• Vous connaissez Charline Avenel ? Mathieu Billière
    (@mathieubil sur l’oiseau mort)
    https://threadreaderapp.com/thread/1703124612811210937.html

    Vous connaissez Charline Avenel ? Non ? Laissez-moi vous la présenter. Elle a été rectrice de l’Académie de Versailles de 2018 à juillet 2023. C’est donc elle qui a géré les alertes lancées par Samuel Paty 1/7
    C’est elle qui avait déclenché le recrutement par #job_dating et donc balancé dans le grand bain des gens qui n’avaient aucune expérience, et dont près de 70% ont très vite quitté le poste. 2/7
    Et c’est donc elle qui dirigeait les bureaux qui ont envoyé la lettre menaçant les parents d’un élève harcelé de poursuites judiciaires. C’est déjà pas mal non ? Attendez. 3/7

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Charline_Avenel

    #éducation_nationale #école #enseignants #recrutement #élèves #harcèlement_scolaire #menaces_de_poursuites_judiciaires #abus_de_pouvoir #enseignement_supérieur_privé #Ionis #népotisme

    • Harcèlement scolaire : l’association La Voix de l’enfant assure avoir reçu « le même type de courrier » que celui envoyé par le rectorat de Versailles à des parents
      https://www.francetvinfo.fr/societe/education/harcelement-a-l-ecole/harcelement-scolaire-l-association-la-voix-de-l-enfant-assure-avoir-rec

      La présidente de l’association La Voix de l’enfant, Martine Brousse, observe que les associations contre le harcèlement scolaire sont « rappelées à l’ordre parce qu’elles font trop de signalement après des interventions en classe ».

    • Éditorial du « Monde » : Harcèlement scolaire : la nécessité d’un sursaut
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/12/harcelement-scolaire-la-necessite-d-un-sursaut_6177285_3232.html

      cannibalisme à visage humain, de nouvelles avancées :

      Suicide de Nicolas : la révélation d’un courrier menaçant du rectorat met au jour les « manquements » de l’éducation nationale

      Dans ce courrier, révélé par BFM-TV, le rectorat de Versailles dit « réprouver » l’attitude des parents de Nicolas. Ces derniers avaient informé le proviseur, près de deux mois plus tôt, du lancement d’une procédure judiciaire à la suite du harcèlement subi par leur fils.
      Par Violaine Morin

      « Ce courrier est une honte ». Ainsi réagissait Gabriel Attal, samedi 16 septembre, lors d’un point presse organisé dans la foulée des révélations de BFM-TV, qui a diffusé à l’antenne un courrier adressé par le rectorat de Versailles aux parents de Nicolas. Le lycéen de 15 ans, victime de harcèlement scolaire s’est suicidé, le 5 septembre à Poissy (Yvelines).
      Dans ce courrier adressé le 4 mai 2023 par le « pôle Versailles » du service interacadémique des affaires juridiques aux parents de Nicolas, l’administration s’étonne du ton employé par la famille, au sujet du « supposé harcèlement » subi par leur fils, à l’égard du proviseur du lycée Adrienne-Bolland de Poissy, où il était scolarisé en troisième prépa professionnelle.
      « Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu envers des personnels de l’éducation nationale, dont le professionnalisme et l’intégrité n’avaient pas à être remis en cause de la sorte, sont inacceptables. Je les réprouve de la façon la plus vive », peut-on y lire. Le rectorat rappelle ensuite aux parents de Nicolas l’article 226-10 du code pénal, qui réprouve la dénonciation calomnieuse et prévoit, pour ce délit, une peine de cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Contacté par Le Monde, le rectorat de Versailles n’a pas souhaité réagir.

      Des enquêtes administrative et judiciaire
      « Mettez-vous à la place des parents de Nicolas qui ont écrit à l’institution – dont le rôle absolu est de protéger les élèves – pour les informer de la détresse vécue par leur enfant, et qui ont reçu ce type de réponse ! », s’indignait M. Attal, samedi devant les journalistes. Le ministre de l’éducation nationale a rappelé qu’il avait lancé, « dès le lendemain du drame », une enquête administrative en plus de l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Versailles en recherche des causes de la mort. Il a précisé qu’il en tirerait « toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions ». Le ministre a également indiqué qu’il réunirait « dès lundi » les recteurs, pour lancer un audit dans l’ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées en 2022.

      Le courrier du rectorat faisait référence à une autre lettre datée de la mi-avril, également révélée par BFM-TV, dans laquelle les parents de Nicolas s’inquiétaient auprès du proviseur du lycée de ne pas voir évoluer la situation de leur fils, après un premier rendez-vous avec la direction de l’établissement à la mi-mars. Ils reprochaient au proviseur de les avoir mal reçus, et de leur avoir signifié qu’ils ne disposaient pas de preuves tangibles du harcèlement subi par leur fils. « Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d’une quelconque manière », écrivaient-ils. « Aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils. » Une main courante a été déposée au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 4 mai, selon Le Parisien.

      Quelques jours plus tard, dans une réponse à cette lettre, le proviseur de l’établissement aurait évoqué les mesures prises pour suivre la situation du lycéen : des entretiens avec les élèves concernés auraient été organisés et la conseillère principale d’éducation ainsi que l’assistante sociale du lycée aurait été missionnée sur le sujet. C’est donc dans un courrier séparé, reçu une quinzaine de jours plus tard par les parents du jeune homme, que le rectorat de Versailles adopte le ton menaçant qui a heurté jusqu’à Matignon. « Il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets », a réagi la première ministre, Elisabeth Borne, interrogée sur ce sujet lors des journées du patrimoine à Matignon, le 16 septembre.

      La mère du jeune homme s’est exprimée, dimanche, dans les colonnes du Jounal du dimanche, pour dénoncer la situation. Elle explique avoir lu la lettre du rectorat en présence de son fils. « Nous passions désormais pour des coupables. A partir de ce moment, Nicolas n’a plus été le même, raconte-t-elle. C’était tellement grossier et surtout injuste. »
      La mère de la victime raconte ensuite la visite de Gabriel Attal et Brigitte Macron, organisée le lendemain du drame à la mairie de Poissy, et salue le soutien des élus et de la première ministre dont une lettre manuscrite lui a été remise « en main propre » par le député de sa circonscription, Karl Olive. Le jour des obsèques de son fils, vendredi 15 septembre, Gabriel Attal lui a dit : « Nous n’avons pas été à la hauteur, il y a eu des manquements. »
      Ces développements surviennent alors qu’un grand plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire est en préparation, sous l’égide de Matignon. Au cours d’une soirée spéciale consacrée au harcèlement scolaire, le 12 septembre sur M6, M. Attal a donné quelques pistes de mesures qui seront dans ce plan. Il s’agirait notamment de mettre en place un questionnaire d’autoévaluation pour que les élèves eux-mêmes repèrent et signalent les situations de harcèlement. Il a également promis une réaction plus rapide et des sanctions plus claires. Un déplacement ministériel est prévu, à la fin de la semaine du 25 septembre au Danemark, un pays qui a mis en place de « bonnes pratiques » dans l’éducation au « respect de l’autre », indique-t-on rue de Grenelle.

      Une campagne de communication à destination des adultes est également prévue, ainsi que l’élargissement du programme de lutte contre le harcèlement pHARe aux parents d’élèves. « Ce sont les adultes qui, régulièrement, sont défaillants, et ne déploient pas les moyens nécessaires de prise en charge, réagit Hugo Martinez, de l’association de lutte contre le harcèlement Hugo !. On le constate avec les derniers drames connus du grand public où les enfants ont parlé mais les adultes n’ont, à chaque fois, pas pris la pleine mesure de la situation. Demander aux enfants de s’auto-évaluer dans leur situation pour confirmer ou non le harcèlement est un non-sens. Les adultes ne sont-ils pas capables d’évaluer cela, de déployer une prise en charge ? » Le plan interministériel de lutte contre le harcèlement devrait être annoncé fin septembre.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/17/suicide-de-nicolas-la-revelation-d-un-courrier-menacant-du-rectorat-met-au-j

      la lettre du rectorat

    • « trop de signalements », 𝑺𝒖𝒓 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒊𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒆𝒓𝒔 ★𒈝 @Acrimonia1
      https://twitter.com/Acrimonia1/status/1703824359788335537

      « trop de #signalements »... ça m’est arrivé aussi qu’une assistante sociale me reproche d’avoir trop d’élèves en situation de #maltraitance familiale dans mes classes. No comment.
      Citation

      Mediavenir @Mediavenir
      🇫🇷 FLASH - L’association contre le #HarcèlementScolaire « La Voix de l’enfant » affirme avoir été menacée par l’administration scolaire de perdre son agrément pour avoir émis « trop de signalements » pour des faits de harcèlement. (BFMTV)

      UnaDonna @JustUnaDonna
      « ce n’est pas sain, madame, cette façon de prendre si à coeur le fait que S***** ingère des objets en classe, vous devriez vous demander pquoi ça vous atteint autant »

      exactement, et aussi demandez vous pourquoi les élèves se confient à vous et vous racontent comment ils ont passé la nuit à se faire exorciser jusqu’à s’évanouir et entendre que leur famille s’en va et les laisse poru morte (véridique) ou comment ils se font humilier, frapper etc
      et puis vous n’avez pas à être tenue au courant des suites éventuelles une fois que c’est dit, d’ailleurs le plus souvent il n’y en a pas, et ça ne vous regarde pas.

  • La vente du livre dont un chapitre décrit les pratiques de #harcèlement_sexuel d’un ponte (des études déconiales notamment, sic !) de #Coimbra - #Boaventura_Sousa_Santos - a été suspendue par #Routledge

    Ici la réaction de Boaventura Sousa Santos :

    O livro «Sexual Misconduct in Academia» q expôs, alegadamente, situações de assédio (e abuso) sexual no #CES da @UnivdeCoimbra deixou de estar disponível para venda no site da @routledgebooks. Que conclusões tirar deste excerto de entrevista de Boaventura Sousa Santos? #assédio

    https://twitter.com/migueldelemos/status/1679121982535741441


    résultat de recherche avec ce lien : https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781003289944/sexual-misconduct-academia-delyth-edwards-erin-pritchard

    #suspension #censure #livre #suspension #université #harcèlement

    • #Boaventura dá primeira entrevista sobre acusações: «Fui feminista toda a vida. Mas é preciso distinguir as lutas genuínas»

      Editora Routledge suspendeu venda do livro no qual três mulheres acusam o académico de conduta inapropriada. Boaventura diz não conhecer «detalhes da decisão da editora»; uma das alegadas vítimas, porém, disse ao DN ter sido contactada por advogado «para acordo». Em entrevista, o sociólogo apresenta-se como vítima de «vingança» e da sua posição sobre guerra na Ucrânia.

      «Posso informar que o livro está suspenso, por a acusação ser tão grave. Porque é na verdade uma acusação criminal sob o disfarce de um trabalho científico. (...) Espero que a editora reconsidere. Porque publicou cinco livros da minha autoria, dois singulares e três coletivos. Eles próprios estão um pouco perplexos com a qualidade deste capítulo.»

      Numa entrevista tornada pública no Youtube esta terça-feira, e na qual fala longamente sobre a acusação de que foi alvo, assumindo ter cometido «erros, atos incorretos, mas nunca crimes», e estar «muito tranquilo, confiante de que a verdade triunfará», Boaventura Sousa Santos deu assim a novidade de que o livro Sexual Misconduct in Academia (Conduta Sexual Inapropriada na Academia), cujo último capítulo é uma descrição de alegados factos ocorridos no Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra, com ele próprio, sob o crisma de «Professor Estrela», como figura central, teve a sua venda suspensa pela editora Routledge dois meses após a publicação.

      No site da editora, há apenas uma nota lacónica: «Este livro está temporariamente indisponível, por estar sob revisão». Ao DN, Boaventura Sousa Santos assume já saber da suspensão «há algum tempo», mas garante não conhecer detalhes da decisão, nem se a editora tenciona recolher os livros que estão à venda em várias plataformas e livrarias: «Não tenho recebido nenhuma comunicação da Routledge sobre manutenção da publicação do artigo ou se a venda será suspensa em outras plataformas.»

      Reconhece porém que, após ter conhecimento do capítulo no qual se viu retratado, expôs diretamente à editora - na qual tem várias obras publicadas, e que acaba de publicar, já após o rebentar do escândalo, em abril, outro livro seu, From the Pandemic to Utopia, the Future Begins Now - as suas críticas. Aliás, diz achar «natural» a decisão da Routledge, «dado que o artigo sofreu críticas bastante contundentes no meio académico em relação ao seu caráter pouco ou nada científico.» E lamenta que «se tenham apercebido disso meses depois de destruírem a minha imagem e depois de me causarem irrecuperáveis prejuízos a nível pessoal e profissional. Entendo a suspensão como um reconhecimento, ainda que tardio, de que o artigo não devia ter sido publicado.»

      Na entrevista referida, conduzida pelo austríaco Josef Muehlbauer, que se descreve no Twitter como «anarco-sindicalista seguidor de Noam Chomsky e feminista queer», o sociólogo português nega caráter científico ao artigo publicado pela Routledge e da autoria das académicas Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro e Miye Nadya Tom - "Não faço ideia de quem foram os revisores científicos do artigo, porque se o ler verá que a bibliografia não tem nada a ver com a parte empírica, que se baseia naquilo a que chamam «rede de murmúrios». Nunca fizeram uma entrevista..." - e descreve-o como «uma vingança» pessoal da parte da principal autora, a investigadora belga Lieselotte Viaene, que já tinha atacado duramente em abril, quando falou ao DN, na sua primeira reação pública à publicação do capítulo.

      "Foi expulsa do nosso centro. Tivemos de instaurar um processo disciplinar contra esta mulher, por conduta inapropriada, e ela prometeu vingança quando se foi embora, disse isso na altura a algumas colegas. (...) E soube que uma das outras duas autoras até disse: "O artigo não era para ser contra o «Professor Estrela», porque o admiramos, mas a versão final é da belga e ela pôs tudo em cima do professor porque se queria vingar.""
      Coletivo de vítimas organiza prova; Isabella diz que foi contactada para «acordo»; académico nega

      A notícia da suspensão da venda do livro pela Routledge já tinha sido dada em primeira mão esta segunda-feira, numa «carta aberta» assinada pelo "coletivo de vítimas CES-UC (Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra) e publicada no site Buala. Na carta, a quarta publicada pelo coletivo e dirigida à editora, as signatárias, que se identificam como «sete mulheres, de nacionalidades brasileira, portuguesa, peruana e mexicana», dizem não ter conseguido esclarecimentos, junto das autoras do capítulo sobre o CES, acerca dos motivos da suspensão da venda do livro, e terem decidido então interpelar a Routledge.

      Informando que «as nossas experiências permitem atestar a veracidade do padrão de comportamentos descrito no capítulo 12», e que «a publicação do livro foi determinante para que nos organizássemos em coletivo e para a decisão de juntarmos provas testemunhais e documentais que corroboram os diversos tipos de abusos descritos naquele capítulo», cumprindo «um papel essencial na elucidação do padrão de abuso de poder que sofremos e testemunhámos», as sete mulheres anunciam estar a organizar «um dossiê circunstanciado com um conjunto alargado de provas documentais e testemunhais que comprovam as ações incorretas e o padrão de assédio sexual e moral descrito pelas autoras da publicação.»

      A razão pela qual essas provas ainda não foram apresentadas, dizem, «é a demora do próprio CES em iniciar qualquer processo investigativo sobre as denúncias. Estamos aguardando que seja instituída a Comissão Independente do CES [anunciada pela direção do centro como a instância que vai investigar as acusações], ocasião em que apresentaremos nosso Dossiê, que pretendemos também tornar público.»

      A política brasileira Isabella Gonçalves, uma das duas mulheres que em abril vieram a público assumir, com um relato detalhado, serem vítimas de assédio sexual por parte de Boaventura Sousa Santos - a outra é a ativista indígena Moira Millán -, e cujo caso é relatado no capítulo do livro como o de «uma estudante internacional de doutoramento» a quem o então diretor do CES, seu orientador de tese, teria proposto trocar intimidade por «apoio académico», disse ao DN estar associada ao coletivo. «Nos frustra o facto de que até hoje nunca fomos contactadas pelo CES e não temos informações sobre a comissão independente.»

      Questionada sobre o motivo pelo qual acha que Boaventura Sousa Santos nunca tentou até agora, ao contrário do que fez com Moira Millán, refutar aquilo de que ela o acusa, a deputada do Partido Socialismo e Liberdade, que na altura exigiu mudar de orientador e acabou por abandonar o CES (e que conta que algum tempo depois dos factos o académico lhe quis pedir desculpa), diz não saber: «Não sei porquê o silêncio dele sobre o meu caso». Adianta porém ter sido, já após as suas declarações públicas, contactada «por uma advogada dele», tendo preferido «não seguir o contacto».

      Esse contacto, de acordo com Isabella Gonçalves, foi no sentido de «chegarem a um acordo». À pergunta do DN «pagando?», responde: «Não chegámos a debater os termos.» Confrontada com a hipótese de que Boaventura Sousa Santos tenha igualmente efetuado uma démarche jurídica junto da editora, admite ser possível: «Ele mostra que já sabia da suspensão do livro, imagino que possa ter tomado alguma ação para isso.»

      Ao pedido de confirmação e esclarecimento sobre este contacto, Boaventura Sousa Santos responde: «Tenho um advogado para a minha defesa constituído em Portugal, que aguarda a Comissão para que possa atuar de facto no caso. Ele não fez nenhum contacto.»
      "Havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me"

      Na longa parte da referida entrevista em que apresenta pela primeira vez de viva voz a sua defesa - até agora limitara-se a responder por escrito a perguntas de jornalistas e a publicar comunicados - Boaventura não fala apenas das autoras do capítulo, da editora e de quem o acusa. Tem também como alvo o movimento feminista.

      «Há uma divisão no movimento, uma divisão muito séria, entre os que seguem o tipo de movimento metoo, dos EUA, e a ideia é tolerância zero - uma denúncia é uma condenação», diz o sociólogo. «As feministas mais novas acham que o homem é o inimigo. E tenho de as compreender como sociólogo, até escrevi um documento de autocrítica [refere-se a um artigo publicado no Expresso em junho], admitindo que no passado cometi erros. Mas nunca fiz aquelas coisas, é absurdo. (...) Temos de distinguir lutas genuínas, sabe?»

      Garantindo ter sido «um feminista toda a vida», refere o seu trabalho como prova: «É por isso que aponto o heteropatriarcado como parte do sistema de dominação. Muitas pessoas acharam que não devia colocar a dominação patriarcal no mesmo nível da classe e da raça.»

      Admite porém que apesar de ter tentado na prática «ser consistente» com a sua teoria, não foi. "Nunca somos totalmente consistentes, já se sabe. E uma pessoa da minha geração, particularmente no passado, cometeu certos atos incorretos, erros, mas nunca crimes. Coisas incorretas que podem ser consideradas coisas machistas e chauvinistas, como dizer «hoje está particularmente bonita» ou «muito bem vestida» - coisas que hoje não se podem dizer mas que em 2010, 2000, provavelmente podia dizer e não era ofensivo. Há realmente uma mudança na sociedade e temos de a respeitar. Temos de viver no nosso tempo. Se há desigualdades de poder? Claro, na academia e em geral, e tenho lutado contra elas. Mas no meio de uma luta justa há uma coisa muito injusta, a meu ver."

      Fala também das divisões na esquerda - «É uma infelicidade e estamos num período em que há muitas divisões e usualmente são as pessoas de esquerda q são vítimas destas coisas. Estamos a destruir o pensamento crítico» -, apontando-se como um «alvo» por «razões diferentes e de forma muito injusta.»

      Uma das razões, diz suspeitar, é a sua posição sobre a guerra na Ucrânia. «Sou quase a única voz em Portugal contra a guerra na Ucrânia. Fui muito contra a invasão ilegal da Ucrânia pela Rússia. Mas a partir desse momento, porque vivo nos EUA há tanto tempo, sei que esta guerra foi provocada pelos EUA para neutralizar a Rússia - e para tentar neutralizar a China. (...) Sou quase a única figura pública conhecida a dizer isto nos jornais. (...) O que tenho dito causou escândalo e havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me - publico as minhas crónicas mas não nos principais jornais, como costumava fazer.»

      Queixa-se até de não lhe darem sequer voz para se defender: "Não posso ir para os jornais expor a minha posição, porque dizem «OK, é a sua posição mas a posição da mulher prevalece». Acho que em 90% dos casos podem estar certos, mas às vezes estão errados."

      Sublinhando que aguarda poder apresentar as provas - «hard facts», «documentos, emails, faxes» - à comissão independente que o CES anunciou para investigar o caso (e que três meses depois ainda não foi, como noticiou o Público, nomeada), exemplifica com o que considera ser «a refutação completa» que publicou das acusações que lhe foram feitas pela ativista indígena Moira Millán, através de mails que alegadamente esta trocou consigo desde 2010 (quando teria ocorrido a agressão sexual de que ela se diz vítima) e 2014, lamentando: "Um dos problemas é que as pessoas já nem leem as refutações, por se se está em «tolerância zero», o que conta é a denúncia. E não é verdade, porque temos de ver os factos."

      Por fim, comenta: "Espero que a verdade triunfe. Isto faz parte da nossa vida no mundo, tenho de ser um sociólogo no meu tempo. E como não tenho um partido, uma igreja, uma sociedade secreta para me proteger, estou só em campo aberto. Nunca esperei que abordasse esta questão [dirigindo-se ao entrevistador, que se manteve calado durante toda esta parte, com cerca de 30 minutos, da entrevista], e poderia dizer «essa não, porque está sob investigação». Mas gostei de falar consigo. E assim fica a perceber o que sinto sobre isto."

      https://www.dn.pt/sociedade/boaventura-da-primeira-entrevista-sobre-acusacoes-fui-feminista-toda-a-vida-mas-e

    • Open Letter to Routledge - Taylor & Francis Group

      Academic censorship on sexual misconduct and power abuse: Not in our academia!

      #NotInOurAcademia

      #NoEnNuestraAcademia

      #NãoNaNossaAcademia

      #MeTooAcademia

      If you want to sign this open letter, please sign the form here and your name will be added

      Sexual misconduct is rife in higher education. In the UK, for example, sexual harassment carried out by academic staff towards students was documented in a 2018 report, Power in the Academy, which found that one in eight students had been subjected to unwanted touching from academics. These incidents are perpetuated by institutions historically rooted in patriarchal, racist, competitive, objectifying and hierarchical practices of knowledge and power.

      The book Sexual Misconduct in Academia: Informing an Ethics of Care in the University (2023) came together to address this emergency, to show ways forward, and to overcome silences.

