• Widespread contamination of soils and vegetation with current use pesticide residues along altitudinal gradients in a European Alpine valley

    Pesticides are transferred outside of cropland and can affect animals and plants. Here we investigated the distribution of 97 current use pesticides in soil and vegetation as central exposure matrices of insects. Sampling was conducted on 53 sites along eleven altitudinal transects in the Vinschgau valley (South Tyrol, Italy), in Europe’s largest apple growing area. A total of 27 pesticides (10 insecticides, 11 fungicides and 6 herbicides) were detected, originating mostly from apple orchards. Residue numbers and concentrations decreased with altitude and distance to orchards, but were even detected at the highest sites. Predictive, detection-based mapping indicates that pesticide mixtures can occur anywhere from the valley floor to mountain peaks. This study demonstrates widespread pesticide contamination of Alpine environments, creating contaminated landscapes. As residue mixtures have been detected in remote alpine ecosystems and conservation areas, we call for a reduction of pesticide use to prevent further contamination and loss of biodiversity.


    https://www.nature.com/articles/s43247-024-01220-1
    #montagne #Alpes #Tyrol_du_sud #contamination_du_sol #sols #sol #pollution #agriculture #pollution_du_sol #pommes #pesticides #Sud-Tyrol #Italie #cartographie #visualisation

  • Non, le « #choc_des_civilisations » n’aide pas à comprendre notre époque

    Depuis le 7 octobre, les idées du professeur américain #Samuel_Huntington sont à nouveau vantées, au service d’un idéal de #repli_identitaire. Pourtant, ces thèses fragiles ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique.

    C’est un des livres de relations internationales les plus cités au monde. Publié en 1996, trois ans après un article dans Foreign Affairs, Le Choc des civilisations a fourni un concept qui a proliféré dans le débat public. À la faveur de sa republication en poche aux éditions Odile Jacob, la journaliste et essayiste Eugénie Bastié a eu une révélation : son auteur, le politiste Samuel Huntington (1927-2008), était le prophète de notre époque. Sacrément épatée, elle affirme dans Le Figaro que « chaque jour, l’actualité donne raison » à ce livre « majeur ».

    Elle n’est ni la première ni la seule à le penser. À chaque attentat ou chaque guerre mettant aux prises des belligérants de religions différentes, la théorie est ressortie du chapeau comme une grille explicative. Depuis les massacres du Hamas du 7 octobre, c’est à nouveau le cas. Dans Le Point, Franz-Olivier Giesbert n’a pas manqué de la convoquer dans un de ses éditoriaux. Dans la plus confidentielle et vénérable Revue politique et parlementaire, un juriste s’est appuyé sur Huntington pour conclure tranquillement à « une certaine incompatibilité civilisationnelle entre Arabes et Israéliens et, partant, entre Orient et Occident ».

    Huntington pensait qu’avec la fin de la Guerre froide, les #facteurs_culturels allaient devenir prédominants pour expliquer la #conflictualité dans le système international. Il ajoutait que les risques de conflictualité seraient maximisés aux points de rencontre entre « #civilisations ». À l’en croire, ces dernières seraient au nombre de neuf. La #religion serait un de leurs traits distinctifs essentiels, parmi d’autres caractéristiques socio-culturelles ayant forgé, selon lui, des différences bien plus fondamentales que celles qui existent entre idéologies ou régimes politiques.

    De nombreuses critiques ont été faites aux thèses d’Huntington. Aujourd’hui, ces dernières sont largement considérées comme infirmées et inutilisables dans sa propre discipline. Elles ne sont plus reprises que par des universitaires qui ne sont pas spécialistes de relations internationales, et des acteurs politico-médiatiques qui y trouvent un habillage scientifique aux obsessions identitaires qui les habitent déjà.

    Il faut dire que dans la réflexion d’Huntington, la reconnaissance des #identités_civilisationnelles à l’échelle globale va de pair avec un rejet du multiculturalisme à l’intérieur des États. Eugénie Bastié l’a bien compris, se délectant des conclusions du professeur américain, qu’elle reprend à son compte : « La #diversité est bonne au niveau mondial, mortifère au niveau national. L’#universalisme est un danger à l’extérieur, le #multiculturalisme une #menace à l’intérieur. »

    Des résultats qui ne collent pas

    Le problème, c’est que les thèses d’Huntington ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique. Comme l’a déjà rappelé Olivier Schmitt, professeur à l’Université du Sud au Danemark, des chercheurs ont « testé » les prédictions d’Huntington. Or ils sont tombés sur des résultats qui ne collent pas : « Les actes terroristes, comme les conflits, ont historiquement toujours eu majoritairement lieu – et continuent d’avoir majoritairement lieu – au sein d’une même civilisation. »

    Dans Philosophies du multiculturalisme (Presses de Sciences Po, 2016), le politiste Paul May relève que « les arguments avancés par Huntington pour justifier sa thèse du choc des civilisations ne reposent pas sur de larges analyses empiriques, mais plutôt sur une série d’anecdotes et d’intuitions ». Il dresse le même constat à propos des alertes angoissées d’Huntington sur le supposé moindre sentiment d’appartenance des #minorités à la nation états-unienne, notamment les Hispaniques.

    Huntington procède en fait par #essentialisation, en attribuant des #valeurs_figées à de vastes ensembles socio-culturels, sans prendre au sérieux leur #variabilité dans le temps, dans l’espace et à l’intérieur des groupes appartenant à ces ensembles. Par exemple, son insistance sur l’hostilité entre l’#Occident_chrétien et la #civilisation_islamique néglige de nombreux épisodes de coopération, d’influences mutuelles, d’alliances et de renversement d’alliances, qui ont existé et ont parfois répondu à des intérêts politico-stratégiques. Car si les #identités_culturelles ont bien un potentiel mobilisateur, elles sont justement intéressantes à enrôler et instrumentaliser dans une quête de puissance.

    Le « #déterminisme_culturaliste » d’Huntington, écrivait le professeur Dario Battistella dès 1994, « mérite une #critique approfondie, à l’image de toutes les explications unifactorielles en sciences sociales ». Au demeurant, les frontières tracées par Huntington entre les civilisations existantes reposent sur des critères peu clairs et discutables. Le chercheur Paul Poast a remarqué, dans un fil sur X, que ses choix aboutissent à une superposition troublante avec une carte des « races mondiales », « produite par Lothrop Stoddard dans les années 1920, [ce dernier étant connu pour être] explicitement un suprémaciste blanc ».

    Les mauvais exemples d’#Eugénie_Bastié

    Les exemples mobilisés par Eugénie Bastié dans Le Figaro illustrent toutes les limites d’une lecture outrancièrement culturaliste de la réalité.

    « Dans le cas du conflit israélo-palestinien, écrit-elle, l’empathie n’est plus dictée par des choix rationnels ou idéologiques mais par des appartenances religieuses et identitaires. » Il était toutefois frappant, avant le 7 octobre, de constater à quel point les États du monde arabe et musulman s’étaient désintéressés de la question palestinienne, l’un des objectifs du #Hamas ayant justement été de faire dérailler la normalisation des relations en cours. Et si la composante islamiste de l’identité du Hamas est indéniable, la situation est incompréhensible sans tenir compte du fait qu’il s’agit d’un conflit pour la terre, que d’autres acteurs palestiniens, laïques voire, socialisants, ont porté avant le Hamas.

    Concernant l’#Ukraine, Bastié explique qu’« entre un Ouest tourné vers l’Occident et un Est russophone, Huntington prévoyait trois scénarios : une Ukraine unie pro-européenne, la division en deux avec un est annexé à la Russie, une Ukraine unie tournée vers la Russie. On sait désormais que l’on s’achemine plus ou moins vers le deuxième scénario, le plus proche du paradigme du choc des civilisations. »

    Remarquons d’abord la précision toute relative d’une théorie qui « prédit » des issues aussi contradictoires. Soulignons ensuite que malgré tout, Huntington considérait bien que « si la #civilisation est ce qui compte, la probabilité de la #violence entre Ukrainiens et Russes devrait être faible » (raté). Pointons enfin la séparation caricaturale établie par l’essayiste entre les parties occidentale et orientale du pays. Comme l’a montré l’historien Serhii Plokhy, les agressions russes depuis 2014 ont plutôt contribué à homogénéiser la nation ukrainienne, « autour de l’idée d’une nation multilingue et multiculturelle, unie sur le plan administratif et politique ».

    Enfin, Bastié devait forcément glisser qu’Huntington a formulé sa théorie du choc des civilisations avant même les attentats du 11 septembre 2001, censés illustrer « la résurgence du conflit millénaire entre l’islam et l’Occident ».

    Reprenant sa critique du politiste américain à l’aune de cet événement, Dario Battistella a cependant souligné que « loin de constituer les prémices d’une bataille à venir entre deux grandes abstractions, #Occident et #Islam, les attentats du 11 septembre sont bien l’expression d’une forme pervertie de l’islam utilisée par un mouvement politique dans sa lutte contre la puissance hégémonique américaine ; quant aux bombardements américano-britanniques contre Al-Qaïda et les talibans, ce sont moins des croisades que des opérations de police, de maintien de la “pax americana”, entreprises par la puissance impériale et sa principale alliée parmi les puissances satisfaites de l’ordre existant. »

    À ces illustrations guère convaincantes du prophétisme de Samuel Huntington, il faut ajouter les exemples dont Eugénie Bastié ne parle pas, et qui ne collent pas non plus avec sa grille de lecture.

    Avec la tragédie du Proche-Orient et l’agression russe en Ukraine, l’autre grand drame historique de cette année s’est ainsi joué en #Arménie et en #Azerbaïdjan, avec le #nettoyage_ethnique du #Haut-Karabakh. Or si ce dernier a été possible, c’est parce que le régime arménien a été lâché par son protecteur russe, en dépit de populations communiant majoritairement dans le #christianisme_orthodoxe.

    Cet abandon, à laquelle la difficile révolution démocratique en Arménie n’est pas étrangère, a permis au dirigeant azéri et musulman #Ilham_Aliev de donner libre cours à ses ambitions conquérantes. L’autocrate a bénéficié pour cela d’armes turques, mais il a aussi alimenté son arsenal grâce à l’État d’Israël, censé être la pointe avancée de l’Occident judéo-chrétien dans le schéma huntingtonien interprété par Eugénie Bastié.

    Le côté « chacun chez soi » de l’essayiste, sans surprendre, témoigne en parallèle d’une indifférence aux revendications démocratiques et féministes qui transcendent les supposées différences civilisationnelles. Ces dernières années, ces revendications se sont données à voir avec force en Amérique latine aussi bien qu’en #Iran, où les corps suppliciés des protestataires iraniennes témoignent d’une certaine universalité du combat contre la #domination_patriarcale et religieuse. Cela ne légitime aucune aventure militaire contre l’Iran, mais rappelle que toutes les actions de soutien aux peuples en lutte pour leurs droits sont positives, n’en déplaise au fatalisme huntingtonien.

    On l’aura compris, la thématique du choc des civilisations n’aide aucunement à comprendre notre chaotique XXIe siècle. Il s’agit d’un gimmick réactionnaire, essentialiste et réductionniste, qui donne une fausse coloration scientifique à une hantise du caractère mouvant et pluriel des identités collectives. Sur le plan de la connaissance, sa valeur est à peu près nulle – ou plutôt, elle est la pire manière d’appeler à prendre en compte les facteurs culturels, ce qui souffre beaucoup moins la contestation.

    Sur le plan politique, la théorie du choc des civilisations est un obstacle aux solidarités à construire dans un monde menacé par la destruction de la niche écologique dont a bénéficié l’espèce humaine. Ce sont des enjeux de justice climatique et sociale, avec ce qu’ils supposent de réparations, répartition, redistribution et régulation des ressources, qu’il s’agit de mettre en avant à toutes les échelles du combat politique.

    Quant aux principes libéraux et démocratiques, ils méritent également d’être défendus, mais pas comme des valeurs identitaires opposées à d’autres, dont nous serions condamnés à vivre éloignés. L’universalisme n’est pas à congédier parce qu’il a servi d’alibi à des entreprises de domination. Quand il traduit des aspirations à la paix, à la dignité et au bien-être, il mérite d’être défendu, contre tous les replis identitaires.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/231223/non-le-choc-des-civilisations-n-aide-pas-comprendre-notre-epoque
    #Palestine #Israël

    #Huntington

  • De la #circulation des termes et des images xénophobes...

    Il y a longtemps, j’avais écrit ce texte pour @visionscarto (quand encore le blog était hébergé sur le site du Monde Diplo) :
    En Suisse, pieds nus contre rangers
    https://visionscarto.net/en-suisse-pieds-nus-contre-rangers

    Je montrais notamment comment le #poster de cette campagne emblématique de l’#UDC en #Suisse avait circuler dans les sphères de l’#extrême_droite européenne.

    L’original made in Switzerland :

    La même idée des #moutons reprise par la #Lega_Nord en #Italie :


    Et le #NPD en #Allemagne :

    Cette #campagne avait été conçue par l’#UDC pour soutenir leur #initiative dite « Pour le renvoi des #étrangers_criminels » (débutée en 2010, mais qui a pourri le paysage suisse pendant des années... oui, car ces posters ont été tapissés dans l’espace public suisse pendant bien trop longtemps car il y a eu des rebondissements) :
    – "Initiative populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels »" (2008) https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_populaire_%C2%AB_Pour_le_renvoi_des_%C3%A9trangers_criminel
    Début de la récolte des signatures : 2007 —> https://www.bk.admin.ch/ch/f/pore/vi/vis357.html
    – "Initiative populaire fédérale suisse « Pour le renvoi effectif des étrangers criminels »" (2012) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_populaire_f%C3%A9d%C3%A9rale_suisse_%C2%AB_Pour_le_renvoi_e
    – et d’autres étapes que je ne vais pas détailler ici, car pas le temps de faire la chronologie de cette initiative...

    Cette idée de l’expulsion des criminels étrangers est reprise aujourd’hui par #Darmanin (mais depuis quand cette expression est utilisée en #France ? Quelqu’un·e. a une idée ??) :

    #Gérald_Darmanin se saisit de l’attentat d’Arras pour relancer ses mesures sur l’immigration

    L’attaque au #couteau qui a coûté la vie à un professeur de lycée et fait trois blessés a relancé le débat sur l’immigration, poussant le ministre de l’intérieur à surenchérir sur la question des « #délinquants_étrangers » et de leur expulsion.

    https://mastodon.social/@Mediapart/111244723392752616
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/161023/gerald-darmanin-se-saisit-de-l-attentat-d-arras-pour-relancer-ses-mesures-

    Au même temps, en #Italie, et plus précisément dans le #Haut-Adige :

    Un manifesto elettorale della #Süd-Tiroler_Freiheit -partito noto per le proprie posizioni xenofobe- ritrae in primo piano un uomo nero con un coltello in mano. Dietro di lui, una donna bianca cerca riparo in un angolo, coprendosi il volto con le braccia. L’immagine è inequivocabile, così come la scritta a caratteri cubitali posta poco più in basso: “Kriminelle Ausländer abschieben” (cioè espellere gli stranieri criminali).

    https://seenthis.net/messages/1021581
    https://altreconomia.it/in-alto-adige-in-arrivo-un-cpr-a-uso-locale-lultimo-anello-di-una-caten
    Voici le #poster du parti du #Sud-Tyrol :

    Et comme par hasard, voici la nouvelle campagne datée 2023 de l’UDC en Suisse : "#Nouvelle_normalité ?"


    https://www.udc.ch/nouvelle-normalite

    J’ai un vague souvenir que cette image d’une personne (étrangère, of course !) qui attaque un·e innocent·e suisse·sse au couteau n’est pas nouvelle dans l’#iconographie de l’UDC, mais je n’ai pas trouvé de trace sur internet pour l’heure...

    Si ces images et ces slogans sont #made_in_Switzerland comme on pourrait peut-être le déduire, il faudrait du coup l’ajouter à la liste des inventions suisses en termes de politique migratoire dont j’avais écrit, avec Ibrahim Soysüren dans la revue Plein Droit :
    Le couteau suisse des politiques migratoires
    https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2019-2-page-3.htm
    #moutons_noirs #moutons_blancs #criminels_étrangers #renvoi #expulsion #migrations #étrangers_délinquants #criminalité #racisme #xénophobie

  • Le “nettoyage ethnique” dans le Haut-Karabakh marqué par l’empreinte d’Israël
    https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-israel-le-nettoyage-ethnique-dans-le-haut-karabakh-marqu


    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à Davos, en Suisse, en 2018. PHOTO Amos Ben Gershom/GPO

    Après la reconquête par Bakou de l’enclave autonomiste arménienne du Haut-Karabakh, le journal “Ha’Aretz” souligne le rôle crucial des armes israéliennes dans cette victoire éclair et s’interroge sur le bien-fondé et la moralité de l’alliance conclue entre l’Azerbaïdjan et l’État hébreu.

    Source : Ha’Aretz Traduit de l’hébreu
    Publié aujourd’hui à 14h14
    [...]
    Depuis la deuxième décennie du XXIe siècle, Israël s’emploie à aider l’Azerbaïdjan à écraser les Arméniens de cette enclave. Les Israéliens entretiennent une relation stratégique avec les Azerbaïdjanais, une relation qui implique des ventes d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et qui découle à la fois du conflit larvé entre Israël et l’Iran et du fait que l’État hébreu achète à l’Azerbaïdjan une partie importante des hydrocarbures dont il a besoin.
    [...]
    En mai dernier [2023], Ha’Aretz avait également révélé que des journalistes et des militants de l’opposition azerbaïdjanais avaient été traqués par le logiciel espion Pegasus de la société NSO et ensuite “neutralisés”.

    Ces dernières années, Israël n’a pas seulement fourni des armes à l’Azerbaïdjan. Il a également soutenu cette république turcophone dans sa volonté d’imposer un révisionnisme historique concernant le génocide des Arméniens [1915-1916], un révisionnisme partagé avec la Turquie depuis un siècle.
    [...]
    Dans le même temps, Israël soutient activement la campagne insensée menée par l’Azerbaïdjan pour que la communauté internationale reconnaisse le “génocide de Khodjaly” que les Arméniens auraient perpétré contre plusieurs centaines d’Azéris en février 1992.
    [...]
    Certes, il existe des récits contradictoires sur ce qu’il s’est passé lors de la bataille de Khodjaly pendant la première guerre du Nagorno-Karabakh de 1992. Mais il y a une chose sur laquelle la communauté internationale s’accorde : si l’on s’en tient aux normes juridiques internationales, aucun génocide n’y a été perpétré.
    Hélas, ce qu’il se passe aujourd’hui dans le Nagorno-Karabakh n’est pas le premier cas de nettoyage ethnique à être marqué de l’empreinte d’Israël. La persécution des Rohingyas en Birmanie et le martyr des musulmans bosniaques durant la guerre de Bosnie-Herzégovine [1992-1995] ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
    Que conclure ? Que, fort de l’histoire du peuple juif, l’État d’Israël aurait dû apprendre depuis longtemps que monnayer des armes contre un révisionnisme historique n’est rien d’autre qu’une faillite morale.

    https://jpst.it/3oPH7

    • @biggrizzly Il semble que la population du Haut-Karabakh soit tributaire de pures logiques d’alliance entre puissances régionales. Des voix de cette région se sont exprimées estimant non sans raison avoir été lâchées non seulement par la Russie mais aussi par l’Arménie.

      J’avoue que j’ignorais l’importance du rôle d’Israël, avec la Turquie, dans ce jeu d’alliances. Il me semblait intéressant de le souligner avec cet article de Haaretz, ce dernier étant israélien, il est logique qu’il porte un regard particulier sur le rôle de l’État d’Israël dans cette affaire.

      Ci-dessous un article dans lequel on voit comment la guerre d’Ukraine menée par la Russie est exploitée par l’Azerbaïdjan contre les arméniens du Haut Karabakh, deux entités supposées être des alliées de la Russie.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-armenie-victime-collaterale-de-la-guerre-en-ukraine-5696780

      [...]

      L’Azerbaïdjan avance ses pions sur le terrain

      Début mars, l’unique gazoduc reliant l’Arménie à l’enclave du Haut Karabakh a été saboté. Comme si l’Azerbaïdjan et son allié turc profitaient de la guerre en Ukraine qui concentre toute l’attention de la communauté internationale et celle de la Russie pour avancer leurs pions sur le terrain.

      Cette conjoncture internationale inquiète l’Arménie car la Russie est la seule garante de sa sécurité et de celles des Arméniens du Haut-Karabakh. « Le drame des Arméniens est qu’ils sont complètement tributaires des Russes pour leur sécurité physique mais aussi pour leur sécurité énergétique, puisque le gaz qu’ils consomment est importé de Russie », explique Tigrane Yégavian.

      Au plan diplomatique, l’Arménie s’est abstenue lors du vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. La marge de manœuvre des autorités de Erevan est extrêmement étroite. « Les Arméniens évoluent sur une ligne de crête, constate Tigrane Yégavian. Le moindre faux pas pourrait s’avérer funeste. »

      Les puissants alliés de Bakou

      En face, l’Azerbaïdjan est soutenu par deux puissances régionales majeures et influentes : la Turquie et Israël. « Dans la dernière guerre de novembre 2020, analyse Tigrane Yégavian, ce sont les drones turcs Bayraktar et israéliens Harop qui ont fait la différence sur le champ de bataille. » L’Azerbaïdjan fait partie de la proximité géostratégique d’Ankara.

      La Turquie a été le premier État du monde à avoir reconnu l’indépendance de l’Azerbaïdjan à la suite de la disparition de l’URSS en 1991. Les deux pays entretiennent ainsi une coopération économique et militaire très étroite.

      Quant au partenariat israélo-azerbaïdjanais, il repose sur une alliance militaro-énergétique. L’Azerbaïdjan fournit environ un tiers des besoins pétroliers d’Israël, qui, en retour, livre à Bakou du matériel militaire sophistiqué. Et puis surtout, l’Azerbaïdjan constitue en base d’observation et d’espionnage pour surveiller l’Iran.
      [...]

    • Macron, dimanche soir, a expliqué que la Russie était complice. Libération depuis utilise la même idée de complicité. Mais alors, qui a raison ? Tout le monde à la fois ? Pourquoi notre Président il ne dit pas que notre allié européen d’Israël est à la pointe du soutien de l’Azerbaïdjan ? Sans parler de notre allié de l’OTAN de Turquie. L’Arménie est soutenu par l’Europe, tout devrait vite s’arranger ? A moins que l’Arménie ne paie, sans que personne ne le dise vraiment, sa proximité avec les russes ?
      https://seenthis.net/messages/1018759

    • Haut-Karabakh : la fin d’une enclave née de la dislocation de l’URSS
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/29/haut-karabakh-vie-et-mort-de-l-enclave-armenienne_6191519_3210.html


      Arayik Sarkissian et sa famille, réfugiés arméniens du Haut-Karabakh, attendent dans leur voiture l’arrivée de voisins de leur village. A Kornidzo (Arménie), le 25 septembre 2023. ERIC GRIGORIAN POUR « LE MONDE »

      Trente-deux ans après sa création, la République autoproclamée du Haut-Karabakh a annoncé s’autodissoudre, sous les coups de butoir militaires de l’Azerbaïdjan. L’épilogue d’un conflit séculaire.

