• Turquie : cinq morts dans une collusion entre une embarcation de migrants et un navire des gardes-côtes - InfoMigrants
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    Turquie : cinq morts dans une collusion entre une embarcation de migrants et un navire des gardes-côtes
    Par Clémence Cluzel Publié le : 08/09/2025
    Cinq personnes sont mortes, et une autre a été grièvement blessée, dans un incident survenu dimanche entre un bateau de migrants et un navire des gardes-côtes turcs, au large de la Turquie. Une personne est toujours portée disparue.
    Un nouveau drame est survenu en mer Égée, au large des côtes turques ce dimanche. Cinq personnes ont été tuées et une autre gravement blessée lorsqu’un bateau transportant des migrants a percuté un navire des gardes-côtes turcs au nord-ouest de la Turquie, a déclaré le bureau du gouverneur de la province de Balıkesir.
    Dans un communiqué, le gouverneur a déclaré qu’un bateau à grande vitesse, transportant 34 migrants et un passeur, avait percuté le navire des gardes-côtes turcs qui effectuait une patrouille de routine, au large de la côte de Badavut, dans le district d’Ayvalik. Le choc violent entre les deux bateaux a projeté des personnes dans la mer. Elles ont ensuite pu être repêchées par les secours.
    « À la suite des opérations de recherche et de sauvetage menées dans la région, il a été déterminé que cinq personnes tombées à la mer avaient perdu la vie. Une personne, une femme, a été grièvement blessée et transportée à l’hôpital », a déclaré le gouverneur, ajoutant que les recherches pour retrouver une personne portée disparue se poursuivaient.
    Une enquête a été ouverte sur cet incident par le parquet d’Ayvalik, a également précisé le bureau du gouverneur. Ayvalık est une destination touristique très prisée en Turquie. Ces dernières années, elle est également devenue une plaque tournante pour les migrants illégaux tentant de rejoindre l’Europe en passant pas les îles grecques voisines situées parfois à quelques kilomètres seulement.
    Du fait de sa proximité avec la Grèce, la Turquie est une porte d’entrée vers l’Europe pour des millions de migrants. La mer Égée est ainsi la route la plus courte pour ces migrants au départ de la Turquie souhaitant rejoindre l’Europe.
    La mer Égée est aussi une route de transit très fréquemment utilisée par les migrants au départ des côtes nord-africaines ou du Moyen-Orient pour rejoindre les îles grecques les plus proches. Ces derniers mois, de plus en plus de migrants atteignent les îles les plus au sud de la Grèce en bateau, depuis l’est de la Libye. Plus de 10 000 personnes ont ainsi débarqué en Crète, destination touristique très prisée, et à Gavdos, petite île située à proximité, depuis le début de l’année, contre 4 935 en 2024, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
    Mais cette route migratoire est aussi l’une des plus dangereuses. Régulièrement, des canots pneumatiques surchargés ainsi que les conditions météorologiques imprévisibles rendent les traversées particulièrement périlleuses et se soldent fréquemment par des naufrages. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 1 000 migrants ont disparu ou ont été repêchés morts en Méditerranée en 2025.La semaine dernière, deux corps de migrants ont été retrouvés sur la plage de l’île de Rhodes. Parties de Turquie avec un groupe d’une dizaine d’autres personnes à bord d’un canot pneumatique, les victimes se seraient noyées lors de la traversée de la mer Égée.
    Les nombreuses arrivées de migrants sur les îles grecques de la mer Égée s’accompagnent ces dernières semaines d’une hausse des refoulements - des pratiques illégales, souvent documentées par les garde-côtes turcs. Le 29 juillet, 34 migrants ont ainsi été interceptés via deux opérations de sauvetage distinctes, l’une au large des côtes du district de Kuşadası à Aydın, l’autre plus au sud, au large des côtes du district de Marmaris. Bien que la pratique des refoulements soit illégale, la Grèce en a fait une « norme », comme l’a constaté Médecins sans frontières (MSF). L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex avait même ouvert une enquête sur le sujet en avril dernier.
    La politique migratoire du pays a également été durcie dernièrement. Le Parlement grec a ainsi voté mercredi 3 août une loi prévoyant « des retours forcés » pour des demandeurs d’asile déboutés vers leur pays d’origine ou des « pays tiers sûrs ». Le nouveau texte introduit également le délit de séjour, passible d’une peine de prison de deux à cinq ans ainsi que d’une amende de 5 000 euros. En juillet, le gouvernement avait déjà annoncé suspendre temporairement - pour trois mois - l’examen des demandes d’asile de toute personne arrivant par voie maritime depuis l’Afrique du Nord, afin de lutter contre les fortes arrivées de migrants sur les îles grecques.

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  • Au Mali, le HCR alerte sur l’« urgence humanitaire » liée à l’afflux de réfugiés burkinabés
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/09/03/au-mali-le-hcr-alerte-sur-l-urgence-humanitaire-liee-a-l-afflux-de-refugies-

    Au Mali, le HCR alerte sur l’« urgence humanitaire » liée à l’afflux de réfugiés burkinabés
    Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a rapporté, le 2 septembre, que l’« afflux massif » de Burkinabés dans la région malienne de Bandiagara s’élève à plus de 1 500 personnes par jour.
    Par Le Monde avec AFP (avec AFP)
    Les nouveaux afflux de réfugiés dans le centre du Mali, en provenance du Burkina Faso voisin, provoquent une situation d’« urgence humanitaire » dans la région, a alerté le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans un communiqué transmis, mardi 2 septembre, à l’Agence France-Presse (AFP), évoquant des « répercussions graves » sur leurs conditions de vie.
    Le HCR fait état d’un « afflux massif » de réfugiés burkinabés, en majorité des femmes et des enfants, depuis le 5 août dans la région de Bandiagara, dans le centre du pays, en provenance de plusieurs villages frontaliers avec le Mali. Entre le 7 et le 15 août, le nombre de personnes enregistrées par la Commission nationale chargée des réfugiés est passé de 1 733 à 12 000 environ, soit plus de 1 500 par jour, rapporte le HCR.
    Le 31 août, environ 1 509 personnes en provenance de plusieurs villages du Burkina ont également été préenregistrées en moins de vingt-quatre heures, tandis que d’autres groupes arrivés le 1er septembre étaient encore en attente d’être enregistrés, selon le programme des Nations unies. Ces arrivées s’ajoutent aux 83 417 réfugiés déjà sur place, ce qui porte à 100 400 les habitants de Bandiagara. « Ce nouvel afflux, qui pourrait se poursuivre, met à rude épreuve les capacités (…) de la localité », selon le HCR.
    L’organisation relève également une insuffisance des ressources disponibles pour leur venir en aide, malgré la solidarité des autorités locales et des communautés hôtes. Ces afflux surviennent dans un contexte de crise budgétaire sans précédent, d’après le HCR, qui touche la quasi-totalité des organisations humanitaires, et réduit ainsi leurs capacités opérationnelles.
    Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dirigés par des militaires, sont également confrontés aux attaques de groupes djihadistes liés à Al-Qaida et l’Etat islamique. Les trois pays ont créé l’Alliance des Etats du Sahel au sein de laquelle ils coopèrent militairement.
    Cette situation humanitaire « a des répercussions graves sur les conditions de vie des personnes déplacées de force, en particulier les réfugiés installés dans le centre [du pays] », souligne le HCR. « Sans un appui urgent des partenaires techniques et financiers, des milliers de vies, majoritairement des femmes, des enfants, risquent de sombrer dans une détresse encore plus profonde », a prévenu l’organisation.

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  • L’ONU s’attend à ce que 3 millions de personnes rentrent en Afghanistan en 2025 et s’inquiète des conditions de leur retour
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/11/l-onu-s-attend-a-ce-que-3-millions-de-personnes-rentrent-en-afghanistan-en-2

    L’ONU s’attend à ce que 3 millions de personnes rentrent en Afghanistan en 2025 et s’inquiète des conditions de leur retour
    Le Monde avec AFP
    Quelque 3 millions d’Afghans pourraient retourner dans leur pays d’ici à la fin de l’année, a estimé vendredi 11 juillet Arafat Jamal, un représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies (ONU), alertant quant à l’impact de cet afflux sur l’Afghanistan déjà victime d’une crise humanitaire majeure. L’Iran et le Pakistan ont mis en place de nouvelles politiques vis-à-vis des Afghans présents sur leur sol, Téhéran ayant notamment donné « jusqu’au 6 juillet » aux « quatre millions d’Afghans illégaux » pour quitter le territoire iranien.
    « Ce que nous voyons aujourd’hui est l’exode peu digne, désorganisé et massif d’Afghans de ces deux pays, ce qui génère une énorme pression sur [l’Afghanistan] prêt à les accueillir mais pas du tout préparé à le faire », a déclaré le représentant du HCR en Afghanistan, Arafat Jamal, lors d’une conférence de presse par vidéo de Kaboul. « Ce qui nous inquiète est l’échelle, l’intensité et la manière de ces retours », a-t-il ajouté. « En termes d’échelle, plus de 1,6 million d’Afghans sont rentrés du Pakistan et d’Iran cette année, dont 1,3 [million] depuis l’Iran », a-t-il précisé. Ce chiffre dépasse déjà les premières prévisions du HCR, qui s’attendait à 1,4 million pour 2025. Des prévisions désormais révisées à la hausse. Même si prédire est « compliqué » et que cela peut changer, le HCR estime désormais que « 3 millions [de personnes] pourraient rentrer en Afghanistan cette année », a estimé Arafat Jamal.
    L’agence onusienne s’inquiète également des conditions de retour, avec « des pics de plus de 30 000 personnes par jour » au poste-frontière d’Islam Qala entre l’Iran et l’Afghanistan, et même 50 000 enregistrées le 4 juillet, a-t-il noté. « Beaucoup de ces rapatriés arrivent après avoir été brutalement déracinés, après un voyage difficile, épuisant et dégradant. Ils arrivent fatigués, désorientés, brutalisés, et souvent désespérés » dans des centres surchargés sous une chaleur accablante, a-t-il ajouté. L’ONU a pris des mesures d’urgence pour renforcer les systèmes d’eau et d’assainissement construits pour 7 000 à 10 000 personnes par jour, ainsi que les vaccinations, la nutrition et les espaces adaptés aux enfants.
    De nombreuses personnes ayant traversé la frontière ont fait état de pressions de la part des autorités iraniennes, voire d’arrestations et d’expulsions. Plus de 6 millions d’Afghans sont installés en Iran, en raison de l’instabilité politique et économique de leur pays. Près de 2 millions d’entre eux possédant un document leur accordant une résidence temporaire sont aussi menacés d’expulsion, au même titre que ceux sans papiers. Ces exilés redoutent désormais de plonger un peu plus dans la pauvreté, à la suite de leur retour en Afghanistan. Même si le pays est en paix, les perspectives d’emplois y sont maigres et le pays reste dans la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale, selon l’ONU. Depuis que les Etats-Unis ont cessé de distribuer de l’aide internationale, le 14 avril, l’ONU et les ONG sur place sont à la peine. L’Organisation des migrations internationales (OMI), par exemple, « n’a pu aider que 3 % des migrants de retour certains jours de forts passages à Islam Qala [ville afghane à la frontière iranienne] », rapporte l’agence onusienne.

    #Covid-19#migrant#migration#afghnistan#pakistan#iran#esil#retour#OIM#HCR#crise#sante

  • Priés de faire leurs valises, près de 450 000 Afghans ont quitté l’Iran en cinq semaines - InfoMigrants
    https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20250707-migrants-450-000-afghans-ont-quitte-iran-depuis-le-1er-juin-afgha

    Priés de faire leurs valises, près de 450 000 Afghans ont quitté l’Iran en cinq semaines
    Par FRANCE 24 Publié le : 08/07/2025
    Près de 450 000 Afghans ont quitté l’Iran pour retourner dans leur pays d’origine depuis le début du mois de juin, a annoncé lundi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au lendemain d’une date butoir fixée par Téhéran pour le départ des Afghans sans papiers. Près d’un demi-million de départs en cinq semaines. Quelque 450 000 Afghans ont quitté l’Iran pour revenir dans leur pays d’origine depuis le début du mois de juin, a annoncé lundi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au lendemain d’une date butoir fixée par Téhéran pour le départ des Afghans sans papiers.
    Entre le 1er juin et le 5 juillet, 449 218 Afghans ont quitté le territoire iranien pour rejoindre leur pays d’origine, a indiqué un porte-parole de l’agence onusienne à l’AFP. À l’échelle de toute l’année 2025, ce nombre s’élève à 906 326 personnes. Fin mai, Téhéran avait donné « jusqu’au 6 juillet » aux « quatre millions d’Afghans illégaux » pour quitter son territoire. Le nombre de personnes ayant franchi la frontière entre les deux pays a bondi depuis la mi-juin. Plusieurs jours durant, quelque 40 000 personnes l’ont traversée à Islam Qala, dans la province d’Hérat de l’Ouest afghan, selon des agences de l’ONU.
    De nombreuses personnes ont fait état de pressions de la part des autorités, mais aussi d’arrestations et d’expulsions, et de la perte de leurs économies dans le cadre de ce départ précipité. Dans le contexte d’importantes coupes dans l’aide internationale, l’ONU, des ONG et des responsables talibans ont appelé à davantage de financements pour venir en aide aux personnes concernées.
    L’ONU a averti que ce flux de population pourrait déstabiliser le pays, déjà confronté à une grande pauvreté et à un taux de chômage élevé, ainsi qu’aux conséquences du changement climatique, et a exhorté les pays qui accueillent des ressortissants afghans à ne pas les expulser de force."Forcer ou faire pression sur les Afghans pour qu’ils reviennent (dans leur pays) risque d’accroître l’instabilité dans la région, et d’accélérer leur (migration) vers l’Europe", a prédit le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vendredi dans un communiqué.

    #Covid-19#migrant#migration#iran#afghanistan#retour#HCR@migrationirreguliere#politiquemigratoire#sante

  • Le Niger va rapatrier plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64632/le-niger-va-rapatrier-plus-de-4-000-migrants-expulses-dalgerie-dici-ju

    Le Niger va rapatrier plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet
    Par Clémence Cluzel Publié le : 19/05/2025 Dernière modification : 20/05/2025
    Le Niger a annoncé samedi vouloir appuyer l’Organisation internationale de la migration (OIM) pour accélérer le rapatriement dans leur pays d’origine de plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un "désastre humanitaire" face à cet afflux massif de personnes en situation irrégulière depuis le début de l’année.
    Le Niger envisage de rapatrier dans leur pays d’origine plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet 2025. Les autorités nigériennes vont "appuyer l’accélération du programme de rapatriement de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) jusqu’au mois de juillet“ a déclaré samedi 17 mai le gouverneur de la région d’Agadez. En déplacement dans le Nord du pays qui concentre les arrivées massives de ces migrants, le général Ibrah Boulama Issa a justifié cette décision comme un moyen d’éviter “un désastre humanitaire”.
    Depuis 2014, le Niger et plus précisément la région du Nord, désertique et voisine de l’Algérie, connait un afflux de migrants irréguliers expulsés d’Algérie. Majoritairement issus d’Afrique de l’Ouest et centrale, ces candidats à la migration passent par le Niger, devenu pays de transit, pour rejoindre par la route la Libye ou l’Algérie et ensuite gagner l’Europe.
    En 2024, l’Algérie a expulsé plus de 31 000 de migrants vers le Niger, contre plus de 26 000 en 2023 selon l’ONG Alarm Phone Sahara (APS). "Au cours du mois d’avril nous avons connu une vague de refoulement sans précédent de migrants venant de l’Algérie", a affirmé le 17 mai le gouverneur d’Agadez à la télévision publique.
    Selon la police d’Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, "plus de 6 000 personnes ont été refoulées" au Niger uniquement en avril 2025. Pour comparaison, plus de 7 000 personnes en situation irrégulière avaient été expulsées sur l’ensemble du premier trimestre de l’année. Un pic a été atteint le 19 avril. Ce jour là, les autorités algériennes ont expulsé dans le désert, plus de 1 100 migrants. C’était la première fois qu’autant de personnes étaient refoulées en une seule journée.
    Les autorités algériennes affichent un double discours sur l’accueil et l’emploi des migrants. Alors que le président algérien Abdelmadjij Tebboune s’était dit ouvert à la régulation des travailleurs subsahariens sans-papier employés dans des secteurs en manque de main-d’œuvre lors d’une visite dans le sud-ouest de l’Algérie fin avril, sur le terrain la réalité est tout autre. Alger multiplie les expulsions de migrants illégaux vers le Niger.
    L’ONG Alarme Phone Sahara dénonce les conditions brutales et inhumaines dans lesquelles se déroulent ces refoulements. De nombreux migrants rapportent avoir été abandonnés en plein désert, se retrouvant contraints à parcourir plusieurs kilomètres à pied pour atteindre le village nigérien d’Assamaka. Depuis une dizaine d’années, cette localité située à 15km de la frontière, est devenue le réceptacle des migrants expulsés d’Algérie.
    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à une environnement très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°- 48°), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins. "Le cas des refoulés que nous recevons de l’Algérie est une situation qui perturbe l’équilibre sécuritaire [du Niger]", avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur. Il avait indiqué avoir demandé à l’OIM et au Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) "de faire rentrer" les migrants dans leur pays d’origine.
    Conséquence directe de l’accélération de ces expulsions depuis l’Algérie : les centres d’hébergement nigériens - du HCR comme de l’OIM - se retrouvent surpeuplés et peinent à faire face à cet afflux. Une situation qui provoque chez les résidents de ces centres un vif sentiment d’abandon. Dans le centre du HCR à Agadez, la situation n’a cessé de s’envenimer. Depuis 8 mois, les 1 900 exilés hébergés dénoncent leurs conditions de vie. Ils ne demandent pas de "retours volontaires" mais réclament leur réinstallation dans une autre localité du Niger ou dans un pays tiers. Pendant le mois de février, les coupons alimentaires ont été suspendus tandis que huit exilés ont été arrêtées. Depuis 2024, il n’y a plus de centre de soins dans le centre du HCR ce qui oblige les migrants à parcourir 10 km pour accéder à celui le plus proche.
    "Tout est catastrophique ici, on ne peut plus vivre comme ça", confie à InfoMigrants Daniel*, un Camerounais, hébergé depuis quatre ans. "On n’a rien à faire, on s’ennuie toute la journée et on ne nous traite pas bien", ajoute le demandeur d’asile. Si certains ont obtenu le statut de réfugié, d’autres sont toujours en attente du traitement de leur demande d’asile. Et ces formalités administratives s’avèrent très longues, entre trois ou quatre ans, parfois jusqu’à sept ans.
    "Le processus est extrêmement lent", reconnaît Emmanuel Gignac, représentant du HCR au Niger. Durant cette période, les demandeurs d’asile sont contraints de patienter au centre et n’ont que peu de perspectives. Un contexte qui génère de vives frustrations et le sentiment d’être bloqué.
    Pour les réfugiés, l’insertion dans la société nigérienne reste compliquée. Les migrants disent subir le racisme de la population locale, et des intimidations de la part du personnel humanitaire. Pour l’instance onusienne, le problème principal réside dans le fait que les exilés ne "veulent pas" s’intégrer dans la société nigérienne, et attendent une réinstallation qui n’arrivera peut-être jamais.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#assamaka#agadez#OIM#HCR#humanitaire#sante#reinstallation#rapatriement#asile

  • Guerre au Soudan : en deux ans, 1,3 million de réfugiés ont afflué au Tchad
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/16/guerre-au-soudan-en-deux-ans-1-3-million-de-refugies-ont-afflue-au-tchad_659

