• Est-il vrai qu’omicron n’a provoqué que 200 réanimations pour 12 millions de contaminations, comme le dit Pujadas ? – Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/est-il-vrai-quomicron-na-provoque-que-200-reanimations-pour-12-millions-d

    Dans son émission sur LCI, l’animateur a multiplié les approximations sur les chiffres des réanimations liées à omicron. Même s’il est vrai que ce variant conduit à beaucoup moins d’entrées en soins critiques.

    Votre question porte sur l’émission 24h Pujadas, diffusée lundi sur LCI. Dans une séquence consacrée au Covid-19, l’animateur David Pujadas explique : « On peut le dire clairement [que] cette vague de contaminations omicron n’a pas eu d’effets sur la réanimation, autrement dit sur les cas critiques, c’est vrai ou c’est faux ? »

    « C’est vrai, lui répond son acolyte, debout face à un écran. […] Premier point spectaculaire, cela fait maintenant six jours que les admissions en réanimation baissent. […] On va faire un petit calcul, au 21 décembre 2021, on comptait 3 096 patients en réanimation. Aujourd’hui, avec un rythme de 250 000 contaminations par jour, on compte 3 852 patients. Ça veut dire qu’on a 756 patients en plus. […] Mais en même temps, si on multiplie le nombre de cas détectés par deux [pour s’approcher du nombre de cas réel, ndlr], on serait sur un ordre de grandeur de 12,5 millions de Français qui ont été contaminés. Or dans le même temps, [pour] les cas graves, on parle de moins de 800 personnes. C’est facile à comprendre […] : ce n’est pas omicron qui est responsable des hospitalisations pour cas graves, c’est la vague delta. Or delta a représenté, il y a encore quelques semaines, 20 % des cas chaque jour. Ce sont ces cas delta qui ont développé des formes graves de la maladie et se sont retrouvés dans les services de réanimation. Ce qui veut dire qu’omicron n’a pas déclenché de vagues dans les services de réanimation. »

    Et Pujadas de reprendre la parole : « Si je résume, avec 12,5 millions de cas en trois semaines, ça a produit un quart des 800 cas de réanimation, les trois quarts étant du delta, donc ça a produit 200 cas ! 200 personnes en réanimation pour 12,5 millions de cas omicron. Autrement dit, on n’est même pas dans l’épaisseur du trait, on est dans le microscope. Omicron n’a pas produit de réanimations – je parle sous votre contrôle Martin [Blachier, présent sur le plateau] –, ce sont des faits, pas de l’analyse, pas du doigt mouillé. Pas de la roulette russe, ce n’est pas un pari, ce sont des faits. »

    Omicron n’a-t-il vraiment conduit qu’à 200 cas en plus en réanimation (plus précisément en soins critiques) durant les trois semaines citées ? Pas vraiment. Le collègue de David Pujadas, chargé de faire la démonstration de ce chiffre, n’utilise, en réalité, pas les bonnes données. Pour déterminer ses « 756 patients en plus », il soustrait du nombre total de personnes en réanimation le 16 janvier le nombre de personnes qui s’y trouvaient le 21 décembre. Autrement dit, il raisonne sur le « stock ». Or, entretemps, nombre de patients en soins critiques en sont sortis, soit parce qu’elles ont guéri (70 à 75 %), soit parce qu’elles sont mortes (25 à 30 %).

    Sur cette période, ce sont en réalité 8 200 personnes qui sont entrées en soins critiques en France avec un diagnostic Covid-19. Combien l’ont été avec le variant omicron ? Difficile à dire. Car le suivi par type de variant est réalisé par la Drees (cellule statistique du ministère de la Santé) et les informations sur le sujet s’arrêtent pour l’heure au 9 janvier (elles seront réactualisées ce vendredi).

    Pour réaliser une estimation sur vingt-six jours, comme dans cette émission, il faut donc faire le calcul du 14 décembre au 9 janvier. Sur cet intervalle, la Drees estime à 966 le nombre de patients entrés en soins critiques avec omicron. Soit 31 % des cas sur la semaine du 2 au 9 janvier. Une proportion qui devrait augmenter dans les semaines qui viennent, omicron étant désormais ultra majoritaire en France.

    Ces données, cependant, qu’elles portent sur les hospitalisations ou les entrées en soins critiques, intègrent aussi les personnes porteuses du virus, mais admises pour d’autres pathologies. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, la part des patients Covid-19 pris en charge pour une autre raison que le virus se monte ainsi, pour la semaine du 3 au 9 janvier, à 20 % pour les hospitalisations et à 8 % pour les soins critiques. On peut donc réduire de 8 % le nombre d’entrées en soins critiques avec omicron, ce qui conduit à 889 entrées sur vingt-six jours. Et non pas 200, comme l’avance David Pujadas.

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    Il est vrai, en revanche, qu’omicron provoque beaucoup moins de cas nécessitant un passage en soins critiques que delta. Toujours selon la Drees, une personne non vaccinée âgée de 60 à 79 ans et positive au Sars-CoV-2 n’a qu’un peu moins de 2 % de risques d’être hospitalisée en soins critiques avec omicron, contre près de 6 % avec delta.

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    Pour une personne positive, dans la même tranche d’âge, et vaccinée avec rappel, le risque passe de 1,3 % à 0,3 % avec omicron. Concernant les hospitalisations conventionnelles (75 % des décès), le risque est diminué également, mais dans une moindre mesure (50 % environ pour les 60-79 ans).
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    A noter, enfin, que si le nombre d’entrées en soins critiques est effectivement en baisse depuis plusieurs jours, celui des entrées à l’hôpital continue, lui, de progresser.

    #covid-19 #Omicron #protocole_tous_infectés #hospitalisation #Martin_Blachier #media #pathogénécité (à court terme)

  • Covid-19 : 20 % des hospitalisations ont une autre cause que le virus

    Au début de janvier, près de la moitié des 20-29 ans admis à l’hôpital en étant porteur du virus l’ont été pour un autre motif médical que le #Covid-19. Ce biais de calcul tend à s’amplifier.

    Plus de 25 000 personnes déclarées comme ayant le Covid-19 sont actuellement hospitalisées en France. Cependant, une partie non négligeable d’entre elles le sont pour une autre raison que les effets de la maladie. Ce biais, identifié depuis le début de l’épidémie – Libération le signalait en février 2021 –, tend à s’amplifier dans un contexte de forte circulation du virus.

    Pour la semaine du 3 au 9 janvier 2022, environ 20 % des patients hospitalisés et diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 ont été pris en charge pour un motif autre que le Covid-19, selon le point épidémiologique publié par Santé publique France (SPF) le 13 janvier. Ils étaient 13 % en moyenne sur l’ensemble de l’année 2021.

    Dans les services de soins critiques, les malades admis pour une autre raison que le Covid-19 représentaient au même moment 8 % de l’ensemble des patients déclarés positifs au SARS-CoV-2 (contre 5 % la semaine du 20 décembre 2021). En revanche, la proportion reste stable (5 %) pour les admissions en réanimation.

    Ce décalage entre hospitalisations « pour » et « avec » Covid-19 est plus marqué chez les jeunes adultes. Au début de janvier, 44 % des 20-29 ans hospitalisés et diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 l’ont été pour un autre motif médical que le Covid-19 (18 % en soins critiques) et 40 % des 30-39 ans (14 % en soins critiques).

    Tous ces éléments sont calculés à partir des données renseignées dans SI-Vic (système d’information pour le suivi des victimes), le système de surveillance mis en œuvre à la suite des attentats de novembre 2015 et devenu dès le début de l’épidémie « le pivot du dénombrement hospitalier des patients atteints [du] Covid-19 », selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

    Une variable publiée quelques mois par SPF, puis retirée

    Lors de la première vague, « aucune information médicale autre que le statut d’hospitalisation n’y est saisie », ce qui, de l’avis de la Drees, ne posait alors pas de difficultés majeures. En effet, comme « l’activité de base des hôpitaux était presque à l’arrêt, l’essentiel des patients entrés dans SI-Vic étaient admis du fait de leur infection. Puis, progressivement, les capacités de dépistage ont augmenté et ce dernier est devenu beaucoup plus fréquent pour les patients admis à l’hôpital. En parallèle, après le plus fort de la vague épidémique, les opérations planifiées ont progressivement repris ». Des personnes contaminées par le SARS-CoV-2 et hospitalisées pour une crise d’appendicite ou un accident de la route ont ainsi pu être admises dans la base de données, sans pour autant avoir de symptômes majeurs liés au Covid-19.

    Par la suite, une variable renseignant le motif d’hospitalisation a été ajoutée dans SI-Vic. Elle rend possible la distinction entre les patients hospitalisés pour Covid-19 et ceux admis pour un autre motif. Si cette donnée a été utilisée durant quelques mois dans les points hebdomadaires de SPF, elle a été retirée car elle « était extrêmement stable », explique l’agence. Pourquoi ne pas avoir remplacé les données hospitalières en accès libre par les informations extraites de cette nouvelle variable, plus précise ? N’aurait-il pas été possible d’ajouter une colonne dans ces fichiers utilisés pour alimenter les tableaux de bord de nombreux médias ? Interrogé, SPF répond que l’objectif était de « maintenir un système de surveillance stable dans le temps » et de faciliter les comparaisons avec d’autres pays.

    Une distinction effectuée dans d’autres pays

    Pourtant, la même question s’est posée chez nos voisins. En Espagne, le quotidien El Pais estimait le 14 janvier que, dans les indicateurs hospitaliers de suivi du Covid-19, entre 25 % et 40 % des patients étaient hospitalisés pour d’autres causes. Au Royaume-Uni, la part de personnes traitées principalement pour Covid-19 parmi toutes celles déclarées positives semble aussi en décrue, selon les données hospitalières publiées par le National Health Service. Mais il faut interpréter ces données avec prudence : il n’est pas toujours facile de distinguer ce qui est causé par le Covid-19 de ce qui ne l’est pas : la maladie pouvant générer un certain nombre de complications, la classification « avec » et « pour » Covid-19 n’est pas forcément évidente.

    Malgré ces réserves, avoir en accès libre le nombre de patients hospitalisés en raison du Covid-19, et non plus seulement « avec » le Covid-19, permettrait d’améliorer le suivi de la situation en pleine vague d’Omicron. Il s’agit également d’une question de transparence. « Bien que cela ne change rien à la gravité de la situation dans les hôpitaux de l’Ontario, il est important de partager ces données pour fournir un contexte supplémentaire sur l’état de la pandémie », explique ainsi sur Twitter Christine Elliott, la ministre de la santé de l’Ontario (Canada), province où les données publiques font depuis quelques jours le distinguo entre les patients hospitalisés en raison du Covid-19 et ceux déclarés positifs mais admis pour d’autres motifs (47 %). En France, SPF assure suivre cet indicateur « quotidiennement » et annonce sa publication « en open data prochainement ».

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/01/19/covid-19-20-des-hospitalisations-ont-une-autre-cause-que-le-virus_6110118_43

    #hospitalisation #manipulation et autres petits arrangements entre amis...

  • #Covid-19 : « Nos #enfants méritent bien mieux que la négligence de la gestion sanitaire actuelle », Ecole et familles oubliées et d’autres

    Elisa Zeno, membre du collectif Ecole et familles oubliées, ainsi qu’un certain nombre d’associations, de médecins et de parents d’élève s’alarment, dans une tribune au « Monde », de la situation des enfants en pleine rentrée scolaire, compte tenu de la propagation fulgurante de l’épidémie de Covid-19.

    Tribune. L’école reste ouverte, mais les classes se vident : faute de mesures robustes de prévention et d’anticipation, les établissements connaissent une forte désorganisation et, à quatre jours de la rentrée, ont été déclarés 47 453 cas confirmés d’élèves et 5 631 de personnels. Au 1er janvier, le taux d’incidence des 15-17 ans avait dépassé 3 000 pour 100 000, dans déjà deux régions ; la rentrée au niveau deux (sur quatre) du protocole pour ce groupe d’âge, avec le brassage dans les établissements, a permis de propager très efficacement les contaminations.

    Le nouveau protocole, présenté à la veille de la rentrée, n’aura tenu que trois jours jusqu’à ce que, à la suite de la rupture de stocks d’autotests, au nombre vertigineux de contaminations et aux fermetures de classe, un nouvel allègement, bien paradoxal, intervienne.

    Des activités à haut risque sans masque, comme les activités sportives ou nautiques au collège, sont toujours autorisées. La pratique sportive à la piscine, lorsqu’elle est maintenue, reste obligatoire et soumise à sanctions pour les élèves dont les parents veulent éviter l’exposition, sans protection, à un agent biologique pathogène de niveau trois, sur quatre.

    Nouveau record d’hospitalisations

    La doctrine l’emporte sur la raison : les classes doivent rester ouvertes, même sans enseignants. Pour faire face aux absences de personnels, malades ou isolés, l’Académie de Paris se fixe l’objectif d’atteindre 100 à 120 recrutements, parmi des étudiants « qui se projettent dans ce métier, avec au minimum une licence », mais « aussi des parents d’élèves, au niveau master ».

    Au même moment, chaque jour un nouveau record d’#hospitalisations d’enfants et d’adolescents est battu, comme le ministre de la santé l’a annoncé à l’Assemblée nationale : au 7 janvier, selon Santé publique France, 335 enfants de moins de 10 ans et 229 entre 10 ans et 19 ans étaient hospitalisés (respectivement, une augmentation de 40 % et 90 % en dix jours). Au total, 91 étaient en soins critiques. Des hôpitaux pédiatriques, dont Necker, annoncent devoir déprogrammer des interventions non urgentes, mais dont les annulations répétées finissent par avoir des répercussions sur la santé des patients enfants.

    Force est de constater que l’#école n’est plus en mesure de garantir ni l’éducation ni la protection de la santé. Dans ces conditions, peut-on continuer à dire que l’école est « bonne » pour les enfants ?

    L’école est restée ouverte au virus, de ce fait elle a fermé ses portes à de très nombreux enfants, de manière intempestive et désorganisée. En 2021, si l’éducation nationale avait déployé les moyens nécessaires, technologiques et humains, un enseignement en distanciel d’une ou deux semaines, le temps de mettre en œuvre les mesures nécessaires, accompagné d’une politique sociale pour les enfants défavorisés, aurait été sûrement moins impactant, sur le plan psychologique et pédagogique, que le chaos actuel.

    « Roulette russe »

    A l’heure où le pays se clive entre vaccinés et non-vaccinés et débat des choix linguistiques et politiques de son président, tout le monde semble oublier que les enfants sont toujours en première ligne sans protection. Ni celle du vaccin, difficile à obtenir même pour les élèves éligibles de moins de 12 ans, ni celle de la sécurisation des endroits qu’ils fréquentent, en premier lieu l’école.

    Tous les jours, nous envoyons nos enfants dans des salles de classe et des cantines bondées et mal ou non aérées, pour jouer à la « roulette russe » avec le variant du moment, en espérant qu’ils échapperont à une forme grave ou à un Covid long pédiatrique, avec des séquelles parfois très graves. Tous les jours, nous subissons des choix irresponsables, estampillés unilatéralement « dans l’intérêt des enfants », déniant ainsi la possibilité de tout questionnement légitime.

    Nous demandons encore une fois au gouvernement d’agir réellement dans l’intérêt des enfants : investir massivement dans l’aération des écoles et de lieux publics, organiser le dépistage itératif en ayant recours aux techniques qui permettent de tester tous les élèves et personnels, fonder le #protocole_sanitaire sur des données scientifiques et des seuils connus et anticipés pour passer d’un niveau à l’autre, interdire et adapter les activités à très haut risque.

