#henri_dunant

  • Un train pour la Suisse

    Un parcours mythique à travers la Suisse, deux voyages et entre eux, 150 années et des différences par milliers.

    En juin 1863, une jeune femme anglaise nommée Jemima entreprend le voyage d’une vie pour découvrir la Suisse. Le guide n’est autre que Thomas Cook, inventeur du voyage organisé à cette occasion.

    Plus d’un siècle et demi plus tard, l’écrivain voyageur Diccon Bewes décide de s’aventurer sur leurs traces et de redécouvrir ce qu’ils ont vu. S’aidant du carnet de voyage retrouvé de la jeune femme, il parle de la Suisse d’hier et d’aujourd’hui, des différentes manières de voyager et de ce que le voyage a changé en Jemima et en lui.

    https://mobile.payot.ch/Detail/un_train_pour_la_suisse-diccon_bewes-9782940481101

    Quelques citations :

    « Voici l’un des premiers facteurs de succès des tours organisés par Thomas Cook : les femmes célibataires pouvaient voyager avec un groupe sans craindre pour leur sécurité ou leur réputation »

    (p.24)

    Thomas Cook « apprécie la facilité avec laquelle on voyage dans le ’pays des libertés’ » :

    « Il n’y a pas de passeports, pas de bureaux de douane, pas de péages, pas de gendarmes ; aucune de ces ridicules restrictions visant à protéger les gens de tous les dangers qu’ils peuvent encourir, et qui sont si ennuyeuses en France et en Allemagne »

    (p.63)

    « L’ouvrage The smell of the Continent , au titre tout à fait pertinent, évoque de manière distrayante les voyages et déplacements des Anglais en Europe après la chute de Napoléon, et consacre toute une partie au thème des #toilettes. Il révèle par exemple que de nombreux hôtels avaient une chambre portant le numéro 00 ou 000 : des toilettes communes et, par conséquent, assez dégoûtantes. Certains gérants d’hôtel commencèrent à installer des water closet (ou WC, un terme toujours utilisé dans toute l’Europe et particulièrement en Suisse, où il dépasse la barrière des langues), après y avoir été ’poussés par les plaintes constantes de la clientèle anglaise’, bien que ces toilettes n’aient pas l’air engageantes, en témoigne une critique cinglante datant de 1863 : ’Dans un #hôtel de, disons 60 chambres, il n’était pas inhabituel de ne trouver que quatre WC qui, dans certains cas, était dégoûtants ou ne fonctionnaient pas, tout simplement.’ »

    (p.98)

    « Le gouvernement suisse prit une décision capitale : il commissionna un rapport indépendant sur l’avenir du système de transports suisse, non seulement dans le but d’apporter une solution pratique à un problème politique, mais aussi pour trouver le moyen de faire évoluer l’#économie par le biais de l’unification nationale »

    (p.150)

    Sur le « #lieu_d'origine » (#Heimatort en allemand) en Suisse, et qui est noté sur chaque carte d’identité/passeport suisse :

    « Jusqu’en 2012, la commune était responsable de votre bien-être, même si vous n’y aviez jamais habité, elle devait vous venir en aide si besoin ; aujourd’hui, cette responsabilité revient à la commune de résidence »

    (p.203)

    Sur le #drapeau suisse :

    « Seuls les Suisses pouvaient délibérer pendant des années [de 1847 à 1889] sur un aussi petit détail que les dimensions d’une croix. Pourtant, il aura fallu une décision du Parlement pour régler le différend, spécifiant qu’une croix suisse devait avoir des bras d’égale longueur, mais un sixième plus long que large »

    (p.215)

    Sur Interlaken :

    « En 1870, 244 attelages de chevaux (dont 35 omnibus) effectuaient le court trajet [du port sur le lac de Thoune] jusqu’à Interlaken. La seule alternative à ce mode de transport consistait à longer à pied la même route, c’est-à-dire affronter la tempête de sable générée par les calèches et ’patauger jusqu’aux chevilles dans les excréments de chevaux’. »

    (p.223)

    Ce que apparemment John Ruskin pensait des Suisses :

