

  • Sexualité et handicap mental • Dépasser les bonnes intentions - Lien Social
    http://www.lien-social.com/Sexualite-et-handicap-mental-o-Depasser-les-bonnes-intentions
    Je recopie ici ma participation au numéro 1163 de la revue Lien Social

    Accompagnement Sexuel
    En France, en 2012, le Comité Consultatif National d’Ethique a rejeté l’accompagnement sexuel dont pourraient bénéficier les personnes en situation de handicap, assimilé à la prostitution.
    La mise en lien entre clients et accompagnants, elle, est considérée comme du proxénétisme et interdite.
    Des associations défendent ce qu’elles considèrent comme un droit, c’est le cas de l’Association Pour la Promotion et l’Accompagnement Sexuel (Appas), fondée par Marcel Nuss, auteur et conférencier, lourdement handicapé. En mars 2015, elle a animé la première formation française sur la question. « Cette formation aide à prendre conscience de ses projections en matière de sexualité, à connaître les contraintes et spécificités des différents handicaps. Elle propose également un travail avec un ostéopathe autour du toucher et des bonnes postures à adopter pour éviter de se faire mal ou de faire mal à la personne accompagnée », détaille Marcel Nuss. Depuis janvier 2014, l’association met aussi gratuitement en lien ceux et celles qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement sexuel avec des « accompagnants » sur le territoire français : travailleurs du sexe volontaires, professionnels de la santé ou de l’aide à domicile.
    D’autres, comme le cinéaste Rémi Gendarme, également lourdement handicapé, s’opposent à l’accompagnement sexuel. Il a d’ailleurs consacré un court ouvrage à la question. "L’idée me paraît largement discriminatoire. Les arguments entendus sur le sujet véhiculent les préjugés les plus bas, les plus misérabilistes. Des points de vue à la sauce judéo-chrétienne, comme le « devoir d’humanité, peste-t-il. Ceux qui les utilisent semblent considérer les hommes et les femmes en situation de handicap comme des sous-humains incapables d’accéder à une vie affective et sexuelle. Accepter cette proposition équivaut à admettre que les corps handicapés ne peuvent pas séduire. Le problème est énorme : la misère touche toute la société. Elle impose à chacun des canons de beauté et une sexualité normative. C’est aux professionnels de la santé, aux institutions et aux usagers de se saisir largement de cette question. Il ne s’agirait pas de faire l’autruche en délégant les questions, si nombreuses, de l’intimité en institution, à un service externalisé. »
    #handicap #rémi_gendarme #lien_social #marcel_nuss #accompagnement_sexuel

  • A lire dans Libération aujourd’hui :
    L’idée d’assistance sexuelle me choque

    Je suis handicapé moteur. Je fais partie de ces personnes qui “ne peuvent pas avoir accès à leur corps”. Dans ce débat, je suis un des premiers concernés ! Et pourtant, l’idée même d’assistance sexuelle me choque. Tous les arguments que je peux entendre autour de cette question, c’est de la charité à la sauce judéo-chrétienne.

    Je trouve cette idée violente, discriminatoire. L’idée même de fournir un service spécialisé, c’est reconnaître que les corps handicapés ne feront jamais envie ! Qu’ils ne peuvent pas plaire. Le préjugé n’est pas de dire que les personnes handicapées n’ont pas de sexualité, mais de considérer qu’elles sont condamnées à désirer. Que le plaisir de faire l’amour ne serait pas partagé ! Moi j’affirme que le seul besoin que nous avons, c’est, valides ou pas, d’avoir l’opportunité de se reconnaître dans le regard de l’autre, de se rencontrer.

    Alors que nous venons de passer le cap des dix ans de la loi pour la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, et avant de valoriser des proposition bankable, assurons-nous que le minimum vital soit bien mis en œuvre pour qu’elles puissent vivre de façon autonome et libre. Il faut que les établissements soient plus ouverts, que l’on permette d’y accueillir des personnes de l’extérieur et qu’elles puissent y dormir. Que les personnes en situation de handicap vivant chez elles bénéficient d’aides pour ne pas rester cloîtrées et puissent accéder à la vie en commun et aux rencontres ! Et, pour ceux qui n’ont pas "accès à leur propre corps”, pourquoi des ergothérapeutes ne travailleraient pas à des sex toys adaptés pour vivre des moments d’extase en toute autonomie ? La sexualité ne peut être entendue comme un besoin spécifique hors de l’idée d’un accès à l’éducation, à la prévention, à l’intimité et à la liberté.
    Rémi Gendarme

    Assistanat sexuel : passer le handicap - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/05/13/assistanat-sexuel-passer-le-handicap_1309002


    #handicap #Rémi_Gendarme #accompagnement_sexuel #politique #libération #Anne-Claire_Genthialon

  • Contre l’Assistance sexuelle pour les personnes handicapées : Nous ne sommes pas des « indésirables » | auxmarchesdupalais
    https://auxmarchesdupalais.wordpress.com/2015/04/19/contre-lassistance-sexuelle-pour-les-personnes-handica

    Récemment, à l’occasion de la mise en place de la première formation d’assistant sexuel en France par l’association l’APPAS et de la sortie du film « Indésirables », le débat sur l’Assistance Sexuelle a été relancé, suscitant l’intérêt des médias.

    S’il ne fait aucun doute que la vie affective et sexuelle des personnes handicapées est un sujet important, toutes les personnes concernées par le handicap sont loin d’être convaincues que l’assistance sexuelle est la meilleure réponse à leurs difficultés.

