• « #Permis_de_tuer » : l’#ONU admoneste la #France pour la troisième fois

    Deux propositions de loi ont été déposées, des syndicats de policiers s’élèvent contre le cadre légal flou, et en 2024, un nombre record de personnes a été tué par les balles policières. Mais ce jeudi, devant les experts du #Comité_contre_la_torture de l’ONU, la France a continué de faire la sourde oreille.

    C’est la troisième fois qu’un organe des Nations unies interpelle la France sur la loi « Cazeneuve », adoptée en 2017. Le #rapport final du Comité contre la torture (CAT) est encore attendu pour le 1er mai prochain. Mais, lors de l’examen de la France hier et aujourd’hui, les propos des experts sont exempts de toute ambiguïté. L’un d’entre eux, Jorge Contesse a estimé que « la France est devenue depuis quelques années le pays de l’Union européenne où il y a le plus grand nombre de personnes tuées ou ou blessées par des agents de la force publique ». Soulignant que les images de l’#homicide policier de Nahel Merzouk en juin 2023 ont fait « le tour du Monde », l’expert a précisé que la loi de 2017 « semble étendre le champ de la #légitime_défense au-delà du raisonnable », et rappelé que « depuis cette loi (…) le nombre de personnes tuées par la police a été multiplié par cinq ».

    Ce jeudi, la France a répondu avec aplomb, par la voix de la patronne adjointe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) : « Nous ne tombons pas du tout sur les mêmes chiffres ». Évoquant de possibles « problèmes de méthodologie », Lucille Rolland a montré une parfaite #mauvaise_foi, opposant des chiffres sur les tirs aux chiffres sur les morts par des tirs, qui sont pourtant des réalités bien différentes. L’expert avait approché le sujet de manière sérieuse. Citant le cas emblématique de #Luis_Bico, tué par la police en 2017, Jorge Contesse a demandé les mesures « d’ordre législatif, administratif ou judiciaire » prises par la France depuis la mission parlementaire conclue en mai 2024. L’expert est entré dans les détails, demandant à la France « s’il y a eu notamment des instructions de la police nationale » ou « si cela est prévu », insistant sur la notion d’« #immédiateté », insuffisamment précisée depuis la loi de 2017. La France est demeurée ambiguë sur ce point, et n’a pas répondu sur d’éventuelles évolutions du cadre légal.

    Au moins 29 morts en 2024

    Pourtant, la hausse récente du nombre de #morts_par_balle constitue un signal net que le cadre légal demeure trop imprécis. Dans son dernier rapport, l’#IGPN se félicitait du « très net retrait » du nombre de personnes tuées par balles par la police en 2023. En effet, en incluant les #tirs_mortels des #gendarmes et des #polices_municipales, le nombre total de personnes tuées par balle était de 12 cette année-là, soit moins de la moitié par rapport à 2022 (26 personnes tuées). Mais cette tendance n’a été que très passagère. 2024 constitue un nouveau et bien lamentable record : 29 personnes au moins ont été tuées par les balles de la #police_nationale, de la #gendarmerie et des polices municipales (ces dernières ont tué deux personnes en 2024). Il faudra attendre pendant de longs mois la publication des chiffres de l’IGPN et de l’IGGN pour compléter et analyser ces #données provisoires, probablement non exhaustives (voir méthodo ci-dessous). Cependant, deux tendances s’affirment d’ores et déjà : on compte au moins sept personnes tuées par la police ou la gendarmerie en #Kanaky, et de très nombreuses personnes tuées alors qu’elles tenaient à la main une arme blanche.

    Pendant quatre mois, de fin juillet à fin novembre 2023, aucun tir policier mortel ne fut à déplorer. Une accalmie rarissime : il faut remonter à l’année 2019 pour retrouver une période de 3 mois et demi sans homicide policier par balles. Comment expliquer ce répit, et la baisse notable du nombre de personnes tuées en 2023 ? Dans son dernier rapport, l’IGPN impute « l’origine directe de cette tendance » à celle des tirs sur les véhicules en mouvement. À notre connaissance, une année entière a en effet séparé l’homicide de #Nahel_Merzouk d’un nouvel homicide par balle suite à un refus d’obtempérer (celui de #Sulivan_Sauvey, en juin 2024, dans la Manche). Les révoltes d’une partie de la jeunesse à l’été 2023 auraient-elle eu une influence ? Consigne interne de modération aurait-elle été donnée ? A moins que la mise en examen de policiers (au moins 12 depuis le vote de la loi de 2017, d’après notre décompte) ait eu un effet dissuasif ?

    Les #syndicats_de_police s’en mêlent

    L’admonestation onusienne s’ajoute à celles du Comité des droits de l’Homme en octobre dernier, et du #Comité_pour_l’élimination_des_discriminations_raciales (CERD) suite à la mort de Nahel. Le #CERD « demande instamment à la France à revoir son #cadre_législatif régissant l’utilisation de la #force_létale » et se dit « préoccupé par la pratique persistante du #profilage_racial combinée à l’usage excessif de la force ». Aux côtés du Syndicat des avocats de France, de Stop aux violences d’État et de la famille de Luis Bico, Flagrant déni a notamment rappelé, dans une note aux Nations unies, que les personnes racisées ont au moins six fois plus de risques d’être tués par la police. Au total, pas moins de cinq organisations de la société civile ont alerté les experts des Nations unies sur la loi de 2017 dans le cadre de l’examen de la France.

    Ces dernières semaines, deux propositions de réforme ou d’abrogation de la loi « Cazeneuve » ont été déposées à l’Assemblée nationale, par le PS et LFI. Et en mars dernier, de nouvelles voix se sont élevées contre ce texte : celles de syndicats policiers, suite aux réquisitions du parquet dans l’affaire de l’homicide de Nahel Merzouk. Les termes sont forts : « On ne peut pas travailler comme cela, on a besoin d’un #cadre_légal clair, net et précis. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », affirme le représentant de la CFTC. Si « la loi n’est pas adaptée » se questionne Un1té, c’est « le vrai fond du sujet […], et dans ces cas-là […] nous aussi on attend de notre administration et du législateur de prévoir, de nous dire comment on doit travailler ». Contre l’avis de ses agents, l’Intérieur, lui, continue de refuser de voir le problème.

    Méthodo

    Les données statistiques citées sont issues du comptage de Basta.media jusqu’à 2022, puis d’une revue de presse, consolidée par les informations publiées dans les rapports d’activités 2023 de l’IGPN et de l’IGGN. Les données jusqu’à 2023 sont donc complètes et fiables. Les données de 2024 sont issues d’une revue de presse mais sont incomplètes car les données officielles ne sont pas connues.

    https://blogs.mediapart.fr/flagrant-deni/blog/190425/permis-de-tuer-l-onu-admoneste-la-france-pour-la-troisieme-fois
    #violences_policières #loi_Cazeneuve #décès #chiffres #statistiques

  • 17 Uhr 59 und 10 Sekunden

    Ein Polizist tötet einen schwarzen Mann mit drei Schüssen. Aber der Staatsanwalt will den Fall unter den Tisch fallen lassen. Wer war Roger «Nzoy» Wilhelm? Und was geschah wirklich in #Morges?

    30. August 2021, Bahnhof Morges

    «Calme-toi!»

    Nzoy hob die Hände, legte die Ellbogen in die Hüfte und streckte die Arme vom Körper. Für eine Sekunde liess er den Kopf hängen, täuschte an, in die eine Richtung zu gehen und ging dann in die andere. Wie beim Basketball.

    «Get outta here», sagte er. «Get outta here!»

    Vor ihm stand ein Mann in Warn­kleidung. Orange Hose. Oranges Shirt. Orange Weste. Oranger Helm. Der Mechaniker musste eigentlich einen defekten Waggon wegfahren, und jetzt spazierte dieser Typ über die Gleise. Ein Kollege des Mechanikers sagte jeweils, man solle diese Aufschneider direkt der Polizei melden. Doch der Bahn­arbeiter zögerte.

    Er hatte Nzoy vorhin beim Beten beobachtet. Ein komischer Vogel, aber offensichtlich ungefährlich: Er pöbelte niemanden an und schrie auch nicht rum.

    Doch als Nzoy auf die Gleise trat, fürchtete der Bahnarbeiter, er könnte sich etwas antun.

    «Ne fais pas le fou!», warnte der Mechaniker. «Spiel nicht den Verrückten!»

    Gemeinsam mit einem Kollegen versuchte er, Nzoy aufzuhalten. Er zog das Handy aus der Tasche und wählte den Notruf. Der Anruf wurde aufgezeichnet. Es war genau 17 Uhr und 55 Minuten.

    «Police d’urgence?»

    «Ja, guten Tag, ich bin in Morges, am Bahnhof Morges. Hier ist eine Person, die spaziert auf den Gleisen rum.»

    «Bleiben Sie bitte kurz dran, Monsieur.»

    Der Mechaniker steckte das Handy ein und blieb in der Leitung. Gleichzeitig versuchte er, die Lage zu beruhigen.

    «Hör auf», sagte er zu Nzoy. «Sprichst du Französisch?»

    «Get outta here! Get outta here!»

    «Tranquille, pas de problème», sagte der Mechaniker. Er versuchte es auf Deutsch: «Kein Problem.» Und auf Englisch: «Speak French?»

    17 Uhr 56 und 7 Sekunden.

    «Monsieur, allô?»

    «Fais pas le con!»

    «Entschuldigen Sie, Monsieur, welches Gleis?»

    «Im Moment ist er hier bei mir auf Perron 5.»

    «Perron 5?»

    «Perron 4, Gleis 5», präzisierte der Mechaniker.

    «An die Patrouille: Perron 4, Gleis 5!»

    Der Mechaniker beschrieb der Notruf­zentrale, wie Nzoy aussah. Senf­farbener Pullover. Jeans. Weisse Sneakers. Verkehrt aufgesetztes Cap. Gelockte Haare, schwarz.

    «Er war vorhin auf dem Perron am Beten», sagte der Mechaniker ins Telefon.

    «Offenbar betete die Person auf den Gleisen», funkte die Zentrale fälschlicher­weise weiter.

    17 Uhr 57 und 44 Sekunden.

    «Calme-toi!»

    «Nein, beruhige du dich!», sagte Nzoy jetzt auf Französisch. Endlich reagierte er.

    «Du sprichst Französisch?», fragte der Mechaniker. «Was willst du tun? Ich bin ruhig. Sag mir, was du tun willst. Beruhige dich, beruhige dich, beruhige dich. Das ist alles, was ich von dir verlange.»

    Der Mechaniker sprach jetzt mit ruhiger Stimme, entspannter, fast als würde er zu sich selbst reden: «Du bleibst ruhig. Du machst keine Dummheit. Nein, nein, du machst keine Dummheit. Bitte. Keine Dummheit. Du bleibst ganz ruhig. Setz dich hin bitte, setz dich hin.»

    Nzoy, 37 Jahre alt, war am Mittag von Zürich nach Genf gefahren und in Genf wieder in den Zug nach Zürich gestiegen. Er hatte neun T-Shirts in einen schwarzen Turn­beutel gepackt, zwei Unter­hosen, zwei Paar Socken, eine Zahnbürste. In seiner Jeans steckten ein Pass, 60 Franken und Kleingeld, ein Feuerzeug und zwei Bussen, ausgestellt um 13.12 Uhr im Zug von Zürich nach Genf und um 16.24 Uhr von Genf nach Zürich. Um seinen Hals hing ein weisser Rosenkranz.

    Die Züge am Bahnhof waren zum Stehen gekommen. Die Leute warteten darauf, nach Hause zu fahren. Die Bahn­arbeiter hatten Nzoy beruhigt.

    17 Uhr 58 und 2 Sekunden.

    Für einen Moment schien es, als ginge die Sache noch einmal gut.

    «Monsieur», meldet sich eine Stimme am Telefon, «sind Sie im Kontakt mit meinen Kollegen? Monsieur?»

    17 Uhr 59 und 10 Sekunden.

    «Schussabgabe! Schussabgabe!», ruft ein Polizist über Funk. «Schnell, eine Ambulanz!»

    Kindheit in Südafrika

    Manchmal kamen Polizisten in ihre Gegend. Männer in Uniform, mit Waffen und dem Instinkt von Jagd­hunden. Nur suchten sie nicht nach Wild­tieren, sondern nach Menschen.

    Sie gingen von Tür zu Tür und prüften, wer da war und wer da sein durfte. Ob sie die richtigen Papiere hatten und die richtige Haut­farbe. Die Regeln im Südafrika der 1970er-Jahre waren so streng wie die Strafen. Wer dagegen verstiess, landete schnell im Gefängnis.

    Wenn die Polizisten in die Township kamen, eilte die Grossmutter zu den Kindern und scheuchte sie ins Haus. Vor allem ein Kind musste so schnell wie möglich verschwinden.

    Evelyn, ihre Enkelin.

    Evelyn ging dann ins Haus, setzte sich in einen braunen Holz­schrank neben der Küche und schloss die Tür von innen. Das Feuer in der Küche hielt den Schrank schön warm. Selbst im Winter.

    Evelyn war ein kleines Kind, das noch nichts anderes zu tun hatte, als den ganzen Tag zu spielen. Sie strich der Gross­mutter um die Beine, rannte auf den staubigen Strassen der Township herum. Sie liebte es, in der Küche zu stehen und so zu tun, als würde sie kochen. Das Haus der Gross­mutter war klein, aber gross genug für alle: Bruder, Cousinen, Cousins, Nachbarn. Abends versammelten sie sich jeweils in einer der zwei Schlaf­kammern und legten sich hin. Sie schliefen dicht gedrängt wie Schuhe in einer Schachtel.

    Wenn Evelyn am Morgen aufstand und ihr Gesicht ans Fenster drückte, sah sie auf einen Verschlag, der als Toilette diente. Vor der Haus­tür gackerten die Hühner auf einem Flecken roter Erde, den Evelyn rückblickend nur zögerlich einen «Garten» nennt. Der Geruch von Feuer biss in ihrer Nase. Evelyn ging nach draussen und spielte, bis die nächste Nacht über die Township hereinbrach. Oder bis wieder Polizisten in ihre Gegend kamen und von Tür zu Tür gingen.

    Versteckte die Grossmutter Evelyn im Schrank, sass sie ganz still. Sie wartete. Sie lauschte. Sie achtete auf jedes Geräusch und gab keinen Mucks von sich.

    Erst wenn die Polizisten weg waren, rief die Gross­mutter Evelyn nach draussen. Sie solle so oft wie möglich in der Sonne spielen, sagte die Gross­mutter. Das war gut für ihre Haut­farbe.

    Denn Evelyn war etwas heller als die anderen Kinder. Das fiel auf. Und das war gefährlich.

    In der Gegend wussten zwar alle Bescheid und niemand sagte etwas. Aber sicher sein konnte man nie. Das Regime war Polizei­staat, Überwachungs­system und Gesetzes­werk zugleich. Jemand bezeichnete es einmal als «apart hate» – Aparthass.

    Evelyns Mutter hiess Queen Cynthia, sie war Zulu und Sängerin. Evelyns Vater war weiss und kam aus der Schweiz. Ein Mechaniker, der in Süd­afrika Arbeit gefunden hatte und sich verliebte. Aber die sogenannte Rassen­vermischung war in der Apartheid schlimmer als Verrat. Das schlimmste Verbrechen überhaupt.

    Als Evelyns Mutter schwanger wurde, reisten die Eltern in die Schweiz, nach Grüsch im Bündner Prättigau. Sie heirateten. Die Mutter brachte Evelyn zur Welt. Und der Vater war weg, bevor er für sie hätte da sein können.

    Das Einzige, was er der Familie hinterliess, war der Nach­name: Wilhelm.

    Queen Cynthia Wilhelm zog mit ihrer Tochter Evelyn nach Zürich, aber sie war allein. Sie sah keinen Weg, Geld zu verdienen und für das Kind zu sorgen. Also brachte sie Evelyn zur Gross­mutter nach Südafrika, in die Township Duduza in der Nähe von Johannes­burg. Hier wuchs Evelyn Wilhelm auf. Man bezeichnete sie als coloured, das Kind einer sogenannten Mischehe.

    Heute ist Evelyn Wilhelm eine frei­schaffende Künstlerin in Zürich. Sie trägt manchmal T-Shirt und rote Trainer­hosen von Adidas. Aber unter der coolen Leichtigkeit trägt sie einen dicken Panzer. Sie hat ihn sich zugelegt, als sie in der Dunkelheit wartete.

    «Wenn die Polizei in unsere Gegend kam, war das immer brutal», sagt Evelyn Wilhelm über ihre Kindheit. «Aber für mich war es noch mal anders: Ich war ein verbotenes Kind.»

    Sie hat nie vergessen, was es bedeutet, als Verbrechen geboren zu sein. Nicht aufzufallen. Nicht zu laut zu sein. Stets auf der Hut, damit sie bloss niemand entdeckt. Vor allem nicht die Polizei.

    «Ich rufe die Polizei!», drohte die Mutter, wenn sie frech war.

    «Ich rufe die Polizei», drohte die Mutter, wenn sie stänkerte.

    Evelyn Wilhelm ist heute eine erwachsene Frau in der Mitte des Lebens. Aber die Angst vor der Polizei hat sie nie ganz abgelegt.
    Mehr als nur eine Schwester

    Als sie aus Südafrika in die Schweiz zurückkam, musste sich Evelyn Wilhelm nicht mehr verstecken. Aber manchmal hätte sie es am liebsten getan.

    In der Schule plagten sie die anderen Kinder. Sie passten sie auf dem Schulweg ab, sie stahlen ihr Taschen­geld, sie zogen an ihren krausen Haaren. Im Geroldswil der 1980er-Jahre war Evelyn Wilhelm das einzige schwarze Kind.

    Als Evelyn neun Jahre alt war, kam ihr Bruder Roger zur Welt, am 10. März 1984. Sie erinnert sich an den warmen Frühling und wie sie sich freute, endlich ein Geschwister zu erhalten.

    Rogers Geburt war schwer. Die Nabel­schnur hatte sich um seinen Hals gewickelt. Die Ärzte machten notfall­mässig einen Kaiser­schnitt. Es gab Komplikationen. Seine Mutter starb fast, als sie ihn gebar.

    Den Vornamen bekam Roger vom Vater. Den Nachnamen vom ersten Ehemann der Mutter. Den Mittel­namen gab ihm Evelyn, die grosse Schwester. Sie nannte ihn Michael, englisch ausgesprochen. Wie der King of Pop.

    Roger Michael Wilhelm – so lautete sein voller amtlicher Name.

    Ein Name aber fehlte. Der Name, den Roger im Herzen trug, aber nicht im Pass, der Mädchen­name seiner Mutter. Später bat er seine Freundinnen und Bekannten, ihn so zu nennen wie die Mutter Queen Cynthia Wilhelm vor der Hochzeit hiess: Nzoy.

    Seine Eltern stritten oft. Sie trennten sich nach wenigen Jahren. Seine Schwester Evelyn sagt, die Beziehung sei «toxisch» gewesen. Nzoy pflegte kein gutes Verhältnis zu seinem Vater, einem weissen Schweizer. Der zog weg, noch bevor Nzoy in die Schule kam.

    Die Mutter musste arbeiten, also verbrachte Nzoy sehr viel Zeit mit Evelyn. Sie passte ständig auf ihn auf. So blieb es ein Leben lang: Evelyn war für Nzoy viel mehr als nur die grosse Schwester.

    Als Nzoy eingeschult wurde, bekam die Mutter ein erstes Mal Krebs. Nzoy musste in ein Heim. Bald darauf in ein Internat. Am Wochen­ende kehrte er jeweils zurück zu Mutter und Schwester.

    Das ging gut, bis er in die Oberstufe kam.

    Realschule in Schwamendingen, Zürich. Der Schul­stoff interessierte ihn jetzt wenig. Lieber hing er mit Freunden rum. Er liebte den Hip-Hop. Westcoast. Tupac. «I see no changes», schepperten die Verse aus den Discmans, «all I see is racist faces …»

    Tupac Shakur, der aus einer Familie von bekannten Black-Panther-Aktivistinnen stammte, rappte: «Cops give a damn about a negro. Pull the trigga, kill a nigga, he’s a hero.»

    Nzoy sog die Texte auf.

    «‹It’s time to fight back!›, that’s what Huey said. Two shots in the dark, now Huey’s dead.»

    Seine Schwester Evelyn sagt heute, Nzoy sei im Internat nie diskriminiert worden. In der Oberstufe aber kam er oft heim und war wütend, weil die Lehrer ihn ungerecht behandelt hätten.

    «Und dann», sagt die Schwester, «begann es auch mit den Polizei­kontrollen.»

    30. August 2021, Bahnhof Morges

    «Wir sind im Kontakt», funkt der Polizist der Patrouille 696, der ersten von zwei Patrouillen, die am Bahnhof Morges eintreffen. Ein Polizist und eine Polizistin. Sie gehen zügig zum Ende des Perrons 4. Dort befinden sich zwei Mitarbeiter der Bahn. Und Nzoy.

    17 Uhr 58 und 2 Sekunden. Eine Minute bevor die Schüsse fallen.

    Bis hierher geht alles gut.

    Zwei weitere Polizisten sind unterwegs zum Bahnhof. Patrouille 803. Ein Unter­offizier und der Gefreite K. Sie steuern ihren Wagen gerade in eine Unter­führung nördlich des Bahnhofs, als der Mechaniker den Notruf wählt.

    Die zwei Polizisten der Patrouille 803 haben einen ruhigen Tag hinter sich. Der einzig nennenswerte Einsatz war, als sie am Morgen einen verwirrten Mann anhalten mussten und ihn auf den Posten brachten. Nach dem Mittagessen sind sie für den Rest des Tages Streife gefahren, der Unter­offizier am Steuer, K. auf dem Beifahrer­sitz. Er ist noch keine 30 Jahre alt, seit vier Jahren arbeitet er bei der Regional­polizei Morges. Es ist seine erste Stelle als Polizist.

    Als die beiden Polizisten hinter dem Bahnhof vorbeifahren, erfahren sie über Funk, dass sich ein Mann auf den Gleisen befindet. Mehr wissen sie nicht, gibt Polizist K. später in einer Einvernahme an.

    Es herrscht viel Funkverkehr. Die beiden Polizisten können sich nicht zum Einsatz melden, weil ständig jemand dazwischen­funkt. Sie hören, dass sich bereits eine Patrouille auf den Weg gemacht hat. Sie beschliessen trotzdem, auf eigene Faust hinzufahren.

    Sie schalten das Blaulicht an und die Sirene.
    Festnahme am See

    Es geschah am letzten Wochenende im Juni 1997. Nzoy war 13 Jahre alt.

    Er traf sich im Zürcher Seefeld mit Freunden, um Fussball zu spielen und Musik zu hören. Zufällig begegnete Nzoy dabei einem Schul­freund.

    Plötzlich kam die Polizei dazu. Die Beamten beschuldigten Nzoys Schul­freund, er habe mit anderen Jugendlichen Leute ausgenommen. Sie nahmen ihn mit auf den Posten. Nzoy musste auch mit. Denn die Polizisten vermuteten, er sei für die Gruppe Schmiere gestanden.

    Sie führten Nzoy ab und sperrten ihn im Posten auf dem Kasernen­areal in eine Zelle. Erst am nächsten Tag riefen sie seine Schwester an.

    «Ein Polizist sagte mir, sie hätten meinen Bruder fest­genommen.»

    Es war der 29. Juni 1997, ein Sonntag. Evelyn Wilhelm erinnert sich gut daran. «Er war noch ein Kind», sagt sie.

    Die Polizei nahm Nzoy Abdrücke von allen Fingern, erstellte eine sogenannte Daktyloskopie­karte und speicherte die Daten im System.

    Roger Michael Wilhelm, 10.3.1984. Referenz­nummer PCN 36 507027 29.

    «Sie fanden nichts gegen ihn», sagt Evelyn Wilhelm. «Er hatte ja auch nichts getan.» Trotzdem behielten die Polizisten Nzoy eine weitere Nacht im Gefängnis. 48 Stunden Polizei­haft für einen 13-Jährigen. Ein Verfahren in der Sache gab es nicht. Aber die Daten des minder­jährigen Nzoy wurden nie gelöscht.

    «Der Polizist, mit dem ich sprach, sagte: ‹Das ist grad gut zur Abschreckung. Dann landet er in Zukunft nicht mehr bei uns›», erinnert sich Evelyn Wilhelm.

    Als die Schwester Nzoy abholte, war er ein Häufchen Elend. Er weinte, hatte fürchterliche Angst. Erst später habe er mit ihr über das Erlebte sprechen wollen, sagt die Schwester. Er war schockiert, dass man ihm im Gefängnis die Schuh­bändel abgenommen hatte, um einen Suizid zu verhindern.

    Sie habe schon mit ihm geredet, sagt die Schwester. Sie habe ihn aber eher abgeblockt. «Ich machte ihm auch Vorwürfe: ‹Du musst dir deine Freunde besser aussuchen. Du kannst nicht so sein, wie du willst.› Das klang hart, aber es stimmt. Ich sagte ihm: ‹Als schwarzer Junge kannst du dir das einfach nicht leisten.›»

    Einmal wartete sie mit ihrem Bruder am Bahnhof Stadel­hofen in Zürich, als die Polizei sie überraschte. Sie war eine erwachsene Frau, ihr kleiner Bruder ein Kind an der Schwelle zum Teenager.

    Evelyn Wilhelm ist eine Frau, der fast nie die Worte fehlen. Aber wenn sie von der Polizei erzählt, kommt sie manchmal ins Stottern. Dann wirkt es fast, als wäre sie wieder das kleine Mädchen, das sich damals in Duduza im Schrank versteckte.

    Die Polizisten gingen direkt auf ihren Bruder zu. Sie konnte nichts dagegen tun.

    «Ich sagte den Polizisten: ‹Lasst ihn in Ruhe! Er hat nichts gemacht.› Aber das war denen egal. Sie zogen ihn weg und nahmen ihn auseinander: Ausweis zeigen, an die Wand stehen, Taschen leeren.»

    Evelyn raste vor Wut auf die Polizisten. Aber ohnmächtig, wie sie sich fühlte, fuhr sie stattdessen ihren kleinen Bruder an: Das hast du nun davon, dass du die Hosen so tief trägst!

    Nzoy wurde ständig kontrolliert. Deshalb trug er immer einen Ausweis mit sich. Gewisse Gegenden in der Stadt mied er. Musste er zum Haupt­bahnhof, nahm er manchmal eine Reise­tasche mit. Er glaubte, wenn er aussehe wie ein Tourist, würde ihn die Polizei in Ruhe lassen.

    Aber Racial Profiling folgt keiner Logik. Und vor der Willkür des Rassismus schützt keine Reise­tasche.

    Obwohl Nzoy ständig von der Polizei kontrolliert wurde, habe er immer versucht, den Polizisten mit Wohl­wollen zu begegnen, sagt Aliya, eine von Nzoys besten Freundinnen.

    Er habe versucht, mit ihnen zu reden und ihnen zu sagen: Leute, ihr müsst das nicht tun.

    «Ich erinnere mich, wie er einem Polizisten sogar einmal sagte: ‹Ich liebe dich, Mann! Tu mir das nicht an. Du bist mein Bruder. Wir sind alle Brüder.› So redete er mit Polizisten. Er sagte: ‹Warum glaubst du, du müsstest Angst vor mir haben? Warum ziehst du ausgerechnet mich raus? Ich tue nichts. Ich bin nur hier.›»

    Aber die Festnahme am See, die vergass Nzoy nie. «Das hat ihn fürs Leben gebrannt», sagt seine Schwester.

