• #Glyphosate : une nouvelle étude confirme le risque de #cancer

    Une étude scientifique menée sous l’égide de l’institut Ramazzini à Bologne, en Italie, et publiée jeudi dans la revue « Environmental Health », apporte de nouvelles preuves du caractère cancérogène de l’#herbicide le plus utilisé au monde (https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-025-01187-2).

    En novembre 2023, il était réautorisé dans l’Union européenne pour dix ans. Le glyphosate, herbicide le plus utilisé au monde, n’était pas considéré comme cancérogène par l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, et le gouvernement français ne s’était pas opposé à son maintien sur le marché.

    Une nouvelle étude, publiée jeudi 12 juin dans la revue scientifique Environmental Health, vient cependant d’apporter des preuves supplémentaires du caractère cancérogène de la molécule. Menée par l’institut Ramazzini à Bologne en Italie, en collaboration avec d’autres centres de recherche, notamment britannique et états-unien, elle montre un risque démultiplié de leucémie, mais aussi d’autres types de cancers, sur des rats exposés à différentes doses de glyphosate considérées jusqu’ici comme sans effet sur la #santé humaine ou celle des rongeurs.

    Considérée par l’ONG de lutte contre les pesticides PAN Europe comme « l’étude indépendante la plus complète jamais conduite sur le glyphosate à partir d’animaux de laboratoire », la publication vient compléter de nombreuses recherches scientifiques déjà effectuées sur le sujet.

    Car le glyphosate est reconnu comme « cancérogène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Pointé dans une expertise de l’Inserm, en 2021, qui faisait le lien entre exposition des agriculteurs et agricultrices et apparition du lymphome non hodgkinien – un cancer du sang –, il était aussi au centre, en 2019, d’une méta-analyse qui établissait, pour la population agricole exposée au glyphosate, un risque augmenté de 40 % de développer cette maladie.

    Le biologiste Daniele Mandrioli travaille depuis des années sur les #causes_environnementales des cancers. C’est lui qui a dirigé cette nouvelle recherche. Entretien.

    Mediapart : Comment avez-vous travaillé pour cette étude ?

    Daniele Mandrioli : C’est la plus large étude jamais réalisée en toxicologie sur le glyphosate. Les expériences ont été menées dans notre laboratoire à Bologne sur plus de 5 000 animaux, et nous avons travaillé en collaboration avec une dizaine d’instituts scientifiques dans le monde. Nous avons commencé en 2019 et avons donc mis six ans pour aboutir à ces résultats reconnus par les pairs pour le volet #cancérogénicité.

    Pourquoi avoir choisi d’étudier les effets du glyphosate ?

    Notre laboratoire est le plus grand laboratoire de toxicologie en Europe, et le deuxième au monde, en termes de nombre de produits étudiés pour leur cancérogénicité – plus de deux cents. Nous avons donc travaillé sur de nombreuses substances, et nous savions que concernant le glyphosate, il y avait un manque de connaissance à combler sur son possible caractère cancérogène, mais aussi neurotoxique, ou encore sur ses effets sur le microbiote intestinal.

    Nous pensions aussi qu’il fallait davantage étudier l’exposition prénatale à la molécule. C’est souvent ce qui s’avère le plus déterminant. Dans le cas du chlorure de vinyle, par exemple, une molécule utilisée pour produire le PVC, on s’est ainsi aperçu au cours des années 1970 et 1980 qu’une exposition pendant la #grossesse pouvait être extrêmement toxique pour le fœtus, alors qu’une exposition aux mêmes doses à l’âge adulte n’avait pas du tout les mêmes effets [il est classé cancérogène certain par le CIRC depuis 1987 – ndlr].

    À quels résultats avez-vous abouti ?

    Nous avons exposé les rats à différentes doses de glyphosate, et cette expérience a montré que près de la moitié d’entre eux – 40 % pour être précis – ont été atteints de #leucémie et en sont morts, et ce, avant d’avoir atteint l’âge de 1 an – ce qui correspond à l’âge de 35-40 ans chez les humains.

    Cependant, aucun cas de leucémie n’a été détecté au cours de la première année de vie chez les animaux témoins qui n’ont pas été exposés au glyphosate dans le cadre de notre expérience. De même, aucun cas de leucémie n’a été observé au cours de la première année de vie chez plus de 1 600 animaux de contrôle dans le cadre des études de cancérogénicité menées par notre institut et le Programme fédéral de toxicologie états-unien.

    C’est donc un résultat inquiétant et révélateur sur la mortalité précoce de ce cancer.

    Autre résultat remarquable de notre étude : la variété des organes touchés par cette exposition au glyphosate. La leucémie n’est pas la seule maladie que l’on a observée. Le foie, la peau, les reins, la vessie, l’utérus, la rate, les glandes mammaires… Le spectre des organes affectés est très large.

    Nos résultats viennent donc confirmer l’évaluation du CIRC publiée il y a dix ans, à savoir qu’il existe des « preuves suffisantes » que le glyphosate est cancérogène pour les animaux de laboratoire et qu’il est un cancérogène probable pour les humains, mais aussi d’autres études scientifiques qui avaient déjà démontré la cancérogénicité de la molécule.

    Qu’apporte votre étude de nouveau par rapport aux précédentes ?

    Ce qui est nouveau, au-delà d’avoir testé l’exposition in utero, c’est le niveau de l’exposition : nous avons donné aux rats des doses plus faibles que nos prédécesseurs, et qui sont considérées comme sans danger pour les humains. Et nous ne les avons pas seulement exposés au glyphosate pur, mais aussi aux produits commercialisés qui le contiennent : le #Roundup_Bioflow [utilisé dans l’Union européenne – ndlr] et le #Ranger_Pro [utilisé aux États-Unis – ndlr].

    Le caractère dévastateur de l’#exposition_prénatale et le large spectre des organes touchés auxquels nous avons abouti n’avaient pas été démontrés dans les études précédentes.

    Vous avez travaillé sur les rats. Que cela signifie-t-il pour les humains ?

    La #toxicologie repose depuis une cinquantaine d’années sur le principe que les expérimentations sur les rats sont ce qu’il y a de plus prédictible pour les humains. Il faut savoir que la leucémie est une maladie avec une latence d’au moins dix ans et les tumeurs solides ont des latences encore plus longues. Les études épidémiologiques menées sur les cohortes humaines sont donc très longues à réaliser, et cela demande de suivre énormément de gens avant de pouvoir tirer des conclusions. Les études toxicologiques nous permettent d’avoir d’autres types de résultats, et de façon plus rapide.

    Pas assez rapide, cependant, pour pouvoir interdire le glyphosate sur le sol européen, réautorisé fin 2023 pour dix ans…

    Nous espérons que nos résultats éclaireront les décideurs, pas seulement en Europe, mais dans le monde entier. Notre étude apporte des #preuves, mais ce n’est pas à nous de prendre les décisions, ce n’est pas notre rôle. Nous sommes des scientifiques indépendants.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/130625/glyphosate-une-nouvelle-etude-confirme-le-risque-de-cancer
    #agriculture #industrie_agro-alimentaire

  • #Scandale des #eaux_minérales de Nestlé : le rapport des sénateurs pointe la #responsabilité de l’État

    Le 19 mai, le sénat a rendu public le rapport de sa #commission_d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille. Outre les pratiques frauduleuses de Nestlé, les sénateurs pointent la responsabilité « du sommet de l’État » et de ses représentants, intervenus pour couvrir la multinationale.

    « La présidence de la République savait, au moins depuis 2022, que Nestlé trichait depuis des années. » Elle avait connaissance des pratiques interdites auxquelles Nestlé avait recours pour désinfecter ses eaux minérales dites naturelles, régulièrement contaminées par des bactéries d’origine fécale et des pesticides. En définitive, les sénateurs constatent que le pouvoir exécutif a préféré changer la législation en vigueur en faveur de Nestlé, privilégiant les intérêts privés au détriment des intérêts sanitaires et écologiques.

    Ainsi qu’ils le soulèvent, le gouvernement a fait le choix d’autoriser Nestlé à demeurer « hors des clous » en changeant même la réglementation en sa faveur. Et, compte tenu du refus de l’ancien secrétaire général à l’Élysée, Alexis Kohler, d’être auditionné le 8 avril, dans le cadre de cette commission présidée par le sénateur Les Républicains (LR) Laurent Burgoa, les parlementaires ont tenu, dans les conclusions de leur rapport rendu public le 19 mai, à questionner de nouveau l’Élysée :

    « Pourquoi avoir donné tant de place à Nestlé ? » Ou encore : « Pourquoi personne au sein de l’exécutif, et surtout pas la présidence, ne prend-il ce dossier à bras-le-corps pour en dégager le véritable enjeu : protéger nos ressources en eaux minérales naturelles ? »

    L’Élysée et Nestlé, en étroite relation

    Les documents transmis par l’Élysée et rendus publics par les sénateurs dans leur rapport montrent comment Alexis Kohler et les conseillers de la présidence se sont mis au service de la multinationale non seulement en adoptant ses éléments de langage mais aussi en recherchant toutes les failles dans l’arsenal réglementaire, en particulier européen, pour autoriser les traitements interdits de microfiltration (en deçà de 0,8 micromètre) ainsi que l’exigeait Nestlé.

    Dès août 2021, au cours d’un entretien confidentiel avec le cabinet de l’ancienne ministre de l’industrie Agnès Pannier-Runacher, Nestlé reconnaissait avoir recours à des pratiques illégales, enjoignant au pouvoir exécutif de modifier la réglementation en sa faveur.

    Selon les documents transmis aux sénateurs, le 11 juillet 2022, Alexis Kohler et Victor Blonde, conseiller à Matignon et à l’Élysée, rencontrent Mark Schneider, directeur général de Nestlé, dans le cadre du sommet Choose France à Versailles. Outre l’affaire Buitoni, ils abordent les contaminations des eaux et les traitements illégaux auxquels Nestlé a recours, ainsi que les enquêtes alors en cours qui visent l’industriel, notamment de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGGCRF).

    En vue de préparer un entretien prévu entre la présidence et Nestlé le 29 septembre, une note rédigée par les ministères de l’industrie et de la santé propose d’autoriser Nestlé à recourir à des traitements illégaux et d’exploiter une source, Essar, souvent contaminée par des bactéries fécales et utilisée pour Hépar.

    Y est minimisée la fraude de la multinationale, présentée comme « des manquements mineurs à la réglementation ». Et, alors même que seules les déclarations de Nestlé le garantissent, tout risque sanitaire est écarté. Ainsi que nous l’avions documenté, les éléments de langage de la multinationale sont repris mot pour mot par les conseillers des cabinets ministériels, qui affirment que « les traitements renforcent la sécurité sanitaire ».

    On y apprend même que Nestlé a été informé par l’exécutif du signalement que l’agence régionale de santé Grand Est s’apprêtait à faire auprès de la justice, une procédure dont l’agence « ne p[ouvait] s’affranchir ».

    Ainsi, tout en soutenant l’industriel, l’État tente de sauver les apparences et se livre à une communication mensongère. Dans une note datée de 1er février 2024, Victor Blonde transmet à l’Élysée les éléments de langage à adopter en réponse aux révélations du scandale par les médias. Il rappelle la saisine de la justice par l’ARS Grand Est, un parapluie pour affirmer que « l’État n’a d’aucune façon couvert les pratiques de l’entreprise comme le prouve l’enchaînement des faits et des contrôles, ainsi que la saisine de la justice ».

    Les rencontres et échanges entre l’Élysée et Nestlé se sont poursuivis au moins jusqu’en janvier 2025. Au fil des échanges, Alexis Kohler fournit même au nouveau PDG de Nestlé, Laurent Freixe, « les bons contacts » au sein des ministères, tandis que, plus récemment, se pose le problème des eaux contaminées de #Perrier dans le Gard et la présence de virus dans certaines sources. Mais là encore, les intérêts économiques balaient les questions sanitaires.