    Au contraire, certains, comme nous, sont fondamentalement opposés à la mise en place d’un tel système auquel semblent pourtant souscrire beaucoup d’associations de personnes handicapées

    #handicap #accompagnement_sexuel #prostitution

  • http://lesenfantsphares.com

    Je signale ici ce très beau documentaire, les Enfants-phares , à propos des familles d’enfants handicapés, très beau film, bien filmé, bien monté et qui traite avec pudeur, mais néanmoins sans faux fuyants, de la façon dont le handicap mental d’un enfant chamboule entièrement la famille, les parents et les fratries. Ce film est en attente de financement pour une véritable sortie nationale (je crois même qu’il y a du crowdfunding en instance), il a la grande qualité d’éviter les poncifs sur le sujet, le courage des mères (pourtant celles du film...), la soit-disant indéfectible solidarité des familles etc...

  • @fil, j’ai de nouveau plusieurs questions à propos de #seenthis :
    – Peut-on rechercher des personnes à suivre en fonction de thèmes. Par exemple, j’aimerai trouver des personnes qui utilisent fréquemment les thèmes #handicap #cinéma etc.
    – Seenthis a-t-il été créé en rapport direct avec #rezo ?
    – Aujourd’hui combien de personnes sont-elles inscrite sur seenthis ?

    Je vous remercie encore beaucoup d’avance. Si d’autres personnes veulent me répondre, bien sûr vous êtes les bienvenus.

  •         

    A mes frères et mes sœurs handicapé-e-s,

    Dans un livre récent, j’ai dit tout le mal que je pense de la proposition d’un service institutionnalisé d’accompagnement sexuel destiné aux personnes handicapées.

    Dans ce pamphlet, je crie, je hurle que reconnaître un droit à l’accompagnement sexuel c’est surtout reconnaître que ces corps-là ne feront jamais envie. C’est avouer que nous ne sommes pas vraiment humains. Demander à la société de s’exprimer sur ce sujet, c’est comme graver dans le marbre et affirmer que depuis toujours, et à jamais, certains corps sont faits pour plaire et d’autres pas. On crache à la gueule de tous ceux et toutes celles qui affirment que les histoires de corps sont plus compliquées que ça. Faites passer le désir dans la moulinette du cadre administratif et institutionnel, il en ressort vide de tout son contenu.
    Mais ce n’est pas tant la revendication d’un accès à l’accompagnement sexuel qui me bouleverse que les arguments employés en sa faveur qui confondent tout : le corps, le plaisir, la légitimité, la reconnaissance, le droit et l’envie. C’est cela que je dénonce : des arguments fallacieux, baignant dans la sauce charité façon judéo-chrétienne et au final très largement discriminatoires.
    Certains ou certaines handis m’ont engueulé : c’était bien beau ! Moi qui affirme que, comme tout le monde, j’ai connu des joies et des peines, moi qui ne pense mon handicap, ni comme un avantage, ni comme une contrainte en séduction, alors pourquoi je ne ferme pas tout simplement ma gueule ? Je pourrais au moins laisser ceux et celles qui souffrent trouver les solutions qui leur rendront un peu de dignité !
    Individuellement tout est légitime ! Chacun et chacune doit pouvoir jouir de toute liberté pour expérimenter les solutions qui lui conviennent. Toutes les tentatives mais aussi toutes les erreurs sont justes. On sait que la sexualité de chacune et de chacun est en perpétuelle évolution, alors mon propos n’est surtout pas celui d’un bisounours moralisateur.
    Je refuse que la société fasse œuvre de discrimination, et d’incohérence. Mais enfin ! Un service interdit à tout le monde sauf aux handis, ça veut dire quoi ?
    Je refuse aussi tous les sous-entendus grossiers qui ne manquent pas de s’exprimer et qui reproduisent les inégalités sexistes : les besoins masculins prédominent, évidemment ; certains consommateurs iront même jusqu’à se plaindre d’une offre de service cantonnée à des professionnelles jugées trop matures !
    Ah oui, on peut faire signer des contrats, on peut affirmer comme une évidence que l’acte est purement technique ! Pourtant, il est clair que pour tous et pour toutes, l’enjeu sentimental sera là. Il est incontournable ! C’est lui le tabou de notre société.

    Car le préjugé est bien qu’un corps handicapé ne peut pas plaire. Il n’a jamais été celui d’un corps handicapé qui ne peut pas désirer. Bien au contraire. De Priape, ce demi-dieu fils de Zeus condamné à avoir un corps difforme et un sexe monstrueusement développé jusqu’au peintre Toulouse-Lautrec, la doxa a toujours craint les handis pour leur désir sexuel.
    Ainsi, la proposition d’accompagnement sexuel coule bien dans le sens commun d’un corps incapable de faire éprouver du désir en même temps qu’il éprouve un désir implacable. Il faudrait alors que la loi soit là pour l’assouvir. Cette proposition n’apporte aucune solution puisque se reconnaître dans le regard de l’autre est le seul besoin.

