• Israël Sauve Des Ânes Maltraités À Gaza, Des Pro-palestiniens Crient Au Vol Et Au « crime De Guerre »
    i24NEWS | 09 juillet 2025 à 07:48 - i24NEWS
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    Une opération de sauvetage d’ânes maltraités dans la bande de Gaza a déclenché une controverse sur les réseaux sociaux, des comptes pro-palestiniens accusant Israël de « vol » et de « crime de guerre », tandis que les défenseurs de l’initiative y voient une mission de protection animale légitime.
    Une mission de sauvetage devenue polémique

    L’affaire a éclaté suite à la diffusion d’un reportage sur la chaîne israélienne Kan, documentant le transport d’ânes gazaouis vers la France. Plus de 600 animaux ont été sauvés depuis le début du conflit, incluant des ânes de Gaza, de Judée-Samarie et du sud d’Israël.

    https://x.com/i/web/status/1942268004076507384
    (...)
    Le refuge « Starting Over » dirigé par Sharon Cohen se spécialise dans la réhabilitation d’ânes, chevaux et autres animaux maltraités, négligés ou abandonnés. Selon les témoignages rapportés, de nombreux ânes découverts par les soldats israéliens portaient les traces de sévices physiques graves.

    Ces animaux avaient été soumis à des travaux forcés intensifs, traînant des charges lourdes sur des charrettes, souvent enchaînés et dans des conditions déplorables. Beaucoup présentaient des blessures et des cicatrices témoignant de maltraitances répétées.
    (...)
    Le refuge s’est rapidement retrouvé submergé par l’afflux d’animaux, hébergeant plus de mille ânes - la majorité provenant de Gaza, d’autres de Judée-Samarie. Face aux coûts d’entretien astronomiques, la directrice Sharon Cohen a dû chercher des solutions alternatives.

    Dans une opération conjointe avec un refuge local israélien et le ministère de la Protection de l’environnement, 58 ânes secourus ont été relocalisés vers un centre de réhabilitation où ils ont été adoptés par des familles locales.

  • En Tunisie, des migrants chassés, leurs défenseurs poursuivis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/04/en-tunisie-des-migrants-chasses-leurs-defenseurs-poursuivis_6617866_3210.htm

    En Tunisie, des migrants chassés, leurs défenseurs poursuivis
    Par Julia Pascual (Tunis et Sfax, envoyée spéciale) et Samuel Gratacap (Photos)
    Reportage« 2015-2025 : Dix ans de crise migratoire » (5/5). Depuis deux ans, le régime du président tunisien, Kaïs Saïed, financé par l’Union européenne, repousse les Subsahariens loin des villes, parfois violemment, et combat toute personne ou association qui les soutient.« Dieu voit tout. » Nana Tchana Apoline se raccroche à cette certitude depuis des mois. « Dieu voit tout », répète-t-elle. Et c’est bien le seul espoir qui survit chez cette femme de 29 ans, originaire du Cameroun. Elle marche sans but, sous un soleil de plomb, sur un chemin sablonneux du littoral tunisien. Il y a quelques heures, à quelques kilomètres de là, elle a été chassée par la garde nationale d’un campement où elle vivotait, avec Vidal, son fils de 2 ans. « On est démantelés à répétition, c’est grave », s’insurge-t-elle.
    Nana Tchana Apoline fait partie des quelque 20 000 migrants piégés dans des champs d’oliviers au nord de la ville de Sfax. Depuis 2023, des hommes, des femmes et des enfants, originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Burkina Faso ou encore du Mali, ont convergé vers cette région côtière, à moins de 300 kilomètres au sud de Tunis. Le site est devenu, pour moins de 1 500 dinars (442,61 euros) par personne, une rampe de lancement d’embarcations vers l’île italienne de Lampedusa, distante de moins de 200 kilomètres des côtes.
    Indésirables dans les centres-villes, les migrants subsahariens ont été peu à peu repoussés vers ces terres agricoles. Ils y ont aménagé des refuges sous des tentes de fortune, construites avec des couvertures et des bâches, tenues par des branchages ou du bois de palette. Ils s’y organisent un quotidien où l’attente d’une possibilité de départ le dispute à la recherche des moyens de subsistance.
    Les plus démunis s’approvisionnent en eau grâce aux tuyaux percés des systèmes d’irrigation agricoles, d’où jaillit un liquide salé et amer. D’autres préfèrent marcher deux heures sur des sentiers pour atteindre le robinet d’un cimetière. Tous se plaignent de diarrhées, quand ce n’est pas de la gale ou de la faim qui les tenaille et que beaucoup trompent avec des cigarettes bon marché. Pour garder un semblant de dignité, ils époussettent leurs nattes de plastique que la terre ocre recouvre à chaque coup de vent, se nettoient les dents avec un bâton, cherchent derrière un tronc l’intimité dont l’absence de latrines les prive.
    (...) Depuis la Tunisie, près de 100 000 hommes et femmes sont parvenus à gagner l’Italie en 2023 (dont plus de 17 000 Tunisiens). Une année record au cours de laquelle les arrivées ont triplé par rapport à 2022, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). En 2024, ils n’étaient plus que 20 000, alors que les autorités tunisiennes multipliaient les interceptions en mer. Depuis le début de l’année, moins de 2 000 personnes ont réussi la traversée. La route semble refermée. Sur les plages de la région de Sfax, des vestiges témoignent de voyages empêchés. Sur la grève de la petite commune côtière d’Ellouza, des amas de tôles froissées et rouillées sont comme échoués sur des tapis d’algues séchées. Ce sont des bateaux artisanaux faits de minces plaques de métal soudées, interceptés par la garde maritime, qui les a rendus inutilisables. Ces vulgaires coques de noix n’auront pas tenu leur promesse.
    Celles et ceux qui étaient montés à bord ont été contraints de prolonger leur séjour dans un pays qui les retient mais qui ne veut pas d’eux. Les « Africains », ainsi que les autorités les désignent communément, ne sont les bienvenus nulle part. « On est bloqués, comme enfermés dans un trou », explique Mahamadou, un Guinéen de 27 ans. Découragés, certains se résignent à rentrer au pays, en souscrivant aux retours volontaires proposés par l’OIM. Cette agence de l’ONU a accompagné 11 000 migrants depuis 2024. Mais, dans les camps, cette option suscite de plus en plus la méfiance. De nombreuses personnes assurent avoir été trompées par la garde nationale. « On nous fait monter dans des bus en nous faisant croire que ce sont ceux de l’OIM, mais on nous envoie en prison ou dans le désert », témoignent-ils.
    Les violences infligées aux migrants sont largement documentées par la presse internationale, mais aussi dénoncées par la médiatrice européenne, des rapporteurs spéciaux des Nations unies ou encore l’Organisation mondiale contre la torture. Inlassablement, ceux qui ont échoué à traverser décrivent leurs arrestations, les moteurs et les stocks d’essence dérobés par les gardes-côtes, les téléphones et l’argent confisqués, les coups, les refoulements collectifs, les morts.
    Fabrice, un Camerounais de 25 ans, porte une large balafre sur la tempe. Il affirme avoir été frappé avec une crosse de fusil. Il a aussi une cicatrice au coin de la bouche, stigmate de coups de rangers portés au visage. « On ne peut pas s’opposer, on a les mains attachées par des gaines en plastique », assure-t-il. Aboubakar Bah, un Guinéen de 19 ans, rapporte avoir été refoulé dans une zone désertique en Algérie, après une interception en mer. « Dans notre convoi, deux femmes sont décédées du manque d’eau, qu’on a dû enterrer », ajoute-t-il.
    (...) Depuis 2011 et la chute du régime de Ben Ali, la Tunisie et l’Union européenne (UE) affichent une coopération parmi les plus importantes. Elle se déploie au travers de quelque 170 programmes représentant, au bas mot, une enveloppe globale de 1,5 milliard d’euros. Le volet migratoire du partenariat mobilise environ 230 millions d’euros. Ils sont distribués à des opérateurs, parmi lesquels des agences de l’ONU ou gouvernementales, comme le Centre international pour le développement des politiques migratoires (auquel concourent de nombreux Etats européens), l’agence de coopération allemande GIZ ou l’opérateur du ministère de l’intérieur français Civipol. Leurs actions consistent, notamment, à fournir des moteurs et des groupes électrogènes à la garde maritime tunisienne, à construire des bateaux, à financer et organiser des retours volontaires, ou à former des cadres de la garde nationale…
    Fin mai, des effectifs de cette dernière ont été reçus en France pour une « visite d’étude » sur le thème de la recherche et du sauvetage en mer. Par ailleurs, en juin 2023, la France a annoncé l’octroi de 26 millions d’euros d’aide, destinée, en particulier, à des effectifs de police et de gardes-frontières. L’Italie, la Suisse ou encore l’Allemagne sont également d’importants bailleurs.
    La Commission européenne s’est beaucoup investie dans cette coopération. Le 16 juillet 2023, sa présidente, Ursula von der Leyen, était reçue au palais présidentiel de Carthage par Kaïs Saïed, accompagnée de la cheffe du gouvernement italien d’extrême droite, Giorgia Meloni (qui a rendu pas moins de quatre visites à l’autocrate depuis 2023), pour mettre en scène la signature d’un mémorandum d’entente entre l’UE et la Tunisie. « L’objectif est de soutenir une politique globale en matière de migration fondée sur le respect des droits de l’homme », avait déclaré Ursula von der Leyen.
    Au regard des violations manifestes et multiples de ces droits, le bilan est accablant pour l’UE. « Il y a une volonté commune et partagée de réduire les flux, mais la politique tunisienne, c’est la Tunisie qui la fait », se défausse une source diplomatique européenne, sous le couvert de l’anonymat. Interrogée par un parlementaire, la commissaire à la Méditerranée, la Croate Dubravka Suica, répondait au début de l’année, dans un langage administratif et creux, que « la Commission tient les autorités des pays partenaires et les [opérateurs] responsables du respect et de la protection des droits de l’homme. En cas d’allégations, des éclaircissements et un suivi sont assurés par la délégation de l’UE ». Une façon expéditive de balayer les critiques tandis que de nouveaux protocoles d’entente essaiment au sud de l’Europe avec des pays comme la Mauritanie, l’Egypte ou le Maroc, dans le but d’externaliser le contrôle des arrivées irrégulières.
    « Il ne se passerait pas ce qu’il se passe en Tunisie si l’Europe ne fournissait pas un soutien actif au pays. Le pouvoir a besoin d’argent », tranche, sévère, Ramla Dahmani. Cette femme a mis sa vie en suspens depuis le 11 mai 2024. Ce jour-là, sa sœur Sonia Dahmani, avocate spécialisée dans la défense des droits humains et chroniqueuse, a été violemment arrêtée au sein de la Maison de l’avocat de Tunis. Peu avant, elle avait dénoncé le racisme dans le pays et moqué la vision complotiste des autorités lors d’une émission télévisée. Alors qu’un chroniqueur affirmait : « [Les migrants] veulent nous prendre notre pays », elle lui a répondu : « Mais de quel pays magnifique parle-t-on, dont les jeunes meurent en mer pour pouvoir partir ? »Son frère, Mehdi Dahmani, 53 ans, vit à Tunis, loin des camps de la région de Sfax, mais, comme les migrants subsahariens, il éprouve la sensation d’être pris à la gorge. Dans son bureau de transitaire, où flotte un parfum de tabac, il raconte les parloirs hebdomadaires de quinze minutes derrière une vitre en Plexiglas, sa sœur qui vient d’avoir 60 ans dans la prison de La Manouba, son état « aléatoire », tantôt « euphorique », plus souvent « à plat », les lettres qui lui sont adressées et qu’elle ne reçoit pas, ses problèmes d’arthrose, l’impossibilité de faire de l’exercice dans la cellule mal aérée qu’elle partage avec cinq autres femmes.Il évoque aussi leurs parents, âgés de 82 et 83 ans, « qui se demandent s’ils reverront leur fille » – Sonia Dahmani elle-même n’a pas revu la sienne depuis plus d’un an. « On ne sait même pas pourquoi elle est en prison », lâche Mehdi Dahmani. L’avocate a déjà été condamnée à deux peines d’un total de vingt-six mois de prison pour ses propos à la télévision. Le 30 juin, elle a de nouveau été condamnée à une peine de deux ans de prison (dont elle a interjeté appel) et elle fait encore l’objet de deux procédures pour des propos concernant l’état des prisons et le traitement des prisonniers.
    En mai 2024, ils sont nombreux, comme elle, à avoir subi la répression du régime pour être du mauvais côté. Plus aucune association ne s’aventure à venir en aide aux migrants. Leurs responsables ont fui le pays, pour les plus chanceux. Les autres ont été réduits au silence ou enfermés entre quatre murs. A l’image de Mustapha Djemali, un Suisso-Tunisien de 81 ans qui a fait carrière au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a sillonné le monde, avant de fonder, en 2016, le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR). L’essentiel de l’activité du CTR consistait à fournir une aide de première nécessité et accompagner les démarches d’asile en collaboration avec le HCR. Le 2 mai 2024, le CTR publiait une annonce, recherchant des hôtels pour héberger des demandeurs d’asile en situation précaire. Le lendemain, Mustapha Djemali était arrêté. Depuis lors, le HCR n’enregistre plus de réfugiés dans le pays et Mustapha Djemali, de santé fragile, attend d’être jugé, dans une cellule qu’il partage avec une trentaine d’autres détenus. Son comité de soutien redoute qu’il « tombe dans l’oubli ».
    Des mois durant, les proches de ces prisonniers d’opinion n’ont pas osé parler, espérant la clémence du régime de Saïed, pariant, pour d’autres, sur les efforts diplomatiques de l’UE, comme bailleur de certaines des organisations visées… Leur sagesse a été vaine. Dans le quartier bourgeois de La Marsa, une autre famille lutte contre l’oubli. Celle de Sherifa Riahi, ancienne directrice de Terre d’asile Tunisie, incarcérée depuis le 7 mai 2024. « C’est dur, très dur, souffle sa mère, Emna Farida Riahi, 74 ans. Je pense à ma fille loin de ses enfants. La petite a fait ses dents, elle marche et sa mère ne voit rien de tout ça. »Quand Sherifa Riahi a été arrêtée, elle ne travaillait plus pour Terre d’asile depuis un an, mais officiait pour l’organisation de développement Swisscontact. Sa fille, qu’elle allaitait, n’avait que 2 mois. Elle a dû être subitement sevrée. Son fils avait 3 ans. Il ne l’a pas vue pendant onze mois. Jusqu’à ce que la famille puisse demander un parloir spécial, et ses enfants la voir autrement que derrière une vitre, une heure, une fois tous les quinze jours.
    Pour arrêter cette femme de 42 ans, ainsi que plusieurs membres de Terre d’asile (deux sont, comme elle, incarcérés), les autorités ont d’abord visé sa participation à une émission de radio, en 2022, où elle évoquait le difficile accompagnement des migrants, avant de lui reprocher la signature, la même année, d’une convention entre l’association et la municipalité de Sousse (le maire et une adjointe sont en prison également) pour le prêt d’un local d’activités. Aux yeux des autorités, un « plan » visant à aider des « migrants illégaux ». Les accusations les plus graves, de complot et de blanchiment d’argent, ont été abandonnées, tout comme les charges contre l’association, mais Sherifa Riahi et ses anciens collègues restent en prison.Au bout d’un an de détention, Emna Farida Riahi n’« espère plus revoir [s]a fille sortir un jour » : « Même ceux qui ont été condamnés ne sortent pas une fois leur peine purgée. » Depuis l’incarcération de Sherifa, elle se réveille toutes les nuits, chaque heure, et se précipite sur son téléphone pour vérifier si des informations nouvelles lui sont parvenues. Son petit-fils, lui, ne veut plus prendre de douche. Avant mai 2024, c’était un moment privilégié qu’il partageait avec sa mère. Il en a désormais la phobie. A quelques centaines de kilomètres plus au sud, recluse dans les oliveraies de Sfax, Nana Tchana Apoline ne se lave pas non plus. Tandis que son fils, Vidal, joue dans la poussière, elle répète et se convainc : « Dieu voit tout. »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#humanitaire#crise#politiquemigratoire#UE#sante#droit

