• La flamme olympique : une merveilleuse idée du Dr. Goebbels ! Yorgos MITRALIAS
    Débordant de fierté nationale, les médias grecs, secondés par les autorités grandiloquentes du pays, ne manquent pas l’occasion de présenter cette véritable reconstitution d’une cérémonie nazie, à savoir la prétendue "cérémonie d’allumage de la flamme olympique" à Olympie comme preuve de la grandeur et de la continuité historique de la nation grecque. Et avec elle, de présenter aussi ses accessoires, comme par exemple "la première torche olympique" qui, comme nous le lisons, a été remise au maire de Marathon, "lors d’une magnifique cérémonie qui comprenait une course aux flambeaux symbolique depuis la Ligne de Départ Historique de Marathon jusqu’au musée de la Course de Marathon".

    Détail significatif, qui est bien sûr systématiquement passé sous silence, car considéré "secret national" : cette « première torche », inspirée par Goebbels et fabriquée par Krupp, a été allumée à Olympie avec une chorégraphie, qui reste la même à ce jour, due à la metteuse en scène officielle d’Hitler, la tristement célèbre Leni Riefenstahl. Force est de constater que cette "première torche" a connu des moments très difficiles en 1936, lorsque des citoyens tchèques ont lapidé les porteurs germanophones de la flamme qui traversaient leur pays, car il était évident que le parcours qu’ils suivaient marquait les contours du grand Troisième Reich, qui allait devenir une réalité cauchemardesque quatre ans plus tard. Apparemment, ces citoyens tchèques de 1936 savaient à l’avance ce que les médias grecs et les autorités de notre pauvre pays persistent à ignorer toujours en 2024. Voici donc pourquoi nous attendons depuis des décennies avec impatience le moment où cette flamme s’éteindra irrévocablement : tout simplement parce que "la flamme olympique" est "une merveilleuse idée du Dr. Goebbels", comme l’indiquait pertinemment le titre de la pleine page du quotidien grec Estia en août 1936.

    Alors, de quels ancêtres antiques, de quelles prêtresses vierges, de quelles flammes sacrées et autres histoires a dormir debout nous parle-t-on ? Toutes ces sornettes que l’État grec tout entier et son personnel politique, y compris 9 sur 10 de ses intellectuels officiels, nous ont appris à croire qu’elles viennent tout droit du fond des âges, ne célèbrent cette année que leur 88e anniversaire ! C’est ainsi que fin juillet 1936, peu avant l’ouverture des Jeux olympiques du nazisme triomphant à Berlin, on pouvait lire dans les journaux grecs des articles aux habituels accents patriotards et épico-lyriques, célébrant Leni Riefenstahl et sa « cérémonie de l’allumage de la flamme olympique », dont voici quelques extraits édifiants :

    "Quand Olympie s’est réveillée, quand le soleil s’est levé derrière le mont Cronion conique et vert et a argenté les eaux du Kladeos et de l’Alphée, les personnes qui ont souffert du soleil brûlant du 20 juillet 1936, un jour historique, ont pris chacune sa place : certaines sous les pins du Cronion, d’autres autour des grilles de la place Coubertin. Et ils ont attendu depuis la nuit jusqu’au moment où, de la colline du Cronion, le signal a été donné pour le début de la cérémonie. Plus loin, dès le matin, une femme merveilleuse - Leni Riefenstahl – avait emmené son équipe de tournage et, à la ligne de départ du stade antique, a mis elle-même en scène l’allumage de la flamme olympique. Puis, au temple d’Héra, elle a démontré son génie de metteuse en scène. Elle prit Pratsika et ses écolières, trouva aussitôt un acteur allemand qui fut son caméraman - car Condylis, le premier coureur, ne consentait nullement à porter un caleçon serré comme en portaient les anciens ; elle le déshabilla, en fit un coureur, alluma sur l’autel de fortune que constituaient les tambours des colonnes, des herbes séchées de la Altis sacrée, régla les moteurs et tourna le film, donnant des conseils, des ordres, des instructions. Dix fois elle tourna la même chose, le départ avec la torche du premier coureur. L’Allemand était littéralement rôti et la sueur suintait comme une rivière. Riefenstahl lui jeta une serviette pour s’essuyer et recommença le tournage.

    (...) Au moment où cela se passe sur la place Coubertin, à la ligne de départ du stade antique se déroule un beau rituel. Les vierges porteuses de lumière de Pratsika prennent la lumière olympique du soleil. Elles sont toutes seules. Personne n’est autorisé à assister à l’allumage. Et en réalité, lors de cette cérémonie, que Leni Riefenstall avait filmée dès le matin lors des répétitions, personne ne devait être présent, seuls Phoebus et les vierges grecques, les donneuses du feu, étaient censées assister à la cérémonie divine.

    (...) C’est le moment le plus émouvant. Tout le monde le regarde avec admiration et respect, en silence. La lumière olympique sera transmise. Le jeune Condylis, originaire d’Olympie, traverse les filles de lumière et allume la torche à partir du feu de l’autel. C’est le moment que tout le monde attendait. Il est impossible que les corps de tous ne se soient pas immobilisés, que leur souffle ne se soit pas arrêté un instant, que leurs bouches ne soient pas engourdies. Le soleil, un soleil argenté et brûlant, baigne toute la terre verte et idyllique d’Olympie. Le jeune Condylis, à moitié nu, brûlé par le soleil, vient d’allumer la première torche, et il court... il court, la tenant en l’air. La foule éclate en applaudissements et bravos.

    En un instant, il contourne le périphérique de Cronion et s’en va, courant transmettre avec la flamme sacrée d’Olympie la lumière olympique - l’éternelle civilisation grecque de l’exploit et de l’esprit"
    (Journal Vradyni , mardi 21 juillet 1936)

    Comme on dirait aujourd’hui, un spectacle hollywoodien mis en scène par la metteuse en scène officielle des cérémonies du parti nazi, Leni Riefenstall, sur une idée du Dr Goebbels, approuvée de bon cœur par le chancelier Hitler !

    La suite : https://www.legrandsoir.info/la-flamme-olympique-une-merveilleuse-idee-du-dr-goebbels.html

    #jo #olympisme #propagande #leni_riefenstahl #nazisme #histoire #spectacle #jeux_olympiques

  • The Man Who Killed Google Search
    https://www.wheresyoured.at/the-men-who-killed-google

    La charge est sévère...
    Emmerdification de Google par le menu.

    These emails are a stark example of the monstrous growth-at-all-costs mindset that dominates the tech ecosystem, and if you take one thing away from this newsletter, I want it to be the name Prabhakar Raghavan, and an understanding that there are people responsible for the current state of technology.

    These emails — which I encourage you to look up — tell a dramatic story about how Google’s finance and advertising teams, led by Raghavan with the blessing of CEO Sundar Pichai, actively worked to make Google worse to make the company more money. This is what I mean when I talk about the Rot Economy — the illogical, product-destroying mindset that turns the products you love into torturous, frustrating quasi-tools that require you to fight the company’s intentions to get the service you want.
    Heroes and Villains

    Ben Gomes is a hero. He was instrumental in making search work, both as a product and a business, joining the company in 1999 — a time long before Google established dominance in the field, and the same year when Larry Page and Sergey Brin tried to sell the company to Excite for $1m, only to walk away after Vinod Khosla (an Excite investor and the co-founder of Sun Microsystems) lowballed the pair with a $750,000 offer.

    In an interview with FastCompany’s Harry McCracken from 2018, Gomes framed Google’s challenge as “taking [the PageRank algorithm] from one machine to a whole bunch of machines, and they weren’t very good machines at the time.” Despite his impact and tenure, Gomes had only been made Head of Search in the middle of 2018 after John Giannandrea moved to Apple to work on its machine learning and AI strategy. Gomes had been described as Google’s “search czar,” beloved for his ability to communicate across departments.

    Every single article I’ve read about Gomes’ tenure at Google spoke of a man deeply ingrained in the foundation of one of the most important technologies ever made, who had dedicated decades to maintaining a product with a — to quote Gomes himself — “guiding light of serving the user and using technology to do that.” And when finally given the keys to the kingdom — the ability to elevate Google Search even further — he was ratfucked by a series of rotten careerists trying to please Wall Street, led by Prabhakar Raghavan.

    #Google #Search_engine #Histoire_numérique

  • Abolir les #prisons, une « #utopie_réelle »

    Dans « Brique par brique, mur par mur », trois chercheurs tentent la première #histoire de l’#abolitionnisme_pénal, qui place la critique radicale de la #prison, de la #justice et de la #police au cœur de ses analyses. Une tradition militante et politique riche. Y compris en Europe.

    « Les #institutions_pénales ne sont pas seulement inefficaces pour nous protéger et régler nos différends, elles sont en plus préjudiciables et néfastes. » Avec Brique par brique, mur par mur (Lux Éditeur), qui paraît en France le 17 mai, #Gwenola_Ricordeau, professeure associée en justice criminelle à l’université de l’État de Californie, #Joël_Charbit, chercheur associé au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques, et #Shaïn_Morisse, doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, retracent l’archéologie et l’actualité de l’abolitionnisme pénal, qui défend l’abolition de la justice, de la police et de la prison.

    À la faveur de la critique radicale de la prison et de l’incarcération de masse, ce mouvement intellectuel et militant a retrouvé aux États-Unis une vivacité récente. Mais dans le monde occidental, ses racines ont poussé en Europe, dans les années 1970. Souvent ignorée, quand elle n’est pas « calomniée », taxée d’utopique, la tradition de l’abolitionnisme pénal irrigue pourtant de nombreux mouvements de la gauche radicale globale. Entretien avec Shaïn Morisse, l’un des auteurs.

    Mediapart : La France compte un nombre historique de détenus. La surpopulation est endémique, les conditions de détention sont indignes depuis des décennies. Votre livre débute avec un constat : « Les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles créent depuis leur création »…

    Shaïn Morisse : La prison impose une souffrance institutionnelle. Elle est destructrice pour les individus, leurs proches et leurs communautés. Pour les abolitionnistes, elle perpétue, comme toutes les institutions du système pénal, un ordre social et racial inégalitaire, qui surcriminalise les populations socialement défavorisées et racisées.

    Qu’est-ce que l’abolitionnisme pénal ?

    Le point de départ de l’abolitionnisme, c’est de dire, là encore, que le coût social du système pénal est supérieur aux services qu’il est censé rendre. Il y a depuis deux siècles une critique permanente du système pénal. D’abord par des réformistes, jusqu’à l’apparition de l’abolitionnisme dans les années 1960-1970. La différence, c’est que les abolitionnistes ne contestent pas simplement le système pénal dans son fonctionnement ou dans ses dysfonctionnements. Mais dans sa légitimité même.

    Ils et elles estiment que le système pénal est injuste, coûteux et destructeur. Mais aussi qu’il est inefficace et inopérant : il ne dissuade pas, ne réhabilite pas. Il traite une partie infinitésimale des situations potentiellement criminalisables. Sa fonction rétributrice, c’est-à-dire la compensation d’une souffrance commise par une souffrance équivalente, voire supérieure, n’est pas non plus satisfaisante. Certes, il neutralise les individus, soit de façon définitive avec la peine de mort, soit pour un certain temps. Mais comme l’écrit [la militante et universitaire antiraciste – ndlr] Angela Davis, « la prison ne fait pas disparaître les problèmes, elle fait disparaître les êtres humains ».

    La prison semble pourtant plus que jamais plébiscitée, dans nos sociétés contemporaines, comme le meilleur moyen de punir. Et ce depuis des décennies, notamment en lien avec ce que vous nommez dans le livre le « durcissement pénal » à partir des années 1970. Pourquoi ?

    L’abolitionnisme se développe dans les années 1960-1970, dans un contexte d’espoir révolutionnaire et de grandes espérances politiques radicales à gauche. On assiste à une médiatisation de la question carcérale, à une politisation autour des questions pénales. Les prisonniers sont érigés en sujet politique, prennent la parole eux-mêmes. Il y a des mouvements de prisonniers, de la répression mais aussi des réformes pénales radicales. Des sociologues réalisent des études empiriques pour comprendre ce qu’est l’incarcération, ce qui se passe réellement en prison.

    À partir de la fin des années 1970, et plus particulièrement au milieu des années 1980, avec l’avènement du néolibéralisme, les discours abolitionnistes deviennent inaudibles. L’intérêt pour les structures disparaît. On ne voit plus que l’individu, qui serait entièrement responsable de sa destinée. C’est « la loi et l’ordre », l’avènement de discours purement punitifs qui ne voient pas l’aspect problématique de la prison. Pourtant, ce sont toujours les mêmes catégories de population qui se retrouvent en prison. Ce n’est donc pas juste une question d’individus qui n’arriveraient pas à se réinsérer dans la société. Il y a des logiques sociales et structurelles : l’abolitionnisme cherche ainsi à réencastrer le système pénal dans la société.

    L’abolition de la prison, mais aussi « de toutes les institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux », apparaît dans ce contexte comme une « utopie ». C’est un terme que vous assumez d’ailleurs.

    L’abolitionnisme revendique la notion d’utopie, mais une « utopie réelle », ancrée dans les potentiels réels de l’humanité. Il s’agit de donner les moyens aux gens de régler ce que le système pénal nomme « délits » et « crimes » d’une manière pérenne et satisfaisante. L’abolitionnisme ne fournit pas un modèle unique, et ne formule pas des « alternatives ». C’est logique : l’idée n’est pas de remplacer le système pénal par une autre institution. De fait, il implique de changer les structures sociales. Car on ne peut pas régler les problèmes qui sont à la source de ce qu’on appelle communément « le crime » sans considérer la société, l’économie, les différents rapports de domination, que ce soit le patriarcat, le validisme ou le racisme.

    C’est-à-dire que l’abolitionnisme du système pénal n’est possible qu’une fois que la révolution aurait eu lieu ?

    Globalement, la tendance assez générale au sein de l’abolitionnisme est révolutionnaire, surtout aujourd’hui. Pour autant, l’abolition est un horizon politique, tout comme la révolution est un horizon. Si les abolitionnistes ne sont pas des réformistes — ils ne pensent pas que le système pénal peut devenir plus acceptable ou efficace –, ils sont aussi pragmatiques. Il y a eu dans les années 1970 des abolitionnistes social-démocrates, et d’autres qui considèrent qu’on peut s’accommoder d’un certain niveau d’inégalité, d’un peu de capitalisme.

    On a tendance à croire que l’abolitionnisme pénal est d’abord américain, dans un pays où l’esclavage est, comme vous l’écrivez « la matrice du système pénal ». Pour autant, vous montrez qu’il y a une tradition française et européenne riche de l’abolitionnisme. La France, écrivez-vous, a d’ailleurs « joué un rôle prépondérant dans la circulation internationale du modèle de la prison »…

    Avec ce livre, nous voulions faire la première histoire générale de l’abolitionnisme, montrer que c’est un mouvement qui a cinquante ans. Raconter, aussi, que ce n’est pas, comme on le pense, un courant récent importé des États-Unis. La première vague de l’abolitionnisme s’est d’abord développée en Europe. La seconde vague, à partir des années 1990, démarre aux États-Unis. Elle est liée aux mouvements de libération africaine américaine, avec Angela Davis et la fondation du groupe Critical Resistance, qui va être très important pour toute la structuration des luttes abolitionnistes. Mais Angela Davis elle-même a lu des auteurs européens ! Ce qui est vrai, c’est que la question de la race, le féminisme, étaient les grands impensés de l’abolitionnisme européen. À partir des années 1990, l’abolitionnisme états-unien va enrichir la réflexion et intégrer ses questions.

    Avec le mouvement Black Lives Matter, les manifestations immenses qui ont suivi le meurtre policier de George Floyd en 2020, un large mouvement social aux États-Unis réclame le « définancement et le désarmement de la police ». Ce mouvement a obtenu des victoires locales. Pourquoi une telle vitalité de l’abolitionnisme pénal aux États-Unis alors qu’il reste chez nous une pensée marginalisée ?

    Cela tient d’abord à l’exceptionnalisme pénal états-unien : à partir des années 1980, une incarcération de masse a été mise en place. La population carcérale a quintuplé, devenant la plus grande du monde, devant la Russie et la Chine. Dans le même temps, l’État social s’est effondré totalement. Comme le souligne le sociologue Loïc Wacquant, l’État pénal s’est renforcé quand l’État social s’effondrait. Les conséquences ont été profondes. C’est de là qu’est repartie la reconfiguration de l’abolitionnisme aux États-Unis, mais aussi en Amérique du Sud. Mais ces dernières années, il y a tout un renouvellement des enjeux de l’abolitionnisme. C’est aussi vrai en Europe, en lien avec les questions de féminisme, d’antiracisme, en lien aussi avec l’action de la police, la question des frontières, ou la question des centres de rétention administrative (CRA).

    Pour beaucoup de victimes, la peine infligée à l’auteur est une reconnaissance, le début d’un chemin de réparation. Vouloir abolir la prison et la justice pénale, n’est-ce pas les priver de cette réparation possible ?

    Vu l’évidence culturelle du système pénal, il est normal que les gens attendent de lui une forme de reconnaissance du préjudice. Mais l’abolitionnisme affirme que le système pénal néglige profondément les intérêts et les besoins de tout le monde : les victimes, mais aussi les personnes criminalisées. Les abolitionnistes s’intéressent donc à des modes alternatifs de régulation des conflits, de manière radicale, c’est-à-dire en faisant en sorte qu’ils ne se reproduisent pas à l’avenir.

    En quoi consistent-ils ?

    Différents courants se sont développés depuis les années 1970-1980, qui ont pris le nom par exemple de « justice restauratrice » ou « réparatrice » au Canada. Les infractions ne sont plus considérées uniquement comme des transgressions à la loi, qui doivent être sanctionnées, mais comme des conflits ou des situations problématiques qui ont des répercussions personnelles sur la vie des gens et qui doivent être réparées. Donc il ne s’agit pas de punir, mais de remédier au tort subi par les victimes et de reconstituer le lien social.

    À partir des années 1990, ce courant de la justice restauratrice, pensé hors du système pénal, a commencé à être digéré par les différents systèmes pénaux. Elle a été utilisée comme un supplément à la peine : par exemple, elle a été intégrée dans la loi en France avec la loi Taubira en 2014.

    A alors émergé la justice transformatrice, notamment sous l’impulsion de l’abolitionniste canadienne Ruth Morris. Elle ne cherche pas juste à réparer le lien social, mais aussi à changer les individus et la société en général. Depuis plus de dix ans, il y a tout un essor militant et éditorial de la justice transformatrice, souvent initiée par des groupes qui, parce qu’ils sont souvent criminalisés, ne peuvent pas forcément recourir à la police.

    C’est le cas, surtout aux États-Unis (avec des groupes comme Generation Five, CARA, Creative Interventions). On peut citer aussi l’activiste Mariame Kaba. En France, c’est aussi la démarche du collectif Fracas. La justice transformatrice recourt à des pratiques de médiation et de guérison. Elle mobilise une palette de mesures adaptées à chaque problème (refuge, groupe de soutien, etc.). Son but est aussi de changer les valeurs, pratiques et structures qui ont rendu la commission de la violence possible, par un travail culturel et politique.

    Le Code pénal prévoit des crimes et des délits. La vision abolitionniste critique la notion de crime, la « figure mythologique du criminel » comme vous l’écrivez. Est-ce à dire que les crimes n’existent pas ?

    Les abolitionnistes considèrent que le crime est une catégorie « éponge », qui regroupe des actes qui n’ont aucune similitude la plupart du temps, que ce soit sur les situations que ça implique ou les impacts concrets que ça va avoir sur la vie des personnes. Pour les abolitionnistes, la grammaire de la criminalisation ne permet pas de comprendre les situations vécues, les circonstances, les expériences des personnes concernées. C’est pour eux une abstraction qui décontextualise, qui réduit la complexité des situations.

    C’est-à-dire qu’il n’y a pas de victimes et il n’y a pas d’auteurs ?

    Ces actes déplorables qu’il y a derrière la notion de « crime » ils sont là, ils existent. Mais les abolitionnistes partent de ces actes et de ces situations pour ensuite proposer une multiplicité d’interprétations de ces situations et de réponses possibles. Beaucoup d’entre eux remettent en cause la dichotomie auteur-victime, car beaucoup d’auteurs sont aussi victimes d’autres systèmes d’oppression. Les abolitionnistes vont dire que le « crime » n’est pas un point de départ utile pour cadrer les problèmes. Ils vont partir des actes et des situations concrètes.

    Il ne s’agit pas d’excuser telle ou telle personne pour avoir commis tel acte : l’abolitionniste cherche à reproblématiser la question de la responsabilité, pas à dédouaner la personne qui a commis l’acte. Mais c’est aussi hypocrite de voir uniquement la responsabilité individuelle comme le fait le système pénal ; et de ne pas regarder toutes les logiques sociales qui ont permis à cette situation d’advenir.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/230424/abolir-les-prisons-une-utopie-reelle
    #abolitionnisme #emprisonnement

    • Brique par brique, mur par mur. Une histoire de l’abolitionnisme pénal

      Il y a d’abord une évidence : les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles causent. Depuis les années 1960, ce constat d’un immense gâchis a amené un vaste mouvement à œuvrer à l’abolitionnisme pénal : en finir avec toutes les prisons, mais aussi avec les autres institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux. Ce projet politique poursuit ainsi un objectif ambitieux : rendre vraiment justice aux victimes et répondre à leurs besoins, en plus de prévenir les violences systémiques et interpersonnelles.

      En prenant appui sur les trajectoires transnationales des mouvements politiques qui ont mis au cœur de leur démarche la critique radicale du système carcéral et judiciaire, cet ouvrage, le premier du genre en langue française, offre une documentation indispensable pour inspirer les luttes contemporaines.

      https://luxediteur.com/catalogue/brique-par-brique-mur-par-mur
      #livre

  • L’assassinat par Israël du médiateur de l’ONU en Palestine – Un si Proche Orient
    https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2018/10/14/lassassinat-par-israel-du-mediateur-de-lonu-en-palestine

    L’ONU, après la mort de son médiateur, n’a plus eu pour ambition que de négocier des accords d’armistice entre Israël et ses voisins arabes, renvoyant dans un avenir indéterminé un éventuel règlement définitif. C’est donc bien un plan de paix, donc la perspective de la paix elle-même, que le commando du Lehi a voulu tuer en tuant Bernadotte. Le succès de cette manoeuvre criminelle fut tel que l’Etat d’Israël la revendique aujourd’hui dans l’un de ses musées.

  • Jusqu’à quand l’escroquerie de la « flamme olympique » ?

    « La flamme olympique, une merveilleuse idée du Dr. Goebbels » !

    Débordant de fierté nationale, les médias grecs, secondés par les autorités grandiloquentes du pays, ne manquent pas l’occasion de présenter cette véritable reconstitution d’une cérémonie nazie, à savoir la soi-disant « cérémonie d’allumage de la flamme olympique » à Olympie… comme preuve de la grandeur et de la continuité historique de la nation grecque. Et avec elle, de présenter aussi ses accessoires, comme par exemple « la première torche olympique » qui, comme nous le lisons, a été remise au maire de Marathon, « lors d’une magnifique cérémonie qui comprenait une course aux flambeaux symbolique depuis la Ligne de Départ Historique de Marathon jusqu’au musée de la Course de Marathon ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/23/jusqua-quand-lescroquerie-de-la-flamme-olympiq

    #politique #histoire #jo

  • Paroles d’immigré•e•s – épisode 2 : « On a été vendus comme des brebis »Dans le second épisode, on a eu le plaisir de recevoir Slimane, 76 ans.

    Originaire d’une région très pauvre du Maroc, Slimane a grandi dans la pauvreté puis a quitté son pays natal pour la France en 1970, dans l’espoir d’une vie meilleure.

    Recruté directement au Maroc par Félix Mora, un homme dont le rôle était d’aller chercher de la main d’oeuvre docile dans les régions rurales du sud du Maroc, il estime avoir été « vendu comme une brebis » puis « exploité » dans les mines du Nord de la France.

    Après sept ans en tant que mineur, il a été ouvrier dans une usine automobile puis est devenu chauffeur de taxi en région parisienne. Il s’est sacrifié toute sa vie pour subvenir aux besoins de sa famille et assurer un bon avenir à ses sept enfants, tous nés en France.

    https://www.bondyblog.fr/studio/podcasts/paroles-dimmigre-e-s-episode-2-on-a-ete-vendus-comme-des-brebis
    #histoire_de_France #Paroles_d'immigré‧es

  • Ceci n’est pas un pape
    https://laviedesidees.fr/Ceci-n-est-pas-un-pape

    Forgée au XIIIe siècle, l’histoire de la papesse Jeanne a longtemps entretenu le mythe d’une brève exception à la règle ecclésiastique. Agostino Paravicini Bagliani montre comment le mythe met en question l’accession des #femmes au sacerdoce et la faillibilité du pouvoir pontifical.

    #Histoire #catholicisme #masculinité
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240423_papesse.pdf

    • De Jean l’Anglais à la papesse Jeanne, s’opère un enjeu ecclésiologique : le risque d’une faillibilité de la papauté. Faillibilité dans l’élection d’un pontife dont on apprend qu’il ne recouvre pas les conditions d’éligibilité canonique ; faillibilité d’un pouvoir susceptible d’une telle « erreur manifeste » ; faillibilité d’un pouvoir susceptible d’ignorance ; faillibilité d’un pouvoir sujet à l’incertitude. D’où l’exigence de vérifier la masculinité du pape, autre source, à sa manière, de faillibilité.

      En effet, la seconde légende, celle du rite de vérification de la masculinité, qui aurait exigé du pape qu’il s’asseye sur le siège stercoraire (de stercus, excréments). « La signification de ce symbole d’humiliation, peut-être le plus radical jamais réservé au pontife romain est évidente : après avoir atteint le sommet de la gloire et de la richesse, le pape doit se rappeler sa condition humaine d’origine et s’auto-humilier » (p. 89). Le pape, quoiqu’élu de Dieu, est un homme soumis aux nécessités de la nature. Surtout, le rituel aurait exigé que « deux clercs dignes de confiance viennent toucher dûment ses #testicules, en tant que témoins attestant de son sexe masculin. S’ils les trouvaient intactes, ils les touchaient et criaient à haute voix : “Il a des testicules” et le clergé et le peuple répondaient en criant “Deo gratias” » (Felix Hemmerli, 1444-1459/61).

    • L’arcane La Papesse est la deuxième lame du Tarot de Marseille. Elle représente une femme assise tenant sur ses genoux un livre ouvert couleur chair, sa coiffe sort dans la case d’en haut. Cette femme symbolise le savoir. Elle est branchée sur la connaissance intuitive. Elle possède le livre de la sagesse.

      L’arcane La Papesse représente une position solide et stable pour le consultant. La Papesse est une image de mère protectrice et bienveillante. Elle apporte le soutien et le réconfort.

      La Papesse symbolise la puissance des acquis, la solidité des biens matériels qui donnent une assise stable et une autorité naturelle au consultant. La Papesse apprécie les choses de la vie et elle sait en user avec sagesse. C’est une bonne vivante.

      La Papesse est un symbole de fécondité et de patience. Elle prend le temps de préparer l’avenir et de laisser se faire les choses pour la réussite des projets.

      Dans sa face sombre, La Papesse devient écrasante et intrusive. C’est la mère envahissante. La Papesse est aussi le poids de l’inertie et le repli sur soi-même. Elle garde tout en elle et risque de s’étouffer à ne pas exprimer ce qu’elle retient

      https://www.elle.fr/Astrologie/Dossier-Astro/Tarot-de-Marseille-signification-des-22-Arcanes-majeurs

  • Le cumul des énergies
    https://laviedesidees.fr/Fressoz-Sans-transition

    L’historien J.B. Fressoz fournit la première enquête généalogique de la notion de #transition énergétique. Face aux discours qui remettent la « transition » toujours à plus tard, l’historien relève le défi politique inédit d’une sortie définitive des énergies fossiles.

    #Histoire #énergie #Sciences #changement_climatique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240422_fressoz.pdf

  • Faschismus: »Sie wurden zunächst nicht als Opfer anerkannt«
    https://www.jungewelt.de/artikel/473799.faschismus-sie-wurden-zun%C3%A4chst-nicht-als-opfer-anerkannt.html


    Gezeichnet: Häftlinge im Konzentrationslager Sachsenhausen (19.12.1938)

    22.4.2024 von Barbara Eder - Jahrestage der Befreiung von Konzentrationslagern: Auch an die Verfolgung sogenannter Asozialer wird erinnert. Ein Gespräch mit Helga Amesberger

    Sie forschen seit Jahren zur Verfolgung sogenannter Asozialer zwischen 1933 und 1945. Wie wurde diese Personengruppe definiert?

    »Asoziale« wurden als sogenannte Arier kategorisiert, die aber nicht in das Bild des sogenannten Herrenmenschen passten. Dabei handelte es sich zum einen um Frauen und Männer, die mit Strafgesetzen in Konflikt gerieten; zum anderen um Menschen, denen »Arbeitsscheu« oder ein unsittlicher Lebenswandel unterstellt wurde. Auch alkoholkranke und Drogen gebrauchende Menschen wurden in der Nazizeit als »Asoziale« stigmatisiert. In den Konzentrationslagern mussten sie den schwarzen Winkel tragen.

    Worin besteht das Spezifikum dieser Opfergruppe?

    Eine gesetzlich geregelte Definition, wer als »asozial« einzustufen ist, gab es nicht. Die Behörden agierten auf Basis von Erlässen und Verordnungen; sie konnten daher sehr willkürlich vorgehen. Der wichtigste war der Grunderlass von 1937 zur Vorbeugehaft, der es ermöglichte, Personen ohne vorangegangene Straftat zu inhaftieren. Dazu kamen unterschiedliche fürsorgerechtliche Bestimmungen, welche die Einweisungen sowohl in Arbeitsanstalten als auch in Konzentrationslager ermöglichten. Die Richtlinie zur Umsetzung des Gesetzes zur »Verhütung erbkranken Nachwuchses« war dahingehend ebenso relevant. In Allianz von Fürsorge, Arbeitsämtern und Medizin war die Polizei dazu angehalten, dem sogenannten Asozialen-Problem ein Ende zu machen. Begonnen hat dies bereits mit der Machtübernahme der Nazis, die Übergänge waren fließend. Auch vor 1933 bzw. 1938 gab es staatliche Maßnahmen gegen gesellschaftlich Marginalisierte. Betonen möchte ich, dass vorwiegend die verarmten Bevölkerungsschichten von der Bekämpfung des »Asozialen«-Problems betroffen waren.

    Gab es eigene Lager für diese Menschen?

    Personen, die als »Asoziale« verfolgt wurden, wurden zunächst oft in sogenannte Arbeits- oder Arbeitserziehungslager gebracht. In Österreich befanden sich solche für Frauen etwa am Steinhof in Wien, in Znaim und in Klosterneuburg, in Bayern war es der »Wanderhof« Bischofsried. Die inhaftierten Frauen und Männer mussten für Firmen, in der Landwirtschaft oder im Lager selbst Zwangsarbeit verrichten. »Asoziale« wurden jedoch auch in Konzentrationslager deportiert. Junge Frauen im Alter zwischen 15 und 21 Jahren kamen etwa ins Jugend-KZ Uckermark – im Nazijargon euphemistisch als »Erziehungslager« für Mädchen bezeichnet. Viele von ihnen waren davor in einem »Arbeitserziehungslager«.

    »Asoziale« sind eine Opfergruppe ohne nennenswerte Lobby. Wie verlief der Weg zur Entschädigung nach 1945?