    Notre corps physique est malade, déformé, mortel et en un mot : handicapé. Ce corps-là, il faut s’en occuper. Dans ma vie, on s’en est largement occupé, c’était prioritaire.
    Alors l’adolescence a été difficile : le monde me disait que le seul corps valable est un corps valide et, de préférence beau et fort. Les médias me présentaient des corps qui n’étaient pas le mien et me disaient qu’en dehors de ces corps-là, aucun autre n’était digne d’intérêt amoureux ou sexuel...
    Nous, ce n’est pas pareil, nous sommes exclus de tout. Je me rappelle de ma gêne à 13 ans, lorsque une animatrice du Planning Familial est venue nous parler de la manière d’utiliser un préservatif et de l’urgence de se protéger. J’ai baissé les yeux en me disant qu’avant de penser à se protéger, il fallait déjà avoir une sexualité avec l’autre. C’était comme si toute la société me criait qu’à cause de mon handicap je n’étais pas soumis au débat sur les discriminations sexistes, je n’étais pas soumis aux risques de transmission des IST, je n’étais finalement pas dans le même monde que celui des copines obligées de se poser la question de l’IVG à 13 ans.
    On me disait pourtant bien le contraire : des amis et amies plutôt moches avaient des relations et me disaient que je ne devrais pas m’estimer fatalement moins désirable que d’autres, que l’essentiel est à l’intérieur... C’était bien joli ! Mais ces ami-e-s là, avaient des corps normaux. Mon corps différent apportait l’ultime argument pour justifier aux yeux de tous, y compris parfois aux yeux de moi-même, la conviction de ma disqualification.

    Petit à petit, j’ai construit d’autres normes. J’ai rencontré des personnes qui, comme moi, pensaient le corps, autrement. Je me suis dit qu’il ne tenait qu’à nous de ne pas suivre des modèles dans lesquels nous serions forcément perdants. Personne n’a le droit d’imposer des limites au-delà desquelles une personne n’est pas séduisante : le fauteuil, la bave, la trachéotomie ou l’incontinence.
    Désormais le combat contre le sexisme et l’homophobie est aussi le mien, au même titre que celui de mon accès au monde.
    J’ai aussi rencontré des personnes que je qualifiais de normales et que la vie avait blessées beaucoup plus que moi et bien différemment. Celles-là aussi étaient soumises à la violence des normes et des préjugés. La sexualité n’est facile pour personne. Elle est même douloureuse pour beaucoup.
    Si bizarroïde que soit mon corps, indifférencié de toute ma personne, il était quelquefois le bienvenu pour combler quelques vides et panser quelques plaies. C’est sans doute que, handicapé ou non, le corps a un autre aspect, plus discret, plus fragile peut-être que l’aspect physique et mortel. Ce corps est aussi celui que nous avons et qui nous fait accéder au statut d’humain. Il est à nous et c’est le seul que nous ayons pour vivre tout ce que nous voulons vivre. Il n’est pas moins légitime que le corps des autres.

    Pour chacun, chacune de nous, il y a bien à combattre ces idées qui touchent tout le monde et tous les corps : les normes esthétiques qui contraignent, magnifient, méprisent ou excluent. Ces normes esthétiques qui imposaient à ma petite sœur de 13 ans de mettre des strings. Cette société sexiste qui me disait que celles qui portaient ce genre de sous-vêtements étaient « toutes des salopes ». Ce pays où, 220 fois par jour, une tentative de viol est commise. Ce monde là, violent, nous l’habitons tous.
    Il nous faut refuser que la valeur essentielle soit la force, le corps normalisé, aseptisé, musclé, épilé jusqu’à l’excès, la beauté de magazines, la plastique valide et efficace. De l’homme-machine à la femme-objet il faut refuser de participer aux petites dominations mesquines qui nous donnent l’illusion que nous appartenons au groupe des dominants.
    Nous nous épuisons à courir après l’accès à des valeurs qui privilégieront toujours des corps que nous n’avons pas.
    Nous sommes nés dans une société qui découvrait des hommes et des femmes handicapé-e-s qui voulaient être des citoyens et des citoyennes à part entière. Comme beaucoup d’autres franges de la population (appelées minorités), il nous faut nous battre, défendre et parfois construire nous-mêmes les définitions des termes d’autonomie et d’inclusion. La sexualité ne peut être entendue comme un besoin spécifique hors de l’idée d’un accès à l’éducation, à la prévention, à l’intimité et à la liberté.

    #handicap #sexualité #accompagnement_sexuel #conscience_de_classe #homophobie #sexisme #résistance #modèle #normes #amour #contradiction #débat #militantisme

  • Je ne veux pas d’assistante sexuelle qui ne tremblerait pas de plaisir - Rue89 - L’Obs

    Je me permet de remettre cet article qui a bien deux ans parce que j’ai écrit quelques suites alors pour qu’on comprenne ...
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/03/21/je-ne-veux-pas-dassistante-sexuelle-qui-ne-tremblerait-pas-de-plais


    #handicap #sexualité #accompagnement_sexuel #contradictions

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.

    Troisième et dernière partie :
    On constate en effet que ma demande de conserver une entrée accessible aux personnes en fauteuil durant le blocage a été acceptée trois jours. « Pour des questions de visibilité et de sécurité mettre le piquet de grève devant les marches était plus pratique, mais ne t’inquiète pas, tu demandes et on t’ouvre ».
    D’autre part durant les AG la plupart des votes se font à main levée, c’est un autre confrère handicapé qui me l’a fait remarquer. Je demande, en réunion de comité, qu’une solution soit trouvée pour les étudiants qui ne peuvent pas lever la main, ma demande sera prise en compte pour la dernière AG. Enfin, le vote statuant sur la question du blocage se fait par couloirs : les pour d’un côté, les contre de l’autre. Première AG : il y a des marches devant le couloir « pour », ainsi un étudiant en fauteuil ne peut que voter contre le blocage, ce n’est pas très productif, je gueule. Deuxième AG : c’est l’inverse, les fauteuils ne peuvent voter que « pour », c’est mieux mais bon, je gueule. Troisième AG : les deux couloirs sont accessibles mais un membre de la tribune informe trois fois tous les étudiants que : « les couloirs ont été déplacés pour permettre aux handicapés de voter normalement », était-ce vraiment nécessaire ?