    Cette intervention de l’Élysée en soutien à Nestlé n’a évidemment pas été sans conséquences. Comme nous l’avions révélé, dans les Vosges, où sont commercialisées les eaux Contrex, Hépar et Vittel, l’agence régionale de santé a très vite et sans preuve écarté tout risque sanitaire. Dans un rapport daté du 1er juillet 2022, l’ARS, qui vient de découvrir l’étendue de la fraude, semble néanmoins, se soucier principalement des desiderata de la multinationale : « Pour chaque traitement, il sera précisé le devenir souhaité par l’exploitant : arrêt de l’utilisation et date effective de cet arrêt ou maintien. »

    Parmi les mesures envisagées, aucune ne porte sur l’arrêt immédiat de l’exploitation des sources, l’ARS laissant ainsi un délai, négocié par Nestlé, pour faire cesser la fraude. Quelques mois plus tard, l’ARS dénoncera bien la fraude à la justice, un signalement dans lequel, sans preuve, elle prendra soin d’écarter tout risque sanitaire.
    La stratégie de dissimulation des représentants de l’État

    Du côté du Gard où sont produites les eaux Perrier, le directeur de l’ARS, Didier Jaffre, et le préfet, Jérôme Bonet, ont également participé à « la stratégie de dissimulation » de la fraude, ainsi que l’ont documenté les sénateurs dans leur rapport sous le titre éloquent des « liaisons dangereuses » entre l’État et Nestlé, ou comment édulcorer un rapport officiel à la demande d’un industriel.

    Les faits remontent à la mi-décembre 2023. Compte tenu de l’état de deux de ses sources, Nestlé ne peut se passer de plusieurs traitements pour les désinfecter et fait donc la demande de les reconvertir en « eaux de boisson aromatisées », pour lesquelles, et contrairement aux eaux minérales naturelles, ces procédés sont autorisés.

    Sa demande doit être soumise au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst), présidé par le préfet et composé de représentant·es des collectivités territoriales et de membres d’associations, notamment de défense de l’environnement.

    C’est sur la base d’un rapport de l’ARS que les avis doivent être donnés. La présidente de Nestlé Waters, Muriel Lienau, sollicite, le 29 novembre 2023, un rendez-vous avec le directeur général de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, qui, dans un premier temps, refuse d’y donner suite.

    L’industriel passe donc par le cabinet de la ministre déléguée à l’industrie, ainsi que par celui de la ministre de la santé qui, par la voix d’un de ses conseillers, Pierre Breton, explique à Didier Jaffre « qu’il y a un sujet sur un document qui doit être communiqué au Coderst ». Autrement dit, le rapport fait état de résultats de contamination que l’entreprise ne souhaite pas y voir figurer.

    À cela, le directeur de l’ARS répond qu’il « analyse [la] demande de modification » indirectement formulée par la directrice de Nestlé Waters. Après différents échanges de mails, l’ARS rassure le cabinet de la ministre : le projet de rapport va bien être modifié.

    Dans un autre mail, le directeur de l’ARS du Gard, Guillaume Dubois, rapporte à son supérieur Didier Jaffre, responsable au niveau de la région, « avoir eu le préfet au téléphone ». « Le point sur lequel il a insisté lourdement, précise-t-il, est le dernier, à savoir les éléments antérieurs portant atteinte à l’image de Perrier. […] Si [la nouvelle version] ne convient pas au préfet, il faudra que tu l’appelles, il a dû avoir les dirigeants du groupe au téléphone et je crains qu’il ait pris des engagements un peu à la va-vite. »

    Le directeur industriel de Nestlé Waters, Ronan le Fanic, va lui aussi transmettre une série de modifications aux autorités, dissimulant toutes les contaminations des eaux. On ne trouve plus nulle trace de la présence de bactéries d’origine fécale, de pesticides ou d’herbicides (parfois interdits depuis des années).

    Au lieu des taux de contamination, sont présentés les pourcentages de « conformité » des eaux. Une tout autre lecture des résultats bien plus positive, mensongère, que n’a pas accepté de signer l’un des fonctionnaires chargés de la rédaction du rapport. Dans un courrier adressé le 4 décembre 2023 à la direction de l’ARS, ce fonctionnaire regrette que cet avis « ne corresponde plus vraiment aux éléments rapportés dans le dossier ». En conséquence de quoi il « souhaite retirer [s]a signature du rapport ».

    Le rapport modifié sera cependant présenté au Coderst, à la satisfaction des représentants de l’État. Le directeur de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, s’en félicitera auprès du conseiller Pierre Breton à la suite de la réunion : « Encore une étape de franchie pour Perrier. »

    « Tous les dysfonctionnements décrits dans ce rapport sont présents, concluent les sénateurs : pression de l’industriel, porosité du cabinet ministériel à ses exigences, faiblesse de la direction du cabinet, qui a minima laisse faire, absence de résistance de l’État local. »

    Pour autant, peu de recommandations sont faites par la commission pour éviter de nouveau un tel dévoiement des institutions à l’avenir. Parmi les vingt-huit suggestions que les sénateurs formulent, ils proposent que soit contrôlé l’ensemble des 104 sites minéraliers afin de vérifier l’absence des traitements interdits. Ils préconisent aussi que soient mieux préservées les ressources en imposant des restrictions d’usage, notamment de pesticides, autour des forages. Et invitent à ce que soient davantage surveillés les PFAS et microplastiques dans les eaux. Les sénateurs annoncent également une proposition de loi en gestation afin de renforcer les pouvoirs de la commission d’enquête pour que nul ne puisse plus se défiler quand il est convoqué.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/190525/scandale-des-eaux-minerales-de-nestle-le-rapport-des-senateurs-pointe-la-r
    #Nestlé #eau_en_bouteille #eau_minérale #France #contamination #bactéries #santé_publique #Alexis_Kohler #microfiltration #Mark_Schneider #Victor_Blonde #Essar #bactéries_fécales #Hépar #fraude #réglementation #éléments_de_langage #Laurent_Freixe #risque_sanitaire #dissimulation #liaisons_dangereuses #Muriel_Lienau #Nestlé_Waters #Ronan_le_Fanic #pesticides #herbicides #contamination

  • #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • #Géophyto : la #carte des #achats de substances #pesticides

    Pourquoi cette carte des pesticides ?

    Pour quiconque s’intéresse au sujet des pesticides, savoir où ils sont achetés et utilisés est une information essentielle. Riverains vivant en milieu rural, journalistes en quête de précisions, associations locales en lutte contre l’utilisation de ces produits, chercheurs ou enquêteurs désirant savoir quels produits ont été épandus et à quel endroit.. Autant de personnes et d’organisations pour lesquelles cette information, difficilement accessible aujourd’hui, est pourtant très utile.

    Depuis des années, nous avons le désir d’offrir ce service et ce sera chose faite sous peu avec la publication de notre carte interactive basée sur les données d’achats des pesticides disponibles dans la BNVD. Tant que les registres d’épandages ne seront pas rendus publics, ces données relatives aux achats de pesticides sont les meilleures indications disponibles à ce jour pour estimer les lieux d’utilisation effective de ces substances. Ainsi, grâce à cette carte, n’importe quel internaute pourra désormais savoir quelle substance active pesticide a été achetée, et donc probablement utilisée, près de son domicile !

    Géophyto : Une première version et de nouvelles fonctionnalités à venir en janvier 2025

    Mais notre carte ira plus loin : elle permettra d’affiner la recherche en filtrant certaines catégories de substances selon leur fonction (#herbicide, #insecticide, #fongicide etc.), selon leur autorisation en #agriculture biologique ou non et selon leur catégorie de danger. Il sera ainsi possible de visualiser en 1 clic où sont le plus achetées les substances cancérigènes, perturbatrices du système endocrinien, neurotoxiques, toxiques pour les pollinisateurs ou les milieux aquatiques. La carte permettra aussi de voir où sont achetées les substances polluant les nappes phréatiques et les substances pesticides #PFAS, 2 thématiques importantes mises en avant par Générations Futures ces dernières années.

    Autant d’informations apportées sous la forme d’une carte interactive d’abord à l’échelle départementale puis à l’échelle du code postal et ce pour chaque année à partir de 2015. Des filtres vous permettent également de connaître la nature précise des substances pesticides épandues près de chez vous. D’autres éléments viendront compléter rapidement cette carte, notamment des courbes de tendance pour apprécier l’évolution des achats sur les cinq dernières années ou encore des classements des substances les plus achetées dans une zone donnée.

    Générations Futures vous offrira très prochainement cet outil complet indispensable pour répondre à toutes vos questions sur les pesticides utilisés près de chez vous. Notre association vous propose en avant-première, ce 12 décembre 2024, un aperçu de notre travail, via une version très simplifiée de cette carte GéoPhyto. Elle vous permet d’effectuer une recherche par année, par nom de substances et aussi de savoir où sont acheté les Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques 1 (avérés) et 2 (suspectés) = CMR 1 et 2.

    https://www.generations-futures.fr/cartes-achats-phytosanitaires
    #cartographie #visualisation #ventes #France

  • L’#eau_potable des Français menacée de non-conformité par un #polluant_éternel

    Les #ressources_hydriques sont massivement contaminées par une molécule issue de la dégradation du #flufénacet, un #pesticide récemment classé #perturbateur_endocrinien. Les associations demandent son interdiction en urgence.

    Les autorités françaises et les gestionnaires de l’eau sont à l’aube d’une situation sans précédent : une majorité de Français pourrait prochainement se retrouver avec une eau potable non conforme aux critères de qualité. La faute d’une molécule, l’#acide_trifluoroacétique (#TFA), un « polluant éternel » aujourd’hui non réglementé, et aux #effets_sanitaires mal documentés, qui contamine les ressources hydriques en France et en Europe.

    Le TFA que l’on retrouve dans l’eau est notamment issu de la dégradation d’un pesticide, le flufénacet. Utilisé principalement pour le traitement des cultures de #céréales (#blé et #orge en particulier), le flufénacet est l’un des #herbicides les plus vendus en France. Ses ventes ont quasiment doublé entre 2019 et 2022 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles) pour atteindre plus 900 tonnes par an.

    Or, le 27 septembre, le flufénacet a été reconnu comme un perturbateur endocrinien par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Cette requalification devrait conduire automatiquement les autorités françaises à considérer désormais le TFA comme un métabolite « pertinent » pour l’eau potable – c’est-à-dire potentiellement dangereux. En effet, selon la procédure mise en place par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), dès lors qu’une substance active est un perturbateur endocrinien, ses métabolites doivent être considérés par défaut comme « pertinents », donc soumis à un seuil à ne pas dépasser.

    Cette limite est fixée à 0,1 microgramme par litre (µg/L). Au-delà de cette concentration, bien que sans risque sanitaire avéré, l’eau est déclarée « non conforme ». Selon le code de #santé_publique, les collectivités peuvent obtenir une #dérogation pour distribuer aux usagers une eau non conforme pendant trois ans. En l’état de la législation, cette dérogation est renouvelable une seule fois : au terme de six années, l’#eau doit être redevenue conforme pour pouvoir être distribuée.

    L’#eau_en_bouteille n’est pas épargnée

    Selon les modélisations effectuées par l’Anses pour le compte de l’EFSA dans le cadre du dossier d’évaluation du flufénacet, on sait depuis 2017 que la dégradation de l’herbicide mène à des concentrations en TFA jusqu’à 10 µg/L, soit jusqu’à cent fois supérieures à cette limite. Le réseau Pesticide Action Network (PAN) Europe a réalisé des prélèvements d’eau potable dans une dizaine de pays de l’Union européenne (UE) dont la France entre mai et juin : la limite de #conformité était dépassée dans 86 % des cas et dans trois échantillons d’eau testés dans l’Hexagone sur quatre. Un échantillon prélevé dans l’eau du robinet qui alimente un tiers de Paris a notamment mis en évidence un taux supérieur à 2 µg/L, soit vingt fois supérieur au seuil de qualité.