    Ein paar Monate bevor er nach Morges fuhr, rief er seine Schwester an. Er war völlig verängstigt und sagte, er könne nicht aus dem Haus.

    Sie verstand nicht.

    Der Junge von damals, sagte er. Der Schul­kollege, der im Seefeld Leute ausgenommen hatte.

    Jetzt erinnerte sie sich.

    Er verfolgt mich, sagte Nzoy. Er ist hinter mir her.
    30. August 2021, Bahnhof Morges

    17 Uhr 58 und 12 Sekunden. Ein Polizist der ersten Patrouille, die bereits auf dem Perron steht, funkt: «Das scheint ein Messer zu sein in der Hand.»

    Er zieht seine Pistole und fordert Nzoy auf, das Messer fallen zu lassen.

    Der Polizist steht am Kopf des Perrons Richtung Lausanne. Nzoy bewegt sich weg, in Richtung Genf, wo die zweite Patrouille gerade die Treppen zum Perron hochrennt. In der Einvernahme wird der Polizist später sagen, Nzoy habe das Messer in der Hand gehalten, eng am Körper, und sei den Perron entlang­gegangen. Er habe nicht mit dem Messer herum­gefuchtelt oder es gegen jemanden gerichtet.

    Auch die Polizistin der ersten Patrouille gibt zu Protokoll, Nzoy habe zwar «verloren» gewirkt und «desorientiert», aber «nicht aggressiv»: «Obwohl er ein Messer in der Hand hielt, empfand ich ihn nicht als bedrohlich.»

    Die Situation ändert sich schlagartig, als die zweite Patrouille eintrifft.

    Die beiden Polizisten eilen die Treppen hoch zum Perron. Polizist K. wird später sagen: «Ich habe mich nicht vorbereitet. Ich bin einfach losgerannt.»

    Von weitem sieht er Nzoy und hinter ihm die andere Patrouille. Ein Polizist soll ihn gewarnt haben: «Il a un couteau.»

    Die Polizisten umzingeln Nzoy. Die erste Patrouille hinter ihm, Richtung Lausanne. Die zweite Patrouille vor ihm, Richtung Genf. Mindestens ein Polizist hält in diesem Moment die Waffe auf ihn gerichtet.

    Nzoy habe «panisch» reagiert, wird der anwesende Mechaniker später in der Einvernahme sagen. Nzoy habe einen Ausweg gesucht. Ein anderer Zeuge sagt, Nzoy sei zunächst auf die Gleise runter, um vor der Polizei zu flüchten. Dann sei er wieder auf den Perron gesprungen und auf die herbei­eilende zweite Patrouille zugegangen.

    Über Funk sagt ein Beamter: «Wir riskieren nichts auf den Gleisen.» Es klingt, als wolle er deeskalieren. Dann geht es sehr schnell.

    17 Uhr 58 und 34 Sekunden.

    Die Polizisten verlieren rasch die Kontrolle. Das sieht man auf einem Video, das aus einem wartenden Zug gemacht wurde. Polizist K. ist nur etwa eine halbe Minute auf dem Perron, dann zieht er die Waffe aus dem Halfter.

    War Nzoy eben noch ganz ruhig bei den Bahn­arbeitern, geht er jetzt auf dem Gleisbett mit schnellen Schritten auf den Polizisten K. zu. Der schaut kurz über die Schulter. Nzoy springt vom Gleis­bett auf den Perron. Polizist K. sieht wieder zu Nzoy, geht unsicher rückwärts, nimmt Nzoy ins Visier und streckt die Arme vom Körper, die halb­automatische Pistole im Anschlag. Glock 19, Gen 4, Kaliber 9 mm.

    Er hat 15 Patronen im Magazin, Ruag, Typ Action 4, eine Munition, die so schwere Verletzungen verursacht, dass sie im Krieg verboten ist.

    Polizist K. feuert zweimal auf Nzoy.

    Die erste Kugel streift seine Hand, die zweite trifft die Hüfte, er fällt zu Boden. Der Polizist steckt seine Waffe ein. Nzoy steht langsam wieder auf.

    Neun Sekunden dauert es, dann zieht Polizist K. erneut. Er schiesst ein drittes Mal.

    17 Uhr 59 und 2 Sekunden.

    Nzoy fällt in sich zusammen. Er bleibt liegen.
    Tod durch tausend Schnitte

    Es gibt ein Video, auf dem man eine Person in flauschigem Bären­kostüm im Zürcher Niederdorf sieht. Der Teddybär steht ganz allein mitten auf dem Platz. Die Passanten beobachten den Riesen­teddy, aber niemand weiss, was sie mit einem Bären anfangen sollen, der die Arme ausstreckt.

    Dann kommt plötzlich ein junger Mann daher, orange Arbeiter­hose, schwarzes Durag auf dem Kopf, dicke Jacke in der Hand, breites Lächeln im Gesicht.

    Nzoy.

    Als er den Bären sieht, freut er sich wie ein Kind, wirft seine Jacke aus der Hand und fällt dem Bären in die Arme.

    So beschreiben ihn seine Freunde und Bekannten: als einen von Grund auf fröhlichen Menschen, der immer für eine Umarmung gut war. Jemand, der da war, wenn sie ihn brauchten. Der das Falsche vom Richtigen trennen konnte. Ein hilfs­bereiter, empathischer Freund.

    Elle ist eine Begegnung mit Nzoy in besonderer Erinnerung geblieben. Als Teenagerin passte sie auf das Kind einer Freundin auf, die notfall­mässig für einige Tage ins Spital musste. Als Nzoy davon hörte, stand er tags darauf mit vollen Einkaufs­taschen in der Wohnung: Essen, Süssigkeiten, Geschenke für das Kind.

    Er kam auch in den folgenden Tagen vorbei, um das Kind zu hüten, zu putzen oder zu kochen. Die beiden sprachen viel über Afrika und die unter­schiedlichen Kulturen in den jeweiligen Herkunfts­ländern ihrer Familie. Sie redeten über ihr Leben dort und hier. Über die fehlende Akzeptanz in der Schweiz. Über den Wunsch, an einem Ort zu leben, wo die Menschen aussehen wie man selbst. Und die Enttäuschung darüber, dort doch nicht in der Masse verschwinden zu können.

    Sie sagt: «Weisse Leute glauben, es sei nicht schlimm, wenn sie ‹Schwarze Maa› spielen. Ist ja nur ein einziges Mal. Aber sie verstehen nicht, dass uns das die ganze Zeit widerfährt – von Kindes­beinen an bis ins Erwachsenen­alter. Es sind ganz feine Schnitte, wie mit einem Blatt Papier.»

    Über diese Wunden sprach Elle oft mit Nzoy. Elle heisst in Wirklichkeit anders. Sie will als schwarze Frau aber lieber nicht in der Öffentlichkeit stehen.

    «Rassismus», sagt Elle, «ist wie der Tod durch tausend Schnitte.»

    Nzoy ging neun obligatorische Jahre zur Schule. Danach schlug er sich mit Gelegenheits­jobs durch. Verkäufer, Hilfs­arbeiter, Gerüst­bauer. Was gerade anstand. Was gerade möglich war. So viel, wie gerade nötig war, um den Lebens­unterhalt zu bestreiten. Wichtiger als der Job waren ihm Freundschaft und Gemeinschaft. «Er war schon als Kind furchtlos», sagt Evelyn Wilhelm über ihren Bruder. «Er sagte immer, er sei ein free man.»

    Seine Schwester besuchte die Rudolf-Steiner-Schule. Sie ging in die Atelier­klasse und studierte an der Zürcher Hoch­schule der Künste. Als Künstlerin hat sie sich darauf fokussiert, vor allem grosse Bilder auf schweren Materialien zu malen. Nzoy war viel in ihrem Atelier. Er half ihr jeweils, die Lein­wände zu spannen und die Gemälde zu transportieren.

    Nach dem Tod ihres Bruders hat Evelyn Wilhelm zwar weiter ihre Bilder ausgestellt. Aber gemalt hat sie nie wieder etwas. Seit mehr als dreieinhalb Jahren.

    Sie sagt: «Seit mein Bruder tot ist, finde ich einfach den Zugang nicht mehr.»
    Verfolgt und verängstigt

    Evelyn Wilhelm ging früh zu Bett an dem Abend, als die Polizei auf ihren Bruder schoss. Sie träumte von ihrer verstorbenen Mutter. Ein Alb­traum. Die Mutter lag im Sterben und schrie und schrie und schrie – bis Evelyn aufwachte.

    Aber natürlich ahnte sie nichts. Wer rechnet schon damit, dass der Bruder erschossen wird? In den USA vielleicht, hatte Evelyn immer gedacht. Oder in Südafrika.

    Aber in der Schweiz?

    Evelyn und Nzoy hatten einen älteren Bruder. Er war im Südafrika der Apartheid geboren und aufgewachsen. Als er dort irgendwann nicht mehr sicher war, nahm ihn die Mutter zu sich nach Zürich.

    «Unser älterer Bruder wäre dort erschossen worden. Oder im Gefängnis gelandet», sagt Evelyn Wilhelm. Darum kam er in die Schweiz.

    Nzoy hingegen wollte weg, am liebsten in die USA. Aber seine Schwester sagte ihrem kleinen Bruder: auf keinen Fall.

    «Ich hatte Angst um ihn», gesteht sie.

    Sie sagte ihrem Bruder: Du bleibst in der Schweiz, hier kann dir nichts passieren.

    Im Frühling 2021 verlor Nzoy seinen besten Freund, er starb nach kurzer Krankheit. Das stürzte ihn in eine schwere Krise.

    Manchmal fürchtete er sich. Er sah Dinge, die ihm Angst machten.

    Der Junge von damals im Seefeld. Oder zehn schwarze Mercedes, die ihm auflauerten.

    In guten Momenten merkte er selbst, dass ihm die Realität entglitt. Dass er nicht wirklich verfolgt wurde. Dass es keinen Sinn ergab, dass ein Jugend­freund über zwanzig Jahre später hinter ihm her sein würde.

    Evelyn Wilhelm richtete in ihrem Dachstock ein Zimmer für ihren Bruder ein. Er nahm eine Auszeit, ging zu einem Psychiater, nahm Medikamente. Zwei, drei Monate ging es aufwärts. Aber irgendwann wurde das Zusammen­leben wieder schwierig.

    Nzoy ging nachts besoffen schwimmen, verlor den Schlüssel, kletterte aufs Haus­dach und kam nicht mehr runter.

    Manchmal schlief er mit einem Messer unter dem Kissen.

    Einmal rief er seine Schwester an und sagte, er traue sich nicht aus dem Haus. Wegen des Jungen von damals im Seefeld.

    Sie beschwichtigte ihn: Das kann gar nicht sein. Der weiss gar nicht, wo du wohnst. Der erinnert sich nicht an dich. Du siehst heute anders aus.

    Evelyn wollte helfen, suchte eine Lösung. Eine Woche bevor Nzoy nach Morges fuhr, rief sie den Notfall­psychiater. Nzoy musste in eine Klinik. Aber er wollte nichts davon wissen. Er riss sich zusammen und spielte dem Psychiater etwas vor. Evelyn war stink­sauer. Sie stritt sich mit ihrem Bruder.

    Es war das letzte Mal, dass sich die beiden sprachen.
    30. August 2021, Bahnhof Morges

    «Schussabgabe! Schussabgabe!», funkt ein Polizist. «Schnell, eine Ambulanz!»

    17 Uhr 59 und 10 Sekunden.

    Der Polizist steht direkt neben dem Schützen K. Auch er hat jetzt seine Waffe gezogen und zielt auf Nzoy, der am Boden liegt.

    «Gleis 4, Gleis 4!», sagt der Polizist über Funk.

    «Verstanden.»

    Der Schütze K. steckt seine Pistole ein und geht auf den verletzten Nzoy zu. Er schaut kurz hin, dann entfernt er sich vom Tatort und fasst sich an den Kopf. Zwei Kollegen halten die Waffe im Anschlag. Einzig die Kollegin beobachtet die Lage ohne Pistole in der Hand.

    17 Uhr 59 und 32 Sekunden. Die Zentrale informiert den medizinischen Notfall­dienst.

    «Der Mann hat noch immer das Messer», meldet ein Polizist der Zentrale. «Ich wiederhole: Der Mann hat noch immer das Messer. Er ist am Boden. Bei Bewusstsein.»

    «Ist die Lage noch gefährlich? Bitte antworten.»

    «Nein, ich glaube nicht», sagt der Polizist.

    «An die Kollegen in Morges», funkt die Zentrale. «Die Ambulanz und der Notfall­dienst sind unterwegs, können wir ein paar Informationen haben?»

    «Ich habe nicht mehr Infos», sagt der Polizist.

    Er funkt das Einzige, was ihm offenbar auffällt: «Un homme de couleur.» Ein schwarzer Mann. «Er liegt am Boden.»

    18 Uhr und 8 Sekunden.

    Der Polizist nähert sich Nzoy. Er spricht in das Funk­gerät. Das ist auf Video­aufnahmen deutlich zu sehen. Aber in den Akten fehlt vom Funk­spruch jede Spur. Mit dem Fuss zieht er den linken Arm von Nzoy nach vorne und tritt auf dessen Hand. Die Polizisten der Patrouille 696 nähern sich. Sie fesseln dem regungslosen Nzoy mit Hand­schellen die Arme hinter den Rücken.

    Der Polizist funkt: «Die Person ist am Boden. Sie ist gefesselt. Ich wiederhole: Sie ist gefesselt.»

    18 Uhr 01 und 11 Sekunden.

    Dann tun die Polizisten – nichts. Zumindest nichts, was wichtig scheint. Sie sammeln Gegen­stände ein. Sie ziehen Hand­schuhe aus und wieder an. Sie telefonieren. Aber niemand spricht mit dem Opfer. Niemand nimmt seinen Puls. Niemand prüft, ob man ihm irgendwie helfen könnte.

    Die Polizisten drehen Nzoy auf die Seite. Dabei kommt ein Gegen­stand zum Vorschein. Ein Steak­messer, schwarzer Griff, Klingenlänge 12,5 Zentimeter. Ein Polizist zieht es mit den Füssen weg.

    18 Uhr 03 und 40 Sekunden.

    Ein Passant bietet Hilfe an. Er ist von Beruf Notfall­sanitäter und hat die Szene vom Zug aus beobachtet. Seine Schicht ist gerade zu Ende gegangen, er wollte nach Hause fahren, als er über das Notruf­system einen Alarm sah. In einer Einvernahme sagt er später, er habe sofort gesehen, dass Nzoy einen Herz-Kreislauf-Stillstand erlitten hatte.

    Die Polizisten legen Nzoy auf die Seite. Der Sanitäter zieht Hand­schuhe an und kniet sich neben ihn.

    18 Uhr 05 und 30 Sekunden.

    Erst jetzt erhält Nzoy Hilfe. Nicht von der Polizei, sondern von einem zufällig anwesenden Passanten. Sechseinhalb Minuten sind vergangen, seit Polizist K. den dritten Schuss auf Nzoy abgegeben hat.

    In einer Dokumentation des Recherche­büros Border Forensics vom November 2023 ist sichtbar, dass sich Nzoy in dieser Zeit fünf Mal bewegt, während die Polizisten tatenlos um ihn herumstehen.

    Nzoy hebt den Brustkorb.

    Nzoy bewegt die Schulter.

    Nzoy bewegt den Arm.

    Das fällt auch den Polizisten auf. Einer wird später in einer Einvernahme sagen, er habe gesehen, dass sich der Ober­körper von Nzoy bewegte. Ein anderer hörte Nzoy stöhnen, aber, so sagt er, er habe keine Zeit gehabt, den Gesundheits­zustand des Opfers zu prüfen. «Alles ging sehr schnell.»

    18 Uhr 05 und 48 Sekunden.

    Der Sanitäter presst beide Hände auf den Ober­körper von Nzoy. Er kämpft um sein Leben. Erst jetzt löst ein Polizist die Hand­schellen.
    Der Tag danach

    Es dauerte fast einen Tag, bis Evelyn Wilhelm erfuhr, was geschehen war. Am Dienstag­mittag klingelte ihr Handy. Der Vater von Nzoy.

    Sie haben ihn gefunden, sagte er.

    Super!, antwortete Evelyn.

    Genau wie es der Psychiater prophezeit hatte, dachte sie. Frau Wilhelm, hatte er gesagt, im schlimmsten Fall wird ihr Bruder von der Polizei aufgegriffen und in eine Klinik gebracht.

    Das hatte sie beruhigt. Klinik. Medikamente. Und nach ein paar Wochen wäre ihr Bruder wieder der Alte: ein fröhlicher Mensch, der andere mit seiner Lebens­freude ansteckte.

    Nichts ist super, sagte der Vater am Telefon. Sie haben ihn erschossen.

    Erschossen?

    Es ist schon überall in den Medien, sagte Nzoys Vater. Er gab ihr die Nummer eines Polizisten. Der sagte, die Polizisten hätten sofort versucht, ihren Bruder zu retten, aber er habe es leider nicht geschafft.

    Evelyn Wilhelm glaubte nicht, was sie hörte. Sie musste raus, sofort raus an die frische Luft.

    Draussen nahm sie irgendwann das Smart­phone in die Hand und öffnete ein Newsportal. Zuerst stach ihr ein Bild ins Auge, auf dem sie die Beine ihres Bruders zu sehen glaubte. Dann entdeckte sie die Videos.

    Sie klickte drauf.

    Sie sah, wie ihr Bruder erschossen wurde. Sie sah, wie er am Boden lag. Sie sah, wie die Polizisten mit ihren Füssen die Arme und Beine ihres Bruders herumschoben.

    Sie sah, dass niemand ihm half. Minutenlang.

    Sie rief den Polizisten an und schrie ins Telefon.

    Sie haben mich angelogen! Niemand hat Erste Hilfe geleistet. Niemand hat meinem Bruder geholfen. Keiner der vier Polizisten.
    30. August 2021, Bahnhof Morges

    Um 18 Uhr und 9 Minuten trifft der medizinische Notfall­dienst am Bahnhof ein, die Ambulanz eine Minute später. Sieben Ermittler machen sich auf den Weg nach Morges. Sie hören Zeugen an, sichern den Tatort.

    Der Tod von Nzoy wird jetzt zum Akten­zeichen: PE21.0151554.

    Den Fall übernimmt kein Geringerer als Laurent Maye, stellvertretender General­staatsanwalt des Kantons Waadt. Er leitet die Abteilung für Sonder­fälle, die jeweils gegen eigene Polizisten ermittelt. Ein Job, der ein stabiles Rückgrat verlangt.

    Allen ist klar, wie heikel die Angelegenheit ist. Nzoy ist das vierte Opfer tödlicher Polizei­gewalt in der Waadt innerhalb von viereinhalb Jahren. Alle Opfer waren schwarze Männer: Hervé Mandundu, Lamin Fatty, Mike Ben Peter. Und nun: Nzoy.

    Maye führte schon die Untersuchung gegen sechs Lausanner Polizisten, die im Winter 2018 den 40-jährigen Nigerianer Mike Ben Peter festgenommen hatten. Die Verhaftung eskalierte. Die Polizisten schlugen Ben Peter und hielten ihn in Bauchlage fest, bis er sich nicht mehr rührte. Er starb noch in derselben Nacht.

    Der Staatsanwalt erhob Anklage. Aber im Gericht argumentierte er so seltsam, dass sich alle fragten, ob er gegen die Polizisten oder das Opfer klagte. Am Ende schlug er sich gar auf die Seite der Verteidigung und forderte Frei­sprüche für die Polizisten. Das Gericht folgte ihm: Die sechs Polizisten hätten verhältnis­mässig gehandelt. Nach dem Urteil kam es im Gerichts­gebäude zu Tumulten und Hand­greiflichkeiten.

    Perron 4 am Bahnhof Morges wird jetzt abgesperrt. Polizisten stellen ein Zelt auf als Sicht­schutz. Sie lichten den Tatort mit einer 360-Grad-Kamera ab. Sie suchen nach Spuren, nach Patronen­hülsen, nach Kleidern und persönlichen Gegen­ständen von Nzoy. Sie fotografieren alles.

    Am Abend werden schweizweit die Polizei­korps nach Informationen zu Nzoy befragt. Die Zürcher Kantons­polizei meldet tags darauf, dass ihr Nzoy bekannt sei.

    Als diese Information öffentlich wird, klingt es, als wäre Nzoy ein polizei­bekannter Krimineller. Aber die Zürcher kennen Nzoy, weil sie ihn 24 Jahre zuvor als 13-jährigen Teenager einsperrten und Finger­abdrücke nahmen. Zur Abschreckung.
    In schlechtem Zustand

    Der Vater staunte, als Nzoy plötzlich vor der Tür stand. Die beiden hatten nie ein gutes Verhältnis gehabt. Und trotzdem war sein Sohn zu ihm gekommen. Das war eine Woche vor seinem Tod.

    Nzoy erzählte dem Vater, er habe sich mit der Schwester gestritten. Nzoy wollte nicht in eine Klinik, stattdessen kreuzte er jetzt beim Vater auf, in einem kleinen Dorf im Kanton Zürich. Nzoy machte einen schlechten Eindruck.

    Bei sich zu Hause wollte der Vater seinen Junior nicht unterbringen. Er buchte ein günstiges Zimmer in einem Hotel, Zum Löwen, gleich hinter der deutschen Grenze. Er zahlte 400 Euro im Voraus für einen Monat und hinterliess 400 Euro Kaution. Dann drückte er seinem Sohn ein Handy in die Hand – Nzoy hatte seins liegen gelassen, er war wirklich von der Rolle. Der Vater gab ihm Geld für eine SIM-Karte und ein Tablet.

    Dann hörte er für den Moment nichts mehr von seinem Sohn.

    Ein paar Tage vor seinem Tod sass Nzoy auf einer Wiese auf einem Privat­grundstück und sprach mit Jesus. Daraufhin muss jemand die Rettung verständigt haben. Denn ein Kranken­wagen kam und brachte Nzoy ins Spital. Ein Arzt diagnostizierte bei ihm eine paranoide Schizophrenie, eine psychotische Episode.

    Auf der Anordnung für eine fürsorgerische Unter­bringung steht: «Zusammen­fassend besteht eine Selbst­gefährdung und möglicher­weise eine Fremd­gefährdung.» Nzoy blieb über Nacht.

    Am nächsten Tag ging es Nzoy offenbar besser, der Arzt entliess ihn «im stabilisierten Zustand». Er verschrieb ihm das Anti­psychotikum Zyprexa, Schmelz­tabletten, 20 Milligramm, zur Einnahme abends vor dem Zubett­gehen.

    Am Samstag, zwei Tage vor den tödlichen Schüssen in Morges, besuchte der Vater Nzoy im Hotel. Sein Sohn, sagte der Vater später der Polizei, sei nervös gewesen und konnte nicht still sitzen. Er sei «in einem sehr schlechten psychischen Zustand» gewesen. In eine Klinik aber wollte er nicht. Und der Vater wollte ihn nicht dazu zwingen.

    Am Sonntagabend klingelte das Handy des Vaters. «Nzoy Wilhelm» stand auf dem Display. Nzoy sagte, er wolle nun doch in die Klinik.

    Am Montagmorgen, dem 30. August 2021, steht der Vater im «Löwen» und wartet auf Nzoy. Aber vom Sohn fehlt jede Spur.
    30. August 2021, Bahnhof Morges

    Es ist 21.30 Uhr, als die Rechtsmediziner beginnen, den Leichnam von Nzoy zu untersuchen. Anwesend ist neben dem medizinischen Personal und einigen Polizisten auch der fall­führende Staats­anwalt Maye.

    Die Rechtsmedizin untersucht den Hergang des Todes. Sie stellt in den folgenden Tagen fest: Zwei von drei Patronen stecken im Körper, eine davon im rechten Bauchmuskel. Sie hatte die linke Becken­arterie und die Hohlvene durchlöchert.

    Laut Rechtsmedizin führte das «in sehr kurzer Zeit» zu tödlichen inneren Blutungen. Von aussen war das nicht sichtbar. Ob die Polizisten sich strafbar machten, indem sie es unterliessen, Nzoy rasch zu helfen, wäre von einem Gericht zu klären.

    Der toxikologische Bericht hält fest, dass Nzoy keinen Alkohol im Blut hatte. Eine Urin­probe zeigt, dass er keine Drogen nahm.

    Am Körper finden die Medizinerinnen einen Patch eines EKG-Geräts. Tatsächlich hatte Nzoy am frühen Montag­morgen die Notaufnahme des Unispitals Zürich aufgesucht. Er klagte über Schwindel und hörte «kommentierende Stimmen». Die Ärzte vermuteten eine akute Psychose und empfahlen deshalb die Betreuung durch einen Psychiater. Doch Nzoy verliess den Notfall kurz vor 9 Uhr – ohne EKG oder psychiatrische Untersuchung. Möglicher­weise suchte er bis zum Mittag noch ein weiteres Spital auf, ehe er in den Zug Richtung Westschweiz stieg. Das Zürcher Unispital sah keine Hinweise auf selbst- oder fremd­gefährdendes Verhalten.

    18 Uhr und 31 Minuten.

    Die Ambulanz stellt offiziell den Tod von Roger Michael «Nzoy» Wilhelm fest. Er war 37 Jahre alt.
    Letzte Reise

    Vor dem Krematorium Sihlfeld flimmern Fotos von Nzoy über den Bild­schirm: Nzoy als Baby im Arm seiner Mutter, Nzoy mit Freunden auf einer Wiese, Nzoy bei einem Video­shooting. Man sieht einen hoch­gewachsenen, gut aussehenden Mann mit feinem Schnauz und langen schwarzen Locken. Auf den Videos lächelt er glücklich, die Augen zu einem Strich gezogen, grinst er in die Kamera und sagt mit warmer Stimme: «I appreciate you all. Peace!»

    Der Pfarrer stellt die Urne neben ein Porträt von Nzoy. Zu seiner Rechten sitzen Evelyn Wilhelm, ihr älterer Bruder und enge Freunde von Nzoy. Zu seiner Linken der Vater von Nzoy mit Frau und Kindern.

    Der Pfarrer war einer von Nzoys engsten Vertrauten, seit er ihn vor 15 Jahren in einem Fluss getauft hatte. In einer seiner letzten Nachrichten schrieb Nzoy dem Pfarrer, er habe gerade nicht viel zu lachen. Er schickte ihm ein Bild von Jesus, umringt von Engeln. «I’m not alone», schrieb Nzoy.

    «Wenn», sagt der Pfarrer jetzt zur Trauer­gemeinde, «wenn Roger auf dem Bahnhof einen Polizisten mit einem Messer bedroht hat, dann war das Ausdruck einer tragischen Verwirrtheit.»

    Wenn – das Wort wiegt schwer in diesen Tagen.

    Die Trauernden haben alle die News-Berichte gelesen mit den Darstellungen der Polizei. Da war vom «Messer-Droher» die Rede, von Erinnerungen an ein islamistisches Attentat, das sich ein Jahr zuvor in Morges ereignet hatte.

    Aber die Angehörigen bestreiten, dass Nzoy gefährlich gewesen sei. Wenn überhaupt, war er eine Gefahr für sich selbst. Die Polizisten, sagen die Angehörigen, hätten die Lage völlig falsch eingeschätzt.

    «Ein dunkel­häutiger Mann am Beten, da dachten die wohl: Das muss ein Terrorist sein», sagt Evelyn Wilhelm. Dabei hätte ihr Bruder nur etwas gebraucht: Hilfe.