    Quelques perspectives en guise de conclusion.
    D’abord, bien sûr, poser la nécessité absolue de voir les étudiants handicapés, non pas seulement consultés mais bien maîtres des décisions qui les concernent. Il ne faut pas se faire avoir au piège d’exiger des « handicapés pour s’occuper des handicapés ». Le problème ne vient pas de l’ignorance des professionnels ou de leur manque de bonne volonté, mais bien d’une volonté politique. En ça, le combat nécessaire des étudiants handicapés est le même que celui des étudiants. Les spécificités matérielles, techniques, voire, éventuellement, médicales n’obligent, pour aucune d’elles, la délégation des décisions les concernant à une institution extérieure aux étudiants et à l’université. Il est urgent d’arrêter de considérer les problèmes liés au handicap comme des problèmes extérieurs, consensuels, apolitiques et du même coup les étudiants handicapés comme des objets ou des enjeux. Le soi-disant « problème du regard des gens » n’est que le symptôme du désengagement complet des collectivités au profit d’une individualisation des responsabilités et d’une dépolitisation des enjeux. On se souviendra que de nombreuses situations étaient, naguère, prises pour apolitiques, avant d’être socialisées à l’après-guerre, et, prises en charge (au moins en partie) en tant que problèmes politiques (la vieillesse avec le versement des retraites, la maladie avec la sécu, la pauvreté (notamment étudiante) avec le versement du chômage, du RMI, de bourses pour les étudiants). Le slogan d’Act-Up qui affirmait que le Sida était une maladie politique paraît, en ça, visionnaire.
    Ensuite, un travail syndical paraît nécessaire et urgent pour permettre la conscientisation des étudiants concernés. Mais il faut d’abord s’interroger sur les conditions sociales qui aboutissent à rendre les étudiants handicapés encore plus réactionnaires que la moyenne des étudiants. Il est donc tout aussi urgent de créer les espaces de débat et de solidarité qui permettraient la réflexion et la conscience des étudiants concernés de leur propre condition, alors que les institutions ou service accueillant les élèves et lycéens handicapés ne laissent aucune place à cette forme d’engagement social. On pourrait alors enfin envisager de vraies perspectives de lutte.
    Mais l’un des seuls aspects qui paraît alors spécifique est celui de la compensation de l’impossibilité de militer « comme les autres ». Là où les conditions pour permettre la bonne scolarité des étudiants handicapés ne sont pas réunies, elles paraissent encore plus difficiles à réunir pour le domaine très spécifique du militantisme. Est-ce alors aux syndicats ou aux comités de mobilisation de prévoir, même pendant une situation de crise (blocage, occupation, réunion organisée dans l’urgence…) les conditions d’accueil d’acteurs handicapés ? Comment, d’autre part, sensibiliser les étudiants handicapés aux luttes qui les concernent lorsque les militants sont des étudiants valides ?
    De manière réciproque, il faut, sans doute, faire un vrai travail de formation auprès des militantes et des militants et sortir du réflexe corporatiste pour faire intégrer, une bonne fois pour toutes, les problématiques liées au handicap à l’ensemble du terrain de lutte sociale.

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.

    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Deuxième partie :

    Etudiant depuis sept ans, j’ai connu deux universités différentes de Bordeaux et ce parcours m’a donné l’occasion de rencontrer pas mal d’étudiants concernés par l’accueil lamentable des administrations et des relais handicap. La stratégie adoptée par les universités face à un étudiant qui revendique de meilleures conditions d’études, qui se plaint trop souvent de devoir faire le tour d’un bâtiment pour accéder à un amphi ou qui refuse de demander à un collègue de lui photocopier ses cours est toujours la même. « C’est un râleur, il n’est jamais content alors que tout le monde est tellement gentil avec lui. D’ailleurs, la preuve, les autres étudiants ne se sont jamais plaints ».
    Ce qui est faux : certains se plaignent, mais de manière individuelle et encore faut t-il savoir écouter. A de rares occasions nous avons tout de même pu nous regrouper, à trois ou quatre, sur des problématiques précises suffisamment visibles pour la télé. En mai 2005 nous avons ainsi pu alerter France 3 et avoir droit à trois minutes du flash local. Au prix d’images ridicules où trois handicapés franchissaient vaillamment les portes de l’Université un temps plein fut libéré trois mois plus tard par l’administration.
    Mais cette expérience reste unique. Les contraintes organisationnelles empêchent, pour une part, les étudiants concernés de se réunir, d’échanger leurs expériences et de revendiquer ensemble. Mais la raison la plus importante est le manque de conscience des étudiants de leur propre condition d’oppression.
    En octobre 2007 commence le mouvement étudiant contre la loi LRU. Le blocage de l’université Bordeaux 3 est voté en Assemblée Générale. Je souhaite alors prendre part au maximum au mouvement dans cette université ainsi réinvestie. Le rythme imposé aux militants est largement insoutenable pour moi, on s’absente quelques heures, on loupe une réunion et on ne comprend plus rien. C’est pourquoi je décide de m’investir sur les problématiques que je maîtrise à savoir celles du handicap. J’inscris bien sûr ma démarche dans celle, plus globale, d’opposition à une loi qui remet en cause le service public. Il y a tout à faire, profitons-en.