      Par Emmanuel Grynszpan et Faustine Vincent(Erevan, envoyée spéciale)
      Publié aujourd’hui à 05h30, modifié à 08h30

      Le rêve d’indépendance s’est définitivement écroulé jeudi 28 septembre. Presque trois ans jour pour jour après son écrasante défaite militaire contre l’armée azerbaïdjanaise, l’entité séparatiste arménienne du Haut-Karabakh (aussi appelée « Artsakh ») s’est autodissoute, mettant fin à trente-deux ans d’existence. Par la force, mais aussi par un jeu diplomatique profitant des erreurs politiques de son ennemi, le régime autoritaire de Bakou a instauré sa souveraineté sur l’enclave située sur son territoire. La chute de la République autoproclamée du Haut-Karabakh (RAHK), dont la légitimité n’avait été reconnue par aucune chancellerie, pas même par l’Arménie voisine, clôt tragiquement un chapitre de l’histoire arménienne.

      https://jpst.it/3oRmy

    • Haut-Karabakh : les raisons profondes d’une capitulation éclair
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/haut-karabakh-les-raisons-profondes-d-une-capitulation-eclair-9029600

      Vendredi 29 septembre 2023
      Réfugiers près de la ville de Kornidzor, le 26 septembre 2023. ©AFP - Alain JOCARD

      https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13305-29.09.2023-ITEMA_23503353-2023C3305S0272-21.mp3

      Les Enjeux internationaux
      Les autorités séparatistes ont même annoncé leur dissolution à compter du 1er janvier, marquant ainsi officiellement la fin de l’existence de la République séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh.
      Avec
      Gaïdz Minassian Journaliste au Monde, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Paris

      En à peine une semaine, le Haut-Karabakh s’est vidé de plus de la moitié de ses habitants arméniens. Cet exil massif fait suite à l’offensive éclair menée par l’Azerbaïdjan mercredi dernier... Menant à la capitulation de ses autorités. Comment expliquer une capitulation si rapide dans un conflit qui dure pourtant depuis plus de 30 ans ?

      #Nagorny Karabakh #Haut-Karabakh #Azerbaïdjan

    • Le journal de 12:30 de France culture vient de faire explicitement mention du soutien israélien, notamment via la vente d’armes à lAzerbaïdjan. Ils ont aussi rappelé qu’Israël, comme la Turquie, ne reconnaît pas le génocide arménien de 1915.

    • Merci pour tous ces suivis, c’est passionnant.
      La communauté arménienne doit être particulièrement remontée en ce moment... parce qu’entre génocide et nettoyage ethnique, ils ne sont décidément pas abonnés aux meilleurs évènements géopolitiques...

      Et donc... la mention de Macron l’autre soir en évoquant ces évènements... je ne la comprends toujours pas.

    • Moscou et Bakou s’en prennent aux déclarations de Macron sur le Haut-Karabakh
      https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20221014-moscou-et-bakou-s-en-prennent-aux-d%C3%A9clarations-de-macron-sur

      Lors d’une interview, Emmanuel Macron avait affirmé mercredi : « La Russie s’est immiscée dans ce conflit, elle a manifestement joué le jeu de l’Azerbaïdjan avec une complicité turque et elle est revenue là pour affaiblir l’Arménie. »

      « C’est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser », avait-il estimé.

      Il a aussi assuré que la France ne « lâcherait jamais » les Arméniens et affirmé que l’Azerbaïdjan avait lancé en 2020 « une guerre terrible » pour reprendre le Nagorny Karabakh, ainsi que des « offensives » en septembre à la frontière officielle entre les deux pays.

      Ouais bah Macron... depuis qu’il a tapé dans l’œil de la prof de français, moi j’ai l’impression qu’il n’en finit plus de faire le beau comme dans du (mauvais) théâtre, en déclarant sans arrêt tout et son contraire. Sur la Russie, notamment avec la guerre en Ukraine, il nous a déjà servi un beau festival d’interprétation de personnages contradictoires et là, ça continue.

    • Effectivement, erreur de ma part sur la date, tant l’histoire semble ici bégayer et, finalement toujours s’aggraver ! Merci de le signaler.

      Voici la déclaration de Macron de cette année que tu évoquais :

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/conflit-au-haut-karabagh-la-france-est-aujourd-hui-tres-vigilante-a-l-integri

      BFMTVPolitiqueGouvernement

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé ce dimanche soir à 20h lors d’une interview co-diffusée sur BFMTV.

      Comme je l’indiquais au début, on ne peut pas exclure un retournement d’alliance qui aurait pour effet non seulement la suppression de l’entité du Haut-Karabagh mais aussi, après, la menace sur l’Arménie. Les logiques de puissances engagent les populations à être complices plus ou moins consentantes ou victimes de potentiels coups d’États, d’invasions voire de génocides. C’est avéré.

      De ce point de vue rien ne permet d’écarter l’hypothèse évoquée par Macron d’une responsabilité russe passée ou à venir (voir à ce sujet le lien ci-dessous, vers l’article du Monde de ce jour).

      Mais, par contre, là où le président se montre particulièrement pathétique c’est quand il veut faire croire que son seul discours (comme avec l’Ukraine, par exemple) peut avoir le moindre effet sur la situation et, surtout, comme si l’État français se situerait en dehors de ces horribles contingences impérialistes.

      Remarquons, toutefois, qu’à propos des populations arméniennes du Haut-Karabagh Macron évoque leur religion chrétienne, introduisant une empreinte idéologique peu rassurante à ce conflit.

      Voici l’article du Monde d’aujourd’hui, où il est question des craintes de l’invasion de l’Arménie avec la complicité de la Russie :

      Après le Haut-Karabakh, l’Arménie convaincue d’être la prochaine cible
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/30/apres-le-haut-karabakh-l-armenie-convaincue-d-etre-la-prochaine-cible_619169

      Nombre d’Arméniens redoutent que l’Azerbaïdjan ne profite de son succès pour conquérir davantage de territoire. Une menace qui modère pour l’instant les critiques contre le premier ministre, Nikol Pachinian, accusé d’avoir sacrifié le Haut-Karabakh.
      [...]
      Malgré le choc et la colère liée à la perte du Haut-Karabakh, Nikol Pachinian [Premier ministre de l’Arménie] apparaît d’autant moins menacé [par la population arménienne] pour le moment qu’il n’est pas le seul à être pointé du doigt. La Russie, les autorités du Haut-Karabakh et les précédents dirigeants arméniens sont eux aussi considérés comme responsables. « Dans la société, les avis divergent pour savoir qui blâmer », observe Benyamin Poghosian, chercheur au centre de réflexion Applied Policy Research Institute, à Erevan. Une partie de la population redoute également que le départ de Pachinian ne favorise le retour de l’ancien clan postsoviétique corrompu, dont plus personne ne veut. « Surtout, ajoute l’analyste, beaucoup de gens sont fatigués de la politique après trente ans de tourmente et de guerres. Ils se sentent impuissants, veulent se tenir à l’écart de tout ça et juste vivre leur vie. » Le danger pourrait toutefois venir d’ailleurs. Plusieurs ONG arméniennes ont accusé la Russie, vendredi, de fomenter un « coup d’Etat » pour renverser Nikol Pachinian, qui n’a cessé de défier le Kremlin ces derniers mois.
      [...]

      https://justpaste.it/5afyt/pdf

    • La Russie a à priori expliqué aux Arméniens qu’ils devaient parvenir à un accord avec l’Azerbaidjan depuis pas mal d’années, et les dirigeants Arméniens ont préféré rester sourds à ces suggestions, au point d’en arriver à la situation bancale que l’on connaît et qui est en train de se retourner douloureusement contre eux.

    • Je n’adhère pas à tous les points d’analyse politique évoqués dans cette tribune mais elle me semble intéressante sur le plan factuel car elle propose un résumé chronologique des faits qui semble assez correct :

      Les mises entre crochets des textes sont dans l’article d’origine.

      Les Arméniens du Haut-Karabakh sacrifiés sur l’autel de la realpolitik
      https://www.courrierinternational.com/article/tribune-les-armeniens-du-haut-karabakh-sacrifies-sur-l-autel-

      Dans un article à charge, ce journaliste d’origine arménienne renvoie dos à dos Russes, Européens et Américains, qu’il accuse de passivité complice, et tire à boulets rouges sur les dirigeants arméniens aveuglés, selon lui, par leurs luttes intestines. Au point de ne pas avoir aperçu le danger “existentiel” qui guettait l’enclave ancestrale.
      [...]
      Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne cache pas son appui à l’agression azerbaïdjanaise, exactement comme [lors de la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie] en 2020, dans laquelle des soldats turcs sont intervenus directement [aux côtés des troupes azerbaïdjanaises].
      Mais comment s’en étonner, alors que cela fait trente ans que la Turquie impose un blocus aux Arméniens, probablement parce qu’elle ne leur a pas pardonné d’avoir survécu au génocide [commis contre eux en 1915 sous l’ancien Empire ottoman].
      La réaction de la Russie aussi a été favorable à l’Azerbaïdjan. Non seulement les forces russes de maintien de la paix ont assisté sans broncher à l’agression, mais en plus Moscou [alliée traditionnelle de l’Arménie] a donné l’ordre à son personnel sur place de blâmer l’Arménie plutôt que l’Azerbaïdjan.
      De son côté, l’Union européenne (UE) a alimenté les velléités de l’Azerbaïdjan en lui achetant de plus en plus de pétrole et de gaz pour compenser l’embargo occidental sur les hydrocarbures en provenance de Russie.
      En juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Bakou pour “discuter de l’ensemble [des] relations et de [la] coopération” entre l’UE et l’Azerbaïdjan, sans poser aucune condition préalable et sans exiger de garanties contre l’éventualité d’une épuration ethnique des Arméniens au Karabakh.
      Pour punir Vladimir Poutine de son invasion de l’Ukraine, l’UE a donc fait affluer des pétrodollars en Azerbaïdjan, et l’anéantissement du Haut-Karabakh n’aura été qu’un dommage collatéral de sa realpolitik.
      Pour ce qui est du président américain, Joe Biden, il a longuement hésité avant de finalement qualifier [en mars 2021] de génocide les massacres ottomans de 1915 contre les Arméniens. En 2022, la mémoire en était encore vive, mais alors qu’il avait eu assez de temps et d’occasions pour mettre en garde Ilham Aliev, par des sanctions, pour prévenir l’épuration ethnique au Karabakh, il n’en a rien fait.
      [...]
      L’erreur fatale est à chercher dans la classe politique arménienne, qui n’a pas compris les évolutions de la scène internationale et qui a continué à compter sur la Russie. Or la Russie de Vladimir Poutine n’est pas celle de Boris Eltsine.
      Les Arméniens comptaient tout particulièrement sur Moscou pour contenir les ingérences turques dans le Caucase du Sud et ainsi assurer l’équilibre des forces avec l’Azerbaïdjan. Mais ils ont eu tort.
      Quand des forces militaires turques sont intervenues dans la guerre de 2020, la Russie n’a pas bougé pendant quarante-quatre jours. Ce qui a laissé le temps aux Azerbaïdjanais de détruire les forces du Karabakh et l’armée arménienne.
      [...]

      https://jpst.it/3oYdI

  • Bergkarabach : Darum ist die Reaktion der Bundesregierung ein Skandal
    https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/bergkarabach-das-ende-der-freiheit-wie-aserbaidschan-die-kleine-dem

    Ces derniers jours deux nouvelles nous montrent comment les idées de liberté et démocratie sont bafoués par le pouvoir allemand tous acteurs cofondus. La deuxième information atterrante parle de l’absence de prise de position de la part du gouvernement fédéral allemand contre la guerre azérienne contre les habitants du Haut-Karabagh.

    Ne comptez pas sur le gouvernement ni sur les administrations et surtout pas sur les groupes de capitalistes. Leur raison d’être et unique point de repère est la survie des alliances et positions présentes.C’est là où ils comptent rafler les futurs profits. La démocratie ? Il n’en survivra que ce nous en saurons défendre.

    21.9.2023 von Dustin Hoffmann - 2018 führte mich meine erste Reise nach Bergkarabach, eine Gebirgsregion im südlichen Kaukasus, die mehrheitlich von Armeniern bewohnt ist und sich im Zuge des Zerfalls der Sowjetunion von Aserbaidschan losgesagt hat. Die Zunahme von Diskriminierungen und eine Siedlungspolitik, die darauf abzielte, die Demografie zugunsten Aserbaidschans zu verändern, waren die Ursache für den Drang nach Unabhängigkeit.

    Schon damals reagierte Aserbaidschan mit blanker Gewalt und ethnischen Säuberungen. Menschenrechtsorganisationen haben gut dokumentiert, wie die Region einer Blockade unterlegt wurde und Aserbaidschan wahllos mit Raketenartillerie auf die Hauptstadt geschossen hat. Damals konnten sich die Armenier selbstständig aus dieser brutalen Blockade befreien und sich ihre Unabhängigkeit erkämpfen.

    Der Erfolg wurde ihnen aber auch zum Verhängnis, weil sie im Zuge ihrer Verteidigung auch aserbeidschanische Gebiete einnahmen, die dort lebenden Menschen vertrieben und einen Sicherheitspuffer einrichteten. Die Bilder der humanitären Folgen für die aserbaidschanischen Zivilisten gingen um die Welt und ließen die Sympathie kippen. Warum dieser Sicherheitspuffer indes notwendig war, konnten wir in den letzten Tagen sehen: Aserbaidschan hat in einer brutalen Blitzoffensive Fakten geschaffen.

    Bergkarabach geht uns alle an: Es droht eine Kettenreaktion des Schreckens

    Während die internationale Gemeinschaft sich jahrelang um Diplomatie bemüht hat, hat Aserbaidschan auf eine militärische Lösung gesetzt und massiv aufgerüstet. Aus einer geleakten US-Depesche geht hervor, dass ein hochrangiger türkischer Diplomat bereits 2006 festgestellt hat, dass der aserbaidschanische Militäretat den gesamten Haushalt Armeniens übersteige.

    Damals sei die aserbaidschanische Armee in schlechter Verfassung gewesen, aber da Aliyev jung sei und Geduld habe, könne er auch 15 Jahre warten. Diese Einschätzung war zutreffend, denn 14 Jahre später hat Aserbaidschan im September 2020 einen Großangriff auf Bergkarabach gestartet und viele Gebiete zurückerobert.

    Ein Soldat bewacht die Straße in der Nähe eines brennenden Gebäudes nach dem Einschlag einer aserbaidschanischen Rakete über der Stadt Stepanakert während des Konflikts zwischen Aserbaidschan und Bergkarabach im Jahr 2020.

    Nach der Unterzeichnung eines Waffenstillstandsabkommens wurden die zuvor als Sicherheitspuffer gehaltenen Gebiete kampflos an Aserbaidschan übergeben. Der Krieg war von großer Brutalität geprägt. Amnesty International hat dokumentiert, dass ältere Menschen, die nicht vor den vorrückenden Truppen Aserbaidschans fliehen konnten, gefoltert, geköpft und ermordet wurden.

    Als ich im November 2020 die Region kurz nach dem Ende der Kampfhandlungen besuchte, ergab sich ein Bild des Schreckens: Aserbaidschan hat Schulen, Krankenhäuser und Feuerwehrstationen bombardiert. Im Zentrum der Hauptstadt waren die Spuren von Streumunition gut sichtbar. Konsequenzen hatten diese Taten für Aserbaidschan damals wie heute nicht.

    Unerträgliche Gräueltaten

    Die Europäische Union hat weiterhin auf vertiefte Wirtschaftsbeziehungen gesetzt, insbesondere nach dem Angriff Russlands auf die Ukraine. Ursula von der Leyen hat Aserbaidschan kurzerhand zum verlässlichen Partner erklärt und ein Abkommen zur Steigerung der Gaslieferungen unterzeichnet. Dass Aserbaidschan kaum Möglichkeiten hat, die Förderkapazitäten zu steigern, wurde dabei gekonnt ignoriert. Aserbaidschan importiert nun mehr Gas aus Russland und leitet dieses nach Europa weiter. Der aserbaidschanische Präsident Aliyev muss sein Glück kaum fassen können. Nach einem brutalen Krieg mit Tausenden Toten wird er von der Europäischen Union belohnt.

    Spätestens in diesem Moment hat Aserbaidschan verstanden, dass es freie Hand hat, wenn es darum geht, geopolitische Interessen mit militärischer Gewalt zu lösen. In der Folge hat Aserbaidschan immer wieder gegen das Waffenstillstandsabkommen verstoßen. Mal ging es dabei um die Einnahme von strategischen Positionen, mal wurde schlicht auf Bauern geschossen, die auf ihren Feldern arbeiteten. Im September 2022 hat Aserbaidschan dann Armenien überfallen.

    Die Aggression wurde von unerträglichen Gräueltaten begleitet. Armenische Kriegsgefangene wurden vor laufender Kamera hingerichtet, Frauen sexuell misshandelt und verstümmelt. Russland, mit dem sich Armenien in einem Militärbündnis befindet, ist nicht eingeschritten. Die Europäische Union hat nach diesem Angriff eine zivile Beobachtermission an die armenische Grenze entsandt – wirkliche Konsequenzen für Aserbaidschan gab es hingegen nicht.

    Die Phase des Aushungerns

    Das nach dem Krieg 2020 unterzeichnete Waffenstillstandsabkommen sieht neben der Stationierung von russischen Friedenstruppen auch vor, dass ein Korridor zwischen Armenien und Bergkarabach eingerichtet wird, in dem freier Verkehr von Personen, Waren und Fahrzeugen ermöglicht werden muss. Im Dezember 2022 hat Aserbaidschan damit begonnen, diesen Korridor zu blockieren. Zuerst orchestrierte das Regime „Öko-Proteste“ auf der Verbindungsstraße – was im Lichte der nicht vorhandenen Versammlungsfreiheit in Aserbaidschan recht durchschaubar war.

    Armenien hat vor dem Internationalen Gerichtshof gar eine verbindliche Anordnung erwirkt, die Aserbaidschan auffordert, den Korridor zu öffnen. Da Aserbaidschan gelernt hat, dass Fehlverhalten keine Konsequenzen hat, hat das Regime diese Anordnung aber ignoriert und die Blockade stattdessen verschärft. Die „Öko-Proteste“ wurden durch einen Grenzkontrollpunkt ersetzt, der seit Juni 2023 sogar für humanitäre Lieferungen des Internationalen Komitees des Roten Kreuzes gesperrt war.

    Damit begann die Phase des Aushungerns. Die Menschen in Bergkarabach hatten immer weniger zu Essen, die Medizin wurde knapp und die Fehl- und Totgeburten nahmen zu. Die öffentliche Infrastruktur wie Nahverkehr und Müllabfuhr mussten aus Mangel an Benzin eingestellt werden. Das wirtschaftliche Leben in der Region kam zum Erliegen. Menschen berichteten von hungerbedingtem Schwindel und davon, dass sie zu schwach seien, um das Haus zu verlassen.

    Unter diesen Bedingungen hat Aserbaidschan zum finalen Schlag ausgeholt. Nach einem höchstwahrscheinlich fingierten Unfall mit einer Mine, der Erinnerungen an den Angriff auf den Sender Gleiwitz weckt, hat Aserbaidschan am 19. September 2023 das verbliebene Territorium Bergkarabachs auf der gesamten Frontlinie angegriffen.

    Erneut wurde wahllos mit Artillerie in zivile Nachbarschaften geschossen. Aus der Hauptstadt erreichten mich Berichte von ausgehungerten Kindern, die kaum Kraft hatten, um in Schutzräume zu fliehen. In Orten wie Martakert, die noch näher an der Kontaktlinie liegen, war der Beschuss so intensiv, dass Zivilisten gar keine Chance hatten, ihre Häuser zu verlassen, um sich in Sicherheit zu bringen. Tausende Menschen sind nun an einer russischen Basis nahe der Hauptstadt gestrandet.

    Innerhalb eines Tages kapitulierten die weit unterlegenen Verteidigungskräfte und einigten sich auf einen neuen Waffenstillstand, der das Ende des freien Bergkarabachs besiegelt. Die russischen Friedenstruppen griffen nicht ein, obwohl inzwischen bekannt ist, dass auch diese Verluste zu verzeichnen haben. Aserbaidschan hat wichtige Straßen blockiert und ganze Ortschaften umzingelt.

    Zivilbevölkerung ist in Panik

    Das Schicksal vieler Menschen ist ungewiss, in sozialen Netzwerken gibt es etliche Beiträge von verzweifelten Menschen, die den Kontakt zu ihren Verwandten verloren haben. Tausende Menschen werden vermisst und dank der Abwesenheit unabhängiger Beobachter ist das Schlimmste zu erwarten. Obwohl Vertreter Bergkarabachs für Verhandlungen nach Aserbaidschan gereist sind, rücken aserbaidschanische Truppen weiter vor. Aus Stepanakert werden Schüsse gemeldet, die schutzlose Zivilbevölkerung ist in Panik.
    Narrative der Diktatur

    Die EU-Führung und die Bundesregierung haben einen merklichen Beitrag zu dieser Eskalation geleistet. Aserbaidschan wurde über lange Zeit deutlich gemacht, dass menschenverachtendes Vorgehen keine Konsequenzen hat. Die Bundesregierung konnte sich nicht einmal dazu durchringen, Aserbaidschans Angriff auf Armenien im September 2022 zu verurteilen, obwohl Aserbaidschan seitdem Territorium besetzt hält.

    Stattdessen legitimierte der deutsche Botschafter in Baku mit einem Besuch der historischen Hauptstadt Bergkarabachs, die Aserbaidschan 2020 mit Gewalt eingenommen hatte, den Einsatz von Gewalt. Die Menschenrechtsbeauftragte der Bundesregierung konnte sich in den vielen Monaten der Blockade und des Aushungerns Bergkarabachs nicht zu einem Kommentar durchringen, obwohl Akteure der Zivilgesellschaft und auch ich selbst über Monate auf sie eingewirkt haben. Ihr halbherziger Kommentar nach der finalen Eskalation kommt zu spät.

    Es scheint wenig Wille vorhanden zu sein, sich mit der Situation auseinanderzusetzen, so liest man in der Presse oder in Statements aus der Politik immer wieder, dass Bergkarabach völkerrechtlich zu Aserbaidschan gehöre, obwohl die Frage nach dem finalen Status der Region fester Bestandteil der diplomatischen Verhandlungen war. Leichtfertig werden Narrative der Diktatur in Baku bedient, die mit dieser Rückendeckung vorgibt, rechtmäßig zu handeln.

    Der Blutdurst Aserbaidschans

    Die Werte und Prinzipien, die wir für Russlands Angriff auf die Ukraine propagieren, gelten für den Südkaukasus scheinbar nicht. Hier wurde eine unter schwierigsten Bedingungen errichtete Demokratie kurzerhand mit brutaler Gewalt zerstört. Nach Jahren der Hasspropaganda gegen Armenier wird es für die Menschen unter aserbaidschanischer Herrschaft keine Zukunft geben. Aserbaidschan ist eine der repressivsten Diktaturen unserer Nachbarschaft, in der ausschließlich die korrupte Elite Freiheiten genießt.