      The two editors, Delyth Edwards and Erin Pritchard, and the 23 authors of this book represent a collective of PhD students, early career researchers, First Generation scholars, Indigenous scholars, and disabled scholars, based in Australia, India, North America, the UK and several European countries. Many of us have been affected by sexual harassment and assault - including rape - during our academic careers, often leaving us with deep traumatic wounds. We speak out despite the risk of legal, public or professional repercussions, such as losing our jobs. We have chosen to write about and analyse our experiences with the intention of promoting open dialogue about the realities of sexual misconduct and power abuse in academia in order to enact a much-needed deep transformation in our professional field.

      Chapter 12 of the book, “The wall spoke when nobody else would: Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, was written by Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro, and Miye Nadya Tom. It analyses sexual misconduct within an unnamed research centre, describing the culture and social norms that enabled the harassment to occur, as well as ways in which resistance took place. The authors collectively analysed such concepts as “star professor”, “whisper network”, “sexual-power gatekeepers”, “academic incest”, “intellectual and sexual extractivism”, “gaslighting”, and “institutional witch-hunt”.

      After the book’s publication in March 2023, a professor felt he was being referred to in Chapter 12, suggesting that he was the “star professor”, and threatened the authors with legal actions in the press. He also denounced the book and its editors among his networks.

      In certain academic circles the chapter became widely discussed and the authors, as well as other victims who stood up publicly, have received international support via open letters. The person who has identified himself as the “star professor”, along with others, appears to have used his power and the law to silence the chapter, the book and its authors. In June 2023 the book was temporarily withdrawn from circulation while Routledge - Taylor & Francis Group looked into “complaints” and a cease-and-desist letter it had received about the chapter. On 31 August 2023 the authors of Chapter 12 were informed that Routledge - Taylor & Francis Group were reverting the rights for the chapter to them. The editors were not informed of this decision, nor were they told what would happen to the rest of the book. The webpage for the book has now disappeared.

      Women presenting conference.

      These events are not only of great concern in relation to the silencing of the voices of the survivors who wrote Chapter 12, but also in relation to wider questions of how commercial publishers handle this issue. This controversy raises many questions, two of which we want to bring to the attention of the international academic community:

      - Can we, as an academic community, allow a private publisher to intervene in and even censor such an important, urgent and necessary debate in our professional field?

      – Academic writing is still the core tool of academic knowledge production worldwide, but when we as researchers are no longer allowed to reflect critically about how to transform our field from within, what are the implications for critical reflection on academia from within?

      It is well known that abusers, harassers and their enablers are increasingly turning to the law (in and out of court) to further intimidate, oppress and silence those who speak out about sexual violence and power abuse both within and outside of academia. It is not acceptable to simply defer to the legal threats of the powerful. As such, the legal context is weighted against victim-survivors. This is why academic publishers such as Routledge need to recognise their role within the wider academic community, and take a stance on this issue. Where publishers are profiting from publishing academic work, then they also need to take responsibility for the conditions of production of academic outputs. Academic research is produced in a context where women, LGBTQ+ people, and even men, in the Global North and South, are at risk of sexual harassment and power abuse. This context needs to be recognised in the ways that publishers work with those who write about these issues, instead of re-victimising them. Such support should include standing by authors where defamation threats are made.

      Furthermore, academic freedom upholds the right of academics to freedom of inquiry - to pursue and discuss ideas related to their field. Sexual harassment and power abuse in academia is an area that is in urgent need of further analysis and inquiry, hence the publication of this book.

      By signing this letter, the undersigned join in solidarity with the authors and editors of the book, in particular the authors of Chapter 12. We salute their strength and work, and support the editors and supporters of the book in calling on Routledge - Taylor & Francis Group:

      - to publicly state why they have removed the chapter and the book itself from their website

      - to reinstate chapter 12 and the book as a whole and to stand up to legal threats

      If you want to sign this open letter, please add your name here: https://docs.google.com/forms/d/19FX-p5Otrm_pk4ePmDWQIuGNgMXAg4pIePlRlJlRKtA/edit?pli=1. See current list of signatories below.

      https://www.buala.org/en/mukanda/open-letter-to-routledge-taylor-francis-group

    • « Nous savons toutes ». Un #MeToo universitaire au Portugal

      En mars 2023, un chapitre d’ouvrage dénonçait le harcèlement moral et sexuel dont les autrices avaient été victimes et témoins dans leur Centre de recherche. Dans leur sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite, était mis en cause. En solidarité, un large ensemble de signataires dénoncent une culture académique abusive, l’abandon des institutions et la violation de l’éthique professionnelle dans un environnement de précarité généralisée. En faisant appel à un changement de paradigme urgent, ce texte a donné naissance à un #MeToo universitaire au Portugal.

      En mars 2023, l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia Informing an Ethics of Care in the University a été publié chez Routledge (New York). Ce livre, principalement à destination des universitaires, traite des expériences de violences sexistes et sexuelles au sein du monde académique.

      Un de ses chapitres s’intitule « The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia », et a été signé par les chercheuses Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro et Miye Nadya Tom.

      Passées par le Centre d’études sociales (CES) de l’Université de Coimbra, au Portugal, les autrices s’appuient sur la méthode auto-ethnographique pour développer une analyse critique de dynamiques de pouvoir complexes au sein de cette institution internationalement reconnue comme pionnière dans le champ des études postcoloniales et décoloniales.

      Sans jamais nommer personne, ni la prestigieuse institution, elles élaborent une analyse qui permet de déceler comment les rapports entre le savoir et le pouvoir sont interconnectés et ancrés, à travers des figures-type telles que le « Star professor », la « Watchwoman », ou le « Apprentice ».

      Victimes et témoins de harcèlement en contexte universitaire, elles dénoncent une culture académique abusive, l’extractivisme intellectuel et sexuel, l’abandon des institutions, voire la violation de l’éthique professionnelle, dans un environnement de précarité généralisée ; tout en faisant appel à un changement de paradigme urgent.

      Ce texte a depuis désormais plus d’un mois déclenché un débat médiatique important au Portugal et à l’international, donnant naissance à un mouvement MeToo universitaire. Dans son sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite du CES de Coimbra, incarnation lusophone de l’intellectuel engagé, est aujourd’hui accusé de harcèlement et d’abus sexuels, notamment par la députée de gauche brésilienne Bella Gonçalves (qui a été sa doctorante en 2013-2014) ou encore par l’autrice mapuche Moira Millán.

      Si le débat public autour de ces questions est nécessaire, il comporte également une série de risques : représailles envers les autrices, instrumentalisation politique réactionnaire, dévalorisation de tout le travail scientifique développé au sein du CES de Coimbra, individualisation de problèmes qui sont en réalité systémiques – particulièrement au Portugal, mais aussi ailleurs.

      En ce contexte d’attaques et de mise en lumière publique des victimes, une vingtaine de personnes, la plupart des femmes, ont rédigé ce manifeste en solidarité avec les autrices du chapitre et avec toutes les victimes de harcèlement, tout en essayant de redéfinir les termes du débat, d’un point de vue féministe intersectionnel, solidaire, pour la justice transformatrice du milieu académique et de la société en général.

      Le texte a été publié dans le quotidien portugais Público le 14 avril. Depuis, il a été signé par plus de 900 personnes, et traduit en anglais et espagnol, ce qui a permis d’ élargir le débat, qui a notamment pris beaucoup d’ampleur en Amérique Latine.

      Nous le publions ici pour la première fois en français.

      « Nous savons toutes »

      Face au débat public en cours suscité par la publication de l’étude “The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, dans l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia : Informing an Ethics of Care in the University (Routledge, 2023), nous exprimons notre entière solidarité avec les autrices et les autres voix qui se sont manifestées publiquement, ainsi qu’avec toutes les personnes victimes d’abus de pouvoir et d’autres formes de violence à l’intérieur et à l’extérieur du monde universitaire. Ce document est une contribution collective et inachevée pour un débat en cours.

      I - SOLIDARITÉ TOTALE

      1. Il ne s’agit pas de diffamation

      Les situations abusives répétées et persistantes décrites dans le texte, loin d’être épisodiques ou de représenter une attaque concertée en vue d’une diffamation personnelle, institutionnelle ou politique, doivent être interprétées comme une critique des dynamiques institutionnelles systémiques, récurrentes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université.

      2. C’est structurel et structurant

      Le harcèlement sexuel et moral, l’extractivisme intellectuel (la pratique de plagier ou de reproduire le travail d’autrui sans le citer, en le présentant comme sien), ainsi que d’autres formes de violence, sont structurelles et structurantes dans un système universitaire fondé sur des hiérarchies professionnelles marquées et des divisions de classe, de genre et ethno-raciales. Une dimension particulièrement insidieuse de cette structure hiérarchique concerne la concentration du pouvoir et, par conséquent, l’accaparement de ressources financières essentielles au développement des carrières de recherche, dont la grande majorité repose sur la précarité. Dans ce contexte, le harcèlement peut toucher les hommes. Cependant, il touche principalement les femmes, compte tenu des difficultés accrues qu’elles rencontrent dans le développement de leur carrière, en raison, entre autres, du droit à la maternité et l’exercice de tâches de soin. Vue la manière dont le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont naturalisés dans une société patriarcale et sexiste, de tels actes sont souvent dévalorisés par les institutions où ils sont commis, les agresseurs bénéficiant de l’inertie et de la connivence des personnes ayant des responsabilités administratives. Ainsi, que ce soit par apathie ou par rationalisation des comportements abusifs, les personnes impliquées dans la gestion de ces institutions sont également imbriquées dans ces réseaux complexes de pouvoir, devenant complices des abus.

      3. Les représailles

      Les personnes cibles de violences ne décident pas de se soumettre à l’examen public à la légère. Elles savent d’avance ce qui les attend : des jugements de valeur, l’humiliation, la déformation des faits, la dévalorisation, le ridicule et une potentielle re-traumatisation. Souvent, les personnes accusées d’abus font appel à des principes consensuels de justice, tout en transférant la culpabilité vers les victimes. Parallèlement, elles ont tendance à discréditer les victimes/survivant.e.s en se présentant elles-même comme les victimes d’une persécution politique ou d’une attaque conspiratrice. Bien que dans la plupart des cas les agresseurs concentrent diverses formes de pouvoir — institutionnel et économique —, ils répondent aux accusations en se victimisant eux-mêmes. Cette situation persiste en l’absence d’un cadre juridique et de codes de conduite efficaces. À proprement parler, il n’existe pas de voie claire pour entamer une procédure de dénonciation des abus. Puisque les personnes qui décident de s’exprimer sont totalement dépourvues de protection sur leur lieu de travail ou d’études, elles s’exposent à des représailles. Ces mécanismes sont d’autant plus obscurs qu’ils sont informels, et plus les statuts sont précaires, plus les mesures de dissuasion contre le signalement d’abus sont importantes. Il en résulte un cercle vicieux de re-victimisation, d’isolement, d’auto-culpabilisation, voire d’abandon total de la carrière universitaire, sans parler du traumatisme infligé par de telles situations de violence. Dans le cas en question, les adjectifs utilisés à l’encontre des autrices de l’article, les accusant d’être des femmes « difficiles », « problématiques » ou même « insolentes », s’inscrivent dans une longue tradition patriarcale. Ce sont des lieux (trop)communs mobilisés pour discréditer les femmes. De plus, l’article a été la cible d’arguments masqués sous un vernis académique, en attaquant son prétendu manque de rigueur et la qualité de l’examen par peer-review auquel il a été soumis. L’utilisation de l’auto-ethnographie a été particulièrement critiquée, bien qu’il s’agisse d’une méthode valide et pertinente pour articuler, caractériser et analyser le type d’abus et de violence que le chapitre met en lumière. Nous répudions ces critiques.

      4. « Sans témoin, il n’y a pas de crime »

      Nous respectons le principe de la présomption d’innocence dans la sphère judiciaire. Cependant, nous condamnons la position adoptée par les présumés agresseurs qui se traduit invariablement par un refus de reconnaître le problème. Bien qu’il s’agisse de chercheurs reconnus pour l’étude et l’examen des relations de pouvoir asymétriques dans le monde, ils se montrent incapables d’appliquer ces mêmes outils critiques et théoriques à eux-mêmes. Qui plus est, ils refusent de remettre en question leur position de pouvoir et ne reconnaissent pas la violence abusive que leur désaveu renforce. Cela s’est manifesté de manière flagrante dans la réaction publique immédiate au chapitre et à ses auteurs, notamment par des menaces de poursuites pour diffamation. Cette réaction démontre une connaissance du fonctionnement des mécanismes juridiques, car s’il n’y a pas de témoins, il est d’autant plus difficile (parfois impossible) de prouver qu’un crime a été commis.

      5. La faillite de la justice

      Les mécanismes de la justice n’accompagnent pas les processus de justice sociale et de genre déclenchés par les mouvements sociaux de base. Les exemples de femmes dont l’expérience n’a pas été prise en compte par la justice sont nombreux. Les plaintes pour harcèlement et violence aboutissent souvent à la culpabilisation de la victime, questionnant de son comportement, au détriment de la clarification des faits et de l’application de la justice. Ce modus operandi, qui met en cause la cible des violences plutôt que son auteur, élude le problème et pervertit l’obtention de justice.

      II

      LA DIFFICULTÉ À PARLER

      6. L’inefficacité des mécanismes de dénonciation

      En raison d’un contexte qui ne protège pas les victimes/survivant.e.s, celles-ci finissent par payer un prix trop élevé, soit en termes professionnels (les amenant parfois à renoncer à leurs projets de vie), soit en termes de santé physique, mentale et émotionnelle, portant souvent un traumatisme à vie. Par ailleurs, les plaintes formelles auprès des institutions et des autorités ne constituent pas un mécanisme pleinement efficace. En conséquence, les victimes sont souvent dissuadées de porter plainte — notamment car lorsqu’elles le font, ces situations ont tendance à être étouffées (le cas en question en est un exemple). De manière perfide, l’économie des rankings, des évaluations et du prestige encourage et favorise l’impunité et l’inertie. Ainsi, les institutions préfèrent ne pas “salir” leur nom en évitant d’enquêter sur les cas de harcèlement sexuel, d’abus moral et de plagiat commis par des membres du corps enseignant ou du personnel académique sénior. En 2022, par exemple, il a été révélé qu’un rapport du conseil pédagogique de la faculté de droit de l’université de Lisbonne a reçu, en onze jours seulement, 70 plaintes de harcèlement, dont 50 ont été “validées”, impliquant 31 enseignants. Toutes les plaintes ont été classées et celles qui ont pu poursuivre au sein d’un organe interne de cette faculté ont été prescrite

      7. Régimes de validation du discours

      Il a fallu que les autrices du chapitre passent par les mécanismes les plus largement reconnus de validation académique — l’examen aveugle par peer-review et le fait d’être publiées par une maison d’édition de prestige (Routledge) — pour déclencher une vague d’attention aux situations d’abus de pouvoir. Toutefois, il faut souligner que tout ceci arrive après des tentatives de dénonciation de la part de chercheuses du Sud global qui ont été étouffées ou ignorées au fil des années. Pendant cette même période, soit par le biais de réseaux de chuchotements, soit parce que “les murs ont commencé à parler”, “nous le savions toutes”, même si c’était de manière informelle.

      8. Pouvoir-savoir

      Nous pensons qu’il est fondamental de montrer qu’un processus d’extraction intellectuelle existe et se concentre sur les groupes incarnant des savoirs et des épistémologies situées, qui, dans le contexte universitaire patriarcal et colonial, sont utilisés comme des ressources à capitaliser. Dans ce cadre, les dynamiques décrites dans le chapitre reproduisent les relations de pouvoir-savoir et reconstruisent des modes de production de connaissance marqués par le binarisme domination-subalternité. Paradoxalement, ces dynamiques sont des objets centraux du travail de recherche développé au sein du centre de recherche en question. Ce n’est pas un hasard si plusieurs des dénonciations subséquentes concernaient des chercheuses ancrées dans des contextes qui favorisent leur subalternisation : soit parce qu’elles se retrouvent déplacées de leurs milieux sociaux, culturels et/ou professionnels, soit en raison de leur condition économique, sociale ou migratoire — ou même par la confluence de tous ces facteurs. Dans le cadre d’un déséquilibre des relations de pouvoir, ces dénonciations impliquent, dans certains cas, des sujets dont les positions énonciatives et les perspectives épistémologiques ont été historiquement subalternisées.

      9. La pointe de l’iceberg

      Les cas signalés ne sont que la partie visible de l’iceberg. Le consentement intime est souvent compromis par les relations de pouvoir et la dépendance académique. Ces asymétries de pouvoir conduisent des chercheuses — dépendantes de la validation de l’institution pour leur sécurité financière, voire migratoire — à occulter les abus dont elles sont victimes afin d’éviter les problèmes ou les représailles. Ce phénomène a également été rapporté dans le cas en question. La plupart des victimes ne portent pas plainte par peur, par méfiance à l’égard du système judiciaire, par stratégie de survie ou pour préserver les personnes de leur entourage, celles dont la survie dépend de l’agresseur et souvent même celles qui appartiennent à la sphère intime de l’agresseur. La précarisation croissante du travail universitaire est au cœur de cette vulnérabilité. Certaines femmes ont exprimé la crainte de signer ce manifeste, justement, par peur des représailles. Cependant, le chapitre en question a déclenché plusieurs dénonciations nouvelles, et d’autres s’en suivront certainement. Dans l’espace des deux jours qui ont suivi la publication du chapitre, on peut compter par dizaines les témoignages publics et tout autant de dénonciations, tous faisant indéniablement état d’une réalité connue et tolérée depuis des décennies.

      III

      DES PRATIQUES ÉMANCIPATRICES

      10. Sauvegarder le travail émancipateur

      Le mérite des lignes de recherche importantes et progressistes développées au sein du Centre d’études sociales (CES) de l’université de Coimbra n’est pas à remettre en question. Telle est la confusion que veulent provoquer des tentatives d’instrumentalisation politique de ce cas à l’encontre d’orientations émancipatrices. Il est fondamental de reconnaître la pertinence des instruments de justice sociale et des plateformes permettant le type de pratiques critiques dont le CES a été pionnier. Cette reconnaissance ne doit pas nous empêcher, et ne nous empêchera pas, de constater les graves défaillances de la direction du CES dans la protection de ses chercheuses. Ainsi, nous soulignons que, précisément en raison de l’inscription du centre dans un espace idéologique et discursif émancipateur, l’impunité est inacceptable. C’est dans une écologie de la complexité, du conflit et de l’autocritique permanente que la justice sociale intersectionnelle peut être achevée.

      11. Pour une université pluridiverse et l’intersectionnalité des luttes

      Nous luttons pour une université qui valorise les idées et les pratiques progressistes ; une université capable de l’autocritique, d’accepter les vulnérabilités et d’assumer des pratiques de soin en vue de la justice sociale et de la formation de communautés solidaires et libres d’abus. Nous luttons pour une université où le savoir circule horizontalement, et non à travers des relations de pouvoir patriarcales et coloniales. Une université pluridiverse, égalitaire, intersectionnelle et émancipatrice. Une université libérée de la précarité générale et sans peur du modus operandi féministe dans la construction de personnes émancipées d’assignations prescriptives en raison de critères de genre, de classe, racistes, validistes ou de préceptes culturels. Une université où les lieux de décision et de prestige social ne sont pas le domaine quasi exclusif des hommes blancs, et où les secrétaires et les rôles auxiliaires de nettoyage et de restauration ne sont pas réservés presque exclusivement aux femmes (majoritairement des femmes racialisées ou migrantes, employées de manière précaire). Une université qui rompt avec la tradition des hiérarchies rigides et du renforcement du pouvoir par ceux qui sont plus préoccupés par la préservation de leurs privilèges que par la promotion de communautés de soin et de responsabilité. En résumé, nous rejetons une culture universitaire fondée sur la reproduction des « patriarches géniaux ».

      12. Nous faisons appel aux ministres Elvira Fortunato et Ana Catarina Mendes et à la Fondation pour la Science et la Technologie

      Nous appelons la ministre des sciences, de la technologie et de l’enseignement supérieur, Elvira Fortunato, et la ministre d’État et des affaires parlementaires, Ana Catarina Mendes, ainsi qu’à la Fondation pour la Science et la Technologie (l’agence publique nationale portugaise de soutien à la recherche), à se prononcer et à mettre à disposition les ressources nécessaires pour améliorer les cadres juridiques applicables à ce type de cas dans tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Il s’agit notamment d’envisager la nécessité d’adopter des codes juridiques et des cadres réglementaires analogues, par exemple, au "Title IX" en vigueur aux États-Unis. En outre, les instances de régulation de l’éducation et de la recherche scientifique doivent immédiatement créer les conditions pour que tous les établissements d’enseignement supérieur disposent de mécanismes permettant de dénoncer le harcèlement sexuel et moral de manière anonyme, capables de fournir des garanties de protection à toute personne ayant subi des abus. Par ailleurs, nous demandons la constitution de commissions indépendantes et non endogames chargées de mettre en place des mesures préventives, capables d’évaluer les plaintes, d’opérationnaliser les processus et d’aider à la mise en œuvre des sanctions.

      13. Réseau de solidarité sabemostodas[@]gmail.com

      ​Reconnaissant la nécessité de la présomption d’innocence pour une enquête juste dans une démocratie, tant pour les personnes dénonciatrices comme pour les accusées, nous condamnons toute tentative de représailles contre les premières. Nous anticipons cette possibilité contre les personnes signataires, à savoir celles qui ont des affiliations institutionnelles et universitaires, nous serons donc vigilantes et dénoncerons tout comportement punitif et de représailles. Faute de canaux de soutien institutionnels efficaces, nous nous désignons comme espace et réseau de solidarité.

      Nous réaffirmons notre solidarité avec toutes ces femmes et toutes les victimes et survivant.e.s de harcèlement.

      Nous soutenons celles qui ont le courage de s’organiser contre ce système oppressif et toxique, de le dénoncer et de le remettre en question, et qui, par conséquent, se sont retrouvées dans la situation difficile de devoir revivre des traumatismes passés. Nous serons à l’affût de toute tentative de représailles et nous agirons pour réparer tout préjudice.

      Nous serons de plus en plus nombreuses à dénoncer et soutenir les personnes qui déconstruisent les fondements patriarcaux et coloniaux à la base des systèmes universitaires.