    Nach 1945 haben sich die fürsorgerechtlichen Bestimmungen und der gesellschaftspolitische Blick auf diese Verfolgtengruppe nicht maßgeblich verändert. Diesbezüglich gibt es eine starke Kontinuität, dies spiegelt sich auch in der Anerkennungspolitik: »Asoziale« Menschen wurden nicht als Opfer des Nationalsozialismus anerkannt, außer sie konnten einen Nachweis erbringen, dass sie beispielsweise auch rassistisch oder politisch verfolgt wurden. In Österreich kam es zu einer schrittweisen Anerkennung mit der Gründung des Nationalfonds für die Opfer des Nationalsozialismus im Jahr 1995. Im österreichischen Opferfürsorgegesetz wurden aber erst 2005 entsprechende Novellierungen vorgenommen. Nach einer Initiative von Nachkommen von Überlebenden und Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftlern beschloss auch der Deutsche Bundestag im Februar 2020 die Anerkennung von als »Asoziale« oder »Berufsverbrecher« verfolgten Personen. Es dauerte also fünf bzw. acht Jahrzehnte, bis der Unrechtsgehalt der NS-Maßnahmen gegen diese Opfergruppen erstmals hinterfragt wurde. Niemand war zu Recht im KZ – ganz egal, wie das Vorleben einer Person war, ob sie kriminell wurde oder ob sie sich ein anderes Vergehen zuschulden hat kommen lassen. Konzentrationslagerhaft steht immer außerhalb des Rechts und der Gerichtsbarkeit.

    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Helga_Amesberger

    #Allemagne #Autriche #histoire #nazis #camps #asociaux

  • #Nantes, ville révoltée - Une contre visite de la cité des Ducs

    Ce livre n’est pas un manuel d’histoire ni un guide touristique mais une #dérive dans la ville de Nantes. Des grèves insurrectionnelles d’après-guerre aux récents débordements des cortèges de tête, de la Commune de Mai 68 aux journées fabuleuses contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la Cité des Ducs se démarque par sa capacité à renverser l’ordre. Plus récemment, le gouvernement a tenté de dissoudre le média Contre Attaque, anciennement nommé Nantes Révoltée. Son équipe vous invite à travers ce livre à revisiter les #révoltes nantaises en parcourant une série de lieux emblématiques de la ville. Un « #contre-voyage à Nantes » hors des sentiers balisés, une madeleine de Proust saveur lacrymogène.

    https://www.editionsdivergences.com/livre/nantes-ville-revoltee-une-contre-visite-de-la-cite-des-ducs

    #livre #résistance #histoire #guide #contre-visite

  • Berlinskij Kreml / The Terror Machine, de Gregory Klimov, Le prix de la liberté, addendum à la deuxième édition du livre, 1971,
    https://g-klimov.info/klimov__pesn_pobeditelya_ru/pesn_pobeditelya_20.html

    On ne trouve ce texte en ligne que dans la version russe du livre. Vu d’aujourd’hui, plus de soixante dix ans après sa première publication et plus de cinquante ans après celle de l’addendum, ce texte nous révèle deux éléments intéressants de l’histoire de la guerre froide.

    D’abord Klimov raconte que le systéme de gestion des DP (displaced persons) états-unien était géré par des gangsters qui pillaient les réfugiés, les torturaient et les utilisaient comme monnaie d’échange pour leurs deals avec les services secrets de l’URSS. Il s’agit des observations personnelles du vécu l’auteur en 1947. Dans la deuxième partie du texte on découvre le résultat de la transformation d’un jeune homme brillant sous l’impression des persécutions stalinistes et états-uniennes et de sa tentative manquée to sort things out .

    En 1971 déjà Gregory Klimov se réfugie dans des idées dignes des médecins eugénistes nazis qui tournent autour de la décadence. Il explique cette vue du monde plus explicietement dans un autre texte. C’est remarquable car il anticipe une partie de la pensée russe post-soviétique dont se servent les poutinophobes pour dénoncer les Russes comme fascistes.