    Wenn die internationale Gemeinschaft nicht unverzüglich handelt, eine Präsenz vor Ort entwickelt und Aserbaidschan für sein Vorgehen isoliert, steht den Zivilisten in Bergkarabach jetzt das Schlimmste bevor: Demütigung, Vertreibung, Folter oder gar Tod. Niemand wird sich darauf berufen können, keine Kenntnis gehabt zu haben. Derweil hat Aserbaidschan bereits große Teile Armeniens zu „historischem aserbaidschanischen Land“ erklärt. Der Blutdurst Aserbaidschans ist noch nicht gestillt, Armenien dürfte das nächste Ziel sein.

    #Arménie #Haut-Karabagh #Nagorny_Karabakh #Azerbaïdjan #guerre #indépendance

  • Au Haut-Karabakh, l’arme de la faim de l’Azerbaïdjan

    La crise humanitaire qui frappe les Arméniens dans l’enclave disputée s’est brusquement aggravée cet été depuis que Bakou en a bloqué totalement l’accès. L’ancien procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo dénonce un « génocide en cours ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/02/au-haut-karabakh-l-arme-de-la-faim-de-l-azerbaidjan_6187566_3210.html
    https://justpaste.it/9wraw

    #Arméniens #Haut-Karabakh #Azerbaïdjan

  • 40 compagnons sans-papiers d’Emmaüs Grande-Synthe (Dunkerque) entrent en grève pour dénoncer leurs conditions de travail Sylvia Bouhadra - France3-régions

    40 compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Grande-Synthe dans le Nord sont entrés en grève illimitée mardi 22 août pour dénoncer des conditions de travail qu’ils jugent indignes. Ils rejoignent ainsi le mouvement initié depuis 53 jours par les compagnons sans-papiers de Saint-André-lez-Lille.

    Mardi 22 août, 40 compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Grande-Synthe dans le Nord sont entrés en grève indique l’Union départementale de la CGT Nord sur les réseaux sociaux. Une information confirmée par la secrétaire générale de l’Union locale du syndicat à Dunkerque, Christelle Veignie, indiquant qu’un rassemblement est prévu mercredi 23 août à 10 h devant le site.

    Depuis 53 jours, une vingtaine de compagnons sans-papiers du Emmaüs de Saint-André-les-Lille manifestent contre leurs conditions de travail qu’ils jugent indignes. • © FTV

    Comme la vingtaine de sans-papiers d’Emmaüs à Saint-André-lez-Lille en grève depuis 53 jours, les compagnons de Grande-Synthe dénoncent des conditions de travail désastreuses et indignes au sein de leur communauté Emmaüs.

    40 h par semaine pour 150 €
    Depuis début juillet, des compagnons de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille (Nord) sont en grève illimitée. Ces étrangers en situation irrégulière ont rejoint la communauté en espérant être régularisés après trois ans de travail. Mais les conditions de travail sont considérées comme difficilement soutenables. « L’esclavage est un gros mot que l’on ne doit pas prononcer, mais malheureusement dans nos situations, on est vraiment des esclaves » , dénonçait en juillet dernier auprès de France 3 Nord Pas-de-Calais Happy Patrick, une sans-papiers ayant rejoint la communauté il y a 5 ans. « Ici, on fait 40 h par semaine. Quel individu dans ce pays accepte 150 € par mois pour ça ? » , fustige Ibrahima Yattara, compagnon lui aussi depuis 5 ans.

    Ibrahima Yattara, réfugié guinéen • ©France Télévisions

    Par ailleurs ils disent subir des humiliations et du racisme de la part de la direction, sans jamais voir leur demande de régularisation aboutir : « Nous avons été rabaissés ici, nous avons toujours été sujet à des propos racistes lorsqu’on n’était pas d’accord, on était toujours rappelé à notre couleur, à nos origines », témoigne Alix Kombila, compagnon depuis 2 ans.

    Des affirmations sans fondement pour la direction qui affirme que les compagnons connaissent les règles.  "Certes, plusieurs personnes hébergées sont persuadées, malgré nos récurrentes explications, qu’après trois ans, ils seront automatiquement régularisés, mais cela n’a jamais été promis tant les circuits de régularisation sont compliqués et du fait que tout est de toute façon du ressort unique du préfet" , soutenait Pierre Duponchel, président d’Emmaüs Saint-André dans un communiqué de juillet dernier.

    Une enquête en cours
    Dans un communiqué du 13 juillet, Emmaüs France indiquait lancer « un audit externe dans les plus brefs délais », ajoutant que « les faits évoqués, dont nous n’avions pas connaissance, sont particulièrement graves et choquants, s’ils sont avérés » . Emmaüs France a par ailleurs demandé aux responsables locaux d’Emmaüs la mise « en retrait » de la directrice de la communauté de Saint-André, Anne Saingier, également présidente Emmaüs Nord Pas-de-Calais/Picardie, pour « garantir la protection des personnes accueillies ainsi que celle de cette dernière, actuellement au centre de tensions grandissantes ».

    Une enquête pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé » contre l’antenne de Saint-André est actuellement en cours.

    #esclavage #social #exploitation #emmaus économie manifestation #réfugiés #Nord #Haut-de-France #travail #martin_hirsch #privatisation

    Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/40-compagnons-sans-papiers-d-emmaus-grande-synthe-entre

  • Termes nautiques
    https://www.annoncesbateau.com/conseils/termes-nautiques

    petit #dictionnaire

    Écrit par : Bénédicte Chalumeau
    ...
    Pour naviguer il est nécessaire d’avoir une compréhension du vocabulaire de la navigation, de la mer et des bateaux. Nous vous présentons ici les termes techniques les plus courants, utilisés dans le monde maritime.

    A
    #Abattre :
    Écarter sa route du lit du vent. Ce mouvement s’appelle une abattée.

    #Abord (en) :
    Sur le côté du bâtiment.

    #Accastillage :
    Objets et accessoires divers équipant un navire.

    #Accoster :
    Placer un bâtiment le long d’un quai ou le long d’un autre navire.

    #Acculée :
    Mouvement en arrière d’un navire, il cule.

    #Adonner :
    Le vent adonne pour un navire à voiles quand il tourne dans un sens favorable à la marche, c’est à dire quand il vient plus à l’arrière. Le contraire est refuser.

    #Affaler :
    Faire descendre, c’est le contraire de hâler. Affaler quelqu’un le long du bord, ou d’un mât, c’est le faire descendre au bout d’un filin.

    #Aiguillots :
    Pivots fixes sur une mèche du gouvernail ou sur l’étambot et tournant dans les fémelots.

    #Aileron :
    Partie de tente qui se place en abord. Prolongements en abord et généralement découverts de l’abri de navigation.

    #Ajut :
    Noeud servant à réunir momentanément deux bouts de cordage.

    #Allure :
    Direction d’un navire par rapport à celle du vent.

    #Amariner :
    Amariner un équipage : l’habituer à la mer.

    #Amarrage :
    Action d’amarrer.

    #Matelotage
     : bout de lusin, merlin, ligne, etc... servant à relier ensemble deux cordages.

    #Amarres :
    Chaînes ou cordages servant à tenir le navire le long du quai.

    #Amener :
    abaisser, faire descendre.

    #Amer :
    Point de repère sur une côte.

    #Amure :
    Manoeuvre qui retient le point inférieur d’une voile du côté d’où vient le vent (voiles carrées). Par extension est synonyme d’allure. Pour les bateaux latins, on continue à dire qu’ils naviguent bâbord ou tribord amures, selon que le vent vient de la gauche ou de la droite.

    #Anguillers :
    Conduits, canaux ou trous pratiqués dans la partie inférieure des varangues des couples pour permettre l’écoulement de l’eau dans les fonds.

    #Anspect :
    Ou barre d’anspect. Levier en bois dur servant à faire tourner un cabestan ou un guindeau. Primitivement, servait à pointer les canons en direction.

    #Aperçu :
    Pavillon signal que l’on hisse pour indiquer que l’on a compris un signal.

    #Apiquer :
    Hisser l’une des extrémités d’un gui ou d’une vergue de manière à l’élever au-dessus de l’autre.

    #Apparaux :
    Ensemble des objets formant l’équipement d’un navire.

    #Appel :
    Direction d’un cordage, de la chaîne de l’ancre.

    #Appuyer :
    Haler, raidir un cordage pour soutenir ou fixer l’objet auquel il aboutit. Appuyer un signal, c’est l’accompagner d’un signal sonore, coup de Klaxon, pour attirer l’attention. Appuyer la chasse : poursuivre obstinément.

    #Araignée :
    Patte d’oie à grand nombre de branches de menu filin qu’on installe sur les funes des tentes et tauds pour permettre de les maintenir horizontaux. Hamac : réseau de petites lignes à oeil placées à chaque extrémité de la toile du hamac pour le suspendre : elles se réunissent à deux boucles métalliques ou organeaux d’où partent les « rabans » de suspension.

    #Arborer :
    Arborer un pavillon, c’est le hisser au mât. En Méditerranée, dans la langue des galères, le mât s’appelait l’arbre.

    #Ardent :
    Un navire est ardent lorsqu’il tend de lui-même à se rapprocher du lit du vent. C’est le contraire du mou.

    #Armement :
    L’armement d’un bâtiment consiste à le munir de tout ce qui est nécessaire à son genre de navigation ; ce terme désigne aussi la totalité des objets dont un navire est muni. Ces objets sont inscrits sur les « feuilles d’armement ». Dans une embarcation, on appelle ainsi son équipage.

    #Armer :
    Armer un navire : le munir de son armement. / Armer un câble : le garnir en certains endroits pour le garantir des frottements.

    #Arraisonner :
    Arraisonner un navire c’est le questionner sur son chargement, sa destination, et toutes autres informations pouvant intéresser le navire arraisonneur.

    #Arrimage :
    Répartition convenable dans le navire de tous les objets composants son armement et sa cargaison.

    #Arrivée :
    Mouvement que fait le navire quand il s’éloigne du lit du vent pour recevoir le vent plus de l’arrière. Synonyme : « abattée ». Contraire : « auloffée ».

    #Arrondir :
    Passer au large d’un cap pour éviter les dangers qui le débordent.

    #Assiette :
    Manière dont le navire est assis dans l’eau, autrement dit sa situation par rapport à la différence de ses tirants d’eau avant et arrière.
    Assiette positive : T AV < T AR
    Assiette négative : T AV > T AR

    #Atterrir :
    Faire route pour trouver une terre ou un port.

    #Attrape :
    Cordage fixé sur un objet de façon à pouvoir en temps utile l’amener à portée de main.

    #Atterrissage :
    Action d’atterrir.

    #Auloffée :
    Mouvement d’un navire tournant son avant vers le lit du vent. Contraire : arrivée abattée (ou abattée).

    #Aveugler :
    Une voie d’eau, obstruer avec des moyens de fortune

    B
    #Bâbord :
    Partie du navire située à gauche d’un observateur placé dans l’axe de ce navire en faisant face à l’avant.

    #Baguer :
    Faire un noeud coulant.

    #Baille :
    Baquet (appellation familière donnée à leur école, par les élèves de l’école Navale).

    #Balancine :
    Manoeuvre partant du haut du mât et soutenant les extrémités d’une vergue ou l’extrémité d’un gui ou d’un tangon.

    #Ballast :
    Compartiments situés dans les fonds du navire et servant à prendre du lest, eau ou combustible.

    #Ballon :
    Défense sphérique que l’on met le long du bord.

    #Bande :
    Inclinaison latérale du navire. Synonyme de gîte. Mettre l’équipage à la bande : l’aligner sur le pont pour saluer un navire ou une personnalité.

    #Barbotin :
    Couronne à empreintes du guideau ou du cabestan sur laquelle les maillons d’une chaîne viennent s’engrener successivement.

    #Base :
    Banc de roche ou de corail formant un bas-fond.

    #Bastaque :
    Hauban à itague employé sur les petits bateaux. Il peut aussi servir à hisser certains objets.

    #Bastingage :
    Autrefois muraille en bois ou en fer régnant autour du pont supérieur d’un navire, couronnée par une sorte d’encaissement destiné à recevoir pendant le jour, les hamacs de l’équipage ; une toile peinte les recouvrait pour les protéger de la pluie et de l’humidité. On emploie aussi ce terme par extension pour désigner les gardes corps ou lisses de pavois.

    #Battant :
    Partie du pavillon qui flotte librement par opposition au guindant qui est le long de la drisse.

    #Bau :
    Poutres principales placées en travers du bateau pour relier les deux murailles de la coque et supporter les bordages de la coque.

    #Beaupré :
    Mât situé à l’avant du bâtiment.

    #Béquiller :
    #Empêcher un navire échoué de se coucher en le maintenant avec des béquilles.

    #Berceau :
    Assemblage en bois ou en fer destiné à soutenir un navire quand il est halé à terre.

    #Berne (en) :
    Mettre le pavillon à mi-drisse en signe de deuil.

    #Bigue :
    Très gros mât de charge maintenu presque vertical et portant à son extrémité supérieure des cordages et des appareils destinés à lever des poids très lourds. On nomme aussi bigues deux mâts placés et garnis comme le précèdent, et dont les têtes sont réunies par une portugaise.

    #Bittes :
    Pièce de bois ou d’acier fixé verticalement sur un pont ou un quai et servant à tourner les aussières.

    #Bitture :
    Partie d’une chaîne élongée sur le pont à l’avant et à l’arrière du guindeau, filant librement de l’écubier aussitôt qu’on fait tomber l’ancre (prendre une bitture).

    #Bollard :
    Point d’amarrage à terre constituée par un gros fût cylindrique en acier coulé, à tête renflée, pour éviter le glissement de l’amarre.

    #Bôme :
    Vergue inférieure d’une voile aurique.

    #Borde :
    #Ensemble des tôles ou des planches formant les murailles d’un navire.

    #Bordée :
    – Distance parcourue par un navire en louvoyant et sans virer de bord.
    – Division : de l’équipage pour faire le quart.

    #Border :
    – ne voile : la raidir en embarquant l’écoute.
    – La côte : la suivre de très près.
    – Un navire : mettre en place le bordé.

    #Bordure :
    Côté inférieur d’une voile ; la ralingue qui y est fixée se nomme ralingue de fond ou de bordure.

    #Bosco :
    Maître de manoeuvre (marine de guerre), Maître d’équipage (marine de commerce)

    B#osse :
    Bout de cordage ou de chaîne fixé par une de ses extrémités et qui, s’enroulant autour d’un cordage ou d’une chaîne sur lesquels s’exerce un effort, les maintient immobile par le frottement.

    #Bossoir :
    – Pièce de bois ou de fer saillant en dehors d’un navire et servant à la manoeuvre des ancres à jas ; par extension coté avant d’un navire. De capon - de traversières : sert à mettre l’ancre au poste de navigation ; d’embarcation ou portemanteau : sert à suspendre et à amener les embarcations.
    – Homme de bossoir : homme de veille sur le gaillard avant.

    #Bouge :
    Convexité transversale entre ponts et faux-ponts des navires.

    #Bouée :
    Corps flottant.

    #Bourlinguer :
    Se dit d’un bateau qui lutte dans une forte mer et d’un marin qui navigue beaucoup.

    #Braie :
    Sorte de collier en toile à voile ou en cuir que l’on applique autour du trou pratiqué dans le pont pour le passage d’un mât, d’une pompe, de la volée d’un canon afin d’empêcher l’infiltration de l’eau à l’intérieur du bateau.

    #Branles :
    Nom ancien des hamacs (d’où « branle-bas »).

    #Brasse :
    Mesure de longueur pour les cordages, 1m83, servant aussi à indiquer la profondeur de l’eau. Ce terme est en usage dans la plupart des nations maritimes mais la longueur en est différente : en France : 1m624, en Angleterre et en Amérique : 1m829 (six pieds anglais).

    #Brasser :
    Orienter les vergues au moyen des manoeuvres appelées bras. - carré : placer les vergues à angle droit avec l’axe longitudinal du navire. Brasser un tangon.

    #Brider :
    Étrangler, rapprocher plusieurs cordages tendus parallèlement par plusieurs tours d’un autre cordage qui les serre en leur milieu ; ou augmente ainsi leur tension.

    #Brigadier :
    Matelot d’une embarcation placé à l’avant pour recevoir les bosses ou les amarres, annoncer les obstacles sous le vent ou aider à accoster avec la gaffe.

    #Brin :
    Mot servant à indiquer la qualité du chanvre d’un cordage ; le meilleur est dit le premier brin. S’emploie aussi pour qualifier un homme remarquable.

    #Bulbe :
    Renflement de la partie inférieure d’une étrave.

    #Bulge :
    Renflement des flancs du navire.

    C
    #Cabaner :
    Chavirer sans dessus dessous en parlant d’une embarcation.

    #Cabestan :
    Treuil vertical servant à actionner mécaniquement ou à bras les barbotins.

    #Cabillot :
    Chevilles en bois ou en métal qui traversent les râteliers et auxquelles on amarre les manoeuvres courantes au pied des mâts ou en abord.

    #Câblot :
    Petit câble d’environ 100 mètres de longueur servant à mouiller les embarcations au moyen d’un grappin ou d’une petite ancre.

    #Cabotage :
    Navigation entre deux ports d’une même côte ou d’un même pays.

    #Caillebotis :
    treillis en bois amovible servant de parquet et laissant écouler l’eau.

    #Calfatage :
    Opération qui consiste à remplir d’étoupe, au moyen d’un ciseau et à coups de maillet, les coutures des bordages ou des ponts en bois d’un navire afin de les rendre étanches. L’étoupe est ensuite recouverte de brai.

    #Calier :
    Homme employé spécialement à la distribution de l’eau douce.

    #Caliorne :
    Gros et fort palan destiné aux manoeuvres de force.

    #Cap de mouton :
    Morceau de bois plat et circulaire percé de trois ou quatre trous dans lesquels passent des rides pour raidir les haubans, galhaubans, etc...

    #Cape (à la) :
    On dit qu’un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure ou diminue la vitesse de sa machine en gouvernant de façon à faire le moins de route possible et à dériver le plus possible pour éviter les effets de la mer.

    #Capeler :
    Capeler un mât, c’est faire embrasser la tête du mât par toutes les manoeuvres dormantes qui doivent entourer cette tête et s’y trouver réunies.

    #Capeyer :
    Tenir la cape.

    #Capon :
    Palan qui servait à hisser l’ancre sur les anciens navires (bossoirs de capon).

    #Carène :
    Partie immergée de la coque d’un navire.

    #Caréner (un navire) :
    Nettoyer et peindre sa carène.

    #Cartahu :
    Cordage volant, sans affectation spéciale, destiné à hisser ou amener les objets qu’on y attache. Les cartahus de linge servent à mettre le linge au sec ; ils se hissent parfois entre les mâts de corde.

    #Chadburn :
    Système mécanique employé pour transmettre les ordres de la passerelle aux machines (marine de commerce).

    #Chambre (d’embarcation) :
    Partie libre, à l’arrière de l’embarcation où peuvent s’asseoir les passagers.

    #Chandeliers :
    Barres généralement en acier fixées verticalement en abord d’un pont, autour des panneaux et des passerelles pour empêcher les chutes. Les chandeliers sont percés de trous dans lesquels passent les tringles ou les filières de garde-corps.

    #Chapelle, #Faire_chapelle :
    Se dit d’un navire qui, marchant, sous un vent favorable, vient à masquer par suite, d’une cause quelconque et est obligé de faire le tour pour reprendre les mêmes amures.

    #Charnier :
    Tonneau à couvercle, ayant généralement la forme d’un cône tronqué et dans lequel étaient conservés les viandes et les lards salés pour la consommation journalière de l’équipage (ancien). Par extension réservoir rempli d’eau potable.

    #Chasser (sur son ancre) :
    Entraîner l’ancre par suite d’une tenue insuffisante de fond.

    #Château :
    Superstructure établie sur la partie centrale d’un pont supérieur et qui s’étend d’un côté à l’autre du navire.

    #Chatte :
    Grappin à patte sans oreilles dont on se sert pour draguer les câbles ou les objets tombés à la mer.

    #Chaumard :
    Pièce de guidage pour les amarres solidement fixées sur le pont dont toutes les parties présentent des arrondis pour éviter d’user ou de couper les filins.

    #Chèvre :
    Installation de trois mâtereaux réunis à leur tête pour les manoeuvres de force.

    #Choquer :
    Filer ou lâcher un peu de cordage soumis à une tension.

    #Claire :
    Ancre haute et claire :
    ancre entièrement sortie de l’eau, ni surpattée, ni surjalée. On dira de même :
    manoeuvre claire, pavillon clair.

    #Clan :
    Ensemble formé par un réa tournant dans une mortaise qui peut être pratiquée dans un bordage, une vergue ou un mât.

    #Clapot :
    Petites vagues nombreuses et serrées qui se heurtent en faisant un bruit particulier.

    #Clapotis :
    Etat de la mer qui clapote ou bruit de clapot.

    #Clin :
    Les bordages sont disposés à clin quand ils se recouvrent comme les ardoises d’un toit :
    embarcation à clins.

    #Clipper :
    Nom donné à un
    voilier
    fin de carène, spécialement construit pour donner une grande vitesse (clipper du thé, de la laine).

    #Coaltar :
    Goudron extrait de la houille (protège le bois de la pourriture).

    #Coffre :
    Grosse bouée servant à l’amarrage des navires sur une rade.

    #Connaissement :
    Document où est consigné la nature, le poids et les marques des marchandises embarquées. Cette pièce est signée par le capitaine après réception des marchandises avec l’engagement de les remettre dans l’état où elles ont été reçues, au lieu de destination sauf périls et accidents de mer.

    #Conserve, Naviguer de conserve :
    Naviguer ensemble (un bâtiment est ainsi « conserve » d’un autre).

    #Contre-bord (navire à) :
    Navire faisant une route de direction opposée à celle que l’on suit.

    #Coque :
    Boucle qui se forme dans les cordages.

    #Coqueron :
    Compartiment de la coque souvent voisine de l’étrave ou de l’étambot, servant e soute à matériel.

    #Corde :
    Ce mot n’est employé par les marins que pour désigner la corde de la cloche.

    #Cornaux :
    W-C. de l’équipage consistant en auges inclinées qui découlent dans les conduits aboutissant à la mer ; les cornaux étaient autrefois placés à tribord et à bâbord sur le plancher de la poulaine.

    #Corps-morts :
    Chaînes et ancres disposées au fond de la mer, solidement retenues par des empennelages, et dont une branche qui part dès la réunion des chaînes est nommée itague revient au-dessus de l’eau où elle est portée par un corps flottant (bouée ou coffre).

    #Coupée :
    Ouverture pratiquée dans les pavois ou dans le bastingage permettant l’entrée ou la sortie du bord.

    #Couples :
    Axes de charpente posés verticalement sur la quille.

    #Coursive :
    Terme général pour désigner des passages étroits tels que ceux qui peuvent se trouver entre des chambres ou autres distributions du navire.

    #Crachin :
    Pluie très fine. Crachiner.

    #Crapaud (d’amarrage) :
    Forts crampons pris sur le fond et servant au mouillage des coffres et des grosses bouées.

    #Crépine :
    Tôle perforée placée à l’entrée d’un tuyautage pour arrêter les saletés.

    #Croisillon :
    Petite bitte en forme de croix.