  • « Marino Dubois », la ligne de vie des migrants en Méditerranée
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/27/marino-dubois-la-ligne-de-vie-des-migrants-en-mediterranee_6616101_3212.html

    « Marino Dubois », la ligne de vie des migrants en Méditerranée
    Connue sous le pseudonyme de « Marino Dubois » sur les réseaux sociaux, cette ancienne aide-soignante informe les migrants africains sur les traversées en mer, les départs, les naufrages et les disparitions.
    Par Mustapha Kessous
    L’histoire a commencé dans le salon un peu fouillis d’une maisonnette du sud de la France. Ici vivent deux chihuahuas, un gros chat, cinq tortues et… Marie* (à sa demande et pour des raisons de sécurité, son nom et sa ville de résidence ne sont pas divulgués). Une aide-soignante retraitée de 68 ans, aux longs cheveux argentés, qui ne lâche jamais des mains son téléphone portable à l’écran fissuré.Depuis près de six ans, elle partage ses journées – et une grande partie de ses nuits – avec d’innombrables voix qu’elle entend sur WhatsApp ou Messenger. Des cris ou des pleurs venus de Libye, du désert algérien ou d’une embarcation en pleine mer tentant de rejoindre l’Europe. Au bout du fil, des migrants en détresse bloqués de l’autre côté de la Méditerranée. Chaque jour, ils sont une centaine à l’appeler ou à lui envoyer des messages d’urgence : notes vocales, photos ou vidéos de leur calvaire… « Même sous la douche, je leur parle à travers le rideau. »
    ONG, journalistes, exilés ne connaissent que son sobriquet numérique : « Marino Dubois. » Ce pseudonyme – qui « ne veut rien dire », assure-t-elle – résonne aujourd’hui de Kamsar en Guinée aux champs d’oliviers tunisiens d’El Amra ; des plages de Laâyoune au Sahara occidental à la frontière poussiéreuse d’Assamaka au Niger. Elle maîtrise par cœur les indicatifs africains, les routes migratoires, la taille des embarcations, leurs moteurs et les ressorts du trafic d’êtres humains. « Le Black, c’est de l’or, hélas », dit-elle.
    Sur son unique page Facebook « Marino Dubois officiels 2 », suivie par plus de 84 000 abonnés, la retraitée dénonce les « atrocités » infligées aux migrants : tortures, viols, rackets par des policiers ou des « coxeurs », ces rabatteurs chargés d’organiser la traversée. Elle publie le visage d’exilés disparus recherchés par leurs familles, et expose celui des passeurs qui dépouillent les « voyageurs » – et parfois leurs numéros de téléphone –, s’attirant des menaces de mort de ces trafiquants. « Je sais que ma page est scrutée par les autorités en Tunisie, en Algérie ou ailleurs. Soit ces voleurs rendent l’argent qu’ils ont extorqué aux migrants, soit ils savent qu’ils peuvent être arrêtés. Je suis tenace. Je ne fais pas de figuration, je suis dans l’action. »
    Marie assure n’avoir qu’une obsession : « Sauver un maximum de vies. » Ainsi, elle partage dès que possible des informations sur les traversées, comme la météo maritime en Méditerranée ou en Atlantique, pour que ceux qui partent ne s’élancent plus « au hasard », les avertissant si la mer est paisible ou fatale. En cas d’urgence – bateau en détresse, accouchement imminent… –, elle alerte l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ou les garde-côtes des deux rives de la Méditerranée. « Ils peuvent intervenir, mais il faut insister », regrette-t-elle.
    Sur Facebook, Marino signale également les départs, les arrivées en Europe, les naufrages et les morts en mer. Un recensement des tragédies qu’elle consigne sur des cahiers à spirale, gribouillés par la dernière de ses petites-filles, âgée de 4 ans. « Marino Dubois est le pouls vivant du terrain. Elle fait partie des personnes les mieux renseignées en temps réel sur chaque événement », décrit-on du côté d’Amnesty International.
    « Les migrants l’appellent parce qu’ils ont confiance en elle. Son travail de veille est crucial, insiste l’organisation. C’est une ressource essentielle pour tous les acteurs. » Ces dernières années, les ONG ont pu documenter la répression envers les exilés en partie « grâce à Marino », confirme Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch (HRW) pour la Tunisie. « J’ai pris conscience bien tard à quel point elle était une référence. C’est peut-être la seule mémoire des migrants, reconnaît-elle. Elle est une porte d’entrée : si je dois m’entretenir avec un migrant, il peut me dire non ; si je lui dis que je viens de la part de Marino, il me répondra. »
    Une critique revient néanmoins : « il faut parfois vérifier ses informations, signale Salsabil Chellali de HRW. Elle en reçoit tellement qu’elle n’a pas le temps de le faire. » Justement, en avril, Marino Dubois a relayé sur sa page qu’un nourrisson de 3 mois aurait brûlé vif lors du démantèlement d’un camp en Tunisie. La garde nationale a démenti. « Même l’OIM ne m’a pas cru. Je maintiens. Pourquoi devrais-je remettre en cause ce que les migrants me disent ou m’envoient ? Moi, je les crois », clame-t-elle.
    Les exilés l’appellent « maman », « une brave dame qui représente à la fois une boussole, un gouvernail, une porte-parole, un soutien psychologique », atteste Azizou Chehou, coordinateur de l’association nigérienne Alarme Phone Sahara, qui défend le droit des migrants dans le Sahel.
    « Seule et bénévolement, insiste-t-elle. C’est super important de leur parler, c’est leur redonner une valeur. » Pour la remercier, on lui envoie des messages en forme de prières ou de poèmes. « C’est ma reconnaissance », confie la militante. Certains, une fois arrivée en France, sont venus lui rendre visite. « J’étais contente de les voir sains et saufs, mais ils étaient dans un état déplorable. Ils n’avaient plus rien. Je leur ai acheté des habits. »
    « Marinos Dubois reste un mystère », relève Mme Chellali. La remarque fait sourire l’intéressée. « On croit que je suis noire, ou que je suis mariée à un Africain, mais pas du tout. » L’Afrique ? Elle n’y est jamais allée. Les migrants ? Elle n’y connaissait pas grand-chose. « Mon père était menuisier, ma mère s’occupait de la famille, se souvient-elle. J’ai grandi en Dordogne, loin des misères du monde. »Son aventure avec les exilés commence le 19 juillet 2019 vers 20 h 20, peu avant la finale de la Coupe d’Afrique des nations de football. Ce soir-là, Mamoudou Barry, un Franco-Guinéen de 31 ans, est battu à mort à Canteleu, près de Rouen, victime d’une agression raciste devant sa femme. Sur Facebook, elle suit par hasard un live d’une jeune Algérienne qui dénonce le racisme en France. Elle laisse un commentaire : « Regardez, ce qu’il se passe aussi en Algérie. » « Le lendemain, j’ai reçu sur mon Messenger plein d’appels de Subshariens pour me remercier », se souvient-elle.
    Mais pourquoi un tel commentaire ? « J’avais déjà lu qu’ils étaient exploités là-bas, explique Marie. Les Noirs qu’ils soient en France ou au Maghreb sont maltraités et je ne sais pas pourquoi, mais ça m’est insupportable. » D’Algérie, des Subsahariens employés sur des chantiers lui confient leurs conditions de travail ou leur peur d’être arrêtés par la police. Elle commence à relayer leur crainte sur son compte Facebook. « Puis j’ai été contactée du Maroc, du Niger, de la Libye, du Sénégal, de partout », décrit-elle. Dès 2021 et surtout en juillet 2023, elle se concentre sur la Tunisie.
    Cet été-là, les autorités de Tunis commencent à verrouiller les frontières après avoir signé un accord avec l’Union européenne. « Je reçois des vidéos de gens expulsés dans le désert algérien, ou frappés par les militaires en pleine mer, et je dénonce, pointe-t-elle. On me menace de mort quand je rappelle que Kaïs Saïed [le président tunisien] a du sang sur les mains, mais les pays européens en ont aussi. » En Tunisie, les propos de Marino Dubois se heurtent de front aux discours antimigrants. « Il n’existe aucun pays au monde qui ait respecté et traité avec autant de bienveillance des dizaines de milliers de clandestins qui représentent un danger pour la paix publique et la stabilité sociale », fustige le député Tarek Mahdi accompagnant ses mots d’injures visant la retraitée.
    Marie, divorcée depuis longtemps, ne parle pas de son engagement à ses trois enfants. « Je ne veux pas qu’ils s’inquiètent pour moi », confie-t-elle. Il lui arrive parfois de faire des cauchemars, de voir des femmes ou des enfants se noyer lors d’une traversée. « La mort m’entoure. Je presse les migrants à rentrer chez eux, mais ils refusent d’entendre, se désole-t-elle. Certains ont rendu leur dernier souffle en ligne avec moi. Je vis avec eux. »

    #Covid-19#migrant#migration#routemigratoire#sante#santementale#humanitaire#migrationirreguliere

  • Le gouvernement tunisien propose des billets retour aux migrants de Sfax, sans passer par l’OIM - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65336/le-gouvernement-tunisien-propose-des-billets-retour-aux-migrants-de-sf

    Le gouvernement tunisien propose des billets retour aux migrants de Sfax, sans passer par l’OIM
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 24/06/2025
    Le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli, a déclaré vendredi que « l’État avait commencé à fournir des billets [d’avion] aux migrants africains irréguliers » pour qu’ils rentrent dans leur pays d’origine. La situation des migrants autour de Sfax s’est considérablement dégradée. La Garde nationale mène depuis plusieurs semaines des opérations visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers.
    L’annonce a été faite vendredi 20 juin. « L’État a commencé à fournir des billets [d’avion] aux migrants africains en situation irrégulière » pour qu’ils quittent la Tunisie et rentrent dans leur pays d’origine, a détaillé auprès de l’agence de presse tunisienne (TAP) le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli.
    La rédaction d’InfoMigrants a tenté de joindre la Garde civile pour avoir des détails sur cette décision. En vain.
    Depuis plusieurs années, le gouvernement de Kaïs Saïed a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité. Depuis février 2023, date d’un discours présidentiel virulent anti-migrants, le chef de l’État multiplie les restrictions pour pousser ces sans-papiers hors du pays. On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG.
    Sans possibilité de travailler ou de se loger, ces migrants d’Afrique subsaharienne ont été, ces derniers mois, acculés dans une extrême pauvreté. La majorité d’entre eux vivent dans des champs d’oliviers à al-Amra dans la région de Sfax - bien qu’il leur soit désormais formellement interdit d’installer ces campements informels dans la zone. Leurs tentes sont régulièrement brûlées par la Garde civile.
    Outre les sanctions économiques, les migrants sont aussi la cible d’arrestations arbitraires, de condamnations pour « séjour irréguliers », de rafles. Depuis plusieurs années, ils sont aussi violemment interceptés en mer Méditerranée, puis expulsés dans le désert, vers les zones frontalières de la Libye et de l’Algérie.
    Récemment, le gouvernement a rappelé « sa position ferme » : la Tunisie « refuse d’être la porte d’entrée ou une base pour [ces] immigrés clandestins », qui veulent tenter leur chance en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
    Intensifier les « retours volontaires » de l’OIM
    Et loin de relâcher l’étau autour des migrants, Kaïs Saïed a même serré la vis en appelant l’Organisation internationale des migrations (OIM) à intensifier sa politique de « retours volontaires » pour « rapatrier » plus d’exilés. C’est en effet via cette agence de l’ONU que les gouvernements internationaux (Libye, Maroc, Niger...) organisent les rapatriements des migrants en situation irrégulière.Le président s’était même dit déçu par le faible nombre d’éloignements en avril : « seulement 1 544 migrants » ont été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année 2025. Trop peu, pour le chef de l’État.
    Depuis, le dispositif de l’OIM tourne à plein régime. En cinq mois - de janvier à mai 2025 -, Houcem Eddine Jebabli et l’OIM ont déclaré qu’environ 3 500 migrants avaient quitté volontairement la Tunisie.
    Pour le seul mois d’avril, un total de 1 009 migrants avaient bénéficié du « retour volontaire ». Ce nombre « aurait pu être bien plus élevé si davantage d’efforts avaient été menés pour mettre un terme à ce phénomène inacceptable tant sur le plan humanitaire que juridique », avait ajouté Kaïs Saied dans une déclaration officielle - demandant à « toutes les autres organisations » concernées par ce problème à soutenir également « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers ».
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022.Pour les ONG, la politique de ces « retours volontaires » est surtout un constat d’échec. Ces Africains n’ont pas eu d’autres choix que de fuir la Tunisie après être devenus les boucs émissaires d’une politique présidentielle devenue virulente à leur égard, estiment-ils. Dans une interview à France 24, Romdhane Ben Amor, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays, affirme que « le terme de ‘retour volontaire’ est largement critiqué parmi les migrants, car il s’est transformé en un retour forcé ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#rapatriment#politiquemigratoire#retourvolontaire#droit#humanitaire#sante