      Les rédactrices

      Josina Almeida
      Ana Balona de Oliveira
      Inês Beleza Barreiros
      Maria Benedita Basto
      Ana Bigotte Vieira
      Catarina Boieiro
      Catarina Botelho
      Maria do Carmo Piçarra
      Filipa César
      Fábian Cevallos Vivar
      Andreia Cunha
      Ana Cristina Pereira (Kitty Furtado)
      Inês Espírito Santo
      Sara Goulart
      Marta Lança
      Patrícia Martins Marcos
      Marta Mestre
      Raquel Schefer
      Luísa Semedo
      Júlia Suárez-Krabbe
      Rita Tomás

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/110523/nous-savons-toutes-un-metoo-universitaire-au-portugal

    • Mapuche activist #Moira_Millán recounts sexual assault by Boaventura de Sousa Santos

      Interview • Lola Matamala • April 18, 2023 • Originally published April 16 in El Salto Diario, Translation by Ojalá

      Boaventura de Sousa Santos (Coimbra, Portugal, 1940) holds a PhD from Yale University, and is a professor at Coimbra University in Portugal. He is among the most prestigious intellectuals on the European left, and has published books including Human Rights, Democracy and Development (Routledge, 2020). He has been a regular participant in international conferences and forums including the World Social Forum.

      In the past week, a group of Portuguese students have accused him of sexual aggression and Brazilian member of congress Bella Gonçalves has added her testimony, as has the well known Mapuche activist, writer and screenwriter Moira Millán.

      I spoke with Millán on Friday April 14, one day before the Latin American Social Science Council (CLACSO) announced via social media the suspension of all activities involving the sociologist, who is among the most prestigious on the continent, “while the investigations are underway.” On April 15, the Center for Social Studies of the Iusa University of Coimbra did the same, suspending all of de Sousa Santos’ academic activities.

      Lola Matamala: Moira, what happened with Boaventura?

      Moira Millán: In 2010 I traveled to Portugal by invitation of a collective of Argentines living in Lisbon for a discussion in the Lusophone University. I let Boaventura know, we had met at the World Social Forum in Brazil, where we had a political exchange that was enjoyable and respectful. He immediately wrote back and invited me to Coimbra to give a talk to his students.

      I accepted, though he didn’t offer to pay. I told him I needed him to pay my expenses because my economic situation was very precarious, and Boaventura said he would pay for my travel, accommodation and meals.

      I arrived in Coimbra and gave the talk. By the time it ended it was quite late and his assistant told me I was to go for dinner in a predetermined location.

      I thought the whole team would go, but when I got there, he was alone. The place he had chosen was a restaurant that belongs to his family, which he had opened so we could have dinner alone. He began to drink heavily and say really strange things as a kind of “flirtation.”

      The whole time I was setting boundaries. When we finished eating he told me he wanted to give me some books, and I asked him to give them to me the next day. He said no, and told me his house was nearby. I agreed to go with him.

      I don’t remember what floor he lived on but I do remember there was a security system to get into the building. We went into the apartment and he got comfortable and began to drink whisky. I wanted to leave, but he told me to sit down. I did, but across from him. When I did, he leaned into me and started touching me, trying to kiss me.

      I got angry and pushed him and I said: “No!” I was upset but I stayed calm. He pushed himself onto me again, and I got very angry and pushed him even harder. I wasn’t going to let anyone rape me, not even Boaventura.

      He realized he wasn’t going to be able to rape me because I wouldn’t allow it. At the same time, I felt like a hostage. I didn’t know how to get out of the building, I didn’t know if it was far, I didn’t have any money to pay for a taxi. I also didn’t have my return flight to Lisbon. I was in his hands, and that sensation made me feel afraid and upset. I tried to calm myself down and I made him think it through, and he calmed down.

      LM: What did you say to calm him down?

      MM: I asked him if he acted this way with white academics or if he just did it with me, since I’m Indigenous and not an academic. We had spoken at length about Blanca Chancoso and I asked him: did you do this to Blanca Chancoso too?

      LM: And what did he say?

      MM: He said of course not. So I responded: then why are you doing this to me? Because I’m poor? Then I started crying, even though I never cry because I’m implacable. I’m the kind of person who says “not a tear for the enemy”. That’s when he apologized, and I left.

      I’m a woman who knows how to defend herself, I have to confront the Argentine Gendarmerie, and he’s an older man. This whole thing could have ended in tragedy because I could have killed him, and I’d be in prison.

      LM: How did you get your return ticket?

      MM: The next day I went to ask his secretary for it, but I was told that he had it and that he was waiting for me in a restaurant. When I heard that I got very upset: it meant the humiliation at his hands would continue. He was like a fussy child who didn’t get what he wanted from me the day before, so he wanted me again the next day.

      His assistant was upset and it’s not her fault, so I went and saw him. And there he was, waiting for me with a bouquet of flowers, begging for forgiveness, but I took my ticket and left.

      ML: When you arrived back in Lisbon, did you tell anyone what happened in Coimbra?

      MM: Yes, and they told me not to mess with him, that the right would take advantage of what happened because he was the guru of the left in a very difficult moment in Portugal. But does a leftwing rapist do less damage than a rightwing rapist?

      LM: As the days went on, and faced with these kinds of responses, how did you process what happened to you?

      MM: I thought, I’m 40 years old, what could happen that hasn’t happened already? How is it possible this guy is going to get away with doing this to me? Major mistake.

      Since then, though, whenever I am traveling I ask to come with someone else, so that I have witnesses. The only ones I have from what happened are the students I gave the class to and his secretary, but there’s no witness in the restaurant or in his apartment. I realized later it wasn’t spontaneous, that he acted as a criminal with a premeditated strategy.

      LM: Since then, has Boaventura been in touch with you?

      MM: No, he’s terrified of me, he knows what he did. And I have told a lot of academics, because we’ve been in conferences where he is also invited, and they’ve asked me to be on the same panels as him, and I’ve said no, and if they insisted, I’ve threatened to publicly denounce him as abusive.

      For example, CLACSO has known since the beginning, because I told them, which means it is totally complicit.

      LM: Has anyone in CLACSO been in touch with you over the past days?

      MM: They’ve called me as individuals and they’ve told me that, for now, they won’t go against him. I think what’s missing in this moment is a clear political position: the left has a chance to clean house, to redeem itself by condemning these extremely violent events.

      Instead I’m being threatened on social media. I don’t care because they aren’t going to come to Patagonia, but the young Portugese women who have spoken out, what support and security do they have?

      I can’t understand how these practices have been allowed inside academia, and I especially don’t understand the women who are complicit in these situations.

      LM: Have you received any kind of support since the news of these events went public?

      MM: A handful of Portuguese academics have called to say they are sorry for Boaventura’s attitude.

      In Argentina, in general, academia and many Argentine feminists have looked the other way, in fact, one woman academic told me that he’d done the same in Africa.

      And I think, if he did that to me, a Mapuche woman activist and writer with a certain amount of recognition and all of the tools to speak out, and I haven’t received solidarity, what attitude will they have with the African sisters who have been his victims?

      LM: Have you spoken to any of them or to others who have suffered abuse by Boaventura?

      MM: No, I don’t even know the students that have gone public, but I’m sharing my testimony because I heard him deny it and delegitimize them.

      Some people have asked to see the email exchanges I’ve had with Boaventura, but I’m a person who is persecuted in my country and I have to change my phone number and email all the time because of hacking. How am I going to recover emails from 2010 if I’ve changed my email three times?

      LM: Are you going to make a criminal complaint?

      MM: Yes, but I have to go to Coimbra to do that because that’s where it happened, and the issue right now is that I’m in Patagonia. Between August and September I expect to travel to Europe for a script I’m writing and I can do it formally.

      I’ll go to Portugal, even though since this happened I haven’t gone, even though I’ve been invited, I haven’t dared to go. Now I have to go denounce that white academic, and presumably also the left that speaks about the south and coloniality.

      LM: A year and a half ago you denounced Boaventura during the CLACSO conference in México [City], I imagine what’s happening now is affecting you emotionally.

      MM: I’ve felt a lot of pain, powerlessness and rage. They say time heals all wounds, but it’s not true. If there’s no justice, there’s no healing. Your soul still feels it, you live it all over again.

      I was asked how I understand justice, and in this case I know he won’t go to jail because of his age, but I hope he’s kicked out of academia and that he’s separated from the strategic spaces where he continues to prey on people, to humiliate them, to exercise violence against women, so that they can go to university without having an abuser deciding their future. For me, that would be justice.

      LM: Finally, what reflections have this emotional rollercoaster led you to develop?

      MM: Well, I lacked self-esteem at that moment, and many Indigenous women continue to lack self esteem. We normalize that things like this can happen to us because we don’t matter to anybody, we’re rapable and killable. And we’re tired.

      This happened in 2010 and I was alone, I wasn’t part of any Indigenous collective spaces or any feminist spaces. Once we’re part of collectives we also feel stronger as we face our Mapuche world that is machista and where there are also abusers and mistreatment.

      I will no longer accept any dogma, any nationalist flags that allow “mal vivir,” mistreatment or oppression.

      https://www.ojala.mx/en/ojala-en/moira-milln-recounts-sexual-assault-by-boaventura-de-sousa-santos

    • Lettre ouverte à Routledge – Taylor & Francis Group

      #Censure_académique des violences sexuelles et des abus de pouvoir : pas dans notre milieu universitaire !

      #NotInOurAcademia
      #NoEnNuestraAcademia
      #NãoNaNossaAcademia
      #MeTooAcademia
      #MeTooESR

      Pour signer cette lettre (https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfI_H8wlOIdX-565fqdA3nFB7DlxYCqqM-GePO9e20tU5s8jw/viewform), utiliser le formulaire sous ce lien et nous ajouterons votre nom.

      Les violences sexuelles sont très répandues dans l’enseignement supérieur. Au Royaume-Uni, par exemple, le harcèlement sexuel des enseignantes-chercheurs et des chercheurs envers les étudiant∙s a été documenté en 2018, dans le rapport Power in the Academy (Pouvoir dans le milieu universitaire), qui a établi que un∙e étudiant∙e sur huit a fait l’objet d’attouchements non-désirés de la part d’universitaires. Ces incidents sont perpétués par des institutions historiquement enracinées dans des pratiques patriarcales, racistes, concurrentielles, objectivantes et hiérarchies de savoir et de pouvoir.

      L’ouvrage Sexual Misconduct in Academia : Informing an Ethics of Care in the University (2023) a été élaboré pour répondre à cette question, indiquer les voies à suivre et surmonter les silences.

      Les deux directrices de publication, Delyth Edwards et Erin Pritchard, et les 23 auteur∙ices représentent un collectif de doctorant∙es, jeunes chercheur∙ses, universitaires First Generation, Indigènes, certain∙es en situation de handicap, venues d’Australie, d’Inde, d’Amérique du Nord, du Royaume-Uni et de pays européens. Plusieurs d’entre nous ont subi du harcèlement et des agressions sexuelles — y compris des viols — au cours de notre carrière universitaire, nous laissant profondément meurtries et traumatisées. Nous prenons la parole en dépit du risque de représailles juridiques, sociales ou professionnelles — perdre notre emploi par exemple. Nous avons choisi d’écrire au sujet de nos expériences personnelles, et de les analyser avec le souci de promouvoir un dialogue ouvert sur les violences sexuelles et les abus de pouvoir dans le milieu universitaire, et cela, dans le but de provoquer une profonde transformation profonde et indispensable dans notre domaine professionnel.

      Le chapitre 12, « The wall spoke when nobody else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia (Le mur a parlé quand personne d’autre ne l’a fait. Notes autoethnographiques sur le verrouillage par le pouvoir sexuel de l’accès à l’avant-garde universitaire), a été écrit par Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro et Miye Nadya Tom. Il analyse les violences sexuelles dans un centre de recherche anonymisé, décrivant la culture et les normes sociales qui ont facilité le harcèlement sexuel, comme les manières d’y résister. Les autrices ont analysé ensemble les concepts comme « professeur star », « réseau de murmures », « gardiens du pouvoir sexuel », « inceste académique », « extractivisme intellectuel et sexuel », « emprise (gazlighting) », and « chasse aux sorcières institutionnelles ».

      Après la parution de l’ouvrage en mars 2023, un professeur s’est senti désigné dans le chapitre 12, indiquant qu’il était la « star universitaire » et menaçant les autrices de poursuites judiciaires dans la presse. Il a également critiqué l’ouvrage et ses éditrices dans ses réseaux. Dans certains cercles universitaires, le chapitre a été largement commenté et les autrices, ainsi que d’autres victimes qui ont témoigné publiquement, ont reçu un soutien international sous la forme de lettres ouvertes. La personne qui s’est identifiée lui-même comme « star universitaire » a usé de son pouvoir et de la réglementation pour faire taire le chapitre, le livre et ses autrices. En juin 2023, le livre fut retiré temporairement des ventes, pendant que Routledge – Taylor & Francis Group examinait les « plaintes » et une lettre de demande de retrait (cease-and-desist) reçues concernant le chapitre. Le 31 août 2023, les autrices du chapitre 12 furent informées que Routledge – Taylor & Francis Group envisageait de leur restituer les droits du chapitre. es éditrices n’ont pas été informées de cette décision, ni de ce qui adviendrait du reste de l’ouvrage. La page web du livre a aujourd’hui disparu.

      Ces incidents sont très préoccupants non seulement parce que les voix des survivantes signataires du chapitre 12 ont été réduites au silence, mais aussi parce qu’ils soulèvent des questions plus générales sur la manière dont les maisons d’édition commerciales traitent ce problème. Cette controverse soulève de nombreuses questions. Nous souhaiterions attirer l’attention de la communauté universitaire internationale sur deux d’entre elles :

      - Pouvons-nous, en tant que communauté universitaire, autoriser un éditeur privé intervenir et même censurer un tel débat, aussi important, urgent et nécessaire dans notre milieu professionnel ?
      – L’écriture scientifique reste encore l’outil principal de l’élaboration du savoir académique dans le monde, mais quand, nous chercheurs∙ses n’avons plus le loisir de réfléchir de manière critique sur les manières de transformer notre milieu professionnel de l’intérieur, quelles en sont les implications pour la réflexion critique sur l’enseignement supérieur et la recherche qui nous reste ?

      Il est bien connu que les agresseurs, les harceleurs et leurs soutiens se tournent de plus en plus vers le contentieux (judiciaire ou extra-judiciare). pour continuer d’intimider, d’opprimer et de faire taire celles et ceux qui dénoncent les violences sexuelles et les abus de pouvoir, tant dans que hors de l’université. On ne peut accepter de se rapporter aux menaces judiciaires des puissants. En l’espèce, le contentieux est défavorable aux survivant∙es-victimes.

      C’est pourquoi les maisons d’édition, comme Routlege a besoin de reconnaître le rôle qui est le sien au sein de la communauté universitaire et de prendre position sur ce sujet. Lorsque les maisons d’édition tirent profit des travaux universitaires, elles doivent également assumer la responsabilité des conditions de production de ces travaux. La recherche scientifique est produite dans un contexte où les femmes, les personnes LGBTQ+, et même les hommes, dans le Nord et dans le Sud global, sont exposé∙es au harcèlement sexuel et aux abus de pouvoir. Cet environnement doit être reconnu dans la manière dont les maisons d’édition travaillent avec celleux qui écrivent sur ces sujets, au lieu d’en faire doublement des victimes. Cette responsabilité doit notamment consister à soutenir les auteur·ices en cas de menaces de diffamation.

      En outre, la liberté académique protège le droit des universitaires à librement faire des recherches, approfondir et débattre des idées liées à leur champ. Le harcèlement sexuel et les abus de pouvoir au sein du monde universitaire est un sujet qui exige analyse et enquête plus approfondies de toute urgence, d’où la publication de cet ouvrage.

      En signant cette lettre, les soussignés se joignent à la solidarité avec les auteur∙ices et les éditrices du livre, en particulier les autrices du chapitre 12. Nous saluons leur puissance et leur travail, et nous apportons notre soutien aux éditrices et aux sympathisant∙es du livre en demandant à Routledge – Taylor & Francis Group :

      - d’expliquer publiquement les raisons qui l’ont conduit à retirer le chapitre et le livre lui-même de leur site web
      - à rétablir le chapitre 12 et le livre dans son ensemble et à prendre à sa charge les poursuites judiciaires.

      Si vous souhaitez signer cette lettre ouverte, ajouter votre nom sous ce lien. Pour voir la liste des signataires, rendez-vous sur la page Buala.

      Signée par les auteur∙ices du livre

      Anna Bull (University of York, UK), Apen Ruiz (Universitat Internacional de Catalunya, Spain), Maria Coto-Sarmiento (University of Aarhus, Denmark), Lara Delgado Anés (Junta de Andalucía, Spain), Lourdes Lopez (Lure Arqueologia, Spain), Ana Pastor Pérez (Universidad de Barcelona, Spain), Maria Yubero-Gómez (Independent Scholar), Simona Palladino (Liverpool Hope University, UK), Lena Wånggren (University of Edinburgh, UK), Laura Thurmann (University of Manchester, UK), Melanie Crofts (De Montfort University, UK), Alex Petit-Thorne (York University, UK), Natasha Mikitas (Full Stop, Australia), Suzanne Egan (Western Sydney University, Australia), Sarah Ives (City College of San Francisco, US), Ann E. Bartos (Penn State University, US)

      Signée par les sympathisant∙es issu∙es d’une communauté académique plus vaste, en solidarité avec les éditrices et les autrices du chapitre 12

      https://academia.hypotheses.org/52769

  • Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/19/harcelement-scolaire-le-regime-de-sanctions-durci-notamment-a-l-ecole-primai

    Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire

    Un élève harceleur pourra, comme cela avait été annoncé en avril, être changé d’école, y compris sans l’aval de ses parents, selon un décret paru mercredi. Les représentants des parents et des enseignants invitent à accentuer en parallèle la prévention et l’accompagnement des élèves.

    Par Eléa Pommiers

    Les élèves de primaire auteurs de harcèlement pourront désormais être changés d’école, y compris sans l’aval de leurs parents. Un décret paru mercredi 16 août vient entériner cette mesure annoncée par l’ancien ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, au mois d’avril. [...]

    https://jpst.it/3lzLV

    Voilà qui semble ignorer la dimension sociale et collective du problème ; comme s’il s’agissait toujours, comme on aime à le montrer à la TV, d’un seul type de relation toxique, obéissant à un même modèle « psychologique » évanescent, dans lequel n’interviennent que deux personnes ; un·e harceleur·e et un·e harcelé·e.
    Réponse facile où il suffit de déplacer « le problème » pour ne plus le voir.

  • Une famille ultra-orthodoxe malmène des soldates israéliennes dans un train Times of Israel Staff

    Une famille ultra-orthodoxe, comprenant de jeunes enfants, a insulté un groupe de soldates voyageant dans un train. Des images ont été diffusées mardi.

    Une partie a été filmée par les soldates. La Douzième chaîne a flouté l’identité des personnes impliquées.

    Le média a indiqué que les « agresseurs » appartenaient tous à une même famille, sans préciser quand cela avait eu lieu, ni où le train se rendait.

    Sur la vidéo, on entend des membres du groupe scander : « Nous mourrons et ne serons pas enrôlés. Nous irons en prison et pas à l’armée. »

    « Attendez, comment ça on peut emmener des chiens dans le train ? Comment font-ils pour monter ? », demande un jeune garçon.

    Une femme lui répond. « Une société de nettoyage a apporté la benne à ordures et a déversé toutes les poubelles ici. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? »

    Un garçon dit alors au reste du groupe de « se calmer, elle [la soldate] pleure ».

    Un autre dit : « Enlevez cette odeur de poubelle d’ici ».

    Une femme passe ensuite devant les soldats, se couvrant les yeux en disant « pas besoin de voir une shiksa », terme péjoratif désignant une femme non-juive.

    Tsahal n’a pas encore commenté l’incident.

    Le ministre du Logement et de la Construction, Yitzchak Goldknopf, chef du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, a condamné l’incident en déclarant que « ce comportement n’est pas représentatif du public observant la Torah ».

    De nombreux membres de la communauté ultra-orthodoxe refusent de faire leur service militaire obligatoire qui s’applique pourtant à la majorité des Israéliens, et la communauté a historiquement bénéficié d’exemptions générales de l’armée en faveur d’études religieuses.

    Ces dernières années, plusieurs incidents se sont produits au cours desquels des soldats ont été physiquement agressés par des membres de la communauté haredi.

    #israel #racisme #religions #religion #ultra-orthodoxe #ultra-orthodoxes #patriarcat #violence #violences_sexuelles #domination #Femmes #harcèlement #virilisme #agressions

    Source : https://fr.timesofisrael.com/une-famille-ultra-orthodoxe-malmene-des-soldates-israeliennes-dans

  • « Contre le complotisme, parlez de valeurs, pas des vaccins » : entretien avec Marie Peltier | Céline Gautier & Quentin Noirfalisse
    https://medor.coop/magazines/medor-n30-hiver-2023-2024/contre-le-complotisme-parlez-de-valeurs-pas-des-vaccins-democratie-justice-syrie-covid-harcelement-terrorisme/?full=1#continuer-a-lire

    [Marie Peltier affronte en ce mois d’août une enième vague de harcèlement. Elle évoquait son travail et les attaques qu’il occasionne dans cet article de mars 2023.] Marie Peltier a subi la force de frappe du complotisme durant la guerre en Syrie. Depuis, elle ausculte ce phénomène de société qu’on ne déjoue pas avec du fact-checking, mais bien en défendant la démocratie, la solidarité et la justice, suggère-t-elle. Rencontre avec une historienne qui étudie les grands récits de notre époque. Source : Médor

    • (...) le conspirationnisme n’est pas un problème d’intelligence ni de manière de penser. Ces personnes font des liens logiques. Ils bossent leur sujet – et souvent bien plus que nous.

      Il s’agit souvent, comme moteur premier, d’une recherche de sens et aussi d’une soif de justice, qui se retrouvent dévoyées par des sphères qui les instrumentalisent à des fins réactionnaires.

      sinon, ça me parait pas trop costaud. c’est assez pyskologisant, sur ce qui détermine les politiciens, dont Macron, par exemple, ce qui offre une lecture pas trés analytique. « antisémitisme sans juifs », c’est une bonne punch line (ça doit intriguer y compris des antisémites sans vergogne), à fortes limites. ça s’affaiblit encore là où des faits passent à la trappe (investissement U.S. dans la révolte en Syrie), ce qui dessert la justesse et la logique du propos, là où les faits ne sont pas assumés, par exemple sur le vaccin covid défendu de manière générale au nom de l’histoire des vaccins, en se refusant d’aborder (je ne suis pas médecin) la chose même (virus et vaccin) comme l’exigerait une argumentions un tant soit peu spécifique.

      #complotisme #conspirationnisme #Marie_Peltier #harcèlement

    • M. P. : Parce que depuis vingt ans, on encourage la neutralité chez les personnes qui transmettent les récits : un journaliste doit être neutre, un professeur, un chercheur aussi. Mais la neutralité ça profite à qui au final  ? À ceux qui disent quelque chose de manière claire depuis vingt ans, en l’occurrence l’extrême droite. Ce dogme de la neutralité a fait beaucoup de mal et il est temps de réapprendre aux gens à se repositionner politiquement.