    Guerre au Soudan : en deux ans, 1,3 million de réfugiés ont afflué au Tchad
    Par Victor Mauriat (Adré, Tchad, envoyé spécial)
    Des cases de paille et de tôle alignées à perte de vue au milieu du désert. Dans le camp d’Aboutengué, à une trentaine de kilomètres au nord d’Adré, ville tchadienne frontalière du Soudan et principal point d’entrée des réfugiés dans le pays, 46 000 personnes sont installées depuis bientôt deux ans. En cette période de l’année, le soleil, lorsqu’il n’est pas caché par la brume, fait rapidement monter le mercure au-delà des 45 °C.
    « Le vent nous apporte toujours du sable, c’est beaucoup plus difficile de vivre ici qu’au Soudan », témoigne Arafa Djoumoua Adam Ibrahim, emmitouflée dans son « toub » jaune et vert, un vêtement traditionnel qui la couvre de la tête aux pieds. Elle a quitté Al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, avec ses six enfants en juillet 2023. « Les Forces de soutien rapide [FSR, milice paramilitaire commandée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », et opposée à l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane] ont tué beaucoup d’hommes. Ils ont pris notre argent et brûlé la région. Mon mari est mort, il est parti en martyr. Maintenant je joue le rôle de la mère et du père », raconte-t-elle dans un arabe soigné.
    Le conflit soudanais, qui a éclaté en avril 2023, a provoqué le déplacement de 13 millions de personnes, dont 1,3 million au Tchad, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Comme la plupart des réfugiés du camp d’Aboutengué, Arafa Djoumoua Adam Ibrahim est masalit, une ethnie non arabe du Darfour, cible des hommes de « Hemetti ». Selon l’ONU, sur les 150 000 personnes tuées lors de ce conflit depuis deux ans, environ 15 000 Masalit sont morts à Al-Geneina, une ville située à une dizaine de kilomètres de la frontière tchadienne.
    Une plainte pour « complicité de génocide » visant les Emirats arabes unis a été déposée par le camp du général Al-Bourhane auprès de la Cour internationale de justice (CIJ). Dans sa requête, il affirme que la perpétration de « génocide, meurtres et déplacements forcés » a été rendue possible « par le soutien direct apporté par les Emirats arabes unis à la milice rebelle des FSR ». Un soutien jugé « crédible » et opéré, selon des experts de l’ONU, via des livraisons d’armes depuis l’aéroport tchadien d’Amdjarass, à 300 km au nord d’Adré. N’Djamena est ainsi régulièrement accusé par Khartoum de soutenir les FSR.
    Dans les 19 camps de réfugiés installés ces deux dernières années au Tchad, l’ONU et les ONG ont déployé de grands moyens. A Aboutengué, jusqu’en mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) distribuait des rations alimentaires d’urgence aux réfugiés, principalement des céréales et de l’huile. Depuis avril, il donne à la place 8 000 francs CFA (environ 12 euros) par personne et par mois, « ce qui correspond au prix du panier qu’on fournissait auparavant », précise Olympe Rittimann, emergency officer au PAM : « L’objectif est de leur permettre de subvenir à leurs besoins alimentaires et, comme pour les distributions de denrées, on donne pour trois mois », ce qui représente plus de 1,1 milliard de francs CFA (environ 1,7 million d’euros) pour les 46 000 réfugiés du camp.
    Selon les ONG, le camp d’Aboutengué fonctionne plutôt bien. La situation est beaucoup plus difficile dans celui d’Adré, qui abrite environ 237 000 personnes. Si l’afflux de réfugiés s’est considérablement réduit – entre 100 et 200 personnes traversent la frontière chaque jour, contre 1 000 à 2 000 en 2023 et 2024 –, l’accueil demeure compliqué, tout comme la délocalisation des réfugiés loin de la frontière, voulue par les autorités tchadiennes. A l’approche de la saison des pluies (de juin à septembre), il est urgent d’acheminer le plus de réfugiés possible d’Adré vers d’autres camps, car les routes non goudronnées de l’est du Tchad ne permettent pas aux camions de circuler durant cette période.
    Par ailleurs, depuis la reprise de Khartoum par l’armée soudanaise, fin mars, les FSR ont accentué la pression sur El-Fasher, la capitale du Darfour du Nord. La violence des combats a déjà fait fuir des dizaines de milliers de personnes du camp de déplacés de Zamzam, au sud de la ville, faisant craindre une nouvelle arrivée massive de Soudanais au Tchad. « Au Soudan, il n’y a plus de nourriture, la vie est chère et on ne peut plus travailler », explique Mahmoud Khamis Id, 39 ans, originaire d’El-Fasher et arrivé le 11 avril au Tchad avec ses cinq enfants. Accueilli par la Croix-Rouge du Tchad, il doit désormais attendre d’être enregistré auprès du HCR pour pouvoir ensuite rejoindre un des 19 camps de la région.
    N’Djamena appelle régulièrement la communauté internationale à lui donner « plus de moyens » pour gérer la crise. Si l’Union européenne (UE) a annoncé une hausse de ses investissements humanitaires dans la zone (de 44 à 74 millions d’euros), elle est loin de compenser le gel des financements publics américains, qui représentaient près de la moitié des fonds mis à disposition des agences de l’ONU et des ONG. « On craint les prochains mois, confie la responsable d’une organisation internationale très présente sur le terrain. Pour l’instant, la décision américaine nous empêche d’anticiper les contrats des équipes, mais d’ici à la saison des pluies, elle aura des conséquences sur nos actions. Nous ne savons pas comment nous allons garder le rythme alors qu’il faudrait faire plus ! »

    #Covid-19#migrant#migration#soudan#tchad#HCR#camp#UE#crise#darfour#sante#droit#refugie

  • Guerre dans l’est de la RDC : l’Ouganda risque d’être dépassé par les arrivées de réfugiés
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/09/guerre-dans-l-est-de-la-rdc-l-ouganda-risque-d-etre-depasse-par-les-arrivees

    Guerre dans l’est de la RDC : l’Ouganda risque d’être dépassé par les arrivées de réfugiés
    Le Monde avec AFP
    Plus de 41 000 Congolais fuyant les violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ont trouvé refuge en Ouganda depuis janvier, un flux qui pourrait submerger un système d’accueil mis à mal par la réduction de l’aide américaine, a prévenu mardi 8 avril l’ONU.
    L’Ouganda, qui héberge selon les Nations unies 1,8 million de réfugiés, partage une frontière avec la RDC, pays où le M23, soutenu par Kigali, s’est emparé à la fin de janvier des deux principales villes de l’Est, Goma et Bukavu. Des dizaines de milliers de personnes ont fui ces affrontements qui ont fait environ 900 morts selon l’ONU, bien que Kinshasa avance un bilan bien plus élevé.
    « Depuis janvier, plus de 41 000 Congolais ont trouvé refuge en Ouganda, portant le nombre total de Congolais (…) à près de 600 000 » dans le pays, a déclaré dans un communiqué Matthew Crentsil, représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Ouganda.Quelque 70 000 réfugiés soudanais y ont également fui la guerre civile qui ravage leur pays depuis deux ans, a-t-il indiqué. Avec au moins 600 arrivées quotidiennes ces deux dernières semaines, le système d’accueil est surchargé et en même temps mis à rude épreuve par la réduction de l’aide américaine, a expliqué M. Crentsil.
    « Les centres de transit et d’accueil à la frontière débordent », a-t-il déclaré, décrivant comment, avant la saison des pluies, les réfugiés étaient hébergés dans « tous les espaces disponibles, y compris les cuisines et les zones d’enregistrement ». « Les graves pénuries d’eau, de latrines et d’installations sanitaires (…) exposent les populations à un risque grave de maladies mortelles », a-t-il ajouté. Dans les centres de transit comme celui de Nyakabande, conçu pour accueillir 7 000 personnes, ils sont désormais « six fois plus nombreux ».
    Les Etats-Unis sont le principal donateur du HCR, représentant plus de 40 % du total des contributions reçues. Après le gel de la plupart des financements de l’aide étrangère américaine décidé par le président Donald Trump, le budget santé 2025 du HCR a été réduit de 87 % par rapport à 2024, exposant « plus de 520 000 réfugiés à un risque accru de maladies infectieuses et de décès », selon l’organisation onusienne.
    Depuis, quelque 250 professionnels de santé travaillant notamment dans l’accueil des réfugiés ont été licenciés en Ouganda. « La pénurie de financement a un impact significatif sur la réponse [humanitaire] », selon M. Crentsil, le HCR étant contraint de réduire ses activités de protection afin de « donner la priorité aux besoins les plus critiques ». En mars, le HCR avait indiqué que plus de 100 000 personnes avaient fui les violences en RDC vers les pays voisins. Le Burundi a fermé la semaine dernière un centre de transit abritant 45 000 personnes, un responsable local qualifiant la situation au stade de Rugombo d’« intenable ».

    #Covid-19#migrant#migration#refugie#HCR#ouganda#burundi#RDC#sante

  • Quatre mille Afghans ont été expulsés du Pakistan au début d’avril, un chiffre en forte hausse
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/08/quatre-mille-afghans-ont-ete-expulses-du-pakistan-au-debut-d-avril-un-chiffr

    Quatre mille Afghans ont été expulsés du Pakistan au début d’avril, un chiffre en forte hausse
    Des Afghans traversant la frontière ont raconté au cours des derniers jours à l’AFP être partis sans avoir pu emporter la totalité de leurs affaires ou de leur argent, tandis que d’autres sont pris dans des rafles et emmenés directement à la frontière sans avoir pu rassembler leurs effets. En outre, depuis des mois, des militants des droits humains signalent harcèlement, racket et brimades des forces de sécurité pakistanaises à l’encontre des Afghans.
    « Les Afghans ne sont pas autorisés à prendre leurs affaires », et « des familles sont séparées par ces arrestations, car il n’y a pas de mécanisme par famille » accuse Moniza Kakar, avocate à Karachi, la plus grande ville du Pakistan, auprès de l’AFP. « Mon seul crime, c’est d’être Afghan », se désole Chah Mahmoud, de retour en Afghanistan au point de passage de Torkham. « J’avais des papiers, ils les ont déchirés », dit-il.
    Le gouvernement taliban a également dénoncé, mardi, les « violences » infligées aux Afghans durant la nouvelle campagne massive d’expulsions du Pakistan, accusant son voisin d’utiliser ces migrants « à des fins politiques ». « La maltraitance infligée par les pays voisins est inacceptable et intolérable », a affirmé le ministère des réfugiés et du rapatriement afghan sur le réseau social X, déplorant l’absence d’accord pour faciliter les départs.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Afghanistan, la fin de l’aide américaine a déjà entraîné la fermeture de 206 centres de santé
    Actuellement, environ 3 millions d’Afghans vivent au Pakistan : 800 000 ont vu leur carte de résidence pakistanaise annulée en avril, tandis que 1,3 million ont encore un permis de séjour jusqu’au 30 juin parce qu’ils sont inscrits auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ; les autres n’ont pas de papiers.
    « Nous regrettons vivement que des réfugiés afghans soient soumis à des violences », affirme encore le ministère, à Kaboul. « Tous les réfugiés devraient avoir la possibilité de prendre avec eux leur argent, leurs affaires et leurs biens », ajoute-t-il. Interrogé par l’AFP, le ministère de l’intérieur pakistanais a assuré mardi avoir « donné des consignes strictes pour faciliter le retour des citoyens afghans, et ordonné que personne ne subisse d’abus au cours de ce processus ». A la fin de 2023, Islamabad avait déjà expulsé plus de 800 000 Afghans, accusés de semer le trouble au Pakistan, pays englué dans le marasme politique, économique et la violence. Jusqu’à 1,6 million d’Afghans pourraient être expulsés en 2025, selon les chiffres de l’OIM

    #Covid-19#migrant#migration#afghanistan#pakistan#expulsion#sante#sante#crise#rapatriement#crise#HCR#OIM

  • La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63770/la-libye-suspend-les-activites-de-10-ong-accusees-de-mener-des-actions

    La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays
    Par La rédaction Publié le : 03/04/2025
    La Libye a annoncé mercredi la suspension des activités de 10 organisations humanitaires internationales, dont Médecins sans frontières et le Conseil pour les réfugiés danois. Tripoli les accuse de mener des actions « hostiles visant à modifier la composition démographique du pays » en « installant des migrants » d’Afrique subsaharienne sur son territoire. Les autorités libyennes ne veulent plus d’organisations venant en aide aux exilés dans le pays. Mercredi 2 avril, le gouvernement a annoncé la fermeture des sièges de 10 organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités.Lors d’une conférence de presse inhabituellement traduite en anglais, Salem Gheith, le porte-parole libyen de l’Autorité de sécurité intérieure (ASI, rattachée au ministère de l’Intérieur) a imputé aux ONG la volonté de « porter atteinte à l’intégrité de l’État et à sa sécurité intérieure » dans le cadre d’un « complot international ».
    Selon Salem Gheith, ces organisations participent à un « projet d’installation de migrants d’origine africaine en Libye », « une action hostile visant à modifier la composition démographique du pays et [qui] menace la société » libyenne."Ce projet n’est pas nouveau, l’Union européenne (UE) avait tenté [la même chose] avec l’ancien régime, via l’Italie", a-t-il assuré, estimant qu’après la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, « l’UE a changé de moyen et a eu recours aux ONG pour faire aboutir le même projet ».
    Parmi les ONG concernées se trouvent le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins sans frontières (MSF), l’organisation française Terre des Hommes, l’ONG italienne CESVI ou encore l’IRC (International Rescue Committee) ainsi que le Conseil pour les Réfugiés danois (DRC). Contactée par InfoMigrants, MSF a confirmé que ses activités avaient été suspendues, dès le 27 mars « à la suite de mesures de l’Agence de sécurité intérieure libyenne (ASI), comprenant l’interrogatoire de membres du personnel de MSF et la fermeture administrative de nos locaux ».Le porte-parole s’en est pris aussi au Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), l’accusant d’implication dans des « activités illégales » qui seront, selon lui, sanctionnées par le ministère des Affaires étrangères. Une source au sein de l’agence onusienne assure cependant à InfoMigrants que les activités du HCR continuent.
    Peu avant, avait filtré une lettre d’ambassadeurs principalement européens et d’un représentant de l’ONU, obtenue par l’AFP, dénonçant « une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires ».Dans leur lettre datée du 27 mars et adressée au ministre libyen des Affaires étrangères, 17 ambassadeurs, notamment de France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Union européenne, dénoncent la convocation « d’au moins 18 membres du personnel » d’ONG.Le document faisait état d’interrogatoires d’employés locaux d’au moins six ONG, certains privés de passeports, d’autres forcés à démissionner. Certains ont dû « signer des engagements à ne plus jamais travailler pour une ONG internationale », affirment-ils. Selon la source proche du dossier, le personnel étranger des ONG fermées a été prié de quitter le territoire ou de ne plus y revenir s’il se trouvait hors du pays pour les congés de fin de ramadan.
    Inquiétudes des ONG
    Il y a souvent eu des tensions entre les autorités libyennes et les organisations internationales mais, après une période d’arrêt de l’octroi de visas aux humanitaires étrangers entre juillet 2022 et décembre 2023, tout se passait « bien » en 2024, indique la même source.Dans leur lettre, les diplomates ont demandé aux autorités libyennes de permettre aux ONG « de rouvrir leurs bureaux et de redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible ».
    Les diplomates se sont dits « très inquiets de l’impact » de la suspension des activités sur les soins de santé de base, soulignant que des cliniques privées collaborant avec les organisations ont été l’objet « d’enquêtes et/ou arrestations ». La Libye peine à se relever d’une décennie de chaos et divisions entre des groupes armés très actifs à Tripoli, et deux camps rivaux se partagent le pays depuis la chute du dictateur Kadhafi en 2011.
    Plusieurs rapports de l’ONU ou d’organisations internationales ont dénoncé ces derniers mois des arrestations arbitraires de journalistes, avocats, magistrats et opposants et des exactions contre des migrants, avec la découverte de fosses communes.
    Des défenseurs des droits humains accusent l’ASI et son chef, le très influent Lotfi al-Harari, d’interpellations menées sous la forme d’enlèvements en pleine rue, de disparitions puis de réapparitions avec des aveux extorqués.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#UE#humanitaire#ong#HCR#droit#sante#violence

  • Niger : tension à son comble dans le centre du HCR d’Agadez - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63802/niger--tension-a-son-comble-dans-le-centre-du-hcr-dagadez

    Niger : tension à son comble dans le centre du HCR d’Agadez
    Par Leslie Carretero Publié le : 04/04/2025
    Depuis des mois, les 1 900 exilés hébergés dans le centre du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) à Agadez dénoncent leurs conditions de vie et réclament leur réinstallation dans une autre localité du Niger - ou dans un pays tiers. La suspension des distributions de coupons alimentaires au mois de février et l’arrestation de huit résidents la semaine dernière a envenimé une situation déjà très tendue.
    Ils manifestent quotidiennement depuis 194 jours. Soit un peu plus de six mois. Chaque jour depuis septembre 2024, des dizaines de femmes, d’hommes et d’enfants brandissent des pancartes réclamant de quitter le centre d’Agadez, au Niger, où il se trouvent. Les photos et vidéos sont ensuite diffusées sur les réseaux sociaux, seul moyen qu’ils ont trouvé pour faire entendre leurs voix.
    « On ne veut pas rester ici. On veut bien aller n’importe où mais pas rester à Agadez », lâche Armelle*, une Camerounaise d’une trentaine d’années, contactée par InfoMigrants. Cette mère de famille vit dans le centre humanitaire du Haut-commissariat des réfugiés (HCR) situé à une quinzaine de kilomètres d’Agadez, dans le nord du Niger, depuis quatre ans.
    Environ 1 900 personnes sont hébergées dans la structure, majoritairement des Soudanais et quelques Camerounais ou Centrafricains - sur une capacité totale de 5 500 places. La plupart de ces exilés ont atterri là après avoir été expulsés en plein désert par les forces algériennes. « Parmi eux, on compte 800 réfugiés statutaires. Le reste sont des demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier » par les autorités nigériennes, précise à InfoMigrants Emmanuel Gignac, représentant du HCR au Niger.
    Et ce délai d’attente peut être long. « Le processus est extrêmement lent », reconnaît le responsable de l’agence onusienne. « Cela peut durer trois ou quatre ans. Certains attendent une réponse depuis cinq, voire sept ans ».
    Durant cette longue période, ces demandeurs d’asile, qui n’ont nulle part où aller, patientent donc dans la structure, avec peu de perspectives. Les réfugiés, eux, restent dans le centre, ne parvenant pas à s’insérer dans la société nigérienne. Armelle a obtenu le statut de réfugiée il y a plusieurs années. Et pourtant, elle n’arrive pas à quitter le site du HCR. « Partir, pour aller où ? », souffle la Camerounaise. La mère de famille a déjà essayé de changer de ville mais les policiers ont mis un coup d’arrêt à son projet. « Ils sont montés dans le bus et m’ont dit de faire demi-tour car je n’avais pas de laissez-passer pour me déplacer. Ma carte de réfugiée n’a rien changé », raconte-t-elle.
    Lorsqu’un résident du centre souhaite se déplacer hors d’Agadez, il doit être muni d’un document signé par la Direction régionale de l’État civil. « Cette mesure a été récemment renforcée en demandant au porteur de préciser sa destination et son itinéraire », explique Emmanuel Gignac. Ce qu’Armelle ne savait pas. L’interminable attente des demandeurs d’asile, la difficulté des réfugiés à s’intégrer au Niger rendent la situation dans la structure d’Agadez explosive. Les migrants ont la sensation d’être bloqués dans ce lieu, éloigné de tout, et livrés à eux-mêmes depuis tant d’années. « Tout est catastrophique ici, on ne peut plus vivre comme ça », confie Daniel*, un autre Camerounais, hébergé à Agadez depuis quatre ans. « On n’a rien à faire, on s’ennuie toute la journée et on ne nous traite pas bien », ajoute ce demandeur d’asile.
    L’an dernier, la décision prise par les autorités nigériennes de fermer le centre de soins, géré par une association locale au sein de la structure du HCR, a provoqué la colère des résidents. Et a renforcé leur sentiment d’abandon. « Tu tombes malade, tu te débrouilles », affirme Daniel. Désormais, les migrants doivent parcourir 10 km pour rejoindre, par leurs propres moyens, le premier centre de santé de la région. « Cette décision a été prise dans un esprit d’intégration [rejoindre des centres hospitaliers publics avec tous les autres Nigériens, ndlr] », signale le représentant du HCR qui précise qu’il s’il y a « une urgence, des ambulances sont à la disposition » des exilés.
    Les migrants disent aussi subir le racisme de la population locale, et des intimidations de la part du personnel humanitaire. « On ne veut plus leur parler, ils sont trop arrogants avec nous », assure Armelle. « Nous ne sommes pas au courant de tels agissements. Nous avons un code de conduite pour nos travailleurs. S’il n’est pas respecté, la personne est sanctionnée », répond Emmanuel Gignac.
    La tension est encore montée d’un cran en février après une réunion manquée entre des représentants des autorités nigériennes, des instances internationales et le comité national des réfugiés (collectif qui comprend une quinzaine de résidents du centre d’Agadez). L’entrevue a été écourtée après un conflit sur le lieu où devait se tenir la rencontre.
    « En raison d’un esprit de non-coopération [des exilés, ndlr], les autorités nigériennes nous ont demandé de suspendre les distributions de coupons alimentaires. Ce que nous avons fait même si nous pensions que ce n’était pas une bonne solution », indique le chef du HCR au Niger. « Ils nous ont punis », rétorque Daniel.Ainsi pendant un mois, jusqu’à début mars, les habitants du centre n’ont reçu aucun ticket leur permettant d’acheter des vivres dans les commerces de la région. « On s’est débrouillé grâce à la solidarité. Chacun donnait un peu de nourriture à son voisin. Mais certaines personnes n’ont pas mangé pendant plusieurs jours », signale le Camerounais.
    Un nouvel incident, survenu la semaine dernière, tend à crisper un peu plus la situation. Depuis le 25 mars, huit membres du comité national des réfugiés, dont quatre femmes, sont retenus à la gendarmerie d’Agadez. Leur tort ? Avoir contesté la décision du gouvernement de dissoudre les comités nationaux des réfugiés répartis dans les centres du pays. Entre les deux parties, le dialogue semble totalement rompu, chacun campant sur ses positions. « C’est le seul endroit au Niger où on rencontre ce genre de problèmes », observe Emmanuel Gignac.L’ambiance délétère dans ce camp n’est pas nouvelle. Depuis sa création en 2018, la structure d’Agadez voit se répéter les mêmes scènes. En 2020, une centaine de résidents avaient mis le feu au centre, détruisant environ 80% des lieux. Ils protestaient déjà contre leurs conditions de vie, la lenteur du traitement de leur dossier d’asile et réclamaient leur réinstallation dans un autre pays. Ils avaient été condamnés à de la prison avec sursis par un tribunal d’Agadez. Leur avocat s’était réjoui du verdict mais avait dénoncé leur quotidien dans le centre. « Ce camp est une sorte de prison à ciel ouvert, car les journées [des habitants] sont toujours les mêmes. La vie d’un être humain ne se limite pas à manger et boire. Chacun a des rêves qu’il veut réaliser », avait déclaré au micro de RFI Me Rabiou Oumarou.
    Deux ans plus tard, en mai 2022, un Soudanais est décédé lors d’affrontements entre des exilés et la police nigérienne. Les migrants avaient imputé sa mort à des tirs des policiers mais l’autopsie a révélé que l’homme est décédé des suites d’un trauma crânien qui n’a pas été causé par une balle, selon le HCR. Pour l’instance onusienne, le problème principal réside dans le fait que les exilés ne « veulent pas » s’intégrer dans la société nigérienne, et attendent une réinstallation qui n’arrivera peut-être jamais. « Leurs griefs, y compris sur l’installation dans un autre État, peuvent être légitimes mais nous n’avons pas les moyens de faire ce qu’ils demandent. En 2025, nous n’avons que 200 places de prévues pour des réinstallations depuis le Niger, essentiellement vers le Canada », signale Emmanuel Gignac. « Il faut aussi dire qu’une partie de cette population refuse de s’insérer ». La Camerounaise Armelle tient à nuancer : « Moi, je peux vivre partout si mes droits ne sont pas bafoués. Ici, on ne nous respecte pas et il n’y a rien pour nous ».
    Comment renouer le dialogue et trouver une solution pour ces 1 900 personnes ? Le représentant du HCR assure qu’il se rendra « dans les prochains jours » à Agadez « pour tenter à nouveau de [s]’entretenir avec le groupe de manifestants et d’établir un canal d’échange et de communication ». Il appelle aussi les exilés à envisager leur avenir au Niger. « Il faut développer des activités pour que les gens puissent subvenir à leur propres besoins (par la formation professionnelle, les projets d’agriculture…). Tout ce qu’on peut faire c’est de leur présenter des options ».