    Grigory Klimov « Le chant du vainqueur »
    Le prix de la liberté
    Addendum à la deuxième édition du livre
    De nombreux lecteurs de « Le Kremlin de Berlin » se sont demandé : « Et que s’est-il passé ensuite ? »
    Lorsque je leur en ai parlé, ils se sont exclamés : « Mon Dieu, c’est si intéressant ! Pourquoi ne l’avez-vous pas décrit ? »
    J’ai donc décidé de décrire les choses « intéressantes » que je n’avais pas décrites auparavant.
    Si aujourd’hui, en 1971, un touriste soviétique, un marin ou un Kagabeshnik saute d’un train ou d’un bateau à vapeur, il est immédiatement emmené en Amérique. Crier dans la presse qu’il a choisi la liberté américaine est une forme de guerre psychologique. Même la fille de Staline a été emmenée en Amérique.
    C’est parce qu’aujourd’hui, les États-Unis et l’URSS sont officiellement ennemis. Lorsque j’ai choisi la liberté, en 1947, ils étaient officiellement amis et alliés. Et il n’y avait pas encore de guerre psychologique. L’élection de la liberté était un peu différente à l’époque. À l’époque, je travaillais comme ingénieur principal pour la SVA, l’administration militaire soviétique en Allemagne.
    Dans ma quête de liberté, j’ai essayé de demander aux alliés occidentaux, les Britanniques et les Américains, ce que l’on appelle l’asile politique par le biais d’intermédiaires allemands. C’était un geste de courtoisie. Mais les gentilshommes alliés ne voulaient rien entendre.
    Au même moment, les journaux berlinois écrivaient que les Britanniques avaient échangé leur agent-espion Igor Stern, qui s’était endormi et avait été arrêté dans la zone soviétique, contre un officier soviétique qui avait choisi la liberté et demandait « l’asile politique » dans la zone anglaise.
    Quelques années plus tard, les Anglais ont condamné ce même Igor Stern à 10 ans de prison pour des faits délictueux. Et le Russe, qui cherchait la liberté, a payé de sa vie ce Stern.
    Comme j’ai été l’un des premiers à arriver au Kremlin à Berlin, j’ai eu un bon appartement et beaucoup de bonnes choses. Les officiers démobilisés avaient le droit d’emporter tout cela comme trophée. Je donnais maintenant toutes ces bonnes choses à mes bons amis. C’étaient des majors et des lieutenants-colonels du service du génie, presque tous membres du Parti. Lorsqu’ils ont reçu mes cadeaux, ils ont deviné que j’allais partir n’importe où, mais pas en URSS. Certains d’entre eux me l’ont directement laissé entendre. Mais moi, avec un pistolet dans ma poche, je me suis entêté :
    – Je vais à Moscou !
    Un camarade major, après s’être donné du courage avec un verre de vodka, m’a avoué qu’il avait un oncle à Paris et m’a proposé d’écrire son adresse. Je secouai la tête :
    – Je vais à Moscou !
    En guise de cadeau d’adieu, j’ai offert à Inga, une gentille petite amie allemande, toute une cargaison d’objets. Elle aussi a compris qu’un officier soviétique qui partait en Russie ne donnait pas toutes ses affaires, et elle m’a dit : "Écoute, veux-tu que je t’aide ?
    – Écoute, veux-tu que je t’aide à t’enfuir en Allemagne de l’Ouest ?
    Je me tais.
    « J’ai un camarade de classe », dit Inga. - Il était dans la SS pendant la guerre. Maintenant, il s’occupe de faire passer la frontière aux gens. C’est vrai, je devrais vous dire qu’à la frontière, il les tue, leur tire une balle dans la nuque et les vole..... Mais je lui dirai que tu es mon fiancé, et il ne te tuera pas.... Tu veux que je vienne avec toi ?"
    Je l’ai remerciée et j’ai dit que j’allais à Moscou. Oh, cette Inga était une bonne femme. Il est bon de s’en souvenir !
    Finalement, avec l’aide d’intermédiaires allemands, je suis arrivé en voiture dans un village frontalier de Thuringe. Le soir, deux guides, père et fils, paysans locaux, m’ont fait passer la frontière. Ils empruntaient souvent ces chemins forestiers pour se rendre chez leurs parents de l’autre côté de la frontière.
    C’était une nuit d’hiver lumineuse. Me souvenant de l’histoire d’Inga, je marche derrière mes guides - avec un parabellum dans ma poche - juste au cas où. Sous mon manteau est accroché à mon épaule, la bouche vers le bas, un fusil automatique allemand. Des grenades et des chargeurs de rechange pour la mitrailleuse sont éparpillés dans mes poches. C’était au cas où les gardes-frontières soviétiques nous croiseraient.
    Nous avons marché ainsi pendant deux ou trois heures. Et nous sommes arrivés sans encombre à la première gare de la zone américaine. Derrière le bâtiment de la gare, j’ai payé mes conducteurs : je leur ai donné, je crois, mille marks d’occupation, ce qui, à l’époque, représentait environ 5 dollars américains. C’était le premier paiement pour la liberté et, je dois le dire, je l’ai gagné très honnêtement. En guise de récompense, j’ai donné à mes guides mon parabellum, mon fusil automatique et mes grenades à main, ce dont ils m’ont vivement remercié et m’ont longuement salué. Peut-être ne s’attendaient-ils pas à avoir tout un arsenal derrière eux.
    Je suis monté dans le train. Allons-y. Je ne sais même pas où. Loin de la frontière. J’étais tellement concentré sur mon évasion de la zone soviétique que je n’ai pas pensé à ce que je ferais dans la zone américaine. Je me perdais parmi les Allemands, je jetais un coup d’œil et nous verrions ensuite. À cette fin, j’ai même obtenu une carte d’identité allemande au nom de Ralph Werner.
    Bientôt, la police militaire américaine commence à marcher le long du train : les Alliés vérifient les documents. Je montre ma kennecard et je suis arrêté. À la gare suivante, les Alliés me remettent à la police allemande. Je demande à l’aimable policier allemand ce qui se passe. Il s’avère que ma fichue carte d’identité provient de la zone soviétique et qu’ils ont d’autres cartes d’identité ici. Herr Werner sera donc renvoyé dans la zone soviétique par le prochain train. Le policier compatit beaucoup avec moi, mais c’est l’ordre des autorités d’occupation américaines : renvoyer tous les réfugiés allemands de la zone soviétique. Y compris Herr Werner.
    Voyant qu’il n’y avait rien à faire, j’ai sorti d’une autre poche ma carte d’identité SBA (Administration militaire soviétique), où j’étais représenté en uniforme d’officier soviétique.
    Le lendemain, je me suis retrouvé chez les Alliés, dans une villa de campagne près de Kassel, où il y avait une sorte de maison de vacances pour les officiers de renseignement américains. L’après-midi, l’un d’entre eux m’a invité à participer à une compétition de tir au pistolet. Nous avons tiré dans la cour sur des morceaux de bois de chauffage fraîchement sciés, en les mettant sur la crosse. L’éclaireur américain sortait de derrière sa ceinture un revolver court, presque sans canon, comme celui que portent les fringants agents du F.B.I. dans les films. Il a également tiré comme un cow-boy au cinéma - de la hanche, sans viser. Et, bien sûr, il ratait tout le temps.
    Il a ensuite sorti de sa poche un Colt de calibre 32 et me l’a tendu. Comme je tirais avec une arme normale et d’une manière normale, mes résultats étaient bien meilleurs. Mais je soupçonne qu’après cela, l’officier de renseignement américain a conclu que j’étais un tireur d’élite et donc un dangereux agent soviétique. Pour ma défense, je peux seulement dire qu’il était tout simplement impossible de tirer plus mal que lui.
    Quoi qu’il en soit, le lendemain, on m’a fait monter dans une jeep et on m’a conduit au Camp King à Oberursel, près de Francfort. Il s’agissait d’un ancien camp de concentration allemand où les Américains détenaient désormais principalement des criminels de guerre allemands. Le panneau au-dessus de la porte indiquait : « Quartier général du contre-espionnage américain en Europe ».
    Dans ce camp de concentration, j’ai été détenu pendant trois mois. En isolement. J’ai donc choisi la liberté - et pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé derrière les barreaux. Avec des criminels de guerre allemands. Un allié rendant visite à un allié !
    Pendant tout ce temps, je crois que je n’ai été interrogé que deux fois. À l’époque, je parlais couramment l’allemand, mais en anglais, je pouvais seulement lire, mais je ne pouvais pratiquement pas parler. Lors du premier interrogatoire, une Galicienne portant l’uniforme d’un sergent américain a servi d’interprète russe. Mais elle ne comprenait pas le russe et je ne comprenais pas le galicien. Qu’a compris le jeune lieutenant américain de cet interrogatoire ? - Je n’en sais rien.
    Je me suis dit : "Mon Dieu, ils n’ont donc pas un seul interprète russe dans les quartiers principaux du service de contre-espionnage américain ! Les protocoles d’interrogatoire sont estampillés « top secret ». Et cette femme ne comprend pas la moitié de ce que je dis. Et ma vie en dépend. Quelle idiote !"
    Lors du deuxième interrogatoire, on m’a donné un interprète allemand. C’était un jeune homme juif portant l’uniforme d’un caporal américain, qui parlait yiddish au lieu d’allemand. Il ne comprenait pas l’allemand et je ne comprenais pas le yiddish. L’interrogatoire s’est déroulé comme suit :
    Question :
    – De quel établissement d’enseignement avez-vous été diplômé ?
    J’ai répondu en allemand :
    – Polytechnische Hochschule, c’est-à-dire l’Institut polytechnique, où l’on forme des ingénieurs. Le traducteur traduit en anglais comme suit :
    – Vokeschenal High School, ce qui, en Amérique, signifie une école de commerce où vont les plus mauvais élèves qui ne peuvent pas obtenir un diplôme d’une école secondaire normale.
    Les questions qui suivent permettent à l’enquêteur d’apprendre que j’ai obtenu mon diplôme à l’âge de 23 ans, alors que les Américains les plus stupides y parviennent à l’âge de 18 ans. Je suis donc une sorte de supercrétine. Et après ça, j’ai été l’ingénieur en chef du SAS. Qu’est-ce que l’interrogateur a retiré de cet interrogatoire ? - Je n’en sais rien.
    Je me disais : « Comment interroger des criminels de guerre allemands si vous n’avez même pas d’interprètes allemands ? (Soit dit en passant, l’un de ces interprètes des services de renseignement américains était un juif, Henry Kissinger, qui devint plus tard le bras droit du président Nixon). Et ce magasin est le siège du contre-espionnage américain en Europe ?! »
    À Moscou, j’ai obtenu par hasard un diplôme de l’Académie diplomatique militaire, où des milliers de personnes étudiaient toutes les langues du monde, jusqu’aux dialectes nègres d’Afrique. Et ici ?
    Pour être objectif, je dois dire que la nourriture était bonne. Tous les matins, au lever du drapeau, le haut-parleur de la cour diffusait l’hymne américain, que j’écoutais, je l’avoue, avec le plus grand dégoût. Aujourd’hui encore, 24 ans plus tard, lorsque j’écoute cet hymne, il me rappelle automatiquement le camp King.
    Une cellule d’isolement. Sur les murs, des inscriptions laissées par d’anciens prisonniers. Dans toutes les langues du monde, y compris le russe. Certaines d’entre elles sont manifestement des notes de suicide. Par la fenêtre, derrière les barreaux, on aperçoit un canon de char américain. Puis des barbelés. Derrière les barbelés se trouve un champ vert, sur lequel des lapins allemands courent tranquillement. Parfois, ces lapins grimpent même sous les barbelés et s’ébattent sous ma fenêtre.
    Et moi, je m’assois et je me dis : « Oh, pourquoi ne suis-je pas un lapin ? » Prisonnier numéro M-62. Un homme qui a choisi la liberté. Lors de l’interrogatoire, j’ai déclaré que j’avais quitté l’URSS pour des raisons politiques et que je me considérais comme un émigrant politique. Mais pourquoi suis-je détenu ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’interrogatoire ? Après tout, mon cas est parfaitement clair. J’ai tous mes documents soviétiques sur moi. Mon nom figure dans les procès-verbaux du Conseil de contrôle allié à Berlin, où j’ai travaillé avec les Américains et les Britanniques. J’ai de nombreuses connaissances allemandes qui vivent dans les secteurs américain et anglais de Berlin et qui me connaissent depuis des années, tant dans le cadre de mon travail que sur le plan personnel. Et tout cela est très facile à vérifier.
    D’un point de vue juridique, il existe un traité sur l’échange mutuel des déserteurs. Mais j’ai un certificat de démobilisation de l’armée. Avec toutes les signatures et tous les sceaux. Et même un laissez-passer pour passer la frontière, sur du papier-monnaie avec filigrane et ma carte-photo. Seul le laissez-passer était à l’envers. Mais de toute façon, le traité d’échange des déserteurs ne s’applique pas à moi.
    Mais alors pourquoi suis-je détenu ? Et en isolement. Et sans interrogatoire. Et sous le sceau « top secret ». Peut-être, me suis-je dit, pour m’échanger contre un espion américain qui s’est endormi dans la zone soviétique, comme Igor Stern ? Oh, vous, les marchands de biens vivants !
    Je ne sais pas si, à l’époque, on n’a pas trouvé de biens convenables à échanger, ou si c’est pour une autre raison. Quoi qu’il en soit, trois mois plus tard, un major américain m’a informé avec indifférence que j’étais libéré. En passant, il a fait remarquer qu’ils allaient devoir m’acheter une nouvelle carte d’identité. Au marché noir. À mes frais, bien sûr, avec l’argent qu’on m’avait pris lors de mon arrestation.
    J’étais un peu surpris que le quartier général du contre-espionnage américain, et dans toute l’Europe, n’ait pas d’autre moyen d’obtenir les papiers d’une personne que de les acheter au marché noir. Mais à l’époque, je m’en fichais. Au moins, ils me laissent sortir.
    La nuit, avant même l’aube, un Tadjik, qui parlait à peine le russe et qui servait apparemment de chauffeur dans ce camp, m’a conduit en voiture du camp King à Stuttgart. En chemin, il s’est arrêté dans un camp DP et a pris un papier certifiant que moi, Herr Ralf Werner, un homme de nationalité indéterminée, j’avais été libéré du camp DP et que je déménageais dans un appartement privé, c’est-à-dire que je passais des mains américaines à l’économie allemande. Je passais donc des mains des Américains à celles de l’économie allemande. C’était là toute l’astuce de l’achat de documents au marché noir.
    Avec ce morceau de papier, nous sommes allés à la police allemande et mon Tadjik a commencé à obtenir de nouveaux documents pour moi. Mais il parlait allemand de telle manière que le policier ne le comprenait pas. J’ai alors fait appel aux services de renseignements américains et j’ai expliqué au policier que ce n’était pas ce Tadjik qui avait besoin de ces documents, mais moi, Herr Werner. J’ai donc obtenu une nouvelle kennkarta, un permis de séjour et des cartes de rationnement.
    C’est ainsi que le vainqueur a choisi le destin du vaincu.
    Après avoir pris congé du Tadjik, je me suis assis sur un banc public et j’ai ouvert le paquet scellé que le Tadjik m’avait glissé au dernier moment - au nom de ses supérieurs. Il était censé contenir mes documents et l’argent emporté lors de l’arrestation. Mais tous les documents avaient disparu. La moitié de mon argent a disparu avec eux - 20 000 marks d’occupation, le prix d’une nouvelle carte d’identité.
    Travaillant comme ingénieur principal pour la SVA, je gagnais en tout et pour tout 8 000 marks par mois. Il n’est donc pas surprenant qu’au moment où la « liberté » a été élue, je me sois retrouvé avec environ 40 000 marks d’occupation (et d’inflation).
    J’ai payé 1 000 marks aux guides allemands qui m’ont fait passer la frontière. Et c’était un gesheft honnête. Mais voilà que le service de renseignement américain me réclame 20 000 marks pour ma « liberté » et tous mes documents professionnels, y compris mon diplôme d’ingénieur, dont je pourrais encore avoir besoin à l’avenir. Cette affaire américaine ne m’a pas enthousiasmé.
    Traduits en monnaie américaine, 20 000 marks représentaient à l’époque une somme insensée, de l’ordre de 100 dollars. Mais les officiers de renseignement américains n’étaient pas dupes. Pour le réfugié que j’étais, cette somme n’avait pas la même signification. Après tout, à cette époque, les Allemands, parmi lesquels je devais vivre, recevaient 400 à 500 marks par mois.
    Si les services secrets américains n’avaient volé que moi, si cela avait été un accident, j’aurais simplement craché et je n’aurais pas décrit la situation avec autant de détails. Mais ce n’était pas un accident, c’était un système. C’est ainsi que presque tous les Soviétiques qui ont « choisi la liberté » ont été traités à l’époque, entre 1945 et 1950. Plus tard, en tant que président de l’Association centrale des émigrés d’URSS de l’après-guerre, c’est-à-dire des personnes qui avaient suivi un chemin similaire, j’ai entendu de nombreuses histoires similaires de leur part.
    Les services de renseignement américains sont officiellement appelés les services de renseignement du gouvernement américain. Mais je dois dire à l’oncle Sema que ce bras n’est pas tant un bras de renseignement qu’un bras de voleur.
    Je dois faire remarquer que le vol ou le cambriolage au Camp King a été effectué de manière assez organisée et prudente. La veille de ma libération, un sergent américain est entré dans ma cellule et m’a tendu un papier à signer, disant : « Je confirme par la présente que j’ai récupéré sains et saufs tous les documents, objets de valeur et, en général, tout ce qui m’a été enlevé lors de mon arrestation ».
    En regardant les mains vides du sergent, j’ai demandé :
    – Où sont toutes ces choses ?
    – Vous les aurez demain quand vous serez libéré", m’a répondu le sergent.
    Après trois mois d’isolement, et avec la perspective d’être renvoyé devant le peloton d’exécution, je n’avais pas particulièrement envie de me disputer avec le sergent pour quelques papiers. J’ai donc pris et signé le papier que le sergent m’a glissé.
    Ainsi, les services secrets américains m’ont non seulement volé, mais ils ont également reçu un reçu attestant que tout m’avait été rendu. C’est peut-être la seule raison pour laquelle ils m’ont gardé à l’isolement pendant trois mois - comme entraînement psychologique pour intimider une personne. Je ne vois pas d’autre raison logique.
    Après avoir vécu quelques jours à Stuttgart, j’ai commencé à réfléchir à ce que je devais faire ensuite. Les officiers soviétiques de la mission de rapatriement se promenaient encore dans Stuttgart à cette époque. Il était un peu étrange pour Herr Werner de regarder cet uniforme qu’il avait lui-même porté récemment.
    Pour une raison quelconque, je me suis souvenu du Conseil de contrôle allié à Berlin, où j’avais rencontré les Américains. Les véritables vainqueurs de l’Allemagne hitlérienne y étaient clairement identifiés. Les Soviétiques se sont comportés de manière résolument cavalière, tandis que les Américains ont fait preuve d’ingratitude. Ils ont tâté mes boutons et mes épaulettes et m’ont souri de manière flatteuse. Ensuite, il y avait des divisions de chars soviétiques derrière moi. Ils m’ont alors pris pour un Soviétique et j’ai pensé qu’ils étaient des gentlemen. Aujourd’hui, le soviétique est devenu russe et les gentlemen sont devenus des escrocs. Bien sûr, pas tous, mais...
    Mais je n’avais pas encore subi la psychologie du vainqueur du Conseil de contrôle. Et si j’allais voir le consul américain à Stuttgart et lui demandais conseil sur ce que je devais faire ? Après tout, les Américains du Conseil de contrôle ne demandaient qu’à me parler. Mais je n’ai pas pu le faire à l’époque. Aujourd’hui, je le peux. Eh bien, parlons-en. Après tout, vous êtes les patrons ici. Je n’ai rien à vous cacher. Même si les services secrets américains sont truffés d’escrocs, les diplomates américains doivent être des gentlemen.
    Je suis donc assis dans le bureau du consul. Il a l’air d’un gentil monsieur avec une bedaine. Mais pour une raison que j’ignore, ce monsieur est surtout intéressé de savoir où et comment j’ai obtenu mon kennkart.
    – Par la police allemande, réponds-je. - Mais avec l’aide des services secrets américains.
    – Et avez-vous payé quelque chose pour cela ?
    La question est assez délicate et même un peu provocatrice. Si je me tais, le consul peut vérifier, et alors on me demandera : « Pourquoi le cachez-vous ? Peut-être cachez-vous aussi quelque chose d’autre ? »
    – Oui et non", réponds-je.
    – Que voulez-vous dire ? - insiste le consul.
    – Je ne l’ai pas payé moi-même, mais ils me l’ont pris.
    – Combien ?
    – Vingt mille marks.
    – Par qui ?
    – Les services secrets américains.
    Après avoir découvert cette question financière, le monsieur à la bedaine s’est désintéressé de moi. C’est peut-être vrai que les Américains ne s’intéressent qu’à l’argent. - me suis-je dit. En me disant au revoir, le consul m’a promis qu’il ferait quelque chose.
    Et effectivement, le lendemain matin, la police militaire américaine m’a tiré du lit. Ils m’ont mis dans une jeep, avec toutes mes affaires, et m’ont emmené. Ils m’ont emmené au même Camp King, près de Francfort. Ils m’ont retiré ma nouvelle carte d’identité et m’ont de nouveau enfermé à l’isolement.
    J’y suis resté trois mois de plus. Sans un seul interrogatoire. Une seule fois pendant tout ce temps, trois messieurs sont entrés dans ma cellule - comme par hasard - un colonel, un major et un sergent qui servaient d’interprète de l’anglais à l’allemand, ou plutôt, de nouveau en yiddish, où je ne comprenais que quelques mots.
    Sur un ton de reproche, le colonel m’informa qu’ils voulaient m’aider, mais qu’au lieu de leur témoigner de la gratitude, je ne faisais que leur causer des ennuis - un trable - et qu’ils ne savaient tout simplement pas quoi faire de moi : apparemment, ils n’avaient qu’à me renvoyer. Après quoi, secouant la tête d’un air réprobateur, ces messieurs sont partis.
    Comme le colonel est apparemment l’un des chefs du camp, je me suis dit qu’il ne s’agissait pas du travail de certains officiers, mais d’un système : tout le quartier général du contre-espionnage américain est entre les mains de gangsters. Et le consul américain à Stuttgart n’est pas mieux. Ils forment tous un seul et même gang, messieurs de la route.
    Mon opinion personnelle est bien sûr absurde. Mais je n’étais pas le seul à le penser, des centaines de Soviétiques qui avaient choisi la liberté et subi une rééducation idéologique au camp King le pensaient aussi.
    Une nuit, je me suis réveillé en entendant un grondement dans l’une des cellules voisines. À travers les murs, on entendait un bruit de lutte, comme si on attachait quelqu’un, et de forts jurons.... russe... Des piétinements et des voix d’Américains... Puis quelqu’un est traîné dans le couloir.
    Eh, me suis-je dit, cela signifie que quelqu’un de notre côté a été traîné... Pour la restitution.
    Après cela, j’étais tellement dégoûté que j’ai décidé d’entamer une grève de la faim et de refuser de prendre le plateau du petit-déjeuner le matin. Mais le sergent a placé le plateau sur la couchette du haut et a fermé la porte à clé. Le petit-déjeuner est resté là jusqu’à l’heure du déjeuner. Au déjeuner, un autre sergent plaça un autre plateau, qui resta là jusqu’au dîner. Et le dîner restait sur la couchette du haut jusqu’au matin. Et ainsi de suite tous les jours. Pendant douze jours.
    Si quelqu’un pense qu’il s’agit d’une farine alléchante, il n’en est rien. Même si j’avais toujours de la nourriture au-dessus de ma tête, je n’avais pas du tout envie de manger. Ensuite, on ne boit même plus. Seules la fatigue et la somnolence apparaissent. Et tout cela est absolument indolore. Ceux qui veulent perdre du poids peuvent essayer. Mais il faut d’abord se retrouver dans le couloir de la mort.
    Finalement, après douze jours de grève de la faim, un major américain est venu dans ma cellule avec une pipe entre les dents et m’a demandé ce qui se passait. Je lui ai répondu que je voulais moi-même savoir ce qu’il en était. Et pourquoi suis-je détenu ici ?
    En regardant la pipe entre les dents du major, je me suis souvenu que je n’avais pas fumé depuis plusieurs jours et je lui ai demandé une cigarette. Le major fouilla dans ses poches, puis regarda sa pipe, qui était vide et même sans cendres, et m’informa qu’il n’avait ni cigarettes ni tabac. Il a sucé la pipe vide. Juste pour le style.
    J’imite Sherlock Holmes, me suis-je dit.
    D’ailleurs, du point de vue de la psychanalyse freudienne, si populaire en Amérique, les hommes impuissants aiment sucer une pipe vide pour se donner l’air puissant. Et l’impuissance est souvent liée au sadisme. Et le sadisme, à son tour, est souvent associé à une soif pathologique de pouvoir sur les autres. Et ces types pullulent dans tous les lieux maléfiques - Tchéka, Gestapo ou camp de concentration américain - où un homme peut abuser d’un autre en toute impunité.
    Suçant sa pipe vide, le major a dit entre ses dents que j’étais envoyé demain et m’a recommandé d’arrêter ma grève de la faim afin de prendre des forces pour le voyage.
    – Où vais-je être envoyé ? - demandai-je.
    – Je ne le sais pas, répondit le major.
    – Et est-ce que c’est certain que c’est demain ?
    – Je vous donne ma parole d’honneur en tant qu’officier américain", a dit le major, apparemment un peu vexé que je ne l’aie pas cru dès le premier mot.
    Eh bien, pensai-je, si demain on m’envoie dans un endroit inconnu, il vaut mieux, en effet, économiser des forces pour la route - vendre ma vie plus cher.
    Sans retirer sa pipe vide de la bouche, le major m’a souhaité un bon appétit et est parti. Mais comme la grève s’était terminée dans des termes assez vagues, malgré douze jours de grève de la faim, je n’avais pas d’appétit. Sur la couchette du haut, il y avait un plateau de repas froid. Mais j’ai attendu le dîner, quand on m’a apporté un service chaud, et c’est seulement à ce moment-là que j’ai mangé. Je n’avais pas d’appétit non plus.
    Le jour suivant s’est écoulé sans changement. Puis le deuxième. Et le troisième. La parole d’honneur de l’officier américain s’est donc révélée aussi fausse que sa pipe vide !
    Auparavant, en tant que criminel particulièrement dangereux, on m’avait emmené me promener seul. Maintenant, je me promenais en compagnie d’un général SS et d’un colonel de la Gestapo. Au début, j’ai eu honte de leur dire qui j’étais. Je n’avais pas honte de moi, mais des Américains. Lorsque j’ai finalement révélé mon secret, mes collègues de prison ont presque éclaté de rire. Ils s’attendaient à tout sauf à une telle absurdité.
    Mais je ne riais pas. Que faire ? Attendre qu’ils vous attachent comme un mouton la nuit et qu’ils vous rendent ? Et selon la loi soviétique, fuir à l’étranger est officiellement considéré comme de la haute trahison et est passible du peloton d’exécution. J’ai lu de telles phrases plus d’une fois dans les ordres du quartier général de la SVA.
    En proie à un sentiment de protestation impuissante, j’ai décidé d’essayer de me suicider. Bien sûr, je n’avais pas l’intention de me tuer sérieusement. Mais quand on est sur le point d’être tué par d’autres, pourquoi ne pas essayer d’abord soi-même ? Au moins, il y a l’avantage de pouvoir changer d’avis à la dernière minute. C’est pour l’instant ma seule liberté.
    Après le dîner, je me suis mis au travail. J’ai déchiré ma chemise en lanières, je les ai torsadées en harnais et je les ai enduites de savon. Je les ai ensuite attachées en une corde et j’ai fait une boucle à l’extrémité. Le seul endroit où la corde pouvait être accrochée était une grille au plafond, derrière laquelle était cachée une ampoule électrique.
    La cellule était déjà plongée dans la pénombre. Je me suis assis sur la couchette supérieure, j’ai attaché la corde à la grille et j’ai regardé le plafond. Puis j’ai appuyé sur le plafond avec ma main. Pour un ingénieur ayant étudié la résistance des matériaux, il était clair que le jeu n’en valait pas la chandelle : mon cou était bien plus résistant que le mince plafond en contreplaqué.
    Pour ne pas me tromper, j’ai décidé de tester d’abord le plafond. Et pour ne pas gaspiller mon cou, j’ai saisi la boucle à deux mains et j’ai sauté.
    Mes calculs sur la résistance des matériaux se sont avérés exacts. J’ai atterri en douceur, comme dans un gymnase, sur le sol. Toutes sortes de matériaux de construction et de fragments d’ampoules me sont tombés sur la tête.
    Comme je ne voulais pas encore dormir, j’ai décidé d’essayer une autre méthode pour me tuer. Dans l’obscurité, j’ai cherché à tâtons sur le sol une douille d’ampoule dont les bords étaient recouverts de fragments de verre aiguisés comme des scies. Je me suis assis sur la couchette inférieure et j’ai commencé à scier les veines de mon bras gauche avec cet instrument. Là où bat le pouls.
    Je ne me sentais pas mal à l’aise de scier les veines d’où venait le sang. J’ai beaucoup de sang. Pendant la guerre, j’ai souvent donné mon sang pour des transfusions - juste pour le plaisir, parce que j’en ai beaucoup. Mais, bizarrement, pour une raison quelconque, je me suis senti désolé de voir dans l’obscurité les tendons, qui sont quelque part tout près de moi. Après tout, me suis-je dit, en cas de problème, tu ne pourras pas serrer le poing.
    Quelque chose de chaud et de collant a coulé le long de mon bras, comme disent les écrivains. La scie avec les éclats de verre était plutôt inconfortable et déchirait la viande. Cette procédure ennuyeuse a fini par me lasser et j’ai eu envie de dormir. Je me suis allongé sur la couchette, j’ai posé ma main (je l’ai sentie - elle fuyait) et je me suis endormi.
    Dans mon sommeil, j’ai entendu la porte s’ouvrir, les débris de verre et de matériaux de construction crisser sur le sol. Le faisceau d’une lampe de poche a traversé la cellule et a touché une flaque de sang sur le sol. Puis l’alarme a retenti dans le couloir. On a appelé un médecin, on m’a bandé le bras, on m’a enlevé mes lunettes et on m’a transféré dans une autre cellule. Seul, bien sûr. Comme il est d’usage pour les criminels dangereux.
    Le lendemain soir, un visiteur est venu dans ma cellule. Il portait un uniforme militaire, avec le ventre volumineux d’un rentier prospère, un énorme pistolet sur son cul tout aussi volumineux, et un brassard noir avec une croix blanche sur sa manche. J’ai regardé et je me suis demandé si c’était un pirate ou un médecin. Mais il s’agissait en fait d’un prêtre protestant.
    La seule chose dont je me suis rendu compte, c’est qu’une fois et pour une raison quelconque, il s’était également suicidé. Je pense que lorsqu’il était missionnaire en Afrique, ses disciples ont décidé qu’il valait mieux le faire bouillir et le manger.
    Que les cannibales allaient manger le pasteur, il y avait une certaine logique à cela. Une logique cannibale, mais une logique tout de même. Le pasteur était gros et il serait utile aux cannibales affamés. Mais à quoi cela servait-il aux Américains de faire ce qu’ils étaient en train de me faire ? - Je ne pouvais pas comprendre cela.
    Car à l’époque, je me considérais comme un partisan aussi sincère de l’Occident que, par exemple, à l’inverse, ces communistes américains qui passent du côté soviétique. Mais si les services secrets soviétiques rencontraient ces communistes comme les Américains m’ont rencontré, tous ces escrocs et ces voleurs seraient abattus comme des chiens. Non pas pour avoir volé, mais pour avoir porté atteinte aux intérêts de l’État. Et ici ? Quelle sorte de démocratie est-ce là ?
    De temps en temps, des livres anglais en lambeaux étaient apportés dans la cellule. Il s’agissait de romans policiers ou d’espionnage. En les lisant, je me suis dit : « C’est dans ces livres que les espions américains apprennent à travailler ».
    Mais parfois, ils apportaient des journaux allemands. Dans l’un d’eux, j’ai lu un petit article sur un soldat soviétique qui s’était échappé à l’Ouest et qui était resté dans un hôpital américain en attendant d’être extradé vers les autorités soviétiques.
    Je me suis dit qu’il était peu probable que ce soldat se soit rendu à l’hôpital pour des maux d’estomac. Il a probablement aussi tenté de se suicider lorsqu’il a appris qu’il allait être extradé.
    La note poursuit en disant que lorsqu’un groupe d’Américains accompagnés d’officiers soviétiques s’est présenté à l’hôpital, le soldat condamné a arraché une mitrailleuse à quelqu’un, a tiré sur huit ou neuf personnes autour de lui, puis s’est suicidé.
    J’ai soigneusement déchiré cette note et l’ai glissée dans ma poche.
    Quelques jours plus tard, on m’a réveillé au milieu de la nuit, on m’a emmené à la douche et on m’a dit de me raser. Ensuite, on m’a fait monter dans une jeep accompagnée de deux policiers militaires. L’un d’eux avait un sac avec mes papiers.
    À l’aube, nous sommes entrés sur l’autoroute et j’ai lu le panneau : « Tant de kilomètres jusqu’à Leipzig ». Nous sommes donc en route vers la frontière soviétique. Il reste quatre heures.
    Un soldat s’est assis au volant, l’autre à côté de lui, et on m’a mis à l’arrière. C’étaient de simples Américains à l’arrière du crâne rasé et rose. Pour montrer leur démocratie, ils m’ont même offert du chewing-gum. Puis le second s’est endormi, et son colt de gros calibre s’est balancé par derrière et m’a tapé séduisamment sur le genou.
    Prends ce colt, me suis-je dit, tire sur ces têtes roses vides et cours. Il y a des bois et des buissons tout autour. Mais courir où ? Je ne peux pas aller à l’est. Et si je tue ces soldats, je ne pourrai pas aller à l’ouest.
    La jeep roulait à vive allure vers la frontière soviétique, et j’essayais dans mon esprit de prévoir toutes les possibilités de transfert et de mettre la main sur une arme. Je me suis souvenu d’une note dans ma poche. Ce soldat a eu de la chance de mettre la main sur un fusil automatique. La mitrailleuse a 72 cartouches, mais ce colt minable n’en a que 8, et on ne peut pas faire de feu d’artifice avec un colt.
    Le plus important, c’est d’arracher l’arme. Au moins, je n’étais pas ligoté comme ce chercheur de liberté qui jurait alors qu’on le traînait dans les couloirs du Camp King la nuit.
    Je n’avais même pas particulièrement envie de tirer sur les conseillers. Pourquoi ? Parce qu’ils pouvaient être des gens comme moi, des esclaves du système. Mais abattre plus d’Américains, c’est un oui... Suis-je une nuisance pour vous ? Pourquoi me livrez-vous à l’abattoir ?
    Bien sûr, ce n’est pas la faute des soldats américains qui m’emmènent. Quelle est ma faute ? Je ne suis qu’un animal chassé. J’aimerais pouvoir abattre les lieutenants, les majors et les colonels qui sont restés au Camp King...
    Et puis lâchez la mitrailleuse, levez les mains et allez vers vos hommes pour qu’ils soient fusillés. Mais avant le peloton d’exécution, je ne vous demanderai qu’une seule faveur : faire un discours devant les soldats et les officiers soviétiques. Pour une fois, quand j’étais écolier, j’ai été le premier orateur. Puis, devenu adulte, je me suis tu. La conscience m’en a empêché. Mais maintenant, je vais faire un tel discours, un tel discours, du fond du cœur, du fond de mon cœur :
    – Camarades, frères, battez ces salauds d’Américains jusqu’à la dernière balle ! Je serais bien le premier, mais vous voyez, je ne peux pas... Ne croyez pas un seul mot des Américains. Ce sont tous des voleurs et des menteurs. J’en ai fait l’expérience moi-même. Et leur glorieuse liberté - la voilà, regardez-moi ! Vous voyez ?
    J’étais tellement en colère que j’étais même prêt à rejoindre le parti communiste avant d’être fusillé. Je vais le dire :
    – "Camarades, frères, je n’ai plus rien à perdre. Je vais donc vous dire toute la vérité. Oui, j’ai évité de rejoindre le parti communiste parce que je pensais que tous les communistes étaient des idiots ou des salauds. Mais maintenant, je suis convaincu que les Américains sont encore plus idiots et plus salauds. Et comme il n’y a pas de vérité dans le monde, inscrivez-moi au parti communiste. Je veux mourir en communiste !
    Oui, je leur ferai la propagande qu’aucun responsable politique n’a pu inventer. Et tout cela du fond du cœur. Et comment vont-ils abattre l’homme dont les Américains ont fait un ardent communiste ?
    Et je me suis dit : il y aura un idiot de moins qui aura cru à la liberté.... Ah, les ailes d’un paysan.
    Il est arrivé quelque chose de similaire aux soldats soviétiques qui se sont rendus aux Allemands au début de la guerre. Après avoir traversé les camps de la mort allemands, si ces soldats se sont à nouveau engagés dans l’Armée rouge, ils se sont vraiment battus jusqu’à la dernière balle.
    Entre-temps, la jeep a roulé jusqu’à la gare frontière du chemin de fer Bebra West. La même gare où, six mois plus tôt, j’avais choisi la « liberté » pour passer ces six mois dans une prison américaine.
    L’un des accompagnateurs a pris le sac contenant mes papiers et s’est rendu chez le commandant militaire américain. Je me suis assis là, m’attendant à ce que cela commence maintenant.... En même temps que le commandant américain, les gardes soviétiques armés de fusils automatiques sortaient et.... Je voulais juste arracher la mitrailleuse. J’ai retiré le support, libéré la sécurité et, le doigt sur la gâchette, j’ai tiré sur les Américains.....
    Au bout d’un moment, l’escorte est sortie seule et m’a fait signe de la main de sortir. Ils ont donc décidé de m’emmener là-bas. Je suis sorti de la voiture pour me rendre au bureau du commandant.
    Mais l’escorte s’est mise au volant et a démarré le moteur, comme si elle allait partir. Je n’ai eu d’autre choix que de demander :
    – Où dois-je aller ?
    – Où vous voulez aller", répond le soldat en mâchant du chewing-gum. - Si vous voulez, allez par là", dit-il en faisant un signe de la main en direction du côté soviétique. - Et si vous ne voulez pas, allez où vous voulez...
    Le soldat a fait tourner la jeep et a donné un coup d’accélérateur, de sorte que les pierres sous les roues me sont tombées dessus, comme dans les films de gangsters. Et je me suis retrouvé seul.
    J’ai regardé autour de moi pour voir si j’étais suivi. Le soleil brillait, les Allemands se promenaient et personne ne faisait attention à moi. J’avais l’impression d’être à nouveau libre. Je me suis assis sur une pierre à l’entrée de la gare et j’ai essuyé la sueur de mon front. Intérieurement, je m’étais préparé à toutes les possibilités, sauf à celle-ci.
    J’avais déjà tellement dit adieu à la vie que le retour à la vie m’avait assommé. Au lieu de la joie ou du soulagement, je ne ressentais qu’une froide fureur. Encore une chose sournoise ! Quel est ce jeu du chat et de la souris ?
    Poste frontière. Des policiers allemands se promènent et vérifient les documents. Il y a aussi des députés américains. Il y a six mois, j’ai été arrêté ici alors que je vérifiais mes papiers. Pour m’apprendre la gratitude et les bonnes manières, ces messieurs du Camp King m’ont retiré la carte de séjour pour laquelle ils m’avaient pris 20 000 marks. Et maintenant, je n’avais plus de papiers du tout. Si un policier s’approchait de moi et me demandait mes papiers, il me renverrait à Kamp-King, d’où je venais, pour identification.
    Le prochain train pour Stuttgart ne part que le lendemain matin. Comme il était dangereux de passer la nuit à la gare, j’ai passé ma première nuit de liberté en première ligne : je suis simplement entré dans une maison bombardée loin de la gare, je me suis allongé sur une pile de briques, j’ai mis mon poing sous ma tête et je me suis endormi en regardant le ciel étoilé au-dessus de ma tête.
    À mon arrivée à Stuttgart, je me suis rendu au poste de police où j’avais obtenu ma carte d’identité et j’ai déclaré qu’on me l’avait volée. Bien entendu, ayant appris de ma triste expérience avec le consul américain, j’ai prudemment gardé le silence sur le fait que les voleurs qui avaient dérobé ma carte étaient le quartier général des services de renseignements américains en Europe. Herr Werner a donc reçu un duplicata de sa carte et a commencé une nouvelle vie.
    En 1947, l’Allemagne de l’Ouest à moitié détruite était envahie par des millions de personnes déplacées de tous les pays d’Europe de l’Est et par des millions de réfugiés allemands expulsés de ces mêmes pays d’Europe de l’Est. Il n’y avait aucune possibilité de travailler dans une spécialité. Un jour, j’ai lu dans le journal que les Américains recherchaient un électricien pour superviser les fours à maïs électriques du PX. J’ai posé ma candidature et j’ai dit honnêtement qu’avant cela, j’avais été ingénieur principal dans l’administration militaire soviétique et que j’avais dirigé des dizaines de grandes usines électriques travaillant sur les réparations, et que j’espérais donc pouvoir m’occuper de quelques fours électriques pour rôtir le maïs. Mais j’ai essuyé un refus. Et ils m’ont même dit honnêtement pourquoi : je n’étais pas politiquement fiable.
    Allez au diable, me suis-je dit. J’ai fui l’Union soviétique parce que j’y étais considéré comme politiquement peu fiable. Et ici, je suis aussi politiquement peu fiable !
    Pour tuer le temps, j’ai écrit quelques croquis de la vie au Kremlin à Berlin, c’est-à-dire dans le quartier principal de la SVA, et je les ai envoyés aux éditeurs de Posev. Après avoir lu mes croquis, ils ont décidé que j’étais un professionnel de la presse et m’ont longtemps persuadé d’avouer où j’avais écrit auparavant - dans la Pravda ou les Izvestia, et sous quel nom.
    Je vivais alors dans une mansarde d’un hôtel bon marché, le « White Deer », dans la banlieue de Stuttgart. Je dormais sur un lit, et sur l’autre - un korobeynik allemand borgne, qui gagnait sa vie en se promenant avec une boîte autour du cou dans les villages voisins et en vendant des lacets, de la cire, du fil et des épingles. Pendant qu’il marchait, je m’asseyais à la fenêtre du grenier et j’écrivais sur le Kremlin de Berlin.
    À l’automne, j’ai emménagé dans une petite maison avec une veuve russe. Lorsque la veuve fut convaincue que je ne préférais pas une vieille femme russe mais de jeunes Allemands, les complications patriotiques commencèrent. Je m’asseyais et écrivais mes essais, tandis que la vieille femme offensée s’asseyait et écrivait partout des dénonciations selon lesquelles j’étais un espion soviétique. Puis le gendre de cette vieille femme a sauté par la fenêtre du cinquième étage et s’est tué. Pouvez-vous imaginer quel genre de vieille femme elle était ?
    En hiver, ma cellule n’était pas chauffée et il faisait aussi froid à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le seul moyen de chauffage était les cigarettes faites avec du tabac noir de paysan - sucre, plus fort et plus puant que la mahorka. Le papier papyrus était un luxe trop grand pour mon budget, et j’ai filé des cigarettes à partir de « Posev », dans lequel j’étais imprimé, et que l’on m’envoyait en tant qu’exemplaires d’auteur. De cette façon, en une semaine, j’ai fumé tout The Seed.
    Toute la journée, je m’asseyais et j’écrivais - dans mon manteau, avec des gants et un chapeau sur la tête. Parfois, je devais faire des pauses lorsque l’encre de l’encrier gelait. La seule source de revenus était les droits d’auteur du Posev. À cette époque, la nourriture était très rare en Allemagne, et je devais parfois manger du hareng avec de l’eau et du pain pendant une semaine. Une autre semaine, je mangeais du miel artificiel, également avec de l’eau et du pain.
    J’ai essayé d’émigrer en France - on me l’a refusé. J’ai essayé d’émigrer en Australie - on me l’a refusé. Comme politiquement peu fiable. Au même moment, pour la troisième fois, tous mes documents ont mystérieusement disparu, y compris le duplicata de la malheureuse carte Kenn. Des DP expérimentés m’ont assuré que tous les fonctionnaires américains de l’UNRRA et de l’IRO chargés de l’émigration étaient des shantrapa internationaux, des compagnons de route communistes, des agents soviétiques ou simplement des voleurs qui vendaient même leur propre mère au marché noir, et qui avaient sans aucun doute vendu tous mes documents et questionnaires, dans lesquels je devais dire toute la vérité, aux services de renseignements soviétiques.
    Le deuxième hiver arriva, et je restai assis dans ma cellule à écrire. Mais à Noël, j’ai reçu un cadeau émouvant. L’un des lecteurs de Posev, qui gagnait sa vie en volant (un vol honnête), a volé une machine à écrire quelque part et me l’a apportée en cadeau :
    – Vous écrivez si bien, m’a-t-il expliqué, que j’en ai les larmes aux yeux. Et c’est le plus important, quand cela touche le cœur. Après tout, nous avons tous parcouru ce chemin. J’ai donc décidé d’aider la cause commune...
    En partant, il fait claquer ses talons comme un soldat et donne la visière de son chapeau de feutre :
    – Camarade ex-commandant, je vois que vous avez faim et froid ici. Même nous, les voleurs, nous ne vivons pas comme ça. Alors ne soyez pas timide... Si tu as besoin de quelque chose, tu n’as qu’à le dire... Nous t’aiderons.
    Oui, en parlant de voleurs. J’ai des photos de Kitty, une de mes amies berlinoises, qui manquent dans ma valise. J’ai récemment reçu ces photos par la poste. Elles n’ont pas pu se perdre. Mais qui les voudrait ? Seulement une agence de renseignements. Mais les services secrets soviétiques, en cas de besoin, ne prendront pas une photo, mais une Kitty en direct. Donc, selon la théorie des probabilités, il ne reste qu’une chose : les services secrets américains, les mêmes messieurs de Camp King.
    C’est amusant. Pendant que les voleurs russes me proposent leur aide, les services secrets américains fouillent mes valises. Et en même temps, pour la deuxième année consécutive, je publie chaque semaine dans Posev, qui est l’une des principales sources d’information pour les experts américains des affaires soviétiques. Cet épisode m’est revenu à l’esprit plus tard, après un nouvel échec et une flagellation publique de l’agence de renseignement américaine CIA, lorsque des badges ont été vendus dans tout Washington avec l’inscription suivante : "Notre travail est si secret qu’il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir : « Notre travail est si secret que nous-mêmes ne savons pas ce que nous faisons ».
    On dit que l’Amérique est un pays de merveilles. C’est pourquoi les vrais best-sellers russes sont écrits en Amérique par des écrivains fantômes. Et si quelqu’un a écrit son propre livre, ce n’est pas un phénomène normal.
    Les livres russes normaux sont écrits en Amérique de cette manière. C’est ainsi qu’est paru le livre « The Secret World » de Peter Deryabin, ancien lieutenant-colonel des services secrets soviétiques. La couverture indique honnêtement qu’il a été écrit par quelqu’un d’autre à partir des mots de Deryabin. Vient ensuite le film d’action suivant, Notes of Penkovsky, qui a été fusillé en URSS pour espionnage. Sur la couverture, on peut lire qu’au lieu de Penkovsky, ce livre a été écrit par Deryabin. Ce même Deryabin, qui ne pouvait même pas écrire son propre livre, écrit maintenant allègrement à la place du cadavre de Penkovsky. Miracles !
    Et moi, comme un idiot, je me suis assis pendant deux ans et j’ai écrit mon livre moi-même. Et dans des conditions telles que lorsque j’ai terminé mon travail, j’étais fermement convaincu que j’avais gagné la tuberculose.
    Fils d’un médecin gynécologue, j’ai toujours aimé feuilleter les livres de médecine de mon père. Peut-être parce qu’il s’agissait de livres sur les maladies féminines avec toutes sortes d’images intéressantes, si explicites qu’aujourd’hui en Amérique, même dans les magazines pornographiques, on ne les trouve pas. Après avoir regardé ces images, je me suis considérée comme une experte et, lorsque j’avais des douleurs, j’aimais me diagnostiquer moi-même.
    Ainsi, lorsque j’ai passé un examen médical, j’ai déclaré avec autorité que je devais avoir la tuberculose. Mais le médecin a secoué la tête et m’a dit que j’étais en pleine forme. J’ai d’abord été très surpris. Puis je me suis souvenue de mon père avec gratitude - il semble qu’il ait été médecin-gynécologue pour une bonne raison, il m’a formée selon toutes les règles de la science et de la technologie.
    En 1950, le pendule de la politique américaine est passé d’un extrême à l’autre. D’un extrême à l’autre. L’ère Roosevelt a été remplacée par l’ère McCarthy. L’un après l’autre, les procès d’espionnage atomique se déroulent en Amérique. Des centaines de pédés sont chassés du département d’État. Les compagnons de route communistes sont renvoyés des bureaux du gouvernement. La presse américaine crie à la chasse aux sorcières. Et les journaux allemands écrivaient que le consul américain à Stuttgart, un de mes amis, était tellement perturbé par tout cela qu’il en est mort le cœur brisé.
    En même temps, sur le front soviétique, les Américains ont commencé ce qu’on appelle la guerre psychologique. À Munich est apparu le Projet Harvard, qui se livrait à toutes sortes de recherches psychologiques, puis la radio Voice of America, Radio Liberty, et un certain Comité américain, qui a changé de nom si souvent que je ne sais même plus comment il s’appelle aujourd’hui.
    Tous les moineaux sur les toits de Munich ont gazouillé que l’agence de renseignement américaine CIA était derrière tout cela. La presse américaine elle-même l’a ensuite clairement confirmé. Le personnel américain de ce complexe de guerre psychologique, aussi étrange que cela puisse paraître, se composait principalement de fonctionnaires qui, pour une raison ou une autre, avaient été renvoyés du département d’État et qui, pour une raison ou une autre, avaient été pris sous leur aile par la CIA.
    À la même époque, l’Association centrale des émigrés d’URSS d’après-guerre (COPE) a été créée à Munich, réunissant tous les « nouveaux », et j’en suis devenu le président. Les « nouveaux » étaient nécessaires à la guerre psychologique. Mais grâce aux activités de Kamp-King, le flux des « nouveaux » s’est presque complètement arrêté. Pour comprendre pourquoi cela s’est produit, j’ai décrit en détail mes propres aventures dans ce Kamp-King.
    Un jour, un homme élégant, vêtu d’un costume tropical clair et de chaussures colorées, tel un gigolo italien, s’est présenté à mon appartement. Il se présenta comme le pasteur protestant qui avait failli être dévoré par des cannibales et qui avait eu le plaisir de me rencontrer au Camp King.
    En regardant le pasteur déguisé, je me suis dit : "Quel genre d’intelligence as-tu, mon oncle, de nos jours ?
    Remarquant ma mine déconfite, le pasteur s’est empressé de m’informer qu’une enquête gouvernementale spéciale avait été diligentée au sujet de Kamp-King, mais qu’à l’arrivée de la commission d’enquête, tous les documents relatifs aux activités de ce camp avaient été providentiellement brûlés. Aujourd’hui, cette commission tente de reconstituer indirectement ce qui s’est passé à Kamp-King. Et comme je suis le président de l’organisation représentant tous les citoyens soviétiques qui ont fui à l’Ouest après la guerre et qui ont donc subi une rééducation démocratique au camp King, c’est à ce moment-là que le pasteur s’est adressé à moi.
    Voici une petite illustration, par exemple. Un pédéraste soviétique s’est plaint bruyamment d’avoir caché des diamants dans son cul lorsqu’il s’est enfui, mais les messieurs du Camp King les ont trouvés même là et les ont volés. Ensuite, cet Ostap Bender n°2 a travaillé comme colonel de radio à Radio Liberty. Il y travaille encore aujourd’hui, depuis 20 ans.
    J’ajouterai quelques détails supplémentaires tirés de ma propre expérience. En plus des documents soviétiques et des timbres allemands que j’ai déjà mentionnés, les messieurs du camp King m’ont volé les babioles suivantes :
    1. Lorsque j’ai été démobilisé de l’armée, j’ai reçu 5 000 roubles pour ancienneté de service. Je n’ai pas eu le temps de les échanger contre des timbres. Les Américains ont empoché ces 5 000 roubles. Tout neufs, impeccables, tout droit sortis de la banque d’État. Pourquoi les espions américains en avaient-ils besoin ? Comme souvenirs ? Ou pour l’espionnage ?
    2) En tant qu’ingénieur de haut niveau, j’avais le droit de porter à la fois un uniforme militaire et un costume civil. Je me suis donc acheté une épingle à cravate en or avec une perle. Les Américains ont également volé cette épingle. Apparemment pour me débarrasser de mes habitudes bourgeoises.
    3. J’ai acheté aux Allemands, au marché noir, un stylo auto-écrivant américain Parker. Les Américains me l’ont volé au camp King.
    4. J’avais aussi un étui à cigarettes bon marché en métal jaune et émail noir. Les Américains l’ont apparemment pris pour de l’or et l’ont également empoché.
    Je ne me soucie pas de toutes ces petites choses. Mais si l’on raconte des anecdotes sur la façon dont les Russes ont volé des montres aux Allemands, pourquoi ne pas raconter comment les Américains ont volé des montres aux Russes ? Et certains, comme Ostap Bender #2, ont même regardé le cul.
    Tout cela s’est déroulé sous le drapeau des États-Unis flottant au vent. Et pour que les gens ne se trompent pas d’endroit, l’hymne national américain était diffusé par les haut-parleurs.
    Voice of America et Radio Liberty dépensaient des millions de dollars pour encourager les soldats et les officiers soviétiques stationnés en Allemagne de l’Est à choisir la liberté américaine. Les services de renseignement avaient besoin de langues, mais il n’y avait pas de transfuges.
    La propagande soviétique exploite pleinement les activités de Kamp King. Les troupes soviétiques recevaient constamment l’ordre de tirer sur les soldats et les officiers soviétiques qui avaient fui vers les Américains - et qui avaient été extradés. Bien sûr, cela décourageait l’élection de la liberté dans de telles conditions.
    Mais les Américains sont des gens pragmatiques. Afin d’augmenter le nombre de transfuges, les services de renseignements américains ont créé un bataillon spécial de prostituées à Berlin pour attirer les officiers soviétiques à l’Ouest, dans le cadre d’une forme de guerre psychologique. Les prostituées étaient payées sur la base d’une liste de prix fermes : 20 000 marks pour un lieutenant, 25 000 marks pour un capitaine et 30 000 marks pour un major. Et pas des marks d’occupation et d’inflation, mais des marks nouveaux et solides.
    Je me suis assis et j’ai fait un rapide bilan. Les braves scouts américains m’avaient déjà volé quelque chose comme 100 dollars. Et à cause de cela, ils paient maintenant des prostituées 7 500 dollars pour un tel homme ?! C’est ainsi que les contribuables américains paient les petits voleurs du camp King.
    Ensuite, dans le cadre de la guerre psychologique, un bataillon de prostitués masculins a été ajouté pour aider les prostituées féminines, c’est-à-dire les pédérastes allemands, qui ont repéré leurs semblables parmi les soldats et les officiers soviétiques - et les ont attirés à l’Ouest.
    Bien entendu, tous ces projets spéciaux de guerre psychologique étaient tellement confidentiels que même moi, le président de la CSPE, n’en avais pas connaissance. Mais comme ces personnes venaient ensuite me voir, j’en voyais les résultats. Tout cela ne peut être compris que rétrospectivement.
    Et les résultats sont les suivants. Plaisanter avec l’amour a mal fini. Les personnes qui ont été attirées à l’Ouest par des prostituées, femmes ou hommes, ont rapidement réalisé qu’elles avaient été trompées, se sont senties comme des poissons jetés dans le sable, se sont enivrées, ont sombré dans la misère sociale et, finalement, comme dernière forme de protestation impuissante, sont retournées en URSS - pour y être fusillées.
    À leur arrivée, Voice of America et Radio Liberty leur ont crié au ciel qu’ils avaient « choisi la liberté ». Lorsqu’ils sont repartis, il y a eu un silence sépulcral. Comme dans un bon salon funéraire. Ou bien, pour brouiller les pistes, ils faisaient courir une sale rumeur. La liberté était comme les ailes d’un citadin qui s’envole sur des ailes artificielles et qui tombe.
    Ainsi, si auparavant les services secrets américains volaient les transfuges soviétiques et les renvoyaient au peloton d’exécution, ils allaient maintenant eux-mêmes au peloton d’exécution. En partant, ils ont dit ouvertement :
    – "Les Américains ? Ce sont tous des prostitués. Nous préférons être fusillés par les nôtres !
    Entre-temps, mon « Kremlin de Berlin » a été traduit en allemand. Un jour, j’ai reçu une lettre de 12 pages d’un de mes lecteurs. Il s’agissait d’un colonel allemand, chevalier de la Croix de fer, la plus haute distinction de l’armée allemande. Le colonel avait perdu une jambe sur le front russe et avait passé sept ans en captivité en Union soviétique. De retour en Allemagne et après avoir lu mon « Kremlin », il a voulu me serrer la main pour ce livre - d’officier à officier.
    Le colonel allemand avait ramené de sa captivité russe une cuillère en bois faite maison, offerte par ses amis russes du camp de concentration, ainsi qu’une simple icône russe, offerte par un agriculteur collectif soviétique. Cet homme comprenait les problèmes du communisme et du peuple russe bien mieux que la plupart des experts occidentaux des affaires soviétiques.
    Un jour, j’ai reçu une lettre de ce type :
    "Cher Herr Klimov ! Aux jours de la victoire et de la défaite, vous, le vainqueur, avez trouvé dans votre « Kremlin de Berlin » des mots de sympathie et de gentillesse pour nous, les femmes et les enfants de l’Allemagne vaincue. En remerciement, je vous envoie ce médaillon, qui est consacré, et qu’il vous garde en sécurité."
    Edith Neugebauer.
    La lettre était accompagnée d’un médaillon catholique à l’effigie de la Madone et d’une chaîne à porter autour du cou.
    Quelques mois plus tard, j’ai effectué un long voyage d’affaires en voiture. En chemin, il y a eu un accident. Le chauffeur a été tué sur le coup. J’étais assis à côté du chauffeur, dans le couloir de la mort, mais je suis resté en vie.
    Lorsque je me suis réveillé à l’hôpital, j’ai vu que j’avais ce médaillon accroché à ma poitrine. Je n’avais jamais porté ce médaillon avant ou depuis. Mais lors de ce voyage, pour une raison que j’ignore, je l’ai porté. Je ne suis pas superstitieuse, mais...
    En général, tout s’est très bien passé avec les Allemands. J’ai même passé sans grande difficulté la procédure de dénazification, qui a été passée par tous les habitants de l’Allemagne, pour attraper tous les anciens nazis, la Gestapo, les SS et ainsi de suite. J’ai simplement écrit sur le formulaire que j’avais servi dans l’Armée rouge à l’époque et j’ai reçu un certificat officiel de dénazification. Avec tous les tampons, signatures et sceaux.
    Cependant, malgré le certificat de dénazification, on m’a à nouveau refusé l’émigration vers l’Amérique. Et ce, bien que j’aie été le chef du CITE, au sujet duquel tous les moineaux sur les toits de Munich gazouillaient qu’il s’agissait d’un projet spécial de la CIA, l’agence de renseignement américaine.
    Apparemment, les voleurs du Camp King m’avaient donné une mauvaise référence, pensai-je. Et le travail de la C.I.A. est tellement secret qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.
    Peu à peu, la guerre psychologique est entrée dans une troisième phase. Cette troisième phase était principalement basée sur ce que l’on appelle le projet Harvard, qui a été réalisé à Munich en 1949-50, et où j’ai également travaillé un peu. Ce projet Harvard était principalement basé sur le mystérieux « complexe de Lénine », c’est-à-dire, comme les experts l’ont expliqué plus tard, sur le complexe d’homosexualité latente de Lénine.
    De quoi s’agit-il ? Il est assez difficile de l’expliquer. Mais en principe, d’un point de vue clinique, il s’agit d’une dégénérescence ou d’une dégénérescence composée de maladie mentale et de perversion sexuelle. C’est le poison corpulent de la race humaine, qui a ruiné la Grèce antique, la Rome antique, et qui a beaucoup contribué à la révolution en Russie. C’est donc un remède assez puissant. Et du point de vue de la religion, c’est ce que la Bible appelle le diable et le prince de ce monde.
    Après tout, les émigrés russes ont longtemps dit : "Contre les bolcheviks, même avec le diable ! Eh bien, les Américains pragmatiques ont pris ce même diable comme allié.
    Bien entendu, cette alliance inhabituelle a été si soigneusement classée que même le président du Comité central de l’Union soviétique n’en a pas eu connaissance. Tout cela ne peut être compris que rétrospectivement.
    Même si, à l’époque, je ne connaissais pas tous les secrets du projet Harvard, les services secrets soviétiques étaient au courant dès le début. Et ils ont pris leurs propres mesures. Il n’y a donc aucune raison de garder le silence à ce sujet. Pourquoi cette fausse honte ?
    Il est tout à fait naturel que pour une tâche aussi spécifique qu’une alliance avec le diable, vous ayez besoin du personnel approprié. Par exemple, j’avais un commissaire très sympathique de la C.I.A., un vrai charmeur. Mais il s’est avéré qu’au lieu de sa femme, ce commissaire préférait sa secrétaire.
    Vous savez, certaines personnes utilisent leur secrétaire et d’autres préfèrent leur secrétaire. On dit que c’est de là que vient le mot « secrétaire ». Du point de vue du projet Harvard, il s’agit là d’une des variantes du « complexe de Lénine ».
    Voici un autre exemple. Je faisais la cour à une charmante jeune femme de la Voix de l’Amérique. Mais il s’est avéré que cette charmante jeune femme courtisait ses amis, qu’elle était, pardonnez-moi l’expression, lesbienne. Oui, et aussi une sadique, comme celles qui travaillaient autrefois pour la Tchéka et qui, au bon vieux temps, étaient tout simplement brûlées sur le bûcher sous prétexte qu’elles étaient des sorcières. Et du point de vue des professeurs de Harvard, c’est le complexe de l’épouse de Lénine.
    Bien sûr, je ne peux pas dire que tous les employés de l’American Committee, de Radio Liberty, de Voice of America et d’autres organes de psycho-guerre étaient armés de ce complexe de Lénine. Mais je peux garantir que presque toutes les personnes que j’ai connues là-bas avaient cet ordre de Lénine. Et j’ai connu beaucoup de gens là-bas.
    Le projet de Harvard était une sorte de dramatisation du Besov de Dostoïevski, mise en scène par les services secrets américains. J’ai donc travaillé dans un environnement de dégénérés et de monstres, dont la moitié, selon les statistiques, sont des malades mentaux. C’est pourquoi, lors de la grande purge des années 30, Staline a détruit ces léninistes en les traitant de chiens enragés, Hitler les a conduits dans des chambres à gaz et des camps de concentration et, dans le bon vieux temps, on les a brûlés sur le bûcher en les traitant de sorciers et de sorcières. Pour ne froisser personne, nous pouvons ajouter que Staline et Hitler étaient eux-mêmes exactement les mêmes dégénérés.
    En général, dans un tel environnement, mon travail était agréable et je ne m’ennuyais pas.
    Certains appelaient le Comité américain « le Comité pour sauver la Russie des bolcheviks - avec l’aide des trotskistes et des mencheviks » ! Pourquoi ? C’est très simple. Après tout, le premier postulat du marxisme est l’unité et la lutte des contraires. Les Américains, rusés, ont donc décidé de vacciner les bolcheviks contre la rage, composée de la salive empoisonnée des trotskistes, des mencheviks et des SR.
    Mais cette chose est extrêmement confuse. Par exemple, il faut connaître la philosophie du chercheur de diable Berdyaev, qui prêchait l’union de Satan et de l’Antéchrist et le royaume du prince de ce monde qui en résulterait. Et si je l’explique, il y aura un tel hurlement, comme si nous avions marché sur la queue de Satan et de l’Antéchrist.
    Quels sont les « démons » du projet Harvard dans la pratique ? Du point de vue sociologique, il s’agit de « l’ordre de Lénine ». Du point de vue de la psychologie, il s’agit de l’"érotisme buccal" freudien. Et du point de vue de la langue russe, il ne s’agit pas de personnes, mais de jurons ineffaçables.
    Ces « porteurs d’ordre » font littéralement ce que disent ces jurons apparemment dépourvus de sens. Ce mystère fait d’eux une sorte de parti secret dont le nom est Légion, ce que la Bible appelle le prince de ce monde. Et derrière tout cela se cachaient des « démons », c’est-à-dire des maladies mentales.
    La tâche de ces démons était de mutiler à la radio ou dans la presse les mêmes démons en Union soviétique ou de les attirer à l’Ouest. Au début, cela se faisait avec l’aide de prostituées allemandes des deux sexes. Ensuite, ils ont eu recours à des prostituées de la radio.
    Comme ces « chercheurs de liberté » sont venus me voir à la CACE, j’ai vu les résultats de tout cela. Alors qu’auparavant les services de renseignement américains avaient volé les transfuges soviétiques et les avaient renvoyés pour qu’ils soient fusillés, ils allaient maintenant être fusillés eux-mêmes. D’autres se suicidaient. D’autres encore se retrouvaient dans des cliniques psychiatriques ou des centres d’isolement pour alcooliques. D’autres encore, de jeunes soldats soviétiques, choqués par tout cela, sont entrés dans un monastère.
    Pour ces personnes, la liberté s’est transformée en ailes de citadin, qui tente de voler avec des ailes artificielles - et tombe.
    Peu à peu, la guerre psychologique s’est transformée en une guerre de fous. Un psychiatre aurait dû siéger à la place du président de la CEPE. Mais comme je n’étais ni psychotique ni psychiatre, et que je n’avais pas le complexe de Lénine, je m’en suis simplement lavé les mains en 1955 et je suis parti en Amérique.
    Comme j’étais président de la CSPE, élu pour ainsi dire, j’étais censé rendre compte à mes électeurs, selon les règles démocratiques. Eh bien, me voici.
    Rétrospectivement, les discours de victoire de Voice of America et de Freedom Radio, qui parlaient de ceux qui avaient « élu la liberté », ressemblent aujourd’hui à des publicités de pompes funèbres. Franchement, si le Comité soviétique « Pour le retour à la mère patrie » était qualifié de comité-piège, le Comité américain avec sa Radio Liberty n’est pas moins un piège. Cette liberté n’est pas une simple liberté, mais une liberté spéciale, construite selon les recettes du chercheur de diables Berdyaev, où, comme en 69, le bien-mal et le mal-bien s’entremêlent, et où rien n’est rien. C’est pourquoi certains experts disent qu’il y a 69 façons d’être malheureux.
    Certains marchands d’âmes humaines n’apprécieront peut-être pas. Mais je dirai une chose : pour moi, une âme saine est plus proche qu’une âme malade. Et j’accorde plus de valeur à une âme vivante qu’à une âme morte. Et vous faites le commerce d’âmes malades ou mortes.
    Tels sont les résultats de la psycho-guerre américaine sur le front russe de 1945 à 1955. À cet égard, il convient de rappeler l’excellent livre d’Ariadna Delianich « Wolfsberg - 373 » (ce livre peut être obtenu auprès des rédactions des journaux « Russian Life » et « Russia » ou auprès des libraires), qui décrit comment, après la capitulation de l’Allemagne, les services secrets britanniques ont filtré les anticommunistes russes. De nombreux parallèles sont suggérés ici. Ici comme là, les résultats sont plutôt tristes.
    Par ailleurs, la troisième phase de la guerre psychologique, que j’ai décrite plus haut, se poursuit encore aujourd’hui. Les Américains utilisent toutes les méthodes de la guerre psychologique, par le biais de la radio et de la presse écrite, pour inciter les fous soviétiques de l’"Ordre de Lénine" à se révolter. Et le KGB soviétique, connaissant parfaitement tous les secrets et les mystères du projet Harvard, place discrètement ces « léninistes » dans des hôpitaux psychiatriques, que les fous eux-mêmes ont judicieusement baptisés « maisons de fous ».
    Dans le jargon professionnel du KGB, en pleine conformité avec le projet Harvard, ces fous sont classés selon Freud comme suit : type HS, type PL, type VRE, type GE, et ainsi de suite. Ces nouvelles abréviations soviétiques ne sont que des raccourcis de gros mots non imprimables. Ces victimes de la psycho-guerre américaine s’assoient dans des « maisons de fous » et chantent des chansons arméniennes :
    Eh, politika-malytica....
    Où es-tu, ma tête malade ?
    Et les dégénérés occidentaux, également comme HS, PL ou VRE, qui sont légion dans le nom, savent très bien que leurs frères sont mis dans des « maisons de fous » - et le crient au ciel. Voilà pour la quintessence de la psycho-guerre des 20 dernières années.
    C’est pourquoi les philosophes disent que le diable n’est dangereux que lorsqu’on ne le voit pas. Et quand on le voit, il est ridicule et pathétique. Les philosophes disent aussi que le diable est un mauvais allié.
    Les services secrets américains nourrissent ces fous et les services secrets soviétiques les exploitent. Et si nécessaire, ils seront écrasés comme les mouches bleues de Tarsis. Les mouches bleues sont des mouches de cadavres. Et elles transportent le poison des cadavres.
    À propos, pendant que le chef du renseignement américain Allen Dulles commandait la psycho-guerre, son fils était dans un asile de fous.
    Au siège de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis, près de Washington, on peut lire sur la façade une phrase biblique : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8:32). La Bible ne parle pas du tout de la liberté américaine, mais de la liberté par rapport au péché. D’accord, je vais vous dire une de ces vérités sans péché :
    Franchement, si l’empereur Nicolas II avait fait en son temps ce que le KGB fait aujourd’hui, c’est-à-dire enfermer les Lénine, Kamenev, Trotski et autres dans des « maisons de fous », il n’y aurait pas eu de révolution ni de pouvoir soviétique en Russie. L’Amérique aurait alors été plus calme. Mais à l’époque, l’Amérique faisait la même chose qu’aujourd’hui.
    En ce qui concerne les patients des « asiles de fous » soviétiques, dans la plupart des cas, vous verrez la même chose que ce que le philosophe noir Berdyaev appelait l’union de Satan et de l’Antéchrist, qui promet le royaume du prince de ce monde. Nous devons admettre que le vieux chercheur de diable Berdyaev n’était pas du tout un imbécile.
    Et les professeurs de Harvard avec leur « complexe de Lénine » ne sont pas non plus des imbéciles. La police secrète soviétique et ses « maisons de fous » ne sont pas non plus des imbéciles. Les seuls imbéciles sont ceux qui ne savent pas tout. Mais essayez de dire ceci...
    On dit que la vérité nue est parfois désagréable. Comme, par exemple, les démons nus de la guerre psychologique. Mais ils disent aussi que Dieu n’est pas dans la force, mais dans la vérité.