      M : Ne pas donner son avis, en classe, cela nourrit le complotisme  ?

      M. P. : L’obligation d’être neutre sème une véritable confusion dans la tête des professeurs. Ils pensent qu’il ne faut plus parler de la société. Pour ma part, j’ai décidé de redonner un peu mon avis. Je ne fais pas de politique partisane avec mes étudiants, mais, par exemple, j’ai parlé avec eux du vaccin. Si personne ne leur en parle de façon frontale, on ne peut pas leur en vouloir d’aller se vautrer dans des contenus conspirationnistes.

      #neutralité #politique

  • #Michael_Zemmour (économiste) : « Il y a un tel #contrôle sur les allocataires qu’on leur rend la vie impossible »

    Michael Zemmour, économiste et maître de conférences en économie à l’Université Paris 1, était l’invité de BFMTV pour réagir aux chiffres des fraudes fiscale et sociale. La lutte face à ces fraudes a été fixée comme un objectif pour “les 100 jours” annoncés par Emmanuel Macron lors de son allocution. Invité sur BFMTV ce mardi matin, Bruno Le Maire a par ailleurs durci le ton sur la fraude sociale et les personnes qui envoient des aides sociales vers leur pays d’origine.

    https://www.dailymotion.com/video/x8k7mon


    #fraude_fiscale #fact-checking #vidéo #fraude_sociale #fraude_fiscale

    • Lumière sur : Michael Zemmour

      Michael Zemmour, le guerrier de la réforme des retraites qui a débarqué sur la scène avec un esprit aussi affûté qu’une épée de samouraï ! Ce maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et chercheur à Liepp (Sciences-Po) a laissé sa marque en se battant pour des politiques sociales bien financées. Et il a réussi à le faire en moins de temps qu’il n’en faut pour dire "retraite" !

      Ce passionné d’économie a écrit des bouquins tellement percutants que même les planches de bois ont peur de lui ! Son chef-d’œuvre intitulé « En France, le travail coûte trop cher » est une source d’inspiration pour peut-être chercher à comprendre les mécanismes des enjeux économiques et sociaux du pays.

      Avec une détermination à faire pâlir un militant enragé, Michael Zemmour s’est jeté dans l’arène du débat sur la réforme des retraites, tel un gladiateur du savoir. Ses analyses ont électrisé le public, attirant l’attention des gens qui cherchent désespérément des solutions concrètes. C’est simple, il est aussi incontournable dans les médias que la météo en été !

      Sa capacité à parler de choses compliquées avec autant de clarté que le rire d’un enfant fait de lui un héros du peuple, capable de briser les barrières entre le jargon économique et le langage compréhensible par tous. Michael Zemmour est le Messi des politiques sociales !

      Son moment de gloire a été lorsqu’il a enflammé le micro de France Inter lors d’une entrevue enflammée avec Léa Salamé. Telle une tornade de vérité, il a démoli l’argument bancaire du ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur la pension minimale de 1200 euros pour tous les retraités. Michael a sorti sa boule de cristal et a révélé que le nombre de retraités en dessous de ce seuil serait encore plus long qu’un discours de politicien en campagne !

      Cette révélation fracassante a secoué la sphère publique et a ouvert les yeux sur les véritables enjeux des retraites. Et ce n’était que le début ! Grâce à ses analyses éclairées, il a réussi à ébranler les fondations de la réforme proposée, telle une danse endiablée sur les idées fausses du gouvernement.

      Aujourd’hui, Michael Zemmour continue son combat avec le sourire, comme un super-héros engagé, prêt à sauver la France des méandres de l’ignorance économique. Alors, préparez-vous, car avec lui, le futur des politiques sociales s’annonce plus brillant qu’un feu d’artifice du 14 juillet !

      Ps : Vous savez quelle est la différence entre Eric Zemmour et Michael Zemmour ? C’est simple, Eric est tellement obscur que même dans une pièce plongée dans le noir complet, vous ne le verrez toujours pas. Tandis que Michael est tellement brillant qu’il pourrait éclairer une salle entière rien qu’en récitant des chiffres économiques ! Mais bon, chacun son style : l’un préfère se cacher dans l’ombre des controverses, tandis que l’autre brille de mille feux dans le débat public !

      https://twitter.com/RomainMerciere/status/1688109097554436096

  • La poupée Barbie, icône de Hollywood « née » avec des racines juives Cathryn J. Prince - Time of israel

    Depuis sa création par Ruth Handler, entrepreneuse atypique, avec sa capacité de s’adapter au temps qui passe, la poupée emblématique arbore certains signes distinctifs de la communauté

    Elle a eu 250 carrières – et ce n’est pas terminé. Elle a les pieds arqués depuis toujours et une maison de rêve. Et, le 21 juillet, elle prendra le volant d’une décapotable rose et blanche pour s’aventurer dans le « monde réel » dans le prochain film grandeur nature de Greta Gerwig.

    Il s’agit de Barbie, bien sûr – la création de moins de trente centimètres de Ruth Handler, entrepreneuse juive qui avait défié les conventions sociales.

    Vêtue d’un maillot de bain zébré, la poupée avait fait ses débuts au Salon du jouet américain en date du 9 mars 1959 – une époque où les Juifs des États-Unis, victimes de fortes discriminations, s’interrogeaient beaucoup sur le concept d’assimilation. Handler devait, de nombreuses manières, placer sa propre ambivalence dans Barbie alors que la poupée devait devenir un symbole de la grande Amérique, de la blanchité joyeuse et de l’émancipation des femmes.

    « Ruth Handler est aux poupées ce que Ralph Lifshitz a été pour les vêtements américains et ce qu’Irving Berlin a été aux chants de Noël. Qu’ils en aient été conscients ou non, ils ont tous entretenu une relation ambivalente avec l’idée de cette Amérique aux palissades en bois blanc si typiques du pays – mais ils ont aussi aidé à créer l’image de cette Amérique aux palissades en bois blanc », explique Emily Tamkin, qui a écrit le livre Bad Jews : A History of American Jewish Politics and Identities.

    Née en 1916, Handler était la plus jeune d’une famille de dix enfants. Ses parents étaient des immigrants juifs venus d’une région de Pologne yiddishophone. Son père, Jacob Mosko, était un forgeron qui avait déserté les rangs de l’armée soviétique. Sa mère, Ida, était illétrée. Quand Handler n’avait que six mois, sa mère était tombée gravement malade, incapable de s’occuper de l’enfant. Cela avait été sa sœur aînée, Sara, qui avait pris soin d’elle et qui l’avait élevée.

    A l’âge de 19 ans, Handler avait arrêté ses études supérieures et elle avait quitté Denver au volant de son coupé Ford, direction Hollywood. Elle s’était installée dans un appartement avec une amie et elle avait trouvé un emploi au sein des studios Paramount Pictures.


    Ruth et Elliot Handler posent devant une vitrine de leur bureau montrant les jouets créés par le couple, le 2 août 1951. (Crédit : AP Photo)

    Elle avait épousé son petit ami du lycée – un étudiant en art qui s’appelait Eliot Handler – en 1938. Le couple avait fait une première apparition sur le marché des jouets en fabriquant des modèles miniatures de l’avion Douglas DC-3, des miniatures que Douglas Aicraft avait à l’époque distribuées comme cadeau de Noël à ses employés.

    Six ans plus tard, Ruth et Eliot Handler, en partenariat avec leur ami Harold « Matt » Matson, avaient cofondé Mattel, Inc. Matson avait revendu ses parts en 1946, l’époque où Ruth était devenue la toute première présidente de l’entreprise.

    Selon plusieurs biographies, Handler avait eu l’idée de Barbie en observant sa fille Barbara – dont la poupée est devenue l’homonyme – en train de jouer avec des poupées en papier. Son idée s’était encore précisée à l’occasion d’un voyage en Suisse, en 1956, où elle avait découvert Bild Lilli , une poupée habillée à la pointe de la mode, au corps harmonieux, qui avait été directement créée à partir du personnage féminin d’une bande-dessinée pour adultes.

    Avec ses jambes incroyablement longues, sa poitrine généreuse et sa garde-robe de femme adulte et moderne, Barbie avait été l’antithèse des poupées qui conditionnaient les petites filles au mariage et à la maternité.

    « Cela avait été une idée radicale – l’idée que les petites filles ne joueraient plus à la maman. C’était une pensée transgressive dans la culture juive, à ce moment-là. La mère juive tient un tel rôle dans notre culture », explique Letty Cottin Pogrebin, fondatrice et rédactrice en chef de Ms. Magazine et autrice juive féministe.


    Letty Cottin Pogrebin, fondatrice et rédactrice en chef de Ms. Magazine et autrice juive féministe (Crédit : Mike Lovett)

    Pour Susan Shapiro, autrice de Barbie : 60 Years of Inspiration, la poupée a été, d’une certaine manière, la féministe originelle.

    « Elle a capturé l’imagination des petites filles à l’époque et elle le fait encore, parce qu’il est rare qu’une femme soit au premier plan. Quand elle est apparue sur le marché, les femmes devaient encore demander la permission à leur mari pour avoir une carte de crédit ou un compte bancaire. Les femmes étaient dans l’ombre des hommes », explique Shapiro, qui possède à elle seule 68 poupées Barbie et qui est professeure de rédaction à la New School.

    Rien n’a tenu Barbie dans l’ombre, dit-elle.

    « Barbie n’avait pas à demander la permission d’un mari, d’un rabbin ou d’un père pour quoi que ce soit. Et c’était aussi le cas pour Ruth Handler. Elle ne demandait pas la permission pour faire ce qu’elle voulait faire », ajoute Shapiro.


    Susan Shapiro, à gauche, lors d’un événement Barbie au Temple Israel, dans le Michigan, avec la rabbin Jennifer Kaluzny. (Autorisation : Susan Shapiro)

    Comme l’avait écrit Handler, qui s’est éteinte en 2002 à l’âge de 85 ans : « Barbie a toujours incarné le fait qu’une femme a des choix ».

    Elle pouvait être médecin, agricultrice, astronaute ou mathématicienne. Elle pouvait avoir sa propre voiture. Elle pouvait vivre seule, ou avec des amis. Dans une maison, ou dans une caravane. Elle pouvait avoir un petit ami, Ken – mais elle n’était pas dans l’obligation de se marier.

    Les différentes bandes-annonces du film, qui sortira au cinéma le 21 juillet, suggèrent que Barbie quitte Barbieland pour être une poupée plus imparfaite. Pour résumer, elle s’interroge à la fois sur son rôle et sur la signification du bonheur. Et, comme le rappelle Pogrebin, le questionnement est central dans le judaïsme.

    « Je pense que le film sera une sorte de midrash sur le féminisme », déclare Pogrebin, utilisant le terme en hébreu pour désigner une exposition rabbinique consacrée à la Bible.

    Même ainsi, Pogrebin a du mal à qualifier la poupée de réel symbole du féminisme. Après tout, la première mission de Barbie était de servir de modèle unique aux adolescentes.

    Mais depuis que Mattel a sorti sa première Barbie, il y a 64 ans, la firme a tenté de diversifier la poupée.

    En 1968, Mattel a fait entrer sur le marché Christie, sa première poupée afro-américaine. Et pourtant, réduite à tenir un second rôle auprès de la célèbre poupée mannequin, elle n’est jamais devenue une Barbie officielle. Un tournant qui ne s’est amorcé que dans les années 1980.

    Et ce n’est qu’en 2016 que l’entreprise a lancé sa liste Fashionista, avec des poupées aux corps, aux formes et aux couleurs différentes, aux multiples capacités. Sa première Barbie portant le hijab, inspirée de la championne olympique au sabre Ibthihaj Muhammad, a fait son apparition en 2017.


    Ibtihaj Muhammad tient une Barbie à son effigie lors de la remise des Glamour Women of the Year Awards de 2017 au Kings Theatre de New York, le 13 novembre 2017. (Crédit : Evan Agostini/Invision/AP)

    Pourtant, alors même que Mattel continue à décliner la marque – au mois de mai, l’entreprise a mis sur le marché une Barbie atteinte de trisomie 21 – la Barbie la plus populaire reste la « Totally Hair ». Plus de dix millions de poupées aux tresses couleur d’or ont été vendues jusqu’à présent.

    Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de Barbie ayant été inspirées par de célèbres femmes juives. Ainsi, la compagnie avait vendu une poupée mannequin Diane von Furstenberg en 2006 et en 2020, elle avait proposé une poupée à l’effigie de la gymnaste Aly Raisman, double médaillée d’or.

    Conservant l’idée d’une Barbie apte à faire ses choix, Jen Taylor Friedman, une artiste juive orthodoxe, a créé « la Barbie à phylactères ». La poupée, mise à la vente sur le site Etsy, est aussi enveloppée dans un châle de prière, et elle tient un livre de prières à la main.


    La Barbie à phylactères. (Autorisation : Jen Taylor Friedman)

    « La Barbie Halloween Hip de Mattel portait une adorable jupe en jean frum, et elle ressemblait ainsi à la plus grande partie de mes amis. De la même façon, je me suis dit qu’elle devait porter des phylactères », dit le site internet de Friedman, utilisant le mot yiddish pour désigner les Juifs pratiquant au niveau religieux.

    Et si une célébrité juive dépeinte sous les traits d’une poupée Barbie n’est pas automatiquement une Barbie juive, ce n’est pas grave, estime Tamkin. « Parce que d’une certaine façon, elle est déjà juive. Elle a été créée par une femme juive et elle porte le nom de sa fille, qui était juive ».

    Un point de vue qui n’est pas partagé, de son côté, par Pogrebin. Toutefois, elle dit qu’elle décèle quelque chose de très Juif dans la façon dont Handler et Mattel ont su s’adapter au temps qui passe.

    « Ils ont fait ce que les Juifs ont fait pendant des milliers d’années : s’adapter à la culture dominante pour pouvoir survivre. Pour entrer dans le cadre, il faut savoir se réinventer tout en conservant en soi ce qu’on est essentiellement. C’est ce que Mattel a fait et c’est ce que Handler a fait, elle aussi », dit Pogrebin.

    #barbie #poupée #usa #symbole #femme #modèle #Mattel

    Source : https://fr.timesofisrael.com/la-poupee-barbie-icone-de-hollywood-nee-avec-des-racines-juives

  • 🛑 « On va brûler vos mosquées » : depuis la mort de Nahel, militants et journalistes subissent un harcèlement violent | StreetPress

    « Il faut exterminer ces vermines d’Arabes et tirer à balles réelles ! », « Retourne manger du manioc. » Depuis la mort de Nahel, tué par un policier, des journalistes et militants subissent un harcèlement violent, allant jusqu’aux menaces de mort.
    « Il y a une explosion du nombre de messages racistes et de menaces », assure Sihame Assbague, journaliste indépendante et militante. Depuis la mort de Nahel, un jeune de 17 ans tué par la police à Nanterre (92) le 27 juin, elle raconte ne plus pouvoir écrire sur ses réseaux sociaux, « sans recevoir des centaines et des centaines d’insultes et de menaces ». La vidéo de l’agent qui tire une balle dans le thorax du garçon a déclenché la colère, mais aussi les polémiques. Dans un climat de tensions, la famille de Nahel n’est pas la seule à recevoir des messages de haine. Journalistes et militants, qui couvrent l’affaire, ou s’expriment simplement sur le sujet, subissent eux aussi une vague d’insultes et de menaces sur leurs réseaux sociaux (...)

    #Nahel ⚡️ #racisme #haine #violence #extrêmedroite #menaces #harcèlement... #Antifascisme #Antiracisme

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.streetpress.com/sujet/1688554716-militants-journalistes-harcelement-menaces-racisme-sexisme-r

  • Annulation des « Emigrants » de Krystian Lupa à Genève, les techniciens réagissent Thierry Sartoretti/olhor/aq
    Natacha Koutchoumov, co-directrice de la Comédie de Genève revient sur les raisons de l’annulation de la pièce « Les Émigrants »

    La récente annulation de la pièce « Les Emigrants » à La Comédie de Genève a mis en lumière le comportement problématique du metteur en scène polonais Krystian Lupa. Un document inédit de neuf pages, rédigé par l’équipe technique du théâtre et consulté par la RTS, relève de « multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation ».

    A Genève, La Comédie devait produire ce mois-ci un spectacle du metteur en scène polonais Krystian Lupa. A 79 ans, il est décrit comme un « monstre sacré du théâtre européen », sorte de chaman des textes les plus exigeants. Ses spectacles sont de longues plongées (4 à 5 heures) dans des œuvres littéraires.


    Ce spectacle devait être le chant du cygne du duo de direction de La Comédie, Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer. Une production ambitieuse dotée de 930’000 francs de budget, avec des co-producteurs prestigieux : le Festival d’Avignon où Lupa a été régulièrement invité et le Théâtre de l’Odéon à Paris. Une tournée internationale devait suivre dans la foulée.

    Production stoppée net début juin
    La première de « Les Emigrants » d’après le roman de l’Allemand W.G. Sebald, devait avoir lieu le 1er juin. Elle est d’abord repoussée d’une semaine. Pas prête. Le 2 juin, coup de théâtre : la production est stoppée net, annulée. La raison est expliquée par un communiqué de la direction de la Comédie qui relève des « divergences sur la philosophie de travail entre la direction artistique du projet d’un côté et la direction générale et les équipes permanentes et temporaires de l’autre. Ces divergences ont engendré des difficultés de communication rendant la création du spectacle irréalisable ». Entre La Comédie et le metteur en scène flanqué de sa garde rapprochée, rien ne va plus.

    Cette annulation provoque celle des dates au Festival d’Avignon qui ne peut, faute de moyens, assurer la fin de cette création. Krystian Lupa s’excuse dans la presse française pour deux esclandres commis en répétition. Il renvoie cependant la responsabilité à La Comédie, incapable, selon ses dires, de s’adapter à sa façon de travailler. Comédiens et comédiennes suisses veulent continuer, certains sont fâchés.

    Colère de l’équipe technique de La Comédie
    De son côté, l’équipe technique de La Comédie rédige un document de neuf pages dont la RTS a eu connaissance. Le ton est sobre, factuel et ce très long texte révèle un climat de travail difficilement soutenable entre toute l’équipe technique suisse, l’équipe technique polonaise, le metteur en scène Krystian Lupa et son compagnon, le costumier Piotr Skiba. L’équipe technique évoque dans ce document de « multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation s’accompagnant d’une organisation chaotique induite par l’impréparation de l’équipe artistique ». Ledit Skiba était régulièrement ivre et colérique.

    De multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation s’accompagnant d’une organisation chaotique induite par l’impréparation de l’équipe artistique.
    _ Extrait d’un document rédigé par l’équipe technique de La Comédie
    Du 8 au 25 mai, assis sur scène face à ses neuf comédiennes et comédiens, mais dos à la technique, Krystian Lupa aurait monologué des heures durant en polonais. Sa voix reprise par un micro dans tout le théâtre à fort volume. La plupart du temps, il ne laisse pas la place à la traduction et parle par-dessus celle-ci. Les monologues durent quotidiennement entre 5 et 7,5 heures, indique encore l’équipe technique de La Comédie. (Lire encadré) _

    Epuisement de la traductrice du spectacle
    Le rapport note que les autres théâtres ayant travaillé avec ce metteur en scène ont dû mettre en place un roulement des équipes très important. Il est question d’épuisement, d’hospitalisation et d’équipes remplacées entièrement suite à des refus de collaboration avec Krystian Lupa, notamment en Pologne, son pays d’origine. Un terme frappe dans le document qui ne remet pas en question la qualité artistique du metteur en scène : c’est celui d’"abuseur".

    Le 30 mai survient le pic de la crise : la traductrice épuisée - elle travaille 16 heures par jour à tout traduire et transcrire -, réclame une pause de cinq minutes. Lupa hurle et la traite notamment, selon le témoignage recueilli par la RTS d’une personne présente sur place, de « sale pute ». Le co-directeur Denis Maillefer a quant à lui droit à l’épithète de « Satan ». Il a osé élever la voix contre un fait relevant du harcèlement moral et du mobbing, parfaitement contraire aux principes de travail de cette institution publique qu’est La Comédie. A la suite de cet ultime esclandre, les derniers liens de travail sont brisés.

    Annulation du spectacle à Avignon et remplacement problématique
    Le spectacle de remplacement des « Emigrants » au Festival d’Avignon a été trouvé. C’est aussi une production de La Comédie de Genève. Il s’agit de « Dans la mesure de l’impossible » de Tiago Rodrigues, actuel directeur d’Avignon. Dans la distribution de ce spectacle, on trouve la comédienne Natacha Koutchoumov, également co-directrice de La Comédie. Ce choix soulève une autre question éthique. La personne qui a annulé une pièce de théâtre peut-elle ensuite figurer dans la production la remplaçant ?

    #krystian_lupa #piotr_skiba #Théatre #violence #harcèlement #travail #humiliation #mobbing #brutalité #domination #conditions_de_travail #Avignon

    Source : https://www.rts.ch/info/culture/spectacles/14104075-annulation-des-emigrants-de-krystian-lupa-a-geneve-les-techniciens-reag

    • Quelques extraits des réactions de l’équipe technique de La Comédie
      La RTS a eu connaissance d’un document de neuf pages rédigé par l’équipe technique de La Comédie qui revient sur les faits concernant la création du spectacle « Les Emigrants » de Krystian Lupa et dont le déroulement s’étale de mars à mai 2023.

      En voici quelques extraits :

      « M. Lupa demande un micro pour s’exprimer, afin d’appareiller sa voix très puissante, compréhensible en tout point de la salle, dans laquelle il règne un silence absolu lorsqu’il parle. Sa voix rempli l’espace à un niveau très fort pendant toute la durée de la répétition, et il nous est refusé d’en baisser le niveau. M. Lupa s’exprimant en polonais, un deuxième micro est fourni à la traductrice qui s’efforce de traduire le discours extrêmement prolixe et ininterrompu du metteur en scène, qui la plupart du temps ne prend pas la peine de laisser l’espace nécessaire à la traduction et qui parle par-dessus celle-ci. Il nous devient très difficile de comprendre le discours qui s’énonce au plateau et il est toujours très fatigant à écouter et à transformer en actions claires.