    « On leur prêtait les traits de héros romantiques ou d’ignobles mercenaires ; en réalité, ils n’étaient ni héroïques ni vils, mais sincères, obstinés, un entêtement que l’on a d’ailleurs pu observer à plusieurs occasions ; fiers, sans qu’ils laissent pour autant leur fierté les entraîner dans des querelles légères ou inutiles ; vous ne trouverez chez eux ni passion ni humour fin, juste une capacité de discernement infaillible et une droiture constante. On ne peut les persuader d’accomplir leurs obligations, mais ils les connaissent ; ils n’expriment pas verbalement leur amitié, mais ne vous font jamais défaut quand vous êtes dans le besoin. »

    (pp. 257-258)

    « Quand on pense que les hommes découpaient 100 tonnes de #glace par jour sur la langue de ce #glacier [mer de glace sous le mont Blanc] et les transportaient jusqu’à Interlaken pour les vendre à des clients situés à Paris ou à Vienne ; un marché qui n’a pas survécu à la Première Guerre mondiale et à l’invention de la glace artificielle »

    (p.275)

    « Depuis le #col_de_Brünig, la route descend tout le temps jusqu’à #Lucerne, passant devant une enfilade de petits lacs. Le premier, le #lac_de_Lungern, était autrefois beaucoup plus grand, mais une solution bien inspirée pour pallier au manque de terres arables et aux vagues d’émigrations rurales, fit baisser le niveau d’eau de 18 mètres. Après cinquante ans de travaux et de discussion (qui divisa les habitants de #Lungern en deux camps : ’les Mouillés’ et ’les Secs’), un tunnel de 420 m vit le jour pour déplacer des milliers de litres d’eau et libérer ainsi des acres de terrains. Il y eut quelques effets secondaires imprévus, comme des glissements de terrain, mais le village gagna ainsi des terres agricoles dans une région demeurée sinon inhospitalière. »

    (p.302)

    Sur le monument du Lion de Lucerne :

    « Selon le consensus général, il s’agit d’un hommage à la lutte des Suisses pour leur indépendance. Si seulement... Tout poignant et majestueux qu’il soit, le monument du Lion est dédié à des hommes qui se sont vendus pour de l’argent et à des républicains morts pour un monarque autocrate. Il rappelle le courage et l’honneur sacrifiés au nom d’une cause perdue et de l’appât du gain, et c’en est d’autant plus triste »

    (p.311).

    « En 1977, le gouvernement helvétique a proposé une nouvelle loi sur l’#heure_d'été, qui prévoyait que la Suisse ferait comme les autres pays européens, en particulier ses voisins comme la France et l’Italie, et passerait à l’heure d’été entre mars et octobre. Les fermiers n’ont pas apprécié (ou du moins leurs vaches) et ils exigèrent un référendum sur la question. Ce furent les vaches qui eurent le dernier mot : en mai 1978, les Suisses votèrent contre l’instauration de l’heure d’été. »

    (pp.336-337)

    « Genève avait été la capitale de l’#horlogerie suisse jusqu’au milieu des années 1600, grâce à Calvin qui avait banni la #bijouterie, obligeant ainsi les artisans de la ville à se tourner vers une nouvelle profession. »

    (p.344)

    « A l’époque où Cook est venu, #Neuchâtel n’était pas suisse depuis longtemps. Célèbre, d’après ce qu’on dit, pour abriter des gens qui y parlaient le plus beau français de Suisse, Neuchâtel était autrefois une anomalie politique, parce qu’elle faisait partie de la Prusse. Pendant des années, elle fut à la fois un canton au sein de la Confédération suisse et une principauté appartenant à la Prusse, une configuration bizarre née de l’enchevêtrement qu’était l’Europe des siècles passés. A la mort de Marie d’Orléans, la princesse de Neuchâtel, en 1707, le peuple dut élire un nouveau souverain parmi les nombreux prétendants au trône. Il choisit Frédéric Ier de Prusse, parce que, pour lui, il était plus important d’être protestant que de parler français. Napoléon prit brièvement le contrôle du canton, avant que celui-ci redevienne une principauté prusienne en 1815, même si Neuchâtel était alors devenu le 21ème canton de Suisse.
    Cette situation helvético-prusienne perdura jusqu’en 1848, à la suite d’une révolte sans effusion de sang, survenue à Neuchâtel, qui donna lieu à une nouvelle république. »

    (pp.346-347)

