#MeToo : dans la gastronomie, l’espoir d’un changement
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Mediapart a recueilli pendant plusieurs mois des dizaines de témoignages de salarié·e·s de la restauration. Violences physiques, psychologiques, sexuelles, propos racistes et homophobes, conditions de travail éprouvantes : le tableau est atterrant. De plus en plus de voix s’élèvent pour que ça change.
e me suis demandé si j’allais m’embarquer dans cette affaire. Je sais qu’il a une puissance financière et médiatique que je n’ai pas, mais j’ai réfléchi. J’ai peur, mais j’ai encore plus peur d’avoir des regrets. » Florence Chatelet, 41 ans, est la patronne de By DEHESA, qui fournit depuis 2011 des produits artisanaux d’exception à de nombreux chefs étoilés, au Canada, en Europe et en Asie.
Le 27 novembre, comme Libération l’a révélé, elle a déposé plainte à Paris contre le chef Guy Martin, pour viol et agression sexuelle. Une enquête préliminaire a été ouverte le 2 décembre par le parquet de Paris.
Entre 2014 et 2015, Florence Chatelet vend ses produits à deux restaurants dont la carte est supervisée par Guy Martin, également chef et propriétaire du très chic Grand Véfour, deux étoiles Michelin depuis 2008.
En 2015, au terme d’un rendez-vous professionnel en face-à-face, Florence Chatelet raconte qu’il l’aurait « plaquée contre la porte ». « Il commence à m’embrasser dans le cou, sur la bouche, il touche mon corps, je sens sa main sur mes fesses et sur mon sexe. Je lui ai mis un coup de genou dans les couilles et je me suis barrée », affirme-t-elle. Depuis ce jour, dit-elle, « ma relation commerciale avec le groupe Guy Martin a cessé ».
Florence Chatelet prétend n’avoir parlé à personne de ce qui s’est passé ce jour-là jusqu’en 2017 : « J’ai réalisé que j’ai été traversée d’abord par un sentiment de honte, puis une certaine forme de dissociation entre mon esprit et mon corps. Je ne pouvais pas l’accepter. »
De son côté, Guy Martin, via son service presse, indique qu’il « n’a aucune information sur le dépôt d’une plainte et n’a pas de commentaire à faire. Il conteste formellement les accusations portées contre lui, comme il l’a déjà fait lorsqu’elles ont été avancées pour la première fois ». Il est présumé innocent.
Un secteur en ébullition
Depuis le printemps, le milieu de la restauration, durement éprouvé par le Covid-19, est en ébullition. Fin mars, un questionnaire est lancé sur les violences en cuisine, entre autres par Camille Aumont-Carnel, créatrice du compte Instagram « Je dis non chef ! », qui publie depuis 2019 les récits de victimes ou témoins de ces violences (voir notre Boîte noire).