    Suite à la seconde assemblée générale, les étudiants handicapés ont le plaisir de recevoir un mail du relais handicap les informant que le blocage est maintenu. L’expéditrice du mail (E.) déplore ainsi cette « mauvaise nouvelle » et nous demande de :

    « ne pas perdre de temps, ces journées sans cours ne sont pas des vacances, continuez si vous le pouvez à travailler chez vous ou en petits groupes. »

    Très en colère je réponds donc ceci :

    « E. ,
    merci beaucoup de relayer des infos liées au blocage. Je te demande cela dit de te contenter de mails strictement informatifs. Même handicapé, notre esprit critique est suffisamment aiguisé, je crois, pour nous laisser seuls juges de la portée d’un événement. 

    Je n’en profiterais pas pour faire état des conséquences que peut avoir la LRU sur les conditions d’accueils des étudiants handicapés (ni sur ton propre poste).

    Les étudiants de Bordeaux III sont tous tenus d’avoir obtenu un bac (ou équivalent), cela est largement suffisant pour décider nous même de nos activités durant le blocage.

    Cordialement,

    R. »

    Le mail de E. préjuge ainsi de la situation de victime des personnes handicapées.Ils seraient d’abord passifs devant ce mouvement social et surtout évidemment hostiles.
    Par un excès d’enthousiasme je commets l’erreur d’envoyer ma réponse à l’ensemble des étudiants handicapés. Je reçois dans les jours suivants plusieurs messages de reproches plus ou moins violents concernant la réponse faite à E. .
    Beaucoup de messages témoignent d’abord de la mauvaise compréhension de mes reproches faits au Relais handicap. Ainsi je n’apprécie pas l’aide apportée au quotidien par E. et V., mon mail était agressif (« rabaisser un professionnel du handicap est inacceptable. »). Mes critiques faites sur les stéréotypes systématiquement renvoyés aux étudiants passent complètement à la trappe :

    « Ca ne se fait pas…car elle a écrit ce message dans de bonnes intentions »

    C’est en fait bien plus qui m’est reproché. En évoquant les difficultés rencontrées à l’université, en refusant d’être absolument remerciant des services apportés par le Relais handicap et en me permettant de faire des reproches à son personnel j’ai remis en cause une autorité intouchable. La fonction professionnelle donne ainsi une légitimité que je ne dois pas remettre en cause : « laisse les gens compétents faire leur travail ». Une étudiante prie même E. de m’excuser en lui expliquant que tout le monde ne pense pas comme moi.
    C’est enfin le principe même de revendication qui est contesté :

    « on n’a pas le droit de profiter de notre situation d’handicapé pour tout le temps se plaindre »

    Une étudiante me dit même que contrairement à moi elle ne « porte pas son handicap en bannière » et me conseille : « occupe toi de ton handicap tu as l’air de mal le vivre ».
    Ces phrases ne témoignent pas seulement d’une méconnaissance de la notion de droit à compensation et d’un contresens fait sur la notion d’autonomie qui reviennent au final à un déni manifeste de la situation de handicap, elles sont le témoin criant d’une situation de grande oppression sociale. D’après mon propre vécu il me semble que, pour beaucoup d’étudiants concernés, l’accès à l’université représente une victoire exceptionnelle (on ne s’en étonne pas si on regarde la proportion d’étudiants chez les personnes handicapées, 0,24 % en 2005), une extraction de la condition de personne handicapée. Il paraît donc inconcevable de revendiquer sur des questions spécifiques liées au handicap et encore plus inconcevable de s’organiser à plusieurs. D’autre part, pour beaucoup cette « ascension sociale » est accompagnée d’injonctions de l’environnement (familial et professionnel) à « ne pas se plaindre ». « On te permet d’être étudiant, d’être parmi les autres, c’est exceptionnel, regarde comme tu as de la chance, et en plus tout le monde est tellement bon avec toi alors qu’ils n’y sont pas obligés ». On retrouve le statut exceptionnel de la personne handicapée tout juste tolérée. Invoquer les théories concernant la culpabilité renvoyée, explicitement ou insidieusement, aux personnes handicapées demanderait un développement beaucoup plus long. Pour résumer, si je proteste et que je n’ai pas de raisons de me plaindre c’est bien que je suis aigri et très malheureux de mal vivre mon handicap.
    Toujours est-il que cette anecdote témoigne de la grande misère sociale et politique des étudiants handicapés dont beaucoup ont intégré les représentations de leur propre oppression. Ils en sont donc moteurs. Alors que le rôle du Relais handicap serait non seulement de travailler à l’amélioration des conditions d’accueil mais aussi de faire prendre conscience aux intéressés de leurs droits d’étudiants, celui-ci entretient en fait une infantilisation qui passe notamment par un tutoiement systématique.
    Dans l’une des réponses des étudiants à mon mail une phrase retient mon attention : « Soyez conscients que pour certains le blocage représente un vrai cauchemar. »

    To be continued …

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.
    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Première partie :