    Nos enfants méritent bien mieux que la négligence de la gestion sanitaire actuelle. Le gouvernement a le devoir de tout mettre en œuvre pour respecter leurs droits les plus fondamentaux : le droit à l’éducation et le droit à la santé.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/09/covid-19-nos-enfants-meritent-bien-mieux-que-la-negligence-de-la-gestion-san

    Les signataires : Jérôme Barrière, oncologue médical, parent d’élève ; Fabienne Blum, docteure en pharmacie, présidente de l’association Citizen4Science ; Céline Bon, parent d’élève ; Sylvain Bouchon, avocat ; Céline Castera, infirmière ; Matthieu Chauveau, professeur certifié et parent d’élève ; Audrey Coulon, parent et assistante maternelle ; Gisèle Daste, pédagogue ; Stéphane Dedieu, professeur des universités, université Reims-Champagne-Ardenne ; Vanessa Ezerzer, psychologue ; Anne Fougeret, parent d’élève ; Yannick Freymann, médecin généraliste ; Claude-Alexandre Gustave, biologiste médical ; Alain Homsi, réalisateur et parent d’élève ; Christophe Lamarre, médecin généraliste à Roubaix ; Christian Lehmann, médecin généraliste, membre du collectif Du côté de la science ; Solenn Lesven, parent d’élève ; Agnès Limbert, infographiste, parent d’élève ; Andreea-Cristina Mas, collectif Covid long pédiatrique ; Arnaud Mercier, professeur en communication, université Paris-II-Assas ; Philippe Moreau-Chevrolet, communicant, parent d’élève ; Virginie Oliviero, parent d’élève ; Cécile Philippe, Institut économique Molinari et parent d’élèves ; Nathalie Piat, parent d’élève ; Corinne Plante, parent d’élève, commerçante ; Audrey Quehen, parent d’élève ; Michaël Rochoy, médecin généraliste ; Anne Rolland, neuropédiatre ; Muriel Rouyer, professeure de science politique, université de Nantes, représentante élue de parents FCPE ; Nicolas Russier, parent d’élève ; Meryl Sebbane Welp, microbiologiste ; Barbara Serrano, consultante indépendante, maîtresse de conférences associée à l’université Paris-Saclay, membre du collectif Du côté de la science ; David Simard, docteur en philosophie, membre du collectif Du côté de la science ; Laure Soule, parent d’élève ; Marie Valdes, présidente de l’association nationale Familles des enfants victimes du PIMS Covid ; Armelle Vautrot, psychanalyste et psychopédagogue, parent d’élève ; Elisa Zeno, ingénieure de recherche, PhD, collectif Ecole et familles oubliées ; Laurent Zimmermann, maître de conférences, Université de Paris ; Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin, membre du collectif Du Côté de la Science.

    Covid-19 : des hospitalisations pédiatriques en hausse, en lien avec l’augmentation du nombre de cas

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/05/covid-19-pas-d-envolee-d-hospitalisations-en-pediatrie_6108271_3244.html

    Les formes graves restent très rares chez les enfants, confrontés eux aussi à la vague Omicron.

    Inédite par son ampleur – plus de 270 000 nouveaux cas détectés le 4 janvier –, la vague portée par les variants Delta et Omicron n’épargne par les enfants. Au moins 180 000 d’entre eux ont été diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 la dernière semaine de décembre. Selon les statistiques de Santé publique France (SPF), à la veille de la rentrée, on dénombrait 48 500 lycéens (15-17 ans), 56 000 collégiens (11-14 ans), 60 000 écoliers (6-10 ans) et 15 500 élèves de maternelle (3-5 ans) diagnostiqués positifs. Plus épargnés lors des précédentes vagues, les petits Français apparaissent désormais en première ligne face au virus, alors que la vaccination pour les 5-11 n’a été ouverte que le 22 décembre 2021.

    « Pour moi, un enfant à l’hôpital, c’est déjà beaucoup, 60 enfants en réanimation pour une maladie infectieuse, c’est déjà énorme, a lancé le ministre de la santé, Olivier Véran, aux députés, mardi, dans le cadre des discussions sur l’instauration du passe vaccinal. La dynamique épidémique, même si elle est moins impressionnante dans les chiffres que s’agissant des adultes, poursuit son augmentation. Les risques pour un enfant de présenter une forme grave sont très faibles, mais il y en a », a-t-il ajouté.

    Plus de 800 PIMS en France

    Les cas graves restent rares chez les enfants, mais, avec l’envolée du nombre de cas, les hospitalisations se multiplient. Au 4 janvier, 284 enfants de moins de 10 ans, ainsi que 180 enfants et adolescents entre 10 ans et 19 ans étaient hospitalisés avec un diagnostic Covid-19. Ils étaient respectivement 78 et 54 un mois plus tôt, avec une accélération depuis les derniers jours de décembre 2021. « Certains sont hospitalisés pour d’autres causes que le Covid-19 et le diagnostic est fortuit », relativise François Angoulvant, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, qui estime à environ 20 % ces cas incidents. « Les hospitalisations pour Covid sont bien moins nombreuses que pour la grippe ou la bronchiolite », ajoute-t-il, en précisant que ces maladies hivernales sont à l’origine de plusieurs milliers d’hospitalisations chaque année.

    Les cas graves, qui requièrent parfois une prise en charge en réanimation, sont le plus liés à une complication baptisée « syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique » ou #PIMS : plus de 800 ont été recensés en France depuis le début de l’épidémie. « Omicron reste une grande inconnue. On ne sait pas trop ce que cela va donner, car on n’a pas encore assez de recul et de données concernant les PIMS chez les enfants », observe François Angoulvant.

    Le pédiatre se dit favorable à la vaccination des enfants de 5 ans à 11 ans, compte tenu de l’absence de signal inquiétant, alors que 9 millions d’enfants ont déjà reçu au moins une dose aux Etats-Unis. « Si on ne vaccine pas les 5-11 ans [5,7 millions de personnes, selon l’Insee], on accepte qu’un jour ou l’autre ils attrapent le Covid et que plus d’un millier d’entre eux fassent un PIMS », souligne le pédiatre, en précisant qu’on estime à 75 % la part des enfants qui n’ont jamais eu le Covid-19, et qu’il y a un cas de PIMS toutes les 4 000 infections. Une étude portant sur un peu plus de 30 adolescents suggère que le vaccin réduit de façon très importante le risque de survenue de PIMS, et le même effet est attendu chez les enfants.

    Peu d’enfants vaccinés

    « Avec Delta et Omicron, il est probable qu’on ait une augmentation importante de PIMS en soins critiques pédiatriques en janvier et en février », prévoit Etienne Javouhey, chef du service d’urgences et de réanimation pédiatriques du centre hospitalier universitaire (CHU) de Lyon, en précisant que les symptômes surviennent quatre à cinq semaines après la contamination. « C’est plus lié à l’augmentation du nombre de cas qu’à une sévérité particulière de ces variants », ajoute le pédiatre. Le pourcentage des 5-11 ans vaccinés est très faible – moins de 0,5 %, fin décembre –, trop pour constater un impact sur la vague épidémique de ce début d’année. L’incidence des PIMS étant la plus élevée dans cette classe d’âge, les réanimateurs se préparent à l’arrivée de nombreux cas.

    « Les réanimations étaient jusqu’à présent saturées par les bronchiolites. Là, on respire un peu, car le nombre de cas a baissé, mais la grippe et le Covid vont vite suivre », pressent le réanimateur, qui a aussi déjà recensé quelques cas d’hospitalisation pour un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA). « Nous avions eu quelques rares cas avant, mais chez des adolescents avec des comorbidités », précise-t-il. La survenue de Covid longs est difficile à estimer. « Cela existe aussi chez l’enfant, mais, comme chez l’adulte, les symptômes sont difficiles à dissocier des conséquences physiques et psychologiques du Covid et de l’hospitalisation », avance Etienne Javouhey.

  • « Ne pas affoler les parents » : ce que l’on sait des rares hospitalisations d’enfants pour Covid-19
    https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/ne-pas-affoler-les-parents-ce-que-l-on-sait-des-rares-hospitalisations-

    Fabienne Kochert, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire et pédiatre libérale à Orléans, distingue quatre groupes au sein des 64 enfants annoncés en réanimation le 4 janvier pour Covid-19. Selon elle, un tiers d’entre eux sont des nourrissons de moins de trois mois arrivés avec de la fièvre et dont le prélèvement s’est révélé positif au Covid-19. « On ne sait pas s’il y a un rapport avec la fièvre », explique la pédiatre.

    Un second groupe est constitué d’enfants ayant développé une co-infection, avec la grippe ou la bronchiolite, par exemple. Là encore, « on ne sait pas si la co-infection avec le Covid-19 modifie les symptômes », explique Fabienne Kochert. En troisième, on retrouve les enfants avec une fragilité face au Covid-19, ayant une pathologie chronique ou un cancer, par exemple. « Ce sont surtout des enfants hospitalisés pour autre chose », note la pédiatre.

    Elle est là pour t’expliquer qu’il y a augmentation des hospitalisations, mais qu’en fait, "c’est pas lié au covid, et que c’est par hasard qu’ils sont tous covid+ et que bon, en fait, on sait pas s’il y a un rapport avec la fièvre, et en fait, on s’en fout, vous inquiétez pas, on gère, tout va bien".

  • #Covid-19 : ce que l’on sait de la sévérité de l’infection à #Omicron – Marc Gozlan
    https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2022/01/03/covid-19-ce-que-lon-sait-de-la-severite-de-linfection-a-omicron

    Quel impact le variant Omicron a-t-il sur le taux des admissions et des hospitalisations ? Ce nouveau variant, initialement identifié au Botswana et en Afrique du Sud en novembre 2021, est-il aussi dangereux que le précédent variant Delta ? Plusieurs études, en provenance d’Afrique du Sud et du Royaume-Uni, ont été publiées. L’occasion de faire un point épidémiologique sur ce que l’on sait et sur ce qui reste à déterminer.

    en prenant pour indicateurs les hospitalisations, la réanimation, les décès plusieurs études donnent à penser qu’omicron pourrait être bien moins pathogène que les précédents, sous réserve des difficultés à évaluer cela en fonction du nombre de réinfection, des disparités de la couverture vaccinale, de pyramide des âges fort distinctes.

    #hospitalisations #réinfections #vaccins

  • Pourquoi les soins psychiatriques sans consentement s’invitent dans la loi sur le passe vaccinal
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/30/pourquoi-les-soins-psychiatriques-sans-consentement-s-invitent-dans-la-loi-s

    Le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal soumis au Parlement contient une belle incongruité. L’article 3 (et dernier) de ce texte passé lundi 27 décembre en conseil des ministres porte sur les mesures d’isolement et de contention en hôpital psychiatrique, sans aucun rapport avec la gestion de la crise sanitaire. Il vient réparer en catastrophe des malfaçons en série du gouvernement au sujet des soins sans consentement en psychiatrie hospitalière. Trois censures du Conseil constitutionnel en dix-huit mois sur le même sujet sont passées par là.

    Le 19 juin 2020, saisie d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), l’institution présidée par Laurent Fabius censurait la loi de 2016 encadrant les mesures d’isolement (enfermement dans une chambre) et de contention (immobilisation médicamenteuse ou mécanique) dans les hôpitaux psychiatriques. Ces décisions, prises par les médecins pour des patients jugés dangereux pour les autres ou pour eux-mêmes, « constituent une privation de liberté » et ne peuvent pas être maintenues au-delà d’une certaine durée sans un contrôle par le juge judiciaire, gardien de la liberté individuelle, avait affirmé le Conseil constitutionnel.
    Trois censures

    Les ministères de la santé et de la justice ont donc fait voter, dans la loi du 14 décembre 2020, un nouveau dispositif permettant aux médecins de renouveler ces mesures « à titre exceptionnel » au-delà de la limite légale de quarante-huit heures pour un isolement et de vingt-quatre heures pour une contention, à la condition que le médecin informe « sans délai le juge des libertés et de la détention [JLD], qui peut se saisir d’office ». Mais patatras, nouvelle QPC, nouvelle censure, le 4 juin 2021. Selon le Conseil constitutionnel, cette information n’empêche pas de renouveler indéfiniment des mesures sans avoir la garantie d’un contrôle effectif par le juge. L’institution reporte au 31 décembre l’effet de cette censure, le temps pour le législateur d’établir un nouveau texte.

    Bon gré mal gré, l’avenue de Ségur et la place Vendôme se sont rangées à la saisine automatique du juge judiciaire à laquelle ils étaient rétifs, en raison notamment des craintes sur la capacité d’une justice déjà surchargée à faire face. L’article voté en novembre pour modifier le code de la santé publique prévoit que l’autorisation d’un juge est obligatoire pour pouvoir prolonger une mesure d’isolement au-delà de quatre jours ou une mesure de contention au-delà de trois jours. De quoi respecter enfin l’article 66 de la Constitution selon lequel « nul ne peut être arbitrairement détenu ».

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    • Mais le gouvernement a eu la mauvaise idée de glisser cet article dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, en dépit de l’avertissement de plusieurs parlementaires. Résultat, le 16 décembre, encore une censure ! Cette fois, le Conseil constitutionnel ne s’est pas prononcé sur le fond, mais sur la forme, dénonçant un cavalier législatif, c’est-à-dire une disposition sans rapport avec l’objet de la loi qui l’abrite. C’est ce même article qui se retrouve aujourd’hui dans le texte sur le passe vaccinal, mais le gouvernement a pris soin de le préciser dès le titre de son projet de loi « renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le code de la santé publique ».

      « Situation inédite de vide juridique »

      Reste une difficulté. Que va-t-il se passer dans les hôpitaux psychiatriques, et en particulier dans les unités pour malades difficiles (UMD), après le 31 décembre, date d’entrée en vigueur de la censure prononcée en juin, et le moment, d’ici à fin janvier 2022, où le nouveau texte devrait être promulgué ? « C’est une situation inédite de vide juridique, constate Paul Jean-François, psychiatre à l’hôpital Paul-Guiraud, à Villejuif (Val-de-Marne), et membre du bureau du Syndicat des psychiatres des hôpitaux. Notre responsabilité peut être engagée au pénal et au civil alors qu’il y a des situations d’urgence où nous n’avons pas le choix. Dans certains cas de crise, ne pas placer un patient à l’isolement poserait la question de la non-assistance à personne en danger. »
      D’un point de vue juridique, c’est donc l’état du droit antérieur à 2016 qui s’applique, sauf que recourir à l’isolement ou à la contention sans contrôle du juge judiciaire a été déclaré contraire à la Constitution. Des poursuites pour « séquestration » pourraient théoriquement être engagées. La Fédération française de psychiatrie recommande ainsi aux médecins de faire comme si… et de saisir le juge des libertés, conformément au dernier article censuré. Avec le risque d’interprétations divergentes par les JLD, certains pouvant tout simplement rejeter ces demandes d’autorisation sans base légale.

      Pour André Bitton, du Cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie, cette impasse législative à laquelle le gouvernement a été acculé « prouve le désintérêt des responsables politiques pour ces sujets, sauf quand on est sous un angle purement sécuritaire ». La Haute Autorité de santé avait préconisé, en 2017, la création d’un observatoire national des soins sans consentement et des mesures d’isolement et de contention, afin notamment de « participer et stimuler la recherche à partir du recueil des données nationales concernant ce sujet ».

      En 2021, on en est encore à rechercher une solution logicielle pour recueillir ces données de façon fiable et uniforme. Matignon avance néanmoins des chiffres selon lesquels 121 000 placements à l’isolement et 33 000 mesures de contention ont été prescrits en 2018 pour des personnes hospitalisées sans consentement.