    « Le #chemin_de_fer a réuni la Suisse en un #marché_unique, psychologiquement et économiquement. Les produits pouvaient à présent parvenir à leurs consommateurs rapidement et à moindre coût, qu’il s’agisse de montres pour l’étranger ou de carottes pour les citadins. Or, c’est le tourisme qui a permis de financer les #voies_ferrées. En dehors des plaines densément peuplées, seules quelques lignes auraient été viables sans les revenus issus du tourisme »

    (p.356)

    « Dès le début, le tourisme a mis de l’huile dans les rouages des trains, et ceux-ci ont assuré l’unité de la Suisse. Ainsi s’amorçait un cercle vertueux : les touristes assuraient la rentabilité des voies ferrées et finançaient de nouvelles lignes, ce qui amenait de nouveaux touristes, ce qui permettait à son tour de lever de nouveaux fonds pour construire de nouvelles lignes, tout en faisant bénéficier l’économie tout entière de l’amélioration des transports et de l’extension des marchés »

    (p.357)

    #livre #Suisse #train #Thomas_Cook #tourisme_de_masse #tourisme #Junior_United_Alpine_Club #guides_de_voyage #John_Murray #Genève #Calvin #Jean_Calvin #Henri_Dunant #Croix-Rouge #Chamonix #mont_Blanc #Henri_Gaze #Louis_Favre #Gothard #iode #Röstigraben #Porrentruy #Interlaken #Trümmelbach #vallée_de_Lauterbrunner #Wengeralp #Kleine_Scheidegg #Jungfraujoch #John_Ruskin #neutralité #mercenaires #Lion_de_Lucerne #Guillaume_Tell #Kulm #histoire #économie

  • La #Suisse découvre son « #colonialisme_sans_colonies »

    Les mouvements de contestation contre le racisme « #Black_Lives_Matter », nés aux États-Unis, essaiment en Suisse avec une vigueur surprenante. Pourquoi ?

    L’élément déclencheur a été une vidéo dévoilant la violence extrême d’un officier de police blanc ayant entraîné la mort de l’Afro-Américain George Floyd à la fin du mois de mai dans la ville de Minneapolis, aux États-Unis. Cette vidéo a été relayée sur les réseaux sociaux du monde entier et, à la mi-juin, des milliers de personnes – essentiellement des jeunes – sont descendues dans les rues, y compris dans les villes suisses, pour manifester contre le racisme. Sous le slogan « Black Lives Matter », les manifestations se sont déroulées la plupart du temps de manière pacifique et ont été tolérées par les autorités, moyennant le respect des restrictions en vigueur dans l’espace public pour endiguer le coronavirus.

    La vague de contestation déclenchée en Suisse par un événement international n’est pas étonnante en tant que telle. Ce qui est exceptionnel, c’est plutôt la manière dont le racisme ordinaire vis-à-vis des gens de couleur noire y est devenu un sujet d’actualité brûlant, alors que la Suisse n’a jamais été une puissance coloniale active, ni un pays dans lequel l’autorité publique s’exprime de manière manifestement discriminatoire contre les personnes n’ayant pas la peau blanche.

    « La Suisse n’est pas un îlot à l’abri des problèmes »

    « Il me semble que la génération des jeunes prend de plus en plus conscience que la Suisse n’est, sur ces questions, pas un îlot à l’abri des problèmes », relève l’historien Bernhard C. Schär. « C’est étonnant en réalité, ajoute-t-il, car ces sujets ne sont toujours guère abordés à l’école. » Bernhard C. Schär mène des recherches à l’EPF de Zurich et fait partie d’un groupe d’historiens qui s’efforcent de promouvoir une relecture critique de l’#histoire de la #Suisse_mondialisée.

    Cette vision souvent refoulée de la Suisse trouve toujours plus de résonance. Notamment parce qu’elle tient compte de la réalité : 40 % des personnes vivant en Suisse sont issues de l’immigration. Et 70 % des employés des entreprises suisses travaillent à l’étranger. « L’histoire de la Suisse ne se déroule pas, et ne s’est jamais déroulée, uniquement en Suisse et en Europe. » C’est la raison pour laquelle de moins en moins de personnes se reconnaîtraient dans un récit qui se concentrerait uniquement sur la Suisse dans ses frontières. L’approche plus ouverte du passé de la Suisse fait que l’on tombe automatiquement sur des traces de colonialisme et de #racisme.

