"Code noir, crime contre l’humanité". Devoir de mémoire et abolition de l’esclavage vus par les rappeurs.
"La Commémoration tient souvent lieu d’histoire. En se focalisant sur l’abolition, le discours anti-raciste universaliste et assimilationniste contribue, consciemment ou non, à invisibiliser les populations serviles, effacées derrières le combat des abolitionnistes issus des métropoles coloniales. Une critique récurrente dans les titres du groupe La Rumeur , que l’on perçoit dans « les écrits restent » "un trou dans mon Histoire, un flou dans ma mémoire, et dans les bouquins toujours les mêmes couverts de gloire", « le chant des casseurs » ou 365 cicatrices : « J’ai pleuré, rarement ri comme à cette connerie d’abolition et à leurs 150 ans, ils peuvent se le foutre dans le fion. »
Aux Antilles, à la Réunion, les « descendants de coupeurs de cannes » comme le clame la Rumeur, s’insurgent contre la surreprésentation d’une geste européenne qui accorde, à leurs yeux, une place trop importante aux abolitionnistes, en premier lieu Schoelcher. Refusant de s’inscrire dans une mémoire uniquement victimaire, ou de commencer le récit historique par l’abolition, d’aucuns préfèrent s’intéresser au processus d’émancipation ou aux formes de résistances développées par les esclaves, dont le rôle actif dans la libération est aujourd’hui largement réévalué. Dans cette optique, les figures de révoltés, réels (Toussaint Louverture, Nat Turner, Zumbi de Palmares, Delgres) ou fictifs (Kunta Kinté) sont exaltées. « C’est le retour de Kunta Kinté contre les kouffar’s / Je viens débiter tout feu tout flammes, mon vrai nom c’est Youssoupha et / Je garde mon vrai blaze car, avec lui, je me sens trop libre et / Je voulais pas que les colons d’ici finissent par m’appeler Toby ». [Tiers Monde « Five minutes a slave »]"
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