    New York. 20 décembre 1971.

    #conspirationnisme #eugénisme #anticommunisme #histoire #guerre_froide

  • Unsere Auseinandersetzung gilt nicht Rußland als solchem, sondern nur dem Sowjetregime.
    https://g-klimov.info/klimov__pesn_pobeditelya_ge/berliner_kreml_00.html

    « Notre conflit ne concerne pas la Russie en tant que telle, mais uniquement le régime soviétique. » Cette phrase du maire de la partie anticommuniste de Berlin en 1951 se trouve dans l’introduction au livre Berlinskij Kreml . Depuis l’attitude de l’Ouest a changé. On aime de nouveau détester les soushommes russes.

    Die innere Entwicklung Rußlands während des Krieges, das Nachgeben des Stalinschen Regimes gegenüber dem naturgegebenen und unvermeidlichen vaterländischen Empfinden der Russen, die ihr Land gegen einen fremden Eroberer verteidigen mußten und verteidigten, die aber hofften, daß aus dieser Verteidigung etwas Neues entstehen würde, diese Entwicklung mit den grauenvollen Rückschlägen, die nach dem Krieg folgten, enthält den Schlüssel zum Verständnis zu allem, was in Sowjetrußland vor sich geht. Es zeigt die tiefe Schwäche dieses Regimes, es zeigt, wie anfällig Rußland sein wird, wenn es der westlichen Welt gelingt, die Überzeugung zum einheitlichen Gemeingut zu machen, daß unsere Auseinandersetzung nicht Rußland als solchem, sondern nur dem Sowjetregime gilt.
    ...
    Ernst Reuter, Regierender Bürgermeister von Berlin, den 21. August 1951

    La page de contenu du livre The Terror Machine - Berlinskij Kreml (Berliner Kreml) de Gregory Klimov
    https://seenthis.net/messages/683905

    #anticommunisme #histoire #Berlin #occupation #guerre_froide

  • Gräuel und Vergeltung : Das Massaker der Hamas und Israels Krieg im Spiegel der Geschichte
    https://www.telepolis.de/features/Graeuel-und-Vergeltung-Das-Massaker-der-Hamas-und-Israels-Krieg-im-Spiegel


    Das Massaker von Kanpur in einer zeitgenössischen Darstellung. Bild : jenikirbyhistory

    L’attaque du Hamas contre l’état d’Israël n’a rien d’exceptionnel. La révolte des colonisès et la rèpression par les colons produisent systématiquement des tragédies. Voilà le cas de la révolte des Sepoys contre l’empire britannique en 1857. L’article cite un journaliste contemporain, un certain Karl Marx.

    20.4.2034 von Andreas Wehr - Der Aufstand der indischen Sepoys von 1857 und der Angriff der palästinensischen Hamas 2023. Parallelen und unangenehme Fragen. Ein Vergleich.

    Im Sommer 1857 kam es in dem von Großbritannien beherrschten Indien zu einem Aufstand, der durch seine Grausamkeiten weltweit Entsetzen und Abscheu auslöste, und der bis heute nachwirkt. Die damaligen Ereignisse sollen hier zunächst in aller Kürze dargestellt werden. Grundlage hierfür ist der Artikel „Indischer Aufstand: Das britische Trauma vom Massaker von Kanpur“ des Historikers Berthold Seewald in der Tageszeitung Die Welt.

    Ausgelöst durch das Gerücht, die Patronen ihrer neuen Enfield-Gewehre würden Fett von Kühen und Schweinen enthalten, hatten sich zunächst in Meerut Hindu- und Muslim-Sepoys der East India Company gegen ihre britischen Offiziere und Unteroffiziere erhoben.

    Hintergrund war, dass man die Hüllen der Patronen vor dem Laden mit den Zähnen aufbeißen musste, sodass die Soldaten Gefahr liefen, Spuren des Fetts ungewollt zu sich zu nehmen. Das war – was die Kühe betraf – für Hindus aus religiösen Gründen unerträglich, und für die Moslems stellte das Schweinefett ein unüberwindliches Hindernis dar.

    Andauernde Unterdrückung und Aufstand

    Diese Zumutungen waren aber nur Anlass für den Aufstand. Ursachen waren die andauernde Unterdrückung, Demütigung und Missachtung der einheimischen Bevölkerung durch die englischen Kolonialherren.

    Als Sepoys wurden die von der englischen Kolonialmacht unterhaltenen indischen Truppen bezeichnet. Die „Große Meuterei“, wie die Erhebung auch genannt wird, hatte Anfang Juni 1857 die Garnison in Kanpur (im heutigen indischen Bundesstaat Uttar Pradesh) unter dem Befehl des englischen Kommandanten Hugh Wheeler erfasst. Im Juni spitzte sich die Situation zu. Unter Führung des Großmoguls Nana Sahib schlossen sich die indischen Truppen dort dem Aufstand an.

    Kanpur 1857: Das Leiden der Belagerten

    Das Gros der 3.000 Sepoys verweigerte den Befehl. 300 europäische Soldaten, 80 indische sowie einige Hundert Zivilisten, darunter 400 Frauen und Kinder, zogen sich daraufhin in den befestigten Kern der Garnison zurück. Wassermangel, Hunger, Krankheiten, der Gestank der Leichen sowie die seelische Belastung untergruben bald den Durchhaltewillen der Belagerten.

    Als klar wurde, dass auf Ersatz nicht zu hoffen war – die Aufständischen hatten die Telegrafenleitungen gekappt –, beschlossen Wheeler und seine Offiziere, das Angebot Nana Sahibs anzunehmen: freier Abzug nach Aufgabe.

    Am 27. Juni 1857 verließen die Briten die Ruinen und marschierten zum Ganges, wo sie Boote erhalten sollten, mit denen sie sich nach Allahabad durchschlagen wollten.

    Waffen und Munition durften sie mitnehmen, doch das half ihnen wenig. Die Boote wurden in Brand geschossen und versenkt, vorwiegend Männer wurden dabei getötet.

    Ruhr und Cholera unter Flüchtlingen

    125 Frauen und Kinder wurden in einem Frauenhaus eingepfercht. Zusammen mit weiteren Flüchtlingen kampierten dort rund 200 Menschen unter entsetzlichen Bedingungen. Ruhr und Cholera dezimierten die Inhaftierten.

    Als britische Truppen auf Kanpur vorstießen, setzte Nana Sahib die Eingeschlossenen als Geiseln für Verhandlungen ein. Da sich die englischen Truppen unter Befehl des Generals Henry Havelock aber als überlegen erwiesen und vorrückten, beschloss die Führung der Rebellen, die Gefangenen umzubringen, bevor die Briten die Stadt erreichten.
    Mord an Frauen und Kindern

    Am 15. Juli wurden die wenigen verbliebenen Männer ermordet. Die Sepoys weigerten sich aber, auch die 65 Frauen und Kinder zu töten, die die Tortur bis dahin überlebt hatten.

    So wurden Fleischer aus dem Basar der Stadt gedungen. Sie sollen eine Stunde benötigt haben, um mit ihren Schlachtmessern das grausame Werk zu vollbringen. Die Opfer wurden nicht nur getötet, sondern regelrecht zerteilt. Anschließend wurden ihre Überreste in einen Brunnen geworfen. Auch einige Überlebende wurden hineingeworfen und starben unter der Last der Verstümmelten.

    Als die Briten am 17. Juli 1857 in die Stadt einrückten, fanden sie – folgt man den kolportierten Berichten darüber – Kinderschuhe, in denen noch die Füße steckten. Blutige Hand- und Fußabdrücke an den Wänden zeugten von der Passion der Opfer.

    „Im Hof fünf Zentimeter hoch das Blut, Haarzöpfe und Kleider der armen Ladys, alles wurde vorgefunden“, notierte eine entsetzte Queen Victoria im fernen London nach der Lektüre der Zeitungen in ihr Tagebuch.
    Maßlose Rache sorgte für Entsetzen

    Nicht allein in Großbritannien, in ganz Europa und im Rest der sogenannten westlichen, „zivilisierten“ Welt war das Entsetzen über das Geschehene groß.

    So sah auch Karl Marx Anlass, die Ereignisse in mehreren Artikeln zu beschreiben und zu kommentieren. Am 16. September 1857 erschien in der New York Daily Tribune von ihm der Zeitungsbericht „Der indische Aufstand“.1

    Marx stellte die von den Sepoys begangenen Taten keineswegs in Abrede, er verglich sie aber sogleich mit der Gewalt, die unter dem „Beifall des respektablen Englands“ regelmäßig ausgeübt wird, wenn sie nur der Wahrung der eigenen Interessen dient, ob sie nun von den Engländern selbst oder von anderen Völkern ausgeübt wird, ob in Europa oder in den Kolonien, entscheidend ist immer das Klasseninteresse. Marx schrieb:

    Die von den revoltierenden Sepoys in Indien begangenen Gewalttätigkeiten sind in der Tat entsetzlich, scheußlich, unbeschreiblich - so, wie man sie nur in Insurrektionskriegen, in Kriegen von Völkerstämmen und Geschlechtern und vor allem in Religionskriegen anzutreffen erwartet, mit einem Wort, solche Gewalttätigkeiten, wie sie den Beifall des respektablen Englands zu finden pflegten, wenn sie von den Männern der Vendée an den „Blauen“, von den spanischen Guerillas an den ungläubigen Franzosen, von den Serben an ihren deutschen und ungarischen Nachbarn, von den Kroaten an den Wiener Aufständischen, von Cavaignacs Garde mobile oder von Bonapartes Dezemberleuten an den Söhnen und Töchtern des proletarischen Frankreichs verübt wurden.
    Karl Marx, Der indische Aufstand, a.a.O. S. 285

    Marx kommt dann auf die Ursache der Gewalt zu sprechen:

    Wie schändlich das Vorgehen der Sepoys auch immer sein mag, es ist nur in konzentrierter Form der Reflex von Englands eigenem Vorgehen in Indien nicht nur während der Zeit der Gründung seines östlichen Reiches, sondern sogar während der letzten zehn Jahre einer lang bestehenden Herrschaft. Um diese Herrschaft zu charakterisieren, genügt die Feststellung, daß die Folter einen organischen Bestandteil ihrer Finanzpolitik bildete. In der Geschichte der Menschheit gibt es so etwas wie Vergeltung; und es ist eine Regel historischer Vergeltung, daß ihre Waffen nicht von den Bedrückten, sondern von den Bedrückern selbst geschmiedet werden.

    Der letzte Satz bezog sich auf die Tatsache, dass es von den Engländern ausgebildete und ausgerüstete Truppen waren, die diese Taten begangen. Britannien hatte die Sepoys erst geschaffen.

    In dem Artikel zeigt sich die Überlegenheit der marxschen Argumentation. Er beließ es nicht bei der üblichen bigotten Empörung über die begangenen Taten der Aufständischen, sondern verglich sie mit dem alltäglichen Terror der Unterdrücker, der nicht weniger grausam ist. Er ordnete die Ereignisse historisch ein und machte sie dadurch erklärbar.

    Von den Friedensorganisationen in England und in den USA wurden die indischen Ereignisse von 1857 unterschiedlich, ja gegensätzlich bewertet. Domenico Losurdo geht in seinem Buch „Gewaltlosigkeit. Eine Gegengeschichte“ darauf ein:

    Die im Westen vorherrschende Stimmung beeinflusste auch die American Peace Society. Deren Mehrheit argumentierte folgendermaßen: Selbst wenn die Herrschaft Englands in Indien unrechtmäßig entstanden sei, hätten die Regierungen dennoch die Pflicht, die Ordnung aufrechtzuerhalten und zu respektieren. Anders formuliert, seien die Aufständischen im Unrecht, wenn sie zur Gewalt griffen und die herrschenden Rechtsnormen verletzten. Letztendlich seien sie somit Banditen und Kriminelle. Es handle sich also nicht um einen Krieg, sondern um einen Zusammenstoß zwischen gewöhnlichen Verbrechern und Polizeikräften.

    Losurdo zieht daraus den Schluss: Das „allgemeine Prinzip der Gewaltlosigkeit“ konzentriert „seine Kritik auf die gewalttätige Rebellion der Unterdrückten, ohne Kritik an der (brutalen) Art der Wiederherstellung der Ordnung zu üben (…)“.

    Anders die Reaktion der Friedensfreunde auf der anderen Seite des Atlantiks:

    Die Schwestergesellschaft, die London Peace Society, die sich in England konstituiert hatte, identifiziert sich nicht mit der Haltung der American Peace Society, und spricht – sich von dieser distanzierend – hinsichtlich des Konflikts in Indien ohne Zögern von Krieg und verurteilt damit auch die Gewalt der englischen Regierung. Die Verurteilung konzentriert sich jetzt sogar in erster Linie (Losurdo zitiert dafür den US-amerikanischen Professor für religiöse Studien, Valerie H. Ziegler, aus seinem Buch „The Advocates of Peace in Antebellum America“, d.A.) auf die „maßlose Machtgier und Ambition“ der Kolonialmacht, auf „die unverschämten Aggressionen“, auf ihren Anspruch, „Indien mit dem Schwert zu regieren“, und auf die „Erniedrigung von 150 Millionen Personen“. Nicht viel anders ist die Haltung, die Marx der „Katastrophe“ gegenüber einnimmt.

    Es ist Marx, der darauf aufmerksam macht, dass man nicht vergessen sollte, dass, „während die Gräueltaten der Engländer als Zeugnisse militärischer Kraft dargestellt und einfach und schnell erzählt werden, ohne bei abscheulichen Einzelheiten zu verweilen, die Gewalttätigkeiten der Eingeborenen, so entsetzlich sie sind, noch vorsätzlich aufgebauscht werden.“
    Gräueltaten und Vergeltung

    Nach Berthold Seewald erkannte auch der Times-Reporter William Russell, der wenige Monate später Kanpur besuchte, dass die Medien vor allem aus Briefen schöpften, die „von geschickten Meistern in dieser Art Kochkunst, mit so viel Schrecken gepfeffert, wie sie die Einbildungskraft noch nie ersonnen“.

    Die tatsächlich begangenen Gräueltaten und erst recht die Hinzugedichteten wurden als Rechtfertigung benutzt, um jede noch so infame Vergeltungsmaßnahme der englischen Kolonialmacht zu rechtfertigen:

    Wenn das Grauen, das die Briten vor Ort sahen, bereits ausgereicht hatte, um brutale Vergeltung zu üben, so sorgte der Schwall nationaler Entrüstung aus Europa dafür, alle Hemmungen dabei abzuwerfen. Sepoys, die das Pech hatten, gefangen genommen zu werden, mussten den Boden des Frauenhauses mit ihren Zungen ablecken, bevor sie gehenkt wurden. Muslime wurden zuvor in Schweineschwarten genäht, Hindus zwang man, Rindfleisch zu essen. Ganze Dörfer wurden dem Erdboden gleichgemacht, Gefangene vor die Mündung von Kanonen gebunden, bevor man diese abfeuerte.
    Berthold Seewald

    Diese bestialischen Methoden der Vergeltung wurden aus einer besonderen Motivation heraus begangen: „Die besondere Schwere des Massakers von Kanpur bestand darin, dass es von einem unterworfenen Volk begangen wurde – von dunkelhäutigen Männern, die es wagten, das Blut ihrer Herren und das hilfloser Damen und Kinder zu vergießen.“

    „Herausragende Verbrechen“ im Sommer 1857

    So erklärte der britische Kriegsberichterstatter William Howard Russell das „herausragende Verbrechen“, das sich im Sommer 1857 auf dem Höhepunkt des indischen Aufstandes ereignete. Es sollte die Sicht der Briten auf ihre Untertanen nachhaltig prägen.

    Das Massaker von Kanpur wirkte auch nach der Niederschlagung des Aufstandes nach. Es wurde zur viel zitierten Begründung für das Trauma „von der stets lauernden Gefahr für die weiße Frau durch die ungezügelte Begierde des wilden Eingeborenen, die selbst bei Indern der Oberschicht bestenfalls unter einem dünnen Firnis angenommener europäischer Bildung und Sitten schlummerte“, wie es der Historiker Peter Wende formulierte. Derartige kolonialistische und rassistische Klischees sollten sich bis in die Gegenwart halten.
    Das Massaker der Hamas im Oktober 2023

    Am 7. Oktober 2023 überwanden Kämpfer des militärischen Arms der palästinensischen Organisation Hamas den schwer befestigten Grenzzaun zwischen dem Gaza-Streifen und Israel, überfielen dort Siedlungen und ein unmittelbar am Zaun stattfindendes Jugendfestival.

    Sie töteten etwa 1.200 Menschen, Israelis und Angehörige anderer Nationen. Das von Marx mit Blick auf die Taten der Sepoys gefällte Urteil als „in der Tat entsetzlich, scheußlich, unbeschreiblich“ trifft auch auf die Gewalt der Hamas zu.

    Neben Soldaten wurden Hunderte Unschuldiger, Männer, Frauen, Kinder getötet, ganze Familien wurden gemeinsam hingerichtet. Etwa 230 Geiseln wurden verschleppt.

    Das Massaker der Hamas und die Ausweglosigkeit der Palästinenser

    Wie seinerzeit kaum über die Ursachen für die in Indien ausgebrochene Gewalt gesprochen wurde, so wird heute über die Leiden, die Verzweiflung und die Ausweglosigkeit der Palästinenser in dem „offenen Gefängnis“ Gaza geschwiegen.

    Unerwähnt bleibt, dass sich das palästinensische Volk seit der Staatsgründung Israels 1947 einer Politik der Unterdrückung, der Vertreibung und des Terrors ausgesetzt sieht. Politik und Medien des Westens ignorieren dies weitgehend.

    Sie machen sich stattdessen die Sicht der American Peace Society von 1857 gegenüber dem Sepoy-Aufstand zu eigen, wonach es sich bei den Kämpfern der Hamas lediglich um „Banditen und Kriminelle“ handele, heute pauschal als „Terroristen“ abgetan.

    Es geht also nicht um einen Krieg, sondern nur um einen Zusammenstoß zwischen gewöhnlichen Verbrechern und Polizeikräften.
    Die maßlose israelische Rache

    Dementsprechend geht die israelische Regierung bei der Beschreibung ihres Krieges im Gaza-Streifen verharmlosend von „Antiterrormaßnahmen“ aus.

    In einem Kommentar der Frankfurter Allgemeinen Zeitung wird „die Dezimierung der Terrorbande“ als „Voraussetzung für einen dauerhaften Frieden verlangt“.2

    Lenin schrieb im Mai 1917 in seiner Schrift „Krieg und Frieden“ über diese Kolonialkriege, die eigentlich gar keine Kriege sein sollen:

    Nehmen sie die Geschichte der kleinen Kriege (…), weil in diesen Kriegen wenig Europäer, dafür aber Hunderttausende aus jenen Völkern umkamen, die sie versklavten, die von ihrem Standpunkt nicht einmal als Völker angesehen werden (irgendwelche Asiaten, Afrikaner – sind das etwa Völker?); mit diesen Völkern wurden Kriege folgender Art geführt: sie waren waffenlos, und man mordete sie mit Maschinengewehren.

    Und er fügte sarkastisch hinzu: „Sind denn das Kriege? Das sind doch eigentlich keine Kriege, das kann man der Vergessenheit anheimfallen lassen.“
    Vergeltung Israels ohne Proportionalität

    Wie die Rache der Engländer 1857 maßlos und extrem grausam war, so übersteigt auch die Vergeltung Israels heute jegliche Proportionalität und wird in ihrer Zerstörungswut zu Recht als Völkermord verurteilt:

    Mehr als 40.000 Tote, davon 36.330 Zivilpersonen, 14.861 Kinder, 9.273 Frauen bilanziert der ’Euro-Med Human Rights Monitor’ nach 160 Tagen Krieg gegen Gaza.

    74.400 Verletzte, zwei Millionen Vertriebene, 112.000 völlig zerstörte, 256.100 stark beschädigte Wohngebäude, 2.131 zerstörte Betriebe, 634 zerstörte Moscheen, drei zerstörte Kirchen, 200 zerstörte Stätten des Kulturerbes, 175 zerstörte oder stark beschädigte Medienbüros und 134 bei ihrer Berufsausübung getötete Journalisten.

    Während aber über jedes noch so kleine Detail des Schicksals der getöteten und verletzten Israelis wieder und wieder ausführlich berichtet wird, und für die verschleppten Geiseln eine weltweite Solidaritätsbewegung organisiert wurde, bleiben die in die Zehntausende zählenden palästinensischen Opfer gesichtslos und daher anonym.
    Gewalt als Zeugnis militärischer Kraft

    Schon allein die wahllosen Bombardierungen der israelischen Armee sorgen dafür, dass sich nur noch wenige Journalisten in den Gaza-Streifen trauen, und so gibt es auch immer weniger Nachrichten und Bilder von den Leiden der Palästinenser.