  • Mer Méditerranée : 175 000 migrants secourus par des ONG allemandes depuis 10 ans - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65258/mer-mediterranee--175-000-migrants-secourus-par-des-ong-allemandes-dep

    Mer Méditerranée : 175 000 migrants secourus par des ONG allemandes depuis 10 ans
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 19/06/2025
    Plusieurs ONG allemandes en mer, dont Sea-Eye et Sea-Watch, ont indiqué mercredi avoir secouru 175 000 exilés en mer Méditerranée centrale entre 2015 et 2025. Les humanitaires demandent depuis des années à Bruxelles de créer une force européenne de sauvetage dans cette zone maritime extrêmement meurtrière, pour ne plus laisser la responsabilité des secours à la seule société civile.
    Les ONG de sauvetage en mer sous pavillon allemand ont secouru plus de 175 000 migrants en Méditerranée depuis 10 ans, ont indiqué mercredi 18 juin plusieurs organisations humanitaires allemandes qui ont exhorté les États « à enfin prendre leurs responsabilités ». Un chiffre qui pourrait être encore plus important si l’on ajoute le bilan d’autres ONG, notamment celui de SOS Méditerranée - qui a secouru plus de 42 000 personnes depuis sa création en 2015.
    Ces organisations humanitaires (dont Sea-Eye, Sea-Watch, SOS Humanity, ResQ-People…) « sont financées par des dons et soutenues par une large base sociale, mais la pression sur nous augmente », a alerté Mirka Schäfer, porte-parole de l’ONG allemande SOS Humanity."[Heureusement] le soutien de la société au sauvetage civil en mer est resté intact", a ajouté Sandra Bils du collectif United4Rescue (qui réunit plusieurs ONG allemandes), citant le soutien constant de villes, de syndicats, de crèches mais aussi d’entreprises. « Et ce malgré tous les obstacles [...] ».
    Dans le viseur des ONG : le décret italien Piantedosi, notamment. Ce texte a introduit en 2022 une série de mesures qui régissent les activités des navires de sauvetage en Méditerranée. Et en tête de pont, celle qui oblige les ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Généralement un port très éloigné de la zone de sauvetage, déplorent les humanitaires. Selon un rapport de SOS Méditerranée publié en février 2025, les bateaux d’ONG ont ainsi perdu 735 jours à rejoindre des ports de débarquements et parcouru au total plus de 275 000 km. Certains navires ont même jeté l’éponge. C’est le cas du Geo Barents de Médecins sans frontières, qui a mis fin à ses activités en Méditerranée centrale en décembre 2024, lassé des restrictions imposées par les autorités italiennes.
    Depuis 10 ans aussi, les drames s’enchaînent : plus de 25 000 personnes sont décédées ou ont disparu en Méditerranée centrale d’après l’Organisation internationales des migration (OIM). Et selon les dernières estimations de l’agence onusienne pour l’enfance (Unicef), environ 3 500 enfants sont décédés dans la même zone entre 2014 et 2024. Cela représente une moyenne d’un décès par jour pendant 10 ans.
    Dans cette région maritime se trouvent non seulement des navires humanitaires et les avions des ONG – comme le Sea Bird - mais aussi des patrouilleurs libyens et les drones de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Reste que la zone est immense et la présence de tous ces bâtiments n’est pas une garantie de secours. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent sans avoir été repérés. C’est pour cette raison que Mirka Schäfer de SOS Humanity demande aux États membres de l’Union européenne (UE) d’agir collectivement pour être plus efficace, « d’enfin prendre leurs responsabilités » et d’organiser un programme de sauvetage commun.
    Actuellement, les Vingt-sept « laissent sciemment des milliers de personnes se noyer ou être emmenées dans des camps de torture » en Libye, en ignorant les appels de détresse ou en entravant le travail des équipes de sauvetage civiles, dénonce-t-elle.
    L’entrave qu’évoque la porte-parole vise surtout les gardes-côtes libyens, autorisés par Bruxelles à mener des opérations d’interception de migrants en mer Méditerranée, dans les eaux internationales. Depuis un accord signé en 2017, en effet, la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale est assumée par Tripoli, et non par le centre de coordination de sauvetage maritime (MRCC) de Rome ou de La Valette, à Malte, comme c’était le cas auparavant. Les migrants secourus dans les eaux internationales sont par conséquent ramenés vers la Libye.
    Pourtant, le comportement des gardes-côtes de Tripoli a été maintes fois dénoncées par les ONG pour leur brutalité envers les exilés et leur méconnaissance du droit maritime international. Les Libyens empêchent parfois aussi le déroulement d’un sauvetage en mer en s’opposant aux ONG, en les menaçant, voire en tirant des coups de feu.
    En raison de cette violence en mer - et pour protester contre le retour forcé des migrants en Libye – les ONG appellent à mettre fin à cet accord UE-Tripoli.Deux organisations Refugees in Libya et Front-LEX ont même porté plainte contre Frontex, en 2024, pour que l’agence cesse ses activités en Méditerranée centrale. Les deux associations lui reprochent de communiquer quasi-systématiquement avec les Libyens pour leur fournir les données de géolocalisation des canots en détresse. Aux yeux des plaignants, Frontex se rend donc complice des crimes commis par le pays (débarquements forcés en Libye, détentions arbitraires de migrants, meurtres, tortures, viols...).
    Selon le décompte des ONG réalisé depuis 2015, 336 000 personnes ont ainsi été renvoyées illégalement en Libye (et en Tunisie). Et selon l’OIM, ils sont 10 600 depuis le début de l’année à avoir été ramenés dans le pays. Parmi eux, 9 000 hommes et environ 1 000 femmes.
    Les ONG en mer appellent aussi leur propre pays à agir, en l’occurrence l’Allemagne. Berlin doit « créer des voies migratoires sûres et légales » sans quoi les renvois vers la Libye se poursuivront, a réclamé Giulia Messmer, porte-parole de Sea-Watch. Concrètement, les humanitaires recommandent à l’UE de s’inspirer de « Mare Nostrum », la grande opération de sauvetage mis en place par la marine italienne entre 2013 et 2014 – lancé après un dramatique naufrage en 2013 qui avait fait 368 noyés. Mare Nostrum n’aura pourtant vécu qu’un an avant d’être remplacé par un dispositif européen moins ambitieux, Triton, arrêté lui aussi en 2018, puis relayé par Themis puis actuellement par Irini.

    #Covid-19#migration#migrant#mediterranee#libye#tunisie#allemagne#humanitaire#sante#protection

  • « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues » : à la frontière franco-italienne, les refuges débordés par un nouvel afflux de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65068/si-on-netait-pas-la-les-exiles-seraient-dans-les-rues--a-la-frontiere-

    « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues » : à la frontière franco-italienne, les refuges débordés par un nouvel afflux de migrants
    Par Louis Chahuneau Publié le : 12/06/2025
    À Oulx, en Italie, comme à Briançon, côté français, les refuges qui accueillent les migrants de part et d’autre des Alpes ont enregistré une forte hausse des arrivées au mois de mai, principalement des Érythréens et Éthiopiens. La préfecture des Hautes-Alpes confirme elle aussi cette augmentation. Les associations qui gèrent les lieux d’accueil dans la région redoutent une saturation cet été.
    L’été s’annonce chargé du côté de la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes. D’Oulx, ville frontalière italienne, à Briançon, côté français, les refuges pour migrants ont observé une forte hausse du nombre de passages au mois de mai, là où les pics sont traditionnellement attendus plus tard dans l’été. Quelque 1 687 passages ont été recensés par le refuge Fraternita Massi d’Oulx au mois de mai, contre 369 en 2024 soit une augmentation de 357 % sur un an. En 2023, le refuge avait enregistré 876 arrivées à la même période.
    "Le nombre de passages a augmenté à partir d’avril jusqu’à devenir énorme au mois de mai, lors duquel on a accueilli jusqu’à 130 nouveaux migrants en une journée, contre une trentaine d’habitude. Depuis une semaine, on observe une décrue, mais on sait bien que ces fluctuations dépendent des débarquements à Lampedusa, explique Silvia Massara, bénévole au refuge Fraternita Massi, contactée par la rédaction. Fin avril, l’agence de gardes-côtes européenne Frontex avait en effet enregistré une forte hausse des débarquements sur l’île italienne due à de bonnes conditions météorologiques pour traverser la Méditerranée centrale.
    1 000 interpellations au mois de mai 2025, contre 291 en mai 2024
    Contactée par InfoMigrants, la préfecture des Hautes-Alpes confirme elle aussi une hausse importante des passages de la frontière franco-italienne sur le mois de mai : « 1004 ESI [étrangers en situation irrégulière, ndlr] dont 425 majeurs et 579 MNA ont été interpellés » à la frontière, contre 291, l’année dernière à la même période.
    De manière plus large, les autorités affirment que depuis le début de l’année, 1437 majeurs et 1197 « individus se déclarant mineurs non accompagnés (MNA) » ont été interpellés à la frontière soit, au total, 2 634 interceptions. À Briançon, première ville française après le franchissement de la montagne, les Terrasses solidaires se disent elles aussi débordées depuis plusieurs semaines : « On a accueilli deux fois plus de personnes au premier trimestre 2025 qu’à la même période l’année dernière », détaille Émile Rabreau, chargé de communication à l’association Refuges Solidaires qui gère l’accueil des exilés. Parmi les nouveaux arrivants du mois de mai, 82 % sont des Érythréens et des Éthiopiens, et 33 % sont des mineurs non accompagnés, selon les statistiques du refuge d’Oulx consultées par InfoMigrants. « On accueille beaucoup de femmes et d’enfants par rapport aux mois précédents, et beaucoup de mineurs non accompagnés, parfois jusqu’à 30 par jour », constate Silvia Massara.
    Pour faire face à cet afflux, le refuge, qui peut accueillir jusqu’à 80 migrants pour quelques nuits, a dû disposer des matelas à même le sol, tandis que les Terrasses solidaires ont installé des tentes humanitaires sur leur toit. Mais ce n’est pas le seul problème : « Comme ils arrivent en tongs, notre principale préoccupation est de leur trouver des chaussures », ajoute la bénévole.
    Le plus fréquemment, ces migrants arrivent de Libye jusqu’à l’île de Lampedusa avant de remonter l’Italie jusqu’aux Alpes. Une fois arrivés à Oulx, ils tentent de traverser les montagnes à pied, en passant par le col de Montgenèvre, situé à 1 850 mètres de hauteur, ou plus rarement celui de l’Échelle. « Ce sont des profils particulièrement marqués psychologiquement, quand ce ne sont pas des personnes blessées physiquement, qui plus est après une traversée en haute montagne », explique Émile Rabreau de Refuges Solidaires.
    Face à la militarisation de la frontière et à la multiplication des forces de l’ordre constatées ces dernières années, les exilés prennent de plus en plus de risque : « Les migrants réussissent à passer d’une manière ou d’une autre, mais la crainte des jeunes de croiser les militaires les amènent à traverser la montagne par des endroits périlleux. On a des jeunes qui ont mis jusqu’à 12 heures pour atteindre Briançon », rapporte Silvia Massara. Ces dernières années, plusieurs migrants ont d’ailleurs trouvé la mort en tentant de passer la chaîne montagneuse, comme la Nigériane Blessing Matthew en 2018, dont les circonstances du décès demeurent floues.
    L’hiver, les températures glaciales, le brouillard et le sol glacé rendent la traversée très dangereuse, mais des accidents peuvent aussi intervenir en plein été. En août 2023, un corps de migrant avec des écorchures au niveau des genoux avait été découvert sur la route militaire des Gondrans, entre Briançon et Montgenèvre.
    C’est justement pour éviter ce genre d’incidents que les associations d’aide aux migrants tentent de faire de la prévention des risques, au lieu d’encourager le passage de la frontière. « L’enjeu pour nous est de savoir qu’on peut les accueillir dignement, leur fournir une alimentation saine, un accès aux soins, et une mise à l’abri, même si c’est normalement le devoir de l’État », explique Émile Rabreau.
    Mais à Briançon comme à Oulx, les refuges sont confrontés depuis quelques mois à des pertes de financements qui compliquent encore plus la situation. « On a traversé l’année 2024 en grande difficulté, et ça s’est aggravé depuis. Les frais continuent, et les aides n’arrivent pas. Depuis que la mairie d’Oulx est passée à droite, elle met un point d’honneur à fermer notre refuge », souligne Silivia Massara. Le refuge soutenu par le curé de Bussolin, Don Luigi Chiampo, survit grâce aux financements de la ville de Bardonnèche, de la région et des dons privés.
    À Briançon, la donne n’est pas tellement différente. « Depuis deux mois, l’association est victime d’une grave crise de financement. Les fondations dont on dépend ont subi des coupes budgétaires. On se demande comment on va continuer à travailler dans de bonnes conditions », s’inquiète Émile Rabreau. Refuges Solidaires a divisé par deux le nombre de ses salariés et compte sur la solidarité des bénévoles (plus de 600 en 2024) et la générosité de la population pour palier le manque d’argent. Et Émile Rabreau de conculre : « Si on n’était pas là, les exilés seraient dans les rues ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#alpes#briancon#routemigratoire#humanitaire#frontiere#sante

  • En Grèce, plus de 500 migrants secourus au large de la Crète
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/25/en-grece-plus-de-500-migrants-secourus-au-large-de-la-crete_6608375_3210.htm