    Les Suisses s’en rendent compte aussi dans leur vie quotidienne. D’après un rapport du Service national de lutte contre le racisme, 59 % d’entre eux considèrent le racisme comme un problème important, et 36 % des personnes issues de l’immigration vivant en Suisse ont subi des discriminations au cours des années analysées (entre 2013 et 2018), principalement dans un contexte professionnel ou lors de la recherche d’un emploi.

    À cela s’ajoute le fait que pour les jeunes Suisses, il est aujourd’hui normal d’avoir des camarades d’une autre couleur de peau. Et la « génération YouTube » approfondit aussi le sujet du racisme grâce aux médias sociaux. Les clips d’animateurs de télévision noirs américains comme Trevor Noah, né en Afrique du Sud d’un père suisse immigré, trouvent également un public en Suisse. Cela stimule le besoin de s’emparer de la brutale agression raciste ayant eu lieu aux États-Unis pour s’interroger sur la situation en Suisse, d’autant plus que le pays compte également des cas de violences policières. En 2018, par exemple, un homme noir est décédé à Lausanne d’un arrêt respiratoire après que des policiers l’ont plaqué au sol.

    Des #monuments contestés

    En Suisse, un grand nombre de monuments historiques sont susceptibles d’attiser les colères antiracistes. Par exemple, les statues érigées en l’honneur de pionniers de l’économie ou de scientifiques suisses dont les implications dans la pratique coloniale de l’exploitation ont longtemps été niées. Comme le négociant neuchâtelois #David_de_Pury, qui fit fortune à la cour portugaise au XVIIIe siècle notamment grâce au #trafic_d’esclaves et qui légua ses biens à la ville de #Neuchâtel où il a sa statue en bronze. Après les manifestations « Black Lives Matter », des militants antiracistes ont barbouillée celle-ci de peinture rouge sang et lancé une pétition pour qu’elle soit déboulonnée.

    Longtemps larvée, la controverse autour du brillant glaciologue Louis Agassiz, qui développa au XIXe siècle une théorie raciste avec laquelle les États-Unis légitimèrent la discrimination de leur population noire, a repris de l’ampleur. En Suisse, un sommet montagneux porte le nom du savant à la frontière entre les cantons de Berne et du Valais. Un comité emmené par l’historien Hans Fässler demande depuis 15 ans qu’il soit rebaptisé. Les trois communes concernées s’y opposent toutefois fermement.

    Des accusations sont également portées contre la figure d’Alfred Escher, pionnier de l’économie zurichois. Sa famille, largement ramifiée, possédait des plantations à Cuba, où travaillaient des esclaves. Et même Henri Dunant, qui fonda le Comité international de la Croix-Rouge, s’était livré avant cela à des activités coloniales. À Sétif, en Algérie, il avait fondé une société financière pour un producteur de céréales genevois, apprend-on dans l’ouvrage « Postkoloniale Schweiz » (La Suisse post-coloniale, non traduit), publié par des historiennes suisses.

    Ce même ouvrage montre que si de riches entrepreneurs profitèrent du « colonialisme sans colonies » de la Suisse, ce fut aussi le cas de citoyens des classes moyenne et inférieure de la société. Par exemple, les mercenaires qui se sont battus dans les colonies françaises au sein de la Légion étrangère. Vu sous cet angle, l’héritage de la contribution suisse au colonialisme, longtemps nié, devient un sujet allant bien au-delà de l’éventuel déboulonnage des statues.

    Alimenté par les mouvements de protestation, le débat sur la manière dont un racisme structurel d’État impacte la vie des Noirs aujourd’hui en Suisse est plus récent. La majorité des personnes qui s’expriment publiquement indiquent que le profilage racial – soit les contrôles au faciès et les soupçons de la police et des autorités fondés sur la couleur de la peau et des cheveux – fait partie de leur quotidien. Un rapport de l’ONU reproche à la Suisse d’en faire trop peu contre le profilage racial.

    L’artiste Mbene Mwambene, originaire du Malawi et vivant à Berne, dit que le racisme qu’il rencontre en Suisse est, contrairement aux États-Unis, plutôt « caché » et traversé par des stéréotypes contradictoires. D’une part, relate-t-il, on attend de lui qu’en tant qu’Africain, il sache très bien danser. D’autre part, il est souvent arrêté et fouillé pour vérifier qu’il ne détient pas de drogue.