      LA RÉFORME DES SOINS SANS CONSENTEMENT : TOUT SAUF UN LONG FLEUVE TRANQUILLE ! RETOUR SUR LES DIX ANS D’APPLICATION DE LA LOI DU 5 JUILLET 2011
      https://www.cneh.fr/blog-jurisante/publications/psychiatrie-et-sante-mentale/la-reforme-des-soins-sans-consentement-tout-sauf-un-long-fleuve-tranquille-reto

      N’avait pas relayé l’article, ayant l’impression que la psychiatrie intéresse peu ici. C’est sur ce « secteur » que s’est expérimenté le dégraissage du mammouth hospitalier dès la première mandature socialiste des années 80. Des dizaines de milliers de lits ont été supprimés, ainsi que le diplôme d’#infirmier_psychiatrique (sous Bérégovoy, en 1992)
      Analogie qui vaut ce qu’elle vaut : tout le monde a noté que les besoins actuels en réa ont contraint à utiliser des infirmières qui n’ont pas été formées pour ça. Pas simple avec du physiologique complexe et des protocoles très technique (coopération juste à temps, machines élaborées).
      En psychiatrie, on a fait comme si la relation thérapeutique était peu de choses, ou bien une affaire de psychiatres (on rigole quand on sait de combien temps dispose les psy dans les institutions) là où au contraire elle avait fait l’objet d’attentions multiples depuis des décennies. L’un des textes initiaux de la psychothérapie institutionnelle était le Cours aux infirmiers de Saint-Alban (1943-1945) : psychologie, psychiatrie, soins à donner aux malades de François Tosquelles. Ce même Tosquelles avec quelques idées sur l’"être avec", lui qui présentait le menuisier de Saint-Alban comme le soignant le plus efficient de la clinique.

      #fous #folie #hôpital #destruction_de_la_psychiatrie #psychiatrie #lits_d'hospitalisation_supprimés #accès_aux_soins #contention #isolement #hospitalisation_sans_consentement #vide_juridique #cavalier_législatif #droit_des_patients #droits_des_malades #droits_fondamentaux

  • Quelle #hospitalité est encore possible aujourd’hui ?

    À partir de quelques traits saillants de la définition de l’hospitalité, une analyse des pratiques d’hospitalité à l’épreuve du contexte politique actuel.

    Il existe plusieurs manières de définir l’hospitalité et l’une d’elles consiste à y voir un rapport positif à l’étranger. Autant dire un contre-courant radical des tendances du moment. L’action des gouvernements récents relèvent davantage d’une police des populations exilées, érigée en #politique mais qui précisément n’a rien de politique. Il s’agit d’une gestion, souvent violente et toujours anti-migratoire, des personnes, pour reprendre une idée empruntée à Étienne Tassin.

    Certes il existe une opposition à cette #gestion, mais elle ne forme pas un ensemble homogène. Elle est au contraire traversée de tensions et de conflits qui trouvent leurs racines dans des conceptions, moyens et temporalités différentes. Ce champ conflictuel met régulièrement en scène, pour les opposer, le milieu militant et les collectivités territoriales, pourtant rares à être volontaires pour entreprendre des #politiques_d’accueil*.

    L’#inconditionnalité de l’#accueil et la #réciprocité dans l’hospitalité sont deux piliers de ces pratiques. Elles nous aident à comprendre certaines tensions et certains écueils. Prenons-les pour guides dans une analyse des pratiques actuelles dites d’hospitalité, qu’elles soient privées ou institutionnelles.

    Inconditionnalité

    L’hospitalité se définit notamment par son inconditionnalité. Elle prévoit donc d’accueillir toute personne, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne et quelle que soit la raison de sa présence.

    Il est d’ailleurs intéressant de voir combien, dans la diversité des traditions d’hospitalité, cette question de l’origine de la personne accueillie est très différemment traitée. Certaines traditions interdisent simplement de questionner l’étranger·e accueilli·e sur qui ielle est et d’où ielle vient ; d’autres au contraire le prévoient, sans que cela conditionne ou détermine les modalités de l’hospitalité. Dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’une pratique d’ordre protocolaire.

    Aujourd’hui, l’équivalent de cette question porte, outre le pays d’origine, sur le statut administratif de la personne accueillie, c’est-à-dire sur la légalité ou non de son séjour sur le territoire. Le pays d’origine nourrit un certain nombre de préjugés que peuvent refléter les offres d’hospitalité privée quand les volontaires à l’accueil expriment une préférence en matière de nationalité. Ces #préjugés sont très largement nourris par la médiatisation comme le révèlent les contextes de 2015 au plus fort de l’exil des Syrien·nes ou plus récemment à la fin de l’été 2021 après la prise de pouvoir par les Talibans à Kaboul. La médiatisation des crises façonne la perception des personnes en besoin d’hospitalité au point parfois de déterminer l’offre. Le #statut_administratif conditionne de façon plus significative l’accueil et il peut devenir un critère ; autant du côté des collectifs citoyens d’accueil que des institutions dont les moyens financiers sont généralement conditionnés par le profil du public bénéficiaire et la régularité du statut.

    Qui organise aujourd’hui un accueil inconditionnel ?

    Une enquête récente (dont quelques résultats sont publiés dans cet article : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2021-3-page-65.htm) montre que les institutions et les collectivités territoriales rencontrent des contraintes qui entravent la mise en œuvre d’un accueil inconditionnel : la #catégorisation des publics destinataires distingués bien souvent par leur statut administratif et les territoires d’intervention en font partie. Les #collectifs_citoyens étudiés dans cette enquête réussissent à mettre ces contraintes à distance. Il faut préciser qu’à leur création, tous ne s’inscrivent pas dans un choix clair et conscient pour l’accueil inconditionnel mais c’est la pratique et ce qu’elle leur permet de comprendre du traitement administratif des populations exilées qui produit cet effet de mise à distance des contraintes. Le lien personnel créé par l’accueil explique également qu’il se poursuit au-delà des limites dans lesquelles le collectif s’est créé (statut administratif ; temporalité). Plusieurs collectifs montrent qu’un accueil inconditionnel a été effectivement mis en pratique, non sans débat, gestion de désaccords et disputes parfois, et grâce aux moyens à la disposition du collectif, à la capacité d’invention de ses membres et à l’indignation générée par le traitement administratif et politique des personnes et de la migration en général.

    Réciprocité

    « L’hospitalité, quoique asymétrique, rime avec réciprocité » (Anne Gotman)

    La réciprocité est un autre des éléments constitutifs fondamentaux de l’hospitalité. Comme le souligne #Anne_Gotman (Le sens de l’hospitalité), l’hospitalité pour s’exercer doit résoudre la contradiction entre la nécessaire réciprocité et l’#asymétrie évidente de la situation entre un besoin et une possibilité d’offre. Et c’est le décalage dans le temps qui permet cela : la réciprocité est mise en œuvre par la promesse d’accueil. On accueille inconditionnellement parce que tout le monde a besoin de savoir qu’ielle pourra être accueilli·e, sans faille, lorqu’ielle en aura besoin. Si l’on admet de considérer l’hospitalité comme une pratique de #don, la réciprocité est le #contre-don différé dans le temps.

    Cette interdépendance tient à un contexte où les circulations humaines et les voyages dépendaient de l’hospitalité sans laquelle il était impossible de trouver à se loger et se nourrir. Il s’agissait bien souvent d’un enjeu de survie dans des environnements hostiles. Si chacun·e a besoin de pouvoir compter sur l’hospitalité, chacun·e accueille. Aujourd’hui pourtant, la répartition des richesses et des pouvoirs au niveau global fait que ceux et celles qui voyagent n’ont plus besoin de l’hospitalité parce que cette fonction est devenue marchande et les voyageurs achètent l’« hospitalité » dont ielles ont besoin ; ce qui alors lui retire toute valeur d’hospitalité. Cette réalité crée une asymétrie, abyssale en réalité. Elle tire ses origines des fondations du capitalisme qui a construit l’Europe comme centre global et a posé les bases de la puissance et de la modernité occidentales.

    Aujourd’hui et dans le contexte français, cette asymétrie se retrouve dans une distribution de positions : celles et ceux qui sont les acteurs et actrices de l’hospitalité ne s’inscrivent plus dans ce système d’interdépendance dans lequel se situait l’hospitalité, ou se situe encore dans d’autres régions du monde. Ielles accueillent pour d’autres raisons. La #rencontre est souvent évoquée dans les enquêtes ethnographiques parmi les motivations principales des personnes engagées dans l’accueil des personnes venues chercher un refuge. Pourtant les personnes accueillies ne sont pas forcément dans cette démarche. Au contraire, parfois, elles se révèlent même fuyantes, renfermées par besoin de se protéger quand elles ont été abîmées par le voyage. Cette soif de rencontre qui anime les personnes offrant leur hospitalité n’est pas toujours partagée.

    Dans ce contexte, nous comprenons que l’hospitalité telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui autour de nous, et du fait de l’asymétrie des positions, pose une relation d’#aide. Or celle-ci est elle-même fortement asymétrique car elle peut se révéler prolonger et reproduire, dans une autre modalité, la relation de #domination. La #relation_d’aide est dominante quand elle ne conscientise pas l’asymétrie justement des positions et des moyens des personnes qu’elle met en jeu. Elle sortira de cet écueil de prolonger la domination en trouvant une place pour la réciprocité. C’est #Paulo_Freire qui nous a appris que l’#aide_authentique est celle qui permet à toutes les personnes impliquées de s’aider mutuellement. Cela permet que l’acte d’aider ne se transforme pas en domination de celle ou celui qui aide sur celle ou celui aidé·e.

    Pour éviter de rejouer une relation de domination, l’hospitalité qu’elle soit privée ou institutionnelle doit trouver ou créer un espace pour l’#aide_mutuelle. Dans les pratiques actuelles de l’hospitalité, les situations d’asymétrie sont nombreuses.

    Les deux parties réunies autour la pratique de l’accueil ne disposent pas d’une répartition égale de l’information sur chacune. En effet, les personnes accueillies disposent généralement de très peu, voire pas du tout, d’information sur les personnes qui les accueillent. Alors que les hébergeur·ses connaissent les nom, prénom, date de naissance et pays d’origine, et parfois des détails du parcours de la personne qu’ielles accueillent. Cette asymétrie de connaissance organise bien différemment la rencontre, en fonction du côté duquel on se trouve. Sans information, ce sont les représentations déjà construites qui s’imposent et plusieurs personnes accueillies témoignent de la peur qu’elles ont à l’arrivée, à la première rencontre, une peur du mauvais traitement qui peu à peu cède la place à l’étonnement face à la générosité, parfois à l’abnégation, des personnes accueillantes. On comprend qu’il contraste fortement avec les représentations premières.

    Une autre asymétrie, créant une forte dépendance, repose sur le fait de posséder un #espace_intime, un #foyer. Les personnes accueillies n’en ont plus ; elles l’ont perdu. Et aucun autre ne leur est offert dans cette configuration. En étant accueilli·es, ielles ne peuvent se projeter à long terme dans un espace intime où ielles peuvent déposer leur bagage en sécurité, inviter des ami·es, offrir l’hospitalité. L’#hébergement est généralement, au moins au début, pensé comme #temporaire. Ielles n’ont pas la maîtrise de leur habitat d’une manière générale et plus particulièrement quand des heures d’entrée et de sortie de l’habitation sont fixées, quand ielles ne disposent pas des clés, quand ielles ne sont pas autorisé·es à rester seul·es.

    Enfin cette relation dissymétrique s’exprime également dans les #attentes perçues par les personnes accueillies et qui sont ressenties comme pesantes. Le récit de soi fait partie de ces attentes implicites. Les personnes accueillies parlent de peur de décevoir leurs hôtes. Ielles perçoivent l’accueil qui leur est fait comme très fragile et craignent de retourner à la rue à tout moment. Cette #précarité rend par ailleurs impossible d’évoquer des choses mal comprises ou qui ne se passent pas bien, et ainsi d’éluder des malentendus, de s’ajuster mutuellement.

    Cette asymétrie finalement dessine les contours d’une relation unilatérale de l’accueil [peut-on encore parler d’hospitalité ?]. Les personnes et les entités (les institutions qu’elles soient publiques – collectivités territoriales – ou privées – associations) qui organisent une offre d’hospitalité, ne laissant pas de place à la réciprocité. Cela signifie que cette offre produit de la #dépendance et une grande incertitude : on peut en bénéficier quand l’offre existe mais on est dépendant de son existence. Par exemple, certains dispositifs publics ont des saisonnalité ; ils ouvrent, ils ferment. De même que l’hospitalité privée peut prendre fin : les collectifs citoyens peuvent se trouver à bout de ressources et ne plus pouvoir accueillir. Ou de manière moins absolue : les règles de l’accueil, dans le cas de l’hébergement en famille, sont fixées unilatéralement par les personnes qui accueillent : les heures d’arrivée et de retour ; les conditions de la présence dans le foyer etc. Cette asymétrie nous semble renforcée dans le cas de l’hospitalité institutionnelle où l’apparition du lien personnel qui peut produire de la réciprocité par le fait de se rendre mutuellement des services par exemple, a plus de mal à trouver une place.

    On le voit, il est nécessaire d’imaginer la forme et les modalités que pourraient prendre la réciprocité dans le cadre de l’hospitalité institutionnelle où elle ne peut surgir naturellement, mais également s’assurer qu’elle trouve un espace dans les initiatives citoyennes.

    Michel Agier voit dans le #récit_de_soi, livré par les personnes accueillies, une pratique de la réciprocité. L’accueil trouvé auprès d’une famille ou d’un foyer par une personne venue chercher un refuge en Europe ce serait le don. L’histoire de son exil racontée à ses hôtes serait le contre-don. Pourtant une analyse différente peut être faite : dans ces circonstances, le récit entendu par les hôtes relève d’une injonction supplémentaire adressée aux personnes venues chercher un refuge. Qu’elle soit implicite ou ouvertement exprimée, cette injonction structure la relation de domination qu’ielles trouvent à leur arrivée. C’est pourquoi le #récit ne peut représenter cette réciprocité nécessaire à l’instauration de l’égalité.

    La place de la réciprocité et l’égalité dans les relations qui se nouent autour des actes d’hospitalité se jouent à n’en pas douter autour des représentations de personnes auxquelles ces pratiques s’adressent : les discours dominants, qu’ils soient médiatiques ou politiques, construisent les personnes venues chercher un refuge comme des #victimes. S’il serait injuste de ne pas les voir comme telles, en revanche, ce serait une #instrumentalisation de ne les voir que par ce prisme-là. Ce sont avant tout des personnes autonomes et non des victimes à assister. L’#autonomie respective des protagonistes de l’acte d’hospitalité ouvre l’espace pour la réciprocité.

    #Politisation

    Le 21 décembre 1996, au Théâtre des Amandiers de Nanterre où avait été organisée une soirée de soutien à la lutte des « sans papiers », #Jacques_Derrida s’émeut de l’invention de l’expression « #délit_d’hospitalité » et appelle à la #désobéissance_civile. Suite à l’adoption d’une loi qui prévoit un tel délit et des sanctions jusqu’à l’emprisonnement, le philosophe invite à défier le gouvernement en jugeant librement de l’hospitalité que nous voulons apporter aux personnes irrégularisées. Avec cet appel, il transforme une opposition binaire qui mettait face à face dans ce conflit l’État et des immigré·es, en un triangle avec l’intervention des citoyens. Il appelle à la politisation de l’hospitalité.

