• Macron est pressé d’en finir ? On continue !
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/macron-est-presse-den-finir-continue-548607.html

    Éditorial des bulletins d’entreprise LO (13 mars 2023)

    Ce week-end, 195 sénateurs grassement payés, aux longues siestes digestives et au régime de retraite exceptionnellement généreux, ont voté pour reculer l’âge de la retraite de 36 millions de travailleurs. Mercredi 15 mars, une Commission mixte paritaire finalisera le texte qui sera présenté, dès le lendemain, à l’#Assemblée_nationale.

    Le principal suspense consiste à savoir si Borne trouvera une majorité pour voter le texte ou choisira de dégainer le #49.3. La belle affaire ! 49.3 ou pas, l’adoption de cette loi contre l’opposition quasi unanime du monde du travail est un passage en force, un bras d’honneur à l’encontre de tous les travailleurs.

    C’est la preuve, s’il en était besoin, que le gouvernement est férocement antiouvrier. Si Macron, ses ministres et ses députés sont, pour la plupart, étrangers au milieu ouvrier, ils ont des yeux et des oreilles. Ils voient et entendent les difficultés et les attentes du monde du travail. Ils ont les chiffres des tendinites, des lombalgies, des accidents du travail et des burn out. Ils ont les chiffres de ceux qui meurent quelques mois après avoir pris leur retraite.

    Ils savent que le #patronat pousse hors des entreprises les travailleurs anciens qui, en général, coûtent plus cher et sont moins corvéables que les plus jeunes. Ils savent combien de travailleurs et de retraités recourent à l’aide alimentaire pour se nourrir, combien sont mal logés, combien ne peuvent pas se chauffer.

    Ils savent aussi, et bien mieux que nous, les milliards qui coulent à flots dans les caisses du grand patronat. Ils savent que les salaires n’ont pas augmenté au rythme des profits et qu’ils n’ont même pas suivi l’inflation. Ils savent que le déficit des caisses de retraite est une paille dans l’océan de profits et de dividendes versés à quelques-uns.

    Ils connaissent les groupes capitalistes qui ont profité de l’#inflation pour augmenter leurs marges et réaliser des #surprofits dans l’alimentaire, par exemple. S’ils voulaient agir contre les profiteurs de guerre, ils pourraient le faire, ils ont leurs noms. Eh bien non, c’est aux travailleurs qu’ils en font baver !

    Réduire au maximum la part de richesses qui revient aux classes populaires pour augmenter celle de la #bourgeoisie est la feuille de route de tous les gouvernements, quels que soient le pays et l’étiquette politique. Pour le monde bourgeois, c’est une nécessité pour tenir son rang dans la jungle mondiale qu’est aujourd’hui le capitalisme en crise.

    Alors oui, les gens que nous avons en face de nous sont certes une minorité de privilégiés, mais ils n’en sont pas moins déterminés. Alors, à nous, à notre camp de trouver la même #détermination pour imposer nos intérêts de travailleurs !

    Après deux mois de mobilisation et face au risque d’usure, tout le monde comprend qu’il faudrait passer au stade supérieur, c’est-à-dire à la grève. Seuls certains secteurs s’y sont lancés : la #SNCF, la #RATP, #EDF, certaines #raffineries, les éboueurs de certaines villes ou encore des enseignants. Ils contribuent à maintenir la pression sur le gouvernement et le grand patronat et à créer une agitation qui encourage la mobilisation, mais ils ne l’emporteront pas tout seuls.

    Pour forcer Macron à reculer, il est nécessaire que ces grèves fassent tache d’huile. Bien sûr, faire grève a un coût. Mais la passivité nous coûte bien plus cher, car se résigner, c’est se condamner aux bas salaires et à une société de plus en plus injuste, barbare et guerrière. Il ne faut pas l’accepter et la mobilisation actuelle montre que des millions de femmes et d’hommes ne l’acceptent plus.

    Grâce à notre action collective, nous avons commencé à construire un rapport de force face au gouvernement et au #grand_patronat. Beaucoup de travailleurs réapprennent à s’exprimer et agir collectivement. Des liens de solidarité et de confiance se construisent et nombre de travailleurs se sentent plus légitimes que jamais pour revendiquer. Rien que prendre l’habitude de discuter entre nous de tous les problèmes qui se posent, #salaires, #horaires, #conditions_de_travail, #transport… est une avancée précieuse pour notre camp et un danger pour le #patronat. Alors, faisons en sorte que cette agitation continue et se généralise à toutes les entreprises pour réussir à peser sur le patronat et le gouvernement de toutes nos forces, c’est-à-dire par la grève.

    Macron espère que l’adoption de la loi sonnera la fin de la mobilisation et le retour au calme dans les entreprises. Il dépend de chacun d’entre nous qu’il en soit autrement.

    Le monde du travail est vaste. Il a de la ressource et un carburant inépuisable : celui de la colère. Continuons de l’exprimer ! Entraînons les hésitants et retrouvons-nous encore plus nombreux en #grève et en #manifestation mercredi 15 et après !

    #lutte_de_classe #gouvernement_borne #emmanuel_macron #grève_générale #saccage_social #régression_sociale #parasitisme #grande_bourgeosie #capitalisme #mobilisation_social #conscience_de_classe

  • Un chauffeur de car licencié en Haute-Vienne pour avoir refusé de laisser une enfant seule en rase campagne - Limoges (87000)
    https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/actualites/un-chauffeur-de-car-licencie-en-haute-vienne-pour-avoir-refuse-de-laisse

    Pour éviter à une jeune collégienne de parcourir chaque jour 650 mètres à pied sur une route de campagne isolée, sans trottoir, sans marquage et dans le noir, le conducteur du car scolaire avait pris l’habitude de s’arrêter devant son domicile situé exactement sur son circuit. Il vient d’être licencié par son entreprise pour faute grave.

    • Le chauffeur :

      « J’ai reçu ma lettre ce lundi 28 en recommandé, explique le chauffeur, Damien Tabard. Pour moi ce n’est pas grave après tout, je trouverai un emploi par ailleurs on cherche des chauffeurs partout. Mais ça me fait de la peine de laisser des enfants que j’aimais bien. Je voulais qu’ils soient en sécurité. C’est difficile de laisser un enfant seul sur la route. Tout comme de contraindre une maman avec une poussette et son bébé à marcher le long d’une voie dangereuse pour rejoindre un arrêt alors que mon bus passe juste devant chez eux. »

      La mère :

      « On a expliqué la situation de ma fille, on a alerté les services compétents, mais on s’est entendu répondre : “le bus ne va quand même pas aller chercher les enfants jusque dans leur lit”... »

    • Un bord de route en rase campagne, sans trottoir, sans éclairage, sans marquages, sur un axe très fréquenté avec virages et problèmes de visibilité...

      On t’explique qu’il n’y a rien de conçu pour les piétons dans les campagnes, et on te répond que t’exagère de vouloir qu’on crée des arrêts au pied du lit des gamins. Y-a des coups d’pelles qui s’perdent...

    • l’entreprise de ramassage scolaire marque toujours l’arrêt dit « sauvage »
      Des arrêts « sauvages » à l’origine de son licenciement pour faute grave.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/03/des-arrets-de-bon-sens-un-conducteur-de-car-licencie-parce-qu-il-refusait-de


      Damien Tabard, sur la départementale 50 qui traverse le lieu-dit d’Entrecolles, dans le village des Billanges (Haute-Vienne), le 2 décembre 2022. VALERIE TEPPE POUR « LE MONDE »

      .... « Autrefois, il y avait un abribus à chaque bout de ferme », regrette M. Tabard.

      Cet arrangement entre le chauffeur et les familles aurait pu rester inaperçu… si ce n’était le nouveau système de billettique scolaire mis en place à la rentrée par la région, avec une géolocalisation du car. Les conducteurs se sont vus dotés d’un smartphone embarqué, les élèves de cartes sans contact à badger. « Un flicage, la robotisation des conducteurs et des enfants », maugrée l’agriculteur, ancien militant du Larzac. Une opposition qu’il ne s’est pas privé de manifester à son nouveau patron lors de la formation à l’outil. Il venait en effet de changer d’employeur, le marché public assurant les lignes dans le secteur des Billanges ayant été remporté par Europ Voyages.

      « Insubordination caractérisée »

      « Arrêtez de me regarder comme un petit con », aurait dit M. Tabard à son nouveau chef. Il se sentait, dit-il, regardé d’un « air moqueur » par ce « jeune moderne affûté ». Dans la lettre de licenciement, la direction affirme quant à elle que M. Tabard a traité son responsable de « petit con ». Une « insubordination caractérisée », « répétée », entachant « la bonne réputation et l’image de marque de notre entreprise » et « l’exposant à des risques graves et au paiement de pénalités financières » peut-on lire, entre autres motifs reprochés. Sollicitée, l’entreprise n’a pas souhaité communiquer.

      M. Tabard avait aussi signalé à son employeur des incohérences sur le tracé de son circuit – compétence régionale –, à ses yeux « inadapté par rapport aux besoins actuels ». En vain. « Le problème, c’est la complexité, face à la rigidité de l’administration, à adapter les arrêts et les circuits au fur et à mesure que les situations évoluent dans les villages et que les familles changent », estime M. Tabard.

      En dépit des avertissements répétés de son employeur, le conducteur frondeur s’est ainsi obstiné à marquer l’arrêt pour Chandani. Une désobéissance « citoyenne » qu’il revendique, « sans aller jusqu’à [s]e comparer à José Bové ». Quant à l’utilisation du smartphone – « de l’hébreu », pour le septuagénaire, « pas à l’aise avec l’électronique » –, il s’y est néanmoins plié. « Une fois sur deux, je m’y prenais mal avec ces tas de manips : si l’élève a oublié sa carte, si la carte est muette, inconnue, déjà validée. » Il soupire en lisant la notice : « appairez le valideur, 2Place onboard ». Il doute être le seul conducteur qui rencontre des difficultés avec le numérique, au sein d’une profession vieillissante, composée de nombreux retraités et peinant à recruter – il manquait 8 000 #conducteurs_scolaires à la rentrée.

      « Des valeurs humaines comme on n’en trouve plus »

      Sans commenter les motifs du licenciement – relevant de l’entreprise –, le vice-président chargé des mobilités à la région Nouvelle-Aquitaine, Renaud Lagrave, explique les épineux arbitrages qui sous-tendent la gestion des #transports_scolaires en milieu rural. Concernant la demande de création de point d’arrêt de Mme Nozière, il reconnaît un possible manque « d’explications circonstanciées », rappelant que les équipes régionales de la Haute-Vienne – qui compte plusieurs antennes à proximité – doivent gérer 350 demandes de création d’arrêt par an. « Un travail de dentelle, en concertation avec les gestionnaires de la voirie – mairies, conseil départemental –, et les transporteurs pour les situer au mieux, au regard des objectifs de sécurité, mais aussi de l’optimisation du temps de parcours. Les arrêts et les circuits évoluent chaque année en fonction des besoins. »
      Quant au secteur des Billanges, une concertation va être engagée, pour apporter les modifications opportunes. Mais il rappelle que la sécurité n’est pas forcément assurée au pied d’un domicile, « imaginez, s’il y avait un accident de car à un arrêt sauvage ». Quant au système de géolocalisation, M. Lagrave salue des fonctionnalités visant à optimiser le remplissage des bus et la sécurité des élèves. « On a pris le temps qu’il faut pour échelonner le déploiement de l’outil avec les entreprises, former les chauffeurs », assure-t-il.
      En attendant, Mme Nozière constate – non sans ironie – que l’entreprise de ramassage scolaire marque toujours l’arrêt dit « sauvage » pour sa fille. « L’effet de la pression médiatique ? » L’histoire a en effet trouvé de l’écho : une pétition en ligne en soutien au chauffeur réunissait plus de 46 300 signatures et près de 2 200 commentaires samedi matin. Des courriers et même une proposition d’embauche d’une société de cars ont été adressés à M. Tabard. Aux Billanges, parents et enfants regrettent « un professionnel à qui on pouvait confier les enfants les yeux fermés », « des valeurs humaines comme on n’en trouve plus ».

      Ses jeunes passagers sont ceux qui manquent le plus à celui qui a conduit des générations d’élèves. Sa dernière tournée, il y a une semaine, n’était pas sans émotion, « même le petit caïd de 6e a essuyé une larme ». Le chauffeur va contester son licenciement aux prud’hommes. Mais sa victoire se joue ailleurs : avoir mis en lumière les difficultés que partagent ses collègues, ailleurs sur les petites routes de rase campagne.

      #chauffeurs_scolaires #emplois_vieux avec #horaires_en_coupure #retraites

  • EP23 : L’autoconsommation est elle un atout pour l’écologie et pour la société ?

    https://www.youtube.com/watch?v=fJXkzoWRF4g

    Produire son électricité en installant des panneaux solaires sur son toit est en un plus boum. Cela parait une excellente idée pour le climat mais est ce que ça l’est vraiment ? et qu’elles en sont les conséquences ?

    #autoconsommation #pointe_de_consommation #saison et #horaire #électricité_solaire #mutualisation #libéralisme

    –> Privilégier l’isolation pour diminuer les pics de consommation l’hiver

  • Asile, une industrie qui dérape

    Le traitement des demandes d’asile en Suisse est devenu une véritable industrie, avec des #centres_fédéraux gérés principalement par des sociétés privées. Employés mal payés, manque cruel de formation, dérapages violents, dérives bureaucratiques, accès aux soins problématique : des témoignages et des documents d’enquêtes pénales inédits permettent de percer la boîte noire des centres fédéraux d’asile.

    https://pages.rts.ch/emissions/temps-present/12754866-asile-une-industrie-qui-derape.html

    #Budget de fonctionnement des centres : 215 millions en 2021, dont 57 mio à l’encadrement et 60 millions à la sécurité (min 53’50) :

    Dans le reportage, l’histoire de #Sezgin_Dag est racontée. Sezgin décède dans un taxi qui était en train de l’amener à l’hôpital (à partir de la minute 3’06).

    #asile #migrations #réfugiés #privatisation #business #Suisse #ORS #Protectas
    #violence #accélération_des_procédures #procédures_accélérées #accès_aux_soins #souffrance #témoignage #industrie_de_l'asile #business #SEM #Securitas #coût #dysfonctionnement #Boudry #cellule_de_réflexion #décès #morts #suicides #automutilations #traumatismes #dérapages #Gouglera #injures #violence_systématique #frontaliers #conditions_de_travail #plan_d'exploitation_hébergement (#PLEX) #fouilles #nourriture #alimentation #punitions #privations_de_sortie #mesures_disciplinaires #horaires #pénalité #formation #spray #agents_de_sécurité #salaires #centres_pour_récalcitrants #récalcitrants #Verrières #centres_spécifiques #centre_des_Verrières #disparitions #délinquance #optimisation #sécurité #prestations #société_anonyme

    –-
    Ajouté à la métaliste sur #ORS en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/884092

  • Restaurateurs cherchent saisonniers : sur la côte bretonne, « on commence la saison la trouille au ventre »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/19/restaurateurs-cherchent-saisonniers-sur-la-cote-bretonne-on-commence-la-sais

    Où sont-ils passés ? Alors que les vacances scolaires approchent, marquant le début de « la grosse saison », la question inquiète les restaurateurs et les hôteliers des zones touristiques, nombreux à déplorer une pénurie de travailleurs #saisonniers. De La Trinité-sur-Mer à Quiberon en passant par Belle-Ile-en-Mer, des écriteaux fleurissent sur les devantures des établissements : « Recherchons serveur(euse) pour la saison », « Poste à pourvoir immédiatement », « Bonne équipe ».

    Cuisiniers, commis, serveurs, plongeurs… Cette année, tous les profils manquent à l’appel. « Dans ce milieu, j’ai connu des hauts et des bas, mais jamais une telle crise », lance mercredi 16 juin Patrice Le Boulch, 58 ans, jetant son regard azur sur sa terrasse fermée. Faute de personnel, le directeur n’a pu ouvrir qu’un seul de ses deux établissements quiberonnais. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, ce sont entre 100 000 et 140 000 personnes – soit un dixième des employés du secteur – qui ont changé de métier depuis le premier confinement.

    D’après une enquête de #Pôle_emploi publiée fin mai dans Ouest France, 16 % des offres ayant cours dans le Morbihan concernent le secteur de l’#hôtellerie-restauration, ce qui en fait le premier pourvoyeur d’emplois. A la veille de la réouverture des restaurants en salle, Emmanuel Macron avait appelé à la « mobilisation générale » dans le secteur de l’hôtellerie-restauration et lancé un appel à « tous ceux qui sont en recherche d’emploi ».

    « Tous [les patrons] en galère »

    « Le problème est massif, nous sommes tous en galère », insiste [de Wendel, loisirs, ndc] Patrice, qui doit encore embaucher une trentaine de saisonniers s’il veut pouvoir ouvrir ses deux établissements pour la saison. Pour l’heure, il est parvenu à recruter une vingtaine de personnes.