    Auch Experten wie der Psycho­therapeut und Psychologie-Professor Udo Rauch­fleisch sagen nach Studium von Videos, Funk­sprüchen und Zeugen­aussagen in den Untersuchungs­akten, dass Nzoy nicht aggressiv oder gefährlich gewesen sei, sondern ängstlich und zurück­gezogen. Bis die Polizei ihn umzingelte. «Das Messer zog er erst, als er sich bedroht fühlte.»

    Die Polizei habe falsch reagiert. «Wenn man mit vier Leuten auf einen psychotischen Menschen aufrückt, ist vorprogrammiert, dass die Lage eskaliert.»

    Dass Nzoy bedrohlich gewirkt habe, ist denn auch die Darstellung von Polizisten, die fürchten mussten, wegen eines Tötungs­delikts zur Rechenschaft gezogen zu werden. In anderen Fällen würde man ihre Aussagen als Schutz­behauptung abqualifizieren.

    Der Polizist, der Nzoy tötete, äusserte sich in den Einvernahmen widersprüchlich.

    Anfangs wollte er noch gesehen haben, wie sich «die Sonne in der Klinge spiegelte», nachdem er zweimal auf Nzoy geschossen hatte. In einer späteren Einvernahme korrigierte sich der Polizist, er erinnere sich doch nicht daran. «Ich erinnere mich auch nicht, das Messer gesehen zu haben, als er davor auf mich zurannte», sagte er dem Staats­anwalt.

    Kann seine Aussage, er habe gefürchtet, tödlich verletzt zu werden, stimmen? Ist es korrekt, von legitimer Notwehr zu sprechen, wenn der Polizist gar keine Waffe sah?

    Der Polizist will auf Anfrage keinen Kommentar zur Sache abgeben.

    Die andere Frage, die die trauernden Angehörigen umtreibt, ist, warum die Polizisten Nzoy nicht sofort Erste Hilfe leisteten. Warum erst ein Passant ihm half.

    Und natürlich, ob das alles, also die Angst vor Nzoy, der schnelle Griff zur Pistole, die Untätigkeit nach den Schüssen – ob das alles anders gelaufen wäre, wäre Nzoy nicht schwarz gewesen.

    Der Pfarrer berichtet der Trauer­gemeinde, wie Evelyn Wilhelm nach dem Tod ihres Bruders die aufgeschlagene Bibel auf seinem Bett fand, Altes Testament, Buch der Sprüche.

    Dort heisst es: «Greif ein, wenn das Leben eines Menschen in Gefahr ist. Tu, was du kannst, um ihn vor dem Tod zu retten.»

    «Tragischerweise», sagt der Pfarrer, «sind das vielleicht die letzten Worte, die Roger mitnahm auf seine letzte Reise.»

    Hätte Nzoy überlebt, wäre er nicht schwarz gewesen?

    Vielleicht hat der Anwalt der Angehörigen einmal die treffendste Antwort dazu gegeben: «Nzoy wurde nicht getötet, weil er schwarz war. Aber er ist tot, weil er nicht weiss war.»
    Keine Gerechtigkeit, kein Frieden

    Evelyn Wilhelm steht vor dem Justiz­palast in Renens, einem mächtigen, kalten Büro­gebäude aus Stahl und Glas. Die Sonne brennt auf ein paar Dutzend Aktivistinnen, die mit Plakaten und Transparenten um sie herum stehen. Sie trägt ihre Locken offen, die Tasche über der Schulter. Flip-Flops, weisse Hose, weisses Shirt. Auf ihrem Rücken prangt schwarz auf weiss das Konterfei ihres Bruders, wie es mittlerweile auf zahllosen Plakaten und Aufklebern in der ganzen Schweiz zu sehen ist.

    Darüber steht: «Justice 4 Nzoy».

    Es ist der 8. Juli 2024, drei Jahre sind seit dem Tod ihres Bruders vergangen. Noch immer dauert die Straf­untersuchung an, aber es sieht ganz danach aus, als würde der Staats­anwalt die Sache fallen lassen wollen. Evelyn Wilhelm und weitere Angehörige haben sich einen Anwalt genommen. Sie zählen darauf, dass die Erschiessung von Nzoy dereinst vor Gericht kommt.

    Der heutige Tag ist eine Art Haupt­probe.

    Evelyn Wilhelm will wissen, wie sich das anfühlen wird, wenn sie als Angehörige und Privat­klägerin im gleichen Saal sitzt wie der Mann, der ihren Bruder tötete. Vorne der Richter, links der angeklagte Polizist, rechts der Staatsanwalt, hinten zwei Dutzend Journalistinnen und nochmals so viele Zuschauer.

    Im Justizpalast von Renens beginnt an diesem Tag der zweit­instanzliche Prozess gegen sechs Polizisten, die 2018 am Einsatz beteiligt waren, bei dem der 39-jährige Familien­vater Mike Ben Peter starb.

    Das juristische Personal würde im Fall Nzoy ähnlich sein: derselbe Staatsanwalt, dieselbe Verteidigerin.

    Odile Pelet, die Anwältin, auf die die Polizisten zählen, vertrat in drei der vier Fälle tödlicher Polizei­gewalt in der Waadt jeweils einen beschuldigten Polizisten. Immer mit Erfolg.

    Evelyn Wilhelm zögert. «Soll ich wirklich rein?»

    Drei Stunden ist sie hergefahren, aber jetzt, wo es vor dem Gericht und im Gericht von Polizisten wimmelt, würde sie am liebsten umkehren.

    Die Zuschauerzahl ist beschränkt und der Saal eigentlich schon voll, aber ein Aktivist erkennt sie, die Schwester des getöteten Nzoy. Er drückt ihr einen weissen Zettel in die Hand, Nummer 32, steht darauf. Der Zettel gewährt ihr Eintritt in den Gerichtssaal.

    Drei Jahre sind seit dem Tod von Nzoy vergangen. Und während Evelyn Wilhelm vorher an Vernissagen oder in Galerien anzutreffen war, sass sie in den letzten drei Jahren häufig in muffigen Kellern, besetzten Häusern und selbst­verwalteten Ateliers. Sie verteilte Aufkleber und Flyer. Sie verkaufte T-Shirts und Pullover. «Justice 4 Nzoy» ist nicht nur eine Forderung, ein Slogan, er steht mittlerweile auch für ein politisches Bündnis und für eine Kommission zur Aufklärung der Wahrheit mit hochkarätigen Anwältinnen, Juristen, Wissenschaftlerinnen. Rechercheure durchforsten in ihrem Auftrag die Untersuchungs­akten und tun die Arbeit, die eigentlich der Staatsanwalt erledigen sollte. Evelyn Wilhelm trat auf in Lausanne, in Morges, in Zürich, in Basel, in Genf, in Paris. Sie war Gästin an Informations­anlässen wie an Fussball­turnieren. Sie sprach in Podcasts und in Fernseh­dokumentationen. Selbst ein UN-Gremium hörte sie an. Evelyn Wilhelm ist die zentrale Figur geworden, die das Andenken an ihren Bruder bewahrt.

    Aber ein Gedanke plagt sie seit dem Tod ihres Bruders: dass es kein faires Verfahren gibt, dass sie keine Gerechtigkeit findet.

    «Der Staatsanwalt hat uns von Anfang an schikaniert», sagt Evelyn Wilhelm.

    Er habe versucht, sie auf dem Rechtsweg vom Verfahren fernzuhalten, ihr den Zugang zu den Akten zu verwehren. Er wollte sie nicht als Privat­klägerin zulassen. Die ersten Tage nach dem Tod ihres Bruders verbrachte sie tatsächlich damit, dem Staats­anwalt zu beweisen, dass sie Nzoys Schwester war, dass die beiden eine enge Beziehung pflegten. Sie reichte Briefe ein, Chat­nachrichten, Anruflisten …

    «Schande über euch!», rufen die Aktivisten jetzt vor dem Gericht. «Justice raciste, police raciste!»

    Das Gericht hat soeben die Polizisten im Fall Mike Ben Peter freigesprochen. Der Polizei­kommandant spricht in eine Fernseh­kamera: «Ich bin hoch­zufrieden.»

    Evelyn Wilhelm setzt sich in ein von der Sonne überhitztes Auto und macht sich auf den Heimweg. Die Freisprüche haben sie aus der Fassung gebracht. Es ist, als wäre eine Welt zusammen­gefallen.

    Oder war es vielleicht schon immer nur ein Kartenhaus?

    «Alles ist den Polizisten erlaubt», sagt sie. «Sie machen immer alles richtig. Immer.» Sie schüttelt den Kopf.

    «Kein Rassismus, sagte der Richter! Hast du das gehört? Egal was die Polizisten tun, sie machen alles richtig. Es ist immer das Opfer, das aggressiv ist. Unglaublich.»

    Evelyn Wilhelm wusste, dass es schwierig ist vor Gericht. Sie wusste, dass Polizisten in der Schweiz so gut wie nie verurteilt werden. Aber vor Augen geführt zu bekommen, wie gnadenlos das Gericht die Anklage im Fall Mike Ben Peter versenkt – das löscht den kleinsten Funken Hoffnung in ihr.

    Wenige Monate später tritt ein, was Evelyn Wilhelm schon befürchtet hatte: Ende November 2024 stellt der Staatsanwalt Laurent Maye das Verfahren im Fall Nzoy eigenmächtig ein. Entgegen dem Anklage­prinzip in dubio pro duriore bringt er die Angelegenheit nicht einmal vor ein Gericht. Der beschuldigte Polizist sei einem so schweren Angriff ausgesetzt gewesen, dass er weder Zeit noch Mittel gehabt hätte, anders zu reagieren als mit der Schuss­waffe. Er habe gesetzes­konform gehandelt und die Verhältnis­mässigkeit gewahrt.

    Was jetzt?

    «Sie haben meinen Bruder tot­geschossen», sagt Evelyn Wilhelm. Was bleibt ihr anderes übrig, als weiter­zumachen. Ihr Anwalt hat die Einstellung angefochten. Er wird notfalls bis nach Strassburg gehen, um für einen Prozess zu kämpfen.

    Evelyn Wilhelm möchte bald nach Süd­afrika reisen. Sie will dort die Urne ihres Bruders beisetzen. «Ich habe ihm nach seinem Tod versprochen, dass er Frieden finden könne.»

    Sie will sich auch nach einem neuen Zuhause umsehen. «Ich kann nicht in einem Land alt werden, wo einfach nichts geschieht, wenn man jemanden tötet. Wie soll ich so je damit abschliessen können?», sagt sie. «Ich finde hier keine Ruhe und keine Gerechtigkeit.»

    https://www.republik.ch/2025/02/22/17-uhr-59-und-10-sekunden
    #violences_policières #Suisse #décès #Nzoy #justice #impunité #justice

    • #Homicide à la gare de Morges : le Ministère public retient la #légitime_défense et écarte l’#omission_de_porter_secours

      Lors du décès de #Roger_Michael_Wilhelm intervenu en 2021 à la gare de Morges, le policier auteur du tir mortel a agi en état de légitime défense ; l’omission de prêter secours ne peut être retenue ni contre cet agent, ni contre ses trois collègues : telles sont les conclusions de l’instruction menée par le Ministère public, qui a rendu une ordonnance de classement et de non-entrée en matière le 25 novembre 2024.

      Au terme d’une instruction débutée le jour du décès de M. Roger Michael Wilhelm, le lundi 30 août 2021 vers 18h sur un quai de la gare de Morges, le Ministère public vient de rendre une ordonnance de classement et de non-entrée en matière.

      Cette décision se base sur les différents éléments mis à jour par les actes d’instruction ordonnés par le procureur ou requis par les parties (auditions, vidéos, autopsie, rapports techniques, notamment), ainsi que la jurisprudence fédérale. À noter que le rapport de Border Forensics, fourni par la partie plaignante dans le cadre de l’avis de prochaine clôture du Ministère public du 10 octobre 2023, a été examiné et en partie exploité dans le cadre de l’enquête.
      Usage de l’arme proportionné

      Le Ministère public considère ainsi, compte tenu des circonstances, que le policier s’est trouvé confronté à une attaque grave et ne disposait ni du temps ni d’autres moyens raisonnablement exigibles de parer cette attaque au couteau autrement qu’en engageant son arme à feu.

      Le Ministère public retient en outre que l’agent a agi conformément à la pratique professionnelle enseignée et au principe de proportionnalité imposé par la jurisprudence ; la légitime défense, au sens de l’art. 15 du Code pénal, doit ainsi être retenue.
      Soins prodigués une fois la sécurité des lieux et des personnes assurée

      Immédiatement après les tirs, les agents se sont réparti les tâches visant notamment à assurer la sécurité des lieux et des personnes, ainsi qu’à prendre en charge le blessé, lequel ne présentait aucune trace d’hémorragie visible avant le massage cardiaque prodigué par un infirmier. Le rapport d’autopsie relève que les blessures causées par le troisième tir étaient « nécessairement mortelles à très brève échéance », expliquant ainsi les raisons du décès. Pour ces motifs, le Ministère public considère que l’omission de prêter secours n’est pas réalisée.

      Cette décision a été notifiée ce jour aux parties à la procédure et peut faire l’objet d’un recours auprès de la Chambre des recours pénale du Tribunal cantonal dans un délai de 10 jours.

      https://www.vd.ch/actualites/communiques-de-presse-de-letat-de-vaud/detail/communique/homicide-a-la-gare-de-morges-le-ministere-public-retient-la-legitime-defense-et-e

    • Morges : un homme mortellement blessé par la #police

      Lundi vers 18h, deux patrouilles de police sont intervenues en gare de Morges afin de prendre en charge une personne annoncée comme perturbée. Menacé par l’individu armé d’un couteau, un agent de Police Région Morges a fait usage de son arme. Malgré les soins prodigués par les policiers puis les secouristes appelés en renfort, la personne est décédée sur place. Le Ministère public a ouvert une instruction pénale.

      Vers 18h00, la centrale d’engagement et de transmissions (CET) de la Police cantonale vaudoise était avisée de la présence d’un homme annoncé comme agité sur l’un des quais de la gare de Morges. Deux patrouilles se sont rendues sur place afin d’entrer en contact avec l’individu et de le prendre en charge. D’après les premiers éléments de l’enquête, malgré la sommation d’usage d’un des agents, l’individu aurait exhibé un couteau se montrant menaçant.

      Un agent de la Police Région Morges a fait usage de son arme de service à plusieurs reprises. Blessé, l’homme a été immédiatement pris en charge par les policiers qui ont fait appel aux services sanitaires. Les policiers ont commencé un massage cardiaque qui a été poursuivi par les ambulanciers et le médecin du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR). Il est décédé sur place des suites de ses blessures. Il s’agit d’un Suisse âgé de 37 ans, domicilié dans le canton de Zürich.

      Le Procureur de permanence de la Division des affaires spéciales du Ministère public central s’est rendu sur les lieux et a ouvert une instruction pénale afin d’établir les circonstances du décès. Les intervenants ont été entendus. Les investigations sont confiées au Détachement d’investigations spéciales policières (DISPO), et menées par les inspecteurs de la police de sûreté, avec l’appui des médecins légistes du CURML et des spécialistes de la police scientifique. Plusieurs patrouilles de la gendarmerie sont également intervenues sur les lieux pour prendre les premières mesures d’enquête.

      http://web.archive.org/web/20220516131031/https:/www.vd.ch/toutes-les-autorites/departements/departement-de-lenvironnement-et-de-la-securite-des/police-cantonale-vaudoise-polcant/medias/communiques-de-presse/news/14888i-morges-un-homme-mortellement-blesse-par-la-police

    • Joint statement and release of a preliminary analysis on the death of Roger ‘Nzoy’ Wilhelm

      For several months, Border Forensics has been investigating the death of Roger ‘Nzoy’ Wilhelm, a Swiss man of South-African descent, who was killed by the police in Morges Station (Switzerland) on August 30th, 2021. More than two years after his death, and whereas the exact unfolding of events remains unclear, the Public prosecutor’s office recently announced its will to close the case.

      While our investigation on Roger ‘Nzoy’ Wilhelm’s death is still ongoing, and in contribution to the demand for truth and justice of the Independent Commission of Inquiry on the Death of Roger Nzoy Wilhelm, today the preliminary analysis Border Forensics has produced of a sequence of the events has been submitted the Public prosecutor’s office. It will be made public in time.

      Press release: Independent Commission and Border Forensics criticize prosecution in Roger Nzoy Wilhelm homicide case and release overlooked evidence.

      Zuricher Roger Wilhelm, aged 37, was shot dead by a police officer on August 30th 2021, at Morges train station. Wilhelm was left on his stomach for six and a half minutes, without the other police officers involved providing him with first aid. Despite this, on October 10th, 2023, the Public Prosecutor’s Office of the canton of Vaud announced that it would not prosecute either the homicide or the failure to render aid.

      Switzerland does not have an independent institution to investigate incidents of police violence, so an independent civil society review and investigation into this death case is urgent. An independent commission made up of scientists from the fields of medicine, psychology, law and social sciences as well as the scientific research organization Border Forensics are now examining the case themselves. The provisional results of this research were presented today in Lausanne in the presence of Evelyn Wilhelm and lawyer Ludovic Tirelli, in charge of the case. This work shows that the decision of the Public Prosecutor’s Office must be urgently questioned.

      Elio Panese, member of the Border Forensics research team, reconstructed down to the second the course of the homicide in Morges using a film. This film shows that Roger Wilhelm remained on the ground handcuffed for six and a half minutes while he had a gunshot wound to the back and made no movement other than breathing. This proves that the police officers involved neglected to take vital rescue and resuscitation measures. Dr. Martin Herrmann, who is one of the medical experts of the commission (FMH specialist in general surgery and traumatology), confirmed in his analysis that the necessary first aid measures had not been taken, although Roger Wilhelm, lying on his stomach, represented no threat to the police officers and that he was still making respiratory movements. The question to be clarified in court is: Could Roger Wilhelm’s life have been saved by immediate first-aid measures taken by the police?

      Udo Rauchfleisch, professor emeritus of clinical psychology and member of the commission, wrote a report based on psychiatric records, interviews with relatives, witness statements and video footage of the homicide of Roger Wilhelm. According to this report, the Vaud police were called to help a Black man who showed symptoms of psychosis. According to the expertise of Prof. Rauchfleisch, Roger Wilhelm was not in any way or at any time aggressive, but he was stressed and would have needed psychological help. Instead of helping, the four police officers increased Roger Wilhelm’s psychological stress. He was considered a threat and was eventually shot dead. This is why another decisive question arises, which must be clarified in court: was the behaviour of the police officers adequate and was the use of firearms necessary and by the law?

      The death of Roger Wilhelm must be placed in the context of other homicides of Black people by the police in Switzerland. In the case of Mike Ben Peter, who died on February 28, 2018 following a police intervention, the prosecutor in charge of the investigation, who is also handling the case of Roger Nzoy Wilhelm, surprisingly requested the acquittal of the police officers involved during the trial. Me Brigitte Lembwadio Kanyama, member of the

      Commission’s legal group, severely criticized the treatment of deaths occurring following police interventions in the canton of Vaud. In all cases, the people killed were Black people. Lawyer Philipp Stolkin, a member of the Commission’s legal group, stressed that the public prosecutor’s office should be able to carry out its investigation regardless of the skin colour of the victim and the fact that a person suspected of having committed an offence is used by a public law entity.

      According to another member of the commission group, lawyer David Mühlemann, from a human rights perspective, the public prosecutor’s office is obliged to investigate such exceptional deaths independently, effectively, and comprehensively: “What is at stake is nothing less than public confidence in the state’s monopoly on violence.” By wanting to close the case, the public prosecutor is preventing the possibility of an investigation that complies with human rights. This is why the Commission urges the Vaud Public Prosecutor’s Office to open an investigation into the Roger Nzoy Wilhelm affair and bring the matter to court.

      https://www.borderforensics.org/news/20231110-pr-roger-nzoy-wilhelm

      #border_forensics

    • Wieder stirbt ein Schwarzer Mann in den Händen der Schweizer Polizei

      Am 30. August 2021 fährt der 37-jährige Zürcher Roger Nzoy in die Westschweiz. Am Bahnhof Morges steigt er aus. Er betet. Er spaziert über die Gleise. Ein Bahnarbeiter beobachtet Nzoy und versucht ihn davon abzuhalten, zur Rush Hour über die Gleise zu gehen. Er ruft die Polizei um Hilfe. Doch als die Polizei eintrifft, eskaliert die Situation. Nzoy zieht laut Polizei ein Messer. Ein Polizist feuert drei Mal auf Nzoy, der zusammenbricht und liegen bleibt. Rund vier Minuten stehen die Polizisten tatenlos da, ehe ein Passant Erste Hilfe leistet. Zu spät. Roger Nzoy ist die vierte Schwarze Person, die innerhalb von viereinhalb Jahren im Kanton Waadt in den Händen der Polizei stirbt. Seine Schwester Evelyn Wilhelm spricht mit Carlos Hanimann über Leben und Tod ihres Bruders, über dessen Erfahrungen mit Rassismus – und wie sie ihren Bruder gerne in Erinnerung behalten will. Text & Interview: Carlos Hanimann. Sound-Design: Christina Baron.

      Die Familie von Roger Nzoy stellt sich auf eine lange juristische Auseinandersetzung ein. Wer Evelyn Wilhelm und weitere Angehörige in ihrem Kampf für Gerechtigkeit für Nzoy unterstützen will, kann sie auch finanziell unterstützen. Spendenkonto: Justice4Nzoy Raiffeisenbank 8001 Zürich IBAN: CH30 8080 8007 4333 9949 7 🙏🏽

      https://diasboah.podigee.io/2-leben-und-tod-des-roger-nzoy

    • 30 août 2021

      Sur la voie 14 de la gare centrale de Zurich, Roger Nzoy monte à bord du train à destination de Genève à 13h04. Le même jour – sur le chemin du retour vers Zurich – il descend du train à 16h42 en gare de Morges. Il ne va pas bien. Il est en état de crise.

      Nzoy s’accroupit entre des trains immobilisés, cherche des forces dans une prière. Un employé de la voie ferrée lui demande de quitter les rails. Il appelle ensuite la police et signale la présence d’un homme désorienté près des voies.

      A leur arrivée, deux policiers s’approchent de Nzoy. Nzoy reste calme et attend. Soudain, deux autres policiers se précipitent vers lui – l’un d’eux brandit une arme. Nzoy se sent menacé, veut se défendre et se dirige vers le policier.

      Le policier tire deux coups de feu – Nzoy est à terre.

      Mais Nzoy se redresse et tente à nouveau de se défendre contre la supériorité des policiers armés. Il se réfugie derrière son sac de gym.

      Le policier tire à nouveau – Roger Nzoy reste couché.

      Pour toujours !

      Pendant plus de quatre minutes, les policiers laissent Nzoy allongé.

      Ils examinent Nzoy, qui est à terre, blessé par balle, avec leurs pieds. Ils l’attachent pendant une minute avec des menottes. Ils courent dans tous les sens. Enlèvent et remettent leurs gants. Ils tournent en rond.

      Les policiers appellent une ambulance. Aucune information n’est transmise sur l’état de santé de Nzoy. Pas un mot sur la question de savoir s’il respire encore ou où il est blessé. Le message envoyé aux ambulanciers est qu’il s’agit d’un « homme de couleur ».

      Roger Nzoy ne reçoit donc pas les premiers soins médicaux de la part des policiers présents. Après qu’il soit resté allongé sur le sol pendant quatre minutes, un infirmier qui passait par là lui a prodigué les premiers soins et a commencé à lui faire un massage cardiaque. Ce n’est qu’à ce moment-là que les policiers peuvent se résoudre à toucher Nzoy avec leurs mains et à participer à la réanimation. Il est trop tard.

  • Devant le tribunal, le Pr Didier Raoult recule à la dernière minute
    https://www.lepoint.fr/sante/devant-le-tribunal-le-pr-didier-raoult-recule-a-la-derniere-minute-06-09-202

    Ce jeudi, l’IHU et les hôpitaux de Marseille lançaient une alerte contre le Pr Raoult. Aujourd’hui, ce dernier fait volte-face dans une procédure judiciaire qu’il a enclenchée il y a trois ans.

    Par Olivier Hertel
    Publié le 06/09/2024 à 15h42, mis à jour le 07/09/2024 à 11h08

    Coup de théâtre ce matin au sein de la 11e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille. Le Pr Didier Raoult s’est retiré à la dernière minute. Pourtant, il poursuivait pour diffamation et injure publique depuis plus de trois ans, Alexander Samuel, docteur en biologie et professeur de mathématiques dans un lycée de Grasse. Rappelons qu’hier, il faisait l’objet d’un signalement à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) par l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM).

    Ce désistement est pour le moins surprenant, car quelques jours avant l’audience, l’ancien directeur de l’IHU Méditerranée Infection, aujourd’hui à la retraite, demandait encore 30 000 euros à Alexander Samuel : 20 000 euros pour préjudice moral et 10 000 euros pour frais d’avocat. Contacté par téléphone, son avocat, Me Brice Grazzini, n’était pas en mesure d’expliquer ce revirement tardif : « Un désistement n’a pas à être motivé. M. Raoult n’a pas à donner d’explications à sa décision. »

    Le conseil d’Alexander Samuel, Me Mokhtar Abdennouri, a pour sa part quelques hypothèses plausibles : « Cette manœuvre permet d’esquiver le débat et de voir le tribunal reconnaître que la procédure est abusive, le tout afin de tenter de ne pas avoir à payer les frais d’avocat demandés par mon client. »

    Ses précédents déboires judiciaires ont peut-être conduit l’ancien chercheur marseillais à stopper les frais. En mai dernier, il avait effectivement dû payer 2 000 euros pour frais d’avocat à Guillaume Limousin, lui aussi professeur de mathématiques, qu’il poursuivait là encore pour diffamation et injure publique.

    Depuis le début de la pandémie, Didier Raoult n’a pas été en veine dans les nombreuses procédures judiciaires qu’il a engagées à l’encontre de ses contradicteurs. Il a, par exemple, perdu en première instance contre l’infectiologue Karine Lacombe, le directeur général des hôpitaux de Marseille François Crémieux, tandis que le parquet de Marseille a classé sa plainte visant la microbiologiste néerlandaise Elisabeth Bik. Alors en activité à la tête de l’IHU, il bénéficiait de la protection fonctionnelle de l’Institut qui lui permettait de couvrir ses frais d’avocat.

    En 2022, le rapport très sévère de l’Igas concernant le fonctionnement de l’établissement, s’étonnait d’ailleurs des conditions dans lesquelles l’IHU lui avait accordé un budget de 95 400 euros TTC pour cette protection juridique. Or, selon Me Brice Grazzini, la protection fonctionnelle de l’IHU ne couvre pas les indemnités.

    Malgré son désistement, les débats de ce matin ont dû se concentrer autour de la condamnation éventuelle de Didier Raoult à payer de sa poche les 5 400 euros de frais d’avocat que lui demandait Alexander Samuel. Le résultat sur ce point sera connu le 18 octobre 2024.

    Effectivement, la conclusion de cette procédure ne s’annonçait pas sereine pour le Pr Raoult, et ce, depuis le début. Pour rappel, il s’agissait d’une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation et injure publique à laquelle s’étaient associés l’IHU et le Pr Éric Chabrière, l’un des plus virulents soutiens du microbiologiste marseillais sur X (anciennement Twitter).