    Selon nos informations, si le TFA faisait aujourd’hui l’objet d’une surveillance réglementaire, plus de la moitié des Français seraient concernés par une eau non conforme. Interrogée, la direction générale de la santé explique avoir demandé à l’Anses de mener une campagne nationale exploratoire sur les ressources utilisées pour la production d’eau potable portant sur 34 substances per- et polyfluoroalkylées (#PFAS), dont le TFA. Les résultats sont attendus en 2026.

    Selon les mesures réalisées par le réseau PAN Europe, l’eau en bouteille n’est pas épargnée. Douze des dix-neuf échantillons d’eau en bouteille (63 %) testés en Europe contiennent également des traces de TFA, à des teneurs moyennes toutefois inférieures à celle de l’eau du robinet. La plus haute concentration relevée sur une eau minérale était de 3,2 µg/L.

    Face à une situation qu’elle juge « alarmante », l’association Générations futures demande « la suspension immédiate de l’utilisation des produits à base de flufénacet sur le territoire français ». Elle en a recensé pas moins de 80. Par le biais du cabinet d’avocats TTLA, spécialisé en environnement, l’ONG a envoyé des courriers en ce sens, le 5 novembre, aux ministres de l’agriculture, de la santé, de la transition écologique et de la consommation ainsi qu’à l’Anses.

    Pas de réponse du ministère de l’#agriculture

    Contacté par Le Monde, le ministère de la transition écologique mise sur une non-réapprobation du flufénacet par l’UE en juin 2025 en raison de son caractère perturbateur endocrinien. Il assure qu’il « sera vigilant à suivre les décisions de l’Anses en la matière », tout en indiquant que « le suivi de la politique des #produits_phytosanitaires relève du ministère de l’agriculture ». Ce dernier n’a pour sa part pas répondu aux sollicitations du Monde. De son côté, l’Anses indique ne « pas avoir été saisie à ce jour d’une demande d’évaluation de “pertinence” du TFA ».

    Au niveau européen, PAN Europe a écrit, le 7 novembre, à la Commission pour lui demander d’interdire au plus vite le flufénacet. Son autorisation a expiré depuis le 31 décembre 2013 mais elle a fait l’objet de neuf procédures de prolongation – la dernière jusqu’en juin 2025 – dans l’attente que son évaluation soit finalisée.

    « Suite à l’avis de l’EFSA de septembre dernier, le processus législatif pour ne pas réapprouver le flufenacet a débuté », déclare au Monde Stefan De Keersmaecker, le porte-parole chargé des questions de santé au sein de la Commission européenne. Ce processus pourrait aboutir à une interdiction au mieux à l’été 2025.

    Concernant le TFA, « la Commission ne dispose pas d’informations officielles sur [sa] présence dans l’eau potable car les Etats membres n’incluent pas la substance dans les paramètres “pesticides” dans l’eau potable », reconnaît le porte-parole de l’exécutif européen. « Néanmoins, au vu des informations les plus récentes sur la présence de TFA dans les sources de production d’eau potable, la Commission a mandaté l’Organisation mondiale de la santé pour analyser l’impact potentiel des TFA sur la santé, et le cas échéant, de proposer des nouvelles valeurs seuils », indique-t-on de même source. Preuve que Bruxelles est bien embarrassée par cette pollution massive, la Commission a lancé, en parallèle, une étude de faisabilité sur le traitement du TFA dans l’eau potable. Les systèmes de traitement actuel des stations d’épuration sont incapables de l’éliminer.

    L’Allemagne a pris les devants. L’Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité sanitaire a écrit, le 11 octobre, à deux fabricants (Corteva et Adama) bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché pour des pesticides à base de flufénacet, pour les avertir de son intention de les retirer. Les autorités allemandes ont par ailleurs proposé à l’Agence européenne des produits chimiques de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.

    Possibles répercussions sur le système immunitaire

    Aux Pays-Bas, l’Institut national de la santé publique et de l’environnement suspecte de possibles répercussions sur le système immunitaire. Relevant également des effets documentés sur le foie, il considère que le TFA est potentiellement aussi toxique que les autres PFAS. Faute d’étude épidémiologique spécifique, de nombreuses zones d’ombre demeurent sur la toxicité du TFA.

    « Nous manquons de données pour le TFA. Nous ne savons pas encore s’il a un effet toxique sur notre système immunitaire, note Jacob de Boer, toxicologue à la Vrije Universiteit (Amsterdam) et spécialiste des polluants éternels. Si ce n’est pas le cas, le problème est de moindre importance. Si c’est le cas, alors nous avons un sérieux problème. »

    Les Pays-Bas sont le seul pays à avoir fixé une valeur sanitaire indicative pour le TFA dans l’eau potable, à 2,2 µg/l. Ce seuil s’applique si et seulement si aucune autre PFAS n’est présente. D’après les analyses pratiquées sur les eaux potables en Europe par PAN Europe, cette valeur n’est dépassée que dans 3 % des cas. « Ceci nous pousse à dire qu’il est encore temps d’agir et d’éviter que le TFA, par son extrême persistance dans l’environnement, n’atteigne dans le futur des concentrations dans l’eau potable pouvant générer un risque pour la santé », commente Pauline Cervan, toxicologue à Générations futures.

    Pour les défenseurs de l’environnement comme pour les scientifiques, le flufénacet n’est que le sommet émergé de l’iceberg. D’autres pesticides tout aussi problématiques, comme le fluopyram, produisent également du TFA en se dégradant dans les sols.

    Aussi, ils demandent l’interdiction de tous les pesticides à base de PFAS (environ 12 % des substances actives des pesticides autorisées dans l’UE) susceptibles de se dégrader en TFA, mais également de limiter les autres sources d’émissions comme les gaz fluorés ou les rejets industriels des usines productrices de PFAS dans l’attente d’une restriction plus large de l’ensemble de la famille des polluants éternels, en discussion au niveau européen mais qui devrait prendre encore plusieurs années.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/12/l-eau-potable-des-francais-menacee-de-non-conformite-par-un-polluant-eternel

    #pollution #France #industrie_agro-alimentaire #santé

    déjà signalé ici (@colporteur) :
    https://seenthis.net/messages/1081789

  • Des pesticides interdits retrouvés chez les enfants de la plaine d’Aunis, où se multiplient les cancers pédiatriques
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/12/des-pesticides-interdits-retrouves-chez-les-enfants-de-la-plaine-d-aunis-ou-

    ReportageDes familles de la campagne rochelaise ont fait analyser les cheveux et les urines de leurs enfants. Selon les informations du « Monde » et de Franceinfo, de nouveaux cas de cancers ont été identifiés dans cette zone de culture intensive. Plusieurs mineurs sont morts.

    • @monolecte et @valnum, voici le texte intégral :

      Des familles de la campagne rochelaise ont fait analyser les cheveux et les urines de leurs enfants. Selon les informations du « Monde » et de Franceinfo, de nouveaux cas de cancers ont été identifiés dans la plaine céréalière d’#Aunis. Plusieurs mineurs sont morts.

      Noé Gülbol, adolescent de 14 ans avec sweat à capuche et mèche devant les yeux se balade souvent dans les champs de blé ou d’orge pour promener son chien Punky ou faire un tour à vélo. Alors, quand il a appris la présence de pesticides dans ses cheveux et ses urines, il n’a pas vraiment été surpris : « Je savais qu’il y en aurait. A chaque fois qu’il y a des épandages, on le sent dans la maison. » Sa petite sœur, Lana, 11 ans, trouve « bizarre d’avoir ça dans [son] corps » : « Ça m’inquiète. »

      Noé et Lana habitent à Périgny (Charente-Maritime), une ville d’à peine 9 000 habitants entourée par les terres agricoles de la grande plaine céréalière d’Aunis, près de La Rochelle. Depuis une alerte du CHU de Poitiers en 2018 sur des cas de cancers pédiatriques dans la commune voisine de Saint-Rogatien (2 400 habitants) et la mort l’année suivante de Pauline, une Rogatienne de 15 ans, l’inquiétude ne fait que se renforcer sur le territoire à mesure que de nouveaux cas apparaissent.

      Aussi, à l’initiative de l’association Avenir Santé Environnement, créée en 2018 à la suite de la déclaration du cancer de Pauline, les familles de Noé, Lana et de soixante-dix autres enfants (âgés de 3 à 17 ans) de six communes de la plaine d’Aunis (Périgny, Saint-Rogatien, Montroy, Clavette, Bourgneuf et Dompierre-sur-Mer) ont fait analyser des prélèvements de cheveux et d’urine par le laboratoire de toxicologie et de pharmacovigilance d’un CHU. Les résultats seront restitués samedi 12 octobre lors d’une réunion publique après une marche organisée à La Rochelle appelant à « une véritable transition agricole » et à « un plan de sortie des pesticides de synthèse ».

      Pesticides interdits

      Le Monde et Franceinfo ont eu accès aux résultats. Quatorze molécules différentes ont été retrouvées dans les urines et quarante-cinq dans les cheveux, et jusqu’à six (dans les urines) et dix (dans les cheveux) par enfant. Tous présentent des traces de pesticides. Certains sont particulièrement préoccupants. Ainsi du phtalimide, détecté dans les urines de plus de 15 % des enfants : cette molécule est le produit de la dégradation du folpel, un fongicide classé cancérogène, mutagène, et reprotoxique possible par l’Agence européenne des produits chimiques. Ainsi, également de la pendiméthaline, présente dans 20 % des prélèvements capillaires. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) associe cet herbicide très utilisé pour les cultures céréalières à des risques de cancer (pancréas et colorectal).

      Parmi ces substances figurent aussi des pesticides interdits. Certains sont vraisemblablement liés à un usage domestique comme le fipronil, insecticide interdit en agriculture depuis 2013 mais autorisé en usage vétérinaire comme antiparasitaire (puces, tiques…). D’autres, en revanche, semblent en lien direct avec des pratiques agricoles passées ou actuelles. Ainsi de l’atrazine, herbicide interdit depuis 2004 en raison de son potentiel perturbateur endocrinien et neurotoxique ou du dieldrin, un insecticide interdit depuis les années 1970 en raison de son potentiel cancérogène mais très persistant dans l’environnement.

      L’interprétation toxicologique des résultats a été confiée à Laurence Huc, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. La toxicologue attire l’attention sur la présence de plusieurs insecticides néonicotinoïdes interdits et en particulier de l’acétamipride, dont les effets neurotoxiques pour le développement du cerveau sont signalés depuis 2013 par l’EFSA. « En retrouver dans des urines d’enfants, c’est très inquiétant », alerte Laurence Huc.

      L’acétamipride et son métabolite (issu de sa dégradation dans l’organisme) ont été détectés dans les urines de douze enfants (17 %). Les niveaux de concentration sont particulièrement élevés chez les plus jeunes et davantage s’ils habitent à proximité des champs. « C’est très rare de retrouver cette molécule dans les urines car elle s’élimine très vite, commente Laurence Huc, c’est le signe d’une exposition aiguë quelques jours avant les prélèvements, tous réalisés le même jour en avril. » La toxicologue écarte la piste d’une contamination alimentaire : « Les enfants concernés sont scolarisés dans sept écoles, il est peu probable qu’ils aient mangé les mêmes aliments. » Elle privilégie l’hypothèse d’un épandage. Chercheur au CNRS et grand spécialiste des néonicotinoïdes, Jean-Marc Bonmatin évoque de « probables usages illégaux » : l’acétamipride reste autorisé en Europe, mais il est interdit en France depuis 2018. Contactée, la chambre d’agriculture de Charente-Maritime n’a pas répondu à nos sollicitations.