    Sur le comptoir de la petite sandwicherie de Thérèse Couvert, le dossier de curriculum vitæ est maigrelet. « D’habitude, j’ai une pile épaisse de CV, ça me laisse l’embarras du choix », témoigne la propriétaire d’une alimentation rapide à Quiberon depuis plus de trente ans. Cette année, elle a reçu seulement cinq candidatures et entame sa saison avec une personne de moins que nécessaire.

    Que valent les rares candidatures du cru 2021 ? D’une même voix, les professionnels évoquent des candidats inexpérimentés, parfois peu fiables. « Nous avons beaucoup de #défections de dernière minute », constate Bruno Loiseau, 52 ans, gérant d’un restaurant réputé à Sauzon. Le jeune serveur de 17 ans pris à l’essai une journée s’est « volatilisé sans donner la moindre nouvelle. Il n’est jamais revenu ».

    Alors que des records de fréquentation sont attendus en Bretagne cet été (notamment en raison de la crise sanitaire, qui contraint les voyages à l’étranger), cette situation charrie son lot d’inquiétudes. « Certains parlent de cent mille touristes par jour au plus fort de l’été. Comment on va pouvoir les accueillir ? », s’interroge Justine, responsable d’un bar où se réunissent les habitués du Palais, principale commune de Belle-Ile-en-Mer.

    « Les restaurateurs sont déjà au bout de leur fatigue, [et] nous ne sommes qu’en juin », poursuit Justine, seule au service, alors que le monde commence à affluer pour l’apéro. « On commence la saison la trouille au ventre », confie Thérèse, d’une patience à toute épreuve face aux touristes qui s’apprêtent à prendre le bateau pour Belle-Ile-en-Mer.

    « Les #salaires ne sont pas à la hauteur »

    Selon les restaurateurs, ce sentiment d’épuisement n’est pas sans lien avec la défection de saisonniers constatée ces derniers mois. « Avec le confinement, [nos] gens ont pris conscience qu’une autre vie était possible », résume Patrice, évoquant les week-ends sans boulot et possibilité de voir ses enfants. Catherine Quérard, du Groupement national des indépendants, appelle ainsi à repenser l’organisation des journées, notamment la fameuse « #coupure » entre les services du midi et du soir. « Cela crée des journées à rallonge, les jeunes n’en veulent plus », constate-t-elle dans une interview à Ouest-France.

    « Dans notre milieu, les salaires ne sont pas à la hauteur de la charge de travail », ajoute Justine, sourire indéfectible aux lèvres. Les saisonniers sont généralement payés au SMIC hôtelier, soit environ 1 400 euros net par mois. « Dans les lieux touristiques, notamment à Belle-Ile-en-Mer, où les prix sont plus élevés, ce n’est pas tenable », souligne Léo, 32 ans, actuellement en formation d’électricien après dix ans dans la restauration et un #burn_out. Agroalimentaire, bâtiment, aide à la personne : de nombreux saisonniers ont pris d’autres chemins ou sont en passe de le faire, avec l’ambition d’une vie plus stable.

    Une autre raison, plus prosaïque, repose sur la nécessité de gagner sa croûte après de longs mois de fermeture. « Je connais beaucoup de saisonniers qui arrivaient en fin de droits de #chômage. Ils ne pouvaient plus attendre la réouverture pour reprendre le travail » [d’autant que 4 mois comme saisonniers les laissera sans alloc chômage, grâce à la réforme qui en exige 6, ndc], explique Aurélie Sollier, 37 ans, serveuse en CDI dans un hôtel-restaurant de Belle-Ile-en-Mer.

    « On bricole »

    Justine, elle, avait bien trouvé une serveuse pour la saison. « Faute de #logement à un prix raisonnable, elle n’a pas pu venir », regrette-t-elle, évoquant les prix de location faramineux à destination des touristes. De son côté, Elodie Gravier a trouvé un logement à un serveur convoité par d’autres restaurateurs. « Il passera l’été dans un petit voilier, dans le port du Palais », précise la propriétaire d’une crêperie, qui a activé tout son réseau pour lui dégoter un toit. Conscient de ces difficultés, le maire du Palais, Thibault Grollemund, compte réunir en septembre l’ensemble des acteurs économiques pour trouver des solutions de logement aux saisonniers.

    Bien qu’il propose un poste « logé, nourri, blanchi », Bruno ne parvient pas à trouver des profils de saisonniers expérimentés – « un impératif » dans son établissement haut de gamme. Pour la première fois en dix-huit ans, le gérant a dû fermer trois jours en juin. « Une journée fermée, c’est 6 000 euros de perdus », précise celui qui multiplie les journées à rallonge, « avec le sentiment de mal faire [s]on boulot ». Dans sa quête désespérée du saisonnier qualifié, il a dû revoir les salaires à la hausse [aie ! aie ! aie !, ndc]. La semaine prochaine, un cuisinier arrive enfin, alors que trois serveurs manquent encore.

    Elodie, elle, s’est résignée à embaucher les deux seules candidatures qu’elle a reçues. « Ils sont en train de passer leur bac, ils doivent arriver début juillet, je ne les ai jamais vus », confie la restauratrice, qui s’inquiète encore d’une annulation de dernière minute. Avec son associée, Justine tient la cadence en embauchant des extras le week-end. « On bricole, mais on ne pourra pas tenir comme ça toute la saison », prévient-elle.

    Pendant ce temps " à gauche ", ça gagate sur l’emploi à vie, le plein emploi, la garantie d’emploi.

    #horaires_en_coupure #précaires #travail #emploi #droitauchômage

  • Les centres pour requérants d’asile doivent améliorer leur gestion de la #violence

    La violence et les conflits devraient être mieux gérés dans les centres fédéraux pour requérants d’asile. Le personnel de sécurité devrait être mieux formé. La commission nationale de prévention de la torture a publié lundi ses nouvelles recommandations.

    Pour la commission, la manière de résoudre les #conflits et la violence laisse à désirer dans ces hébergements et un système de #gestion_des_conflits y fait défaut.

    A plusieurs reprises, le #personnel_de_sécurité des centres fédéraux a utilisé des moyens disproportionnés, relève le rapport sur la base de témoignages. Il s’agit par exemple de l’#immobilisation_corporelle, de l’utilisation de #gels_au_poivre ou du placement en salle de « réflexion ». Des procédures pénales ont été engagées contre des #agents_de_sécurité pour usage arbitraire ou disproportionné de la #force ou d’#abus_de_pouvoir.

    Meilleure formation

    La commission recommande donc une gestion systématique des #plaintes. Cette approche plus transparente permettrait de régler les conflits le plus souvent possible sans faire usage de la force, à dissiper les #malentendus et la #défiance entre les requérants d’asile et le #personnel_de_sécurité. La justice pénale ne se concentrerait que sur les cas qui le justifient.

    Les entreprises de sécurité doivent en outre recruter des employés expérimentés et formés spécifiquement aux charges requises dans un centre fédéral pour requérants d’asile. Elles doivent prévoir une #formation nettement plus longue et plus poussée de leur personnel. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) est notamment prié de prévoir des moyens financiers à cet effet.

    La commission nationale de prévention de la torture estime en outre qu’il faut limiter le moins possible la #liberté_de_mouvement des requérants et encourager les autorités communales compétentes à aménager des #horaires_de_sortie étendus. Cette recommandation avait déjà été émise dans son précédent rapport.

    Points positifs

    Dans ses conclusions, la commission relève également plusieurs points positifs. Les requérants d’asile sont en général hébergés dans des conditions répondant aux droits humains et fondamentaux.

    La mise en place de l’enseignement de base pour les enfants et les jeunes en âge de scolarité est saluée, tout comme la création dans le centre de #Kreuzlingen (TG) d’une consultation pour les personnes souffrant de dépendances.

    https://amp.rts.ch/info/suisse/11905402-les-centres-pour-requerants-dasile-doivent-ameliorer-leur-gestion-d

    #centres_fédéraux #asile #migrations #réfugiés #Suisse #centre_fédéral

    –—

    Ajouté au fil de discussion sur #ORS en #Suisse :
    https://seenthis.net/messages/884092

    qui, lui-même, a été ajouté à la métaliste sur ORS :
    https://seenthis.net/messages/802341

    • Centres fédéraux pour requérants d’asile : accès à l’enseignement scolaire de base jugé positivement, potentiel d’amélioration concernant la prévention de la violence et la protection des personnes vulnérables

      La #Commission_nationale_de_prévention_de_la_torture (#CNPT) s’est rendue une nouvelle fois dans des centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA) entre 2019 et 2020. Elle publie aujourd’hui les constatations et les recommandations qu’elle a faites à l’occasion de ses visites. La Commission conclut dans son rapport que les requérants d’asile sont en général hébergés dans des conditions conformes aux droits humains et aux droits fondamentaux. Elle juge en particulier positive l’instauration de l’enseignement de base pour les enfants et les jeunes en âge de scolarité et cite en exemple la création, dans un centre, d’une consultation pour les personnes souffrant de dépendances. La Commission estime cependant qu’il existe un potentiel d’amélioration concernant la gestion des conflits, la prévention de la violence et le traitement des plaintes, et rappelle que des progrès doivent être faits s’agissant de l’identification des personnes vulnérables, de l’accès à une prise en charge psychiatrique et, dans certains cas, de l’infrastructure.

      Au cours de ses visites, la Commission a constaté que le personnel de sécurité des centres a eu recours à plusieurs reprises à l’immobilisation corporelle, à des gels au poivre et au placement en salle de « réflexion ». Plusieurs témoins de ces situations jugent que l’intervention du personnel de sécurité était dans quelques cas disproportionnée. Il a été porté à la connaissance de la Commission que des procédures pénales ont de fait été engagées contre plusieurs collaborateurs à la suite de plaintes de requérants d’asile.

      La Commission estime qu’il existe un potentiel d’amélioration considérable en ce qui concerne la prévention de la violence et le traitement des conflits et des griefs de violence. Elle recommande au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) de mettre en place une gestion systématique, à bas seuil, des plaintes et de réfléchir à la manière de renforcer l’encadrement afin de réduire les conflits violents. L’introduction prévue d’un plan de prévention de la violence dans tous les hébergements est saluée.

      Le SEM doit en outre veiller à ce que les entreprises de sécurité qu’il mandate recrutent des employés expérimentés et qualifiés et leur assurent une formation approfondie aux spécificités du travail dans un CFA. Les entreprises de sécurité doivent en particulier prévoir une formation nettement plus longue et plus poussée de leur personnel.

      La Commission cite en exemple la création d’une consultation pour les personnes souffrant de dépendances au CFA de Kreuzlingen. Cette mesure, qualifiée de meilleure pratique, a contribué selon divers intervenants à réduire les tensions dans l’hébergement. Le SEM est encouragé à mettre en œuvre des solutions analogues dans ses autres structures également.

      Les rôles des différents intervenants dans les centres et les processus d’identification des personnes vulnérables ne sont pas encore définis avec suffisamment de clarté. La Commission se félicite de ce que le SEM prépare un guide concernant les personnes ayant des besoins particuliers.

      Dans les CFA, la prise en charge psychiatrique se limite généralement aux situations aiguës. Compte tenu de la courte durée des séjours dans les centres, un traitement n’est généralement mis en place qu’après l’attribution de la personne à un canton. La Commission recommande au SEM de procéder à un premier bilan de la situation psychique des requérants à leur arrivée, de manière à pouvoir les rediriger, en cas de traumatisme ou de troubles psychiques, vers des services spécialisés si possible déjà pendant leur séjour au centre. La Commission a pris acte de ce que différentes mesures sont prévues pour faciliter l’accès à une prise en charge psychiatrique.

      La Commission a visité, de janvier 2019 à juillet 2020, les CFA de Boudry, de Balerna, de Chiasso, de l’Aéroport de Genève, de Kappelen, de Kreuzlingen et de la « Via Motta » (Chiasso), ainsi que l’hébergement de la halle 9 à Oerlikon, géré par la ville de Zurich.
      Ces visites se fondent sur les dispositions de la loi fédérale du 20 mars 2009 sur la Commission de prévention de la torture (CNPT), qui prévoit que la CNPT contrôle régulièrement la situation des personnes privées de liberté ou dont la liberté de mouvement est restreinte en application d’une décision des autorités. Le dernier rapport de la Commission sur les conditions dans les hébergements fédéraux pour requérants d’asile date de janvier 2019 (période 2017 - 2018).

      https://www.nkvf.admin.ch/nkvf/fr/home/publikationen/mm.msg-id-82013.html

      –—

      Dans le résumé du rapport en français (le rapprt complet n’est pas disponible en français), pas de mention de #ORS : https://www.nkvf.admin.ch/dam/nkvf/fr/data/Berichte/2020/baz/ber-zus-baz-fr.pdf

      ORS est par contre mentionnée dans le rapport complet en allemand : https://www.nkvf.admin.ch/dam/nkvf/de/data/Berichte/2020/baz/ber-baz-de.pdf

    • Les requérant·e·s doivent davantage être protégé·e·s des violences subies dans les Centres fédéraux d’asile

      Le nouveau rapport de la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) confirme les dysfonctionnements des Centres fédéraux d’asile (CFA) que les associations de défense des migrant·e·s dénoncent depuis plusieurs années : le système de gestion des CFA, de plus en plus privatisé, entraîne des violences, peine à gérer les conflits et à traiter les plaintes. Le recours à la force envers les personnes requérantes d’asile est inacceptable et doit immédiatement cesser.

      Immobilisation corporelle, recours à des gels au poivre ou encore au placement en salle de « réflexion », qui s’apparente en réalité à une sorte de cellule de détention ; c’est ce qui ressort de plusieurs témoignages de requérant·e·s vivant dans différents CFA aux quatre coins de la Suisse. Menée par la CNPT entre 2019 et 2020, cette enquête a révélé l’usage fréquent de moyens disproportionnés par le personnel de sécurité des centres. Plusieurs collaborateur·trice·s font actuellement l’objet d’une procédure pénale à la suite de plaintes de requérant·e·s d’asile.

      Les critiques de la CNPT font écho aux récentes dénonciations de violences par les collectifs Solidarités Tattes à Genève, Droit de rester à Fribourg et Drei Rosen gegen Grenzen à Bâle. Plusieurs personnes résidant au CFA de Giffers dans le canton de Fribourg ont témoigné avoir fait l’objet de graves maltraitances de la part du personnel de sécurité, certaines d’entre elles ayant dû être hospitalisées. Les membres du personnel de sécurité impliqué·e·s n’ont toutefois pas été inquiété·e·s pour leurs actes et travaillent toujours au CFA de Giffers. Des dénonciations similaires ont eu lieu au sujet du CFA de Bâle et au Centre pour requérant·e·s mineur·e·s non accompagné·e·s (RMNA) de l’Étoile à Genève.

      Le système même des CFA est responsable de ces violences : les organismes privés tels que l’ORS proposent des services à moindre coût pour obtenir les marchés publics et évincer ainsi les organismes publics ou associatifs, aux dépens des conditions de vie et de la santé des requérant·e·s. L’organisation asile.ch dénonce depuis de nombreuses années le fait qu’une entreprise puisse réaliser des profits en assurant une mission sociale et publique. Les entreprises de sécurités mandatées (Protectas, Securitas et Verkehrsüberwachung Schweiz AG) soumettent leur personnel à des conditions de travail précaires et ne leur assurent pas une formation approfondie sur les particularités du travail au sein des CFA. Plusieurs témoignages de vigiles dénoncent une « banalisation de la violence ». En outre, la part du budget de la Confédération allouée à la « sécurité » est plus importante que celle consacrée à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA alors même que les requérant·e·s sont une population davantage fragilisée que la moyenne.

      Les requérant·e·s doivent bénéficier d’un meilleur encadrement social et médical ; la Confédération doit assurer la protection de ces personnes en réglementant davantage la collaboration avec des entreprises de sécurité privée et en ouvrant plus largement les CFA à la société civile. Les renvois potentiels de personnes lésées doivent être suspendus en attendant le résultat des plaintes pénales déposées contre le personnel de sécurité.

      https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/commentaire-violences-cfa

    • Les Centres fédéraux d’asile fonctionnent comme de boîtes noires hyper sécurisées et mal gérées

      La mise en oeuvre du nouveau système d’asile en mars 2019 a rendu l’hébergement dans les CFA extrêmement difficile à vivre pour les requérants d’asile tous fragilisés par leur parcours migratoire. A la pression de la procédure d’asile elle-même, s’ajoute des règles de vie absurdes que des agents de sécurité font appliquer avec force, violences, insultes racistes et xénophobes et punitions exagérées.

      Le SEM a donné trop de pouvoir aux sociétés privées de sécurité (Protectas et Securitas) sans avoir vraiment les moyens de vérifier leur travail et lorsqu’il sait, il minimise. Pour le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) la parole d’un requérant vaut toujours moins que celle d’un fonctionnaire ou d’un agent de sécurité.

      On doit alors se demander si les conditions d’hébergement dans les CFA permettent la tenue sereine des auditions ? Question sous-jacente : dans quelles mesures le SEM et ses sbires mal supervisés peuvent être tenus responsables d’auditions ratées, de mauvaises décisions, de disparitions dans la nature ?