    Mais pour que cette plainte soit enregistrée, la justice exige une consignation, c’est-à-dire le dépôt d’une certaine somme d’argent de la part des plaignants, afin de limiter les risques de procédures abusives. Il était alors demandé 3 000 euros chacun aux Pr Raoult et Pr Chabrière et 6 000 euros à l’IHU.

    Éric Chabrière n’a jamais payé cette consignation. Il a donc été automatiquement écarté de la procédure. L’IHU et Didier Raoult ont payé, mais après la date butoir fixée par le juge. « Or, les textes et la jurisprudence prévoient qu’un retard équivaut à une absence de paiement. De fait, l’action aurait dû être interrompue à cette date. Mais elle a été maintenue », explique Me Mokhtar Abdennouri, qui comptait bien exploiter cette irrégularité pour obtenir la relaxe d’Alexander Samuel.

    D’autres éléments vont se révéler défavorables à Didier Raoult, qui poursuivait le jeune prof de mathématiques pour s’être contenté de traduire sur son blog un article très critique à l’encontre des travaux de l’IHU. L’article original avait été rédigé par le biologiste allemand Leonid Schneider, un expert reconnu de la fraude scientifique. Ce dernier était aussi poursuivi par Raoult, mais, premier mauvais signal pour le chercheur marseillais, la justice a abandonné l’idée de le poursuivre car ce dernier réside à l’étranger. Et en octobre 2023, c’est l’IHU qui se désiste, en annonçant se désolidariser du Pr Raoult, désormais seul face au juge. Il n’ira donc pas jusqu’au bout en décidant de se rétracter in extremis.

    Il renonce ainsi aux 30 000 euros qu’il réclamait à Alexander Samuel. « Le procès n’ayant pas vraiment eu lieu, il n’est donc pas possible de déclarer injurieux ou diffamatoires les propos visés par la plainte », précise Me Mokhtar Abdennouri. Entre autres celui-ci : « Raoult a organisé un essai clinique illégal avec de vrais patients pour prouver que la chloroquine était efficace. » CQFD

  • Alina, non una di meno
    (pour archivage)

    Tutti assolti perché “il fatto non costituisce reato” i poliziotti e dirigenti della questura accusati di sequestro di persona e omicidio colposo per la morte di #Alina_Bonar_Diachuk, morta suicida a 32 anni il 16 aprile 2012 nel commissariato di Opicina. Il 14 aprile era stata prelevata da una volante al carcere del Coroneo dove aveva finito di scontare una pena per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina ed era stata portata a quello che fu subito definito il “commissariato degli orrori”.
    Alina Bonar Diachuk era in attesa d’espulsione ma non in stato di fermo, non c’era alcun motivo legale per portarla al commissariato e trattenerla lì. Aveva già tentato il suicidio, dopo due giorni si è impiccata con il cordino della felpa davanti alle telecamere di sorveglianza. La sua agonia è durata 40 minuti, nessuno si è accorto di niente né tantomeno è intervenuto.

    Le indagini hanno permesso di scoprire che Alina non era stata l’unica ad aver subito un sequestro di persona in commissariato: era una prassi abituale. Nel corso delle perquisizioni si è scoperto che il funzionario dirigente Carlo Baffi aveva cambiato il cartello dell’ufficio immigrazione con la scritta “ufficio epurazione” che teneva in bella mostra vicino a un busto di Mussolini. All’epoca, Baffi era anche membro della Commissione territoriale di Gorizia che esaminava le domande d’asilo presentate in Friuli Venezia Giulia: Baffi ha continuato a partecipare alle riunioni della Commissione anche dopo il suicidio di Alina. L’allora questore Padulano disse che i poliziotti coinvolti avevano fatto il loro “dovere”.

    A febbraio 2018 il pm De Bortoli aveva chiesto pene per 20 anni e 9 mesi per i poliziotti coinvolti. A sei anni dalla morte di Alina, era giunta l’assoluzione per tutti in primo grado: il giudice Nicoli aveva ritenuto che i poliziotti avessero messo in atto direttive della Questura, conosciute e condivise ai massimi livelli istituzionali, anche dalla Pretura, secondo quanto riportato dalla stampa. In breve, i poliziotti hanno fatto il loro dovere e hanno obbedito agli ordini. Tuttavia, nonostante l’omertà istituzionale, noi sappiamo che il sequestro di persona non è legale in Italia e la detenzione di Alina e delle altre centinaia di persone a Opicina era abusiva. Ora, dopo due anni, arriva il giudizio in appello: tutti assolti non più perché “il fatto sussiste” ma perché “il fatto non costituisce reato”.

    È la banalità del male: non c’è reato e nessuno è responsabile dell’annientamento della vita di una giovane donna.

    Siamo in attesa di leggere le motivazioni della sentenza ma già possiamo dire che non ci stiamo: Alina, donna e migrante, è stata per la seconda volta uccisa da questa seconda sentenza che non condanna nessuno per la sua morte.

    Verità e giustizia per Alina. Le vite delle donne contano tutte, NON UNA DI MENO!

    Nell’immagine, l’azione toponomastica di rinominazione di via del Coroneo, dove si trova il carcere di Trieste, con il nome di Alina Bonar Diachuck, vittima di Stato.

    https://www.rivoluzioneanarchica.it/alina-non-una-di-meno
    #suicide #asile #réfugiés #migrations #Opicina #homicide #détention #Italie #violences_policières #Carlo_Baffi #détention_arbitraire

    #toponymie #toponymie_politique #toponymie_migrante #victime_d'Etat

  • Copains comme cochons : élus, éleveurs ou écrivains, qui sont les lobbyistes du porc en #Bretagne ?

    La Bretagne concentre la majorité de la production porcine de France. Un leadership qu’un conglomérat d’éleveurs, de politiques et d’alliés parfois inattendus compte préserver contre vents et marées. À travers quatre #infographies réalisées en partenariat avec La Revue dessinée, nous montrons les liens qu’entretiennent ces acteurs et les structures qui servent à défendre leurs intérêts. Une #cartographie inédite et pourtant non exhaustive d’un #lobby capable de tordre le bras au gouvernement.

    #Philippe_Bizien, un poids lourd de la filière

    L’enquête publiée par Splann ! en juillet 2022 sur l’extension de la #porcherie #Avel_vor, à #Landunvez (29), met en évidence l’#influence de son gérant sur toute la filière. Propriétaire de l’une des plus grandes exploitations porcines de France, d’où peuvent sortir chaque année jusqu’à 26.000 cochons, Philippe Bizien cumule de nombreuses autres fonctions. Il dirige plusieurs poids lourds de l’#agro-industrie : président de la société #Evel’Up (numéro 2 du porc en France) il est aussi à la tête de différentes structures défendant les intérêts des éleveurs et des méthaniseurs, en Bretagne.

    Ni les recours juridiques contre l’extension d’Avel vor menés par des associations environnementales, gagnés en première instance en 2019 et en appel en 2021, ni la condamnation de Philippe Bizien et de sa société pour #homicide_involontaire en 2022, ni, enfin, l’ouverture d’une #enquête impliquant Avel vor pour #mise_en_danger_de_la_vie_d’autrui par le pôle environnemental du parquet de Brest en 2023, n’ont eu raison de son ascension au sein du lobby du cochon.

    En 2023, il hérite d’une fonction nationale : il devient président de la section porcine de la #Coopération_agricole (anciennement #Coop_de_France), le très puissant syndicat défendant les intérêts des coopératives françaises auprès des pouvoirs publics français et des institutions européennes. Il cumule ainsi cinq mandats – donc cinq indemnités – et bénéficie d’un accès privilégié aux politiques et aux représentants de l’État.

    En janvier 2024, une délégation composée des députés Renaissance #Didier_Le_Gac et #Antoine_Armand, s’est rendue dans l’élevage de Philippe Bizien dans le cadre « d’une mission confiée par #Marc_Fesneau pour ancrer favorablement l’élevage en France », selon les mots de Didier Le Gac. Un soutien réaffirmé par le député Antoine Armand sur le réseau X, faisant fi des polémiques lié à la porcherie landunvezienne « On les suspecte. On les dénigre et parfois on les harcèle. Mais comme ici dans le Finistère, ils et elles nourrissent la France, sont engagés dans la transition écologique et façonnent nos paysages. »

    De puissants relais locaux

    Au-delà des liens de sang qui unissent, jusqu’en 2014, le gérant d’Avel vor au maire de Landunvez, – qui n’est autre que son père – lequel signe les autorisations d’agrandir la porcherie, c’est tout le secteur porcin qui tire les ficelles de la politique locale du pays de Landunvez.

    À la lumière de cet organigramme, les liens entre élus locaux et Evel’Up, la coopérative porcine présidée par Philippe Bizien, sont flagrants.

    À quelques dizaines de kilomètres de Landunvez, la commune de #Saint-Renan est administrée depuis 2014 par #Gilles_Mounier (divers droite), qui était cadre d’Evel’Up jusqu’en en 2021. Il a abandonné ce poste lors de son accès à la vice-présidence du conseil départemental du Finistère, en tant que chargé du développement durable et des territoires. Son épouse est toujours responsable communication au sein d’Evel’Up.

    À #Saint-Renan, les liens entre Evel’Up et la mairie ne datent pas d’hier puisque le prédécesseur de Gilles Mounier au poste de maire, #Bernard_Foricher, était aussi salarié de cette coopérative porcine (qui portait alors le nom de #Pigalys).

    Gilles Mounier n’est pas le seul à être passé de la direction d’Evel’Up à une carrière politique. Un peu plus au nord de Landunvez, la commune de #Kernouës est administrée par #Christophe_Bèle, directeur pendant 20 ans de la coopérative porcine Pigalys, devenue #Aveltis puis… Evel’Up.

    Ces deux soutiens historiques de la puissante filière porcine dans le #Finistère siègent désormais ensemble au sein de la commission locale de l’#eau et du syndicat des eaux du Bas-Léon. Ils occupent ainsi des postes stratégiques pour la gestion de l’eau du pays d’Iroise, à l’heure où le secteur porcin pèse lourd sur la qualité et la quantité d’#eau_potable disponible pour les habitants du territoire.

    La famille élargie

    À l’échelle nationale, le lobby porcin est aussi discret qu’organisé. Parmi ses principaux représentants, on trouve le député Les Républicains (LR) de #Loudéac-Lamballe (22), conseiller régional de Bretagne et vice-président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2022, #Marc_Le_Fur. Surnommé le « #député_du_cochon », il s’attaque depuis plusieurs années aux associations qui critiquent l’élevage en déposant en 2022 par exemple, un amendement dit « anti-L214 » visant à « supprimer la réduction d’impôts pour les dons aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d’actes d’intrusion sur les propriétés privées agricoles ».

    Dans sa croisade contre « les normes excessives » il est aidé par #Jacques_Crolais, son ancien attaché parlementaire, directeur de l’#UGPVB (#Union_des_groupements_des_producteurs_de_viande_de_Bretagne) jusqu’en avril 2024, poste qu’il vient de quitter pour prendre la direction… d’Evel’Up.

    Autre député défendant ardemment la filière porcine : #Didier_Le_Gac, député Renaissance de Brest rural (29), dont fait partie la commune de #Landunvez. Il est l’une des chevilles ouvrières de la cellule de gendarmerie dite « #Demeter » créée à la demande de la #FNSEA, ayant pour but « d’identifier et poursuivre les agressions, intrusions et dégradations sur les exploitations agricoles ». Son lancement a été effectué en grande pompe en décembre 2019 à Saint-Renan (29), commune administrée par Gilles Mounier (dont vous retrouverez la figure dans l’organigramme « de puissants relais locaux ») à quelques kilomètres de la porcherie de Philippe Bizien.

    À cette époque-là et jusqu’en 2023, la FNSEA était présidée par #Christiane_Lambert, éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire, aujourd’hui présidente du #Comité_des_organisations_professionnelles_agricoles_de_l’Union_européenne (#Copa-Cogeca) – le plus important syndicat agricole européen.

    Le 14 mars 2024, Christiane Lambert a reçu la médaille d’officier de la Légion d’honneur sous le haut patronage d’#Erik_Orsenna (dont vous retrouverez la figure dans l’organigramme « La famille étendue ») et de l’ex-ministre de l’agriculture #Julien_Denormandie. Tous deux proches de l’association vitrine des grandes entreprises de l’#agroalimentaire, #Agriculteurs_de_Bretagne, ils viennent de cosigner le livre « Nourrir sans dévaster » (Flammarion).

    Une influence nationale

    De Plouvorn à Plonevez-Porzay en passant par Lamballe, Pouldreuzic, Loc-Equiner… Le lobby porcin s’est fait une place de choix dans de nombreuses institutions locales et nationales. De la Vallée des Saints… jusqu’à l’Académie française.

    Une statue de Saint-Alexis a été installée dans la Vallée des Saints en juillet 2022, le lieu, crée par des militants bretons en 2009 sur la commune de Carnoët, dans les Côtes d’Armor, se veut « une Île de Pâques à la bretonne ».

    La sculpture en granit de 4,25 m de haut a été financée conjointement par Le Crédit Agricole du Finistère, la Sica de Saint-Pol-de-Léon – premier groupement français de producteurs de légumes et d’horticulteurs – et la Brittany Ferries, pour rendre hommage à #Alexis_Gourvennec, considéré comme le père de l’agriculture bretonne moderne.

    Il était l’un des plus gros éleveurs porcins français avec 2.000 truies et 48 employés en 1984. Il a occupé la présidence de la Caisse régionale du Crédit Agricole de 1979 à 1998. Connu pour légitimer le recours à la violence en manifestation, l’entrepreneur léonard a contribué à diffuser sur la péninsule une vision ultra-libérale et productiviste de l’agriculture.

    Par-delà cet hommage en granit, les figures bien vivantes présentes dans cet organigramme, continuent de creuser le sillon d’Alexis Gourvennec.

    La filière porcine s’est par ailleurs organisée pour influencer l’opinion publique et laver l’image de l’agriculture bretonne et de ses pollutions. #Agriculteurs_de_Bretagne, association créée par de grandes entreprises de l’agroalimentaire en 2009 après la mort très médiatisée d’un cheval dans les algues vertes à Saint-Michel-en-Grève (22), assure des missions d’accueil d’écoles dans des exploitations de son réseau ainsi que la diffusion du magazine #Le_P’tit_Agri, destiné aux 7-11 ans. Elle tient également des stands lors de grands événements comme les Vieilles Charrues, à Carhaix (29) ou déploie parfois ses couleurs dans des stades, dont celui de Guingamp (22).

    Présidente de ce lobby jusqu’en 2022, #Danielle_Even, éleveuse de porcs dans les Côtes-d’Armor, a été propulsée sur la scène médiatique par l’académicien, businessman et conseiller des présidents Mitterrand et Macron, Erik Orsenna, lequel a invité « sa voisine », en 2013, sur le plateau de l’émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche ». « La Bretagne, grâce au porc, sera le nouveau Qatar ! », lance-t-il alors. Depuis, il est présent pour soutenir le lobby à de nombreuses reprises comme lors des remises de légion d’honneur à #André_Sergent, éleveur de porcs et président de la chambre d’agriculture du Finistère, ou à Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA et actuelle présidente de la Copa-Cogeca.

    https://splann.org/enquete/les-travers-du-porc/lobby-porc-bretagne

    #élevage #porc #France #infographie #élevage_porcin
    #industrie_agro-alimentaire

  • « Il y a un lien entre l’augmentation du nombre de tueurs en série et le contexte économique » - Basta !
    https://basta.media/Serial-Killer-et-capitalisme-Il-y-a-un-lien-entre-l-augmentation-du-nombre-

    À force de polars ou de séries, les serial killers font désormais partie de la culture populaire. Dans le monde réel, leur multiplication serait liée à l’aggravation des inégalités, selon le sociologue Laurent Denave qui publie un livre sur le sujet.

    #meurtres #homicides #inégalités #violences_sociales

    • Tueurs en série ou séries de tueurs ?
      En fait, ma motivation à relayer cet article serait plutôt l’augmentation des tueries de masses, phénomènes dont la fréquence augmente significativement depuis 2023. A moins que ce soit une sorte de volonté de surmédiatisation.
      Par contre, ce weekend, en déplacement sur les routes françaises, je ne puis que constater une aggravation de la « violence routière ». Mais ça n’a sûrement rien à voir ...

    • Augmentation des meurtres : tentatives de catégorisation.
      – règlements de comptes entre jeunes gens pour venger son honneur
      – règlements de comptes entre trafiquants de toutes obédiences
      _ attaques dites gratuites contre des personnes par des individus armés (le plus souvent armes blanches)

      Quelles sont les raisons de cette augmentation de la #criminalité puisque, notamment dans la dernière catégorie, les motivations « terroristes » semblent être abandonnées par les autorités policières ainsi que judiciaires ?

    • Concernant la violence routière, au vu du comportement de certains conducteurs, serait-on en droit de considérer qu’un véhicule motorisé puisse être une arme par destination ? Il me semble que derrière certains de ces comportements il y a des intentions de meurtre.

    • Honte sur moi ! Dans les catégories précitées, j’ai hélas omis de mentionner les meurtres de femmes et d’enfants découlant de violences intra-conjugales et intra-familiales ... Les féminicides et les infanticides.

      En tout cas, dans toutes les catégories que j’ai mentionnées, il y a sur-représentation du genre masculin parmi les meurtriers.

      J’aurais préféré ne pas avoir à rajouter cette dernière catégorie ...

  • J. Sapori : « La police nationale traverse une crise sans précédent sous la Cinquième République » - Actu-Juridique
    https://www.actu-juridique.fr/justice/j-sapori-la-police-nationale-traverse-une-crise-sans-precedent-sous-l

    En 2023, le nombre d’homicides a passé la barre symbolique du millier, en progression de 19% sur quatre ans !

    #homicides #brutalisation #police #cogestion #syndicats_policiers #maintien_de_l'ordre #police_judiciaire #atteintes_aux_personnes #grande_criminalité

    • La monsieur envisage les stratégies de réforme possibles : virer la police et tout miser sur la gendarmerie

      Entre continuer à ne rien faire et entamer un bras de fer périlleux avec les syndicats, il resterait, pour le ministère, la possibilité d’une stratégie médiane, écartant à la fois la stagnation mais, aussi l’hypothèse d’une réforme ambitieuse. Je m’explique. La Police Nationale et la Gendarmerie Nationale sont deux institutions conçues « en miroir », chacune disposant de services qui, dans une certaine mesure, doublent ceux de l’autre « maison ».

      Les Groupements Départementaux de la Gendarmerie sont des alter ego des Directions Départementales de la Police, la Gendarmerie Mobile l’est des CRS, tandis que les Sections de Recherche sont des duplicatas des services territoriaux de la Police Judiciaire. Il serait finalement assez aisé de renforcer les structures de la Gendarmerie au détriment de celles d’une Police Nationale considérée désormais comme ingouvernable. Je ne sais pas si cette stratégie sera mise en œuvre (elle risquerait de faire « tiquer » Bercy : un gendarme, ça coûte environ 25 % plus cher qu’un policier, puisqu’il est logé) mais de toute manière, même si c’était le cas, elle ne sera pas annoncée. Il existe quand même un voyant, qui permettra de constater que le processus est amorcé : l’évolution des effectifs des Sections de Recherche de la Gendarmerie, destinées peut-être, à terme, à remplacer l’antique Police Judiciaire dans la lutte contre la grande criminalité.

    • Ce commissaire divisionnaire retraité dit plutôt redouter que cela arrive (tout en espérant que cela coûte trop cher pour que ce soit fait) et qu’une police efficace nécessite un ministre qui ne soit pas un paltoquet de communicant mais un politique (Joxe pour modèle), l’instauration (ou réinstauration) de directions centrales de services et fonctions policières spécialisés, des formations elles-aussi adaptées à la spécificité des missions sans prétendre à une polyvalence aussi générale que vide de contenu, et prône la sempiternelle « simplification des procédures ».

  • Piéton tué par la #BRAV-M : des policiers avaient alerté sur la #dangerosité des motards

    « Devons-nous attendre un accident mortel pour réagir ? » Deux mois avant la mort d’un piéton en décembre dernier à Paris, une quinzaine de policiers de cette unité décriée avaient dénoncé, en vain, la dangerosité de leurs #motards dans des rapports accablants. Depuis plusieurs années, les blessés s’accumulent.

    À la préfecture de police de Paris, l’annonce, le 12 décembre, de la mort d’un homme de 84 ans, percuté par une moto de la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) alors qu’il traversait un passage piéton dans le XIXe arrondissement de Paris, n’a pas surpris tout le monde. Notamment dans les rangs des compagnies d’intervention (CI), mobilisées à tour de rôle pour grimper à l’arrière des motos au sein de ces équipages décriés pour leur violence depuis leur création, en 2019, en plein mouvement des « gilets jaunes ».

    Casque blanc à l’avant pour le pilote, noir à l’arrière pour son passager, vêtements sombres, motos de sport banalisées : les BRAV-M sont déployées au coup par coup pour des missions de maintien de l’ordre à Paris, et de « sécurisation » dans les quartiers réputés difficiles en banlieue.

    Le 7 octobre 2023, soit un peu plus de deux mois avant la mort du piéton − qui fait l’objet d’une enquête judiciaire pour « homicide involontaire » −, une quinzaine de policiers passagers des BRAV-M avaient transmis à leur hiérarchie des rapports pointant du doigt la dangerosité et l’illégalité de la conduite de leurs collègues.

    Dans ces écrits, consignés au terme d’une journée particulièrement chaotique, ils signifiaient également leur refus de continuer de monter derrière des pilotes décrits comme hors de contrôle, évoquant une accumulation d’accidents et de blessés et des alertes émises auprès de responsables de la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation) de la préfecture de police depuis « des mois voire des années ». Vitesse folle, prise de risques inconsidérée et injustifiée, absence de contrôle hiérarchique : le contenu de ces rapports, consultés par Mediapart, est effarant.

    Ce samedi 7 octobre, des équipages de la BRAV-M, dont la devise est « Born to ride » (« Né pour rouler », en anglais), sont affectés à plusieurs missions de sécurisation un peu partout à Paris. Certaines motos sont stationnées au stade Charléty, dans le sud de la capitale, où le Paris Football Club doit affronter l’AJ Auxerre pour un match de ligue 2. D’autres patrouillent place de la Bastille ou boulevard Magenta, près de la place de la République.

    En fin d’après-midi, une des unités voit un scooter brûler un feu rouge rue de Bagnolet, dans l’Est parisien. Les policiers tentent d’interpeller le conducteur, qui ne s’arrête pas. L’annonce de ce « refus d’obtempérer » circule sur les ondes et, sans attendre aucun ordre, des motards, même ceux du stade Charléty (à une dizaine de kilomètres de là), décident de se joindre à la course-poursuite.

    Le scooter pris en chasse s’engage sur le périphérique saturé, puis sur l’autoroute, où il finit par chuter au niveau de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Pendant ce temps, les motos de la BRAV-M convergent d’un peu partout dans Paris, à très grande vitesse.
    Plus de 180 kilomètres-heure

    Dans leurs rapports, les policiers passagers racontent : « Les motards ont décidé de partir à très vive allure, roulant à plus de 100 km/h en ville et slalomant entre les véhicules. Ils ont continué leur progression en interfile à 145 km/h sur un périphérique saturé. C’est inadmissible. Les motards ne sont pas conscients des risques qu’ils prennent pour leur propre vie, celles de leurs passagers, et celles des citoyens. D’autant plus que le Code de la route est complètement bafoué », écrit l’un d’entre eux, qui conclut : « Devons-nous attendre qu’il y ait un accident mortel pour réagir ? »

    Un autre relate que le pilote « a dépassé les 180 km/h [...] après avoir pris tous les risques possibles tout en étant conscient qu’à tout moment la moindre collision s’avérerait mortelle ». « Nous arrivons bien évidemment après l’intervention », ajoute-t-il. « Certains pilotes sont partis tellement vite qu’ils ont laissé leur passager sur place, avec le casque d’un passager encore attaché à la moto », précise encore le rapport.

    L’un des policiers passagers, équipé pour les opérations de maintien de l’ordre, explique s’être senti particulièrement vulnérable alors que la moto « slalomait entre les différents véhicules à vive allure ». « Après avoir fait part à un motocycliste du danger que représente la prise au vent [d’]un bouclier à de telles vitesses, celui-ci me répondra qu’à ma place il l’aurait lâché », relate-t-il. Un des fonctionnaires explique aussi avoir perdu une grenade goupillée place de la Bastille, et que le pilote aurait refusé de s’arrêter pour qu’il la ramasse…

    Plus grave encore, les policiers passagers des BRAV-M insistent sur le fait que ces comportements, à l’origine de « nombreuses blessures », ont été signalés à la hiérarchie de la DOPC à plusieurs reprises, et ce depuis des années. Sans, visiblement, que les motards aient fait l’objet d’un rappel à l’ordre.

    « Il ne se passe pas une vacation sans qu’il n’y ait une chute fortuite, et malgré de nombreuses discussions, rien ne semble changer », se plaint un fonctionnaire. « Il existe depuis de longs mois voire des années des griefs par rapport à leur conduite », explique un autre, évoquant une réunion en juin 2023 provoquée par « des accidents à répétition ». « Malgré de nombreuses blessures en service ainsi que de multiples discussions, il semblerait que les problèmes de comportement persistent et que les risques encourus ne cessent d’augmenter semaine après semaine », dit un troisième.

    –---

    Les BRAV-M, des unités uniques en France

    La première intervention officielle des BRAV-M (brigades de répression de l’action violente motorisées) dans les manifestations parisiennes date du 23 mars 2019, en plein mouvement des « gilets jaunes », sous la houlette du tout nouveau préfet de police de l’époque, Didier Lallement – remplacé par Laurent Nuñez à l’été 2022. Mais ces unités étaient déjà en gestation. Dès décembre 2018, sur décision du ministre de l’intérieur Christophe Castaner et du préfet Michel Delpuech, des binômes de policiers motorisés, interdits depuis la mort de Malik Oussekine en 1986, refont leur apparition dans les rues de Paris.

    Au départ, ce sont essentiellement des agents des brigades anticriminalité (BAC), non formés au maintien de l’ordre, qui sont mobilisés au sein de ces équipages. Car la particularité de la BRAV-M est qu’elle n’est pas une unité à proprement parler : depuis 2020, elle est composée d’agents appartenant aux compagnies d’intervention (CI) de la préfecture de police de Paris, mobilisés ponctuellement pour grimper à l’arrière des motos comme passagers. À l’avant, les motards, 150 policiers environ, appartiennent eux aussi à une compagnie d’intervention, « la 24 ».

    Déployées au coup par coup en fonction des événements prévus dans la capitale, les BRAV-M sont réparties en équipages de 18 motos organisées en trinômes. Elles sont devenues le symbole ambulant de ce que les manifestant·es reprochent aux forces de l’ordre françaises : une violence imprévisible, indiscriminée et gratuite.

    –---

    Pourquoi ces alertes et ces rapports sont-ils restés sans suite pendant des mois ? Selon nos informations, les écrits envoyés par les policiers le 7 octobre n’ont pas été enregistrés par la hiérarchie de la DOPC dans le système de courrier de la préfecture de police, baptisé « Alice », comme le veut la procédure.

    Les fonctionnaires auteurs des rapports n’ont été convoqués qu’à la mi-janvier, soit plus de trois mois après les incidents signalés, dans le cadre d’une « procédure d’enquête administrative ». Des convocations tombées, donc, quelques semaines après l’accident qui a causé la mort du piéton dans le XIXe arrondissement.