    En Grèce, plus de 500 migrants secourus au large de la Crète
    Le Monde avec AFP
    Plus de 500 migrants au total, en majorité des hommes, ont été secourus depuis vendredi par les autorités grecques au large de l’île de Crète et transférés dans des centres d’accueil, a appris l’Agence France-Presse, dimanche 25 mai, auprès des gardes-côtes.
    Au cours de la journée de samedi, 280 personnes au total – dont 13 mineurs – ont été secourues, lors de cinq interventions distinctes, selon un communiqué publié dimanche. Quatre ont eu lieu au large de la petite île de Gavdos, au sud de la Crète, en Méditerranée orientale.
    La cinquième a concerné un groupe de 53 personnes qui ont débarqué samedi d’un bateau gonflable à Dyskos, dans le sud de la Crète. Elles ont déclaré avoir appareillé vendredi matin de la Libye à destination de la Grèce en payant « entre 150 000 et 200 000 livres égyptiennes » (de 2 600 à 3 500 euros). Parmi elles, un Soudanais de 24 ans, passeur présumé, a été arrêté, qui fait l’objet de poursuites judiciaires.
    Vendredi, 263 personnes au total (dont dix mineurs) avaient été secourues dans la même zone, au cours de cinq interventions distinctes également. La plupart d’entre elles avaient quitté Tobrouk, en Libye, à destination de la Grèce. Trois Soudanais, âgés de 19 à 23 ans, et deux Egyptiens, dont l’âge n’a pas été publié, passeurs présumés, sont également poursuivis, selon les gardes-côtes. Parmi les rescapés figurent surtout des ressortissants soudanais, égyptiens et bangladais, selon leurs déclarations aux autorités grecques.
    La Grèce est l’une de principales portes d’entrée en Europe des personnes fuyant les guerres et la pauvreté, en provenance d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Outre le passage habituel entre les côtes occidentales turques et les proches îles grecques en mer Egée (Est), une nouvelle route migratoire, au sud de la Crète, est de plus en plus fréquentée depuis ces dernières années. Les naufrages sont fréquents pendant ces traversées dans les deux zones.
    L’un des plus meurtriers en Grèce avait eu lieu le 14 juin 2023, quand un chalutier rouillé et surchargé parti de Tobrouk avait coulé au large de la péninsule du Péloponnèse (Sud) : plus de 750 personnes se trouvaient à son bord, dont plus de 600 auraient péri, selon l’ONU. Seuls 82 corps avaient été repêchés ; 104 personnes avaient survécu. Des dizaines d’entre elles ont déposé une plainte collective contre les gardes-côtes

    #Covid-19#migration#migrant#grece#lesbos#libye#routemigratoire#humanitaire#routemigratoire#sante#mortalite

  • Le Niger va rapatrier plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64632/le-niger-va-rapatrier-plus-de-4-000-migrants-expulses-dalgerie-dici-ju

    Le Niger va rapatrier plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet
    Par Clémence Cluzel Publié le : 19/05/2025 Dernière modification : 20/05/2025
    Le Niger a annoncé samedi vouloir appuyer l’Organisation internationale de la migration (OIM) pour accélérer le rapatriement dans leur pays d’origine de plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un "désastre humanitaire" face à cet afflux massif de personnes en situation irrégulière depuis le début de l’année.
    Le Niger envisage de rapatrier dans leur pays d’origine plus de 4 000 migrants expulsés d’Algérie d’ici juillet 2025. Les autorités nigériennes vont "appuyer l’accélération du programme de rapatriement de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) jusqu’au mois de juillet“ a déclaré samedi 17 mai le gouverneur de la région d’Agadez. En déplacement dans le Nord du pays qui concentre les arrivées massives de ces migrants, le général Ibrah Boulama Issa a justifié cette décision comme un moyen d’éviter “un désastre humanitaire”.
    Depuis 2014, le Niger et plus précisément la région du Nord, désertique et voisine de l’Algérie, connait un afflux de migrants irréguliers expulsés d’Algérie. Majoritairement issus d’Afrique de l’Ouest et centrale, ces candidats à la migration passent par le Niger, devenu pays de transit, pour rejoindre par la route la Libye ou l’Algérie et ensuite gagner l’Europe.
    En 2024, l’Algérie a expulsé plus de 31 000 de migrants vers le Niger, contre plus de 26 000 en 2023 selon l’ONG Alarm Phone Sahara (APS). "Au cours du mois d’avril nous avons connu une vague de refoulement sans précédent de migrants venant de l’Algérie", a affirmé le 17 mai le gouverneur d’Agadez à la télévision publique.
    Selon la police d’Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, "plus de 6 000 personnes ont été refoulées" au Niger uniquement en avril 2025. Pour comparaison, plus de 7 000 personnes en situation irrégulière avaient été expulsées sur l’ensemble du premier trimestre de l’année. Un pic a été atteint le 19 avril. Ce jour là, les autorités algériennes ont expulsé dans le désert, plus de 1 100 migrants. C’était la première fois qu’autant de personnes étaient refoulées en une seule journée.
    Les autorités algériennes affichent un double discours sur l’accueil et l’emploi des migrants. Alors que le président algérien Abdelmadjij Tebboune s’était dit ouvert à la régulation des travailleurs subsahariens sans-papier employés dans des secteurs en manque de main-d’œuvre lors d’une visite dans le sud-ouest de l’Algérie fin avril, sur le terrain la réalité est tout autre. Alger multiplie les expulsions de migrants illégaux vers le Niger.
    L’ONG Alarme Phone Sahara dénonce les conditions brutales et inhumaines dans lesquelles se déroulent ces refoulements. De nombreux migrants rapportent avoir été abandonnés en plein désert, se retrouvant contraints à parcourir plusieurs kilomètres à pied pour atteindre le village nigérien d’Assamaka. Depuis une dizaine d’années, cette localité située à 15km de la frontière, est devenue le réceptacle des migrants expulsés d’Algérie.
    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à une environnement très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°- 48°), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins. "Le cas des refoulés que nous recevons de l’Algérie est une situation qui perturbe l’équilibre sécuritaire [du Niger]", avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur. Il avait indiqué avoir demandé à l’OIM et au Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) "de faire rentrer" les migrants dans leur pays d’origine.
    Conséquence directe de l’accélération de ces expulsions depuis l’Algérie : les centres d’hébergement nigériens - du HCR comme de l’OIM - se retrouvent surpeuplés et peinent à faire face à cet afflux. Une situation qui provoque chez les résidents de ces centres un vif sentiment d’abandon. Dans le centre du HCR à Agadez, la situation n’a cessé de s’envenimer. Depuis 8 mois, les 1 900 exilés hébergés dénoncent leurs conditions de vie. Ils ne demandent pas de "retours volontaires" mais réclament leur réinstallation dans une autre localité du Niger ou dans un pays tiers. Pendant le mois de février, les coupons alimentaires ont été suspendus tandis que huit exilés ont été arrêtées. Depuis 2024, il n’y a plus de centre de soins dans le centre du HCR ce qui oblige les migrants à parcourir 10 km pour accéder à celui le plus proche.
    "Tout est catastrophique ici, on ne peut plus vivre comme ça", confie à InfoMigrants Daniel*, un Camerounais, hébergé depuis quatre ans. "On n’a rien à faire, on s’ennuie toute la journée et on ne nous traite pas bien", ajoute le demandeur d’asile. Si certains ont obtenu le statut de réfugié, d’autres sont toujours en attente du traitement de leur demande d’asile. Et ces formalités administratives s’avèrent très longues, entre trois ou quatre ans, parfois jusqu’à sept ans.
    "Le processus est extrêmement lent", reconnaît Emmanuel Gignac, représentant du HCR au Niger. Durant cette période, les demandeurs d’asile sont contraints de patienter au centre et n’ont que peu de perspectives. Un contexte qui génère de vives frustrations et le sentiment d’être bloqué.
    Pour les réfugiés, l’insertion dans la société nigérienne reste compliquée. Les migrants disent subir le racisme de la population locale, et des intimidations de la part du personnel humanitaire. Pour l’instance onusienne, le problème principal réside dans le fait que les exilés ne "veulent pas" s’intégrer dans la société nigérienne, et attendent une réinstallation qui n’arrivera peut-être jamais.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#assamaka#agadez#OIM#HCR#humanitaire#sante#reinstallation#rapatriement#asile

  • Méditerranée : plus de 350 migrants secourus en deux jours - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64635/mediterranee--plus-de-350-migrants-secourus-en-deux-jours

    Méditerranée : plus de 350 migrants secourus en deux jours
    Par La rédaction Publié le : 19/05/2025
    Plusieurs navires humanitaires se sont mobilisés ce weekend en mer Méditerranée pour secourir des centaines de migrants en détresse. L’Ocean Viking, l’Aurora et Humanity 1 ont enchaîné les opérations. Au total, 376 personnes dont des femmes et des enfants ont été sortis des eaux.
    Les navires des ONG n’ont pas chômé samedi 17 mai et dimanche 18 mai. En l’espace de deux jours, l’Ocean Viking, l’Aurora et Humanity 1 ont enchaîné les opérations de sauvetage en mer Méditerranée.
    Dimanche, l’équipage de l’ONG allemande SOS Humanity est venue en aide à « plus de 100 personnes » en détresse. Ils naviguaient sur deux bateaux « inaptes à la navigation ». Aucun des passagers ne portaient de gilets de sauvetage, précise l’ONG sur X. « Les survivants sont désormais à bord de notre navire de sauvetage et reçoivent les premiers soins médicaux ».
    La veille, l’Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée a procédé à trois opération de secours. La première, repérée grâce à une alerte d’Alarm Phone, a permis de sauver 65 personnes, dans la zone de sauvetage tunisienne (SAR zone). Ils se trouvaient à bord d’une embarcation en bois « surchargée », précise l’ONG sur X. Peu de temps après, l’Ocean Viking s’est dirigé vers une autre embarcation en détresse. Le navire humanitaire a rejoint l’Aurora, le bateau de l’ONG Sea-Watch, qui était déjà présent sur les lieux. Les 77 personnes secourues « dont deux enfants » ont toutes été « mises en sécurité » sur l’Ocean Viking.
    Ce matin, l’#OceanViking a reçu une alerte d’@alarmphone signalant une embarcation en bois surchargée dans la région de recherche et de sauvetage (SRR) tunisienne. 65 personnes ont alors été secourues par nos équipes. Plus tard, une nouvelle opération a été déclenchée dans la zone de sauvetage maltaise (SAR zone). Cent trente-et-une personnes se trouvaient sur une embarcation en bois « dont un bébé et quatre enfants ». « Beaucoup souffraient d’épuisement et de mal de mer et ont dû recevoir des soins médicaux à bord », peut-on encore lire sur X.
    Au total, l’Ocean Viking compte donc 273 rescapés à bord. Les autorités italiennes lui ont assigné le port d’Ancône pour débarquer les migrants, soit un port situé à 1 500 km de la zone de sauvetage - qui nécessite « 4 jours de navigation ». Ces dernières semaines, les traversées de la Méditerranée ont été nombreuses à la faveur d’une météo clémente. « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », avait tweeté Frontex, fin avril.
    Mais les drames sont fréquents sur une route aussi dangereuse. Les canots en bois, en fibre de verre ou en métal sont impropres à la navigation en haute mer, et peuvent dériver à cause de nombreuses avaries. La semaine dernière, le 11 mai, les membres de l’ONG ResQship ont récupéré les corps de deux enfants de 3 ans et 4 ans, lors d’une opération de secours en Méditerranée. « Ils étaient morts la veille, probablement de soif », a raconté Rania l’ambulancière du Nadir, dans un communiqué de l’organisation. Depuis le début de l’année 2025, 316 personnes sont déjà mortes en Méditerranée centrale. Un chiffre qui pourrait être beaucoup plus élevé : de nombreuses embarcations disparaissent en mer sans laisser de traces, sans être répertoriées. On les appelle les « naufrages invisibles ».

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#mortalite#sante#routemigratoire#humanitaire

  • Deux cent soixante-seize migrants secourus au large de la Tunisie par l’« Ocean-Viking »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/17/deux-cent-soixante-treize-migrants-secourus-au-large-de-la-tunisie-par-l-oce

    Deux cent soixante-seize migrants secourus au large de la Tunisie par l’« Ocean-Viking »
    Le Monde avec AFP
    Ocean-Viking, navire ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru 276 migrants, dont six enfants et trois bébés, lors de trois opérations de sauvetage, samedi 17 mai, au large des côtes tunisiennes et maltaises, a annoncé l’ONG basée à Marseille.
    Ces personnes, venant des territoires palestiniens, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Pakistan, du Bangladesh, de Guinée, du Maroc, de Somalie ou encore du Soudan, se trouvaient dans trois embarcations en détresse et, alors qu’elles souffraient d’épuisement et de mal de mer, elles ont pu recevoir des soins médicaux par les équipes de l’ONG. « Tôt ce matin, l’Ocean-Viking a reçu une alerte d’Alarm Phone signalant une embarcation en bois surchargée dans la région de recherche et de sauvetage (SRR) tunisienne », a écrit SOS Méditerranée dans un communiqué. Au cours de ce sauvetage, 68 personnes ont pu être récupérées. « Peu après, suite à une nouvelle alerte d’Alarm Phone, l’Ocean-Viking a rejoint une deuxième embarcation en détresse : le navire Aurora de l’ONG Sea Watch était déjà sur place et avait procédé à la première évaluation de 77 personnes, dont deux enfants. Toutes ont été mises en sécurité à bord de l’Ocean-Viking », a poursuivi l’ONG.
    Plus tard, leur équipage a repéré une nouvelle embarcation en bois en détresse dans la région de recherche et de sauvetage maltaise. « Cent trente et une personnes, dont un bébé et quatre enfants, ont été secourues par notre équipe », a précisé l’ONG.
    L’ONG s’est vu attribuer par les autorités italiennes le port d’Ancône comme lieu sûr de débarquement, celui-ci étant situé à quelque 1 500 km du lieu du dernier sauvetage, a expliqué l’ONG. « Cette décision des autorités maritimes italiennes impose quatre jours supplémentaires de navigation aux personnes rescapées et nous éloigne une fois encore des zones où les naufrages sont les plus fréquents et notre présence la plus essentielle », a-t-elle dénoncé.
    En 2024, 2 475 personnes tentant de rejoindre l’Europe ont disparu ou sont décédées en mer Méditerranée, dont la grande majorité en Méditerranée centrale, l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Elles sont déjà près de 500 depuis le début de 2025.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#humanitaire#routemigratoire#traversee#sante#malte

  • Mer Méditerranée : 190 migrants secourus par le navire humanitaire Sea-Watch 5 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64459/mer-mediterranee--190-migrants-secourus-par-le-navire-humanitaire-seaw