    Wie die Gräueltaten der Engländer in Indien werden auch die heutigen der Israelis – wie Marx schrieb – „als Zeugnisse militärischer Kraft dargestellt und einfach und schnell erzählt (…), ohne bei abscheulichen Einzelheiten zu verweilen“.
    Kolonialismus und „Herrenvolk“-Demokratie

    Es zeigt sich also, dass es auffällige Parallelen zwischen dem indischen Aufstand von 1857 und dem Angriff der Hamas im Jahr 2023 gibt. Auch die maßlosen Reaktionen darauf – seinerzeit der Engländer, heute der Israelis – ähneln sich. Und das ist alles andere als zufällig; existiert doch noch immer der Kolonialismus. Als „Herrenvolk“-Demokratie unterdrückt Israel die Palästinenser.

    1947, 90 Jahre nach dem Sepoy-Aufstand, erlangte Indien seine Unabhängigkeit und konnte damit das koloniale Joch abschütteln. Die Palästinenser warten seit 76 Jahren auf ihren Staat.

    #révolte #colonialisme #British_Raj #Inde #Palestine #histoire

  • À un ami qui part faire un tour à vélo en Irlande du Nord.
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Nordirland

    Nordirland (englisch Northern Ireland, irisch Tuaisceart Éireann) ist ein Landesteil des Vereinigten Königreichs Großbritannien. Es besteht aus sechs der neun Grafschaften der historischen irischen Provinz Ulster im Nordosten der Insel Irland. Nordirland ist dichter bevölkert und kleiner als die Republik Irland in der Mitte und im Süden der irischen Insel. Es hat einen höheren Industrialisierungsgrad, aber die Republik Irland hat heute (ab etwa dem Jahr 2000) ein höheres Bruttoinlandsprodukt pro Kopf.

    Je te conseille de lire le lien suivant :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Mountbatten,_1st_Earl_Mountbatten_of_Burma#Assassination


    Il existe également une version allemande de l’article biographique, qui ne mentionne toutefois que brièvement l’attentat contre le dernier roi colonial de l’Empire britannique.

    Fun fact : Wikipedia ne mentionne pas que la chanson des Boomtown Rats « I Don’t Like Mondays », sortie en juillet 1979, est devenue en septembre le numéro un des hits en Irlande du Nord, que tous les nationalistes irlandais et les nationalistes d’Ulster ont joyeusement porté sur leurs lèvres.

    Regarder/écouter :
    https://www.youtube.com/watch?v=-Kobdb37Cwc

    L’explication généralement connue de la chanson est la suivante :

    “Brenda Ann Spencer (16) opens fire at a school in San Diego, California, Her justification for the action, “I don’t like Mondays”, inspires the Boomtown Rats to make a song of the same name.”

    https://en.wikipedia.org/wiki/Cleveland_Elementary_School_shooting_(San_Diego)

    Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que l’action de Brenda Ann Spencer et l’assassinat commis par Thomas McMahon étaient tous deux l’expression d’une rébellion contre des conditions de vie insupportables.
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Thomas_McMahon_(Irish_republican)

    Thomas McMahon
    Born: 1948 (age 75–76) Monaghan, County Monaghan, Ireland
    Allegiance: Provisional Irish Republican Army
    Years of service: 1970–1990
    Rank: Volunteer
    Conflict: The Troubles

    Pour les catholiques d’Irlande du Nord, qui ont souffert des assassinats et du harcèlement britanniques, la chanson est devenue l’expression du lien entre la rébellion individuelle et politique. Tu pouvais mettre ta propre vie, toujours en danger, et la vie de tiers dans la balance de l’oppression et de la libération. Cette logique était aussi incompréhensible pour les punks de Sham 69 qu’elle l’est restée jusqu’à aujourd’hui pour les critiques occidentaux de l’islamisme et des actes de « terrorisme » commis par les colonisés.

    L’histoire de la réception enthousiaste de la chanson des Boomtown Rats en Irlande du Nord m’a été rapportée par une amie qui revenait d’un long séjour dans le pays à la fin de l’automne 1979.

    Commentaire punk anglais de 1978 :
    Sham 69 - Ulster Boy
    https://www.youtube.com/watch?v=2OPgkiw6ZZk

    Parole
    https://genius.com/Sham-69-ulster-lyrics

    “There ain’t no winners (Ulster)
    ...
    No more fun for you ain’t no more
    You’ve ended like the rest and now you’re dead”

    La justice britannique était et reste un produit de son passé impérial et une justice de classe à l’état pur. Cela n’a rien d’étonnant, car la législation de common law est le plus souvent l’affaire de ces juges et de ces membres de la classe que Friedrich Engels avait déjà décrite de manière pertinente. Au niveau parlementaire, la gentry s’assure jusqu’à aujourd’hui de son influence directement au sein de la Chambre des Lords.

    Autant les punks britanniques du Sham 69 ont fait preuve d’incompréhension à l’égard de la résistance irlandaise, autant ils ont défendu avec engagement les victimes de l’impérialisme britannique.

    Sham 69 - George Davis Is Innocent
    https://www.youtube.com/watch?v=sKpA78cXHZc

    Paroles
    https://genius.com/Sham-69-george-davis-is-innocent-lyrics

    “They’re never gonna leave you alone
    They’re never gonna leave you alone
    They know where you bloody live
    East London is your home”

    Et alors aujourd’hui ?

    Gareth Peirce
    https://de.wikipedia.org/wiki/Gareth_Peirce

    „Ihr Engagement im Falle der Guildford Four wurde auch in der Verfilmung des Falls mit dem Titel Im Namen des Vaters zentral thematisiert. Die Filmrolle der Gareth Peirce übernahm Emma Thompson.“

    En 2010, l’avocate Gareth Peirce décrit le mode de domination britannique, depuis son traitement de l’Irlande à la fin du 19e siècle jusqu’à la fin des « Troubles », et sa continuité dans les procès contre ses clients immigrés. On y reconnaît l’attitude des juges de Julian Assange :

    „We have lost our way in this country. We have entered a new dark age of injustice and it is frightening that we are overwhelmed by it. I know I am representing innocent people; innocent people who know that a jury they face will inevitably be predisposed to find them guilty.“

    Un court message illustré que j’ai reçu aujourd’hui du sud du Pakistan (l’ancien Raj britannique gouverné par Lord Mountbatten) m’a rappelé que le vécu des véritables opprimés nous est totalement fermé. Nous ne pouvons le deviner qu’à travers leur expression culturelle.

    La réalité de la vie des chauffeurs de taxi et de voitures de location à Berlin est déjà totalement inimaginable pour les Allemands qui ont des « conditions de travail normales » sécurisées. Le monde des sujets de l’empire colonial britannique nous est encore plus étranger, que ce soit au Pakistan ou en Irlande du Nord.

    Tu percevras des échos des Troubles. Il y aura peut-être aussi d’autres choses à voir. Ce sera certainement un voyage intéressant.

    Amicalement

    #tourisme #Irlande_du_Nord #histoire #Troubles #guerre #impérialisme

  • Réformer entre #conservatisme et révolution
    https://laviedesidees.fr/Marie-Dejoux-Reformatio

    Papes, rois et autres conciles : le #Moyen_Âge serait « réformateur ». Alors que les discours contemporains sont saturés de « réformes », un livre collectif s’interroge sur le sens et la rareté du mot en Occident entre le XIIIe et le XVe siècle.

    #Histoire #Eglise #réforme
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240417_reforme.pdf

  • Architekt Philipp Oswalt über Berlins Stadtschloss und rechte Spender : „Die Humboldt-Stiftung lügt“
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/architekt-philipp-oswalt-berlin-stadtschloss-rechte-spender-humbold


    Der Architekt und Architekturprofessor Philipp Oswalt Foto Nadja Wohlleben

    A Berlin la réproduction en béton armé de du château des rois de Prusse est une affaire d’état et d’extrême droite. Le bâtiment sert la même idéologie nationaliste et réactionnaire comme l’église #Garnisonskirche à #Potsdam. Le nouveau bellicisme y rencontre le militarisme prusse et son siècle triomphal de 1813 à 1914.

    Cerise amtidemocatatique sur le gâteau au goût révanchiste - on y a déplacé les collections éthnologiques dont une partie consiste en objets volés et pillés dans le monde entier à l’époque de l’empire allemand. Ces collections ont été volées une deuxième fois, cette fois aux Berlinois, qui y avaient libre accès dans des bâtiments agréables et modernes à Berlin-Dahlem, afin de les enfermer dans un bâtiment consacré au discours justificateur du nouvel impérialisme woke nationaliste et transatlantique à la fois.

    17.4.2024 von Susanne Lenz - Der Architekt Philipp Oswalt über das Unbehagen, das ihm die Rekonstruktion der Schlossfassade bereitet, und die Verbindung des Fördervereins in rechtsradikale Milieus.

    Als verbissensten Gegner des Neubaus des Berliner Stadtschlosses hat jemand den Architekten Philipp Oswalt mal bezeichnet. Dabei kämpfte er vor allem gegen die historisierende Fassade und die Intransparenz hinsichtlich der Spender. Die Recherchen für sein neues Buch „Bauen am nationalen Haus“ haben erbracht, dass einige dem rechtsradikalen Milieu angehören und sie Einfluss auf die Gestaltung der Fassade genommen haben. Er empfängt uns in seiner Wohnung in Berlin-Schöneberg.

    Sie haben hier im Wohnzimmer ja Lampen aus dem Palast der Republik an der Decke. Wie sind Sie an die gekommen?

    Ich bin mit dem Künstler Fred Rubin befreundet, der einiges aus dem Palast der Republik gesichert hat. Die Lampen hat er umgestaltet. Es geht dabei nicht um Trophäen, sondern um kulturelle Transformation.

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    Wo der Palast der Republik stand, steht heute das Stadtschloss. Sie haben kürzlich in Zusammenhang mit der Aufstellung der Prophetenfiguren an der Kuppel, Transparenz hinsichtlich der Spender gefordert. Warum halten Sie das für so wichtig?

    Ich muss vorausschicken, dass ich mich für den Erhalt des Palasts der Republik eingesetzt habe. Ich wollte, dass man ihn als Ort der deutschen Geschichte in eine Neugestaltung einbezieht. Das hat auch die Expertenkommission empfohlen. Ich lehne historische Rekonstruktionen nicht grundsätzlich ab, habe ja selbst in Dessau die Rekonstruktion der Bauhaus-Meisterhäuser mitverantwortet, aber ich bin gegen die Orthodoxie, mit der das in Berlin betrieben worden ist. Unbehagen bereitet mir auch das Geschichtsverständnis, das mit dieser Rekonstruktion einhergeht. Ich hatte aber nie den Verdacht, dass dahinter rechtslastige Interessen stehen könnten.

    Infobox image

    Nadja Wohlleben

    Zur Person

    Der Architekt Philipp Oswalt, geboren 1964 in Frankfurt am Main, ist Professor für Architekturtheorie an der Universität Kassel. Er war u.a. Leiter des Projektes „Schrumpfende Städte“ der Kulturstiftung des Bundes (2002–2008) und Direktor der Stiftung Bauhaus Dessau (2009–2014).
    Er ist Autor und Herausgeber zahlreicher Publikationen zur zeitgenössischen Architektur und Stadtentwicklung. Zuletzt ist von ihm „Bauen am nationalen Haus. Architektur als Identitätspolitik“ (Berenberg-Verlag 2023, 240 S. 22 Euro) erschienen.
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    Wie sind Sie dann darauf gekommen?

    Durch meine Auseinandersetzung mit der Garnisonkirche in Potsdam. Der Name des Großspenders Ehrhard Bödecker war mir daher bekannt. Als ich mir dann in der Deutschen Bibliothek in Leipzig seine Schriften angeguckt habe, war der Fall relativ klar. Nachdem seine antisemitischen Äußerungen bekannt geworden waren, forderte die Familie, dass seine Plakette im Schloss entfernt wird.

    In Ihrem neuen Buch „Bauen am nationalen Haus“ stellen Sie fest, dass es viele rechtslastige Spender gibt.

    Es gibt eine strukturelle Verbindung des Fördervereins in rechtsradikale Milieus. Nicht nur, was Spender betrifft, sondern auch einzelne Vereinsmitglieder und Funktionäre des Vereins. Dieter Lieberwirth aus der Partei der Republikaner war Gründungsvorstand und wirkt bis heute im Verein. Karl-Klaus Dittel engagierte sich im baden-württembergischen Zweig des Fördervereins, der fragwürdige Kampagnen für die AfD dort organisiert hat, Stichwort illegale Parteienfinanzierung.

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    Zieht ein solches Projekt rechtslastige Spender an, oder ist es nicht einfach normal, dass unter 40.000 Spendern auch politisch Rechtsstehende oder Rechtsradikale sind?

    Beides stimmt. Bei einem Symbolbau aus vordemokratischer Zeit, der als Identitätsanker propagiert und als nationales Symbol verstanden wird, gibt es eine Anschlussfähigkeit in rechtsradikale und rechtsextreme Milieus. Das wird zum Teil bestritten. Herr Boddien sagt, Preußen spiele in diesen Milieus keine Rolle. Der Förderverein hat aber den Kontakt nicht nur nicht vermieden, wie meine Recherchen zeigen. Er hat bereits 1993 in der Jungen Freiheit inseriert und sich bis heute nicht abgegrenzt.

    Sie behaupten, dass rechtslastige Spender Einfluss auf die Struktur der Fassade genommen haben, etwa was die Gestaltung der Kuppel angeht. Die Humboldt-Stiftung weist das zurück. Die Kuppel sei bereits Bestandteil von Frank Stellas Entwurf gewesen.

    Die Humboldt-Stiftung wirft Nebelkerzen und sie lügt. Das, was hier heute steht, ist etwas merklich anderes als das, was die Expertenkommission empfohlen und was der Bundestag 2002 beschlossen hat. Und der Förderverein hat diese Radikalisierung durchgesetzt. 2003 wurde der Abriss des Palasts beschlossen, damit war auch der Beschluss der Expertenkommission hinfällig, dass er teilweise in den Schlossneubau einbezogen wird. Der Entwurf der Wettbewerbsausschreibung für den Neubau wird durchgestochen, skandalisiert, Thierse mischt sich ein, ein Entwurf für die Kuppel wird zwingend, wobei der Bauherr, also der Bundestag, sich damals noch nicht festlegte, ob es eine historisch getreue oder eine Neuinterpretation sein soll. Dann kam der Wettbewerb, und mit dem Entwurf von Kuehn Malvezzi eine interessante Interpretation, die ein schwebendes Dach statt der Kuppel vorsah. Das wurde von der Jury als unzulässig erklärt: Es sei keine Kuppel. Mit der Entscheidung für Stellas Entwurf entschied man sich für die Rekonstruktion der Kuppel und auch die Innenseite der Portale.

    Philipp Oswalt: „Die Politik sah sich in der Pflicht, Spenderwünschen nachzukommen.“

    Philipp Oswalt: „Die Politik sah sich in der Pflicht, Spenderwünschen nachzukommen.“Nadja Wohlleben

    Wenn der Entwurf Stellas die Kuppel bereits vorsah, warum sagen Sie dann, die Humboldt-Stiftung werfe Nebelkerzen?

    Weil die Stiftung Stellas Entwurf und seine Überarbeitung zwei Jahre später in einen Topf wirft. In dem Wettbewerbsentwurf waren die Propheten nicht enthalten. Die Stiftung lügt, wenn sie sagt, dass es keinen Einfluss der Spender gegeben hat. Die zusätzlichen Rekonstruktionen waren nicht durch den Grundsatzbeschluss von 2002 abgedeckt, und deshalb auch nicht haushalterisch unterlegt. Das heißt, das musste durch Spenden finanziert werden. Das war allen Beteiligten klar. Die Politik sah sich dann in der Pflicht, Spenderwünschen nachzukommen. Und es ist ja auch eigentlich nicht problematisch, dass bei einem Projekt, bei dem es eine zivilgesellschaftliche Teilhabe gibt, eine Mitgestaltung erwünscht ist. Das wird nur deshalb heikel, weil dabei auch rechtsradikale Positionen eine Rolle gespielt haben. Auch beim Eosanderportal. Nehmen Sie die große Kartusche. Das ist eine Zutat von 1904, der Bundestag hat 2002 von einer Barockfassade gesprochen. Da ging es nicht um wilhelminische Elemente. Das hat man dem Förderverein überlassen und diesem ist alles bis 1918 heilig. Natürlich ohne die Schäden der Revolution.

    Warum macht die Stiftung das?

    Das ist schwer zu erklären. Der Förderverein geht ja mit der Stiftung nicht gerade zimperlich um. Hartmut Dorgerloh war teilweise schwer unter Beschuss. Trotzdem – nachdem der Anwalt Peter Raue dem Förderverein einen Persilschein hinsichtlich der rechten Spender ausgestellt hatte, erklärte die Stiftung 2022, nun sei alles in Ordnung, man arbeite gern wieder mit dem Förderverein zusammen. Doch das entbehrte jeder sachlichen Grundlage.

    Was meinen Sie?

    Raues Persilschein – abgesehen davon, dass er in dieser Angelegenheit befangen war, da er Anwalt des Fördervereins und der Familie Bödecker ist – lag dem Stiftungsrat gar nicht vor. Aber vor allem konnte Herr Raue von den 26 Millionen anonym eingegangener Gelder nur etwas über eine Million prüfen, da bei den übrigen 25 Millionen selbst dem Förderverein unbekannt ist, woher das Geld kommt. Da muss man sagen: Liebe Leute, das habt ihr gut verschwiegen und man hat es euch abgenommen. Auch das Gutachten des Instituts für Zeitgeschichte zu Bödecker lag dem Stiftungsrat nicht vor. Herr Dorgerloh hat das beschönigend dargestellt, indem er sagte, Bödecker sei weder rechtsextrem noch im rechtsradikalen Sinne antisemitisch. Es ist für mich offenkundig, dass die Stiftung kein ehrliches Aufklärungsinteresse hatte. Alle, auch die Bundestagsparteien, wollten Ruhe in die Debatte bringen und keine Angriffsfläche bieten. Aber die Spendenpraxis waren ein zentrales Legitimationsinstrument. Man konnte sagen, die Fassade kommt aus der Bevölkerung, es ist ihr Wunsch. Und wenn dies einen Makel bekommt, will man lieber den Deckel draufhalten.

    Philipp Oswalt: „Ist die Reproduktion eines Hohenzollernschlosses im 21. Jahrhundert die adäquate Setzung für die heutige deutsche Gesellschaft?“

    Philipp Oswalt: „Ist die Reproduktion eines Hohenzollernschlosses im 21. Jahrhundert die adäquate Setzung für die heutige deutsche Gesellschaft?“Nadja Wohlleben

    Eine der zentralen Thesen Ihres Buches ist, dass solche Repräsentationsbauten wie das Stadtschloss dazu dienen, gesellschaftliche Identität zu schaffen. Was für eine Identität soll das denn in diesem Fall sein?

    Das Schloss ist das wichtigste Bundesbauprojekt neben dem Reichstag seit 1990: Aber ist die Reproduktion eines Hohenzollernschlosses im 21. Jahrhundert die adäquate Setzung für die heutige deutsche Gesellschaft? Man hat versucht, das mit dem Inneren auszugleichen, mit den außereuropäischen Sammlungen. Das ist eine neokoloniale Instrumentalisierung dieser Kulturen, wenn man damit die preußische Fassade legitimieren und sich als weltoffen darstellen will. Und das Problem mit der Fassade wird man damit nicht los.

    Sie sprechen im Zusammenhang mit der Rekonstruktion von Deckerinnerung. Was ist das?

    Der Begriff kommt aus der Psychologie. Mit einer Erinnerung wird eine andere verdeckt. Der Ort, an dem das Schloss steht, stand für vieles: für Preußen, den Wilhelmismus, die Revolution, die Weimarer Republik, den Krieg, die deutsche Teilung, die friedliche Revolution von 1990. Aber die Geschichte ab 1918 wurde eliminiert. Wobei die stalinistisch motivierte Sprengung des Schlosses 1950 bereits die davorliegende Geschichte eliminiert hat. Immerhin hat man die Erinnerung an die Revolution von 1918 durch den Transfer des Schlossportals ins Staatsratsgebäude zu bewahren versucht. Das Stadtschloss hat die Gewaltgeschichte des 20. Jahrhunderts durch einen Rückgriff auf die Zeit vor 1918 verdrängt.

    Philipp Oswalt bewertet den Abriss des Palasts der Republik als „ikonoklastischen Rachefeldzug oder eine Art Exorzismus“.

    Philipp Oswalt bewertet den Abriss des Palasts der Republik als „ikonoklastischen Rachefeldzug oder eine Art Exorzismus“.Nadja Wohlleben

    In Teilen der ostdeutschen Öffentlichkeit wird der Abriss des Palasts als kolonialer Akt der BRD verstanden.

    Das halte ich für falsch. Es gab eine westdeutsche Kolonisierung, aber was geschichtspolitische Fragen angeht, ist das eher eine Generationenfrage. Es gab auch vehemente Kräfte aus dem Osten, die sich für den Abriss eingesetzt haben. Günter Nooke war einer der Antragsteller, es gab Wolfgang Thierse, Manfred Stolpe, Wolfgang Tiefensee, Vera Lengsfeld, die damals noch in der CDU-Fraktion war, Richard Schröder. In meiner Wahrnehmung ist es die Generation der durch den Mauerbau Traumatisierten in West und Ost, die sich auf einen ikonoklastischen Rachefeldzug begeben oder eine Art Exorzismus betrieben haben. Man will in der Geschichte auch hinsichtlich der baulichen Spuren obsiegen.

    Sie brauchen keine Rache, weil Sie einer anderen Generation angehören?

    Ich bin aus Westdeutschland, lebe seit 1984 in Berlin, und habe nach 1990 eine starke Bindung an ostdeutsche Akteure und Milieus gewonnen. Für mich ist klar, dass die DDR eine totalitäre Diktatur war, aber natürlich ist das eine wichtige Epoche deutscher Geschichte. Und es gab auch in der DDR interessante Entwicklungen, dissidentische und reformerische. Es ist irrsinnig, das in einen Giftschrank zu packen. Die jüngere Generation hat eine gelassenere Einstellung dazu, sie muss sich nicht am SED-Staat rächen. Für sie ist das eine abgeschlossene Periode, die man als Teil der deutschen Geschichte annehmen und einen Umgang damit finden kann. Keinen verherrlichenden Umgang, aber eben auch keinen eliminatorischen, sondern einen differenzierenden und in Teilen wertschätzenden.

    Sie schlagen gemeinsam mit Max Czollek, Agnieszka Pufelska und Jürgen Zimmerer vor, einen künstlerischen Wettbewerb auszuschreiben, mit dem Ziel, die Preußen-Fassade zu brechen. Wird das jemals passieren?

    Warum eigentlich nicht? Die Gründungsintendanz des Humboldt-Forums machte zum Beispiel den Vorschlag, die Skulptur „Zweifel“ von Lars Ramberg temporär auf das Schloss zu setzen. Diese Idee ist dann sang- und klanglos gestorben, denn in vielen Kreisen galt das als Sakrileg. Wenn Ramberg seine Skulptur auf das Louvre setzen würde oder auf die Tate, würde dann die französische oder britische Gesellschaft Sturm laufen? Die Stiftung Humboldt-Forum würde eine solche Aktion aus ihrem Gefängnis befreien. Warum ist man in Deutschland zumindest teilweise so verkrampft? Was soll schlimm daran sein, das Spruchband an der Kuppel zu überblenden oder dem Ort Spuren aus der Zeit zwischen 1918 und 2008 einzuschreiben? Warum soll ich nicht zum Beispiel markieren, was die kaiserlichen Truppen am Schloss kaputt geschossen haben, um die Revolutionsgarden zu schlagen. Das wäre doch interessant. Wen stört das? Müssen wir erst mal drei Generationen warten? Das Schloss ist ein Ort, mit dem sich viele nicht identifizieren können. Warum soll man das nicht öffnen?

    #Berlin #Mitte #Schloßplatz #architecture #histoire #Prusse #militarisme #extrême_droite #urbanisme

  • Bettina Göring: „Über die Nazi-Zeit habe ich erst aus DDR-Geschichtsbüchern gelernt“
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/bettina-goering-ueber-die-nazi-zeit-habe-ich-erst-aus-ddr-geschicht

    Bettina Göring, 68, floh mit 13 von zu Hause und schloss sich der linken Szene an. Foto Benjamin Pritzkuleit

    17.4.2024 von Anja Reich - Hermann Görings Großnichte erzählt im Interview, wie in ihrer Familie NS-Verbrechen verschwiegen wurden. Und sagt, welcher Politiker sie heute an Göring erinnert.

    Bettina Göring wartet in der Tür eines Reihenhauses in Berlin-Zehlendorf. Es gehört einer Jugendfreundin, die sie und Görings Mann für ein paar Tage bei sich aufgenommen hat und während des Interviews mit dem Hund spazieren geht, um nicht zu stören.

    Die Großnichte des Naziverbrechers Hermann Göring trägt Hose, Bluse, eine blaue Brille, die grauen Haare im Nacken zusammengebunden. Ein in die Jahre gekommenes Hippie-Mädchen, das mit 13 von zu Hause flüchtete, nach Stationen in Südamerika, Indien und den USA in Thailand hängenblieb und nun nach Deutschland gekommen ist, um ihr Buch vorzustellen: „Der gute Onkel: Mein verdammtes deutsches Erbe“.

    Wie soll ich Sie ansprechen: Frau Göring, so, wie es auf Ihrem Buch steht? Oder mit dem Namen, der in Ihrer E-Mail-Adresse auftaucht?

    Sagen Sie Göring. Als ich das erste Mal heiratete, habe ich meinen Namen geändert, wegen der Familiengeschichte. Aber es funktioniert nicht so richtig, ich werde diese Geschichte nicht los.

    Es ist die Ihres Großonkels Hermann Göring, dem mächtigsten Nazi nach Adolf Hitler. Wie wäre es, wenn er hier säße, an diesem Tisch?

    Ich würde ihn fragen, ob er irgendwas bereut. Aber ich würde nicht erwarten, dass er es tut. Er hat ja auch bei den Nürnberger Prozessen gesagt, dass er nichts bereut.

    Und als Familienmensch, wie war er da? Ihr Buch trägt den Titel „Der gute Onkel“.

    Zu seiner Familie war er sehr nett. Meine Großmutter wurde von ihm nicht nur beschützt, sondern auch finanziell unterstützt. Er soll freundlich und charismatisch gewesen sein, weshalb er auch als Diplomat eingesetzt wurde. Kann man sich gar nicht vorstellen, wenn man sich seine Reden anhört – fürchterlich, wie er geschrien hat, die haben ja alle so geschrien.

    Privat hat er das nicht getan?

    Wir haben mal ein Video von einer Ostereiersuche mit der Familie gesehen. Da hat er mit großer Geste den lässigen, freundlichen Onkel gespielt. Jovial ist das Wort, das ihn als Familienmenschen wohl am besten beschreibt.

    Wo haben Sie die Aufnahme her?

    Auf YouTube gefunden, keine Ahnung, wer die darauf gestellt hat.

    Sie wurden 1956 geboren, zehn Jahre, nachdem Ihr Großonkel in Nürnberg zum Tode verurteilt wurde und sich mit einer Zyankali-Kapsel selbst getötet hat. Wann haben Sie zum ersten Mal gespürt, dass es da etwas Unheimliches gibt in Ihrer Familie?

    Ich war elf, wir wohnten in Wiesbaden, hatten gerade einen Fernseher bekommen, sahen eine Dokumentation über Auschwitz. Meine Oma war dabei, die Schwester von Hermann, Großmutti Ilse, wie alle sie nannten. Sie schrie: Alles Lüge, alles Lüge! Mein Bruder hat ihr einen Holzschuh an den Kopf geworfen.
    Bettina Göring ließ sich mit 30 sterilisieren.
    Bettina Göring ließ sich mit 30 sterilisieren.Benjamin Pritzkuleit

    War Ihnen da schon klar, dass Ihr Großonkel den Massenmord an den Juden befohlen hatte?

    Nein, 1968, mit zwölf, habe ich mich der Hippieszene angeschlossen, später der linken, sehr linken Szene, bin von zu Hause geflohen. In dieser Zeit habe ich angefangen, Bücher über die NS-Geschichte zu lesen. Die meisten waren aus der DDR.
    Bettina Göring: „Mein Geschichtslehrer war selbst Nazi gewesen“

    Aus der DDR? Was haben Sie denn in Ihrer Wiesbadener Schule über den Faschismus gelernt?

    Nichts, mein Geschichtslehrer war selber Nazi gewesen. Und in der Familie erzählte man sich immer nur, dass Onkel Hermann Flieger war, der Herr der Flieger, wie es hieß, dass man zu ihm aufschaute, sonst nichts. Bis 2005 wusste ich nicht einmal, dass er die Endlösung der Judenfrage unterschrieben hatte.

    Wie haben Sie das rausgefunden?

    Eine Australierin, Tochter von Holocaust-Überlebenden, warf es mir an den Kopf. Für den Dokumentarfilm „Bloodlines“ waren Angehörige von Opfern und Tätern zusammengebracht worden. Ich habe dann gleich noch mal angefangen, Geschichtsbücher zu lesen.

    Das hatte in den Büchern, die Sie kannten, nicht gestanden?

    Nein, es war auch kompliziert. Die Nazis haben den Mord an den Juden ja nicht so konkret befohlen. Reinhard Heydrich hatte das Dokument, in dem von der Endlösung die Rede war, 1941 vorgelegt und Hermann Göring hat es unterschrieben.

    Wie ging es Ihnen, als Sie das hörten?

    Es war furchtbar, schockierend.

    Sie sind ins Ausland gegangen, haben sich sterilisieren lassen, wollten keine Kinder bekommen. Hatten Sie Angst, das Böse könnte sich vererben?

    Dass ich mich sterilisieren ließ, hatte nicht direkt mit dem Göring-Onkel zu tun, das war eher ein praktischer Gedanke. Ich habe die Pille nicht gut vertragen und hatte mit 30 immer noch kein Bedürfnis, Mutter zu werden. Aber im Unterbewusstsein gab es sicher eine Ablehnung. Es muss ja auch einen Grund haben, warum gerade unsere Generation, die in den 50ern geboren wurde, so wenig Kinder bekommen hat, die folgende aber wieder mehr.
    NS-Kriegsverbrecher Hermann Göring beim Prozess in Nürnberg
    NS-Kriegsverbrecher Hermann Göring beim Prozess in NürnbergYevgeny Khaldei/Imago

    Jüdische Holocaust-Überlebende Ihrer Generation bekamen dagegen sehr viele Kinder.

    Ja, Israelis, die ich kennenlernte, konnten gar nicht verstehen, dass ich keine Kinder wollte. Eine hatte zehn, als Ausgleich dafür, dass ihre Familie ausgelöscht wurde.

    Was haben Sie sonst an Ihrem Leben geändert, nachdem Sie von der Rolle Ihres Großonkels im Holocaust erfahren haben?

    Ich habe zusammen mit einer Tochter von Holocaust-Überlebenden eine Therapiegruppe gegründet, verschiedene Methoden zur Verarbeitung der Traumata angewendet. Einmal bin ich sogar in die Psyche meines Onkels gegangen.
    „Ich habe gefühlt, wie es in ihm aussah: dunkel, kalt, halbtot“

    Bei einer Art Familienaufstellung?

    Ja, ich habe gefühlt, wie es in ihm aussah und es war sehr dunkel, kalt, halbtot. Als ob bei mir alles abstirbt, so fühlte es sich an. Erschreckend. Er muss ein Psychopath gewesen sein. Das ist das Schizophrene: wie er so kalt und doch für seine Familie menschlich bleiben konnte.

    Haben Sie herausgefunden, wie er so geworden ist, was ihn in seinem Leben geprägt hat?