    Selon les informations de Mediapart, les procès-verbaux de convocation à ces auditions sont en effet datés du mois d’octobre, mais ne comportent aucune référence « Alice », ce qui interroge sur la réalité de la temporalité de la procédure.
    Le préfet de police pas informé

    Un autre détail pose question : l’enquête administrative chargée de faire la lumière sur les incidents du 7 octobre a été confiée à Patrick Lunel, qui n’est autre que… le responsable des motards de la BRAV-M mise en cause par leurs collègues. Patrick Lunel est par ailleurs connu pour avoir été commandant de la CSI 93, la compagnie de sécurisation et d’intervention de la Seine-Saint-Denis, quand elle s’est retrouvée au cœur d’une retentissante série de scandales.

    Une vingtaine d’enquêtes judiciaires avaient été ouvertes en 2019 et 2020 par le parquet de Bobigny pour des faits de vols, violences et faux en écriture publique. La majorité ont été classées faute de preuves, selon une source judiciaire, mais plusieurs des policiers de la CSI 93 ont été renvoyés devant la justice, et certains condamnés à de la prison ferme.

    Sollicité via la préfecture de police, Patrick Lunel n’a pas répondu à nos questions.

    Interrogée sur le contenu de ces rapports et l’absence de suites, la préfecture de police nous a indiqué que « les rapports des agents, transmis par mail un dimanche, ont été portés sans délai à la connaissance de l’ensemble de la chaîne hiérarchique, l’absence d’enregistrement par numéro ALICE n’ayant aucune incidence sur la remontée et la prise en compte d’information ».

    « Le délai de trois mois entre le déclenchement de l’enquête administrative et les premières auditions se justifie par la nécessité d’instruire l’ensemble des rapports, les contraintes opérationnelles, et la programmation de plusieurs actes s’agissant d’une affaire dans laquelle aucun blessé n’est à déplorer et alors même que le préfet de police, dès le 11 octobre, avait reçu l’ensemble de l’encadrement de la BRAV-M pour rappeler les règles de déontologie, notamment la nécessité de circuler à allure normale hors cas d’intervention d’urgence », a-t-elle justifié.

    « Le préfet de police tient à préciser que toute la lumière sera faite sur cette enquête administrative sur des faits qui se déroulaient dans le cadre initial d’un refus d’obtempérer commis par un individu finalement interpellé dans un secteur sensible de Seine-Saint-Denis où ont eu lieu de nombreuses prises à partie d’effectifs et nécessitant l’envoi de renforts dans les meilleurs délais », nous a encore précisé la préfecture.

    La hiérarchie de la DOPC a-t-elle dissimulé au préfet la colère qui montait dans les rangs des BRAV-M ? « Le préfet de police a été informé des crispations liées à la vitesse (c’est à ce titre qu’il reçoit les encadrants le 11 octobre), sans être informé précisément du fait du 7 octobre », nous a-t-on répondu.

    Autre interrogation : alors que les rapports du 7 octobre font état de « nombreux blessés en service », combien de policiers ont été blessés dans des accidents causés par les motards de la BRAV-M ? « À ce jour, la direction de l’ordre public et de la circulation recense contre les pilotes de la BRAV-M quatre cas de faute lourde de pilotage, avec blessé. Des enquêtes ont été ouvertes pour chacun des cas », indique la préfecture.

    Au moins un de ces accidents a eu des conséquences dramatiques. Selon nos informations, une jeune gardienne de la paix affectée dans une compagnie d’intervention a été grièvement blessée en juin 2022 dans un carambolage sur le périphérique parisien au niveau de la porte de la Villette alors qu’elle était passagère dans un équipage de la BRAV-M, accident dont elle conserve de graves séquelles.

    À ce sujet, la préfecture de police nous a indiqué que cet accident a fait « l’objet d’une enquête administrative, dont les conclusions ont été rendues : un conseil de discipline doit avoir lieu en mars 2024 ». « Dans l’attente, l’agent en cause a changé d’affectation et n’exerce plus sur la voie publique. L’enquête judiciaire est toujours en cours, elle est effectuée par l’IGPN [Inspection générale de la police nationale – ndlr] », a-t-elle précisé.
    « Roues arrière sur le périph’ »

    « Le grave accident dont a été victime la jeune policière aurait pourtant dû susciter un électrochoc, souffle un commissaire de la préfecture de police de Paris. Mais ça n’a rien changé, les motards de la BRAV-M continuent de faire des roues arrière sur le périph’ ! » « Ils sortent leur béquille sur l’autoroute pour faire des étincelles. Ils font les kékés, ça les amuse », renchérit un policier, lui aussi en poste à la préfecture.

    « Au fil des années, à force d’une série de petits renoncements, un laisser-aller s’est installé, poursuit ce fonctionnaire. Les motards de la BRAV-M, c’est un État dans l’État, il y a un gros sentiment d’impunité. » « Beaucoup sont jeunes, manquent de maturité. Ils sont portés aux nues par leur hiérarchie, et se sentent autorisés à tout faire », confirme le commissaire.

    Ni l’accident de la jeune policière ni les rapports du 7 octobre n’ont donc changé quoi que ce soit : le 12 décembre, à proximité de la « base » des motards, porte de la Villette, un de leurs équipages a percuté un passant. Cet homme de 84 ans a été grièvement blessé, souffrant notamment d’un traumatisme crânien. Transporté aux urgences, il est mort le lendemain. Le parquet de Paris avait précisé que l’accident avait eu lieu « vers 16 heures » et que le piéton traversait « au feu vert pour les piétons » tandis que les deux motos de la BRAV-M franchissaient un feu rouge.

    Selon les éléments recueillis par Mediapart, la particularité des BRAV-M est qu’elles peuvent décider de leur mobilisation sans consulter les autorités hiérarchiques de la direction de l’ordre public de la préfecture, dont elles dépendent, comme le démontrent les récits relatés dans les rapports du 7 octobre. Avec un objectif assumé : interpeller.

    Depuis le déploiement de cette unité unique en France, créée en 2019 pour intervenir quand les conditions habituelles du maintien de l’ordre sont dépassées − les précédentes brigades motorisées ont été interdites après le décès de Malik Oussekine en 1986 −, la BRAV-M est régulièrement décriée pour ses actions violentes.

    Ces binômes de policiers motorisés sont visés par plusieurs enquêtes judiciaires, notamment pour avoir agressé gratuitement un étudiant de 22 ans, ou encore pour avoir, pendant le mouvement contre la réforme des retraites, en mars 2023, roué de coups un jeune homme, Souleymane, 23 ans, tout en proférant des insultes racistes à son égard. Dernière affaire en date : des violences exercées sur un jeune réfugié en décembre, qui font l’objet d’une enquête administrative ouverte par le préfet de police, Laurent Nuñez.

    Dans un rapport publié en avril 2023, l’Observatoire parisien des libertés publiques (OPLP), créé à l’initiative de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et du Syndicat des avocats de France (SAF), avait étrillé ces brigades, décrites comme « violentes et dangereuses, promptes à faire dégénérer les situations ». « La BRAV-M a développé un style qui puise dans les répertoires de la chasse, du film d’action, du virilisme et de l’intimidation », pouvait-on y lire.

    La mort du piéton en décembre et l’affaire des rapports sur la conduite « très accidentogène » des pilotes deux mois plus tôt viennent une nouvelle fois éclabousser la DOPC, chargée de la sécurisation de l’ensemble des événements et manifestations à Paris et en petite couronne. Elle sera donc sollicitée pour les cérémonies des Jeux olympiques de Paris, qui auront lieu dans six mois.

    La DOPC avait déjà été décapitée par l’affaire Benalla, qui avait emporté avec elle plusieurs des pontes de la préfecture. Jérôme Foucaud, un haut gradé sans expérience du maintien de l’ordre, avait alors été propulsé à la tête de cette direction. C’est lui qui avait été responsable du maintien de l’ordre pendant les manifestations des « gilets jaunes », et lui aussi qui avait signé le « télégramme » entérinant le dispositif de sécurisation de la finale de la Ligue des champions en mai 2022, restée dans les mémoires comme un fiasco d’ampleur internationale.

    Selon nos informations, le directeur de l’ordre public avait connaissance, depuis des mois, de la colère qui montait en interne contre les motards de la BRAV-M, sujet qui avait été évoqué au cours de plusieurs réunions. Interrogé à ce sujet via la préfecture de police, Jérôme Foucaud ne nous a pas répondu.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/310124/pieton-tue-par-la-brav-m-des-policiers-avaient-alerte-sur-la-dangerosite-d
    #forces_de_l'ordre #France #piétons #compagnies_d’intervention (#CI) #violence #violences_policières #banlieue #maintien_de_l'ordre #homicide_involontaire #rapport #Born_to_ride #vitesse #témoignage #DOPC #enquête_administrative #Patrick_Lunel #CSI_93 #vols #faux_en_écriture_publique #accidents #impunité

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • #Homicide de #Bilal_M. : la #reconstitution 3D invalide la version policière
    https://www.youtube.com/watch?v=-tZ-8v0v9dU&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.index.ngo%2F&em

    Le 23 juin 2021, Bilal M., 34 ans, est tué par des policiers qui procèdent à son expulsion locative. Ces derniers ont plaidé la légitime défense, accusant Bilal M. de les avoir agressés avec un couteau. INDEX a mené une #contre-enquête et révèle des #incohérences majeures dans la version policière des faits.

    https://www.index.ngo/enquetes/homicide-de-bilal-m-la-reconstitution-3d-invalide-la-version-policiere
    #Bilal #reconstruction #police #violences_policières #France #architecture_forensique #INDEX

  • Les féminicides ont-ils vraiment baissé de 20 % en 2023 ?

    Le 2 janvier, le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti a affirmé au Figaro que le nombre de #meurtres de #femmes par leur conjoint ou ex-conjoint était en baisse en 2023, et atteignait 94, contre 118 en 2022, soit une diminution de 20 %.

    « Nous savons que lutter contre ce fléau prend du temps (…). Mais l’engagement de la justice française pour endiguer les féminicides porte tout de même ses premiers fruits », a-t-il commenté. Ces chiffres ont rapidement été contestés par plusieurs associations et collectifs féministes. Qu’en est-il ?

    Premier sujet d’étonnement : en évoquant les 118 féminicides de 2022, le #garde_des_Sceaux fait référence aux chiffres de la #Délégation_aux_victimes (#DAV) du #ministère_de_l’Intérieur, « l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple », publiée chaque année depuis 2006. Or pour l’année 2023, la DAV n’a publié aucun chiffre et indique qu’aucun bilan provisoire ne sera disponible avant le 31 janvier 2024.

    Le chiffre avancé par Eric Dupont-Moretti correspond, selon Franceinfo, aux remontées des parquets, et pourrait être corrigé ultérieurement, même si ce sera vraisemblablement à la marge. Reste une question : pourquoi le garde des Sceaux ouvre-t-il l’année en communiquant sur le sujet au mépris du calendrier retenu par le ministère de l’Intérieur ?

    Des écarts avec les associations féministes

    Deuxième sujet d’étonnement : les associations et collectifs féministes qui ont contribué depuis plusieurs années à mettre le sujet des féminicides sur le devant de la scène obtiennent des chiffres plus élevés, à partir de la veille qu’elles font de la presse nationale et de la presse quotidienne régionale.

    Le #collectif_des_féminicides par compagnon ou ex, qui mène ce travail depuis 2016, en est ainsi à 102 féminicides conjugaux en 2023 et souligne que plusieurs enquêtes pour mort suspecte sont toujours en cours. De son côté, l’#Inter-Orga_Féminicides (#IOF), constituée en 2021, recense 134 féminicides en 2023, dont 72 % conjugaux, soit 97.

    Précisons que les écarts entre les chiffres associatifs sont aisés à expliquer : le travail est entièrement réalisé par des bénévoles et repose sur les articles de presse. Il peut donc y avoir des « trous dans la raquette ».

    A l’inverse, les chiffres du ministère de l’Intérieur reposent sur les déclarations des causes d’#homicides par les services de police et de gendarmerie, complétées par une vérification auprès des parquets afin de préciser la qualification pénale. Sachant que le #droit français ne reconnaît pas la notion de féminicide – le #meurtre d’une femme en raison de son #genre –, mais distingue le meurtre, l’#assassinat (meurtre avec préméditation) et les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

    Une #définition institutionnelle trop restreinte

    Si les chiffres avancés par le ministre font réagir, c’est aussi que la définition du féminicide retenue par les institutions françaises est très restreinte : elle ne tient compte que des #féminicides_conjugaux et laisse de côté d’autres féminicides, les meurtres de mères par leurs fils, celui de femmes par des collègues ou un inconnu, ou encore les meurtres par des clients ou d’autres personnes sur des femmes exerçant le travail du sexe.

    Si la notion de féminicide fait l’objet de discussions dans les milieux féministes depuis de longues années, c’est avec la publication en 1992 du livre des chercheuses Diana Russel et Jill Radford Femicide : the politics of women killing qu’il gagne en popularité, rappelle la journaliste Laurène Daycard dans Nos Absentes. A l’origine des féminicides (Seuil, 2023).

    Les institutions internationales retiennent elles aussi une définition plus large que celle de la France. Les #Nations_unies distinguent depuis 2012 les #féminicides_intimes, commis par des proches, qu’ils soient conjoints ou parents de la victime, des #féminicides_non_intimes, ceux commis contre les professions stigmatisées comme la #prostitution, et les #féminicides_sexuels_systémiques où il n’y a pas de lien préalable entre la victime et son meurtrier, comme les massacres de femmes parce qu’elles sont des femmes.

    D’autres typologies sont possibles. En Espagne, comme le rapporte Le Monde, cinq types de féminicides sont comptabilisés : conjugaux, familiaux, sociaux (exécuté par un inconnu, un collègue de travail, un ami), sexuels (lié à la violence ou à l’exploitation sexuelle ainsi qu’au travail du sexe, mariage forcé ou mutilation génitale), et enfin, les féminicides par procuration, soit l’assassinat d’une personne (proches, enfants) pour nuire à une femme.

    En France, si le #collectif_Féminicides_par_compagnon_ou_ex recense les féminicides conjugaux, l’Inter-Orga Féminicides retient une définition plus extensive. Elle distingue les féminicides conjugaux, familiaux (commis par un enfant ou un parent) et sociaux.

    Au-delà des féminicides ?

    Au-delà de la définition même du féminicide, d’autres phénomènes s’inscrivent dans le continuum des #violences_de_genre qui structurent encore les sociétés contemporaines et doivent être a minima pris en compte.

    C’est le cas des #suicides_forcés, reconnus dans le Code pénal depuis 2020, et définis comme des suicides ou tentatives de suicides provoquées à la suite de #harcèlement dans le cadre de #violences_conjugales.

    Certains plaident pour leur intégration dans la définition du féminicide. En 2022, les services du ministère de l’Intérieur en ont recensé 759, presque exclusivement des femmes. Cela correspond à une multiplication par 3,3 depuis 2020, qui dit aussi une meilleure appréhension du phénomène.

    A cela s’ajoutent les #tentatives_de_féminicides, qui, si elles n’aboutissent pas à la mort de la victime, ont pourtant des conséquences destructrices. Le ministère de l’Intérieur recense ainsi 366 tentatives d’homicides au sein du couple en 2022, dont 267 contre des femmes. Cela, sans compter les infanticides commis dans le cadre de violences conjugales, ou les traumatismes d’enfants survivants d’un féminicide. Bref, pas de quoi pavoiser.

    https://www.alternatives-economiques.fr/feminicides-ont-vraiment-baisse-de-20-2023/00109303
    #féminicides #statistiques #chiffres #France #typologie

    ping @_kg_

  • Communiqué commun et publication d’une analyse préliminaire sur la mort de Roger ‘#Nzoy’ Wilhelm

    Depuis plusieurs mois, Border Forensics enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm, un Suisse d’origine sud-africaine, tué par la #police à la gare de #Morges (Suisse) le 30 août 2021. Plus de deux ans après sa mort, alors que le déroulement exact des événements reste flou, le #Ministère_public du Canton de Vaud a récemment annoncé sa volonté de rendre une #ordonnance_de_classement et une #ordonnance_de_non-entrée_en_matière.

    Alors que notre enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm est toujours en cours, et en contribution à la demande de vérité et de justice de la Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm, aujourd’hui une analyse préliminaire produite par Border Forensics concernant une partie des événements a été soumise au Ministère public du Canton de Vaud. Cette analyse sera rendu public prochainement.

    –—

    Communiqué de presse : La Commission indépendante et Border Forensics critiquent le ministère public dans l’affaire de l’homicide de Roger Nzoy Wilhelm et publient des preuves ignorées

    Le Zurichois Roger Wilhelm, âgé de 38 ans, a été abattu par un policier le 30 août 2021 à la gare de Morges. Wilhelm a été laissé sur le ventre pendant six minutes et demie, sans que les autres policiers impliqués ne lui prodiguent les premiers soins. Malgré cela, le 10 octobre 2023, le Ministère public du canton de Vaud a annoncé qu’il ne poursuivrait ni l’#homicide ni l’#omission_de_prêter_secours.

    La Suisse ne dispose pas d’une institution indépendante pour enquêter sur les incidents de violence policière, c’est pourquoi un examen et une enquête indépendants de la société civile sur ce cas de décès s’avèrent urgents. Une commission indépendante composée de scientifiques issus des domaines de la médecine, de la psychologie, du droit et des sciences sociales ainsi que l’organisation de recherche scientifique Border Forensics examinent désormais le cas eux- mêmes. Les résultats provisoires de ces recherches ont été présentés aujourd’hui [vendredi 10.11.23] à Lausanne en présence d’Evelyn Wilhelm et de l’avocat Me Ludovic Tirelli, chargé de l’affaire. Ces travaux montrent que la décision du Ministère public doit être remise en question de toute urgence.

    Elio Panese, membre de l’équipe de recherche Border Forensics, a reconstitué à la seconde près le déroulement de l’#homicide à Morges au moyen d’un film. Ce film montre que Roger Wilhelm est resté au sol menotté pendant six minutes et demie alors qu’il avait une blessure par balle et qu’il n’a pas fait d’autres mouvements que de respirer. Cela prouve que les policières/policiers impliqué·es ont négligé de prendre les mesures de #sauvetage et de #réanimation vitales. Le Dr Martin Herrmann, qui fait partie des experts médicaux de la commission (spécialiste FMH en chirurgie générale et traumatologie), a confirmé dans son analyse que les mesures de #premiers_secours nécessaires n’avaient pas été prises, bien que Roger Wilhelm, allongé sur le ventre, ne représentait aucune menace pour les policières/policiers et qu’il effectuait encore des mouvements respiratoires. La question à clarifier devant le tribunal est la suivante : la vie de Roger Wilhelm aurait-elle pu être sauvée par des mesures de premiers secours immédiates prises par la police ?

    Udo Rauchfleisch, professeur émérite de psychologie clinique et membre de la commission, a rédigé un rapport basé sur des dossiers psychiatriques, des entretiens avec des proches, des déclarations de témoins et des séquences vidéo de l’homicide de Roger Wilhelm. Selon ce rapport, la police vaudoise a été appelée pour venir en aide à un homme Noir qui présentait des symptômes de psychose. Selon l’expertise du Prof. Rauchfleisch, Roger Wilhelm n’était en aucune manière et à aucun moment agressif, mais il était stressé et aurait eu besoin d’une #aide_psychologique. Au lieu d’apporter leur aide, les quatre policières/policiers ont accru le #stress_psychologique de Roger Wilhelm. Celui-ci a été considéré comme une menace et a finalement été abattu. C’est pourquoi une autre question décisive se pose, qui doit être clarifiée devant le tribunal : le comportement des policières/policiers était-il adéquat et l’utilisation d’#armes_à_feu était-elle nécessaire et conforme à la loi ?

    La mort de Roger Wilhelm doit être replacée dans le contexte d’autres homicides de personnes Noires par la police en Suisse. Dans le cas de #Mike_Ben_Peter, décédé le 28 février 2018 à la suite d’une intervention policière, le procureur chargé de l’enquête, qui gère également le cas de Roger Nzoy Wilhelm, a demandé à la surprise générale l’acquittement des policiers impliqués lors du procès. Me Brigitte Lembwadio Kanyama, membre du groupe juridique de la Commission, a sévèrement critiqué le traitement des décès survenus à la suite d’interventions policières dans le canton de Vaud. Dans tous les cas, les personnes tuées étaient des personnes Noires. L’avocat Me Philipp Stolkin, membre du groupe juridique de la Commission, a souligné que le #ministère_public devrait être en mesure de mener son enquête indépendamment de la #couleur_de_peau de la victime et du fait qu’une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction soit employée par une entité de droit public.

    Selon un autre membre du groupe de la commission, le juriste David Mühlemann, du point de vue des #droits_humains, le ministère public est tenu d’enquêter de manière indépendante, efficace et complète sur de tels décès exceptionnels : « Ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que la confiance du public dans le monopole de la violence de l’État. » En voulant classer l’affaire, le ministère public empêche la possibilité d’une enquête conforme aux droits humains. C’est pourquoi la Commission demande instamment au Ministère public vaudois d’ouvrir une enquête sur l’affaire Roger Nzoy Wilhelm et de porter l’affaire devant le tribunal.

    Vous trouverez plus d’informations sur : https://nzoycommission.org

    https://www.borderforensics.org/fr/actualites/20231110-pr-roger-nzoy-wilhelm

    #border_forensics #architecture_forensique #violences_policières #Suisse #Roger_Wilhelm #justice #impunité

    • Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm

      Roger Nzoy Wilhelm a été abattu le 30 août 2021 par un policier de la police régionale à la gare de Morges. Une commission indépendante s’est constituée le 31 mai 2023 pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort.

      En Suisse, des agressions policières sont régulièrement commises contre des personnes de couleur, des migrants et des personnes socialement défavorisées. Certaines de ces agressions ont une issue fatale, comme dans le cas de Roger Nzoy Wilhelm. La commission estime qu’il est urgent de faire toute la lumière sur ces décès et de mettre en place un contrôle de l’action de la police par la société civile. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à travailler sur les points suivants :

      - l’élucidation complète des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm à la gare de Morges le 30 août 2021.
      – l’examen complet de la procédure juridique et policière, des dossiers d’enquête et de l’administration des preuves par la justice. Il s’agit d’examiner si l’enquête a satisfait aux exigences de la procédure pénale en matière d’enquête sur les décès ou dans quelle mesure l’enquête a été déficiente : Comment la scène de crime a-t-elle été sécurisée ? Les témoins ont-ils été correctement interrogés ou ont-ils subi des pressions ? Comment s’est déroulé l’examen médico-légal ?
      - Il s’agit d’examiner si les enquêtes menées dans le cas de Roger Nzoy répondent aux exigences des droits de l’homme en matière d’enquête efficace et indépendante en cas de décès exceptionnel et quels sont les obstacles structurels à l’élucidation des violences policières.
      - la mise en perspective des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm dans le contexte historique et social en Suisse.

      https://www.nzoycommission.org/fr

  • Des journalistes de « Libération » convoqués par la PJ : communiqué de la SJPL et de la direction de la rédaction – Libération (all together)
    https://www.liberation.fr/plus/communiques/des-journalistes-de-liberation-convoques-par-la-pj-communique-de-la-sjpl-
    https://www.liberation.fr/resizer/Y9z1u88OI4CdG20-1gktXECoh48=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-

    Les trois journalistes étaient convoqués par la police judiciaire après une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier.

    Ce jeudi 21 septembre, les journalistes de Libération Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer étaient convoqués pour être entendus en tant que suspects sous le régime de l’audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille.

    Les motifs d’infractions de « violation du secret de l’instruction », « recel de violation du secret de l’instruction » et « diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique » retenus par le parquet visent la publication d’une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC, à Neuville-en-Ferrain (Nord).

    Dans leur enquête, les journalistes de Libération soulignent les manquements de l’IGPN et de la juge d’instruction dans la conduite des investigations concernant la mort d’Amine Leknoun.

    Parce qu’elle constitue un gaspillage des ressources de la police et de la justice, et, surtout, dans la foulée de la perquisition et de la garde à vue de trente-neuf heures infligées à notre consœur de Disclose Ariane Lavrilleux, une nouvelle tentative d’intimidation de journalistes, la Société des journalistes et du personnel (SJPL) et la direction de Libération dénoncent une procédure inadmissible et indigne d’un pays démocratique où la liberté de presse ne doit en aucun cas être entravée.

    Mort d’Amine Leknoun : dans le Nord, un tir policier suspect et une enquête à l’arrêt, par Ismaël Halissat, envoyé spécial dans le Nord, Fabien Leboucq et Antoine Schirer, 22 juin 2023
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/homicide-policier-dans-le-nord-un-tir-suspect-et-une-enquete-a-larret-202

    Fin août 2022, le Roubaisien de 23 ans a été tué au volant d’une voiture par le tir d’un agent de la #BAC de Tourcoing. Dix mois après, la frêle enquête judiciaire semble avoir été délaissée par l’#IGPN et la juge d’instruction.

    https://www.liberation.fr/resizer/ubYH-rBAV5wUYwTXcnZLDG7C5Ys=/768x0/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/T3D2SJOAQVB43PHNKRYJRT36QQ.jpg

    Amine Leknoun est mort il y a dix mois à la suite d’un tir policier. En 2022, 11 autres personnes sont mortes dans des circonstances similaires en France. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)

    Quelques heures d’investigations pour un #homicide_policier et, dix mois plus tard, une enquête à l’arrêt. Dans la nuit du 29 au 30 août 2022, Amine Leknoun, 23 ans, est tué au volant d’une voiture, à Neuville-en-Ferrain (Nord), par le tir d’un agent de la brigade anticriminalité (BAC) de Tourcoing. Au cours de l’année 2022, onze autres personnes sont mortes sous les balles de policiers dans des circonstances similaires, comme conducteur ou passager d’un véhicule. Une explosion des tirs mortels, presque aussi nombreux cette année-là qu’au cours de l’intégralité des cinq précédentes, qu’il est possible d’expliquer, selon des premiers résultats de chercheurs, par le vote d’une loi en 2017 assouplissant les règles d’usage des armes par les policiers.

    Pour justifier son tir, Amaury D., brigadier-chef de 36 ans, assure qu’il était menacé par la voiture que conduisait Amine Leknoun, selon les pièces judiciaires consultées par Libération. L’enquête de flagrance, menée d’abord par la police judiciaire (PJ) puis par la délégation lilloise de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), a duré un peu plus d’un jour. Malgré ses nombreuses lacunes, elle comporte de premiers éléments médico-légaux et balistiques fragilisant l’argument de la légitime défense adopté par le policier. Le parquet de Lille ouvre une information judiciaire le lendemain des faits et la juge d’instruction met en examen, dans la foulée, l’auteur du tir pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », par personne dépositaire de l’autorité publique.

    Depuis, cette frêle enquête judiciaire semble avoir été délaissée par les enquêteurs de l’IGPN et la juge d’instruction, en dépit des premiers éléments plutôt défavorables pour l’agent qui a fait feu. Celui-ci n’aurait même commis « aucun manquement, et aucune négligence professionnelle », selon les conclusions rendues par l’IGPN, dans le cadre de l’enquête administrative menée sur ces faits. L’avocate du policier, présumé innocent comme tout mis en cause, a par ailleurs contesté sa mise en examen devant la chambre de l’instruction. La décision de cette dernière est attendue en septembre.