      Le scandale éclate

      Le 5 mai, une enquête de la RTS (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), de l’émission Rundschau et de la Wochenzeitung, révèle l’usage abusif de la force contre des requérants d’asile et les rapports truqués des agents de sécurité pour couvrir leurs actes. Gilles Clémençon, chef du pôle enquête de la RTS précise que les actes ont été commis dans plusieurs centres fédéraux de Suisse. A Saint-Gall, Bâle et Boudry, les journalistes ont recueilli plusieurs témoignages de violences très vraisemblables sur des requérants d’asile par des agents de sécurité (Protectas AG et Securitas AG). Quatre personnes ont déposé une plainte pénale contre des agents violents (1).

      Un rapport d’Amnesty International (https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2021/violations-des-droits-humains-dans-les-centres-federaux-d-asile) confirme la gravité des faits. Il explique dans quelles circonstances les violences se sont produites et comment les tensions surviennent et dégénèrent. Un fonctionnement trop rigide des nouveaux centres fédéraux avec une mauvaise application des règles par des gros bras qui préfèrent punir d’office en faisant des remarques déplacées sur le parcours migratoire des requérants, leur collant une étiquette de profiteurs, voilà ce que révèle entre autre le rapport.

      Rapport d’Amnesty International

      Depuis février 2020, Amnesty International enquête. Son équipe reçoit des témoignages de violences, d’interventions brutales et de comportements inappropriés qui ont eu lieu dans les centres de Bâle, Giffers, Boudry, Altstätten et Vallorbe. Les informations viennent d’abord d’employés de sécurité (Protectas AG et Securitas AG), puis de requérants d’asile et du personnel d’encadrement (ORS AG) mais aussi de représentants juridiques. Amnesty International a aussi accès aux rapports médicaux et aux plaintes judiciaires.

      > Rapport d’Amnesty International : “Je demande que les requérants d’asile soient traités comme des êtres humains .” (https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2021/violations-des-droits-humains-dans-les-centres-federaux-d-asile)

      En tout 32 personnes ont été interrogées. Dans le rapport figure les témoignages de 14 requérants d’asile dont deux mineurs non-accompagnés, 8 vigiles de sécurité et 6 représentants juridiques. Selon, Alicia Giraudel, juriste chez Amnesty International, ces victimes représentent la pointe de l’iceberg. La plupart d’entre elles ne portent jamais plainte car elles craignent des représailles (perte de l’emploi, plus de problème avec la sécurité etc.)

      En réalité, rien n’est mis en place pour porter plainte. Il n’existe aucun mécanisme indépendant pour le faire et la plateforme existante de whistleblowing n’est pas utilisée. Personne ne sait qu’elle existe. Alors beaucoup d’entre elles quittent les centres et disparaissent dans la nature. Lors de son intervention dans l’émission Forum (RTS), Alicia Giraudel explique la gravité des mauvais traitements (https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221).

      “Les situations se recoupent beaucoup, il y a de la violence et de la maltraitance, des personnes ont été enfermées de manière arbitraire dans des containers, des personnes ont été traitées de manière irrespectueuses, elles ont ressenti de la xénophobie et du racisme (…)

      Dans certaines situations, explique-t-elle, les traitements infligés pourraient être qualifiés d’actes de torture.

      Tentatives de suicide et automutilations

      Les conditions d’hébergement sont si mauvaises que les tentatives de suicide et les actes d’automutilation sont fréquents. Selon le Secrétaire d’Etat aux migrations, il y en aurait chaque semaine avec deux issues fatales l’année dernière.

      C’est aussi dû au nouveau système de l’asile. Aldo Brina, spécialiste de l’asile en Suisse, explique les raisons systémiques derrière ces drames (4).

      “Avec la nouvelle loi, on a prolongé la durée de séjour dans les centres fédéraux. Avant on était à 60 jours, puis on est passé à 90 jours en 2011 et maintenant on est à 140 jours (….) mais il n’y a pas eu d’évolution du concept d’hébergement, on est toujours sur le tout sécuritaire et pas sur l’encadrement social et c’est ça qui doit changer aujourd’hui (…) le context est extrêmement difficile, on le voit avec les gens qu’on accompagne, c’est vraiment douloureux de passer par ces centres fédéraux.” (5)

      “(…) Les centres sont géographiquement isolés, entourés de clôtures souvent barbelées ; les personnes en demande d’asile manquent de contact avec le monde extérieur, leurs libertés individuelles sont restreintes. Elles ne peuvent pas sortir en dehors d’horaires prédéfinis, on les fouille à chaque entrée, on leur interdit d’apporter de la nourriture, on les soupçonne de vol dès qu’elles apportent un objet sans ticket d’achat. Un long séjour dans ce cadre, teinté de carcéral, après avoir fui une guerre ou des persécutions, c’est compliqué. En tout cas, ça ne ressemble en rien à de l’accueil.” (6)

      Purger le SEM

      Cela fait des mois que les associations tirent la sonnette d’alarme. Le SEM n’en a pas tenu compte. Il a fermé les yeux, satisfait d’un rapport (https://www.nkvf.admin.ch/nkvf/fr/home/publikationen/mm.msg-id-82013.html) incohérent de la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) (https://www.nkvf.admin.ch/nkvf/fr/home/publikationen/mm.msg-id-82013.html), une institution dont l’indépendance fait sourire.

      C’est l’enquête des médias et le rapport d’Amnesty International qui font réagir le SEM. Il fait suspendre 14 brutes et annonce confier une enquête externe (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83389.html) sur les allégations de violences à l’ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer. Il annonce également un audit interne (https://www.swissinfo.ch/fre/all%C3%A9gations-de-violence-dans-les-centres-f%C3%A9d%C3%A9raux-pour-requ%C3%A9rants-d-asile--enqu%C3%AAte-pr%C3%A9vue/46591868) sur la gestion de la sécurité dans les centres fédéraux. Enfin, une nouvelle ligne budgétaire est prévue pour la commande d’une autre étude (https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221) afin de faire la lumière sur les taux élevés de suicides et d’automutilations constatés depuis deux ans.

      Il faudra attendre le résultat de ces investigations ainsi que le futur rapport du Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (https://www.coe.int/fr/web/cpt/-/council-of-europe-anti-torture-committee-carries-out-an-11-day-visit-to-switzer) qui vient de faire une visite du Centre fédéral de Boudry. En attendant, les directeurs des centres, chefs et sous chefs de la sécurité ou autres responsables qui ont choisi de fermer les yeux et ignorer ce qui se passait, doivent être immédiatement sanctionnés et licenciés.

      Comment remédier aux tensions et violences dans les centres fédéraux d’asile

      Les mauvais comportements de part et d’autre doivent être punis immédiatement et de manière intelligente et proportionnelle. L’impunité est un cercle vicieux qui mène à plus de violence, des deux côtés. Comme l’a rappelé Aldo Brina (https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221), les requérants d’asile et les agents de sécurité ne sont pas pires qu’avant, c’est bien le nouveau système de l’asile qui est défaillant. Voici quelques recommandations qui permettront de corriger les choses dans les centres fédéraux.
      Améliorer la formation des agents de sécurité.

      Un agent de sécurité doit se sentir respecté. Un requérant d’asile également. Les agents de sécurité doivent recevoir la formation pour agir convenablement dans les situations tendues. Le dialogue, les explications, la recherche de solutions non punitives doivent faire partie de l’arsenal prioritaire de tout agent de sécurité. Les agents de sécurité doivent inspirer le respect au lieu de propager la peur. L’effet virtuel positif d’un comportement guidé par la volonté d’apaiser lui sera personnellement bénéfique dans ses futures interventions.
      Interdire et sanctionner les agents qui font des commentaires insultants sur les raisons de fuite des requérants d’asile.

      Parmi les personnes victimes de violences et parmi celles qui ont été injustement punies, beaucoup ont reçu des insultes d’agents de sécurité insinuant qu’ils n’avaient rien à faire en Suisse. Les agents de sécurité doivent savoir que les personnes qui font l’objet d’une procédure Dublin sont des personnes dont les motifs d’asile n’ont pas encore été examinés et que personne en Suisse ne peut préjugés de leurs motifs de fuite avant que leur situation personnelle ne soit examinée dans le cadre d’une procédure d’asile complète. Tout propos qui concerne le statut des personnes hébergées est inadmissible et doit être immédiatement sanctionné.
      Établir un mécanisme indépendant de plainte et de whistleblowing.

      Afin d’éviter la dissimulation de bavures, la mise en place d’un mécanisme totalement indépendant de réception et d’examen de plaintes est incontournable. Par ailleurs, les requérants d’asile et les employés travaillant dans les centres doivent aussi pouvoir accéder à une plateforme de whistleblowing.
      Renforcer la présence des assistants sociaux et des aumôniers.

      Dans chaque centre, il faut réduire la présence d’agents de sécurité et prévoir des assistants sociaux en plus du personnel d’encadrement (ORS AG). Leur rôle est vital pour la bonne communication dans les CFA. Les cantons en font l’expérience dans les foyers pour requérants d’asile depuis des décennies. Le nombre d’agents de sécurité doit être proportionnellement diminué. Il est important aussi d’assouplir les entrées et sorties des aumôniers dans tous les centres fédéraux. Leur rôle bénéfique a fait ses preuves.
      Assouplir les règles de vie dans tous les CFA.

      Saviez-vous qu’il est interdit pour les requérants d’asile d’écouter de la musique dans les centres ? Une des nombreuses règles absurdes qui ne sert qu’à rendre la vie encore plus difficile et occasionne des tensions inutiles. Saviez-vous que les personnes hébergées n’ont pas le droit d’y apporter un pain au chocolat ? Certaines règles et punitions sont trop extrêmes. Dans certains centres, les fouilles corporelles systématiques sont malheureusement encore pratiquées.

      Et Mario Gattiker dans tout ça ?

      Le chef du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) doit être déçu de terminer son mandat dans une telle tourmente. Mais il a les reins solides. Son air de chien abattu et sa langue de bois bien aiguisée nous trompent sur le personnage qui a tenté d’amadouer en vain les organisations non gouvernementales en Suisse.

      La qualité de la procédure d’asile a beaucoup baissé et toutes les initiatives pour l’améliorer intelligemment avec l’enregistrement audio des auditions d’asile ou la formation des interprètes, citons ces exemples, n’ont pas eu de prise sur lui.

      On le dit étroit d’esprit, soumis et surtout fatigué par les grands chantiers. Il lui reste quelques mois avant de céder son poste à Madame Schraner Burgener. Sauras-t-il prendre les bonnes décisions pour corriger le tir ? Ce serait vraiment l’occasion de laisser un bon souvenir.

      Notes :

      - Selon l’association Solidarité Tattes seulement deux personnes concernées ont témoigné de ce qu’ils ont vécu lors d’une audience judiciaire. Une personne a été expulsée vers l’Allemagne, une autre a disparu.
      – Lire le Rapport de la coalition des juristes indépendants, octobre 2020 : https://asile.ch/2020/10/08/coalition-des-juristes-independant-e-s-bilan-de-la-restructuration-du-domaine-
      - Le débat – Centres fédéraux d’asile : droits humains en danger ?, RTS, Forum, 19 mai 2021 : https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221
      - Voir ses interventions dans Le Temps (https://www.letemps.ch/opinions/violence-centres-federaux-dasile-un-probleme-structurel) et sur la RTS (https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221).
      - Le débat – Centres fédéraux d’asile : droits humains en danger ?, RTS, Forum, 19 mai 2021 : https://www.rts.ch/play/tv/forum-video/video/le-debat-centres-federaux-dasile-droits-humains-en-danger?urn=urn:rts:video:1221
      - Violence dans les centres fédéraux d’asile : un problème structurel, Opinion, Le Temps, 13 mai 2021 : https://www.letemps.ch/opinions/violence-centres-federaux-dasile-un-probleme-structurel

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2021/06/01/les-centres-federaux-dasile-fonctionnent-comme-de-boites-noires-hyper-

    • Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe effectue une visite de 11 jours en Suisse

      Une délégation du Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l’Europe a effectué une visite en Suisse du 22 mars au 1er avril 2021. Il s’agissait de la septième visite périodique effectuée dans le pays.

      Cette visite avait pour objectif d’examiner le traitement et les conditions de détention des personnes privées de liberté dans sept cantons de la Confédération helvétique. Une attention particulière a été portée à la situation des personnes privées de liberté par la police, des personnes placées en détention avant jugement ou exécutant des peines ou des mesures thérapeutiques institutionnelles ou d’internement (y compris les mineurs et jeunes adultes) ainsi que des personnes faisant l’objet de mesures de contrainte en matière de droit des étrangers. Enfin, la délégation a pu constater l’impact des mesures prises afin de prévenir la propagation de la covid-19 dans les établissements visités.

      Dans le cadre de la visite, la délégation du CPT s’est entretenue avec M. Martin Dumermuth, Directeur de l’Office fédéral de la justice (OFJ), ainsi que les Conseillères d’État suivantes : Mme Karin Kayser-Frutschi, Directrice de la justice et de la sécurité (canton du Nidwald), Mme Jacqueline Fehr, Directrice de la justice et des affaires intérieures (canton de Zurich), Mme Nathalie Barthoulot, Présidente du Gouvernement jurassien et Ministre de la cohésion sociale, de la justice et de la police (canton du Jura), et Mme Béatrix Métraux, Cheffe du Département de l’environnement et de la sécurité (canton de Vaud). Elle a également rencontré des hauts fonctionnaires représentant les institutions cantonales et fédérales en charge des divers domaines d’intérêt du CPT.

      En amont de la visite, des consultations ont eu lieu avec Mme Regula Mader, Présidente de la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT), ainsi qu’avec des représentants d’organisations non gouvernementales qui œuvrent dans des domaines liés au mandat du CPT.

      A l’issue de sa visite, la délégation a présenté ses observations préliminaires aux autorités fédérales et cantonales à Berne.

      La visite a été effectuée par les membres du CPT suivants :

      Vincent Delbos (chef de la délégation)
      Vanessa Durich
      Nico Hirsch
      Julia Kozma
      Philippe Mary
      Vytautas Raškauskas.

      Ils étaient secondés par Natacha De Roeck et Sebastian Rietz du secrétariat du CPT et assistés par deux experts, Anne Galinier, médecin et Cyrille Orizet, psychiatre.

      La délégation s’est rendue dans les lieux de privation de liberté suivants :
      Canton d’Argovie

      Clinique de psychiatrie forensique de Königsfelden, Windisch

      Canton de Berne

      Hôtel de police de Berne (Waisenhausplatz 32), Berne
      Prison de Thorberg, Krauchthal (visite ciblée)

      République et canton de Genève

      Hôtel de police (boulevard Carl-Vogt 17-19), Genève
      Poste de police des Pâquis (rue de Berne 6), Genève
      Prison de Champ-Dollon, Puplinge
      Établissement fermé Curabilis, Puplinge
      Centre éducatif de détention et d’observation pour mineurs « La Clairière », Vernier

      Canton de Neuchâtel

      Centre fédéral pour requérants d’asile de Boudry, Perreux (visite ciblée)

      Canton de Soleure

      Poste de police régional (Werkhofstrasse 33), Soleure
      Prison de détention provisoire, Soleure (visite ciblée)
      Prison de Soleure, Deitingen (visite ciblée)

      Canton de Vaud

      Hotel de Police cantonale, Centre de la Blécherette, Lausanne
      Hotel de Police municipale, rue Saint-Martin, Lausanne
      Prison du Bois-Mermet, Lausanne
      Établissement de détention pour mineurs « Aux Lechaires », Palézieux

      Canton de Zurich

      Prison de la Police cantonale (Kantonales Polizeigefängnis) (Kasernenstrasse 29 et 49 et Zeughausstrasse 11), Zurich
      Centre de dégrisement (Züricher Ausnüchterungs- und Beruhigungsstelle – ZAB), Zurich
      Poste de police (Regionalwache) Aussersiehl (Militärstrasse 105), Zurich
      Poste de police (Regionalwache) Industrie (Fabrikstrasse 1), Zurich
      Poste de police et zone de transit de l’aéroport (Kantonaler Polizeiposten Flughafen), Kloten
      Prison de Limmattal (visite ciblée)
      Prison de l’aéroport – Service détention administrative (Flughafengefängnis – Abteilung ausländerrechtliche Administrativhaft), Kloten (visite ciblée)
      Centre pour mineurs et jeunes adultes (Massnahmenzentrum) Uitikon, Uitikon-Waldegg.

      https://www.coe.int/fr/web/cpt/-/council-of-europe-anti-torture-committee-carries-out-an-11-day-visit-to-switzer

    • #Amnesty_International appelle à une action urgente pour mettre fin aux violations des droits humains dans les centres fédéraux d’asile
      https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2021/violations-des-droits-humains-dans-les-centres-federaux-d-asile/@@images/95da9e15-7fa8-4c34-8cc5-4ef215bb0df7.jpeg

      Amnesty International a enquêté en profondeur sur les violences perpétrées à l’encontre de personnes ayant déposé une demande d’asile et hébergées dans les centres fédéraux d’asile en Suisse. Les recherches révèlent des violations commises par le personnel de sécurité, notamment des cas graves de maltraitance. À la lumière des faits mis au jour, l’organisation alerte sur les violations des droits humains visant des requérants d’asile, dont des mineurs. Elle appelle le gouvernement suisse à agir vigoureusement pour faire cesser les abus.