    #Covid-19#migrant#migration#niger#HCR#agadez#camp#sabsahrien#reinstallation#sante#droit#expulsion#asile

  • La Côte d’Ivoire face au défi de l’accueil des réfugiés burkinabés
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/03/la-cote-d-ivoire-face-au-defi-de-l-accueil-des-refugies-burkinabes_6575637_3

    La Côte d’Ivoire face au défi de l’accueil des réfugiés burkinabés
    Par Morgane Le Cam (Bouna et Doropo, Côte d’Ivoire, envoyée spéciale)
    Le Burkina Faso, leur pays, n’est qu’à quinze kilomètres de là, au bout de la seule route goudronnée qui traverse Doropo, commune du nord-est de la Côte d’Ivoire. Pour la famille Sidibé, c’est une impasse. « Nous ne sommes pas près de rentrer chez nous. Nos villages ne cessent d’être attaqués par les groupes armés », raconte la vieille Aminatou, qui ne connaît pas son âge et aurait préféré rester chez elle, à Dérégoué. En mars 2024, une attaque des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), de jeunes miliciens qui agissent en supplétifs de l’armée et ciblent en particulier la communauté peule qu’ils assimilent aux djihadistes, a précipité son exode et celui de dix membres de sa famille. Ce jour-là, neuf de ses proches ont été tués.
    Depuis un an, son refuge à Doropo est une bâtisse en construction, qu’elle loue 20 000 francs CFA (30 euros). A chaque fin de mois, « on court partout, pour réunir l’argent auprès de nos proches ou en vendant certains de nos bœufs », explique-t-elle. Depuis 2021, selon l’ONU, plus de 243 000 Burkinabés ont fui leur pays pour échapper aux violences des groupes djihadistes ou de l’armée et de ses supplétifs civils. La Côte d’Ivoire est le pays voisin qui en accueille le plus : près de 70 000.
    Pour les accueillir, le gouvernement a construit deux « centres de transit ». Mais les centaines de petites baraques en béton, édifiées sur des sites clôturés en périphérie des villes de Bouna et de Ouangolodougou, ne peuvent accueillir que 12 000 personnes au total. Alors, comme les Sidibé, la plupart des réfugiés burkinabés en Côte d’Ivoire comptent sur la solidarité communautaire pour trouver un hébergement.
    Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) verse aux réfugiés burkinabés une aide mensuelle de 5 000 francs CFA (7,60 euros). Avant mai 2024, elle était de 10 000 francs CFA. « Ça couvre à peine 35 % des besoins alimentaires d’une personne. L’aide a baissé car le gouvernement ivoirien ne reconnaît pas qu’il y a une crise des réfugiés. Cela a compliqué la recherche de financements », souligne un acteur humanitaire occidental à Abidjan.
    L’annonce fin février du gel de l’aide internationale américaine est venue ajouter une difficulté financière supplémentaire pour le HCR. « C’est l’effet domino. Nous souffrons d’une baisse drastique des financements cette année. Pour l’instant, nous avons seulement 3,8 millions de dollars pour 2025, sur les 57 millions nécessaires pour mettre en œuvre nos programmes en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Liberia », s’alarme Olivier Beer, le représentant résident du HCR en Côte d’Ivoire.
    D’un geste fébrile, Aminata Sidibé sort de son boubou un document qu’elle conserve précieusement dans une enveloppe : son laissez-passer pour bénéficier de l’aide alimentaire du HCR. Sur l’attestation, il est indiqué que la vieille femme est demandeuse d’asile, et non réfugiée. Les Burkinabés ayant fui leur pays pourraient prétendre à ce statut, plus protecteur, mais la Côte d’Ivoire refuse pour le moment de le leur accorder. « Le document est sur la table du gouvernement. Il sera signé dans les prochaines semaines », assure un cadre du HCR en Afrique de l’Ouest. Pour convaincre Abidjan, l’agence onusienne a fait valoir qu’elle « organisait le rapatriement des réfugiés et pas des demandeurs d’asile », poursuit le même cadre. Contactées, les autorités ivoiriennes n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde.
    Le dossier est d’autant plus délicat que le pouvoir ivoirien entretient des relations tendues avec le chef de la junte au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Deux gendarmes ivoiriens y ont été détenus entre septembre 2023 et décembre 2024 après avoir franchi la frontière par mégarde. Des accrochages se produisent régulièrement à la frontière des deux pays, où chaque armée a renforcé ses capacités aériennes. A l’approche de l’élection présidentielle, prévue en octobre 2025, les partisans du président Alassane Ouattara craignent, en outre, de voir la question des réfugiés instrumentalisée par l’opposition. Une partie de celle-ci accuse le pouvoir ivoirien, très ancré dans le Nord, d’utiliser des allogènes comme du « bétail électoral », en enrôlant des non-nationaux sur les listes. La Côte d’Ivoire accueille officiellement au moins 6,5 millions d’étrangers et la moitié d’entre eux sont burkinabés.
    A Abidjan, la question des demandeurs d’asile relève du Conseil national de sécurité (CNS), une institution directement rattachée à la présidence. Pour obtenir le statut de demandeur d’asile, les Burkinabés sont soumis à un enregistrement biométrique. « Le gouvernement est dans une logique tout-sécuritaire. Il veut garder le contrôle à 100 %, car il redoute des infiltrations djihadistes », prévient une autre source humanitaire occidentale sur place. Tandis que le Burkina Faso s’enfonce dans la violence – plus de 28 000 morts depuis 2016 ont été recensés par l’ONG Acled – la Côte d’Ivoire a pour l’instant résisté aux tentatives de pénétration de l’hydre djihadiste.
    Depuis les dix-neuf morts de l’attentat de Grand Bassam en mars 2016, seize attaques attribuées aux islamistes armés ont été menées sur le territoire ivoirien. Toutes perpétrées dans le nord du pays, elles ont causé la mort de 24 militaires et civils, selon Acled. La dernière en date a eu lieu le 16 mars 2024 à Bolé lorsque des hommes soupçonnés d’appartenir au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) ont kidnappé et tué le fils du chef du village.
    Si Abidjan résiste pour l’instant, la présence massive de déplacés étrangers est toutefois une source de tensions dans le Nord. Malgré l’interdiction d’entrée sur le territoire « du bétail des réfugiés » décrétée en mai 2023 par le CNS afin de « préserver la cohésion sociale », les bergers burkinabés de la communauté peule ont continué à traverser la frontière avec leurs troupeaux. Leur cheptel est leur capital. Mais l’arrivée de dizaines de milliers de têtes a déstabilisé les équilibres fragiles de la zone, où existaient déjà des conflits entre éleveurs peuls et agriculteurs de la communauté lobi.
    Assis dans son salon, à Bouna, Binsare Hien, le chef des Lobi sur place, est tourmenté. La récolte de l’anacarde vient de commencer, celle de mil bat son plein, mais les champs sont ravagés par les bœufs qui, faute d’espace de pâturage disponible, se rabattent sur ses plantations. « Les animaux des réfugiés mangent tout ce qu’on plante. Il y a de plus en plus de conflits. Pour l’instant, on arrive à les régler par nos médiations, mais on sent que la colère des agriculteurs monte. Ça risque de dégénérer. D’autant plus que ces réfugiés et leurs animaux vont rester ici longtemps », s’inquiète-t-il.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, à nouveau frères ennemis
    A Doropo, à 75 kilomètres de là, les coupures d’eau, déjà nombreuses avant l’arrivée des réfugiés, sont devenues quotidiennes, pointe également Adrahmane Dicko, le chef de la communauté peule. Les loyers et le prix des denrées alimentaires de base ont augmenté. Il faut compter « 25 000 francs CFA [38 euros] pour un sac de cent kilos de maïs contre 20 0000 francs CFA [30 euros] avant l’arrivée des réfugiés », détaille Abdrahmane Dicko, inquiet également, comme d’autres responsables communautaires du nord-est de la Côte d’Ivoire, de la hausse du banditisme. Une multiplication des vols de bétail et de braquages qu’ils attribuent à l’arrivée de réfugiés burkinabés.
    Selon une étude réalisée en décembre 2024 par les ONG Equal Access International, Seed et Indigo dans trois régions du nord de la Côte d’Ivoire auprès de 1 451 personnes, plus d’un répondant sur quatre pense qu’il y a davantage d’insécurité depuis l’arrivée des demandeurs d’asile burkinabés. Un quart des personnes interrogées estiment aussi que tous les Peuls sont impliqués ou complices des actes de banditisme et de terrorisme. Les autorités ivoiriennes savent le danger d’une mise à l’index d’une communauté et tentent d’empêcher une reproduction du drame burkinabé sur leur sol.

    #Covid-19#migrant#migrant#cotedivoire#burkinafaso#refugie#conflit#sante#HCR#insecurite

  • Après la chute de Bachar Al-Assad, le sort des réfugiés syriens en Europe fait débat
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/10/en-europe-apres-la-chute-d-al-assad-le-sort-des-refugies-syriens-en-question

    Après la chute de Bachar Al-Assad, le sort des réfugiés syriens en Europe fait débat
    Par Elsa Conesa (Berlin, correspondante), Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale), Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen), Julia Pascual et Jean-Baptiste Chastand (Vienne, correspondant régional)
    Les réfugiés syriens qui célébraient dans une ambiance d’euphorie la chute du régime de Bachar Al-Assad, dimanche 8 décembre, se sont réveillés, le lendemain, avec la gueule de bois. Dans plusieurs pays européens, l’enthousiasme a rapidement fait place à un débat politique et juridique sur l’opportunité de les renvoyer vers leur pays d’origine.
    Lundi 9 décembre, la France, l’Allemagne, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et la Grèce ont annoncé suspendre l’examen des demandes d’asile en provenance de Syrie. Le Royaume-Uni et la Suisse les ont suivis en fin de journée. De son côté, l’Autriche est même allée jusqu’à annoncer préparer un « programme de rapatriement et d’expulsion » des Syriens ayant déjà obtenu l’asile. Au sein de l’Union européenne (UE), la législation est du ressort de chaque pays.
    « Nous travaillons sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », a indiqué le ministère de l’intérieur français. L’instruction des demandes d’asile relève de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui n’est toutefois pas placé sous l’autorité de la Place Beauvau. « Nous suivons de manière très attentive la situation en Syrie, très évolutive, et cela peut nous amener à différer certaines décisions, précise le directeur de l’Ofpra, Julien Boucher. Si les craintes de persécutions invoquées par les demandeurs sont liées au régime Al-Assad, il va falloir se donner un petit peu de recul pour adapter notre pratique décisionnelle. »
    Environ 700 demandes d’asile de Syriens sont en cours d’examen et quelque 45 000 ressortissants syriens bénéficient d’une protection en France, destination assez peu prisée des Syriens depuis le début de la guerre, en 2011. L’Allemagne, qui héberge près de 1 million de Syriens et s’était distinguée, lors de la vague migratoire de 2015-2016, par la générosité de sa politique d’accueil, a cette fois devancé la France de quelques heures. Lundi matin, Berlin a ainsi annoncé son intention de geler l’examen des demandes d’asile en cours « jusqu’à ce que la situation soit plus claire », a indiqué le ministère allemand de l’intérieur, qui envisage aussi de révoquer un statut de protection déjà accordé en fonction de l’évolution de la situation sur place. Quelque 47 270 demandes seraient concernées. Le ministère a néanmoins souligné que la situation « confuse » en Syrie rendait les « spéculations » sur un retour des réfugiés « pas sérieuses ».
    « La situation sécuritaire en Syrie doit être réévaluée afin de permettre de reprendre les expulsions », avait de son côté jugé le chancelier conservateur autrichien, Karl Nehammer, dès dimanche soir, alors que plus de 95 000 Syriens se sont installés en Autriche depuis 2015. Lundi, Vienne a ensuite annoncé la suspension des 12 000 procédures d’asile en cours de citoyens syriens. Même tonalité en Suède et à Copenhague, ainsi qu’en Grèce, où ont transité de nombreux réfugiés syriens. Le porte-parole du gouvernement grec a dit espérer, à terme, « le retour en toute sécurité des réfugiés » dans leur pays. Plus de 15 000 Syriens détiennent des permis de séjour en Grèce.
    « En Allemagne, la suspension de l’examen des dossiers est prévue par la loi, relativise Sophie Meiners, chercheuse spécialiste de l’immigration au think tank DGAP (Société allemande de politique étrangère). C’est un simple gel qui s’appuie sur le changement de situation du pays d’origine, mais n’empêche pas de déposer un dossier. Il ne s’agit pas d’une décision politique ou antimigrants. » Difficile, en revanche, d’imaginer des retours massifs promis par une partie de la classe politique, poursuit-elle. « En théorie, il est possible de réévaluer les décisions concernant l’asile, puisque la situation en Syrie a changé. Mais cela prendra du temps et les poursuites restent possibles. Beaucoup de Syriens sont là depuis longtemps, certains ont déjà été naturalisés ou ont changé de statut. Leur permis de séjour ne dépend pas de la situation en Syrie. »
    Il n’empêche. Un peu partout en Europe, les partis d’extrême droite se sont emparés du sujet dès dimanche, parfois repris par des partis du centre. « Celui qui célèbre la “Syrie libre” en Allemagne n’a manifestement plus de raison de fuir. Il devrait retourner immédiatement en Syrie », a d’emblée affirmé la candidate du parti d’extrême droite AfD à la chancellerie, Alice Weidel, sur le réseau social X. Lundi, le vice-président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Jens Spahn, suggérait d’affréter des avions et de donner aux candidats au départ « une prime de départ de 1 000 euros ». En Autriche, la formation d’extrême droite FPÖ, arrivée en tête aux législatives de septembre en promettant d’expulser les réfugiés syriens en masse, a demandé la « remigration des manifestants » syriens, en leur reprochant d’avoir célébré à Vienne la chute de M. Al-Assad de façon trop bruyante.
    En Suède, où vivent 200 000 réfugiés syriens, l’extrême droite a, de son côté, réclamé la « révocation » de leurs titres de séjour. « Nous pouvons commencer par les quelque 45 000 personnes qui n’ont pas la nationalité suédoise », a proposé, sur X, le député des Démocrates de Suède, Tobias Andersson. Près de 100 000 Syriens ont demandé l’asile en Suède entre 2013 et 2015, dont une partie a obtenu, depuis, la nationalité suédoise.
    Au Danemark, le leader de l’extrême droite, Morten Messerschmidt, chef de file du Parti populaire danois, espère lui aussi que les « 45 121 Syriens » qui vivent dans le pays nordique pourront bientôt rentrer chez eux. « En plus d’aider à la reconstruction du pays, cela permettra d’améliorer les statistiques sur les viols au Danemark », écrit-il sur X. Depuis 2021, les services danois de l’immigration ont déjà retiré leurs titres de séjour à plusieurs centaines de réfugiés syriens, au prétexte que la sécurité était revenue dans la région de Damas.
    Les premiers témoignages récoltés auprès des immigrés syriens en Europe dans les heures qui ont suivi la chute de Bachar Al-Assad faisaient néanmoins état d’une grande prudence sur la question du retour, même chez ceux arrivés récemment. Une étude publiée en 2023 par l’université Radboud, aux Pays-Bas, estimait à moins de 40 % la proportion de Syriens vivant en Allemagne prêts à rentrer dans leur pays d’origine, même si celui-ci retrouvait une situation proche de celle d’avant la guerre en matière de sécurité.
    A Bruxelles, où la situation en Syrie est suivie heure par heure, il n’est pas question, à ce stade, de formuler des recommandations pour les Etats membres sur les retours des réfugiés syriens. « Nous estimons que la plupart des réfugiés syriens rêvent de rentrer dans leur pays, souligne Anouar Al Anouni, un porte-parole de la Commission. La situation actuelle du pays donne beaucoup d’espoirs à de nombreux Syriens, mais elle reste également pleine d’incertitudes. »
    En juillet, une dizaine d’Etats membres, dont l’Autriche, Malte et l’Italie, avaient réclamé que l’UE engage une normalisation des relations avec le gouvernement syrien, afin de pouvoir renvoyer des demandeurs d’asile vers certaines parties du territoire jugées sûres. Ils avaient même obtenu l’engagement de la nomination d’un envoyé spécial pour mener des discussions, en lien avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. « Avant d’évoquer la nomination d’un envoyé spécial, et vu la situation sur place, nous devons revoir sa fiche de poste. C’est un travail en cours », assure Paula Pinho, porte-parole de la Commission européenne. Depuis 2019, quelque 600 000 Syriens ont déposé une demande d’asile dans l’UE, selon les données de l’Agence de l’Union européenne pour l’asile. Parmi eux, de 80 % à 90 % ont obtenu satisfaction. Les principaux pays accueillant des réfugiés syriens ces dernières années sont l’Allemagne et l’Autriche.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#syrie#refugie#asile#HCR#retour#sante

