#hendaye

  • La #justice française suspend le contrôle des frontières par #drones

    Le jeudi 13 juillet, le Tribunal Administratif de Pau a rendu une décision annulant l’ordonnance du 26 juin 2023 du préfet des Pyrénées-Atlantiques. Cette #ordonnance autorise la capture, l’archivage et la transmission d’#images par des #caméras installées sur des aéronefs entre le 26 juin et le 26 juillet.

    Cette décision fait suite à la #plainte déposée par les avocats de Pau et de Bayonne, la fédération Etorkinekin Diakité et l’association SOS Racisme Gipuzkoa.

    La décision donne raison aux plaignants : cette ordonnance porte gravement et manifestement atteinte au droit et au respect de la vie privée et familiale.

    SOS Racisme Gipuzkoa - #SOS_Racisme_Gipuzkoa s’est montré satisfait de la décision du tribunal de Pau. Elle montre qu’il est possible de trouver une protection dans les garanties légales qui protègent les droits fondamentaux contre les actions de l’exécutif français contre ces droits.

    SOS Racisme a apprécié le travail accompli par l’Association des Avocats pour obtenir cette résolution et s’est montrée disposée à la poursuivre, car le gouvernement français viole à plusieurs reprises les droits fondamentaux des personnes résidant ou circulant dans le Pais Basque.

    SOS Racisme demande à nouveau aux autorités françaises et espagnoles de respecter le droit de chacun à la libre circulation et, en particulier, de circuler sur les frontières #Irun / #Hendaye. Il demande également la suspension immédiate des contrôles de profil racial, qui sont effectués systématiquement par les policiers.

    Donostia, 2023/07/14

    SOS Racismo Gipuzkoa

    Gipuzkoako SOS Arrazakeria

    #militarisation_des_frontières #frontières #migrations #Espagne #France #suspension #Pyrénées

    Reçu via la mailing-list Migreurop, le 14/07/2023

    • SOS Racismo Gipuzkoa: La justicia francesa suspende el control fronterizo por drones

      El jueves 13 de julio, el Tribunal Administrativo de Pau ha dictado una resolución por la que suspende la orden del Prefecto de Pyrénées-Atlantiques de 26 de junio de 2023 que autoriza la captación, archivo y transmisión de imágenes por medio de cámaras instaladas en aeronaves entre el 26 junio y el 26 de julio.

      La resolución responde a la demanda que, en ese sentido, plantearon ante dicho tribunal, la Asociación de Abogados para la defensa de las personas extranjeras, formada por abogados de Pau y Baiona, la Federación Etorkinekin Diakité y SOS Racismo Gipuzkoa- Gipuzkoako SOS Arrazakeria.

      La resolución da la razón a los demandantes de que dicha orden afecta de manera grave y manifiestamente ilegal al derecho y al respeto de la vida privada y familiar.

      SOS Racismo Gipuzkoa- Gipuzkoako SOS Arrazakeria se felicita por la resolución del tribunal de Pau. Muestra que es posible encontrar amparo en las garantías legales que salvaguardan derechos fundamentales frente a actuaciones contrarias a los mismos por parte del ejecutivo galo.

      SOS Racismo pone en valor la labor desarrollada por la Asociación de Abogados para conseguir dicha resolución y muestra su disposición a continuar con dicha labor ante las reiteradas violaciones por parte del ejecutivo galo respecto a derechos fundamentales de las personas que viven o transitan por el País Vasco.

      SOS Racismo reitera su demanda a las autoridades francesas y españolas de respetar el derecho de todas las personas a la libre circulación y, en concreto, a transitar por las áreas fronterizas de Irun/Hendaia. Reclama, a su vez, el cese inmediato de los controles por perfil racial que, de manera sistemática, llevan a cabo las diversas policías.

      https://sosracismo.eu/justicia-paraliza-drones-frontera

      Pour télécharger l’#ordonnance (n° 2301796):
      https://sosracismo.eu/wp-content/uploads/2023/07/Resolucion-drones.pdf

    • Section du Contentieux, Juge des référés, 25 juillet 2023, 476151

      Texte
      Vu la procédure suivante :

      L’association Avocats pour la défense des étrangers, la Fédération Etorkinekin Diakité, l’association S.O.S. Racismo Gipuzkoa - Gipuzkoako S.O.S. Arrazakria, M. A H, Mme T H, M. B L, M. M N, Mme S K, Mme O Q, Mme F P, M. G C, Mme J C, Mme R E et M. D I ont demandé au juge des référés du tribunal administratif de Pau, statuant sur le fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative, d’une part, de suspendre l’exécution de l’arrêté du 26 juin 2023 par lequel le préfet des Pyrénées-Atlantiques a autorisé la captation, l’enregistrement, et la transmission d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs, et, d’autre part, d’enjoindre au préfet des Pyrénées-Atlantiques de mettre un terme à l’usage de ce dispositif. Par une ordonnance n° 2301796 du 13 juillet 2023, le juge des référés du tribunal administratif de Pau a suspendu l’exécution de cet arrêté.

      Par une requête et un nouveau mémoire, enregistrés les 20 et 24 juillet 2023 au secrétariat du contentieux du Conseil d’Etat, le ministre de l’intérieur et des outre-mer demande au juge des référés du Conseil d’Etat, statuant sur le fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative :

      1°) d’annuler l’ordonnance n° 2301796 du 13 juillet 2023 du juge des référés du tribunal administratif de Pau ;

      2°) de rejeter la demande présentée par l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres.

      Il soutient que :

      – la condition d’urgence n’est pas satisfaite dès lors que, d’une part, il n’est pas porté un préjudice suffisamment grave et immédiat à la situation actuelle des requérants en ce que seul un nombre restreint d’individus est concerné par la mesure de surveillance, qui est par ailleurs encadrée par de strictes garanties, qu’elle ne présente pas de caractère fréquent et répété et qu’il n’en résulte aucune atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale et, d’autre part, la mesure est indispensable pour assurer la sauvegarde de l’ordre public ;

      – aucune atteinte grave et manifestement illégale n’a été portée à une liberté fondamentale ;

      – l’arrêté du 26 juin 2023 n’est pas entaché d’illégalité dès lors, en premier lieu, qu’il est nécessaire en ce qu’il répond à l’objectif de lutte contre l’immigration irrégulière, alors que le nombre des franchissements illégaux de la frontière, qui peuvent s’avérer périlleux, s’accroît substantiellement, en particulier en été, en deuxième lieu, qu’il n’existe pas de mesure moins intrusive pour atteindre pleinement la finalité poursuivie, les sentiers concernés et les chemins situés à proximité n’étant pas totalement carrossables, et, en dernier lieu, que la mesure est proportionnée à l’objectif poursuivi.

      Par un mémoire en défense et un nouveau mémoire, enregistrés les 23 et 24 juillet 2023, l’Association pour la défense des étrangers et autres concluent au rejet de la requête et à ce que soit mis à la charge de l’Etat le versement de la somme de 200 euros à chacun des défendeurs au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative. Ils soutiennent que la condition d’urgence est satisfaite, et que l’arrêté du 26 juin 2023 porte une atteinte grave et immédiate au droit au respect de la vie familiale.

      Vu les autres pièces du dossier ;

      Vu :

      – la Constitution, notamment son Préambule ;

      – la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;

      – le code de la sécurité intérieure ;

      – la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée ;

      – le code de justice administrative ;

      Après avoir convoqué à une audience publique, d’une part, le ministre de l’intérieur et des outre-mer, et d’autre part, l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres ;

      Ont été entendus lors de l’audience publique du 24 juillet 2023, à 10 heures 30 :

      – Me Mathonnet, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, avocat de l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres ;

      – les représentantes de l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres ;

      – les représentants du ministre de l’intérieur et des outre-mer ;

      à l’issue de laquelle le juge des référés a reporté la clôture de l’instruction au même jour à 19 heures 30 ;

      Considérant ce qui suit :

      1. L’article L. 511-1 du code de justice administrative dispose que : « Le juge des référés statue par des mesures qui présentent un caractère provisoire. Il n’est pas saisi du principal et se prononce dans les meilleurs délais. » Aux termes de l’article L. 521-2 du code de justice administrative : « Saisi d’une demande en ce sens justifiée par l’urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d’un service public aurait porté, dans l’exercice d’un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. () ».

      Sur l’office du juge des référés et sur les libertés fondamentales en jeu :

      2. Il résulte de la combinaison des dispositions des articles L. 511-1 et L. 521-2 du code de justice administrative qu’il appartient au juge des référés, lorsqu’il est saisi sur le fondement de l’article L. 521-2 et qu’il constate une atteinte grave et manifestement illégale portée par une personne morale de droit public à une liberté fondamentale, résultant de l’action ou de la carence de cette personne publique, de prescrire les mesures qui sont de nature à faire disparaître les effets de cette atteinte, dès lors qu’existe une situation d’urgence caractérisée justifiant le prononcé de mesures de sauvegarde à très bref délai et qu’il est possible de prendre utilement de telles mesures.

      3. Pour l’application de l’article L. 521-2 du code de justice administrative, le droit au respect de la vie privée, qui comprend le droit à la protection des données personnelles, et la liberté d’aller et venir constituent des libertés fondamentales au sens des dispositions de cet article.

      Sur le cadre juridique du litige :

      4. Aux termes de l’article L. 242-5 du code de la sécurité intérieure « I - Dans l’exercice de leurs missions de prévention des atteintes à l’ordre public et de protection de la sécurité des personnes et des biens, les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale ainsi que les militaires des armées déployés sur le territoire national dans le cadre des réquisitions prévues à l’article L. 1321-1 du code de la défense peuvent être autorisés à procéder à la captation, à l’enregistrement et à la transmission d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs aux fins d’assurer () / 5° La surveillance des frontières, en vue de lutter contre leur franchissement irrégulier ; / (). / Le recours aux dispositifs prévus au présent I peut uniquement être autorisé lorsqu’il est proportionné au regard de la finalité poursuivie. / II - Dans l’exercice de leurs missions de prévention des mouvements transfrontaliers de marchandises prohibées, les agents des douanes peuvent être autorisés à procéder à la captation, à l’enregistrement et à la transmission d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs ». Aux termes de l’article L. 242-4 du même code « La mise en œuvre des traitements prévus aux articles L. 242-5 () doit être strictement nécessaire à l’exercice des missions concernées et adaptée au regard des circonstances de chaque intervention ». En vertu du IV de l’article L. 242-5 de ce code, l’autorisation requise, subordonnée à une demande qui précise, notamment, « () 2° La finalité poursuivie ; / 3° La justification de la nécessité de recourir au dispositif, permettant notamment d’apprécier la proportionnalité de son usage au regard de la finalité poursuivie ; () / 8° le périmètre géographique concerné », « est délivrée par décision écrite et motivée du représentant de l’Etat dans le département ou, à Paris, du préfet de police, qui s’assure du respect du présent chapitre. Elle détermine la finalité poursuivie et ne peut excéder le périmètre strictement nécessaire à l’atteinte de cette finalité ». Ainsi que l’a jugé le Conseil constitutionnel par sa décision n° 2021-834 DC du 20 janvier 2022, ces dispositions ont précisément circonscrit les finalités justifiant le recours à ces dispositifs, et l’autorisation requise, qui détermine cette finalité, le périmètre strictement nécessaire pour l’atteindre ainsi que le nombre maximal de caméras pouvant être utilisées simultanément, ne saurait être accordée qu’après que le préfet s’est assuré que le service ne peut employer d’autres moyens moins intrusifs au regard du droit au respect de la vie privée ou que l’utilisation de ces autres moyens serait susceptible d’entraîner des menaces graves pour l’intégrité physique des agents, et elle ne saurait être renouvelée sans qu’il soit établi que le recours à des dispositifs aéroportés demeure le seul moyen d’atteindre la finalité poursuivie.

      Sur le litige :

      5. Par un arrêté du 26 juin 2023, le préfet des Pyrénées-Atlantiques a autorisé la captation, l’enregistrement et la transmission d’images par la direction interdépartementale de la police aux frontières d’Hendaye aux moyens de caméras installées sur des aéronefs au titre de la surveillance aux frontières en vue de lutter contre leur franchissement irrégulier, du 26 juin au 26 juillet 2023 et de 9 heures à 18 heures, sur un périmètre recouvrant une partie de la frontière franco-espagnole et du territoire des communes d’Hendaye, de Biriatou et d’Urrugne. Le ministre de l’intérieur et des outre-mer fait appel de l’ordonnance du 13 juillet 2023 par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de Pau, statuant sur le fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative, a suspendu l’exécution de cet arrêté.

      Sur la condition tenant à l’existence d’une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale :

      6. Il résulte de l’instruction et des échanges au cours de l’audience publique que, si l’autorisation ne permet d’utiliser qu’un seul drone à la fois, son périmètre géographique, qui s’étend sur l’essentiel du territoire de la commune de Biriatou et sur une partie de ceux des communes d’Hendaye et d’Urrugne, recouvre une superficie de près de 20 km2 et comprend un grand nombre de maisons d’habitation.

      7. Le ministre de l’intérieur et des outre-mer soutient, d’une part, que cette mesure est nécessaire au regard de la hausse du nombre de franchissements illégaux de la frontière, d’autre part, qu’il n’existe pas de mesure moins intrusive, les effectifs de fonctionnaires affectés à la lutte contre l’immigration irrégulière clandestine ayant diminué depuis le début de l’année 2023, en raison de la moindre disponibilité des unités de CRS et de gendarmes mobiles mis à disposition de la direction interdépartementale de la police de l’air et des frontières, fréquemment affectés à d’autres missions, alors qu’une partie de la zone est d’un accès difficile, les sentiers utilisés ou les chemins situés à proximité n’étant pas entièrement carrossables, et les migrants s’en éloignant parfois pour échapper aux contrôles, et enfin que la mesure, notamment la délimitation de son périmètre géographique, est proportionnée compte tenu de ces caractéristiques. Ces appréciations sont contestées par l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres, qui produisent des séries de données recueillies par une association sur l’accueil de migrants à proximité de la zone entre mars 2021 et mai 2023 faisant apparaître une baisse des flux et l’absence d’effets saisonniers notables, ainsi que les chiffres du centre d’accueil de migrants de la mairie de Bayonne, en baisse en 2023, et des indications sur les moyens matériels et humains déployés par la police de l’air et des frontières aux principaux points de passage de la zone et sur les sentiers concernés jusqu’à la date de la décision contestée, ainsi que sur l’accessibilité de ces sentiers. Les séries de données extraites du système PAFISA, relatives à l’activité de la direction interdépartementale de la police aux frontières de Hendaye, compétente dans les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, et les éléments de contexte partiels présentés par le ministre, les uns et les autres pour la première fois à l’issue de l’audience, qui font apparaître, entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023, une baisse de 6 154 à 3 481 du nombre de non-admissions à la frontière, une hausse de 206 à 366 du nombre de réadmissions par les autorités espagnoles et une hausse de 539 à 817 du nombre d’étrangers en situation irrégulière interpellés, ne permettent pas, en l’état de l’instruction, de confirmer l’existence de facteurs de hausse de l’activité surveillance des frontières en vue de lutter contre leur franchissement irrégulier. En outre le ministre n’apporte pas d’indication sur la part de ces flux qui se rapporte à la zone concernée par l’arrêté litigieux. En l’état de l’instruction, les données produites par l’administration sur les flux migratoires et les éléments fournis sur les caractéristiques géographiques de la zone concernée et sur les moyens qui y sont affectés à la lutte contre le franchissement irrégulier des frontières ne sont pas suffisamment circonstanciés pour justifier, sur la base d’une appréciation précise et concrète de la nécessité de la proportionnalité de la mesure, que le service ne peut employer, pour l’exercice de cette mission dans cette zone et sur toute l’étendue de son périmètre, d’autres moyens moins intrusifs au regard du respect de la vie privée que les mesures mentionnées au point 5, ou que l’utilisation de ces autres moyens serait susceptible d’entraîner des menaces graves pour l’intégrité physique des agents. Par suite, c’est à bon droit que le juge des référés du tribunal administratif de Pau a jugé que l’association Avocats pour la défense des étrangers et autres étaient fondés à soutenir que l’arrêté contesté portait une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée.