      Dans le rapport intitulé « Je demande que les requérants d’asile soient traités comme des êtres humains  » : Violations des droits humains dans les centres fédéraux d’asile suisses, Amnesty International documente les cas de maltraitance infligée par des employés des entreprises de sécurité Securitas SA et Protectas SA, sous contrat avec le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Les abus décrits dans le rapport ont eu lieu entre janvier 2020 et avril 2021 dans les centres de Bâle, Chevrilles, Boudry, Altstätten et Vallorbe. Les informations à ce sujet ont été obtenues au moyen d’entretiens conduits avec trente-deux personnes, dont quatorze victimes d’abus et dix-huit agents de sécurité en exercice ou ayant quitté leurs fonctions, représentants juridiques, collaborateurs d’encadrement et éducateurs sociaux témoins de ces mêmes abus. Le rapport se base aussi sur des dossiers médicaux, plaintes pénales et autres sources d’information pertinentes.

      Amnesty International s’est entretenue avec quatorze requérants d’asile, dont deux mineurs, qui rapportent avoir été soumis à des abus par des agents de sécurité. Ces abus comprennent notamment des coups, le recours à la contrainte physique au point de restreindre la respiration et d’engendrer une crise d’épilepsie, l’évanouissement et des difficultés à respirer suite à l’inhalation de spray au poivre ou encore la détention dans un container métallique en état d’hypothermie. Parmi ces personnes, six ont eu besoin de soins hospitaliers, tandis que deux autres se sont vu refuser un traitement médical alors qu’elles ont demandé de l’aide. Les cas et les informations recueillies pour ce rapport révèlent des abus qui, dans certains cas, pourraient être assimilables à de la torture ou à d’autres mauvais traitements, et pourraient de ce fait violer les obligations de la Suisse en vertu du droit international.

      « Amnesty International est très préoccupée par les témoignages de maltraitance recueillis auprès des victimes, dont certaines mineures, ainsi que des agents de sécurité en exercice ou ayant quitté leurs fonctions et autres professionnels intervenant dans les centres. Outre les plaintes concernant la douleur physique, la maltraitance et les traitements punitifs, ces personnes ont exprimé leur inquiétude quant à l’attitude hostile, des préjugés et du racisme visant les résidents des centres, plus particulièrement ceux qui sont originaires d’Afrique du Nord », explique Alicia Giraudel, juriste à Amnesty International Suisse.

      « La situation décrite dans ce rapport doit alerter. Certes, le Secrétariat aux migrations s’est récemment engagé à ouvrir une enquête externe sur des allégations d’abus isolés, ce que nous saluons. Mais les éléments que nous avons mis en lumière exigent du gouvernement qu’il cesse de penser que ces actes sont uniquement le fait de quelques “pommes pourries”. Il doit s’atteler à résoudre les problèmes systémiques urgents et prendre des mesures pour prévenir les mauvais traitements, éliminer le racisme et protéger les droits des personnes dans les centres fédéraux d’asile ».

      L’enquête d’Amnesty International dresse un tableau alarmant de la maltraitance dans ces centres. Elle révèle l’existence de failles dans le dispositif des autorités et la nécessité d’une action plus vaste et plus en profondeur, car le système actuel expose les résidents des centres aux abus et à la violence.

      La plupart des agents de sécurité qu’Amnesty International a pu rencontrer mettent en cause la formation reçue. Ils se sont dit choqués que leurs supérieurs leur aient demandé de ne pas hésiter à faire usage de la violence et à mettre en œuvre des mesures coercitives. Ces professionnels jugent particulièrement préoccupant le recours à la « salle de réflexion ». Ils ont déploré que leurs supérieurs tolèrent, voire encouragent le comportement agressif, provocateur et méprisant de certains de leurs collègues envers les personnes hébergées dans les centres d’asile fédéraux. Pour plusieurs employés des centres, l’image des résidents que projette le système actuel est hautement problématique. On part du principe qu’ils sont potentiellement violents et représentent un danger intrinsèque, une attitude propre à renforcer les stéréotypes négatifs et les préjugés à leur sujet.

      Amnesty International est particulièrement inquiète de l’absence de dispositifs de sécurité, notamment de mécanismes de monitoring et de contrôle fiables pouvant être utilisés à titre préventif par le SEM dans les centres d’asile fédéraux. Dans son rapport, l’organisation fait part de sa préoccupation concernant l’utilisation de la « salle de réflexion » par les agents de sécurité, en violation des droits des personnes hébergées dans les centres et des règles du centre. L’organisation juge problématique l’usage d’un container métallique à l’extérieur du centre comme cellule de détention improvisée et moyen punitif. Presque tous les agents de sécurité, représentants juridiques et collaborateurs d’encadrement interrogés par l’organisation de défense des droits humains ont dénoncé le fait que certains agents de sécurité écrivent des rapports en modifiants des éléments sur les incidents violents qui se sont produits.

      Amnesty International s’alarme également des cas documentés de mauvais traitements envers des enfants et en particulier des mineurs non accompagnés. Elle estime très grave que certains d’entre eux soient hébergés avec les adultes dans les centres.

      Amnesty International a découvert que les victimes interrogées ne savaient pas à qui s’adresser pour porter plainte, et qu’en cas de maltraitance, l’accès à la justice était semé d’obstacles difficilement surmontables. Aucune des personnes travaillant ou ayant travaillé dans les centres n’avait connaissance d’un quelconque mécanisme d’alerte. Certains professionnels de l’encadrement, agents de sécurité et représentants légaux intervenant dans les centres ont émis des doutes quant à la transparence, à l’impartialité, à l’efficience et à la rigueur des enquêtes du SEM à la suite d’incidents violents.

      Selon Alicia Giraudel, « les autorités suisses doivent prendre des mesures à même de prévenir les mauvais traitements et s’assurer que des systèmes de surveillance robustes et proactifs soient en place pour garantir que toute personne résidant dans un centre d’asile soit protégée contre les mauvais traitements et les comportements racistes. Nous demandons que toutes les allégations de maltraitance fassent rapidement l’objet d’enquêtes approfondies et impartiales, que les responsables des abus soient traduits en justice et que les victimes obtiennent réparation ».

      Amnesty International appelle à la mise en place de mécanismes de plainte indépendants, sûrs et efficaces, incluant des systèmes d’alerte faciles d’accès à disposition des personnes hébergées dans les centres comme du personnel, et dont les règles d’utilisation soient connues de tous. L’organisation demande en outre aux autorités de lutter contre les stéréotypes toxiques et les représentations racistes visant les requérants d’asile, en particulier d’origine maghrébine ; elle requiert enfin que les mineurs non accompagnés ne soient plus placés dans les centres d’asile fédéraux, mais bénéficient d’une autre solution d’hébergement.

      Contexte : Après avoir pris en main l’exploitation des centres fédéraux d’asile en mars 2019 à la suite de l’entrée en vigueur de la loi sur l’asile, le SEM a sous-traité les tâches relevant de la sécurité à des sociétés privées, notamment Protectas SA et Securitas SA.

      Amnesty a d’abord été alertée par des collaborateurs d’encadrement et des agents de sécurité inquiets des abus et des mauvais traitement infligés aux requérants d’asile, puis par les victimes elles-mêmes et par les représentants juridiques intervenant ou étant intervenus dans les centres fédéraux d’asile.

      https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2021/violations-des-droits-humains-dans-les-centres-federaux-d-asile

      Pour télécharger le #rapport, en anglais :


      https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2021/violations-des-droits-humains-dans-les-centres-federaux-d-asile/210518_asylbericht_img_0690.jpg

      #Bâle #Chevrilles #Boudry #Altstätten #Vallorbe

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      Petit contrôle sur quels centres sont gérés par ORS :
      #Bâle #Chevrilles #Boudry #Vallorbe sont sur le site web de ORS (le 1er juin 2021) :

      Celui de Alstätten (Zurich) ne semble pas être dans leur rayon d’action par contre...

      source : https://fr.ors-group.org/ors-ch-fr

    • Voix d’Exils | « J’ai vu des scènes de violences physiques et psychiques au Centre de Boudry »

      À la suite de dénonciations d’abus commis par certains agents de la société Protectas, chargée de la sécurité des Centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA), le rédacteur Alcibíades Kopumi du blog Voix d’Exils a jugé nécessaire de témoigner de son séjour de deux mois au Centre de Boudry dans le canton de Neuchâtel.

      https://asile.ch/2021/08/24/voix-dexils-jai-vu-des-scenes-de-violences-physiques-et-psychiques-au-centre-d

    • Droit de Rester NE | Droits humains gravement violés à Boudry

      Le collectif Droit de rester Neuchâtel s’est adressé dans une lettre ouverte aux autorités du SEM et neuchâteloises pour alerter des graves violations des droits humains au Centre fédéral d’asile de Boudry (NE). Selon Droit de Rester, les droits humains sont violés dans les CFA, en toute impunité, dans un silence de plomb que le collectif veut briser. « Ce qui se passe à Boudry se passe aussi ailleurs et c’est la conséquence d’une logique de camps. C’est tout un système qui est dénoncé et non pas des dysfonctionnements ponctuels ». La lettre fait figurer leurs demandes : qu’une enquête indépendante soit ouverte établissant les faits en toute objectivité et que des mesures concrètes pour combattre ces exactions soient mises en place rapidement. Leurs revendications visent donc à mettre fin à la logique punitive et arbitraire prévalant à Boudry qu’ils estiment inhérente au système.

      La lettre ouverte a été envoyée le 12 mars 2021 aux autorités du SEM, à Monsieur Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du Département de l’Economie et de l’Action Sociale et aux médias. La lettre a également été publiée dans le numéro 182 de VE dont un dossier traite particulièrement du cas des centres fédéraux.

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      Lettre ouverte de Droit de Rester Neuchâtel au Secrétariat d’État aux Migrations (SEM)

      Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte que nous avons adressée ce jour au Secrétariat d’Etat aux Migrations, à travers Messieurs Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat, et Pierre-Alain Ruffieux, responsable asile pour la Suisse romande. Elle a également été envoyée à Monsieur Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du Département de l’Economie et de l’Action Sociale.
      Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      Nous dénonçons depuis longtemps des situations inhumaines au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry (NE)[1], mais les cas de réfugié·es subissant de mauvais traitements – le mot est faible – s’accroît de façon préoccupante. Ce qui se passe depuis plusieurs mois maintenant est intolérable et ne peut rester sans réaction de notre part.

      Selon nos informations et observations, nous ne sommes pas face à des cas isolés, mais devant un véritable système punitif, qui va au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Abus de pouvoir de certain·es agent·es de sécurité de l’entreprise Protectas, mépris et comportements racistes qui créent un climat de peur et poussent à bout certain·es habitant·es du Centre. Visites impromptues du personnel de sécurité dans les chambres, sans frapper, ni dire bonjour, gestion catastrophique des conflits, sans souci de calmer le jeu, ni d’écouter. « Ils ne savent pas parler, ils répriment”, raconte un habitant du Centre. Des requérant·es jugé·es arbitrairement et hâtivement comme récalcitrant·es sont enfermé·es pendant des heures dans des containers insalubres et sous-chauffés. Plusieurs témoignages attestent d’une salle sans aucun mobilier, avec des taches de sang et des odeurs de vomi et d’urine. Beaucoup en ressortent traumatisés. Une personne s’est récemment retrouvée en état d’hypothermie[2].

      Les témoignages vont tous dans le même sens : peur de porter plainte par crainte des conséquences pour sa procédure d’asile ou par crainte de recroiser les mêmes agent·es de sécurité. Mais les faits sont là : utilisation abusive du spray au poivre, plaquages au sol, insultes homophobes, harcèlement envers des personnes vulnérables et hospitalisations suite à l’enfermement dans des cellules. Plusieurs tentatives de suicide sont attestées et il y a eu mort d’homme : le 23 décembre, un requérant d’asile est décédé aux abords du Centre de Boudry. Il s’agissait d’une personne vulnérable, suivie en psychiatrie et qui avait déjà tenté de se suicider. Alors que cette personne avait besoin d’aide, à plusieurs reprises, le personnel de sécurité de Protectas lui a refusé l’accès au Centre, du fait de son état d’ivresse.

      A Boudry, la violence est banalisée. Au lieu d’apaiser les conflits, les agent·es de Protectas les attisent. Des membres du personnel de sécurité abusent de leur pouvoir en faisant régner leurs propres lois. Ainsi, alors que les cellules d’isolement ne sont prévues que pour protéger les requérant·es d’asile et le personnel du CFA de personnes ayant un comportement violent et pour une durée n’excédant pas deux heures[3], on constate que la réalité est tout autre. Le moindre dérangement est réprimé par un enfermement abusif et qui dépasse souvent le temps réglementaire, allant jusqu’à un isolement d’une nuit entière. Nous avons eu connaissance d’un mineur qui a été enfermé alors que le règlement l’interdit. De telles privations de liberté sont illégales. Pour échapper à ces mauvais traitements, beaucoup quittent la procédure d’asile en cours de route.

      Les droits humains sont violés dans les CFA, en toute impunité, dans un silence de plomb que nous voulons briser. Ce qui se passe à Boudry se passe aussi ailleurs[4] et c’est la conséquence d’une logique de camps. C’est tout un système que nous dénonçons et non pas des dysfonctionnements ponctuels.

      ***

      Face à cette gestion désastreuse et les drames humains qu’elle entraîne, nous demandons qu’une enquête indépendante soit ouverte établissant les faits en toute objectivité. En accord avec les personnes qui ont pris contact avec Droit de Rester, nous sommes prêt·es à témoigner.

      Nous demandons que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce système défaillant, qui transforme les CFA en prisons. Il n’est pas normal que le budget alloué à l’encadrement sécuritaire par le SEM soit plus important que celui consacré à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA. Il est nécessaire de renverser la vapeur en engageant des professionnel·les du travail social et de la santé en nombre suffisant et ayant pour mission de soutenir, d’écouter, de soigner et de répondre aux besoins spécifiques des requérant·es d’asile. Ceci dans l’optique de créer un climat de bienveillance, réparateur des traumatismes vécus sur la route de l’exil par les personnes dont ils-elles ont la charge. Actuellement, les agent·es de sécurité ont des prérogatives immenses qui ne devraient absolument pas leur être confiées en raison d’un manque de formation flagrant.

      Nous demandons la suppression immédiate de ces cellules-containers et la refonte complète du régime de sanctions.

      Nous exigeons la fin de la privatisation du domaine de l’asile ; l’arrêt de toute collaboration avec des entreprises de sécurité ou d’encadrement privées de surcroit cotées en bourse (telles que Protectas, Securitas ou ORS) dans le cadre des CFA et autres lieux d’hébergement. L’asile n’est pas un business. L’argent attribué à ces tâches par l’Etat doit revenir à des structures sociales et de soins publiques.

      Nous exigeons transparence et respect du droit suisse et international. Actuellement les CFA sont des boîtes noires : les règlements internes sont inaccessibles, les requérant·es d’asile n’obtiennent pas les rapports des sanctions prononcées à leur encontre, rapports rédigés par Protectas dont le contenu varie à leur guise afin de justifier les sanctions aux yeux du SEM. Toute sanction devrait être prononcée par du personnel cadre du SEM.

      Nous demandons l’introduction d’un organe de médiation indépendant de gestion des plaintes vers qui les requérant·es d’asile lésé·es pourraient se tourner. Finalement, il est nécessaire d’ouvrir les portes des CFA aux organisations et personnes de la société civile – comme c’est notamment le cas en Hollande, pays dont la Suisse s’est inspirée pour mettre en œuvre le système actuel – afin de rompre l’isolement et de cesser avec ces zones de non-droit.

      Nous demandons aussi la fermeture du Centre spécifique des Verrières, restreignant la liberté de mouvement de ses occupants de par son emplacement-même et conçu comme un centre punitif. C’est de soutien psychologique et de soins dont les requérant·es d’asile, y compris celles et ceux qui sont jugés récalcitrant·es, ont besoin à leur arrivée. L’équité des soins par rapport à ceux offerts à la population résidente doit être effective. Ce sont l’isolement, l’exclusion, la promiscuité et l’armada d’interdits qui accentuent les traumatismes, les addictions, le stress et les tensions. Stop à la logique de camp !

      C’est une alerte que nous lançons. Nous espérons qu’elle sera entendue et attendons qu’elle soit suivie d’effets dans les meilleurs délais.