  • En Tunisie, les procédures de demande d’asile suspendues jusqu’à nouvel ordre - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60868/en-tunisie-les-procedures-de-demande-dasile-suspendues-jusqua-nouvel-o

    En Tunisie, les procédures de demande d’asile suspendues jusqu’à nouvel ordre
    Par Julia Dumont Publié le : 29/10/2024
    Les procédures de demande d’asile gérées par l’agence des Nations unies pour les réfugiés sont suspendues en Tunisie depuis le mois de juin et jusqu’à nouvel ordre. Des centaines de migrants sont concernés.Du matin au soir, les journées d’Eric* ne sont faites que d’attente. Ce migrant de 17 ans, originaire d’Afrique centrale, est arrivé en Tunisie en septembre 2023 avec un objectif : obtenir une protection internationale et vivre en sécurité dans le pays. Mais depuis des mois, le système est à l’arrêt.
    Le jeune homme a déposé son dossier de demande d’asile en janvier 2024. Pendant quelques mois, il a reçu une aide financière du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR) pour se loger le temps que sa demande soit instruite. Mais l’aide s’est arrêtée en avril et depuis le début de l’été, la procédure de demande d’asile du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est suspendue.
    Désespéré, Eric appelle presque tous les jours les bureaux de l’agence onusienne. Et reçoit à chaque fois la même réponse : « La détermination du statut de réfugié est suspendue jusqu’à nouvel ordre ». Le jeune homme a enregistré un appel passé à l’agence le 5 septembre dernier et l’a transmis à InfoMigrants. On y entend une personne répéter cette phrase et assurer que cette suspension « n’est pas la décision du HCR ». Eric n’arrive pas à y croire. Lui qui a traversé la moitié du continent à 16 ans dans l’espoir de trouver un endroit où vivre en sécurité. « Tout mon problème est d’être protégé. Moi, je suis ici uniquement pour faire ma demande d’asile », plaide le jeune homme qui assure qu’il ne tentera pas de prendre la mer, de crainte d’y perdre la vie.
    Selon nos informations, les procédures de demande d’asile gérées par le HCR en Tunisie ont été suspendues au mois de juin à la demande des autorités tunisiennes. L’assistance destinée aux personnes déjà sous protection de l’agence ainsi que les activités destinées aux réfugiés sont maintenues en revanche.
    La Constitution tunisienne reconnait le droit d’asile politique et Tunis a ratifié la Convention de Genève de 1951. Un projet de loi sur le droit d’asile a même été préparé mais le texte n’a jamais été adopté, expliquait en février 2021 le média en ligne tunisien Nawaat. Sans arsenal législatif, les questions d’asile et de protection sont donc déléguées au HCR. « La reconnaissance du droit d’asile nécessite une refonte des lois sur les statuts des migrants, notamment en ce qui concerne le droit du travail, afin de faciliter leur intégration », avait, de son côté, indiqué Romdhane Ben Amor du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) à Nawaat.
    Les raisons précises de cette suspension ne sont pas connues. Mais ce nouvel obstacle dans le parcours d’asile s’inscrit dans la continuité de la répression du gouvernement tunisien envers les associations de défense des droits humains et des migrants dans le pays. En mai dernier, la présidente de l’association antiraciste Mnemty et l’ancienne présidente de la branche tunisienne de France Terre d’Asile ont été arrêtées et placées en garde à vue. Dans la presse, le président Kaïs Saïed s’en était alors pris à « des associations et des organisations » qui recevraient, selon lui, « des sommes astronomiques de l’étranger ». « Ces associations pleurnichent et versent des larmes dans les médias. La plupart de leurs responsables sont des traîtres et des mercenaires », avait-il chargé. Depuis, les associations se font discrètes et la plupart ont cessé leurs activités d’aide aux migrants, laissant les exilés encore plus démunis. Privé de l’aide financière qu’il touchait depuis le début de l’année, Eric a dû quitter en avril l’appartement qu’il louait et vit aujourd’hui à la rue à Tunis. « Toutes les associations ont été fermées, on n’a plus aucune assistance. On m’a mis dehors en avril parce que je n’avais plus les moyens de payer le loyer. Depuis je dors dehors, j’essaye de me mettre là où il n’y pas de jeunes qui vont m’attaquer », confie Eric. « Je ne sais pas ce que je vais faire. Tous les jours, je vais au café pour avoir une connexion internet, je ne fais rien d’autre », raconte le jeune homme qui réfléchit aujourd’hui à se rendre dans un autre pays.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#asile#droit#HCR#sante#routemigratoire#migrationirreguliere#humanitaire

  • Cate Blanchett et Filippo Grandi : « Sans nationalité, vous vivez dans la crainte d’être maltraité, arrêté, détenu et même expulsé du pays qui est le vôtre »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/16/cate-blanchett-et-filippo-grandi-sans-nationalite-vous-vivez-dans-la-crainte

    Cate Blanchett et Filippo Grandi : « Sans nationalité, vous vivez dans la crainte d’être maltraité, arrêté, détenu et même expulsé du pays qui est le vôtre »
    Une nouvelle alliance pour l’éradication de l’apatridie vient d’être lancée afin de lutter contre les inégalités des lois nationales fondées sur le sexe, l’appartenance ethnique, la religion ou la race, expliquent, dans une tribune au « Monde », l’actrice Cate Blanchett et le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
    Tribune : Imaginez que vous découvriez un jour que votre identité a été effacée, que votre passeport, votre permis de conduire, vos cartes bancaires, votre acte de naissance, tous les numéros et autres identifiants qui prouvent votre existence en tant que citoyen ont disparu. Vous ne pouvez pas décrocher un emploi ni posséder de compte bancaire, et les prestations de base ne vous sont pas accessibles puisque vous n’existez pas officiellement.
    Mais votre famille a besoin d’être nourrie, alors vous acceptez tout travail qui se présente à vous – irrégulier, mal payé, voire dangereux. Vous appelleriez bien un parent pour demander de l’aide, mais votre téléphone ne fonctionne pas parce que votre carte SIM a disparu. Aucune école n’a de trace de votre enfant, elle ne peut donc pas l’inscrire, et la porte de la classe se referme sur lui.
    Vous avez rencontré l’amour de votre vie ? Il se peut que vous ne puissiez même pas vous marier officiellement. Aucun médecin ne possède de dossier sur vous, si bien que, si vous êtes malade ou blessé, vous devez vous débrouiller seul. Sans nationalité et sans les droits qui en découlent, vous vivez dans la crainte d’être maltraité, arrêté, détenu et même expulsé du pays qui est le vôtre. Cela offre un aperçu de la situation des apatrides, même si, pour nombre d’entre eux, l’apatridie n’est pas un problème soudain mais une situation qu’ils endurent depuis leur naissance.
    Imaginez donc le calvaire de Tebogo Khoza, un jeune homme qui n’a jamais connu son père, a perdu sa mère de maladie et dont les grands-parents n’ont jamais eu de papiers d’identité parce que l’ancien régime d’apartheid sud-africain considérait que les non-Blancs n’en avaient pas besoin. Il a fallu une bataille de dix ans pour qu’il obtienne enfin, en 2023, à l’âge de 25 ans, un acte de naissance confirmant sa nationalité sud-africaine.
    Imaginez aussi comment Meepia Chumee, abandonnée bébé et élevée par des proches également apatrides, a lutté pendant des décennies pour accéder à un emploi formel, aux droits fondamentaux et aux services dans le nord de la Thaïlande. Ce n’est qu’à l’âge de 34 ans qu’elle a réussi à obtenir la nationalité thaïlandaise.
    Ce ne sont là que deux des histoires récemment mises en lumière par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce ne sont que deux des quelque 4,4 millions de personnes dans le monde qui sont déclarées apatrides ou de nationalité indéterminée. En réalité, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé ; on ne vous compte pas lorsque vous êtes invisible, et les données ne sont disponibles que pour environ la moitié des pays du monde.
    Les effets de l’apatridie sont pernicieux. Les apatrides ont le sentiment de vivre dans l’ombre, de n’appartenir à aucun pays. Et même s’il existe une solution toute prête – l’octroi de la nationalité –, le problème persiste. Dans un monde où tant de choses dépendent de notre reconnaissance en tant que citoyens, il s’agit d’une profonde injustice.
    Au cours de la dernière décennie, le HCR a mené une campagne baptisée #IBelong (#Jexiste) pour lutter contre l’apatridie. Au cours de cette période, plus de 565 900 apatrides ont acquis une nationalité. Par exemple, ces dernières années, le Kenya a accordé la nationalité aux membres des minorités makonde, shona et pemba.
    Le Kirghizistan a été le premier pays à résoudre tous les cas connus sur son territoire. Le Turkménistan est sur le point de devenir le deuxième pays à mettre fin à l’apatridie, et d’autres Etats d’Asie centrale lui emboîtent le pas. Le Vietnam s’est attaqué au problème de l’apatridie parmi les anciens réfugiés cambodgiens et les groupes ethniques minoritaires. De nombreux autres pays ont adopté des lois visant à garantir qu’aucun enfant ne naisse apatride.
    Pourtant, l’apatridie perdure. Elle peut résulter d’une discrimination délibérée fondée sur la race, l’appartenance ethnique, la religion, la langue ou le sexe. Les Rohingya par exemple, l’un des groupes les plus touchés, sont apatrides à la fois en Birmanie en raison d’une loi discriminatoire sur la citoyenneté, et à l’extérieur du pays, en tant que réfugiés.
    Vingt-quatre pays ne permettent toujours pas aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants sur un pied d’égalité avec les hommes. Par conséquent, les enfants peuvent se retrouver apatrides lorsque les pères sont inconnus, disparus ou morts, ce qui ajoute une nouvelle injustice à la discrimination fondée sur le genre.
    Parfois, les causes sont moins malignes – par exemple parce que les lois sur la nationalité ne garantissent pas que personne ne devienne apatride, ou en raison d’obstacles bureaucratiques qui rendent difficile ou impossible l’acquisition ou la preuve de la citoyenneté ou l’enregistrement d’une naissance.
    Mais il existe des mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises. De nombreux pays doivent encore mettre en œuvre des réformes qui permettraient de conférer une nationalité aux apatrides et de prévenir l’apatridie chez les enfants. Malgré plusieurs adhésions récentes, moins de la moitié des Etats membres des Nations unies sont parties aux conventions de 1954 et 1961 sur l’apatridie. Des millions d’enfants ne sont toujours pas enregistrés à la naissance, ce qui accroît le risque d’apatridie.
    La nécessité d’agir est plus urgente que jamais. C’est pourquoi nous avons créé l’Alliance mondiale pour mettre fin à l’apatridie, lancée le 14 octobre, qui réunira des Etats, des agences des Nations unies, des représentants de la société civile, des organisations dirigées par des apatrides et bien d’autres pour travailler ensemble et partager les bonnes pratiques, s’appuyer sur les meilleurs moyens de prévenir et de résoudre l’apatridie, encourager les réformes politiques et juridiques, et donner une voix aux apatrides.
    Il ne s’agit pas seulement pour ces personnes de pouvoir gérer leur quotidien, mais il est avant tout question de répondre à un besoin fondamental d’appartenance. Il s’agit d’être reconnu et de se voir accorder les droits dus à chaque citoyen. Rien ne justifie l’apatridie, et les solutions sont à notre portée. Il s’agit d’un problème créé par l’homme et que nous devons éradiquer – pour de bon.

    #Covid-19#migrant#migration#HCR#apatride#droit#citoyennete#femme#mineur#sante

  • The Brief – Solidarity replaced by calls for tougher measures in EU migration debate

    The trend appears to include the entire political spectrum, from far-right figures like Geert Wilders to progressive leaders like Olaf Scholz.

    “Since 2015 everyone said that I am an idiot or evil to have this point of view. But at the end of the day everyone is going to agree with me in the end," said Viktor Orbán in Strasbourg last week.

    The Hungarian prime minister’s words are starting to sound more like a prophecy, as we witness a significant shift in how leaders approach and discuss migration policies in the EU.

    The trend appears to encompass the entire political spectrum. From growing calls to opt out of migration policies, led by far-right figures like Geert Wilders in the Netherlands and Viktor Orbán in Hungary, to progressive leaders such as German Chancellor Olaf Scholz, and even from outside the EU, UK Prime Minister Keir Starmer, showing interest in Italy’s controversial offshore migration deal with Albania.

    Questions persist over what drove this shift in the EU’s migration narrative, as the focus on solidarity, responsibility sharing and unity has now been replaced by member states advocating for tougher measures.

    The EU’s migration debate now focuses almost exclusively on combating smugglers, addressing instrumentalisation, tightening border controls, and reinforcing the external dimension of migration.

    Externalisation efforts ramped up following the 2015 migration crisis, which highlighted the weaknesses of the EU’s asylum system and exacerbated internal divisions. This crisis underscored the need for a unified and integrated approach across the Union.

    “This is also a long-term trend,” said #Giuseppe_Campesi, Associate Professor in Law and Society at the Department of Political Sciences of the University of Bari. “Starting with the agreement with Turkey, then the strengthened collaboration between Italy and Tunisia, and now the European Union’s partnership with Tunisia,” he added.

    After the 2015 crisis, the EU has actively pursued reforms to promote a more integrated migration strategy.

    After all, as the most quoted saying of founding father Jean Monnet goes, “Europe will be forged in crisis” and will be the “sum of the solutions adopted for those crises.”

    In May 2020, the newly established von der Leyen Commission announced its plan to introduce the New Pact on Migration and Asylum, which was ultimately approved in April this year amid considerable criticism from both governments and NGOs.

    But it seemed that lessons were learned when, in 2022, following Russia’s invasion of Ukraine, the Council unanimously adopted a resolution to activate the Temporary Protection Directive (TPD), reviving the long-dormant “sleeping beauty” of the EU asylum system to welcome Ukrainians fleeing the conflict.

    Two years later, however, the Ukrainian crisis stands as a unique circumstance that did not indicate a shift in the European Union’s strategy, especially as the political discourse surrounding migration becomes harsher.

    On the eve of the October European Council, which is expected to focus on migration, the push for a stricter migration policy is more evident than ever.

    The Commission’s letter sent to member states on Monday (October 14) outlines plans for innovative strategies to combat illegal migration, explicitly mentioning the “development of #return_hubs outside the EU.”

    In the approved New Pact, “the idea of containment at the border is very strong, particularly the concept of mandatory border procedures involving detention,” Campesi said.

    The new rules will affect border infrastructure by necessitating the establishment of detention centres, imposing significant costs on the countries of first arrival.

    “Until now, border procedures existed, but they were not mandatory and did not necessarily involve detention. However, that will no longer be the case,” he added.

    The letter sent by the Commission also references the “Italy-Albania protocol,” as the EU “will also be able to draw lessons from this experience in practice,” further normalising the offshore model, that now represents a practice from which the EU can learn and potentially expand.

    Just last year, former Council of Europe Commissioner for Human Rights Dunja Mijatović highlighted some controversial aspects of the pact, stating that it raises concerns for human rights “and adds to a worrying European trend towards the externalisation of asylum responsibilities.”

    “It seems that Italy is partially preparing for the implementation of new rules on border asylum procedures and returns, which have yet to be approved but are set to take effect in 2026,” Campesi added.

    https://www.euractiv.com/section/politics/opinion/the-brief-solidarity-replaced-by-calls-for-tougher-measures-in-eu-migratio

    #procédure_à_la_frontière #frontières #migrations #réfugiés #asile #pacte #pacte_européen #enfermement #détention #rétention #centres_de_retour #externalisation #modèle_albanais

    ping @karine4
    –-

    ajouté au fil de discussion:
    Procedura di frontiera: dall’UE arrivano le quote massime per ciascun Paese
    https://seenthis.net/messages/1067127

    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile:
    https://seenthis.net/messages/1019088

    • Migration : les Européens à la recherche de solutions « innovantes »

      Il faut mettre en place des solutions innovantes pour faire baisser le nombre d’entrées illégales sur le territoire européen. Cette demande se fait de plus en plus pressante aux quatre coins de l’Union européenne. Et qu’importe si de récentes études universitaires comme le projet MIRREM (Measuring Irregular Migration) tendent à démontrer que le nombre d’étrangers en situation irrégulière dans l’UE reste stable depuis 2008 (environ 1% de la population de l’UE), les États membres veulent rajouter des briques dans la forteresse Europe.
      Une pression politique de plus en plus forte

      La pression politique est forte. La poussée de l’extrême droite dans les urnes en France, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas… donne des sueurs froides aux dirigeants européens. C’est dans ce contexte que le 15 mai dernier, une quinzaine d’États membres de l’UE a demandé à la Commission européenne « d’identifier, d’élaborer et de proposer de nouveaux moyens et des solutions innovantes pour prévenir l’immigration irrégulière en Europe ». Une initiative lancée par le Danemark rejoint par l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Italie, La Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. L’annonce avait initialement été accueillie avec un certain scepticisme « Je ne voudrais pas faire partie d’une solution innovante » avait lancé un diplomate européen à ses collègues.

      Aujourd’hui, la donne a changé. L’atmosphère politique s’est tendue. L’Allemagne rétablit les contrôles à ses frontières, les Pays Bas veulent se retirer de la politique d’asile et de migration européenne, la France veut augmenter le nombre d’expulsions… C’est ainsi que les solutions innovantes se sont officiellement retrouvées à l’ordre du jour de la réunion des 27 ministres de l’intérieur ce jeudi à Luxembourg.
      Un concept encore très flou

      Le concept reste encore assez flou mais la plupart des appels vers des solutions innovantes semblent aller dans le sens de la mise en place de « hubs de retour ». Des centres situés hors du territoire de l’Union européenne et vers lesquels seraient renvoyés des migrants en situation irrégulière.

      Ces « hubs » s’inspireraient largement de l’accord passé par le gouvernement de Giorgia Meloni avec l’Albanie où deux centres doivent recevoir les migrants arrêtés dans les eaux italiennes. Ils rappellent aussi le projet (désormais abandonné par Londres) d’expulser au Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume Uni.

      Le flou du projet européen devrait se dissiper sous peu. La Hongrie qui préside le Conseil des ministres de l’Union européenne a promis des initiatives concrètes lors d’une prochaine réunion des 27 ministres de l’intérieur de l’UE. Les solutions innovantes commencent à prendre la forme d’une politique de découragement de l’immigration vers l’Europe et il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour s’en émouvoir.
      La solution innovante alternative de l’Espagne

      Seule l’Espagne prend le contrepied de la majorité des États membres. Depuis des mois, le pays fait face à une hausse des arrivées de migrants illégaux aux îles Canaries. Malgré cette pression, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez prône une approche ouverte. Et pour lui, ce n’est pas juste une question morale. « L’immigration n’est pas qu’une question d’humanité, même si serait déjà suffisant en soi. Elle est, en plus, nécessaire pour la prospérité de notre économie et le maintien de notre bien-être » a déclaré ce mercredi le chef du gouvernement espagnol.

      Pour défendre sa vision, Pedro Sanchez pointe la place qu’occupent déjà les migrants dans l’économie de son pays. Ils représenteraient déjà 25 à 50% des travailleurs dans le secteur de l’hôtellerie, de l’agriculture ou de la construction. Le Premier ministre souligne aussi les difficultés de recrutement auxquelles les entreprises ibériques font face.

      « Aujourd’hui, plus de la moitié des entreprises espagnoles font état de difficultés pour trouver de la main-d’œuvre et le nombre de postes vacants non pourvus dépasse déjà les 150.000, a-t-il détaillé. Il s’agit d’un niveau record qui, si nous n’agissons pas, se multipliera au cours des prochaines décennies ». Dans la foulée, le chef du gouvernement espagnol a annoncé une réforme de l’accueil des migrants pour éliminer les procédures bureaucratiques inutiles et faciliter leur intégration.
      Avancer la mise en œuvre du pacte européen sur l’asile et la migration

      Pourtant comme les autres Européens, les Espagnols se disent de plus en plus inquiets face à la migration. Selon un sondage publié mardi par le quotidien El Pais, 57% d’entre eux estiment qu’il y a trop d’immigrés dans leur pays et 41% se disent « préoccupés » face à l’immigration, soit 16 points de plus qu’il y a un an et demi.