      Sur la condition d’urgence :

      8. L’urgence de la suspension de l’arrêté contesté sur le fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative doit être appréciée en tenant compte non seulement de ses effets sur les intérêts défendus par les requérants de première instance mais aussi de l’objectif de prévention des atteintes à l’ordre public auquel elle a pour objet de contribuer. Eu égard, d’une part, au nombre de personnes susceptibles de faire l’objet des mesures de surveillance litigieuses, d’autre part, aux atteintes qu’elles sont susceptibles de porter au droit au respect de la vie privée, et alors, ainsi qu’il a été dit au point 6, qu’il ne résulte pas de l’instruction que l’objectif de prévention des atteintes à l’ordre public ne pourrait être atteint en recourant à des mesures moins intrusives au regard du droit au respect de la vie privée, ou que l’utilisation de ces autres moyens serait susceptible d’entraîner des menaces graves pour l’intégrité physique des agents, la condition d’urgence doit être regardée comme remplie.

      9. Il résulte de ce qui précède que le ministre de l’intérieur et des outre-mer n’est pas fondé à soutenir que c’est à tort que, par l’ordonnance attaquée, le juge des référés du tribunal administratif de Pau a suspendu l’exécution de l’arrêté du préfet des Pyrénées-Atlantiques du 26 juin 2023.

      10. Il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de mettre à la charge de l’Etat le versement à chacun des défendeurs d’une somme de 200 euros au titre des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

      O R D O N N E :

      –-----------------

      Article 1er : La requête du ministre de l’intérieur et des outre-mer est rejetée.

      Article 2 : L’Etat versera, au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative, une somme de 200 euros chacun à l’association Avocats pour la défense des étrangers, à la Fédération Etorkinekin Diakité, à l’association S.O.S. Racismo Gipuzkoa - Gipuzkoako S.O.S. Arrazakria, à M. A H, à Mme T H, à M. B L, à M. M N, à Mme S K, à Mme O Q, à Mme F P, à M. G C, à Mme J C, à Mme R E et à M. D I.

      Article 3 : La présente ordonnance sera notifiée au ministre de l’intérieur et des outre-mer, ainsi qu’à l’association Avocats pour la défense des étrangers, premier défendeur nommé.

      Fait à Paris, le 25 juillet 2023

      Signé : Jean-Yves Ollier

      https://justice.pappers.fr/decision/c8942bf2cabc0c5be781d2b621e7c3ef

  • À la frontière franco-espagnole, le renforcement des contrôles conduit les migrants à prendre toujours plus de #risques

    Au #Pays_basque, après que trois Algériens sont morts fauchés par un train à Saint-Jean-de-Luz/Ciboure le 12 octobre, associations et militants dénoncent le « #harcèlement » subi par les migrants tentant de traverser la frontière franco-espagnole. Face à l’inaction de l’État, des réseaux citoyens se mobilisent pour « sécuriser » leur parcours et éviter de nouveaux drames.

    Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).– Attablés en terrasse d’un café, mardi 26 octobre, sous un ciel gris prêt à déverser son crachin, Line et Peio peinent toujours à y croire. « On n’imagine pas le niveau de fatigue, l’épuisement moral, l’état de détresse dans lequel ils devaient se trouver pour décider de se reposer là un moment », constatent-ils les sourcils froncés, comme pour marquer leur peine.

    Le 12 octobre dernier, trois migrants algériens étaient fauchés par un train, au petit matin, à 500 mètres de la gare de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure. Un quatrième homme, blessé mais désormais hors de danger, a confirmé aux enquêteurs que le groupe avait privilégié la voie ferrée pour éviter les contrôles de police, puis s’était arrêté pour se reposer, avant de s’assoupir.

    Un cinquième homme, dont les documents d’identité avaient été retrouvés sur les lieux, avait pris la fuite avant d’être retrouvé deux jours plus tard à Bayonne.

    « Ceux qui partent de nuit tentent de passer la frontière vers 23 heures et arrivent ici à 3 ou 4 heures du matin. La #voie_ferrée est une voie logique quand on sait que les contrôles de police sont quasi quotidiens aux ronds-points entre #Hendaye et #Saint-Jean-de-Luz », souligne Line, qui préside l’association #Elkartasuna_Larruna (Solidarité autour de la Rhune, en basque) créée en 2018 pour accompagner et « sécuriser » l’arrivée importante de migrants subsahariens dans la région.

    Peio Etcheverry-Ainchart, qui a participé à la création de l’association, est depuis élu, dans l’opposition, à Saint-Jean-de-Luz. Pour lui, le drame reflète la réalité du quotidien des migrants au Pays basque. « Ils n’iraient pas sur la voie ferrée s’ils se sentaient en sécurité dans les transports ou sur les axes routiers », dénonce-t-il en pointant du doigt le manque d’action politique au niveau local.

    « Ils continueront à passer par là car ils n’ont pas le choix et ce genre de drame va se reproduire. La #responsabilité politique des élus de la majorité est immense, c’est une honte. » Trois cents personnes se sont réunies au lendemain du drame pour rendre hommage aux victimes, sans la présence du maire de Saint-Jean-de-Luz. « La ville refuse toutes nos demandes de subvention, peste Line. Pour la majorité, les migrants ne passent pas par ici et le centre d’accueil créé à #Bayonne, #Pausa, est suffisant. »

    Un manque de soutien, à la fois moral et financier, qui n’encourage pas, selon elle, les locaux à se mobiliser auprès de l’association, qui compte une trentaine de bénévoles. Son inquiétude ? « Que les gens s’habituent à ce que des jeunes meurent et que l’on n’en parle plus, comme à Calais ou à la frontière franco-italienne. Il faut faire de la résistance. »

    Samedi dernier, j’en ai récupéré deux tard le soir, épuisés et frigorifiés

    Guillaume, un « aidant »

    Ce mardi midi à Saint-Jean-de-Luz, un migrant marocain avance d’un pas sûr vers la halte routière, puis se met en retrait, en gardant un œil sur l’arrêt de bus. Dix minutes plus tard, le bus en direction de Bayonne s’arrête et le trentenaire court pour s’y engouffrer avant que les portes ne se referment.

    Guillaume, qui travaille dans le quartier de la gare, fait partie de ces « aidants » qui refusent de laisser porte close. « Samedi dernier, j’en ai récupéré deux tard le soir, qui étaient arrivés à Saint-Jean en fin d’après-midi. Ils étaient épuisés et frigorifiés. » Après les avoir accueillis et leur avoir offert à manger, il les achemine ensuite jusqu’à Pausa à 2 heures du matin, où il constate qu’il n’est pas le seul à avoir fait la navette.

    La semaine dernière, un chauffeur de bus a même appelé la police quand des migrants sont montés à bord

    Guillaume, un citoyen vivant à Saint-Jean-de-Luz

    « Il m’est arrivé de gérer 10 ou 40 personnes d’un coup. Des femmes avec des bébés, des enfants, des jeunes qui avaient marché des heures et me racontaient leur périple. J’allais parfois m’isoler pour pleurer avant de m’occuper d’eux », confie celui qui ne cache pas sa tristesse face à tant d’« inhumanité ». Chaque jour, rapporte-t-il, la police sillonne les alentours, procède à des #contrôles_au_faciès à l’arrêt de bus en direction de Bayonne et embarque les migrants, comme en témoigne cette vidéo publiée sur Facebook en août 2019 (https://www.facebook.com/100000553678281/posts/2871341412894286/?d=n).

    « La semaine dernière, un #chauffeur_de_bus a même appelé la #police quand des migrants sont montés à bord. Ça rappelle une époque à vomir. » Face à ce « harcèlement » et cette « pression folle », Guillaume n’est pas étonné que les Algériens aient pris le risque de longer la voie ferrée. « Les habitants et commerçants voient régulièrement des personnes passer par là. Les gens sont prêts à tout. »

    À la frontière franco-espagnole aussi, en gare de Hendaye, la police est partout. Un véhicule se gare, deux agents en rejoignent un autre, situé à l’entrée du « topo » (train régional qui relie Hendaye à la ville espagnole de Saint-Sébastien), qui leur tend des documents. Il leur remet un jeune homme, arabophone, qu’ils embarquent.

    « Ils vont le laisser de l’autre côté du pont. Ils font tout le temps ça, soupire Miren*, qui observe la scène sans pouvoir intervenir. Les policiers connaissent les horaires d’arrivée du topo et des trains venant d’#Irun (côté espagnol). Ils viennent donc dix minutes avant et se postent ici pour faire du contrôle au faciès. » Depuis près de trois ans, le réseau citoyen auquel elle appartient, Bidasoa Etorkinekin, accueille et accompagne les personnes en migration qui ont réussi à passer la frontière, en les acheminant jusqu’à Bayonne.

    La bénévole monte à bord de sa voiture en direction des entrepôts de la SNCF. Là, un pont flambant neuf, barricadé, apparaît. « Il a été fermé peu après son inauguration pour empêcher les migrants de passer. » Des #grilles ont été disposées, tel un château de cartes, d’autres ont été ajoutées sur les côtés. En contrebas, des promeneurs marchent le long de la baie.

    Miren observe le pont de Santiago et le petit chapiteau blanc marquant le #barrage_de_police à la frontière entre Hendaye et #Irun. « Par définition, un #pont est censé faire le lien, pas séparer... » Selon un militant, il y aurait à ce pont et au pont de #Behobia « quatre fois plus de forces de l’ordre » qu’avant. Chaque bus est arrêté et les passagers contrôlés. « C’est cela qui pousse les personnes à prendre toujours plus de risques », estime-t-il, à l’instar de #Yaya_Karamoko, mort noyé dans la Bidassoa en mai dernier.

    On ne peut pas en même temps organiser l’accueil des personnes à Bayonne et mettre des moyens énormes pour faire cette chasse aux sorcières

    Eñaut, responsable de la section nord du syndicat basque LAB

    Le 12 juin, à l’initiative du #LAB, syndicat socio-politique basque, une manifestation s’est tenue entre Irun et Hendaye pour dénoncer la « militarisation » de la frontière dans ce qui a « toujours été une terre d’accueil ». « Ça s’est inscrit dans une démarche de #désobéissance_civile et on a décidé de faire entrer six migrants parmi une centaine de manifestants, revendique Eñaut, responsable du Pays basque nord. On ne peut pas en même temps organiser l’accueil des personnes à Bayonne et mettre des moyens énormes pour faire cette #chasse_aux_sorcières, avec les morts que cela engendre. L’accident de Saint-Jean-de-Luz est le résultat d’une politique migratoire raciste. » L’organisation syndicale espère, en développant l’action sociale, sensibiliser toutes les branches de la société – patronat, salariés, État – à la question migratoire.

    Des citoyens mobilisés pour « sécuriser » le parcours des migrants

    À 22 heures mardi, côté espagnol, Maite, Arantza et Jaiona approchent lentement de l’arrêt de bus de la gare routière d’Irun. Toutes trois sont volontaires auprès du réseau citoyen #Gau_Txori (les « Oiseaux de nuit »). Depuis plus de trois ans, lorsque les cars se vident le soir, elles repèrent d’éventuels exilés désorientés en vue de les acheminer au centre d’accueil géré par la Cruz Roja (Croix-Rouge espagnole), situé à deux kilomètres de là. En journée, des marques de pas, dessinées sur le sol à intervalle régulier et accompagnées d’une croix rouge, doivent guider les migrants tout juste arrivés à Irun. Mais, à la nuit tombée, difficile de les distinguer sur le bitume et de s’orienter.

    « En hiver, c’est terrible, souffle Arantza. Cette gare est désolante. Il n’y a rien, pas même les horaires de bus. On leur vient en aide parce qu’on ne supporte pas l’injustice. On ne peut pas rester sans rien faire en sachant ce qu’il se passe. » Et Maite d’enchaîner : « Pour moi, tout le monde devrait pouvoir passer au nom de la liberté de la circulation. » « La semaine dernière, il y avait beaucoup de migrants dans les rues d’Irun. La Croix-Rouge était dépassée. Déjà, en temps normal, le centre ne peut accueillir que 100 personnes pour une durée maximale de trois jours. Quand on leur ramène des gens, il arrive que certains restent à la porte et qu’on doive les installer dans des tentes à l’extérieur », rapporte, blasée, Jaiona.

    À mesure qu’elles dénoncent les effets mortifères des politiques migratoires européennes, un bus s’arrête, puis un second. « Je crois que ce soir, on n’aura personne », sourit Arantza. Le trio se dirige vers le dernier bus, qui stationne en gare à 23 h 10. Un homme extirpe ses bagages et ceux d’une jeune fille des entrailles du car. Les bénévoles tournent les talons, pensant qu’ils sont ensemble. C’est Jaiona, restée en arrière-plan, qui comprend combien l’adolescente a le regard perdu, désespérée de voir les seules femmes présentes s’éloigner. « Cruz Roja ? », chuchote l’une des volontaires à l’oreille de Mariem, qui hoche la tête, apaisée de comprendre que ces inconnues sont là pour elle.

    Ni une ni deux, Maite la soulage d’un sac et lui indique le véhicule garé un peu plus loin. « No te preocupes, somos voluntarios » (« Ne t’inquiète pas, nous sommes des bénévoles »), lui dit Jaiona en espagnol. « On ne te veut aucun mal. On t’emmène à la Croix-Rouge et on attendra d’être sûres que tu aies une place avant de partir », ajoute Maite dans un français torturé.

