• Les mots sont importants : les grands médias et le « harcèlement de rue »
    http://www.acrimed.org/Les-mots-sont-importants-les-grands-medias-et-le

    Le harcèlement de rue renvoie au comportement des hommes (le plus souvent) qui interpellent, sifflent ou insultent des femmes (le plus souvent) dans la rue [5]. Alors que l’expression est aujourd’hui courante, on est surpris de découvrir qu’elle est très récente : en effet, elle apparaît pour la première fois dans la presse française dans un article du Figaro daté de début août 2012 [6], et va voir son importance s’y accroître rapidement. Parallèlement, on constate le même phénomène sur Twitter, avec la création du hashtag #harcelementderue, qui connaît une popularité immédiate (et toujours d’actualité).

    Pourquoi l’été 2012, pourquoi ce moment-là, précisément ? Il est probable que la conjoncture était favorable pour enfin reconnaître l’existence de ce comportement très ancien, mais il fallait un déclencheur. Ce dernier, très clairement identifiable, est à chercher du côté de la RTBF, la Radio-télévision belge francophone : le 26 juillet 2012, la chaîne flamande Canvas diffuse un documentaire de Sofie Peeters intitulé « Femme de la rue », qui montre des situations de harcèlement de femmes dans les rues de la capitale belge. À la suite de cette diffusion, l’expression « harcèlement de rue » fait une entrée remarquée dans la presse française : du Figaro au Monde en passant par La Voix du Nord et La Nouvelle République, pas moins de 21 articles vont l’utiliser en l’espace de quelques jours [7].

    Phénomène étonnant, cependant : l’expression n’est à aucun moment utilisée dans le documentaire de Sofie Peeters ; elle n’est pas non plus mentionnée par les journaux télévisés de la RTBF qui le commentent (l’édition du soir du 26 juillet 2012 faisait apparaître à l’écran un bandeau indiquant : « Injures et harcèlement en rue », formulation légèrement différente qui ne connaîtra pas de succès). Pourtant, c’est bien « harcèlement de rue » qui va être employé et diffusé par la presse française peu de temps après. Pourquoi cette expression et non une autre ? L’explication se trouve probablement du côté de Twitter : les archives du site datent l’apparition du hashtag #harcelementderue au 31 juillet 2012, soit, chronologiquement, juste après la diffusion du documentaire et juste avant la parution du premier article de presse la mentionnant.

    #vocabulaire #feminisme #harcelement_sexiste #domination_masculine

  • Le #machisme ordinaire filmé en caméra cachée | Big Browser
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/07/31/chienne-le-machisme-ordinaire-filme-en-camera-cachee

    « Salope », « chienne », « je t’emmène à l’hôtel », « belles petites fesses »... autant de commentaires récoltés par Sofie Peeters au gré de ses trajets dans les rues de Bruxelles. Ulcérée par ces réflexions quotidiennes, cette jeune Belge, étudiante en dernière année de cinéma, a décidé de filmer ce machisme ordinaire pour son projet de fin d’étude. La jeune femme s’est promenée dans les rues de la capitale belge, munie d’une caméra cachée, et compile le résultat dans un film intitulé Femmes de la rue.

    http://www.youtube.com/watch?v=YVXc2o5shto&feature=player_embedded

    et la suite

    #HARCELEMENTDERUE – Quand les femmes harcelées dans la rue témoignent
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/08/01/harcelementderue-quand-les-femmes-harcelees-dans-la-rue-temo

    • @alanshore4 je ne sais pas si c’est de la désinformation c’est une expérience personnelle parmi des milliers d’autres et je suis ravie que ta fille ne subisse pas ces comportements. Perso, je vis au Mans, on m’a sifflé, qu’elle se soit la tenue que je portais, on m’a suivi, on m’a foutu des mains au cul et je me suis fait coursé : je m’en suis tiré en poussant un hurlement qui a déchiré la nuit et fait fuir mon poursuivant et depuis je ne sors plus seule le soir. Le machisme existe, ça c’est indéniable

    • Honnêtement, ce film est très problématique. Je travaille dans ce quartier tous les jours. Le film passe à côté de pas mal de choses, et oublie de dire l’essentiel.

      C’est un quartier tampon, qui concentre de tous les problèmes urbains sur une zone ramassée et surpeuplée dont : de nombreuses personnes en errance, des îlots de pauvreté profonde et des disparités sociales et économiques délirantes.

      Se côtoient dans ce quartier aussi bien des prostitués masculins que des jeunes cadres de la génération montante maroxelloise, des employés de bureau, des syndicalistes, des habitants de longue date de toutes origines, des prolos, des commerçants « allochtones », des bobos, des propriétaires de loft, des familles de l’Est et des débarqués du bateau, sans papiers, remontant d’Espagne, de Grèce, du Portugal. Tu traverses une rue et c’est le mini-quartier gay de Bruxelles. Tout ça en quatre rues.

      Ce film sort et trouve une chambre d’écho disproportionnée alors que se multiplient les sorties depuis quelques mois pour dire que ce quartier est pourri et qu’il faudrait éduquer les gens, que les « allochtones » ceci celà, que le quartier est au bord de l’explosion etc. Quels gens ? Quels « allochtones » ? Ceux qui font vivre le quartier ? Les habitants ? Ou les toxicos et les sans-papiers qui errent sans but dans le parc à côté dès qu’ils sont virés à l’aube des hôtels miteux où ils crèchent ? Ou les 60% de jeunes de moins de 35 ans au chômage ?

      Il y a des problèmes de sexisme et d’homophobie à Anneessens (le quartier en question) mais aussi dans d’autres lieux mais on se focalise, avec une série de reportages chocs, à intervalles réguliers, sur ce quartier à fort potentiel de gentrification et qui bénéficie de nombreux investissements communaux et régionaux. Ce film ne peut se dissocier de son contexte.

      En tant que féministe mais aussi antiraciste, concernée par le futur de Bruxelles, je ne peux pas me réjouir qu’un objet filmique aussi mal foutu (il faut voir le truc en entier) ait eu un retentissement pareil. Il y a notamment une scène où des mecs sont à la terrasse de café qui est prise au premier degré alors que connaissant le lieu, je suis sure à 99% que les types en ont rajouté des tonnes pour se moquer des questions débiles, parce qu’il y avait une caméra. D’autres scènes sont plus réalistes, mais sont discréditées aussi parce que l’auteur n’interroge pas sa position dans ce quartier.

      L’essentiel des problèmes qui se posent à Anneessens sont liés à la confrontation brutale de différentes classes sociales avec des intérêts et pratiques contradictoires. Et dans ce contexte, les attaques portent sur les aspects visibles et les vulnérabilités apparentes : le genre, l’orientation sexuelle mais aussi, et personne n’en parle jamais la couleur de la peau ou la classe sociale (fait-il bon être prolo ou sans-abris à Anneessens pas sure). La ville est un broyeur. Pour tous.

      A deux mois des élections communales, alors que se joue tout simplement l’importation de la méthode Giuliani à la sauce régionale, il ne suffit pas de relayer des films de fin d’étude. Il faut les remettre en contexte.

      Quand la dénonciation du harcèlement en rue ne trouve une chambre d’écho que parce que les protagonistes sont des personnes d’origine maghrébine, que seul un quartier populaire est filmé comme si les quartiers policés de la ville étaient exempts de sexisme et que soudain les politiques découvrent un problème dénoncé de longue date par les féministes de tous bords, mon sens critique se réveille...

      #sexisme #racisme #Bruxelles #pauvreté