      A l’instar de l’acétamipride, une dizaine de pesticides dont le folpel et la pendiméthaline ont également été retrouvés dans les analyses d’air réalisées par l’observatoire de la qualité de l’air de Nouvelle-Aquitaine à partir du capteur installé sur la commune de Montroy, au cœur de la plaine céréalière d’Aunis. Le président d’Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet, réclame « une enquête pour déterminer l’origine de ces pesticides dangereux dont certains sont interdits ». Contactée, l’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine ne souhaite « pas commenter des études civiles non scientifiquement prouvées ». « Depuis 2018, il y a une alerte sanitaire sur des excès de cancers pédiatriques, c’est scandaleux que ce soit à une association de faire du biomonitoring, fulmine Laurence Huc. Et le problème s’aggrave avec de nouveaux cas chaque année. »

      La Ligue contre le cancer finance depuis 2018 une étude pilotée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le registre des cancers de Poitou-Charentes sur les cancers à Saint-Rogatien et à Périgny. Selon nos informations, le nombre de cas est passé de six sur la première période étudiée (2008-2015) à dix entre 2008 et 2020 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles). Chaque publication confirme un « excès de risque » de cancers pédiatriques à Saint-Rogatien. « Tous les ans on arrive à la même conclusion : le nombre de cas de cancers d’enfants à Saint-Rogatien est plus de quatre fois supérieur à la moyenne attendue. C’est énorme », réagit Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le cancer en Charente-Maritime.

      « On empoisonne nos enfants et rien ne change »

      Selon nos informations, au moins cinq autres cas ont été identifiés depuis la dernière actualisation de l’étude : deux à Périgny, deux en 2024 à Bourgneuf et un autre dans la commune de La Jarrie. A La Jarrie, un adolescent est mort en début d’année. Périgny a enterré en juin un garçon de 4 ans quelques mois après la déclaration de sa maladie. La commune avait déjà pleuré la disparition d’Antoine, mort à 13 ans en mars 2022.

      Antoine a été emporté en moins d’un an par un gliome du tronc cérébral, une tumeur du système nerveux central. « Que moi j’aie un cancer à 50 ans à cause de la cigarette, d’accord, mais qu’un enfant ait un cancer à 13 ans, ce n’est pas normal, c’est insupportable, témoigne pour la première fois sa mère, Joëlle, qui souhaite conserver l’anonymat. Je suis en colère car on sait mais on ne fait rien. On empoisonne nos enfants et rien ne change. L’agriculture doit servir à nourrir la population et non à tuer ses enfants. »

      Dès 2013, une expertise collective de l’Inserm a mis en évidence un lien entre l’exposition aux pesticides et plusieurs cancers pédiatriques dont celui d’Antoine. Les cancers pédiatriques à Saint-Rogatien, Joëlle et son époux en avaient « entendu parler de loin » : « On était passés à l’eau en bouteille et on cultivait un potager bio. Je pensais protéger mes enfants et maintenant je me demande si ce n’est pas moi qui ai empoisonné mon fils avec toute cette terre polluée. » Joëlle raconte avoir quitté la banlieue parisienne il y a vingt ans pour s’installer à Périgny en « pensant offrir une meilleure vie à ses enfants ». La famille s’est installée à La Rochelle après le décès d’Antoine. Aujourd’hui, Joëlle « regrette de ne pas avoir déménagé plus tôt ».

      « Tous les ans, il y a de nouvelles alertes »

      Franck Rinchet-Girollet, lui, a quitté Dompierre pour Vérines, dans la plaine d’Aunis. Son fils de 7 ans est en rémission d’un cancer depuis cinq ans. Le prochain examen médical est fixé le 15 octobre : « On vit toujours dans l’angoisse d’une rechute. » Longtemps chauffeur de bus pour la régie de La Rochelle, il laissera bientôt la présidence d’Avenir Santé Environnement : il a accepté en septembre de devenir attaché parlementaire du nouveau député écologiste de la circonscription, l’agriculteur Benoît Biteau. « Est-ce que les cancers pédiatriques ont un lien direct avec l’exposition aux pesticides ? C’est aux autorités sanitaires de répondre. Mais il n’y a pas de réaction alors même que, tous les ans, il y a de nouvelles alertes. »

      En 2021, un captage d’eau potable est fermé sur la commune de Clavette après la découverte de concentrations élevées de chlortoluron, herbicide très utilisé sur les céréales et cancérogène suspecté. En 2022, des niveaux jamais enregistrés en France de prosulfocarbe sont mesurés dans l’air de la plaine d’Aunis : l’agglomération de La Rochelle demande en vain au gouvernement un moratoire pour cet herbicide massivement utilisé pour traiter les céréales d’hiver.

      En 2023, l’agglomération est obligée de fermer quinze points de captage d’eau dans la plaine d’Aunis après la découverte de chlorothalonil, un produit de dégradation d’un fongicide interdit depuis 2020. En 2024, l’eau du robinet est de nouveau « non conforme » après un pic de pollution du fleuve Charente, principale ressource en eau potable de l’agglomération, au fosétyl, un traitement fongicide utilisé contre le mildiou, en particulier dans le vignoble du Cognaçais.

      Maire (sans étiquette) de Périgny, Marie Ligonnière a assisté aux obsèques du petit garçon de 4 ans en juin : « C’est tabou la mort d’un enfant », souffle-t-elle. Elle dit éprouver à la fois un sentiment de « révolte » et d’« impuissance ». Mardi 8 octobre, elle a transmis un nouveau signalement à l’ARS. Il concerne cette fois des adultes. Un administré lui a envoyé un mail mentionnant « quatre cancers, une tumeur cérébrale, deux Alzheimer, une sclérose en plaques » dans un rayon de 50 à 100 mètres, en bordure de champs, dont quatre décès. « De quels leviers je dispose en tant qu’élue ?, interroge Marie Ligonnière. On demande des moratoires sur les pesticides, mais on n’a aucun soutien au niveau national. Au contraire, le gouvernement détricote le plan Ecophyto. »

      Les demandes de la population s’affichent aussi, à la bombe, sur un entrepôt agricole à l’abandon : « Stop glyphosate ! Assassins de la terre ! » En 2023, la communauté d’agglomération de La Rochelle avait lancé une médiation inédite pour tenter de renouer le dialogue entre agriculteurs et riverains. Elle s’est achevée au bout de trois mois sur un échec et le saccage de la propriété d’un responsable de Nature Environnement 17 par des agriculteurs. Des comités de pilotage « pesticides et voisinage » se poursuivent malgré tout. Marie Ligonnière continue d’y participer : « Le problème, ce ne sont pas les agriculteurs, qui sont les premières victimes des pesticides et qu’il faut accompagner vers un nouveau modèle, mais leurs représentants qui martèlent toujours le même credo : pas de changement sans produit de substitution. »

      Parmi les très rares avancées arrachées, une application est censée permettre depuis avril aux agriculteurs de prévenir les riverains avant un épandage. Sur la vingtaine d’exploitants agricoles de cinq communes de la plaine d’Aunis concernées par ledit comité de pilotage, un seul l’a téléchargée : pour l’heure, il n’a déclaré aucune parcelle.

      #industrie_agro-alimentaire #céréales #agriculture #épandages #Périgny #Charente-Maritime #Saint-Rogatien #Avenir_Santé_Environnement #plaine_d’Aunis #phtalimide #folpel #pendiméthaline #herbicide #fipronil #insecticide #atrazine #dieldrin #acétamipride #toxicité #pollution #épandage #néonicotinoïdes #Montroy #biomonitoring #cancers_pédiatriques #La_Jarrie #santé #santé_publique #gliome #tumeur #chlortoluron #eau_potable #eau #contamination #prosulfocarbe #air #moratoire #Charente #fosétyl #Cognaçais #décès #mort #plan_Ecophyto #Ecophyto #glyphosate #résistance #impuissance

    • Glyphosate : la plus vaste étude animale conduite à ce jour met en évidence des risques accrus de diverses tumeurs
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/06/12/glyphosate-la-plus-vaste-etude-animale-conduite-a-ce-jour-met-en-evidence-de

      Une équipe internationale de chercheurs a testé les effets du célèbre herbicide sur plus d’un millier de rats de laboratoire à différents dosages. Dans tous les cas de figure, les scientifiques ont enregistré un surcroît de cancers.

      Les animaux ont été soumis à trois niveaux d’exposition. La plus faible est celle considérée par les autorités européennes comme le seuil acceptable pour les humains (0,5 mg/kilo/jour), l’intermédiaire est dix fois plus élevée (5 mg/kilo/jour), et la plus forte dose est considérée par les autorités de l’Union européenne comme sans effets pour les rongeurs de laboratoire (50 mg/kilo/jour). Les animaux ont été exposés in utero, par le biais de leur mère, dès le sixième jour de gestation, puis jusqu’à l’âge de 104 semaines – pour peu qu’ils ne soient pas morts avant le terme de l’expérience.

      A toutes les doses d’exposition, dans des proportions variables, des excès d’animaux atteints de différentes tumeurs ont été observés par les chercheurs, par rapport au groupe d’animaux n’ayant pas été exposés. « Ces tumeurs sont apparues dans les tissus hémo-lymphoréticulaires (leucémie), la peau, le foie, la thyroïde, le système nerveux, les ovaires, la glande mammaire, les glandes surrénales, les reins, la vessie, les os, le pancréas, l’utérus et la rate (hémangiosarcome) », poursuivent les auteurs. Ceux-ci expliquent que la plupart de ces tumeurs sont rares, leur fréquence étant naturellement inférieure à 1 % chez la souche de rat utilisée pour l’expérience, excluant ainsi l’éventualité que ces maladies surviennent en raison du vieillissement des rongeurs.

      Les maladies du sang sont les plus fréquemment observées, à toutes les doses d’exposition et pour les trois produits. « Environ la moitié des morts des suites de leucémies, observées chez les animaux traités, se sont produites sur des rats de moins de 1 an d’âge, ce qui correspond à 35-40 ans pour un humain », dit Daniele Mandrioli, directeur du centre de recherche sur le cancer de l’institut Ramazzini et coordinateur de ces travaux. Le toxicologue précise qu’en passant en revue plus de 1 600 rats de même souche utilisés comme témoins, c’est-à-dire non exposés à des toxiques, dans les précédentes études conduites par son institut, mais aussi le National Toxicology Program américain, « aucun cas de leucémie n’a été enregistré sur des animaux de moins de 1 an ».

      https://archive.ph/TMOS6

      #cancer

  • La #contamination des cours d’#eau par les #pesticides stagne en #Bretagne

    L’interdiction de certains #pesticides n’a pas entraîné de baisse de l’#écotoxicité des #cours_d’eau bretons entre 2012 et 2021. C’est ce que montre l’analyse statistique réalisée par Akwari Coop pour Splann !. Les molécules retirées de la vente ont été remplacées par des substances nouvelles, jusqu’à leur propre interdiction. Une stagnation qui échappera au nouveau plan #Ecophyto_2030.

    L’écotoxicité est la mesure de l’impact des #substances_toxiques sur les organismes vivants dans divers écosystèmes. L’#indice_pesticides_dans_les_cours_d’eau (#IPCE) a été développé dans le cadre du plan Ecophyto pour mesurer la #contamination chronique des cours d’eau.