    Les autorités policières suisses contestent avoir recours au profilage racial. Avant d’entrer en fonction, les policiers suivent en Suisse une formation de base de deux ans pendant laquelle ils sont confrontés aux questions des jugements de valeur et du respect des droits humains. Les contrôles au faciès sont un thème systématiquement abordé dans la formation des policiers, confirme par exemple le chef de la police saint-galloise Fredy Fässler (PS).

    Les intellectuels de couleur vivant en Suisse ont clairement contribué à la montée en puissance des débats sur le racisme en Suisse. Ils se sont fédérés et ont mis en avant des personnalités qui parviennent à faire entrer dans le débat public la réalité du racisme qu’elles subissent au quotidien. Des docteures en sciences comme l’anthropologue afro-suisse Serena Dankwa sont régulièrement interviewées par les médias publics. Un point central de l’argumentation de cette dernière trouve toujours plus d’écho : elle invite à reconnaître enfin le lien entre l’ancienne vision coloniale raciste de l’Afrique, toujours répandue y compris en Suisse, et les discriminations systématiques d’aujourd’hui, qui touchent toutes les personnes de couleur.

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    David De Pury (1709–1786)

    L’ascension économique du Neuchâtelois David De Pury se fit au Portugal, où il se livra tout d’abord au commerce de diamants avec le Brésil avant de prendre part à la traite des esclaves à grande échelle. La compagnie de transport « Pernambuco e Paraiba », dont il était actionnaire, déporta entre 1761 et 1786 plus de 42 ?000 Africains capturés. En 1762, David De Pury fut appelé à la cour du roi du Portugal. Il légua son immense fortune à la ville de Neuchâtel. Celle-ci s’en servit pour construire les bâtiments qui lui confèrent aujourd’hui son caractère particulier.
    Louis Agassiz (1807–1873)

    Au début de sa carrière, le Fribourgeois Jean Louis Rodolphe Agassiz se consacra à l’étude des glaciers et des fossiles de poissons. Après son déménagement aux États-Unis (en 1846), il devient un professeur très en vue à l’université de Harvard. Ce qui pose problème, ce sont les théories racistes que Louis Agassiz développa et promut aux États-Unis. S’étant donné pour mission de prouver scientifiquement l’infériorité des esclaves noirs, il les décrivait comme une « race corrompue et dégénérée ». Il devint un défenseur véhément et influent de la ségrégation raciale.
    Alfred Escher (1819–1882)

    Le zurichois Alfred Escher, leader économique, pionnier du chemin de fer, fondateur du Crédit Suisse et politicien, eut une influence inégalée sur le développement de la Suisse au XIXe siècle (il est ici portraituré en tant que président du Conseil national en 1849). De son vivant déjà, sa famille fut accusée de profiter de l’esclavage. Les choses se sont clarifiées avec la publication de recherches historiques en 2017 : la famille Escher possédait une plantation de café à Cuba, où des esclaves surveillés par des chiens travaillaient 14 heures par jour.

    https://www.revue.ch/fr/editions/2020/05/detail/news/detail/News/la-suisse-decouvre-son-colonialisme-sans-colonies
    #colonialisme #colonisation #résistance #mémoire #Louis_Agassiz #Alfred_Escher #Cuba #esclavage #plantations #Henri_Dunant #Sétif #Algérie #mercenaires #Légion_étrangère #Brésil #diamants #Pernambuco_e_Paraiba #Crédit_Suisse #café

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    Ajouté à la méaliste sur la Suisse coloniale :
    https://seenthis.net/messages/868109

    ping @cede

  • L’idée d’une « #Suisse_coloniale » apparaît comme une contradiction dans les termes, tant l’identité collective helvétique s’est forgée sur l’image d’Épinal d’une neutralité absolue, étrangère au colonialisme et à ses atrocités. Noémi Michel, Maître-Assistante en théorie politique à l’Université de Genève, déstabilise ce récit national mythifié. Dans le cadre de ses travaux de recherche, elle met en avant les multiples modalités à travers lesquelles la Suisse a participé à l’entreprise coloniale, sans posséder de colonies formelles pour autant. Un tel travail de #mémoire porte en lui la promesse d’une compréhension enrichie du #racisme contemporain. S’exposer à la pensée de Noémi Michel, c’est en ce sens convoquer l’histoire pour mieux renseigner notre présent. C’est aspirer à un idéal démocratique où les groupes porteurs de « différence » auraient voix au chapitre. Entretien long format.