    Visage juvénile, yeux en amande, Mariem n’a que 15 ans. Elle arrive de Madrid, un bonnet à pompon sur la tête, où elle a passé un mois après avoir été transférée par avion de Fuerteventura (îles Canaries) dans l’Espagne continentale, comme beaucoup d’autres ces dernières semaines, qui ont ensuite poursuivi leur route vers le nord. Les bénévoles toquent à la porte de la Cruz Roja, un agent prend en charge Mariem. Au-dehors, les phares de la voiture illuminent deux tentes servant d’abris à des exilés non admis.

    J’avais réussi à passer la frontière mais la police m’a arrêtée dans le #bus et m’a renvoyée en Espagne

    Fatima*, une exilée subsaharienne refoulée après avoir franchi la frontière

    Le lendemain matin, dès 9 heures, plusieurs exilés occupent les bancs de la place de la mairie à Irun. Chaque jour, entre 10 heures et midi, c’est ici que le réseau citoyen Irungo Harrera Sarea les accueille pour leur donner des conseils. « Qui veut rester en Espagne ici ? », demande Ion, l’un des membres du collectif. Aucune main ne se lève. Ion s’y attendait. Fatima*, la seule femme parmi les 10 exilés, a passé la nuit dehors, ignorant l’existence du centre d’accueil. « J’avais réussi à passer la frontière mais la police m’a arrêtée dans le bus et m’a renvoyée en Espagne », relate-t-elle, vêtue d’une tenue de sport, un sac de couchage déplié sur les genoux. Le « record », selon Ion, est détenu par un homme qui a tenté de passer à huit reprises et a été refoulé à chaque fois. « Il a fini par réussir. »

    Éviter de se déplacer en groupe, ne pas être trop repérable. « Vous êtes noirs », leur lance-t-il, pragmatique, les rappelant à une triste réalité : la frontière est une passoire pour quiconque a la peau suffisamment claire pour ne pas être contrôlé. « La migration n’est pas une honte, il n’y a pas de raison de la cacher », clame-t-il pour justifier le fait de s’être installés en plein centre-ville.

    Ion voit une majorité de Subsahariens. Peu de Marocains et d’Algériens, qui auraient « leurs propres réseaux d’entraide ». « On dit aux gens de ne pas traverser la Bidassoa ou longer la voie ferrée. On fait le sale boulot en les aidant à poursuivre leur chemin, ce qui arrange la municipalité d’Irun et le gouvernement basque car on les débarrasse des migrants, regrette-t-il. En voulant les empêcher de passer, les États ne font que garantir leur souffrance et nourrir les trafiquants. »

    L’un des exilés se lève et suit une bénévole, avant de s’infiltrer, à quelques mètres de là, dans un immeuble de la vieille ville. Il est invité par Karmele, une retraitée aux cheveux grisonnants, à entrer dans une pièce dont les murs sont fournis d’étagères à vêtements.

    Dans ce vestiaire solidaire, tout a été pensé pour faire vite et bien : Karmele scrute la morphologie du jeune homme, puis pioche dans l’une des rangées, où le linge, selon sa nature – doudounes, pulls, polaires, pantalons – est soigneusement plié. « Tu es long [grand], ça devrait t’aller, ça », dit-elle en lui tendant une veste. À sa droite, une affiche placardée sous des cartons étiquetés « bébé » vient rappeler aux Africaines qu’elles sont des « femmes de pouvoir ».

    Le groupe d’exilés retourne au centre d’accueil pour se reposer avant de tenter le passage dans la journée. Mariem, l’adolescente, a choisi de ne pas se rendre place de la mairie à 10 heures, influencée par des camarades du centre. « On m’a dit qu’un homme pouvait nous faire passer, qu’on le paierait à notre arrivée à Bayonne. Mais je suis à la frontière et il ne répond pas au téléphone. Il nous a dit plus tôt qu’il y avait trop de contrôles et qu’on ne pourrait pas passer pour l’instant », confie-t-elle, dépitée, en fin de matinée. Elle restera bloquée jusqu’en fin d’après-midi à Behobia, le deuxième pont, avant de se résoudre à retourner à la Cruz Roja pour la nuit.

    L’exil nous détruit, je me dis des fois qu’on aurait mieux fait de rester auprès des nôtres

    Mokhtar*, un migrant algérien

    Au même moment, sur le parking précédant le pont de Santiago, de jeunes Maghrébins tuent le temps, allongés dans l’herbe ou assis sur un banc. Tous ont des parcours de vie en pointillés, bousillés par « el ghorba » (« l’exil »), qui n’a pas eu pitié d’eux, passés par différents pays européens sans parvenir à s’établir. « Huit ans que je suis en Europe et je n’ai toujours pas les papiers », lâche Younes*, un jeune Marocain vivant depuis un mois dans un foyer à Irun. Mokhtar*, un harraga (migrant parti clandestinement depuis les côtes algériennes) originaire d’Oran, abonde : « L’exil nous détruit, je me dis des fois qu’on aurait mieux fait de rester auprès des nôtres. Mais aujourd’hui, c’est impossible de rentrer sans avoir construit quelque chose... » La notion « d’échec », le regard des autres seraient insoutenables.

    Chaque jour, Mokhtar et ses amis voient des dizaines de migrants tenter le passage du pont qui matérialise la frontière. « Les Algériens qui sont morts étaient passés par ici. Ils sont même restés un temps dans notre foyer. Avant qu’ils ne passent la frontière, je leur ai filé quatre cigarettes. Ils sont partis de nuit, en longeant les rails de train depuis cet endroit, pointe-t-il du doigt au loin. Paix à leur âme. Cette frontière est l’une des plus difficiles à franchir en Europe. » L’autre drame humain est celui des proches des victimes, ravagés par l’incertitude faute d’informations émanant des autorités françaises.
    Les proches des victimes plongés dans l’incertitude

    « Les familles ne sont pas prévenues, c’est de la torture. On a des certitudes sur deux personnes. La mère de l’un des garçons a appelé l’hôpital, le commissariat… Sans obtenir d’informations. Or elle n’a plus de nouvelles depuis le jour du drame et les amis qui l’ont connu sont sûrs d’eux », expliquait une militante vendredi 22 octobre. Selon le procureur de Bayonne, contacté cette semaine par Mediapart, les victimes ont depuis été identifiées, à la fois grâce à l’enquête ouverte mais aussi grâce aux proches qui se sont signalés.

    La mosquée d’Irun a également joué un rôle primordial pour remonter la trace des harragas décédés. « On a été plusieurs à participer, dont des associations. J’ai été en contact avec les familles des victimes et le consulat d’Algérie, qui a presque tout géré. Les corps ont été rapatriés en Algérie samedi 30 octobre, le rescapé tient le coup moralement », détaille Mohamed, un membre actif du lieu de culte. Dès le 18 octobre, la page Facebook Les Algériens en France dévoilait le nom de deux des trois victimes, Faisal Hamdouche, 23 ans, et Mohamed Kamal, 21 ans.

    À quelques mètres de Mokhtar, sur un banc, deux jeunes Syriens se sont vu notifier un refus d’entrée, au motif qu’ils n’avaient pas de documents d’identité : « Ça fait quatre fois qu’on essaie de passer et qu’on nous refoule », s’époumone l’aîné, 20 ans, quatre tickets de « topo » à la main. Son petit frère, âgé de 14 ans, ne cesse de l’interroger. « On ne va pas pouvoir passer ? » Leur mère et leur sœur, toutes deux réfugiées, les attendent à Paris depuis deux ans ; l’impatience les gagne.

    Jeudi midi, les Syriens, mais aussi le groupe d’exilés renseignés par Irungo Harrera Sarea, sont tous à Pausa, à Bayonne. Certains se reposent, d’autres se détendent dans la cour du lieu d’accueil, où le soleil cogne. « C’était un peu difficile mais on a réussi, confie Fofana, un jeune Ivoirien, devant le portail, quai de Lesseps. Ça me fait tellement bizarre de voir les gens circuler librement, alors que nous, on doit faire attention. Je préfère en rire plutôt qu’en pleurer. »

    Si les exilés ont le droit de sortir, ils ne doivent pas s’éloigner pour éviter d’être contrôlés par la police. « On attend le car pour aller à Paris ce soir », ajoute M., le Syrien, tandis que son petit frère se cache derrière le parcmètre pour jouer, à l’abri du soleil, sur un téléphone. Une dernière étape, qui comporte elle aussi son lot de risques : certains chauffeurs des cars « Macron » réclament un document d’identité à la montée, d’autres pas.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/311021/la-frontiere-franco-espagnole-le-renforcement-des-controles-conduit-les-mi

    #frontières #migrations #réfugiés #France #Espagne #Pyrénées #contrôles_frontaliers #frontières #délation #morts #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #décès #militarisation_de_la_frontière #refoulements #push-backs #solidarité

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    voir aussi :
    #métaliste sur les personnes en migration décédées à la frontière entre l’#Espagne et la #France, #Pays_basque :
    https://seenthis.net/messages/932889

  • Le corps sans vie d’un homme retrouvé dans la #Bidassoa

    Les secours ont repêché ce matin le #cadavre d’un homme noir dans la Bidassoa, à #Irun. Il s’agissait d’un exilé qui s’est noyé en tentant de rejoindre #Hendaye à la nage. Un autre jeune âgé de 16 ans a été secouru par des Hendayais avant d’être expulsé par les gendarmes.

    Ce samedi matin à Irun, du côté de l’#île_aux_Faisans, les pompiers ont retrouvé un corps sans vie sur les rives de la Bidassoa. Il s’agit d’un homme noir, un migrant qui a péri en traversant le fleuve à la nage pour se rendre sur les rives de l’Etat français, comme l’ont confirmé au site Naiz les pompiers d’Hendaye (https://www.naiz.eus/eu/info/noticia/20210522/rescatan-el-cuerpo-sin-vida-de-una-persona-en-el-rio-bidasoa).

    Selon la radio Antxeta Irratia (https://twitter.com/antxetairratia/status/1396063752856932359), des kayakistes du club Santiagoarrak ont fait cette macabre découverte vers 11 heures du matin, avant que les secours n’interviennent.

    De plus, Irungo Harrera Sarea (IHS) a signalé qu’une autre personne migrante, un adolescent de 16 ans, a été secouru par des Hendayais à l’issue de sa traversée de la Bidassoa. Selon Naiz, les gendarmes l’ont expulsé dans les deux heures qui ont suivi. Le réseau IHS a appelé à un rassemblement ce dimanche à 11h30 à Azken Portu, où a été retrouvé le corps sans vie du migrant.

    Déjà un décès le mois dernier

    Il y a un mois, un Erythréen avait été retrouvé mort à Irun (https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20210419/le-corps-d-un-erythreen-retrouve-mort-a-irun), non loin de la Bidassoa. Selon la police locale, la Ertzaintza, le jeune homme se serait suicidé par pendaison. Le réseau Irungo Harrera Sarea avait alors exigé des institutions qu’elles prennent leurs responsabilités dans cette affaire (https://www.naiz.eus/eu/hemeroteca/gara/editions/2021-04-22/hemeroteca_articles/eritrear-baten-heriotzaren-harira-ardurak-eskatu-ditu-harrera-sareak).

    Au #Pays_Basque Nord, l’Hendayais Tom Dubois avait fait part dans un entretien (https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20210317/un-jeune-guineen-qui-traversait-la-bidasoa-secouru-par-des-hendayais) à MEDIABASK le 17 mars dernier de son inquiétude qu’un tel drame se produise. Le 13 mars, avec des amis, il a porté secours à un jeune Guinéen qui venait d’arriver sur les rives hendayaises de la Bidassoa après l’avoir traversé à la nage depuis Irun.

    Manifestation le 29 mai

    Les associations Diakite, Etorkinekin, la Cimade et Irungo Harrera Sarea ont appelé à une mobilisation le 29 mai (https://www.mediabask.eus/eu/info_mbsk/20210521/manifestation-a-irun-et-hendaye-pour-les-droits-des-migrants). Deux colonnes au départ des mairies d’Irun et d’Hendaye se rejoindront pour une manifestation commune, pour défendre les droits des personnes migrantes.

    https://www.mediabask.eus/eu/info_mbsk/20210522/le-corps-sans-vie-d-un-jeune-homme-retrouve-dans-la-bidassoa

    #décès #morts #mourir_aux_frontières #Espagne #rivière #montagne #fleuve #migrations #asile #réfugiés #frontières #France #Pyrénées

    ping @isskein
    via @karine4

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    ajouté à la métaliste sur les personnes mortes dans les Pyrénées :
    https://seenthis.net/messages/932889

    • #Yaya_Karamoko, 28 ans, meurt noyé à la frontière franco-espagnole

      Il avait 28 ans et rêvait de rejoindre la France dans l’espoir d’un avenir meilleur. Yaya Karamoko, originaire de Mankono en Côte d’Ivoire, est mort noyé dans la Bidassoa en voulant traverser le fleuve à la frontière franco-espagnole, le 22 mai. Mediapart retrace son parcours.

      « Il avait l’intention de s’installer en France… Il voulait travailler et sortir sa famille de la galère », souffle Hervé Zoumoul. Depuis deux semaines, cet activiste des droits humains, bénévole à Amnesty International France, remue ciel et terre pour mettre un nom et un visage sur celui qui s’est noyé le 22 mai dernier, à l’âge de 28 ans, en traversant la Bidassoa, un fleuve à la frontière franco-espagnole, dans le Pays basque. Il s’appelait Yaya Karamoko et avait commencé son périple depuis la Côte d’Ivoire, en passant par le Maroc, les Canaries et l’Espagne continentale.

      Selon Xabier Legarreta Gabilondo, responsable chargé des migrations et de l’asile au Pays basque espagnol, c’est la première fois qu’une personne exilée meurt dans la Bidassoa en empruntant cette route migratoire. « La police autonome de l’Euskadi m’a appelé le 22 mai pour m’apprendre que le corps de Yaya avait été retrouvé dans le fleuve. Le gouvernement basque souhaite dire toute sa consternation face à un événement si triste : il est choquant qu’une personne perde la vie en essayant de rechercher une opportunité. »

      Dans les jours qui suivent le décès, les autorités semblent perdues. « C’est moi qui ai appelé les proches de Yaya, avec l’aide de la communauté ivoirienne, pour les mettre au courant de son décès », confie l’écrivaine et militante Marie Cosnay, qui découvre avec surprise qu’aucune « information officielle » ne leur est parvenue en Côte d’Ivoire. La voix brisée et les silences songeurs, elle est encore sous le choc. Usée, aussi, par ses efforts d’investigation.