    #Croupiat :
    Grelin de cordage quelconque servant à amarrer l’arrière d’un navire à un quai ou à un bâtiment voisin. Faire croupiat :
    appareiller le navire en s’aidant d’une amarre pour éviter le navire vers la sortie du port ou du bassin.

    #Cul :
    Fond, partie arrière, basse ou reculée, d’un objet.
    – Cul d’une poulie :
    Partie de la caisse opposée au collet.
    – Cul de poule :
    Arrière allongé et relevé.
    – Cul de porc :
    Sorte de noeud.

    #Culer :
    En parlant d’un navire : marche arrière en avant.

    D
    #Dalot :
    Trous pratiqués dans les ponts et laissant s’écouler dans un tuyau placé au-dessous l’eau qui se trouve à la surface du pont.

    #Dames :
    Échancrures du plat-bord d’un canot garnies de cuivre et destinées à recevoir et à maintenir les avirons pendant la nage.

    #Darse :
    Bassin d’un port.

    #Déborder :
    Action de pousser au large une embarcation ou un bâtiment accosté à un navire ou à un quai.

    #Débouquer :
    Sortir d’un canal ou d’une passe pour gagner la mer libre.

    #Décapeler :
    Un mât, une vergue, c’est enlever les cordages qui y sont capelés ; un cordage, entourant un objet quelconque, c’est le dépasser par-dessus cet objet et l’enlever. De façon générale : ôter, décapeler un tricot, etc...

    #Défense :
    Tout objet suspendu contre le bord d’un navire ou d’une embarcation pour préserver la muraille du choc des quais et de toute construction flottante.

    #Déferler :
    Larguer les rabans de ferlage qui tiennent une voile serrée et la laisser tomber sur ses cargues. La lame déferle lorsqu’elle brise en s’enroulant sur elle-même ou en choquant une plage, une roche.

    #Déferler_un_pavillon :
    Peser sur la drisse pour permettre au pavillon de se déployer.

    #Déhaler :
    Déplacer un navire au moyen de ses amarres.

    Se déhaler :
    S’éloigner d’une position dangereuse au moyen de ses embarcations, de ses voiles.

    #Dérader :
    Quitter une rade.

    #Déraper :
    Une ancre : l’arracher du fond. Un navire dérape lorsqu’il enlève du fond sa dernière ancre.

    #Dérive :
    Différence entre le cap vrai du bâtiment et sa route vraie sous l’effet du vent de la mer et du courant.On appelle aussi « dérive » les surfaces que l’on immerge au centre de la coque ou sur les côtés pour s’opposer à la pression latérale du vent ; on devrait dire dans ce cas « contre dérive ». Être en dérive : navire ou objet qui flotte au gré du vent, des lames, des courants.

    #Désaffourcher :
    Relever une des deux ancres qui tiennent un navire affourché.

    #Désarmé :
    Un navire est désarmé lorsqu’il est amarré dans un port sans équipage et qu’il n’y a, en général, que des gardiens à bord.

    #Détroit :
    Ancre installée à la poupe d’un bâtiment.

    #Déventer :
    Une voile : la brasser en ralingue de façon à ce qu’elle fasseye.

    #Dévers :
    Inclinaison de l’étrave et courbure vers l’extérieur des couples de l’avant ayant pour avantage d’éviter l’embarquement des lames, formées par la vitesse du bâtiment.

    #Délester :
    Décharger le lest d’un navire, par exemple, alléger un navire.

    #Démailler :
    Séparer les maillons d’une chaîne, ou l’ancre de sa chaîne.

    #Demande :
    Filer à la demande un cordage qui fait effort, c’est le laisser (à la) filer en n’opposant qu’une faible résistance, mais en se tenant prêt à arrêter le mouvement au besoin.

    #Dépaler :
    Être dépalé : être porté par les courants, en dehors de la route que l’on doit suivre.

    #Déplacement :
    Poids du volume d’eau déplacé par un navire qui flotte. Le déplacement s’exprime en tonnes de 1000 kg.

    #Dévirer :
    (Cabestan, treuil, etc...) : tourner en sens contraire.

    #Dinghy :
    Embarcation en caoutchouc. L’on dit aussi
    zodiac quel que soit le modèle.

    #Double :
    Le double d’une manoeuvre : la partie qui revient sur elle-même dans le sens de la longueur après avoir passé dans une poulie ou autour d’un cabillot ou de tout autre objet. Quart de vin supplémentaire à titre de récompense.

    #Doubler :
    – Au vent : naviguer au vent de, passer au vent de...
    – Un cap : manoeuvrer et faire route de manière à contourner un cap.
    – Un bâtiment : le gagner de vitesse.
    – Les manoeuvres, cordages : les disposer en double en cas de mauvais temps ou autrefois à l’approche du combat.

    #Draille :
    Cordage tendu le long duquel une voile, une tente peuvent courir ou glisser par le moyen d’un transfilage ou d’anneaux.

    #Drisse :
    Cordage ou palan servant à hisser une vergue, une corne, une voile.
    – De flamme : cordage confectionné au moyen d’une machine spéciale, en une tresse ronde avec huit faisceaux, de trois fils à voile non goudronnés et destiné à hisser les signaux.

    #Drome :
    Ensemble des embarcations, des pièces de rechange : mâts, vergues, avirons, etc... embarqués à bord d’un bâtiment.
    – Des embarcations : rassemblement en bon ordre des avirons, mâts, gaffes d’un canot sur les bancs.

    #Drosse :
    Cordage en filin, en cuir, en fil d’acier, ou en chaîne qui sert à faire mouvoir la barre de gouvernail.

    #Drosser :
    Entraîner hors de sa route par les vents et la mer.

    #Ducs d’albe :
    Nom donné à un ou plusieurs poteaux réunis, enfoncés dans le fond d’un bassin ou d’une rivière afin d’y capeler des amarres quand on le déhale d’un navire.

    E
    #Echafaud :
    Planches formant une plate-forme que l’on suspend le long de la coque pour travailler.

    #Echouer :
    Toucher le fond.

    #Ecope :
    Pelle en bois à long manche qui sert à prendre de l’eau à la mer pour en asperger la muraille d’un bâtiment pour la nettoyer. Elle sert également à vider les embarcations.

    #Écoutille :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans le pont pour pouvoir accéder dans les entreponts et dans les cales.

    #Ecubier :
    Conduit en fonte, en tôle ou en acier moulé ménagé de chaque bord de l’étrave pour le passage des chaînes de l’ancre. Ouverture par laquelle passe la chaîne d’une ancre.

    #Elingue :
    Bout de filin ou longue estrope dont on entoure les objets pesants tels qu’une barrique, un ballot, une pièce de machine, etc... A cette élingue, on accroche un palan ou la chaîne d’un mât de charge pour embarquer ou débarquer les marchandises.

    #Embardée :
    Abattée d’un navire en marche en dehors de sa route ou au mouillage ou sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embarder :
    Se dit d’un navire qui s’écarte de sa route à droite ou à gauche en suivant une ligne courbe et irrégulière. On dit aussi qu’un navire, à l’ancre, embarde quand il change constamment de cap sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embellie :
    Amélioration momentanée de l’état de la mer et diminution du vent pendant une tempête ou encore éclaircie du ciel pendant le mauvais temps ou la pluie.

    #Embosser :
    Un navire : mouiller ou amarrer le bâtiment de l’AV et de l’AR, pour le tenir dans une direction déterminée malgré le vent ou le courant.

    #Embouquer :
    S’engager dans un canal, un détroit ou une passe.

    #Embraquer :
    Tirer sur un cordage de manière à le raidir : embraquer le mou d’une aussière.

    #Embrun :
    L’embrun est une poussière liquide arrachée par le vent de la crête des lames.

    #Emerillon :
    Croc ou anneau rivé par une tige dans un anneau de manière à pouvoir tourner librement dans le trou de l’anneau.

    #Empanner :
    Un navire à voile empanne ou est empanné quand il est masqué par le côté de l’écoute de ses voiles.

    #Encablure :
    Longueur employée pour estimer approximativement la distance entre deux objets peu éloignés l’un de l’autre. Cette longueur est de 120 brasses (environ 200 mètres). Longueur normale d’une glène d’aussière. Autre définition de l’encablure : un dixième de mille soit environ 185 mètres.

    #Encalminé :
    Voilier encalminé : quand il est dans le calme ou dans un vent si faible qu’il ne peut gouverner.

    #Engager :
    Un navire est engagé quand il se trouve très incliné par la force du vent, le désarrimage du chargement ou la houle et qu’il ne peut se redresser. Cordage engagé : cordage qui bloque.

    #En grand :
    Tout à fait, sans retenue.

    #Entremise :
    Fil d’acier reliant deux têtes de bossoir et sur lequel sont frappés les tire-veilles. Pièces de bois, cornière, placées dans le sens longitudinal. Elles servent avec les barrots à établir la charpente des ponts, à limiter les écoutilles, etc...

    #Épauler :
    La lame : prendre la mer à quelques quarts de l’AV pour mieux y résister.

    #Epontille :
    Colonne verticale de bois ou de métal soutenant le barrot d’un pont ou d’une partie à consolider.

    #Erre :
    Vitesse conservée par un navire sur lequel n’agit plus le propulseur.

    #Espars :
    Terme général usité pour désigner de longues pièces de bois employées comme mâts, vergues, etc...

    #Essarder :
    Essuyer, assécher avec un faubert ou une serpillière.

    #Etale :
    – Sans vitesse.
    – Étale de marée : moment où la mer ne monte ni ne baisse

    #Etaler :
    Résister à.

    #Étalingure :
    Fixation de l’extrémité d’un câble, d’une chaîne sur l’organeau d’une ancre. - de cale : fixation du câble ou de la chaîne dans la cale ou le puits à chaînes.

    #Etambot :
    Pièce de bois de même largeur que la quille et qui s’élève à l’arrière en faisant avec celle-ci un angle généralement obtus qu’on nomme quête. Il reçoit les fémelots ou aiguillots du gouvernail.

    #Etamine :
    Étoffe servant à la confection des pavillons.

    #Etarquer :
    Une voile : la hisser de façon à la tendre le plus possible.

    #Étrangler :
    Une voile : l’étouffer au moyen de cordages.

    #Etrangloir :
    Appareil destiné à ralentir et à arrêter dans sa course une chaîne d’ancre.

    #Evitage :
    Mouvement de rotation d’un bâtiment sur ses ancres, au changement de marées ou par la force du vent qui agit plus sur lui que sur le courant. Espace nécessaire à un bâtiment à l’ancre pour effectuer un changement de cap, cap pour cap.

    F
    #Fanal :
    Lanterne d’embarcation.

    #Fardage :
    Tout ce qui se trouve au-dessus de la flottaison excepté la coque lisse et offrant de la prise au vent. Dans la marine de commerce, désigne aussi les planches , nattes, etc... que l’on place sur le vaigrage du fond pour garantir les marchandises contre l’humidité.

    #Fatiguer :
    Un bâtiment fatigue lorsque, par l’effet du vent, de la mer, ses liaisons sont fortement ébranlées.

    #Faubert :
    Sorte de balai fait de nombreux fils de caret et dont on fait usage à bord pour sécher un pont après la pluie ou le lavage.

    #Faux-bras :
    Cordage installé le long du bord, pour faciliter l’accostage des embarcations.

    #Femelots :
    Pentures à deux branches embrassant l’étambot ou le gouvernail et représentant des logements pour recevoir les aiguillots.

    #Ferler :
    – Une voile carrée : relever par plis sur la vergue une voile carguée et la fixer au moyen de rabans dits de ferlage qui entourent la voile et la vergue.
    – Un pavillon : le plier et le rouler en le maintenant ensuite avec sa drisse.

    #Filer :
    – Une amarre : laisser aller une amarre dont un des bouts est attaché à un point fixe.
    – La chaîne : augmenter la touée d’une chaîne en la laissant aller de la quantité voulue en dehors du bord.
    – Par le bout, une chaîne ou grelin : laisser aller du navire dans l’eau.

    #Filière :
    Cordage tendu horizontalement et servant de garde-corps ou à suspendre différents objets. - de mauvais temps : cordage qu’on tend d’un bout à l’autre du bâtiment et auquel les hommes se retiennent pendant les forts mouvements de roulis et de tangage.

    #Flux :
    Marée montante.

    #Forain :
    Ouvert : Rade foraine : rade sans abri, exposée au mauvais temps du large (mouillage d’attente).

    Forme :
    – Bassin de radoub, ou cale sèche : bassin de radoub.
    – Formes d’un navire : ses lignes.

    #Fraîchir :
    Se dit du vent qui augmente d’intensité.

    #Frais :
    Désigne la forme du vent : joli frais, bon frais, grand frais.

    #Franc-bord :
    Distance entre le niveau de l’eau à l’extérieur du navire et la partie supérieure du pont principal à la demi-longueur du navire.

    #Fret :
    Somme convenue pour le transport de marchandises par navire. Les marchandises composant le chargement du navire.

    #Fuir :
    Devant le temps ou devant la mer : gouverner de manière à recevoir le vent ou la mer par l’arrière.

    #Fune :
    Grelin qui traîne le chalut. Prolongement de la filière des tentes d’un navire (mettre les tentes en fune).

    G
    #Galhauban :
    Cordage en chanvre ou en acier servant à assujettir par le travers et vers l’arrière les mâts supérieurs.

    #Gambier :
    Changer la position d’une voile à antenne ou au tiers d’un côté à l’autre du navire en faisant passer la vergue de l’autre côté du mât. Synonyme : muder, trélucher.

    #Galipot :
    Sorte de mastic avec lequel on recouvre les pièces métalliques en cas de repos prolongé ou d’exposition à l’arrosage par l’eau de mer. Pâte formée en parties égales de céruse et de suif fondu, étalée à chaud, au pinceau, sur les surfaces à protéger. On l’enlève par grattage et lavage à l’huile. Galipoter (vieux).

    #Gite :
    Synonyme de bande : Giter.

    #Glène :
    De cordage : portion de cordage ployée en rond sur elle-même, c’est à dire lové.

    #Grain :
    Vent violent qui s’élève soudainement généralement de peu de durée. Les grains sont parfois accompagnés de pluie, de grêle ou de neige.

    #Gréement :
    L’ensemble des cordages, manoeuvres de toutes sortes et autres objets servant à l’établissement, à la tenue ou au jeu de la mâture, des vergues et des voiles d’un navire.

    #Guindeau :
    Appareil servant à virer les chaînes, à mouiller et à relever les ancres à bord d’un navire. Son axe de rotation est horizontal.

    H
    #Habitacle :
    Sorte de cuvette ou de caisse cylindrique en bois ou en cuivre recouverte à la partie supérieure d’une glace et qui contient le compas de route et les lampes qui l’éclairent.

    #Hale-bas :
    Petit cordage frappé au point de drisse des voiles enverguées sur des drailles et qui sert à les amener.

    #Haler :
    Remorquer un navire dans un canal ou le long d’un quai au moyen d’un cordage tiré au rivage. Tirer un cordage ou un objet quelconque au moyen d’un cordage sur lequel on fait un effort.

    #Hanche :
    Partie de la muraille d’un navire qui avoisine l’arrière. On relève un objet par la hanche quand il est à 45° par l’arrière du travers.

    #Haut-fond :
    Sommet sous-marin recouvert d’eau peu profonde et dangereux pour la navigation.

    #Hauturière :
    Navigation au large ; contrôlée par l’observation des astres. Long cours.

    I
    #Itague :
    Cordage passant par une poulie simple et sur lequel on agit à l’aide d’un palan pour augmenter la puissance. Chaîne retenant un coffre et maillée au point de jonction des chaînes des ancres de corps-mort.

    J
    #Jambettes :
    Montants, bouts d’allonges qui dépassent le plat-bord d’un bâtiment et sur lesquels on tourne des manoeuvres ou on prend un retour. Pièces de bois ou de fer légèrement inclinées et retenant les pavois.

    #Jarretière :
    Sangle qui sert à saisir une drôme dans une embarcation.

    #Jauge :
    Volume des capacités intérieures des navires exprimé en tonneaux de 2m3.83 ou 100 pieds cubes anglais.

    #Jauge brute :
    Volume de tous les espaces fermés du navire sans exception aucune.

    #Jauge nette :
    Volume des espaces utilisables commercialement.

    #Jaumière :
    Ouverture pratiquée dans la voûte d’un navire pour le passage et le jeu de la partie supérieure de la mèche du gouvernail.

    #Joue :
    Creux des formes de la coque à l’avant d’un navire. Synonyme : épaule. Face extérieure de la caisse d’une poulie.

    #Joute :
    Compétition d’embarcations à l’aviron.

    #Jusant :
    Marée descendante.

    L
    #Laisse :
    – De marée : partie du rivage alternativement couverte et découverte par la mer dans les mouvements de la marée.

    #Laize :
    Chacune des bandes de toile dont se compose une voile.

    #Lamanage :
    Pilotage restreint aux ports, baies, rade et rivières de peu d’importance. Dans la coutume d’Oléron, le pilote s’appelait loman, c’est à dire homme du lof (côté du vent) ; on en a fait laman, puis lamaneur.

    #Larder :
    Voir paillet.

    #Latte :
    – De hauban : patte métallique fixée sur le bordage pour servir de cadène de hauban.

    #Lège :
    Bâtiment lège : bâtiment vide.

    #Lest :
    Matières pesantes arrimées dans les fonds du navire pour en assurer la stabilité.

    #Libre pratique :
    Permission donnée par les autorités sanitaires d’un port à un navire de communiquer librement avec la terre.

    #Loch :
    Appareil servant à mesurer la vitesse du navire.

    #Lumières :
    Petits canaux ou conduits pratiqués sur la face antérieure des varangues et destinés à conduire les eaux de cale au pied des pompes. Synonyme : anguillers

    M
    #Mahonne :
    Chaland de port à formes très arrondies utilisé en Méditerranée.

    #Maille :
    Intervalle entre deux couples voisins d’un navire ou entre deux varangues. Ouverture laissée entre les fils des filets de pêche.

    #Main_courante :
    Barre en métal, ou pièces de bois mince, placées de chaque côté des échelles de dunette, de roof-passerelle, de gaillard, etc... pour servir de rampe.

    #Maistrance :
    (Marine Nationale) - L’ensemble des officiers mariniers de la Marine de guerre française et plus particulièrement ceux de carrière qui constituent le cadre de maistrance proprement dit.

    #Maître_bau :
    Bau situé dans la plus grande largeur du navire.

    #Maître_couple :
    Couple situé de même.

    #Maître_de_quart :
    (Marine nationale) - Gradé du service manoeuvre qui, à bord des bâtiments militaires, seconde l’officier de quart dans le service des embarcations et rend les honneurs du sifflet à l’arrivée et au départ des officiers.

    #Maniable :
    Modéré (vent) ; assez beau (temps).

    #Manifeste :
    Liste complète et détaillée par marque et numéros des colis de marchandises formant la cargaison d’un navire. Cette liste est remise à la Douane du port de destination.

    #Marie-Salope :
    Chaland à saletés.

    #Marnage :
    Synonyme : d’amplitude pour la marée.

    #Maroquin :
    Cordage tendu entre deux mâts pour servir à supporter une ou plusieurs poulies dans lesquelles passent des manoeuvres ou des drisses.

    #Mascaret :
    Phénomène qui se produit dans le cours inférieur d’un fleuve consistant en plusieurs lames creuses et courtes formées par la remontée du flot contre le courant du propre fleuve.

    #Mât_de_charge :
    Espar incliné tenu par des balancines portant des apparaux servant à déplacer des poids.

    #Mâter :
    Mettre un mât en place. Mâter une pièce, une barrique, les avirons : les dresser et le tenir dans une position verticale.

    #Mégaphone :
    Tronc de cône creux et léger servant à augmenter la portée de la voix.

    #Membrure :
    Pièce de bois ou de fer soutenant le bordé et les vaigres sur laquelle viennent se fixer les barrots (Synonyme : couple).

    #Midship :
    Aspirant ou enseigne de vaisseau, en général le plus jeune parmi les officiers. Désigne également des chaussures ouvertes utilisées à bord des bâtiments de la Marine en pays chaud.

    #Mole :
    Construction en maçonnerie, destinée à protéger l’entrée d’un port et s’élevant au-dessus du niveau des plus fortes marées.

    #Mollir :
    Diminuer de violence (vent / mer).

    #Mou :
    Un cordage a du mou quand il n’est pas assez tendu. Donner du mou : choquer une manoeuvre. Un navire est mou quand il a tendance à abattre.

    #Moucheter_un_croc :
    Amarrer un bout entre pointe et dos pour empêcher le décrochage.

    #Mouiller :
    Jeter l’ancre et filer la touée de la chaîne convenable.

    #Mousson :
    Vents périodiques, soufflant avec de légères variations pendant une moitié de l’année dans une direction et pendant l’autre moitié de l’année dans la direction opposée. (Mers de Chine et Océan Indien).

    #Musoir :
    Pointe extrême d’une jetée ou d’un môle ; se dit aussi de l’extrémité d’un quai à l’entrée d’un bassin ou d’un sas.

    N
    #Nable :
    Trou percé dans le fond d’une embarcation servant à la vider lorsque cette embarcation n’est pas à flot. S’obture au moyen d’un bouchon de nable.

    #Nage :
    Mouvement imprimé par l’armement aux avirons d’une embarcation.
    – Chef de nage : Nageurs assis sur le banc arrière dont les mouvements sont suivis par tous les autres.
    – Nage à couple : Quand il y a 2 (canot) ou 4 (chaloupe) nageurs sur chaque banc.
    – Nage en pointe : 1 nageur par banc (baleinière).

    #Natte :
    Nom donné aux paillets et aux sangles qu’on place en divers endroits de la mâture et du gréement qu’on veut garantir du frottement.

    #Nid de pie :
    Installation placée assez haut sur le mât avant de certains navires et dans laquelle se tient l’homme de vigie. A bord des navires polaires, on dit plutôt #nid_de_corbeau.

    O
    #Obéir :
    Un navire obéit bien à la barre quand il en sent rapidement l’action.

    #Obstructions :
    Défenses fixes, d’un port pour en interdire l’accès à un ennemi de surface, sous-marin ou aérien.

    #Oeil :
    Boucle formée à l’extrémité d’un filin.

    #Oeil de la tempête :
    Éclaircie dans le ciel au centre des ouragans.

    #Oeuvres_mortes :
    Partie émergée de la coque.

    #Oeuvres_vives :
    Partie immergée de la coque.

    #Opercule :
    Tape de hublot.

    #Oreilles_d_âne :
    Cuillers en tôle permettant d’augmenter le débit d’air entrant par les hublots.

    P
    #Paille de bitte :
    Tige de fer traversant la tête d’une bitte pour empêcher la chaîne ou l’aussière de décapeler.

    #Paillet :
    Réunion de fils de bitord, torons de cordage, etc... tressés ensemble et formant une sorte de natte. On les emploie pour garnir les manoeuvres dormantes afin empêcher le frottement.

    #Palanquée :
    Colis, ensemble de marchandises groupées dans une élingue ou un filet pour être embarquées ou débarquées en un seul mouvement de grue.

    #Palanquer :
    Agir sur un objet quelconque avec un ou plusieurs palans.