      Mais face à cette inquiétude Pedro Sanchez refuse la course à l’échalote. Pour lui, les « hubs de retour » ne sont que de la poudre aux yeux. Sa solution innovante, il préfère aller la chercher dans ce qui a déjà été approuvé par les 27 États membres. Le Premier ministre espagnol voudrait avancer d’un an, soit dès l’été prochain, l’entrée en vigueur du pacte européen sur l’asile et la migration. Nul besoin de solution innovante. Tout ce dont les Européens ont besoin y figure déjà : un renforcement des frontières extérieures de l’Union et surtout un mécanisme de solidarité avec les pays qui, comme l’Espagne, sont sous pression migratoire.

      https://www.rtbf.be/article/migration-les-europeens-a-la-recherche-de-solutions-innovantes-11447499

      #innovation

    • UN refugee agency endorses EU ‘#return_hubs’ — but with conditions

      The UN refugee agency (UNHCR) says EU ’return hubs’ in foreign countries may work as an incentive for rejected asylum seekers in Europe to go home.

      The concept aims to forcibly send failed asylum seekers in the EU, who refuse to leave, to centres abroad before final repatriation later on.

      “UNHCR gives preference to voluntary returns,” Jean-Nicolas Beuze, the agency’s representative in Brussels, told EUobserver earlier this week.

      But he also said \"return hubs can work as an incentive for rejected asylum seekers to go back home, because they are no longer on European soil."

      Coupled with reintegration and assistance once back home, the EU would also need to be involved to ensure conditions at the centres are up to human right standards, he said.

      “People should have access to adequate health facilities, education and so on and so forth, pending the time they are able or willing to return to their country of origin” he said.

      The UNHCR has not been consulted on any specific country where return hubs could be located. Instead, Beuze said they are talking with the EU Commission to ensure the centres would “be legally viable in line with international and eventually European law.”

      Asked why foreign-based centres could expedite forced returns when member states are unable to do it themselves, Beuze said there is a belief that the host nation could facilitate communication between the EU and the country of origin.

      “I think that there’s some belief that by having this staged approach, it will give more time for a deal to be made with the receiving country,\” he said.

      ’Catastrophic human cost’

      However, the issue has generated alarm among civil society, which warn similar efforts have either failed to deliver or have been corrupted by massive human rights violations.

      “Every time this kind of scheme has been attempted, it has had a truly catastrophic human cost,” said Olivia Sundberg Diez of Amnesty International.

      “From our perspective, these are not humane. These are not sustainable or even feasible examples to follow,” she said, noting the enormous financial and human costs.

      Unlike return hubs, Italy’s deal aims to process asylum claims of people rescued on the high seas at centres in Albania under Italian jurisdiction.

      But it is also set to cost €670m, or possibly more, over the next five years. And an initial batch of people disembarked at the centres were eventually returned to Italy, following a Rome court decision.

      A UK plan with Rwanda to send asylum seekers arriving on British shores to the central African nation reportedly cost over €800m. The scheme, now scrapped by the new Labour government, managed to send only four people who had volunteered after being offered over €3,000 each

      Australia’s decade-old efforts to offshore people to Nauru, a remote small pacific island, or Papua New Guinea, has led to riots, hunger strikes and suicides

      Whatever the stakes, the current European Commission appears determined to explore such ideas amid pressure from member states to curtail asylum arrivals.

      European Commission president Ursula von der Leyen has tasked commissioner-designate Magnus Brunner, among others, for the task.

      The Austrian national and finance minister is set to become the European Commissioner for internal affairs.

      Brunner made no mention of return hubs in his letter ahead of the hearing with the European Parliament next week, but instead referenced future legislation on returns.

      https://euobserver.com/migration/ar9f2c375e
      #HCR

    • ‘Return hubs’ possible under new EU rules

      The new regulation, seen by Euractiv, is expected to introduce tougher migration rules and facilitate the creation of return hubs.

      The Commission is “aiming to make it possible” for member states to explore innovative ideas, including “return hubs,” in new legislation set to be unveiled today.

      The EU’s new return rules – the so-called “missing piece” of the asylum and migration system – are set to be unveiled during Parliament’s plenary session in Strasbourg today. The new legislation will replace the existing directive, which has been in place since 2008.

      The new text, which as Euractiv previously reported is set to be a regulation, will be directly applicable and binding in all member states, bypassing the need for national implementation.
      The draft regulation seen by Euractiv paves the way for the EU to establish controversial “return hubs” – dedicated deportation centers outside the bloc.
      “I aim to make it possible for member states to think about new, innovative ideas, including return hubs,” EU Commission chief Magnus Brunner said during a closed-door briefing on Monday.

      The issue has been under EU-level discussion for months, with Commission President von der Leyen raising the concept in a letter to member states last October, calling for further exploration.

      The new proposal will outline three return scenarios for individuals: their country of origin, the country they transited from, or a country with a “return hub” agreement with an EU member state, the draft reads.

      According to Brunner, the issue of returns is “existential”. “We try to give people the feeling that they have control over what is happening in Europe”, the Commissioner said. He stressed that if the democratic center parties do not address the issue, “we will lose the trust of our citizens altogether.”
      A unified EU system and harsher rules
      The new rules aim to create a unified return system across member states, addressing inconsistencies in rule interpretation to tackle the EU’s low return rates.

      “Four out of five people with a return decision remain in the European Union,” Brunner said. “That’s not acceptable.”

      As announced by EU Commission President on Sunday, the regulation will propose a new “European return order,” and mutual recognition of return decisions among member states. However the draft says this mutual recognition will not be mandatory.

      The new proposal will introduce tougher rules for individuals with a return decision, particularly those considered security threats. Detention grounds should be expanded to address the risk of absconding, with a possible detention period of up to 24 months. For those deemed security risks, detention is expected to last as long as a judge deems necessary following assessment.

      Entry bans, previously capped at 5 years, could now extend to 10 years, with high-risk individuals facing bans of up to 20 years. The proposal will also introduce new obligations for returnees and removes the fixed 7 to 30-day voluntary departure period, giving member states control over deadlines.

      The text could also pave the way for a broader role for the EU Border Agency Frontex in returns, to be addressed in a future regulatory reshuffle. “We are working on that,” Brunner said.

      European Commission President Ursula von der Leyen’s second-term agenda includes tripling the European Border and Coast Guard to 30,000, a move that will require a major regulatory overhaul.
      The new text forms part of a broader push for stricter rules. The EU migration chief has confirmed plans to fast-track the safe third country review under the new Pact of Migration.

      Last week, the Commission also confirmed that an EU safe country of origin list is in the making, set for completion before June.

      Euractiv has previously reported that the Commission was consulting member states to accelerate the review to March instead of June.

      https://www.euractiv.com/section/politics/news/return-hubs-possible-under-new-eu-rules

    • Le Royaume-Uni envisage des « centres de retour » pour migrants hors de ses frontières

      En déplacement en #Albanie, le Premier ministre britannique #Keir_Starmer a évoqué avoir entamé des discussions pour créer, hors du Royaume-Uni, des « centres de retour » pour les demandeurs d’asile déboutés. Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste multiplie les annonces visant à lutter contre l’immigration irrégulière.

      https://seenthis.net/messages/1116344

  • #Évacuations de #Libye : l’interminable #attente des migrants dans le #centre_de_transit de #Gashora au #Rwanda

    Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise. Reportage.

    « Ne vous inquiétez pas, je vous trouverai », nous a assuré Irshad au téléphone alors que nous descendions du minibus au carrefour principal de Gashora, une petite ville située à 40 km au sud-est de Kigali, au Rwanda. Le jeune homme, de nationalité soudanaise, nous a rapidement fait signe en venant à notre rencontre sur la seule route bitumée de la ville. « Vous avez de la chance d’être venus maintenant, la route est enfin construite », sourit-il. « Elle est moins cahoteuse ».

    Irshad est l’un des 600 réfugiés du centre de transit de Gashora, qui accueille les migrants évacués de Libye dans le cadre d’un programme onusien appelé « #Mécanisme_de_transit_d'urgence » (#ETM). Mis en place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (#HCR) en 2019, ce programme vise à évacuer les publics vulnérables des centres de détention libyens, de les installer dans le centre rwandais, puis de les transférer dans un pays occidental – où leur dossier d’asile est accepté. ETM prévoit aussi la possibilité de rentrer dans son pays d’origine ou même de rester au Rwanda.

    Sur la route principale de Gashora, ville située dans une région pauvre et encore meurtrie par le génocide d’il y a 30 ans, le revêtement de bitume a lui aussi été financé par le HCR. Nous marchons sur l’asphalte avec Irshad avant d’arriver devant la porte du #centre_de_transit. Le jeune homme nous invite à le suivre à l’étage d’un des bâtiments, dans une cafeteria avec vue sur la route flambant neuve. Nous apprenons qu’il s’agit du seul endroit à Gashora où les demandeurs d’asile du centre se retrouvent pour discuter et tuer le temps. Murs bleu turquoise et chaises en paille. Contrairement aux autres cafés du village, celui-ci ne sert pas de bière. « Et le cuisinier est érythréen », précise Irshad, nous faisant comprendre que la nourriture est bien meilleure ici que dans le reste du village.
    « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis »

    Le centre de Gashora est perçu par le HCR comme une réponse à la crise libyenne. Il permet dans le cadre du programme ETM d’offrir aux réfugiés un temps de répit au Rwanda avant de partir vers un pays tiers. Irshad, originaire du Darfour, attend cette fameuse réinstallation. Mais son transfert temporaire à Gashora s’est transformé en une attente permanente.

    Il pensait pourtant que quitter le Rwanda ne serait qu’une question de temps. « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis », explique-t-il. Un jeune Érythréen assis à côté de lui, dans le café, doit quitter Gashora le jour même. Sa demande d’asile a été acceptée en France.

    Mais pour Irshad, rien. Depuis son arrivée en 2022 au centre, il n’a toujours pas été « accepté » par un pays tiers. Sa demande de #réinstallation au Canada pour rejoindre sa sœur a été refusée il y a quelques mois. On ne lui a pas donné de raison, ni offert la possibilité de faire appel de la décision.

    Les pays tiers peuvent, en effet, refuser certains dossiers. Les demandeurs d’asile doivent alors recommencer les procédures à zéro, depuis le Rwanda, et déposer un nouveau dossier de réinstallation vers un autre État. Cela peut prendre des mois voire des années.

    « Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle ma demande vers le Canada a été refusée. Je vais devoir faire un nouveau dossier ailleurs, et cela risque de prendre des années […] Des demandeurs d’asile se trouvent à Gashora depuis l’ouverture de l’ETM en 2019 […] Ils essuient refus sur refus et n’ont d’autre choix que d’attendre et de continuer à déposer des demandes », continue le Soudanais.

    Un parcours du combattant déploré par les ONG. « En théorie, les gens ne sont pas censés rester plus de six mois, ici. Ceux qui sont orientés vers Gashora sont des personnes vulnérables et qui devraient avoir de fortes chances d’obtenir le statut de réfugié », explique R.S., un responsable d’une ONG internationale, sous couvert d’anonymat.

    L’enfer libyen

    Irshad a hâte de rejoindre un pays occidental et de laisser les traumatismes de son exil derrière lui. Le jeune Soudanais raconte son histoire, semblable à mille autres avant lui : il a rejoint la Libye avec son grand frère en 2018 avant d’être brutalement séparé de lui. « Nous sommes montés dans deux embarcations différentes pour rejoindre l’Europe. La sienne a rejoint l’Italie, la mienne a été interceptée par les gardes-côtes libyens », explique-t-il. Irshad réessaiera sept fois la traversée, en vain.

    Chacune des interceptions en mer l’a conduit en prison. En Libye, les autorités envoient automatiquement les migrants arrêtés en Méditerranée dans des centres de détention – où les exactions, les tortures, les viols sont légion. « Vous ne quittez la prison que si vous payez. Si vous ne pouvez pas payer, ils vous forcent à travailler. Vous devez essayer de rester en vie jusqu’à ce que quelqu’un paie pour vous ou qu’ils vous laissent partir », détaille-t-il en référence aux gardiens – ou aux milices - qui gèrent ces géôles libyennes.

    Autour de nous, d’autres personnes prennent des chaises et s’installent à notre table. Ce sont des amis d’Irshad, ils sont originaires d’Érythrée, de Somalie du Soudan : ils se sont tous rencontrés à Gashora. Ils se joignent à la conversation. Leurs témoignages sur les mois passés en Libye font écho à l’histoire d’Irshad. Certains montrent les cicatrices laissées par les tortures qu’ils ont subies en détention, des marques luisantes sur leurs bras, leurs jambes et leur dos.

    C’est aussi pour tenter de rompre ce cycle de violences que l’ONU a ouvert le centre de transit de Gashora. « J’ai accepté le programme du HCR parce que tout est mieux que d’être en Libye », continue Irshad. « Mais je ne savais pas que je resterais coincé ici pendant des années ».

    « Il ne fait aucun doute qu’il vaut mieux être transféré au Rwanda que de rester en détention en Libye », explique de son côté l’humanitaire R.S. « Mais l’ETM n’est pas la solution miracle. C’est un moyen d’essayer de répondre en urgence à la situation dramatique qui prévaut en Libye. Mais ce n’est pas un exemple à suivre ». Sans compter que le centre de Gashora ne compte que 600 places. L’ONU estimait en décembre 2023 que le nombre de migrants en Libye dépassait les 700 000.

    Le Rwanda, une alternative fiable pour les Européens

    Aujourd’hui, de nombreux pays de l’Union européenne (UE) considèrent le Rwanda comme un partenaire potentiel dans leur politique migratoire - alors même que le régime de Paul Kagame fait l’objet d’une surveillance internationale pour ses atteintes aux droits de l’Homme.

    En juillet dernier, le nouveau Premier ministre travailliste du Royaume-Uni, Keir Starmer, a mis fin au controversé « Plan Rwanda » qui prévoyait d’envoyer les migrants arrivés illégalement par « small boats » au Rwanda. Malgré l’échec de cet accord, l’externalisation de l’asile vers des pays tiers est toujours une option envisagée par de nombreux États membres de l’UE. L’Italie, par exemple, construit actuellement deux centres de détention en Albanie pour traiter les demandes d’asile des personnes secourues en mer.

    En mai dernier, les ministres de l’Intérieur de 15 États membres de l’UE ont même signé une lettre adressée à Ylva Johansson, alors commissaire européenne aux Affaires intérieures, décrivant l’externalisation de l’asile vers des « pays tiers sûrs » comme une solution à la migration irrégulière. Ils ont également cité l’ETM comme un modèle de « solution durable ».

    Mais le pays plait-il vraiment aux exilés ? Bien que le programme ETM offre la possibilité d’un séjour permanent au Rwanda, aucune des 2 000 personnes passées par Gashora n’a choisi d’y rester. « Personne ne veut rester au Rwanda », déclare Irshad, en regardant ses camarades. « Ce n’est pas parce que le Rwanda n’est pas sûr », poursuit-il. « Le Rwanda est très sûr si vous ne créez pas d’ennuis. Le problème, c’est qu’on n’a aucune certitude. Quelles garanties avons-nous que nous ne serons pas renvoyés au Soudan ? »
    "Pas de travail au Rwanda"

    L’autre obstacle réside dans le manque de perspectives professionnelles et économiques. « Il n’y a pas de travail pour les réfugiés au Rwanda. C’est un fait », affirme Irshad.

    Les demandeurs d’asile du camp de Gashora ne sont pas autorisés à travailler, même si nombre d’entre eux se rendent dans les villes voisines et arrondissent l’allocation hebdomadaire qui leur est versée en travaillant au noir. "Vous savez combien je touche pour une journée de travail à Kigali ? demande Irshad. « 2 000 francs rwandais [environ 1,5 dollar américain]. Ici, un paquet de cigarettes coûte 1 500 francs rwandais. Comment pouvez-vous survivre ainsi ? »

    « Je suis reconnaissant [envers l’ONU et le Rwanda] de m’avoir permis de quitter la Libye. Mais faire venir des migrants depuis l’Europe jusqu’ici pour traiter leur demande d’asile, c’est une très mauvaise idée. Les Rwandais ont du mal à trouver du travail. Comment peut-on s’attendre à ce que des réfugiés traumatisés par l’exil, qui ne connaissent pas le pays, ne parlent pas la langue puissent le faire ? »

    https://www.infomigrants.net/fr/post/60501/evacuations-de-libye--linterminable-attente-des-migrants-dans-le-centr

    ping @karine4 @_kg_

    • Citation :

      Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise.

      Voilà un nouveau mot à ajouter à la liste de #mots pour désigner les personnes en migration : « évacués »
      –—

      ajouté à la métaliste sur les mots de la migration :
      https://seenthis.net/messages/414225
      #vocabulaire #terminologie #mots

  • Le HCR rappelle que les migrants « ne peuvent pas être pénalisés pour entrée irrégulière » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60331/le-hcr-rappelle-que-les-migrants-ne-peuvent-pas-etre-penalises-pour-en

    Le HCR rappelle que les migrants « ne peuvent pas être pénalisés pour entrée irrégulière »
    Par La rédaction Publié le : 03/10/2024
    Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés a mis à jour les règles qui régissent la Convention de Genève. L’agence onusienne rappelle que les États « ont l’interdiction de pénaliser les demandeurs d’asile et les réfugiés au seul motif qu’ils sont entrés irrégulièrement dans un pays ». Le HCR estime nécessaire cette mise au point « à un moment où les obstacles juridiques et pratiques à l’accès à l’asile se multiplient »
    Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a publié, vendredi 27 septembre, sa dernière mise à jour concernant les règles qui régissent la Convention de Genève de 1951. Ratifié par 145 États, ce texte « énonce les droits des personnes déracinées, ainsi que les obligations juridiques des États pour assurer leur protection ». Dans son actualisation de la Convention, l’agence onusienne rappelle leurs obligations aux États, notamment sur leur manière de « traiter les demandeurs d’asile qui arrivent à leurs frontières de manière irrégulière ».En vertu de ce document, les États « ont l’interdiction de pénaliser les demandeurs d’asile et les réfugiés au seul motif qu’ils sont entrés irrégulièrement dans un pays », insiste le HCR. Pour ne pas être criminalisés, les migrants doivent respecter trois conditions : arriver directement d’un pays où leur vie est en danger, déposer sans délai un dossier d’asile dans le pays d’arrivée et présenter des « raisons valables » qui justifient leur entrée irrégulière.
    Si ces trois critères sont réunis, les exilés « ne peuvent pas être détenus, y compris à des fins de dissuasion, au motif qu’ils sont entrés irrégulièrement ». Plusieurs pays européens enferment des migrants de certaines nationalités à leur arrivée. C’est le cas par exemple de l’Italie qui a signé un décret en novembre 2023 – le décret Cutro 2 – révisant la liste des pays considérés comme « sûrs », à savoir la Tunisie, le Nigeria, l’Algérie, le Sénégal, le Maroc, la Côte d’Ivoire ou encore la Gambie. Rome a demandé que les demandeurs d’asile originaires de ces nations soient envoyés « automatiquement en détention ».
    Début juillet, l’ONG Amnesty International dénonçait dans un rapport le placement abusif de ces migrants en centre de rétention fermés, appelés CPR, en Italie. L’enquête insistait notamment sur le sort des ressortissants tunisiens, régulièrement envoyés dans ces lieux de privation de liberté, en vue d’une expulsion, malgré le dépôt d’un dossier d’asile.En Grèce aussi, les exilés qui atteignent l’île de Samos sont enfermés dans une partie du centre d’accueil pour une durée maximum de 25 jours en attendant leur identification.
    Le HCR a également ajusté les règles sur « la question de la pénalisation liée au trafic d’êtres humains ». « Les réfugiés ne peuvent pas être pénalisés s’ils sont soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’organisation, l’aide ou la facilitation de leur entrée irrégulière ou celle d’autres personnes » s’ils ont pris ces « mesures pour assurer leur entrée, celle de leur famille ou d’autres personnes pour des raisons humanitaires », insiste l’agence onusienne.
    « Le concept de non-pénalisation (…) est souvent mal compris ou délibérément enfreint dans la pratique, certains États imposant des sanctions aux réfugiés et aux demandeurs d’asile en cas d’entrée ou de présence illégale », déplore le HCR. En Grèce, en Espagne ou encore au Royaume-Uni, les conducteurs des canots sont souvent considérés comme des passeurs et placés en détention.
    L’an dernier, un pêcheur âgé de 45 ans, a été condamné en Crète à 280 années d’emprisonnement pour trafic d’êtres humains. Il avait, en novembre 2022, conduit le bateau sur lequel se trouvaient près de 500 exilés qui tentaient de rejoindre l’Europe. Cette affaire n’est pas un cas isolé : près de 2 000 demandeurs d’asile croupissent dans les geôles grecques pour des accusations similaires.
    D’après un rapport daté de 2020 écrit par plusieurs ONG, les demandeurs d’asile condamnés pour trafic d’êtres humains représentaient la deuxième plus grande catégorie de détenus en Grèce. Le HCR signale que ces « principes directeurs sont publiés dans l’objectif de promouvoir une application cohérente du droit international, à un moment où les obstacles juridiques et pratiques à l’accès à l’asile se multiplient ». L’ONU rappelle par ailleurs « à toutes fins utiles que le fait de demander d’asile n’est pas un acte criminel, mais une mesure de survie et un droit fondamental ».