    Les universités françaises doivent donner à tous les étudiants qui les fréquentent les mêmes moyens d’étudier. Qu’en est-il pour les étudiants handicapés ? De moins en moins enfermés dans des foyers, ayant de plus en plus de moyens pour vivre à peu près « normalement », les personnes handicapées comptent de plus en plus d’écoliers, de lycéens, d’étudiants, de travailleurs, de citoyens impliqués dans la vie sociale.
    Au fil des années, les étudiants handicapés ont donc été de plus en plus nombreux. Les handicaps peuvent être de plusieurs types (sensoriel, mental, moteur…) chacun d’eux entraîne des besoins spécifiques qui doivent (et qui peuvent aujourd’hui) être compensés par des aides techniques ou humaines. Par exemple, un fauteuil électrique permet de compenser une incapacité à marcher. On peut estimer qu’un fauteuil électrique est un bon moyen de compensation tant qu’il permet d’accéder aux mêmes fonctions de déplacement que la marche à pied. Un escalier rend évidemment un fauteuil inefficace, un ascenseur permet alors de compenser l’impossibilité de déplacement causée par l’escalier.
    Bref, pour faire face aux diverses difficultés et questions posées par l’accueil des étudiants handicapés, chaque université dispose d’un chargé de mission. C’est en fait un membre du corps enseignant ou du personnel administratif qui est particulièrement chargé de cette mission.
    Celui-ci n’est pas particulièrement formé, il dispose de peu de moyens alloués spécifiques et assure sa mission en plus de sa première fonction (d’enseignant ou d’administratif). Son rôle se limite donc la plupart du temps à accueillir les étudiants handicapés en début d’année et à organiser des conditions particulières d’examen.
    A Bordeaux quelques temps-pleins spécifiquement dédiés à l’accueil des personnes handicapés ont pu être débloqués, à vrai dire un par université. Ainsi depuis quelques années existe à Bordeaux III un relais handicap, le même type de bureau est ouvert à Bordeaux I et Bordeaux II depuis moins de deux ans. Les personnes employées dans ces relais handicaps n’ont toujours pas de formation spécifique mais ont en revanche une bonne volonté exemplaire qu’elles ne manquent pas de faire valoir comme principale preuve de leur légitimité.
    Pourtant, cela ne suffit largement pas. Les besoins spécifiques des personnes lourdement handicapées motrices (par exemple) ne s’expriment évidemment pas dans la seule période des examens, mais bien durant toute l’année universitaire. Et ils ne s’expriment pas seulement à propos des problèmes d’accessibilité des bâtiments.
    Les problèmes d’infrastructures sont loin d’être les seuls à gêner la bonne scolarisation des étudiants. Ils sont bien souvent l’arbre médiatisé qui cache la forêt. Un mec en fauteuil coincé devant un escalier c’est très photogénique. Cela permet en plus, non seulement de dresser le constat que personne n’y peut rien dans l’instant (« ça a mal été conçu au départ ») mais aussi de montrer le personnel de l’administration « tout faire » pour rendre, malgré tout, les conditions d’accueil les meilleures possibles. En effet, il y aurait beaucoup à faire, car en dehors des difficultés d’accès, les problèmes sont multiples.
    Un étudiant lourdement handicapé moteur qui ne peut pas écrire lui-même, qui a besoin d’aide pour appeler un ascenseur, pour aller aux toilettes, pour manger, pour enfiler et enlever son manteau ou encore pour éteindre son téléphone en début de cours, passe à peu près tout son temps universitaire à galérer. En cours, celui-ci a intérêt à être attentif car il ne peut pas prendre de notes, il devra donc trouver, à la fin du cours, un « gentil-camarade » qui accepte de l’accompagner et de photocopier ses notes. Tant pis si le « gentil-camarade » écrit mal, s’il ne prend pas bien les notes, s’il ne vient pas à tous les cours, s’il écrit en rose fluo, s’il a autre chose à faire. Pour l’ensemble des prestations toilette-repas, notre ami handicapé a le choix entre se retenir et ne pas manger, demander à un « gentil-camarade » ou s’organiser à faire venir, à l’université, des auxiliaires de vie qui interviennent habituellement à son domicile et à d’autres horaires. Cette dernière possibilité présente pour notre ami un coût en énergie et en organisation difficilement imaginable. Il doit prévoir plusieurs jours à l’avance l’heure à laquelle il souhaitera aller aux toilettes par exemple.
    Dernier problème pour notre ami : le travail personnel. Dans son ambition d’autonomisation de l’étudiant, l’université prévoit un minimum de cours pour un maximum de travail personnel (recherches, dossiers à rendre, etc.). L’étudiant doit alors travailler chez lui ou en bibliothèque et ce travail ne peut se faire sans aide (secrétariat, prise de notes sous la dictée, aide à la recherche dans des grosses encyclopédies). Encore une fois l’université ne prévoit pas d’aide spécifique, enfin presque pas, pas pour tout le monde, et pas en début d’année.