    Entretien avec #Noémi_Michel de l’Université de Genève....

    http://www.jetdencre.ch/avec-noemi-michel
    #colonialisme #Suisse #colonisation #imaginaire_colonial #esclavage #histoire #colonialisme_sans_colonies #moutonologie #Henri_Dunant
    cc @simplicissimus

    • Switzerland and ‘Colonialism without Colonies’

      In this essay the theoretical focus of postcolonial theory has been shifted from the cultures and societies of former formal colonies to those countries that have an explicit self-understanding as an outsider within the European colonial power constellation. Using the example of Switzerland, it analyses the presence and perseverance of colonial structures and power relations in a country that has never been regarded as or understood itself as an official colonial power. In a first step, we compare present debates on colonialism in Switzerland with those in neighbouring countries, i.e. France, Germany, Italy and Austria. In a second step, we trace previous research that postulates a link between Switzerland and colonialism, and apply the concept of ‘colonialism without colonies’, which, in contrast, engages with methods and themes that have emerged from postcolonial studies. Finally, we present a specific case study on ‘Swiss commodity racism’ in order to elucidate the concept ‘colonialism without colonies’.

      http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1369801X.2015.1042395?journalCode=riij20

    • Sheepology: The Postcolonial Politics of Raceless Racism in Switzerland

      Discussing racism and its colonial genealogy remains difficult in contemporary Switzerland. This article addresses the politics of racism’s name-ability at the crossroads of studies of ‘postcolonial Switzerland’ and ‘raceless racism’ in continental Europe. The former highlight Switzerland’s self-conception as outside colonialism. The latter emphasize the complexities of Euro-racism, in particular its production through the absence of explicit racial references. Drawing on postcolonial discourse-analytic methodology, I explore the famous case of the ‘sheep poster’ that supported the far right-wing Swiss People’s Party campaign in 2007 and triggered an important controversy around legitimate public images of ‘Swissness’ and ‘difference’. The first section analyses the (untold) history of colonial racialised discourses that are conveyed by the poster. The second and third sections comprise a discourse analysis of the public claims that were expressed by various actors against or in defence of the poster. I show that the controversy consisted of a struggle between three antagonistic articulations of ‘Swissness’ and ‘difference’, namely between an antiracist discourse, and anti-exclusionary discourse, and defensive interventions. As the two latter discourses became hegemonic at the expense of the anti-racist critique, this struggle reasserted and renewed a regime of raceless racism, revealing both specificities and commonalities between the Swiss case and the broader context of postcolonial Europe.

      http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13688790.2015.1191987?journalCode=cpcs20
      #post-colonialisme

    • Des visites guidées à #Neuchâtel retracent les vestiges de l’esclavage

      Pour la semaine d’action annuelle contre le racisme, la ville de Neuchâtel se penche sur le racisme d’hier et d’aujourd’hui. Des visites guidées suivent les traces de personnalités neuchâteloises devenues riches grâce aux esclaves, ou qui ont contribué à légitimer l’esclavage.

      https://www.rts.ch/play/radio/le-12h30/audio/des-visites-guidees-a-neuchatel-retracent-les-vestiges-de-lesclavage?id=9407382&

      #Agassiz #Louis_Agassiz #David_de_Pury

      #toponymie #polygénisme #supériorité_de_la_race_blanche #purysbourg

      Louis Agassiz

      Né à Môtier (FR) en 1807, décédé à Boston (USA) en 1873, le naturaliste Louis Agassiz a exercé une profonde empreinte sur le développement de la vie scientifique neuchâteloise. Recruté par les autorités de la Principauté de Neuchâtel en 1832, ce jeune savant doté d’un charisme exceptionnel s’était déjà fait un nom dans les universités allemandes et à Paris, par ses travaux d’étude comparée et d’embryologie des oursins et des poissons fossiles et vivants. Dès 1837, il acquiert une réputation mondiale avec sa « théorie glaciaire » : à la suite d’expéditions alpines largement médiatisées, ses travaux sur le glacier de l’Aar lui permettent d’établir l’existence d’un âge glaciaire préhistorique, qui prolongeait la théorie des catastrophes de Cuvier.