    S’appuyant sur sa méthodologie, le data scientist Vincent Berionni, docteur de l’École Polytechnique dans le domaine de la modélisation en sciences physiques et fondateur de la société Akwari Coop, a analysé les données de 161 pesticides sur 7.100 stations de mesures en France, dont 463 en Bretagne (Loire-Atlantique comprise) entre 2011 et 2021.

    « Derrière cette apparente stabilité se cache un véritable chassé-croisé des pesticides », observe Vincent Berrioni, qui a accepté de réaliser pour Splann ! un zoom sur la situation bretonne.

    Ce « jeu de chaises écotoxico-musicales » est largement induit par l’évolution de la réglementation. L’#Isoproturon, #herbicide utilisé notamment sur le #blé tendre d’hiver, a été retiré du marché français en 2016. Le #Nicosulfuron, un autre herbicide, en 2022. L’#Epoxiconazole, un #fongicide connu comme #perturbateur_endocrinien, en 2019. Ce sont les trois substances dont la contribution à l’écotoxicité des cours d’eau bretons a le plus baissé.

    Mais dans le même temps, la présence de #Métolachlore s’est envolée. La présence de ses #métabolites est d’ailleurs généralisée dans les cours d’eau bretons, comme nous l’avions documenté en décembre avec l’aide d’Akwari. Or, l’autorisation de cet herbicide vient elle-même d’être retirée. « Pour que rien ne change, les labos s’empressent déjà de pousser le #Diméthénamide-P et la #Pendiméthaline à la rescousse », se désole Vincent Berionni.

    L’évolution de l’écotoxicité provoquée par les pesticides est très contrastée selon les sous-bassins hydrographiques de Bretagne. Des territoires ayant connu une hausse moyenne de 10 à 20 % sur 10 ans (de la #pointe_de_Bloscon au #Trieux) côtoient des secteurs où l’écotoxicité baisse de plus de 20 % (du Trieux à la #Rance). Il faut noter que les zones où l’écotoxicité est en forte croissance ne sont pas forcément les plus contaminées.

    De nombreux facteurs entrent en jeu, comme la #météo. Les pluies provoquent un phénomène de #ruissellement des pesticides plus ou moins important selon les secteurs et les années. Des pluies abondantes peuvent favoriser la pousse d’#adventices et un usage renforcé d’herbicide pour les éliminer.

    Les molécules dépendent aussi des cultures et des pratiques culturales. « L’augmentation de la surface cultivée en #bio, même si elle représente une proportion faible du total, peut avoir un impact tendanciel à la baisse de l’écotoxicité », relève Vincent Berionni. Pour rappel, 77 % de l’eau distribuée au robinet en Bretagne est prélevée en surface.

    Cette stagnation préoccupante de l’écotoxicité s’observe aussi à l’échelle nationale. Elle sortira pourtant bientôt des radars officiels.

    Le #plan_Ecophyto 2030 présenté par le gouvernement le 3 mai 2024 entérine en effet l’abandon du #Nodu (« #Nombre_de_doses_unités ») au profit d’un nouvel #indicateur, le #HRI-1, plébiscité par la #FNSEA mais dénoncé par nombre de scientifiques. Ce changement débouchera sur des #baisses_artificielles car il ne prendra plus en compte les doses d’usage, prévenaient dès février 14 des 18 membres du comité scientifique et technique du plan Ecophyto.

    https://splann.org/pesticides-ecotoxicite-rivieres-bretagne
    #statistiques #chiffres

  • Prosulfocarbe : « Combien de potagers contaminés sans que les gens le sachent ? » - Basta !
    https://basta.media/prosulfocarbe-combien-potagers-et-vergers-contamines-herbicide-volatil-poll

    Deuxième herbicide le plus vendu après le glyphosate en France, le prosulfocarbe se retrouve partout. L’air, l’eau et nos aliments sont contaminés par cette molécule. Son autorisation vient d’être renouvelée, malgré l’absence de données sur les effets chroniques sur la santé humaine.

    #agroindustrie #herbicides #phytosanitaires

  • Nos chats sont-ils des terreurs écologiques ?

    “Les chats sont une #catastrophe pour la #biodiversité. Les chiens sont une catastrophe pour le climat” a affirmé le 13 décembre, sur TF1, le chercheur médiatique #François_Gemenne, ancien membre du GIEC et enseignant à Science Po Paris. En disant cela, il a admis lui-même aborder un sujet sensible, susceptible de déclencher la colère des téléspectateurs. Et cela n’a pas loupé : la séquence a été largement commentée sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens – y compris d’autres écologistes – rappelant qu’il y avait beaucoup à faire, par exemple s’en prendre aux grands bourgeois et leur train de vie délirant, avant de s’intéresser à l’impact de nos chats et de nos chiens sur la biodiversité et le #climat. Oui mais ne serions-nous pas des défenseurs de la planète en carton-pâte si nous ne considérions pas honnêtement la #responsabilité des animaux les plus populaires et les plus mignons sur ce qu’il nous arrive ?

    1 – La destruction de la biodiversité a plusieurs causes

    Quand on pense à l’écologie, on pense d’abord au sujet du réchauffement climatique dû à l’impact des activités humaines carbonés. Mais il y a d’autres sujets à prendre en compte parmi lesquels la baisse très rapide de la biodiversité (quantité d’espèces différentes sur la planète). Elle est en chute libre car de nombreux êtres vivants disparaissent du fait de la transformation, par les activités humaines, de leur environnement. C’est pourquoi on parle d’une “#sixième_extinction_de_masse” : une grande partie des espèces qui peuplent la terre pourrait disparaître prochainement. Selon l’Office Français de la Biodiversité, un établissement public créé récemment pour promouvoir la sauvegarde de ces espèces, 68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Et rien qu’en 15 ans, 30% des oiseaux des champs ont disparu, ainsi que 38% des chauves-souris. Si jamais on s’en fout royalement de ces animaux, on peut se rappeler que tout est lié et que ces disparitions ont des conséquences sur nos vies, car chacune de ces espèces jouent un rôle au sein d’un #écosystème, et que certaines peuvent ensuite prendre le dessus et devenir envahissantes…

    La France a un rôle particulier à jouer car elle est le 6e pays du monde à héberger des espèces menacées. Qu’est-ce qui, chez nous, contribue à cette #extinction_de_masse ? Comme partout, le #changement_climatique joue un rôle important en déstabilisant la vie et la reproduction de nombre d’espèces. Ensuite, la pollution de l’air, de l’eau et du sol est considérée par l’ONG WWF comme la première cause de perte de biodiversité dans le monde. On peut également citer la transformation de l’usage des #sols, avec le développement de l’agriculture intensive et l’étalement urbain : le premier transforme la végétation, par exemple en détruisant les #haies pour augmenter les surfaces cultivables par des engins de plus en plus gros, ce qui dégomme des lieux de vie pour nombres d’espèces, en particulier les insectes et les rongeurs, dont la disparition affecte ensuite les oiseaux.

    Il faut aussi mentionner la surexploitation des animaux, via la #pêche_intensive mais aussi la #chasse, bien que sur cette dernière activité, le débat fasse rage dans le cas de la France : les défenseurs de la chasse estiment qu’elle contribue à préserver la biodiversité, puisque les chasseurs “régulent” certaines espèces potentiellement envahissantes et relâchent dans la nature des animaux qu’ils élèvent le reste de l’année. Les lobbies de chasseurs dépensent beaucoup d’argent et de temps pour imposer cette réalité dans le débat public, allant jusqu’à dire que les chasseurs sont “les premiers écologistes de France”, mais les faits sont têtus : seuls 10% des oiseaux relâchés par leurs soins survivent car ils sont désorientés, incapables de se nourrir correctement et pas autonome. Quiconque vit en zone rurale connaît le spectacle navrant de ces faisans et autres bécasses qui errent au bord des routes, attirés par la présence humaine, en quête de nourriture… Quant à la “régulation” des #espèces_invasives, il semble que cela soit en grande partie une légende urbaine : “La grande majorité des animaux tués à la chasse, approximativement 90 ou 95 % n’ont pas besoin d’être régulés” explique le biologiste Pierre Rigaud au Média Vert.

    2 – Les espèces invasives, produits du #capitalisme mondialisé

    Mais dans la liste des causes de la baisse de la biodiversité, il faut mentionner l’impact très important des espèces invasives introduites par l’homme dans la nature – on arrive à nos chatons. Dans son dernier rapport, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, qui représente 130 gouvernements et publie des rapports réguliers) établit que la “présence cumulative d’#espèces_exotiques s’est accrue de 40% depuis 1980, et est associée à l’intensification des échange commerciaux ainsi qu’à la dynamique et aux tendances démographiques”. Parce que la “#mondialisation” est passée par là, ou, pour le dire clairement, que la #colonisation et la mise sous régime capitaliste du monde entier a eu lieu au cours du XXe siècle, des espèces circulent d’un continent à l’autre et parviennent dans des endroits où elles commettent de gros dégâts sur les espèces endémiques (“endémique” : qui vit dans un lieu donné. S’oppose à “exotique”).

    Le cas du #frelon_asiatique est très symptomatique : cette espèce a débarqué en France, vraisemblablement dans un conteneur venu de Chine, il y a 20 ans et nuit depuis largement à la biodiversité, notamment aux abeilles. 2004, c’est le début de l’intensification des #échanges_commerciaux avec l’Asie du fait de la délocalisation de toute une partie de la production industrielle en Chine, au grand bonheur des entreprises européennes et de leurs profits. Au passage, ils nous ont ramené le frelon.

    Mais nos animaux préférés seraient aussi en cause : les chats sont des mangeurs d’#oiseaux et ont effectivement, comme le dit François Gemenne, une part de responsabilité dans la baisse de la biodiversité… Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’ils provoquent autant de mortalité en France et en Belgique que… nos #fenêtres, contre lesquelles les oiseaux se cognent et meurent… Selon le Muséum d’Histoire Naturelle, interrogé par France Info, les chats ne sont pas les principaux responsables de la disparition des oiseaux car ”Leur raréfaction tient avant tout à la disparition des #insectes et la perte d’habitat. Le chat représente toutefois une pression supplémentaire importante sur une population fragilisée.” Ce serait en #ville et sur les #îles que l’impact des chats serait important, et non dans les campagnes, où il est “un prédateur parmi d’autres”.

    3 – Accuser les chats pour préserver les capitalistes ?

    Lorsque l’on regarde les principaux facteurs de chute de la biodiversité dans le monde, on constate que tout à avoir des décisions humaines. Quel type d’#agriculture développons-nous ? Comment construisons-nous nos villes ? A quelle fréquence faisons-nous circuler les marchandises et les animaux entre les différentes parties du monde ? Quelles activités polluantes décidons-nous de réduire et lesquelles nous choisissons de garder ? On est donc très loin d’une simple équation scientifique : face à un problème comme la sixième extinction de masse, ce sont des décisions collectives potentiellement très conflictuelles que nous devons prendre. Qui arrête son activité ? Qui la poursuit ? Qui va continuer à gagner de l’argent ? Qui va devoir perdre une activité très rentable ?