    « On a tout de suite reconnu le véhicule de la BAC »

    En cette fin d’été 2022, l’ambiance est « très calme » pour les policiers de la BAC de Tourcoing, raconte Amaury D. aux enquêteurs, lors de l’unique audition de sa garde à vue. Le 29 août, son équipage commence son service à 19h50. Une séance d’entraînement au tir, une interpellation qui se déroule selon lui sans accroc, une pause dîner… Cela mène les trois policiers jusqu’au milieu de la nuit. Peu avant 3 heures, ils reçoivent un tuyau d’un certain « Max », de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Lille, une unité chargée des missions judiciaires périlleuses. Il les oriente vers un véhicule que son service suit à l’aide d’une balise, « une Renault Mégane, volée », assure à l’IGPN Yann T., chauffeur de l’équipage de la BAC ce soir-là. La BRI leur propose de « procéder à l’interpellation des individus se trouvant à bord pour recel de vol de véhicule », complète Nicolas P., également policier de la BAC et présent cette nuit-là.

    Une affaire a priori facile. Le trio de la brigade anticriminalité est proche du lieu où la Mégane est garée. De nuit, la zone industrielle, isolée, de Neuville-en-Ferrain, à quelques centaines de mètres de la frontière avec la Belgique, est peu éclairée. Yann T. tente une approche discrète, afin de bénéficier de l’effet de surprise. Peine perdue : « On voit que la police arrive sur nous sans feux. On a reconnu [tout] de suite le véhicule de la BAC », relate aux enquêteurs Ramdane B., assis sur le siège avant, à côté d’Amine Leknoun. Ce dernier n’a pas le permis, et fait « l’objet d’un mandat pour écrou de trois mois [application d’une peine de prison ferme, ndlr], lié à la réitération d’infractions commises en non-respect des obligations de confinement Covid », selon un procès-verbal du dossier. Toujours d’après Ramdane B., les deux jeunes hommes prévoyaient de fumer un joint avant l’arrivée de la voiture de la BAC.

    Les fonctionnaires disent avoir allumé leurs feux et gyrophares quelques mètres avant d’arriver au niveau de leur cible. Yann T. place sa voiture de manière à bloquer une éventuelle fuite de la Mégane. Cette dernière est stationnée perpendiculairement à la route, le coffre contre un portail fermé, le long d’un rebord d’une dizaine de centimètres de hauteur, situé à sa gauche. Les policiers qui ne sont pas au volant sortent les premiers. Ils sont habillés en civil et portent un brassard orange. Amaury D. se dirige vers la fenêtre conducteur ; Nicolas P. vers celle du passager. D’après ce policier, son collègue Yann T. se serait placé « à l’avant de la Renault Mégane avec son arme à la main pour tenir en respect le conducteur », après être descendu à son tour. Mais l’intéressé dit s’être positionné « vers l’arrière de [sa] voiture » et avoir braqué son arme « en direction du capot ». De son côté, Ramdane B., interrogé par les enquêteurs à ce sujet, déclare qu’« aucun policier » n’était devant la voiture.

    L’homicide est survenu à deux pas d’une station essence. Contrairement à ce qu’a indiqué l’IGPN, il y avait bien des caméras. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
    « Le petit pan »

    La scène qui se joue alors semble en tout cas très rapide. Bloqué à l’avant par la voiture de la BAC, « le conducteur du véhicule Renault Mégane essaye de monter sur la bordure [sur sa gauche], pour s’échapper », relate Nicolas P. lors de son audition. « A ce moment-là, je crois comprendre que le véhicule cale. » Le fonctionnaire utilise sa matraque télescopique « pour briser la vitre du passager avant [et] procéder à l’interpellation des occupants ». Conséquence d’après lui : son bras « se trouve coincé dans l’habitacle […] avec le montant de la porte ». Aucune blessure n’est constatée dans l’enquête à ce sujet.

    Après le bris de la fenêtre passager, Ramdane B. fait ce récit : « J’entends le bruit du moteur et là je lève les mains de suite. [Notre] véhicule est stoppé. Pour moi, Amine a fait un mètre. » De fait, la Mégane n’est pas allée loin. Selon des mesures effectuées sur la scène par les enquêteurs, le véhicule était arrêté à moins de 10 mètres du portail près duquel il était garé.

    Entre-temps est survenu le tir. Les deux équipiers de Amaury D. ne se souviennent pas l’avoir entendu, Ramdane B. dit avoir perçu « le bruit de la vitre cassée, le petit pan, les cris des policiers et le bruit du moteur ». Tandis que le policier auteur du coup de feu, Amaury D., affirme ceci : « Au début, on avait l’impression [que le véhicule] avançait très lentement, comme s’il avait calé. Et quand j’ai ouvert la portière, j’ai entendu le moteur vrombir. Juste à ce moment, il a engagé sa manœuvre, c’est là que j’ai tiré. »

    « Je ne voyais aucune autre solution »

    Plus en détail, le brigadier-chef raconte qu’il a ouvert la portière, qui n’était pas verrouillée, tenant son arme dans la main droite. Il a alors « le pied droit juste sur la bordure et le pied gauche entre la portière du conducteur et la bordure ». Le policier poursuit, au sujet d’Amine Leknoun : « J’étais vraiment à son contact […]. Mais en me rapprochant, je n’avais pas d’autre choix que de mettre mon deuxième pied entre la voiture et la bordure. » Le policier assure qu’il se retrouve alors coincé à cet endroit : « L’arrière [du véhicule] allait me happer car il me prenait de biais et il avait enclenché sa manœuvre de braquage à gauche et de marche avant. […] J’ai lâché prise et j’ai tiré au moment où je me suis rendu compte que le véhicule allait me percuter car il commençait déjà à me frôler. » Le brigadier-chef perd son arme, qu’il vient d’utiliser presque à bout portant, et dit être tombé en arrière. Pourtant, alors que le véhicule continue sa trajectoire sur quelques mètres et n’est pas immédiatement stoppé, Amaury D. n’a ni été happé ni percuté. Lors de son interrogatoire de première comparution, le fonctionnaire affirme qu’il n’avait « pas le choix » : « Je pense que j’étais dans mon droit, que j’ai agi pour protéger mon intégrité physique et celle de mon collègue [Nicolas P.] que je voyais partir avec le bras, être tiré par le bras par le véhicule en mouvement. Je ne voyais aucune autre solution. » Son avocate, Manon Dugast, appuie : « Les déclarations de mon client n’ont pas changé, elles sont constantes depuis le début. Le dossier en l’état suffit à caractériser l’état de légitime défense, et l’on pourrait déjà clôturer cette information judiciaire. »

    Le tir ne laisse aucune chance à Amine Leknoun : « Lors de son trajet, le projectile est entré au niveau de la neuvième côte gauche, il a perforé le lobe inférieur du poumon gauche, l’aorte, le lobe antérieur du poumon droit, le foie avant de ressortir au niveau de la sixième côte droite », observe le légiste. L’ogive finit sa course dans l’îlot central du véhicule, à proximité du frein à main, preuve de son inclinaison, vers le sol, comme le montre la modélisation 3D du tir réalisée par Libération à partir de l’expertise balistique.

    Amine Leknoun est déclaré mort à 3 h 50, après l’intervention des secours. La garde à vue d’Amaury D. débute à 5h45. D’abord auprès de la police judiciaire, première sur les lieux, et autrice des premiers actes d’enquêtes ; puis auprès de l’IGPN. Le 31 août à 13h35, la délégation lilloise de l’inspection rend un procès-verbal de synthèse, clôturant l’enquête de flagrance. Elle a duré moins de trente-six heures, et laisse de nombreuses questions en suspens, à commencer par la réalité de la menace que représentait le véhicule pour les agents.

    De nombreuses carences dans l’enquête

    Si Amaury D. n’a pas été percuté, il a évoqué, lors d’une audition, « une douleur au niveau de la cheville droite, à l’intérieur de [la] malléole » et une photo prise au cours de la garde à vue par l’IGPN, montre une rougeur à l’arrière de sa cheville gauche. « Cette blessure correspond à l’endroit où mon pied a tapé, sur la bordure, quand je me suis retrouvé déséquilibré par la manœuvre du véhicule », selon Amaury D. Mais, dix mois après les faits, aucune constatation médicale n’atteste de cela dans le dossier judiciaire.

    Le récit d’Amaury D. semble pourtant convaincre le chef de la délégation lilloise de l’IGPN, considérant, à l’issue de l’enquête de flagrance d’un peu plus d’un jour, que le tir est justifié par les dispositions de l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure, créé par la loi de 2017. Ce commandant de l’IGPN conclut que la voiture a « [emporté] brièvement les deux agents », alors que seul Nicolas P. dit avoir dû suivre le mouvement du véhicule, après avoir entré son bras dans l’habitacle.

    D’autres carences du dossier interpellent. Les ondes radio ne sont pas exploitées : impossible donc de savoir ce que les fonctionnaires ont déclaré après avoir tiré. En revanche, Amaury D. indique à l’IGPN : « Avec mes collègues de la BAC, on s’est un peu refait le film ensemble avant de partir avec [les enquêteurs de] la PJ. » Une possible concertation qui ne fait l’objet d’aucune question durant les auditions. D’ailleurs, en tout et pour tout, Nicolas P. et Yann T. sont chacun entendus brièvement une fois par la PJ ; puis Amaury D. est auditionné une seule fois par l’IGPN, de même que Ramdane B. Soit quatre auditions succinctes pour un homicide.

    Le téléphone du mis en cause n’est pas non plus analysé par les enquêteurs, alors même qu’il leur raconte avoir « expliqué la situation à la hiérarchie de nuit » très rapidement après les faits, signe qu’il a pu communiquer dans l’intervalle entre le tir et son placement en garde à vue. Les policiers étaient par ailleurs équipés d’une caméra piéton mais celle-ci n’a pas été exploitée par les enquêteurs, au motif que le mis en cause assure qu’il ne l’avait pas allumée – pour des raisons de discrétion et car « cela fait très peu de temps que nous la prenons et nous n’avons pas encore le réflexe ». Aucune expertise technique n’est entreprise pour vérifier la véracité de cette affirmation, et les collègues d’Amaury D. ne font pas l’objet de questions sur le sujet.

    Les manquements les plus importants concernent les caméras de vidéosurveillance. D’abord, il y a celle de la ville de Neuville-en-Ferrain. Contactée par téléphone par l’IGPN, la police municipale répond que « ces caméras sont axées dans le sens de la circulation, elles ne filment pas les trottoirs et les entreprises », rapporte un procès-verbal. Et donc que « l’intervention [de la BAC] n’a pas été filmée, la seule chose qui est visible c’est l’arrivée des véhicules de police ». Les enquêteurs de l’IGPN se contentent de ces déclarations et n’estiment pas nécessaire de visionner ces images par eux-mêmes, et de s’en servir a minima pour établir une chronologie de l’intervention de police et de l’arrivée des secours. En l’absence de réquisitions, elles sont aujourd’hui perdues, la durée légale de conservation des images étant d’un mois maximum.

    Un simple PowerPoint ajouté au dossier

    Il en va de même concernant au moins une autre caméra de surveillance. L’homicide est survenu à deux pas d’une station essence et d’un entrepôt. Le lendemain des faits, les enquêteurs de l’IGPN se rendent sur les lieux et écrivent ceci : « Constatons que la station est une station en libre-service et qu’aucune caméra n’est installée. » Sur place, Libération a pourtant pu constater la présence d’une caméra, montée sur un poteau, filmant en direction du lieu des faits. A-t-elle pu capter des éléments intéressants l’enquête ? Là encore, sans réquisition judiciaire, impossible de le savoir. « Dans cette affaire, tant la juge d’instruction que l’IGPN méprisent l’enquête délibérément », s’emporte Arié Alimi, avocat des parties civiles.

    Depuis l’ouverture de l’information judiciaire, le lendemain des faits, l’enquête n’a pratiquement pas avancé. Dans la commission rogatoire de la juge d’instruction, dix mois après cet homicide policier, seul un procès-verbal de « documentation relative à l’usage des armes » a été rédigé. Il s’agit en fait d’un simple PowerPoint, élaboré par un autre service de l’Inspection générale de la #police, qui illustre des cas pratiques dans lesquels l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure peut s’appliquer. Le seul élément nouveau est le retour de l’expertise balistique, déjà évoquée. Contactée à ce sujet, la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, n’a pas répondu à nos questions. Enfin, la Mégane conduite ce soir-là par Amine Leknoun, n’a jamais fait l’objet de réelle expertise… Le garage qui l’abritait, ainsi que plusieurs autres véhicules placés sous scellés dans différentes enquêtes judiciaires, a mystérieusement brûlé quelques mois après les faits.

    après un article pareil, encore un article de trop, c’est cool, et assez laxiste, de pas les perquiser durant des heures et de ne pas les mettre en gav, non ?

  • Amnesty International #France sur Twitter : « La mort de Nahel M. est un #homicide illégal. amnesty publie aujourd’hui son analyse des faits et de leur contexte. Nous appelons à une révision des règles d’utilisation des armes à feu et à la fin du #racisme systémique dans l’application des lois par les forces de l’ordre.👇 » / Twitter
    https://twitter.com/amnestyfrance/status/1679398632422817793

  • Guinéen tué en #Charente : le #policier mis en examen pour #homicide_volontaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/29/guineen-tue-en-charente-le-policier-mis-en-examen-pour-homicide-volontaire_6

    Le policier, auteur du tir mortel contre un Guinéen de 19 ans lors d’un contrôle routier le 14 juin à Saint-Yrieix (Charente), a été mis en examen mercredi 28 juin pour homicide volontaire, a-t-on appris auprès du parquet d’Angoulême.

    Cette « mise en examen a été accompagnée de réquisitions de placement sous contrôle judiciaire avec une interdiction de détention d’arme et une interdiction d’exercice professionnel », a annoncé mercredi soir la procureure de la République d’Angoulême Stéphanie Aouine, dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide volontaire. »

  • Mort d’un mineur à Nanterre : pas une bavure, une exécution
    https://www.politis.fr/articles/2023/06/mort-dun-mineur-a-nanterre-pas-une-bavure-une-execution

    Un jeune homme de 17 ans a été abattu à bout portant par un policier ce mardi matin, à la suite d’un refus d’obtempérer. Une vidéo insoutenable montre ce qui ressemble plus à une exécution qu’à de la légitime défense.

    Passage François Arago, Nanterre, Hauts-de-Seine, ce mardi 27 juin au matin. Une Mercedes jaune est à l’arrêt. Sur sa gauche, côté conducteur, deux policiers motards. On assiste, visiblement, à un contrôle routier. Les deux policiers ont leur pistolet dégainé. On a l’impression qu’ils intiment au conducteur de couper le moteur. Celui-ci démarre. Un des deux policiers tire. Une seule balle, à bout portant, en plein cœur. Il se situait alors sur la gauche du véhicule. Le jeune conducteur, un mineur de 17 ans, meurt sur le coup, sa voiture allant s’empaler dans un poteau quelques mètres plus loin.

    Tout de suite, la machine préfectorale se met en marche. Suivie, immédiatement, par le « journalisme de préfecture ». Le Parisien, France Bleu n’hésitent pas à citer allègrement des « sources policières » décrivant une toute autre scène où le conducteur aurait « foncé » sur les forces de l’ordre. Sur BFM TV, même méthode à laquelle on se permet d’en rajouter une couche. « L’individu serait très connu des services de police », affirme la journaliste en plateau, à peine deux heures après les faits. Le tour est rodé, bien huilé. Le corps de ce jeune garçon n’est même pas encore refroidi que le message est clairement envoyé, et largement relayé. Il est coupable. Et surtout, il l’a bien mérité.

    Sauf que cette fois, un petit grain de sable vient gripper cette indécente machine. Une femme a filmé la scène et la diffuse presque immédiatement sur les réseaux sociaux. On y voit une toute autre version. Non, le policier n’était pas face à la voiture, mais à sa gauche. Non, la voiture n’a pas foncé sur les forces de l’ordre. Sur cette vidéo de quelques secondes, on ne voit pas une tentative d’homicide d’un fonctionnaire de police, on assiste à l’exécution d’un adolescent. Insoutenable, insupportable. L’article L233-1-1 du Code de la route punit un refus d’obtempérer avec mise en danger de la vie d’autrui de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende. Sous nos yeux, ce délit est puni de la peine de mort.

    Histoire terrible… et banale

    Cette histoire est encore plus terrible qu’elle en devient banale. En 2022, 13 personnes sont mortes, tuées par la police, à la suite d’un refus d’obtempérer. Un bien triste record. Comme nos confrères de Basta ! le montrait de manière infaillible, en six ans, c’est plus du double de personnes qui ont été abattues dans ces circonstances que lors des quinze années précédentes. Pourtant, à chaque fois, le récit policier s’impose, à grand renfort de soutiens médiatiques. À chaque fois, la personne tuée est coupable avant d’être froide. Rarement – voire jamais –, une vidéo des faits n’est diffusée. Souvent, il faut attendre plusieurs mois pour obtenir des éléments de l’enquête grâce au travail de confrères et consœurs journalistes. Souvent, aussi, ce travail d’investigation met à mal les versions policières. Les exemples sont légions comme ici, ici ou ici.

    Cette loi est venue mettre de la confusion dans des textes très clairs.

    Il serait pourtant intéressant de s’écarter des versions préfectorales pour interroger les raisons de cette très forte augmentation de ce type de drame. Loin des cris de l’extrême droite sur une hausse de la délinquance et du nombre de refus d’obtempérer, de nombreux spécialistes pointent du doigt une toute autre explication : la dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande élargissant les droits des policiers à faire feu. « Cette loi est venue mettre de la confusion dans des textes très clairs » sur la légitime défense, expliquait, en avril 2022, à la suite d’un drame de ce type, à France Info le sociologue de la police Fabien Jobard. « Elle est venue introduire une notion un peu compliquée. Désormais, le policier peut faire usage de son arme lorsqu’il y a refus d’obtempérer et qu’il peut imaginer raisonnablement que la personne est susceptible de porter atteinte à la vie des policiers ou à celle d’autrui. »

    Une loi qui crée de l’impunité. Sur les 38 personnes tuées dans ce schéma recensées par Basta !, seules trois affaires ont finalement abouti à une condamnation. Des chiffres qui résonnent avec ceux, plus globaux, dévoilés dans nos colonnes en début d’année. Seules 8% des personnes dépositaires de l’autorité publique mises en causes pour violences volontaires ont été condamnées en 2020 et 2021. Pourtant, malgré ces chiffres accompagnés d’analyses de chercheurs spécialistes, jamais cette loi n’a été remise en cause par le pouvoir. Aujourd’hui, un jeune garçon se fait abattre froidement à bout portant. Une vidéo nous permet de nous en rendre compte. Plutôt que d’utiliser les vieilles méthodes mensongères et indécentes, ne serait-il pas temps de s’interroger sur la pertinence de notre législation ?

    • Contrairement à la version média Naël n’a jamais été condamné (prudents, les articles disaient « connu par la justice » pour délit de fuite et stup, ils sont modifiés en courts de journée cf. https://seenthis.net/messages/1007809)

      les policiers parlent trop sur la vidéo
      "je vais te tirer une balle dans la tête" dit le tireur
      "shoote-le" dit le collègue

      à Nanterre, un flic répond à une femme qui proteste « retrouve en Afrique » (formule prononcée à l’A.N. et reprise comme slogan par les identitaires et alii), et ce soir, Bac et CRS sont au travail (pyrotechnie et barricades), la CRS8 va débouler.

      sinon, le papier de Politesse est typique de cette gauche mollasse qui préfère les actes symboliques (casserolades) à la dureté du conflit réel et arrive, sauf pour le titre qui les sauve, à ne rien dire du relief des faits (resservez moi un mojito)

      #blame_the_victim #criminalisation (en français) #media #police #armes_de_la_police #refus_d’obtempérer #délit_de_fuite #légitime_défense_a_priori #homicide_volontaire #gauche_de_bourges_dans_leur_tête #pacifiés_de_la_démocratie

    • Face aux chtars meurtriers : "explosion de colère d’un des ambulanciers qui a conduit le corps de Nael"
      https://twitter.com/CerveauxNon/status/1673726127305551873

      tu vois qu’il a une gueule d’enfant ! pour un défaut de permis !! je le connais le petit, je l’ai vu grandir, sa mère elle l’élevé toute seule, son père il l’a quitté, elle va enterrer son fils, elle est toute seule !

      (vidéo, que je sais tj pas importer)

      edit Cet ambulancier qui a témoigné sa colère aurait été placé en GAV pour "menaces" et "incitation à la haine". L’État autoritaire se croit suffisamment fort pour jouer aux pyromanes. (cerveaux non)

      more

      la nouvelle version presse (Apathie) "le conducteur était connu des services de police"

      un seul des policiers en GàV (le tireur, et pas celui qui l’a encouragé), aucun suspendu (comme les innombrables ministres et secrétaire d’état mis en examen toujours en poste), ne serait-ce qu’à titre conservatoire, l’appareil judiciaire et le gvt ont choisi de réprimer une solidarité en acte plutôt que d’essayer de la prévenir. un pari : le spectre de 2005 restera ce qu’il est faute de cadavre assez jeune (innocent) pour enflammer d’autres quartiers que ceux de Nanterre.

      « Aucun policier ne tue de gaïté de cœur », Mathieu Valet, porte parole CICP, FNews

      #Nanterre #Cité_Pablo_Picasso

    • Mineur tué par un policier à Nanterre : sept personnes interpellées
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/27/mineur-tue-a-nanterre-sept-personnes-interpellees_6179490_3224.html

      Sept personnes ont été interpellées mardi 27 juin en début de soirée à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors de tensions avec les forces de l’ordre déployées dans la ville quelques heures après qu’un jeune homme de 17 ans a été tué par un policier, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de la préfecture de police.
      Deux unités de forces mobiles, dont des membres de la #CRS_8 – spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines –, sont présentes dans la commune pour la nuit, a rapporté le ministère de l’intérieur.

      edit

      "Je préfère une racaille morte qu’un policier mort. Chacun son électorat !" , Bruno Attal en réponse à un tweet de Sandrine Rousseau

      Ruffin, sur oiseau...

      Ce matin, un jeune de 17 ans a été tué par un policier, après un contrôle routier à Nanterre. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches.
      Porter l’uniforme de la République implique des devoirs. Pour les policiers, comme pour les citoyens : enquête et justice.

      le passager de la voiture, arrêté mains en l’air à sa sortie du véhicule, non sans avoir subi une balayette, doit être en butte à une pression maximale de condés qui vont tout faire pour relativiser ce que les images (et le son) indiquent

      Naël

      @vivelefeu

      Rappel : ce sont ces gens qui ont modifié les conditions d’« ouverture du feu » des policiers.

      0h17 affrontations en cours à
      Nanterre préfecture attaquée et policiers en déroute à la Cité Picasso sous le feu d’engins pyrotechnique
      Suresnes
      Colombes
      Asnières-sur-Seine
      Colmar [edit ce serait fake]
      Gennevilliers

      0h32
      Saint-Denis
      Bordeaux
      Villeneuve la Garenne
      Nantes

      0h54
      Clichy-sous-Bois
      Vitry sur Seine
      Mantes la Jolie, mairie du Val-Fourré incendiée

    • Jules Kounde, @jkeey4 (602,9 k abonnés)
      https://twitter.com/jkeey4/status/1673805432878673920

      Un jeune homme de 17 ans abattu à bout portant par un policier pour un refus d’obtempérer lors d’un contrôle. Telle est la réalité de la situation et elle est dramatique.

      Comme si cette nouvelle bavure policière ne suffisait pas les chaînes d’information en continu en font leurs choux gras.

      Des plateaux déconnectés de la réalité, des « journalistes » qui posent des « questions » dans le seul but de déformer la vérité, de criminaliser la victime et de trouver des circonstances atténuantes là où il n’y en a aucune.

      Une méthode vieille comme le monde pour masquer le vrai problème.
      Et si on éteignait un peu la tv pour s’informer ?

    • « Je suis sa maman. Rendez-vous jeudi à la préfecture à 14 heures, marche blanche. Je dis : venez tous, on fait une révolte, s’il vous plaît, pour mon fils », déclare (avec Assa Traoré) la mère de Naël dans une vidéo relayée sur TikTok.
      https://www.tiktok.com/@valeriepetit/video/7249627480288464155

      edit
      Darmanin annonce la mobilisation de 2000 FDO pour la seule région parisienne cette nuit. Les pouvoirs publics redoutent un « effet Zyed et Bouna », du nom de ces deux jeunes adolescents morts électrocutés dans un transformateur en octobre 2005 après une course-poursuite avec la police. Ce drame avait déclenché des émeutes sans précédents depuis plusieurs années à travers le pays. (Le Monde)

      Les sanctions pour #faux_en_écriture_publique, relevant pourtant de la matière criminelle, sont surtout assez faibles au regard de la gravité des faits et de l’abus de pouvoir qu’ils matérialisent souvent. Ce n’est pas un hasard si la qualité de « PDAP » (personne dépositaire de l’autorité publique) aggrave la peine pour celui qui s’en rend coupable (quinze ans de réclusion et 225 000 euros d’amende au lieu de dix ans et 150 000 euros).

      Or, de manière générale, les peines prononcées, y compris pour réprimer des faits assez graves commis par des policiers ou des gendarmes, s’échelonnent généralement entre six mois ferme et dix-huit mois avec sursis, hors cas exceptionnels. Rien de très dissuasif. (Le Monde)

      #Naël #révolte

    • Une balle dans la tête...C’est toujours pour les mêmes qu’être en tort conduit à la mort. « Magic Mike Maignan », @mmseize, gardien de l’équipe de France de football, punchliner à ses heures

      edit
      Macron RS : « Nous partageons l’émotion et la peine de la famille et des proches du jeune Naël. Je veux leur dire notre solidarité et l’affection de la Nation.
      La Justice a été immédiatement saisie »
      Bouzrou RS : « Non Monsieur le Président, aucune justice indépendante et impartiale n’a été saisie.
      A ce jour, seul le procureur de la République de Nanterre (qui n’est pas un magistrat indépendant) dirige l’enquête sur des policiers de son propre département. »

      #instruction #dépaysement

    • « On a gagné la première bataille hier soir [les flics mis en déroute à plusieurs reprises et l’extension des manifestations de révoltes au-delà de la ville]. Vous pouvez écrire dans votre article que ce soir aussi, la nuit va être longue. »
      in A Nanterre, l’émotion et la colère au lendemain de la mort de Nahel M. : « On nous a pris notre petit frère »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/28/on-nous-a-pris-notre-petit-frere-a-nanterre-l-emotion-et-la-colere-au-lendem
      https://justpaste.it/2ldm8

    • le Monde faux derche au boute

      Les tout premiers éléments de langage employés par des sources policières, repris par certains médias, évoquaient un véhicule fonçant vers deux agents dans l’intention de les percuter.

      https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/06/28/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-rassemblements-a-lille-et-nantes-t

      certains médias dont le Monde https://seenthis.net/messages/1007809

      la police et la presse des milliardaires fracassées par 3 vidéos amateurs

      #Rodney_King

      edit Nantes ce soir, pendant que dans de nombreuses villes...