    #Panne (mettre en) :
    Manoeuvre qui a pour objet d’arrêter la marche du navire par le brasseyage de la voilure.

    #Pantoire :
    Fort bout de cordage terminé par un oeil muni d’une cosse.

    #Pantoire_de_tangon :
    Retient le tangon dans le plan vertical.

    #Paravane (un) :
    Deux brins de dragage fixés au brion terminés par des flotteurs divergents. Installation destinée à la protection contre les mines à orin.

    #Paré :
    Prêt, libre, clair, hors de danger.

    #Parer :
    – Un cap : le doubler ; - un abordage : l’éviter.
    – Une manoeuvre : la préparer.
    – Manoeuvres : commandement pour tout remettre en ordre.
    Faire parer un cordage : le dégager s’il est engagé ou empêcher de la faire.

    #Passerelle :
    Petit cordage servant de transfilage ou à passer une manoeuvre plus grosse dans les poulies ou un conduit.
    Aussière ou chaîne passée d’avance sous la coque d’un bâtiment afin de permettre une mise en place rapide d’un paillet makaroff.

    #Pataras :
    Hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement à un hauban soumis à un effort considérable - très employé sur les yachts de course, ce hauban mobile appelle largement sur l’arrière.

    #Patente de santé :
    Certificat délivré à un navire par les autorités du port pour attester l’état sanitaire de ce port.

    #Pavois :
    Partie de coque au-dessus du pont formant garde corps.

    #Grand_pavois :
    Pavillon de signaux frappés le long des étais et de l’entremise dans un ordre déterminé.

    #Petit_pavois :
    Pavillons nationaux en tête de chacun des mâts. Au-dessus du pavois : Syn. « de montré » pour un signal par pavillon de 1 signe.

    P#eneau (faire) :
    Tenir l’ancre prête à mouiller par grands fonds après avoir filé une certaine quantité de chaîne pour atténuer la violence du choc sur le fond.

    #Perdant :
    Synonyme : jusant.

    #Perthuis :
    Détroit entre les îles, des terres ou des dangers.
    Ouverture d’accès dans une cale sèche.

    #Phare :
    Construction en forme de tour portant un feu à son sommet.
    Mât avec ses vergues, voiles et gréement. Ex. : phare de misaine, phare de l’avant, phare de l’arrière, phare d’artimon, phare carré.

    #Phoscar :
    Sorte de boîte à fumée et à feu jetée d’un bâtiment afin de matérialiser un point sur la mer.

    #Pic (a pic) :
    Position verticale de la chaîne de l’ancre au moment où celle-ci est sur le point d’être arrachée au fond. A long pic : laisser la chaîne de l’ancre un peu plus longue que pour être à pic.

    #Pied :
    Jeter un pied d’ancre : mouiller avec un peu de touée pour un court laps de temps.
    Mesure de longueur égale à 0,305mètre.

    #Pied_de_biche :
    Pièce de fonte, dans un guindeau.

    #Pied_de_pilote :
    Quantité dont on augmente le tirant d’eau pour être sur de ne pas talonner.

    #Pigoulière :
    Embarcation à moteur assurant à heures fixes à TOULON le service de transport du personnel entre différents points de l’Arsenal.

    #Piloter :
    Assurer la conduite d’un navire dans un port ou dans les parages difficiles de la côte.

    #Piquer_l_heure :
    Sonner l’heure au moyen d’une cloche.

    #Plat-bord :
    – Dans un bâtiment en bois : ensemble des planches horizontales qui recouvrent les têtes des allonges de sommet.
    – Dans un navire en fer : ceinture en bois entourant les ponts.

    #Plein :
    Synonyme : pleine mer.
    – Plus près bon plein : allure de 1 quart plus arrivée que le plus près.
    – Mettre au plein : échouer un bateau à la côte.

    #Poste (amarre de) :
    Aussière ou grelin de forte grosseur fournie par les ports pour donner plus de sécurité et plus de souplesse à l’amarrage des navires et éviter l’usure de leurs propres aussières d’amarrage.

    #Pot_au_noir :
    Zone des calmes équatoriaux caractérisés par des pluies torrentielles.

    #Poulaine :
    Partie extrême avant d’un navire : lieu d’aisance de l’équipage.

    #Poupée_de_guindeau :
    Bloc rond en fonte sur lequel on garnit les amarres que l’on veut virer au guindeau.

    #Prélart :
    Laize de toile à voile souple, cousues ensemble puis goudronnées, destinées à couvrir les panneaux d’une écoutille et empêcher l’accès de l’eau dans les entreponts ou la cale.

    #Puisard :
    Espace compris entre deux varangues et formant une caisse étanche dans laquelle viennent se rassembler les eaux de cale.

    #Pilot_chart :
    Cartes périodiques publiées par l’Office Météo des Etats-Unis fournissant des renseignements sur la direction et la force des vents et des courants probables et la position des icebergs.

    Q
    #Quart :
    32ème partie du tour d’horizon, vaut 11 degrés 15 minutes.
    Synonyme. : de rhumb de compas.

    #Queue _de_rat :
    – Cordage terminé en pointe.
    – D’un grain : rafale violente et subite à la fin d’un grain.
    – Aviron de queue : aviron servant de gouvernail.

    #Quille_de_roulis :
    Plan mince, en tôle, fixé normalement et extérieurement à la coque, dans la région du bouchain, sur une partie de la longueur du navire, et destiné à entraîner l’eau lors des mouvements de roulis pour les amortir plus rapidement.

    R
    #Raban :
    Tresse ou sangle de 8 à 9 mètres de long formée d’un nombre impair de brins de bitord.
    – De hamac : bout de quarantenier servant à suspendre le hamac.
    – De ferlage : cordon ou tresse servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc...

    #Rabanter :
    Fixer ou saisir un objet à son poste avec les rabans destinés à cet usage.
    – Une voile : la relever pli par pli sur la vergue et l’entourer, ainsi que la vergue, avec les rabans.

    #Radier :
    Maçonnerie sur laquelle on établit les portes d’un bassin et d’une forme.

    #Radoub :
    Passage au bassin d’un navire pour entretien ou réparation de sa coque.

    #Rafale :
    Augmentation soudaine et de peu de durée du vent.

    #Rafiau ou #Rafiot :
    Petite embarcation, mauvais navire.

    #Rafraîchir :
    Un câble, une amarre, c’est en filer ou en embraquer une certaine longueur de manière à ce que le portage ne soit jamais à la même place.

    #Raguer :
    Un cordage rague lorsqu’il s’use, se détériore en frottant sur un objet dur ou présentant des aspérités. Se dit aussi d’un bâtiment frottant contre un quai.

    #Rail :
    Pièce en cuivre vissée sur un mât à pible ou un gui sur laquelle sont enfilés les coulisseaux.

    #Rambarde :
    Garde-corps.
    Synonyme : de main courante.

    #Ras :
    Radeau servant aux réparations à faire à un bâtiment près de sa flottaison.
    Petits appontements flottants.

    #Ratier :
    Argot de bord - Matelot sans spécialité chargé de l’entretien de la coque.

    #Rattrapant :
    Yacht rattrapant. Terme de régate : lorsque deux yachts font la même route ou à peu près, celui qui est en route libre derrière l’autre commence à être considéré comme « yacht rattrapant l’autre » aussitôt qu’il s’en approche assez près pour qu’il y ait « risque de collision » et continue à être tel jusqu’à ce qu’il redevienne en roue libre devant ou derrière, ou s’en soit écarté par le travers jusqu’à écarter le risque de collision.

    #Raz :
    Courant violent dû au flot ou au jusant dans un passage resserré.

    #Reflux :
    Mouvement rétrograde de l’eau après la marée haute.
    Synonyme : jusant, ébe.

    #Refuser :
    Le vent refuse lorsque sa direction vient plus de l’avant. Contraire : adonner.

    #Relâcher :
    Un navire relâche quand par suite du mauvais temps, avaries subies, etc... il est forcé d’interrompre sa mission et d’entrer dans un port qui n’est pas son port de destination.

    #Renard :
    Plateau sur lequel sont pointés les noms des officiers qui descendent à terre.

    #Rencontrer :
    La barre ou simplement rencontrer : mettre la barre du côté opposé à celui où elle était auparavant pour arrêter le mouvement d’abatée du navire.

    #Rendre :
    Un cordage rend lorsqu’il s’allonge. Une manoeuvre est rendue lorsqu’on l’a amenée à son poste en halant dessus. Rendre le mou d’un cordage : tenir le cordage à retour d’un bout tandis qu’on hale de l’autre bout. Rendre le quart : remettre le quart à son successeur.

    #Renflouer :
    Remettre à flot un navire échoué.

    #Renverse :
    Du courant : le changement cap pour cap de sa direction.

    #Ressac :
    Retour violent des lames sur elles-mêmes lorsqu’elles vont se briser sur une côte, un haut-fond.

    #Retenue :
    Cordage en chanvre, en acier ou chaîne servant à soutenir un bout-dehors, un bossoir.

    #Rider :
    Une manoeuvre dormante : c’est la raidir fortement à l’aide de ridoirs ou de caps de mouton.

    #Riper :
    Faire glisser avec frottement.

    #Risée :
    Petite brise subite et passagère.

    #Rocambeau :
    Cercle en fer garni d’un croc, servant notamment à hisser la vergue d’une voile au tiers et à amurer le point d’amure du foc le long de son bout-dehors.

    #Rôle :
    Rôle de combat, rôle d’équipage, etc...

    #Rondier :
    Gradé ou matelot chargé d’une ronde.

    #Roof :
    Superstructure établie sur un pont supérieur et ne s’étendant pas d’un côté à l’autre du navire.

    #Roulis :
    Balancement qui prend le navire dans le sens transversal.

    #Routier :
    Carte marine à petite échelle comprenant

    S
    #Sabaye :
    Cordage avec lequel on hâle à terre un canot mouillé près de la côte.

    ##Sabord :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans la muraille d’un navire.

    Saborder :
    Faire des brèches dans les oeuvres vives d’un navire pour le couler.

    #Safran :
    Surface du gouvernail sur laquelle s’exerce la pression de l’eau pour orienter le navire.

    #Savate :
    Pièce de bois sur laquelle repose un navire au moment de son lancement.

    #Saisine :
    Cordage servant à fixer et à maintenir à leur place certains objets.

    #Sangle :
    Tissu en bitord qui sert à garantir du frottement certaines parties du navire ou du gréement ou à maintenir au roulis des objets suspendus.

    #Sas :
    Partie d’un canal muni d’écluses, destinée à établir une jonction entre deux bassins de niveaux différents. Compartiment en séparant deux autres dont les ouvertures ne peuvent s’ouvrir que l’une après l’autre.

    #Saute_de_vent :
    Changement subit dans la direction du vent.

    #Sauve-Garde :
    Cordages fourrés ou chaînes servant à empêcher le gouvernail d’être emporté s’il vient à être démonté. Ils sont fixés d’un bout sur le gouvernail, de l’autre sur les flancs du bâtiment.

    #Sec (à) :
    Un bâtiment court à sec, est à sec de toile lorsqu’il navigue sans se servir de ses voiles, mais poussé par le vent.

    #Semonce :
    Ordre donné par un navire armé à un autre navire de montrer ses couleurs et au besoin d’arrêter pour être visité.

    #Coup (coup de) :
    Coup de canon appuyant cet ordre.

    #Servir :
    Faire servir : manoeuvre d’un navire à voiles pour quitter la panne et reprendre la route.

    #Seuil :
    Élévation du fond de la mer s’étendant sur une longue distance.

    #Sillage :
    Trace qu’un navire laisse derrière lui à la surface de la mer.

    #Slip :
    Plan incliné destiné à mettre à l’eau ou à haler à terre de petits bâtiments ou des hydravions au moyen d’un chariot sur rails.

    #Soufflage :
    Doublage en planches minces sur le bordé intérieur ou extérieur.

    #Souille :
    Enfoncement que forme dans la vase ou le sable mou un bâtiment échoué.

    #Sous-venté :
    Un voilier est sous-venté quand il passe sous le vent d’un autre bâtiment, d’une terre qui le prive de vent.

    #Spardeck :
    Pont léger au-dessus du pont principal.

    #Suceuse :
    Drague travaillant par succion du fond.

    #Superstructures :
    Ensemble des constructions légères situées au-dessus du pont supérieur.

    #Surbau :
    Tôle verticale de faible hauteur encadrant un panneau, un roof ou un compartiment quelconque.

    #Syndic :
    Fonctionnaire de l’Inscription Maritime remplaçant les Administrateurs dans les sous-quartiers.

    #Syzygie (marée des) :
    Marées correspondant à la nouvelle ou à la pleine lune. Synonyme : marée de vive-eau.

    T
    #Table_à_roulis :
    Table percée de trous.
    Par gros temps, on y met des chevilles appelées violons ou cabillots qui permettent de fixer les objets qui s’y trouvent.

    #Tableau :
    Partie de la poupe située au-dessus de la voûte.
    Dans un canot ou une chaloupe, partie arrière de l’embarcation.

    #Talon_de_quille :
    Extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l’étambot.

    #Talonner :
    Toucher le fond de la mer avec le talon de la quille.

    #Tangon :
    Poutre mobile établie horizontalement à l’extérieur d’un navire, à la hauteur du pont supérieur et perpendiculairement à la coque, sur laquelle on amarre les embarcations quand le navire est à l’ancre.
    – De spinnaker ou de foc : espars servant à déborder le point d’écoute du spinnaker ou du foc au vent arrière.

    #Tangage :
    Mouvement que prend le navire dans le sens longitudinal.

    #Tanker :
    Navire pétrolier.

    #Tape :
    Panneau en tôle ou pièce de bois obturant une ouverture.

    #Taud :
    Abri de grosse toile qu’on établit en forme de toit au-dessus des ponts pour garantir l’équipage contre la pluie. Etui placé sur les voiles serrées pour les garantir de la pluie.

    #Teck :
    Bois des Indes presque imputrescibles aussi fort et plus léger que le chêne ; très employé dans la construction navale.

    #Tenir :
    Navire tenant la mer : se comportant bien dans le mauvais temps.

    #Tenir le large :
    Rester loin de la terre.

    #Tenue :
    Qualité du fond d’un mouillage. Les fonds de bonne tenue sont ceux dans lesquels les pattes des ancres pénètrent facilement et ne peuvent cependant en être arrachées qu’avec difficulté.
    La tenue d’un mât est son assujettissement par les étais et les haubans.

    #Teugue :
    Partie couverte du pont supérieur avant, constituant un gaillard d’avant où les hommes de l’équipage peuvent s’abriter.

    #Tiens-bon ! :
    Commandement à des hommes qui agissent sur un cordage, un cabestan, etc... de suspendre leurs efforts tout en restant dans la position où ils sont (voir « Tenir bon »).

    #Tiers (voile au) :
    Synonyme : de bourcet
    Voiles des canots et chaloupes.

    #Tillac :
    Pont supérieur ou parfois plancher d’embarcation.

    #Tins :
    Pièces de bois carrées placées à des distances régulières sur le fond d’une cale-sèche et destinées à soutenir la quille des navires.

    #Tire-veilles :
    Nom donné à un bout de filin terminé par une pomme à la rambarde au bas de l’échelle de coupée d’un navire et auquel on se tient pour monter à bord ou pour en descendre.
    Bout amarré sur l’entremise des bossoirs d’embarcation et auxquels se tient l’armement d’une embarcation quand on la met à l’eau ou quand on la hisse.

    #Tomber :
    – Sous le vent : s’éloigner de l’origine du vent.
    – Sur un navire, une roche : être entraîné par le vent, le courant ou toute autre cause vers un navire, un rocher, etc...
    – Le vent tombe, la mer tombe : le vent diminue d’intensité, les vagues de force.

    #Tonnage :
    Capacité cubique d’un navire ou de l’un de ses compartiments exprimée en tonneaux. Le tonneau est égal à cent pieds cubes anglais ou à 2,83 mètres cubes (c’est le tonneau de jauge) ; Le tonnage exprime toujours un volume.

    #Tonne :
    Grosse bouée en bois, en fer ou en toile.

    #Top :
    Prendre un top : comparer une pendule réglée avec son chronomètre, ou relever un signal horaire au compteur.

    #Tosser :
    Un navire tosse lorsque, amarré le long d’un quai, sa coque frappe continuellement contre le quai par l’effet de la houle.
    A la mer, le navire tosse quand l’AV retombe brutalement dans le creux des vagues.

    #Touage :
    Remorquage, plus particulièrement en langage de batellerie.

    #Toucher :
    Être en contact avec le fond. Toucher terre : faire escale.

    #Touée :
    Longueur de la remorque avec laquelle on hale un navire pour le déplacer.
    Longueur de la chaîne filée en mouillant une ancre. Par extension : longueur d’une certaine importance d’un câble filé ou d’un chemin à parcourir.

    #Touline :
    Petite remorque et plus généralement lance-amarre.

    #Tourner :
    Une manoeuvre : lui faire faire un nombre de tours suffisant autour d’un point fixe pour l’empêcher de filer ou de lâcher.

    #Traîne :
    Tout objet que l’on file à l’arrière d’un navire à l’aide d’un bout de filin.
    A la traîne : un objet est à la traîne lorsqu’il n’est pas placé à la place qui lui est assignée.

    #Transfiler :
    – Deux morceaux de toile : les rapprocher bord à bord au moyen d’un bout de ligne passant alternativement des oeillets pratiqués dans l’un dans ceux pratiqués dans l’autre.
    – Une voile : la fixer à sa vergue, gui ou corne au moyen d’un filin nommé transfilage et passant d’un oeillet à l’autre en embrassant la vergue, le gui, la corne.

    #Traversier :
    Amarre appelant d’une direction perpendiculaire à l’axe longitudinal.
    Un vent traversier est un vent bon pour aller d’un port à un autre et pour un revenir.

    #Trou_d_homme :
    Ouverture elliptique d’un double fond ou d’un ballast.

    #Tunnel :
    Conduit en tôlerie de dimensions suffisantes pour permettre le passage d’un homme et à l’intérieur duquel se trouve une ligne d’arbres entre la chambre des machines et la cloison de presse-étoupe AR.

    V
    #Va_et_vient :
    Cordage en double servant à établir une communication entre deux navires ou entre un navire et la côte, notamment pour opérer le sauvetage des naufragés.

    #Vadrouille :
    Bouts de cordage défaits, serrés sur un manche et servant au nettoyage. Faubert emmanché.

    #Vague_satellite :
    Soulèvement de la mer produit par le mouvement du navire en marche.

    #Varangue :
    La varangue est la pièce à deux branches formant la partie inférieure d’un couple et placées à cheval sur la quille. La varangue est prolongée par des allonges. Tôle placée verticalement et transversalement d’un bouchain à l’autre pour consolider le petit fond du navire.

    #Vase :
    Terre grasse, noirâtre, gluante. La vase peut être molle, dure mêlée ; elle présente généralement une bonne tenue.

    #Veille (ancre de) :
    Ancre prête à être mouillée.

    #Veiller :
    Faire attention, surveiller. Veiller l’écoute : se tenir prêt à la larguer, à la filer. Veiller au grain : l’observer, le suivre.

    #Vélique :
    Point vélique = centre de voilure de toutes les voiles.

    #Ventre :
    La partie centrale d’un bâtiment surtout lorsque ses couples sont très arrondis.

    #Verine :
    Bout de filin terminé par un croc ou une griffe et dont on fait usage en simple ou en double pour manier les chaînes des ancres.

    #Videlle :
    Reprise faite à un accroc dans une toile.

    #Virer :
    Exercer un effort sur un cordage ou sur une chaîne par enroulement sur un treuil, guindeau ou cabestan.
    – Virer à pic : virer suffisamment le câble ou la chaîne pour amener l’étrave du navire à la verticale de l’ancre.
    – Virer à long pic : virer en laissant la chaîne un peu plus longue que la profondeur de l’eau.

    #Virer_de_l_avant :
    faire avancer un navire en embraquant ses amarres de l’avant au cabestan ou au guindeau.
    – Virer sur la chaîne : rentrer une partie de la chaîne en se servant du cabestan ou du guindeau.
    – Virer de bord : changer les amures des voiles.

    #Vit_de_nulet ou #Vi_de_mulet :
    Tige de métal articulée fixée à une vergue, à un gui, à un mât de charge pour le relier au mât qui porte une douille. Employé en particulier pour les mâts de charge.

    #Vitesse :
    L’unité marine de vitesse est le noeud qui représente un mille marin (1852 mètres) à l’heure. Ne jamais dire un noeud à l’heure.

    #Vive-eau :
    Grande marée.

    #Voie_d_eau :
    Fissure ou ouverture accidentelle dans des oeuvres vives.

    W
    #Wharf :
    Littéralement quai, plus spécialement pour désigner un appontement qui s’avance dans la mer au-delà de la barre sur la côte occidentale d’Afrique.

    Y
    #Youyou :
    Très petite embarcation de service à l’aviron et à la voile.

  • Gustave Roud : un poète que j’ai découvert il y a peu, grâce à une correspondance avec Philippe Jaccottet. Une émission aujourd’hui sur RFI (De vives voix) m’inspire ce partage :

    Publication critique des Œuvres complètes du poète, traducteur, critique et photographe Suisse romand, Gustave Roud (1897-1976)

    https://www.fabula.org/actualites/109987/gustave-roud-uvres-completes-sous-la-dir-de-claire-jaquier.html

    – Le volume 1 (1456 pages) comprend les œuvres poétiques : recueils, textes publiés en revue et textes inédits.

    – Le volume 2 (1088 pages) rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à #Novalis, #Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français ; traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de #Wilhelm_Müller, #Goethe, #Clemens_Brentano, #Hildegard_von_Bingen ou encore #Eugenio_Montale.

    – Le volume 3 (1280 pages) livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique – feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas. Événements du jour, réflexions sur soi, descriptions de paysages, projets, propos sur l’art, poèmes…

    – Le volume 4 (1296 pages) réunit l’ensemble des articles et études critiques que Roud a consacrés, tout au long de sa vie, à des poètes, écrivains et peintres, le plus souvent contemporains.

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    Quand le Journal de Gustave Roud ouvre l’accès à toute l’Oeuvre.
    https://www.revuelepassemuraille.ch/quand-le-journal-de-gustave-roud-ouvre-lacces-a-toute-loeuvre

    Dans les coulisses du chantier Gustave Roud
    Les « Œuvres complètes » du grand écrivain romand sont désormais publiées chez Zoé. Claire Jaquier et Daniel Maggetti évoquent cet ambitieux projet qu’ils ont codirigé.
    https://wp.unil.ch/allezsavoir/dans-les-coulisses-du-chantier-gustave-roud%EF%BF%BC

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    « Œuvres complètes » du poète Gustave Roud, l’amour est dans le blé (Libération)

    « Je marche dans mes rêves anciens, mes pensées anciennes », écrit le poète suisse romand Gustave Roud. Mais où commence le rêve, où démarre la pensée chez cet homme toujours par les chemins du Haut-Jorat, région de collines douces, le berceau de toute une vie ? En janvier 1942, il note dans son journal un rêve tout neuf. Dans la grande ferme de Carrouge, héritée de la famille paysanne maternelle, Roud dort sous les combles. Sa sœur aimée, Madeleine, est là. C’est une « vieille fille », comme lui est « vieux garçon ». Il y a aussi la tante Clara, insupportable par ses bouderies. Gustave Roud endormi voit un homme remplir sa bouche de vers luisants « et une voix me dit que de cette bouche illuminée (que je voyais toute phosphorescente) devait sortir la voix des morts ». Dans sa vie éveillée, le poète né en 1897 cherche aussi à abolir le temps, à effacer ce qui sépare les morts des vivants. « Je suis fait d’absences et de présences », note-t-il et parfois il croit sentir celle de sa mère, disparue en 1933.