    Mer Méditerranée : 190 migrants secourus par le navire humanitaire Sea-Watch 5
    Par La rédaction Publié le : 09/05/2025
    Jeudi 8 mai, le navire Sea-Watch 5 a porté secours à environ 200 personnes, en détresse en pleine Méditerranée centrale. Sur l’ensemble de la semaine, 370 migrants ont été recueillis à bord des deux navires humanitaires (Sea-Watch et Aurora) de l’ONG allemande. Depuis le début de l’année, un peu plus de 300 migrants sont déjà morts dans cette zone maritime en tentant de rallier l’Europe.
    « Ce (jeudi) matin, notre Sea-Watch 5 a secouru 190 personnes sur deux embarcations en détresse », en mer Méditerranée, a posté l’ONG allemande Sea-Watch sur X, le jeudi 8 mai. « Nous sommes maintenant en route vers Civitavecchia qui nous a été attribué comme port sûr ». Quatre jours avant, l’équipe du navire Aurora, qui appartient à la même ONG, avait déjà porté secours à 71 migrants, dans la nuit du 3 au 4 mai.
    Enfin, le 1er mai, le Sea-Watch 5 avait déjà porté assistance à 109 personnes - avant de les débarquer le 3 mai en Italie et de repartir dans la zone de sauvetage. Ce jour-là, 104 migrants, dont 41 mineurs, avaient dans un premier temps été secourus dans une embarcation. Puis cinq autres personnes avaient été récupérées directement dans l’eau alors que le navire humanitaire était à la recherche d’un autre canot en détresse. En dix jours donc, l’ONG a secouru au moins 370 personnes en Méditerranée centrale.
    L’ONG française SOS Méditerranée n’a pas non plus chômé. Les équipes de l’Ocean Viking ont sorti des eaux 108 personnes dans la matinée du 5 mai. Elles avaient repéré deux embarcations surchargées en détresse dans la zone de recherche et de sauvetage libyenne. Un bébé de 11 mois fait partie des rescapés. « Beaucoup souffraient d’épuisement et du mal de mer, nécessitant une prise en charge urgente par l’équipe médicale », a écrit sur X l’ONG qui fat actuellement route vers le port d’Ortona « situé à 1 296 km de la zone de sauvetage ».
    Ces derniers jours, les traversées de la Méditerranée ont été nombreuses à la faveur d’une météo clémente. « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, fin avril. Entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants ont été débarqués sur la petite île italienne de Lampedusa. La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. Depuis 2014, date des premiers recensements de l’agence onusienne, plus de 24 000 exilés ont péri dans cette zone maritime. Parmi eux, près de 3 500 enfants sont morts ou portés disparus, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, d’après un rapport de l’Unicef. Et depuis le début de l’année 2025, 316 personnes sont déjà mortes en Méditerranée centrale. Un chiffre qui pourrait être beaucoup plus élevé : de nombreuses embarcations disparaissent en mer sans laisser de traces, sans être répertoriées. On les appelle les « naufrages invisibles ».

    #Covid-19#migrant#migrant#mediterranee#naufrage#frontex#humanitaire#mortalite#sante

  • Méditerranée : plus de 160 migrants secourus par des navires humanitaires en une journée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64328/mediterranee--plus-de-160-migrants-secourus-par-des-navires-humanitair

    Méditerranée : plus de 160 migrants secourus par des navires humanitaires en une journée
    Par La rédaction Publié le : 02/05/2025
    Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 ont porté assistance, jeudi, à plus de 160 migrants en détresse en mer Méditerranée lors de trois opérations de sauvetage. Parmi les naufragés, cinq exilés interceptés par les gardes-côtes libyens ont sauté à l’eau en voyant au loin le Sea-Watch 5, terrorisés à l’idée « d’être renvoyés dans l’enfer libyen ». Ils ont pu être récupérés par l’ONG.
    Le jeudi 1er mai a été chargé en Méditerranée centrale. Deux navires humanitaires ont effectué plusieurs opérations de sauvetage. La première a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi quand le Humanity 1, de l’ONG SOS Humanity, a secouru une « embarcation en fibre de verre avec neuf personnes à bord, sans gilets de sauvetage », indique l’équipage sur X. Le canot a été repéré par les humanitaires depuis la passerelle du navire alors qu’ils venaient « à peine de terminer [leurs] entrainements ». Une seconde embarcation est détectée quelques heures plus tard : « Un bateau en fibre de verre surchargé, sans équipement de sauvetage et avec une soixantaine de personnes à bord », ajoute l’ONG. Parmi les rescapés se trouvent plusieurs mineurs non accompagnés ainsi qu’un bébé.
    Le même jour, le Sea-Watch 5, de l’ONG éponyme, a, quant à lui, porté assistance à un total de 109 personnes. Cent-quatre migrants, dont 41 mineurs, ont dans un premier temps été secourus dans une même embarcation. Puis cinq autres personnes ont été récupérées directement dans l’eau alors que le navire humanitaire était à la recherche d’un autre canot en détresse. Ces cinq migrants venaient d’être interceptés en mer par les gardes-côtes libyens et se trouvaient à bord de leur navire. En voyant, le Sea-Watch 5 les cinq exilés ont sauté à l’eau « refusant d’être renvoyés dans l’enfer libyen », signale sur X Sea-Watch. « Nos bateaux de sauvetage se sont précipités sur place et ont pu sauver cinq autres personnes », affirme l’équipage.
    Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 se dirigent désormais vers le port attribué par les autorités italiennes. Le premier est en route vers Libourne, et le deuxième vers La Spezia, deux villes situées dans le nord du pays, à plus de 1 000 km de la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone). Ce qui contraint les naufragés à passer plusieurs jours supplémentaires en mer, déplorent les ONG, et empêchent les humanitaires « de porter secours aux autres ».
    Ces derniers jours, les traversées de la Méditerranée ont été nombreuses à la faveur d’une météo clémente. « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, le 30 avril. Entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa. D’après les données officielles italiennes, pour l’ensemble du mois d’avril 2025, ils sont 6 300 migrants à avoir débarqués à Lampedusa. Avec un pic de 899 arrivées comptabilisées le 6 avril. Un chiffre plus élevé qu’en 2024 sur la même période (4 700).
    La route migratoire passant par la Méditerranée centrale demeure la plus meurtrière au monde. En 2024, un peu plus de 1 700 exilés sont morts dans cette zone maritime, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et depuis janvier, ils sont déjà au moins 315 à avoir péri dans ces eaux en tentant de rejoindre l’Europe. Mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. De nombreuses embarcations disparaissent en mer sans laisser de traces, ce qu’on appelle les « naufrages invisibles ». Il n’est pas rare de retrouver des cadavres de migrants sur les rives tunisiennes et libyennes. Jeudi 1er mai, des corps ont été retrouvés sur une plage de Misrata, dans l’est de la Libye, par le Croissant-Rouge libyen, selon Reuters.
    Par ailleurs, la plateforme d’aide aux migrants Alarm Phone, a alerté ces derniers jours sur le cas d’un canot de 50 migrants qui a coulé au large de la Tunisie. « Seules quelques personnes ont survécu et ont été immédiatement déportées dans le désert », a affirmé l’organisation sur X le 1er mai. Lorsque les exilés sont interceptés en mer par les autorités tunisiennes, ils risquent d’être envoyés dans les zones désertiques près de la frontière libyenne ou algérienne. Depuis l’été 2023, ces opérations illégales se multiplient. Les migrants sont abandonnés au milieu de nulle part et doivent rejoindre à pied la première ville avec très peu d’eau et sans nourriture.
    Le 17 mars, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens. Elles n’étaient pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra, où d’immenses campements informels ont été érigés par les exilés chassés des centres-villes. InfoMigrants était parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été lâchés dans le désert par les forces tunisiennes.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#italie#lampedusa#routemigratoire#traversee#humanitaire#sante#migrationirreguliere

  • Les militants et les migrants font face à une hausse des criminalisations, selon un rapport - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64216/les-militants-et-les-migrants-font-face-a-une-hausse-des-criminalisati

    Les militants et les migrants font face à une hausse des criminalisations, selon un rapport
    Par Clémence Cluzel Publié le : 29/04/2025
    Dans un rapport publié mardi, l’ONG belge PICUM documente l’augmentation constante de la criminalisation des migrants et des personnes venant en aide aux exilés en Europe. Dans un contexte de durcissement de la législation européenne, les migrants sont désormais poursuivis pour l’acte même de migrer illégalement mais aussi de plus en plus pour des accusations de trafic d’êtres humains.
    Selon un rapport de l’ONG belge PICUM (Plateforme pour la coopération internationale sur les sans-papiers) qui promeut le respect des droits de l’Homme des sans-papiers en Europe, les cas de criminalisation des migrants et des militants venant au secours des exilés sont en nette et constante hausse ces dernières années.
    « C’est la quatrième année consécutive que nous observons une augmentation des niveaux de criminalisation des migrants et des personnes qui les aident. Et ce que nous pouvons observer n’est que la partie émergée de l’iceberg » affirme Silvia Carta, chargée de plaidoyer à PICUM et auteure de l’étude.
    Car cette tendance inquiétante, qui n’est pas nouvelle, reste très probablement sous-estimée faute de données statistiques et officielles, mais aussi de nombreux cas non rapportés ou non répertoriés dans les médias. Avec la nouvelle législation européenne plus répressive, actuellement en discussion, c’est l’acte même de migrer qui est condamné.
    D’après les chiffres recensés par l’ONG en 2024, au moins 91 migrants en Italie, en Grèce et en Espagne ont été incriminés pour facilitation de la migration irrégulière, de contrebande et d’autres chefs d’accusation. Et 84% d’entre elles étaient poursuivies pour franchissement irrégulier des frontières. Des accusations accolées à des circonstances aggravantes, telles que l’appartenance à une organisation criminelle, peuvent encore alourdir les peines.
    De plus en plus, les exilés sont donc accusés d’être des passeurs et poursuivis pénalement pour trafic d’être humains. Certains sont suspectés d’avoir conduit un véhicule ou dirigé un bateau pour passer une frontière ou encore soupçonnées d’avoir aidé à gérer les passagers à bord. En Italie et en Grèce, plusieurs survivants de naufrages ont ainsi été poursuivis en tant que passeurs.
    En réalité, selon les ONG, le plus souvent le migrant n’est qu’un simple passager qui aide à la distribution de nourriture et d’eau, en assistant les blessés, ou encore en utilisant son téléphone par exemple. Des témoignages rapportent également une contrainte par la menace armée pour prendre les commandes d’un navire ou d’un véhicule.
    En parallèle, au moins 142 militants ont été poursuivis en 2024 pour avoir aidé des migrants en Europe, s’est aussi indignée l’ONG de protection des sans-papiers. Selon le décompte de Picum, l’année dernière, plus de 80 personnes ont été poursuivies pour avoir secouru ou aidé des migrants en mer et une vingtaine pour leur avoir fourni de l’eau, de la nourriture ou des vêtements.Ces situations ont surtout eu lieu en Grèce, en Italie, Pologne et en France mais d’autres cas ont été relevés en Bulgarie, Lettonie, à Chypre et Malte.
    (...) Note d’espoir toutefois pour les humanitaires : les tentatives pour décourager les ONG et défenseurs des droits des migrants de leur porter secours se traduisent majoritairement par des acquittements ou un abandon des charges. En 2024, les procédures judiciaires ont pris fin pour 43 des 142 personnes incriminées.
    Reste que le Pacte sur la migration et l’asile, une vaste réforme qui durcit le contrôle de l’immigration en Europe et devrait entrer en fonction en 2026, pourrait encore élargir les motifs de criminalisation des migrants mais aussi de l’aide humanitaire. Picum alerte depuis plusieurs années sur la criminalisation des sans-papiers. En 2023, 117 militants avant déjà été incriminés dans l’Union européenne : 88 l’ont été pour avoir secouru ou aidé des migrants en détresse en mer. D’autres pour avoir distribué de l’eau, de la nourriture ou des vêtements, tandis que certains ont été poursuivis pour leur participation à des protestations et des manifestations.
    (...) Déposé fin mars, un projet de rapport dirigé par l’eurodéputée socialiste allemande Birgit Sippel, doit être discuté au Parlement européen. Il exempterait l’aide humanitaire de la criminalisation ce qui permettrait de clarifier cet aspect.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#sante#droit#humanitaire#pactemigratoire

  • À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, des centaines de migrants « dans une situation de détresse » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64210/a-rosso-a-la-frontiere-entre-le-senegal-et-la-mauritanie-des-centaines