      En 1846, Agassiz émigre aux Etats-Unis, pour s’installer à l’Université de Harvard, où il crée le Musée de zoologie comparative, qui devient bientôt l’un des principaux musées scientifiques du monde. Fortement engagé dans la diffusion publique du savoir et dans la défense de l’instruction des femmes, Agassiz a joué un rôle décisif pour l’affirmation de la science en Amérique. Aujourd’hui, cependant, son héritage doit se mesurer à l’aune de ses thèses fixistes et de ses doctrines raciales.

      Dès la parution de l’Origine des espèces en 1859, Agassiz se profile en effet comme l’un des principaux adversaires de Darwin. Farouchement opposé à l’évolutionnisme, le naturaliste suisse avait pourtant contribué à la mise en évidence du développement progressif de la vie et de la succession des espèces. Dans l’épistémologie finaliste d’Agassiz, cependant, ces filiations n’étaient pas génétiques, mais idéelles : elles suivaient un Plan divin de créations successives établi dès l’origine du monde.

      Quoique catégoriquement hostile à l’esclavage des Noirs, Agassiz est marqué par un racisme viscéral. Ses positions relatives à l’infériorité de la « race noire » ne se distinguaient pas de celles partagées par la majorité des anthropologues de l’époque. Mais à la différence de ses confrères, Agassiz s’est profondément compromis dans le débat public, en alimentant, avec son puissant prestige scientifique, une idéologie raciste aux répercussions politiques prévisibles. En 1863, il recommande ainsi aux autorités de l’Union de concentrer les esclaves affranchis dans certaines zones des états du Sud, afin d’éviter les conséquences selon lui néfastes de la contamination réciproque des races blanche et noire. Par-delà l’égalité officiellement proclamée, cette recommandation préfigurait en quelque sorte la ségrégation de fait qui s’imposera peu à peu, après la Guerre de Sécession.


      https://www.unine.ch/unine/home/luniversite/portrait/histoire/louis-agassiz.html

      David de Pury (bienfaiteur)

      Son vrai nom est #David_Purry, créé Baron le 1er janvier 1785. Une très ancienne gravure retrouvée au Portugal l’atteste.

      D’autre part, sur le socle de la statue érigée à son souvenir sur la place portant son nom à Neuchâtel il est écrit : « David de Purry ». La place quant à elle s’appelle la Place Pury. On y apprend également que le Baron David de Purry (1709-1786) est considéré comme « bienfaiteur de Neuchâtel ». Il légua à sa ville natale, peuplée alors de quelque 2 000 habitants, sa fortune. Celle-ci correspondrait de nos jours à quelque 600 millions de francs. Cette somme a permis de construire plusieurs bâtiments importants et a financé le détournement du cours d’eau "Le Seyon".


      https://fr.wikipedia.org/wiki/David_de_Pury_(bienfaiteur)

      Famille de #Pourtalès

      La famille #de_Pourtalès, d’origine cévenole, s’est illustrée dans de nombreux domaines et notamment dans le commerce, la finance, la diplomatie, l’armée, les sciences et la littérature. Elle offre un bon exemple de réussite d’une famille huguenote ayant préféré émigrer plutôt qu’abjurer. Collectionnant les châteaux et tissant un vaste réseau d’alliances, elle va essaimer en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis d’Amérique. Au XIXe siècle, on parle du « royaume Pourtalès » tant cette famille est riche et puissante.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Pourtal%C3%A8s

      Famille #de_Meuron

      Ancienne famille suisse originaire du canton de Neuchâtel. Bourgeoise de Boveresse, de Neuchâtel (1598), de Saint-Sulpice (NE), d’Orbe (1766), d’Yverdon (1818), de Genève (1902 Orbe) et de Sonvilier.