    De son côté, Anne Gotman reconnaît le sens politique de la sphère privée quand elle devient refuge. Cette politisation s’exprime également par la mutation du geste d’hospitalité initial qui est action #humanitaire et d’#urgence à la fin de l’été 2015, quand les citoyen·nes ouvrent leur maison, offrent un lit et un repas chaud. En réalité, ielles créent les conditions d’un accueil que l’État se refusent à endosser dans l’objectif de dégrader les conditions de vie des personnes venues chercher un refuge pour les décourager. L’action citoyenne est de ce point de vue une #opposition ou une #résistance. Cette #dimension_politique devient consciente quand les citoyen·nes côtoient le quotidien des personnes en recherche de refuge et découvrent le traitement administratif qu’ils et elles reçoivent. Cette découverte crée une réaction d’#indignation et pose les bases d’actes de résistance conscients, de l’ordre de la #désobéissance.

    –-

    * Ceci dit, l’association des villes et territoires accueillants, l’ANVITA, a vu récemment le nombre de ses adhérents considérablement augmenter : en novembre 2021, elle compte 52 membres-villes et 46 membres élu·es.

    –-> Intervention présentée à la semaine de l’Hospitalité, organisée entre le 13 et le 23 octobre par la métropole du Grand Lyon

    Références :

    – « Philosophie /et/ politique de la migration », Étienne Tassin, éditions Raison publique, 2017/1 n°21, p197-215

    – Le sens de l’hospitalité. Essai sur les fondements sociaux de l’accueil à l’autre, Anne Gotman, PUF 2001

    – Lettres à la Guinée-Bissau sur l’alphabétisation : une expérience en cours de réalisation, Paulo Freire, Maspero, 1978

    – Hospitalité en France : Mobilités intimes et politiques, Bibliothèque des frontières, Babels, Le passager clandestin, 2019, coordonné par Michel Agier, Marjorie Gerbier-Aublanc et Evangéline Masson Diaz

    – « Quand j’ai entendu l’expression “délit d’hospitalité”… », Jacques Derrida, Intervention retranscrite, 21/12/1996 au Théâtre des Amandiers ; http://www.gisti.org/spip.php?article3736

    https://blogs.mediapart.fr/modop/blog/221121/quelle-hospitalite-est-encore-possible-aujourd-hui

    ping @karine4 @isskein

  • JT de 13 h de France 2 en direct de Dieppe : le fauteur de #troubles interpellé et gardé à vue
    https://www.paris-normandie.fr/id247644/article/2021-11-05/jt-de-13-h-de-france-2-en-direct-de-dieppe-le-fauteur-de-troubles-in

    #place_Nationale à #Dieppe, jeudi 4 novembre, un homme s’était approché du plateau et avait crié, pendant quelques secondes qui avaient paru bien longues, « Macron, démission ! #Benalla, en prison ! » Repoussé par le service d’ordre en place, l’homme n’avait plus perturbé l’édition et le journaliste présentateur Julian Bugier avait évoqué, alors, les aléas du #direct.

    Il refuse de donner son identité
    Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour le fauteur de troubles. Il a en effet été interpellé tout juste après les faits, aux abords de la place Nationale, par la police nationale. Emmené au commissariat, il a été interrogé au cours d’une garde à vue. L’individu a refusé de décliner son identité et a opposé un strict refus au fait de se faire fouiller. Tout juste a-t-il expliqué en vouloir au président de la République car il lui impute la faillite en 2015 de l’entreprise implantée près de Dieppe, dont il aurait été le patron. À l’époque, Emmanuel Macron était ministre de l’Économie et de l’Industrie. Au fait des propos décousus tenus devant les fonctionnaires de police, le procureur de la République a cru bon de présenter l’individu à un psychiatre. Lequel a hospitalisé l’homme en #psychiatrie à l’issue de la consultation

  • Manifeste pour une ville accueillante
    https://metropolitiques.eu/Manifeste-pour-une-ville-accueillante.html

    En plaçant l’hospitalité au centre de sa réflexion, l’architecte Chantal Deckmyn propose un riche manuel sur l’espace public contemporain. L’auteure interroge les conditions d’un réenchantement de l’urbain, s’inscrivant ainsi dans une longue généalogie de manifestes pour la ville. Avec Lire la ville, l’architecte Chantal Deckmyn entend aborder de front la manière dont l’urbain contemporain se rend hostile aux populations les plus fragiles : « Pour ceux qui n’ont pas de maison et sont de fait enfermés #Commentaires

    / #espace_public, hospitalité, #sans-abri, urbanité, #rue

    #hospitalité #urbanité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-fe_riel4.pdf

  • Covid-19 : face à la quatrième vague, les effets trop tardifs de l’accélération de la vaccination, selon l’Institut Pasteur

    L’immunisation d’une partie plus importante de la population sous la pression du passe sanitaire réduira le pic d’hospitalisations mais ne devrait pas suffire à éviter « un encombrement important à l’hôpital », d’après les dernières modélisations de l’équipe de Simon Cauchemez.

    L’accélération de la vaccination suffira-t-elle à contrer la quatrième vague ? Sans doute pas, selon les dernières modélisations de l’Institut Pasteur, mises en lignes mardi 27 juillet https://modelisation-covid19.pasteur.fr/realtime-analysis/delta-variant-dynamic. Selon ces calculs, l’immunisation d’une partie plus importante de la population sous la pression du passe sanitaire réduira la taille du pic d’hospitalisations, mais sans autres mesures, il pourrait bien être aussi haut que celui de la deuxième, voire de la première vague. « Si on reste sur une dynamique avec un taux de transmission égal à 2 [ce qui signifie que chaque individu infecté contamine en moyenne deux personnes], cela pourrait conduire à un encombrement important à l’hôpital », souligne le chercheur Simon Cauchemez, par ailleurs membre du #conseil_scientifique.

    Si, fin mai, lorsque le variant Delta n’était encore qu’une menace incertaine, le modélisateur espérait un « été tranquille », ses scénarios sont désormais bien plus pessimistes. Dans l’hypothèse où la vaccination atteindrait, en rythme de croisière, 700 000 injections par jour, et où la part des Français souhaitant se faire vacciner serait de 70 % chez les 12-17 ans, 90 % parmi les 18-59 ans et 95 % chez les plus de 60 ans, jusqu’à 2 500 hospitalisations quotidiennes sont attendues au pic, soit un niveau proche de celui de la deuxième vague, en novembre 2020. C’est moins que ce qui était anticipé le 9 juillet, avant l’annonce de la mise en place du passe sanitaire – jusqu’à 4 800 hospitalisations par jour, soit bien au-delà des 3 600 hospitalisations observées au pic de la première vague, en avril 2020 –, mais bien trop pour éviter que les hôpitaux ne débordent de nouveau.

    INFOGRAPHIE LE MONDE

    Le nombre de lits de soins critiques occupés au pic pourrait atteindre 5 400, voire 7 200, si les durées moyennes de séjour sont plus longues (quinze jours contre dix), c’est-à-dire les niveaux atteints lors des deux premières vagues épidémiques. « Une réduction du taux de transmission grâce à des mesures non pharmaceutiques reste donc importante pour limiter l’impact de la vague sur le système hospitalier », insistent les auteurs de ces projections, en précisant que « même de petites réductions peuvent avoir un impact important ». En abaissant le taux de transmission de 10 %, le nombre d’hospitalisations au pic ne serait plus « que » de 1 800, et de 1 200 avec une réduction de 25 %.

    INFOGRAPHIE LE MONDE

    « A la croisée des chemins »

    Le passe sanitaire y parviendra-t-il ? « Son effet est difficile à anticiper. Tout dépend de sa mise en œuvre », indique Simon Cauchemez, en rappelant que du point de vue du contrôle de l’épidémie, des mesures appliquées à l’ensemble de la population n’ont pas davantage d’intérêt que des mesures ciblant seulement les personnes non vaccinées. « Auparavant, on n’avait pas d’autre choix que de fermer un lieu où le risque de contamination est élevé. Maintenant, on peut le laisser ouvert pour les personnes qui contribuent peu à la transmission », précise le modélisateur, citant une étude sur l’épidémiologie du SARS-CoV-2 dans une population partiellement vaccinée.

    « On est à la croisée des chemins. Le fait qu’on soit passé de 2 000 à 20 000 [cas positifs par jour] en très peu de temps est un signal très inquiétant. Il va falloir suivre la situation de très près dans les jours et les semaines qui viennent pour voir si on réussit à casser cette dynamique », explique le modélisateur. A différentes reprises déjà, l’épidémie a pu suivre une trajectoire imprévue – du fait de la météo ou encore des vacances. « Dans le passé, on a vu des ralentissements ou des accélérations de l’épidémie sans pouvoir les expliquer. Il y a le virus, mais aussi l’ajustement du comportement des gens, indépendamment des mesures prises par les autorités », souligne-t-il. Depuis quelques jours, la courbe s’est ainsi infléchie dans plusieurs pays, comme au Royaume-Uni, sans explication claire – mais les Anglais totalement vaccinés étant bien plus nombreux que les Français, toute comparaison est hasardeuse. [ainsi 100 % des personnes de plus de 80 ans y sont vaccinées, un facteur décisif pour la part des décès, ndc]

    Alors que des départements envisagent de réinstaurer un couvre-feu et que le port du masque est redevenu obligatoire en extérieur dans 22 d’entre eux, une étude mise en ligne mi-juillet par une équipe de modélisateurs de l’université de Bordeaux https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.07.09.21260259v3 précise l’impact qu’on peut en attendre. Grâce à différentes méthodes statistiques, les scientifiques sont parvenus à démêler les effets des différentes interventions. Selon leurs calculs, le premier confinement a réduit le taux de transmission de près de 80 %, le deuxième confinement, avec les écoles ouvertes et un assouplissement du télétravail, autour de 50 %, et les différents couvre-feux, autour de 30 %, sans grande différence suivant qu’il démarre à 18 heures ou à 20 heures. La fermeture des écoles n’aurait, en revanche, contribué qu’à une diminution de 7 %.

    « Un phénomène d’usure des mesures »

    Ces calculs ne permettent cependant pas de comprendre la « mécanique » à l’œuvre derrière chacune des interventions. « Quelles que soient les raisons pour lesquelles ça marche, mettre en place un couvre-feu, ça marche ! », résume Rodolphe Thiébaut, coauteur de l’étude, en admettant avoir été surpris par ce résultat, qui contredit d’autres estimations basées, par exemple, sur le niveau de mobilité des Français pendant cette période. « Les mesures ont aussi un effet de signal pour la population », souligne le modélisateur, selon qui ces résultats ne sont pas transposables au contexte actuel.

    « Il y a un phénomène d’usure des mesures, donc l’efficacité qui a pu être constatée n’est plus la même au bout d’un certain temps », explique Pascal Crépey, épidémiologiste à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), citant les travaux de la modélisatrice Vittoria Colizza sur la « fatigue pandémique ». « Il peut être trompeur de lier une réduction du taux de transmission à une mesure, car ce pourcentage est malheureusement amené à baisser. Plus une mesure s’applique longtemps, moins elle est efficace », précise-t-il.

    L’effet du climat serait par contre très significatif puisque, selon les calculs de l’équipe de Bordeaux, il serait à l’origine d’une baisse de plus de 20 % de la circulation du virus en été et d’une augmentation de 10 % l’hiver. S’il se confirme, cela pourrait contribuer à décaler l’épidémie dans le temps, mais dans ce cas, « il faut s’attendre à une augmentation de la transmission du variant Delta de 30 % à l’arrivée de l’hiver », souligne Pascal Crépey, en rappelant que d’autres facteurs « non identifiés par le passé » peuvent aussi avoir un impact sur la dynamique à venir du variant. « Pour l’instant, ça va, mais on n’est pas sortis d’affaire », résume-t-il, en rappelant que les vaccinations qui ont lieu aujourd’hui n’auront pas d’effet avant le mois de septembre. « Les gens qui seront hospitalisés au 15 août ont été infectés aujourd’hui. Le tracé des courbes est déjà écrit et va se dévoiler dans les jours à venir. »

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/covid-19-face-a-la-quatrieme-vague-les-effets-trop-tardifs-de-l-acceleration

    #covid-19 #hospitalisations

  • Greece proposes Frontex be allowed to operate beyond EU borders

    Returning unapproved asylum seekers to their home countries could become an easier task if European border patrol agency Frontex could operate outside of European borders, Greek Migration Minister #Notis_Mitarakis said on Wednesday.

    Speaking virtually with German Deputy Minister for Migration Stephan Mayer, #Mitarakis added that bilateral agreements with other partner countries would be required for this.

    The Minister underlined that collaborating with third countries to prevent migrants’ departures from Turkey is also key, as is a strong presence of Frontex in relevant regions.

    Mayer called on Greek authorities to intensify efforts for improving the hospitality and welfare system for asylum seekers or recognized refugees in Greece, in view of reducing the attraction factor for irregular secondary migration influx.

    According to data he cited, some 13,000 people have sought asylum in Germany since the summer of 2020, but they had already received international protection status in Greece.

    He also said the two countries should work together on mutual guarantees so that more relocations to Greece are possible from Germany.

    https://www.keeptalkinggreece.com/2021/05/13/greece-frontex-eu-borders-operation

    #Frontex #proposition #externalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #accords_bilatéraux #mouvements_secondaires #Allemagne #Grèce #relocalisations

    –—

    Intéressant:

    Mayer called on Greek authorities to intensify efforts for improving the hospitality and welfare system for asylum seekers or recognized refugees in Greece, in view of reducing the attraction factor for irregular secondary migration influx.

    #attraction #dissuasion #hospitalité #accueil

  • Les Réfugiés de Saint-Jouin. Welcome to Normandy

    En septembre 2015, la commune de Saint-Jouin-Bruneval se porte volontaire pour accueillir une famille de réfugiés. Une partie des habitants s’organise et rénove un appartement de fond en comble. Et puis, plus rien. Commence une période incertaine, une longue attente. Le maire se heurte à la mauvaise volonté de l’État français et le logement proposé reste vide, pendant des mois. L’hostilité sourde et anonyme s’exprime, mais grâce à la ténacité de certains villageois, enfin, la famille Hammoud arrive de Syrie.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/51076_1

    #film #film_documentaire #documentaire
    #réfugiés #France #bénévolat #logement #accueil #peur #tranquillité #solidarité #communauté #humanisme #anti-réfugiés #village #campagne #racisme #changement #Plan_Logement_Migrants #commune_accueillante #attente #réfugiés_syriens #Saint-Jouin-Bruneval #solidarité #hospitalité

    ping @karine4

  • Symptômes dépressifs : hospitalisations des moins de 15 ans en hausse de 80 % - France - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/france/symptomes-depressifs-hospitalisations-des-moins-de-15-ans-en-hausse-de-


    Photo d’illustration Le Télégramme

    Angèle Consoli, pédopsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et membre du Conseil scientifique, a noté une « augmentation des symptômes dépressifs chez les moins de 15 ans, avec une augmentation des passages aux urgences et du nombre d’hospitalisations après passage de 80 % », ce lundi matin sur France Inter.

    Invitée ce lundi matin sur France Inter, Angèle Consoli est revenue sur la santé des jeunes. Et la pédopsychiatre n’a pas caché son inquiétude : « Il y a des retours de terrain, de l’ensemble des collègues sur tout le territoire national qui montrent qu’il y a beaucoup de demandes de soins, de consultations, d’indications d’hospitalisations, d’idées et de crises suicidaires, avec des jeunes qui relèvent de soins psychiatriques. Il y a aussi des données épidémiologiques fiables qui montrent une augmentation des symptômes dépressifs chez les moins de 15 ans, avec une augmentation des passages aux urgences et du nombre d’hospitalisations après passage de 80 %. De même pour la tranche 12/17 ans, avec des symptômes anxieux, dépressifs et des crises suicidaires ».