    Pour ce problème particulier, on pourrait facilement imaginer que l’université, via les relais-handicap, trouve des étudiants intéressés pour ce genre d’emplois, précaires mais sympathiques. Les étudiants handicapés auraient ainsi à leur disposition un certain nombre d’étudiants sous contrat avec la fac liés par un cadre professionnel et évacuant du même coup les problèmes d’organisation et de demande.
    Car aujourd’hui, c’est cette fameuse demande à des collègues que l’université envisage comme évidente sans voir les aspects néfastes. En étant toujours dans une relation de demande à ses collègues étudiants, la personne handicapée est placée en position de complète dépendance, et sacrifie en fait son intégration sociale aux nécessités matérielles. L’université ne veut pas entendre qu’en étant obligée de demander de l’aide à un camarade, et ce dès la première heure du premier cours, une personne handicapée propose son handicap comme premier et seul élément de relation sociale. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier auprès des autres étudiants le handicap et ses conséquences. Mais en le considérant à sa juste valeur, en donnant à la personne les moyens de compensation dont elle a besoin, le handicap est socialement et littéralement effacé. Libre à elle, après coup, d’en faire part, dans le cadre de sa relation sociale comme aspect plus ou moins important de sa vie.
    En s’appuyant sur la bienveillance individuelle des étudiants, sur le soi-disant devoir d’aider son prochain, l’université transforme bien la solidarité collective en charité individuelle. Et ce n’est pas seulement un problème de principe. En appliquant cette politique irresponsable, l’université met l’étudiant dans des situations aux conséquences relationnelles et sociales dramatiques (en étant, par exemple, obligé de demander de l’aide à des amis pour aller aux toilettes). Outre l’état de misère sociale et relationnelle dans lequel sont souvent tenues les personnes handicapées, outre aussi les conséquences désastreuses sur le taux de réussite à l’université, cette politique est le symptôme du désengagement progressif de l’université dans sa mission de service public.
    Etre seul prestataire d’enseignement, en offrant un service aux conditions normées et en déléguant toutes les tâches spécialisées à des prestataires de services extérieurs (ménage, entretien, traduction en langue des signes, auxiliaires de vie, secrétariat…), voilà ce à quoi aspirent les administrations de l’université.
    En 2005 a été créée la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), cette institution regroupe l’ancienne COTOREP augmentée de tous les dispositifs de financement pour permettre la compensation humaine ou technique du handicap. Et en effet tous les dispositifs de compensation sont relativement simplifiés pour les personnes handicapées. Cela présente en revanche le danger d’un service tout dédié au handicap vers lequel est systématiquement renvoyé l’usager de n’importe quelle institution dès lors qu’il est atteint d’un handicap. « Votre emploi du temps ne vous convient pas car certaines salles de cours ne sont pas accessibles ? Adressez-vous à la MDPH pour les besoins particuliers entraînés par votre handicap. » ; « Vous avez envie de pisser entre deux cours ? Nous avons à votre disposition des toilettes accessibles. Un accompagnement ? Une aide humaine ? Cela relève du soin, pas de l’université, adressez-vous à la MDPH. ». Ces deux exemples sont très différents mais relèvent de la même logique : considérer le handicap comme un cas à part, un élément malheureux qui relève de l’exceptionnel et qui, sous prétexte de besoins spécifiques, nécessite l’intervention d’une institution spécifique et autrement spécialisée.
    Si l’université ne veut même pas discuter, sous couvert de l’évidence, de sa responsabilité dans l’accompagnement aux toilettes, elle est davantage mise en porte-à-faux pour ce qui concerne ces fameux besoins d’accompagnements « pédagogiques ». C’est que la MDPH, pour le moment, n’est pas claire : les allocations individuelles couvrent les besoins « vitaux » pas les besoins « pédagogiques ». L’université a donc davantage de difficultés à se justifier dans son refus de financement et d’organisation de l’aide pédagogique.
    Depuis deux ans l’université accepte donc de donner, au cas par cas, une enveloppe, censée couvrir les dépenses liées à l’embauche de secrétaires. Elle en profite aussi pour exprimer son grand regret de ne pas voir la MDPH prendre en charge ce surcoût. Elle incite enfin les étudiants concernés à poursuivre les demandes auprès de la MDPH tout en rendant cette enveloppe de plus en plus exceptionnelle et de plus en plus difficile à obtenir.
    To be continued …