      « J’ai appelé la police basque et la cour d’Irun, mais ils ne savent rien. Je n’arrive pas à connaître le protocole dans un tel cas, tout le monde est très démuni. Il y a une faillite des États et des institutions légales », pointe-t-elle dix jours après le drame, avant de préciser que le corps du jeune homme était, à ce stade, toujours à l’institut médicolégal de San Sebastián, et que les proches présents sur le territoire français devaient « se constituer parties civiles » pour pouvoir le voir. « Nous avons tenté de faciliter les échanges entre le juge en charge du dossier de Yaya et les membres de sa famille, afin que le contact puisse être établi », assure de son côté le responsable des migrations et de l’asile du gouvernement basque, sans donner plus de détails.

      Au lendemain du drame, alors que la presse locale évoque le corps d’un « migrant » retrouvé dans la Bidassoa, un collectif de soutien aux exilés organise un rassemblement spontané sur le pont Santiago aux abords du fleuve. Près de 1 000 personnes sont là pour protester contre les frontières et les politiques migratoires qui conduisent à la mort les personnes en exil, à la recherche d’un pays sûr ou de meilleures conditions de vie. À cet instant, pour Marie Cosnay, présente dans la foule, l’urgence est aussi de retracer l’histoire de Yaya afin qu’il ne tombe pas dans l’oubli.

      « Son seul objectif était d’aller en Europe »

      Le visage rond et le regard vif, le jeune Ivoirien rêvait « d’une vie meilleure », confie un ami à lui, qui a partagé sa chambre durant plusieurs mois à Dakhla, au Maroc. « Comme tout jeune Africain, il était passionné de football. Ici, on n’a pas la télévision alors on allait voir les matchs dans un café. Il adorait le club de Chelsea ! », se souvient-il. Et d’ajouter : « C’était quelqu’un de sympa, tranquille, qui ne parlait pas beaucoup. Il était souvent triste, son seul objectif était d’aller en Europe. »

      Originaire de Mankono (Côte d’Ivoire), où il grandit et quitte le lycée en classe de terminale, il travaille un temps comme chauffeur de taxi à Abidjan, puis dans le BTP. « On a grandi ensemble dans le même village, raconte son cousin Bakary tout en convoquant ses souvenirs. On partageait tout, même nos habits et nos chaussures. Il était ouvert aux autres et aimait rassembler les gens. » Souriant, drôle et taquin, aussi. « Il aimait beaucoup jouer au foot mais ne marquait jamais », ajoute-t-il dans un éclat de rire teinté de tristesse.

      Son père décédé, c’est pour aider sa famille qu’il décide de tenter sa chance en Europe début 2021, rapporte Hervé Zoumoul qui a retrouvé un certain nombre de ses proches pour remonter le fil de sa courte vie. Yaya s’envole au Maroc, où il travaille durant plusieurs mois d’abord comme maçon, puis dans une usine de conservation de poissons pour financer la traversée auprès d’un passeur qui lui demande 2 500 euros. À ses côtés, dans la pirogue qui lui promet une vie nouvelle, il prend soin de son neveu, âgé de seulement 11 ans. Ses parents ont fourni à Yaya une autorisation parentale, que Mediapart a pu consulter, l’autorisant à « effectuer un voyage [au] Maroc » en sa compagnie.

      « Il m’a raconté la traversée du Maroc aux Canaries et ce n’était vraiment pas facile, poursuit l’ami de Yaya basé à Dakhla. Ils se sont perdus et sont restés cinq jours en mer. Des personnes se sont jetées à l’eau, il y a eu des morts. Selon ses dires, le capitaine du convoi et plusieurs autres ont été arrêtés parce qu’ils n’ont pas déclaré les disparus aux autorités à leur arrivée [le 16 mars – ndlr]. » Depuis 2020, cette route particulièrement dangereuse via les Canaries s’est réactivée, notamment depuis le Sénégal et le sud du Sahara occidental, faisant gonfler le nombre d’arrivées sur l’archipel espagnol (lire ici notre entretien, ou là notre reportage).

      « L’enfant qui accompagnait Yaya a finalement été pris en charge dans un centre pour mineurs aux Canaries et y est resté », explique Marie Cosnay. « Yaya a poursuivi sa route, enchaîne Hervé Zoumoul. Il était avec un groupe de personnes transféré le 22 avril en Espagne continentale. » Lui et trois de ses compagnons de route arrivent d’abord à Malaga et remontent petit à petit vers le nord, de Grenade à Madrid, jusqu’à atteindre Irun dans le Pays basque le 15 mai.

      Ils sont accueillis dans un centre d’accueil pour migrants de la Croix-Rouge, placé sous l’autorité de la communauté autonome du Pays basque espagnol. Ils quittent les lieux le 16 mai, précise Hervé Zoumoul, également à l’origine de la plateforme « Protégeons les migrants, pas les frontières ». « À partir de là, ni ses amis ni sa famille n’ont réussi à joindre Yaya. Ils ont supposé qu’il avait changé de numéro ou perdu son téléphone... » Jusqu’à la terrible nouvelle.

      Les trois amis de Yaya, avec qui il a traversé l’océan Atlantique depuis Dakhla jusqu’aux Canaries, puis rejoint l’Espagne continentale un mois plus tard, ont tous gagné la France. Contacté par Mediapart, l’un d’entre eux a préféré rester silencieux. « C’est très difficile pour eux. Ils ont été obligés de se séparer pour ne pas être repérés par la police. Yaya n’a pas réussi à traverser, eux ont survécu », résume Hervé Zoumoul.

      Yaya Karamoko laisse derrière lui une mère âgée et plusieurs frères et sœurs sans ressources. « Il représentait tous mes espoirs. C’est grâce à lui que je suis ici, il m’a aidée à fuir mon domicile au pays car j’étais victime de violences conjugales, sanglote Aminata, une cousine de Yaya, actuellement au Maroc. Il devait m’aider pour la suite... Comment je vais faire s’il ne vit plus ? »

      Celle qui avait pour projet de le rejoindre en France se dit aujourd’hui perdue. « Les gens à Mankono n’arrivent pas à croire qu’il est décédé, complète son cousin Bakary. Je ne sais pas si sa mère tiendra longtemps avec cette nouvelle. Je ne pourrai jamais l’oublier. » Faute de moyens, le corps de Yaya ne pourra pas être rapatrié en Côte d’Ivoire. « Sa famille ne peut pas se permettre de payer pour cela. Il sera donc enterré en Espagne », précise Hervé Zoumoul.

      Combien de morts devra-t-il encore y avoir aux portes de l’Europe et de la France pour espérer voir une once de changement dans nos politiques migratoires ? « Il est temps d’exiger des engagements collectifs tant au Pays basque qu’en Espagne et en Europe. Il est temps de revendiquer de l’humanité et des droits dans les politiques migratoires, d’accueil et de transit », conclut Xabier Legarreta Gabilondo. Le gouvernement basque a demandé au gouvernement espagnol l’organisation d’une réunion pour en discuter. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/070621/yaya-karamoko-28-ans-meurt-noye-la-frontiere-franco-espagnole

  • À la frontière franco-espagnole, la police « #traque » les migrants

    Depuis environ un mois, les contrôles à la frontière franco-espagnole se sont intensifiés. Selon les associations, les migrants, « traqués par la police », prennent de plus en plus de #risques pour atteindre la France. Les humanitaires redoutent un drame, d’autant que certains exilés tentent désormais de rejoindre l’Hexagone en traversant la #rivière #Bidassoa à la nage.

    « #Refoulements illégaux », « traque », « #chasse_à_l'homme », « violation des droits »... Les mots utilisés par les associations locales pour décrire la situation à la frontière franco-espagnole sont forts. Depuis un mois, les humanitaires observent une présence de plus en plus importante des #forces_de_l'ordre. « Il y a toujours eu des contrôles mais à ce point-là, jamais ! On a même vu des #militaires déambuler dans les villages », raconte Lucie Bortaitu de l’association bayonnaise Diakité.

    Début novembre, lors d’une visite dans les Pyrénées, le président Emmanuel Macron avait annoncé le doublement des effectifs aux frontières françaises pour lutter contre la menace terroriste, les trafics et l’immigration illégale.

    À cela s’ajoute la fermeture, début janvier, de 15 points de passage sur les 650 kilomètres de frontière qui séparent l’Espagne de la France pour contenir la pandémie de Covid-19. Cette #surveillance renforcée 24h/24 mobilise 230 #policiers et #militaires.

    Mais pour les associations, le principal enjeu est de limiter l’arrivée de migrants dans l’Hexagone. « Les autorités françaises utilisent l’excuse de la crise sanitaire mais en fait le but premier est le #contrôle_migratoire », estime Ion Aranguren, de l’association espagnole Irungo Harrera Sarea, active du côté d’Irun. « C’est clairement pour lutter contre l’immigration illégale : seuls les Noirs sont constamment contrôlés par les policiers », renchérit Lucie Bortaitu.

    Des refoulements quotidiens

    Depuis plusieurs semaines, selon les humanitaires, les migrants sont « traqués » sur la route, dans les trains et dans la rue. À #Hendaye, les #gendarmes sont même entrés dans le jardin d’un particulier pour y extraire un exilé venu se cacher de la police, rapportent les bénévoles. Des migrants ont aussi été arrêtés au-delà des #20_kilomètres de la frontière, un rayon dans lequel les contrôles d’entrée sur le territoire sont autorisés. Plusieurs personnes ont ainsi été interpellées à #Bordeaux à leur descente du train et expulsées en Espagne.

    D’autres migrants racontent avoir été interpellés, puis envoyés dans les locaux de police avant d’être expulsés à la frontière au beau milieu de la nuit. « L’autre jour, on a appris que cinq femmes avaient été déposées à #Behobia [ville espagnole frontalière située à quelques kilomètres d’#Irun, ndlr] tard le soir. On les lâche là au milieu de nulle part, loin des associations et alors qu’un couvre-feu est aussi en vigueur en Espagne », souffle Lucie Bortaitu. D’autres encore ont été laissés par la police française à #Ibardin, en plein cœur des Pyrénées, du côté espagnol.

    Ce genre de témoignages de refoulement sont recueillis quotidiennement par les associations, françaises et espagnoles. Certains exilés ont déjà tenté six, sept voire huit fois le passage.

    Les mineurs non plus n’échappent pas à ces renvois, malgré la possession d’acte de naissance pour certains, synonyme d’une évaluation de leur minorité et d’une prise en charge par le département.

    Atteindre la France par la rivière

    Ces refoulements, de plus en plus fréquents, inquiètent les humanitaires et les avocats. « Ces #expulsions, qui sont devenues la norme, se font en dehors de tout cadre légal. Ce sont purement et simplement des renvois expéditifs illégaux », signale Me Francisco Sanchez Rodriguez, avocat en droits des étrangers au barreau de Bayonne. Les exilés n’ont en effet pas la possibilité de déposer l’asile, et aucun document de renvoi ne leur est délivré par un juge, comme le prévoit la loi. « On n’avait jamais vu cela à cette frontière », assure l’avocat.

    Malgré la pression policière et les violations de leurs droits, les migrants restent déterminés à continuer leur route. Résultat : ils prennent de plus en plus de risques pour échapper aux forces de l’ordre. Quelques-uns ont même tenté d’atteindre la France en traversant la frontière Bidassoa, qui sépare les deux pays. Un itinéraire jusque-là jamais emprunté par les exilés.

    Tom Dubois-Robin, un habitant d’Hendaye, voit depuis environ un mois des migrants essayer de « passer en France à la nage », en dépit des dangers. Samedi 13 mars, alors qu’il est assis au bord de l’eau avec des amis, il porte secours à un jeune homme venu de l’autre côté de la rivière. Quelques jours plus tard, Tom Dubois-Robin ramasse une doudoune dans l’eau. Dans les poches, il trouve des effets de la Croix-Rouge, dont le centre à Irun accueille des exilés. « Il a dû tenter la traversée et a jeté sa doudoune car elle était trop lourde », pense l’Hendayais.

    Les associations et les citoyens du #Pays_basque redoutent un drame, et se battent pour empêcher que leur rivière ne devienne un cimetière. Tom Dubois-Robin partage ce combat. Cet ancien policier, qui a lâché son uniforme en 2018 en raison justement de ces renvois à répétition, a écrit aux élus de sa région pour « qu’ils tapent du point sur la table et qu’on évite le pire ». Las qu’il est depuis plusieurs années de « ce ping-pong incessant » qui consiste à « renvoyer à la frontière des familles avec enfants ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/31024/a-la-frontiere-franco-espagnole-la-police-traque-les-migrants

    #traque_policière #frontières #migrations #asile #réfugiés #Pyrénées #France #Espagne #contrôles_frontaliers #militarisation_des_frontières #armée #police

    ping @isskein @karine4

  • #G7 : Au #Pays_Basque, l’État montre les muscles
    https://lemediapresse.fr/politique/g7-au-pays-basque-letat-montre-les-muscles

    Le sommet des « dirigeants de la planète », qui se tiendra à #Biarritz du 24 au 26 août, s’annonce comme l’un des plus restrictifs en termes d’ouverture à la société civile. Si la France traverse la période la plus répressive de son histoire récente, les autres États du groupe ont eux aussi durci progressivement, depuis le sommet de #Seattle, les stratégies de maintien de l’ordre pour faire face aux mobilisations altermondialistes.

    #Politique #Social #abertzale #ATTAC #Castaner #Décrocheurs #ETA #G20 #G7_EZ #G7EZ #Hambourg #Hendaye #Irun #Macron

  • Pays basque, la nouvelle route de l’exil

    De plus en plus de migrants entrent en Europe par l’Espagne et franchissent la frontière dans le Sud-Ouest. Reportage.

    Le car est à peine garé le long du trottoir que, déjà, ils se pressent à ses portes. Ils regardent avec anxiété la batterie de leur téléphone, elle est presque à plat, il faut qu’elle tienne quelques minutes encore, le temps de présenter le billet. Quatre jeunes filles s’inquiètent, leur ticket affiche un prénom masculin, le chauffeur les laissera-t-il passer ? Ou vont-elles perdre les 100, 200 ou 300 euros qu’elles ont déboursés à des « frères » peu scrupuleux - la valeur officielle est de 35 euros - pour acquérir ce précieux sésame vers Paris ? Chaque soir depuis quelques semaines, le même scénario se répète au terminus des « bus Macron » sur la place des Basques, à #Bayonne. Une centaine de jeunes, pour la plupart originaires d’Afrique francophone, plus rarement du Maghreb, monte par petits groupes dans les cars en partance pour Bordeaux ou Paris, dernière étape d’un périple entamé depuis des mois. Ils ont débarqué la veille d’Irun, en Espagne, à 40 kilomètres plus au sud, après un bref passage par la ville frontalière d’Hendaye.