    Avec la marche à pied véritable, #Gustave_Roud trouve une manière d’exténuer le corps, état propice à l’illumination poétique. Depuis une « ballade » de quatre jours alors qu’il avait 19 ans, il a pris le goût de cette ivresse, qui le fait se sentir en adhérence avec le paysage, avec les arbres, les bêtes croisées. Il aime s’enfoncer dans la nuit, sa canne à la main et en compagnie de son « ombre trébuchante ». Mais c’est à la lumière du jour, que les paysans du #Haut-Jorat ont pris l’habitude de voir sa mince et longue silhouette vêtue comme à la ville, équipée de calepins – il écrit surtout dehors, assis sur un banc, un tronc – et d’un appareil photo.

    Romantisme allemand

    Gustave Roud est une des voix majeures de la poésie suisse romande. La publication d’un livre de #Philippe_Jaccottet chez Seghers en 1968 lui a permis de dépasser les frontières nationales. Pourtant il reste un peu méconnu en France. La publication cet automne chez Zoé de ses œuvres complètes rend honneur à l’ampleur de son travail d’écriture. Quatre volumes sont présentés en coffret : les œuvres poétiques, le journal, les traductions (les romantiques allemands, #Rilke, #Trakl), et ses critiques artistiques et littéraires. De nombreuses passerelles permettent de circuler entre les volumes, Gustave Roud aimait les reprises et puisait dans son journal pour composer ses recueils.

    Le poète n’était pas aussi reclus qu’on a pu le dire. Ami de Ramuz notamment, autre écrivain du monde rural, il participait à des remises de prix, des jurys et œuvrait dans des revues, à un moment de particulière effervescence de la littérature suisse romande. Pour cela, il effectuait « la traversée », prenait un vieux tram brinquebalant le menant en une heure à Lausanne. Mais le cœur de Gustave Roud, poète à l’inquiétude fondamentale, n’était pas en ville. Ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les andains, les rangées d’herbe fauchée, les murs de céréales abattus pendant la récolte, et les personnages qui habitent ces paysages de l’été  : les « moissonneurs fauves ». Il les photographie en plein travail avec leur assentiment, torses nus, ils sont ses amis paysans. Toute sa vie, Gustave Roud, dont l’homosexualité n’a jamais été nommée, ira ainsi d’un amour secret à un autre. Le désir érotique se retrouve clai­rement, exalté, dans sa poésie. Comme dans Bain d’un faucheur du recueil Pour un moissonneur. Premières strophes  : « Un dimanche sans faux comblé de cloches pures / Ouvre à ton corps brûlé la gorge de fraîcheur / Fumante, fleuve d’air aux mouvantes verdures / Où tu descends, battu de branches et d’odeurs. / Ce tumulte de lait dans la pierre profonde / De quel bouillonnement va-t-il enfin briser / L’âpre bond de ta chair ravie au linge immonde / Vers une étreinte d’eau plus dure qu’un baiser  ! »

    Un personnage dénommé Aimé, composite de ses amis paysans, mais surtout inspiré par le premier, Olivier Cherpillod, est au cœur de l’œuvre. La poésie va prendre en charge ce que dans la vie réelle Roud ne pouvait exprimer. Le poète est plus explicite dans le Journal, même s’il se cache derrière la notion d’amitié. Son besoin inassouvi de la présence d’Olivier, Fernand, Robert, René, au total une douzaine d’hommes au long d’une cinquantaine d’années, le renvoie à ce qu’il appelle sa « différence ». Il parle de la beauté des visages, du lisse des torses, des bras gonflés. Il aimerait pouvoir toucher ces épaules, ces mains, mais ne le peut pas. Journal, octobre 1926 : « Tu marches avec des branchages sur un labour aux vives arrêtes de terre sombre […] un linge bleu s’entrebâille sur cette poitrine nue où je voudrais tant poser sans rien dire ma tête écouter battre ce cœur digne de vivre digne d’être heureux. »

    Le poète a laissé un corpus de 13 000 images

    Sous le prétexte de promenades, il se rend chez l’un, chez l’autre (suscitant parfois l’hostilité des femmes de leur famille), il connaît « la honte des bras ballants », parfois il participe un peu aux travaux des champs. Il y a de beaux moments de compagnonnage, en particulier avec Olivier  : Olivier fauchant, Olivier se rasant, Olivier tressant des paniers d’osier. Mais surtout Roud photographie. Le poète a laissé un corpus de 13 000 images. Il a appris par son père, paysan éclairé, le maniement des appareils. Il développe et agrandi lui-même ses clichés dans une petite pièce de la maison de #Carrouge. Du noir et blanc majoritairement, mais aussi des clichés couleur, des autochromes.

    Fernand Cherpillod, neveu d’Olivier Cherpillod, est un modèle de ­premier ordre. Il aime poser, se plie à des mises en scène de paysan au travail. Certains clichés sont typiques, avec leur contre-plongée, d’une esthétique des années 30 célébrant les corps en pleine nature. Pour Roud, au-delà du désir non dit, il y a l’idée toute poétique d’hommes devenus des intercesseurs d’un monde paysan glorifié, d’une harmonie touchant à l’éternité. Dans son dernier recueil, Campagne perdue, il dira tout son désarroi devant la modernisation de l’agriculture, qui tue des gestes ancestraux, casse des accords anciens avec la nature.

    Gustave Roud est alors un homme vieillissant. Il se sent dépossédé, tandis que sa notoriété est grandissante. Des jeunes écrivains font le pèlerinage à Carrouge, comme Jacques Chessex ou Maurice Chappaz. Une photo les montre avec leurs trench-coats, venus sur une « motocyclette » – le bruit effraie Roud. En 1965, il a les honneurs d’un film diffusé à la télévision. Un moyen métrage signé du cinéaste Michel Soutter. La caméra explore la maison : la cuisine, le corridor, le bureau, les murs où sont disposées les photos des amis paysans, le salon. L’ambiance est un peu spectrale. Roud apparaît vulnérable. On le voit à la fin, comme un monsieur Hulot un peu guindé, partir dans le jardin. Michel Soutter interroge la sœur, gauche aussi. Elle parle d’intérêt pour le cosmos. Le jeune romancier suisse Bruno Pellegrino a poursuivi cette piste dans une très belle fiction biographique sur le « couple » Roud. Son roman, sorti en 2019, Là-bas, août est un mois d’automne, redonne une visibilité à Madeleine.

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    #Claire_Jaquier : « Gustave Roud puise dans son journal, en partie son atelier de création »

    Huit chercheurs ont été mobilisés pendant quatre années pour permettre la sortie des Œuvres complètes de Gustave Roud. A leur tête : en codirection avec Daniel Maggetti, Claire Jaquier, professeur émérite de littérature à l’université de Neuchâtel, en Suisse. Libération l’a interviewée.

    Comment est né ce projet de publication ?

    C’était nécessaire, il n’existait pas de véritables œuvres complètes. Un très petit coffret Gustave Roud était paru en 1978 mais il ne comprenait que les dix recueils de poésie, sans aucune note. Des textes sont ensuite sortis en poche de manière très dispersée. Il y a eu aussi des publications de correspondance, de textes critiques et, progressivement, on a pris conscience de l’extrême richesse des archives qui permettent de comprendre cette œuvre. Grâce au Fonds national suisse de la recherche scientifique, notre équipe de chercheurs a pu travailler pendant quatre ans et réunir cet immense matériau documentaire pour mener à bien une édition complète, génétique et critique.

    La découverte du Journal a été présentée comme une surprise à la mort de Roud…

    Philippe Jaccottet, exécuteur testamentaire de l’œuvre, disait qu’il ne savait pas que Roud tenait un journal. Il est probable que Roud ne le lui a pas dit formellement mais il ne pouvait pas l’ignorer car un certain nombre de textes parus dans des revues portent comme titre « Notes de journal ». Je pense que ce qui a incité Jaccottet à tenir un tel propos, c’est que Roud ne lui a donné aucune consigne sur l’avenir de son œuvre et n’a pas dit un mot du Journal. Il était donc un peu mal à l’aise, d’autant plus qu’il s’est rendu compte en le lisant à quel point il y avait des choses intimes qui étaient dites et cela le gênait peut-être lui-même, d’où sa première édition, partielle, en 1982 chez Bertil Galland.

    Pourquoi y trouve-t-on ce doute permanent, cette inquiétude ?

    C’est une œuvre magnifique, mais qui a une couleur sombre. Lorsque j’ai édité le Journal en 2004 avec Anne-Lise Delacrétaz chez Empreintes, en deux volumes couvrant les années 1916 à 1971, j’ai avancé l’hypothèse que cela avait une origine liée au genre diariste. Au XVIIIe siècle, en pays protestant, comme la confession n’existait pas, la pratique du journal était en fait recommandée aux croyants comme exercice d’examen de conscience, on les invitait à creuser leur intimité, leur moi. Et il n’est pas exclu que cette tradition colore le journal de Roud. C’est peut-être ce qui explique qu’il y apparaît chroniquement insatisfait, mais il ne faudrait pas en induire que tout son tempérament était là, il pouvait être gai, espiègle, plein d’humour, on le voit dans sa correspondance.

    Est-il exact que le Journal est le réservoir de tous les autres textes ?

    Ce n’est vrai que pour certains textes. Il constitue une part seulement de l’atelier de création. Roud puise dans son journal, mais souvent il va en tirer juste un paragraphe, quelques phrases, ou un petit texte. Ce qui constitue le corps de beaucoup de recueils de Roud ce sont de longues proses poétiques, dont des premières versions sont parues dans des revues. Il s’est rendu compte très tôt que la stimulation de ces commandes où il était forcé de remettre la copie à temps lui était indispensable. Dans le premier volume de notre édition, Œuvres poétiques, nous donnons 120 textes publiés initialement en revue, et donc devenus inaccessibles.

    On est frappé par le nombre de reprises, au fil de la lecture…

    Il y a beaucoup de reprises, parce que notre parti pris est de privilégier la logique documentaire, les supports. Gustave Roud pour son journal utilisait des cahiers, et aussi des carnets, des feuilles volantes, des agendas. Puisant dans son journal pour écrire des textes, souvent il recopie certaines phrases issues d’années différentes, parfois il dactylographie de grands ensembles de notes, donc on dispose de dactylogrammes. Cela montre que Roud reprenait ce matériau de manière continue. L’atelier de création de Roud, c’est très souvent de la reprise. Il donne lui-même le titre de « Rhapsodie », en 1931, à une sélection de textes réunis, ce qu’aujourd’hui on appellerait le couper-coller. Il aime beaucoup rassembler des textes anciens, ôter quelquefois juste deux phrases et les intégrer dans un nouveau contexte, il fait ça constamment.

    Pour revenir à la #poésie, n’y a-t-il pas un tournant du lyrisme à partir du recueil Adieu ?

    Adieu est très particulier, Roud est encore sous l’influence de la grande poésie symboliste française, il a eu de la dévotion pour #Mallarmé autour de l’âge de 20 ans. Adieu se sent encore de cette influence, la poésie comme haut langage, à la limite de l’hermétisme et puis il se défait de cette influence, il voit que cette pureté ne lui convient pas. Il a abandonné assez vite le vers et adopté cette prose lyrique qui ne va pas vraiment changer. Il y a une signature stylistique de Roud, des phrases amples, mélodieuses, syntaxiquement charpentées, qui produisent un effet de lenteur et de douceur. Je ne fais que redire ce que beaucoup de critiques de l’époque ont dit, l’un d’eux parlait d’une prose d’une obsédante douceur. Il y a aussi une gravité du ton constante. La phrase roudienne, est souvent longue, avec des subordonnées qui s’enchaînent et qui retombent bien, on observe aussi de fréquents jeux avec les sonorités. Même si l’œuvre évolue, si le contenu change, si le lyrisme se modifie, cette voix particulière est reconnaissable du début à la fin.

    #journal_intime #poète #suisse_romande #poésie #littérature

  • Dans l’enfer de #Białowieża

    À cheval entre la #Biélorussie et la #Pologne, Białowieża est la dernière grande forêt primaire d’Europe. Vaste étendue de végétation dense et inhospitalière, elle est le théâtre d’une #chasse_aux_migrants orchestrée par le gouvernement de Varsovie. Un traitement implacable qui tranche avec l’hospitalité accordée aux #réfugiés_ukrainiens.


    À mesure que l’on progresse dans la forêt de Białowieża, écrasante masse verte, hérissée et fauve, l’impression s’impose qu’on n’y pénètre pas. Elle nous absorbe et se rend toujours plus profonde. Quoique muni d’un GPS et des coordonnées de sa destination, Stefan (1) ne sait pas où aller. Mais il continue d’avancer, d’escalader, de ramper sous les milliers d’arbres morts en suspension ou écroulés au sol. De tomber dans les bosquets d’orties se prenant pour des fougères arborescentes, de lutter contre le harcèlement permanent des hordes d’insectes. D’extirper ses bottes de l’effet de succion de la vase des marais putrescents. D’être en alerte, au moindre bruit suspect, d’une patrouille des forces de l’ordre ou d’un hélicoptère.

    Ce jeune militant cherche un groupe de migrants indiens qui lui ont envoyé leur position par texto après avoir traversé clandestinement la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, en passant par cette forêt à cheval sur les deux pays. Ont-ils été arrêtés par l’armée polonaise, les garde-frontières ou la police ? Ici, les migrants ne sont pas les bienvenus. Des #haut-parleurs, installés le long de la démarcation, le rappellent, hurlant sans discontinuer un même message dans plusieurs langues — supposément celles des candidats à l’exil (anglais, arabe, chinois, espagnol, français…) : « Cette frontière est ferme (sic). C’est fini de votre voyage. Vous êtes trompés et votre argent s’est envolé. Ce n’est pas comme promis. Vous devrez retourner au Minsk. L’autorité de Biélorusse vous devrait transporter à votre pays. Votre cauchemar prendra fini », indique, dans un français approximatif, le message à destination des ressortissants d’Afrique francophone.

    Un #mur a également été construit pour empêcher les passages de migrants. Long de deux cents kilomètres, érigé au beau milieu de la forêt par Varsovie entre novembre 2021 et juin 2022 pour la somme de 340 millions d’euros, il fait la fierté du gouvernement polonais : grâce à cette barrière, le pays protégerait l’Union européenne d’une invasion. Le 5 septembre 2022, le premier ministre, M. Mateusz Morawiecki (parti Droit et justice [PiS], conservateur), se rendait ainsi au poste-frontière de Czeremcha pour se mettre en scène devant le mur et ses barbelés déployés comme un tourbillon de foire, étincelant dans les rayons du soleil couchant, pour se féliciter d’une construction infranchissable, « la meilleure preuve de l’efficacité du PiS en matière de sécurité (2) ».

    Ce discours s’est imposé à la faveur de la « crise migratoire » qui a opposé la Pologne et la Biélorussie à l’automne 2021, quand des milliers d’exilés, désireux d’entrer dans l’Union européenne, se sont massés dans la forêt de Białowieża. Bruxelles a alors accusé Minsk d’organiser l’afflux en guise de représailles aux nouvelles sanctions occidentales infligées au pays depuis 2020 (3). En visite à Washington le 10 novembre 2021, la présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, affirmait ainsi : « Il ne s’agit pas d’une crise migratoire. Il s’agit d’une tentative de déstabilisation menée par un régime autoritaire contre ses voisins démocratiques. C’est l’ensemble de l’Union européenne qui est défiée. » Le même jour, lors d’un débat au Parlement, le président du Parti populaire européen (PPE), M. Manfred Weber, allait plus loin encore, évoquant une « guerre hybride contre l’Union européenne » (4). Pour se défendre, Bruxelles et Varsovie n’ont pas lésiné sur les moyens répressifs, repoussant les exilés au canon à eau malgré un froid glacial et pratiquant abondamment le refoulement systématique, immédiat et illégal des migrants qui ont réussi à franchir la frontière.

    « Personne ne respecte nos droits. On est traités comme des animaux »

    Si, depuis cette crise, les flux ont diminué, cette route de l’est ne s’est pas fermée pour autant. Plusieurs milliers de migrants continuent d’y passer chaque mois, venant des quatre coins du monde, principalement d’Afghanistan, du Pakistan, d’Inde et du Yémen, mais aussi d’Afrique subsaharienne, de Chine et même de Cuba. Une goutte d’eau comparée aux millions de réfugiés ukrainiens arrivés en Pologne depuis février 2022. Mais peu importent les chiffres : tandis qu’il se montre relativement accueillant avec les Ukrainiens (5), le gouvernement polonais traque les migrants qui tentent de passer par la porte biélorusse, ainsi que les militants qui les aident. Le 15 août 2022, lors de célébrations de la Journée de l’armée polonaise, le président Andrzej Duda a ainsi qualifié « d’imbéciles et de traîtres les personnes qui sauvent des réfugiés et des migrants à la frontière polono-biélorusse ».

    Alors qu’un énième passage d’hélicoptère au-dessus de son jardin fait trembler sa tasse de thé, Jan baisse la tête plutôt que de lever les yeux au ciel. Après avoir soigneusement éteint son téléphone, et l’avoir rangé dans un placard, ce « traître » déplore la légitime résignation, si ce n’est l’abattement, de certains activistes. Las des tensions permanentes qu’affrontent les habitants de la région depuis un an, il explique, les yeux humides : « On se croirait en zone de guerre. Nerveusement, on est à bout. On a aidé énormément et on continue comme on peut. Mais on est trop peu nombreux. On sait que des gens meurent dans notre forêt. On est criminalisé si on les aide. Mais on ne peut pas tolérer de les abandonner comme ça. Nos interventions dans cette nature hostile sont très périlleuses et éprouvantes émotionnellement. »

    La forêt de Białowieża apparaît comme une #zone_de_non-droit où le gouvernement polonais agit à sa guise, piétinant le droit international. Dès le 2 septembre 2021, le président Duda a décrété l’état d’urgence dans la région de Białowieża, ce qui lui a permis d’isoler la zone frontalière avec la Biélorussie de toute caméra et des regards indiscrets, ainsi que de s’opposer à la présence des organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires (Médecins sans frontières, Amnesty International…), des Nations unies et même de Frontex, la police des frontières de l’Union européenne, pourtant guère réputée pour son sens de l’accueil. Si l’état d’urgence et ses diverses interdictions ont été levés le 1er juillet 2022, Varsovie a ainsi pu éviter qu’une lumière trop crue soit jetée sur sa « politique de gestion » des migrants. Laquelle se résume à un principe simple : reconduire, manu militari, tout intrus du côté biélorusse de la frontière. Une politique commode pour l’Union, qui endosse ainsi le beau rôle en se déchargeant de ses responsabilités sur Varsovie tout en lui reprochant de ne pas respecter les droits des migrants — dont Bruxelles se soucie moins quand il s’agit de les renvoyer en Libye.

    « Honte sur vous ! Honte sur vous ! », hurle, à travers les barbelés affûtés comme des rasoirs, un Irakien aux gardes-frontières polonais qui viennent de le rejeter, avec sa famille, en Biélorussie. Un de ses enfants, âgé de 6 ans, pleure dans les bras de sa mère après avoir été aspergé de gaz lacrymogène par des soldats encagoulés. Ils viennent d’être victimes d’un refoulement de la part de l’armée polonaise. « Vous êtes des Européens. Pensez-y !, reprend le père de famille. Même dans mon pays, personne ne se permettrait de faire ce que vous avez fait à un enfant ! » Selon Monika, bénévole dans l’association de soutien aux migrants Grupa Granica, la grande majorité de la population polonaise approuve cette politique répressive, et de nombreux bénévoles sont découragés.

    Andrzej n’est pas de ceux-là. Cet adolescent, qui porte un tee-shirt floqué du mot « Free », a abandonné les jeux vidéo qui occupaient son temps libre pour sillonner désormais la forêt de Białowieża à la recherche de migrants, auxquels il fournit de la nourriture et du matériel médical. À quelques encablures d’une prison de la région, alors qu’il regarde frénétiquement le GPS de son téléphone portable, Andrzej essaie de presser le pas en se frayant un chemin dans un dédale d’arbres morts tombés au sol. Il cherche un groupe de migrants venus de pays africains. « Est-ce qu’on peut vraiment parler de crise migratoire quand il s’agit en réalité de moins de cinquante mille tentatives de passage illégales de la frontière en un an ?, interroge-t-il. La Pologne accueille quatre millions d’Ukrainiens depuis le début de la guerre… Ça lui a permis d’obtenir que l’Union européenne lève en partie ses sanctions. Bruxelles punissait nos autorités, maintenant ce sont les Européens eux-mêmes qui laissent le PiS se moquer de l’État de droit », ajoute-t-il en faisant référence aux sanctions imposées par l’Union à Varsovie pour ses manquements à l’indépendance de la justice.

    Après un long parcours, Andrezj finit par retrouver le groupe de onze hommes et femmes. Emmurés dans la terreur de leur traversée de la forêt, ils n’ont qu’une supplique : « Aidez-nous à sortir de là ! Si on reste ici, on va mourir… » Dans un premier temps, les migrants n’ont souvent que faire des soins proposés par les volontaires polonais : ils veulent avant tout pouvoir déposer un dossier de demande d’asile et obtenir des papiers. « Cela fait plus de huit jours qu’on erre dans cette forêt qui nous rend malades et ronge jusqu’à nos chaussures, nous raconte une exilée togolaise. On est blessés à cause des branches cassées qui nous lacèrent le corps, on est malades d’avoir bu l’eau des marais. Nos blessures et les piqûres d’insectes sont infectées. On va y rester… On est partis de Brest [en Biélorussie] et il ne nous reste que 180 dollars. On a déjà perdu deux personnes qui étaient trop faibles pour suivre. On sait qu’ici personne ne respectera nos droits, on est traqués comme des animaux. On ne peut pas déposer de dossier de demande d’asile auprès des autorités. S’ils nous tombent dessus, ils nous expulseront sans considération à nouveau en Biélorussie. » Les yeux hagards, elle n’a pas remarqué qu’à proximité de son sac à dos un fémur humain dépassait des lambeaux d’un pantalon abandonné. Dans le trou de forêt putride où ces migrants surveillent chaque seconde qui passe avant que le crépuscule sonne la reprise de son odyssée vers l’ouest, les assauts incessants des moustiques font écho aux sifflements des drones scrutant la zone frontalière.