    • Je ne suis plus, ni étudiant ni Bordelais mais je ne suis pas vraiment sûr malgré l’amélioration progressive des conditions d’étude des étudiants et étudiantes handicapés que des moyens de compensation précis est été d’avantage mis en place depuis. J’attend que des étudiants et des étudiantes d’aujourd’hui me disent si un accompagnement total est aujourd’hui pensable ...

  • Soutien aux squatteurs et squatteuses

    Texte rédigé en avril 2009 le lendemain de la fermeture du squat de la rue Saint-Genès à Bordeaux

    Cher-e-s ami-e-s,

    J’ai été mis au courant, ce matin, de l’opération policière de jeudi dernier visant à la fermeture du squat de la rue Saint Genès et à l’expulsion de ses occupants. Les différents mails qui me sont arrivés m’ont offert suffisamment de détails pour pouvoir imaginer… La surprise, la peur, la panique, la colère et le sentiment d’injustice. C’est pourquoi je tiens d’abord à vous manifester mon soutien le plus fraternel.

    Mais pour que vous sachiez que ce message n’est pas purement formel et que la colère me vient du ventre, je me permets de vous raconter pourquoi je n’étais pas présent au rassemblement de la rue Saint Genès.
    J’ai la chance d’être étudiant depuis 2001. C’est bien une chance car j’ai pu assister à tout un tas de mouvements sociaux et politiques : du début de la réforme LMD à la guerre en Irak, du 21 avril 2002 au CPE. Je me suis toujours impliqué dans ces mouvements de contestation voulant absolument défendre mes opinions, et, peut-être un peu naïvement, apporter ma pierre au mieux au changement social, au pire dans la gueule des flics.
    Par ailleurs, mais vraiment ailleurs, en parallèle, ou en plus, en tout cas pas en moins, je suis atteint d’un handicap moteur qui, je dois le dire, influence de plus en plus mon mode de vie et mon existence sociale. Mais je continue à considérer celui-ci comme une particularité me définissant, comme beaucoup d’autres, partiellement.
    Il y a un an, en plein blocage LRU, j’écrivais un texte sur les conditions d’accueil des étudiants handicapés à l’université. J’en profitais pour détailler à quelles difficultés devait se confronter un étudiant handicapé s’il voulait lutter avec les autres étudiants contre la loi Pécresse. Mon bilan était assez négatif et ne donnait pas beaucoup de perspectives ni de solutions.
    Je me suis ainsi accroché quelques années à faire une manif sur dix, une réunion de temps en temps, à me tenir au courant et à pester régulièrement contre ces conditions de militantisme qui me paraissaient être faites pour des gens valides, en pleine forme et entièrement disponibles. C’est pour ça que je me suis cette année décidé à me tenir informé et à me recentrer sur des problématiques plus spécifiques au handicap.
    Me déplaçant en fauteuil électrique, je peux dire, avec un peu de mauvaise fois que j’ai une sérieuse tendance à me foutre royalement des squats puisque ceux-ci me sont généralement inaccessibles. Ça ressemble un peu à de l’aigreur.
    Quand je parle de me recentrer sur des problématiques plus spécifiques au handicap je parle par exemple de lutte pour l’amélioration du niveau de vie des personnes handicapées. Ces améliorations passent entre autre par l’accès à tous les lieux de vie : scolaire, professionnelle, et sociale. Et c’est grâce à cet accès total (symbolique et matériel) que des personnes, par ailleurs, mais vraiment ailleurs, en parallèle ou en plus, en tous cas pas en moins, handicapées pourront se découvrir des convictions politiques, des certitudes de lutte et des acquis à défendre.
    On peut donc aussi dire, plus brièvement, que je me démène comme un âne pour être reconnu comme être social plutôt qu’objet médical, militant subversif plutôt que gentil nandicapé, bref acteur plutôt que sujet.
    Alors en effet, dans les squats comme dans les rassemblements nocturnes devant le commissariat, je me sens, de fait, pas exclu, mais pas à ma place.

    Mais lorsque l’on me parle d’effectif de 150 policiers, de courses poursuites avec les chiens,et de manifestants mis en joue, et lorsque j’imagine la cinquantaine de manifestants dont, j’en suis sûr, au moins trois avaient des balles de jonglage (un jour j’arrêterai ma mauvaise foi), je me rends compte de la disproportion d’une telle démonstration de force.
    Et là, j’y vois plus clair. Le problème ce n’est pas de ne pouvoir accéder aux squats, ce n’est pas de ne pas pouvoir rester 5 heures à attendre un copain au commissariat, ce n’est pas non plus de ne pas pouvoir voter à main levée. Le vrai problème, la véritable injustice, ce qui me met en colère et ce qui me rendra toujours infiniment plus solidaire avec les habitants d’un squat au troisième étage même sans ascenseur qu’avec le gentil myopathe à tête blonde du Téléthon, c’est l’utilisation brutale, idiote, outrageusement démonstrative et outrageusement simple de la manière forte. C’est cette manière forte qui, en même temps qu’elle étrangle le moindre mouvement de résistance, me remet violemment à ma place d’handicapé. C’est ce même procédé démonstratif, cet étalage vulgaire et sans complexe de la raison du plus fort qui nie sauvagement ma volonté d’exister politiquement en même temps qu’elle frappe et enferme des manifestants non violents.

    Alors c’est pour cela que je me dois de vous renouveler mon soutien, à vous comme à Abdel, en ajoutant de pleine conviction :

    Si j’avais su, j’y serai allé.

    Vous imaginez le bordel, un ou deux flics se demandant s’il y a problème à taper un handicapé. Ou pire, un autre me demandant de bien vouloir me mettre sur le côté parce que cela risquait d’être dangereux. Ou encore pire, trois flics déplaçant mon fauteuil en douceur malgré mes protestations et me retirant la manette pour s’assurer de mon plein statut de légume…
    … j’ai peut-être encore trop de distance, cela aurait pu, tout simplement, être pire.

    R.
    #handicap #militantisme #etudiant #squat #accessibilité #violences #violences_policières #discrimination #validisme
    @rezo

    • Merci @fil d’avoir partagé mon article.
      Je me met doucement à la création d’un blog. Pouvez-vous me confirmer que lorsque j’utilise @ suivi d’un nom comme rezo, rezo est bien alerté de la présence de mon article ?

      Dernière question : comme seenthis est prévu pour faire circuler des articles et des infos, me conseillez-vous d’ouvrir un blog ailleurs qui serait plus adapté à la mise en page d’articles longs ?

      #seenthis_fontionnement #blog #rezo

    • tout d’abord, merci pour l’article

      on peut tout à fait utiliser seenthis comme blog — les fonctionnalités sont assez sommaires, mais pour partager du texte ça peut être amplement suffisant ; et le jour où tu voudras créer un blog sur une autre plate-forme il sera toujours possible de récupérer tes données

      le système de mention @ permet en effet d’alerter certaines personnes, à condition qu’elles acceptent de recevoir des alertes

    • Ok, merci beaucoup. Autre question, seenthis peut-il me servir à suivre l’actualité d’un site extérieur sans que j’ai besoin d’aller le consulter tous les jours ? Et enfin (parce que la route est longue) j’ai voulu mettre un lien vers mon article depuis FB mais la présentation qui s’affiche sur mon mur est très laide et pleine de _ * et tout ça. Une autre solution que partir au plus vite de FB ?

    • pour suivre l’actu d’un site extérieur, s’il n’a pas de compte sur seenthis, ce n’est pas possible ; mais nous avons déjà créé des comptes exclusivement RSS pour certains sites

      Pour ce qui est de FB je ne sais pas, j’ai arrêté :)