    #Covid-19#migrant#migration#HCR#asile#droit#trafic#detention#retention#sante

  • Il ruolo dell’#Unhcr nei centri in Albania, tra le “lettere” con il governo e le vittime di tratta

    Non c’è alcun protocollo siglato dal ministero dell’Interno ma uno scambio epistolare, ottenuto da Altreconomia, in cui si definisce l’intervento che l’Agenzia Onu per i rifugiati dovrebbe svolgere nelle contestate strutture per migranti di #Shëngjin e #Gjadër. “Era doverosa la nostra presenza”, spiega Chiara Cardoletti dell’Unhcr. Resta però il punto estremamente critico delle persone “vulnerabili”

    Nessun protocollo, solo uno “scambio di lettere”. La presenza del personale dell’Alto commissariato delle Nazioni Unite per i rifugiati (Unhcr) nei centri per migranti di Shëngjin e Gjadër in Albania si basa su una semplice dichiarazione di intenti “in assenza di una formale stipula d’accordo”.

    Scrive così il ministero dell’Interno rispondendo alla richiesta di Altreconomia di poter visionare la documentazione relativa al ruolo che l’Unhcr rivestirà nell’ambito dell’accordo tra Roma e Tirana.

    “Non è stato siglato un protocollo perché l’Unhcr non fa parte dell’accordo Italia-Albania -spiega ad Altreconomia Chiara Cardoletti, Rappresentante per l’Italia, la Santa Sede e San Marino dell’agenzia Onu per i rifugiati-. Dopo aver ricevuto chiarimenti su alcuni aspetti del Protocollo anche in sede parlamentare, alla luce di incontri durante i quali il governo ha ribadito la forte volontà che questo sia in linea con il diritto e gli standard internazionali, si è ritenuto più opportuno procedere con uno scambio di lettere con il ministero dell’Interno per definire le nostre funzioni”.

    Proprio a firma di Cardoletti è la lettera inviata il 7 agosto al ministero dell’Interno e ottenuta da Altreconomia. L’Unhcr esprime “gratitudine per l’invito esteso dal Governo italiano” che permette di “contribuire alla protezione delle persone coinvolte nell’attuazione del Protocollo”. Osserva in apertura che qualsiasi accordo tra Stati relativo alle persone soccorse o intercettate al mare “deve essere conforme al diritto internazionale dei rifugiati, ai diritti umani nonché agli standard di protezione”.

    Molti giuristi ritengono che lo stesso protocollo violi il diritto internazionale ma Cardoletti, a nostra specifica richiesta, ha risposto che “molto dipenderà da come questo protocollo verrà implementato e proprio per questo consideriamo importante il nostro ruolo di monitoraggio”.

    Che cosa farà l’Unhcr? Nelle lettere si indica attività di monitoraggio e di counselling attraverso personale qualificato dell’Agenzia che sarà presente sia sulla “nave hub” che trasferirà i migranti verso il territorio albanese così come nei centri di Shëngjin e Gjadër in Albania “e in qualsiasi altra località che possa diventare rilevante nell’attuazione del Protocollo in questione”. Non è chiaro, in questa frase, a quale struttura si riferisca l’Alto commissariato.

    Il governo italiano, dal canto suo, dovrà condividere regolarmente “tutte le informazioni pertinenti” inclusi “i dati statistici relativi all’attuazione del Protocollo”. L’intervento è previsto per un periodo di tre mesi dalla data in cui questo diventerà operativo e l’Unhcr si riserva il diritto “a sua completa discrezione, di ritirarsi da questa intesa in qualsiasi momento” in caso diventi necessario “per motivi operativi, gestionali o di altra natura”.

    L’Alto commissariato fornirà a Roma “osservazioni e raccomandazioni” che contribuiranno “ove necessario” a promuovere l’adesione al diritto internazionale e agli standard pertinenti” nell’attuazione del Protocollo.

    La risposta da Roma non si fa attendere. E il 12 agosto la prefetta Laura Lega, a capo del Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione, sottolinea che la presenza di Unhcr “costituirà un sicuro valore aggiunto per l’attuazione del Protocollo” che si pone come obiettivo quello di sviluppare “un innovativo modello di gestione dei flussi migratori nel pieno rispetto del diritto e degli standard internazionali”.

    A proposito di tali garanzie c’è un altro punto delicato. Come raccontato da Altreconomia è prevista infatti la possibilità di trasferire anche i cosiddetti “vulnerabili” -citati tra l’altro anche dall’Unhcr nella sua lettera- viste le attività garantite dalla Medihospes Albania Srl proprio per questa tipologia di persone.

    “Abbiamo ricevuto garanzie e rassicurazione su questo punto di vista e il Protocollo prevede, in ogni modo che le persone vulnerabili siano portate in Italia”, sottolinea Cardoletti che però specifica che non sarà compito dell’Unhcr “identificare le vulnerabilità che spetta ai soggetti attuatori del protocollo, quindi alle autorità”, aggiungendo che l’Agenzia sarà pronta “a intervenire se le necessità o i diritti dei vulnerabili non saranno garantiti”.

    Questo è un punto molto scivoloso, fa notare Maria Grazia Giammarinaro, già magistrata e Special Rapporteur delle Nazioni Unite sulla tratta di esseri umani dal 2014 al 2020. “Non comprendo la posizione dell’Unhcr sulle persone vulnerabili -spiega ad Altreconomia-. Identificare le condizioni che garantiscono il diritto d’asilo implica inevitabilmente esaminare anche le vulnerabilità. D’altra parte, proprio in Italia, l’Agenzia ha avuto un ruolo di primo piano nella costruzione e implementazione di Linee guida che facilitassero l’identificazione e il referral delle vittime di tratta durante le procedure di asilo. E l’essere vittima di tratta, secondo la giurisprudenza di molti tribunali, è a sua volta un presupposto per il riconoscimento dello status di rifugiato”.

    In risposta a un accesso dell’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi), il Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione in seno al Viminale ha provato a chiarire chi si occuperà dei vulnerabili, specificando nuovamente che i minori non verranno trasferiti in Albania (dove però sono presenti, secondo i documenti di Medihospes, dei fasciatoi) chiarendo che a bordo della nave sarà svolta un’attività di pre-screening coordinata da funzionari della polizia, “coadiuvato da personale specializzato per gli aspetti sanitari e la mediazione linguistico-culturale”.

    Una volta arrivati in Albania, invece, interverranno “diversi attori” per identificare quei casi in cui “una vulnerabilità emergesse successivamente presso le strutture site in Albania, il migrante verrà trasferito sul territorio italiano”.

    Oltre all’Ufficio di sanità marittima, aerea e di frontiera del ministero della Salute, ci sarà l’Istituto nazionale per la promozione della salute delle popolazioni migranti che a fine luglio ha aggiudicato una gara da oltre due milioni di euro per l’affidamento di un “servizio medico ed infermieristico presso l’istituto detentivo di Gjadër” alla Croce Bianca Srl, con sede a Roma.

    E infine il Dipartimento indica il personale dell’ente gestore “per la ricerca attiva di vulnerabilità sanitarie che dovessero verificarsi durante la permanenza” o in “collaborazione con psicologi e altri specialisti” per l’emersione di violenza e tratta. Su questo punto, però, non è chiaro come si procederà. L’ufficio del Viminale cita il “Vademecum per la rilevazione, il referral e la presa in carico delle persone portatrici di vulnerabilità”.

    Questo documento, siglato nel giugno 2023, prevede con riferimento alle vittime di tratta (la cui identificazione è spesso complicata perché vivono la “paura” delle minacce subite dai trafficanti) che laddove è presente l’Oim (Organizzazione mondiale per le migrazioni) sia suo compito svolgere la prima intervista alla potenziale vittima, come succede ad esempio sulle coste siciliane. Laddove però l’Oim non c’è, come nel caso albanese, “la prima intervista può essere condotta dal personale che ha momentaneamente in carico la potenziale vittima in coordinamento con le associazioni anti-tratta a cui è possibile fare una segnalazione attraverso l’utilizzo di materiale informativo”.

    Il documento cita il Numero verde, un dispositivo attivo giorno e notte a cui è possibile segnalare i casi. “Nessuno ci ha contattato per informarci o chiedere supporto su questo”, spiega però Gianfranco Della Valle, referente del numero del numero verde nazionale antitratta.

    Così come nessuno ha contattato il Dipartimento per le pari opportunità, titolare dei progetti per le vittime di tratta. Non solo: il numero verde non funziona se la chiamata arriva dall’estero. “Qualunque vademecum si voglia utilizzare c’è un problema alla radice -riprende Giammarinaro-. Per identificare le vulnerabilità, e soprattutto le vittime di tratta, sono necessari vari colloqui con operatori sociali qualificati, è necessario costruire un rapporto di fiducia che porti alla condivisione del proprio vissuto di sfruttamento. Questo certamente non può avvenire in mare dopo il salvataggio e men che meno una volta arrivati in Albania, data l’approssimazione metodologica con la quale il problema viene affrontato e l’incertezza sui soggetti che se ne faranno carico. Penso che sarà quasi impossibile identificare una vittima di tratta nel contesto di questo Protocollo”.

    Per Cardoletti di Unhcr “la fase di identificazione e screening sarà decisiva, soprattutto a bordo delle navi” e risulta “evidente l’importanza del ruolo di monitoraggio dell’Agenzia che permetterà di verificare il rispetto effettivo dei diritti dei soggetti a cui si applica il Protocollo”.

    La linea che separa il monitoraggio all’avallo del protocollo è però molto sottile. A inizio settembre il sottosegretario al ministero dell’Interno Nicola Molteni ha detto a La Stampa che in Libia e Tunisia “la politica migratoria avviene in un quadro di politiche internazionali con il controllo di organizzazioni come Unhcr e Oim. I diritti umani sono quindi garantiti”. Molteni nega l’evidenza, raccontata, recentemente da un duro reportage del Guardian che documenta stupri e uccisioni. Chissà se in Albania basterà citare le lettere con l’Unhcr per rassicurare in merito al rispetto dei diritti.

    https://altreconomia.it/il-ruolo-dellunhcr-nei-centri-in-albania-tra-le-lettere-con-il-governo-
    #HCR #Albanie #migrations #réfugiés
    #Shengjin e #Gjader #Italie #externalisation #accord

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’#accord entre #Italie et #Albanie pour la construction de #centres d’accueil (sic) et identification des migrants/#réfugiés sur le territoire albanais...

    https://seenthis.net/messages/1043873

    • UNHCR denies role in identifying migrants in Albania

      During the question time of the Chamber of Deputies on October 23, Minister for Parliamentary Relations Luca Ciriani claimed UNHCR was involved in the identification of migrants in Italian centers recently opened in Albania. The UN agency has denied any such role.

      The UN’s refugee agency has denied any role in identification procedures for the migrants taken to Italian centers in Albania after an Italian minister claimed otherwise.

      “Activities for the identification of migrants eligible for border procedures in Albania was carried out onboard the pre-selected Navy ship hub Libra by a team composed of seven linguistic-cultural mediators, healthcare personnel of the International Organisation for Migration (IOM), as well as a police official assisted by three operators and UNHCR representatives,” said Minister for Parliamentary Relations Luca Ciriani in the question time of an October 23 session of Italy’s Chamber of Deputies.

      “The operations were carried out after the rescue in international waters of 79 migrants, of whom 16 met requirements for the transfer to Albania based on the guide for the detection of vulnerabilities drawn up by the interior ministry,” he continued.

      UNHCR subsequently issued a statement clarifying that it is involved in monitoring the Italy-Albania accord but not in identifying migrants.

      Minister outlines procedures in Italy and Albania

      Ciriani added: “The migrants underwent a careful medical examination by IOM healthcare personnel with full respect for their privacy and were interviewed individually in order to facilitate the finding of any sort of vulnerability, including of a psychological nature.”

      “During the sailing” of the naval vessel, he continued, “migrants were provided with both healthcare assistance onboard and detailed information in languages they understand on the procedures applied and their rights, in part thanks to the presence onboard of three IOM linguistic-cultural mediators. The migrants were also provided with thermal blankets, warm meals prepared onboard the ship, which has a hangar with an area equipped for rest and with washroom facilities.”

      The minister noted that, “on arrival in Albania, after authorization from the healthcare personnel onboard, the migrants were disembarked and healthcare screening and identification procedures were started at the hotspot. During this phase, two Bangladeshi nationals, contrary to what had been found onboard the Libra, said that they were minors. Two other Egyptian migrants, following medical examinations, were found to be unfit for life in a restricted community, confirming the accuracy of the checks carried out.”

      “For these reasons,” he concluded, “the four foreigners, assisted by an IOM mediator, were taken to Italy and inserted into the reception system.”

      https://www.infomigrants.net/en/post/60795/unhcr-denies-role-in-identifying-migrants-in-albania

  • Le HCR va surveiller l’accord Italie-Albanie pour garantir « le respect du droit d’asile » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59239/le-hcr-va-surveiller-laccord-italiealbanie-pour-garantir-le-respect-du

    Le HCR va surveiller l’accord Italie-Albanie pour garantir « le respect du droit d’asile »
    Par La rédaction Publié le : 20/08/2024
    Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé qu’il allait surveiller la mise en place de l’accord entre l’Italie et l’Albanie pendant trois mois. L’agence onusienne souhaite ainsi « préserver les droits et la dignité des personnes », notamment le respect du droit d’asile.
    L’inquiétude du HCR concernant l’accord en l’Italie et l’Albanie n’est pas nouvelle. Il avait déjà émis des réserves quant à ce projet d’externalisation des demandes d’asile et avait aussi réclamé des éclaircissements aux autorités italiennes. Ainsi, afin de préserver le droit d’asile des personnes qui seront concernées par ce processus, l’agence onusienne a annoncé qu’elle mènerait une mission de surveillance durant trois mois.
    « Sur la base d’un échange de lettres avec le ministère italien de l’Intérieur, l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés assumera donc un rôle de surveillance et de conseil auprès des personnes afin de garantir le respect du droit d’asile », a déclaré le HCR dans un communiqué, rappelant que l’agence onusienne n’avait pas participé à la négociation et à l’élaboration de l’accord.
    Durant ces trois mois, le HCR « cherchera à améliorer la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés en identifiant et en signalant aux autorités compétentes toute incohérence avec le droit international et les droits de l’homme et des réfugiés », ajoute le communiqué. Un rapport découlera de cette mission de surveillance.
    La mission du HCR devrait débuter dès l’ouverture des centres d’accueil en Albanie prévue en novembre. Le gouvernement italien avait promis d’ouvrir ces infrastructures en mai dernier mais des travaux ont perturbé l’agenda.Au total, deux bâtiments doivent être construits : un premier sera dédié à l’hébergement des demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier. Un second, construit juste à côté, servira de centre de détention pour les exilés amenés à être expulsés. Les migrants y seront transférés après un premier passage par le « hotspot » du port de Shengjin, à 20 km de là. C’est dans cette structure, également financée et gérée par Rome, que les exilés seront enregistrés après leur débarquement.
    Les infrastructures seront gérées par l’Italie et pourront accueillir jusqu’à 3 000 exilés à la fois, secourus par les autorités italiennes - garde-côtes, Marine, Garde financière - en mer Méditerranée.
    La construction et le fonctionnement des centres, évalués entre 650 et 750 millions d’euros, sont financés à 100% par Rome, sur cinq ans. Les autorités italiennes seront chargées du maintien de l’ordre dans les centres, la police albanaise en étant responsable à l’extérieur et au cours du transport des migrants d’une zone à une autre.
    Depuis son annonce, cet accord est vivement critiqué. « Il s’agit d’un accord de refoulement, une pratique interdite par les normes européennes et internationales et pour laquelle l’Italie a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme », avait réagi la chercheuse Elisa de Pieri d’Amnesty International, évoquant un accord « illégal, irréalisable et [qui] doit être annulé ». De son côté, l’ONG allemande de sauvetage en mer Méditerranée, Sea-Watch, avait évoqué « une manœuvre inhumaine et populiste sans fondement juridique ». « Cette dernière décision de l’Italie s’inscrit dans une tendance inquiétante qui porte atteinte à ce droit », avait insisté Imogen Sudbery, la directrice de l’ONG International Rescue Committee (IRC) en Europe

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#hcr#externalisation#asile#droit#protection#sante

  • Out of sight, out of mind : EU planning to offshore asylum applications ?

    In a letter sent to EU heads of state last month, European Commission president #Ursula_von_der_Leyen named 2024 “a landmark year for EU migration and asylum policy,” but noted that the agreement on new legislation “is not the end.” She went on to refer to the possibility of “tackling asylum applications further from the EU external border,” describing it as an idea “which will certainly deserve our attention.”

    “Safe havens”

    The idea of offshoring asylum applications has come in and out of vogue in Europe over the last two decades. In the early 2000s, a number of states wanted camps established in Albania and Ukraine, with the Blair government’s “safe haven” proposals providing an inspiration to other governments in the EU.

    The idea has come back with a bang in the last few years, with the UK attempting to deport asylum-seekers to Rwanda (a plan now shelved), and EU governments noting their approval for similar schemes.

    Austria plays a key role in the externalisation of border and migration controls to the Balkans, and the country’s interior minister has called on the EU to introduce “asylum procedures in safe third countries,” referring to “a model that Denmark and Great Britain are also following.” Denmark adopted their own Rwanda plan, but that was suspended last year.

    “Innovative strategies”

    Now the idea has made it to the top of the EU’s political pyramid.

    “Many Member States are looking at innovative strategies to prevent irregular migration by tackling asylum applications further from the EU external border,” says von der Leyen’s letter (pdf).

    “There are ongoing reflections on ideas which will certainly deserve our attention when our next institutional cycle is under way,” it continues, suggesting that the intention is to get working on plans quickly from September onwards.

    The news comes just as almost 100 organisations, including Statewatch, have published a statement calling on EU institutions and member states to uphold the right to asylum in Europe, underlining that attempts to outsource asylum processing have caused “immeasurable human suffering and rights violations.”

    Von der Leyen goes on to indicate that the offshoring of asylum applications may be tacked onto existing migration control initiatives: “Building on experience with the emergency transit mechanisms or the 1:1, we can work upstream on migratory routes and ways of developing these models further.”

    The phrase “the 1:1” refers to the intended human trading scheme introduced by the 2016 EU-Turkey deal: “For every Syrian being returned to Turkey from Greek islands, another Syrian will be resettled from Turkey to the EU.” In a seven-year period, up to May 2023, fewer than 40,000 people were resettled under the scheme, while tens of thousands of people remained trapped in Greek camps awaiting their intended removal to Turkey.

    The current Commission president, who is soon likely to be elected for a second five-year term, goes on to say that the EU can “draw on the route-based approach being developed by UNHCR and IOM,” allowing the EU to “support the setting up of functioning national asylum systems in partner countries while strengthening our cooperation on returns to countries of origin.” In short: someone else should take care of the problem.

    These efforts will be bolstered by the new Asylum Procedure Regulation, says the letter, with the Commission considering “how to better work in synergy with future designated safe third countries.”

    “Hybrid attacks”

    The letter closes with a consideration of the use of so-called “hybrid attacks” by the EU’s geopolitical enemies.