    • Des dizaines de scooters tournent en permanence dans le quartier pour alerter les jeunes violents des éventuels mouvements des forces de police (Le Monde)

      #estafettes (pendant que la pref a autorisé des drones dans plusieurs villes d’idf)

      il y a de ces scènes ! on dirait que les flics sont sur Mars tant ils reçoivent de feux d’artifice. ce soir encore, ils ont du sortir de Pablo Picasso pendant que dans diverses villes (grosse extension dans el 93, mais aussi en région, à suivre...) comicos, mairies et FDO sont attaquées.

      il y a (il y aurait ? n’ai vu ces images que sur peu de comptes) des véhicules militaires à Nanterre depuis 1h du mat ce soir. à l’actualisation en cours du spectre de 2005 répond déjà un état d’urgence non proclamé.

      edit depuis les dernières déclarations de Macron (inacceptable) et Borne, les ornas de flics montent au créneau (sur le motif du bafouillant Darmanin, rappellant, ému et attristé en tant que père de famille, la « présomption d’innocence »). Sud radio puis d’autres diffusent un pedigree de Nahel en jeune multi récidiviste en butte à la justice des mineurs.

      détails
      le bolide Merco (AMR) était une automatique (tu lâche le frein, si tu es pas sur parking ou neutre, ça part) probablement pas facile à conduire (beaucoup de chevaux), possiblement prêtée pour un essai à ce lycéen en Lep de mécanique
      le gars a pris 4 coups de crosses dans la tête, en plus des menaces de mort, avant de lâcher le frein

      selon le passager (?) de la voiture, encore libre

    • l’entrée du domaine de la prison de Fresnes attaquée
      https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/06/28/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-rassemblements-a-lille-et-nantes-t

      Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué dans la nuit au mortier d’artifice par des émeutiers, a appris l’AFP de source policière. Des vidéos consultées par l’AFP montrent une vingtaine de jeunes cagoulés attaquer avec des mortiers d’artifice et divers projectiles le poste de garde à l’entrée du domaine. Le domaine donne accès aux résidences des surveillants, à la maison d’arrêt, à la maison d’arrêt des femmes ou encore à l’hôpital pénitentiaire. Une alarme a retenti lors de l’attaque, comme le montrent plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. « Ils n’ont pas pénétré dans l’enceinte de la prison. Les forces de l’ordre ont vite été appelées », a indiqué la source policière. Les vidéos consultées par l’AFP montrent également des incendies dans la rue menant à la prison.

    • à Vigneux (91), des émeutiers utilisent des armes à feux pour détruire des caméras de surveillance.

      Asnières (92). Un distributeur de billets est découpé à la disqueuse.

      Argenteuil, pillage de mags (avec images sympas sur tir tok) c’est presque vide, contrairement à d’autres scènes où on voit pas mal de monde. deux jeunes femmes : « il reste de la laitue, ou pas ? », "ouais, il reste tout""

      (je précise que les post plus haut résultent aussi de diverses vues)

      Mons-en-Baroeul (59), mairie prise d’assaut et saccagée. Les casques de police ont été volés.

      Dammarie-les-Lys (77), commissariat pris d’assaut, véhicules de police incendiés

      Neuilly-sur-Marne (93) nombreuses voitures de la police municipale incendiées

      Aulnay Aldi pillé

      Genevillers là des gars se font filmer armant des pouchkas dans la rue

      Garges incendies des deux accès de la mairie

      Clichy images d’une explosion qui dépasse des immeubles de 3 ou 4 étages

      Wattrelos (59) LIDL incendié

      #pouchka #caillasse #manger #autoréductions (à la fortune du pot)

    • « Refus d’obtempérer » : l’alarmante augmentation des tirs policiers mortels | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/refus-d-obtemperer-l-alarmante-augmentation-des-tirs-policiers-mortels

      La mort de Nahel s’inscrit dans une longue série de décès depuis l’entrée en vigueur en 2017 d’un article de loi permettant un usage facilité des armes à feu pour les forces de l’ordre. Rien qu’en 2022, 13 personnes ont été tuées par des tirs de la police française sur leurs véhicules.

      Camille Polloni

      28 juin 2023 à 13h36

      https://jpst.it/3hg_C

      Depuis la loi de février 2017 relative à la sécurité publique, les policiers ont davantage fait usage de leurs armes contre des véhicules en mouvement
      Nombre annuel de déclarations de l’emploi de l’arme en direction de véhicules en mouvement (graphique) :
      https://flo.uri.sh/visualisation/10328112/embed

      À l’air libre (260) Pont-Neuf, Sevran : la légitime défense des policiers en question :
      https://youtu.be/0STcz0G2WwQ

    • Mort de Nahel : « La marche blanche, c’est pour les darons. Nous, notre hommage, c’est contre la police » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/mort-de-nahel-la-marche-blanche-c-est-pour-les-darons-nous-notre-hommage-c

      Dans le quartier du Vieux-Pont, à Nanterre, d’où était originaire Nahel, 17 ans, tué par un policier le 27 juin, les habitants, endeuillés, partagent la colère d’une jeunesse abandonnée et dénoncent le racisme, le harcèlement des forces de l’ordre, et l’abandon général dont ils s’estiment victimes.

      Pascale Pascariello et Bérénice Gabriel

      28 juin 2023 à 21h1

      https://jpst.it/3hh0b

    • Le nombre de morts liées à une intervention policière a atteint un pic en 202 1 - Basta !
      https://basta.media/le-nombre-de-morts-liees-a-une-intervention-policiere-a-atteint-un-pic-en-2

      28 juin 2023 par Ivan du Roy

      N’en déplaise au ministre de l’Intérieur et à certains syndicats de police, le recensement des personnes tuées par les forces de l’ordre que basta ! effectue depuis plusieurs années démontre une réelle et inquiétante augmentation.

      « Depuis la loi de 2017, j’ai eu l’occasion de dire dans de très nombreux échanges ici qu’il y a eu moins de tirs et (...) moins de cas mortels qu’avant 2017 », lance ce 27 juin le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, devant l’Assemblée nationale, à la suite de la mort d’un adolescent à Nanterre, tué à bout portant par un policier lors d’un contrôle routier au prétexte d’un « refus d’obtempérer ». Dans le meilleur des cas, le ministre de l’Intérieur se trompe ; au pire, il ment.
      Basta actualise chaque année [sa base de données et sa visualisation des interventions policières létales https://basta.media/webdocs/police , pour contribuer à mettre en lumière les circonstances de ces interventions, surtout quand elles interrogent. Les années 2021 et 2022 seront réactualisées ce 29 juin.
      Interventions policières létales
      Basta actualise sa base de données et sa visualisation des interventions policières létales, pour mettre en lumière les circonstances de ces interventions, surtout quand elles interrogent. Les années 2021 et 2022 seront réactualisées ce 29 juin.

      Au contraire de ce qu’il affirme, nous observons un essor sans précédent du nombre d’interventions létales des forces de l’ordre depuis 2020, en particulier du fait de la police nationale. Cette année-là, temps de Covid et de confinement, 40 personnes sont mortes dans le cadre d’une mission de police ou de gendarmerie, 52 en 2021, 39 en 2022. Des chiffres bien supérieurs aux 27 décès que nous recensions en 2017, ou à la vingtaine par an avant 2015. Notre enquête éclaire également les circonstances dans lesquelles ces personnes ont perdu la vie. Elle recouvre l’intégralité des situations ayant entraîné la mort (par balles, d’un malaise, d’une arme censée être non létale...), sans préjuger de la légitimité ou non de l’action des forces de l’ordre.

      Le nombre de personnes tuées par un tir des forces de l’ordre a ainsi considérablement augmenté, avec respectivement 18 et 26 personnes abattues en 2021 et 2022, soit plus du double que lors de la décennie précédente. La lutte contre le risque terroriste et les interventions face à des « forcenés » armés ou face à des personnes en décompression psychique devenues dangereuses pour autrui ou pour elles-mêmes n’expliquent pas cette augmentation. En 2022, la moitié des personnes tuées par balles n’étaient elles-mêmes pas armées, comme nous l’expliquons dans cet article détaillé sur le sujet. Parmi ces personnes non armées figurent les refus d’obtempérer .
      Les effets mortifères de la loi de 2017

      La loi évoquée par Gérald Darmanin est celle relative à la sécurité publique votée en février 2017 sous le gouvernement socialiste de Bernard Cazeneuve. Elle assouplit les règles d’emploi des armes à feu de la police, notamment la possibilité de tirer sur les occupants de véhicules en fuite. La loi laisse les policiers ou les gendarmes réalisant le contrôle routier apprécier s’il y a, ou non, un risque d’atteinte future à la vie d’autrui, et faire feu le cas échéant. La gendarmerie s’interroge désormais sur la réponse à y apporter pour éviter de « briser une vie ». « Il importe à chacun de nous de se préparer intellectuellement en amont à une tactique et à des actions alternatives face aux refus dangereux d’obtempérer », expliquait la commandante Céline Morin. En clair : éviter d’ouvrir le feu s’il n’y a plus de danger immédiat et privilégier le fait de retrouver et d’interpeller ultérieurement la personne responsable du refus d’obtempérer. La police nationale ne semble pas encore avoir mené cette réflexion, encore moins les syndicats de policier, toujours dans la surenchère.

    • Les violences policières vues par les politiques : des années d’illégitime défense | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/les-violences-policieres-vues-par-les-politiques-des-annees-d-illegitime-d

      La mort de Nahel, tué à bout portant par un policier, a fait l’objet de commentaires ignobles. Relativisme, contre-vérités, justifications... Depuis vingt ans, tout est utilisé par les pouvoirs successifs et une extrême droite galopante pour nier la réalité : celle d’une société qui tombe, en oubliant ses principes fondamentaux et les valeurs qui en découlent.

      Ellen Salvi

      28 juin 2023 à 19h08

      La même rage et la même indignité. La mort de Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un policier, mardi 27 juin, à Nanterre (Hauts-de-Seine), aurait dû mettre tout le monde d’accord. Pas de « oui mais », aucune justification, encore moins de relativisme. Dans un monde politique et médiatique un tant soit peu cortiqué, ce genre d’expressions publiques devraient être considérées pour ce qu’elles sont : des déchets de la pensée humaine.

      Pourtant, près de vingt ans après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, rien n’a changé. La situation a même empiré, sous l’effet d’une extrême droite toujours plus puissante, régurgitant ses idées et ses mensonges sur tous les plateaux de télévision où elle a table ouverte. Dans son sillage apparaissent aujourd’hui les visages impassibles de responsables politiques qui n’en portent que le nom. Des élu·es sans autre boussole que le déni. Et qui ont perdu l’essentiel en chemin.

      Les fois précédentes, ils s’appelaient Jean-Michel Fauvergue, Laurent Saint-Martin ou encore Gilles Le Gendre. Ils auraient très bien pu s’appeler Pierre Dupont, Jacques Boudou ou Nicolas Martin, le résultat aurait été le même : depuis plus de cinq ans, les micros se tendent vers des personnalités promises à l’oubli, qui contestent jusqu’à l’absurde l’existence des violences policières et trahissent des concepts – en l’occurrence ceux de Max Weber – qui leur échappent.

      https://jpst.it/3hh1z

    • Les forces de l’ordre social, par Laurent Bonelli (Le Monde diplomatique, juillet 2020 )
      https://www.monde-diplomatique.fr/2020/07/BONELLI/61976

      Violences policières, les racines d’une défiance
      Les forces de l’ordre social

      « Tout le monde déteste la police. » Courant dans les manifestations françaises, ce slogan exprime une exaspération qui n’est plus cantonnée aux groupes les plus militants. Trop souvent requises pour réprimer des mouvements sociaux, avec une brutalité remarquée, les forces de l’ordre ont vu leur mission se confondre avec celle d’une garde prétorienne du pouvoir. Leur popularité n’y a pas résisté. [...]

      Cette cause [la jeunesse des quartiers contre les violences policières] demeure impopulaire parce qu’elle concerne le plus souvent des « mauvaises » victimes, « défavorablement connues des services de police ». Leur disqualification par les autorités sous cette appellation comme l’exhibition complaisante par la presse de leurs antécédents pénaux éventuels créent un doute quant au déroulement des faits et renforcent le récit policier. Elles rendent également plus délicat le soutien de forces politiques ou syndicales de gauche, historiquement sensibles à la répression ouvrière, mais mal à l’aise vis-à-vis des plus rétifs à l’ordre salarial, qu’elles nommaient en d’autres temps le lumpenprolétariat. Ce malaise est aggravé par la distance qui s’est progressivement creusée entre ces organisations et les jeunes des cités, qu’elles ne sont plus capables d’intégrer dans leurs rangs et dont elles peinent à prendre en compte les conditions concrètes d’existence (3). De leur côté, les tentatives pour construire une autonomie politique des quartiers populaires, c’est-à-dire des structures capables de porter un autre discours sur ces derniers, n’ont pas connu de réussites autres que ponctuelles (4).[...]

      L’action musclée des forces de l’ordre est également plus perceptible, car elle s’est déplacée des quartiers périphériques vers les centres-villes et touche désormais des populations qui n’étaient pas accoutumées à cette expérience. La crise des « gilets jaunes », les défilés contre la loi travail ou la réforme des retraites, comme les contrôles opérés durant le confinement consécutif à la pandémie de Covid-19, se sont traduits par une augmentation considérable des victimes et des témoins des interventions policières, bien au-delà de ce que les sociologues appellent les « gibiers de police » traditionnels (6). Et c’est sans doute cette extension de l’emprise policière sur nos sociétés qui permet de comprendre les résistances collectives qui se manifestent aujourd’hui. [...]

      Or, à partir des années 1980, la police est progressivement apparue pour nombre de gouvernants comme une solution magique pour affronter les conséquences du creusement des inégalités sociales et économiques, observable au sein des sociétés occidentales comme entre pays du Nord et du Sud. Avec des variations de chronologie et de ton, les thèmes de l’insécurité et des migrations (irrégulières notamment) se politisent, des partis politiques d’inspirations et de tendances différentes en faisant des chevaux de bataille électoraux. Les politiques sociales, de prévention et de développement, sans jamais être complètement abandonnées, cèdent progressivement la place à des approches plus sécuritaires, passant par le contrôle et la coercition. Dès lors, il s’agit moins de lutter contre les causes structurelles des inégalités (perçues comme désirables par certains, hors de portée par d’autres) que de discipliner les fractions de la population les plus indociles au nouvel ordre social néolibéral, interne et international.[...]

      l’institution a réagi en dotant ses personnels de matériel défensif (gilets pare-balles, grenades de désencerclement) et offensif (lanceurs de balles de défense [LBD], pistolets à impulsion électrique). Cet équipement a nourri les critiques d’une militarisation de la police, particulièrement manifeste dans les unités spécialisées comme les brigades anticriminalité (BAC) françaises. Leurs écussons, floqués d’images de prédateurs (tigres, loups, lions, crocodiles, cobras, etc.) veillant sur la ville endormie, éclairent le type de rapports à l’espace et aux populations qu’elles veulent incarner. La Street Crimes Unit new-yorkaise, dissoute en 2002 après avoir criblé de balles un jeune Afro-Américain désarmé, Amadou Diallo, avait même pour devise « La nuit nous appartient » (« We own the night »). Développant des pratiques d’intervention agressive, ces unités sont responsables d’une large part des violences, parfois mortelles, reprochées à l’institution. On les accuse également de contribuer à un durcissement des tensions partout où elles sont déployées. [...]

      Le choix politique de faire des forces de l’ordre le fer de lance de la défense de l’ordre urbain a en effet réévalué leur position dans le champ bureaucratique et placé les gouvernements dans une relation d’interdépendance défavorable. Ce phénomène est particulièrement accentué en France ou aux États-Unis (lire « Un pays miné par les homicides policiers ») par l’existence de puissants syndicats corporatistes. Avec un taux de syndicalisation de près de 70 % (contre 19 % pour la fonction publique et 8 % pour les salariés du privé), la police française est, de loin, la profession la plus organisée. Structurés par corps (gardiens, officiers et commissaires), ces syndicats jouent un rôle important dans l’évolution des carrières. [...]

      depuis une trentaine d’années, l’élargissement du spectre de l’action policière étend mécaniquement celui des groupes qui font l’objet de suspicion. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le fichier TAJ (pour « traitement d’antécédents judiciaires »), dans lequel policiers et gendarmes enregistrent les personnes pour lesquelles il existe « des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elles aient pu participer, comme auteurs ou complices, à la commission d’un crime, d’un délit ou de contraventions de cinquième classe » — un fichier qui ne laisse en rien présager des suites judiciaires qui seront apportées (de suspects, donc, et non de coupables). Au 15 novembre 2018, 18,9 millions de personnes faisaient l’objet d’une fiche, c’est-à-dire près de 30 % de la population française… Sans grande surprise, les policiers français apparaissent comme les plus défiants d’Europe envers le reste des citoyens.

      Encouragés par les élites gouvernantes et par leur propre hiérarchie à se percevoir comme l’un des derniers remparts entre l’ordre et le chaos, ils n’hésitent plus à utiliser régulièrement des techniques qu’ils réservaient jusque-là à des délinquants plus endurcis. Le décès de Cédric Chouviat, un chauffeur-livreur, après qu’il a subi un étranglement, celui de Steve Maia Caniço poussé dans la Loire par une charge policière, l’usage massif des LBD contre des « gilets jaunes » ou des manifestants contre la réforme des retraites, de même que les humiliations infligées à des lycéens (comme ceux de Mantes-la-Jolie agenouillés, les mains sur la nuque, en décembre 2018), à des féministes ou à d’autres contrôlés durant l’état d’urgence sanitaire, relèvent certainement de cette dynamique. [...]

    • L’assassin de Nahel est un ancien matraqueur de Gilets Jaunes décoré trois fois par Lallement !
      https://www.revolutionpermanente.fr/Le-policier-qui-a-tue-Nahel-avait-ete-decore-par-Lallement-pour

      Le policier ayant exécuté Nahel à bout portant à Nanterre mardi n’a rien d’une brebis galeuse au sein de la police. C’est ce que souligne un article du Figaro, publié ce mercredi, qui dresse le portrait d’un policier « modèle », maintes fois décoré par l’institution au cours de ses dix années de carrière.

      Selon le journal, « cet ancien militaire a reçu huit lettres de félicitations et une médaille de la sécurité intérieure », ainsi que deux décorations de la part de l’ancien préfet de Paris Didier Lallement. « Son action au moment des manifestations des gilets jaunes en 2020, ainsi que son rôle dans l’interpellation d’un auteur de séquestrations et de vol dans le Val-d’Oise en mai 2021, lui ont également valu d’être décoré par le préfet de police de l’époque, Didier Lallement, de deux médailles de bronze pour actes de courage et de dévouement. » note le journal.

      Une formule honorifique pour récompenser sa participation à la répression sanglante des manifestations, qui ont fait de très nombreux blessés et mutilés. Outre les récompenses, le journal de droite souligne les éloges tressés par ses collègues, qui jugent le meurtrier « irréprochable ». Interrogés par Le Figaro, des policiers soulignent : « c’est quelqu’un de très professionnel », « il a des valeurs et a toujours respecté les règles ».

      Alors que Macron qualifiait le meurte de Nahel « d’acte inexcusable » et que le policier a été mis en examen pour homicide volontaire, ce portrait du Figaro, pensé pour défendre le policier, met à mal le récit d’un acte isolé de la part d’un agent mal formé et peu expérimenté. Au contraire, il illustre le caractère systémique des violences policières meurtrières, qui, loin d’être des actes isolés, font partie intégrante du rôle de cette institution.

      Tout comme la répression violente des Gilets jaunes, auxquelles a visiblement participé le meurtrier de Nahel, l’exécution d’un jeune de Nanterre à bout portant est le produit d’une institution, profondément raciste, dont une des missions centrales est la répression et le harcèlement systématique dans les quartiers populaires. Une politique que le gouvernement n’a fait que renforcer, lâchant toujours plus la bride aux policiers et garantissant leur impunité.

      Une réalité dont la vidéo du meurtre de Nahel témoigne brutalement, et qui a suscité un choc qui doit être le point de départ d’une riposte plus large. Alors que des révoltes ont éclaté dans de nombreux quartiers depuis deux nuits, une marche blanche aura lieu cette après-midi à 14h à Nanterre à laquelle il faudra être massifs.

      Ariane Anemoyannis

  • Nanterre : un homme tué dans son véhicule par un tir de policier, Publié aujourd’hui à 11h23, modifié à 12h45
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/27/hauts-de-seine-un-homme-tue-par-un-tir-de-police-apres-un-refus-d-obtemperer

    Selon une source policière à l’AFP, le conducteur se serait d’abord arrêté à proximité des forces de l’ordre, avant d’accélérer dans leur direction. Un fonctionnaire a alors tiré au niveau du thorax du conducteur, selon les mêmes sources.

    A Nanterre, un automobiliste de 17 ans tué et un tir policier qui interroge, publié aujourd’hui à 10h28 (mis à jour le 27 juin 2023 à 12h02
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/hauts-de-seine-un-automobiliste-soupconne-dun-refus-dobtemperer-tue-par-l

    La vidéo des faits, authentifiée par « Libération », pose question sur l’intervention de l’agent.

    Le conducteur d’une voiture a été tué tôt mardi 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine) par un policier qui a fait usage de son arme, après que le jeune homme de 17 ans a refusé un contrôle et accéléré devant les agents. D’après une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée par Libération, le tir est survenu passage François Arago, dans le quartier de la préfecture. Contactée par Libé, l’autrice de la vidéo se dit « encore très choquée ». Les images montrent ce qui semble être un contrôle routier. Deux policiers motards, casqués et pied à terre, au contact de la voiture jaune, près de la fenêtre côté conducteur.

    Une moto avec son gyrophare bleu est garée du côté droit du véhicule, en retrait. L’un des agents est penché à la fenêtre, pistolet dans la main droite ; l’autre est à la gauche du capot, son arme tenue à deux mains. On entend ce qui pourrait être des injonctions de la part des agents à l’automobiliste, peut-être pour lui intimer l’ordre d’arrêter son véhicule. Mais celui-ci démarre, les deux agents s’en écartent. En moins d’une seconde, le policier à gauche du capot tire. La caméra suit la voiture, puis revient sur les deux agents, qui semblent se diriger, à pied, vers leurs motos.

    Une autre vidéo, filmée après les faits par le journaliste Clément Lanot, montre le véhicule ayant terminé sa course environ une soixantaine de mètres plus loin, renversant un panneau de signalisation, sur la place Nelson Mandela. Parsemée de caméras de surveillance, celle-ci qui pourraient servir les investigations.

    D’après les premiers éléments de l’enquête, rapporte le parquet de Nanterre à Libé, trois personnes se trouvaient dans le véhicule, une puissante Mercedes AMG, lors des faits survenus à 8 h 18. « Le décès de l’une d’elles, âgée de 17 ans et connue des services de la justice, notamment pour refus d’obtempérer, a été constaté à 9 h 15 suite à au moins une blessure par arme à feu. » Un autre passager, également mineur, a été placé en garde à vue tandis que le troisième passager est en fuite.

    Le parquet de Nanterre annonce également à Libération avoir ouvert deux enquêtes en flagrance, « l’une pour refus d’obtempérer et tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, confiée au commissariat de Nanterre et à la Sûreté territoriale du 92 », ainsi que la seconde « pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique confiée à l’IGPN », la police des polices.

    En 2022, 12 personnes ont été tuées par la police alors qu’elles étaient au volant ou passagère d’un véhicule.

    #media #police #armes_de_la_police #refus_d’obtempérer #délit_de_fuite #légitime_défense_a_priori #homicide_volontaire

  • Mort de Steve : une expertise judiciaire démontre la responsabilité de la police
    https://disclose.ngo/fr/article/mort-de-steve-expertise-judiciaire-demontre-responsabilite-de-la-police

    Le 21 juin 2019, lors de la fête de la musique, à Nantes, Steve Maia Caniço tombe dans la Loire et se noie. Selon une reconstitution vidéo obtenue par Disclose, sa chute est liée aux tirs de grenades lacrymogène par les forces de l’ordre. Lire l’article

  • Remise en liberté d’Alexandra Richard : Quel est ce « trouble à l’ordre public » que craint la justice ?

    Au lendemain du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la cour d’appel de Rouen a examiné la demande de remise en liberté d’Alexandra Richard, condamnée à 10 ans de prison pour homicide volontaire sur son conjoint violent.

    Pendant 3 ans, Sébastien Gest l’a violée, frappée et menacée de mort à de multiples reprises. Le jour du drame, il lui a demandé de choisir l’arme avec laquelle il allait la tuer et l’a ainsi menacée : « j’vais t’buter, tu partiras les pieds devant ». Tous les éléments de l’enquête indiquent une scène de légitime défense, dans laquelle Alexandra Richard s’est emparée d’une arme pour se protéger. De surcroît, l’expertise balistique valide la plausibilité d’un coup de fusil déclenché de manière accidentelle.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/22/remise-en-liberte-dalexandra-richard-quel-est-ce-troubl

    #féminisme #violence #droit

  • Colombie | Le danger d’être une femme et une dirigeante sociale en Colombie
    https://asile.ch/2021/05/31/colombie-le-danger-detre-une-femme-et-une-dirigeante-sociale-en-colombie

    Malgré la signature de l’accord de Paix en 2016, la Colombie continue de s’enliser dans la boue fétide de la guerre. Comment oublier le cri déchirant du jeune fils de Maria del Pilar Hurtado, face au corps inerte de sa mère baignant dans le sang devant leur humble maison ? La dirigeante sociale a été tuée […]

  • Mort de Cédric Chouviat : les policiers auraient menti avec la bénédiction de leur hiérarchie - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-cedric-chouviat-les-policiers-auraient-menti-avec-la-benediction-


    Cédric Chouviat avait été interpellé le 3 janvier près de la tour Eiffel. Il est décédé deux jours plus tard sans avoir repris connaissance.
    DR.

    Les policiers mis en examen auraient tenté de cacher leur responsabilité dans la mort du chauffeur-livreur de 42 ans. Leur hiérarchie les aurait couverts.

    Ils n’ont pas entendu Cédric Chouviat crier « j’étouffe » à sept reprises. C’est ce qu’ont affirmé les policiers qui ont plaqué au sol, sur le ventre, le chauffeur-livreur de 42 ans lors d’un contrôle routier près la tour Eiffel à Paris le 3 janvier. Transporté dans un état critique à l’hôpital Georges-Pompidou, le père de famille était mort deux jours plus tard.

    Des mensonges que mettent en lumière mardi Mediapart et Libération grâce à des documents qu’ils ont consultés. Après une enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), trois des quatre fonctionnaires impliqués dans l’interpellation fatale à Cédric Chouviat ont été mis en examen pour homicide involontaire, avec interdiction d’entrer en contact avec tout ou partie de l’équipage. Une policière a été, elle, placée sous le statut de témoin assisté.

    Au cours de leurs auditions, les policiers n’en ont pas démordu : ils n’ont pas entendu les cris de détresse du chauffeur-livreur. Pourtant, Cédric Chouviat continuait d’enregistrer la conversation lorsqu’il a été attrapé par le cou, plaqué au sol sur le ventre, encore casqué, avant d’être menotté. Non seulement on l’entend se plaindre d’étouffer, mais on entend aussi distinctement l’un des fonctionnaires dire à son collègue, le chef de bord Michaël P. : « C’est bon, c’est bon, lâche », « sur un ton paraissant empreint d’inquiétude ».

    Mais face aux enquêteurs de la police des polices, ce gardien de la paix ne « sait plus » pourquoi il a prononcé ces mots, rapporte Mediapart. La « clé d’étranglement » ? Un simple « maintien de tête », affirme Michaël P. « Il n’y a pas eu de geste volontaire », dit-il encore. D’autres vidéos tournées par l’une des policières impliquées ont pourtant été versées au dossier.