    À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, des centaines de migrants « dans une situation de détresse »
    Par Romain Philips Publié le : 25/04/2025
    Plusieurs semaines après le début de la campagne d’expulsions de migrants menée par les autorités mauritaniennes, des centaines de migrants se retrouvent bloqués à Rosso, ville transfrontalière entre la Mauritanie et le Sénégal. Un afflux qui rend la situation humanitaire difficile dans la région.
    « Les policiers nous ont arrêtés alors qu’on se rendait au travail. Je n’ai pas les moyens pour retourner chez moi. Je n’ai pas non plus d’argent pour manger ou acheter des médicaments, je ne sais pas quoi faire ». Dans une vidéo transmise à InfoMigrants, un migrant nigérian raconte sa détresse après avoir été arrêté en Mauritanie puis envoyer à la frontière avec le Sénégal, à Rosso. Son corps est couvert de blessures. Depuis le début de l’année, de tels témoignages se multiplient. « Ils nous ont tabassés et amenés en prison sans rien nous dire » et « pris tout ce qu’on possédait : argent, montres, téléphones », racontait Ismaïla à l’AFP après son arrestation par la police mauritanienne. « Ils nous ont (ensuite) menottés et nous ont mis dans des bus surchargés pour nous expulser comme des vauriens », raconte-t-il depuis Rosso, du côté sénégalais de la frontière.
    Si des centaines de migrants se retrouvent à errer dans la précarité dans cette localité frontalière du Sénégal, c’est parce que depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène une campagne d’expulsions de migrants en situation irrégulière. Ainsi, des centaines d’exilés, notamment sénégalais, maliens, ivoiriens, guinéens ou encore gambiens, sont bloqués de chaque côté de la frontière « dans une situation de détresse ». Leur nombre total est difficile à établir.
    « Nous essayons de les aider mais nous n’avons pas assez pour tout le monde. Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments, n’ont pas de logements », raconte un humanitaire mauritanien sur place à InfoMigrants. Selon lui, des refoulements ont lieu quasiment tous les jours. « Au moins deux bus d’au moins 60, voire 70 personnes, arrivent régulièrement à Rosso », commente-t-il. Un flux ininterrompu de personnes qui fait grossir les bidonvilles de la région. « On a ouvert deux foyers ces deux derniers mois dans deux maisons qu’on a réhabilitées - qui n’ont toutefois par l’eau courante, ni l’électricité - parce que les gens arrivent et restent. Ils errent dans la ville », raconte-t-il. « On essaye de trouver un représentant pour chaque nationalité afin d’organiser les choses mais chaque jour presque, on nous appelle pour nous signaler un nouveau groupe (qui arrive) », ajoute-t-il.
    Conséquences de ces expulsions mauritaniennes, des centaines de personnes se retrouvent coincés dans cette ville à la frontière avec le Sénégal. Faute de documents de séjour en règle, elles ne peuvent ni retourner en Mauritanie, ni transiter par le Sénégal - qui refusent de laisser passer des personnes sans documents d’identité valides.
    « La Mauritanie n’a pas respecté les règles. Les autorités ont juste envoyé ces gens à la frontière. Mais on ne peut pas jeter les gens comme du bétail », tance le président du conseil des Guinéens au Sénégal, Diallo Amadou Oury, qui s’inquiète pour sa communauté à Rosso. Et d’ajouter : « La Mauritanie aurait dû aviser ces ressortissants puis les expulser en bonne et due forme, vers leur pays ». Actuellement, quelque 300 ressortissants guinéens sont à Rosso, des deux côtés de la frontière « et d’autres arrivent presque tous les jours »."Ces gens sont dans une situation humanitaire grave. Ils sont exposées à tout à Rosso : faim, maladies, problèmes sanitaires, etc. Il y a des femmes et des enfants. Certains vivent à même le sol sur de la terre battue", commente de son côté le président du conseil des Guinéens en Mauritanie, Mamadou Bobo Bah.
    Côté sénégalais, les plus chanceux atterrissent dans les locaux de la Croix-Rouge où ils sont pris en charge. Mais selon le président du comité local de l’organisation à Rosso, Mbaye Diop à l’AFP, l’affluence de migrants est telle que début mars, ils n’avaient déjà plus de place pour tous les accueillir. Ces expulsions de migrants sont des opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, selon les autorités mauritaniennes qui n’ont pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Face aux critiques d’ONG ou d’autres pays qui ont dénoncé des expulsions « inhumaines », le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, a déclaré que les expulsions étaient « faites dans le respect des conventions internationales ». Et selon le gouvernement, les migrants sont refoulés vers les postes frontières par lesquels ils sont entrés dans le pays.
    Certains voient dans ces vagues d’arrestations un lien avec l’accord conclu entre la Mauritanie - pays devenue l’un des principaux points de départ pour les migrants souhaitant rejoindre l’Europe en prenant la mer - et l’Union européenne. En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.
    Mais les migrants l’assurent, ils ne voulaient pas « prendre la pirogue » pour rejoindre l’Europe."Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient. Certains ont même encore une famille en Mauritanie qui n’a pas été arrêtée", assure Diallo Amadou Oury. La semaine dernière, plusieurs sources confiaient déjà à InfoMigrants que, contrairement à de précédentes vagues d’interpellations, les migrants interceptés n’étaient plus seulement des personnes en partance vers l’Europe mais que tous les profils semblaient concernés. « Il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants », racontait Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur. « Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville ».

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#senegal#guinee#refoulement#frontiere#rosso#sante#humanitaire#frontiere

  • En Tunisie, nouveaux démantèlements de camps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/25/en-tunisie-nouveaux-demantelements-de-camps-de-migrants-originaires-d-afriqu

    En Tunisie, nouveaux démantèlements de camps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 11h38
    Les autorités tunisiennes ont de nouveau démantelé jeudi 24 avril des camps de fortune de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, installés dans des oliveraies dans le centre-est du pays, sur fond d’accélération des retours « volontaires » de personnes migrantes dans leurs pays. Des unités de la garde nationale ont mis le feu aux tentes dans ces camps, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.
    Quelque 2 500 personnes en situation irrégulière ont dû quitter les lieux à Henchir Al Karkni dans la localité d’El Amra, a affirmé Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale. Quelque 800 autres ont été évacuées du camp Ouled Hmed près de Jebeniana, a-t-il ajouté. « C’est la stratégie de l’Etat que la Tunisie ne soit pas une terre d’installation ou de transit pour les migrants illégaux. La Tunisie se coordonne avec les pays de départ, d’accueil ainsi que les ONG internationales pour assurer le rapatriement volontaire », a-t-il précisé à la presse.
    Une vingtaine de milliers de migrants, selon les autorités, arrivés par vagues depuis 2023 dans les environs des localités d’El Amra et Jebeniana, avaient érigé des tentes dans des oliveraies après avoir été délogés pour beaucoup de la grande ville proche de Sfax. La cohabitation a été difficile avec les habitants, dont beaucoup dénonçaient l’occupation des cultures. De premiers camps avaient été évacués début avril, après une virulente campagne anti-migrants sur les réseaux sociaux.
    La Tunisie est un point de passage clé pour des milliers de migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne désireux de rejoindre les côtes italiennes. Mais la route maritime vers l’Europe est quasiment bloquée, Tunis ayant conclu, sous l’impulsion de l’Italie toute proche, un partenariat avec l’Union européenne contre l’immigration irrégulière.
    Mac (un surnom), Guinéen se trouvant en Tunisie depuis deux ans, a été sommé de quitter sa tente à El Amra. « C’est très dur ici. C’est compliqué », a-t-il souligné à l’AFP. Comme de nombreux migrants, il s’est inscrit auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bénéficier d’un accompagnement pour rentrer chez lui. Fin mars, le président Kaïs Saïed avait appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays. L’OIM a indiqué jeudi avoir facilité depuis janvier le retour volontaire de plus de 2 300 migrants depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine, après presque 7 000 sur l’année 2024, un chiffre en forte augmentation par rapport aux deux années précédentes (2 558 retours en 2023 et 1 614 en 2022).
    Patientant jeudi devant ses locaux de Tunis, avec des dizaines de migrants de différentes nationalités, Russel, un Camerounais de 24 ans, se dit « fatigué que la police nous traque partout ». Cette présence migratoire alimente régulièrement de vives tensions en Tunisie.En février 2023, le président Saïed avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays. Les mois suivants, des migrants avaient été chassés de leurs logements et de leurs emplois informels, et plusieurs ambassades africaines avaient procédé à des rapatriements express de ressortissants à la suite d’agressions.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#OIM#rapatriement#expulsion#camp#subsaharien#migrationirreguliere#sante#humanitaire

  • Plus de 200 migrants secourus par des navires humanitaires lors du week-end de Pâques - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64136/plus-de-200-migrants-secourus-par-des-navires-humanitaires-lors-du-wee

    Plus de 200 migrants secourus par des navires humanitaires lors du week-end de Pâques
    Par La rédaction Publié le : 23/04/2025
    Les ONG Sea-Eye et Sea-Watch ont porté secours à plus de 200 migrants répartis dans trois embarcations en détresse en mer Méditerranée centrale, samedi et dimanche. Par ailleurs, 72 migrants, partis le 12 avril de l’ouest de la Libye, sont portés disparus dans cette zone maritime.
    Le week-end pascal a été chargé en Méditerranée centrale. Deux ONG ont porté secours à plusieurs embarcations en détresse en mer. Une première opération de sauvetage s’est déroulée samedi 19 avril. L’Astral, un voilier affrété par Sea-Watch, a porté assistance à « près de 140 personnes » répartis dans deux canots, indique l’ONG sur X.
    « Avec Sea-Eye, nous avons prodigué les premiers soins jusqu’à ce que les gardes-côtes italiens ramènent tout le monde à terre », précisent les humanitaires. En raison de sa petitesse, il ne peut pas accueillir de migrants à son bord, en revanche, il alerte les autorités compétentes pour leur venir en aide. En attendant les secours, l’équipage de l’Astral reste à proximité des canots en détresse et peut apporter les premiers soins.
    Dans la soirée du lendemain, dimanche, c’est au tour du Sea-Eye 5 de secourir « 76 personnes dans un bateau en bois à deux étages », signale l’ONG éponyme sur X. « Après plus de trois heures de travail acharné, l’équipage ramène tous les survivants à bord après minuit ». La forte houle et l’obscurité ont rendu l’opération particulièrement périlleuse. Plusieurs rescapés présentaient des signes de déshydratation, d’hypothermie et de mal de mer, d’après les humanitaires.
    Les premiers examens médicaux ont révélé des signes cliniques de déshydratation, d’hypothermie, de mal de mer et d’épuisement chez nombre d’entre eux. « Quelques cas ont nécessité des soins intensifs à l’infirmerie du Sea-Eye 5, axés sur la surveillance des signes vitaux, la réhydratation intraveineuse et le réchauffement. Heureusement, nous avons pu stabiliser l’état de santé de tous les patients », affirme l’ONG allemande dans un communiqué.
    Dans un premier temps, le port de Reggio de Calabre, à l’extrême pointe de la botte italienne, a été attribué par le MRCC (centre de coordination des sauvetages) de Rome. Mais en raison des mauvaises conditions météorologiques, le navire humanitaire a pu débarquer les naufragés sur l’île de Lampedusa, lundi en début d’après-midi. « Une personne a été transportée directement à l’hôpital et deux autres ont été soignées dans un centre médical », rapportent Sea-Eye dans son communiqué.
    Par ailleurs mardi 22 avril, le Life support, de l’ONG Emergency, a accosté au port de Ravenne, sur la côte adriatique, avec 82 migrants, dont 11 femmes, secourus cinq jours plus tôt au large des côtes libyennes. « Les naufragés étaient restés dans l’eau pendant plus de 14h à bord d’un canot pneumatique surchargé et aux boudins dégonflés », avait alors alerté l’ONG dans un communiqué.
    Les humanitaires s’inquiètent également de la disparition de 72 exilés. Partis de Sabratha, à l’ouest de la Libye, le 12 avril, ces personnes n’ont pas donné signe de vie depuis plusieurs jours, prévient sur X le journaliste italien Sergio Scandura, qui craint le pire. La zone maritime qui va de l’ouest de la Libye vers Lampedusa a connu « des conditions météorologiques hostiles avec une mer agitée », note le journaliste.
    En mer Méditerranée - ou dans l’Atlantique - de nombreux « bateaux fantômes » disparaissent sans laisser de traces. « Il est très difficile de documenter ces disparitions. Dans ces ’naufrages invisibles’ il n’y a, par définition, ni survivant, ni dépouille », expliquait à InfoMigrants Marta Sanchez, chargée du projet « Migrants disparus » au sein de l’OIM, lors d’une interview en 2020.
    La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. Cette année déjà, on compte au moins 300 migrants décédés dans ces eaux, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Depuis 2014, date des premiers recensements de l’agence onusienne, plus de 24 000 exilés ont péri dans cette zone maritime. Parmi eux, près de 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, d’après un rapport de l’Unicef.
    La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#humanitaire#lampedusa#sante#migrationirreguliere

  • En Tunisie, les organisations d’aide aux migrants traitées comme des criminels par le régime
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/23/en-tunisie-les-organisations-d-aide-aux-migrants-traitees-comme-des-criminel