    « Un impact sur la santé mentale »
    Angèle Consoli a aussi expliqué déceler les symptômes chez les jeunes : « Certains signes doivent alerter les parents : un changement de comportement, ce qu’on appelle une rupture avec l’état antérieur. Si l’enfant est plus irritable, plus colérique, plus explosif, ou plus en retrait, qu’il s’isole… Ce sont des signes qui doivent alerter, aussi à l’école ou via le réseau de sien. Il faut qu’on soit vigilants : il y a un impact sur la santé mentale. Si cela arrive, il faut parler avec son enfant, quel que soit son âge, avec les mots adaptés. Lui demander ce qui l’inquiète, ce qui l’angoisse ».

  • La #Cour_des_comptes favorable au remboursement des psychologues par la #Sécurité_sociale
    https://www.francetvinfo.fr/sante/la-cour-des-comptes-favorable-au-remboursement-des-psychologues-par-la-

    Le remboursement des #psychologues_libéraux par l’#Assurance_maladie doit être « généralisé dès que possible », estime la Cour des comptes. Dans un rapport publié mardi 16 février, elle préconise, pour les cas les moins graves, « des #psychothérapies assurées par des psychologues libéraux » prises en charge par la Sécu, « sur prescription du médecin traitant », conformément au schéma expérimenté depuis deux ans dans les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, les Landes et le Morbihan.

    #psychiatrie

    La note de synthèse du rapport : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-02/20210216-synthese-parcours-organisation-soins-psychiatrie.pdf
    Le rapport : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-02/20210216-rapport-parcours-organisation-soins-psychiatrie.pdf

    • Alerte sur l’organisation de l’offre de soins en psychiatrie, Rachel Rodrigues
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/16/alerte-sur-l-organisation-de-l-offre-de-soins-en-psychiatrie_6070103_3224.ht

      La Cour des comptes publie ce mardi son rapport sur les parcours dans l’organisation des soins en psychiatrie, dressant le bilan d’un système désorganisé et déficient.

      Elle ne s’était pas penchée dessus depuis 2011. Mardi 16 février, la Cour des comptes a publié un rapport dressant un bilan des dysfonctionnements actuels en psychiatrie et dessinant d’éventuelles pistes pour une prise en charge plus adaptée des patients selon les besoins. Le rapport intitulé « Les parcours dans l’organisation des soins en psychiatrie » revient sur les enjeux majeurs propres au système de soins psychiatriques français, avec, au cœur des préoccupations, un manque de « gradation de l’offre » de soins, qui aboutit à une perte cruelle d’efficacité auprès des patients.

      Les besoins en psychiatrie sont multiples. Ils vont des troubles dits « légers » ou « modérés », qui comprennent la plupart des troubles dépressifs et anxieux, aux troubles « sévères », regroupant, entre autres, les troubles psychotiques et bipolaires. Ces derniers demandant évidemment des parcours de soins plus complexes. Dans l’état actuel des choses, ce manque d’organisation par niveaux de spécialisation est délétère pour la qualité des soins prodigués. Ainsi, dans son rapport, la Cour des comptes pointe du doigt l’existence de déficiences multiples concernant la prise en charge des patients aux troubles dits « sévères ».

      Lire aussi l’enquête : La très grande souffrance de la psychiatrie française
      https://seenthis.net/messages/663509

      En premier lieu, des hospitalisations trop longues, et un recours excessif à la re-hospitalisation sous contrainte. Mais également un manque accru de suivi des patients après l’hospitalisation, que déplore Dominique Monchablon, psychiatre à Paris : « Quand les patients sortent de l’hôpital, beaucoup arrêtent leur traitement. Il serait légitime de faire ce mouvement d’aller-vers pour continuer cet accompagnement. »

      Alors qu’elles étaient très fréquentes dans les années 1970, au début de la politique de #sectorisation des systèmes de #soins psychiatriques, les visites à domicile deviennent rares, voire inexistantes, pour assurer un suivi auprès des patients. « Finalement, dès qu’ils rentrent chez eux, s’ils sont en refus de soins, ils sont très vite abandonnés à leur maladie » , ajoute-t-elle. Un constat confirmé par le rapport de la Cour des comptes, qui souligne que seulement « 4,5 % des patients adultes [ont] bénéficié en 2018 d’actes à domicile » .

      Les médecins généralistes en première ligne

      A la sortie de l’hôpital, les patients sont redirigés vers les centres médico-psychologiques (CMP) pour un suivi ambulatoire, quand celui-ci n’est pas entravé par un manque de places [ça alors ! ndc]. « La psychiatrie libérale nous aide beaucoup, mais encore une fois, cela ne s’adresse qu’aux patients qui ont les moyens », ajoute Dominique Monchablon.

      En outre, les systèmes de soins spécialisés et CMP, déjà engorgés, se retrouvent submergés par des patients aux troubles dits « légers », qui pourraient être pris en charge ailleurs. Pour les auteurs du rapport, le diagnostic est clair : « Les moyens spécialisés sont souvent “asphyxiés”, faute d’être centrés sur les publics prioritaires. » Au niveau national, il serait donc impératif de mieux structurer cette prise en charge des patients, en orientant les cas de troubles dits « légers » vers d’autres structures. En d’autres termes, opérer un filtrage d’accès aux CMP grâce à une consultation préalable auprès d’un médecin généraliste ou traitant, dit professionnel de « première ligne ».

      A ce titre, un dispositif « autorisant la prise en charge par la Caisse nationale d’Assurance-maladie de psychothérapies faites par des psychologues libéraux, sur prescription des médecins traitants » est en expérimentation dans quatre territoires de la métropole (Landes, Haute-Garonne, Bouches-du-Rhône et Morbihan) et contribue à faciliter ce filtrage d’accès aux CMP. Ce parcours de soins pris en charge par l’Assurance-maladie, fonctionne de telle manière que le médecin traitant peut, en accord avec le patient, lui prescrire d’une à dix séances de psychothérapies, sous ordonnance. (..., ndc)

      Plusieurs réformes

      Un dispositif concluant, qui, pour l’heure, a remboursé 200 000 séances, et dont la Cour des comptes recommande la généralisation, sur l’ensemble du territoire, en appui à une disposition déjà présente dans le Ségur de la santé (mesure 31) concernant précisément « le développement de consultations par des psychologues, prises en charge par l’Assurance- maladie dans un cadre structuré » . La mesure en question prévoit également le recrutement de 160 psychologues supplémentaires dans les CMP.

      Ce rapport est publié alors que plusieurs réformes doivent faire évoluer le système de soins en psychiatrie. A l’instar des PTSM, ou projets territoriaux en santé mentale, qui ont pour objectif de réorganiser cette dernière à l’échelle d’un territoire pour plus d’égalité d’accès aux soins, et qui mériteraient, selon le rapport, d’être renforcés. Enfin, la réforme tarifaire des soins en psychiatrie, énoncée à l’article 25 du budget 2020 de la Sécurité sociale et initialement prévue pour 2021, a, quant à elle, été reportée au 1er janvier 2022. En 2018, en France, plus de 2 millions de patients ont reçu des soins dits ambulatoires, en #CMP.

      #hospitalisation_sous_contrainte

    • extraits de la note de synthèse du rapport de la CC

      Entre 1981 et 1991, en France, le nombre de patients hospitalisés à temps complet en psychiatrie, chaque année, dans un établissement sanitaire, est passé de 475 000 (soit 8,8 pour 1 000 habitants) à 250 000 (soit un taux de 4,3/1 000), ce qui traduit le résultat d’une politique de « désinstitutionalisation » . Or il était remonté en 2018 à 340 000 patients (pour) des durées d’en moyenne 55 jours. Parmi eux, 82 000 patients ont été hospitalisés sans consentement.

      [...]

      Lorsque l’on prend en considération l’ensemble des coûts, en incluant les prestations en espèces, comme le fait la Cnam dans ses études périodiques par pathologies publiées dans le rapport Charges et produits, les dépenses en soins de santé mentale et de psychiatrie apparaissent comme le premier poste de dépenses, avec 25 Md€ par an environ . Si l’on ajoute en outre le coût des prestations servies dans les situations chronicisées (en particulier l’allocation aux adultes handicapés ou AAH), on mesure l’impact potentiel de mesures destinées à prévenir le risque de chronicisation et à organiser des parcours incluant une réhabilitation . Or, le déploiement de soins plus précoces et gradués présente l’intérêt de réduire les prescriptions d’arrêts de travail (ainsi que de psychotropes) et surtout les séjours hospitaliers évitables .

      [...] le taux d’hospitalisation et les durées moyennes en nombre de jours d’hospitalisation en psychiatrie avaient baissé rapidement de 1960 à 1990, ces paramètres ont augmenté à nouveau, traduisant une sorte de « panne » dans le mouvement de « désinstitutionalisation » et plus généralement un accueil et un suivi peu efficaces . Une politique cohérente de gradation et de coordination des soins constitue ainsi un levier indispensable pour renouer avec la politique de soins inclusifs, dessinée dès 1960 .

      Il faudrait une lecture plus détaillée mais je ne vois dans ce rapport que l’essai de prolonger le renversement d’un « désaliénisme » émancipateur que la sectorisation des soins des années 60 a traduit en norme, rentable et peu soucieuse du soin. La « sortie de l’asile » au profit d’une politique de « responsabilisation » des fous et de modalités de prise en charge sur le territoire s’est faite à bas couts, et ce qui inquiète la cour des comptes c’est que la doctrine des courts séjours et de l’ambulatoire (au nom du bien des patients, évidemment), ne marche pas, et encore le nombre de fous à la rue ou en prison n’est-il pas évoqué dans ce document de la technocratie française.
      On forme plus d’infirmiers psy (spécialité supprimée durant les années 80), très peu de psychiatres, il va falloir filer du taff au psychologues au chômage sous forme de prescriptions de séances (à la quantité contingentée) par des toubibs (mèdecine générale) qui ont tendance à déconner dans leur prise en charge de la souffrance psychique (surprescription de psychotropes, histoire de « répondre » à la demande), eux qui délivrent des consultations tayloriennes de 20 minutes à une patientèle en surnombre, sans plus pouvoir accepter de faire fonction de « médecin référent sécu ».

      Le jeu de massacre continue.

      Mot manquant dans la note de synthèse du rapport CD : #lits (supprimés par dizaines milliers sur 40 ans)

      #psychiatres est présent trois fois, ce qui est une façon comme une autre d’en dire le manque, dont il n’est par ailleurs pas question ( mais après tout c’est devenu un métier féminin, c’est dire à quel point ça vaut pas grand chose).

    • Santé mentale : « Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour tout le monde ? » -
      Oriane Bentata-Wiener, Psychiatre, responsable du centre médico-psychologique (CMP) de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/24/sante-mentale-qui-soigner-quand-il-n-y-a-pas-la-possibilite-de-le-faire-pour

      Dans une tribune au « Monde », la psychiatre Oriane Bentata-Wiener tire la sonnette d’alarme sur les conséquences de l’absence de moyens financiers et humains accordés à la pédopsychiatrie en France.

      Tribune. Il serait temps de soumettre aux politiques et aux citoyens les choix impossibles et douloureux des médecins. Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour tout le monde ? La question est brûlante et rendue visible par la situation sanitaire actuelle, avec des services de réanimation qui pourraient avoir à faire le tri et « choisir » des patients en cas de surcharge des lits.
      Quels patients souffrant du Covid-19, à gravité égale, faudra-t-il choisir, à l’entrée du service de réanimation ? La mère, la jeune grand-mère, la fille ? Le policier, le cadre, l’artiste, le sans-abri ? Celui qui a une vie bien rangée, celui qui a une vie mouvementée… ?

      Mais cette question du « choix des malades » est à mon sens bien plus ancienne, déjà trop ancienne, depuis que les moyens ont été nettement réduits dans le monde du soin, notamment en psychiatrie où l’on ne peut déjà plus… soigner tout le monde.

      En tant que responsable d’un centre médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents dans le nord des Hauts-de-Seine, il s’agit d’une question quotidienne, tant les listes d’attente pour être reçu par des professionnels de santé mentale se sont allongées ces dernières années (souvent plus de six mois après une première demande). Les plages de consultation sont saturées.

      Où tracer la ligne de partage ?

      D’une part, les financements ne se sont pas accrus voire ont été réduits et, d’autre part, il existe une augmentation des demandes de soins psychiatriques ou psychologiques d’une population qui, de plus, s’accroît. Par ailleurs, nos partenaires (protection de l’enfance, écoles, établissements de soins, etc.) souffrent du même manque de moyens. Le CMP devient alors le réceptacle des enfants et des familles pour lesquels les soins qui seraient nécessaires et adéquats ne sont pas disponibles.

      La mission première d’un CMP est d’accueillir toute personne en état de souffrance psychique. Et la question est alors de déterminer qui soigner en priorité, quand on ne peut pas recevoir tout le monde. Avec mon équipe, nous étudions la liste d’attente… Où tracer la ligne de partage entre ceux qu’il faut soigner d’abord et ceux qui peuvent encore attendre ? Qui choisir ?

      C’est alors le domaine de l’éthique qui s’impose. En effet, les choix à faire sont tous des dilemmes pénibles et relèvent plus de l’éthique que de la connaissance médicale ou psychologique. Ce terme, employé à tort et à travers, apparaît le plus souvent vidé de son sens. Mais, dans notre travail quotidien, il s’agit d’un mot « chaud », dans le sens qu’il implique de résoudre des équations insolubles, car leur cause première est le manque d’argent…

      Il s’agit ici de la délibération insupportable avant de choisir quels patients – en l’occurrence, ici, quels enfants et leurs familles – accueillir en priorité. Nous retournons alors dans tous les sens les choix possibles et tentons d’établir des critères, dont nous prenons tout de suite conscience des aberrations.

      Des choix lourds à assumer

      Faut-il respecter l’ordre chronologique de la liste d’attente et accueillir progressivement les patients, sans prendre en compte le possible degré d’urgence ? Accueillir les plus nécessiteux financièrement, sachant qu’ils ne peuvent accéder au libéral ? Mais comment prétendre être un service « public » si les classes moyennes, voire les plus riches, ne peuvent y accéder, alors qu’elles peuvent être tout aussi malades ?

      Faut-il recevoir les patients ayant les pathologies les plus lourdes, par exemple les personnes ayant des troubles graves du spectre de l’autisme, alors que nous n’avons pas toujours les ressources pour les accueillir décemment ? Ou, à l’opposé, choisir ceux qui souffrent de symptômes aigus, en lien avec un événement de vie difficile (divorce, décès…), pouvant nécessiter une intervention plus ponctuelle ?

      Faut-il accueillir une tranche d’âge en priorité ? La période fragile et mutante de l’adolescence, durant laquelle les jeunes peuvent avoir des troubles du comportement majeurs ou des idées suicidaires ? Ou bien la petite enfance, quand tout semble encore amendable ? Les choix peuvent être multiples mais sont toujours lourds à assumer, car impliquant de laisser certains enfants sans soins alors que d’autres sont pris en charge.

      Conditions sociétales

      On peut se réjouir que le Covid-19, dans la plupart des cas, n’atteigne pas gravement les enfants. En pédopsychiatrie, il n’est certes pas question de risque vital. Néanmoins il est à questionner quelle considération on donne à la vie psychique. Alors qu’en réanimation se pose la question de vie ou de mort, il est aussi important de ne pas négliger ce qu’est la vie psychique d’un enfant et la valeur de cette vie. Qui est en fait l’avenir de toute la nation. D’où l’importance de pouvoir accueillir tout enfant en souffrance psychique.