    De #Gibraltar, ils remontent vers le nord de l’Espagne

    Les arrivées ont commencé au compte-gouttes au printemps, elles se sont accélérées au cours de l’été. Depuis que l’Italie se montre intraitable, l’Espagne est devenue le principal point d’entrée en Europe, avec 48 000 nouveaux exilés depuis le début de l’année. Croisés à Irun ou à Hendaye, qu’ils viennent de Guinée-Conakry, de Côte d’Ivoire ou du Mali, ils racontent la même histoire. Thierno est guinéen, il a 18 ans. Il a tenté la traversée par la Libye, sans succès, il a poursuivi par l’Algérie et le Maroc, puis fini par franchir le détroit de Gibraltar en bateau après deux échecs. Tous évoquent la difficulté à travailler et à se faire payer au Maroc, les violences, parfois, aussi. Puis ils parlent de l’Espagne, d’Algesiras, Cadix ou Malaga, en experts de la géographie andalouse. Parfois, la Croix-Rouge espagnole, débordée au Sud, les a envoyés en bus vers ses centres de Madrid ou Bilbao, leur assurant une partie de leur voyage. Aboubacar, 26 ans, est, lui, remonté en voiture, avec des « frères ».

    Personne n’en parle, les réseaux sont pourtant bien là, à prospérer sur ces flux si lucratifs. On estime à 1500 euros le prix de la traversée à Gibraltar, 100 ou 200 euros le passage de la frontière française depuis #Irun. Tous n’ont qu’un objectif, rejoindre la #France, comme cette femme, sénégalaise, qui demande qu’on l’emmène en voiture et suggère, si on se fait contrôler, de dire qu’elle est notre bonne. La quasi-totalité veut quitter l’Espagne. Parce qu’ils n’en parlent pas la langue et qu’ils ont souvent en France sinon de la famille, au moins des connaissances. Parce qu’il est plus difficile de travailler dans la péninsule ibérique, où le taux de chômage reste de 15 %. Parce qu’enfin ceux qui envisagent de demander l’asile ont intérêt à effectuer les démarches en France, où 40 575 protections ont été accordées en 2017, plutôt qu’en Espagne (4 700 statuts délivrés).

    Alors, ils essaient, une fois, deux fois, trois fois, dans un absurde jeu du chat et de la souris avec les policiers français. Les 150 agents de la #police_aux_frontières (#PAF) en poste à #Hendaye tentent, avec l’aide d’une compagnie de #CRS, de contrôler tant bien que mal les cinq points de passage. Depuis le début de 2018, 5600 réadmissions ont été effectuées vers l’Espagne, contre 3520 en 2017, mais, de l’aveu même d’un officiel, « ça passe et ça passe bien, même ». Si l’autoroute est gardée quasiment toute la journée, il reste un créneau de deux heures durant lequel elle ne l’est pas faute d’un effectif suffisant. Chaque nuit, des taxis espagnols en profitent et déposent des gens sur la place des Basques à Bayonne. La surveillance des deux ponts qui enjambent la #Bidassoa et séparent Irun d’Hendaye est aléatoire. A certaines heures, le passage à pied se fait sans difficulté. Il ne reste plus ensuite aux migrants qu’à se cacher jusqu’au prochain passage du bus 816, qui les conduira à Bayonne en un peu plus d’une heure.

    Les agents de la Paf ne cachent pas leur lassitude. Même si la loi antiterroriste de 2017 autorise des contrôles renforcés dans la zone frontière, même si des accords avec l’Espagne datant de 2002 leur permettent de renvoyer sans grande formalité les personnes contrôlées sans papiers dans un délai de quatre heures, ils ont le sentiment d’être inutiles. Parce qu’ils ne peuvent pas tout surveiller. Parce que l’Espagne ne reprend que contrainte et forcée les « réadmis », les laissant libres de franchir la frontière dès qu’ils le souhaiteront. Certains policiers ne prennent même plus la peine de raccompagner les migrants à la frontière. Gare d’Hendaye, un après-midi, le TGV pour Paris est en partance. Des policiers fouillent le train, ils trouvent trois jeunes avec billets mais sans papiers, ils les font descendre, puis les laissent dans la gare. « De toute façon, ça ne sert à rien d’aller jusqu’à la frontière, dans deux heures, ils sont de nouveau là. Ça ne sert qu’à grossir les chiffres pour que nos chefs puissent faire de jolis camemberts », lâche, avec aigreur, l’un des agents.

    La compassion l’emporte sur le rejet

    L’amertume n’a pas encore gagné le reste de la population basque. Au contraire. Dans cette zone où l’on joue volontiers à saute-frontière pour aller acheter des cigarettes à moins de cinq euros ou du gasoil à 1,1 euro, où il est fréquent, le samedi soir, d’aller boire un verre sur le littoral espagnol à San Sebastian ou à Fontarrabie, où près de 5000 Espagnols habitent côté français, où beaucoup sont fils ou petits-fils de réfugiés, la compassion l’emporte sur le rejet. Même le Rassemblement national, qui a diffusé un communiqué mi-août pour dénoncer « une frontière passoire », doit reconnaître que son message peine à mobiliser : « Les gens commencent à se plaindre, mais je n’ai pas entendu parler de débordements, ni rien d’avéré », admet François Verrière, le délégué départemental du parti. Kotte Ecenarro, le maire socialiste d’Hendaye, n’a pas eu d’écho de ses administrés : « Pour l’instant, les habitants ne disent rien, peut-être parce qu’ils ne les voient pas. » Lui, grand joggeur, les aperçoit lorsqu’il va courir tôt le matin et qu’ils attendent le premier bus pour Bayonne, mais aucun ne s’attarde dans la zone frontière, trop risquée.

    Chaque soir, place des Basques à Bayonne, des migrants embarquent dans les bus pour Paris.

    Le car est à peine garé le long du trottoir que, déjà, ils se pressent à ses portes. Ils regardent avec anxiété la batterie de leur téléphone, elle est presque à plat, il faut qu’elle tienne quelques minutes encore, le temps de présenter le billet. Quatre jeunes filles s’inquiètent, leur ticket affiche un prénom masculin, le chauffeur les laissera-t-il passer ? Ou vont-elles perdre les 100, 200 ou 300 euros qu’elles ont déboursés à des « frères » peu scrupuleux - la valeur officielle est de 35 euros - pour acquérir ce précieux sésame vers Paris ? Chaque soir depuis quelques semaines, le même scénario se répète au terminus des « bus Macron » sur la place des Basques, à Bayonne. Une centaine de jeunes, pour la plupart originaires d’Afrique francophone, plus rarement du Maghreb, monte par petits groupes dans les cars en partance pour Bordeaux ou Paris, dernière étape d’un périple entamé depuis des mois. Ils ont débarqué la veille d’Irun, en Espagne, à 40 kilomètres plus au sud, après un bref passage par la ville frontalière d’Hendaye.
    Des dizaines de bénévoles se succèdent pour apporter et servir des repas aux migrants, place des Basques, à Bayonne.

    Des dizaines de bénévoles se succèdent pour apporter et servir des repas aux migrants, place des Basques, à Bayonne.

    Les arrivées ont commencé au compte-gouttes au printemps, elles se sont accélérées au cours de l’été. Depuis que l’Italie se montre intraitable, l’Espagne est devenue le principal point d’entrée en Europe, avec 48 000 nouveaux exilés depuis le début de l’année. Croisés à Irun ou à Hendaye, qu’ils viennent de Guinée-Conakry, de Côte d’Ivoire ou du Mali, ils racontent la même histoire. Thierno est guinéen, il a 18 ans. Il a tenté la traversée par la Libye, sans succès, il a poursuivi par l’Algérie et le Maroc, puis fini par franchir le détroit de Gibraltar en bateau après deux échecs. Tous évoquent la difficulté à travailler et à se faire payer au Maroc, les violences, parfois, aussi. Puis ils parlent de l’Espagne, d’Algesiras, Cadix ou Malaga, en experts de la géographie andalouse. Parfois, la Croix-Rouge espagnole, débordée au Sud, les a envoyés en bus vers ses centres de Madrid ou Bilbao, leur assurant une partie de leur voyage. Aboubacar, 26 ans, est, lui, remonté en voiture, avec des « frères ».

    Personne n’en parle, les réseaux sont pourtant bien là, à prospérer sur ces flux si lucratifs. On estime à 1500 euros le prix de la traversée à Gibraltar, 100 ou 200 euros le passage de la frontière française depuis Irun. Tous n’ont qu’un objectif, rejoindre la France, comme cette femme, sénégalaise, qui demande qu’on l’emmène en voiture et suggère, si on se fait contrôler, de dire qu’elle est notre bonne. La quasi-totalité veut quitter l’Espagne. Parce qu’ils n’en parlent pas la langue et qu’ils ont souvent en France sinon de la famille, au moins des connaissances. Parce qu’il est plus difficile de travailler dans la péninsule ibérique, où le taux de chômage reste de 15 %. Parce qu’enfin ceux qui envisagent de demander l’asile ont intérêt à effectuer les démarches en France, où 40 575 protections ont été accordées en 2017, plutôt qu’en Espagne (4 700 statuts délivrés).

    Un migrant traverse le pont de St Jacques à Irun en direction de la France.

    Alors, ils essaient, une fois, deux fois, trois fois, dans un absurde jeu du chat et de la souris avec les policiers français. Les 150 agents de la police aux frontières (PAF) en poste à Hendaye tentent, avec l’aide d’une compagnie de CRS, de contrôler tant bien que mal les cinq points de passage. Depuis le début de 2018, 5600 réadmissions ont été effectuées vers l’Espagne, contre 3520 en 2017, mais, de l’aveu même d’un officiel, « ça passe et ça passe bien, même ». Si l’autoroute est gardée quasiment toute la journée, il reste un créneau de deux heures durant lequel elle ne l’est pas faute d’un effectif suffisant. Chaque nuit, des taxis espagnols en profitent et déposent des gens sur la place des Basques à Bayonne. La surveillance des deux ponts qui enjambent la Bidassoa et séparent Irun d’Hendaye est aléatoire. A certaines heures, le passage à pied se fait sans difficulté. Il ne reste plus ensuite aux migrants qu’à se cacher jusqu’au prochain passage du bus 816, qui les conduira à Bayonne en un peu plus d’une heure.
    Un groupe des migrants se fait arrêter à Behobie, côté français, après avoir traversé la frontière depuis Irun en Espagne.

    Un groupe des migrants se fait arrêter à #Behobie, côté français, après avoir traversé la frontière depuis Irun en Espagne.

    La compassion l’emporte sur le rejet

    L’amertume n’a pas encore gagné le reste de la population basque. Au contraire. Dans cette zone où l’on joue volontiers à saute-frontière pour aller acheter des cigarettes à moins de cinq euros ou du gasoil à 1,1 euro, où il est fréquent, le samedi soir, d’aller boire un verre sur le littoral espagnol à #San_Sebastian ou à #Fontarrabie, où près de 5000 Espagnols habitent côté français, où beaucoup sont fils ou petits-fils de réfugiés, la compassion l’emporte sur le rejet. Même le Rassemblement national, qui a diffusé un communiqué mi-août pour dénoncer « une frontière passoire », doit reconnaître que son message peine à mobiliser : « Les gens commencent à se plaindre, mais je n’ai pas entendu parler de débordements, ni rien d’avéré », admet François Verrière, le délégué départemental du parti. Kotte Ecenarro, le maire socialiste d’Hendaye, n’a pas eu d’écho de ses administrés : « Pour l’instant, les habitants ne disent rien, peut-être parce qu’ils ne les voient pas. » Lui, grand joggeur, les aperçoit lorsqu’il va courir tôt le matin et qu’ils attendent le premier bus pour Bayonne, mais aucun ne s’attarde dans la zone frontière, trop risquée.

    Des migrants sont accueillis en face de la mairie d’Irun par des associations de bénévoles.

    Le flux ne se tarissant pas, la solidarité s’est organisée des deux côtés de la #Bidassoa. A Irun, un collectif de 200 citoyens a répondu aux premiers besoins durant l’été, les autorités jugeant alors qu’organiser de l’aide était inutile puisque les migrants ne rêvaient que d’aller en France. Elles ont, depuis, changé d’avis. Mi-octobre, un centre de la Croix-Rouge proposait 70 places et un hôpital, 25. « Ils peuvent rester cinq jours dans chaque. Dix jours, en général, ça suffit pour passer », note Ion, un des piliers du collectif. Dans la journée, ils chargent leurs téléphones dans un coin de la gare ou patientent, en doudounes et bonnets, dans un campement installé face à la mairie. Dès qu’ils le peuvent, ils tentent le passage vers la France.

    A Bayonne aussi, l’improvisation a prévalu. Le réseau d’hébergeurs solidaires mis en place depuis 2016 n’était pas adapté à cette situation d’urgence, à ces gens qui n’ont besoin que d’une ou deux nuits à l’abri avant de filer vers Paris. Chaque soir, il a fallu organiser des maraudes avec distribution de repas et de vêtements, il a fallu trouver des bénévoles pour loger les plus vulnérables - des femmes avec de jeunes enfants sont récemment apparues. Sous la pression de plusieurs collectifs, la mairie vient de mandater une association locale, Atherbea, pour organiser l’aide. A proximité du terminal des bus, vont être installés toilettes, douches, lits, repas et prises de téléphone - un équipement indispensable à ces exilés, pour qui le portable est l’ultime lien avec leurs proches. La municipalité a promis des financements, mais jusqu’à quand ?

    Longtemps discret sur la situation, le gouvernement affiche désormais son volontarisme. Depuis quelques semaines, des unités en civil ont été déployées afin d’identifier les filières de passeurs. Dans son premier entretien comme ministre de l’Intérieur au JDD, Christophe Castaner a dit s’inquiéter de la pression exercée dans la zone et promis un « coordonnateur sécurité ». Les policiers espèrent, eux, surtout des renforts. « Il faudrait 30 à 40 agents de la police aux frontières de plus », juge Patrice Peyruqueou, délégué syndical Unité SGP Police. Ils comptent sur la nomination de Laurent Nuñez comme secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur pour se faire entendre. L’homme n’a-t-il pas été sous-préfet de Bayonne ? N’a-t-il pas consacré son premier déplacement officiel au Pays Basque, le vendredi 19 octobre ? Mais déjà les voies de passage sont en train de bouger. De nouvelles routes se dessinent, à l’intérieur des Pyrénées, via Roncevaux, le tunnel du Somport ou la quatre-voies qui relie Saragosse, Pau et Toulouse, des accès moins surveillés qu’Irun et Hendaye. Le jeu du chat et de la souris ne fait que commencer.

    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/pays-basque-la-nouvelle-route-de-l-exil_2044337.html

    #pays_basque #asile #migrations #réfugiés #routes_migratoires #parcours_migratoires #Espagne #frontières #solidarité #contrôles_frontaliers

    via @isskein

    • Entre l’Espagne et la France, la nouvelle route migratoire prend de l’ampleur

      L’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe pour des personnes originaires d’Afrique de l’Ouest qui tentent de gagner la France.