    En Tunisie, les organisations d’aide aux migrants traitées comme des criminels par le régime
    Par Monia Ben Hamadi (Tunis, correspondance)
    Sherifa Riahi, 42 ans, ancienne directrice de Terre d’asile Tunisie et mère de deux enfants en bas âge, attend son procès depuis près d’un an à la prison pour femmes de La Manouba, dans la banlieue de Tunis. Son crime ? Avoir mis en œuvre, dans le cadre de ses fonctions au sein de l’antenne locale de l’ONG France terre d’asile de 2012 à avril 2023, des programmes d’aide aux migrants et aux demandeurs d’asile.
    La militante fait partie d’une dizaine de personnes actuellement incarcérées dans le pays pour leur engagement associatif ou leur participation à des projets de soutien aux migrants et aux personnes vulnérables. Cette vague d’arrestations a coïncidé avec la tenue d’un Conseil de sécurité nationale présidé par Kaïs Saïed, le 6 mai 2024. A cette occasion, le président tunisien avait accusé, sans les nommer, des organisations de la société civile de recevoir « des centaines de millions d’euros » de l’étranger pour, selon lui, encourager l’installation de migrants en situation irrégulière.
    Le chef de l’Etat avait alors repris sa rhétorique, utilisée en février 2023 lorsqu’il avait évoqué un « complot » visant à modifier la composition démographique du pays, fomenté par « des traîtres et des agents de l’étranger ». La première ciblée fut Saadia Mosbah, figure de la lutte contre les discriminations raciales et présidente de l’association Mnemty (« Mon rêve »), arrêtée le soir même du discours présidentiel, puis placée en détention provisoire.
    Le lendemain, le 7 mai 2024 au soir, Sherifa Riahi était à son tour interpellée à son domicile de la banlieue de Tunis. Elle était alors en congé maternité. Comme Saadia Mosbah, elle a été placée dix jours en garde à vue, en vertu de la législation antiterroriste et sur le blanchiment d’argent, avant d’être déférée devant un juge d’instruction, qui a ordonné son placement en détention provisoire.
    Le 8 mai, ce fut au tour de Yadh Bousselmi, actuel directeur de Terre d’asile Tunisie, et de Mohamed Jouou, responsable financier de l’association, d’être incarcérés. Puis, quelques jours plus tard, l’ancien maire de Sousse, ville côtière du centre-est de la Tunisie, et son adjointe subissaient le même sort, accusés d’avoir conclu un partenariat avec l’ONG dans le cadre d’un projet destiné aux migrants et réfugiés. Un troisième membre du conseil municipal a également été brièvement placé en détention.
    Cette série d’arrestations a été précédée par une campagne d’incitation à la haine. En 2023, en parallèle de l’intensification des attaques de Kaïs Saïed contre les migrants subsahariens en situation irrégulière, les ONG ont été harcelées sur les réseaux sociaux. C’est à cette époque qu’a resurgi une vidéo, datée d’août 2022, dans laquelle Sherifa Riahi présentait les activités de son association et le programme d’accompagnement mené en partenariat avec quelques municipalités, dont celle de Sousse.
    En juillet 2023, alors que des milliers de migrants subsahariens étaient expulsés de leur logement, licenciés, puis refoulés en plein désert vers les frontières algérienne et libyenne, la vidéo avait été signalée au procureur de la République et une enquête préliminaire été ouverte, menant aux interpellations de mai 2024.
    Le 28 janvier 2025, après la clôture de l’instruction, les accusations les plus lourdes — atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment d’argent — ont finalement été abandonnées. Ne restent que des infractions liées à l’hébergement et à l’assistance de personnes étrangères en situation irrégulière. L’association elle-même a bénéficié d’un non-lieu. Mais Sherifa Riahi et les quatre autres prévenus — sur une quinzaine d’accusés — demeurent détenus, dans l’attente d’un procès dont la date n’a toujours pas été fixée.
    « Comment expliquer que des salariés soient poursuivis pour des activités menées dans le cadre légal et conventionné de l’association, alors même que cette dernière n’est plus inquiétée par la justice ?, interroge France terre d’asile dans un communiqué publié le 17 mars 2025. L’accusation principale concerne l’hébergement de personnes migrantes. Or, ces hébergements ont été réalisés dans le cadre d’une réponse humanitaire et apolitique concertée avec les autorités tunisiennes et les organisations internationales compétentes. Ils s’inscrivaient dans des dispositifs reconnus, visant à offrir une assistance temporaire à des personnes en situation de grande vulnérabilité, conformément aux engagements internationaux de la Tunisie ». Pour Layla Riahi, cousine et membre du comité de soutien de Sherifa Riahi, les accusés sont les « boucs émissaires » de l’échec de la Tunisie dans la gestion de la crise migratoire et des victimes de la dégradation du climat politique.
    Sherifa Riahi, qui a dénoncé ses conditions de détention dans une lettre envoyée depuis sa prison le 17 mars, est toujours soumise aux dispositions de la loi antiterroriste en dépit de l’abandon des charges qui y sont liées. « Les démarches pour obtenir des visites directes avec mes enfants ont été longues et complexes, au point que je peux dire qu’elles s’apparentent à une forme de torture pour les détenues, en particulier celles poursuivies en vertu de la loi de 2015 contre le terrorisme et le blanchiment d’argent », écrit-elle.
    Outre la militante antiraciste Saadia Mosbah et les prévenus dans l’affaire de France terre d’asile Tunisie, les autorités tunisiennes ont également arrêté, le 9 mai 2024, Mustapha Djemali, président du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), et Abderrazak Krimi, chef de projet au sein de la même organisation. Tous deux ont été visés après la publication, relayée sur les réseaux sociaux, d’un appel d’offres officiel sur l’hébergement de réfugiés et demandeurs d’asile. Placés en détention provisoire, ils sont poursuivis « sur la base d’accusations fallacieuses [les] impliquant dans l’hébergement de migrants en situation irrégulière. Or, toutes les personnes bénéficiant de l’assistance du CTR sont des réfugiés enregistrés par le HCR [le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] à Tunis, bénéficiant d’une reconnaissance officielle de leur statut », indique leur comité de défense.
    En novembre et décembre 2024, Abdallah Saïd, militant associatif tunisien d’origine tchadienne, président de l’association Les enfants de la Lune, et Saloua Ghrissa, Directrice exécutive de l’Association pour la Promotion du Droit à la Différence (ADD) ont également été placés en détention pour des faits en lien avec leurs activités associatives.
    Pour Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et membre du comité de soutien contre la criminalisation du travail associatif, toutes ces arrestations ont été opérées dans le but de « justifier le discours du chef de l’Etat (…) Il s’agit clairement de décisions politiques contre les migrants et ceux qui leur viennent en aide. Malgré l’abandon des charges les plus graves ou l’absence de preuves, les accusés sont maintenus en détention sans raison ».Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, par lequel le président Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs, la Tunisie connaît un virage autoritaire sans précédent après la révolution de 2011. Les voix dissidentes, politiques ou issues de la société civile, sont sous pressions croissantes. Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, sont devenus les boucs émissaires d’un discours officiel hostile, nourri par des thèses complotistes sur un prétendu plan de remplacement démographique. Humanitaires, défenseurs des droits et journalistes sont eux aussi visés, accusés d’être au service d’agendas étrangers, dans un climat de répression généralisée et de défiance envers toute forme de contre-pouvoir.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#politiquemigratoire#droit#sante#politiquemigratoire#humanitaire

  • En Libye, l’aide aux migrants dans le viseur des autorités de Tripoli
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/16/en-libye-l-aide-aux-migrants-dans-le-viseur-des-autorites-de-tripoli_6596654

    En Libye, l’aide aux migrants dans le viseur des autorités de Tripoli
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Bureaux fermés manu militari, employés convoqués pour interrogatoires, personnel étranger prié de quitter le pays. Mercredi 2 avril, l’agence rattachée au ministère de l’intérieur du gouvernement d’union nationale (GUN) – entité politique reconnue par la communauté internationale, siégeant à Tripoli – a annoncé la suspension de dix ONG internationales, dont l’organisation française Terre des hommes, Médecins sans frontières et le Conseil norvégien pour les réfugiés.
    Les activités de soutien aux hôpitaux et au système de santé, les programmes de lutte contre des maladies infectieuses, dont profitaient de nombreux Libyens, mais aussi l’assistance vitale et médicale aux migrants sont ainsi à l’arrêt. Dans une lettre datée du 27 mars, quelques jours avant que la décision officielle soit annoncée par les autorités, dix-sept ambassadeurs, notamment ceux de France, du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Italie et de l’Union européenne, avaient appelé le gouvernement à permettre aux ONG visées de « redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible ». Des discussions toujours en cours.
    Selon le porte-parole de l’Autorité de sécurité intérieure (ASI), Salem Gheith, il est reproché aux ONG de « porter atteinte à l’intégrité de l’Etat et à sa sécurité intérieure », d’encourager « des valeurs contraires à l’identité libyenne, telles que le christianisme, l’athéisme, la promotion de l’homosexualité et la décadence morale », et de mener des actions « visant à modifier la composition démographique du pays » par l’installation de migrants subsahariens en Libye.
    Pays de destination de nombreux travailleurs africains avant 2011, le pays est devenu l’une des principales plateformes de projection pour les migrants du continent à la faveur du chaos sécuritaire qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi. Face à ce phénomène, l’Union européenne a noué un partenariat avec les autorités locales pour endiguer les départs.
    En reprenant à son compte la théorie raciste du « grand remplacement », l’ASI désigne les migrants comme complices d’un complot international mis en place par « l’Union européenne [UE] » et « l’Italie ». Sans rappeler pour autant que les autorités tripolitaines ont reçu des centaines de millions d’euros de fonds européens pour la gestion des migrations – 700 millions d’euros de 2014 à 2020, dont une partie pour les municipalités. En échange, les gardes-côtes libyens, soutenus, entraînés et équipés par l’UE, ont nettement augmenté les interceptions en mer, empêchant des milliers de migrants de rejoindre le littoral européen chaque année.
    Ce discours fait écho à celui du président tunisien, Kaïs Saïed, qui avait dénoncé, en février 2023, les « hordes de migrants clandestins », selon lui complices d’un « plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». « La population libyenne remarque les migrants subsahariens et asiatiques dans les espaces publics pour des raisons raciales, observe Jalel Harchaoui, chercheur associé à l’institut britannique Royal United Services. Les autorités, en interdisant ces ONG, montrent à la population qu’elles luttent contre les flux migratoires. Mais, en réalité, il n’y a aucune intention réelle de diminuer les flux. Rien n’est fait face aux arrivées de migrants d’Egypte, d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne. »
    Selon M. Harchaoui, la suspension des ONG est un symptôme d’une « affirmation de l’autoritarisme » dans l’ouest de la Libye. Le GUN du premier ministre Abdel Hamid Dbeibah est sous pression à cause de contraintes économiques, des menaces régulières de l’armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est, et des efforts accrus de la mission d’appui des Nations unies en Libye pour soutenir la formation d’un gouvernement unifié qui chasserait donc M. Dbeibah du pouvoir.
    Ces dernières semaines, les milices et les forces de sécurité affiliées au GUN ont ainsi multiplié les attaques (intimidations, disparitions forcées…) contre les voix dissonantes. « Les milices profitent d’un sentiment total d’impunité et de contrôle sur la capitale, Tripoli, pour s’en prendre à n’importe quelle forme d’opposition », décrit Husam El Gomati, activiste libyen réfugié en Suède, joint par téléphone, dont le frère Mohammed, a été enlevé le 26 mars à Tadjourah (sud-est de Tripoli) par des ravisseurs inconnus mais, semble-t-il, rattachés à l’appareil sécuritaire du GUN, dans le but de faire pression sur ses activités d’opposant.
    « Les miliciens ont bien compris que les ONG peuvent être dangereuses pour eux, car elles témoignent et enquêtent sur les graves crimes commis dans le pays depuis des années », poursuit-il. En fournissant une assistance médicale aux migrants, les ONG pouvaient encore accéder aux centres tenus par des milices et y documenter le vaste système de détention, de torture et d’extorsion que subissent les migrants. Avec la cessation des activités des ONG, ces violences, qui s’apparentent, selon la mission d’appui des Nations unies en Libye, à des « crimes contre l’humanité », tomberaient un peu plus dans l’oubli.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#humanitaire#sante#detention#violence

  • Après le démantèlement de l’Usaid, « faire un choix entre les plus vulnérables des plus vulnérables » en Afrique
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/08/apres-le-demantelement-de-l-usaid-faire-un-choix-entre-les-plus-vulnerables-

    Après le démantèlement de l’Usaid, « faire un choix entre les plus vulnérables des plus vulnérables » en Afrique
    Par Mustapha Kessous
    Le quotidien de millions de réfugiés et de déplacés internes en Afrique est sévèrement impacté par le désengagement massif des Américains dans l’aide humanitaire. Le jour de son investiture, le 20 janvier, le président des Etats-Unis a ordonné le gel de l’aide étrangère pour quatre-vingt-dix jours, avant que son administration ne supprime brutalement et sans concertation, début mars, 83 % des programmes de l’Usaid, principal bailleur de la solidarité internationale.
    Ce coup d’arrêt brutal a commencé à déstabiliser dangereusement l’aide humanitaire, notamment celle destinée aux réfugiés. « Cet assèchement des financements va forcer les humanitaires à faire un choix entre les plus vulnérables des plus vulnérables », alerte Helena Ranchal, directrice des opérations internationales pour Médecins du monde (MDM). Les victimes des crises les plus aiguës du continent sont directement impactées, comme dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’offensive du M23 depuis fin janvier a poussé plus de 100 000 personnes à fuir, dont 70 000 vers le Burundi, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
    « Cet afflux massif de réfugiés a multiplié par deux le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance alimentaire d’urgence dans les camps », rapporte Christine Coudour, chargée des partenariats au Programme alimentaire mondial (PAM). Pour tenir le plus longtemps possible, « nous avons dû réduire les rations de moitié, poursuit-elle. Sans financements supplémentaires, nous devrons stopper toute aide alimentaire à partir de juillet ».
    Dans la province de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC, en proie également à des conflits armés, les conditions de vie des dizaines de milliers de déplacés – parmi le 1,5 million recensé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) –, déjà précaires, risquent de se dégrader. Plusieurs camps, sur les 67 sites supervisés par cette agence onusienne abritant quelque 270 000 personnes, ne disposent plus de gestionnaires locaux, se retrouvant ainsi livrés à eux-mêmes et exposés aux attaques.
    C’est l’une des conséquences de la baisse drastique des dotations américaines, mais aussi européennes (l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni ou encore la Belgique ont annoncé des coupes similaires) : le manque de ressources a poussé des ONG à prioriser leurs actions et les zones d’intervention en Afrique pour continuer à survivre.« Quand votre budget est soudainement amputé des deux tiers, on choisit de rester dans certains pays et d’en quitter d’autres », explique une responsable d’une importante ONG sous couvert d’anonymat. Elle, comme d’autres dirigeants associatifs, redoute désormais de devoir « mettre la clé sous la porte » d’ici à la fin de l’année si l’Usaid ne rembourse pas leurs dépenses engagées.
    Dans le nord-est du Nigeria, où l’insécurité et les catastrophes naturelles ont fait plus d’1,3 million de déplacés en dix ans, l’OIM craint que l’arrêt des financements « entraîne une augmentation des déplacements [de population] et des conflits, car la détérioration des conditions de vie alimente les tensions, la criminalité et l’instabilité ».Au Soudan, victime d’une guerre dévastatrice entre l’armée régulière et des forces paramilitaires qui a déraciné 9 millions de personnes ces deux dernières années – dont 1,5 million a fui à l’étranger –, la crise, l’une des plus critiques du continent, s’intensifie. Selon le HCR, plus de 500 000 personnes déplacées pourraient perdre l’accès à l’eau potable, aux soins et à l’assainissement par manque de financements, les Etats-Unis étant le principal donateur de l’agence onusienne (plus de 40 % du total des contributions reçues).
    Au Tchad, dans les camps autour de Farchana, non loin d’Adré, 160 000 réfugiés soudanais ne peuvent déjà plus être soignés correctement, les ONG locales ayant cessé leur activité. A Renk, dans l’Etat du Nil-Supérieur au Soudan du Sud, la zone de transit est submergée : seuls 400 des 2 000 Soudanais qui affluent chaque jour sont évacués vers d’autres camps, selon Médecins sans frontières (MSF).
    « Pour gérer les pénuries et les incertitudes, des discussions entre pays portent désormais sur les critères de la prise en charge, pointe Stéphane Doyon, responsable des opérations de MSF au Soudan. Par exemple, concernant les enfants souffrant de malnutrition, il est question de porter assistance seulement à ceux souffrant de malnutrition aiguë sévère. Nous en sommes à des activités de tri à grande échelle. »L’Unicef France redoute ainsi que des centaines de milliers d’enfants pâtissent de ce « tri ». « Sans financements, ils sont en danger de mort, l’expression n’est pas galvaudée », estime Baptiste Chapuis, son responsable du pôle Plaidoyer et programmes internationaux. L’aide humanitaire n’est pas seulement impactée, le programme de réinstallation – consistant au transfert de réfugiés d’un pays où ils ont cherché l’asile vers un autre qui leur accorde le statut de résident permanent – a lui aussi été suspendu aux Etats-Unis. Celui-ci permettait que quelque 100 000 réfugiés, dont 34 % venaient d’Afrique, soient accueillis chaque année dans des villes américaines.
    « On peine encore à mesurer l’ampleur du séisme, mais il sera vertigineux », souligne M. Chapuis. A cause du manque d’assistance, les ONG et les agences onusiennes s’attendent à des tensions dans les localités où sont implantés les camps. « Ce sera aux Etats de compenser l’aide perdue, mais ils n’ont pas les moyens pour prendre la relève », décrypte Stéphane Doyon. A très court terme, les organisations qui ne dépendent pas du financement américain comme MDM ou MSF redoublent d’efforts pour prendre le relais sur les terrains. « On est en train de faire ce qu’on peut, confie M. Doyon, mais on ne pourra pas se substituer à l’ensemble des coupes américaines qui représentent des dizaines de milliards de dollars. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#USAID#humanitaire#refugie#deplace#sante