      On peut assumer un choix quand on peut assumer les conditions dans lesquelles il s’exerce. Or, je ne peux pas répondre de certaines conditions sociétales, notamment le manque de financement qu’on nous impose, alors que nous sommes définis comme des unités d’accueil « mises à la disposition de la population ». Autant que les réanimateurs n’ont pas à endosser le manque de lits, les restrictions budgétaires, la politique délétère de l’hôpital-entreprise ou une certaine négligence citoyenne par rapport à la transmission du Covid…

      C’est trop lourd de faire peser les choix sur les seuls médecins et soignants, alors qu’ils résultent d’années de politiques de restrictions budgétaires et de désengagement envers l’hôpital. Ils devraient être mis dans les mains des citoyens et des politiques. Il serait temps de leur soumettre les choix impossibles des médecins et professionnels du soin. Car ces choix sont tellement douloureux et intenables qu’en prendre connaissance permettrait, sûrement, de faire en sorte qu’on n’y arrive plus jamais.

  • Pourquoi le nombre de malades entre les données de Santé Publique France et celles des hôpitaux est si différent. Notre décryptage - Nice-Matin
    https://www.nicematin.com/sante/pourquoi-le-nombre-de-malades-entre-les-donnees-de-sante-publique-france-

    Mic mac autour des chiffres de la Covid-19 dans les Alpes-Maritimes... Alors que tous les regards sont braqués sur le nombre de lits disponibles pour accueillir des malades souffrant de formes graves de Covid, on découvre d’importantes divergences dans les chiffres.

    Il ne s’agit pas de minimiser l’ampleur de l’épidémie ni sa gravité, alors que le virus continue de circuler activement sur le territoire. Mais de faire état de la réalité de la situation, aussi objectivement possible. Or la situation dans les Alpes-Maritimes, selon qu’elle s’appuie sur les données de Santé publique France, ou sur celles fournies au quotidien par les acteurs de terrain, prend des visages différents.

    Nous avons fait cette découverte après avoir reçu des courriers de médecins hospitaliers s’étonnant des discordances entre les informations diffusées par Nice-Matin au sujet des hospitalisations pour Covid (issues de Santé publique France) et les observations de terrain.

    Or, le nombre d’hospitalisations pour Covid-19 fait partie des indicateurs suivis avec la plus grande attention. Il rend compte du niveau d’occupation des lits dédiés à l’accueil des malades souffrant de formes graves de la Covid-19.

    Chaque jour, des personnels du CHU de Nice, établissement support des Alpes-Maritimes, interrogent ainsi tous les établissements accueillant des malades de la Covid-19, et recensent le nombre de lits occupés pour ce motif.

    Des informations précieuses, relayées à tous les professionnels hospitaliers ainsi qu’à l’ARS, et qui participent en premier lieu aux choix politiques : couvre-feu, confinement…

    Rappelons en effet que toutes les mesures prises ont pour objectif d’éviter une saturation des lits d’hôpitaux.

    De grosses différences pendant des semaines cruciales
    Nous avons pu nous procurer ces tableaux et les courbes d’évolution depuis début octobre, lorsque l’épidémie est repartie à la hausse après la trêve estivale. Et nous avons comparé les données y figurant à celles publiées par Santé publique France, établissement sous la tutelle du ministère de la santé. Données relayées par Nice-Matin, et l’ensemble des médias.

    Et là, nous avons constaté des différences majeures concernant les lits occupés mais aussi l’évolution de la courbe des hospitalisations pendant plusieurs semaines cruciales.

    À titre d’exemple, le 3 janvier dernier, Santé publique France comptabilisait 564 personnes hospitalisées avec un diagnostic Covid-19 dans le département des Alpes-Maritimes (dont 69 en réanimation), quand dans la réalité « seulement » 233 patients au total (dont 55 en service de réanimation) étaient ce jour-là hospitalisés dans l’un ou l’autre des établissements (privés ou publics). Comment comprendre cette différence d’un facteur 2.5 entre ces deux sources ?

    Phénomène plus préoccupant, on observe de vraies divergences dans l’évolution des courbes, pendant des périodes déterminantes. Ainsi, alors que celles traduisant la progression des hospitalisations pour formes graves dans les Alpes-Maritimes, produites par les acteurs de terrain, font état d’une relative stabilité, voire d’une décroissance, à compter du 10 novembre et pendant plusieurs semaines, la courbe publiée par Santé publique France décrit une croissance constante de ces hospitalisations.

    Depuis la levée du confinement, et les instaurations successives du couvre-feu à 20 h puis 18 h, les deux courbes sont quasi parallèles, en progression.

    Des patients en soins de suite qui continuent d’être comptabilisés
    Répondre à ces questions posées par ces données nous a valu une plongée dans un univers totalement kafkaïen, à l’issue duquel nous ne pouvons émettre que des hypothèses, chaque acteur n’ayant pu nous fournir d’explications exhaustives.

    Le chiffre des hospitalisations provenant des hôpitaux eux-mêmes inclut les patients en soins critiques, en lits de médecine mais ne tient pas compte à juste titre de ceux qui ont eu le Covid par le passé, et qui sont toujours hospitalisés en soins de suite et réadaptation (SSR), pour une prise en charge des séquelles de leur maladie.

    Des patients qui ne sont plus contagieux pour la grande majorité d’entre eux.

    « Au bout de 14 jours, ces patients devraient être sortis des bases, nous indique un spécialiste en santé publique. Dans la réalité, il est fréquent qu’ils ne le soient pas tant qu’ils restent présents dans les unités de SSR. De façon plus générale, les malades de la Covid-19 qui quittent l’hôpital après un séjour en réanimation ou dans un autre service ne sont pas toujours sortis des bases. Comme Santé publique France fait des extractions de ces données, elles sont mathématiquement supérieures à la réalité. »

    Difference Covid
    Pas de distinguo avec les patients PCR+ hospitalisés pour d’autres motifs

    Lorsqu’un patient est hospitalisé pour un motif quelconque (insuffisance cardiaque, décompensation diabétique…), dans l’un ou l’autre des services des hôpitaux ou cliniques, et qu’il est testé positif pendant son séjour, il rejoint le « pool des personnes hospitalisées pour Covid » dans la base de données, même s’il ne présente aucun symptôme.

    Lorsque des patients arrivent dans les services d’urgences avec une suspicion de Covid, ils sont aussitôt rentrés dans la base SI-VIC. Si le diagnostic n’est pas confirmé, ils doivent ensuite être retirés de la base, ce qui n’est là encore pas systématiquement fait.

    Le système de recueil de données inclut les patients positifs résidents en EHPAD, dans des maisons d’accueil spécialisé (MAS) et foyers d’accueil médicalisé (FAM), même si leur état n’a pas justifié une hospitalisation dans l’un ou l’autre des secteurs dédiés.

    Plus on teste, plus on trouve de positifs
    Au-delà des différences dans le nombre total de patients hospitalisés pour Covid, comment expliquer les divergences dans les trajectoires des courbes entre le 10 novembre et le 15 décembre ? Intrigués, aucun des spécialistes contactés n’a su pour autant nous répondre.

    La réponse s’explique peut-être en partie par le nombre de tests réalisés. Les Alpes-Maritimes figurent parmi les départements qui testent le plus en France. Or, plus on teste, plus on trouve de positifs. Des personnes testées positives alors qu’elles sont hospitalisées ou qu’elles résident dans des établissements sanitaires et sociaux, Ehpad en priorité (qui ont fait face pendant cette période à de nombreux clusters), rejoignent la case des personnes « hospitalisées avec diagnostic Covid-19 » sur le site de Santé publique France.

    On s’aperçoit, en suivant la courbe issue des données des hôpitaux, que l’accroissement du nombre de positifs ne s’est pas traduit par une augmentation des hospitalisations dans des structures de soins, et n’a donc pas constitué une menace pour le système de santé.

    La problématique est certainement nationale
    Si à l’issue de cette enquête de nombreuses questions restent posées, il reste que cette bataille des chiffres a matière à inquiéter de l’avis même des acteurs en première ligne dans cette crise : « C’est un biais terrible, alors que toute la communication est en effet basée sur les chiffres de Santé Publique France. Et la problématique est certainement nationale, nous confie l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat (chacun partage la même crainte d’être accusé de nourrir la théorie du complot).

    En pleine décroissance des hospitalisations, les journaux titraient : l’épidémie repart ! Et lorsque le couvre-feu à 18 heures a été instauré, on a aussi dit : ça explose à Nice ! La réalité, c’est que ça n’évoluait pas plus qu’ailleurs. »

    Développée dans des conditions d’urgence suite aux attentats de novembre 2015, la plateforme web SI-VIC (SI VICtimes) a permis aux agences sanitaires de disposer rapidement d’une base de données partagée et sécurisée adaptée aux événements générant de nombreux blessés (attentat, prise d’otage, accident sur la voie publique, etc.). Cette plateforme proposait ainsi un système de recensement des admissions aux urgences avec recherche de doublons et possibilités de transferts d’un service à un autre.

    Aujourd’hui, elle est utilisée par les établissements de santé dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 pour permettre le dénombrement des patients COVID-19 hospitalisés.

    • Quel est le nombre d’hospitalisations pour Covid-19 dans la région PACA ? - Nice-Matin
      https://www.nicematin.com/faits-de-societe/quel-est-le-nombre-dhospitalisations-pour-covid-19-dans-la-region-paca-63

      LA QUESTION DE CELIA Quel est le nombre d’hospitalisations pour Covid dans la région PACA ?

      Bonjour Célia,

      On navigue parfois dans la quatrième dimension lorsqu’il s’agit d’obtenir le nombre exact de personnes hospitalisées en région PACA. Preuve en est le mic mac que nous avons souligné ce vendredi dans les colonnes de Nice-matin à propos de discordances entre les informations diffusées par Nice-Matin au sujet des hospitalisations pour Covid (issues de Santé publique France) et les observations de terrain.

      En novembre, les courbes de Santé Publique France indiquaient une croissance constance des hospitalisations pour formes graves, toujours dans les Alpes-Maritimes, alors que les médecins sur le terrain relevaient des courbes stables, voire décroissantes.

      La révélation de ces importantes divergences a fait réagir, dans la foulée, le directeur général de la Santé. Une note interne signée par Jérôme Salomon exhorte les « établissements de santé d’effectuer la vérification et la mise à jour de l’ensemble des fiches des patients » Covid-19 afin de les mettre à jour avant le jeudi 21 janvier.

      Dans ce contexte, selon le dernier point de situation régional en Provence-Alpes-Côte d’Azur, publié le 15 janvier par l’Agence régionale de Santé, le nombre de personnes hospitalisées dans la région PACA est de 1 181 personnes (soit -5 par rapport au 14 janvier) ; 334 personnes étant en réanimation (soit +13 personnes) à cette date.

      "UN NIVEAU ÉLEVÉ" SELON L’ARS
      En terme d’occupation des lits, le Vaucluse est engorgé avec 100% pour le taux d’occupation des lits en réanimation, suivi du Var (91,6%), des Bouches-du-Rhône (90,2%), des Alpes-Maritimes (87,8%), des Alpes-de-Haute-Provence (75%) et Haute-Alpes (62,5%). 

      Dans les Bouches-du-Rhône, le nombre de patients en réanimation est de l’ordre de 192 (soit +12 patients). Les autres départements n’enregistrent pas de hausse sensible (+1) et les Alpes-Maritimes recensent même deux personnes en moins. 

      L’ARS note que « le nombre de cas hospitalisés et décédés a légèrement augmenté et reste à un niveau élevé ».

    • Ca donne du grain à moudre aux tennant·es des théories conspirationnistes. Un ami conspi m’expliquait il y a 2-3 jours que les chiffres étaient gonflés artificiellements. Et ca résonne étrangement avec la nouvelle cause anti-conspi de Jupiter. Est-ce que ces medecins de la région Paca vont se trouvé sous le viseur de la macronie pour conspirationnisme ? Vu la manière dont ce gouvernement utilise systhématiquement ses « grandes causes » (violences contre les femmes pour coupé les fonds des assos et ouvrir un marché sur les violences faites aux femmes, harcelement de rue pour ciblé les SDF et Migrants, violences policières pour aboutir à la loi securité global, loi séparatiste qui vérouille la liberté d’expression et crée de nouvelles discriminations islamophobes...) pour dégommer l’opposition et couvrir son incompétence volontaire ou pas en censurant la presse.

    • oui, c’est par un auteur ici présent, on va dire, sensible à ces thèses que je vois passer l’info que je reprends ici.

      La production de (données) statistiques demande de préciser les concepts, lesquels face à la réalité de la pratique ne fournissent pas toujours des réponses claires (quelle case dois-je cocher ?) Cela suppose donc des règles et des conventions et qu’on les applique de façon homogène entre chaque opérateur et avec constance pour un même opérateur. Autant dire que ça n’est jamais gagné et nécessite une lutte de tous les instants.

      Exemple, mentionné dans l’article, mettre à jour une information ou radier un élément sont des actions qui sont moins « gratifiantes » qu’ajouter un nouvel élément et donc une partie d’entre elles ne sont pas faites (cf. l’absence quasi totale de mise à jour ou de radiation des différents fichiers policiers qui entraine leur inflation perpétuelle).

      On peut trouver ça kafkaïen, mais c’est le prix à payer pour avoir des stats exploitable ; si on n’y attache pas d’importance, c’est l’exploitation des données qui devient kafkaïenne et, en vérité, impossible. Quand on travaille avec des données, on fait, plus ou moins implicitement, les hypothèses de cohérence des traitements, homogénéité entre agents et zones géographiques et stabilité dans le temps sont (à peu près) vérifiées.

      C’est embêtant quand l’ampleur des variations est telle que ça commence à se voir, comme ici. Mais quand on commence à chercher - et qu’on y passe le temps qu’il faut - on finit toujours par trouver des trucs …

      Dans un fichier, il n’y a plus de «  loups  » quand on ne les voit pas trop (ou qu’on ne les entend pas trop) et qu’en conséquence, on arrête de les chercher …

      À partir de quand s’arrêter de chercher, à partir de quand se mettre à douter de la fiabilité des chiffres ? #Bonne_question_Elkabbach

      Ceux qui ont un peu mis leur nez dans la production de données rigolent (jaune !) quand on leur sort des trucs du genre ; vous les statisticiens vous ne croyez qu’en vos chiffres.

      Ce qui nous amène à la phrase attribuée à Churchill : I only believe in statistics that I doctored myself soit je n’ai confiance que dans les chiffres que j’ai moi-même bidouillés.

      sur l’attribution de la citation, cf. https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-40610.php

    • Attention quand même  : si un gus rentre à l’hosto pour covid, au bout de 14 jours, il est toujours à l’hosto pour covid et il est important de pouvoir le tracer comme tel s’il y reste 2 mois.
      Radier les covidés au bout de 15 jours est juste un non-sens. Et une sale négation des covid longs.

      Quant aux PCR+++ qui rentrent à l’hosto pour « autre chose » que le covid… va falloir bien s’entendre sur le « autre chose », vu que cette merde est capable d’attaquer tous les morceaux  : tu peux très bien te taper un AVC ou un infarct provoqué par le covid  : la détresse respiratoire est très loin d’être le seul symptôme. C’est d’ailleurs la diversité des symptomes et le manque d’info à ce sujet qui font que nombre de covidés ignorent leur état et pensent avoir autre chose, ce qui n’aide vraiment.
      La vraie question, c’est comment on traite statistiquement le gus qui rentre pour un accident de la route ou un suivi de cancer et qui s’avère un PCR+++ qui s’ignorait ou les covid nosocomiaux que certains pays estiment à environ 10% des hospitalisés  ?

      Donc, prudence aussi avec cet article qui me semble tirer un peu fort vers une sorte de tradition locale de minoration du problème.

    • Il y a déjà eu une polémique assez similaire en octobre dernier :
      https://www.liberation.fr/checknews/2020/10/30/l-indicateur-du-taux-d-occupation-des-lits-de-reanimation-est-il-gonfle_1

      TLDR :

      Au final, les spécialistes interrogés s’accordent tous à dire que la tension des services de réanimation est une réalité incontestable. Même si l’indicateur officiel, donc, en est une transcription imparfaite, traduisant bien la pression de l’épidémie sur la structure hospitalière, mais ne renseignant guère, en réalité, sur le taux d’occupation en réanimation. Sa pertinence demeure toutefois défendue par la DGOS, qui estime qu’il reflète bien « le niveau de sollicitation, de mobilisation, de tension des services, région par région, en lien avec le coronavirus ».