    Ja, wir haben viel herausgefunden. Sein Vater kam aus einer reichen, angesehenen Familie, war von Bismarck als Diplomat in Ostafrika eingesetzt, gründete die deutsche Kolonie im heutigen Namibia, später war er in Haiti, reiste hin und her, ewig lange Schiffsreisen. Hermanns Mutter reiste mit, auch wenn sie gerade ein Kind geboren hatte. Den Hermann ließ sie bei einer Freundin zurück. Als er sie wiedersah, mit drei Jahren, sah er seine Mutter nicht mehr an. Hinzu kam, dass die Mutter eine Affäre mit Herman von Epenstein hatte, einem Halbjuden. Möglicherweise wurde mein Großonkel nach ihm benannt. Und er wurde seinetwegen auf der Schule gehänselt, als Judenfreund. Er musste sogar so ein Schild um den Hals tragen.
    Bettina Göring , Großnichte von Hermann Göring
    Bettina Göring , Großnichte von Hermann GöringBenjamin Pritzkuleit
    „Göring war immer der Größte, aber Hitler war war noch größer“

    Wann war das?

    1905, vor dem Ersten Weltkrieg. Der Hermann war als Schüler sehr rebellisch, schwer zu händeln, bis er in die Militärakademie kam. Die Strenge dort tat ihm gut. Was auch wichtig ist: Die Familie wollte, dass ein Held geboren wird, so steht es in den Tagebüchern, ein Held, der Deutschland rettet und so ein Scheiß. Er hat sich in dieser Rolle gesehen.

    Wie hat er Hitler kennengelernt?

    Im Ersten Weltkrieg war er Flieger. Nachdem die Luftwaffe verboten worden war und er nicht mehr fliegen konnte, wollte er eine Revolution, das System umstoßen, ist auf die Hitler-Gruppe gestoßen und sofort auf Hitler mit seiner magnetischen Persönlichkeit angesprungen. Göring war immer der Größte, aber der Führer war noch größer. Und Hitler hat erkannt, dass Göring die Sprache der Oberen spricht, sich in dieser Klasse gut auskennt.

    Hermann Göring war morphiumsüchtig. Wie kam es dazu?

    Beim Bierputsch 1923 bekam er eine Kugel ab, musste fliehen, wurde in Schweden in der Psychiatrie behandelt, in dieser Zeit begann er, Morphium zu nehmen.
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    SPD

    06.02.2024
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    News

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    Die schwedischen Ärzte beschrieben ihn als „brutalen Hysteriker mit sehr schwachem Charakter“.

    Ja, er war verrückt und auf Drogen, wie die meisten Nazis. Pervitin, Kokain, Morphium. Die Drogen passen zu seinem Größenwahn. Erst in amerikanischer Haft machte er einen Entzug.

    Gab es im Leben von Hermann Göring einen Moment, wo er zweifelte, an sich und seinen Taten?

    Als er einmal drin war in dieser Maschinerie, war das nicht mehr möglich. Für ihn zählten nur Macht, Reichtum, Ämter und Titel ohne Ende.
    Waggons voll enteigneter Kunst nach Hause liefern lassen

    Gibt es einen heute lebenden Politiker, der Sie an Ihren Großonkel erinnert?

    Ja, Trump. Diese Gier. Diese unglaubliche Raffgier. Was der Göring-Onkel für Schätze angehäuft hat. Von den Juden. Aus Holland hat er sich ganze Waggons voll mit Kunst und Möbeln bringen lassen. Meine Oma hat auch einen Waggon bekommen.

    Das heißt, bei Ihnen zu Hause gab es auch noch Möbelstücke von enteigneten Juden?

    Ja, zwei, drei Stück. Ganz tolle Sachen. Als unsere Oma zu uns zog, fielen sie schon ein bisschen auseinander. Ein Sekretär aus Ebenholz mit 150 Handfiguren und Schubfächern. Das andere war ein flämischer Sternenschrank.

    Wo sind die Möbel heute?

    Mein Vater hat sie verkauft, beglich seine Schulden damit. Wir hatten zum Glück nichts mehr damit zu tun nach seinem Tod. Fotos und Ritterorden waren noch da. Wollte ich auch nichts mitzutun haben.

    Haben Sie Antisemitismus in Ihrer Familie wahrgenommen?

    Von meiner Mutti gar nicht. Mein Großvater mütterlicherseits war gegen die Nazis, hat für einen jüdischen Anwalt gearbeitet, der ihm geholfen hat mit der Anzahlung für sein Haus.

    Wusste Ihre Mutter, als sie Ihren Vater geheiratet hat, aus was für einer Familie er kommt?

    Ja, das ist ja das Verrückte. Obwohl diese Mutter-Familie gegen die Nazis war, hat es viel bedeutet, mit einem Göring verheiratet zu sein. Wegen der Klasse. Reiche Familie. Viele wichtige Ämter. Der Urgroßvater Ministerialrat, auch Bürgermeister gab es.

    War Ihnen da schon klar, dass Ihr Großonkel den Massenmord an den Juden befohlen hatte?

    Nein, 1968, mit zwölf, habe ich mich der Hippieszene angeschlossen, später der linken, sehr linken Szene, bin von zu Hause geflohen. In dieser Zeit habe ich angefangen, Bücher über die NS-Geschichte zu lesen. Die meisten waren aus der DDR.

    Aus der DDR? Was haben Sie denn in Ihrer Wiesbadener Schule über den Faschismus gelernt?

    Nichts, mein Geschichtslehrer war selber Nazi gewesen. Und in der Familie erzählte man sich immer nur, dass Onkel Hermann Flieger war, der Herr der Flieger, wie es hieß, dass man zu ihm aufschaute, sonst nichts. Bis 2005 wusste ich nicht einmal, dass er die Endlösung der Judenfrage unterschrieben hatte.

    Wie haben Sie das rausgefunden?

    Eine Australierin, Tochter von Holocaust-Überlebenden, warf es mir an den Kopf. Für den Dokumentarfilm „Bloodlines“ waren Angehörige von Opfern und Tätern zusammengebracht worden. Ich habe dann gleich noch mal angefangen, Geschichtsbücher zu lesen.

    Das hatte in den Büchern, die Sie kannten, nicht gestanden?

    Nein, es war auch kompliziert. Die Nazis haben den Mord an den Juden ja nicht so konkret befohlen. Reinhard Heydrich hatte das Dokument, in dem von der Endlösung die Rede war, 1941 vorgelegt und Hermann Göring hat es unterschrieben.

    Wie ging es Ihnen, als Sie das hörten?

    Es war furchtbar, schockierend.

    Sie sind ins Ausland gegangen, haben sich sterilisieren lassen, wollten keine Kinder bekommen. Hatten Sie Angst, das Böse könnte sich vererben?

    Dass ich mich sterilisieren ließ, hatte nicht direkt mit dem Göring-Onkel zu tun, das war eher ein praktischer Gedanke. Ich habe die Pille nicht gut vertragen und hatte mit 30 immer noch kein Bedürfnis, Mutter zu werden. Aber im Unterbewusstsein gab es sicher eine Ablehnung. Es muss ja auch einen Grund haben, warum gerade unsere Generation, die in den 50ern geboren wurde, so wenig Kinder bekommen hat, die folgende aber wieder mehr.

    Jüdische Holocaust-Überlebende Ihrer Generation bekamen dagegen sehr viele Kinder.

    Ja, Israelis, die ich kennenlernte, konnten gar nicht verstehen, dass ich keine Kinder wollte. Eine hatte zehn, als Ausgleich dafür, dass ihre Familie ausgelöscht wurde.

    Was haben Sie sonst an Ihrem Leben geändert, nachdem Sie von der Rolle Ihres Großonkels im Holocaust erfahren haben?

    Ich habe zusammen mit einer Tochter von Holocaust-Überlebenden eine Therapiegruppe gegründet, verschiedene Methoden zur Verarbeitung der Traumata angewendet. Einmal bin ich sogar in die Psyche meines Onkels gegangen.
    „Ich habe gefühlt, wie es in ihm aussah: dunkel, kalt, halbtot“

    Bei einer Art Familienaufstellung?

    Ja, ich habe gefühlt, wie es in ihm aussah und es war sehr dunkel, kalt, halbtot. Als ob bei mir alles abstirbt, so fühlte es sich an. Erschreckend. Er muss ein Psychopath gewesen sein. Das ist das Schizophrene: wie er so kalt und doch für seine Familie menschlich bleiben konnte.

    Haben Sie herausgefunden, wie er so geworden ist, was ihn in seinem Leben geprägt hat?

    Ja, wir haben viel herausgefunden. Sein Vater kam aus einer reichen, angesehenen Familie, war von Bismarck als Diplomat in Ostafrika eingesetzt, gründete die deutsche Kolonie im heutigen Namibia, später war er in Haiti, reiste hin und her, ewig lange Schiffsreisen. Hermanns Mutter reiste mit, auch wenn sie gerade ein Kind geboren hatte. Den Hermann ließ sie bei einer Freundin zurück. Als er sie wiedersah, mit drei Jahren, sah er seine Mutter nicht mehr an. Hinzu kam, dass die Mutter eine Affäre mit Herman von Epenstein hatte, einem Halbjuden. Möglicherweise wurde mein Großonkel nach ihm benannt. Und er wurde seinetwegen auf der Schule gehänselt, als Judenfreund. Er musste sogar so ein Schild um den Hals tragen.

    Wann war das?

    1905, vor dem Ersten Weltkrieg. Der Hermann war als Schüler sehr rebellisch, schwer zu händeln, bis er in die Militärakademie kam. Die Strenge dort tat ihm gut. Was auch wichtig ist: Die Familie wollte, dass ein Held geboren wird, so steht es in den Tagebüchern, ein Held, der Deutschland rettet und so ein Scheiß. Er hat sich in dieser Rolle gesehen.

    Wie hat er Hitler kennengelernt?

    Im Ersten Weltkrieg war er Flieger. Nachdem die Luftwaffe verboten worden war und er nicht mehr fliegen konnte, wollte er eine Revolution, das System umstoßen, ist auf die Hitler-Gruppe gestoßen und sofort auf Hitler mit seiner magnetischen Persönlichkeit angesprungen. Göring war immer der Größte, aber der Führer war noch größer. Und Hitler hat erkannt, dass Göring die Sprache der Oberen spricht, sich in dieser Klasse gut auskennt.

    Hermann Göring war morphiumsüchtig. Wie kam es dazu?

    Beim Bierputsch 1923 bekam er eine Kugel ab, musste fliehen, wurde in Schweden in der Psychiatrie behandelt, in dieser Zeit begann er, Morphium zu nehmen.

    Die schwedischen Ärzte beschrieben ihn als „brutalen Hysteriker mit sehr schwachem Charakter“.

    Ja, er war verrückt und auf Drogen, wie die meisten Nazis. Pervitin, Kokain, Morphium. Die Drogen passen zu seinem Größenwahn. Erst in amerikanischer Haft machte er einen Entzug.

    Gab es im Leben von Hermann Göring einen Moment, wo er zweifelte, an sich und seinen Taten?

    Als er einmal drin war in dieser Maschinerie, war das nicht mehr möglich. Für ihn zählten nur Macht, Reichtum, Ämter und Titel ohne Ende.
    Waggons voll enteigneter Kunst nach Hause liefern lassen

    Gibt es einen heute lebenden Politiker, der Sie an Ihren Großonkel erinnert?

    Ja, Trump. Diese Gier. Diese unglaubliche Raffgier. Was der Göring-Onkel für Schätze angehäuft hat. Von den Juden. Aus Holland hat er sich ganze Waggons voll mit Kunst und Möbeln bringen lassen. Meine Oma hat auch einen Waggon bekommen.

    Das heißt, bei Ihnen zu Hause gab es auch noch Möbelstücke von enteigneten Juden?

    Ja, zwei, drei Stück. Ganz tolle Sachen. Als unsere Oma zu uns zog, fielen sie schon ein bisschen auseinander. Ein Sekretär aus Ebenholz mit 150 Handfiguren und Schubfächern. Das andere war ein flämischer Sternenschrank.

    Wo sind die Möbel heute?

    Mein Vater hat sie verkauft, beglich seine Schulden damit. Wir hatten zum Glück nichts mehr damit zu tun nach seinem Tod. Fotos und Ritterorden waren noch da. Wollte ich auch nichts mitzutun haben.

    Haben Sie Antisemitismus in Ihrer Familie wahrgenommen?

    Von meiner Mutti gar nicht. Mein Großvater mütterlicherseits war gegen die Nazis, hat für einen jüdischen Anwalt gearbeitet, der ihm geholfen hat mit der Anzahlung für sein Haus.

    Wusste Ihre Mutter, als sie Ihren Vater geheiratet hat, aus was für einer Familie er kommt?

    Ja, das ist ja das Verrückte. Obwohl diese Mutter-Familie gegen die Nazis war, hat es viel bedeutet, mit einem Göring verheiratet zu sein. Wegen der Klasse. Reiche Familie. Viele wichtige Ämter. Der Urgroßvater Ministerialrat, auch Bürgermeister gab es.

    Sind Sie auch noch so erzogen worden, mit diesem Dünkel, etwas Besseres zu sein?

    Mein Bruder und ich haben sehr dagegen rebelliert, aber ich glaube, so ein bisschen ist er auch bei uns drin.

    Ist bei Ihren Begegnungen mit Angehörigen von Opfern mal jemand wütend geworden Ihnen gegenüber?

    In Israel sind Leute weinend zu mir gekommen, haben sich bedankt. Weil es bis dahin nie vorgekommen war, dass jemand sich bei ihnen entschuldigt hat. Aber eine Frau in meinem Alter konnte eine Entschuldigung von der Göring-Seite nicht akzeptieren. Sie hat ständig dazwischengerufen und musste vom israelischen Sicherheitspersonal rausgeführt werden.

    Und wie waren die Begegnungen mit Angehörigen anderer Nazi-Größen?

    Ich wurde mit Niklas Frank, Rainer Höss, Katrin Himmler und noch zwei anderen verlinkt. Aber persönlich getroffen habe ich nur Rainer Höss. Er wollte mich unbedingt kennenlernen, ist extra nach Wiesbaden gekommen und dann sind wir Kaffee trinken gegangen.

    Sie und der Enkel des Auschwitz-Kommandanten?

    Er hat die ganze Zeit geprahlt, wie viele jüdische Leute er kennt, mit welchem Ministerpräsidenten er per Du ist. Später wurde er als Hochstapler enttarnt. Er ist auch der Einzige, der seine Geschichte an die Israelis verkauft hat, der Geld wollte. Mir wäre das zuwider gewesen.

    Aber mit Ihrem Buch jetzt verdienen Sie Geld, oder?

    Ja, das hoffe ich zumindest. Da stecken zehn Jahre Arbeit drin. Die österreichische Journalistin Melissa Müller hat einen wesentlichen Anteil daran, sie hat die historischen Fakten zusammengetragen und wirklich viel herausgefunden, was ich noch nicht wusste.

    Was zum Beispiel?

    Dass meine Familie einen Deal mit einer jüdischen Familie gemacht hat, Galeristen, sehr vermögend. Sie wurden enteignet, konnten aber nach Südamerika gehen. Die Galerien und Gemälde wurden gegen eine Viehzucht in Venezuela, die einem Teil der Göring-Familie gehörte und nicht viel wert war, getauscht. Die Großmutti, meine Oma, ist zum Hermann gegangen, hat gesagt, die wollen raus. Der gute Onkel hat den Deal gemacht.

    Warum haben Sie so lange an dem Buch gearbeitet?

    Es war schwierig zu schreiben, aber auch zu verkaufen. Zu brisant, zu gefährlich, nicht gut genug geschrieben, hieß es. Eine Münchner Agentin, mit der wir uns getroffen haben, ist überhaupt nicht auf das Thema angesprungen. Der Droemer-Verlag hat dann gesagt, wir machen das.

    Wie ist es für Sie, es jetzt in Deutschland vorzustellen?

    Das Timing ist gut für meine Botschaft: Nie wieder.

    Sehen Sie Parallelen zu heute?

    Die Weimarer Zeit war viel schlimmer. Wir reisen ja viel herum und stellen immer wieder fest, wie gut es den Deutschen geht. Fahren Sie mal nach Thailand oder in arme Gegenden der USA! Aber die Verunsicherung ist ähnlich, die Leute wittern überall Lügen. Lügenpresse, den Begriff haben schon die Nazis verwendet. Zu sagen, alles, was wir nicht mögen, ist gleich eine Lüge. Sie lesen keine Zeitung mehr, sondern suchen in den sozialen Medien nach Positionen, die ihren ähnlich sind. Das hat oft etwas religiös Fanatisches. Die AfD nutzt das für sich aus.

    Also ist die Vergangenheit nicht vorbei für Sie?

    Die ist nie vorbei.

    –---

    Bettina Göring wurde 1956 in Wiesbaden geboren. Ihre Oma väterlicherseits war die Schwester von Hermann Göring, der 1941 den Befehl zum Völkermord an den europäischen Juden gab. Bettina Göring floh mit 13 aus dem Elternhaus, lebte in Südamerika, den USA und Thailand, arbeitet als Heilpraktikerin. Ihre Familiengeschichte arbeitete sie in Dokumentationen und Begegnungen mit jüdischen Überlebenden auf. Ihr Buch „Der gute Onkel: Mein verdammtes deutsches Erbe“ ist im Droemer-Verlag erschienen.

    #histoire #nazis #famille

  • Ostfrau erster Generation: Selbstbewusst zwischen Traumberuf, Kindern und Karrieremann
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/ostfrau-erster-generation-selbstbewusst-zwischen-traumberuf-kindern


    September 1984: Fidel Castro plaudert privat mit Konrad „Konni“ Naumann (l.). Fidel redet und redet. Irmingart Lemke (r.) dolmetscht und folgt dem Comandante bis in die Fingerbewegung.


    Irmingart Lemke als Sprachmittlerin zwischen Luis Corvalán (l.) und Erich Honecker

    14.4.2024 Maritta Adam-Tkalec - Wie die Dolmetscherin Irmingart Lemke den Dreikampf des Lebens bewältigte und wie sie Männer wie Fidel Castro und Erich Honecker erlebte.

    Ein Mädchen aus Bülzig macht 1955 Abitur in Wittenberg, und anstatt risikoarm und ortsverhaftet Lehrerin zu werden, erhält sie unerwartet die Chance, Spanisch und Englisch zu studieren statt Russisch. 20 Jahre später erklimmt sie die Höhen des Dolmetscherfachs. Sie übersetzt offizielle und – viel interessanter – informelle Treffen mit Fidel Castro und DDR-Spitzenpolitikern. Sie weiß von Erich Honecker und seiner Frau Margot, der DDR-Bildungsministerin, aus dem Nähkästchen zu plaudern.

    Viele Delegationen hat sie auf Reisen ins sozialistische Kuba, nach Spanien und Lateinamerika als Dolmetscherin begleitet – ein Traum für eine junge Frau aus der DDR. Aber sie war eben einfach gut in ihrem Fach.

    Irmingart Lemke, geboren 1937, hat neben dem anspruchsvollen Beruf eine Tochter und einen Sohn großgezogen und den Haushalt für einen ebenso viel beschäftigten wie viel abwesenden Mann bewältigt, einen passionierten Außenhändler, der in den letzten DDR-Jahren zum stellvertretenden Außenhandelsminister aufgestiegen war. Eine Ostfrau der ersten Generation. Wie hat sie das gemacht? War das eher Last oder mehr Lust? Und was hat sie von den Begegnungen mit charismatischen Welt-Persönlichkeiten wie Fidel zu erzählen?
    Fidel Castro privat: Wie der Comandante ein Nashorn erledigte

    Ihre Lieblingsgeschichte bestätigt, was man über den kubanischen Revolutionsführer, Partei-, Staats- und Regierungschef Kubas so hörte. Sie geht so: Konrad Naumann, Konni, volkstümlicher SED-Parteisekretär der DDR-Hauptstadt, reiste vom 6. bis zum 14. September 1984 nach Havanna, Irmingart Lemke an seiner Seite. Sein Gegenüber war der Bürgermeister Havannas, aber: „Keiner durfte heimkommen, ohne nicht wenigstens einen kurzen Termin bei Fidel Castro nachweisen zu können, sonst galt die Reise als nicht richtig erfolgreich“, erinnert sich die Dolmetscherin.

    „Soll der Mann im Haushalt helfen?“

    Tatsächlich hatte Konrad Naumann seinen offiziellen Termin beim Revolutionsidol in dessen Palast der Revolution; man redete unter anderem über den Nato-Raketenbeschluss: „Konni Naumann tat so, als wisse er viel mehr als andere über die Stationierung; Fidel wusste gar nichts.“

    Am späten Abend rollte eine Autokolonne vor die Residenz der DDR-Delegation. Ins Haus trat der bärtige Comandante sehr entspannt in seiner Arbeitskleidung, der grünen Uniform. Er wolle mehr erfahren, sagte er, um dann unablässig selbst zu sprechen. Er lud alle – auch das Küchenpersonal – zum Zuhören ein.

    Irmingart Lemke hat unter die Bilder in ihrem Fotoalbum geschrieben: „Er redete und redete“ – über die Vorbereitung der Expedition mit der „Granma“ (das Schiff, das die ersten 82 kubanischen Kämpfer 1952 von Mexiko nach Kuba brachte) und wie sie die Gewehre besorgt hatten. Oder die Macho-Schnurre à la Hemingway von einem Nashorn, das beim Umzug des Zoos von Havanna vom Auto gesprungen war und er, der Comandante en jefe, das Tier persönlich „erledigte“. Angeregt plauderte Fidel über Treibjagden, die der damalige sowjetische Staats- und Parteichef Nikita Chruschtschow für ihn organisierte oder über das Gämsenschießen in der ČSSR.

    Die Dolmetscherin hatte zu tun. Man muss eine sehr strapazierfähige Stimme haben in diesem Beruf und eine noch stabilere Konzentration – zumal beim Simultandolmetschen. Drei Stunden ging das so, Fidel immer die Havanna-Zigarre in der Hand. Dann stand er auf und teilte gut gelaunt mit, er habe sich „wunderbar entspannt im Kreise von Freunden gefühlt“.

    Irmingart Lemke war schwer beeindruckt: „Er war enorm locker, natürlich auch ein Selbstdarsteller, aber man konnte sich der Ausstrahlung nicht entziehen.“ Und sie war stolz, dass Fidel sie als Dolmetscherin zugelassen und nicht den mitgebrachten eigenen gewählt hatte. Im Nachhinein wertet sie Fidel als tragische Persönlichkeit mit historischer Bedeutung, die ihr Leben lang für die Verwirklichung einer Vision gekämpft habe, die sie wohl im hohen Alter selber als „so, wie versucht, nicht realisierbar“ erkannt habe.

    Aber zurück zu den Anfängen. Die Geburt der Tochter, ein ungeplantes Kind, bremste zunächst den Start in den Beruf. Anfang der 1960er stand den Paaren die Pille noch nicht zur Verfügung, die kam 1965. Auch Krippen waren selten. „Da saß ich mit dem Kind zu Hause und sah jeden Morgen Frauen und Männer zur Arbeit gehen.“ Sie empfand das als eine harte Zeit: „Ich hatte die Ausbildung, ich wollte arbeiten. Der Wunsch hat uns – ohne jede Ideologie – geprägt“, erinnert sie sich: „Wir waren eben eine neue Generation.“ Der Beruf als Dolmetscherin – als Dienstleisterin – habe perfekt zu ihrem Charakter gepasst.
    Wie die DDR „eigentlich alles“ an Kuba verschenkte

    Sie hatte allerdings zu jener Zeit schon eine erste, zum Süchtigwerden taugende Erfahrung: An ihrem ersten Arbeitsplatz, einem Außenhandelsbetrieb, waren 1960, kurz nach der Revolution, die ersten Kubaner aufgetaucht und baten um Hilfe. Die Berufsanfängerin wurde zum Dolmetschen in den Bereich Feinmechanik-Optik gebeten („Da saß mein späterer Mann und hat mich umgehend abends zum Essen eingeladen“) und kurz darauf ging es mit einer Gruppe von Ingenieuren und Händlern (darunter ihr späterer Mann) nach Kuba –„ein absolutes Wunder“, sagt sie.

    Was für Wege man damals flog! Über Amsterdam, die kapverdische Insel Sal und das karibische Curaçao nach Havanna. Sie erlebte, wie die DDR an das junge Kuba „eigentlich alles verschenkte“: Straßenbaumaschinen, Krankenhausausrüstung, Zusagen auf Kredit. Mit hochfliegenden Gefühlen spazierte sie durch Havanna, ihre erste große Stadt außerhalb der Heimat. Auf der Treppe der Uni hörte sie die flammende Rede eines jungen Mannes: „Ich hatte keine Ahnung, dass das Fidel Castro war.“

    Dann saß sie wieder im Ost-Berliner Büro, übersetzte „brav und mühsam mit Wörterbuch, jede Seite maschinengetippt, drei Durchschläge mit Blaupapier“. Das Kind kam, sie fand, es war zu früh. Der wenig geliebte Ausweg: „Was man heute Homeoffice nennt und damals Heimarbeit hieß.“ Ein Kollege brachte zu übersetzendes Material in die AWG-Neubauwohnung in Friedrichsfelde und holte es fertig wieder ab. Etwa vier Jahre lang ging das so. Das Kind saß neben ihr im Ställchen. „Das war Stress.“

    Hat sie mit ihrer Situation gehadert? „Ja, ich dachte schon, dass ich gerade zu kurz komme.“ Und dann kam „der Lichtblick“: Gamal Abdel Nasser, der erste Präsident des unabhängigen Ägyptens, hatte DDR-Chef Walter Ulbricht eingeladen. Es ging um Handelsverträge. So reiste Irmingart Lemke im Februar 1965 nach Kairo und übersetzte auf der Reiseschreibmaschine. Sie sah die Pyramiden – Ulbricht und Nasser leider nicht.

    Angesichts der zweiten Schwangerschaft und der Perspektive, weiter zu Hause zu hocken, beschloss sie: „So geht’s nicht weiter.“ Sie drängte ihren Mann, der eine Karriere in seinem Betrieb in Aussicht hatte, für beide „was im Ausland“ zu suchen. Wo man Spanisch spricht, das konnte der Außenhändlergatte nämlich auch ganz ordentlich.
    Ausnahmeleben in Havanna

    So kam er als Handelsattaché nach Kuba und sie als fest angestellte Mitarbeiterin der Dolmetscherabteilung des Außenhandelsministeriums. Die vierjährige Tochter ging in den deutschen Kindergarten, das sechs Monate alte Baby wurde in die Obhut einer jungen Kubanerin gegeben. „Sie war den ganzen Tag bei uns, gewissermaßen eine Haushälterin, froh über den Verdienst. Ein unglaublicher Luxus.“

    War es schwer, den Mann zu überzeugen, seiner Frau zuliebe die Laufbahn zu ändern? „Das hat gedauert“, sagt sie, „aber letztlich hat er positiv reagiert.“ Eine partnerschaftlich getroffene Entscheidung. 1965 – das war zwölf Jahre, bevor in der Bundesrepublik das Gesetz aufgehoben wurde, das Frauen die Arbeitsaufnahme nur nach Genehmigung durch den Gatten erlaubte.

    Freundschaften und Spannungen bei Intertext

    Als wunderbare Zeit erlebte sie die Jahre in Havanna, nur dass sie sich immer wieder für Empfänge schick aufbrezeln musste: „Das war nicht mein Ding.“ Fotos zeigen die junge Irmingart Lemke mit einer feschen blonden Kurzhaarfrisur, eine attraktive, sportliche Frau. Offenkundig aufs Praktische orientiert.

    Nach drei Jahren folgte der Ehemann einem Ruf in sein künftiges Ministerium. Sie landete beim parteieigenen Sprachmittlerbetrieb Intertext, Anfang der 1970er wurde die Abteilung Auslandsinformation geschaffen, für alle Weltsprachen. Ihr unterstanden 15 bis 20 Leute der Spanischgruppe, darunter Muttersprachler, ins DDR-Exil geflüchtete Chilenen zum Beispiel. „Da entstanden viele Freundschaften“, sagt die damalige Gruppenleiterin. Spannungen habe es allerdings auch gegeben – zwischen jenen, die reisen durften, und den anderen.

    Jetzt begann das Dolmetschen auf politischer Ebene: Damals kamen viele Persönlichkeiten aus Lateinamerika in die DDR, Menschen wie Luis Corvalán, Generalsekretär der KP Chiles, nach langer Haft in Pinochets Gefängnis freigekämpft, und seine Frau Lily oder Rodney Arismendi, Chef der KP Uruguays, „ein Intellektueller, beeindruckend“. Etwa 40 Gespräche dieser Kategorie mit Erich Honecker hat Irmingart Lemke gedolmetscht.

    Wie war das mit Erich Honecker? „Eine sehr einfache Sprache, meist Floskel an Floskel, leicht zu übersetzen, aber langweilig.“ Sie hat den Mann, der mehr als zwei Jahrzehnte die Geschicke der DDR bestimmte, als höflichen, aber sehr steifen Menschen erlebt, der, so vermutet sie, seinen Mangel an Bildung und die folglich „dünne Sprache“ durch Förmlichkeit überspielte.

    Die beiden Kinder waren inzwischen als Teenager selbstständig genug und ganz froh, dass nicht ständig einer zu Hause war. Beklagt hätten sie sich nie, nur der Sohn habe dem Vater mal vorgeworfen, er sei zu wenig da. „Sie haben sich beizeiten ein eigenes Leben gebaut.“ Doch der Haushalt klebte im Wesentlichen und recht traditionell an der Frau: „Wenn ich eine Woche auf Reisen war, füllte sich der Wäschekorb, da wurde nur das Allernötigste gemacht.“ Aber die Kinder profitierten auch von den Reisen der Mutter. Die sparte sich nämlich das zur Verpflegung gedachte Tagegeld (in Devisen) vom Munde ab und brachte begehrte Schallplatten oder schicke Klamotten mit.

    Jetzt ist Irmingart Lemke 86 Jahre alt, pflegt den Garten um das Häuschen in einem Berliner Vorort. Der Sohn ist ein erfolgreicher CEO, die Tochter lebt in Chile, deren Tochter bereitet sich auf ein Informatik-Studium in Potsdam vor. Die frühere Dolmetscherin hat ihre Erinnerungen in Alben geordnet. Wie oft wohl ihr blonder Schopf neben den Männern auf der Seite 1 des Neuen Deutschland war – und damit auch in der Berliner Zeitung? Natürlich ohne Namensnennung – wer kennt schon die Dolmetscher? Immerhin verdiente sie sich den Vaterländischen Verdienstorden in Bronze (1987) und den Orden Banner der Arbeit Stufe III (1984). Diese Information muss man im Archiv suchen, ihr selbst ist das nicht der Rede wert.

    Zu Besuch bei Honeckers in Chile

    Als die Lemkes nach der Wende regelmäßig zur Tochter nach Chile flogen, besuchten sie dort auch die Honeckers. Irmingart hatte auch für die als arrogant geltende Margot gearbeitet, sie zum Beispiel nach Nicaragua begleitet. Im persönlichen Umgang sei sie gar nicht hochnäsig gewesen, aber bis zum Schluss vom bevorstehenden Sieg des Kommunismus überzeugt.

    Beim ersten Besuch in dem kleinen Häuschen in Santiago lebte Erich Honecker noch: „Er kam im eleganten Morgenmantel herbei und scherzte, er bekäme mehr Rente als seine Frau, weil er ja schon als 14-Jähriger gearbeitet habe.“ Er sei freundlich, aber kühl und unpersönlich geblieben, auch im Umgang mit den Chilenen, denen er doch eigentlich nahestand. Die Margot, so berichtet die Besucherin, sei ihrem Enkel eine gute Oma gewesen.