    Puisque le pouvoir, en France comme dans le monde, appartient aux défenseurs du capitalisme, la décision est pour l’instant la suivante : ce qui génère du profit doit continuer à pouvoir générer plus de profit. L’#agriculture_intensive doit donc continuer et se développer. C’est pourquoi, depuis 50 ans, 70% des haies et des #bocages, refuges de biodiversité, ont disparu, et le phénomène s’accélère. Car les lobbies de l’#agriculture_industrielle ont sévi et, encore récemment, ont obtenu de pouvoir continuer leur jeu de massacre. La #pollution des sols et de l’air ? Elle continue. Le #glyphosate, cet #herbicide qui dégomme les insectes et rend les animaux malades, a été autorisé pour 10 années de plus par l’Union Européenne, pour continuer à produire davantage sur le plan agricole, une production qui sera en grande partie exportée et qui contribuera au grand jeu des profits de l’#agroalimentaire

    Les villes et les villages peuvent continuer de s’étendre et c’est flagrant en zone rurale : puisque le marché du logement est dérégulé et qu’il est plus profitable de construire sur terrain nu que de réhabiliter de l’ancien dans les centre-bourgs, les périphéries des petites villes s’étendent tandis que les centres se meurent… L’#étalement_urbain, qui fait reculer la biodiversité, s’étend sous la pression du #marché_immobilier. Là encore, c’est un choix en faveur du capitalisme et au détriment de la biodiversité… Et inutile de parler du réchauffement climatique : la COP 28, dont la délégation française comprenait Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, s’est soldée par un “accord pitoyable”, pour reprendre les mots de Clément Sénéchal, spécialiste du climat, dans Politis. Mais François Gemenne, lui, s’en est réjoui avec enthousiasme.

    Le consensus des dirigeants du monde entier est donc le suivant : il ne faut donner aucune véritable contrainte aux marchés qui prospèrent sur la destruction des espèces vivantes sur cette planète. Et en France, puissance agricole, ce constat est encore plus flagrant.

    Alors, que nous reste-t-il ? Les #décisions_individuelles. Ce pis-aller de l’#écologie_bourgeoise qui consiste finalement à dire : “bon, on a tranché, on ne va pas toucher au train-train du capitalisme qui nous plaît tant mais par contre on va vous demander à vous, citoyens, de faire des efforts pour la planète”. Mais attention : sans trop mentionner la consommation de #viande, le seul “#petit_geste” qui a un impact très significatif parce que la consommation de viande est en moyenne la troisième source d’émission carbone des Français (avant l’avion). Les industriels de la viande veillent au grain et ne veulent surtout pas qu’on se penche là-dessus.

    Parler des animaux domestiques s’inscrit dans cette veine-là. Bien sûr que, dans l’absolu, les chats et les chiens ont un impact sur la biodiversité et sur le climat. Car tout a un #impact. Mais d’une part cet impact reste marginal et d’autre part il est non systémique. Certes, le capitalisme a trouvé un bon filon pour faire du profit sur le dos de nos amours pour ces animaux qui apportent de la joie et du bonheur chez de nombreuses personnes, il suffit d’entrer dans une animalerie pour cela : la diversité des aliments, des jouets, des accessoires, le tout dans des couleurs chatoyantes pour appâter le maître bien plus que le chien… Mais lorsque l’on parle des chats qui mangent des oiseaux, on ne parle pas du capitalisme. Pire, on en profite pour masquer l’impact bien plus significatif de certaines activités. Les chasseurs, qui dépensent de lourds moyens pour influencer le débat public et ne reculent devant aucun argument ne s’y sont pas trompés : #Willy_Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a tenté d’orienter, en 2020, l’attention du public sur l’impact des chats, qu’il accuse, ironie du sort, de trop chasser et qu’il a appelé à piéger. Aucune solidarité dans la profession !

    4 – Sortir du discours écolo bourgeois : un mode d’emploi

    Les chats sont bel et bien des chasseurs mais il existe des solutions pour limiter leur impact sur la biodiversité : stériliser le plus souvent possible pour éviter leur prolifération, les faire sortir uniquement à certaines heures de la journée ou… jouer davantage avec eux durant la journée. Pas sûr que les mêmes solutions fonctionnent pour réduire l’impact de la FNSEA, de TotalEnergies, de Lactalis, de la CMA CGM et de tous les milliardaires français : le patrimoine de 63 d’entre eux, en France, émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française.

    Pour amuser vos petites boules de poils, la rédaction de Frustration recommande l’arbre à chat. Pour amuser vos petits milliardaires on recommande la visite de l’épave du Titanic dans un sous-marin peu étanche

    Comment utiliser efficacement son temps d’antenne quand on est un scientifique médiatique comme #François_Gemenne ? On peut se faire mousser en se payant un petit bad buzz par la #culpabilisation des individus possédant un chat. Ou bien on peut prioriser les sujets, étant entendu que dans l’absolu, oui, toutes les activités humaines polluent et ont un impact sur la biodiversité. Comment procéder ?

    - Aller du plus systémique au moins systémique : critiquer le capitalisme (ou ses sous-catégories : marché immobilier, #agro-industrie, industrie pétrolière etc.), qui conduit les entreprises et les individus à chercher la production permanente et l’exploitation permanente dans un monde aux ressources finies, plutôt que les chats, qui se contentent de vivre et de paresser sans chercher à performer ou faire preuve de leur respect de la “valeur travail”.
    - Aller du plus impactant au moins impactant : oui, la nourriture des chiens pollue, mais l’industrie de la viande dans le monde est une bombe climatique. Mais peut-être est-il moins gênant de vexer Frolic et Royal Canin que Fleury Michon et Fabien Roussel ?
    – Aller du plus superflu au moins superflu : dans l’ordre, commencer à interdire les yachts et les vols en jet privé avant de s’en prendre à la voiture individuelle serait une bonne chose. Sans quoi, personne ne comprend la demande d’un effort à forte conséquence sur son mode de vie quand, pour d’autres, ce sont les loisirs qui seraient visés.

    Ensuite, puisqu’il faut trancher, que ces choix se fassent démocratiquement. Pour préserver la biodiversité, préfère-t-on interdire la chasse ou limiter le nombre de chats par personne ? Veut-on sortir du modèle agricole productiviste orienté vers la production de viande ou interdire les chiens ? Et si on rappelait au passage que les #animaux_de_compagnie sont parfois la seule famille des personnes seules et fragilisées, notamment parmi les personnes pauvres, et qu’ils fournissent des services à la population, non quantifiable sur le plan financier ?

    Bref, préférez-vous en finir avec les chatons ou avec la bourgeoisie ? De notre côté, la réponse est toute trouvée.

    https://www.frustrationmagazine.fr/chats-ecologie

    #chats #chat #écologie #animaux_domestiques #industrie_agro-alimentaire #priorité #à_lire

  • Prosulfocarbe : « Combien de potagers contaminés sans que les gens ne le sachent ? » - Basta !
    https://basta.media/prosulfocarbe-combien-potagers-et-vergers-contamines-herbicide-volatile-pol

    (...)
    Au total, les surfaces avec des cultures traitées au prosulfocarbe représentent 7,6 millions d’hectares en France, soit un quart de la surface agricole utile [2]. Si les surfaces traitées n’augmentent pas depuis quelques années, la quantité d’herbicides, elle, progresse. Cela signifie une hausse des doses épandues à l’hectare. « Ce recours croissant s’explique notamment par la montée de résistances de certaines adventices [mauvaises herbes] » souligne l’INRAE.
    (---)
    L’une des caractéristiques du prosulfocarbe est son extrême volatilité, c’est-à-dire sa très forte dispersion dans l’air. Des travaux suggèrent que le prosulfocarbe puisse parcourir « de longues, voire très longues distances après évaporation » souligne l’Anses. Le problème n’est pas nouveau. De 2008 à 2013, le prosulfocarbe fait partie des 20 molécules les plus détectées dans l’air ambiant [4]. De manière générale, sa concentration dans l’air en France a augmenté depuis 2019. De très récentes données indiquent que le prosulfocarbe fait partie des pesticides les plus fréquemment retrouvés dans l’air ambiant partout en France, parmi 72 substances recherchées.

  • Enfants en zone viticole : un « risque de leucémie » en fonction de la « densité de vignes » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/181023/enfants-en-zone-viticole-un-risque-de-leucemie-en-fonction-de-la-densite-d

    C’est l’une des cultures les plus consommatrices de #pesticides : la #viticulture est très gourmande en #herbicides, en #glyphosate notamment, mais aussi en #fongicides et en #insecticides. Alors que 21 % des #vignes sont aujourd’hui cultivées en bio, les régions de vignobles font partie des endroits où l’on relève le plus d’achats de produits chimiques en France.

    Quel est l’impact pour les populations riveraines ? Dans une étude publiée ce mercredi 18 octobre dans la revue Environmental Health Perspectives, l’Inserm commence à répondre à la question. Au terme de plus de cinq années de recherche, son équipe Géocap (pour « géolocalisation de #cancers pédiatriques ») a mis en évidence le risque d’un type de cancer chez les enfants : la #leucémie_aiguë.

    Selon les conclusions de l’étude, il existe un lien entre l’adresse de l’#enfant peu avant le diagnostic de son cancer et la densité de vignes dans un périmètre de 1 kilomètre autour de son domicile : si cette densité augmente de 10 %, le risque de leucémie est accru de 4 %.

  • 🛑 ☠️ ☠️ #Smétolachlore #herbicide #pesticides #Danger #santé #planète #environnement #écologie #produitschimiques

    🛑 Victoire : L’Anses annonce ce jour le retrait des principaux usages des herbicides à base de S-métolachlore. - Générations Futures

    Générations Futures salue cette décision qui répond partiellement à ses demandes mais dénonce la lenteur du processus d’évaluation ayant conduit à cette décision.

    Rappel du Contexte sur le S-Métolachlor...
    Le S-métolachlore est un herbicide principalement utilisé sur grandes cultures de maïs, soja ou tournesol. Autorisé depuis 2005, c’est le 3ème herbicide le plus utilisé en France derrière le glyphosate et le prosulfocarbe. Les métabolites de cette substance qui se forment dans le sol contaminent fortement les eaux souterraines et également l’eau potable. En 2021, 3.4 millions de français ont ainsi bu une eau non conforme à cause de la présence de l’ESA métolachlore, principal métabolite du S-métolachlore.

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.generations-futures.fr/actualites/anses-s-metolachlor

  • #Glyphosate : une étude industrielle sur la neurotoxicité de l’#herbicide soustraite aux autorités européennes
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/09/07/glyphosate-une-etude-industrielle-sur-la-neurotoxicite-de-l-herbicide-soustr

    « En lisant un article scientifique publié en 2009 [dans la revue Environmental Health Perspectives] par des toxicologues de l’Agence de protection de l’environnement américaine [EPA], j’ai vu par hasard qu’une étude industrielle recherchant la toxicité éventuelle d’un sel de glyphosate pour le neurodéveloppement était brièvement mentionnée, raconte Axel Mie. J’ai été très surpris, car j’ignorais totalement l’existence d’une telle étude. »

    #pesticides

  • La Rochelle, championne de #France du #prosulfocarbe, #herbicide potentiellement dangereux pour la santé
    https://www.francebleu.fr/infos/environnement/la-rochelle-championne-de-france-du-prosulfocarbe-un-herbicide-1657267530

    De quoi s’inquiéter des conséquences pour la #santé, dans une plaine d’Aunis marquée par un cluster de #cancers pédiatriques.

    […]

    […] la chambre d’#agriculture de la Charente-Maritime promettait jeudi soir de substituer le prosulfocarbe, le remplacer dans les champs par d’autres molécules moins volatiles.

    #pesticides #agroindustrie

  • Environnement : De plus en plus de résidus de pesticides sur les fruits vendus dans l’UE
    https://www.lessentiel.lu/fr/story/de-plus-en-plus-de-residus-de-pesticides-sur-les-fruits-vendus-dans-lue-7

    Les résidus de pesticides chimiques sur les fruits cultivés dans l’Union européenne ont augmenté entre 2011 et 2019, alors que les États membres auraient dû en limiter l’utilisation au profit de produits de substitution, selon une étude de l’ONG PAN Europe publiée mardi.


    L’étude, basée sur l’analyse de quelque 97 000 échantillons de fruits frais (pêches, fraises, cerises, pommes, etc.), affirme que près d’un échantillon sur trois (29%) était contaminé par des traces de pesticides chimiques contre 18% en 2011. Or depuis 2011, relève cette ONG spécialisée, les États membres sont censés encourager les produits de substitution pour limiter autant que possible le recours à ces pesticides de synthèse – herbicides, fongicides, insecticides – considérés comme les plus à risque et dont l’autorisation est plus strictement réglementée dans l’UE.