  • « A l’aide, ils veulent me tuer » : les dernières minutes de Mohamed Gabsi, mort en avril après une interpellation policière à #Béziers
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/18/a-l-aide-ils-veulent-me-tuer-les-dernieres-minutes-de-mohamed-gabsi-mort-en-

    Les trois policiers municipaux qui avaient interpellé cet homme de 33 ans le 8 avril ont été mis en examen vendredi soir, à la suite de leur garde à vue.

    Huit mois après les faits, Houda Gabsi laisse pour la première fois exploser sa joie. « La vérité va enfin éclater. C’est la suite logique des choses, mais quel soulagement ! », s’enthousiasme-t-elle. Vendredi 18 décembre, trois policiers municipaux de la ville de Béziers (Hérault) ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire, selon les informations du Monde. Ils avaient interpellé son frère Mohamed pendant le premier confinement, le 8 avril, le ramenant inconscient au commissariat, avant qu’il soit déclaré mort une heure plus tard.

    « Le policier qui s’était positionné sur la victime, sur la banquette arrière du véhicule de police, a été mis en examen du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », précise Raphaël Balland, procureur de la République du tribunal de Béziers. Les deux autres « ont été mis en examen du chef de non-assistance à personne en péril », poursuit-il, tout en rappelant que « les trois policiers [demeurent] présumés innocents tout au long de l’instruction ».

    Depuis le 11 avril, date de l’ouverture d’une information judiciaire, les enquêteurs du service régional de police judiciaire de Montpellier s’attelaient à rassembler des témoignages et des vidéos de l’interpellation. « Pour rendre justice à M. Gabsi, ces vidéos sont cruciales, explique au Monde l’avocat de la famille, Jean-Marc Darrigade, car il n’a pas le profil de la “bonne victime”. » Consommateur régulier de stupéfiants, diagnostiqué schizophrène adolescent, Mohamed Gabsi comptait huit condamnations depuis 2005, notamment pour des violences et des vols.

    De quoi nourrir la défense des policiers, dont l’avocat, Luc Abratkiewicz, avait affirmé au Monde avant leur garde à vue – il n’a pas souhaité s’exprimer depuis – que M. Gabsi s’était « jeté sur eux ». Il avait, par ailleurs, regretté les « morceaux choisis » de #vidéos qui ont inondé les réseaux sociaux à la mort de l’homme de 33 ans.

    Trois versions différentes de l’amorce du contrôle

    Ses clients, poursuivait-il, « des professionnels jamais en difficulté », « très bien notés par leur hiérarchie », auraient pourtant pu filmer eux-mêmes la scène, du début à la fin. Ce soir-là, l’un d’entre eux était porteur d’une caméra-piéton. Il a déclaré aux enquêteurs ne pas avoir eu le temps de la déclencher. Restent donc les témoignages et les vidéos des riverains, que Le Monde a rassemblés, pour raconter la funeste soirée qui a conduit à la mort de Mohamed Gabsi.

    Ce soir du 8 avril, le centre-ville de Béziers, paré d’enduit aux couleurs fanées, a été vidé par le #couvre-feu, instauré par la mairie dès 21 heures en sus du confinement. Il est 22 h 20 quand Mohamed, 33 ans, déambule. A l’angle de la rue Sébastopol et de l’avenue du 22-Août-1944, un véhicule de la police municipale s’arrête à son niveau et demande à contrôler son attestation de déplacement. Le trentenaire est connu des services de police locaux, qui l’ont déjà contrôlé par deux fois depuis le début du confinement, sans qu’il ait opposé de résistance.

    Mais cette fois-ci, Mohamed Gabsi se serait montré agressif, ont expliqué les trois agents qui se trouvaient à bord du véhicule. Durant leur audition libre, effectuée quelques heures après l’interpellation, ils offrent trois versions différentes de l’amorce du contrôle. Le premier explique que M. Gabsi a donné un coup dans le pare-chocs arrière de la voiture – coup dont ne font pas état les deux autres policiers. Le deuxième affirme qu’il a tenté de se soustraire au contrôle en « clopinant ». Le troisième dit qu’il a foncé sur l’un des policiers sorti de la voiture, avant de prendre la fuite en courant. Ils décrivent un homme pris de démence, probablement sous l’emprise de stupéfiants, les frappant à coups de poing et de pied.

    « Pourquoi vous faites ça ? Je n’ai rien fait ! »

    A 22h22, leurs collègues sont prévenus de la situation. La décision est prise de ramener le récalcitrant au commissariat. Les municipaux le menottent à terre, avant de le mettre sans ménagement à l’arrière de la voiture, à plat ventre. L’un d’entre eux déclare s’être assis sur les fesses de M. Gabsi, afin de le maintenir immobile pendant le transport. Les trois policiers affirment que l’individu s’est finalement calmé en route, au point de se mettre à « ronfler » peu avant l’arrivée au commissariat. Les vidéos amateurs et les témoins racontent, eux, une autre histoire. Peu après 22h22, Mohamed Gabsi est au sol, maintenu par trois policiers.

    La rue fourmille d’au moins une douzaine de policiers municipaux appelés en renfort. Mohamed Gabsi s’accroche à une barrière, se débat mollement, sans frapper, et crie pour apostropher les riverains : « Pourquoi vous faites ça ? Je n’ai rien fait ! Tout ça pour deux grammes ! » Quatre pochons de cocaïne de 500 mg ont, en effet, été retrouvés dans son boxer à l’autopsie. Trois policiers le soulèvent pour le mettre dans la voiture. L’un d’entre eux s’enfonce dans l’habitacle avec lui. Un deuxième se place devant la portière, au niveau de la tête de Mohamed Gabsi, comme pour faire écran. Dans les vidéos, on entend distinctement le trentenaire crier : « A l’aide ! Ils veulent me tuer ! »

    « Ferme ta gueule, je vais te faire dormir », lui répond le policier entré dans la voiture, appuyant son bras, puis ses genoux sur le cou de l’interpellé, selon deux témoins interrogés par les enquêteurs – et qui refusent depuis de parler à la presse. Les suspensions du véhicule s’agitent de longues minutes. Puis le silence règne de nouveau sur l’avenue, constate-t-on sur les vidéos. Les deux témoins racontent ensuite avoir entendu le policier s’exclamer : « Ça fait du bien ! », en sortant de l’habitacle.

    L’interpellé gît, inconscient. Les policiers se mettent à le gifler, répétant : « Oh, oh ! Gabsi ! Réveille-toi ! » Ils constatent la présence de vomi et se mettent à rire, poursuivent les témoins. Les policiers se mettent enfin en route. Par deux fois, ils tentent, sans succès, de claquer la portière arrière du véhicule – celle du côté de la tête de M. Gabsi –, indiquent les vidéos. Quelque chose bloque. La troisième sera la bonne.

    L’équipage n’arrivera que huit minutes après au commissariat, pourtant situé à moins de deux minutes de route du lieu de l’interpellation. A 22 h 36, des policiers nationaux reçoivent des mains de leurs collègues municipaux le corps de Mohamed Gabsi. « Son visage était bleu, son cou mou, il bavait », explique au Monde un témoin présent sur les lieux. Ils constatent une absence de pouls, effectuent un massage cardiaque et appellent les secours. Une heure plus tard, la mort du trentenaire est confirmée par un médecin.

    « Mohamed était malade. Mais au lieu d’avoir affaire à des professionnels de santé, il a eu affaire à des cow-boys », affirme Anna
    La machine judiciaire ne tarde pas à s’enclencher : les auditions des policiers et des témoins commencent vers 1 heure du matin. Les tentatives de récupérer des vidéos aussi : vers 1 h 30, trois policiers municipaux retournent sur le lieu de l’interpellation, réclamant aux riverains de leur remettre les films effectués, ont raconté plusieurs témoins au Monde. Aucune ne sera transmise par ce biais au service régional de police judiciaire de Montpellier, chargé d’enquêter sur la mort de M. Gabsi.

    Nombreux sont les témoins qui expriment leurs craintes vis-à-vis de la police municipale biterroise, dont les effectifs ont été armés et quasiment doublés depuis 2014, année de la première élection de #Robert_Ménard, maire proche du Rassemblement national. Anna, une proche de la famille Gabsi, explique : « Les interpellations de Mohamed par la police nationale se sont toujours passées sans encombre. S’il avait fait quelque chose de mal, il était amené dans le calme au commissariat. La police municipale, en revanche… Chaque fois qu’il les croisait, il savait qu’il allait se prendre une branlée. »

    En février 2019, pris d’une crise d’angoisse chez lui, sous l’emprise de stupéfiants, il se met à hurler. Des voisins appellent la police municipale, qui le maîtrise violemment, au point de lui causer un arrêt cardio-respiratoire et une rupture des ligaments du genou gauche, constatés par l’hôpital de Béziers. « Mohamed était malade, personne ne le conteste, poursuit Anna. Mais au lieu d’avoir affaire à des professionnels de santé, il a eu affaire à des cow-boys. »

    Mohammed Gabsi a-t-il été maîtrisé avec une force proportionnée ? C’est tout l’enjeu des expertises menées par la justice, qui cherche à déterminer la cause principale de sa mort. Rendue en novembre, la dernière expertise, chargée de faire la synthèse entre les trois précédentes, fait bien état d’une concentration de cocaïne dans le sang qui pourrait, théoriquement, « entraîner à lui seul le décès » d’un homme. Mais elle se garde de la déclarer comme cause exclusive de la mort, « compte tenu des lésions cervicales gauche ».

    « Appui maintenu » d’un « genou, coude ou poing »

    L’autopsie constate en effet au niveau du cou de M. Gabsi une fracture du cartilage et une compression du nerf vague, chargé de la régulation du rythme cardiaque. Deux conséquences découlent de cet écrasement des cervicales. La première est que le nerf vague, s’il est compressé de manière prolongée, peut entraîner une perte de conscience, voire la mort. Et ce, d’autant plus que le rythme cardiaque est déjà troublé par la prise de cocaïne et la panique suscitée par une interpellation musclée. La deuxième, décrite comme secondaire dans le rapport, est celle d’une « asphyxie mécanique » : compressé, le cou ne permet plus à l’oxygène d’entrer suffisamment dans les poumons.

    Les experts sont formels : ces lésions au niveau du cou sont dues à « un appui maintenu avec une force certaine » d’un « genou, coude ou poing ». Des constations qui mettent à mal la version policière, dans laquelle seul un appui sur les fesses du trentenaire avait été opéré. « La santé de M. Gabsi était certes fragile, notamment du fait de sa consommation de drogue, concède l’avocat de la famille. Mais la question qui doit se poser, dans cette affaire, c’est : “Etait-il programmé pour mourir ce soir-là, s’il n’avait pas croisé le chemin des policiers ?” »

    En attendant que la justice suive son cours, Houda Gabsi dépose, chaque semaine, quelques fleurs sur le lieu de l’interpellation de son frère. Des traces de cette nuit fatale prestement retirées par les agents de propreté biterrois.

    https://seenthis.net/messages/840945
    https://seenthis.net/messages/858616
    https://seenthis.net/messages/870748

    #violences_policières #violence_d'État #police #Mohamed_Gabsi #morts_aux_mains_de_la_police #homicide #police_municipale #I_can't_breathe

  • Mort·e·s et disparu·e·s aux frontières européennes : les États irresponsables désignent de nouveaux coupables, les parents !

    Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2020, un jeune père iranien assistait impuissant à la mort de son fils de 6 ans au cours de leur traversée en #mer pour rejoindre la #Grèce. Le lendemain, les autorités grecques décidaient de le poursuivre en justice pour « #mise_en danger_de_la_vie_d’autrui ». Il risque 10 ans de prison.

    Trois jours plus tard au #Sénégal, les autorités décidaient de poursuivre plusieurs personnes dont le père d’un jeune garçon de 14 ans décédé lors d’une traversée vers les #Canaries mi-octobre. En payant le passage de son fils, celui-ci serait coupable aux yeux des autorités « d’#homicide_involontaire et de #complicité_de_trafic_de_migrants ». Son procès s’ouvre mardi 1er décembre. Au Sénégal, deux autres pères sont également poursuivis pour « mise en danger de la vie d’autrui et #complicité_d’émigration_clandestine ».

    A la connaissance de nos organisations, c’est la première fois que des autorités publiques s’attaquent aux parents pour criminaliser l’aide à la migration « irrégulière », faisant ainsi sauter le verrou protecteur de la #famille. Il s’agit d’une forme de #répression supplémentaire dans la stratégie déployée depuis des années pour tenter d’empêcher toute arrivée sur le territoire européen, qui révèle jusqu’où peut aller le #cynisme quand il s’agit de stopper les migrations vers l’Union européenne (UE).

    Tandis que les routes migratoires deviennent toujours plus dangereuses en raison de la multiplicité des entraves et des mesures de contrôles le long des parcours, l’UE, ses États et les États coopérant avec elle ne cessent de se dérober de leur #responsabilité en invoquant celles des autres.

    Tout d’abord celle des « #passeurs », terme non-défini et utilisé pour désigner toute une série d’acteurs et d’actrices intervenant sur les routes migratoires jusqu’à s’appliquer à toute personne ayant un lien avec une personne en migration. Ainsi, le « passeur » peut prendre une multitude de visages : celui du trafiquant exploitant la misère à celui du citoyen·ne solidaire poursuivi·e pour avoir hébergé une personne migrante en passant par les personnes migrantes elles-mêmes. Dans leur diversité, l’existence même de ces acteurs et actrices qui viennent en aide aux personnes migrantes dans le passage des frontières est une conséquence directe des politiques restrictives des États, qui rendent leur aide ou leurs services nécessaires.

    Les « passeurs », pointés du doigt et coupables tout désignés des drames aux frontières, ont ainsi constitué un bon #alibi pour les États dans le #déni de leurs responsabilités. Les actions de lutte contre « les passeurs » ont été présentées comme le meilleur moyen pour « sauver des vies » dès 2015, comme en atteste l’opération maritime militaire européenne, #EUNAVfor_Med, visant à l’identification, la saisie et la destruction des embarcations utilisées par les « passeurs ». Loin de « #sauver_des_vies », cette opération a contribué à un changement de pratique des personnes organisant les traversées en Méditerranée : aux gros bateaux en bois (risquant d’être saisis et détruits) ont été préférés des bateaux pneumatiques peu sûrs et moins fiables, mettant encore plus en danger les personnes migrantes et compliquant les opérations de sauvetage. Bien que ces conséquences désastreuses aient été relevées par de nombreux·ses observateur·ice·s, la stratégie de l’UE et de ses États membres n’a nullement été remise en cause [1].

    Autres « #coupables » désignés par les États comme responsables des arrivées sur le sol européen et des drames en Méditerranée : les ONGs de #sauvetage. Tandis que ces dernières tentent de pallier depuis 2015 le manque d’intervention des États en matière de sauvetage en mer, elles subissent depuis 2017 des pressions et des poursuites judiciaires pour les dissuader d’intervenir : refus d’accès aux ports européens pour débarquer les personnes sauvées, saisies des navires, poursuites des capitaines et équipages pour « aide à l’immigration irrégulière » et même « collusion avec les passeurs », etc. Au mépris de l’obligation internationale du secours en mer des navires en détresse, les États membres criminalisent le sauvetage en Méditerranée lorsque celui-ci concerne des personnes en migration.

    Aujourd’hui, pour contourner les mesures de #blocage des personnes migrantes, les routes migratoires se déplacent à nouveau loin des côtes méditerranéennes et les naufrages se multiplient au large des îles Canaries, comme c’était le cas en 2006. Pourtant, l’Union européenne, ses États membres et les États de départ avec qui elle collabore n’interrogent toujours pas les conséquences désastreuses des politiques qu’ils mettent en œuvre.

    Cette logique de #déresponsabilisation des États pour le sort des personnes migrantes et de #criminalisation de celles et ceux qui leurs viennent en aide est aujourd’hui poussée à son comble puisque désormais ce sont des parents, déjà accablés par la perte de leur enfant, qui sont poursuivis et pointés du doigt comme responsable de ces drames. Tandis qu’à l’inverse, les acteurs étatiques et paramilitaires intervenant dans le contrôle des frontières, en particulier l’agence européenne #Frontex, jouissent d’une parfaite #impunité.

    Cette évolution alarmante de la criminalisation des personnes exilées, de leur famille et des solidarités qui se mobilisent autour d’elles cachent en réalité très mal les responsabilités des États dans les drames sur les routes migratoires. Les disparitions et décès aux frontières ne sauraient être uniquement attribués à des « passeurs sans scrupule », des « ONG irresponsables » et des « parents inconscients des risques ». L’Union européenne et les États doivent prendre la mesure des conséquences des politiques migratoires à l’œuvre. C’est bien le durcissement de la règlementation, la sophistication des contrôles aux frontières ainsi que la multiplication des instruments de coopération dans le domaine des migrations rendant le franchissement des frontières toujours plus difficile, qui est à l’origine du développement d’un « business » du passage et des décès et disparitions qui en découlent.

    http://www.migreurop.org/article3011.html

    #parents #père #criminalisation_de_la_migration #décès #mort #mourir_aux_frontières #migrations #asile #réfugiés #frontières #culpabilité

    –---

    Sur l’incrimination du père iranien pour les événements en #mer_Egée :
    https://seenthis.net/messages/885779

    ping @isskein @karine4 @_kg_ @reka

    • Le procès de trois pères ayant aidé leurs enfants à émigrer divise le Sénégal

      Trois pères de famille sont poursuivis au Sénégal pour avoir fait embarquer leurs enfants sur des pirogues à destination de l’Europe. L’un de ces jeunes, mineur, est décédé en mer fin octobre : il s’appelait Doudou et rêvait de devenir footballeur. Le jugement est attendu ce mardi à Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar. Le procureur a requis 2 ans de prison.

      Des pères de famille sur le banc des accusés. Ils sont jugés pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « complicité de trafic de migrants ». Depuis quelques mois, les départs reprennent de plus belle, depuis les plages de Mbour, Dakar ou encore Saint-Louis. Des dizaines de candidats au voyage entassés sur des pirogues surchargées qui tentent de rejoindre l’Espagne en dépit de conditions météo difficiles dans l’Atlantique en cette période de l’année. Des embarcations qui prennent l’eau. Des moteurs en surchauffe. Les pêcheurs ramènent des corps. Les récits dramatiques se succèdent dans les journaux.

      Pour le procureur, ceux qui ont laissé partir leurs enfants dans ces conditions ont fait preuve de grave négligence en organisant leur voyage. Le jeune Doudou Faye a trouvé la mort en mer. Son père avait payé un passeur 250 000 FCFA (un peu moins de 400 euros). Il n’a pas parlé de ce projet à la mère de l’adolescent. Une affaire qui a suscité émotion et indignation au Sénégal, et à l’étranger.
      Naufrages

      Des jeunes, mineurs, qui embarquent à destination de l’Europe avec des rêves plein la tête, Moustapha Diouf en a connu beaucoup. Président de l’AJRAP, l’association des jeunes rapatriés de Thiaroye sur Mer près de Dakar, il a lui-même fait la traversée en pirogue en 2006, vers les îles Canaries. « Depuis une quinzaine d’années maintenant, il y a des parents qui poussent leurs enfants à partir » explique-t-il.

      Moustapha Diouf est lui-même père de famille. Quand il évoque le cas de Doudou, il ne peut s’empêcher de penser à son fils de 14 ans. « La tempête, le froid, le manque d’eau, c’est insoutenable », se souvient-il avant d’ajouter : « Vous voyez ce qui se passe ici ? On ne peut pas retenir les gens… Il y a beaucoup de lassitude. On est fatigué. On nous parle de l’émergence au Sénégal, mais nous, nous ne sommes pas parvenus à émerger ». Lors de son procès, le père de Doudou Faye a dit « regretter » son acte. Ses avocats affirment que ce père « avait l’espoir d’un avenir meilleur pour son enfant, et qu’il puisse aussi aider sa famille ». Pour la défense, ces pères ne sont « pas des coupables, mais bien des victimes ». Des avocats qui disent « ne pas comprendre la nouvelle stratégie du parquet »
      Un procès pour dissuader ?

      Jusqu’à présent, les autorités sénégalaises s’employaient surtout à démanteler les réseaux de passeurs, et à interpeller de temps à autre les migrants qui voulaient monter à bord, ou ceux qui organisaient les départs à terre. Pour le sociologue Aly Tandian, professeur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis et directeur de l’Observatoire sénégalais des migrations, « viser » directement les familles des candidats à l’immigration est une première.

      « Le Sénégal s’est engagé dans une politique répressive, ce procès est destiné à alerter et clarifier la position du Sénégal. On a pu entendre des critiques dénonçant la quasi absence des autorités et leur incapacité à résoudre le problème, donc ce procès est une réponse forte apportée par l’État » conclut-il.
      L’État rejette toute responsabilité

      Interpellée lors d’une conférence de presse fin novembre, la ministre de la Jeunesse préfère pointer du doigt la « pression sociale ». Pour Néné Fatoumata Tall, les exigences sont fortes vis-à-vis de la jeunesse « dans leurs quartiers, dans leurs maisons ». Elle en appelle au sens de la responsabilité. Selon elle, il faut que les familles arrêtent de dire tous les jours à leurs enfants « que telle personne (partie à l’étranger) a réussi à construire un immeuble pour ses parents, alors qu’il n’est pas mieux élevé que toi (resté au pays). Ces mots reviennent souvent dans les foyers et c’est une pression insupportable », affirme la ministre.

      Pour le sociologue Aly Tandian, mettre en cause les familles ne conduira pas à enrayer le phénomène : « Faut-il s’engager dans cette logique d’épicier ? Ce n’est pas faire un procès aux parents qui va sensibiliser les populations. Il faudrait plutôt essayer de comprendre les causes profondes, et apporter une réponse ». Selon lui, « la logique sécuritaire a déjà suffisamment montré ses limites ». Les pères des jeunes migrants risquent donc deux ans de prison ferme. Mais pour le directeur de l’Observatoire sénégalais des migrations, ils ont de toute façon « déjà été condamnés aux yeux de la communauté ».

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201207-le-proc%C3%A8s-de-trois-p%C3%A8res-ayant-aid%C3%A9-leurs-enfants-%C3%A0

    • Immigration : les pères de migrants sénégalais condamnés à une peine inédite

      Trois pères de famille ont été jugés, mardi 8 décembre, au Sénégal pour avoir facilité et payé le trajet illégal de leurs fils en pirogue à destination des Canaries. Un procès qui illustre la nouvelle stratégie du gouvernement sénégalais pour tenter d’enrayer les départs illégaux vers l’Europe.

      C’est une première au Sénégal. Trois pères de famille ont été condamnés à une peine de prison d’un mois ferme et de deux ans avec sursis pour avoir payé un passeur pour que leur fils parte en pirogue aux îles Canaries. Reconnus « coupables pour mise en danger de la vie d’autrui », ils ont cependant été relaxés pour le « délit de complicité de trafic de migrants » par le tribunal de grande instance de Mbour, au sud de Dakar.

      « Depuis 2005, il existe une loi qui punit de cinq à dix ans d’emprisonnement et prévoit une amende de 1 à 5 millions de F CFA (de 1 520 € et 7 600 €) toute personne participant à la migration illégale. Mais jusqu’à présent, il était surtout question de punir les passeurs et les facilitateurs. C’est la première fois que les parents des candidats au voyage sont poursuivis et condamnés en justice », souligne Aly Tandian, sociologue et directeur de l’Observatoire sénégalais des migrations.

      Parmi les condamnés, Mamadou Lamine Faye. Il a versé 250 000 F CFA (environ 400 €) pour que son fils, Doudo, âgé de 14 ans, puisse partir aux Canaries. La mort de l’adolescent, plus jeune passager de l’embarcation qui a fait naufrage le 26 octobre dernier, a ému la population sénégalaise. « J’ai vraiment été choqué par cet acte irresponsable. Les conditions de vie peuvent être très difficiles ici, mais elles ne doivent pas servir d’excuse pour envoyer un innocent à la mort. Ce n’est pas à l’enfant de ramener de l’argent pour sa famille ! », s’emporte Simal, père de trois enfants.

      Ces dernières semaines, les naufrages de pirogues se sont succédé, ainsi que le nombre de disparus et de décès en mer, suscitant une vive émotion dans la population. En réponse à ces drames, une nouvelle stratégie, plus répressive, a été adoptée par le gouvernement sénégalais pour tenter de stopper le flux de départs vers l’Europe.

      Une orientation qui divise la population. « Les familles participent au départ des jeunes : certaines mamans vendent leurs bijoux pour réunir la somme à payer et les parents poussent leur enfant à partir. S’ils savent qu’ils risquent la prison, peut-être que ça les fera réfléchir, surtout en région où la pression est immense », rapporte Souleymane, jeune Dakarois qui a lui-même fait la traversée illégalement en 2006, sans que sa famille ne le sache et qui a été intercepté par les garde-côtes espagnols.

      À Mbour, ville de pêcheurs particulièrement touchée et qui a vu plusieurs de ses jeunes mourir en mer ces derniers temps, Ousmane Wade Diop, un militant de la société civile, pense que cette décision de justice va calmer les gens un temps seulement : « Ils auront peur des conséquences, mais cela ne les empêchera pas de continuer… en cachette. Il y a un sentiment de désespoir trop profond, une trop grande frustration », regrette-t-il.

      Cette gestion sécuritaire de la migration est décriée par le sociologue Aly Tandian. Il la juge trop répressive. Et il y voit surtout un moyen pour l’État de réaffirmer son engagement dans le dossier migratoire, alors qu’il était accusé par la population d’un certain immobilisme.

      Si les avis divergent sur le procès, tous soulignent la nécessité de résoudre les causes des départs. Les racines du mal que sont le chômage et la pauvreté sont pointées du doigt. « La pêche et le tourisme sont les deux mamelles de la région de Mbour mais actuellement, ces secteurs ne fonctionnent plus à cause du Covid-19 tandis que les accords de pêche conclus avec l’Union européenne privent les pêcheurs de leur travail », insiste Wade Diop.

      Aussi, de nombreux Sénégalais doutent de l’impact du procès sur des populations aux prises avec d’autres préoccupations du quotidien, comme le juge Aly Tandian : « La migration n’est pas un phénomène, c’est un fait social, explique-t-il. Les départs n’ont jamais cessé, c’est la médiatisation qui avait diminué. La population est tout à fait consciente des risques, elle est même surinformée ! Mais tant que ses attentes, c’est-à-dire de l’emploi, ne seront pas remplies, les départs continueront. »

      https://www.la-croix.com/Monde/Immigration-peres-migrants-senegalais-condamnes-peine-inedite-2020-12-09-1

  • Indignation au Brésil après la mort d’un Noir tué par des agents de sécurité dans un Carrefour

    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/21/indignation-au-bresil-apres-la-mort-d-un-noir-tue-par-des-agents-de-securite

    –---

    Vague d’indignation au Brésil après le meurtre d’un homme noir dans un Carrefour

    https://www.liberation.fr/planete/2020/11/20/vague-d-indignation-au-bresil-apres-meurtre-d-un-homme-noir-dans-un-carre

    –—

    Le Brésil s’indigne après la mort d’un homme noir , battu par des agents de sécurité

    https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-bresil-s-indigne-apres-la-mort-d-un-homme-noir-battu-par-des-agents-de

    –---

    Brésil : indignation après la mort d’un homme noir tabassé par des vigiles blancs

    https://www.lefigaro.fr/international/bresil-indignation-apres-la-mort-d-un-homme-noir-tabasse-par-des-vigiles-bl

    –---
    #racisme #vocabulaire #homicide

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.