    Plus que jamais le « deux poids, deux mesures »

    Le lendemain, c’est au tour de quatre Cubains d’être assistés par un groupe d’activistes ayant battu la forêt avant de faire relâche dans une clairière. Après une lapidaire synthèse de leur situation, l’un d’eux laisse éclater son incompréhension : « Combien de Polonais sont prêts à nous aider ? On est abandonnés à notre propre sort, condamnés à disparaître dans cette forêt. On marche aux côtés de la mort en permanence. Seules quelques trop rares personnes risquent encore leur peau pour nous. Nos vies ne valent-elles rien par rapport à celles des Ukrainiens qui fuient leur pays comme nous ? »On apprendra quelques jours plus tard que les quatre hommes ont réussi à rejoindre l’Espagne. Moyennant près de 1 500 euros chacun, ils ont trouvé un chauffeur dont personne ne saura s’il est lié à des réseaux de passeurs organisés, ou isolé. Avec les passeurs, tout se monnaye. Jusqu’à l’eau, facturée 20 euros la bouteille dans la forêt de Białowieża.

    Changement de décor. Sous les colonnes de la terrasse du Bar Studio de Varsovie, Magdalena Chrzczonowicz, journaliste polonaise du média indépendant Oko.press, fait partie des rares reporters à avoir bravé l’interdiction du gouvernement de se rendre dans la région de Białowieża pendant l’état d’urgence. « Avec la propagande organisée par l’État, la zone d’exclusion et la peur de la population face à l’érosion de son pouvoir d’achat, la situation des migrants à la frontière biélorusse n’est pas un sujet d’intérêt particulier en Pologne. » Le PiS utilise même la situation pour séduire l’électorat conservateur, en mettant en scène son intransigeance en matière sécuritaire et en insistant sur son attachement à la défense de la souveraineté. Il s’en sert également comme d’un outil de politique extérieure pour arracher la mansuétude de Bruxelles, au même titre que son implication dans l’aide aux réfugiés ukrainiens. Comme le rappelle l’historien et politiste Jean-Yves Potel, « le gouvernement polonais s’est montré solidaire de l’Ukraine face à la Russie, il a mis en place la directive de protection temporaire débloquée le 3 mars 2022 par la Commission européenne. Une loi a été adoptée. Chaque réfugié venant d’Ukraine a pu bénéficier rapidement, parfois en quelques heures, d’un statut protecteur pour dix-huit mois renouvelables, comprenant des aides financières, un hébergement provisoire, le droit au travail, l’accès aux services de santé, à l’école pour les enfants, un numéro de sécurité sociale et le bénéfice de nombreux services sociaux (6) »

    En proposant aux exilés ukrainiens des conditions d’accueil décentes, propices à leur bonne intégration, la Pologne et l’Union européenne ont montré qu’elles pouvaient faire ce qu’elles disent impossible pour des êtres humains venus d’ailleurs. Plus que jamais, le « deux poids, deux mesures » régit les politiques migratoires. Et, de la Pologne à la France, l’heure est au tri entre « ceux qu’on veut accueillir et qu’on doit bien intégrer, et ceux qui ne méritent pas de rester et qui doivent donc être reconduits (7) » — selon le programme fièrement exposé par la présidente française du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Mme Aurore Bergé.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/03/COLOMA/65591
    #Bialowieza #frontières #asile #migrations #réfugiés #barrières_frontalières

  • Covid : l’étrange recette marseillaise

    L’étude des mortalités sur différents départements comparables est sans ambiguïté : la méthode marseillaise de soins marche.

    En Avril 2020, la question était déja posée : « Guerre contre le Covid-19 : les marseillais sont-ils mieux armés que les parigots ? »
    https://blogs.mediapart.fr/canis-insanus/blog/050420/guerre-contre-le-covid-19-les-marseillais-sont-ils-mieux-armes-que-l

    À l’époque déjà, le billet en concluait que sur le plan des données recueillies il semblait y avoir un net avantage pour la méthode pratiquée par l’IHU, à savoir un traitement des patients et ce sans même préjuger de la validité du traitement en question : un malade marseillais avait statistiquement plus de chance de s’en sortir qu’un malade parisien.

    Plus d’un an s’est écoulé depuis ce billet. Les polémiques n’ont pas diminué, loin s’en faut, et les questions sur la pertinence des méthodes et traitements proposés par le Pr. Raoult n’ont cessé d’enfler depuis. Quelle leçon tirer du parcours marseillais depuis avril 2020 ?

    Épluchons grâce à l’OpenData les données concernant justement la ville de Marseille et tentons de les comparer à, par exemple, celles de Lyon et Paris qui ont le mérite de s’occuper de métropoles d’environ deux millions d’individus à chaque fois. Pour faire bonne mesure, on y inclura le département du Haut-Rhin, moins urbain, mais qui s’est distingué lors du début de l’épidémie de coronavirus en France par un nombre élevé de morts.

    Dans le département où exerce le Dr Raoult, où une majorité de gens ont été testés et pris en charge (et dont certains ont bénéficié du traitement maintenant si controversé à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine), on observe qu’il n’y avait que 39 décès par million d’habitants pendant les semaines où a sévi le confinement alors que sur la même période, on déplorait 137 décès par million d’habitants dans les trois autres départements choisis.

    Apparemment, la différence entre le traitement (quel qu’il soit) effectué dans les Bouches-du-Rhône et le non-traitement tel qu’appliqué (avec componction ?) partout ailleurs semble donc coûter la bagatelle de près de 100 décès supplémentaires par million d’habitants, ou plus précisément, entre 40 et 185 selon les départements urbains à forte mortalité.

    Cette différence entre les Bouches-du-Rhône et les autres départements est en réalité très significative et à ce niveau là, insister sur un test randomisé pour bien s’assurer que traiter et suivre des patients permettent de meilleurs résultats confinerait à l’obstination compulsive. Du reste, les mois qui ont suivi ont amplement démontré que renvoyer les malades avec un doliprane et un arrêt de travail ne suffisait pas alors que les tester, traiter et accompagner accroissaient notablement leur espérance de meilleur résultat médical.

    Par ailleurs, les mêmes données montrent que malgré les différences de décès causés par le COVID, les départements ont sensiblement la même mortalité totale (toutes causes confondues, il n’y a pas de différence significative entre les départements). Dans le même temps, plus les départements ont de décès causés par le COVID, moins ils ont de décès par d’autres causes…

    Ceci indique que si les départements ayant davantage de décès de COVID n’ont pas plus de mortalité totale, alors inévitablement, une proportion de décès de toute cause a été affichée comme décédée du COVID.

    Cependant, si dans les Bouches-du-Rhône, il y a eu de façon très significative moins de morts du Covid, et davantage de morts d’autres causes négatifs au COVID au moment de leurs décès (alors que les taux d’infection ou d’entrées en soins critiques ne sont pas pas du tout corrélés à cette mortalité), la seule variable d’explication ne peut être qu’une différence de traitement.

    Cette différence de traitement comprend de nombreux facteurs et ne peut être restreinte aux seuls propositions médicales du Pr. Raoult puisque jouent aussi la densité des hôpitaux, les nombres de lits disponibles à tout instant, la densité de la population… bref, tous facteurs confondus qui concourent à soigner les gens (et hors vaccin qui n’existait pas encore lors du premier confinement) : si on applique les bons traitements, les meilleurs protocoles, sans doute dans des hôpitaux suffisamment équipés, on diminue par un facteur 5 ou 6 la mortalité par rapport aux pires départements, ce qui revient à dire que le traitement offre une efficacité plusieurs fois supérieure à celle des vaccins…

    Les semaines avant et après confinement, on ne trouve pas de différences significatives entre les départements, que ce soit pour les décès COVID, les autres types de décès ou tous décès confondus. Par contraste, cela implique ou bien que les traitements et protocoles appliqués dans les Bouches-du-Rhône font une énorme différence, ou bien que les services hospitaliers du Haut-Rhin, de Paris et de Lyon sont sous-développés ou disons fort dégradés par rapport à ceux du département marseillais.

    On sait donc désormais que juste avant et juste après le confinement, les mortalités « autres causes » n’ont que peu changé dans chaque département. On constate que le confinement n’a pas eu de répercussion significative sur le total des décès (et donc le tri des malades), contrairement à ce qu’ont dit les médias, sauf peut-être à Paris en éparpillant des centaines de milliers de Parisiens… en dehors de Paris.

    Bien qu’à chaque période, on n’observe pas de différence significative de mortalité totale entre les départements, celle-ci a augmenté pendant le confinement pour chacun d’eux. Malgré la plus grande proportion de personnes âgées dans les Bouches-du-Rhône, il n’y a eu qu’une augmentation de 14 % des décès totaux pendant le confinement par rapport aux semaines le précédant. Dans le même temps, le Haut-Rhin voit ses décès grimper de 94 %, de 58 % à Paris et de 46 % dans le Rhône.

    On ne peut s’empêcher de remarquer que les décès du covid dans le Rhône sont moindres qu’à Paris : peut-être que les docteurs lyonnais ont silencieusement appliqué, au moins en partie, les méthodes marseillaises ?

    Les choix opérés, depuis le renvoi dans leurs pénates des patients dolipranés, jusqu’à la volonté farouche de prendre en charge exclusivement par le public (le privé ayant été consciencieusement boudé depuis le début de la crise), en passant par le refus de toute latitude de prescription pour les médecins de terrain rejetés aux rangs de subalternes, ont tous participé à faire de cette crise une affaire d’État et à ruiner les processus et habitudes en place pourtant efficaces. Cette maladie, silencieuse pour un nombre écrasant de personnes, tue peu, et des personnes déjà très affaiblies, et moins encore lorsqu’elles sont correctement hospitalisées et suivies.

    Comme l’étude des surmortalités européennes le montre sur Euromomo https://www.euromomo.eu , la politique de santé suivie dans chaque pays est la seule variable vraiment explicative des différentiels observés. C’est d’ailleurs confirmé lorsqu’on regarde le classement mondial (OCDE) des décès du COVID, qui ne montre guère d’affinité entre richesse et meilleure performance : les politiques suivies sont plus pertinentes pour expliquer les résultats obtenus…

    Par contraste, dans de nombreux pays en développement, peu mentionnent le fait COVID et il n’y est pas observé de surmortalité : peu détecté, peu testé, la société ne s’arrête pas. Les dirigeants de ces pays ne sont évidemment pas meilleurs qu’en France mais ont d’autres chats à fouetter, ce qui remet le virus à sa place.

    En somme, si comme le prétend telle journaliste du quotidien Le Monde , Marseille devient le symbole de quelque chose, c’est plutôt de l’éloignement de certains politiciens, certains médecins de plateau télé de certaines régions, Paris en tête, à la médecine traditionnelle, celle qui consiste à tester, traiter et accompagner les malades.

    #décès #mortalité #doliprane #covid-19 #santé #pass_sanitaire #coronavirus #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #EnMarche #Marseilles #Lyon #Paris #Haut-Rhin #Statistiques #OpenData #surmortalités #Raoult #Didier_Raoult

  • L’#Azerbaïdjan a mis la main sur des ressources en eau stratégiques dans le #Haut-Karabakh
    https://www.courrierinternational.com/article/controle-lazerbaidjan-mis-la-main-sur-des-ressources-en-eau-s

    La récupération des deux tiers du Haut-Karabakh au terme de la récente guerre contre l’#Arménie a permis à l’Azerbaïdjan de reprendre le contrôle des ressources en #eau de cette région. Les autorités d’Arménie et du Haut-Karabakh, sentant la sécurité de leur approvisionnement en eau menacée, tirent la sonnette d’alarme.

    • Le contrôle du grand réservoir de Särsäng, au nord du Karabakh occupé a été pendant 30 ans un enjeu stratégique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ce réservoir (dont le débit a été réduit au minimum) servant, au temps de l’URSS a irriguer des centaines de milliers d’hectares de cultures dans la plaine azerbaïdjanaise en contrebas. Inauguré par Brejnev dans les années 1970... :

    • Je retrouve d’ailleurs dans mes archives quelques informations intéressantes :

      The Sarsang-Terter Hydrological Complex

      As a consequence of the conflict the territories East of the foothills of Nagorno-Karabakh have been cut off from water supply from the mountains of Nagorno-Karabakh, notably from the Sarsang water reservoir. The Sarsang water reservoir was put into commission in 1976. According to the report to the Mission provided by Azerbaijan the capacity of the reservoir amounts to 565 million cubic meters. Prior to the conflict the reservoir used to provide water for irrigation of 100,000 hectares of lands both in currently occupied as well as in the adjacent regions. The majority of the irrigation infrastructure was either destroyed during the fighting or degraded in the years after the military operations.

      Before the armed conflict the irrigation canals were used for water collection for fire-suppression and served also as natural barriers for fire expansion. As mentioned above the degradation of water canals and the overall desiccation of the lowlands around the LoC allowed spotting fires to cross empty irrigation canals (see photographic documentation in Annex V).

      The need for the reconstruction of the water supply system in the region around the LoC has been discussed during the Mission. It is obvious that all parties would benefit from a restored water supply system. From the point of view of the prevention of wildfire spread and fire suppression a restored irrigation system with functioning infrastructures and the restoration of artesian wells would greatly improve the situation. The representatives of Azerbaijan and Nagorno-Karabakh both underscored the willingness for cooperation in this regards.

      While these observations from the OSCE-lead fire assessment mission to Azerbaijan and Nagorno Karabakh in October 2006 point at a classical upland - lowland water sharing issue aggravated by conflict, unfiltered comments coming directly from the parties show an even grimmer picture of conflicting interests and accusations:

      ’The Armenian side blocks the water reservoir when our other provinces are badly in need of irrigation but open it in summer and the nearby villages are flooded, especially in the raining seasons. Besides, Armenians pollute the Agstafa-chay river very strongly’, Minister Baghirov remarked.

      (Economic News Bulletin, No. 31 2004, Embassy of the Republic of Azerbaijan, Vienna, quoting Minister of Ecology Baghirov of Azerbaijan)

    • Et cette archive de la position azerbaïdjanaise, confidentielle à l’époque, provenant d’une mission commune AZ ARM :

      Annex: Document provided to the Mission by Azerbaijan

      Presentation on the melioration and hydro-infrastructure
      installations in the occupied territories of Azerbaijan
      Occupation of the Azerbaijani territories have inflicted a grave damage upon melioration and hydroinfrastructure of these areas, which are of a great importance for the economy of Azerbaijan.

      The following infrastructure sites are located in the occupied territories:
      – 6 426 km-long canals, which were used for irrigation of 130 000 hectares of lands
      – 16 main installations
      – 539 hydro-technical installations
      – 22 hydro-posts
      – 88 pumping stations
      – 185 km-long collector and drain network
      – 8 water reservoirs with total volume of approximately 640 million cubic meters

      The total cost of the melioration and hydro-infrastructure in the occupied territories amounts to 110
      milion new Azerbaijani manats. Majority of this infrastructure sites were either destroyed during
      fighting or ruined due to the lack of proper technical service in the years after the occupation.
      The damage caused by the occupation of these installations cannot be limited to the occupied zones
      only. Prior to the occupation the Sarsang water reservoir used to provide water for irrigation of
      100 000 hectares of lands both in currently occupied as well as in the adjacent regions. Some 600-700
      million cubic meters of water used to be taken from the Sarsang reservoir to irrigate forests and lands,
      where cotton, tobacco, grain and fodder crops, multiyear crops were cultivated. The Sarsang water
      reservoir was put into commission in 1976. Its capacity amounts to 565 million cubic meters.
      Because of the occupation of the Sarsang reservoir (together with the 50 megawatt hydro power
      plant), the Madagiz hydro installation (capacity of 5.9 million cubic meters) on the Terterchay river and the 80-km long part of the Terter right and left main canals more than 60 000 hectares of lands in
      Terter, Barda, Agdam (not occupied part), Goranboy, Yevlakh and Agjabedi have not been receiving
      water for irrigation for many years now. This gravely affects the economy of these regions. The
      forestry has been completely destroyed because of lack of water.

      The Armenian side intentionally pours off great volumes of water out of the Sarsang water reservoir in
      autumn-winter period, mostly at night. This causes a danger of flooding for the cities and villages of
      Terter and Barda regions, which are located in lower areas in comparison to Sarsang, and keeps the
      population in constant fear. This practice results in flooding of localities and thousands of hectares of
      agricultural lands in these regions. On the other hand, when need of water for the agricultural
      purposes increases in summer season the practice of pouring water off ceases.

      The Sarsang water reservoir has the highest dam in Azerbaijan (125 m). However, it has not had a
      proper technical service for many years and therefore represents a real danger for 400 000 people
      living in lower areas, where the water could suddenly flow.

      In 2000 the OSCE put forward an initiative to provide technical services to the Sarsang water reservoir
      and use its water resources. However, until this day no relevant conditions were created for study of
      the present condition of this reservoir.

      The massive fires taking place in the occupied territories constitute a great danger for the
      environmental system of these and other areas of Azerbaijan. These fires destroy the vegetation cover
      of lands and disrupt the natural process of water transformation. This causes inter alia a lack of water
      and degradation of soil. It is necessary to take urgent measures address these negative processes
      and to prevent their long-term grave implications.

  • Les #mémoires comme ressources et enjeux. Dimensions spatiales, politiques et sociales

    Dominique Chevalier
    Les mémoires comme ressources et enjeux. Dimensions spatiales, politiques et sociales [Texte intégral]
    Memories as resources and stakes. spatial, political and social dimensions

    Jean-Luc Poueyto
    Lieux vénérés puis oubliés : L’exemple de #mémoires_familiales #manouches [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Venerated, then forgotten spaces : the example of Manouche family memories

    Dominique Chevalier, François Duchene et Thomas Zanetti
    Palimpsestes mémoriels, #gentrification inachevée et voisinages migratoires : l’exemple de commerces de #La_Guillotière à #Lyon [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Memory palimpsests, unfinished gentrification and migratory neighborhoods : the example of La Guillotière businesses in Lyon

    Elisa Aumoitte
    Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La #Palestine invisible sous les #forêts_israéliennes [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Without memory of places or places of memory.Invisible Palestine under israeli forests

    Anne Hertzog et Rafiq Ahmad
    Un #cimetière chinois dans la #Somme : #pratiques_mémorielles, lieu de #co-présence et territorialités diasporiques [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    A chinese cemetery in Somme : remembrance practices, place of co-presence and diasporic dynamics
    #diaspora

    William Robin-Detraz
    #Haut-lieu et appropriations de la mémoire des #tirailleurs_sénégalais : le #Tata de #Chasselay (69) [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    “Haut-lieu” and appropriations of the memory of African Colonial Soldiers : the Tata of Chasselay

    Aliou Gaye
    Processus de #patrimonialisation et mise en #tourisme des mémoires collectives de l’#esclavage à l’#île_de_Gorée [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Patrimonialization process and setting in tourism of collective memories of slavery on the island of Goree
    #Gorée

    Marie Pouillès Garonzi
    « Un musée à ciel ouvert ». Les traces du passé conflictuel dans les #espaces_publics chypriotes [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    “An open-air museum”. Traces of the conflicting past in cypriot public spaces
    #espace_public #Chypre

    Thibault Ducloux
    Là où s’échouent les destinées. Les #prisons, dévoreuses de mémoires ? [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Where destinies run aground. Do jails crush social memories ?

    https://journals.openedition.org/bagf/6655

    #revue #mémoire #géographie

  • L’Œil de l’État
    Moderniser, uniformiser, détruire

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/L-OEil-de-l-Etat-Moderniser-uniformiser-detruire

    Dans son soucis d’accroître la lisibilité et la simplification de manière à faciliter la levée de l’impôt, la conscription et la prévention des révoltes, l’État, dans l’Europe du début de l’ère moderne, s’est appliqué « à rationaliser et standardiser ce qui n’était auparavant qu’une sorte de hiéroglyphe social » (la langue, les noms de famille, les unités de mesure, les villes et les transports, les propriétés, les registres de population et les cadastres, etc.). James C. Scott étudie les logiques bureaucratiques et scientifiques de projets « haut-modernistes » choisis parmi un vaste champ d’exemple de cette « ingénierie sociale », de la foresterie scientifique à l’urbanisme planifié de Le Corbusier, en passant par la planification autoritaire en Tanzanie et la collectivisation de l’agriculture soviétique. Tous ont échoué. À l’encontre de ces « approches autoritaires centralisées et surplombantes », il défend le rôle de formes de savoirs pratiques qu’il nomme « mētis ».

    Il présente l’invention de la sylviculture en Prusse et Saxe à la fin du XVIIIe siècle, « comme métaphore de formes de savoir et de manipulation caractéristiques d’institutions puissantes et aux intérêts bien définis, parmi lesquelles les bureaucraties d’État et les grandes entreprises commerciales sont peut-être les exemples les plus significatifs ». En réduisant la forêt à son rendement des recettes de bois pouvant être extraites chaque année, était occulté tout ce qui ne rapportait pas un revenu : le feuillage employé comme fourrage, les fruits, les branches utilisées pour fabriquer des pieux, par exemple, ou les brindilles pour allumer le feu, l’écorce ou les racines utilisées pour préparer des médicaments, la sève qui servait à fabriquer de la résine, etc., mais aussi la flore et la faune, et toutes les interactions humaines avec la forêt (chasse, cueillette, fabrication du charbon de bois, rituel magique, refuge…). (...)

    #James_Scott #État #haut-modernisme #forêt #cadastre #Le_Corbusier #ville #urbanisme #Lewis_Mumford #Taylor #rationalisation #Brasilia #Chandigarh #Jane_Jacobs #Lénine #avant-garde #planification #Rosa_Luxemburg #Staline #agriculture #mètis

  • Parce que rien n’est fini... | Pierre Tevanian
    https://lmsi.net/Parce-que-rien-n-est-fini

    Parce que rien n’est fini dans le Haut Karabagh, parce que le sort des Arméniens est plus précaire que jamais, les soutiens sont nécessaires. Il est toutefois des soutiens extérieurs qui sont non seulement inutiles mais nocifs et offensants – en particulier ceux qui, au lieu d’essayer d’empêcher l’écrasement des Arméniens, contemplent le désastre et capitalisent politiquement dessus en prenant la pose de l’oracle. Par exemple pour mener, loin du Caucase, au sein de l’Hexagone, des campagnes racistes. Les lignes qui suivent sont consacrées à l’un de ces entrepreneurs de haine, nommé Michel Onfray. Elles ne prétendent aucunement exprimer le point de vue de tout ou partie de la communauté arménienne, elles n’engagent que moi, même si elles s’adressent à tou.te.s, et présentent des faits vérifiables par (...)

  • Haut-Karabakh : les Arméniens brûlent leurs maisons avant l’arrivée des Azerbaïdjanais | Le Devoir

    https://www.ledevoir.com/monde/589766/les-armeniens-brulent-leurs-maisons-avant-l-arrivee-des-azerbaidjanais

    Un village près du réservoir de Sarsang, sur la route du nord qui fait la liaison avec l’Arménie (vers Martouni).

    Des volutes de fumée s’élèvent dans le ciel d’automne de la vallée. Charektar brûle. À la veille de l’arrivée des troupes azerbaïdjanaises, les habitants de ce village près du Haut-Karabakh préfèrent incendier leurs maisons que de les abandonner au voisin honni.

    « C’est le dernier jour, demain les soldats azerbaïdjanais seront là ». La gorge serrée, l’homme noue un vieux pull imbibé d’essence au bout d’une perche de bois, l’allume, et jette le tout sur le parquet, contemplant le spectacle de sa maison en feu.