      Association Droit de Rester Neuchâtel
      [1] Voir par exemple ici : https://rester.ch/wp-content/uploads/2020/05/2020.05.28_Communiqu%C3%A9_de_presse_camp_nous_d%C3%A9non%C3%A7ons-1.pdf ou là : https://www.canalalpha.ch/play/minimag/episode/3819/risque-de-suicide-quel-soutien-psy-pour-les-migrants-a-boudry
      [2] Le 17 février, la radio RTN révèle un cas d’hypothermie survenue au centre de Boudry 2 jours plus tôt : https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20210215-Etat-d-hypothermie-au-Centre-de-Perreux.html
      [3] Voir à ce sujet les p. 51-52 du Plan d’exploitation Hébergement : https://www.plattform-ziab.ch/wp-content/uploads/2020/10/SEM_PLEX_2020.pdf
      [4] A ce sujet, sur les violences au Centre de Giffers : https://asile.ch/2020/06/23/le-courrier-violences-a-chevrilles, sur celles au centre de Bâle : https://3rgg.ch/securitas-gewalt-im-lager-basel , témoignages récoltés par Migrant Solidarity Network (1 et 2), ici le rapport de la Commission Nationale de Prévention de la Torture : https://asile.ch/wp-content/uploads/2021/01/CNPT_CFA_DEC_2020-fr-1.pdf et là le communiqué de humanrights.ch : https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/commentaire-violences-cfa

      https://asile.ch/2021/05/10/droit-de-rester-ne-droits-humains-gravement-violes-a-boudry

      #lettre_ouverte

    • Quatre agents d’un CFA condamnés pour mise en danger de la vie d’un requérant d’asile

      « Lésions corporelles simulées et mises en danger de la vie et de la santé d’autrui » ainsi qu’ »eabus_d’autorité ». Les #condamnations_pénales pour les #violences dans les centres fédéraux d’asile (CFA) sont tombées le 11 mai 2023. L’ordonnance pénale a été établie par le Ministère public neuchâtelois à l’encontre de quatre employés de Protectas, entreprise mandatée par le Secrétariat d’État aux migrations pour assurer la sécurité dans le Centre fédéral de Boudry. Elle a été rendue publique par la RTS le 15 juin 2023 (19h30), qui revient avec des images glaçantes sur les circonstances qui ont failli coûter la vie à un homme.

      Le journaliste Ludovic Rocchi avait déjà réalisé une longue enquête sur le sujet [1]. Il rappelle ici que les faits, qui s’étaient déroulés en février 2021, sont directement liés aux directives établies par le SEM et à l’usage de cellules de « dégrisement » – dénoncées par la Commission nationale de prévention de la torture. Les agents auraient en fait « trop respecté les consignes », selon le procureur neuchâtelois. La responsabilité de l’Etat n’a pourtant pas été mise en cause, ce que déplore le collectif Droit de rester Neuchâtel. qui publie un communiqué de presse. Celui-ci rappelle les difficultés des procédures menées contre les violences d’État, les pressions subies pour avoir « relayé le drame à huis-clos joué dans le CFA » et le fait que seule la mobilisation constante de la société civile a permis de rendre un tant soit peu justice à la victime. Droit de rester appelle le SEM a présenter des excuses au requérant d’asile, à la société civile, et à prendre de véritables mesures efficaces pour garantir que ces violences, systémiques, ne puissent plus se reproduire. En particulier à travers un mécanisme de plainte indépendant et accessible, une meilleure dotation en personnel d’encadrement. Le caractère semi-carcéral des CFA, avec une volonté de contrôle total de ce qui se déroule au sein des murs -la société civile n’y est tolérée qu’à condition très stricte- est un des facteurs favorisant les abus de pouvoir. À noter que d’autres dénonciations pénales concernant d’autres CFA sont devant la justice.

      https://www.rts.ch/play/tv/redirect/detail/14106226

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      Des agents du SEM condamnés pour les exactions commises au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry !

      Droit de rester Neuchâtel – Communiqué du 16 juin 2023

      En Suisse, les difficultés pour remettre en cause les agissements du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) sont colossales, mais des condamnations sont enfin tombées dans le cas d’hypothermie survenu en février 2021.

      C’est l’histoire de Job (prénom fictif) un jeune requérant d’asile, de 17 ans au moment des faits, qui s’est fait malmené par d’autres requérants du fait de son homosexualité. Les agents de sécurité du SEM, employés de la société Protectas, l’enferment dans une cabine de chantier – appelé le cachot dans le jargon du centre. Cette cabine n’était pas chauffée cette nuit du 13 février 2021, alors que la bise soufflait et que la température ne dépassait pas -4°C. Rapidement, la victime s’est alors effondrée, sous la surveillance des agents, et mise à convulser et à délirer : elle était en hypothermie.

      Les agents du SEM, procéduriers et formalistes, voire racistes, se sont alors tenus aux directives de la Confédération qui établit que les secours ne peuvent être appelés que lorsqu’ORS (une autre société agente du SEM) puis la Helpline de santé aient été avertis : Une économie de bout de chandelle qui aurait pu coûter la vie à la victime puisque le processus a duré plus d’une demie- heure !
      Finalement, après son sauvetage, ce sont les secouristes et le personnel soignant du RHNe -réseau médical neuchâtelois- qui ont dénoncé les faits à la police lorsqu’il ont pris en charge la jeune victime. L’émission Temps Présent sur la RTS s’est saisi de ce cas pour son enquête sur l’industrie de l’asile dans les CFA[2].
      Face à cette situation, après plus de deux ans de procédures et une première victoire au Tribunal fédéral, 4 condamnations définitives ont été obtenues contre des agents du SEM au CFA de Boudry. Le Ministère public neuchâtelois (MPNE) retient que ces agents auraient dû violer les consignes du SEM et de leur employeur Protectas en appelant les secours ou simplement en amenant la victime dans un bâtiment chauffé à quelques mètres du lieu du drame. Selon le MPNE, la longue demi-heure durant laquelle rien n’a été fait pour sauver la victime de la mort et les mauvais traitements qui l’ont plongé dans l’hypothermie sont des infractions pénales, respectivement d’exposition et de lésions corporelles. Un abus d’autorité, une des inculpations les plus graves que l’on puisse infliger à un agent de l’État, a également été retenu par la justice pénale pour l’un des agents.

      Les jours-amendes infligés ont été considérablement réduits du fait des problèmes relevés dans la procédure administrative : pour cause, le SEM savait qu’il n’avait pas le droit d’incarcérer Job dans une cabine de chantier sans qu’il ne présente un danger pour eux-même ou les autres et que la police devait être tenue informée. Pourtant, le SEM organisait cette pratique du cachot, malgré les dénonciations répétées de Droit de rester Neuchâtel et d’autres organisations. Enfin, nous regrettons qu’aucune condamnation n’est été prise contre les têtes-pensantes de ce malheur ; les cadres du SEM qui ont toléré la directive problématique et abandonné leurs agents face à une situation pour laquelle ils n’étaient ni préparés, ni équipés, ni formés. L’absence de permanence de soins sur place pendant la nuit est aussi problématique vu la population fragile et nombreuse du CFA de Boudry.
      Les procédures contre les violences d’État sont toujours difficiles et le sont encore plus lorsque les victimes sont marginalisées par leur titre de séjour et le racisme systémique. Cette procédure a connu des enquêteurs qui ont manqués de garantir les droits de victime pour lesquels il aura fallu un

      jugement du Tribunal fédéral pour les rétablir. Parallèlement, Droit de rester Neuchâtel a reçu une lettre qui de façon à peine voilée faisait planer la menace de plaintes pour diffamation pour avoir relayé le drame à huis-clos joué dans le CFA. L’aboutissement de cette procédure n’aurait jamais pu se faire sans la mobilisation constante de Droit de rester Neuchâtel, d’Amnesty International[3] et de Me Dimitri Paratte, avocat de la victime, sans la vigilance des soignant.es du RHNe et des représentant.es juridiques de Caritas.

      Alors que la situation dans les CFA se détériore face à l’arrivée de nombreux.ses réfugié·e·s et la sous-dotation systématique, Droit de rester Neuchâtel demande :

      1. Des excuses publiques du SEM pour le mal, commis en son nom et tel qu’établi par la justice pénale, à l’encontre de la victime ;
      2. Des excuses également pour les pressions exercées contre la société civile que le SEM me- naçait de plainte lorsque leur mobilisation exemplaire a justement permis d’amener devant la justice des traitements inhumains et dégradants au CFA de Boudry ;
      3. L’instauration d’un organe de dépôt de plaintes indépendants à l’intérieur des CFA ;
      4. La suspension des procédures Dublin ou d’exécution des renvois lorsque le Ministère publicinstruit une affaire de violence d’État ;
      5. La réforme complète du fonctionnement des CFA pour qu’ils soient gérés dans l’intérêt desadministré·e·s et publiquement, sans sociétés privées lucratives dont les agents sont formés de façon déplorable. La prise en compte sérieuse du rapport Oberholzer par des modifications de la LAsi en est une étape nécessaire, alors que la réforme, comme l’indique la prise de position des Centres sociaux protestants de Suisse, est largement insuffisante ; et
      6. L’allocation de moyens non-répressifs pour accompagner les résident·e·s des CFA, notam- ment en terme de formation, de personnel de santé et d’animation.

      https://asile.ch/2023/06/16/droit-de-rester-quatre-agents-dun-cfa-condamnes-pour-mise-en-danger-de-la-vie-
      #justice #condamnation #lésions_corporelles

    • Quatre agents d’un CFA condamnés pour mise en danger de la vie d’un requérant d’asile

      « Lésions corporelles simulées et mises en danger de la vie et de la santé d’autrui » ainsi qu’ »eabus_d’autorité ». Les #condamnations_pénales pour les #violences dans les centres fédéraux d’asile (CFA) sont tombées le 11 mai 2023. L’ordonnance pénale a été établie par le Ministère public neuchâtelois à l’encontre de quatre employés de Protectas, entreprise mandatée par le Secrétariat d’État aux migrations pour assurer la sécurité dans le Centre fédéral de Boudry. Elle a été rendue publique par la RTS le 15 juin 2023 (19h30), qui revient avec des images glaçantes sur les circonstances qui ont failli coûter la vie à un homme.

      Le journaliste Ludovic Rocchi avait déjà réalisé une longue enquête sur le sujet [1]. Il rappelle ici que les faits, qui s’étaient déroulés en février 2021, sont directement liés aux directives établies par le SEM et à l’usage de cellules de « dégrisement » – dénoncées par la Commission nationale de prévention de la torture. Les agents auraient en fait « trop respecté les consignes », selon le procureur neuchâtelois. La responsabilité de l’Etat n’a pourtant pas été mise en cause, ce que déplore le collectif Droit de rester Neuchâtel. qui publie un communiqué de presse. Celui-ci rappelle les difficultés des procédures menées contre les violences d’État, les pressions subies pour avoir « relayé le drame à huis-clos joué dans le CFA » et le fait que seule la mobilisation constante de la société civile a permis de rendre un tant soit peu justice à la victime. Droit de rester appelle le SEM a présenter des excuses au requérant d’asile, à la société civile, et à prendre de véritables mesures efficaces pour garantir que ces violences, systémiques, ne puissent plus se reproduire. En particulier à travers un mécanisme de plainte indépendant et accessible, une meilleure dotation en personnel d’encadrement. Le caractère semi-carcéral des CFA, avec une volonté de contrôle total de ce qui se déroule au sein des murs -la société civile n’y est tolérée qu’à condition très stricte- est un des facteurs favorisant les abus de pouvoir. À noter que d’autres dénonciations pénales concernant d’autres CFA sont devant la justice.

      https://www.rts.ch/play/tv/redirect/detail/14106226

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      Des agents du SEM condamnés pour les exactions commises au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry !

      Droit de rester Neuchâtel – Communiqué du 16 juin 2023

      En Suisse, les difficultés pour remettre en cause les agissements du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) sont colossales, mais des condamnations sont enfin tombées dans le cas d’hypothermie survenu en février 2021.

      C’est l’histoire de Job (prénom fictif) un jeune requérant d’asile, de 17 ans au moment des faits, qui s’est fait malmené par d’autres requérants du fait de son homosexualité. Les agents de sécurité du SEM, employés de la société Protectas, l’enferment dans une cabine de chantier – appelé le cachot dans le jargon du centre. Cette cabine n’était pas chauffée cette nuit du 13 février 2021, alors que la bise soufflait et que la température ne dépassait pas -4°C. Rapidement, la victime s’est alors effondrée, sous la surveillance des agents, et mise à convulser et à délirer : elle était en hypothermie.

      Les agents du SEM, procéduriers et formalistes, voire racistes, se sont alors tenus aux directives de la Confédération qui établit que les secours ne peuvent être appelés que lorsqu’ORS (une autre société agente du SEM) puis la Helpline de santé aient été avertis : Une économie de bout de chandelle qui aurait pu coûter la vie à la victime puisque le processus a duré plus d’une demie- heure !
      Finalement, après son sauvetage, ce sont les secouristes et le personnel soignant du RHNe -réseau médical neuchâtelois- qui ont dénoncé les faits à la police lorsqu’il ont pris en charge la jeune victime. L’émission Temps Présent sur la RTS s’est saisi de ce cas pour son enquête sur l’industrie de l’asile dans les CFA[2].
      Face à cette situation, après plus de deux ans de procédures et une première victoire au Tribunal fédéral, 4 condamnations définitives ont été obtenues contre des agents du SEM au CFA de Boudry. Le Ministère public neuchâtelois (MPNE) retient que ces agents auraient dû violer les consignes du SEM et de leur employeur Protectas en appelant les secours ou simplement en amenant la victime dans un bâtiment chauffé à quelques mètres du lieu du drame. Selon le MPNE, la longue demi-heure durant laquelle rien n’a été fait pour sauver la victime de la mort et les mauvais traitements qui l’ont plongé dans l’hypothermie sont des infractions pénales, respectivement d’exposition et de lésions corporelles. Un abus d’autorité, une des inculpations les plus graves que l’on puisse infliger à un agent de l’État, a également été retenu par la justice pénale pour l’un des agents.

      Les jours-amendes infligés ont été considérablement réduits du fait des problèmes relevés dans la procédure administrative : pour cause, le SEM savait qu’il n’avait pas le droit d’incarcérer Job dans une cabine de chantier sans qu’il ne présente un danger pour eux-même ou les autres et que la police devait être tenue informée. Pourtant, le SEM organisait cette pratique du cachot, malgré les dénonciations répétées de Droit de rester Neuchâtel et d’autres organisations. Enfin, nous regrettons qu’aucune condamnation n’est été prise contre les têtes-pensantes de ce malheur ; les cadres du SEM qui ont toléré la directive problématique et abandonné leurs agents face à une situation pour laquelle ils n’étaient ni préparés, ni équipés, ni formés. L’absence de permanence de soins sur place pendant la nuit est aussi problématique vu la population fragile et nombreuse du CFA de Boudry.
      Les procédures contre les violences d’État sont toujours difficiles et le sont encore plus lorsque les victimes sont marginalisées par leur titre de séjour et le racisme systémique. Cette procédure a connu des enquêteurs qui ont manqués de garantir les droits de victime pour lesquels il aura fallu un

      jugement du Tribunal fédéral pour les rétablir. Parallèlement, Droit de rester Neuchâtel a reçu une lettre qui de façon à peine voilée faisait planer la menace de plaintes pour diffamation pour avoir relayé le drame à huis-clos joué dans le CFA. L’aboutissement de cette procédure n’aurait jamais pu se faire sans la mobilisation constante de Droit de rester Neuchâtel, d’Amnesty International[3] et de Me Dimitri Paratte, avocat de la victime, sans la vigilance des soignant.es du RHNe et des représentant.es juridiques de Caritas.

      Alors que la situation dans les CFA se détériore face à l’arrivée de nombreux.ses réfugié·e·s et la sous-dotation systématique, Droit de rester Neuchâtel demande :

      1. Des excuses publiques du SEM pour le mal, commis en son nom et tel qu’établi par la justice pénale, à l’encontre de la victime ;
      2. Des excuses également pour les pressions exercées contre la société civile que le SEM me- naçait de plainte lorsque leur mobilisation exemplaire a justement permis d’amener devant la justice des traitements inhumains et dégradants au CFA de Boudry ;
      3. L’instauration d’un organe de dépôt de plaintes indépendants à l’intérieur des CFA ;
      4. La suspension des procédures Dublin ou d’exécution des renvois lorsque le Ministère publicinstruit une affaire de violence d’État ;
      5. La réforme complète du fonctionnement des CFA pour qu’ils soient gérés dans l’intérêt desadministré·e·s et publiquement, sans sociétés privées lucratives dont les agents sont formés de façon déplorable. La prise en compte sérieuse du rapport Oberholzer par des modifications de la LAsi en est une étape nécessaire, alors que la réforme, comme l’indique la prise de position des Centres sociaux protestants de Suisse, est largement insuffisante ; et
      6. L’allocation de moyens non-répressifs pour accompagner les résident·e·s des CFA, notam- ment en terme de formation, de personnel de santé et d’animation.

      https://asile.ch/2023/06/16/droit-de-rester-quatre-agents-dun-cfa-condamnes-pour-mise-en-danger-de-la-vie-
      #justice #condamnation #lésions_corporelles

  • #En_découdre - paroles ouvrières en roannais

    Après la deuxième guerre mondiale, l’industrie textile emploie des milliers d’ouvrières sur le territoire Roannais. Elles produisent des vêtements de luxe dont la qualité est reconnue dans la France entière. A travers une série d’entretiens, ce film retrace l’histoire de ces femmes rentrant souvent jeunes à l’usine. Elles y découvrent des conditions de travail difficiles, le paternalisme patronal, mais également la solidarité ouvrière. Relatant les inégalités qui se jouent entre ouvriers et ouvrières, elles décrivent surtout la rencontre avec la culture syndicale et leur volonté d’en découdre avec l’exploitation. Des promesses d’émancipation de « mai 1968 » jusqu’aux combats contre la fermeture des usines et les destructions de leurs emplois à partir des années 1980, ces paroles ouvrières livrent une mémoire à la fois personnelle et politique des grandes mutations du monde contemporain.

    https://vimeo.com/330751537


    #ouvrières #femmes #industrie #femmes_ouvrières #France #industrie #histoire #industrie_textile #textile #témoignages #histoire_ouvrière #CGT #syndicat #syndicalisme #usines #bruit #paternalisme
    #film #film_documentaire #salaires #sainte_Catherine #cadeaux #droit_de_cuissage #inégalités_salariales #émancipation #premier_salaire #désindustrialisation #métallurgie #conditions_de_travail #horaire #horaire_libre #grève #occupation #Rhônes-Alpes #délocalisation #toilettes #incendies #chantage #treizième_salaire #plans_sociaux #outils_de_travail #Comité_national_de_la_Résistance (#CNR) #chronométrage #maladie_du_travail #prêt-à-porter #minutage #primes #prime_au_rendement #solidarité #compétition #rendement_personnel #esprit_de_camaraderie #luttes #mai_68 #1968 #licenciement #ARCT #financiarisation #industrie_textile

  • Piètres conditions de travail, rémunérations faibles... l’aide aux personnes âgées ne parvient plus à recruter, Francine Aizicovici
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/06/l-aide-aux-personnes-agees-en-souffrance_5432155_3234.html


    Une aide soignante et la résidente d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, à Paris, le 20 septembre 2017. Céline Gaille / HansLucas

    Embaucher un aide-soignant ou une auxiliaire de vie sociale est une gageure. Cette situation sociale tendue génère de la « souffrance au quotidien ».