    • Tout à fait d’accord avec @monolecte, l’article est bien tendancieux et vise à minimiser (c’est pour ça qu’il a plu et été pointé ici).

      Comme souvent, la question cruciale est qu’est-ce qu’on compte ? Il me semble, en tous cas c’est comme ça que je le comprends, qu’il s’agit des hospitalisations en raison du covid (mais je n’ai pas regardé la définition qu’en donne SPF). Dans l’article, on voit des constats, présentés comme des anomalies, qui s’ils étaient pris en compte modifieraient sensiblement cette définition (et feraient baisser les stats) :
      • ne compter que les contagieux ou les PCR+
      • ne pas compter les «  covidés  » en soins de suite

      Dans l’autre sens, il faudrait s’intéresser à la façon dont sont comptabilisés les contaminés à l’hôpital … Soit un sur sept d’après https://seenthis.net/messages/897181 . En effet, ils n’ont pas été comptés positifs au coronavirus à leur admission ; qu’enregistre-t-on dans les stats quand ils le deviennent ? Il faudrait prévoir un nouveau décompte : devenus positifs à l’hôpital. Ça compliquerait encore le suivi du stock, … :
      ∆ stock d’hospitalisations covid = admissions covid + contaminés à l’hôpital - radiations covidés (à l’admission ou en cours d’hospit)

    • Un autre aspect peu honnête est que l’article est très flou sur un point précis : est-ce que ça dénonce le fait qu’on compterait trop d’hospitalisations, ou juste trop de cas de Covid hospitalisés ?

      Le paragraphe qui expose le « problème » dit assez clairement que dans tous les cas, on compte bien des gens hospitalisés :

      Lorsqu’un patient est hospitalisé pour un motif quelconque (insuffisance cardiaque, décompensation diabétique…), dans l’un ou l’autre des services des hôpitaux ou cliniques, et qu’il est testé positif pendant son séjour, il rejoint le « pool des personnes hospitalisées pour Covid » dans la base de données, même s’il ne présente aucun symptôme.

      et que le souci est que parmi ces cas hospitalisés, on dit que certains sont Covid alors que non. Mais on parlerait aurait bien des gens réellement hospitalisés au final.

      Mais juste ensuite, on a une indignation anonyme qui dit explicitement :

      En pleine décroissance des hospitalisations, les journaux titraient : l’épidémie repart !

      Ah, donc il y aurait une baisse des hospitalisations. Ou bien, faudrait-il comprendre comme dans le premier paragraphe, qu’il y a une baisse des hospitalisations pour Covid, mais pas une baisse des hospitalisations tout court.

      Parce qu’au final, ce qui compte et qui détermine toutes les décisions, c’est la saturation des hôpitaux toutes causes confondues. Toute en sachant que le seul élément qui risque d’aggraver la saturation, de toute façon, c’est l’épidémie (ce n’est pas, cet hiver, la grippe saisonnière qui va réellement jouer, ni une épidémie d’accidents de voiture, ni la canicule…).

      Et la question de mesurer le taux d’occupation des réas, c’est déjà la pseudo-polémique d’octobre dernier.

      Parce qu’une fois que c’est saturé, c’est saturé, et les jeunes gens de 65 ans qui ont autre chose qu’un Covid ne seront pas sauvés parce qu’on est obligé de trier les patients, parce qu’il y a trop de gens de 55 ans avec le Covid qui occupent les lits de réanimation.

    • Juste pour le rappeler, si les stations de ski n’ont pas l’autorisation d’ouvrir les remontées mécaniques, c’est en particulier du fait du flux d’hospitalisations conséquents que ce sport génère. Je n’ai plus les chiffres en tête, mais ils étaient significatifs.

      Ergoter sans fin sur la définition d’un nombre n’a que peu d’intérêt à mon sens (et cet article n’a de ce point de vue qu’un intérêt documentaire, faute d’avoir le moindre intérêt pratique).
      L’important, à mon sens, quand on s’est mis d’accord à un instant T sur une mesure, c’est de tâcher de s’y tenir, et de respecter la décision, afin de pouvoir suivre la dynamique. La valeur absolue est sans doute perfectible, mais sa dynamique, la façon dont elle évolue, est plus opérationnelle à mon sens.

      Par exemple, pour les chiffres du chômage, ils auront beau changer les définitions de ce que c’est qu’être au chômage... la dynamique restera, et ils n’y pourront rien, politiquement... quand le chômage augmente... il augmente même quand on rend plus dur la définition du chômeur.

    • Il est clair que le but de l’article est de détruire la crédibilité des chiffres de SPF et d’ancrer dans les têtes qu’ils sont gonflés artificiellement. De ce point de vue, le graphique utilisé fait remarquablement ce (sale) boulot.

      Passons sur le fait que la mention des chiffres issus des données hospitalières ne décrit pas vraiment ni la source effective, ni la méthodologie, devant le constat de la divergence flagrante entre les deux séries à partir de début novembre, la première chose à faire (et impérativement avant toute publication) est d’analyser les écarts et de pointer les raisons de cette divergence. Pas justifier à l’unité près, mais pointer les flux entrants ou sortants qui échappent à l’une ou à l’autre.

    • De l’ordre de 5000 hospitalisations liées à une pratique en montagne pour la saison 2019-20 tronquée par le premier confinement. 6300 en 2010-11.

      avec un flux > 1000 hospi covid par jour depuis octobre, c’est clairement un argument majeur pour interdire le ski :-)

  • « En quête d’hospitalité(s) » - #LALCA

    En quête d’hospitalité(s) est une #traversée de la métropole lyonnaise, à l’écoute des lieux et des personnes en situation d’errance et de précarité. LALCA interroge l’hospitalité par le prisme de l’habiter, et principalement de cet habiter qui se fragmente dans la ville lorsque l’on dort dehors ou dans un logement non conventionnel, et qui impose de se déplacer pour subvenir à l’ensemble de ses #besoins_fondamentaux.
    Cet #essai_radiophonique part donc à la rencontre de quelques lieux d’hospitalité : les #Bains-douches_Delessert, la #péniche-accueil #Balajo, #Ensemble_pour_un_repas, la #Bibliothèque_municipale de Lyon et le #CADA Forum Réfugiés de #Villeurbanne pour tenter de construire ensemble une définition en mouvement de l’hospitalité.

    https://soundcloud.com/radio-traces/en-quete-dhospitalites-lalca

    #Lyon #hospitalité #bains_douche #bains_douches #bains-douche #habiter #se_laver #audio #SDF #sans-abrisme #sans-abris #urban_matter #villes #géographie_urbaine #pauvreté #miroir #douches #hygiène #lieu-ressource #lieu-répit #répit #confinement #solidarité #nourriture #repas #alimentation #femmes #femmes_à_la_rue

  • Ouvrir sa porte à l’inconnu. Récit d’une #solidarité_ordinaire

    En 2017, la journaliste #Julia_Montfort et son mari accueillent chez eux Abdelhaq, un jeune migrant Tchadien. De cette rencontre est née un constat : il existe une France accueillante et solidaire, et une envie : celle de la filmer. Julia Montfort est journaliste indépendante. Spécialisée dans les droits humains, elle collabore notamment avec Public Sénat pour la série « Les Dessous de la mondialisation ». Elle a reçu le Prix du jury du festival du film d’environnement (Québec) pour « Poussière d’or au Burkina Faso », une immersion dans les tréfonds de l’orpaillage. Elle réalise actuellement une web-série documentaire, « Carnets de solidarité », sur l’accueil citoyen de migrants et réfugiés en France. Cette série accompagne le lancement de sa chaîne YouTube destinée à diffuser un travail indépendant et financé par les spectateurs. This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community.

    https://www.youtube.com/watch?v=oNC4C4OqomI&feature=emb_logo

    #hospitalité #hospitalité_privée #asile #migrations #réfugiés #témoignage #accueil_privé #France #TEDx #vidéo #Paris #conférence #espace #solidarité #entraide #capacité_d'entraide

    ping @isskein @karine4

  • La très belle biennale #Traces (http://traces-migrations.org) n’a pas pu avoir lieu en présence d’un public en chair et os...

    Du coup, elle s’est transformée en émission #radio...

    Et vous pouvez retrouver les #podcasts ici (et c’est tellement incroyablement riche !!) :

    https://soundcloud.com/radio-traces

    Quelques #sons :
    La question des #Chibanis à travers le temps - Portrait de Jacques Barou
    https://soundcloud.com/radio-traces/la-question-des-chibanis-a-travers-le-temps-portrait-de-jacques-barou

    “Restez chez vous”, quid de la #crise_sanitaire dans les #quartiers_populaires ?
    https://soundcloud.com/radio-traces/sets/restez-chez-vous-quid-de-la-crise-sanitaire-dans-les-quartiers-populaire


    #coronavirus #covid-19 #confinement

    L’#île_égalité ! Un lieu occupé à #Villeurbanne.
    https://soundcloud.com/radio-traces/lile-egalite-un-lieu-occupe-a-villeurbanne

    #Hospitalité en France : Mobilisations intimes et politiques.
    https://soundcloud.com/radio-traces/hospitalite-en-france-mobilisations-intimes-et-politiques

    Pour construire l’hospitalité, interroger la notion d’ « habiter éclaté »
    https://soundcloud.com/radio-traces/pour-construire-lhospitalite-interroger-la-notion-d-habiter-eclate

    « #Corps_en_grève », #grève_de_la_faim des #travailleurs_immigrés en 1973 - Radio Dio
    https://soundcloud.com/radio-traces/corps-en-greve-greve-de-la-faim-des-travailleurs-immigres-en-1973-radio-


    #BD

    On a tous un ami noir, de #François_Gemenne
    https://soundcloud.com/radio-traces/on-a-tous-un-ami-noir-de-francois-gemenne

    #Laïcité, #racisme, #séparatisme, #islamophobie - Radio Dio
    https://soundcloud.com/radio-traces/laicite-racisme-separatisme-islamophobie-radio-dio

    "Plus Fort, j’entends rien", à propos du "#privilège_blanc" - Radio Dio
    https://soundcloud.com/radio-traces/plus-fort-jentends-rien-a-propos-du-privilege-blanc-radio-dio

    L’Ensemble industriel remarquable #Cusset-TASE
    https://soundcloud.com/radio-traces/lensemble-industriel-remarquable-cusset-tase

    Les mutations du droit des collectivités territoriales à travers l’accueil des migrant-e-s
    https://soundcloud.com/radio-traces/les-mutations-du-droit-des-collectivites-territoriales-a-travers-laccuei

    #migrations #histoire #mémoire #France #interview

  • Face à la haine et aux amalgames : « Redonner ses lettres de noblesse à la solidarité et à l’#hospitalité française »

    Elle appelle cela « l’#hospitalité_citoyenne ». #Julia_Montfort, journaliste et réalisatrice, a accueilli, comme beaucoup d’autres Français, un « migrant », Abdelhaq, originaire du Tchad. Elle raconte cette rencontre à Basta !, rencontre dont elle a tiré une web-série, #Carnets_de_solidarité. Son histoire nous rappelle que, loin des scènes indignes de harcèlement policier ou de commentaires racistes, des dizaines de milliers de citoyens font preuve de solidarité.

    Julia Montfort appelle cela « l’hospitalité citoyenne ». Comme beaucoup d’autres personnes en France, elle a ouvert sa porte pour accueillir un « migrant », Abdelhaq. Il avait alors 21 ans et ne devait rester que quelques jours. Il aura finalement vécu un an et demi chez Julia et Cédric, son mari. De cette expérience personnelle est alors née l’envie de raconter ce mouvement de #solidarité qui a gagné de nombreux foyers français – une réalité trop souvent invisibilisée – pendant que les politiques en œuvre choisissent trop souvent de harceler, humilier, reléguer dans la rue les exilés en quête d’accueil, ne serait-ce que temporaire. Réalisatrice, elle en a tiré une web-série passionnante, Carnets de Solidarité, qui offre la meilleure des réponses, en actes, à tous les préjugés, tous les cynismes ou toutes les haines qui s’accumulent sur ce sujet.

    Basta ! : Le point de départ de votre travail, c’est le #récit_intime de l’accueil d’Abdelhaq, chez vous, dans votre appartement. Avec le recul, qu’avez-vous appris de cette expérience d’hospitalité ?

    Julia Montfort [1] : Beaucoup de choses. Nous n’avons pas accueilli un citoyen français avec des références culturelles partagées : Abdelhaq est le fils d’un berger nomade, dans le sud du Tchad, qui parle un dialecte dérivé de l’arabe – le kebet – dont la vie consistait à garder les chèvres de son père ou à aller récolter du miel, autant dire une vie diamétralement opposée à la mienne. Tout nous séparait, et nous avons appris à trouver des #liens, à construire des ponts entre nos deux cultures.

    J’ai réalisé la portée de ce geste dès que j’ai ouvert ma porte devant ce grand gaillard de plus d’1 m 90, et que j’ai compris que le #langage ne nous permettrait pas de communiquer. Il apprenait les rudiments du français, mais il ne faisait pas de phrases, je ne parvenais même pas à savoir s’il aimait les pâtes. De fait, ce genre de situation permet aussi d’en apprendre beaucoup sur soi-même et sur notre rapport à l’autre. Cela m’offre aujourd’hui un ancrage très différent dans le présent.

    Il y a cette anecdote significative, lorsque vous racontez que vous hésitez plusieurs jours avant de lui signaler qu’il ne priait pas dans la bonne direction…

    Il se tournait exactement à l’opposé de la Mecque, nous ne savions pas comment lui annoncer, cela nous pesait, alors qu’au final, Abdelhaq a juste explosé de rire lorsque nous lui avons montré la boussole ! Une partie de notre complicité est née ce jour-là… Abdelhaq a une pratique très ouverte de sa religion, c’est notamment une façon de maintenir un lien avec son pays. Quand il est arrivé à Paris, son premier réflexe a été d’aller dans une mosquée, où il a pu être hébergé. C’est un peu son repère, son cadre. Mais depuis, on a constaté qu’il s’intéressait beaucoup aux autres religions.
    De notre côté, nous sommes parfaitement athées, et c’est probablement la première fois que j’ai côtoyé quelqu’un de religieux aussi longtemps, et aussi intimement. La probabilité que je puisse, à Paris, me retrouver directement confrontée à la réalité de la vie d’Abdelhaq était tout de même très faible, jusqu’à présent. Cela cultive une certaine #ouverture_d’esprit, et cela a généré aussi beaucoup de #respect entre nous.

    Pour autant, vous ne faites pas l’impasse sur les difficultés qui se présentent, aussi, à travers cette expérience. « L’hospitalité n’est pas un geste naturel, c’est une #épreuve », dites-vous.

    Il ne faut pas enjoliver cette expérience par principe, cela n’a rien de simple d’accueillir un étranger chez soi. Il faut s’ouvrir à lui, accepter qu’il entre dans notre #intimité, c’est une relation qui demande beaucoup d’énergie. Faire entrer l’exil à la maison, c’est aussi faire entrer des vies brisées et tous les problèmes qui accompagnent ces parcours du combattant… Et c’est compliqué quand, au petit-déjeuner, vous devez affronter son regard dans le vide, que vous voyez qu’il n’est pas bien. Tout paraît assez futile. J’ai parfois eu l’impression de plonger avec Abdelhaq. C’est le principe même de l’empathie, partager l’#émotion de l’autre. Mais quand c’est sous votre toit, il n’y a pas d’échappatoire, c’est au quotidien face à vous.