      De plus, la traductrice ne possédant pas du tout le langage technique, les maigres informations captées s’avèrent souvent imprécises ou totalement confuses pour tous les corps de métier. Il règne donc une ambiance sonore écrasante où seule la voix de M. Lupa est autorisée. Lors de nos rares interventions, M. Lupa nous coupe la parole et impose toujours le même niveau sonore. »

      « Les 8 heures de répétitions quotidiennes sont donc, jusqu’à quelques jours de la première (...), constituées de 5 à 7,5 heures de monologue de M. Lupa, entrecoupées de 5 à 20 minutes consécutives maximum de jeu des comédiens. »

      « A la seconde où le résultat visuel ou sonore diverge de sa vision, M. Lupa interrompt la répétition par des cris de colère et d’indignation, et repart dans une diatribe qui laisse les régisseuses-eurs sidérés et tétanisés. »

      « M. Lupa n’a jamais assumé sa part de responsabilité dans l’impasse dans laquelle se trouvait la création. Nous subissions son courroux et son dénigrement et régulièrement, il commençait la journée de travail nous menaçant que s’il y avait des erreurs, il annulerait la première, voire le spectacle, puisqu’il était selon lui impossible de travailler ainsi ! »

      « Que M. Lupa ait une manière totalement à lui de diriger ses comédiennes-iens, c’est son droit le plus strict. Mais nous ne sommes pas des comédiens, nos outils ne sont pas nos corps, nos voix. »

      « Toutes les créations de M. Lupa mettent les équipes techniques sous une pression énorme. Pour encaisser cette pression, les directions des théâtres ont eu recours à un turn-over des équipes très important. Les régisseurs étaient régulièrement remplacés une fois épuisés, déprimés, voire hospitalisés. Des équipes ont été entièrement remplacées suite à leur refus de continuer, y compris en Pologne.

      C’est plutôt la position des directions de théâtre qui a permis, à un prix humain exorbitant, de faire aboutir ces créations. Ces éléments nous ont été relatés par la collaboratrice même et traductrice de longue date de M. Lupa, mais aussi par ses collaborateurs artistiques. »

      « Nous avons reçu de nombreux témoignages venant de Pologne où ’il est un abuseur connu bien que personne n’ait eu le courage de s’opposer à lui… Mais la communauté du théâtre est au début d’un processus de contre-attaque’... »

      Les témoignages des comédiennes Audrey Cavelius et Lola Riccaboni
      Les deux comédiennes suisses Audrey Cavelius et Lola Riccaboni ont travaillé il y a une dizaine d’années avec le metteur en scène Krystian Lupa sur le spectacle « Salle d’attente » monté à Vidy-Lausanne. Lola Riccaboni a également joué dans la pièce « Perturbation » du même metteur en scène. Elles témoignent toutes les deux ici. Un acte courageux.

      Audrey Cavelius
      Audrey Cavelius a accepté de témoigner dans l’émission « Vertigo » du mercredi 14 juin. Quelques extraits de cet entretien :

      « On écoute Lupa pendant trois semaines. Il fait un monologue devant nous. Il rentre en communication avec son intériorité. Nous, on écoute, on regarde et on apprend de ça. »

      « J’ai des souvenirs de cris, de hurlements, d’impatience très prononcée. Et je me rappelle que la technique à Vidy était très très fatiguée, on était tous très très fatigués. Tout le monde était sur les nerfs et à fleur de peau. Par contre, je n’ai pas le souvenir d’insultes. Je n’ai pas été insultée, je n’ai pas été humiliée, moi. »

      « Le pacte que nous, acteurs, on fait avec Lupa, c’est que l’on va se mettre en pâture. On met notre corps et notre esprit au service de quelque chose que l’on va chercher tous ensemble. Nous, on est prêt à faire ça. Mais ce n’est pas le travail des équipes technique, d’être mises en pâture. »

      « On travaille sans filet, on est mis à nu et quand on est jeune, et même après, c’est une bombe. »

      « Même si on se fait mal traiter, pour survivre on a besoin du lien [avec le metteur en scène, avec le groupe] et pas d’authenticité. Donc on choisit le lien et on se coupe de nous-même, on se prostitue, on s’humilie, on se viole… Ca va très très loin, car c’est une décision que l’on a prise nous-mêmes, pour ne pas mourir. Et moi, j’ai décidé de ne pas mourir. »

      Lola Riccaboni
      Lola Riccaboni a fait parvenir par écrit à l’émission « Vertigo » le témoignage suivant :

      « Ce que j’en pense aujourd’hui, c’est que l’ère des relations toxiques et les rapports de domination au plateau devrait être révolue, qu’il y a mille autres manières de créer des spectacles que dans des conditions de peur ou de souffrance (quel que soit le corps de métier que cela impacte, il faut également arrêter de hiérarchiser et porter les actrices et acteurs aux nues et laisser les autres dans l’ombre). On crée des spectacles ensemble et si certain.e.s sont maltraité.e.s, il faut que collectivement on se saisisse du problème.

      Je peux déplorer qu’un tel événement ne fasse que renforcer un fossé qui est encore trop présent, surtout dans les grandes institutions, comme si on parlait de mondes différents... alors qu’on crée ensemble et que le bien-être ou les conditions de travail de chaque collaboratrice et collaborateur devraient compter autant ... Mais certains schémas ont la dent dure….

      Ainsi le mythe de l’artiste torturé qui ne sait plus comment il s’adresse aux autres tellement il est habité par son grand rêve de créateur fou.

      Il faut arrêter avec ça ! Je salue donc la décision de la direction de La Comédie, qui me semble être un acte politique fort, engagé et très courageux. Et j’envoie également tout mon soutien à l’équipe technique. »

  • Violences académiques ordinaires

    Violences et souffrances académiques : atteintes au #service_public et à la #santé_au_travail

    Ce troisième numéro de Mouvements consacré au champ académique, après ceux de 2008 (« Que faire pour l’Université ? ») et 2012 (« Qui veut la peau de la recherche publique ? »), trouve sa genèse dans un colloque consacré aux violences ordinaires dans les organisations académiques en juin 2022[1]. Lors des deux journées de discussion, les communications ont permis de mesurer à quel point, depuis ces quinze dernières années, le champ de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) a été profondément bouleversé par toute une série de réformes, depuis la #loi_LRU (Liberté et responsabilité des universités) en 2007 jusqu’à la #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR) votée en 2020. #Fusions, #précarisation, raréfaction des #postes – alors que les effectifs étudiants progressent –, #managérialisation, #sous-traitance, multiplication des #évaluations (des établissements, des formations, des professionnel·les comme des équipes) et de leurs instances, induisent #pression_psychique et dégradation des conditions de travail et rendent davantage visible et légitime la question de la #souffrance_au_travail.

    Qu’en est-il du #quotidien bouleversé de ces organisations en transformation et de celles et ceux qui y travaillent ? Comment cela se traduit-il sur le plan des décisions, des dispositifs, des activités, des interactions, des engagements et des subjectivités ? C’est cette attention aux « violences ordinaires » dans les #institutions_académiques qui constitue le cœur de ce numéro de Mouvements. Par #violence_ordinaire, nous entendons tout type de #contrainte verbale, morale, psychologique ou symbolique exercée sur les #corps au travail et ressentie comme telle par celles et ceux qui les vivent (et qui essaient – ou non – de s’en défendre). Comme y insiste l’article de Stéphane Le Lay et Olivia Chambard, quelle que soit la forme de ces violences, il importe d’essayer de comprendre leurs liens avec les #rapports_de_domination et d’interroger leur inscription – et la nature de cette inscription – dans des configurations organisationnelles ou des structures sociales ou culturelles propres à l’ESR.

    Ceci est d’autant plus important que se sont multipliées récemment les critiques à l’encontre d’enseignant·es-chercheur·euses supposé·es déconnecté·es du monde réel dans leurs enseignements (en inadéquation avec le marché du travail), et dans leurs recherches (insuffisamment en prise avec les « défis sociétaux » et la « demande sociale »). À celles-ci s’ajoutent désormais des #attaques, internes ou externes au champ académique, contre certaines disciplines et certains travaux suspectés d’être disculpants, politisés, voire contraires aux valeurs de la République[2]. L’université et la liberté consubstantielle à ses activités intellectuelles – l’#indépendance des chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses étant inscrite dans la loi – sont mises à mal de manière plurielle par manque de moyens, mise au pas organisationnelle et #condamnation_morale. Si des travaux analysent les effets de ces réformes néolibérales sur le travail des chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses, à l’image des articles de Frédérique Debout, d’Ambre Guichard-Ménard et de l’Observatoire des Conditions de Travail à l’Université de Caen Normandie, ils sont plus rares, voire inexistants, sur les conditions de travail des personnels administratifs ou techniques de l’ESR ou des salarié·es en sous-traitance exerçant dans les établissements académiques. Dans ce numéro, l’article d’Hugo Bret sur le #personnel_de_nettoyage d’une université et celui du collectif C. Noûs-Aussi consacré à l’#édition_scientifique permettent justement de jeter un regard incisif sur ces zones d’ombre.

    Les rapports de domination entre les statuts, les corps et les disciplines constituent de fait une clé d’entrée pour comprendre la spécificité des types de violence dans les organisations universitaires et académiques et leur analyse est ancienne. Plus récemment, des auteur·rices ont néanmoins renouvelé la perspective en s’emparant en particulier de la question des #violences_sexistes_et_sexuelles (#VSS) à l’université, sur lesquelles reviennent trois articles. L’un provient d’une chercheuse militante, sous la forme d’un témoignage anonyme. L’autrice prend appui sur son expérience en tant qu’étudiante, victime et témoin de violences, dans une grande école et évoque les actions collectives qui s’en sont suivies. De son côté, à partir du cas espagnol, Verónica Cala analyse finement les interrelations entre pensée féministe et action militante, expliquant en quoi l’université peut être aussi bien un terreau fertile qu’un système nuisant aux avancées pourtant nécessaires au développement de la pensée transformatrice féministe. Enfin, l’article d’Armelle Andro se penche sur les modalités de prise en charge des VSS spécifiques au monde académique, qui ont notamment fait suite à des médiatisations et des mobilisations importantes. Apportant un cadrage complémentaire, il expose les avancées et les freins au traitement institutionnel des VSS depuis vingt ans, pointant les spécificités et l’hétérogénéité des situations rencontrées dans le champ académique. Traitant aussi, mais de manière différente, la question des #rapports_sociaux (de sexe, hiérarchiques et de race), Morgane Le Guyader se penche sur le concept de #violence_épistémique. Celui-ci s’avère utile pour pointer ce qui, à l’intérieur même des critères de scientificité, vient discréditer certains points de vue indigènes ou subordonnés. Ce texte élabore une critique qui a l’intérêt de proposer d’autres manières de rendre compte de l’expérience sensible qui traverse les enquêté·es aussi bien que les enquêteurs et enquêtrices.

    Plusieurs articles de ce numéro, à l’image de celui de Marina Pietri consacré à une #animalerie_scientifique, cherchent ainsi à rendre compte de la manière dont la #division_du_travail au sein des organisations académiques est productrice de formes de violence, examinées comme étant propres à une activité et un rôle spécifiques, aussi bien que dans leur dimension transversale, lorsqu’elles affectent différentes catégories de personnels (chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses, doctorant·es, personnels administratifs, techniques, etc.). Ce faisant, peut être interrogée la place des stratégies défensives liées aux cultures de métier et érigées pour lutter contre la souffrance. Plusieurs articles abordent également les manières dont les #inégalités et #discriminations s’activent et se reproduisent, dans des configurations où la hiérarchie bureaucratique peut se superposer aux formes de #domination_académique. Se donne alors à voir en quoi ces inégalités permettent de révéler des formes de #mépris plus ou moins visibles, qui peuvent aller de la délégation systématique du « sale boulot » à l’invisibilisation ou l’appropriation du travail d’autrui, en passant par l’empêchement de travailler et le #harcèlement.

    Pour faire face à l’aggravation de la situation en matière de santé physique et mentale, les établissements du supérieur ont obligation, depuis 2012, de mettre en place un Comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (#CHSCT). Très variables selon les établissements, les modalités déployées en faveur de la prise en charge des « #risques_psychosociaux » (#RPS) se font régulièrement timides… ou inexistantes. Dans certains établissements, les fonctions de référent « Égalité, RPS, Handicap » ne sont pas pourvues, tardent à l’être ou encore ne sont dotées d’aucun moyens significatifs pour leur action, qui demeure parfois lettre morte. Nombre d’actrices et d’acteurs de terrain sont pourtant en première ligne et certain·es particulièrement actif·ves pour lutter contre les violences et réguler les dérives : préventeur·rices, médecins du travail, représentant·es du personnel siégeant ou non dans les CHSCT, associations féministes et de personnels précaires, sans oublier les juristes, certain·es cadres administratif·ves et personnes en responsabilité dans les composantes et les laboratoires. L’article de Gwenaël Delaval, Emmanuelle Puissant et Samira Saïdoune, consacré à un « #dispositif_RPS » dans une université, aborde les enjeux de cette prise en charge institutionnelle.

    On le voit, les chantiers ouverts sont nombreux et délicats à mener pour rendre visibles et pour lutter efficacement contre les différentes formes de violence, en desserrant l’étau des rapports de domination. Gageons que les contributions de ce numéro de Mouvements œuvreront dans ce sens, grâce à la réflexion individuelle et aux discussions collectives qu’elles susciteront dans le champ académique, et aux pistes d’action qu’elles ouvrent ainsi.

    https://mouvements.info/edito/violences-et-souffrances-academiques-atteintes-au-service-public-et-a-l
    #ESR #université #violence #violences_ordinaires #souffrance #conditions_de_travail #travail #recherche

    ping @karine4 @_kg_

  • Visé par des menaces de mort, un #maire francilien accuse des « membres de la fachosphère »

    #Romain-Colas, le maire socialiste de #Boussy-Saint-Antoine, explique être régulièrement la cible de harcèlement et de menaces.

    « S’agissant de menaces, j’en ai subi, j’en subis régulièrement. » Invité de BFMTV ce dimanche, Romain Colas, le maire (PS) de Boussy-Saint-Antoine (Essonne) a témoigné du #harcèlement qui le touche « depuis quelques années ».

    Des « propos anonymes »

    L’élu explique que les propos tenus sont « toujours inspirés par des thèses politiques d’extrême droite » rappelant les #violences qui ont ciblé le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez. L’édile de Loire-Atlantique avait rapporté des menaces après un projet de centre d’accueil pour migrants, et a décidé de démissionner suite à l’incendie criminel de son domicile en mars dernier.

    « J’ai déposé plainte suite à des menaces de mort sur moi, sur ma famille, sur mon enfant », poursuit Romain Colas.

    Le maire dénonce des propos « toujours [...] anonymes, par courrier » ou par des tags comme à la fin février où une inscription le menaçant de mort a été faite près de l’hôtel de ville de Boussy-Saint-Antoine.

    Selon Romain Colas, le harcèlement dure depuis une opération de police, menée il y a huit ans, dans sa commune. « Un militant d’extrême droite, qui n’habitait pas le territoire de la commune, est venu perturber l’action des policiers. Je me suis chargé de l’évacuer », raconte-t-il.

    « Depuis, je suis vraisemblablement dans la short-list d’un certain nombre de membres de la #fachosphère qui ont décidé de me harceler », affirme Romain Colas.

    Au-delà de sa situation personnelle, le maire de Boussy-Saint-Antoine tient à alerter sur « une situation gravissime » vécue par de nombreux maires. « À aucun moment, l’engagement local ne doit se payer du prix de menaces sur sa vie », déplore Romain Colas.

    https://www.bfmtv.com/paris/vise-par-des-menaces-de-mort-un-maire-francilien-accuse-des-membres-de-la-fac
    #extrême_droite #manaces_de_mort #France

  • [Panik sur la #ville] Vi·ll·e
    https://www.radiopanik.org/emissions/panik-sur-la-ville/ville

    L’occasion d’interroger des impensés ( mais pas tous) de nos politiques et de nos vies sociales concernant les #femmes et toute personne qui s’identifie en tant que telle : mobilité, #violence, #urbanisme, …

    Avec Laura Chaumont et Teresa Iglesias Lopez de Garance asbl et Annabelle Hoffait de l’Architecture qui dégenre

    #urbain #feminisme #mobilité #social #écoféminisme #harcèlement #urbanisme,urbain,ville,violence,femmes,feminisme,mobilité,social,écoféminisme,harcèlement
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/panik-sur-la-ville/ville_15756__1.mp3

  • Harcèlement sexuel, brûlures, insultes : les étudiants d’une célèbre école hôtelière en grève depuis trois semaines - La Libre
    https://www.lalibre.be/international/europe/2023/04/18/harcelement-sexuel-brulures-insultes-les-etudiants-dune-celebre-ecole-hoteli

    Harcèlement sexuel, propos homophobes, insultes : une promotion entière d’étudiants en management hôtelier de la célèbre école hôtelière Vatel est en grève depuis trois semaines, pour dénoncer « l’inaction de la direction » face au comportement de certains professeurs.

    Créé il y a 42 ans par Alain Sebban et son épouse, Vatel qui se présente comme le 1er groupe mondial de l’enseignement du management de l’hôtellerie avec 52 écoles dans 32 pays et un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros, se targue de transmettre un « esprit Vatel » alliant « savoir-faire » et « savoir-être » à ses 42.000 diplômés, actifs dans le tourisme et l’hôtellerie.

    Mais depuis le 27 mars, la soixantaine d’élèves de troisième année de Bachelor de l’école parisienne sont en grève, refusant d’aller en cours de cuisine, pour dénoncer le comportement de certains professeurs du restaurant d’application ouvert au public, où ils apprennent les métiers de la cuisine et de la salle.

  • #Hellfest : « l’Enfer » du décor

    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/a-nantes-le-hellfest-devant-les-prud-hommes-pour-harcelement-6476040

    Une ancienne stagiaire du Hellfest attaque aux prud’hommes l’association à la tête du festival de métal, Hellfest Productions. La jeune femme de 31 ans, dénonce des faits de harcèlement moral et sexuel. Une audience prévue à Nantes (Loire-Atlantique) ce mardi 28 mars.
    [...]
    Et le problème ne vient pas que d’un seul salarié du festival, pointe son avocate, Me Marie-Océane Gelly. « On est vraiment sur une forme de harcèlement d’ambiance », estime-t-elle, institutionnalisé dans le cadre de relations de travail, « et le code du travail s’applique ».

    #harcèlement #code_du_travail #sexisme #virilisme

  • Le calvaire des #femmes palestiniennes dans les #prisons israéliennes

    Au cours des 74 dernières années, Israël a arrêté plus de 10 000 femmes palestiniennes, les soumettant à des traitements cruels et brutaux… Elles sont anciennes détenues ou membres d’association de défense des droits des prisonniers. Elles dénoncent les #conditions_de_détention, les #agressions, le #harcèlement, les #attouchements, le retrait du voile, mais aussi la #torture, les #raids ou la #négligence_médicale. Car au-delà de l’enfermement, la peine est aussi politique et religieuse.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20230324-le-calvaire-des-femmes-palestiniennes-dans-les-prisons-isra%C3%A9lienne
    #emprisonnement #femmes_palestiniennes #Israël #audio #podcast #patriarcat

    • LE MEURTRIER PRÉSUMÉ DE M. TRAMONI EST ARRÊTÉ
      https://www.lemonde.fr/archives/article/1977/12/06/le-meurtrier-presume-de-m-tramoni-est-arrete_2855506_1819218.html

      En Allemagne comme en France ou Japon les tentatives maoïstes d’appliquer les stratégies du grand timonier dans un milieu citadin moderne ont tragiquement échoué. Il faut leur reprocher comme aux groupes armés autonomes et anarchistes que leurs actions ont permis à la droite de justifier l’introduction de mesures de surveillance et d’articles du code pénal qui visent encore aujourd’hui les militants et symdicalistes pacifiques. Cette histoire de violence est aussi un bon exemple pour expliquer pourquoi les justifications morales contrairement à l’analyse scientifique sont un leurre. Ce n’est pas parce que tu es révolté par l’injustice que ton sentiment romantique sera partagé par qui que ce soit.

      M. Christian Harbulot, recherché depuis le meurtre, le 23 mars, à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), de Jean-Antoine Tramoni (qui avait lui-même tué, le 25 février 1972, un jeune militant maoïste, Pierre Overney), a été arrêté samedi 3 décembre à Paris dans un café du troisième arrondissement.

      Cinq ans après avoir tué, par balles, le 25 février 1972, devant la porte Zola des usines Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) Pierre Overney, son meurtrier, Jean-Antoine Tramoni, ancien employé des services de surveillance de la régie Renault, était tué de cinq balles de 11,43.

      Condamné le 13 janvier 1973 à quatre ans de prison par la cour d’assises de Paris, J.-A. Tramoni avait bénéficié le 29 octobre 1974 d’une libération conditionnelle et trouvé un emploi dans une autoécole.

      Trois suspects ont été arrêtés le 31 mars. MM. Henri Savouillan, Maurice Marais et Egbert Slaghuis ont été inculpés de complicité d’assassinat. L’un d’eux est accusé d’avoir fourni l’arme qui a tué Jean-Antoine Tramoni, les deux autres, les projectiles (le Monde du 5 avril).

      Trois autres personnes arrêtées le 13 mai portant des armes qui avaient servi à plusieurs attentats mortels, dont le meurtre de Jean-Antoine Tramoni, sont aussi détenues dans cette affaire ; il s’agit de MM. Michel Lapeyre, Frédéric Oriach et Jean-Paul Gérard (le Monde des 28 mai et 6 octobre).

      Le meurtre de Tramoni était bientôt revendiqué par l’organisation dite Noyaux armés pour l’autonomie populaire . Les soupçons de la police se portaient aussi sur M. Christian Harbulot, car une carte d’identité portant son nom avait été trouvée, trois semaines avant la mort de Tramoni, ainsi que des armes, dans une automobile. Cette voiture stationnait devant le domicile de J.-A. Tramoni, à Alfortville. Poursuivi par la police, le conducteur avait tiré sur les policiers avant de s’enfuir.

      #souvenir_de_luttes #noyaux_armés_pour_l_autonomie_populaire

    • https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pierre_Overney

      Grâce à Wikipedia on découvre que la police a fait publier dans Le Monde les noms de militants qui n’ont pas été impliqués dans l’assassinat. Ce genre de sale coup a beaucoup nuit aux mouvement contestataires.

      Le 23 mars 1977, vers 19 heures, Jean-Antoine Tramoni est assassiné à Limeil-Brévannes par deux tueurs à moto. Le crime est revendiqué par les NAPAP (Noyaux armés pour l’autonomie populaire), composés pour partie d’anciens militants de la Gauche prolétarienne. Les assassins ne seront jamais retrouvés.

      On a eu droit à la reprise du terme #terrorisme qui a d’abord servi à l’occupant allemand pour dénoncer les actes de résistance en France. Désormais tu risquais d’être poursuivi en justice pour avoir soutenu des #terroristes dès qu’on te répérait au sein d’une manifestation sous attaque des forces de l’ordre. On fît taire les moins courageux en les accusant de terrorisme pour leur critique écrite du capitalisme. En Allemagne les associations kurdes sont sytématiquement objets de ce procédé.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Noyaux_arm%C3%A9s_pour_l%27autonomie_populaire

      Les Noyaux armés pour l’autonomie populaire (NAPAP) sont un groupuscule armé français maoïste, qui apparaît en France en décembre 1976.