    « Chez une personne âgée valide, le matin, je devais en une demi-heure l’aider à sa toilette, préparer son petit-déjeuner, mettre ses médicaments dans le pilulier, faire son lit et, si j’avais le temps, passer un coup de balai », raconte Annie (le prénom a été modifié), qui explique à quoi ressemblaient ses journées. Et si l’ex-auxiliaire de vie sociale pour une association des Vosges dépassait la demi-heure, elle n’était « pas payée plus, bien sûr. En revanche, la personne payait le dépassement à l’association » .

    L’aide aux personnes âgées et/ou dépendantes se concentre au moment du lever, des repas et du coucher de la personne. Il faut tout faire vite. Faute de personnel suffisant, les salariés s’épuisent. Annie a fini par quitter cet emploi où l’amplitude de sa journée s’étendait de 8 heures à 20 heures, coupée en quatre tranches de deux heures de travail. « Je faisais au moins 100 kilomètres par jour pour aller dans huit petits villages, se souvient-elle. C’était très fatigant. » Depuis le 1er janvier, elle travaille dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), au sein d’« une bonne équipe ».

    Le secteur des services aux personnes âgées manque cruellement de personnel, et offre de piètres conditions de travail et des rémunérations faibles. A la suite d’une #grève très suivie, le 30 janvier 2018, dans les #Ehpad, le gouvernement avait annoncé le déblocage progressif de 360 millions d’euros pour ces établissements, une enveloppe de 100 millions pour les services d’aide à domicile ainsi qu’une loi autonomie avant la fin de 2019. Mais ces mesures n’ont pas suffi à apaiser les tensions.

    « Pression budgétaire »

    La loi autonomie arrivera « bien trop tard », estime Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) : « Nous parlons de ces problèmes depuis au moins quinze ans. Nous attendons des mesures très urgentes et concrètes. » Le financement public de l’aide à l’autonomie des personnes âgées représentait, en 2016, 22,8 milliards d’euros. Il faudrait « 10 milliards d’euros supplémentaires », selon lui, pour faire face aux besoins. « La pénurie grandissante de personnel résulte d’une pression budgétaire due aux choix des conseils départementaux et aux lois de financement de la sécurité sociale qui, depuis trois décennies, visent à raréfier les ressources du secteur », accuse Evelyne Rescanieres, secrétaire générale de la fédération CFDT Santé-sociaux.

    Or, il faut préparer l’avenir car avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes en perte d’autonomie devrait passer de 1,255 million actuellement à 1,6 million en 2030 et 2,45 millions en 2060. Selon le site Emploipublic.fr, 300 000 emplois nouveaux seraient à pourvoir dans les onze ans qui viennent.

    Cela n’ira pas de soi. L’enquête de Pôle emploi sur les besoins en main-d’œuvre 2018 révèle, en effet, que les Ehpad s’attendaient à rencontrer des difficultés dans 47 % de leurs projets de recrutement. Cette proportion montait à 58 % pour les aides-soignants et à 83 % pour les médecins coordinateurs. Dans l’aide à domicile et l’aide ménagère, associations, entreprises, organismes publics et plates-formes numériques anticipaient 76,8 % de recrutements difficiles (contre 70 % en 2017 et 60,6 % en 2016) alors que pour l’ensemble des projets d’embauche, la moyenne était de 44,4 %.

    Peu de candidats recrutés

    Aides à domicile, aides ménagères et aides soignants figurent en outre dans le Top 10 des métiers les plus recherchés. Un sondage réalisé en 2018 par le principal réseau d’aide à domicile, l’UNA, auprès de 256 de ses structures, indique, selon l’agence AEF, que 47 % d’entre elles n’ont pu pourvoir leurs postes vacants.

    Pôle emploi incite pourtant les chômeurs à se tourner vers ces professions « en tension », qui ne demandent pas toutes des qualifications. Mais « l’aide à domicile est un métier difficile, compliqué, où un certain comportement est attendu de la part des intervenants », tels la disponibilité, le sens des responsabilités, etc., prévient Quentin Duvivier, responsable du développement des relations avec les entreprises à Pôle emploi. Or, « certains demandeurs d’emploi imaginent qu’il suffit de s’être occupé de sa grand-mère pour savoir s’occuper d’une autre personne âgée… »

    « Beaucoup de candidats sont reçus par nos associations mais peu sont recrutés, observe Hugues Vidor, directeur général d’Adessadomicile, qui réunit 350 structures employant 30 000 salariés. Nos postes à pourvoir sont en concurrence avec ceux de secteurs comme l’industrie où les salariés sont à temps plein et n’ont pas de déplacements à faire. » « C’est difficile de valoriser un travail fragmenté, mal rémunéré, où les conseils départementaux nous imposent des temps d’intervention de plus en plus courts , ajoute-t-il. Passer d’une heure à quinze minutes pour faire la même chose, cela veut dire aller directement aux gestes utiles sans accompagnement social de la personne. »

    « Du travail à la chaîne »

    Dans les Ehpad, « quand il n’y a qu’une infirmière pour 40 personnes, le minimum est fait, mais la qualité du #soin relationnel n’y est pas, regrette une ancienne infirmière. Ça fait perdre le sens de notre métier. On n’a plus le temps de faire de l’individualisation. Cela devient du travail à la chaîne ».
    Pour une grande partie des salariés, les rémunérations avoisinent le smic ou lui sont « inférieures à domicile, où les emplois sont à #temps_partiel », précise M. Champvert. Julien Jourdan, directeur général de la Fédération des services à la personne (Fédésap), qui représente des entreprises du secteur, estime que le système actuel des aides « ne permet pas de rémunérer [les salariés] à un juste niveau ».

    Selon les départements, les aides varient entre 17 et 25 euros de l’heure. Les niveaux les plus bas ne couvrent pas le coût de revient des services aux personnes âgées et les hausses des tarifs sont maigres. « Pour 2019, le ministère de l’économie a fixé cette augmentation à 1,42 % quand le smic a été réévalué de 1,5 %, déplore Olivier Péraldi, directeur général de la Fédération du service aux particuliers (FESP). Cela fait cinq ans que l’augmentation est inférieure à celle du smic. »
    « On ne peut pas dire, comme le fait le gouvernement et comme le désire une très grande partie des gens, que la priorité est le maintien à domicile des personnes âgées et ne pas mettre en face les financements qui vont avec », résume Aline Mougenot, secrétaire générale adjointe à la CFTC Santé-sociaux.

    « Souffrance au quotidien »

    En établissement, les conditions de travail sont parfois difficiles, y compris psychologiquement. « Dans mon Ehpad, qui accueille 200 résidents dépendants, dont 20 souffrent de la maladie d’Alzheimer, un poste d’#aide-soignante et un d’infirmière ont été supprimés en un an et demi, calcule Isabelle (prénom modifié), infirmière dans un établissement de l’Aude. Mais on n’a pas moins de résidents ! Nous gérons beaucoup de fins de vie, avec des soins palliatifs, sans avoir le temps nécessaire pour le relationnel. On va accorder peut-être cinq minutes à une personne qui sait qu’elle va mourir. C’est de la maltraitance ! » « Heureusement, la bonne cohésion de l’équipe nous sauve, ajoute-t-elle. Mais si les conditions ne changent pas, je partirai. Je n’ai pas envie d’être dégoûtée de mon métier. »

    Dans ce climat pas vraiment porteur, une délégation des dix syndicats du secteur et de représentants de l’AD-PA a tenté, jeudi 21 février, de se rendre à l’Elysée pour remettre à Emmanuel Macron 30 000 « cartes-pétitions » revendiquant en urgence l’augmentation des salaires et des effectifs. Face au refus de les recevoir, l’intersyndicale et l’AD-PA ont dénoncé un « mépris vis-à-vis des salariés » et promis de revenir.

    Cette situation sociale tendue, aggravée par la suppression des contrats aidés, génère de la « souffrance au quotidien » pour les personnes âgées et leur famille comme pour les salariés. Conséquence : une mauvaise image continue de coller aux services d’aide aux personnes âgées qui, par ricochet, voient leur pénurie de candidats à l’embauche s’aggraver. Et ce, alors que les premières générations de papy-boomers atteindront, en 2030, 85 ans, âge moyen d’entrée en Ehpad aujourd’hui.

    Le président du Haut conseil du financement de la protection sociale, Dominique Libault, doit remettre d’ici à la fin mars au premier ministre, Edouard Philippe, ses propositions sur l’amélioration de la prise en charge des personnes dépendantes, issues de la concertation conduite depuis le mois de septembre 2018. L’amélioration de leurs conditions d’accompagnement devrait en faire partie. En attendant, l’union Aide à domicile en milieu rural (ADMR, 2 700 associations locales d’aide à domicile employant 94 000 salariés), a lancé le 4 février sa première campagne de publicité radio-télé, sur le thème : « Les gestes qui vous aident sont les liens qui nous unissent. » Des liens, à l’évidence, de plus en plus fragiles.

    #femmes #travail #vieilles #vieux #horaires_en_coupures #care

  • Les « travailleuses pauvres » sont de plus en plus nombreuses - La Croix
    https://www.la-croix.com/Economie/Social/travailleuses-pauvres-sont-nombreuses-2018-12-17-1200990100
    https://img.aws.la-

    [...]« La France compte plus de deux millions de #travailleurs_pauvres et traverse une crise sans précédent de son modèle social. La situation est préoccupante pour les #femmes », souligne Pauline Leclère, responsable de campagne « justice fiscale et inégalités » chez Oxfam France, à l’initiative du rapport Travailler et être pauvre : les femmes en première ligne, publié lundi 17 décembre, et qui présente notamment le cas de Daphné.

    La limite de l’exercice est que le rapport s’appuie sur des données issues de sources multiples, voire contradictoires… « Sur un sujet aussi important, il faudrait pouvoir disposer d’indicateurs #statistiques permettant d’évaluer avec précision l’ampleur des #inégalités », reconnaît Pauline Leclère.

    78 % des #emplois_à_temps_partiel occupés par des femmes

    Selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, la part de femmes en activité professionnelle et pauvres dans l’hexagone est passée de 5,6 % à 7,3 % entre 2006 et 2017 (1). Les femmes se retrouvent principalement dans des secteurs qui proposent de nombreux emplois à temps partiel, correspondant aux métiers les moins valorisés et rémunérés. Par exemple les métiers du #nettoyage, du #commerce et du #service_à_la_personne. Parmi les employés non qualifiés, 49 % des femmes sont à temps partiel, contre 21 % des hommes.

    En 2017, les femmes occupaient 70 % des #CDD et des emplois intérimaires et 78 % des emplois à temps partiel. Ce type d’emplois « provoque une insertion discontinue sur le marché du travail et une dégradation des #conditions_de_vie des femmes (#horaires_atypiques, #emplois_pénibles …). Cela entrave la consolidation de l’expérience professionnelle ou conduit même à une dépréciation des compétences », souligne le rapport.

    Difficulté à combiner vie professionnelle et vie de famille

    Les emplois précaires affectent l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale. Dans les métiers peu qualifiés comme l’aide à la personne ou la #garde_d’enfants, les #travailleuses ont souvent des horaires courts et combinent plusieurs employeurs. Ainsi, 85 % des salariés ayant plus d’un employeur sont des femmes.

    « Pourtant, parmi les actifs souhaitant travailler plus, 75 % sont des travailleuses, souligne Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde France. Il y a beaucoup d’idées reçues sur ces mères de famille vivant des #aides_sociales. La réalité est toute autre, puisqu’elles préfèrent exercer un #emploi même s’il ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins. »

    Un million de travailleuses à la tête d’une famille monoparentale vit sous le seuil de pauvreté

    « À la faiblesse du #revenu du travail peut s’ajouter un facteur démographique, car pour mesurer les niveaux de vie, on tient compte des revenus de l’ensemble du ménage. Ainsi, une femme qui doit faire vivre une famille avec un seul smic se situe largement en dessous du seuil de pauvreté », constate l’Observatoire des inégalités.

    En France, les femmes à la tête d’une famille monoparentale sont particulièrement touchées par ce phénomène : parmi celles qui travaillent, près d’un quart vit sous le seuil de pauvreté, soit un million de femmes.

    Romane Ganneval


    (1) Eurostat fixe le seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 026 € en 2016. En France, le seuil de pauvreté est fixé par l’Insee à la moitié du revenu médian, soit 855 € par mois pour une personne seule.

    #travail #intérim #précarité #droit_au_chômage #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit #prime_d'activité

  • Loin de la terre promise

    Venus d’#Amérique_latine, des milliers de travailleurs et travailleuses récoltent les #fruits et #légumes de #Provence. Parfois confrontés à des employeurs malhonnêtes, certains ouvriers s’organisent.

    « En France, plus personne veut bosser dans l’#agriculture ! » Appuyé contre son tracteur sous le soleil écrasant de la fin d’été, L., maraîcher bio entre #Arles et #Avignon, se désole de la #pénurie de #main-d’œuvre française. Dans cette plaine fertile des #Bouches_du_Rhône, c’est le constat amer que font la plupart des agriculteurs. « Les Français, ils ne tiennent pas le coup ! » renchérit un de ses collègues. La solution : des #ouvriers_étrangers, bosseurs et pas exigeants.

    Après les Espagnols, les Portugais et les Marocains, ce sont des milliers de #travailleurs_sud-américains qui viennent dans le Sud de la France via des entreprises d’#intérim espagnoles comme #Terra_Fecundis, #Laboral_Terra ou #Eurofirm. Créées par des notables de la région de Murcia, Alicante ou Valence, dans le sillage de la crise du BTP de 2008 en Espagne qui a mis des milliers d’ouvriers sur le carreau, elles envoient dans toute l’Europe des travailleurs « en provenance de pays à faible coût », comme elles le mettent en avant auprès des agriculteurs.

    Des nouveaux travailleurs pas chers

    Côté agriculteurs, tout est facilité : même si le salaire horaire doit être désormais le même que celui des Français (lire ci-dessous), les boîtes d’intérim payent les cotisations sociales espagnoles, moins chères d’environ 10%. Entre l’exploitant et les travailleurs, aucun contrat individuel, mais une « commande » collective est passée auprès des entreprises espagnoles qui leur « livrent » les travailleurs en bus. L’agriculteur n’a plus qu’à régler la facture. Leur période d’embauche est calquée sur les besoins et les aléas de la production : ils sont donc révocables à tout moment.

    « Ce système arrange tout le monde ! constate Béatrice Mesini, sociologue. A la fois les agriculteurs qui ont tout à y gagner mais aussi les travailleurs eux-mêmes, qui sont très contents de pouvoir toucher 7,50 euros de l’heure pour vivre et rembourser leurs dettes au lieu de 3,50 à 5,50 euros en Espagne et encore moins chez eux en Amérique du Sud. »

    Des #abus et de la #surexploitation

    « Ils ne nous déclaraient que huit jours par mois alors qu’on travaillait tous les jours. » Sifrid

    Mais à quel prix ? Sous-déclaration des heures de travail, conditions de #logement déplorables, retenues démesurées sur le #salaire (la nourriture, les frais de santé, etc.)… Les accusations sont nombreuses. Rencontré à Beaucaire, Sifrid, Equatorien, raconte son arrivée en France en 2006, via Terra Fecundis (TF) : « Ils ne nous déclaraient que huit jours par mois alors qu’on travaillait tous les jours et parfois on n’était payés que plusieurs mois plus tard, dénonce le quadragénaire, le visage tanné par le soleil. En plus, ils prélèvent une somme pour les transports, pour le logement, pour tout ! Ils ne payent pas ­légalement ! »

    André Fadda, du syndicat CGT intérim 13, le confirme : « Dans le #travail_détaché, la première infraction qu’on note, tous secteurs confondus, c’est les amplitudes #horaires qui ne sont jamais respectées, dénonce-t-il. Ils peuvent parfois travailler jusqu’à 200, voire 250 heures par mois. »

    Des pratiques épinglées par la #justice

    La justice française s’est penchée sur le cas de ces entreprises espagnoles. En 2011, une information judiciaire pour #homicide involontaire est ouverte au Tribunal de Tarascon, à la suite de la #mort par #déshydratation d’#Iban_Elio_Granda_Maldonado, un travailleur TF. Aucune mesure n’a été prise à ce jour et la procédure s’éternise.