    Dans votre récit, vous utilisez très souvent les termes de « #générosité », de « #bienveillance », d’ « #humanité », comme si vous cherchiez à leur redonner une importance qu’ils ne semblent plus vraiment avoir, dans la société. Faut-il travailler à repolitiser ces valeurs, selon vous ?

    On pense toujours que la solidarité, l’#altruisme, l’#entraide, tout ça n’est que l’apanage des faibles. Ce seraient des vertus désuètes, bonnes pour les « bisounours ». Il a en effet fallu que j’assume, à l’écriture, de redonner des lettres de noblesse à ces mots-là. Car on a bien vu que tous ces petits #gestes, cette empathie, ces regards, ce n’était pas anodin pour Abdelhaq. On a vu comment cette solidarité qui s’est organisée avec les voisins l’a porté, lui a permis de se regarder autrement, de retrouver des prises sur le réel. Petit à petit, on l’a vu changer, reprendre pied. Et ça, c’est considérable.
    Et partant de là, on peut aussi se demander ce qui nous empêche d’appliquer cela à toutes nos relations – personnellement, j’essaye désormais d’être plus attentive à cette forme de #bienveillance dans mes échanges avec mes voisins ou mes amis, au travail. Cela semble toujours une évidence un peu simple à rappeler, mais c’est vertueux. C’est même l’un des principaux enseignements que nous avons tiré de notre expérience, à notre échelle : au-delà des difficultés, cela fait du bien de faire du bien. Diverses études documentent les bienfaits pour la santé de ces #émotions positives ressenties, cela porte même un nom – le « #helper’s_high », l’euphorie de celui qui aide. Donc oui, la solidarité fait du bien, et il faut en parler.

    De fait, votre initiative a rapidement fait la preuve de son effet multiplicateur auprès du voisinage, c’est ce que vous appelez la « #contagion_solidaire ».

    C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à raconter de cette expérience personnelle. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le discours sur « l’invasion » battait son plein. En 2017-2018, on est en plein dans la séquence où l’on entend partout que les migrants sont trop nombreux, qu’ils sont dangereux, qu’ils vont nous voler notre pain, notre travail et notre identité. Or à mon échelle, à Bagnolet, au contact de différentes classes sociales, j’ai vu le regard des gens changer et ce mouvement de solidarité se mettre en place, autour de nous. Et c’était d’autant plus significatif que nous étions officiellement devenus « hors-la-loi » puisque nous n’avions pas le droit d’héberger un sans-papier… De fait, lorsqu’on a reçu une enveloppe avec de l’argent pour payer le pass Navigo d’Abdelhaq, nous avons compris que nous étions plusieurs à accepter de transgresser cette règle absurde. Et à entrer ensemble dans l’absurdité du « #délit_de_solidarité ».

    « La chronique des actions en faveur de l’accueil des migrants montre une évolution au sein des sociétés européennes. Par leur ampleur et l’engagement qui les sous-tend, les formes de solidarité et d’hospitalité que l’on y observe s’apparentent de plus en plus à un mouvement social » affirme l’anthropologue Michel Agier, que vous citez dans votre livre. De fait, à l’échelle de la France, votre enquête tend à montrer que les démarches d’#accueil sont bien plus nombreuses et conséquentes qu’on ne le laisse souvent croire, vous parlez même d’une « #révolution_silencieuse ». Peut-on dresser une sociologie de ce mouvement social émergent ?

    C’est encore un peu tôt, on n’a pas assez de recul, on manque de chiffres. De nombreux chercheurs travaillent là-dessus, mais c’est un mouvement encore difficile à évaluer et à analyser. La plupart des gens restent discrets, par crainte de l’illégalité mais aussi par humilité, souvent. Mais lorsque j’ai présenté la bande-annonce avec l’objet de mon travail, j’ai été submergé de messages en retour, sur internet. Et de toute la France. J’ai réalisé qu’il y avait un défaut de #narration, et un défaut de connexion les uns avec les autres. La plupart agisse, chacun de leur côté, sans s’organiser de manière collective. Des mouvements et des plateformes se sont créés, sur internet, mais cette solidarité reste encore très « électron libre ». Il n’y a pas véritablement de #réseau_citoyen, par exemple.

    Pour ma part, ce que j’ai vu, c’est une France particulièrement bigarrée. J’ai vu des gens de tous les milieux, pas nécessairement militants, et beaucoup de #familles. En général, ils racontent avoir eu un déclic fort, comme par exemple avec la photo du petit #Aylan. Ce sont des gens qui ressentent une #urgence de faire quelque chose, qui se disent qu’ils « ne-peuvent-pas-ne-rien-faire ». La certitude, c’est qu’il y a énormément de #femmes. L’impulsion est souvent féminine, ce sont souvent elles qui tendent en premier la main.

    Ce #mouvement_citoyen est aussi, malheureusement, le reflet de l’#inaction_politique sur le sujet. Cette dynamique peut-elle continuer longtemps à se substituer aux institutions ?

    Il y a un #burn-out qui guette, et qui est largement sous-estimé, chez ces citoyens accueillants. Ils s’épuisent à « l’attache ». À l’origine, cette solidarité a vraiment été bricolé, avec les moyens du bord, et dans la précipitation. Et même si elle remplit un rôle fondamental, ça reste du #bricolage. Or ce n’est pas aux citoyens de pallier à ce point les défaillances de l’#État, ce n’est pas normal que nous ayons à héberger un demandeur d’asile qui se retrouve à la rue… La réalité, c’est qu’aujourd’hui, très régulièrement en France, on ne notifie pas leurs droits aux gens qui arrivent. Or toute personne qui pose le pied en France a le droit de demander l’asile, c’est une liberté fondamentale. Commençons donc, déjà, par respecter le #droit_d’asile !

    Je crois qu’on ne se rend pas bien compte de ce qui se passe, parce que cela se joue dans des zones de frontières, loin de Paris, donc cela reste assez discret. Mais on est face à quelque chose d’assez considérable en termes de violations de #droits_humains, en France, actuellement : à la fois dans le fait de bafouer ces droits fondamentaux, mais aussi dans le fait de criminaliser les personnes qui leur viennent en aide… Et pendant ce temps-là, on remet la légion d’honneur à Nathalie Bouchart, la maire de Calais, qui avait interdit les distributions d’eau pour les exilés ? Il y a quand même quelque chose qui cloche, dans ce pays.

    Cela n’a pas toujours été comme ça, rappelez-vous, en évoquant notamment l’exemple des « #Boat_People » (en 1979, l’accueil de 120 000 réfugiés vietnamiens et cambodgiens avaient obtenu un large consensus national, ndlr). Qu’est-il arrivé à cette grande « tradition française d’hospitalité », depuis ?

    Le contexte est très différent, par rapport aux Boat people. À l’époque, cela semblait sûrement circonscrit, tant dans le nombre que dans le temps. Aujourd’hui, la multiplication des conflits, un peu partout dans le monde, alimente cette idée que c’est un puits sans fond, qu’on va être submergé si on commence à accueillir trop largement… Plus fondamentalement, on le sait bien, une certaine #rhétorique s’est imposée dans les discours, sur ces questions : on parle de « flux », de « pompe aspirante », et tout ce vocable n’est plus l’apanage de l’extrême droite, on le retrouve dans la bouche des gouvernants. Tout ça insinue et conforte l’horrible mythe de « l’#appel_d’air ». Je crois qu’on oublie parfois combien les #discours_politiques contribuent à forger un cadre de pensée. Et en face, il y a un véritable défaut de pédagogie, on ne traite jamais de ces sujets à l’école, on ne produit pas de #contre-discours. Donc effectivement, c’est important de le rappeler : on a su accueillir, en France.

    Après l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty, vendredi 16 octobre, le débat public a pris des airs de course aux amalgames, avec une tendance à peine cachée à essentialiser toute une catégorie de population (demandeur d’asile, mineurs isolés...) comme de potentiels terroristes. Qu’est-ce que cela vous inspire, en tant qu’accueillante ?

    La #peur légitime et le #danger, bien réel, du #terrorisme ne doivent pas nous faire plonger dans une grande #confusion, en bonne partie entretenue par ma propre profession. Les journalistes ont une part de #responsabilité en entretenant ce lien dangereux, insufflé par nos gouvernants, qui envisagent la migration sous le spectre uniquement sécuritaire depuis les attentats terroristes de 2015. Nous avons besoin de #recul, et de #nuances, pour ne pas tomber dans la #stigmatisation à tout-va de tout un pan de la population, et éviter les #amalgames simplistes du type "immigration = terrorisme". Ce pur discours d’extrême droite n’est basé sur aucune étude formelle, et pourtant il s’est installé dans les esprits au point que ces femmes et ces hommes sont victimes d’un changement de perception. Hier considérés comme des personnes en détresse, ils sont désormais vus dans leur ensemble comme de potentiels terroristes car un assassin – ayant commis un acte effroyable – a préalablement été demandeur d’asile et a obtenu son statut de réfugié... Il s’agit d’un itinéraire meurtrier individuel. Les demandeurs d’asile, les mineurs isolés, les réfugiés sont les premiers à pâtir de ces amalgames. Les entend-on ? Très rarement. Leur #parole est souvent confisquée, ou bien nous parlons à leur place.

    Alors, il faut le rappeler : ces personnes exilées et arrivées en France aspirent simplement à s’intégrer et à mener une vie « normale », si tant est qu’elle puisse vraiment l’être après tout ce qu’elles ont traversé, et avec la douleur du #déracinement. Et ces étrangers, nous les côtoyons au quotidien sans même le savoir : ils livrent nos repas à domicile, se forment à des métiers dans des secteurs en tension où la main d’œuvre manque, ils changent les draps dans les hôtels. Nombre de médecins réfugiés furent en première ligne pendant le confinement... Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est justement de ramener de la mesure dans ce débat toxique et dangereux en humanisant ces destins individuels.

    https://www.bastamag.net/Redonner-ses-lettres-de-noblesse-a-la-solidarite-et-a-l-hospitalite-franca

    ping @isskein @karine4

    • Bon, j’ai une question : quand ce deuxième « confinement » a commencé, avec autorisation d’aller au boulot, à l’école, au lycée et pour 37.000 autres exceptions, on s’est dit que ça ne marcherait jamais et que, 15 jours plus tard, ils seraient obligés de le durcir.

      Un mois plus tard, il faut reconnaître que « ça marche ». Alors OK, pas « du feu de dieu », même pas aussi bien qu’au premier confinement, mais ça marche quand même un peu, ça sature et même ça baisse un peu, et même quand on ré-ouvre les commerces non essentiels.

      Qu’en tire-t-on comme morale ? Qu’en fait les pires lieux de contamination significatifs étaient les bars et les restos ? Là où on ne portait pas de masques ?

      #coronavirus #statistiques #morts #hospitalisations #confinement

    • On peut imaginer - et c’est ce qui circule un peu sur ce thème - que les comportements ont été massivement modifiés et, notamment, pour les personnes à risque, p. ex. parmi les personnes âgées et en relation avec elles. L’absence de contact physique est devenu la règle et les porteurs de comorbidité évitent les endroits les plus exposés.

      En même temps, on peut aussi voir dans l’autre sens et se dire qu’avec une activité économique quasi normale (aux notables exceptions de la restauration, hôtellerie, spectacles et culture,…) on a connu une vague pratiquement de même ampleur que la première…

    • @sinehebdo Qu’en tire-t-on comme morale ?

      j’ai l’impression qu’on ne peut pas en tirer grand chose comme morale : le confinement, strict ou pas, ça reste un gros marteau-pilon bien bourrin qui écrase tout, en particulier les tentatives d’analyses ; en pratique « on pourra pas savoir » si c’est le confinement qui « a marché » ou si c’est plutôt le comportement responsable des gens qui a fait le boulot, ou si tout simplement l’épisode 2 constitue un moissonnage parfaitement normal pour le virus, contre-mesures ou pas.

      à mon avis, on pourra au mieux avoir des hypothèses et de vagues interprétations, mais pas de vérité scientifique, par manque de preuves et de mesures d’impact, et aussi par manque de « groupe de contrôle » ; par ailleurs, je pense qu’il n’y a aucune intention de faire de post-mortem sur l’efficacité réelle des dispositifs mis en place.

      My 2 cts.

    • @simplicissimus juste pour confirmation, tu as mis le début de la descente le 23 nov ?

      sur la moyenne 7 jours glissants, en échelle linéaire, on dirait que ça à commencé un poil avant, plutôt le 19 nov :

      si je fais débuter le tronçon de régression au 23 nov, je trouve une pente à /2 en 38 jours (contre 39 sinon) ; sur la moyenne glissante 7 jours ; ça fait pluôt du -2% / jour.

      si on regarde les pics dc, le max - et le début de la descente - serait plutôt même le 9 nov. ; et la cassure des réa, très nette, est le 10 nov.

    • oui, j’ai mis la rupture le 22/11 (le 23 est le premier jour où ça aurait baissé) et vu les deux derniers points, j’aurais peut-être dû la retardée d’une journée.

      pour le suivi de conjoncture sur moyenne mobile, attention au déphasage lié à la MM7 : le dernier point calculé de celle-ci est à caler avec 4 jours de retard sur la dernière valeur utilisée

      pour localiser les ruptures, il vaut mieux travailler en cvs (c-à-d ici, en corrigeant du poids des jours de semaine)

    • tout-à-fait d’accord avec toi sur la morale (!?) de l’affaire

      je ne vois pas comment on pourrait répondre à la question de savoir quel a été l’effet des mesures prises en l’absence de toute situation de référence (groupe contrôle)

      ça a été un peu tenté pour le 1er confinement en utilisant les décalages dans les mises en œuvre du confinement, mais il y a tellement de facteur de confusion et, particulièrement, les différences nationales de comportement sociaux !…

      Enfin, s’il est clair que le gouvernement ne fera rien pour évaluer (d’ailleurs, le rapport produit par l’Assemblée sur la gestion de la crise n’a rien pour l’y encourager) il y aura forcément des tentatives pour (essayer d’)en tirer des leçons. Àmha, les conclusions seront déterminées par les hypothèses… ;-)

    • Le confinement même light ça reste un confinement. Il nous a semblé absurde par bien des aspects mais n’empêche que ça fait 1 mois et demi que je n’ai pas vu (ou presque) mes amis et ma famille. Bien sûr tout le monde ne le respecte pas à la lettre mais globalement on a une limitation assez forte des échanges, ce qui ne peut que réduire l’incidence du virus. Incidence qui reste forte (autour de 90/100000), bien au dessus du seuil d’alerte de 50 et surtout il semble qu’on soit maintenant sur un plateau, avec une baisse de + en + lente sur les derniers jours, donc ça peut repartir très vite si on se relâche (et voyez vous, on va pouvoir vérifier mon hypothèse car effectivement on se relâche et on va avoir une apothéose pour Noël et 1er de l’an).

    • j’ai pas fait les totaux des dc = « aire sous la courbe » pour les deux épisodes, mais a vue de nez, c’est kif ; même si l’épisode 2 a un profil assez différent du 1er - montée moins rapide, plus large, un poil moins haut, répartition territoriale différente, profil des réas très différent.

      l’un dans l’autre, probablement autant de morts (à l’hôpital) dans les deux cas ; et surtout, l’épisode 2 est pas fini :-)

    • N’est-ce pas un peu troublant qu’en plein débat sur le séparatisme contre l’islamisme qui tue, requalifié en défense de la laïcité, l’État laïc est en train de chipoter sur combien de milliers de morts il est prêts à accepter pour que les Français de culture chrétienne puissent fêter ensemble la naissance de leur prophète ?

      #Noël #laïcité