      Ils sont issus de l’organisation légale des Brigades internationales, Vaincre et vivre. D’obédience marxiste-léniniste, l’un des principaux dirigeants et idéologues des NAPAP fut Frédéric Oriach, un proche de Pierre Carette, membre-fondateur des Cellules communistes combattantes belges. Frédéric Oriach des NAPAP influença idéologiquement les CCC. Le chef présumé des NAPAP, selon la police, fut Christian Harbulot.

    • 25 février 1972 : assassinat de Pierre Overney (#Renault_Billancourt) | #archiveLO (7 mars 1972)
      – Malgré la désertion du #PCF & de la #CGT, une foule immense avec #Pierre_Overney (28 février)
      – Ce qui compte le plus : la liberté !
      – La direction réagit en licenciant les témoins du meurtre

  • À #Strasbourg, des étudiantes en théologie dénoncent les violences sexistes d’un enseignant

    Une procédure disciplinaire vise un maître de conférences à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, après de nombreux signalements de comportements déplacés. Deux anciennes étudiantes ont également porté plainte. La lenteur des procédures pose question.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070223/strasbourg-des-etudiantes-en-theologie-denoncent-les-violences-sexistes-d-

    #facs #sexisme #patriarcat #violences_sexuelles #violences_existes

    –-

    ajouté à la métaliste sur le #harcèlement_sexuel dans les #universités :
    https://seenthis.net/messages/863594

    et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/863594#message863596

    ping @_kg_

  • « En Serbie, le nombre de #réfugiés recensés par les autorités a doublé en un an ». Dans Les Échos, un reportage « à Pirot où Afghans, Syriens et Tunisiens reprennent leur souffle avant de tenter de rejoindre l’Union européenne. » (Les Échos)

    La ville de #Pirot est à l’image de la Serbie : un lieu de transit pour les exilés qui rêvent d’Union européenne. La localité de 38.000 habitants est située à 25 kilomètres de la frontière avec la #Bulgarie, sur l’axe qui relie les capitales Sofia et Belgrade. Depuis l’été et l’afflux de réfugiés sur la #route_migratoire des Balkans, elle est devenue l’une des principaux points d’entrée en Serbie. En cette fin janvier, un groupe de huit Syriens vient d’arriver dans la petite gare routière de la ville. Ils tentent de se reposer sur les chaises qui jouxtent le gros radiateur. Mohammed, le seul homme du groupe qui parle anglais, raconte par bribes le trajet qui l’a fait quitter sa famille un an auparavant. Après sept ans à vivre comme réfugié au Liban, il décide de partir à la recherche d’un pays plus sûr, où son fils, malade, pourra se faire soigner. « Là-bas, le système de santé ne fonctionne plus », soupire ce père de 33 ans, qui a un oeil gonflé et des petites griffures sur le visage.

    […] Alors qu’ils discutent, plusieurs hommes entrent dans le hall de la gare, une pièce modeste d’une trentaine de mètres carrés. En tout, ils sont une quinzaine, venus d’Afghanistan, qui s’assoient sur les quelques chaises restantes puis sur le sol. Leurs pantalons mangés par la boue jusqu’aux genoux témoignent de plusieurs jours à crapahuter dans les montagnes qui marquent la frontière Bulgarie-Serbie. « Ça fait sept jours qu’on marche dans la forêt, souffle un jeune homme de 21 ans qui se fait surnommer SK Afghan. Je n’ai rien mangé depuis trois jours et j’ai de la fièvre depuis deux jours. »

    Malgré cela, il répète qu’il est soulagé d’être arrivé en Serbie. « En Bulgarie, on était traité comme des animaux », déplore SK. Il raconte avoir passé dix-sept jours dans un camp fermé. « C’était comme une prison. La nourriture était immonde, il n’y avait aucun médicament, pas d’installations de couchage, pas de possibilité de se laver. Une fois j’ai demandé à aller aux toilettes après 22 heures, l’heure limite pour sortir des cellules, alors les gardiens m’ont tabassé », déroule le jeune Afghan, le regard noir. Tous les hommes rencontrés dans la gare ce jour-là racontent les mêmes mauvais traitements en Bulgarie et s’inquiètent de s’y faire renvoyer par la #police serbe. #harcèlement #tabassage #violence #torture

    […] L’écrasante majorité vient de Syrie ou d’Afghanistan, mais on y compte aussi des ressortissants du Maroc, de Tunisie, du Burundi, du Pakistan, d’Iran ainsi que des Kurdes d’Irak. « Environ 30.000 personnes sont passées par la gare entre août et novembre », estime la directrice depuis son petit bureau décoré de quelques posters d’icônes orthodoxes. Il n’y a alors aucune structure pour les accueillir.

    […] Le Commissariat serbe aux réfugiés et pour la #migration a compté plus de 124.000 réfugiés dans ses centres au cours de l’année 2022. Près du double de l’année précédente, 68.000. « Au vu du nombre de personnes, la situation s’apparente à un corridor ouvert, comme ce qui a pu exister en 2015-2016. Cependant, la différence est que la route est beaucoup plus dangereuse, les #violations_de_droits_humains sont systématiques », commente Stevan Tatalovic, un autre salarié de l’ONG Info Park, installé à Belgrade.

    […] « On assiste à une politique d’externalisation de la #question_migratoire de la part de l’#Union_européenne avec la volonté de repousser les personnes exilées toujours plus loin », analyse Morgane Dujmovic, chercheuse à l’EHESS. En témoignent par exemple les accords récents pour renforcer le #contrôle_migratoire en Macédoine du Nord. Ainsi, l’agence européenne Frontex a signé un nouvel accord de coopération avec Skopje en novembre. Un accord tripartite a également été conclu dans la foulée entre la Hongrie, la Serbie et la Macédoine qui prévoit de renforcer la #frontière entre les deux voisins balkaniques.

    Au fil des ans, la chercheuse Morgane Dujmovic a vu le contrôle migratoire se durcir dans les pays de l’UE. Désormais, en comparaison, la police serbe est souvent considérée comme très clémente par rapport aux pays voisins, ce qui n’était pas le cas auparavant. « Ces politiques européennes ont provoqué un déferlement de violences qui était inimaginable il y a cinq ou dix ans. C’est un glissement assez frappant », commente Morgane Dujmovic.

    #barbarie #racisme

  • 7 personnes sont mortes, 3 disparues, des dizaines d’autres gravement blessées mais les chasses à l’homme et la criminalisation de la solidarité continuent dans nos montagnes

    #Communiqué commun dont la LDH est signataire

    Le 21 novembre 2016, Tous migrants lançait sa première alerte face à la dérive de l’Etat, en dénonçant les multiples atteintes aux droits des personnes exilées, en Méditerranée, à Calais, à Paris, dans la vallée de la Roya, à Menton, et dans les Hautes-Alpes. Nous alertions sur l’urgence à :

    ⁃ accueillir dignement les personnes contraintes de fuir leur pays où elles ne sont plus en sécurité ;

    ⁃ refuser de traiter ces personnes comme des criminels ou des animaux nuisibles ;

    ⁃ empêcher que nos mers et nos montagnes se transforment en cimetières.

    6 ans plus tard, nous faisons les mêmes constats. Les violences d’Etat contre les personnes exilées ne cessent de se renforcer jusque dans le #Briançonnais, tandis que les fléaux qui contraignent les populations à fuir leur pays se multiplient. L’exception envers les personnes de nationalité ukrainienne a montré qu’il est possible d’accueillir dignement, tout en dévoilant le caractère discriminatoire de la politique actuelle.

    Ces violations de droits sont documentées et dénoncées par les associations, les organismes indépendants de défense des droits humains, les chercheurs, les journalistes, les parlementaires… Des décisions préfectorales ont été annulées et deux membres de la police aux frontières ont déjà été condamnés par les tribunaux.

    Au lieu de respecter les #droits_fondamentaux, les gouvernements successifs n’ont de cesse de militariser la frontière, pour un coût direct de plusieurs dizaines de millions d’euros par an pour le seul #Briançonnais, soit un gâchis considérable par rapport aux sommes nécessaires à l’accueil digne et au respect du droit.

    Cette politique n’engendre que morts et souffrances supplémentaires, les frontières abiment durablement, physiquement et psychiquement, les personnes. Les risques liés à la traversée notamment en saison hivernale sont bien réels (hypothermie, gelure) et sont accentués par la militarisation de la frontière (fuite, cachette, chute). Pour exemple, la nuit du 19 au 20 novembre 2022, 4 personnes ont été blessées à la suite d’un #contrôle_par_surprise en pleine #montagne et de la #course_poursuite qui a suivi, avec une personne hospitalisée à Briançon. Des pratiques humiliantes ont été également rapportées récemment dans le cadre d’#enfermement à la #police_aux_frontières de #Montgenèvre.

    La #criminalisation_de_la_solidarité perdure. Le #harcèlement, les #intimidations, les #amendes abusives voire mensongères, les #poursuites_judiciaires sont toujours de mise envers les solidaires, et ceci malgré nos multiples signalements aux autorités compétentes.

    Nous ne baissons pas les bras. Nous continuons notre veille active à la frontière pour réduire les risques, témoigner, dénoncer et alerter les autorités dédiées, le tout pour obtenir des avancées sur le respect des droits à la frontière. Des décisions récentes nous confortent dans notre action. Par exemple, le 22 novembre, après la relaxe des 3+4, deux solidaires ayant subi de la prison viennent d’obtenir réparation en justice. Le 23 novembre, la Cour européenne des droits de l’Homme a accepté d’instruire la requête que nous avons déposée au côté de la famille de Blessing Matthew pour que vérité et justice soient faites.

    Nombre de personnes agissent au quotidien de manière humaine, professionnelle et sans discrimination, à l’exemple des personnels soignants de l’hôpital de Briançon, avec discernement à l’exemple de certains membres de force de l’ordre, et même avec courage pour celles et ceux qui osent désobéir à des ordres illégaux, illégitimes, dangereux et barbares.

    Avec les associations et collectifs impliqués et la population solidaire, nous montrons chaque jour qu’un autre accueil est possible, que tout le monde en profite, y compris l’économie locale. Aujourd’hui plus que jamais le Briançonnais est reconnu dans le monde entier comme une #terre_d’accueil.

    Cette renommée n’a rien à voir avec le pseudo « #appel_d’air » que les pouvoirs publics et l’extrême droite agitent comme un épouvantail dont les chercheurs ont démontré la vacuité. Par exemple, par comparaison avec Montgenèvre, le nombre de #refoulements effectués par la PAF est presque deux fois plus élevé à Modane et dix fois plus à Menton, alors qu’il n’y a pas de lieux d’accueil sur ces deux territoires.

    Depuis nos montagnes qui ont toujours été des lieux de passage, d’asile mais aussi d’exil, nous nous unissons pour sensibiliser sur les préjugés tenaces autour de la migration mais également pour changer ces politiques mortifères et à fort relent raciste et xénophobe.

    Dimanche 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, des manifestations sont organisées en France, en Europe et au-delà. Opposés à cette politique du rejet, nous avons fait le choix de la dignité et de l’humanité.

    À Briançon, avec toutes les associations et collectifs impliqués dans l’accueil des personnes exilées, nous vous donnons rendez-vous :

    ⁃ à 15h30, devant la médiathèque pour une déambulation en fanfare jusque devant la MJC, avec des prises de parole ;

    ⁃ à partir de 17h, devant la MJC, avec les stands des associations et des boissons chaudes ;

    ⁃ à 18h30, à l’Eden-Studio pour la projection-débat des films documentaires 18 mois, puis à 21h Ceux de la nuit, en présence des réalisatrices et de personnes impliquées.

    Paris, le 13 décembre 2022

    https://www.ldh-france.org/alerte-a-la-population-7-personnes-sont-mortes-3-disparues-des-dizaines-
    #humiliation #frontière_sud-alpine #France #Italie #Briançon

    –—

    Ajouté à la métaliste autour de la situation des exilés dans les Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/733721

  • Des septuagénaires jugés pour avoir menacé de mort une enseignante « islamo-gauchiste »

    Lors de la polémique qui visait Sciences Po Grenoble en mars 2021, certains journalistes à l’instar de Pascal Praud et Caroline Fourest, avaient accusé à tort une enseignante. Après avoir subi une vague de #cyber-harcèlement, celle-ci avait porté #plainte contre dix personnes.

    « Je vais tenter de parler bien fort », prévient le président de la 24e chambre du tribunal judiciaire de Paris. L’audience a en effet quelque chose de peu banal. Les prévenus présents ce vendredi et poursuivis pour « #harcèlement au moyen d’un service de communication » et « #menaces_de_mort » sont majoritairement très âgés. Il fallait donc s’imaginer des personnes de plus de 70 ans saisir leur clavier, se connecter à leur compte Facebook et lâcher des #insultes et des menaces d’une extrême violence. Leur cible ? Une enseignante-chercheuse accusée de n’être rien d’autre qu’« une islamo-gauchiste ». 

    « Pour bien situer le contexte », le président résume la situation en lisant un article de presse. Il rappelle le début de cette affaire médiatisée en mars 2021 lorsque deux enseignants, #Klaus_Kinzler et #Vincent_T, sont la cible d’affiches placardées sur la façade de l’#IEP de Grenoble : « Des fascistes dans nos amphis Vincent T. […] et Klaus Kinzler démission. L’islamophobie tue. » Le syndicat étudiant Unef relaie l’action sur les réseaux sociaux, avant de tout supprimer. 

    Comme le racontait Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/110321/accusations-d-islamophobie-la-direction-de-sciences-po-grenoble-laisse-le-), ce #collage, condamné unanimement, venait après d’intenses tensions entre ces deux professeurs et une autre enseignante, Claire M., autour d’une journée de débats nommée « Racisme, antisémitisme et islamophobie » et organisée dans le cadre d’une « semaine pour l’égalité et la lutte contre les discriminations ». Rapidement, Klaus Kinzler fait le tour des plateaux télé pour livrer une version comportant de nombreuses omissions. Il affirme, à tort, avoir été viré de ce groupe préparatoire pour s’être opposé à l’utilisation du terme « islamophobie ». En plus de l’enseignante, il accuse Anne-Laure Amilhat Szary, patronne du laboratoire Pacte, rattaché à l’IEP, d’avoir livré son nom en pâture et d’avoir contribué à ce que des gens placardent des affiches sur les murs de l’institut. 

    Une victime ciblée par #Pascal_Praud et #Caroline_Fourest 

    L’accusation est rapidement reprise par Marianne, BFMTV et par l’essayiste Caroline Fourest. « D’après ce témoignage, c’est une enseignante et le laboratoire de recherche Pacte (CNRS) qui ont excité les étudiants contre ces deux professeurs et lâché la meute contre le droit de questionner un mot qui a tué. Affligeant. Elle a bon dos la “liberté académique” », tweete cette dernière le 6 mars 2021. Tout est faux comme l’a révélé Mediapart, mais qu’importe, l’accusation se propage en même temps que naît l’emballement médiatique. 

    Sur CNews, Pascal Praud va beaucoup plus loin et tient à être le premier à donner le nom et le prénom de la patronne du labo. « Puis intervient ce laboratoire Pacte avec cette dame, je vais citer son nom, Anne-Laure Amilhat Szary. Cette dame-là, c’est la directrice du laboratoire, cette dame c’est une militante […] qui avance avec le sentiment d’impunité, et c’est très révélateur parce qu’on voit le #terrorisme_intellectuel qui existe dans l’#université à travers leurs exemples », déclare-t-il le 9 mars 2021. 

    Il n’en fallait pas plus pour que la directrice en question reçoive des centaines de messages d’insultes et de menaces de mort. Entre le 12 et le 17 mars 2021, on veut « la buter », « l’éliminer » ou lui « trancher la gorge ». 

    Première invitée à la barre, Anne-Laure Amilhat Szary veut d’abord laver son honneur en rappelant les vérités bafouées par certains journalistes. Non, elle n’a jamais publié un communiqué officiel pour livrer le nom des deux enseignants mentionnés sur les affiches de l’IEP. Il s’agissait d’un simple courrier pour défendre une membre du laboratoire prise pour cible par ces deux professeurs. « Je suis intervenue pour assurer le respect de la laïcité et défendre une collègue », explique-t-elle tout en précisant avoir immédiatement « affirmé sa solidarité » avec ces deux enseignants lorsqu’elle a pris connaissance des affiches. Klaus Kinzler s’attaquait violemment à Claire M. et n’hésitait pas à fustiger les musulmans et hiérarchiser les religions en disant préférer le christianisme. 

    Très émue, elle détaille ensuite les conséquences de cette haine virtuelle. « Je craignais pour ma sécurité et d’être suivie dans la rue, raconte-t-elle. Je me suis mise à passer mes nuits sur les réseaux sociaux pour voir ce qui tombait. » Dans le même temps, plusieurs posts Facebook la ciblent directement et reprennent l’idée amorcée par Caroline Fourest. « L’islamo-gaucho Anne Laure Amilhat Szary est une instigatrice de la “fatwa” lancée contre deux professeurs à Sciences Po Grenoble ! Comme elle a trouvé normal de diffuser les photos des professeurs… rien ne va déranger à ce que l’on diffuse la sienne », peut-on lire dans un post accompagné de la photo de la directrice et publié le 12 mars par un certain Jean-Luc.

    Dans les commentaires, on peut lire un flot de #haine et d’#insultes. Et les messages des dix personnes poursuivies ce vendredi. 

    - Jacques L., 79 ans : « Quand ils la violent elle aura compris à moi que ça lui plaise !! […] Déjà pour la violer, il faut vraiment le vouloir beurk !! »
    - Alain B., 73 ans : « Qu’elle crève le cul bourré de chiffon rouge et la gueul ouvert. »
    - Annick L., 73 ans : « Horrible nana !! Le caillou rasé ! Pauvre tâche. Un jour viendra où tu devras te repentir ! »
    - Jean-Marie C., 60 ans : « Saloupe à butté »
    - Dominique B., 74 ans : « Il faut lui trancher la gorge »
    - Wilfrid B, 65 ans : « A l’échafaud (…) Regardez la gueule de la bavure. A expédier au pays du Maghreb »
    - Christian D., 58 ans : « Pauvre conne ton tour viendra »
    - Ronan M., 56 ans : « Grosse connasse on va te butter »
    - Dominique V., 56 ans : « Il faut tondre cette collabo de merde. »

    Seul Maxence D., 32 ans, se démarque en lâchant sur Twitter : « Potence + corde pas trop épaisse pour lui lacérer le coup à cette p*** ». 

    Des prévenus âgés et amnésiques 

    Très sûrs d’eux sur les réseaux sociaux, les quatre prévenus présents à l’audience sont désormais beaucoup moins fiers. Presque tous se disent amnésiques et affirment ne pas se souvenir de toute la polémique liée à Sciences Po Grenoble. Certains minimisent aussi la teneur de leur propos. « J’ai vu le post Facebook, j’ai lu deux trois commentaires et j’ai mis le mien, mais c’est juste une insulte, pas une menace de mort », lâche Alain B, qui contraint le tribunal à se répéter du fait de ses graves problèmes d’audition. « Qu’elle crève », ne serait pas une menace de mort selon cet ancien plombier aujourd’hui retraité. Tout juste « une connerie ». 

    Les mains dans les poches, il considère que « ce qui est fait est fait » et tarde à s’excuser, sans vraiment penser à la principale intéressée. « Je regrette bien sûr, si j’avais su que ça allait me ramener des ennuis comme ça… » Et d’insister face à une assemblée quelque peu médusée : « Je n’ai pas dit “je vais la crever”, j’ai dit “qu’elle crève”. Comme si elle tombait et que je la laissais par terre sans la ramasser. »

    Dominique B, secrétaire de direction à la retraite, qui voulait « trancher la gorge » d’Anne-Laure Amilhat Szary, aurait tout oublié. « C’est parti de mon ordinateur, mais je ne me rappelle pas avoir marqué ces propos », justifie-t-elle tout en expliquant ne pas vraiment maîtriser Facebook. Wilfrid B, 65 ans et ancien ouvrier, tente d’expliquer en quoi « À l’échafaud » n’est pas une menace de mort « puisque cela n’existe plus ». 

    « Je débutais avec Facebook et je ne savais pas comment ça fonctionnait », avance-t-il avant de reconnaître : « J’ai lu qu’on instaurait une fatwa contre ces profs. Je répondais à ça, mais je ne la visais pas particulièrement. » Même dénégation de Christian D., 58 ans, qui tente d’expliquer en quoi écrire « ton tour viendra » n’est pas une menace de mort. Pourquoi la phrase était-elle accompagnée par trois emojis « crotte » et trois emojis « flammes » ? « J’utilise l’emoji flamme pour tout, pour les anniversaires par exemple », tente-t-il avant de laisser sa place à Annick L. 

    Cette femme de 72 ans se déplace difficilement et dit avoir été « traumatisée » par sa garde à vue. « Depuis je suis sous antidépresseurs », confie-t-elle. « Y a rien à faire, je n’ai aucun souvenir de cette histoire. J’ai vu mon nom qui apparaissait sur Facebook mais je ne comprends pas. Je ne conteste pas l’avoir écrit mais je ne m’en souviens pas », poursuit-elle. Elle aurait donc oublié qu’elle voulait voir cette « traître », l’ex-directrice du laboratoire Pacte, clouée « au pilori » « le caillou rasé ». 

    Des sympathisants de Zemmour et Le Pen 

    Les quatre prévenus semblent aussi sincères que vulnérables et aucun d’entre eux ne veut laisser d’indice sur ses accointances politiques. Tant mieux puisque le président du tribunal ne souhaite pas en savoir plus et tient à rappeler qu’il « se fiche » de savoir ce « qu’ils pensent sur le fond ». Il faut attendre la plaidoirie de Raphaël Kempf, l’avocat d’Anne-Laure Amilhat Szary, pour avoir un profil politique un peu plus précis. 

    Lors de leur garde à vue en effet, la plupart ont confessé leur colère contre les « islamo-gauchistes », qu’ils définissent tantôt comme des « musulmans de gauche », tantôt comme des « gens de gauche pro-islam ». À la lecture de son audition, on découvre que Christian D « adore » Éric Zemmour et qu’il est, comme d’autres prévenus, membre du groupe « L’avenir France avec Éric Zemmour ». « Les gens de gauche sont des pro-islam et immigration qui organisent des réunions interdites aux gens de type caucasien et amènent des idées nauséabondes au sein des établissements publics français », déclare quant à lui Jean-Marie C, 60 ans et sous curatelle. 