      L’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe en 2018. La majorité des personnes qui arrivent sont originaires d’Afrique de l’Ouest et tentent de gagner la France.

      Emmitouflé dans un manteau, la tête abritée sous un bonnet, Boris disparaît dans la nuit, sous la pluie. Ce Camerounais de 33 ans, qui parle un français parfait, « traîne » à Irun de puis un mois. Dans cette petite commune du pays basque espagnol, il attend de pouvoir traverser la frontière et rejoindre la France, à quelques mètres de là. L’aventure a trop peu de chances de réussir s’il la tente à pied, et il n’a pas l’argent pour se payer un passage en voiture. Il aimerait rejoindre Paris. Mais il doute : « On me dit que c’est saturé. C’est vrai ? Est-ce qu’il y a des ONG ? Vous connaissez Reims ? »

      Parti depuis un an de son pays, Boris a traversé le Nigeria, le Niger, l’Algérie et le Maroc avant de gagner l’Europe par la mer. Comme de plus en plus de personnes, il a emprunté la route dite de la Méditerranée occidentale, qui passe par le détroit de Gibraltar. Le passage par la Libye, privilégié ces dernières années, est devenu « trop dangereux » et incertain, dit-il.

      En 2018, l’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe. Quelque 50 000 personnes migrantes sont arrivées sur les côtes andalouses depuis le début de l’année, en provenance du Maroc, ce qui représente près de la moitié des entrées sur le continent.

      Sous l’effet de la baisse des départs depuis la Libye et des arrivées en Italie, les routes migratoires se redessinent. Et bien que les flux soient sans commune mesure avec le pic de 2015, lorsque 1,8 million d’arrivées en Europe ont été enregistrées, ils prennent de court les autorités et en particulier en France, qui apparaît comme la destination privilégiée par ces nouveaux arrivants originaires majoritairement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb.

      80 à 100 arrivées quotidiennes

      A Irun, Txema Pérez observe le passage en nombre de ces migrants et il le compare à l’exil des réfugiés espagnols lors de la guerre civile en 1939 : « On n’a pas vu ça depuis la Retirada », lâche le président de la Croix-Rouge locale.

      Face à cet afflux, l’organisation humanitaire a ouvert cet été plusieurs centres d’accueil temporaire sur l’itinéraire des migrants, dans plusieurs communes du Pays-Basque mais aussi à Barcelone à l’autre extrémité des Pyrénées, où ils font étape quelques jours avant de tenter de gagner la France.

      Cette semaine, une trentaine de personnes ont dormi dans l’auberge de la Croix-Rouge d’Irun. « Ils reprennent des forces et disparaissent, constate Txema Perez. Ils finissent tous par passer la frontière. 90 % d’entre eux parlent français. Et ils voient Paris comme un paradis. »

      Sur le chemin qui mène ces personnes jusqu’à une destination parfois très incertaine, Bayonne et en particulier la place des Basques dans le centre-ville, s’est transformée dans le courant de l’été en point de convergence. C’est là qu’arrivaient les bus en provenance d’Espagne et en partance pour le nord de la France. Si, au début, une dizaine de personnes seulement transitaient par la ville chaque jour, aujourd’hui la mairie parle de 80 à 100 arrivées quotidiennes. Et autant de départs. « C’est la première fois qu’on constate un tel afflux », reconnaît David Tollis, directeur général adjoint des services à la mairie.

      « Ils sont en majorité originaires de Guinée et il y a notamment beaucoup de gamins qui se disent mineurs. On a l’impression que le pays se vide », confie Alain Larrea, avocat en droit des étrangers à Bayonne. « Les jeunes hommes évoquent la pauvreté qui a explosé mais aussi les risques d’arrestations et d’enfermements arbitraires, ajoute Julie Aufaure, de la Cimade. Les femmes fuient aussi les risques d’excision. »

      « Je ne sais pas encore ce que je vais faire »

      Face à l’augmentation des arrivées et à la dégradation des conditions météorologiques, la municipalité a commencé à s’organiser il y a une dizaine de jours. « Je ne me pose pas la question du régime juridique dont ces personnes relèvent. Simplement, elles sont dans une situation de fragilité et il faut leur venir en aide, justifie Jean-René Etchegaray, le maire UDI de Bayonne. Nous avons dans l’urgence tenté de les mettre à l’abri ». Après avoir mis à disposition un parking puis, le week-end dernier, une école, la municipalité a ouvert, lundi 29 octobre, les locaux désaffectés d’un ancien centre communal d’action sociale. Des douches y ont été installées, des couvertures et des repas y sont fournis. Dans le même temps, la mairie a déplacé les arrêts des bus aux abords de ce lieu, sur les quais qui longent l’Adour.

      Mercredi 31 octobre, plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue à l’heure de la distribution du déjeuner. Parmi elles, Lamine, un Guinéen de 19 ans, raconte son voyage vers l’Europe entamé il y a trois ans : « Je suis resté trois mois au Mali, le temps de réunir l’argent pour pouvoir ensuite aller en Algérie. » En Algérie, il travaille encore deux ans sur des chantiers. « On avait entendu qu’il fallait environ 2 000 euros pour passer du Maroc à l’Espagne », poursuit-il.

      A la frontière entre l’Algérie et le Maroc, il dit s’être fait confisquer 1 000 euros par des Touaregs. Arrivé à Rabat, il travaille à nouveau sur un chantier de construction, payé 100 dirhams (environ neuf euros) par jour, pour réunir les 1 000 euros manquants au financement de sa traversée de la Méditerranée. Il y reste presque un an. En octobre, il part pour Nador, une ville côtière au nord-est du pays. « On est resté caché une semaine dans la forêt avant de prendre le bateau, témoigne-t-il. On était 57 à bord. Des Maliens, des Guinées, des Ivoiriens. Un bateau de la Croix Rouge nous a porté secours au bout de quatre heures de navigation ».

      Comme la plupart de ceux qui arrivent sur les côtes espagnoles, Lamine s’est vu remettre un document par les autorités du pays, lui laissant un mois pour régulariser sa situation. Le jeune homme a ensuite rejoint en car, Madrid puis Bilbao et Irun. Il tente une première fois le passage de la frontière en bus mais se fait renvoyer par la police française. La deuxième fois, en échange de 50 euros, il trouve une place dans une voiture et parvient à gagner la France. « Je ne sais pas encore ce que je vais faire, reconnait-il. Je n’ai pas de famille qui finance mon voyage et je ne connais personne ici ».

      10 500 refus d’entrée prononcés en 2018

      Face à l’augmentation des traversées, les autorités françaises ont renforcé les contrôles aux frontières. Depuis le début de l’année 2018, 10 500 refus d’entrée ont été prononcés à la frontière franco-espagnole, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2017. « La pression la plus forte est observée dans le département des Pyrénées-Atlantiques, où les non-admissions sont en hausse de 62 % », explique-t-on au ministère de l’intérieur. Dans les Pyrénées-Orientales, l’autre voie d’entrée majeure en France depuis l’Espagne, le nombre de non-admissions est reparti à la hausse depuis l’été, mais dans une moindre mesure.

      « Beaucoup de monde arrive par ici, assure Jacques Ollion, un bénévole de la Cimade basé à Perpignan. Les gares et les trains sont contrôlés parfois jusqu’à Narbonne. Et les cars internationaux aussi, au péage du Boulou (à une dizaine de kilomètres de la frontière). Ça, c’est la pêche miraculeuse. »

      Le nombre de non-admissions reste toutefois très inférieur à celui remonté de la frontière franco-italienne. En Catalogne comme au Pays basque, tout le monde s’accorde à dire que la frontière reste largement poreuse. Mais certains s’inquiètent d’une évolution possible à moyen terme. « Dès qu’il y a une fermeture, cela démultiplie les réseaux de passeurs et les lieux de passage, met en garde Corinne Torre, cheffe de mission France à Médecins sans frontières (MSF). Dans les Pyrénées, il y a énormément de chemins de randonnée ». Des cas d’arrivée par les cols de montagne commencent à être rapportés.

      Dans le même temps, les réseaux de passeurs prospèrent face aux renforcements des contrôles. « Comme les migrants ne peuvent pas traverser à pied, ils se retournent vers les passeurs qui les font traverser en voiture pour 150 à 350 euros », témoigne Mixel Bernadet, un militant de l’association basque Solidarité migrants - Etorkinekin.

      Une fois qu’ils sont parvenus à rejoindre le territoire, à Bayonne, Paris ou ailleurs, ces migrants n’en sont pas moins en situation irrégulière et confrontés à une difficulté de taille : enregistrés en Espagne au moment de leur arrivée en Europe, ils ne peuvent pas demander l’asile ailleurs que dans l’Etat par lequel ils sont entrés, en tout cas pas avant une période allant de six à dix-huit mois. Ils sont donc voués à être renvoyés en Espagne ou, plus vraisemblablement, à errer des mois durant, en France.

      Julia Pascual (Bayonne et Irun – Espagne –, envoyée spéciale)

      Poursuivi pour avoir aidé une migrante sur le point d’accoucher, le parquet retient « l’immunité humanitaire ». Le parquet de Gap a annoncé vendredi 2 novembre avoir abandonné les poursuites engagées contre un homme qui avait porté secours à une réfugiée enceinte, durant l’hiver à la frontière franco-italienne. Le 10 mars, Benoît Ducos, un des bénévoles aidant les migrants arrivant dans la région de Briançon, était tombé sur une famille nigériane, un couple et ses deux jeunes enfants, et deux autres personnes ayant porté la femme, enceinte de huit mois et demi, durant leur marche dans le froid et la neige. Avec un autre maraudeur, il avait alors décidé de conduire la mère en voiture à l’hôpital de Briançon. En chemin, celle-ci avait été prise de contractions et à 500 mètres de la maternité, ils avaient été arrêtés par un contrôle des douanes ayant retardé la prise en charge médicale selon lui, ce que la préfecture avait contesté. Le bébé était né dans la nuit par césarienne, en bonne santé. Une enquête avait ensuite été ouverte pour « aide à l’entrée et à la circulation d’un étranger en situation irrégulière ».

      https://mobile.lemonde.fr/societe/article/2018/11/03/entre-l-espagne-et-la-france-la-nouvelle-route-migratoire-prend-de-l-

    • #SAA, un collectif d’accueil et d’accompagnement des migrants subsahariens aux frontières franco-espagnoles

      Dans ce nouveau numéro de l’émission “Café des libertés”, la web radio du RAJ “Voix de jeunes” a reçu sur son plateau deux activistes du sud de la France plus exactement à Bayonne, il s’agit de Marie cosnay et Vincent Houdin du collectif SAA qui porte le prénom d’un jeun migrant guinéen décédé durant sa traversé de l’Espagne vers la France.
      Nos invités nous ont parlé de la création du collectif SAA, ses objectifs et son travail d’accueil et d’accompagnement des migrants subsahariens qui traversent la frontière franco-espagnole dans l’objectif d’atteindre les pays du Nord telle que l’Allemagne.
      Ils sont revenus également sur les difficultés que posent les politiques migratoires dans la région notamment celle de l’union européenne marquées par une approche purement sécuritaire sans se soucier de la question du respect des droits et la dignité des migrants.
      Ils ont aussi appelé au renforcement des liens de solidarité entre les peuples dans le monde entier.

      https://raj-dz.com/radioraj/2018/11/11/saa-collectif-daccueil-daccompagnement-migrants-subsahariens-aux-frontieres-

    • France : 19 migrants interpellés dans un bus en provenance de Bayonne et assignés à résidence

      Des douaniers français ont interpellé 19 personnes, dont un mineur, en situation irrégulière lundi dans un car au péage de #Bénesse-Maremne, dans les #Landes. L’adolescent de 17 ans a été pris en charge par le département, les autres ont reçu une #obligation_de_quitter_le_territoire (#OQTF) et sont assignés à résidence dans le département.

      Lors d’un contrôle lundi 12 novembre au péage de Bénesse-Maremne, sur l’autoroute A6 (dans les Landes), un car de la compagnie #Flixbus a été intercepté par des douaniers français. Après avoir effectué un contrôle d’identité à l’intérieur du véhicule, les autorités ont interpellé 19 personnes en situation irrégulière, dont une femme et un adolescent de 17 ans.

      Les migrants, originaires d’Afrique de l’ouest, ont été envoyés dans différentes #casernes de gendarmerie de la région (#Castets, #Tarnos, #Tartas, #Lit-et-Mixe) puis libérés quelques heures plus tard. Le mineur a quant à lui été pris en charge par le département.

      En attendant de trouver un #accord_de_réadmission avec l’Espagne, la préfecture des Landes a notifié aux 18 migrants majeurs une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ils sont également assignés à résidence dans le département des Landes et doivent pointer au commissariat trois fois par semaine.

      Un #accord signé entre la France et l’Espagne prévoit de renvoyer tout migrant se trouvant sur le territoire français depuis moins de quatre heures. Mais selon Jeanine de la Cimade à Mont-de-Marsan (à quelques kilomètres de Bayonne), ce n’est pas le cas de ces 18 migrants. « Ils ne peuvent pas être renvoyés en Espagne car ils ont passé quatre jours à Bayonne avant d’être arrêtés au péage », précise-t-elle à InfoMigrants.

      Les migrants sont assistés d’avocats du barreau de Dax, dans les Landes, et un bénévole de la Cimade est aussi à leurs côtés selon France Bleu.

      Cette opération des douanes a été menée le même jour que la visite du ministre français de l’Intérieur à la frontière franco-espagnole. Christophe Castaner s’est alors dit inquiet de « mouvements migratoires forts sur les Pyrénées » et a annoncé une coopération accrue avec l’Espagne.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/13368/france-19-migrants-interpelles-dans-un-bus-en-provenance-de-bayonne-et
      #assignation_à_résidence

      –------

      Commentaire :
      On peut lire dans l’article :
      "Un accord signé entre la France et l’Espagne prévoit de renvoyer tout migrant se trouvant sur le territoire français depuis moins de quatre heures. »
      --> c’est quoi cet accord ? Quand est-ce qu’il a été signé ? Quelqu’un a plus d’information ?