    A l’été 2017, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille ouvre une #enquête pour « #dissimulation_d’activité » et « #fraude_au_détachement ». Rien n’en est encore ressorti. D’ailleurs, sur les 3000 contrôles effectués en 2016 dans des #exploitations_agricoles, seules 329 entreprises ont été déclarées en #infraction. TF brouille les pistes : elle reste injoignable à son siège espagnol de Murcia et son adresse française à Châteaurenard nous mène vers l’appartement d’un de ses salariés, qui confirme qu’il n’y a plus de bureaux ici depuis trois ans.

    Les pratiques douteuses de ces entreprises ont attiré l’œil de la Mutuelle sociale agricole (MSA) et de l’Inspection du travail dont les contrôles sont de plus en plus fréquents. Sont ciblés ceux faisant appel aux prestations de TF, Laboral Terra, etc. Ennuyés par ces contrôles, les agriculteurs commencent à se montrer réticents aux services de ces sociétés. Un exploitant ayant souhaité rester anonyme témoigne : « Parfois, j’embauche quelques Equatoriens. Avant, je le faisais via Terra Fecundis mais maintenant, je passe par un groupement d’employeurs de droit français : au moins, on ne risque plus une descente de gendarmes. »

    Lassés d’être considérés comme des « négriers » et des « esclavagistes », des exploitants visités en viennent à mettre dehors les journalistes de manière musclée : « Vous voyez la porte là ? Eh ben, vous la prenez. Basta, on en a marre de lire des conneries sur notre dos. » D’autres, un peu plus enclins à la discussion, finissent par confier leur désarroi : « On sait qu’il y a des pratiques anormales, mais nous on est réglo et ça se passe très bien. Et puis ils sont là pour bosser ! » Ceux-ci ont cessé de « se faire livrer » par Terra Fecundis et recrutent désormais leurs #saisonniers en direct.

    S’organiser pour se faire respecter

    Petit à petit, les Sud-Américains qui ont acquis la nationalité espagnole contournent le détachement et passent par #Réagir, un groupement d’employeurs agricoles départemental. Sous la serre, Manuel, Johana, Maula, Rolando et Gloria, en pleine plantation du fenouil, ne regrettent pas d’avoir quitté TF : « Ici au moins, nos heures supplémentaires sont payées et les jours fériés et les dimanches majorés. » Un cadre qui plaît aussi à leur employeur qui souligne que « le paiement des charges en France ouvre le droit à une couverture sociale et à une #mutuelle ».

    Pourtant, même là, la situation est loin d’être idéale et ne garantit pas toujours de meilleurs traitements au quotidien… Blanca (le prénom a été changé à la demande de la personne ndlr ) travaille dans une entreprise française de conditionnement de fruits et légumes dans la région d’Avignon : « Je travaille trois jours et demi par semaine mais entre 5h du matin et 19h, avec des pauses. Dans l’entreprise, on nous a dit qu’on ne pouvait pas travailler plus de 48h par semaine ! lance cette mère de famille en riant un peu jaune. Mais bon, moi ça m’arrange pour les enfants. »

    Même si très peu d’entre eux parlent le français, ces travailleurs commencent à connaître leurs droits et des formes d’organisation collective émergent. La #solidarité est forte : des #cagnottes sont montées pour aider certains à payer des frais médicaux, des tournois de volley sont organisés pour souffler, se retrouver… Et en profiter pour s’échanger des contacts de boulot. Lassé de se « faire voler par les entreprises espagnoles », Peters, ancien saisonnier de TF, a monté sa propre entreprise pour mettre directement les travailleurs et les agriculteurs en lien : « Comme je parle bien français, à force je connaissais les employeurs et ils faisaient directement appel à moi. Je me suis lancé. »

    De leur côté, Santiago et Nelly sont cofondateurs d’une toute récente association, #Latinos_Sin_Fronteras, à Beaucaire : « On ne veut pas être vus que comme des machines à travailler. On est aussi des musiciens, des peintres, et on veut promouvoir notre culture, explique Santiago. « On voudrait aussi proposer des cours de français », rajoute Nelly. Julien Sanchez, le maire (FN) de #Beaucaire, n’a pas l’air très disposé à les aider dans leurs démarches. Mais la dynamique est lancée et entre deux matches de volley, certains soufflent que malgré les pressions, ils aimeraient monter un syndicat…

    Le #détachement : une politique européenne

    Pensé à l’origine pour favoriser la circulation des travailleurs au sein de l’Union européenne, le détachement est mis en place en 1996 à travers une directive qui précise qu’un travailleur détaché est « tout travailleur qui, pendant une période limitée, exécute son travail sur le territoire d’un Etat membre autre que l’Etat sur le territoire duquel il travaille habituellement ». Accusé de favoriser le « #dumping_social », le texte est amendé en 2017 en proposant d’établir l’égalité de rémunération et de règles salariales entre travailleurs détachés et locaux, tout en maintenant le règlement des #cotisations_sociales dans le pays d’origine. Il limite aussi la durée du détachement à douze mois et compte « protéger les travailleurs de la fraude et de l’exploitation ».

    Ces règles ont été entérinées en juillet 2018 par une nouvelle directive. « Pour l’Europe, c’est un système de win win win ! explique la sociologue Béatrice Mesini. A la fois pour le pays d’origine, pour le pays récepteur et pour le pays de mise à disposition. Tout le monde est gagnant et c’est pour ça que ça marche. »

    En Europe, le nombre de #travailleurs_détachés a augmenté de 45% entre 2010 et 2014, passant de 1,3 à 1,9 million, contre 600 000 en 2007. Le Ministère du travail français en recensait 516 101 en 2017, soit deux fois plus qu’en 2016, alors qu’en PACA, dans le secteur agricole, ils étaient 67 357 à venir ramasser des fruits et légumes, soit 7,4% de l’emploi salarié régional


    https://lecourrier.ch/2018/10/07/loindelaterrepromise-france
    #travailleurs_étrangers #travail #exploitation #maraîchage
    cc @isskein

  • Le Tour du monde en quatre-vingts jours
    http://www.lesia.obspm.fr/perso/jacques-crovisier/JV/verne_TM.html

    En 1936, Jean Cocteau (1889–1963) entreprend avec son ami Marcel Khill (alias Passepartout) un tour du monde en 80 jours qu’il relate dans les colonnes de Paris-Soir, puis dans son livre Mon premier Voyage (1936, Gallimard). Même plus de 60 ans après le Tour du monde de Jules Verne, il n’était pas si facile de rester dans les temps (les voyageurs s’étant interdit toute étape en avion). Voici ce que Cocteau raconte sur le jour fantôme :
    « 21 mai – La semaine des deux mardis.

    C’est demain que se produit un phénomène que la science explique fort bien mais qui reste une énigme poétique comme la longueur d’onde et le pigeon voyageur. Demain mardi 28 au soir, les passagers s’endorment et... se réveillent mardi matin. Le 28 se prolonge jusqu’à devenir un jour anonyme. La semaine des deux mardis. La semaine des trois dimanches permet à un personnage d’Edgar Poe, capitaine de corvette, d’épouser une jeune fille. Le père refusait ce mariage. « Vous l’épouserez », criait-il, « la semaine des trois dimanches. » Grâce à ses calculs le capitaine parvint à rendre cette imposibilité possible. Il est à noter que Poe et Verne se ressemblent souvent. (Arthur Gordon Pym.)

    Donc, demain, notre marche à la rencontre du soleil nous fera vivre un jour fantôme. Phénomène qui trompa Philéas Fogg et lui fit croire son pari perdu. On touche du doigt la notion conventionnelle du temps humain. »
    (Jean Cocteau, Mon premier Voyage.)

    On pourrait conclure en portant le problème dans le cadre relativiste avec le paradoxe des jumeaux de Langevin (L’Évolution de l’espace et du temps, 1911, Scientia, 10, 31–54) et le boulet de Jules Verne.

    Chronologie du jour fantôme
    http://www.lesia.obspm.fr/perso/jacques-crovisier/JV/chrono_jour_fantome.html

    1321 – Le sultan kurde Ismail Abu’l-Fida (1273–1331) et le Taquin al-Buldan. (Considérations théoriques sur le jour fantôme. Selon R. R. de Freitas Mourão.)

    ca 1377 – Nicolas Oresme (ca 1325–1382) et le Traité de la sphère. (Considérations théoriques sur le jour fantôme. Selon R. R. de Freitas Mourão.)

    1522 – Les compagnons de Magellan (ca 1480–1521) achèvent leur tout du monde et constatent avec surprise un écart d’un jour par rapport à leur journal de bord.

    1524 – Antonio Pigafetta publie le récit de ce voyage Premier voyage autour du monde sur l’escadre de Magellan (traduction de C. Amoretti, Jansen imprimeur-libraire, Paris, 1801.) [Voir pp. 228–229.]

    1580 – Le corsaire anglais Francis Drake (ca 1545–1596) achève son tour du monde (historiquement le deuxième après celui de Magellan), clôturant plus de deux ans de rapines et de dévastation des possessions espagnoles. Il constate un écart d’un jour en arrivant à Plymouth le 26 septembre 1580. (F. Drake, 1652, The World encompassed, edt. F. Fletcher. [Voir p. 108.])

    1629 – Publication posthume de l’ouvrage de Nicolas Bergier (1567–1623) Le Point du jour, ou Traité du commencement des jours, et de l’endroit où il est établi sur la Terre (Reims, 1629).

    1692 – Pierre Bayle (1647–1706) publie la première version de ce qui deviendra sa Dissertation sur le jour dans son Projet et fragments d’un dictionnaire critique (pp. 322–353, Rotterdam, 1692). « Ceux qui font le tour du monde gagnent ou perdent un jour. Il n’est pas nécessaire d’expliquer ceci ; car personne n’ignore que ceux qui ont fait le tour du monde par l’Orient, se sont trouvés à leur retour plus avancés d’une journée, que ceux qui avaient demeuré dans le pays, & que le contraire est arrivé à ceux qui ont fait le tour du monde par l’Occident. » [Voir p. 330 ff.]

    1825 – L. Ciccolini, dans une lettre au baron de Zach, présente une étude bibliographique du problème du jour fantôme. (1825, Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statisitique du baron de Zach, 13, pp. 363–362.)

    1833 – L’astronome John F. W. Herschel (1792–1871) publie A Treatise on Astronomy (Longman et al. & John Taylor, Londres ; première édition américaine : 1836, Carey, Lea & Blanchard, Philadelphie). [Voir paragraphe 211.]

    1834 – Parution du Traité d’astronomie de John F. W. Herschel en traduction française par Augustin Cournot (Paulin, libraire-éditeur, Paris). [Voir également paragraphe 211.]

    1841 – Edgar A. Poe (1809–1849) publie A Succession of Sundays dans le Saturday Evening Post du 27 novembre. La nouvelle deviendra Three Sundays in a Week dans les éditions ultérieures (1845–).

    1852 – Hervé Faye (1814–1902) publie ses Leçons de cosmographie (librairie Hachette, Paris). [Voir Chap. VII, pp. 119–121 (2ème édition, 1854).]

    1856 – Publication de La Semaine des trois dimanches, traduction de Léon de Wailly, dans L’Ami de la Maison (1(14), pp. 217–219).

    1862 – Publication de La Semaine des trois dimanches, traduction de William L. Hugues, dans les Contes inédits d’Edgar Poe (Hetzel, pp. 141–153).

    1864 – Jules Verne publie son essai Edgard Poë et ses œuvres dans Le Musée des Familles (31(7), pp. 193–208) où il commente La Semaine des trois dimanches.

    1866–1867 – Armand Audoy (1825–1891) publie sous le pseudonyme X. Nagrien Prodigieuse Découverte (qui évoque le jour fantôme ; voir Chap. 7) dans la Revue Moderne (Vol. 39 (1 dec. 1866), pp. 511–540 et Vol. 40 (1 jan. 1867), pp. 129–162), puis chez Hetzel.

    1872 – Une série de lettres dans le courrier des lecteurs de la revue britanique Nature discutent le problème des méridiens et changements de date. Question posée par James Pearson le 12 décembre (Vol. 7, p. 68) suivie le 28 novembre des réponses de George Greenwood, J. K. Laughton et Edward Roberts (Vol. 7, p. 105).

    1872–1873 – Jules Verne publie Le Tour du monde en quatre-vingts jours dans Le Temps (6 nov. au 22 dec. 1872), puis chez Hetzel.

    1873 – Le 4 avril, Jules Verne lit à la Société de géographie de Paris son rapport sur Les Méridiens et le Calendrier (1873, Bull. Soc. Géog., 6, pp. 423–428). Son article, avec variantes, sera repris dans le Journal Officiel (12 avril 1873, No 101, pp. 2559–2570), le Journal d’Amiens (14–15 avril 1873, No 4968), La Presse (29 avril 1874), L’Explorateur (1er avril 1875, 1(9), pp. 207–209). (Voir également V. Dehs, À propos d’une communication, Bull. Soc. Jules Verne 182, 31–32, avril 2013.)

    1874 – La communication de Jules Verne est en partie reproduite dans l’article Méridien du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse (tome 11, pp. 75–76).

    1878 – Jules Verne publie Découverte de la Terre – Les premiers explorateurs (Hetzel), incluant le voyage de Magellan. [Voir p. 325.]

    1883 – A. Lepaute publie sur le même sujet, mais sans référence à Jules Verne, l’article Où commence lundi ? — Où finit dimanche ? (L’Astronomie, 2, pp. 97–102). Selon P. Scheinhardt, c’est Camille Flammarion lui-même qui a écrit cet article pour la revue qu’il éditait, prenant comme pseudonyme le nom de l’horloger Lepaute.

    1901 – Alphonse Allais (1854–1905) évoque le jour fantôme dans l’une de ses chroniques, Un curieux cas de conscience (Le Sourire, 17 août 1901, republié dans Œuvres posthumes, coll. Bouquins, Laffont, 1984, pp. 664–666.) [Alphonse Allais a également publié Le Tour du monde en pas tout à fait quinze jours (Le Journal, 13 août 1901, republié dans Œuvres posthumes pp. 663–664). Il y propose de construire des autoroutes sur viaducs tout autour de la Terre. Des auomobliles roulant à 120 km/h (pas mal pour l’époque) feraient ainsi le tour du monde en environ 14 jours. Il conclut « Sur la route, dame, il ne faudra pas perdre de temps à embrasser l’excellent papa Jules Verne, en passant... », évoquant ainsi le détour de Nellie Bly à Amiens lors de son tour du monde en 1889.]

    1936 – Jean Cocteau (1889–1963) relate son tour du monde dans Paris-Soir (août-septembre 1936), puis dans Mon premier Voyage (1936, Gallimard). Le jour fantôme y tient une bonne place (La semaine des deux mardis).

    1994 – Umberto Eco (1932–2016) publie son roman L’Île du jour d’avant (L’isola del giorno prima).

    Jour perdu ou jour gagné ? Fin d’une controverse.

    On lit, au fil des différents textes, que le voyageur partant vers l’est (ou vers l’ouest) gagne (ou perd) un jour – ou l’inverse. Ces incohérences qui ont fait couler beaucoup d’encre ont été mises sur le compte d’erreurs de traduction ou de recopie. À notre avis il n’en est rien. Ce n’est qu’une question de point de vue et d’imprécision du language. Au jeu, ce qui est gain pour une partie est perte pour l’autre. Un jour de moins peut être considéré comme une perte (par rapport au nombre de jours) ou un gain (de temps). Et comme rien n’est clairement explicité, que la règle du jeu n’est pas donnée, tout le monde a raison !

    Jacques Crovisier

    #littérature #géographie #horaire #date

  • #Espagne : vers la fin de l’exception horaire ?
    http://fr.myeurop.info/2017/01/06/espagne-vers-la-fin-de-l-exception-horaire-14957

    P margin-bottom : 0.21cm ; Le gouvernement espagnol a annoncé une réforme horaire afin de rapprocher les citoyens du rythme de vie des pays européens.