    « Grâce à cette procédure, il devient évident que je voterai à tout jamais Marine Le Pen et que j’inciterai ma famille à faire de même », lâche de son côté Dominique V. aux enquêteurs. Annick L., enfin, a plus de mal à disserter sur ses opinions politiques. Lorsqu’on lui demande si elle connaît le groupe « Marion Maréchal-Le Pen, on t’aime » qu’elle suit sur Facebook, la réponse est évasive : « J’ai peut-être déjà mis un pouce, mais sans plus. »

    L’exploitation de son téléphone portable révèle pourtant de très nombreux commentaires virulents et des termes parfaitement explicites du type « nous les Français de souche ». « Ma belle-fille est chinoise, mon mari est d’origine polonaise. On n’est pas raciste », jure-t-elle. Elle affirme avoir répondu sans réfléchir et ne pas connaître Anne-Laure Amilhat Szary. Interrogée pour savoir ce qu’elle a contre les islamo-gauchistes , elle déroule les arguments déployés par certaines chaînes d’info en continu : « Y a cette histoire de Samuel Paty qui avait été égorgé, vous ne trouvez pas ça horrible ? Les gens qui sont poignardés pour rien, c’est affreux, c’est inhumain. Y a pas que ça. Tous les faits divers qu’on entend franchement c’est horrible, toutes ces jeunes femmes qui se font tuer. On ne vit plus dans un monde serein. »

    Une vie « bouleversée » pour Anne-Laure Amilhat Szary 

    Les avocats de la défense insistent sur l’âge des prévenus qui ne sauraient pas vraiment utiliser les réseaux sociaux et ne sauraient pas vraiment qu’un commentaire publié sur le réseau est lisible par tous dès lors que l’option privée n’est pas cochée. L’un des conseils, l’avocat de Jean-Marc C., tient tout de même à évoquer la responsabilité de certains journalistes dans cette affaire. « Les chaînes d’info en continu peuvent avoir une vraie influence tout comme certains journalistes, estime-t-il. Mon client a pu se dire que Caroline Fourest , qui elle, est journaliste , a recoupé ses sources avant de tweeter. Pour beaucoup de personnes et pour mon client, son tweet était une information. »

    Les prévenus, sorte de #fachosphère du troisième âge, ont en effet en commun de considérer les réseaux sociaux comme des sources à part entière et de ne rien vérifier. Ils confondent « article de presse » et « post-Facebook », et baignent dans des groupes qui s’affranchissent de toute réalité et qui partagent la même obsession que leurs journalistes préférés : la lutte contre des supposés islamo-gauchistes. 

    Lors de sa plaidoirie, Me Kempf livre sa déception de ne pas avoir eu « les explications » qu’il espérait. « Je regrette l’absence totale de prise en compte de ce que Anne-Laure Amilhat Szary a pu dire », enchaîne-t-il. Il rappelle donc les conséquences de ces mots sur la vie de sa cliente. Les quatre jours d’ITT, l’arrêt maladie, les troubles du sommeil et la dépression qui ont suivi. Il insiste aussi sur le « bouleversement professionnel » que cette victime collatérale de l’affaire de Sciences Po a dû subir.

    Peu de temps après ces attaques, l’ex-patronne du laboratoire rattaché au CNRS et renommé dans le milieu scientifique a préféré renoncer à son mandat. Si elle enseigne de nouveau depuis peu, elle dit ne plus pouvoir prendre un poste de direction. Il revient sur le rôle de Caroline Fourest qui a contribué à relayer « la légende » selon laquelle Anne-Laure Amilhat Szary aurait contribué à ce que deux professeurs de l’IEP soient pris pour cible. Il n’oublie pas non plus « la communauté d’intérêt politique » qui lie tous ces prévenus et demande qu’ils soient condamnés solidairement à une peine de 20 000 euros d’amende.

    La procureure, elle aussi déçue par la plupart des justifications, s’étonne que tous ces gens qui prétendent dénoncer ce qui est arrivé à Samuel Paty déploient la même mécanique « qui a tué Samuel Paty ». Pour les dix prévenus, elle a requis des peines avoisinant les mille euros d’amende à payer dans les 90 jours sous peine d’incarcération. La décision sera rendue le 13 janvier 2023.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/021222/des-septuagenaires-juges-pour-avoir-menace-de-mort-une-enseignante-islamo-

    #affaire_de_Grenoble #justice #réseaux_sociaux

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    ajouté à la métaliste atour de ce qu’on a surnommé l’#affaire_de_Grenoble :
    https://seenthis.net/messages/943294

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    • Cyberharcèlement d’une enseignante de l’IEP de Grenoble : « Ils critiquent le meurtre de Samuel Paty, mais appellent eux-mêmes au meurtre »

      Dix prévenus ont comparu vendredi à Paris pour des accusations de #harcèlement_en_ligne et des menaces de mort à l’encontre d’une enseignante, dans le cadre d’une polémique médiatique à Sciences-Po Grenoble en mars 2021.

      Des cyberharceleurs aux cheveux blancs. Dix personnes comparaissaient vendredi au #tribunal_correctionnel de Paris, accusées de harcèlement en ligne et de menace de mort à l’encontre d’Anne-Laure Amilhat Szary, professeure des universités, dans le cadre de la polémique sur l’Institut d’études politiques de Grenoble en mars 2021. Les cinq prévenus présents n’ont pourtant pas le profil attendu dans une affaire de ce type. Ils sont nés entre 1948 et 1964. L’une d’entre eux à du mal à se lever pour venir jusqu’à la barre.

      Alain B., Corrézien de 74 ans, a écrit sur son compte Facebook, à propos d’Amilhat Szary, « qu’elle crève le cul bourré de chiffons rouges et la gueule ouverte ». Une « connerie », reconnaît-il devant le tribunal. Mais pas une menace de mort pour autant, selon lui. « Oui, c’est violent », mais « « qu’elle crève », c’est différent de « Je vais la crever » », tente-t-il d’argumenter. Le président de la séance lui demande s’il regrette son acte. « Bien sûr, si j’avais su que cela allait m’amener des ennuis comme ça… » L’avocat de la plaignante, maître Raphaël Kempf, dira dans sa plaidoirie qu’il s’attendait à « des excuses » de la part des prévenus, mais qu’« à une ou deux exceptions près, cela n’a pas été pas le cas ».

      « Ce n’est pas dans mes habitudes »

      Le procès était celui des fausses informations et du mécanisme de meutes engendré par les réseaux sociaux. Anne-Laure Amilhat Szary, 52 ans, est l’ancienne directrice du laboratoire de sciences sociales de Grenoble. Son nom a été propulsé dans le débat public il y a un an et demi, après l’affichage sur les murs du campus de l’IEP de Grenoble par des étudiants du nom de deux professeurs taxés de fascisme et d’islamophobie. Une démarche irresponsable quelques mois seulement après l’assassinat de Samuel Paty, enseignant de géographie accusé à tort d’islamophobie sur les réseaux sociaux.

      L’un des deux enseignants grenoblois mis en cause, Klaus Kinzler, avait alors décidé de répondre médiatiquement et jeté en pâture, avec la complicité de Pascal Praud sur CNews, le nom d’Anne-Laure Amilhat Szary. Il lui reprochait de l’avoir recadré après un échange de mail dans lequel il remettait en cause la présence du mot « islamophobie » sur le même plan que « racisme » et « antisémitisme », dans l’intitulé d’un séminaire sur les discriminations. Klaus Kinzler a par la suite été suspendu en décembre 2021 pour avoir tenu « des propos diffamatoires dans plusieurs médias contre l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il est en poste ».

      De cette polémique à tiroirs, nos prévenus ne savent quasiment rien. Certains ont lu un simple message sur Facebook – que certains appellent « un article » –, selon lequel Anne-Laure Amilhat Szary aurait notamment lancé une fatwa contre deux professeurs et aurait diffusé leur photo. Rien de tout cela n’est vrai, mais le post déclenche une avalanche de commentaires haineux.

      Wilfried B., 65 ans, reconnaît avoir écrit « A l’échafaud » et « Regardez-moi la gueule de la bavure » sous la publication. « Ce n’est pas dans mes habitudes, assure-t-il. Mais après ce qui s’était passé avec l’assassinat de Samuel Paty… C’est pour ça que j’ai répondu ce genre de commentaire. » Il s’excuse maintenant auprès de sa victime. Reste une incohérence relevée par la procureure : « Ils critiquent le meurtre de Samuel Paty, mais ils appellent eux-mêmes au meurtre et à la violence », pointe-t-elle dans son réquisitoire. Elle réclame des amendes allant de 630 à 1 350 euros selon les prévenus.

      « Ce sont des gens qui ne connaissent rien à Facebook »

      L’audience faisait aussi office de révélateur sur l’effet d’entraînement dans le cyberharcèlement. Plusieurs prévenus disent avoir publié leur message pour aller dans le même sens d’autres commentaires lus auparavant, sans vraiment se renseigner sur le fond de l’affaire. « Ce sont des gens qui ne connaissent rien à Facebook », glisse un proche d’une prévenue dans la salle. De fait, le procès a parfois tourné à la leçon sur les réseaux sociaux. « Quand vous publiez sur Facebook, tout le monde ne fait pas attention que s’il y a une petite planète, le post est visible par tous », tente le président de la séance.

      Mais l’absence de maîtrise des outils numériques n’excuse pas la violence des propos. Quand Jacques L., 79 ans, absent mais excusé par lettre, écrit « Quand ils la violeront, elle comprendra », il n’a probablement pas conscience de raviver un souvenir traumatisant de la vie de sa victime. Il n’en reste pas moins qu’il a rouvert « un gouffre », « une blessure béante », déplore Anne-Laure Amilhat Szary.

      Si Dominique B., 74 ans, pull en laine vert et écharpe rose, affirme ne pas se souvenir d’avoir écrit « Il faut lui trancher la gorge » à la barre, les conséquences dans la vie de la plaignante n’en sont pas moins tragiques. Redevenue simple enseignante-chercheuse, Anne-Laure Amilhat Szary ne se sent plus capable de reprendre des responsabilités dans sa carrière après avoir quitté la direction du laboratoire de sciences sociale de l’IEP Grenoble, en octobre 2021. Elle « s’autocensure » si elle doit prendre la parole publiquement et même sa vie personnelle s’est « effondrée », d’après la procureure.

      « Le système judiciaire est capable de réagir »

      Malgré ce déversement de violence, Anne-Laure Amilhat Szary ne regrette « ni ses engagements ni ce procès ». Elle le fait « pour les autres enseignants et chercheurs victimes de harcèlement ». « Comme la philosophe Sophie Djigo, à qui on reproche de vouloir emmener ses étudiants voir des migrants », pointe-t-elle, en référence à cette enseignante valenciennoise dont la sortie scolaire à Calais a été annulée sous la pression de l’extrême droite. La parole scientifique dans le débat public est loin d’être simple. Et le combat est bien politique, selon elle.

      Si le président de la chambre n’a pas voulu s’aventurer sur ce terrain vendredi, les publications Facebook incriminées ont pourtant bien souvent été vues par les prévenus sur des groupes de soutien à Eric Zemmour ou Marion Maréchal-Le Pen. La critique sans mesure des universitaires a été lancée par Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal (alors respectivement ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur) quand ils sont partis en croisade contre un supposé #islamo-gauchisme à l’université. Elle a été largement reprise par Zemmour à la présidentielle 2022.

      Cette audience laisse donc un goût doux-amer. Dix prévenus sur les milliers de messages reçus, cela semble bien faible. « On a sélectionné les messages les plus outrageants », reconnaît maître Kempf. Mais le mieux est l’ennemi du bien. « Quand on porte plainte, je ne suis pas certain qu’elle aboutisse », nous glisse-t-il.

      « Cette audience montre que le système judiciaire est capable de réagir », positive aussi Anne-Laure Amilhat Szary, qui a remercié la cour de sa rapidité. Cette audience participe à faire reculer le sentiment d’impunité en ligne. Dominic V., un prévenu de 56 ans absent à l’audience, a revendiqué ses propos lors de sa garde à vue, croyant que « seuls des rappels à la loi sont prononcés » dans ce genre de cas. La procureure a enjoint la cour à « lui donner tort ». Réponse le 13 janvier.

      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/cyberharcelement-dune-enseignante-de-liep-de-grenoble-ils-critiquent-le-m

    • C’est à cause de la #télévision :
      https://contre-attaque.net/2022/12/03/le-profil-des-trolls-dextreme-droite-enfin-devoile

      Au procès, ces personnes âgées disent qu’elles ne se souviennent plus. Pourtant, lors de leurs arrestations, plusieurs avaient déclaré leur haine contre les « islamo-gauchistes » et leur proximité avec Zemmour ou Le Pen. Annick, 73 ans, avait parlé des « gens poignardés pour rien » et des « faits divers » qu’elle voyait : « franchement c’est horrible, toutes ces jeunes femmes qui se font tuer ». Bref, les prévenus sont des seniors rivés devant leurs télés, intoxiqués par les horreurs et la désinformation quotidienne de chaînes en continu. D’ailleurs l’avocat d’un prévenu dénonce à l’audience la responsabilité des journalistes : « Mon client a pu se dire que Caroline Fourest, qui elle, est journaliste, a recoupé ses sources avant de tweeter. » Pourtant, ni Pascal Praud ni Fourest ni les patrons de ces médias semeurs de haine ne sont sur le banc des accusés. Impunité totale.

      Voilà donc le profil mystérieux de ces milliers de trolls fascistes. Des personnes vulnérables, séniles, parfois sous curatelle, qui se font pourrir le cerveau par les chaînes d’extrême droite. Ce pays bascule à cause d’une poignée de milliardaires qui ont fait main basse sur l’information. Nous sommes beaucoup à connaître un oncle, un grand-père, un ami d’ami âgé ou des parents retraités à avoir vrillé progressivement ces dernières années, à force de regarder ces chaînes. Parlons-leur, proposons-leur de sortir, aidons-les à se désintoxiquer. Et organisons-nous pour mettre hors d’état de nuire Bolloré et ses amis.

      Le #PAF en état d’insalubrité publique ?
      Petite histoire de la « régulation audiovisuelle » :
      https://www.csa.fr/Informer/Toutes-les-actualites/Actualites/Histoire-de-la-regulation-audiovisuelle

      Le saviez-vous ? Le « pendant » internet du PAF s’appelle le #PIF. Étonnant, non ?

    • Sciences Po Grenoble : dix personnes condamnées pour avoir menacé de mort une enseignante « islamo-gauchiste »

      Lors de la polémique qui visait Sciences Po Grenoble en mars 2021, certains journalistes, à l’instar de Pascal Praud et Caroline Fourest, avaient accusé à tort une enseignante qui avait ensuite subi une vague de cyberharcèlement. Dix personnes ont été condamnées ce vendredi. 

      Ils croyaient, à tort, pouvoir insulter et menacer en toute impunité. En pleine polémique sur Sciences Po Grenoble, accusée d’être un repaire d’« islamo-gauchistes », les journalistes Caroline Fourest et Pascal Praud avaient fait circuler plusieurs mensonges pour dénoncer le rôle d’Anne-Laure Amilhat Szary, directrice du laboratoire de sciences sociales Pacte, rattaché à l’institut d’études politiques (IEP) de Grenoble. L’animateur de CNews avait même révélé son identité dans son émission « L’heure des pros ». 

      Dans la foulée, la chercheuse avait reçu de nombreuses insultes et menaces de mort sur les réseaux sociaux et avait fini par porter plainte contre dix personnes. Ces dernières viennent d’être condamnées ce vendredi par le tribunal judiciaire de Paris pour « cyberharcèlement » à une amende de 3 000 euros avec sursis chacune et à une peine de un an d’inéligibilité. L’une d’entre elles a également été reconnue coupable d’« injures à caractère sexiste ». Les dix prévenus sont également condamnés solidairement à verser à la victime 4 000 euros en réparation de son préjudice moral, et 1 500 euros au titre de ses frais d’avocat.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/130123/sciences-po-grenoble-dix-personnes-condamnees-pour-avoir-menace-de-mort-un

    • Cyberharcèlement d’une enseignante de l’IEP de Grenoble : les auteurs condamnés à une amende

      La sanction est tombée pour les seniors coupables de harcèlement à l’encontre d’#Anne-Laure_Amilhat_Szary. Ils écopent de 3 000 euros d’amende avec sursis et d’un an d’inéligibilité.

      La justice ne laisse plus le cyberharcèlement impuni, même quand ses auteurs sont des seniors jusqu’à présent sans histoire. Les 10 prévenus accusés de harcèlement en ligne et de menace de mort à l’encontre d’Anne-Laure Amilhat Szary, professeure des universités, dans le cadre de la polémique sur l’Institut d’études politiques de Grenoble en mars 2021, ont été reconnus coupable par le tribunal correctionnel de Paris ce vendredi 13 janvier. L’un d’entre eux est également condamné pour injure sexiste. Ils écopent tous de 3 000 euros d’amende avec sursis et d’un an d’inéligibilité. Ils doivent également collectivement verser à la victime 4 000 euros pour préjudice moral et 1 500 euros pour ses frais d’avocat.

      De quoi donner tort à l’un d’entre eux, Dominic V., 56 ans absent lors de l’audience le 2 décembre et qui avait déclaré lors de sa garde à vue que « seuls des rappels à la loi sont prononcés » dans ce genre de cas. Les condamnés se sont retrouvés acteurs d’une polémique à tiroir complexe dont ils ne savaient souvent rien, ou pas grand-chose. Pour rappel, leur victime, Anne-Laure Amilhat Szary, 52 ans, est l’ancienne directrice du laboratoire de sciences sociales de Grenoble. Son nom a été propulsé dans le débat public il y a un an et demi, après l’affichage sur les murs du campus de l’IEP de Grenoble par des étudiants du nom de deux professeurs taxés de fascisme et d’islamophobie. Une démarche irresponsable quelques mois seulement après l’assassinat de Samuel Paty, enseignant de géographie accusé à tort d’islamophobie sur les réseaux sociaux.

      L’un des deux enseignants grenoblois mis en cause, Klaus Kinzler, avait alors décidé de répondre médiatiquement et jeté en pâture, avec la complicité de Pascal Praud sur CNews, le nom d’Anne-Laure Amilhat Szary. Il lui reprochait de l’avoir recadré après un échange de mail dans lequel il remettait en cause la présence du mot « islamophobie » sur le même plan que « racisme » et « antisémitisme », dans l’intitulé d’un séminaire sur les discriminations. Klaus Kinzler a par la suite été suspendu en décembre 2021 pour avoir tenu « des propos diffamatoires dans plusieurs médias contre l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il est en poste ».

      Raphaël Kempf, l’avocat de la victime, rappelle à Libération que « l’enquête a démontré que ces enquêtes provenaient de l’extrême droite [beaucoup des messages incriminés ont été posté sur des groupes Facebook de soutien à Eric Zemmour ou Marion Maréchal Le Pen, ndlr]. Le danger de ce courant politique est tel aujourd’hui qu’il met en danger des universitaires et des enseignants ».

      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/cyberharcelement-dune-enseignante-de-liep-de-grenoble-les-auteurs-condamn

  • Lanceurs d’alerte dans la police : « Je ne connais aucun agent qui est épanoui dans son travail »

    Pour la première fois, six fonctionnaires témoignent des dysfonctionnements de leur institution dans « Police, la loi de l’#omerta ». Les deux auteurs de cet ouvrage alarmant et salutaire, une capitaine et un ancien gardien de la paix, espèrent ainsi libérer la parole de leurs collègues et remédier aux maux qui les rongent.

    « #Violences_policières, #sexisme et #racisme ordinaires, #dissimulation_de_délits, abondance de #faux_en_écriture_publique, #corruption, #tyrannie_hiérarchique, #radicalisation médiatisée des syndicats ou encore politique du chiffre… » Voilà une liste (non exhaustive) des #maux_policiers que dénoncent #Agnès_Naudin et #Fabien_Bilheran dans le livre Police, la loi de l’omerta (éditions Le Cherche Midi), qui paraît ce jeudi. Elle est capitaine, passée par la police aux frontières et la brigade des mineurs, autrice de plusieurs livres et porte-parole de la FSU Intérieur. Avant de quitter « la boîte », lui était gardien de la paix, ayant officié jusqu’à la brigade des stups du 36, quai des Orfèvres, l’ancien siège de la prestigieuse police judiciaire parisienne.

    Dans cet ouvrage, leurs deux témoignages sont assortis de ceux de quatre autres policiers. Il y a #Serge_Supersac, #CRS en bagarre avec les syndicats et la compromission de collègues, qui vit mal les audits de l’Inspection générale de la police nationale sur son commandement, et se tourne vers la recherche autour du lien police-population. Il y a #Jean-Marc_Cantais, confronté au suicide d’un collègue, puis catapulté à la tête d’unités dont il dénonce les indigences et les violences, et qui se liguent contre lui jusque devant les tribunaux. Il y a #Stéphane_Lemercier, officier confronté, de la Somme à l’Hérault, à des hiérarchies erratiques et à l’inanité de la politique du chiffre, qui finit par se réfugier dans les études et l’écriture de livres sur la police. Ou encore #Christophe_Annunziata, lâché deux fois par son administration et les syndicats, d’abord quand il a souffert de #harcèlement_moral (après qu’un collègue a mimé sur lui deux égorgements), puis quand il a cherché à dénoncer un membre de sa brigade des mineurs, qu’il soupçonne… de corruption de mineurs (ce dernier est actuellement mis en examen).

    Ce livre dense ne résout pas les problèmes qu’il pose (ni, a fortiori, ceux qu’il élude). Mais ces six cas particuliers, mis bout à bout, montrent de l’intérieur une institution policière dysfonctionnelle, tiraillée entre un pouvoir politique passionné de chiffres, des syndicats omnipotents, une direction recroquevillée sur des principes éloignés de l’intérêt général, des individus aux comportements délétères qui ne sont pas sanctionnés et d’autres qui sont placardisés pour avoir alerté sur les dérives de leurs collègues. L’ouvrage résonne comme un coup de semonce. Assez pour ébranler la chappe de plomb recouvrant la police nationale ? Agnès Naudin, interviewée par Libé avec son coauteur Fabien Bilheran, ne se pose (presque) pas la question : « De toute façon, tant qu’on ne va pas dans les médias, on ne les fait pas chier. Et tant qu’on ne les fait pas chier, il n’y a rien qui change. »

    Quelle a été la genèse de ce livre ?