    “When I was in Lappeenranta [in Finland] in April, it was clear that Russia’s actions at the border with Finland, or those of Belarus at the border with Poland, Latvia and Lithuania, are hybrid attacks aimed at undermining the security of our external borders, as well as that of the border regions and our citizens,” von der Leyen writes.

    The Commission president goes on to suggest that more legislation may be forthcoming on the topic, further reinforcing the security approach to migration, despite the EU having only just approved rules on the issue, where the term used is “instrumentalisation of migrants.”

    “We will therefore need to continue reflecting on strengthening the EU’s legal framework to provide for an appropriate response not only from a migration but also from a security perspective in line with the Treaties,” says the letter.

    The need for new legislation is also hinted at in the “strategic agenda” adopted by the European Council at the end of June, the same meeting to which von der Leyen’s letter was addressed.

    That document states the European Council’s intention to “find joint solutions to the security threat of instrumentalised migration.”

    As for the people targeted by all these initiatives, they are barely mentioned in the letter – but von der Leyen notes that the Commission is “conscious of the need… to enable durable solutions to be found for the migrants themselves.”

    It might be remarked, however, that “solutions” will likely only be considered “durable” to the EU if they are outside its territory.

    https://www.statewatch.org/news/2024/july/out-of-sight-out-of-mind-eu-planning-to-offshore-asylum-applications
    #lettre #migrations #asile #réfugiés #externalisation #frontières #safe_havens #ports_sûrs #Tony_Blair #Albanie #Rwanda #pays_tiers #pays_tiers_sûrs #Autriche #Balkans #route_des_Balkans #Danemark #innovations #accord_UE-Turquie #1:1 #IOM #OIM #HCR #hybrid_attacks #attaques_hybrides #géopolitique #Russie #Biélorussie #frontières_extérieures #instrumentalisation #menaces_sécuritaires

  • A Chypre, des migrants tentant leur chance vers le sud de l’île se retrouvent coincés dans la « ligne verte »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/07/a-chypre-des-migrants-tentant-leur-chance-vers-le-sud-de-l-ile-se-retrouvent

    A Chypre, des migrants tentant leur chance vers le sud de l’île se retrouvent coincés dans la « ligne verte »
    Par Nicolas Bourcier (Nicosie - envoyé spécial)
    Une simple barrière, un casque bleu d’origine britannique devant son véhicule climatisé et une demi-douzaine de tentes éparpillées là, tapies à l’abri dérisoire des arbres, sous un soleil de feu à dix minutes à peine du centre de Nicosie. Ils sont quatorze migrants demandeurs d’asile à se retrouver bloqués, depuis la mi-mai, dans cette zone tampon des Nations unies qui serpente sur 180 kilomètres de long et divise d’est en ouest l’île de Chypre, entre la République de Chypre au sud, membre de l’Union européenne (UE) depuis 2004, et la République turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par la Turquie.
    Deux policiers et des voitures de patrouille font respecter l’interdiction d’approcher. Au loin, de petits groupes de personnes sont assis autour de tables, tuant le temps. Hommes, femmes et enfants, ils sont soudanais, syriens, iraniens et camerounais, selon les informations fournies par l’antenne locale du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui, par la voix de sa porte-parole, Emilia Strovolidou, se dit « extrêmement inquiet pour leur sécurité » et du caractère « inédit de la situation ».
    De fait, à moins d’une demi-heure de là, plus à l’ouest, de l’autre côté de la capitale chypriote, près de la petite localité d’Akaki, la même scène se répète à l’identique : onze migrants, tous syriens cette fois, se retrouvent eux aussi empêchés de sortir de la zone depuis plus d’un mois par la police chypriote. « Jamais autant de demandeurs d’asile n’ont été ainsi interceptés et repoussés dans cette zone tampon, souligne la responsable. C’est même la première fois que la police chypriote grecque arrête ainsi des groupes de personnes venant à pied du Nord en tentant de passer par une voie irrégulière au sud. »
    Des migrants avaient déjà été piégés dans la zone tampon au cours des années précédentes, mais pas en si grand nombre. En 2021, la police avait repoussé deux Camerounais qui étaient ainsi restés coincés dans cette zone, connue sous le nom de « ligne verte », pendant sept mois jusqu’à ce qu’ils soient transférés en Italie après une visite du pape François à Chypre. Peu après, la police avait empêché un Turc d’origine kurde de passer au sud avant d’obtenir l’autorisation de s’enregistrer dans un camp de transit de l’île.
    Selon Emilia Strovolidou, « l’imbroglio dans lequel sont pris, aujourd’hui, ces groupes de personnes procède des mesures supplémentaires mises en place récemment par le gouvernement pour dissuader toute demande de droit d’asile ». A la mi-avril, le président conservateur, Nikos Christodoulides, à la tête du pays depuis février 2023, a déclaré que son administration gelait le traitement des demandes d’asile des Syriens sur une période de vingt et un mois, soulignant un contexte de forte augmentation des arrivées en provenance du Liban depuis début 2024.
    Près de 2 500 migrants sans papiers ont atteint le pays par la mer au cours du premier trimestre, contre 78 pour la même période en 2023, selon le HCR. Cinquante et une embarcations ont été recensées par les gardes-côtes et les ONG durant cette période.
    Ce gel des procédures d’asile a laissé dans l’incertitude plus de quatorze mille Syriens, dont beaucoup attendent une réponse à leur demande d’asile depuis souvent plus d’un an. Sur l’ensemble de ces dernières années, les dossiers non traités par les services chypriotes, largement débordés, se sont accumulés : 24 725 demandes étaient toujours pendantes en mai, tandis que 5 545 requérants attendaient une décision en appel.
    A Chypre, les demandeurs d’asile ont droit à de la nourriture et à un abri. Au bout de neuf mois, une autorisation de travail leur est accordée dans certains secteurs sous tension. Selon les sources, ils représenteraient aujourd’hui un peu moins de 6 % du million d’habitants de la République de Chypre, le deuxième plus haut taux de demandeurs d’asile de l’UE par rapport à sa population, juste derrière l’Autriche.
    Durant le mois de juin, les autorités ont également envoyé davantage de navires pour patrouiller dans la zone située entre Chypre et le Liban. Lors d’une visite à Beyrouth début mai, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, accompagnée par M. Christodoulides, a d’ailleurs promis une aide d’un milliard d’euros, pour soutenir l’économie libanaise et lutter contre l’immigration.« Toutes ces actions ont singulièrement contribué à freiner les arrivées à Chypre par la route maritime », observe un diplomate européen en poste à Nicosie. Aucune embarcation n’a accosté dans le Sud récemment. Autant de facteurs qui semblent avoir entraîné une recrudescence d’activités à travers cette « ligne verte », poussant les autorités chypriotes à déployer davantage de gardes-frontières le long de la zone tampon.
    Si les deux groupes de migrants actuellement bloqués décident de retourner en République turque de Chypre du Nord, ils risquent l’expulsion. Les autorités nord-chypriotes, non reconnues par la communauté internationale, ne disposent d’aucune infrastructure juridique pour accorder l’asile. Et s’ils venaient à franchir la zone tampon au sud, ils commettraient, en l’état, un délit d’intrusion, une infraction qui conduirait, là aussi, à leur expulsion.
    Devant cet imbroglio, le président Christodoulides, a affirmé, le 4 juin, que les autorités chypriotes fourniraient une aide humanitaire aux migrants se trouvant dans la zone tampon, mais qu’elles ne leur permettraient pas d’entrer dans le pays, afin d’éviter tout précédent : « Nous n’autoriserons pas la création d’une nouvelle route pour l’immigration clandestine », a-t-il martelé.L’affaire est remontée à Bruxelles, jusqu’à la Commission européenne qui a déclaré suivre « la situation de près et être en contact avec les autorités chypriotes, ainsi qu’avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à Chypre ». Un de ses porte-parole a même cru bon de devoir rappeler que « la possibilité pour toute personne de demander une protection internationale sur le territoire d’un Etat membre, y compris à sa frontière ou dans une zone de transit, est établie dans le droit de l’UE ». Soit l’obligation pour les Etats d’assurer l’accès à une procédure de protection internationale.
    Pour l’heure, les vingt-cinq migrants reçoivent nourriture, eau, vêtements et équipements de base par l’intermédiaire de la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre, avec le soutien du HCR. « Leurs conditions sont précaires, ils sont exposés à des températures extrêmes dépassant les 40 degrés comme ces derniers jours. Cette situation exige une action urgente », insiste Mme Strovolidou. Déjà en 2021, les autorités chypriotes, inquiètes de la porosité de la « ligne verte », avaient déployé plusieurs dizaines de kilomètres de barbelés dans les champs autour de Nicosie. Le gouvernement avait justifié cette mesure par l’afflux, alors de plus en plus important, de migrants par le nord, et mécontenté, par là même, les agriculteurs locaux et les formations politiques du Nord et du Sud en faveur d’un rapprochement entre les deux parties de l’île.

    #Covid-19#migrant#migration#chypre#migrationirreguliere#liban#sante#HCR#asile#protection#UE

  • Les routes migratoires d’Afrique plus mortelles que la Méditerranée
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/07/05/les-routes-migratoires-d-afrique-plus-mortelles-que-la-mediterranee_6247151_

    Les routes migratoires d’Afrique plus mortelles que la Méditerranée
    Violences, viols, abandons dans le désert, trafic d’organes, enlèvements, meurtres : au moins 800 décès de migrants et réfugiés ont été recensés sur le continent depuis le début de l’année. Un chiffre sous-estimé, prévient l’ONU.
    Le Monde avec AFP
    Plus de risques de mourir, d’être victimes de terribles violences physiques et sexuelles ou d’enlèvement : les routes qui mènent les migrants du Sahara aux rives nord-africaines de la Méditerranée sont plus dangereuses et plus empruntées que jamais, souligne l’Organisation des Nations unies, vendredi 5 juillet. Un nouveau rapport au titre choc, « Dans ce périple, on s’en fiche de savoir si tu vis ou si tu meurs », estime que « deux fois plus de gens meurent » sur ces routes terrestres que sur la route maritime de la Méditerranée centrale qui mène à l’Europe, où près de 800 décès ont déjà été recensés depuis le début de l’année.
    Même si les auteurs reconnaissent les limites de leurs statistiques concernant les routes terrestres, faute de données suffisantes, cela fait des milliers de morts chaque année. « Chaque personne qui a traversé le Sahara va vous parler de cadavres aperçus, de corps jetés », explique Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour la Méditerranée occidentale et centrale, lors d’un point de presse à Genève.
    « Tous ceux qui ont traversé le Sahara peuvent vous parler de personnes qu’ils connaissent qui sont mortes dans le désert », insiste-t-il, abandonnés dans le désert par les passeurs, victimes d’accidents ou simplement malades et jetés du pick-up. Faute de structures d’aide adéquate, de véritable système de recherche et d’assistance, ils sont en général condamnés à mourir.
    Ce nouveau rapport, qui se fonde sur des entretiens avec plus trente mille migrants ou réfugiés conduits entre 2020 et 2023, a été réalisé conjointement par le HCR, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre mixte des migrations pour permettre de porter une assistance plus efficace, de mieux informer les responsables politiques et d’apporter des réponses à la situation.
    Malgré les dangers, les gens fuient plus nombreux, en partie à cause « de la détérioration de la situation dans leur pays d’origine et dans les pays d’accueil – notamment l’irruption de nouveaux conflits au Sahel et au Soudan, l’impact dévastateur du changement climatique et des situations d’urgence nouvelles ou qui existent de longue date dans l’est et la Corne de l’Afrique », souligne un communiqué de l’ONU. D’autres raisons de partir sont « le racisme et la xénophobie affectant les réfugiés et les migrants », notamment subsahariens au Maghreb.
    Là encore, les statistiques précises manquent, mais des données du HCR montrent par exemple un triplement du nombre d’arrivées en Tunisie entre 2020 et 2023.« Il ne s’agit pas d’encourager les gens à se lancer dans ce voyage dangereux, mais de trouver des solutions de protection pour faire face aux abus et aux violations dont ils sont victimes », a expliqué Vincent Cochetel, à l’adresse de certains responsables politiques européens qui ont fait de la lutte contre l’immigration leur message principal. Le responsable du HCR a rappelé que la très grande majorité de ces migrants et réfugiés ne cherchait pas à aller en Europe.
    Pour des raisons éthiques – les sondeurs sont dans l’incapacité d’apporter une aide concrète aux personnes interrogées –, les questions portaient sur la perception du risque plutôt que sur une expérience vécue. Le risque principal, cité par 38 % des personnes interrogées pour ce rapport, a trait aux violences physiques. Le risque de mourir est cité par 14 % et les violences sexuelles sont évoquées par 15 % des personnes interrogées. M. Cochetel note aussi les enlèvements, qui sont mentionnés par 18 % des sondés.
    Il estime aussi à plusieurs « centaines » le nombre de victimes de trafic d’organes. Il y a ceux qui vendent par exemple un rein pour survivre, mais aussi ceux qui sont victimes d’un vol. « La plupart du temps les gens sont drogués, l’organe est prélevé sans leur consentement et ils se réveillent avec un rein en moins », a raconté M. Cochetel, en rappelant qu’il s’agissait d’une pratique ancienne et connue. Dans certains pays, il y a même de la publicité pour encourager à vendre un organe, souligne-t-il.Le rapport permet aussi de révéler que les trafiquants, les passeurs, ne sont pas forcément perçus comme les principaux responsables des violences aux yeux des personnes interrogées, qui évoquent souvent des gangs, mais aussi des membres des forces de l’ordre ou des « acteurs non étatiques » comme des groupes rebelles ou djihadistes.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#HCR#routemigratoire#mortalite#morbidite#sante#trafic#afrique

  • Le nombre de déplacements forcés dans le monde atteint des « niveaux historiques »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/13/le-nombre-de-deplacements-forces-dans-le-monde-atteint-des-niveaux-historiqu

    Le nombre de déplacements forcés dans le monde atteint des « niveaux historiques »
    Par Camille Tavitian
    Le nombre de personnes déplacées de force dans le monde continue d’augmenter, suivant une tendance à la hausse depuis plus d’une décennie. Selon le rapport annuel du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) rendu public le 13 juin, le monde compte, début 2024, plus de 120 millions de personnes déracinées, qui ont fui la persécution, la violence ou des conflits. Il s’agit là de « niveaux historiques » qui reflètent « la naissance de nouveaux conflits, la mutation de certaines situations existantes, ainsi que l’incapacité à résoudre des crises persistantes », alerte le HCR. Une majorité de ces personnes demeurent dans leur pays, mais le HCR dénombre 43,4 millions de réfugiés.
    « Affirmer qu’il s’agit d’une invasion, de personnes mal intentionnées qui viennent voler vos emplois, menacer vos valeurs, votre sécurité, et qu’elles doivent donc partir, que nous devons construire des barrières ne résout pas le problème », a dénoncé le chef du HCR, Filippo Grandi, dans un entretien à l’AFP.Alors que les élections européennes marquent la montée des formations politiques d’extrême droite, hostiles à l’immigration, M. Grandi estime que ces mesures ne font qu’aggraver la situation car elle favorise l’immigration irrégulière, plus « difficile à gérer ».
    Il relativise les mouvements migratoires en direction du continent européen et rappelle, à titre d’exemple, que le Tchad a accueilli 600 000 Soudanais en 2023, « soit dix fois plus » que le nombre de personnes arrivées en Europe par la mer depuis le début de l’année. Le HCR sonne d’ailleurs l’alarme sur la situation au Soudan, décrite comme « l’une des plus importantes crises humanitaires et de déplacement au monde ». Depuis avril 2023, plus de 7,1 millions de nouveaux déplacements ont été enregistrés, auxquels s’ajoutent 1,9 million de déplacements au-delà des frontières du pays.
    L’année écoulée a aussi été marquée par des millions de déplacements à l’intérieur des frontières de la République démocratique du Congo et de la Birmanie, en raison de violents combats, de même que par l’aggravation de la situation au Proche-Orient. L’Office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime que, entre octobre et décembre 2023, 1,7 million d’habitants, soit plus de 75 % de la population, de la bande de Gaza ont été contraints de se déplacer dans l’enclave « en raison de violences dévastatrices » dues à la guerre qu’y mène Israël depuis l’attaque du Hamas sur son sol en octobre 2023.
    Par ailleurs, le HCR souligne la persistance de situations difficiles comme en Afghanistan, où l’instabilité politique et la famine continuent de pousser des centaines de milliers de personnes à quitter leur lieu de vie. Au total, un peu plus de 6,4 millions d’Afghans sont déracinés, la plupart vivent dans les pays voisins tels que l’Iran et le Pakistan, ce qui fait d’eux, aujourd’hui, la plus importante population de réfugiés, juste devant les Syriens (6,4 millions de réfugiés), les Vénézuéliens (6,1 millions) et les Ukrainiens (6 millions).
    Si l’Allemagne est le quatrième pays qui accueille le plus de réfugiés (2,6 millions), la plupart des exilés se rendent dans des pays de leur voisinage immédiat tels que l’Iran, la Turquie, la Colombie ou le Pakistan, une situation sur laquelle le HCR alerte : « Les pays à faible revenu ont continué d’accueillir une part disproportionnée des personnes déplacées dans le monde, souligne le rapport. Ces pays représentent 9 % de la population mondiale et seulement 0,5 % du PIB mondial, mais ils ont accueilli 16 % des réfugiés. »
    L’agence onusienne rappelle par ailleurs que le réchauffement climatique constitue une menace dans l’accélération du phénomène de déplacements forcés. Ainsi, en Somalie, en plus de l’insécurité persistante qui a déplacé à l’intérieur du pays 1,3 million de personnes, 1 million de réfugiés supplémentaires ont été déracinées du fait des conditions météorologiques extrêmes, « avec des inondations soudaines en avril 2023 », après une période de sécheresse prolongée.
    Le HCR s’inquiète enfin de la baisse de 22 % du nombre de réfugiés ayant pu retourner chez eux en 2023. La majorité d’entre elles sont des Ukrainiens ou des Sud-Soudanais. « La plupart des retours spontanés ont eu lieu dans des contextes qui ne sont pas entièrement propices au retour dans la sécurité et la dignité, et ils peuvent ne pas être durables ».