    Objectif : réduction de moitié d’ici 2030
    Au niveau national, cette autorisation doit notamment faire l’objet d’une évaluation comparative avec les produits de substitution, est-il rappelé. Les résultats de l’étude jettent une ombre sur l’ambition de Bruxelles, arrêtée en 2020, de réduire de moitié d’ici à 2030 le recours à ces pesticides les plus dangereux. « S’il n’y a pas de mesures fortes, on ne voit pas comment cet objectif pourrait être respecté », a dit Salomé Roynel, de PAN Europe, qui rappelle que la Commission a le pouvoir de rappeler à l’ordre les pays « défaillants sur ce sujet ».

    L’ONG cite parmi les produits autorisés dont il faudrait absolument limiter l’usage le Tebuconazole, un fongicide toxique pour la reproduction, dont des traces ont été fréquemment retrouvées sur des cerises produites en 2019, en Espagne entre autres. Destinés à détruire des organismes vivants jugés nuisibles, les pesticides sont susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine, en augmentant les risques de problèmes de fertilité voire de déclencher certaines maladies (Parkinson, cancers).

    Les légumes moins contaminés
    En 2021, une expertise de l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a conclu à « une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers (leucémies, tumeurs du système nerveux central) ».

    Dans son étude, PAN (Pesticide Action Network) assure que la moitié des échantillons de cerises étaient contaminés par des traces de pesticides en 2019 (contre 22% en 2011), plus du tiers (34% contre 16%) pour ceux des pommes, le fruit le plus produit sur le continent.

    Les fruits les plus contaminés sont les mûres (51% des échantillons), les pêches (45%), les fraises (38%), les cerises (35%) et les abricots (35%), sur les neuf années étudiées, ajoute l’ONG. Pour les légumes, la contamination est plus faible car ils sont moins sujets aux insectes et aux maladies : 13% des échantillons étaient concernés en 2019 (11% en 2011), les légumes les plus concernés étant le céleri, le céleri-rave et le chou kale (31%).

    #ue #union_européenne #Bruxelles #pac #politique_agricole_commune #pesticides #poisons #Fruits #Légumes #herbicides #fongicides #insecticide

  • Israel sprays crop-killing herbicides on farmlands in Gaza
    https://thecradle.co/Article/news/8143

    “They only spray along the fence when the wind blows west, in the direction of the Palestinian lands, in order to allow the herbicides to cover a larger area inside our lands,” Palestinian farmer Youssef Abu Maghadid told media correspondents on 17 March.

    “But when the wind starts blowing east, they immediately stop because it would harm them,” he said.

  • #Gluten, l’ennemi public ?

    En abordant le sujet de l’explosion contemporaine d’#intolérance au gluten, ce film raconte en fait d’une bataille menée par certaines des sociétés les plus puissantes de la planète contre la science libre et notre #santé à nous tous. En jeu, en plus, est la survie de millions de petits agriculteurs, tout autour de la planète, qui risquent d’être chassés du marché. Comment ces choses peuvent être liées entre elles ?

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/62747_1
    #industrie_agro-alimentaire #gluten #film #documentaire #film_documentaire #blé #céréales #alimentation #gluten-free #allergie #intolérances_alimentaires #business #alimentation #blé #coeliaquie #industrie_chimique #CIMMYT #Fondation_Rockfeller #engrais #engrais_chimiques #Norman_Borlaug #Sonora_64 #révolution_verte #agriculture #industrialisation #glyphosate #ABCD (#Archer_Daniels_Midland, #Bunge, #Cargill, #Louis_Dreyfus_Company) #agriculture_intensive #OGM #Monsanto #herbicide #microbiome #roundup #OMC #barrières_non-tarifaires #protectionnisme #capitalisme

    voir aussi, via @odilon :
    https://seenthis.net/messages/911865

  • Une étude confirme la forte exposition des Français au glyphosate
    https://www.actu-environnement.com/ae/news/etude-confirmation-forte-exposition-francais-glyphosate-38915.ph

    Après avoir testé plus de 6 000 volontaires sur tout le territoire français, le plus large échantillon européen, l’association Campagne glyphosate confirme le très fort taux d’exposition du pays à cet herbicide, notamment des enfants.

    Résultats de ces tests : des traces de la molécule ont été trouvées dans les fluides corporels de 99,8 % des participants, avec un taux moyen de 1,19 nanogramme par millilitre (ng/ml), pour un maximum de 7 ng/ml. « C’est dix fois le maximum autorisé dans l’eau de boisson », indique Denis Lairon.

  • #Agent_orange, la dernière bataille

    Utilisé pendant la guerre du Vietnam, l’agent orange a fait des ravages. Cet herbicide était utilisé par l’armée américaine pour détruire les forêts où se cachaient les résistants du Front National de libération et les cultures agricoles qui les nourrissaient. Pourtant, ce produit chimique contenant un produit cancérigène, la dioxine, reste encore autorisé aujourd’hui dans les forêts et les pâturages américains comme dans l’Oregon. En 2014, une ancienne reporter dans la jungle du sud Vietnam a assigné en justice vingt-six fabricants américains, dont Monsanto, depuis la France son pays de résidence, pour dénoncer les épandages. Carol Van Strum, une activiste américaine, mène quant à elle depuis plus de quarante ans, une guerre sans relâche pour dénoncer la responsabilité de l’industrie agrochimique face à cette catastrophe humaine et écologique. Pendant ce temps au Vietnam, une nouvelle génération d’enfants est née avec des malformations effroyables. Dans ce documentaire, Alan Adelson et Kate Taverna enquêtent sur cette arme de destruction massive.

    –-> #film_documentaire passé sur arte, ajourd’hui plus disponible.
    A voir ici (pour l’instant au moins) :
    https://cs-cz.facebook.com/MouvCommuniste1/videos/agent-orange-la-derni%C3%A8re-bataille-sur-arte-cest-un-proc%C3%A8s-politique-historique-u/356341652390208

    #film #documentaire #Vietnam #guerre_chimique #déforestation #coupe_à_blanc #Oregon #Michael_Newton #sylviculture #justice #Tran_To_Nga #herbicide #Dow_chemical #défoliant #histoire #guerre_du_Vietnam #opération_Ranch_Hand #dioxine #propagande #citizens_against_toxic_spray (#CATS) #cancer #malformations #Bayer #Monsanto #poison_papers

    • Ma terre empoisonnée

      Tran To Nga raconte ici son étonnant destin franco-vietnamien, une vie de combats et d’utopies. Issue d’une famille d’intellectuels, elle grandit au temps de l’Indochine française et vit au plus près la lutte pour l’indépendance.Après de brillantes études à Saigon puis à Hanoi, elle s’engage dans le mouvement de libération du Sud-Vietnam contre la présence américaine. Dans les années 1960, alors que la violence fait rage, elle s’active au coeur de la jungle, dans les camps de maquisards. Son destin bascule quand les avions de l’US Army larguent d’énormes quantités de désherbant sur ces forêts. Ce produit, surnommé « agent orange », a des effets dévastateurs : les arbres meurent, les sols sont pollués, des centaines de milliers de personnes contaminées. Nga, elle-même atteinte par
      ces nuages toxiques, découvrira, des années plus tard, les ravages qu’ils peuvent provoquer.
      Aujourd’hui, elle vient en aide aux victimes oubliées de l’agent orange et poursuit devant la justice française vingt-six sociétés américaines de pétrochimie l’ayant fabriqué.
      Dans ce livre, écrit avec Philippe Broussard, l’auteur retrace le parcours qui l’a conduite également à connaître la clandestinité, la torture et la prison. Son récit de la guerre du Vietnam et de ses conséquences offre une vision inédite du conflit, dénuée de haine, touchante d’humanité, d’amour maternel et de courage.

      https://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/ma-terre-empoisonnee-9782234079014
      #livre #résistance

  • Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les #sols et les #vers_de_terre
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/29/des-niveaux-alarmants-de-pesticides-mesures-dans-les-sols-et-les-vers-de-ter

    Conclusion : la totalité des prélèvements analysés contiennent au moins une des substances recherchées, et 90 % contiennent un mélange d’au moins un #insecticide, un #fongicide et un #herbicide. Si un tel constat est inédit, c’est que les auteurs ne se sont pas arrêtés aux surfaces cultivées. Ils ont prélevé leurs échantillons sur des parcelles agricoles conduites en #agriculture conventionnelle, en agriculture biologique, mais aussi sur des #prairies et des #haies n’ayant jamais reçu de traitements. « Dans 40 % des cas, on retrouve plus de dix #pesticides différents », explique l’écologue Vincent Bretagnolle (CNRS) et coauteur de ces travaux.

    sous #paywall

    Residues of currently used pesticides in soils and earthworms : A silent threat ?
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167880920303534

    • Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les sols et les vers de terre
      https://archive.ph/2023.09.28-222322/https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/29/des-niveaux-alarmants-de-pesticides-mesures-dans-les-sols-et-les-vers-de-ter

      Bio-accumulation des substances dans les lombrics
      De telles données de contamination sont « étonnamment rares », soulignent les chercheurs. « Nous n’avons trouvé aucune donnée sur la contamination, par différentes classes de pesticides couramment utilisés, des éléments du paysage distincts des champs, formant des habitats semi-naturels comme les haies, les bosquets, les marges des parcelles, ou encore les champs biologiques non traités », écrivent les auteurs.
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      Les quatre substances les plus fréquemment retrouvées sont le diflufenican (un herbicide), l’imidaclopride (un insecticide néonicotinoïde) et deux fongicides, le boscalide et l’époxiconazole. Au moins une de ces quatre substances est détectée dans plus de 80 % des sols analysés.
      Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France

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      Les chercheurs ont également cherché ces trente et une substances sur des vers de terre (Allolobophora chlorotica) prélevés dans les sols des mêmes parcelles. Dans vingt-cinq cas, aucun ver de terre n’a pu être trouvé et ainsi seuls 155 échantillons ont été étudiés.
      « C’est à notre connaissance la première fois qu’on cherche des résidus de pesticides sur des vers de terre prélevés dans des milieux agricoles et semi-naturels, dit l’écologue Céline Pelosi (Inrae), première autrice de ces travaux. Nous suspections une potentielle persistance de certaines molécules en raison d’une utilisation récurrente, fréquente et massive, à large échelle. Mais nous pensions aussi possible de n’en trouver aucune trace. »
      La réalité s’est révélée aux antipodes. « Les taux d’imidaclopride que l’on retrouve dans les vers de terre sont faramineux, estime ainsi l’écologue Vincent Bretagnolle. Ils indiquent un phénomène de bio-accumulation. » Sur près de 80 % des vers de terre analysés, on retrouve cette substance, le principal néonicotinoïde sur le marché. « Les concentrations retrouvées sont spectaculaires : 43 % des vers de terre présentent un taux d’imidaclopride de plus de 100 ppb [parties par milliard] et 8 % en ont plus de 500 ppb », précise M. Bretagnolle. Le maximum enregistré pointe à près de 780 ppb. Soit, par exemple, une concentration presque 400 fois supérieure à ce qui est mesuré dans le nectar du colza, lorsque celui-ci est traité à l’imidaclopride.
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      Un risque élevé pour les oiseaux
      « Cette étude fournit des éléments de preuve montrant que des “néonics” peuvent se bio-accumuler dans les vers de terre, confirme l’entomologiste John Tooker, professeur à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis), qui n’a pas participé à cette étude. En effet, les concentrations relevées dans les vers de terre sont plus élevées que ce qui est mesuré dans les sols. Je ne connais pas d’autres travaux montrant que des “néonics” peuvent s’accumuler dans la faune, et je suis curieux de connaître les mécanismes ou les explications à ce phénomène. »
      En 2008, lors de sa dernière réautorisation, l’imidaclopride avait été considéré comme « à faible risque de bio-accumulation » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Le produit est interdit depuis 2018 – mais bénéficie encore de dérogations, comme en France sur la betterave.
      Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Après l’alerte des scientifiques, un recours en justice pour interdire les pesticides SDHI