      L’un des membres de cette famille, Charles-Daniel de Meuron, formera en 1781 un régiment de mercenaires, le Régiment de Meuron. D’abord mis au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et déployé au Ceylan (Sri Lanka), ce régiment passe ensuite au service de l’Angleterre. En 1813, on le retrouve stationné sur l’Île de Malte, au milieu de la Méditerranée (source : Maurice Vallée).

      http://www.genealogiesuisse.com/meuron.htm

      Pierre-Alexandre #DuPeyrou

      Pierre-Alexandre DuPeyrou, né le 7 mai 1729 et mort le 13 novembre 1794, est un notable de Neuchâtel, à la tête d’une énorme fortune et un esprit indépendant qui se lia notamment avec Jean-Jacques Rousseau. C’est lui qui, après la mort de l’écrivain, publia à Genève, en 1788, la première édition complète de ses œuvres. En 1790, il publia, encore à Neuchâtel, la deuxième partie des « Confessions »1.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Alexandre_DuPeyrou

    • Viens de lire cela sur la page FB d’un journaliste du Courrier, Mohamed Musadak :

      La ville de Neuchâtel décide de remplacer le nom de la rue Louis Agassiz, glaciologue et théoricien de la hiérarchie des races, par celui de #Tilo_Frey, première Noire élue au Conseil National. Cocasse

      Et grâce à cela, je découvre cette personnalité suisse... politicienne, femme, noire... (elle cumule, elle, surtout dans les années 1970 !)
      Tilo Frey :

      Lors de la votation fédérale du 7 février 1971 la population suisse se prononce en faveur du droit de vote et d’éligibilité pour les femmes suisses ; dans le prolongement de cette modification constitutionnelle, Tilo Frey est en octobre 1971 la première neuchâteloise à être élue au Conseil national ; elle y reste durant une législature, jusqu’en 19752.

      http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D6042.php
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tilo_Frey

      Info sur changement de nom à vérifier.

    • Neuchâtel débaptise l’#Espace_Louis_Agassiz, scientifique controversé

      La Ville de Neuchâtel a décidé de reconsidérer la place et l’héritage de Louis Agassiz dans l’espace public. Le glaciologue, accusé d’avoir promu le racisme, soulève la polémique depuis quelques années en Suisse.

      La Ville a indiqué vendredi avoir choisi de baptiser l’actuel Espace Louis-Agassiz du nom de Tilo Frey, pionnière de l’émancipation des femmes et des minorités ethniques en Suisse. Elle a fait partie des onze premières femmes élues au Parlement fédéral en 1971, sous la bannière du Parti radical.

      L’abandon du nom Espace Louis-Agassiz, où se trouve la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, a été fait en accord avec le rectorat et sera effectif en 2019.

      Cette décision est « exceptionnelle », précise la Ville. Elle répond à la préoccupation de ne pas porter atteinte à l’image de l’Université au niveau international par une adresse qui la lie à une personnalité controversée.
      Héritage pas entièrement renié

      « On n’est pas en train de déshonorer la mémoire de Louis Agassiz » ou de « céder au politiquement correct », a déclaré vendredi à Neuchâtel Thomas Facchinetti, conseiller communal en charge de la culture et de l’intégration. « On est conscient de la contribution considérable du biologiste », cofondateur de l’Université de Neuchâtel et du Musée d’histoire naturelle, à la science.

      La Ville estime néanmoins qu’il subsiste encore de nombreux hommages de Louis Agassiz à Neuchâtel - buste à l’Université, grand portrait au Musée d’histoire naturelle, bloc erratique à Pierre-à-Bot. Il peut « céder un peu des honneurs » qui lui sont faits au profit d’une femme de couleur. Les personnalités féminines sont d’ailleurs largement sous-représentées dans les noms de rue, a ajouté Thomas Facchinetti.

      https://www.rts.ch/info/regions/neuchatel/9826189-neuchatel-debaptise-l-espace-louis-agassiz-scientifique-controverse.html

      Dans le reportage de la RTS on y apprend que à #Saint-Galles il y avait une rue #Krüger, repabtisée depuis #Dürrenmattstrasse :

      St.Galler Erinnerungen an den Sklavenhandel

      Einer der gutbesuchten Workshops am diesjährigen Sufo war die Diskussionsrunde «Auf den Spuren des Sklavenhandels in St.Gallen» samt zugehörigem Spaziergang. Ein Thema, das mehr mit heute zu tun hat, als auf den ersten Blick zu vermutet.


      https://www.saiten.ch/st-galler-erinnerungen-an-den-sklavenhandel
      #toponymie_féministe