      C’est l’équivalent de l’accord bilatéral de réadmission entre la Suisse et l’Italie (signé en 2000 : https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20022507/index.html) et qui a été « repêché » par la Suisse à partir de 2016 ?
      Ou comme celui qui a été apparemment signé entre la France et l’Italie récemment ?
      https://www.agi.it/estero/migranti_francia_salvini_respingimento_concordato-4511176/news/2018-10-20

      #accord_de_réadmission #accord_bilatéral

    • A Bayonne, nouvelle porte d’entrée des migrants, « l’urgence fait exploser les frontières politiques »

      Une fois la frontière franco-espagnole franchie, des migrants affluent par milliers à Bayonne. Là, le maire de centre-droit et des militants de gauche ont bricolé, main dans la main, un hébergement d’urgence sous le nez du préfet. Les exilés s’y reposent des violences subies au Maghreb, avant de sauter dans un bus et de se disperser aux quatre coins de France. Reportage dans les #Pyrénées.

      https://pbs.twimg.com/card_img/1075002126915518464/L_aQEp7o?format=jpg&name=600x314

      https://www.mediapart.fr/journal/france/181218/bayonne-nouvelle-porte-d-entree-des-migrants-l-urgence-fait-exploser-les-f

    • A Bayonne, nouvelle route migratoire, l’impressionnante #solidarité des habitants malgré les carences de l’État

      La route de la Libye et de l’Italie étant coupée, de plus en plus de migrants arrivent en Europe via le Maroc et l’Espagne. Certains passent ensuite par le Pays Basque. En deux mois, 2500 réfugiés ont déjà transité par un centre d’accueil ouvert à Bayonne. La démarche, d’abord spontanée, bénéficie désormais du soutien de la mairie. L’État a quant à lui exercé des pressions sur les chauffeurs de taxi ou les compagnies d’autobus, en exigeant notamment l’identité des voyageurs. Basta ! a passé la nuit du 31 décembre au 1er janvier aux côtés des bénévoles de la « Pausa », et des réfugiés qui appréhendent un avenir incertain.

      A peine investi, il a fallu trouver un nom au lieu. « Ça fait un peu stalag », remarque Joël dans un sourire navré [1]. Planté dans la cour de ce bâtiment désaffecté de la Légion, sous les lumières aveuglantes qui semblent plonger depuis des miradors invisibles, le salarié d’astreinte hésite encore à proposer aux migrants l’entrée d’un édifice tout en grillage et en barreaux. Sur le parvis goudronné, encadré par de hauts murs et surplombé par la citadelle militaire de Bayonne, l’ombre fuyante des lignes ferroviaires prolonge ce décor figé par le froid. Cependant, le panneau « Terrain militaire - défense de pénétrer » est déjà égayé d’une série colorée d’autocollants antifascistes, et de bienvenue aux migrants. A l’intérieur, derrière les vitres polies, la lumière se fait aussi plus chaleureuse.

      Le lieu s’appellera finalement « Pausa », la pause en basque. Comme le premier bâtiment d’accueil, à vingt mètres de là, trop exigu et qu’il a fallu abandonner aux premiers jours de décembre. Mais aussi comme cette authentique pause, au milieu d’un périple exténuant qui dure parfois plusieurs années. Bayonne est devenue en 2018 une nouvelle étape essentielle sur les chemins de l’exil vers la France ou le nord de l’Europe. Une porte d’entrée en terre promise. C’est ici qu’aura lieu, ce soir, le nouvel an des réfugiés. Comme un symbole d’espoir, celui d’une vie dans laquelle il serait enfin possible de se projeter, laissant de côté les embûches de la route déjà accomplie.

      Un répit salutaire de trois jours

      Kébé vient de Guinée, comme beaucoup d’arrivants ces dernières semaines. Au milieu des préparatifs de la fête, il lit, imperturbable dans sa couverture, le récit autobiographique d’un jeune footballeur camerounais qui rêve de gloire sportive mais ne connaît que désillusions. Kébé ne veut pas être footballeur. Ainé d’une famille nombreuse restée à Conakry, il voudrait reprendre l’école et apprendre le métier de coiffeur à Bayonne. Parce que, dit-il, « c’est une ville très jolie et d’importance moyenne ». Il a déjà commencé un dossier pour faire valoir sa minorité et prétendre à une scolarité. Mais le temps lui est compté au centre d’accueil des réfugiés, où l’on s’efforce de ne garder les migrants que trois jours. Le temps d’un répit salutaire pour faire le point, quand le quotidien des migrants n’est fait que de recherche d’argent, de nourriture, de transport, d’hébergement, de passeurs, de policiers, ou bien pire. Initialement en route pour Paris, sans rien connaître de la capitale et sans contact, il a trouvé, juge-t-il, sa destination.

      C’est aussi le cas d’Ibrahim, parti de Sierra Leone il y a deux ans, qui fixe les premiers spots colorés de la soirée, comme une célébration de son arrivée à bon port. « Ici on est bien accueilli », constate-t-il. Lui aussi a 17 ans. Sa vie n’est que succession de petits boulots pour financer des kilomètres vers l’Europe. Il a appris le français en route, et ne souhaitait pas rester en Espagne, « à cause du problème de la langue ». Il continue d’explorer, sur son smartphone, les possibilités sans doute infinies que lui promet sa nouvelle vie, en suivant avec intérêt les préparatifs de la fête.

      Internet, ce fil de vie qui relie les continents

      Les bénévoles ne ménagent pas leur peine pour faire de cette soirée de réveillon une réussite : pâtisserie, riz à la piperade, bisap à gogo, sono, lumières, ballons... seront de la partie. Un « Bonne année 2019 » gonflable barre l’allée centrale du vaste dortoir, et s’achève vers un minuscule renfoncement aménagé en salle de prière. Les affiches de la Légion n’ont pas disparu. Elles indiquent par exemple le lieu où devaient être soigneusement pliées les « chemises arktis sable ». Mais l’ordre militaire a largement été chamboulé. La pièce principale sert à la fois de dortoir, de réfectoire, de cuisine, de magasin de produits d’hygiène, de bureau.

      Une borne wifi assure le flux Internet, précieux fil de vie durant un voyage au long cours. La nouvelle connexion déleste au passage les bénévoles, auparavant contraints de connecter une flopée d’appareils sur leurs propres smartphones, pour improviser des partages de connexion. Les écrans des téléphones sont autant de lueurs qui recréent des foyers dans les recoins les plus sombres de ce camping chauffé. Des gamins jouent au foot dans la cour, et la musique résonne jusque sur le quai de l’Adour. L’avantage, c’est que chacun peut programmer sa musique et la défendre sur le dance floor, avant de retourner tenir salon dans la semi-pénombre ou disparaître sous une couverture. Le temps de quelques sourires, sur des masques d’inquiétude.

      Près de 450 bénévoles, militants aguerris ou nouveaux venus

      Les bénévoles ont trouvé le bon tempo, après avoir essuyé les plâtres des arrivées massives. Aux premiers jours d’ouverture de ce nouveau centre, début décembre, il fallait encore faire le tour complet d’une cuisine chaotique pour servir un seul café aux réfugiés qui arrivaient affamés et par paquets, jusqu’au milieu de la nuit. A Bayonne, on sent le sac et le ressac de la Méditerranée pourtant lointaine, et le tempo des traversées se prolonge au Pausa, au gré de la météo marine du détroit de Gibraltar. Les bénévoles ont intégré le rythme. Ils sont désormais près de 450, regroupés au sein de l’association Diakité, mélange improbable de militants associatifs aguerris et de présences spontanées, gérant l’urgence avec la seule pratique de l’enthousiasme.

      Cet attelage bigarré s’est formé à la fin de l’été 2017. Les premiers bayonnais ont commencé à descendre spontanément des gamelles et des vêtements sur la Place des Basques, de l’autre côté du fleuve. C’est là que se faisait le départ des bus long-courriers, avant que le vaste chantier du Tram’bus ne les déplace sur le quai de Lesseps. Puis l’automne est arrivé et les maraudes ont commencé, pour réchauffer les corps congelés et organiser, dans l’improvisation, un accueil d’urgence, qui prenait la forme d’un fil WhatsApp paniqué. Les bayonnais ont ouvert leurs portes, les dons de vêtements ont afflué, submergeant les bénévoles qui n’en demandaient pas tant.

      Le maire UDI de Bayonne, Jean-René Etchegaray, est entré dans la danse, arrondissant les angles jusqu’à ouvrir, dès le mois de novembre, un premier bâtiment municipal promis à destruction. L’évêque est arrivé bon dernier, et s’est fait éconduire par des bénévoles peu indulgents avec ses positions traditionalistes, notamment sur l’avortement ou les droits LGBT. Dommage pour le parc immobilier du clergé, que les bayonnais présument conséquent. Mais il y avait ce vaste entrepôt de l’armée, dans l’alignement du quai, qui sera bientôt entièrement requalifié. Sa capacité de 300 lits fait régulièrement le plein, et impose aux bénévoles une organisation rigoureuse, notamment pour assurer des présences la nuit et le matin.
      Pressions de l’État sur les compagnies de bus

      L’inquiétude courrait pourtant en cette fin d’année : les bénévoles risquaient la démobilisation et le centre promettait d’être bondé. En période de vacances scolaires, les prix des billets de bus s’envolent, clouant certains migrants à quai. Dans les dernières heures de 2018 en revanche, les tarifs chutent brutalement et les voyageurs fauchés en profitent pour s’éclipser. Cette nuit du 31 décembre, 40 migrants ont repris la route, laissant le centre investi par près de 140 pensionnaires et une tripotée de volontaires soucieux de porter la fête dans ce lieu du marasme et de la convalescence. Vers 23h, les candidats au départ sont regroupés. Le bus est en bas, la troupe n’a que quelques mètres à faire. L’équipe de nuit accompagne les migrants.

      Il y a quelques semaines, la tension est montée d’un cran lorsque les chauffeurs de la compagnie Flixbus ont exigé les identités des voyageurs, après qu’une vingtaine de sans-papiers aient aussi été débarqués d’un autocar par les forces de l’ordre, au premier péage après Bayonne. Le maire de la ville, Jean-René Etchegaray, est monté au créneau, sur place, pour s’insurger contre ces pratiques. Cet avocat de profession a dénoncé une discrimination raciale, constatant un contrôle qui ne concernait que les personnes de couleur. Il a aussi laissé les bénévoles stupéfaits, voyant leur maire de centre-droit ériger une barricade de poubelles pour barrer la route au bus récalcitrant. La direction de la compagnie a dû dénoncer les faits, et le climat s’est apaisé.

      N’en déplaise au préfet des Pyrénées-Atlantiques qui maintient la pression sur les professionnels, notamment les chauffeurs de taxi, en promettant amende, prison et confiscation de véhicule pour qui aide à la circulation des « irréguliers ». Mais les chauffeurs de bus connaissent leurs droits, et même certains bénévoles, à force de passages tous les deux ou trois jours. En cette soirée du nouvel an, les chauffeurs sont espagnols, et semblent assurés que le monde contemporain est suffisamment inquiétant pour qu’eux mêmes ne se mettent en prime à contrôler les identités. Fraternité, salutations, départ. Les migrants, après quelques sourires gratifiants, replongent inquiets dans leurs téléphones. Retour au chaud et à la fête, qui cette fois, bat son plein.
      « Et c’est peut-être cela qui m’empêche de dormir la nuit »

      Le camping a toutefois des allures d’hôpital de campagne, avec sa piste de danse bordée de lits de camps occupés. Les migrants arrivent souvent épuisés, et la présence d’enceintes à quelques mètres de leurs couvertures ne décourage pas certains à s’y enrouler. Les femmes, plus discrètes, regagnent un dortoir séparé qui leur offre une intimité bienvenue. Dans les lumières tournoyantes, bénévoles et migrants se mêlent en musique. Jessica est venue avec sa jeune fille, après plusieurs jours sans avoir pu se libérer pour donner un coup de main. Aziz est avec sa famille, en visiteur du quartier. Saidou, Baldé, Ibrahima, exultent en suivant les convulsions d’une basse ragga.

      Cyril, bénévole de la première heure, est attablé un peu plus loin et se repasse le film des derniers mois dans le répit de la liesse. Peut-être pense t-il à l’enfant récupéré sous un pont de Saint-Jean-de-Luz, dans une nuit glaciale et sous des trombes d’eau, que les bras de sa mère protégeaient avec peine. Aux trois filles prostrées, qui voyageaient ensemble depuis trois ans et dont deux étaient mystérieusement enceintes. Ou aux trois guinéennes stupéfaites, atterrées et terrorisées, qu’il a fallu convaincre longtemps, dans une nuit glacée, pour enrouler une couverture sur leurs épaules. A celle qui a dû abandonner ses enfants en Guinée et finit par « bénévoler » de ses propres ailes dans le centre, rayonnante dans sa responsabilité retrouvée. A celui qui a perdu sa femme, enceinte, dans les eaux noires de la méditerranée « et c’est peut-être cela qui m’empêche de dormir la nuit », dit-il. Et à tous ceux qui se perdent sur cette route sans fin.
      L’appui de la mairie, qui change tout sur le terrain

      Sur la piste de danse, Nathalie rayonne. Elle a débarqué il y a quelques jours de Narbonne, avec une fourgonnette pleine de matériel de première nécessité. Le problème des réfugiés lui tordait le ventre. Elle a organisé une collecte et souhaitait livrer Gap, dans les Hautes-Alpes, avant d’entendre parler de Bayonne et d’avaler 450 km pour sonner au centre, le 25 décembre, avec des couvertures, de la nourriture, des produits d’hygiène. Elle y est devenue bénévole à temps plein, pendant une semaine, avant de regagner ses théâtres où elle est costumière et perruquière. Mais elle note tout et promet un compte rendu complet aux structures militantes de sa région, à l’autre bout des Pyrénées. Notamment du côté de Perpignan où, dit-elle, « un jour ou l’autre ils arriveront et je ne suis pas sûre qu’ils seront accueillis de la même manière ». « Émerveillée par la solidarité des basques », elle relève surtout l’appui de la mairie aux bénévoles, qui change tout sur le terrain. « Vous êtes extraordinaire » a t-elle lancé au maire quelques jours auparavant.

      Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, est aussi venu saluer les migrants ce 31 décembre. Il est justement question qu’il tisse des liens avec d’autres maires qui s’investissent dans l’accueil des migrants, tel Mathieu Carême (écologiste) à Grande-Synthe. Un accompagnement politique qui est aussi, du point de vue de certains habitants, un gage de sécurité et de tranquillité publique. Si Jean-René Etchegaray reconnait avoir reçu « quelques lettres anonymes sur un ton plutôt FN », sourit-il, il constate aussi que, depuis que le centre a ouvert, les plaintes des habitants se sont tues. L’accueil organisé des migrants leur fournit un point de chute, aidant à les soustraire aux circuits de passeurs ou aux appétits mafieux, et à assurer leur propre sécurité. Le contraire de cette « jungle de Calais » que les premiers détracteurs de l’accueil brandissaient, un peu vite, comme une menace.
      Un soutien financier de la communauté d’agglomération, en attendant celui de l’État ?