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      Non seulement l’imidaclopride est retrouvé à des concentrations très fortes sur les lombrics, mais il est fréquemment détecté en compagnie d’autres produits. Le niveau d’exposition de ces organismes essentiels à la bonne santé des sols présente fréquemment « un risque de toxicité chronique élevé », écrivent les chercheurs. Une situation jugée par M. Tooker « très inquiétante, non seulement pour les lombrics eux-mêmes, mais pour l’intégrité des chaînes alimentaires et la santé environnementale en général ».
      Des résultats préliminaires, non encore publiés, suggèrent que la chaîne alimentaire est impactée. « Nous avons commencé à faire des mesures sur les micromammifères, et celles-ci semblent cohérentes avec ce que l’on trouve sur les vers de terre, notamment », dit Mme Pelosi. « Pour certains oiseaux qui se nourrissent presque exclusivement de vers de terre à certaines périodes de l’année, les concentrations d’imidaclopride que nous retrouvons laissent suspecter des effets quasi létaux », explique, de son côté, M. Bretagnolle.
      Lire aussi la tribune de Christophe Gatineau, en 2018 : Article réservé à nos abonnés « Il y a urgence à sauver le ver de terre »

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      « La contamination généralisée des sols censés être exempts de substances de synthèse soulève des questions sur l’ampleur réelle de la pollution de l’environnement par les pesticides et ses répercussions », juge M. Tooker. De fait, écrivent les chercheurs, ces travaux illustrent « le potentiel des pesticides comme agents de changement global ».
      Stéphane Foucart

  • Jusqu’en 2018, les israéliens répandaient des herbicides sur les terres fertiles palestiniennes à Gaza pour ruiner leur économie...

    On aurait pu penser qu’en pleine pandémie ce n’était pas la priorité, mais la cruauté israélienne ne connaît pas de trêve...

    Alors que la crise de coronavirus se poursuit, Israël reprend la pulvérisation aérienne d’herbicides
    Gisha, le 6 avril 2020
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2020/04/17/alors-que-la-crise-de-coronavirus-se-poursuit-israel-reprend-la

    En réponse à la Demande d’accès aux documents administratifs de Gisha, Israël avait auparavant admis avoir effectué des pulvérisations aériennes sur le territoire israélien proche du périmètre de la clôture près de 30 fois entre 2014 et 2018. L’armée a affirmé que la pulvérisation était effectuée afin de dégager le terrain « pour permettre des opérations de sécurité optimales et continues ». Aucune pulvérisation n’a eu lieu en 2019. On estime la surface totale affectée par les pulvérisations aériennes d’herbicide par Israël à 7 620 dounams (7,62 km2 ) de terre arable dans la bande de Gaza.

    En juillet 2019, Forensic Architecture a publié une enquête multimédia sur cette pratique, basée en grande partie sur la recherche et le travail juridique réalisés par les organisations de défense des droits humains Gisha, Adalah et Al Mezan. Le rapport confirmait les observations des organisations pour lesquelles la pulvérisation aérienne d’herbicides par Israël avait endommagé les terres loin à l’intérieur de Gaza.

    #Palestine #coronavirus #Gaza #herbicides #sens_des_priorités #stratégie_du_choc #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • Herbicidal Warfare In Gaza
    Publication Date 19.07.2019← Forensic Architecture
    https://forensic-architecture.org/investigation/herbicidal-warfare-in-gaza

    Over three decades, in tandem with the Madrid and Oslo negotiation processes, the occupied Gaza Strip has been slowly isolated from the rest of Palestine and the outside world, and subjected to repeated Israeli military incursions. These incursions intensified from September 2003 to the fall of 2014, during which Israel launched at least 24 separate military operations targeting Gaza, giving shape to its surrounding borders today. (...)

    #Gaza #Herbicides

  • #Perturbateurs_endocriniens : les #rivières françaises regorgent de #pesticides
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/04/16/les-rivieres-francaises-regorgent-de-pesticides-suspectes-d-etre-des-perturb

    Les rivières et les #lacs français débordent de pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Glyphosate, atrazine, chlordécone… des résidus d’#herbicides et d’#insecticides particulièrement néfastes pour la #santé sont omniprésents dans les #eaux de surface en #France, révèle une étude inédite publiée mardi 16 avril à laquelle Le Monde a eu accès.

    Réalisé par Générations futures, association en pointe dans le combat contre les pesticides, le rapport montre qu’en moyenne plus de 41 substances actives de pesticides ou de métabolites supposés perturbateurs endocriniens (PE) sont présents dans les cours d’eau.

    Ce cocktail de molécules menace directement la #faune aquatique et les #écosystèmes, contribue à l’érosion de la biodiversité et n’est pas sans conséquence sur notre santé, alerte le rapport. Les PE sont en effet des substances capables d’interférer avec le système hormonal et impliquées dans une variété de troubles et de pathologies : de l’#obésité à la baisse du quotient intellectuel en passant par des #cancers des systèmes reproducteurs masculin et féminin.

    Depuis une note de 2015 du Commissariat général au développement durable, on savait que la grande majorité (92 %) des cours d’eau français étaient contaminés par les pesticides utilisés massivement par les agriculteurs. Générations futures a cherché à quantifier la part de ces pesticides aux effets de perturbation endocrinienne.

    L’association a d’abord identifié, à partir de deux bases de données (EU Pesticides database et TEDX qui porte spécifiquement sur les perturbateurs endocriniens), les pesticides (autorisés ou non) potentiellement PE. Elle a ensuite vérifié lesquels avaient été analysés par les agences de l’eau et répertoriés (département par département) dans la base de données nationale Naïades sur la qualité des eaux de surface.

    Générations futures a dû remonter jusqu’à l’année 2015 pour obtenir la couverture territoriale la plus complète. Elle s’est également heurtée à des difficultés liées à l’absence d’harmonisation des méthodes et des listes de substances recherchées : les agences de l’eau n’utilisent pas les mêmes seuils de quantification et de détection et certaines substances ne sont pas testées dans tous les départements.

    Sur la base des données 2015, le rapport établit qu’un total de 232 substances actives de pesticides ou de métabolites supposés PE ont été recherchés, soit une moyenne de 183 par département. En moyenne, plus de 41 (soit environ 23 %) ont été quantifiés. Avec des différences notables selon les départements.

    • le sang des bébés est pollué : les dangers de l’effet cocktail
      https://www.franceculture.fr/sciences/le-sang-des-bebes-est-pollue-les-dangers-de-leffet-cocktail

      Qu’appelle-t-on « effet cocktail » ?

      Barbara Demeneix : L’effet cocktail est un mélange complexe de produits chimiques qui ne devraient pas être dans notre sang. La question qui se pose aujourd’hui : étant donné les centaines de milliers de substances auxquelles on pourrait être exposé, quelles sont les interactions entre ces différentes substances au niveau de notre physiologie ? Chez des femmes enceintes ou chez des enfants qui naissent, on a mesuré des taux de produits chimiques dans le sang du cordon ombilical, et on a trouvé des centaines de produits chimique. Nous savons que ces produits passent la barrière placentaire et se retrouvent dans le liquide amniotique. Les enfants sont donc contaminés pendant tout le début de leur vie intra-utérine. La période de développement dans le ventre de la mère est très importante parce que c’est là où le cerveau se forme, c’est là où tous les organes se forment et se mettent en place. Beaucoup de maladies que l’on va avoir, que l’on soit adolescent, adulte ou vieux, ont pour origine cette vie fœtale qui détermine toute notre santé d’adulte.

      https://www.youtube.com/watch?v=UAi7-CyTFDg&list=RDUAi7-CyTFDg&start_radio=1&t=596


      Alertez les bébés - Jacques Higelin

  • #Glyphosate. #Roundup : le désherbant à nouveau jugé cancérigène par un jury californien

    Les jurés du tribunal fédéral de San Francisco ont déclaré mardi que l’#herbicide le plus vendu au monde était un “facteur significatif” dans le déclenchement du cancer d’un retraité, qui l’utilisait dans son jardin. La deuxième phase du procès, mercredi, devra évaluer la #responsabilité de #Monsanto.

    https://www.courrierinternational.com/article/glyphosate-roundup-le-desherbant-nouveau-juge-cancerigene-par
    #industrie_agro-alimentaire #cancer #santé #justice #Californie #USA #Etats-Unis #agriculture #Edwin_Hardeman

  • La France exporte-t-elle un herbicide interdit dans l’UE vers les pays en voie de développement ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/18/la-france-exporte-t-elle-un-herbicide-interdit-dans-l-ue-vers-les-pays-en

    Oui, la France exporte l’#atrazine, un #herbicide dont la commercialisation et l’utilisation sont interdites en France et dans toute l’Union européenne depuis 2003. L’information a été dévoilée par l’ONG suisse Public Eye en mai 2017. L’organisme avait alors alerté le grand public sur l’exportation suisses d’atrazine. Le Monde a de son côté dévoilé les mêmes pratiques pour la France : « Depuis le mois de janvier, la France a autorisé l’exportation de sept cargaisons d’atrazine vers la Chine, la Suisse, le Pakistan, le Soudan, l’Ukraine et l’Azerbaïdjan », écrivait le quotidien le 29 mai 2017.

    En 2018, peu de choses ont changé. Selon les données de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), la France a exporté de l’atrazine vers le Soudan, l’Azerbaïdjan, le Pakistan, la Géorgie et l’Ukraine. Et la France n’était pas la seule. L’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la Hongrie ont également exporté de l’atrazine. Les quantités exportées pour cette année ne sont pas encore disponibles à la consultation.

    Pour Laurent Gaberell, responsable agriculture et biodiversité de Public Eye, ces exportations constituent une « #violation de la #convention_de_Bamako » interdisant totalement les importations en Afrique de #déchets provenant d’États non signataires. Entre autres, ce texte considère comme déchets, « les #substances_dangereuses qui ont été frappées d’#interdiction, annulées ou dont l’enregistrement a été refusé par les actes réglementaires des gouvernements ou dont l’enregistrement a été volontairement retiré dans le pays de production pour des raisons de protection de la santé humaine et de l’environnement ». Comme l’atrazine, donc. Le Soudan, signataire de cette convention figure dans la liste des pays vers lesquels la France a livré l’herbicide en question.
    Pollution des eaux

    Considérée comme un #désherbant idéal en raison de sa forte persistance dans les #sols et son faible coût, l’atrazine a été massivement utilisée à partir des années 60 avant d’être interdite car elle contaminait les #nappes_phréatiques. Comme le relevait l’émission Cash Impact (magazine dérivé de Cash Investigation) du 27 février 2018, 15 ans après son interdiction, cet herbicide est encore le principal #polluant de l’#eau courante en France et expose les populations les plus fragiles à des risques sanitaires. Selon une étude menée par l’Inserm depuis 2002, en Bretagne, sur 600 échantillons d’urines de femmes enceintes recueillies en début de grossesse, celles « ayant des traces d’atrazine ou d’une de ses formes dégradées dans les urines ont 50% de risque supplémentaire d’avoir un enfant de petit poids à la naissance et 70% de risque supplémentaire d’avoir un enfant avec un petit périmètre crânien à la naissance », affirme ainsi un communiqué de l’Inserm.