  • Haut-Karabakh : à Fizouli, abandonnée depuis 1993, l’Azerbaïdjan reprend possession de ruines et de bunkers
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/12/haut-karabakh-a-fuzuli-abandonnee-depuis-1993-l-azerbaidjan-reprend-possessi

    Une lourde odeur de décomposition monte de la végétation, au pied des ruines. La façade occidentale d’une église se dresse encore de toute sa hauteur, sans doute le pan de mur le plus élevé de tout le quartier. L’ouverture ronde proche du faîte devait être autrefois occupée par une rosace. Mais personne ne sait au juste à quel culte était voué ce temple, ni même son nom, parce que plus personne ne vit à Fizouli depuis le 23 août 1993. Le jour où la ville, qui comptait 17 000 habitants au dernier recensement soviétique de 1989, a été prise par les forces arméniennes du Haut-Karabakh. Ses derniers habitants, majoritairement azerbaïdjanais, qui avaient déjà enduré une semaine de bombardements intenses, en ont été chassés. « Regardez toute cette destruction, ces fosses creusées par les bombes aériennes. Il ne reste que des ruines. Mais pourquoi nous ont-ils chassés d’ici, si c’est pour tout laisser à l’abandon ? », déclare Natik, un jeune officier azerbaïdjanais.

    #paywall

    • #Fizouli (#Haut-Karabakh) envoyé spécial - Une lourde odeur de décomposition monte de la végétation, au pied des ruines. La façade occidentale d’une église se dresse encore de toute sa hauteur, sans doute le pan de mur le plus élevé de tout le quartier. L’ouverture ronde proche du faîte devait être autrefois occupée par une rosace. Mais personne ne sait au juste à quel culte était voué ce temple, ni même son nom, parce que plus personne ne vit à Fizouli depuis le 23 août 1993. Le jour où la ville, qui comptait 17 000 habitants au dernier recensement soviétique de 1989, a été prise par les forces arméniennes du Haut-Karabakh.

      Ses derniers habitants, majo ritairement azerbaïdjanais, qui avaient déjà enduré une semaine de bombardements intenses, en ont été chassés. « Regardez toute cette destruction, ces fosses creusées par les bombes aériennes. Il ne reste que des ruines. Mais pourquoi nous ont-ils chassés d’ici, si c’est pour tout laisser à l’abandon ? », déclare Natik, un jeune officier azerbaïdjanais.

      La ville est repassée sous le contrôle de Bakou à la mi-octobre, au terme de combats acharnés. Des caisses de munitions pleines s’entassent au coin des rues. Des obus de mortier et surtout des 122 mm pour l’obusier soviétique D-30, très utilisé par les Arméniens. En ce samedi 7 novembre, on les entend encore tonner 10 km à 20 km au nord, où les combats font rage aux abords de Khodjavend, ainsi qu’au nord-ouest, à 40 km, où Choucha (« Chouchi », pour les Arméniens) tombera, quelques jours plus tard. Depuis la reprise de la cité, l’Arménie défaite et l’Azerbaïdjan victorieux ont signé un cessez-le-feu, sous l’égide de la Russie.

      Ville fantôme

      Ville fantôme, Fizouli n’émet d’autre son que celui du vent dans les feuilles. Figuiers, platanes et frênes puants auraient fini d’engloutir la ville, si Bakou n’avait pas décidé de reprendre le Karabakh par la force. « Nous avons attendu vingt-six ans le retour de nos terres par la voie diplomatique, mais l’Arménie et ses alliés la France, les Etats-Unis et la Russie nous ont fait tourner en bourrique », dit Natik, répétant la doxa officielle.

      Fizouli est le chef-lieu d’un des sept cantons constituant une ceinture autour de la moribonde république autoproclamée du Haut-Karabakh. Les Arméniens ont fait une zone tampon militarisée de ces sept cantons, anticipant une revanche de Bakou. Le désir d’assurer la sécurité du Haut-Karabakh s’est fait aux dépens d’environ 600 000 Azerbaïdjanais, chassés de chez eux et qui n’ont cessé depuis de ruminer leur vengeance. La reconquête aura duré six semaines. Les combats les plus intenses et décisifs se sont déroulés aux portes de Fizouli. « Nous avons percé les premières lignes de défense arméniennes dès le 27 septembre, premier jour de la guerre », raconte un colonel, qui tient à rester anonyme. L’assaut s’est déroulé dans la plaine de l’Araz, à 23 km au sud de Fizouli, à un jet de pierre de la frontière iranienne.

      De chaque côté de la route, des champs de mines. A perte de vue, des rangées de pieux en béton. Une vision tout droit sortie des clichés de la première guerre mondiale. Ces pieux ne sont en fait que les hideux vestiges de vignobles arrachés sur oukase de Mikhaïl Gorbatchev, à la tête de l’URSS de 1985 à 1991. Mais ils ont servi à barrer la plaine aux tanks azerbaïdjanais. « Toutes ces défenses, c’était leur "ligne Maginot", explique l’officier. Ils n’ont rien construit d’autre que des bunkers. Tous ces efforts sont la preuve que les Arméniens n’ont jamais eu l’intention de nous rendre les sept districts [conquis par l’Arménie en 1994]. Ils nous ont bernés, maintenant, nous reprenons tout ! »

      La détermination des Azerbaïdjanais s’observe tout particulièrement à l’entrée de Fizouli. Au niveau du village de Merdinli, le sol est labouré par les impacts d’obus. Partout, des fosses creusées pour protéger des pièces d’artillerie et des tanks. Les Arméniens ont même posé des toits de tôle, similaires à ceux des maisons locales, sur les fosses, peut-être pour les dissimuler aux yeux des drones ennemis. Le colonel azerbaïdjanais raconte que ses forces ont mis plus de deux semaines à briser l’infanterie arménienne.

      Les troupes du Haut-Karabakh ont subi ici des pertes terribles sous le pilonnage ultraprécis des drones turcs et israéliens frappant sans relâche pendant la journée. La nuit, l’artillerie poursuivait le travail de démolition. C’est dans cette zone aussi que les forces arméniennes ont tenté une contre-offensive lors de la deuxième semaine d’octobre. « Ils ont sacrifié ici leurs meilleures troupes de choc. Ils n’avaient rien pour se protéger de nos drones, car nous avions détruit leurs systèmes antiaériens. Ils sont allés au casse-pipe et, après cet épisode, il était clair que les jeux étaient faits », conclut l’officier, qui n’aura, comme ses collègues, aucun mot de compassion pour la bravoure et l’opiniâtreté des soldats arméniens. « Ils se sont persuadés qu’ils étaient les meilleurs soldats du monde. Nous avons prouvé le contraire », affirme-t-il.

      Natik, chargé de la propagande militaire, attire l’attention sur la mosquée de Merdinli, transformée en étable. « Les Arméniens y entassaient des porcs », affirme-t-il. Aucune odeur de lisier ne flotte dans l’air. Non loin de là gisent les cadavres de six veaux. Tués nets par un obus. En face de la mosquée, Natik désigne le cimetière musulman. Les tombes ont été brisées et renversées par « l’occupant arménien », assure-t-il. Il est déconseillé de s’y aventurer à cause des mines. Quatre jours plus tôt, un électricien chargé de rétablir le courant a eu les deux jambes arrachées. Le déminage va prendre du temps. Celui des terres et celui des esprits.

  • En #Géorgie, la #frontière avec l’#Azerbaïdjan au cœur de l’« affaire des cartographes »

    A la veille des élections législatives du 31 octobre, ce scandale impliquant le parti d’opposition pourrait peser sur le scrutin.

    Il y a encore un an et demi, Zviad Naniachvili grimpait chaque matin sur la crête qui sépare la Géorgie de l’Azerbaïdjan pour voir le soleil se lever sur les montagnes. Ce guide géorgien de 37 ans a grandi là, au pied du #monastère orthodoxe de #David_Garedja, un complexe spectaculaire d’églises et de cellules troglodytes fondé au VIe siècle. Le site, creusé dans la roche, s’étire sur plusieurs hectares de part et d’autre de la frontière, dans un paysage désertique. Jusqu’ici, tout le monde pouvait s’y promener librement. C’est désormais impossible.

    Depuis la visite, en avril 2019, de la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, proche du parti au pouvoir, Rêve géorgien, des #gardes-frontières azerbaïdjanais ont fait leur apparition sur la crête, empêchant touristes et pèlerins de visiter la partie du monastère située de l’autre côté de la frontière. « C’est comme si quelqu’un vivait chez moi », déplore Zviad Naniachvili, en levant les yeux vers la cime.

    La chef de l’Etat, flanquée de deux hommes en armes, avait appelé à régler « de toute urgence » la question de la #délimitation des frontières, ravivant les tensions autour de ce sujet sensible : les Géorgiens affirment que ce site historique, culturel et religieux leur appartient, ce que contestent les Azerbaïdjanais, pour lesquels ces hauteurs ont une importance stratégique.

    Devant la porte en bois gravée de la grotte où vécut David Garedja, l’un des pères assyriens venus évangéliser la Géorgie, trois jeunes filles en jupe plissée entonnent un chant sacré face aux #montagnes. « Dieu va tout arranger », veut croire l’une.

    A l’approche des élections législatives du samedi 31 octobre, le #monastère est désormais au cœur d’un scandale susceptible de peser sur le scrutin. L’histoire, aux ramifications complexes, cristallise les crispations qui traversent la société géorgienne, plus polarisée que jamais, sur fond de « fake news » et de tensions régionales avec le conflit au #Haut-Karabakh, enclave séparatiste en Azerbaïdjan.

    Deux cartographes arrêtés

    L’affaire a éclaté trois semaines avant le premier tour. Le 7 octobre, deux #cartographes, anciens membres de la commission gouvernementale chargée de négocier la démarcation de la frontière, ont été arrêtés et placés en #détention provisoire – une mesure exceptionnellement sévère.

    #Iveri_Melachvili et #Natalia_Ilicheva sont accusés par le procureur général de Géorgie d’avoir voulu céder des terres à l’Azerbaïdjan entre 2005 et 2007, lorsque l’ex-président Mikheïl Saakachvili était au pouvoir. Ils auraient caché la bonne carte, datée de 1938, pour en utiliser une autre à la place, défavorable à la Géorgie, lui faisant perdre 3 500 hectares. Les deux cartographes, qui clament leur innocence, encourent dix à quinze ans de prison.

    Ces #arrestations surprises, survenues en pleine campagne électorale, électrisent le débat à quelques jours du scrutin. Qualifié de « #traître », le parti de l’opposition, emmené par Mikheïl Saakachvili, le Mouvement national uni, dénonce une « manipulation politique » du parti au pouvoir – dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili – visant à le discréditer avant le scrutin.

    La nature politique de cette affaire ne fait aucun doute non plus pour les ONG. Quinze d’entre elles, dont Transparency International et Open Society Foundation, ont ainsi conjointement dénoncé, le 9 octobre, une « enquête à motivation politique ». Elles pointent le « timing de l’enquête », en période préélectorale, les commentaires du parti au pouvoir, qui « violent la présomption d’innocence », et « l’approche sélective » des investigations, certains témoins majeurs n’étant pas auditionnés. Ces ONG exhortent ainsi les autorités à « cesser de manipuler des sujets sensibles pour la population avant les élections ».

    « Cette affaire est une tragédie personnelle pour les deux cartographes, mais, au-delà, c’est l’indépendance de la justice, inexistante, qui est en question, souligne Ivane Chitachvili, avocat à Transparency International. Tant que notre système restera un instrument politique aux mains du gouvernement, cela continuera. »

    « Attiser le sentiment nationaliste et religieux »

    Des membres du gouvernement, dont le ministre de la défense, Irakli Garibachvili, et des représentants de l’Eglise orthodoxe, proche de la Russie, accusent même les deux cartographes d’avoir tenté de vendre le monastère de David Garedja lui-même. Le site religieux n’est pourtant mentionné nulle part dans les 1 500 pages du dossier judiciaire. « Ils parlent du monastère pour embrouiller les gens et les prendre par l’émotion, en attisant leur sentiment nationaliste ou religieux, analyse Ivane Chitachvili.

    La stratégie fonctionne auprès d’une partie de la population, qui compte 84 % d’orthodoxes. Tamuna Biszinachvili, une vigneronne de 32 ans venue en famille visiter le monastère, en est convaincue : « Notre ancien gouvernement a fait une énorme connerie. » Ce qu’elle a lu sur Facebook et ses échanges avec un moine l’ont persuadée que cette histoire était vraie. C’est même pour cela qu’elle a tenu à venir avec ses enfants aujourd’hui : « Je veux leur montrer le monastère avant que les Azerbaïdjanais prennent cette terre. Notre terre. »

    Sur les hauteurs du monastère, Goram, un réserviste de 24 ans venu déposer quelques bougies, n’accorde au contraire aucun crédit à ces accusations. « Qui peut croire à cette histoire ? Aucune terre n’a pu être cédée, puisqu’il n’y a même pas d’accord sur la frontière ! », rappelle-t-il.

    De fait, voilà près de trente ans, depuis la chute de l’URSS, que la Géorgie et l’Azerbaïdjan négocient leur frontière, centimètre par centimètre, en exhumant de vieilles cartes. Les deux tiers ont fini par faire l’objet d’un #accord technique, un tiers est toujours en discussion, mais rien n’a encore jamais été ratifié.

    Rôle trouble de la #Russie

    Assis derrière la table à manger de sa cellule troglodyte, un moine orthodoxe en robe noire et à la longue barbe brune se prend la tête à deux mains, affligé par l’affaire des cartographes. Derrière lui, une guirlande « happy birthday » pendille entre deux icônes. Quelques morceaux de pain et un bidon en plastique rempli de vin traînent encore sur la table après les agapes.

    Persuadé d’être surveillé, le père redoute de parler, mais accepte, sous le couvert de l’anonymat, de livrer son point de vue, en rupture avec celui de ses supérieurs. « C’est la visite de la présidente qui a déclenché tout ça », se lamente-t-il. Sans oser le nommer, il soupçonne également « un grand pays » d’avoir « intérêt à créer un #conflit » dans la région. L’affaire des cartographes lui « rappelle les purges soviétiques, quand 60 % des prisonniers étaient des détenus politiques ». La comparaison revient souvent dans ce dossier.

    Plus divisés que jamais, les Géorgiens oscillent entre colère et consternation. « Ceux qui n’ont pas subi un lavage de cerveau savent bien que cette histoire est absurde, soupire Chota Gvineria, chercheur au Centre de recherche sur la politique économique (EPCR), basé à Tbilissi. Le bureau du procureur est directement subordonné au gouvernement, qui utilise deux innocentes victimes pour manipuler l’opinion avant les élections. »

    Cet ancien diplomate pointe également le rôle trouble de la Russie, où la #carte prétendument « dissimulée » par les cartographes a soudain été retrouvée par un homme d’affaire, #David_Khidacheli, ancien vice-président du conglomérat russe #Sistema, qui l’a transférée à la Géorgie. A travers cette affaire, « Moscou veut déstabiliser la région et créer un conflit entre la Géorgie et l’Azerbaïdjan pour renforcer son influence », analyse le chercheur. Malgré ce #différend_frontalier, Bakou garde de bonnes relations avec Tbilissi, son partenaire stratégique.

    Pour Guiorgui Mchvenieradze, directeur de l’ONG Georgian Democracy Initiative et avocat du cartographe Iveri Melachvili, « cette affaire est inacceptable au XXIe siècle ». Devenu à son tour la cible d’une campagne de dénigrement, il affirme qu’il est « clair et net que les activistes et trolls sont extrêmement mobilisés, notamment sur Facebook, pour diffuser des “fake news” » sur ce dossier, et le faire passer lui aussi pour un « traître qui veut vendre le monastère ». Le procès des cartographes doit s’ouvrir le 4 décembre.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/29/en-georgie-la-frontiere-avec-l-azerbaidjan-au-c-ur-de-l-affaire-des-cartogra
    #cartographie #frontières #cartographe #nationalisme

    via @fil

  • #Haut-Karabakh le conflit entre Arméniens et Azéris - #Dessous_des_cartes

    Depuis la fin du mois de septembre, l’#Arménie et l’#Azerbaïdjan s’affrontent dans des combats meurtriers. Drones, chars, armes anti-aériennes, bombardement de cibles civiles : le différend qui oppose les deux pays depuis de nombreuses années ressemble de plus en plus à une véritable guerre. C’est le contentieux autour de la question du Haut-Karabagh qui a précipité le conflit.

    Cette zone montagneuse à majorité arménienne enclavée en plein Azerbaïdjan cristallise en effet les tensions entre les deux États. Mais comment le Haut-Karabagh a-t-il hérité d’une situation géographique si particulière ? Pourquoi l’Arménie et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations aussi conflictuelles ? Quel est le rôle joué par les puissances régionales turque, russe et iranienne dans les événements actuels ? Doit-on encore craindre une aggravation de la situation ?

    https://youtu.be/QIsIvWuiBM4

    #Haut_Karabakh #Caucase #Turquie #Erdogan #Russie #Iran

  • Les ressorts de Vladimir #Poutine face aux crises dans l’espace post-soviétique

    https://www.la-croix.com/Monde/ressorts-Vladimir-Poutine-face-crises-lespace-post-sovietique-2020-10-11-1

    Les crises en Biélorussie, au Haut-Karabakh et au Kirghizstan ont surpris Moscou et menacent la prépondérance russe dans la région. Vladimir Poutine se retrouve aujourd’hui relativement démuni.

    François d’Alançon, le 11/10/2020 à 14:59 Modifié le 11/10/2020 à 17:04

    Les ressorts de Vladimir Poutine face aux crises dans l’espace post-soviétique

    Vladimir Poutine, le 8 octobre. ALEXEI DRUZHININ/AFP

    Les crises en #Biélorussie, au #Haut-Karabakh et au #Kirghizstan ont pris le Kremlin par surprise. Vladimir Poutine se retrouve sur la défensive pour préserver les intérêts russes dans les anciennes républiques soviétiques et son image de maître tacticien sur la scène internationale.

    #ex-urss

  • #Jean_Radvanyi sur le Nagorno-Karabakh

    https://www.obsfr.ru/fr/blogs-et-videos/evenement/article/3-voprosa-zhanu-radvani-o-voennom-obostrenii-v-nagorn.html

    « 3 questions à » Jean Radvanyi sur le Nagorno-Karabakh

    JEAN RADVANYI

    Professeur émérite des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), membre du Conseil scientifique de l’Observatoire franco-russe.

    29.09.2020

    1. Cette reprise des hostilités était-elle prévisible ou s’agit-il d’une surprise ?

    Malheureusement, cette nouvelle escalade était prévisible car depuis des mois, on voyait se multiplier les déclarations belliqueuses de part et d’autre. Après la flambée de combats d’avril 2016, des échanges de tirs meurtriers avaient été observés en juillet 2020. Tout récemment, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait répondu de façon déterminée aux propos du Premier ministre arménien Nikol Pachinian affirmant que l’Artsakh (la dénomination arménienne du Karabakh) était arménien, point final, jetant le trouble dans les deux pays. Selon M. Aliev, cela réduit à néant toute idée de négociation et il ne restait plus pour Bakou que l’option militaire pour récupérer les territoires occupés. Rappelons que les forces arméniennes contrôlent plusieurs secteurs qui n’avaient jamais appartenu à la région autonome du Karabakh avant 1991.

    2. Y a-t-il un risque d’escalade régionale de ce conflit ?

    On ne peut pas l’exclure complètement étant donné l’environnement régional de ce conflit vieux de plus de trente ans. Chacun des acteurs ou de leurs voisins et alliés a son propre agenda. M. Pachinian souhaite raffermir son contrôle économique et politique sur le Karabakh qui depuis des années joue un rôle majeur en Arménie, plusieurs des dirigeants de cette région sécessionniste ayant accédé à des postes clefs à Erevan. M. Aliev aimerait reprendre par la force tout ou partie des territoires perdus en 1994 (lors de la conclusion du cessez-le-feu) afin de reprendre d’éventuelles négociations en position de force. La Turquie a toujours soutenu Bakou dans ce conflit et M. Erdogan semble vouloir en faire un nouvel élément de sa mobilisation patriotique en Turquie. Le projet d’un grand espace pan-turkiste a toujours séduit les élites nationalistes turques et le territoire azéri en est un élément clef. Les déclarations récentes de M. Erdogan proposant l’aide militaire active d’Ankara à Bakou sont d’autant plus inquiétantes qu’une intervention turque susciterait certainement une réponse russe. L’Arménie fait partie, avec la Russie, de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC, signé en 2002) qui indique que l’organisation défendrait un de ses membres en cas d’intervention militaire étrangère.

    3. Quel rôle peut jouer la Russie dans cette crise ?

    On n’en est heureusement pas encore là dans l’escalade mais Moscou se retrouve en position délicate. La Russie co-préside, avec la France et les États-Unis, le groupe de Minsk, chargé depuis 1992 au sein de l’OSCE de trouver une solution diplomatique à ce conflit, mais Bakou critique depuis longtemps son inefficacité et le rôle de Moscou qui a signé des traités d’amitié et de coopération et vend des armes aux deux belligérants. Ce n’est certainement pas un hasard si M. Choïgou, le ministre de la Défense russe, se trouvait le 25 septembre dernier à Bakou où il a rencontré le président azerbaïdjanais, le ministre de la défense et le chef d’État-major. M. Aliev aurait demandé que la Russie livre à l’Azerbaïdjan les mêmes types d’armes sophistiquées qu’à l’Arménie, y compris des avions de chasse Su-30SM, ce que Moscou aurait refusé.

    Dans ces conditions, il est difficile pour le Kremlin de réaffirmer sa position de neutralité dans le conflit et ses appels à la reprise des négociations risquent fort de ne pas être entendus. Le drame est que depuis des années, aucun des deux gouvernements ne prépare véritablement l’opinion publique de son pays à de réels compromis qui dégageraient la voie d’une solution diplomatique. On se retrouve dans une impasse armée, un de ces conflits qualifiés bien à tort de gelés.

    #haut-karabakh

  • Affrontements dans le Haut-Karabakh : l’Arménie et l’Azerbaïdjan au seuil de la guerre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/28/l-armenie-et-l-azerbaidjan-a-nouveau-au-bord-de-la-guerre-au-haut-karabakh_6

    Le conflit gelé depuis près de trente ans dans cette région du Caucase, enclave séparatiste peuplée d’Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan, a viré à l’escalade ce week-end. Avec, en coulisses, les deux arbitres : Ankara et Moscou.

    La poudrière du Haut-Karabakh, l’un des plus anciens conflits gelés de l’Europe post-soviétique, menace d’exploser en une nouvelle guerre. Au moins vingt-quatre personnes sont mortes et plus d’une centaine ont été blessées au cours de combats, samedi 26 et dimanche 27 septembre, dans cette région séparatiste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne, située entre la Turquie et la Russie. Bakou et Erevan se rejettent la responsabilité des heurts, l’armée de l’un affirmant réagir respectivement aux agissements de l’autre. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a dénoncé une « agression » qu’il s’est engagé à « vaincre ». Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, l’a accusé d’avoir « déclaré la guerre à notre peuple ». Sur le terrain, les deux camps échangent, depuis samedi, des tirs d’artillerie. L’Azerbaïdjan a aussi procédé à des bombardements aériens.


    Affrontements dans la région du Haut-Karabakh, le 27 septembre. Image diffusée par le ministère des affaires étrangères arménien.
    AP