    #Covid-19#migrant#migration#HCR#refugie#deplace#crise#climat#insecurite#sante

  • Selon le Rwanda, « le HCR ment » au sujet de l’accord migratoire passé avec le Royaume-Uni
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/13/selon-le-rwanda-le-hcr-ment-au-sujet-de-l-accord-migratoire-passe-avec-le-ro

    Selon le Rwanda, « le HCR ment » au sujet de l’accord migratoire passé avec le Royaume-Uni
    Le Monde avec AFP
    Kigali a accusé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de « mensonge », mercredi 12 juin, après que l’instance a affirmé que les demandeurs d’asile expulsés du Royaume-Uni vers le Rwanda pourraient être relocalisés ailleurs et subir des persécutions. Lundi, des avocats du HCR avaient affirmé devant un tribunal londonien que des personnes visées par le projet controversé d’expulsion vers le Rwanda risquaient d’être ensuite envoyées dans un autre pays où elles pourraient subir des violences ou des persécutions.
    « Le HCR ment », a commenté dans un communiqué le gouvernement rwandais, accusant l’agence d’« une série d’allégations totalement infondées » contre Kigali. « L’organisation semble vouloir présenter de fausses allégations aux tribunaux britanniques concernant la façon dont le Rwanda traite les demandeurs d’asile », a-t-il poursuivi. L’audience qui s’est tenue lundi est la dernière en date d’une série de recours juridiques visant à faire annuler cette initiative du gouvernement britannique, décriée par les défenseurs des demandeurs d’asile. L’ONU et le Conseil de l’Europe l’ont aussi appelé à abandonner son projet.
    « Le HCR a toujours clairement fait part de sa préoccupation concernant le risque sérieux que fait peser sur les réfugiés “l’externalisation” [des demandes d’asile], y compris le refoulement, et estime que le partenariat (…) entre le Royaume-Uni et le Rwanda transfère la responsabilité des décisions en matière d’asile et de protection des réfugiés », a réagi l’instance onusienne dans un communiqué, sans plus de détails. Selon la loi adoptée le 23 avril par le Parlement britannique, des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni peuvent être expulsés vers le Rwanda, où leur demande d’asile sera étudiée, sans possibilité pour eux de retourner au Royaume-Uni quel qu’en soit le résultat. Les premiers vols ont été annoncés pour le mois de juillet, et de premiers migrants ont été arrêtés au début de mai. Mais l’avenir de ce projet controversé est incertain depuis que le premier ministre conservateur, Rishi Sunak, a annoncé des élections législatives pour le 4 juillet. Des dizaines de migrants qui avaient été placés en détention par les autorités britanniques pour être expulsés vers le Rwanda ont été remis en liberté, a annoncé mercredi leur cabinet d’avocats.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#HCR#droit#asile#payssur#detention#expulsion#sante#refugie#protection

  • Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/comment-l-argent-de-l-union-europeenne-permet-aux-pays-du-maghreb-de-refoule

    Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu (Lighthouse Reports) et Tomas Statius (Lighthouse Reports)
    s des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
    A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police, en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ? Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace de quelques mois.
    Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent pourtant dans trois Etats différents du nord de l’Afrique. Trois pays distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara occidental pour rejoindre les îles Canaries.
    Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE) dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations répétées des droits humains.
    Depuis 2015, les trois Etats ont perçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontières, rien que par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence (FFU), lancé par l’UE lors du sommet sur la migration de La Valette, capitale de Malte. Une somme à laquelle s’ajoutent des aides accordées directement par certains Etats membres ou relevant d’autres programmes. En juillet 2023, l’UE a encore signé un accord avec la Tunisie, qui inclut une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière. Peu de temps avant, le 19 juin, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, en déplacement à Tunis, s’était engagé à verser plus de 25 millions d’euros à Tunis pour renforcer le contrôle migratoire. Plus récemment, le 8 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait de Nouakchott la signature d’un soutien financier pour 210 millions d’euros à destination de la Mauritanie, dont une partie serait allouée à la « gestion des migrations ».
    A travers quelles pratiques ? Au terme de près d’un an d’enquête, Le Monde, le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux partenaires ont pu documenter pour la première fois le recours à des arrestations massives et à des expulsions collectives dans ces trois Etats. Au Maroc, en 2023, près de 59 000 migrants auraient été interpellés sur le territoire par les forces de sécurité, d’après un décompte officiel. Une partie d’entre eux ont été déportés vers le sud et vers l’intérieur du pays comme à Agadir, Khouribga, Errachidia, Béni Mellal. En Mauritanie, plusieurs bus rejoignent chaque semaine les étendues arides de la frontière avec le Mali et y abandonnent des groupes de migrants sans ressources. En Tunisie, ce sont onze renvois collectifs vers les frontières libyenne et algérienne, organisés par les forces de sécurité entre juillet 2023 et mai 2024, que nous avons pu documenter grâce à des témoignages, des enregistrements audio et vidéo. Une pratique aux conséquences dramatiques : au moins 29 personnes auraient péri dans le désert libyen, selon un rapport de la mission d’appui des Nations unies en Libye, paru en avril.
    Des migrants subsahariens abandonnés par la police tunisienne sans eau ni abri, dans le désert, non loin de la ville frontalière libyenne d’Al-Assah, le 16 juillet 2023.
    Interrogé sur le cas tunisien, en marge du discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen, le 15 septembre, le vice-président de la Commission européenne, le Grec Margaritis Schinas, assurait : « [Ces pratiques] ne se déroulent pas sous notre surveillance, et ne font pas partie de nos accords. L’argent européen ne finance pas ce genre de tactiques. » Notre enquête démontre le contraire.
    En Tunisie, des pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023. Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, reçoivent une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros alloués par l’UE au royaume chérifien, entre 2017 et 2024, pour le contrôle de la frontière. En Mauritanie, les Vingt-Sept financent, dans les deux principales villes du pays et pour une enveloppe de 500 000 euros, la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019. Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses Etats membres.
    Lamine, 25 ans, connaît les rues de Rabat comme sa poche. Le jeune homme, natif de Conakry, est arrivé au Maroc en 2017 « pour suivre une formation » de cuisine, relate-t-il lorsque nous le rencontrons, en octobre 2023, dans le quartier de Takaddoum, devenu le lieu de passage ou d’installation des migrants. Le jeune homme est enregistré auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) comme demandeur d’asile, ce qui est censé le protéger d’une expulsion.
    Au fil des années, Lamine s’est habitué aux « rafles » quotidiennes par les forces auxiliaires de sécurité marocaines visant des migrants comme lui. A Takaddoum, nombreux sont ceux qui assurent avoir été témoins de l’une de ces arrestations de ressortissants subsahariens. « Tous les Blacks savent que s’ils sortent entre 10 et 20 heures, ils risquent de se faire embarquer », ajoute Mafa Camara, président de l’Association d’appuis aux migrants mineurs non accompagnés. Une affirmation « sans fondement », selon le ministère de l’intérieur marocain. Sollicité, le HCR confirme qu’« il arrive parfois que les réfugiés et les demandeurs d’asile soient arrêtés ». La suite est également connue : les personnes sont amenées dans des bâtiments administratifs faisant office de centres de rétention, avant d’être transférées dans un commissariat de la ville où des bus viennent les récupérer. Elles sont alors déportées, le plus souvent dans des zones reculées ou désertiques. Ce harcèlement serait un des maillons essentiels de la stratégie du royaume pour lutter contre l’immigration irrégulière. « Le but est bien sûr de rendre la vie des migrants difficile, soutient un consultant requérant l’anonymat. Si l’on vous emmène dans le Sahara deux fois, la troisième, vous voulez rentrer chez vous. » L’homme, qui a participé au Maroc à plusieurs projets de développement financés par l’UE, soutient que les autorités marocaines agissent de la sorte pour justifier les nombreux financements européens qu’elles reçoivent, dont 234 millions d’euros uniquement du FFU. « La relocalisation des migrants vers d’autres villes est prévue par la législation nationale. Elle permet de les soustraire aux réseaux de trafic et aux zones dangereuses », oppose, de son côté, le ministère de l’intérieur marocain.
    Début 2023, Rabat soutenait avoir empêché plus de 75 000 départs vers l’Europe, dont 59 000 sur son territoire et 16 000 en mer. En 2023, Lamine, lui, a été arrêté à six reprises avant d’être envoyé à l’autre bout du pays.
    Pendant plusieurs jours, nous avons suivi et filmé les minivans des forces auxiliaires qui sillonnent les rues de Rabat. Des témoignages, des vidéos et des enregistrements audio réunis par ailleurs attestent de l’ampleur du phénomène de harcèlement des migrants de Tanger à Fès, de Nador à Laayoune. Au cours de notre enquête, nous avons pu identifier deux types de véhicules utilisés pour ces opérations, achetés grâce à des financements européens. Comme ces utilitaires Fiat Doblo, visibles sur une vidéo d’arrestation de migrants, diffusée en mai 2021 à la télévision marocaine, identiques à ceux d’un lot acheté à partir de 2019 grâce au FFU. Ou ces 4 × 4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, et qui correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe dans le cadre du FFU.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Lors de ces arrestations collectives, le mode opératoire est toujours identique : deux minivans blancs stationnent dans un quartier fréquenté par des migrants, tandis que plusieurs agents en civil se mêlent à la foule. Ils contrôlent, puis appréhendent les migrants, avant de les faire monter dans les véhicules. Une vingtaine de personnes, que nous avons interrogées, assurent avoir été témoins ou victimes de violences policières lors de ces arrestations.
    Le 19 octobre 2023 à l’occasion d’une opération que nous avons documentée, un bus des forces auxiliaires a pris la direction de Khouribga, une bourgade à 200 kilomètres au sud de Rabat. En pleine nuit, les officiers ont déposé une dizaine de jeunes hommes à l’entrée de la petite ville. Ces derniers ont ensuite marché vers la gare routière, avant de rejoindre un petit groupe de migrants, eux-mêmes déportés quelques jours plus tôt. Parmi eux, Aliou, un Guinéen de 27 ans, affirme avoir été déplacé de la sorte « près de 60 fois » depuis son arrivée au Maroc, en 2020.

    C’est une valse incessante qui se joue ce 25 janvier, en fin de matinée, devant le commissariat du quartier de Ksar, à Nouakchott. Des véhicules vont et viennent. A l’intérieur de l’un d’eux – un minibus blanc –, une dizaine de migrants, le visage hagard. A l’arrière d’un camion de chantier bleu, une cinquantaine d’exilés se cramponnent pour ne pas basculer par-dessus bord. Tous ont été arrêtés par la police mauritanienne. Chaque jour, ils sont des centaines à découvrir l’intérieur décrépi de ces petits baraquements ocre. Cette étape ne dure que quelques jours au plus. « Il y a plusieurs bus par semaine qui partent vers le Mali », confirme un visiteur du commissariat faisant office de centre de rétention.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024. Certains migrants ont été appréhendés dans les rues de Nouakchott. « Le bus des policiers se promène dans les quartiers où vivent les migrants, comme le Cinquième [un quartier à l’ouest de Nouakchott], témoigne Sady, un Malien arrivé en Mauritanie en 2019. Les policiers entrent dans les boutiques. Ils demandent aux gens : “Tu es étranger ?” Puis ils les emmènent. A chaque fois, j’ai vu des gens se faire frapper, maltraiter. On vit avec la crainte de ces refoulements. »
    « Les éventuelles interpellations concernant les étrangers en situation irrégulière se font conformément aux conventions, lois et règlements en vigueur, sans arbitraire ni ciblage de zones ou de quartiers spécifiques », assure le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha. Bella et Idiatou ont, quant à elles, été interceptées en mer par des gardes-côtes, lors d’une tentative de traversée en direction des îles Canaries, confettis d’îles espagnoles à plusieurs centaines de kilomètres des côtes africaines. Le traitement qui leur a été réservé est le même que pour les autres migrants, alors qu’elles bénéficiaient d’un titre de séjour mauritanien : une expulsion manu militari vers les frontières sud du pays. « Des expulsions vers le Sénégal et le Mali, sur des bases raciales, ont eu lieu entre 1989 et 1991, souligne Hassan Ould Moctar, spécialiste des questions migratoires. Mais les demandes répétées de l’Union européenne en matière migratoire ont réactivé cette dynamique. »Pour Bella et Idiatou comme pour Sady, la destination finale est Gogui, à la frontière malienne, une zone désertique à plus de 1 000 kilomètres de Nouakchott. « Ils nous ont jetés hors du bus, puis ils nous ont poussés vers la frontière. Ils nous ont chassés comme des animaux et ils sont partis », raconte, révoltée, Idiatou, quand nous la rencontrons au Sénégal, où elle a trouvé refuge. Ce récit, neuf migrants au total l’ont confié au Monde. Sady, qui vivait à Nouakchott grâce à des petits boulots, a été repoussé deux fois. Selon un document interne du HCR, que Le Monde a consulté, plus de 300 personnes dénombrées par le Haut-Commissariat ont fait l’objet du même traitement en 2023. La majorité d’entre elles assurent avoir été victimes de violations des droits humains. Sollicité, un porte-parole du HCR confirme avoir « reçu des rapports faisant état de cas de refoulement vers le Mali » et « plaider auprès des autorités mauritaniennes pour mettre fin à de telles pratiques ». « Les migrants en situation irrégulière sont reconduits aux postes-frontières officiels de leur pays de provenance », se défend le porte-parole du gouvernement mauritanien, selon lequel le procédé est conforme à la loi et réalisé en assurant une « prise en charge totale – nourriture, soins de santé, transport ». La Mauritanie est depuis quinze ans l’un des verrous des routes migratoires qui mènent en Espagne. D’après notre décompte, sans inclure l’argent promis début 2024, plus de 80 millions d’euros ont été investis par l’UE dans le pays depuis 2015, destinés surtout au renforcement des frontières, à la formation des effectifs de police ou encore à l’achat de véhicules. Les groupes d’action rapide-surveillance et intervention (GAR-SI), des unités d’élite financées par l’UE dans plusieurs pays du Sahel à travers le FFU, ont également fait partie du dispositif. En 2019, ils ont ainsi livré à la police mauritanienne 79 personnes appréhendées sur le territoire, d’après un document interne de l’UE. Un rapport non public de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), daté de février 2022, mentionne qu’une bonne partie de leurs effectifs – plus de 200 hommes – a été déployée à Gogui pour des missions de « surveillance frontalière ».
    En outre, plusieurs véhicules utilisés pour assurer les expulsions de Nouakchott vers le sud du pays correspondent à des modèles livrés par des Etats membres. Comme ces pick-up Toyota Hilux fournis par l’Espagne, « pour la surveillance du territoire ou la lutte contre l’immigration irrégulière ». Depuis 2006 et en vertu d’un accord bilatéral de réadmission de migrants entre les deux pays, une cinquantaine de policiers espagnols sont déployés en permanence à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux principales villes du pays. Des moyens techniques, dont des bateaux, sont également mis à disposition. En 2023, près de 3 700 interceptions en mer ont ainsi été réalisées par des patrouilles conjointes, d’après un décompte du ministère de l’intérieur espagnol, consulté par Le Monde. Plusieurs sources policières et un visiteur des centres de rétention mauritaniens attestent de la présence fréquente de policiers ibériques à l’intérieur. Bella et Idiatou assurent avoir été prises en photo par ces derniers au commissariat de Nouakchott. Interrogée sur ce point, l’agence espagnole Fiiapp, principal opérateur de ces projets de coopération policière, a nié la présence d’agents dans le centre de rétention. Les autorités mauritaniennes, quant à elles, ont confirmé l’existence d’« échange d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine », mais « dans le respect de la vie privée des personnes et de la protection de leurs données personnelles ». Selon un autre document du HCR, daté de janvier 2023, des migrants rapportent que les Espagnols ont participé aux raids les visant. « Parfois, ils essayaient même d’expulser des gens qu’on avait identifiés comme réfugiés », se souvient un salarié de l’agence, que nous avons interrogé. « Notre équipe de policiers sur le terrain n’est pas au courant de telles pratiques », assure la Fiiapp. Quand le ministère de l’intérieur espagnol se borne à répondre que ses effectifs travaillent « dans le respect des droits de l’homme, et en accord avec la législation nationale et internationale ».
    Un matin de novembre 2023, dans la ville tunisienne de Sfax, Moussa, un demandeur d’asile camerounais de 39 ans, et son cousin sortent d’un bureau de poste lorsqu’ils sont interpellés par les autorités. En quelques heures, les deux hommes se retrouvent à la frontière libyenne, remis aux mains d’une milice, puis enfermés dans l’un des centres de détention pour migrants du pays. Pendant plusieurs mois, ils subissent des violences quotidiennes.
    Selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), près de 9 000 personnes ont été « interceptées » depuis l’été 2023 par les autorités de Tripoli, à la frontière tunisienne. Dans une note interne que nous avons consultée, la Manul déplore des « expulsions collectives » et des « retours forcés sans procédure », exposant les migrants à de « graves violations et abus des droits humains, avec des cas confirmés d’exécution extrajudiciaire, de disparition, de traite, de torture, de mauvais traitement, d’extorsion et de travail forcé ». « Ils repartent d’où ils viennent, car ils causent des problèmes », justifie, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la garde nationale. Sollicité, le ministère des affaires étrangères tunisien réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses ».
    Dès le 7 juillet 2023, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières, est pourtant informée – selon un rapport interne dont nous avons pris connaissance – de ces « opérations » consistant à « conduire des groupes de ressortissants subsahariens jusqu’à la frontière [de la Tunisie] avec la Libye et l’Algérie, en vue de leur refoulement ». Frontex ajoute que ces opérations sont surnommées sur les réseaux sociaux « ménage de blacks ». Une source européenne anonyme, au fait du dossier, veut croire qu’« aucune ressource provenant de l’UE n’a contribué à ce processus [d’expulsion] », mais reconnaît toutefois qu’il est « très difficile de tracer une limite, car [l’UE soutient] les forces de sécurité ».
    Utilisation de ressources européennes
    Depuis une dizaine d’années, de fait, l’UE participe au renforcement de l’appareil sécuritaire tunisien, d’abord à des fins de lutte contre le terrorisme, puis contre l’immigration irrégulière. Jusqu’en 2023, elle a investi plus de 144 millions d’euros dans la « gestion des frontières », auxquels s’ajoutent les aides directes des Etats membres, permettant l’achat d’équipements comme ​​des navires, des caméras thermiques, des radars de navigation… Près de 3 400 agents de la garde nationale tunisienne ont par ailleurs reçu des formations de la part de la police fédérale allemande entre 2015 et août 2023 ; et deux centres d’entraînement ont été financés par l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, à hauteur de 8,5 millions d’euros.
    L’enquête du Monde et de ses partenaires montre que certaines de ces ressources ont directement été utilisées lors d’expulsions. Ainsi, Moussa a formellement identifié l’un des véhicules dans lequel il a été déporté vers la Libye : un pick-up Navara N-Connecta blanc du constructeur Nissan – modèle analogue aux 100 véhicules offerts à la Tunisie par l’Italie, en 2022 pour « lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité organisée ». A Sfax, en Tunisie, ces véhicules utilisés par la police lors d’une arrestation collective sont du même modèle que ceux fournis par l’Italie en 2022, comme le montre un document nos équipes se sont procuré.
    En 2017, le gouvernement allemand avait, lui aussi, offert à la Tunisie 37 Nissan Navara, en plus d’autres équipements, dans le cadre d’une aide à la « sécurisation des frontières ». Deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, et que nous avons vérifiées, montrent également l’implication des mêmes véhicules dans les opérations d’arrestation et d’expulsion menées par les autorités tunisiennes dans la ville de Sfax. Contacté, le ministère de l’intérieur allemand s’est dit attaché « à ce que les équipements remis dans le cadre de la coopération bilatérale soient utilisés exclusivement aux fins prévues », tout en estimant que les véhicules décrits par notre enquête sont « très répandus en Afrique ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.
    En dépit de la situation, largement relayée par la presse, de centaines de migrants repoussés dans les zones frontalières du pays, l’UE a signé, le 16 juillet 2023, un mémorandum d’entente avec la Tunisie, devenue le premier point de départ des migrants vers le continent. Un accord érigé en « modèle » par Mme von der Leyen. La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a toutefois ouvert une enquête sur ce mémorandum : « Le financement de l’UE (…) ne doit pas soutenir les actions ou mesures susceptibles d’entraîner des violations des droits de l’homme dans les pays partenaires », a rappelé Mme O’Reilly à Mme von der Leyen, dans une lettre rendue publique le 13 septembre 2023.
    « Les Etats européens ne veulent pas avoir les mains sales. Ils sous-traitent donc à des Etats tiers des violations des droits de l’homme, estime, pour sa part, Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Mais, du point de vue du droit, ils pourraient être tenus pour responsables. » La Commission européenne nous informe par la voix d’un porte-parole que « l’UE attend de ses partenaires qu’ils remplissent leurs obligations internationales, y compris le droit au non-refoulement » et que « tous les contrats de l’UE contiennent des clauses relatives aux droits de l’homme permettant à la Commission d’ajuster leur mise en œuvre si nécessaire ». Or, des documents que nous nous sommes procurés attestent de la connaissance que les instances de l’UE ont de ces arrestations et de ces déportations collectives. Une décision de la Commission européenne, de décembre 2019, à propos des financements de l’UE au Maroc, fait par exemple référence à une « vaste campagne de répression » contre des migrants subsahariens, se traduisant par des arrestations et des expulsions « illégales » dans des zones reculées. Dans un rapport finalisé en 2019, la Cour des comptes européenne s’inquiétait, déjà, de l’opacité avec laquelle les fonds attribués par les Vingt-Sept aux autorités marocaines étaient utilisés, ainsi que du manque de « procédures de contrôle ».
    En Mauritanie, plusieurs officiels du HCR, de l’OIM ou des forces de police espagnoles confient avoir connaissance de la pratique d’expulsion en plein désert. Des éléments repris dans un rapport et une recommandation du Parlement européen datés de novembre 2023 et janvier 2024. Alors que le déploiement de Frontex en Mauritanie est en cours de discussion, l’agence rappelait, en 2018, dans un guide de formation à l’analyse de risques, destiné aux Etats africains partenaires dans la lutte contre l’immigration irrégulière, que la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdit les arrestations ou détentions arbitraires ». En dépit de cette attention, Frontex a ouvert une cellule de partage de renseignement à Nouakchott, dès l’automne 2022, et procédé à la formation de plusieurs policiers. Parmi eux se trouvent plusieurs agents en poste au centre de rétention de Nouakchott. Celui-là même par lequel transitent chaque jour des migrants victimes de déportation collective.

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