    Rückblickend sagt Irmingart Lemke: „Ich bin meinem Mann und seiner beruflichen Entwicklung gefolgt“, allerdings mit wachsendem Selbstbewusstsein. In der nächsten Generation gab es Pille, Krippen, Kindergärten; qualifizierte Frauen waren keine Seltenheit mehr. Aber sie führten dieselben Diskussionen. Heutige Paare handeln ihr Leben mit größerer Selbstverständlichkeit aus: Wer steckt wann zurück, wer bringt den Müll runter, wer geht zum Elternabend? Die Ergebnisse des Aushandelns haben sich zugunsten der Frauen verschoben. Hoffen wir mal.

    #DDR #Cuba #Chili #histoire #femmes #socialisme #langues

  • Japanese Red Army - FIlms
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Japanese_Red_Army

    Sekigun – PFLP. Sekai Sensō Sengen, Red Army – PFLP: Declaration of World War, 1971, shot on location in Lebanon, produced by Kōji Wakamatsu. Patricia Steinhoff translates its title Manifesto for World Revolution which makes perhaps more sense. A propaganda film for the Red Army sympathisers in Japan.

    One of the people showing the film around Japan with the producer was Mieko Toyama, a close friend of Fusako Shigenobu. She was murdered in the winter training camp massacre.

    Jitsuroku Rengō Sekigun, Asama sansō e no michi, United Red Army (The Way to Asama Mountain Lodge), 2007, shows the horrors of the United Red Army winter camp, but also the history of the militant Japanese student movement. See also United Red Army (film)
    Suatu Ketika... Soldadu Merah (Once Upon A Time... Red Soldier), an 8 episode Malaysian TV drama series based on the Japanese Red Army attack in Kuala Lumpur, Malaysia 1975. Produced by NSK Productions (Malaysia), the series was shot in 2009 and currently airs on Malaysia’s local cable channel, ASTRO Citra 131. Read Hostage Drama article by TheStar newspapers.
    In 2010, Fusako Shigenobu and Masao Adachi were featured in the documentary Children of the Revolution, which tells the story of Shigenobu and the Japanese Red Army through the eyes of Mei Shigenobu.
    In the 2010 French-German TV Film Carlos, members of the Japanese Red Army feature when they stormed the French Embassy in The Hague and associating with the PFLP and the German Revolutionary Cells.
    The 2011 Bangladeshi film The Young Man Was, Part 1: United Red Army by visual artist Naeem Mohaiemen is about the 1977 hijacking of JAL 472 and the subsequent consequences inside Bangladesh.
    Rabih El-Amine’s documentary Ahmad the Japanese, Lod-Roumié-Tokyo made in 1999 tells Okamoto’s story from the perspective of five major personalities that knew him in Beirut.
    Philippe Grandrieux and Nicole Brenez’s documentary Masao Adachi. Portrait – First episode of the collection The Beauty May Have Strengthened Our Resoluteness, 2012, shot on location in Tokyo, which tells the daily life of Adachi and his reminiscences.

    #Japon #Liban #histoire #terrorisme #gauchisme #cinéma

  • Review: Coed Revolution: The Female Student in the Japanese New Left
    https://unseen-japan.com/review-coed-revolution-the-female-student-in-the-japanese-new-left


    Female University of Tokyo student activists on the march. They bear with them “Gewalt” staves (ゲバルト棒). 1969.


    Activists bear the image of the deceased Kanba Michiko. Kanba perished during a 1960 clash between anti-US-Japan Security Treaty activists and Japanese police. Her death made her a martyr, although Coed Revolution details how her posthumous popular image as a virgin sacrifice for democracy eschewed her own views on politics.


    A 1960s poster for a student festival at the University of Tokyo. The activists who created the poster invoke the image of a martial Yakuza outlaw, including the line “to where shall Male Tokyo Univesity go?”


    Shigenobu Fusako, leader of the international terrorist group the Japanese Red Army. This picture shows Shigenobu while operating in Lebanon alongside the Popular Front for the Liberation of Palestine.

    #Japon #histoire #féminisme

  • Last Stand: The Hostage Crisis That Ended Japan’s Red Army
    https://unseen-japan.com/red-army-asama-sanso-lodge

    The disintegration of a far-left paramilitary group led to a standoff that was watched on live TV by 90% of the country - and that changed Japanese politics for decades.

    It was February 19th, 1972. Muta Yasuko, wife of the caretaker of the Asama-Sanso lodge near Karuizawa, Nagano Prefecture, was terrified.

    She lay against a wall, her hands and legs tied. Five ragged men ransacked the lodge whose upkeep she had put so much work into. They ripped up the tatami flooring and upended the furniture, using every available item to barricade the doors and windows. One of the intruders had commented on the copious foodstuffs found in the lodge’s pantry. It was clear they were here for the long term.

    Twenty-five-year-old Bando Kunio had taken on the most active role amongst the bunch. He had been relieved to find no one else in the lodge.

    He and the four others were members of Japan’s violent far-left radical student group, the recently-christened United Red Army.

    Table of Contents

    The Crisis Begins
    An attempt at glory goes wrong
    The Battle Intensifies
    Psychological warfare
    The Last Stand
    The end of the assault
    The Fall of the Red Army
    Proper punishments?
    The fate of the hostage
    The end of the URA…and the beginning of the JRA
    Next In This Series
    Previously In This Series
    Sources

    The Crisis Begins

    Their organization had been born in the heady and chaotic days of the late 1960s. Students were enraged by curtailments on the new democratic rights granted to Japanese citizens following World War II. They were further frustrated by Japan’s tacit involvement in American-led imperialistic military action in Vietnam and other parts of the world.

    Hundreds of thousands of young Japanese university students had taken to the streets. At first, there was mass support from the Japanese population for these large-scale protests. But as violence rose, the police cracked down, and many far-left student groups were pushed underground.

    The Red Army Faction was the URA’s parent organization and the brainchild of the international revolution-minded Shiomi Takaya. It had made a name for itself by attacking police officers. The group also committed Japan’s first airline hijacking, commandeering a Japan Airlines flight and forcing it to fly to North Korea.

    Notoriety led to greater police surveillance and rounds of arrests. Soon, the Red Army Faction found itself left in the hands of hapless member Mori Tsuneo. A need for weapons led Mori to merge his crew with a separate group led by the sadistic Nagata Hiroko.

    Their new joint group, the United Red Army, experienced growing pains. One of the Mori’s best and brightest, Shigenobu Fusako, left Japan to form an international terrorist wing of the Red Army in Lebanon.

    Back in Japan, Mori and Nagata convened a training camp for their radicals at an isolated cabin in the depths of the snowy mountains of Gunma Prefecture. He chose the location partially to hide out from police. There, amidst the heightened emotions and intensive rhetoric of self-criticism, meant to inspire revolutionary zeal, something unbelievably grotesque had occurred.
    Murder and flight

    The gathered United Red Army members committed a heinous and horrific purge of their membership. They tortured and killed twelve of the twenty-nine individuals there assembled. With their comrades now buried in cold, shallow graves, the surviving core membership of the Red Army had fled the encroaching police, taking flight into the mountain passes on foot.

    Bando’s crew included Sakaguchi Hiroshi. Sakaguchi was the recently spurned husband of United Red Army leader Nagata. She had just announced her intended marital union with her co-leader, Mori, only days before the two were arrested attempting to link up the rest of their fleeing entourage.

    There were also the two surviving Kato brothers. Both had participated in the murder of their older brother in the URA bloody purge. They split off from the rest of the fleeing URA survivors as they neared the border with Nagano Prefecture.

    The police had been close behind. Bando and Sakaguchi had spied officers clambering through the snow in the pass below them and had unloaded bullets in their direction before continuing their flight.
    A Fateful Decision

    Nearing the mountain resort town of Karuizawa, Bando had thought to steal a car at gunpoint. But the sight of a strange, almost fortress-like building had changed his mind.

    When he and his men had entered the three-storied, arrow-shaped lodge and discovered only Mrs. Muta to be present, Bando made up his mind. There could be no better spot for a last stand than a fortified building clinging to the side of a mountain which, like some medieval castle, commanded the heights.

    In the valley below, the police amassed. The officers they had shot at had called in reinforcements. The revolutionaries’ intrusion into the lodge had not gone unnoticed.

    Unknown to Bando or his crew, the leaders of their movement had just been arrested in Gunma. And police had apprehended four of their fellow escapees at a nearby train station. The stench and bedraggled appearance of the rugged radicals had caused a newspaper stand owner to connect the dots to the stories in the papers she sold. The police arrived shortly after she called them.

    The First Victim

    Back at the Asama-Sanso lodge, tensions were rising. There were now well over a thousand specialized riot police who had gathered at the scene. They stood in long, dark rows, the black of their helmets and flack jackets contrasting with the white snow.

    Armored trucks had managed to snake their way up the mountain path as well, creating a natural barrier behind which the police could take cover. They stationed sharpshooters on the ridges. Other cops set up roadblocks to prevent any possible escape.

    Then there were the news crews, covering what was becoming an unbelievable story. The images they streamed into Japanese living rooms almost non-stop would go on to have great effects on Japanese society. Some cultural critics think that iconic images of the waiting riot police slurping down instant ramen helped popularize it as an emergency foodstuff.

    Occasionally, gunfire would ring out from the lodge as the police encroached too near. The hostage’s husband watched it all with mounting anxiety. He had been out showing the lodge guests around at the time when the United Red Army had chosen his hotel to make their last stand.

    He worried for his anemic wife. And he begged time and again to the police to let him switch places with her. But the radicals in the lodge never responded.
    An attempt at glory goes wrong

    The unchanging monotony of the standoff was soon shattered. Tanaka Yasuhiro, a young snack bar owner from neighboring Niigata Prefecture, had been moved by the near-constant media coverage of the ongoing hostage crisis.

    Inspired in a way that seemed almost manic, he made his way to the scene. There, he attempted to push his way through the police line. The police, of course, would have none of this civilian interference and arrested him.

    But when he was released later that day, Tanaka simply decided to try a different method. Climbing the slopes north of the lodge, he ran onto the scene. Somehow, he managed to sprint through police barricades before they could stop him. He bore with him a bento box, perhaps hoping to open a line of communication with the radicals by ingratiating himself with them.

    Alas, he had seriously misread the situation. As he tried to push the box through a small opening into the building, a shot rang out. He staggered backward.

    The hostage-takers had shot him in the head.

    The injury proved fatal. Tanaka, who had perhaps dreamed of somehow becoming a hero, instead became the first casualty of the Asama-Sanso Incident.

    The Battle Intensifies

    On the third day of the hostage crisis, February 21st, the police were becoming anxious. They’d made little progress. The radicals had managed to kill one manic civilian and shoot two police officers non-fatally. The entire Japanese public was watching, waiting for them to act.

    Authorities cut the lodge’s heat and water, which had formerly been left on for the sake of the comfort of the hostage. As the interior of the lodge became more frigid and inhospitable, the parents of some of the radicals were brought in. (Unknown at the time was that the child of one of these parents had already been killed in the purge). The parents, horrified by what their progeny were engaged in, used loudspeakers to implore their children to come to their senses. No response was forthcoming.

    On the fourth day, the police used force. Two armored vehicles moved in on the lodge. Police crouched behind them and fired tear gas through the building’s windows. The hostage-takers, holding rags to their mouths, fired at the police. They took cover as bullets whizzed by and ricocheted off their vehicles.

    Psychological warfare

    The police backed off. But by night they began employing a new tactic: psychological warfare. Loudspeakers blared disturbing noise, preventing sleep. Recorded sounds of chainsaws, protests, sirens, and more.

    The sounds would persist and then suddenly stop, only to start up again once enough time had passed to allow the targets to perhaps drift to sleep. (This sort of sleep torture is reportedly still being used as a Japanese police interrogation method. That may help explain high conviction rates in the country). Later, they employed floodlights to turn the night skies to day and a baseball pitching machine that would pelt rocks at the building to keep the occupiers from getting any rest.

    The next morning, untimely winds that blew away smoke screen cover foiled an attempted invasion by a brigade of policemen. They switched out their initial plan for one in which they aimed high-powered water hoses at the living quarters of the lodge. The jets of water burst forth, smashing through windows, knocking over barricades, and inundating the rooms.

    Tear gas canisters followed. The noxious fumes pushed the hijackers deeper into the recesses of the building.

    As night fell and the water inside the lodge froze solid, the assault of sound and noise began again.

    The Last Stand

    Finally, the morning dawned on February 28th, the tenth day of the hostage situation. The loudspeakers blared a few final pleas to the radicals to lay down their arms. As always, there was no response.

    Ambulances arrived at the scene in preparation for what was about to ensue. Police piled protective sandbags had been piled high into the air. They also strung a net in front of the building entrance to prevent the throwing of grenades from within the lodge.

    At last, the final order came in. The assault commenced.

    As the police approached, the radicals let loose a volley of bullets. The police took cover as water jets were shot back into the building.

    Next came the wrecking crew. They moved a crane laboriously into position and swung its wrecking ball directly at the entrance of the building, completely demolishing it.

    Other police leaped forward with chains and hacksaws, creating openings in the lower floors. A special police task force brought up from Tokyo entered through the newly made openings. They faced no opposition on the first, ruined floor.

    As the Tokyo police made their way to the stairs, a shot rang out from above, though not aimed at them. One of the radicals had spotted a police superintendent in the valley below who had been motivating his men from outside of cover. The revolutionaries had shot him squarely in the eye. The United Red Army had killed its first police officer.

    As the officers inside the lodge cleared the second floor and ascended to the third, another officer was shot dead as he peered around a corner. His fellows now un-holstered their guns.
    The end of the assault

    The assault had now lasted five long hours. In homes across Japan, viewers sat on the edges of their seats, awestruck at the country’s first-ever marathon live television broadcast. By 6:26 PM, viewership rankings for the broadcast would reach an unheard-of 89.7% of houses with televisions. The entire country stood in rapt attention.

    A handmade incendiary exploded near the invading police, injuring over ten of them, although not fatally. Finally, the officers on the top floor breached the last of the barricades and apprehended one of the Kato brothers.

    The remaining four radicals were buried under a pile of protective futons in the final room, still brandishing weapons. As the police approached them, Bando shot the closest officer in the eye. The man staggered over, but incredibly, he would survive. In the chaos, the other police leaped at the radicals.

    When the dust had settled, all five hostage-takers were in handcuffs. The siege of Asama-Sanso had ended. Muta Yasuko had been saved.

    The Fall of the Red Army

    So ended the dark saga of the United Red Army. The organization spawned by the mind of the founder of its parent organization, Shiomi Takaya, would cease to plague Japan.

    By the time the bodies of the twelve purged youth had been discovered at the foothills of the mountains in Gunma, popular sentiment in Japan had been turned away not only from violent activists, but also from political activism in general. The JAL hijacking, the purges, the siege of Asama-Sanso – all shook Japan to its core. It was clear that there would be a great deal of soul-searching in the offing.

    Japan’s Minister of Education spoke up following the disinterment of the bodies. He harshly criticized the teachers and professors of Japan for failing their youth by creating a system in which such violence had been allowed to fester. Universities were no longer to be a place of radicalization. Rather, they were to take their intended form as a stepping stone to careers and life employment within the ordered system of Japanese society.

    Proper punishments?

    In the eyes of the public, the judicial sentencing that soon followed for the radical perpetrators of these crimes befitted the evil that had occurred. Nagata, Mori, and Sakaguchi were all sentenced to death. Mori committed suicide a year later, strangling himself with a bed sheet in his prison cell.

    The other two had trials and appeals that continued for decades and held off their final days of judgment. Nagata passed away of brain cancer while still imprisoned in 2011, four decades after she led her grisly purge. Her husband, Sakaguchi, remains alive. As of 2019, he is still awaiting execution.

    Bando Kunio, who led the five invaders into the Asama-Sanso lodge, and who killed a policeman in the ensuing battle, was spared death. But he still received an extremely long jail sentence. His father, upon seeing confirmation that his son had been one of the hostage-takers on TV, immediately committed suicide. Despite his jail sentence, Bando’s days in the revolutionary field were far from over.

    The fate of the hostage

    The hostage from the Siege of the Asama-Sanso Lodge, Muta Yasuko, returned to her daily life. Her captivity granted her national fame. Her picture had been broadcast innumerable times during the event. And she broke the previous modern Japanese record for hours taken hostage many times over.

    However, she declined all requests for interviews after her initial rescue. She claimed her captors had treated her kindly, despite tying her to a bed. One had even given her an omamori, a temple charm, that he said would help keep her safe.

    The end of the URA…and the beginning of the JRA

    With the vast majority of their core membership dead or imprisoned, and having lost even an ounce of public support, the United Red Army ceased to exist. Japan’s police force was increasingly militarized, skilled, and vigilant. With no public backing, groups like the URA could no longer functionally operate in Japan.

    After twenty years, the mass student movement in Japan had come to a horrifying, distressing end. The youth of Japan remain apathetic to politics. Their civic engagement remains low. The shock caused by the URA is just one among many phenomena that led to these trends. But it’s one that’s hard to ignore.

    And yet, despite all this, the movement that began with the Red Army Faction had not yet been snuffed out. In faraway Lebanon, Shigenobu Fusako was still fighting for her cause, more passionate than ever. Soon she would have a small militia of hardened, trained revolutionaries to call her own.

    Escaping the chaos and self-destruction of the United Red Army in Japan, Shigenobu was about to emblazon the name of her movement across the world. She would do so by turning to terrorism of a type her revolutionary brothers and sisters back in Japan could barely imagine. For the next two decades, she would make the imperialist world fear the name of the Japanese Red Army.

    Sources

    Steinhoff, Patricia G. “Hijackers, Bombers, and Bank Robbers: Managerial Style in the Japanese Red Army.” The Journal of Asian Studies, vol. 48, no. 4, 1989, pp. 724–740.

    Farrell, William R. “Blood and Rage: The Story of the Japanese Red Army.” Lexington Books, 1990.

    「山岳ベース事件」。フリー百科事典『ウィキペディア(Wikipedia)』。https://ja.wikipedia.org/wiki/山岳ベース事件

    「あさま山荘事件」。フリー百科事典『ウィキペディア(Wikipedia)』。https://ja.wikipedia.org/wiki/あさま山荘事件

    #Japon #histoire #terrorisme #gauchisme

  • Shigenobu Fusako, Japanese Red Army Leader, to be Released from Prison this Month – About That Life in JAPAN
    https://aboutthatlife.jp/shigenobu-fusako-japanese-red-army-leader-to-be-released-from-prison-t

    As May of 2022 dawns, Shigenobu Fusako – former leader of the now-defunct international Japanese Red Army – is closer to freedom than ever before.

    Shigenobu was first detained some twenty-one years ago, in November of 2000. By that point, she’d been on the run from Japanese and international authorities for decades, having spent years in hideouts around the Middle East. Shigenobu’s sudden arrest in Osaka, where she’d lived after entering the country using a fake passport, was major news; after all, Shigenobu had been the elusive international face of Japan’s most infamous terrorist group.

    The Japanese Red Army had gone quiet after 1988, following one last bombing attack on a USO club, which killed five; in that same month, JRA operative Kikumura Yu had been arrested on the New Jersey Turnpike, the trunk of his rental car full of explosives. Since then, the once-prolific terrorist group had faded from world headlines. Then, in 2000, Shigenobu Fusako – the “mistress of mayhem” – was suddenly back in the public spotlight.

    Now, after two decades in a Tokyo prison, Shigenobu is set to be quietly released, whereupon she will be able to live a free life in her home country for the first time since the 1970s. Her release is scheduled for May 28th.


    For a more detailed take on Shigenou’s history, watch our video on her creation of the international JRA and the Lod Massacre.

    Shigenobu Fusako: “Mistress of Mayhem”

    Shigenobu came of age during the tumultuous post-war years in Japan. A time of great change, the 1950s and 1960s saw a massive surge in public participation in protest culture against the Japanese state. While publically popular among various demographics, the beating heart of this movement was found on college campuses. Major rallying points included opposition to the US-Japan Joint Security Treaty (AMPO), the Vietnam War, and Okinawa’s then-ongoing occupation by the US military.

    By the time she was of university age, Shigenobu Fusako – socially-minded since her youth – came under the influence of radical student leftist Shiomi Takaya, then-leader of the Red Army Faction. Shiomi’s RAF was on the violent fringe of the mass student leftist movement of the 1960s and 70s. She quickly rose to become the only woman on the Red Army Faction’s Central Committee. When Shiomi was imprisoned following the discovery of a plot to kidnap the prime minister, the RAF merged with another fringe group to form the United Red Army. In 1971, Shigenobu, a Shiomi disciple who believed in internationalist revolution and who disliked the direction the URA was heading, used the opportunity to flee Japan and the watchful eye of the Japanese police. Her goal was to take the pedestrian domestic actions of the Red Army in Japan global. In Lebanon, she formed the international Japanese Red Army alongside the Popular Front for the Liberation of Palestine.

    Back in Japan, the United Red Army collapsed in a horrific fit of self-directed violence, ending with a ten-day-long standoff with police in a besieged mountainside inn. The domestic reaction to the URA self-purge and hostage situation spelled the end of popular support for the New Left in Japan. Abroad, however, Shigenobu would seemingly lead her Japanese Red Army on nearly two decades of headline-stealing mayhem: high-profile hijackings, bombings, hostage-takings, and killings. Perhaps the most infamous of these attacks was the 1972 Lod Airport Massacre; three Japanese JRA members disembarked from an Air France airplane at Israel’s Lod Airport and, wielding machine guns and grenades, began an attack that would leave 26 dead and over seventy wounded, some grievously. The majority of those killed were Christian Puerto Rican pilgrims.

    A Wanted Woman

    INTERPOL added Shigenobu Fusako to their wanted list following the JRA’s 1974 French Embassy attack in The Hague. From that point onwards, Shignobu was wanted by Japan, Israel, and much of the international community at large. In Japan, the JRA’s activities abroad had caused much embarrassment and stress for the government; in Israel, the Mossad wanted to track down the masterminds behind the Lod Massacre.

    In Lebanon, Gaza, the West Bank, and beyond, however, Shigenobu was a hero who had put her own life at risk in order to help liberate Palestine. Despite her wanted status, Shigenobu, living out of various PFLP staging and refugee camps, continued to act as spokesman for the JRA, appearing on Arabic-language TV and in Japanese-language JRA propaganda and carefully curated media interviews. During this time she gave birth to a daughter, Shigenobu Mei, who would grow up among the refugee camps.

    Indeed, Shigenobu is still hailed as a heroic revolutionary to this day within some far-left/Palestinian liberation spaces. The Japanese Red Army continued to tout itself as a group of revolutionaries, not terrorists, even as their tally of victims grew. Shigenobu Mei, Shigenobu Fusako’s daughter, is now an international journalist, working in Japanese, English, and Arabic; she speaks of the JRA in the same breath as she does Gandhi and Nelson Mandela; she insists the Lod Massacre was carried out by a separate group of Japanese leftists, [1] despite one of the three gunmen having been Okudaira Tsuyoshi – Shigenobu Fusako’s legal husband and fellow Red Army member. Testimony from arrested JRA operatives cited the embarrassment of the terrible URA purge as the inciting reason for the Lod Massacre; Shigenobu and Okudaira needed to stage an event that would prove their revolutionary bona fides and dissociate them from the URA.

    While the deadly effects of the Lod Massacre were held as a mass tragedy in Puerto Rico and Israel (an annual day of mourning was even put into place by the Puerco Rican government), it was indeed seen as a great success in revolutionary circles in Japan and in much of the Arab world.

    The Gendered Nature of Terrorism

    Shigenobu’s public persona as the evasive public leader of the JRA resulted in peculiar associations with her image. The gendered nature of narratives on Shigenobu has been a pendulum swinging both ways; in the Japan of the 1970s, both Shigenobu and URA leader (and cold-blooded murderer) Nagata Hiroko were held up as examples of the “unnatural” place women had in far-left movements. Both were seen as cautionary tales. In Shigenobu’s case, her perceived beauty added another layer; her “dangerous woman” qualities were a subject of fascination for the male gaze, and older writings on Shigenobu would often focus on the purported “honey pot” effect she could have on potential recruits for the JRA.

    On the other side of the coin, Shigenobu’s prominence as a terrorist/revolutionary in a decidedly masculine theater has also been seen as inspirational, even liberatory. In this sense, she’s often listed alongside the equally controversial likes of Palestinian hijacker and convicted terrorist Leila Khaled; in fact, the two knew each other well from their time amongst the PFLP in Lebanon.

    Only a few years ago, South Korean-born, US-raised conceptual artist Anicka Yi designed a perfume in tribute to the once-leader of the JRA: Shignobu Twilight. Yi reportedly idolized Shigenobu from a young age, impressed by images of the bold revolutionary holding a machine gun. According to a website that recently sold the perfume (which was listed for $250):

    “The first volume in the Biography series, Shigenobu Twilight, is inspired by Fusako Shigenobu, fabled leader of the Japanese Red Army. The perfume’s esoteric notes intimate metaphors of Shigenobu’s stateless existence, exiled in Lebanon while yearning for her native Japan. Originally designed in 2007 by Yi and architect Maggie Peng, Shigenobu Twilight has been specially reformulated for the Biography series by perfumer Barnabé Fillion.”

    On the Run

    Shigenobu Fusako gained an almost supernatural reputation for avoiding capture, managing to make press appearances, publish books, and raise her stateless daughter without being caught. Even though her close collaborator, Ghassan Kanafani, was killed by the Mossad in reprisal for the Lod Massacre, Shigenobu never faced imprisonment or assassination by Israel. This all occurred despite being one of the most recognizable terrorists worldwide during the 70s and 80s.

    In the 1990s, as the Soviet Union fell and the PLO entered into a peace agreement with Israel, she began slipping back into Japan using forged documents. It is claimed that she did so well over a dozen times. However, reports of a woman resembling Shigenobu, whose youthful face had for so long been plastered on Japanese wanted posters, reached the Osaka police; although she hid a distinctive facial mole using makeup, her method of smoking – also considered unique – is said to have given her away. The police matched fingerprints on a cup used at a hotel where witnesses said they saw Shigenobu to help track her down.

    Then, in November 2000, the police finally made their move; the arrest set off a media firestorm, and she was transported in a secured green car on the bullet train back to her native Tokyo. In 2001, while in jail awaiting trial, Shigenobu officially disbanded the Japanese Red Army. She was tried on counts of illegal confinement and conspiracy to commit murder as related to her planning of the attack in The Hauge. While the prosecution angled for a life sentence, the court eventually decided on twenty years; she was ruled guilty of providing weapons and asking the PFLP to carry out the attack in order to free imprisoned JRA members, but the exact nature of her leadership could not be ascertained. During the sentencing, the judge said:

    “She sees her doctrine and assertations as absolute truths, having committed selfish criminal offensives for which she gave no mind to the danger towards the lives and bodies of so many. We can ascertain no serious remorse [from Shigenobu Fusako].”

    Last Days of Imprisonment

    Shigenobu’s arrest allowed her daughter to step out of the shadows; Mei obtained Japanese citizenship, and has used her status as a journalist and person of interest to push for her mother’s release. Following the conviction, Mei immediately petitioned for an appeal. This appeal was rejected by the Tokyo Higher Court in 2007; her final appeal was subsequently rejected in 2010 by the Supreme Court of Japan. An objection towards this was also thrown out.

    Since that time, Shigenobu Fusako has been imprisoned, at times giving interviews in which she has expressed a certain degree of regret at JRA failures and now-outmoded methods. She is now 76 years old; letters released to the media some days ago stated that “my life after release will be filled with apologies, gratitude, rehabilitation, and fighting my illness.” She also states that she intends to live a life “full of curiosity,” and is looking forward to meeting her supporters. [2]

    Ghosts of the Red Army

    The release of someone like Shigenobu Fusako brings with it competing reactions. For those close to her, or those who view her actions throughout her life positively, it should be a much-delayed happy event. But for many, she is still seen as a relatively unrepentant former terrorist, someone who – although for idealistic reasons – founded a violent group that killed and harmed many. That those events took place in a completely different sociopolitical environment, and that, on the whole, the JRA’s efforts were failures that only served to cause harm and create a cycle of taking hostages to barter for the release of their own captured members, may result in some ambivalence. It all seems like something from long ago, in an era when the Soviet Union and the United States dominated the globe through Cold War politics. Yet survivors of the JRA attacks still live on, and people still miss loved ones. Many JRA members remain on the lam; their decades-old mugshots still grace wanted posters in Japanese police boxes and consulate waiting rooms.

    Shigenobu Fusako’s release is yet another milestone in the now half-century-long story of the Japanese Red Army. Time will tell as to what her part in the remainder of that story will be. Her one-time mentor, Shiomi Takaya, was released from jail in late 1989; he went on to pursue a limited, unsuccessful political career within the confines of the law, doing so while holding a low-paying job as a parking lot attendant and making the rounds to discuss the nature of the Japanese New Left. He died in 2017 at age 76 – the same age his younger protegee, Shigenobu Fusako, is now.

    JRA expert Patricia G. Steinhoff described Shiomi, emerging from a jail cell to begin life with a family he hardly knew, as a Rip Van Winkle (or, more fittingly, Urashima Taro). The world of New Left radicalism he’d known until his sudden arrest had disappeared during his two decades in jail. Shigenobu will also emerge into a completely new era, one even farther divorced from that in which she first came to prominence. How she will receive that world, and how that world will receive her, remains to be seen.

    Sources:

    [2] Kyodo. (4/27/2022). 手紙で「出所後は謝罪と闘病」 5月刑期満了の重信房子受刑者. Yahoo! News Japan.

    Steinhoff, Patricia G. (1996.) Three Women Who Loved the Left: Radical Woman Leaders in the Japanese Red Army Movement. In Re-Iminaging Japanese Women.

    [1] O’Hare, Liam. (14/04/2018). May Shigenobu, child of the revolution. Aljazeera.

    #Japon #Liban #Palestine #histoire #terrorime #gauchisme

    • merci @klaus

      L’anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images
      http://journals.openedition.org/lectures/7537

      PRESENTACIÓN DEL EDITOR
      Qui sont May et Fusako Shigenobu ? Fusako, leader d’un groupuscule d’extrême gauche, l’Armée Rouge Japonaise, impliquée dans de nombreuses opérations terroristes, s’est cachée pendant près de trente ans à Beyrouth. May, sa fille, née au Liban, n’a découvert le Japon qu’à 27 ans, après l’arrestation de sa mère en 2000. Masao Adachi ? Scénariste, cinéaste radical et activiste japonais engagé auprès des luttes armées et de la cause palestinienne, reclus lui aussi au Liban avant son renvoi dans son pays. Par ailleurs, initiateur d’une « théorie du paysage », le fukeiron : en filmant le paysage, celui-ci dévoilerait les structures d’oppression qui le fondent et qu’il perpétue. Anabase ? C’est le nom donné depuis Xénophon au retour, difficile voire erratique, vers chez soi.
      C’est cette histoire complexe, sombre, toujours en suspens, qu’Éric Baudelaire, artiste réputé pour se servir de la photographie afin d’interroger la mise en scène de la réalité, a choisi d’évoquer en usant du format documentaire.
      Tournées en Super 8 mm, et comme dans la veine du fukeiron, des vues de Tokyo et de Beyrouth aujourd’hui se mêlent à quelques images d’archives, de télévision, à des extraits de films, pour dérouler le décor sur lequel les voix de May et d’Adachi vont faire remonter leur mémoire. Il y est question de vie quotidienne, d’être une petite fille dans la clandestinité, d’exil, de politique, de cinéma, et de leurs rapports fascinés. Pas une enquête, une anamnèse morcelée.
      Jean-Pierre Rehm

      NOTAS DE LA REDACCIÓN
      Couleur et N&B - Super 8 - 66’ - Version originale : Anglais, japonais, français - Sous-titres : Français incrusté - Image : Eric Baudelaire - Son  : Diego Eiguchi - Montage  : Eric Baudelaire - Production : Eric Baudelaire

      AUTOR
      Eric Baudelaire

    • The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi, and 27 Years without Images - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=3jWQZK7u0Ew

      Few artists have shifted from revolutionary imagination to revolutionary action like Masao Adachi, a collaborator with both the Japanese New Wave and the Japanese Red Army. A scriptwriter and colleague of Nagisa Oshima and Koji Wakamatsu, and a director of left-wing sex films, Adachi abandoned commercial filmmaking — and Japan — entirely in 1974 to join the extremist Japanese Red Army in exile in Beirut, where the group gained fame through deadly hijackings and bombings in support of a free Palestine and a worldwide Communist revolution. Also in Beirut was the group’s founder Fusako Shigenobu and her daughter May, who lived incognito for years. A film on exile, revolution, landscapes and memory, The Anabasis... brings forth the remarkable parallel stories of Adachi and May, one a filmmaker who gave up images, the other a young woman whose identity-less existence forbade keeping images of her own life. Fittingly returning the image to their lives, director Eric Baudelaire places Adachi and May’s revelatory voiceover reminiscences against warm, fragile Super-8mm footage of their split milieus, Tokyo and Beirut. Grounding their wide-ranging reflections in a solid yet complex reality, The Anabasis... provides a richly rewarding look at a fascinating, now nearly forgotten era (in politics and cinema), reminding us of film’s own ability to portray — and influence — its landscape.