    P margin-bottom : 0.21cm ; lire la suite

    #Société #horaires

  • « Au premier abord, rien ne distingue le pavillon des autres habitations alignées à intervalles réguliers le long d’une petite rue calme et fleurie de Fresnes, en banlieue sud de Paris (Val-de-Marne). « Vous cherchez les geeks [informaticiens] ? Si vous trouvez des poules, c’est que vous êtes arrivé ! », s’enquiert un voisin, visiblement amusé par la présence régulière de six gallinacés sur le trottoir. Il n’y a plus qu’à suivre le conseil et le bruit des caquètements pour trouver la hacker house des neuf passionnés d’informatique. »

    http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/05/22/a-fresnes-de-jeunes-passionnes-d-informatique-hackent-les-codes-de-l-entrepr

    #42 #pipeautage #Macron #esclavage #servage #entreprise #horaires_de_travail #pseudo-geeks #SSII

  • Les horaires de travail sont de plus en plus atypiques
    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/03/01/un-francais-sur-quatre-travaille-de-20-heures-a-minuit_4874642_1698637.html

    La #journée_de_travail aux horaires classiques, du lundi au vendredi, de 9 heures à 18 heures, est dépassée dans un nombre grandissant de cas. Selon l’Insee, qui publie mardi 1er mars l’édition 2016 des Tableaux de l’économie française, un salarié sur quatre a travaillé de 20 heures à minuit au moins une fois au cours du mois précédent l’enquête menée en 2014.

    Toutes les catégories socioprofessionnelles ne sont pas touchées de la même façon. Le travail du soir touche majoritairement les agriculteurs exploitants (40 %), les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (38 %) et les cadres et professions intellectuelles supérieures (35 %).

    LES NON-SALARIÉS TRAVAILLENT EN MOYENNE 51,3 HEURES PAR SEMAINE, CE QUI PLACE LA FRANCE DANS LE TRIO DE TÊTE EN EUROPE
    De la même façon, le travail le samedi ou/et le dimanche est de plus en plus fréquent. Près de 40 % des Français en emploi ont déjà travaillé au moins un samedi dans le mois et 20 % un dimanche. Le travail le samedi touche aussi un cadre sur trois et près d’un employé sur deux (44 %).

    Quant au #travail_à_domicile, occasionnel ou régulier, il est aussi très répandu chez les cadres (36 %), les artisans, commerçants (39 %) et les agriculteurs exploitants (32 %).

    Les ouvriers sont, quant à eux, plus concernés que la moyenne par le #travail_de_nuit (14 %) et les #horaires_alternés (15 %). Le travail de nuit demeure majoritairement masculin malgré la présence croissante de femmes (notamment dans les entreprises privées de service et le secteur médical).

    De plus en plus d’horaires atypiques

    Que ce soit le #travail à domicile, le soir, la nuit ou le week-end, la proportion de personnes concernées par des #horaires_atypiques a légèrement progressé en un an. Les frontières claires entre travail au bureau et repos à domicile se brouillent de plus en plus (le phénomène est surnommé « blurring » en anglais).

  • Commencer l’école trop tôt le matin nuit à la santé des élèves
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/08/12/commencer-l-ecole-trop-tot-le-matin-nuit-a-la-sante-des-eleves_4722088_44014

    Débuter les cours trop tôt le matin est mauvais pour la santé et la concentration des élèves.
    […]
    Outre la fatigue et le manque de concentration rapportés par les chercheurs, une carence chronique de sommeil présente d’autres risques pour la santé, comme le surpoids, la consommation d’alcool, le tabagisme et l’usage de drogues, ainsi que de mauvaises performances scolaires, rappelle l’étude.

    #éducation #horaires #sommeil #santé

  • Emplois précaires recherchent retraités actifs - Libération
    http://www.liberation.fr/economie/2015/02/17/emplois-precaires-recherchent-retraites-actifs_1204532

    « Mamie nounou », vendeur à domicile ou artisan confirmé, plusieurs centaines de milliers de #retraités continuent de travailler pour arrondir leurs fins de mois. Ils occupent pour la plupart des #emplois #précaires, avec petits #salaires et #horaires_discontinus.
    « Une petite rémunération et des horaires très discontinus » sont les premières caractéristiques des postes proposés aux retraités, explique Annie Jolivet, économiste spécialiste de l’emploi des seniors et des pratiques des entreprises au Centre d’Etudes de l’Emploi.

    Garde d’enfants, distribution de publicités, chauffeur de car scolaire ou vendeur rémunéré à la commission : ces types d’emploi « peuvent intéresser des retraités libres de leur temps, qui ont besoin de travailler et pourront y consacrer plus de temps » que nécessaire, d’après l’économiste.

    Comme Sylviane, 64 ans, pour qui « l’avenir, c’est la vente indépendante à domicile ». Un métier qu’elle exerce depuis quatre ans avec pour seul revenu les commissions de ses ventes, aux alentours de 500 euros par mois.

    « Beaucoup de retraités travaillent dans ce métier-là », affirme la sexagénaire, qui prendra sa retraite dans quelques mois espérant avoir surcoté sa pension, dont le montant sera de 190 euros par mois à l’âge légal.

    Les retraités actifs étaient estimés à 500.000 en 2012 par l’Inspection générale des affaires sociales. Entre 2008 et 2013, le nombre de retraités du régime général ayant repris une activité salariée a augmenté de près de 70% passant de 208.000 à 351.000 , selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Chez les indépendants, près de 60.000 anciens commerçants et artisans cumulaient en 2013 emploi et retraite, selon le Régime social des indépendants (RSI).(...)

    Mais Gérard Sauvat, ancien chef de chantier de 64 ans qui a commencé à travailler à 14 ans, n’exerce « pas par plaisir » mais pour compléter une retraite de 785 euros par mois, décotée par un grave accident du travail qui lui a « coûté 10 ans de (sa) vie » et des séquelles vivaces.

    « Je trouve ça miséreux d’en arriver là après une vie de travail », lance l’Isérois qui atteint « difficilement le Smic » en réalisant des travaux de rénovation selon des horaires « élastiques ».

    De son côté, Sylviane, au parcours professionnel haché entre arrêts pour les enfants et gérance de crêperie, n’envisage pas d’arrêter la vente même après sa retraite : « Vivre avec 500 ou 600 euros, ce n’est pas viable ».

    Ce chiffrage semble exclure qui n’a pas de pension de retraite, dont les « bénéficiaires » de l’#ASPA (ex minimum vieillesse, dont les effectifs sont en hausse), ceux du RSA, et d’autres catégories encore.

  • Les routiers refusent « la smicardisation »
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/19/les-routiers-refusent-la-smicardisation_4558774_3234.html

    « Le but est de bloquer les marchandises, pas du tout les automobilistes » que les barrages laisseront donc passer, précise Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT transport.(...)

    Les syndicats de routiers réclament une « hausse du pouvoir d’achat de 100 euros » par mois, passant par une hausse du #taux_horaire « à 10 euros #minimum pour les coefficients les plus bas à l’embauche, soit 5 % de revalorisation ».

    Ils demandent aussi l’institution d’un #treizième_mois, qui n’existe pour l’heure que dans le secteur des messageries.

    « Cela fait près de trois ans qu’il n’y a pas d’augmentation des #salaires conventionnels », souligne M. Fatiga.

    Selon M. Thierry Douine, président de la fédération CFTC du transport, « 4 coefficients sur 5 de la grille salariale sont en dessous du SMIC ». Le plus bas taux est à 9,43 euros de l’heure, alors que le SMIC est à 9,61 euros.

    #Hausse_égalitaire_des_salaires #circulation_des_marchandises #transports #blocage_filtrant

  • Travailler en #horaires-décalés accélère le vieillissement cognitif
    http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/11/04/travailler-en-horaires-decales-accelere-le-vieillissement-cognitif_4517438_1

    Travailler de nuit ou en horaire décalés pendant une longue période nuit à la santé. C’est ce que révèle une étude franco-britannique publiée dans la revue médicale Occupational and Environmental Medicine, mardi 4 novembre. Selon ce document, le vieillissement cognitif est accéléré par ce type de rythme de travail.

    Pendant dix ans, ces chercheurs ont ainsi suivi 3 000 salariés du sud de la France, âgés de 32 à 62 ans au début de l’étude, travaillant dans tous les secteurs de production et dont la moitié avaient travaillé en horaires décalés pendant au moins 50 jours au cours de l’année.

    Leurs capacités cognitives (mémoire, attention, vitesse de réaction) ont été mesurées à trois reprises (1996, 2001 et 2006) lors de tests neuropsychologiques.

    L’étude a permis de montrer que ceux qui avaient eu un travail posté pendant dix ans ou plus, présentaient un déclin cognitif – processus naturel chez toute personne vieillissante – nettement plus rapide que les autres.

    #on_s'en_doutait #c'est_dit #travail #santé

  • États-Unis : une femme cumulant quatre emplois décède dans sa voiture - Le Point
    http://www.lepoint.fr/monde/etats-unis-une-femme-cumulant-quatre-emplois-decede-dans-sa-voiture-31-08-20

    N’ayant pu trouver d’emploi à temps plein, Maria Fernandes, 32 ans menait une existence misérable et précaire en jonglant avec les horaires de quatre emplois et en menant un véritable marathon entre leurs quatre emplacements, pour subvenir à ses besoins. À tel point qu’on l’a retrouvée morte dans sa voiture.

    La jeune femme n’est pas morte d’épuisement, mais d’avoir inhalé le monoxyde de carbone émanant de sa voiture, dont le moteur tournait encore lorsqu’elle s’est endormie. Les vapeurs de monoxyde se sont mélangées à des émanations de gasoil, provenant d’un jerrican qu’elle gardait à l’arrière de sa voiture, pour éviter de tomber en panne les jours où elle n’avait pas le temps de s’arrêter à une station-service au cours des trajets entre ses lieux de travail.
    « Lutte désespérée »

    >>>

    7,5 millions le nombre de personnes qui, aux États-Unis, cumulent plusieurs postes à temps partiel.

    <<<

    #travail
    #horaire
    #États-Unis
    #emplois-précaires
    #misère
    #mort
    #épuisement

  • Quand le New York Times vexe les Espagnols
    http://fr.myeurop.info/2014/02/20/quand-le-new-york-times-vexe-les-espagnols-13201

    Benjamin Leclercq

    Le très sérieux New York Times s’interroge dans un article sur le lien entre #horaires décalés, #sieste et compétitivité en #Espagne. Vexés, les Espagnols hurlent au cliché ! Spanish #bashing ou susceptibilité nationale ?

    Après le french-bashing, place au spanish-bashing… Parce qu’elle aime varier les plaisirs et ses victimes, la presse anglo-saxonne a choisi cette semaine l’Espagne pour exerce lire la (...)

    #VU_D'AILLEURS #Amérique_du_Nord #clichés #compétitivité #décalage #Espagne

  • Le plus grand #Carrefour de France assigné en #justice pour travail de nuit
    http://lemonde.fr/emploi/article/2013/12/25/le-plus-grand-carrefour-de-france-assignee-en-justice-pour-travail-de-nuit_4

    Deux syndicats du #commerce ont annoncé mardi 24 décembre avoir assigné pour la première fois un hypermarché pour non-respect de la législation sur le #travail_de_nuit. Cette #procédure vise un magasin Carrefour de Seine-et-Marne.

    Selon les deux syndicats, la CFDT et le SECI-UNSA, le magasin « ouvre ses portes au public jusqu’à 21 h 30 ». Or, la loi stipule que le recours au travail de nuit – de 21 heures à 6 heures – est en principe exceptionnel, et doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Ces syndicats font valoir que le travail de nuit est « reconnu comme particulièrement nocive pour la santé des salariés » .

    • Clic-P, le collectif qui fait trembler les commerces
      LE MONDE | 05.10.2013
      Par Bertrand Bissuel

      Un magasin Leroy-Merlin ouvert le dimanche 29 septembre.
      C’est la bête noire des supérettes parisiennes et de plusieurs grandes enseignes implantées dans les quartiers chics de la capitale. Elle a fait rendre gorge aux Apple Stores, à Uniqlo et à une kyrielle de magasins qui ne respectaient pas la réglementation sur les horaires d’ouverture. Son nom claque comme un slogan publicitaire : Clic-P, pour Comité de liaison intersyndicale du commerce de Paris.

      Dans le débat sur le travail de nuit et le repos dominical, ce collectif se distingue par la #guérilla_judiciaire qu’il poursuit sans relâche depuis trois ans. Mais son action est contestée par des salariés, désireux d’être employés après 21 heures ou le dimanche.

      Le Clic-P a vu le jour en février 2010, quelques mois après l’adoption de la « loi Mallié », du nom d’un député UMP des Bouches-du-Rhône qui l’avait défendue : ce texte accordait de nouvelles possibilités aux commerces de détail pour accueillir les clients le dimanche.

      A l’époque, la mairie de Paris avait lancé une consultation sur le sujet, associant syndicats de salariés et organisations d’employeurs. "Il y avait un lobbying patronal très fort pour étendre les autorisations d’ouverture dominicale, raconte Karl Ghazi (CGT), l’un des « animateurs » de Clic-P. La seule façon d’inverser la tendance, c’était de rassembler nos forces et de nous battre ensemble. Les salariés demandaient que cesse le chauvinisme d’étiquette, dans un secteur où le syndicalisme est faible."

      « IL FALLAIT STOPPER LE PHÉNOMÈNE »

      Six syndicats locaux ont décidé de s’allier : la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGT, Force ouvrière (FO) et SUD. Des coalitions très larges émergent généralement dans des entreprises frappées par un plan social. Il est rarissime qu’elles se constituent sur un secteur et un territoire donnés. « Je ne l’ai jamais vu jusqu’à présent », confie une avocate, engagée dans la défense des salariés depuis plus de vingt ans.

      Le Clic-P s’est d’abord attaqué à des supérettes parisiennes ouvertes tout le dimanche, dans l’illégalité la plus complète. Des magasins Franprix, Monop’, Carrefour City, G20 ont été condamnés à fermer leurs portes à 13 heures, le septième jour. « Il fallait stopper le phénomène, qui faisait tâche d’huile », explique M. Ghazi. Puis l’offensive s’est élargie au non-alimentaire et à de prestigieuses enseignes qui souhaitaient recevoir du public, tard le soir. Le BHV et les Galeries Lafayette du boulevard Haussman ont dû ainsi renoncer à leurs nocturnes, en 2012.

      « L’intersyndicale s’est montrée efficace car elle a regroupé des personnes qui sont parties de leurs points forts », commente Me Vincent Lecourt, l’un des conseils du Clic-P : certaines appartenaient à des syndicats bien implantés dans les entreprises, d’autres étaient douées pour la communication ou la rédaction de textes, quelques-unes connaissaient des avocats spécialisés, etc. « C’est cette combinaison de moyens qui a permis d’affronter sur le terrain judiciaire, à armes quasiment égales, de grands groupes », ajoute Me Lecourt.

      Au sein du comité, il y a de fortes têtes dont certaines sont en conflit ouvert avec leurs instances nationales. Entre l’union syndicale CGT du commerce de Paris et sa fédération, par exemple, les relations sont exécrables : en 2012, la seconde a coupé ses financements à la première. « Nous sommes d’accord sur les objectifs mais nos points de vue divergent sur la manière d’agir », dit, un brin embarrassée, Michèle Chay, secrétaire générale de la fédération CGT du commerce.

      UNE DÉFECTION CAUSÉE PAR LA PRESSION

      Le syndicat CFTC, qui faisait partie du Clic-P, a été exclu, fin juin, par sa confédération : « Il refusait de respecter nos règles internes de fonctionnement », justifie Patrick Ertz, président de la fédération CFTC du commerce. Depuis, le banni a rejoint l’UNSA.

      Jusqu’à présent, le collectif avait su rester soudé. Mais une première lézarde est apparue, jeudi 3 octobre, lorsque FO a annoncé qu’elle se retirait de l’intersyndicale et qu’elle suspendait les actions judiciaires qui allaient être engagées : « Nous ne sommes plus sur la même longueur d’ondes avec le Clic-P en termes de stratégie mais cela ne veut pas dire que nous sommes en opposition avec lui », argumente Christophe Le Comte, secrétaire fédéral adjoint de FO-employés et cadres.

      Une défection causée par la pression, devenue très forte ? Il est vrai que le Clic-P a été la cible de vives critiques, en particulier d’une partie du personnel du magasin Sephora sur les Champs-Elysées : ces salariés reprochent à l’intersyndicale d’être à l’origine d’une décision judiciaire qui les empêche aujourd’hui de travailler après 21 heures – et de percevoir du même coup des rémunérations majorées. Leur avocate, Me Joëlle Aknin, considère qu’"il y a un vrai clivage entre la vision passéiste du travail, défendue par le Clic-P, et la conception plus ouverte ".

      Le problème n’est pas là, objecte Laurent Degousée (SUD), mais dans le faible niveau des rémunérations et l’ampleur de l’emploi à #temps_partiel au sein du commerce de détail, qui poussent les salariés à accepter des #horaires_atypiques en contrepartie d’un coup de pouce sur le bulletin de paye.

      Les employés de Sephora, qui sont volontaires pour travailler la nuit, « ne sont pas sur une île déserte », complète M. Ghazi : l’extension du travail nocture conduit à la « dérégulation des temps sociaux » (crêches, transports en commun…). Dans cette affaire, conclut Eric Scherrer (UNSA), c’est aussi « l’ordre public social » qui est en jeu : le droit du travail est fondé sur des mécanismes de protection applicables à tous les actifs ; ils n’ont pas à être remis en cause au motif que, ici ou là, des salariés sont prêts à y déroger.