#hischmann

  • Du vieux et du très bon, de Matthieu Potte-Bonneville recensant Deux siècles de rhétorique réactionnaire de Hirschmann.
    Puissamment applicable aux débats sur la réforme du collège (entre autres)

    perversity, futility, jeopardy - Vacarme
    http://www.vacarme.org/article274.html

    Le schéma du livre est d’une simplicité puissante et comique. Admettons qu’il y ait eu trois stades dans la constitution de la citoyenneté moderne : droits civils (bill of rights), droits politiques (suffrage universel), droits sociaux (welfare, affirmative action). L’adjectif « réactionnaire » qualifiera alors, non la défense de telle ou telle position précise, mais l’hostilité qui double chacun des moments de ce processus. À proprement parler, donc, le réactionnaire ne défend rien, pas même le retour à un état antérieur de la société ; il réagit, et sa nostalgie éventuelle viendra par-après donner un contenu à cette forme a priori. La réaction fait à ce compte partie de l’événement qu’elle conteste ; par exemple, la pensée contre-révolutionnaire n’est pas un prolongement de la pensée pré-révolutionnaire, mais une composante de l’événement « révolution » - même si, évidemment, elle peut en inverser violemment le cours : ce pourquoi (l’auteur cite Whitehead) « les grands progrès de la civilisation sont des processus qui conduisent presque à leur perte les sociétés où ils se produisent ».

    Pour ce qui nous concerne, retenons que la pensée réactionnaire a pour caractéristique de ne jamais pouvoir s’opposer de front, et depuis une autre place, aux positions qu’elle récuse, puisqu’elle en dépend substantiellement. Ce que Hirschmann nomme « rhétorique réactionnaire », c’est alors l’ensemble des moyens destinés à tourner cette difficulté : moyens finalement peu nombreux, et répétés avec une régularité troublante de De Maistre à Hayek. L’auteur en dénombre trois - comptine que le français traduit lourdement par : effet pervers, inanité, mise en péril.

    #réaction #réforme #hischmann #Potte-Bonneville #collège