      Jason Sanders (from the San Francisco International Film Festival catalog)

    • #anabase

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Anabase_(X%C3%A9nophon)

      Puis ... il y a Walter Hill’s The Warriors (1979)
      https://www.youtube.com/watch?v=--gdB-nnQkU

      Survivre en territoire ennemi est un sujet éternel car il reflète la situation de facto des classes inférieures.

      Chez Xenophon comme chez ses interprètes modernes il y à la fois les hierarchies parmi les héros et l’adversaire surpuissant dont les territoires sont à traverser par la troupe héroïque.
      A partir de cette constellation tu peux raconter un nombre illimité d’histoires.

      Anabase, texte en ligne (DE) pour la jeunesse

      Die tapferen Zehntausend, nacherzählt von Karl Witt
      https://www.projekt-gutenberg.org/xenophon/tapfere/titlepage.html


      Mit Federzeichnungen von Max Slevogt Verlag B. Cassirer

  • German colonial genocide in Namibia the #Hornkranz massacre

    Introduction

    On 12 April 1893, German colonial troops attacked the Nama settlement of ||Nâ‡gâs, known today as Hornkranz. Their intent was to destroy the settlement and its people, after its leader, Hendrik Witbooi, refused to sign so-called ‘protection’ treaties—tools of the German colonial administration for controlling sovereign indigenous nations and their lands. As their presence in what they declared in 1885 as ‘German Southwest Africa’ grew, the German regime was increasingly unwilling to tolerate the independence and agency exercised by Hendrik Witbooi and his clan in the face of the encroaching German empire.

    In their attack on Hornkranz, the Germans wanted to both make an example of the Witbooi clan and to punish them for their defiant rejection of German rule. Curt von Francois, who led the attack, made his objective clear: ‘to exterminate the Witbooi tribe’ (Bundesarchiv, R 1001/1483, p. 46). In this premeditated act of erasure, his troops massacred almost eighty women and children before capturing another hundred, burned what remained of the settlement to the ground, and established a garrison, rendering it impossible for survivors to return.

    Though the genocide of the Nama, Ovaherero and other peoples indigenous to what is now modern-day Namibia is widely recognised to have taken place between 1904 and 1908, the Nama people remember this massacre as the true first act in the genocide against them. This is substantiated not only by the clarity of the German objective to destroy the |Khowesin as a people, but also by the retrospective reading of Hornkranz as a clear precedent of the systemic tactics of dispossession and destruction that would be used by the Germans against the Nama, the Ovaherero, the San, and others in the years to come.

    Outside of the descendant communities, the events at Hornkranz have until now been overlooked and underrepresented, as has the cultural significance of the settlement itself within the dominant historiography, broadly based on the German visual and narrative record. The site of the former Witbooi settlement was expropriated and today constitutes a private farm, access to which is possible only with special permission from its owner. The descendants of Hornkranz are rarely able to visit their own cultural heritage sites and commemorate the struggle of their ancestors.

    The faint extant traces of the Witbooi settlement at Hornkranz can be identified today only with the guidance of the descendants and the historians that learned from them. Two plaques on the site are the only indications of the Nama presence on that land. One plaque was inaugurated by the community in 1997, the only occasion on which they were able to gather to commemorate the massacre at the site where it took place. The other plaque (date unknown) glorifies the German troops, even going so far as to include an offensive slur for the Nama; the massacre is described as a ‘battle’, conveying little of the atrocities perpetrated there.

    The descendants of Hornkranz and the wider Nama community continue to struggle for justice and for opportunities to correct the historical record and tell the story of Hornkranz on their own terms. In support of their efforts to resist this erasure, we worked with descendants, who have inherited knowledge of their community’s history through oral transmission over multiple generations, to reconstruct the lost settlement and produce a new body of visual evidence about the massacre and its aftermath. Led by their testimonies, we used modelling and mapping techniques along with our own field research and a very limited archival record to situate their accounts and rematerialize Hornkranz.

    Our reconstruction of the Witbooi settlement at Hornkranz aims to underscore the vitality of oral tradition in the act of reconstituting the colonial archive and testifies to the oral transmission of inherited knowledge as an ongoing act of resistance in itself.
    Background

    The |Khowesin (Witbooi) people, a semi-nomadic subtribe of the wider Nama peoples, settled around the perennial spring at Hornkranz in 1884-1885, the very period during which the Berlin Conference, formalising the fragmentation of Africa into colonies and protectorates, was taking place. The chief of the Witbooi clan, Hendrik Witbooi, later went on to become one of the most prominent figures of anti-colonial resistance in Southwest Africa, uniting all Nama clans and later forming a coalition with the Ovaherero to fight against the German colonial regime.

    Following the establishment of their settlement in Hornkranz, the Witbooi Nama lived relatively undisturbed until 1892, when first attempts to compel Hendrik Witbooi into signing a protection treaty began. Hendrik Witbooi, aware that the true objective of the so-called ‘protection treaties’ was nothing short of subjugation, was the last leader to refuse to comply:

    What are we being protected against? From what danger or difficulty, or suffering can one chief be protected by another? […] I see no truth or sense, in the suggestion that a chief who has surrendered may keep his autonomy and do as he likes.

    The German attempt to secure control over the peoples inhabiting the colony and their land is manifested in their mapping efforts. The first map we found featuring Hornkranz dates to 1892, the same year that the Germans began demanding the Witbooi sign such treaties. Despite Witbooi’s refusal to sign, Hornkranz is labelled in these German maps as ‘proposed Crown Land’ already six months before the attack—the very act of cartographic representation prefiguring the expulsion and massacre to follow less than a year later.

    After the Germans attacked Hornkranz, the Witboois were finally forced to concede and sign one of the protection treaties they had so long been resisting.

    A decade later, in 1904, the Nama joined the Ovaherero in an anti-colonial struggle against German rule. In response, the Germans issued an extermination order against the Ovaherero and later, another against the Nama. Hendrik Witbooi died in battle on 29 October 1905. Following his death, the Nama tribes surrendered. The extermination order against the Nama was never revoked.
    12 April 1893: The Attack and Aftermath

    The German troops approached the settlement in the early hours of 12 April, planning to attack under the cover of night without any warning. They then split into three contingents—a recounting of this strategy is recorded in the diary of Kurd Schwabe, one of the perpetrators of the attack. Von Francois led the attack from the northern side, entering the village first, while Schwabe approached from the east.

    Hendrik Witbooi, who was allegedly sitting outside of his house when he noticed the approaching troops, ordered all Nama fighters to retreat and take up defensive positions along the riverbed, where he expected the ensuing battle to take place. Instead, the German troops stopped when they reached the sleeping village and proceeded to target the defenceless population that had stayed behind. The brutality of the onslaught came as a shock to Hendrik Witbooi, who had not expected the Germans to unleash such ‘uncivilised’ tactics upon another sovereign nation.

    Sixteen thousand rounds of bullets were reportedly discharged by the Germans in the span of just thirty minutes. According to the testimony of descendants and corroborated by Schwabe’s diary, some victims were burned alive in their homes.

    The canisters recovered from the site during our fieldwork in September 2023 indicate where some exchange of fire may have taken place while the Witbooi fighters were retreating. While the found bullets were identified as those used by the Witbooi Nama, their location and distribution also corroborates written descriptions of the massacre unfolding in the inhabited area of the settlement, with stored ammunition exploding from inside the burning houses.

    The massacre yielded 88 victims: ten men, including one of Hendrik Witbooi’s sons, and 78 women and children.

    The following day, the German troops returned to raze what remained of the settlement to the ground. Promptly after, a garrison was established on the ashes of the Witbooi settlement, reinforcing the Germans’ clear intention to claim the land and prevent the Witboois from ever returning.

    Over the next year, the Witbooi Nama made several attempts to return to Hornkranz, resulting in four more skirmishes on the site. Eventually, they were forced to sign a protection treaty in Naukluft in August 1894, which cemented the dispossession of their land.

    The treaty meant that the Witbooi Nama were now obliged to assist the Schutztruppen in their battles against other tribes, most devastatingly at the Battle of Waterberg in August 1904 (see our Phase 1 investigation of this event). Once the Nama realised the true genocidal intent of the Schutztruppen, they united with the Ovaherero against colonial rule. The extermination order against the Nama was issued on 22 April 1905.

    After the genocidal war ended in 1908, Hornkranz was sold off to a private owner and a police station was established on its premises. Today, the police station building is the main farmhouse.

    Nama descendants are seeking to establish the 1893 massacre as the first act of genocide against the Nama, and 12 April as the official Genocide Remembrance Day in Namibia.

    This investigation—part of a larger collaboration between Forensic Architecture, Forensis, Nama Traditional Leaders Association (NTLA) and Ovaherero Traditional Authority (OTA)—seeks to support the community’s broader efforts to make the site accessible for commemoration and preservation.

    Methodology
    What Remains

    Little material evidence of Hornkranz survives today. This is in part due to the scale and totality of destruction by the Germans; but it is also a testament to the Witbooi’s steadfast resistance to being documented by the colonial regime, as well as to the light footprint the Nama exerted on the land through their semi-nomadic inhabitation and subsistence. The archival record about the Witbooi and Hornkranz is also sparse and skewed. Alongside an incomplete and biased colonial description of the massacre and the settlement, the only visual representation of Hornkranz on record is a soldier’s crude sketch showing its houses set alight by the German troops on the night of the massacre. The memory of Hornkranz as it was at the time of the attack lives on instead through the descendant communities who have inherited the testimonies of their forebearers about its material culture, rituals, life and environmental practices; our reconstruction and understanding of Hornkranz is possible only insofar as we are led by their testimonies.

    Around the rectangular patch where Hendrik Witbooi’s house once stood, Maboss Ortman and Lazarus Kairabeb, NTLA advisors, identified stones they said are the ruins of the house. Right next to it is the only stone foundation in the settlement, that of a church still under construction at the time of the German assault. These two traces anchored us spatially when we began the 3D reconstruction. We were told by Zak Dirkse, a Nama historian, that Hendrik Witbooi’s house was located higher up in the settlement, with the other houses further down toward the river.

    The other remains and known landmarks of the original Hornkranz settlement help us to navigate it and determine its approximate boundaries. During our visit to the site, the farm owner pointed us to a long strip of clustered stones he explained were the remains of the settlement’s defensive walls, some 300 metres north-west of the church ruins. To the south, by the river, the settlement’s former cemetery is marked by the spread of small rectangular cut stones marking each grave. Further along the river, Maboss and Lazarus showed us the remains of two defensive ramparts, guard outposts downhill from the settlement on its outer edges. They recounted that these ramparts were identifiable to the Witbooi from a distance by a white cornerstone that stands out among the brown stones the rest of the rampart is made of. The ramparts are placed along the hill leading down to the river and would have had a wide lookout view. A few steps to the west of one of the ramparts, we found what brought the Witbooi to this area, a rare perennial spring, which acted not only as a fresh water source for the village, but as a lifeline to the fauna and flora on which the Witbooi relied to survive. Since the early 20th century, this spring has been surrounded to its north by a concrete dam. By establishing this constellation of remains and landmarks, we were able to clarify the approximate outer edges of the settlement.

    Reconstruction

    To reconstruct the Hornkranz settlement, departing from the few architectural landmarks at our disposal, we replicated the architecture of each house and the elements of family life around it, estimated the area of inhabitation within the settlement, and constructed possible layouts of house distribution within the settlement. This reconstruction was led by the close guidance of descendants of the Witbooi we met with in Gibeon, the expertise of Nama historian Zak Dirkse, and the feedback of the Witbooi Royal House council, the representative body of the Witbooi Nama. Our model represents the most comprehensive visual reconstruction of the Witbooi settlement to date.

    Architecture of the Settlement

    Houses in Hornkranz consisted mostly of round domed huts, between four and five metres in diameter, and constructed with cladding made out of reed mat or a mix of animal dung and clay. Zak explained that these huts would have been constructed on a light foundation made up of the same dung and clay mixture spread on the ground. A central pole would act as the main structural pillar on which the reed mats would rest. According to members of the Witbooi descendants, alongside these huts there would have been other houses built of stone, like that of Hendrik Witbooi. Descendants also explained that houses typically had two entrances opposite one another and positioned on an east-west axis with the main entrance facing east.

    Working with the community descendants and Zak, we used 3D modelling software to reconstruct what a typical family home would have looked like. We were told that outside the houses, many families would have had a round kraal lined with a light wooden fence where they kept smaller livestock. Close to the main entrance, they would also have had a fireplace and a simple wooden rack to hang and dry meat. The main kraal of the settlement was near the chief’s house, where a separate storage hut also stood.

    The light environmental trace of the Nama, the German colonial army’s obliteration of the settlement, the failure of subsequent administrations to engage in preservation efforts, and the conversion of the land into a private farm all make it difficult to locate definitive traces of the layout and location of homes based on what little remains at the modern-day site. Nevertheless, by closely reading the texture of the ground, we found possible traces of cleared, round areas surrounded by larger rocks, and noted areas of sparse vegetation growth, a potential indicator of the impact of the huts’ clay-dung foundations. We marked five possible sites where Witbooi homes might have stood.

    Zak explained that a defensive wall would have flanked the settlement along its more vulnerable northern and eastern fronts. We studied the contours of the landscape to estimate, based on the presence of limited remains, how the wall might have cut through the landscape. We estimate that the eastern wall may have been constructed along the peak of the hill to the settlement’s east, given its optical reach and defensive position.

    Area of Inhabitation

    To estimate the area of inhabitation and the settlement’s population, we studied the remaining ruins of the settlement, the terrain of the landscape, and the land’s geological features.

    Houses, we were told, would have been built on flatter ground. We used a 12.5 metre resolution digital elevation model (DEM) to build the terrain in our 3D model and further analysed it in geographic information system (GIS) software. From the DEM, we extracted the contour lines of the landscape and conducted a slope analysis, which calculates the percentage of slope change in the settlement. Analysis of the contours and the areas of low slope help to define the curvature of the settlement’s inhabitation.
    Contour Analysis - 1 metre contours of the site of Hornkranz derived from a digital elevation model (DEM). (Forensic Architecture/Forensis)

    We then traced and excluded uninhabitable geological features from the area of potential inhabitation, including bodies of water and large embedded rock formations. Together, the land’s features, its topography, and our estimated location of the defensive wall help establish where people may have lived.

    Layout of Hornkranz

    Building on the traces of potential houses we previously identified within the landscape and the descendant’s description of the settlement, we were able to algorithmically model potential layouts of the settlement. We used the 3D procedural modelling software application Houdini to design an algorithm that would generate possible layouts of the settlement according to a set of rules, including our defined area of potential inhabitation and the approximate space each household would need for its family life (which we approximate to be a radius of 10 metres). The rules fed to the algorithm were that the houses had to be at least 20 metres apart, each house was approximately 5 metres in size, and there were sixty houses in total with a deviation of +/- ten houses.

    According to the Hornkranz descendants, there would have been around four to six people per household. With an average of five people per household, we estimate the population to be around 300 people per household.
    Number of inhabitants

    The exact population size of Hornkranz at the time of the attack is not known. Sources provide estimates ranging from 250 up to nearly one thousand inhabitants.

    In addition to the members of the |Khowesin Nama clan, Hendrik Witbooi also gathered followers from other clans at Hornkranz, including the ǀAixaǀaen (Afrikaner Oorlams), ǁKhauǀgoan (Swartbooi Nama), Khaiǁkhaun (Red Nation Nama) and ǂAonin (Topnaar Nama). Indeed, the various Nama subtribes were elastic social entities.

    We estimated the 1893 population of Hornkranz by referencing the reported number of individuals killed and captured. Hendrik Witbooi wrote in his diary that 88 people were killed by the Germans that day, 78 of them women and children and ten of them men, with one hundred women and children captured by German colonial forces. Other sources indicate a similar number of casualties: 85 women and children, and ten men (Missonary Olpp, cited in Steinmetz 2009). Descendant narratives also mention the successful escape of some women and children during the German assault. Assuming that before the attack, women and children totalled at least 178 (according to Hendrik Witbooi’s figures), and that women and children made up around three out of five family members in an average household, we estimate there could have been around sixty households and three hundred people in Hornkranz on the dawn of the German attack.

    https://forensic-architecture.org/investigation/restituting-evidence-genocide-and-reparations-in-german-colon

    #Allemagne #colonialisme #massacre #génocide #Namibie #architecture_forensique #histoire #histoire_coloniale #témoignage #Nama #Hendrik_Witbooi #Witbooi #Curt_von_Francois #Ovaherero #San

    ping @reka

  • Introduction au livre : Résistance antinazie, ouvrière et internationaliste

    Pendant dix-huit mois, de juillet 1943 à décembre 1944, un groupe de jeunes ouvriers et ouvrières de la région nantaise publia un journal ouvrier clandestin local, Front ouvrier. Huit décennies plus tard, l’existence de ce journal ronéotypé sur quatre à six pages et diffusé sur une dizaine de grandes entreprises de Nantes et de Basse-Loire, est très largement méconue. « Organe clandestin des ouvriers de la région nantaise », Front ouvrier fut pourtant un des très rares journaux clandestins locaux qui réussit pendant près de deux ans à échapper à la répression conjointe de la Gestapo, de la police française et du patronat local.

    Robert Hirsch, François Preneau, Henri Le Dem : Résistance antinazie, ouvrière et internationaliste
    De Nantes à Brest, les trotskistes dans la guerre (1939-1945)

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/12/introduction-au-livre-resistance-antinazie-ouv

    #histoire

  • Zionism Killed the Jewish-Muslim World -An interview with Ariella Aïsha Azoulay
    https://jacobin.com/2024/04/zionism-palestinian-jews-imperialism-history


    Jews in the town of Buqei’a, Palestine, circa 1930. (Keren Kayemet Leyisrael via Wikimedia Commons)

    11.4.2024 interview by Linda Xheza - In an interview with Jacobin, filmmaker and academic Ariella Aïsha Azoulay traces how Western powers’ exploitation of Zionism led not just to the ethnic cleansing of Palestine but to the demise of Jewish communities across the Middle East.

    Born in Israel, Ariella Aïsha Azoulay, a filmmaker, curator, and academic, rejects the identity of Israeli. Before becoming an Israeli at age nineteen, her mother was simply a Palestinian Jew. For much of history, there was nothing unusual in this combination of words. In Palestine, a Jewish minority lived peacefully alongside the Muslim majority for centuries.

    This changed with the Zionist movement and the foundation of Israel. The ethnic cleansing of Jews from Europe would lead, thanks to European Zionists, not only to that of Muslims from Palestine but of Jews from the rest of the Middle East, with nearly a million fleeing as a result of the 1948 Arab-Israeli War, many to Israel.

    In an interview with Jacobin, Azoulay contextualizes Israel’s genocide in Gaza in the long history of European and US imperialism. Azoulay is a professor of comparative literature at Brown and the author of Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

    Linda Xheza

    You identify as a Palestinian Jew. Could you tell us more about this? To many people these words stand in opposition.

    Ariella Aïsha Azoulay

    That these terms are understood as mutually exclusive, or in opposition, as you suggest, is a symptom of two centuries of violence. In a lapse of a few generations, diverse Jews who lived all over the world have been deprived of their various attachments to land, languages, communities, occupations, and forms of sharing the world.

    The question that should preoccupy us is not how to make sense of the supposed impossibility of Palestinian-Jewish identity but rather the reverse: How it is that the fabricated identity known as Israeli became recognized by many across the globe after the creation of the state in 1948 as an ordinary one? Not only does this identity obscure the history and memory of diverse communities and forms of Jewish life, but it also obscures the history and memory of what Europe did to the Jews in Europe and in Africa and Asia in its colonial projects.

    Israel has a shared interest with those imperial powers to obscure the fact that “the state of Israel was not created for the salvation of the Jews; it was created for the salvation of the Western interests,” as James Baldwin wrote in 1979 in his “Open Letter to the Born Again.” In his letter, Baldwin lucidly compares the Euro-American colonial project for the Jews with the US project for blacks in Liberia: “The white Americans responsible for sending black slaves to Liberia (where they are still slaving for the Firestone Rubber Plantation) did not do this to set them free. They despised them, and they wanted to get rid of them.”

    Prior to the proclamation of the State of Israel and its immediate recognition by the imperial powers, Palestinian-Jewish identity was one of many that existed in Palestine. The term “Palestinian” was not yet connotated with racialized meaning. My maternal ancestors, who were expelled from Spain in the late fifteenth century, ended up in Palestine before the Euro-Zionist movement began its actions there and before the movement gradually began conflating assisting Jews in response to antisemitic attacks in Europe with the imposition of a European-modeled project of colonization for Jews to partake in — a project not only construed as one of Jewish liberation but predicated upon European crusade against Arabs. Decolonization requires recovering the plural identities that once existed in Palestine and other places in the Ottoman Empire, notably ones whereby Jews and Muslims coexisted.

    Linda Xheza

    In your most recent film, The World Like a Jewel in the Hand, you discuss the destruction of a shared Muslim-Jewish world. You foreground a call by Jews who, in the late 1940s, rejected the European Zionist campaign and urged their fellow Jews to resist the destruction of Palestine. Given the recent destruction of lives, infrastructure, and monuments in Gaza, do you think it is still possible for Jews and Muslims to reclaim their shared world?

    Ariella Aïsha Azoulay

    First, the historical part. Zionists have sought to forever erase this call by anti-Zionist Jews from our memories. These Jewish elders were part of a Jewish-Muslim world, and they didn’t want to depart from it. They warned against the danger Zionism posed to Jews like them across this world that existed between North Africa and the Middle East, including in Palestine.

    We must recall that until the end of World War II, Zionism was a marginal and unimportant movement among Jewish peoples around the world. Hence, until that time, our elders didn’t even have to oppose Zionism; they could simply ignore it. It was only after World War II, when the surviving Jews in Europe — who were mostly not Zionists prior to the war — had almost nowhere to go, that Euro-American imperial powers seized the opportunity to support the Zionist project. For them, it was a viable alternative to having Jews remain in Europe or migrate to the United States, and they used the international organs they created to accelerate its realization.

    In so doing, they propagated the lie that their actions constituted a Jewish liberation project, while, in actuality, this project perpetuated the eradication of diverse Jewish communities far beyond Europe. And even worse, Jewish liberation was leveraged as a license and reason to destroy Palestine. This could not have been pursued without a growing number of Jews becoming Europe’s mercenaries: Jews who had migrated to Palestine while fleeing from or after surviving genocide in Europe, the Palestinian Jews who predated the arrival of the Zionists, and those Jews who were lured to come to Palestine or left with no other choice but to depart from the Muslim-Jewish world since Israel was established, with a clear agenda, to be an anti-Muslim and anti-Arab state — all were encouraged by Europe and European Zionists to see Arabs and Muslims as their enemies.

    We should not forget that Muslims and Arabs were never the enemies of the Jews and, moreover, that many of these Jews living in the majority-Muslim world were themselves Arabs. It is only with the creation of the State of Israel that these two categories — Jews and Arabs — became mutually exclusive.

    The destruction of this Jewish-Muslim world following World War II enabled the invention of a Judeo-Christian tradition, which would become, from that moment on, a reality, since Jews no longer lived outside of the Christian Western world. The survival of a Jewish regime in Israel required more settlers, and thus Jews of the Muslim-Jewish world were forced to leave to become part of this ethnostate. Detached and deprived of their rich and diverse histories, they could be socialized to this role assigned to them by Europe — mercenaries of this settler-colonial regime to restore Western power in the Middle East.

    Understanding this historical context doesn’t reduce the Zionist perpetrators’ responsibility for the crimes they committed against Palestinians over the decades; rather, it reminds one of Europe’s role in the destruction and extermination of Jewish communities mainly, but not only, in Europe, and its role in handing over Palestine to the Zionists, the alleged representatives of the survivors of this genocide who formed a Western post for these same European actors in the Middle East.

    Paradoxically, the only place in the world where Jews and Arabs — most of whom are Muslims — share the same piece of land today is between the river and the sea. But since 1948, this place has been defined by genocidal violence. The urgent questions now are how to stop the genocide and how to halt the introduction of more arms to this area.

    In Eichmann in Jerusalem, Hannah Arendt describes the contradictory sentiments felt by Jewish survivors of the Holocaust during the years they spent in camps for displaced persons in Europe. On the one hand, she said, the last thing they could imagine was to live once again with the perpetrators; on the other hand, she said, the thing they wanted most was to return to their places. It should not surprise us that after this genocide in Gaza, Palestinians may not be able to imagine sharing a world with their perpetrators, the Israelis. However, is that a proof that this world, where Arabs and Zionist Jews found themselves together, should also be destroyed to rebuild Palestine out of the ashes? It is only under the Euro-American imperial political imagination that a tragedy on the scale of World War II and the Holocaust could have ended with such brutal solutions as partitions, population transfers, ethno-independence, and the destruction of worlds.

    We, on a global scale, have an obligation to claim what I’ve called the right not to be a perpetrator and exercise it in any possible way. Dockworkers who refuse to ship arms to Israel, students who commit themselves to hunger strikes to pressure their universities to divest, Jews who disrupt with their communities and families and reclaim their ancestral rights to be and speak as anti-Zionists, protesters who occupy state buildings and train stations and risk being arrested — they are all motivated by this right even if they do not articulate it in these terms. They understand the role their governments, and more broadly the regimes under which they are governed as citizens, play in the perpetuation of this genocide, and they understand, as the common slogan says, that it is done in their name.

    Linda Xheza

    Those calling for a cease-fire are also Jewish. But even Jewish voices are being silenced. In Germany, for example, the work of well-established Jewish artists has been canceled. Do you think there is an interest in reinforcing a dominant narrative that has been in place since 1948 by the West and the State of Israel while suppressing Jewish voices that oppose the violence perpetrated in their name?

    Ariella Aïsha Azoulay

    It is true that Jewish voices are being silenced, but this is hardly anything new. Jewish voices were silenced immediately after World War II, when the survivors were left with no choice but to stay for years in deracinated camps. During that time, properties looted from their communities, rather than being either restituted to the places in Europe from where they were spoiled, were split by the National Library in Jerusalem and the Library of Congress in Washington like trophies. And not only was the collective trauma of the survivors — and us, their descendants — not attended to, we were silenced through this lie of a liberation project premised on a Zionist narrative of liberation through the colonization of Palestine, which would in turn provide Euro-American powers with another colony to service their imperial interests.

    The exceptionalization of the suffering of the Jews was not a Jewish discursive project but a Western one, part of the exceptionalization of the genocidal violence of the Nazis. In the grand narrative of Western triumph over this ultimate force of evil, the State of Israel became an emblem of Western fortitude and marked the endurance of the Euro-American imperial project. Within this grand narrative, Jews were forced to transform from traumatized survivors into perpetrators. Jews from all over the world were sent to win a demographic battle, without which the Israeli regime could not last. The second and third generations born to this project were born with no histories or memories of their anti-Zionist or non-Zionist ancestors, let alone memories of the other worlds of which their ancestors were part. What’s more, they were totally dissociated from the history of what Palestine used to be and from its destruction. Thus, they were easy prey for a nation-state marketed by the Zionists and Euro-American powers as the culmination of Jewish liberation.

    The Nakba, in this sense, was not only a genocidal campaign against Palestinians but also, at the same time, one against Jews, upon whom Europe forced another “solution” after the final one. Without the massive imperial powers’ funding and arms, the mass killing in Gaza would have ceased after a short while, and the Israelis would have to ask themselves what they were doing, how they arrived to this point, and would be forced to reckon with October 7 and ask themselves why it happened and how to achieve a sustainable life for everyone between the river and the sea.

    Jewish voices in places like Germany or France continue to be the first to be silenced in order to maintain both the Zionist colony and the fabricated cohesiveness of one Jewish people who could be represented by forces that sustain the Euro-American project of white supremacy. No more. The genocidal nature of the Israeli regime is exposed and can no longer be hidden from anyone.

    Linda Xheza

    Do you think there is still a possibility of hope for the Palestinians, and for the rest of us who want to claim a world to share with others?

    Ariella Aïsha Azoulay

    If there is no hope for Palestinians, there is no hope for any of us. The battle of Palestine exceeds Palestine, and the many who protest all around the world know it.

    • Je suis preneur pour des précisions sur les erreurs dans le texte.

      Cette histoire est un processus qu’on ne peut comprendre qu’en remontant jusqu’à la reconquista.

      cf. JUIFS D’AFRIQUE DU NORD ET EXPULSÉS D’ESPAGNE APRÈS 1492 on JSTOR
      https://www.jstor.org/stable/23671572

      Je ne suis pas spécialiste de la question alors j’ai noté l’article comme plein d’autres texte intéressants. D’ailleurs ce qui peut paraître comme situation insupportable aux uns peut bien se rapprocher d’un contexte justifiable ou idéal aux autres. Dans la cas présent on peut sans doute retenir qu’il y eu cohabitation entre juifs et musulmans en Afrique du nord et quelle était souvent plus supportable pour les juifs que la situation en Europe où on chassait les sorcières et pendait les prêteurs juifs quand on n’avait pas envie de les rembourser.

    • Je ne dis pas qu’il y a des erreurs dans ce texte -que j’avais également retenu pour son intérêt- mais qu’il élude la position minoritaire et dominée des Juifs dans les états musulmans, et les humiliations et conflits subis, qui ne découlent pas, compris indirectement des méfaits, bien plus terribles en effet, des états catholiques européens (il y a décidément plusieurs manières d’être occidentalo-centré)

      Que tu conclues en renvoyant les Juifs d’Europe au maniement et à la possessions de l’argent est éloquent. (il serait temps de situer avec précision_La question juive_ (1843) de Marx dans son parcours intellectuel et politique ; voir Rubel, Bensaïd).

      Les Juifs d’Europe ont dès le VIeme siècle interdiction de travailler la terre (chrétienne), tandis que les dhimmis juifs subissent celle, moins lourde, de monter à cheval et se voient eux-aussi, à l’occasion, imposer des vêtements distinctifs, comme ce fut le cas, à l’occasion là-aussi, en Europe.
      L’interdiction de travailler la terre c’est l’interdiction d’assurer sa subsistance sans en passer par l’argent comme moyen d’échange, de vendre le fruit d’un autre travail qu’agricole.

      Minoritaire, les Juifs ne l’étaient pas assez pour être tous impliqués dans des activités financière, bien loin de là ! On en trouve en Europe au fil des siècles, des floppées, une grande majorité, dans des métiers artisanaux et de petit commerce, sans lien avec « la finance », et bien souvent pauvres, voire très pauvres.

      La naissance d’une légende : Juifs et finance dans l’imaginaire bordelais du XVIIe siècle
      https://laviedesidees.fr/Les-Juifs-du-Moyen-Age-une

      Les juifs dans le Paris du vêtement et de la mode (avec une longue liste de métiers pratiqués, y compris hors textile)
      https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2006-2-page-4.htm

      #Juifs #Juifs-arabes