      Au-delà de la solidarité pour « des gens qui arrivent escroqués et épuisés » et « doivent bien s’habiller quelque part », le premier magistrat de la commune et de l’agglomération se tourne aussi vers l’État pour la prise en charge de ces exilés. Il dénonce une forme de « sous-traitance » de la politique migratoire et de « démantèlement de l’autorité de l’État », tant à travers les pressions exercées à l’encontre des professionnels du transport, que dans le manque de moyens utilisés pour faire face à cette crise. La police se contente bien souvent de raccompagner, en douce, les migrants derrière la frontière, à 30 km de là, comme en attestent de multiples témoignages ainsi que des images de la télévision publique basque ETB. La Communauté d’agglomération Pays Basque a voté à l’unanimité une aide de 70 000 euros par mois pour soutenir le centre Pausa, en particulier pour financer l’équipe de sept salariés recrutée parmi les bénévoles, et fournir un repas quotidien. « Mais il faudra bien que l’État nous aide », prévient Jean-René Etchegaray.

      Dans cette attente, l’édile continue ses tournées d’inspection quotidienne du centre Pausa. Il commence par l’accueil, demande le nombre d’arrivées et de départs, s’assure que le petit bureau d’information sur les départs fonctionne, puis se rend dans la pièce principale, scrutant les lits disponibles, l’état des couvertures, s’assurant que tout fonctionne, échangeant avec les bénévoles et les voyageurs, « des gens remarquables » dit-il, et suivant des yeux, amusé, les évolutions d’un petit groupe de migrants qui passe le balais, preuve que « tout se régule », sourit-il. Au-delà des problèmes de logistique, prestement résolus, Jean-René Etchegaray est en première ligne pour réclamer aux grandes enseignes de sa circonscription des vêtements, des couvertures, de la nourriture ou de petites urgences ponctuelles, comme des gants et des bonnets. Et assurer la fluidité de cette solidarité qui s’organise encore, et prend de l’ampleur chaque jour.
      2500 réfugiés ont déjà transité par la Pausa

      Pour l’heure, le temps s’arrête sur un compte à rebours déniché sur Internet. 3 - 2 - 1 - 0 ! Tout le monde s’embrasse dans la salle, au milieu d’autres corps terrés sous une masse de couvertures. Un élan qui mêle réfugiés et bénévoles pour conjurer le mauvais sort, valider le travail abouti, triompher de cette année qui a bouleversé Bayonne, et appréhender un avenir incertain où, d’un côté comme de l’autre, rien n’est gagné. Mais l’étape est belle. 2500 réfugiés ont transité par le centre Pausa en deux mois. La route du Maroc et de l’Espagne a été empruntée par plus de 50 000 personnes en 2018, à mesure que celle de la Libye se ferme sur des milliers de morts et d’exactions, et l’évacuation de 17 000 personnes par l’Office internationale des migrations.

      Le dispositif du Centre d’accueil de Bayonne est prévu jusqu’au mois d’août 2019, mais rien ne dit que le flux humain tarira. Le maire est en train de prévoir l’ouverture d’une annexe dans le bâtiment militaire voisin. Un stalag II, railleront les bénévoles, qui lui redonneront tout de même un nom plus reposant, des couleurs, et tout ce qui peut revigorer les âmes sans tanière sur leur route incertaine.

      https://www.bastamag.net/A-Bayonne-nouvelle-route-migratoire-l-impressionnante-solidarite-des-habit

  • Pays Basque : une soixantaine de migrants bloqués à #Irun

    En provenance d’Afrique de l’Ouest, ces migrants sont refoulés par la #police française à #Hendaye. Les services sociaux sont débordés. Les associations viennent à la rescousse.

    De plus en plus de migrants se retrouvent bloqués à Irun et #Saint-Sébastien. Depuis deux mois, la Croix rouge espagnole a fait venir au Pays Basque Sud 2.000 des migrants ayant accosté en Andalousie. Des migrants refoulés à la frontière par la police française. Résultat : dans la province du #Gipuzkoa, services d’accueil sont débordés.

    Irun n’est pas devenu un nouveau Vintimille, mais les scènes sont inhabituelles. Depuis quinze jours, ils sont désormais une soixantaine de migrants à errer dans les rues d’Irun. Des jeunes hommes en provenance d’Afrique de l’Ouest en majorité (Cameroun, Guinée-Konakry, Burkina Faso, Côte d’Ivoire...). Certains dorment dans la rue, à la gare de la RENFE ou au Ficoba, près de la frontière.

    La municipalité a bien ouvert un centre d’hébergement de 28 places, habituellement destiné aux personnes souffrant du froid l’hiver. Il est plein. Ce sont les associations qui ont lancé l’alerte ces dernières semaines.

    Contrôles renforcés à la frontière

    Pour Jon de l’association SOS Racisme à Irun la situation est provoqué par un renforcement récent des contrôles de la police. La préfecture des Pyrénées Atlantiques dément toute chasse aux sans-papiers, les contrôles étant les mêmes depuis les attentats de 2015. En revanche.... l’Etat suit de près un possible transfert des flux migratoires, de l’Italie désormais plus fermée vers l’Espagne.


    https://www.francebleu.fr/infos/international/pays-basque-une-soixantaine-de-migrants-bloques-a-irun-1533712255

    #refoulement #France #push-back #Espagne #frontières #migrations #asile #réfugiés

    • Francia usa una medida antiterrorista para devolver migrantes a España

      Una parte de las devoluciones se hace de forma oficial, pero otra sin avisar a las autoridades españolas y en menos de 20 minutos.

      La gendarmería francesa está intensificando este verano sus controles en los pasos fronterizos con el País Vasco y el aumento de la presencia de patrullas ha cuadruplicado desde principios de año las cifras de migrantes, sobre todo subsaharianos, devueltos en tiempo récord a territorio español. Una parte de las devoluciones se hace de forma oficial y amparadas legalmente, al menos en el papel, en un acuerdo bilateral de readmisión, pero otra de manera extraoficial, en ocasiones en menos de 20 minutos y sin siquiera avisar a las autoridades españolas.

      La fórmula francesa, justificada en el restablecimiento de los controles fronterizos vigente desde finales de 2015 tras el atentado en el teatro Bataclán, resulta un quebradero de cabeza a este lado de la frontera. La policía no tiene control de las expulsiones y las instituciones que amparan a los migrantes están desbordadas. Por cada persona devuelta con garantías hay más de diez rechazadas sin ellas. Ya son 3.200 subsaharianos que se han quedado atrapadosen Euskadi en su viaje hacia Europa y que han tenido que ser atendidos por entidades humanitarias, según el Gobierno vasco. Las readmisiones oficiales contempladas en un acuerdo entre Francia y España, de 2002, han sido apenas 411 desde enero. Del resto no hay registro oficial. “Es completamente ilegal, además de un abuso. Ya existe un protocolo para readmitirles más o menos garantista, pero este procedimiento incumple todas garantías”, critica un agente de la Brigada de Extranjería. Al Ministerio del Interior le consta el problema y la Comisaría General de Extranjería ya busca una solución con sus homólogos franceses, según una portavoz.

      Los datos de devoluciones de años anteriores han puesto de manifiesto la deportación de potenciales refugiados que intentan llegar a países como Alemania o Reino Unido a través de la frontera sur. En 2014 y 2015, por ejemplo, España aceptó 407 sirios expulsados por Francia. “Uno de los fundamentos para una buena defensa es saber en qué procedimiento se encuentra la persona. Si no hay procedimiento no hay garantías. A los que llevan a la comisaría al menos se les da asistencia, a los otros los dejan en la calle”, denuncia el profesor de la Universidad del País Vasco, Iker Barbero.

      La policía francesa se ampara en el restablecimiento de los controles fronterizos, vigente desde finales de 2015, para devolver a España a los migrantes, sin pasar por las autoridades españolas, a migrantes interceptados en los puntos de paso entre ambos países. Tras los atentados de noviembre de aquel año, el Francia recurrió al artículo 2.2 del Convenio de Schengen, que permite estos controles entre las fronteras entre Estados de la Unión Europea, “cuando el orden público o la seguridad nacional lo exigen”. Desde entonces ha prolongado varias veces esta medida, en principio, extraordinaria, que deja en suspenso labata apertura de las fronteras interiores de la UE y la libre circulación de personas.

      A efectos prácticos, la policía francesa de fronteras puede verificar si la persona que entra en Francia dispone de los documentos válidos. Si a esta persona le falta algún documento, los agentes pueden impedirle la entrada en Francia. Las autoridades francesas no lo consideran una expulsión ni una devolución, sino una «no-admisión». Una fuente francesa que pidió el anonimato explicó que a estas personas se les suele entregar un papel con los motivos de la «no-admisión», pero no es necesario avisar a las autoridades españolas. Según denuncian, no solo las asociaciones humanitarias españolas, sino también alguna francesa como La Cimade, los gendarmes no discriminan entre adultos y menores, vayan o no acompañados.

      Cuatro horas

      Otra cosa ocurre cuando la persona que entra en Francia ya ha pisado territorio francés. Entonces, según la citada fuente, sí se aplica el acuerdo entre Francia y España. Este acuerdo estipula los procedimientos por los que un migrante de un tercer país puede ser devuelto al país vecino en el plazo de cuatro horas tras su entrada, y obliga a rellenar unos formularios y a avisar a las autoridades vecinas.

      Varias ONG llevan años denunciando la prolongación de los controles fronterizos dentro de la UE. También señalan que la medida se usa para un fin distinto al que estaba previsto. “Mientras que el motivo invocado para poner en práctica este arsenal de controles en las fronteras es la lucha antiterrorista, está claro que el objetivo primero es limitar drásticamente la libertad de circulación de las personas migrantes dentro de la UE y en particular las que vienen de Italia, Grecia y España”, se quejaron en noviembre de 2017 tres asociaciones francesas de apoyo al migrante. La nota criticaba que los controles eran discriminatorios, basados en el color de la piel y el aspecto físico. Las tres asociaciones presentaron una demanda ante el Consejo de Estado francés, que validó el sistema actual.


      https://elpais.com/politica/2018/08/31/actualidad/1535739245_344129.html

      #terrorisme #anti-terrorisme

  • #Alcool, #insultes, #menaces : le rapport qui accable le centre de rétention d’#Hendaye

    Dans un rapport de visite au centre de rétention d’Hendaye, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté dénonce l’attitude de certains fonctionnaires de #police.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/200917/alcool-insultes-menaces-le-rapport-qui-accable-le-centre-de-retention-d-he

    #détention_administrative #rétention #asile #migrations #réfugiés #France #CRA

  • #Hendaye : Rassemblement “nous aussi avons été réfugié.e.s”
    http://lahorde.samizdat.net/2016/08/29/hendaye-rassemblement-nous-aussi-avons-ete-refugie-e-s

    Lu sur le site IpEH Antifaxista : Rassemblement 4 septembre à Hendaye (12:00) (Eus – Fr) Il y a tout juste 80 ans, le 18 juillet 1936, débutait la guerre civile espagnole. Cette guerre menée par le général Franco et ses troupes nationalistes,avec l’aide des nazis allemands et les fascistes Italiens, contre la II [&hellip

    #Initiatives_antifas

  • À #Hendaye, on emprisonne d’abord, on discute ensuite

    Barry Mamadou Macka, 17 ans, a eu la mauvaise idée d’acheter des faux papiers affirmant qu’il avait 30 ans. Après 18 mois de calvaire, ce mineur guinéen passé par les maisons d’arrêt de #Montpellier, #Pau et le centre de rétention d’Hendaye vient de retrouver la liberté.


    https://jeanyvesviollier.com/2016/05/10/a-hendaye-on-emprisonne-dabord-on-discute-ensuite
    #détention_administrative #enfants #mineurs #détention #rétention #France

  • Documentaire : Cimetière des vivants

    32 000 expulsions de France en 2011 annoncées fièrement par Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur.
    Que se cachent derrière les chiffres des expulsions 2011 ?
    Découvrez la réalité quotidienne du centre de rétention administrative d’Hendaye où l’on retient avant expulsion, des personnes qui rentraient déjà chez elles...

    SUJET : #Rétention_administrative, #enfermement, #politique_d’immigration, #expulsions, #contrôles_frontières. #La_Cimade.

    SYNOPSIS :
    Mr K est enfermé dans le centre de rétention d’Hendaye, arrêté en situation irrégulière alors qu’il s’apprétait à quitter le territoire français.
    Sarah et Georges, membres de la Cimade, sont les seules personnes qui peuvent écouter et aider Mr K dans son quotidien de « retenu ».
    Mr K participe malgré lui à cette désormais bien connue politique du chiffre.
    Le ministère de l’intérieur s’était fixé pour l’année 2011 un objectif de 30 000 reconduites aux frontières. Ce documentaire met en valeur sur le terrain l’absurde politique migratoire française, à travers l’exemple saisissant de Hendaye en zone frontalière.
    Des images inédites des centres de rétention, des témoignages d’avocats, de bénévoles et de retenus dévoilent ce que cachent les chiffres des expulsions.
    Avec la participation de Jacques Gaillot.

    INTENTION DE LA REALISATRICE :
    « J’ai rencontré Laurence Hardouin en 2010 à l’Université de Bayonne lors d’un colloque intitulé : Migrations, Rétention, expulsions. J’avais entendu parler de la Cimade depuis quelques temps mais je ne connaissais pas exactement son rôle et la réalité de ce qu’il se passait sur Hendaye/Bayonne. Son discours m’a bouleversée, tout ce qu’elle expliquait était invraisemblable, tellement absurde…Je l’ai interpellé par la suite en lui demandant si un film ou un document visuel reprenait ce qu’elle énonçait dans son discours. L’image parfois sert plus que les mots…Quelques mois plus tard , je commençais le tournage. Un an et demie de travail et un remaniement au montage ont permis de créer Cimetière des vivants.
    Par ce documentaire j’espère convaincre les non-convaincus, je souhaite dénoncer l’énorme scandale de la politique du chiffre de l’immigration en France, une politique du chiffre absurde, manipulée qui conduit à des scénarios ubuesques, insoutenables pour les « retenus » qui tombent dans les mailles des filets à Hendaye. Une politique du chiffre qui ne sert qu’à créer des effets d’annonce, à activer les mécanismes de la peur en vue d’une communication dangereuse adressée à un électorat bien précis. J’ai réalisé un documentaire engagé souhaitant dévoiler une vérité cachée ou très mal connue. »
    « Histoire violente »
    Audrey Hoc a filmé l’association pendant un an pour réaliser un Documentaire http://www.sudouest.fr/2011/04/30/histoire-violente-385200-4018.php

    LE LIEU :
    Le documentaire est géographiquement bien délimité dans un rayon entre Hendaye et Bayonne, Pays Basque Nord, dans le Sud Ouest de la France.
    Le centre de rétention d’Hendaye est l’un des 26 centres et locaux de rétention de France.
    Sa situation est particulière car frontalière, proche d’Irun, Pays Basque Sud, porte de l’Espagne.

    http://www.cimetieredesvivants.fr/corps_Le%20documentaire.htm

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