    Fabien Bilheran : A la fin de l’année 2021, alors que je demandais depuis un an la rupture conventionnelle [il l’a obtenue en juin 2022, ndlr], j’ai appris qu’Agnès s’intéressait au sujet, en tant que porte-parole de la Fédération syndicale unitaire [0,2 % des suffrages aux élections professionnelles du ministère de l’Intérieur en 2018]. On est entrés en contact, et après quelques heures de discussion on en est arrivés à parler de ce livre. Depuis mon engagement auprès des Policiers en colère en 2016, je gardais dans un coin de la tête la possibilité de porter ce genre de témoignages. Entre le réseau d’Agnès et le fait que je suis membre de l’association de prévention du suicide des policiers Peps-SOS, c’est presque les témoins qui venaient à nous. On a même dû faire un tri.

    Agnès Naudin : Ensuite, il a fallu franchir les barrières de la méfiance, répondre à la question que les témoins se posaient : « A quoi ça sert de parler publiquement, après tout ce que j’ai déjà fait pour dénoncer ce qui ne va pas ? » On s’est aussi interrogés sur la légalité, la loyauté, le devoir de réserve. On a fait un gros travail de collecte de preuves. On a écarté des témoignages qui risquaient d’être remis en question. Enfin, toutes les personnes qui parlent dans ce livre sont déléguées de la FSU. Ça faisait partie des conditions sine qua non, pour moi, dès le départ, afin qu’elles soient un minimum protégées de l’administration.

    Les élections professionnelles au ministère de l’Intérieur se tiennent du 1er au 8 décembre. Ce n’est pas un hasard de sortir le livre maintenant ?

    A.N. : Je botte en touche, et vous pouvez l’écrire.

    F.B. : Je n’ai pas d’engagements syndicaux, et je ne suis pas soumis à la réserve électorale. J’estime que les syndicats majoritaires font partie du problème. Ils exercent un électoralisme de court terme, car ils participent à l’obtention des grades et des mutations pour les agents. Quand on n’est pas dans un syndicat, il est beaucoup plus difficile d’obtenir son avancement, même si on le mérite ou qu’on a de l’ancienneté. Publier ce livre maintenant permet de faire réfléchir les policiers au syndicalisme dont ils ont envie. Est-ce qu’ils veulent un syndicalisme de clientèle, qui va juste surfer sur les faits divers ou la dernière polémique ? Ou, au contraire, est-ce qu’ils veulent un syndicalisme qui ait une vision à long terme, qui ait une vision du collectif, au-delà des intérêts particuliers ?
    Guerre des images
    Les syndicats, bras armé de la police pour la communication de crise
    Police / Justice
    26 sept. 2022abonnés

    Les syndicats ou les associations de policiers n’ont, selon vous, pas le pouvoir de faire bouger les lignes ?

    F.B. : J’ai été dans un syndicat, j’ai été dans les Policiers en colère. Si aujourd’hui j’ai quitté la police, c’est parce que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, mais que ça n’a pas suffi pour changer les choses, notamment sur la question du suicide, qui me tient particulièrement à cœur. C’est la plus grande cause de mortalité des gardiens de la paix. Contrairement aux discours politiques, et des syndicats majoritaires, qui s’offusquent des refus d’obtempérer toutes les je ne sais pas combien de secondes, le principal danger pour un policier, quand il entre en école de police, c’est le suicide. Quand le ministre en parle, c’est pour dire que le suicide est dû à des problèmes personnels. En réalité, quand on est policier, on est soumis à des interventions qui peuvent être traumatisantes, à des accidents de la route, à la mort, à la violence…

    A.N. : … et à l’ambiance dans les services.

    F.B. : Oui, voilà, aussi à l’ambiance dans les services, à la hiérarchie… On ne peut pas dire que le suicide n’est pas lié au travail. Le travail joue forcément un rôle dans le suicide, et rien n’est fait à ce sujet. C’est pour cela qu’on en arrive à cette extrémité : écrire un bouquin, avec des policiers à visage découvert, c’est parce qu’on est démunis. On a grand espoir, avec ce livre, de porter une autre parole que ce qu’on peut entendre médiatiquement. De faire réfléchir à ce qu’on peut faire de la police, pour qu’elle fonctionne mieux, pour accompagner les agents vers une sérénité au travail. Cette sérénité est la condition essentielle d’une bonne relation avec la population.

    A lire votre livre, on a l’impression que tous les policiers ont l’air de vouloir changer de service, ou de ne pas être heureux là où ils sont…

    A.N. : Je ne dirais pas ça. J’ai croisé plein de fonctionnaires dans les mêmes services depuis des années, qui n’en bougeront plus jusqu’à la retraite. C’est d’ailleurs parfois une difficulté pour la hiérarchie de gérer ces dynamiques-là. C’est surtout vrai ailleurs qu’à Paris, où au contraire on trouve des jeunes en début de carrière, sortis d’école, donc ça bouge vite…

    F.B. : Je suis un peu plus dur. Je ne connais aucun policier qui soit épanoui dans son travail. Quel que soit le lieu, l’endroit, le service, son prestige, qu’il y ait ou non des moyens… Il y a toujours un problème qui vient le contraindre ou qui rend son quotidien compliqué. Que ce soit de manière structurelle ou à cause de difficultés interpersonnelles.

    A.N. : Ce n’est pas que tous les policiers sont malheureux dans ce qu’ils font. Mais il est vrai que je ne connais pas de policier qui trouve du sens à ce qu’il fait. Parce que la sanction administrative n’a pas de sens, la politique pénale n’a pas de sens… Et puis il y a une instrumentalisation des statistiques policières à des fins politiques. Il y a un vrai décalage entre les chiffres affichés et le quotidien vécu des agents. Par exemple, si on veut voir plus de policiers qui s’occupent du stup, on va demander à tous les policiers de faire des infractions à la législation sur les stupéfiants. En conséquence, on va davantage détecter cette délinquance, et donc demander plus de moyens. C’est une boucle infinie.

    Si pas grand-chose ne fonctionne dans la police, qu’espérez-vous de votre livre ?

    A.N. : Soyons fous : qu’il permette de changer la police ! Il faudrait que chaque fonctionnaire qui, à un moment, a la capacité de faire le choix de couvrir un collègue ou pas, se souvienne de ces témoignages, qu’il se souvienne que chaque action a une répercussion. Et c’est à la portée de tout le monde. Je ne sais pas combien de policiers doivent se mobiliser pour que les choses changent, mais ce nombre existe. Pas besoin que les 150 000 agents fassent la révolution. Mais si 500 ou 600 lisent le bouquin, se disent « j’ai déjà été dans ces situations-là, je ne m’en suis pas rendu compte », qu’ils ouvrent les yeux sur leur propre situation… rien que ça, ce serait énorme. Quant à ceux qui s’y retrouveront à l’avenir, même s’ils ne sont pas victimes, mais plutôt comme des moutons à suivre le troupeau, il faut qu’ils disent « non, je suivrai pas ». Peut-être que, dans un groupe de dix, il suffit que deux moutons arrêtent de suivre le troupeau pour que les choses s’améliorent.

    F.B. : Le bouquin révèle une multitude de témoignages, l’idée est qu’il libère la parole. Et ensuite qu’on s’entraide et qu’on s’accompagne face aux représailles de l’administration que l’on peut subir quand on dénonce les dysfonctionnements. On envisage de constituer un collectif structuré pour soutenir les lanceurs d’alerte [de la police] dans leurs démarches. Plus largement, et c’est sûrement utopiste, il faut arriver à toucher un public large. La solution ne viendra pas uniquement de la police, mais aussi de la mobilisation de la société, qui va permettre l’émergence d’une meilleure police. On veut enclencher la dynamique. La réflexion est sociétale, et elle se pose ainsi : qu’est-ce qu’on fait de la police ?

    A.N. : Oui et, quelle police veut-on ? C’est une question qu’on pourrait poser aux citoyens.

    F.B. : Et ce n’est pas à un ministre de l’Intérieur de répondre à ces questions.

    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/lanceurs-dalerte-dans-la-police-je-ne-connais-aucun-agent-qui-est-epanoui

    #police #témoignage

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • Quelques ressources pour enseigner le vivre-ensemble autour de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’École

    La loi du 22 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire
    https://www.vie-publique.fr/loi/282708-loi-balanant-2-mars-2022-combattre-le-harcelement-scolaire
    => Cette loi loi crée un délit de harcèlement scolaire qui pourra être puni jusqu’à 10 ans de prison en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime.

    Une activité clefs-en-mains pour les élèves du cycle 3 autour du jeu sérieux « Stop la violence » (avec les fiches-élèves, la fiche-prof et les corrigés)
    https://digipad.app/p/217419/4852c24fd559

    Pistes de réflexion pour mener avec les élèves une réflexion géographique sur le harcèlement, de l’échelle mondiale à l’échelle des espaces vécus
    1/ Géographie du harcèlement scolaire : une violence mondiale https://enseigner-la-geographie.jimdofree.com/2019/11/07/géographie-du-harcèlement-scolaire
    2/ Géographie du harcèlement scolaire : la violence dans les territoires du quotidien https://enseigner-la-geographie.jimdofree.com/2019/11/07/géographie-du-harcèlement-scolaire-la-violence-da

    Infographie Le droit en schémas : Briser la chaîne du cyberharcèlement
    https://droitenschemas.com/lutte-cyberharcelement

    Des vidéos Un jour, une question pour les élèves de cycles 2 et 3
    C’est quoi le harcèlement à l’école https://youtu.be/zeAjp6B_DNs


    Le harcèlement est-il puni par la loi ? https://youtu.be/blar1yAMXWQ

    C’est quoi le cyber-harcèlement ? https://youtu.be/zUW3JyLtYsQ

    Une vidéo Décod’Actu pour les élèves de cycle 4 et de lycées
    Comment lutter contre le harcèlement scolaire ? https://youtu.be/ATrNTLVZvFM

    Le dossier Lumni sur le harcèlement scolaire avec ses 5 rubriques :
    – Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
    – Les conséquences du harcèlement
    – Témoignages
    – Comment agir contre le harcèlement ?
    – Le cyberharcèlement
    https://www.lumni.fr/dossier/harcelement-a-l-ecole

    #Harcèlement #Harcèlement_Scolaire #HarcèlementScolaire #Lutte_contre_le_Harcèlement #Journée_Nationale_de_lutte_contre_le_Harcèlement #Enseigner_la_Géographie #EnseignerLaGéographie #Enseignement_Moral_et_Civique #EnseignementMoralEtCivique #EMC #HGEMC #TeamHG #CyberHarcèlement #Parcours_Citoyen #ParcoursCitoyen #ParcoursÉducatifs #Parcours_éducatifs #VivreEnsemble #Vivre_Ensemble #Ressources_Pédagogiques

  • #Gérald_Darmanin veut rendre « impossible » la vie des étrangers soumis à une obligation de quitter le territoire

    Les circonstances de la mort de la petite #Lola et le profil de la suspecte, de nationalité algérienne et sous le coup d’une #obligation_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF), ont suscité de vives critiques à droite et à l’extrême droite. Si les parents de l’enfant ont regretté les tentatives de récupération politique de ce terrible drame, les discussions politiques se poursuivent. Ce jeudi, le ministre de l’intérieur a annoncé l’intention du gouvernement de rendre « impossible » la vie des étrangers faisant l’objet d’une OQTF.

    « Nous avons un travail à faire pour rendre impossible la vie des OQTF en France » dans le futur projet de #loi sur l’immigration, a déclaré Gérald Darmanin sur France Inter, en soulignant comme exemple le fait qu’« aujourd’hui quelqu’un qui fait l’objet d’une OQTF peut encore avoir un #logement_social ». « Un étranger arrivé légalement sur le sol [français] et qui perd son statut, devenant irrégulier, ne doit plus pouvoir garder son logement social », a insisté l’entourage du ministre.

    « Un droit trop complexe » pour expulser

    La #mesure_d’expulsion, dite OQTF, fait l’objet de polémiques récurrentes, notamment sur son taux d’application réel que le gouvernement veut augmenter à l’aide de la loi. Cette polémique a été ravivée depuis le meurtre sauvage de Lola. Sur ce sujet, le ministre de l’Intérieur a déploré un « droit trop complexe pour expulser un étranger en situation irrégulière, avec jusqu’à douze recours administratifs et judiciaires ».

    Selon lui, « plus de la moitié » des 120.000 OQTF prises ne sont pas exécutoires à cause de #recours_administratifs. Le projet de loi à venir prévoit de diviser par trois ce nombre possible de recours, de douze à quatre, a expliqué Gérard Darmanin, en prévoyant sur ce sujet « un grand débat parlementaire très compliqué ». Le gouvernement envisage par ailleurs de « lever les protections pour un certain nombre d’étrangers », a dit le ministre en citant la nécessité de mettre fin au système de #double_peine, qui voit un étranger condamné devoir purger sa peine sur le territoire avant son expulsion.

    Une situation « déjà » impossible

    La suppression de cette mesure permettrait selon lui « d’expulser 4.000 étrangers délinquants supplémentaires par année ». Rendre la vie « impossible » aux étrangers en situation irrégulière, « c’est déjà le cas actuellement », dénonce Mélanie Louis, responsable des questions d’expulsions à l’association La Cimade, pour qui les mesures du projet de loi vont faire rompre la France avec « l’Etat de droit ».

    Selon Mélanie Louis, il est d’ailleurs « complètement faux » qu’une personne sous le coup d’une OQTF ait droit à un logement social en France : « ces personnes bénéficient simplement du droit, inconditionnel, à une place d’#hébergement_d’urgence via le 115 [le numéro d’urgence dédié aux sans-abri], mais dans aucun cas à un HLM ».

    « 100 % d’application » pour les expulsions

    Jeudi soir, le président Emmanuel Macron a dit vouloir « réformer en profondeur les règles, nos lois, pour simplifier les procédures » d’expulsion, à l’occasion d’une nouvelle #loi_sur_l’asile_et_l’immigration qui doit être présentée « On va durcir les règles » pour « aller à ces 100 % » d’application des obligations de quitter le territoire français, des #procédures_d’expulsion dont moins de 10 % seulement sont exécutées. « au premier semestre de l’année prochaine ».

    « On va durcir les règles » pour « aller à ces 100 % » d’application des obligations de quitter le territoire français, des procédures d’expulsion dont moins de 10 % seulement sont exécutées.

    https://www.20minutes.fr/politique/4007487-20221027-darmanin-veut-rendre-impossible-vie-etrangers-soumis-obli

    #Darmanin #Gérard_Darmanin_comme_Theresa_May #hostile_environment #environnement_hostile #asile #migrations #réfugiés #instrumentalisation #sans-papiers #rendre_la_vie_impossible #expulsions #renvois #durcissement

    ping @karine4 @isskein

  • Accusée d’abus, la directrice de l’école de ballet du Théâtre de Bâle est suspendue

    Après l’Académie de danse de Zurich, c’est au tour de l’Ecole de ballet de Bâle de se retrouver dans la tourmente. D’anciens élèves dénoncent les abus qu’ils y ont subis durant plusieurs années. Une enquête indépendante va être menée.

    La décision de suspendre la directrice a été prise par le comité directeur de l’école. « Suite aux accusations de harcèlement et d’insultes relayées par les médias, une enquête sera lancée afin de faire toute la lumière sur cette affaire », a indiqué mardi le comité directeur.

    Selon la NZZ am Sonntag et le média en ligne bâlois Bajour, plus de 30 anciennes élèves ont évoqué des humiliations et des insultes régulières lors de répétitions. Parfois à visage découvert, elles racontent les pressions et les humiliations systématiques subies durant leur formation.

    Dans certains cas, un comportement insultant de la part d’enseignants a aussi été rapporté : « Tu es trop grosse pour danser » ou « Je peux voir la graisse qui pend de tes collants ». Une élève a aussi témoigné : « Je pleurais régulièrement, j’espérais que l’on nous aiderait, mais personne ne s’engageait pour nous ».

    Troubles alimentaires, absence de règles, hospitalisation
    Des pressions excessives sur les performances auraient eu pour conséquence des fractures de fatigue et des troubles alimentaires. Des nombreuses jeunes femmes n’auraient plus eu leurs règles pendant leur formation. Une élève aurait même dû être hospitalisée, complètement amaigrie.

    L’école de ballet du Théâtre de Bâle est l’une des deux institutions en Suisse à proposer un apprentissage professionnel de danseuse et danseur classique avec certificat fédéral de capacité. L’autre est l’Académie de danse de Zurich, qui est également confrontée à des reproches similaires. La direction s’est depuis retirée et une enquête a été ouverte.

    Le canton de Bâle-Ville, qui a un devoir de surveillance envers les entreprises formatrices, déplore cette situation. Ulrich Maier, directeur de la formation professionnelle, s’en explique dans le 19h30 : « Nous n’avons pas eu connaissance des reproches, sinon nous aurions réagi plus tôt. »

    A ce jour, la directrice suspendue de l’Ecole de ballet de Bâle conteste les faits reprochés.

    Il faut repenser l’apprentissage de la danse
    Du côté de l’association suisse des professionnels de la danse, on admet que quelque chose doit changer dans cette formation. « La danse est un art de la scène, mais aussi un sport d’élite. Ces deux domaines sont concernés par la pression », explique Cyril Tissot, directeur de Danse Suisse. Pour lui toutefois, la performance et l’apprentissage sont deux domaines compatibles. « Ces méthodes doivent changer en allant vers le mieux et c’est possible », car l’apprentissage peut être une belle chose, conclut-il.

    Le Ballet de Berne est aussi confronté à des accusations d’abus. Plusieurs médias ont rapporté que des harcèlements sexuels s’y sont produits l’année dernière. Un collaborateur du ballet a été licencié. La direction des scènes bernoises a ouvert une enquête après avoir relativisé les reproches. Les résultats devraient être présentés mercredi.

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/13492523-accusee-dabus-la-directrice-de-lecole-de-ballet-du-theatre-de-bale-est-

    #violence #danse #harcèlement #Pressions #humiliations #ballet

    • Ecole de ballet de Bâle : « Ce qu’il me reste de plus fort de ces deux ans et demi, c’est la peur » Clément Bürge/Julie Conti/ Pierrik Jordan - RTS

      De graves abus ont été dénoncés cette semaine au sein de l’école de ballet du Théâtre de Bâle. Après avoir intégré l’école en 2011, Angèle en a été victime durant deux ans et demi. Face aux caméras de la RTS, elle raconte un enfer fait de violence, d’humiliations et de mise en danger de sa santé.

      Les scandales liés à des mauvais traitements n’en finissent plus dans le monde de la danse en Suisse. Après le Béjart Ballet Lausanne et l’Académie de danse de Zurich, la parole s’est libérée également cette semaine à Bâle, où 33 anciens et anciennes élèves de la Ballettschule Theater Basel (BTB) ont dénoncé les graves abus subis durant des années.
      C’est le cas d’Angèle, entrée à la BTB en 2011, et d’Ines, entrée en 2014, toutes deux à l’âge de 15 ans. Elles ont accepté de témoigner face aux caméras de la RTS des mauvais traitements qu’elles et leurs camarades subissaient au quotidien de la part des professeurs. Elles racontent aussi toute la pression mise sur le poids des danseuses, en particulier par la directrice.

      « Ma première année, je devais faire 1m68, et je suis tombée à 36 kilos sans vraiment le vouloir. C’était juste que j’étais très stressée, et j’avais perdu l’appétit », témoigne Inès dans le 19h30.

      Au théâtre « avec une boule dans le ventre »
      La peur et l’anxiété, c’est aussi ce qui a principalement marqué Angèle lors de son passage à la BTB. « Je me revois arriver au théâtre avec une boule dans le ventre. Parce qu’on savait qu’on pouvait se faire soit crier dessus et insulter, soit ridiculiser et humilier. Et il y avait cet espèce de harcèlement sur le poids pour certaines. C’était invivable. »

      Très souvent, elle excluait les gens des spectacles, parfois une semaine avant, quelqu’un qui avait travaillé dur pour répéter un rôle. Elle disait : je peux ne pas te mettre sur scène dans cet état physique, tu es horrible

      Cette peur pousse alors l’adolescente à ne plus s’alimenter, alors qu’elle est déjà très mince. « C’est une période où j’ai perdu 10 kilos en deux mois. Ils le voyaient forcément, j’étais en justaucorps toute la journée devant eux », expose-t-elle.

      « Deux camarades se sont inquiétées pour moi », se remémore-t-elle. Elles alertent une professeure, qui prévient la directrice. « J’ai eu un rendez-vous avec les deux. » Leurs conseils : « Mange quand même quelque chose le soir, mais juste un fruit ou un yogourt. Et mange devant tes camarades, parce qu’il ne faudrait pas les inquiéter. »

      Anorexie valorisée et récompensée
      Loin d’inquiéter ses enseignantes et ses enseignants, cette perte de poids ouvre au contraire des portes à la jeune danseuse. « J’ai eu des rôles, j’ai été récompensée pour ça. »

      La directrice va même jusqu’à l’inscrire au prestigieux Prix de Lausanne. Le concours se targue pourtant d’une politique exemplaire en matière de santé des artistes, avec des règles strictes pour lutter contre l’anorexie. Le comble : à cette époque, la directrice du BTB était également à la tête... du Prix de Lausanne.

      « Elle a tout organisé. Elle m’a fait voir un médecin pour signer un certificat médical pour l’inscription. J’étais déjà trop maigre, et le médecin a menti sans vergogne pour mettre un IMC plus haut, pour que ça passe. C’était juste avant que je quitte l’école », poursuit Angèle.

      L’école, elle la quitte pour l’hôpital, pour soigner son anorexie. « Ça m’a impacté pendant des années. J’ai eu un suivi pour le trouble alimentaire, mais ce n’est pas quelque chose qui se guérit rapidement ». Elle évoque également de la boulimie et de la dépression. « Finalement, les conséquences ont été presque plus longues que le temps passé là-bas... dans cet enfer. »

      Ines a terminé son cursus à #Bâle. C’est après être sortie de l’école qu’elle a pris conscience des maltraitances qu’elle a subies. Quant à Angèle, elle a quitté la #BTB et terminé sa formation en France. Toutes deux sont désormais danseuses professionnelles. Et elles ne veulent plus se taire.

      Emprise perverse des professeurs
      De la part de certains professeurs, Angèle évoque des « insultes très régulières » et des « corrections à coup de claques sur les cuisses, les fesses ou le dos ».

      Une fois, il m’a dit : « Tu es trop stupide pour danser, je vais te renvoyer chez tes parents, mais même eux ne voudront pas de toi »

      Elle décrit l’emprise particulièrement perverse de certains professeurs : « Il disait toujours : ’Je vous aime, et si je vous corrige, c’est que je crois en vous, sinon je ne perdrais pas mon temps’. D’un côté, je commençais à trouver trop dur, mais je me forçais à penser que j’avais de la chance parce que je me faisais corriger. »

      Source : https://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/13500484-ecole-de-ballet-de-bale-ce-quil-me-reste-de-plus-fort-de-ces-deux-ans-e

      #perversité #anorexie #boulimie #maltraitances #Suisse