  • Méditerranée : en 5 jours, les ONG en mer sauvent plus de 400 migrants de la noyade - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63813/mediterranee--en-5-jours-les-ong-en-mer-sauvent-plus-de-400-migrants-d

    Méditerranée : en 5 jours, les ONG en mer sauvent plus de 400 migrants de la noyade
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 07/04/2025
    Entre le 3 avril et le 6 avril, quatre navires humanitaires européens ont secouru au total 439 migrants qui se trouvaient à bord de canots de fortune à la dérive en Mer Méditerranée. Parmi les naufragés se trouvaient de nombreuses femmes et des enfants.
    La semaine dernière, les ONG ont multiplié les opérations de secours en Mer Méditerranée.La plus récente date d’hier, dimanche 6 avril. Vers 16h, le navire Safira de l’ONG italien Mediterranea Saving Humans a secouru 28 personnes dans un bateau à la dérive, dont 12 mineurs, dans la zone de détresse et de sauvetage tunisienne (SAR zone). Selon les informations de l’ONG sur X, les rescapés avaient quitté la côte libyenne de Sabratha. Ils dérivaient en mer « depuis 52 heures », « leur moteur avait pris feu. »
    "La découverte de l’embarcation s’est produite lors d’opérations de recherche commencées depuis 9 heures ce matin-là dans la même zone, après que l’équipage a repéré un corps sans vie qui a ensuite disparu dans la mer", peut-on encore lire sur X.
    La veille, samedi 5 avril, l’équipe Life Support de l’ONG italienne Emergency a mené de son côté trois opérations distinctes pour secourir trois bateaux en difficultés dans les eaux internationales de la SAR zone libyenne. Au total, les équipes humanitaires ont mis 215 personnes en sécurité, dont 53 femmes, 83 mineurs isolés et font route vers le port d’Ancône pour les débarquer.Selon les premiers témoignages, les rescapés sont originaires d’Érythrée, de Somalie, du Bangladesh, du Cameroun, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali et du Bénin. « Des pays ravagés par les conflits armés, l’instabilité politique, la pauvreté et la crise climatique », écrit l’ONG sur son compte X.
    Lors du premier sauvetage, aucun migrant ne portait de gilet de sauvetage. « Les naufragés ont déclaré être partis à 22 heures la nuit précédente de Zaouïa, en Libye », précise Emergency sur X. Des disparus sont à déplorer. « Certains des naufragés ont indiqué aux médiateurs culturels qu’il y avait également 14 autres personnes qui se trouvaient à bord du canot pneumatique mais qu’elles étaient tombées à l’eau avant l’arrivée des secours ».
    Avant même que la première intervention ne soit terminée, « depuis le pont du navire », les humanitaires ont repéré un deuxième bateau en difficulté, une barge en bois sur laquelle étaient entassées 78 personnes, dont 18 femmes et 29 mineurs, peut-on lire sur leur communiqué. « Elle était surchargée et les personnes à bord étaient très fatiguées par le voyage, l’une d’entre elles ne pouvait pas se lever à tel point qu’elle a été transportée sur une civière à bord de l’assistance respiratoire ». Les survivants ont indiqué qu’ils avaient quitté Sabratha la nuit précédente et qu’ils étaient restés dans l’eau pendant plus de 15 heures.
    Une fois la deuxième opération terminée, Emergency a reçu une nouvelle alerte d’Alarm Phone pour un canot pneumatique en détresse. L’équipe de sauvetage a alors procédé à sa troisième opération « après en avoir informé les autorités de Rome » - comme le veut la procédure. Quarante-quatre personnes ont été sauvées de la noyade, dont 9 femmes et 19 mineurs (dont 17 mineurs isolés).
    Le même jour, l’Aita Mari du collectif espagnol Maydayterraneo a secouru, lui, 108 personnes en Méditerranée centrale. Elles ont été localisées sur deux bateaux en « grave danger ». Parmi les survivants originaires du Soudan, du Nigéria et du Togo, se trouvent 13 femmes et 13 enfants. « Après une nuit à la dérive, les personnes secourues présentaient des signes évidents d’épuisement, de déshydratation et de problèmes respiratoires », a écrit l’ONG sur X.
    Les autorités leur ont assigné le port de Salerne pour débarquer. Trop loin, explique l’Aita Mari. « En raison des conditions (de santé) dans lesquelles se trouvent de nombreuses personnes et à cause de vagues de plus de 2 mètres prévues, nous demandons un port plus proche pour débarquer conformément aux principes humanitaires et au droit international ».Enfin, deux jours avant, entre le 2 et le 3 avril, l’équipage de Humanity 1, de l’ONG allemande SOS Humanity, avait déjà procédé à deux autres opérations de secours en Méditerranée. Les deux embarcations avaient quitté cette fois-ci, les côtes tunisiennes.
    La première, une embarcation en bois, était « hors d’état de naviguer avec une cinquantaine de personnes à bord ». « Tous ont pu être remontés à bord dont de nombreux mineurs non accompagnés, ainsi que plusieurs femmes et des bébés de quelques mois seulement », peut-on lire sur leur compte X.Lors du deuxième sauvetage, une quarantaine de personnes ont été mises à l’abri. Elles dérivaient depuis trois jours. « Malheureusement, une personne était déjà décédée » quand les secours sont arrivés. Les autorités italiennes ont désigné « le port lointain » de Gênes pour le débarquement de ces migrants.
    La route migratoire passant par la Méditerranée centrale demeure la plus meurtrière au monde. En 2024, un peu plus de 1 700 exilés sont morts dans cette zone maritime, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et depuis le début du recensement de l’agence onusienne en 2014, on compte plus de 24 000 décès dans ces eaux. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migrant#mediterranee#OIM#routemigratoire#sante#mortalite#humanitaire#migration irreguliere

  • Tunisie : la criminalisation des ONG aggrave la précarité des migrants subsahariens - InfoMigrants
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    Tunisie : la criminalisation des ONG aggrave la précarité des migrants subsahariens
    Par RFI Publié le : 07/04/2025
    En Tunisie, la situation des migrants subsahariens se précarise de plus en plus depuis les campagnes sécuritaires qui ont commencé en 2023. Le contrôle sur le travail non régulé s’est accentué et beaucoup de migrants présents dans la capitale tunisienne travaillent au noir ou ont recours à la mendicité. Un phénomène qui alerte les ONG des droits humains, de moins en moins nombreuses à travailler sur le terrain, du fait de leur criminalisation par le pouvoir tunisien.
    À Tunis, dans un quartier de la banlieue nord, plusieurs migrants subsahariens attendent sur le trottoir au bord de la route. Selon les besoins en petits boulots, les clients viennent à ce rond-point et embauchent à la journée les premiers à se présenter, comme l’explique Sami, un migrant malien de 16 ans. "On attend du travail ici. Travail de chantier, travail de jardin, etc", énumère-t-il.
    Ce phénomène est visible dans plusieurs endroits de la capitale de la Tunisie, les migrants n’étant plus embauchés dans des emplois stables à cause des contrôles à répétition des autorités. Une situation de plus en plus difficile pour Abdallah, 25 ans et Ivoirien. "Il y a beaucoup de problèmes, même pour aller travailler, ça fait peur, parce qu’on n’a pas de papiers. Il y a la police qui peut nous arrêter pour nous envoyer en prison", redoute-t-il.
    Sami, 27 ans, migrant camerounais, est venu il y a sept mois à Tunis, pensant trouver du travail, dans son domaine, la réparation d’objets électroniques. Il se retrouve à faire le "berbecha", le collecteur de plastique. Il fouille dans les poubelles pour trouver des bouteilles à vendre ensuite à des dépôts de recyclage "Quand je suis arrivé et que je suis allé dans des magasins d’électronique pour du travail, on m’a dit que ce n’était pas possible de m’embaucher. Du coup, je ne pouvais rien faire et rester à la maison, je devais payer le loyer, ma nourriture, donc je suis allé dans la rue et j’ai commencé ce travail", explique le jeune homme.
    Selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une organisation non gouvernementale (ONG) tunisienne, la précarité des migrants est de plus en plus visible dans l’espace public. "Maintenant, c’est remarquable. On voit de plus en plus de mamans accompagnées de leurs enfants dans l’espace public parce que ces mamans-là n’ont pas la possibilité de travailler et sont obligées de sortir pour chercher quelques moyens de vivre ou d’aide de la part des gens », alerte Romdhane Ben Amor, porte-parole de l’ONG, pour qui la précarité a atteint un niveau alarmant.
    Il attribue cette mendicité de plus en plus visible à la criminalisation actuelle, par les autorités, des organisations de la société civile qui viennent en aide aux migrants. En Tunisie, très peu d’ONG peuvent encore travailler sur le terrain.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#subsaharien#humanitaire#violence#droit#sante#vulnerabilite

  • La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63770/la-libye-suspend-les-activites-de-10-ong-accusees-de-mener-des-actions

    La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays
    Par La rédaction Publié le : 03/04/2025
    La Libye a annoncé mercredi la suspension des activités de 10 organisations humanitaires internationales, dont Médecins sans frontières et le Conseil pour les réfugiés danois. Tripoli les accuse de mener des actions « hostiles visant à modifier la composition démographique du pays » en « installant des migrants » d’Afrique subsaharienne sur son territoire. Les autorités libyennes ne veulent plus d’organisations venant en aide aux exilés dans le pays. Mercredi 2 avril, le gouvernement a annoncé la fermeture des sièges de 10 organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités.Lors d’une conférence de presse inhabituellement traduite en anglais, Salem Gheith, le porte-parole libyen de l’Autorité de sécurité intérieure (ASI, rattachée au ministère de l’Intérieur) a imputé aux ONG la volonté de « porter atteinte à l’intégrité de l’État et à sa sécurité intérieure » dans le cadre d’un « complot international ».
    Selon Salem Gheith, ces organisations participent à un « projet d’installation de migrants d’origine africaine en Libye », « une action hostile visant à modifier la composition démographique du pays et [qui] menace la société » libyenne."Ce projet n’est pas nouveau, l’Union européenne (UE) avait tenté [la même chose] avec l’ancien régime, via l’Italie", a-t-il assuré, estimant qu’après la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, « l’UE a changé de moyen et a eu recours aux ONG pour faire aboutir le même projet ».
    Parmi les ONG concernées se trouvent le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins sans frontières (MSF), l’organisation française Terre des Hommes, l’ONG italienne CESVI ou encore l’IRC (International Rescue Committee) ainsi que le Conseil pour les Réfugiés danois (DRC). Contactée par InfoMigrants, MSF a confirmé que ses activités avaient été suspendues, dès le 27 mars « à la suite de mesures de l’Agence de sécurité intérieure libyenne (ASI), comprenant l’interrogatoire de membres du personnel de MSF et la fermeture administrative de nos locaux ».Le porte-parole s’en est pris aussi au Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), l’accusant d’implication dans des « activités illégales » qui seront, selon lui, sanctionnées par le ministère des Affaires étrangères. Une source au sein de l’agence onusienne assure cependant à InfoMigrants que les activités du HCR continuent.
    Peu avant, avait filtré une lettre d’ambassadeurs principalement européens et d’un représentant de l’ONU, obtenue par l’AFP, dénonçant « une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires ».Dans leur lettre datée du 27 mars et adressée au ministre libyen des Affaires étrangères, 17 ambassadeurs, notamment de France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Union européenne, dénoncent la convocation « d’au moins 18 membres du personnel » d’ONG.Le document faisait état d’interrogatoires d’employés locaux d’au moins six ONG, certains privés de passeports, d’autres forcés à démissionner. Certains ont dû « signer des engagements à ne plus jamais travailler pour une ONG internationale », affirment-ils. Selon la source proche du dossier, le personnel étranger des ONG fermées a été prié de quitter le territoire ou de ne plus y revenir s’il se trouvait hors du pays pour les congés de fin de ramadan.
    Inquiétudes des ONG
    Il y a souvent eu des tensions entre les autorités libyennes et les organisations internationales mais, après une période d’arrêt de l’octroi de visas aux humanitaires étrangers entre juillet 2022 et décembre 2023, tout se passait « bien » en 2024, indique la même source.Dans leur lettre, les diplomates ont demandé aux autorités libyennes de permettre aux ONG « de rouvrir leurs bureaux et de redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible ».
    Les diplomates se sont dits « très inquiets de l’impact » de la suspension des activités sur les soins de santé de base, soulignant que des cliniques privées collaborant avec les organisations ont été l’objet « d’enquêtes et/ou arrestations ». La Libye peine à se relever d’une décennie de chaos et divisions entre des groupes armés très actifs à Tripoli, et deux camps rivaux se partagent le pays depuis la chute du dictateur Kadhafi en 2011.
    Plusieurs rapports de l’ONU ou d’organisations internationales ont dénoncé ces derniers mois des arrestations arbitraires de journalistes, avocats, magistrats et opposants et des exactions contre des migrants, avec la découverte de fosses communes.
    Des défenseurs des droits humains accusent l’ASI et son chef, le très influent Lotfi al-Harari, d’interpellations menées sous la forme d’enlèvements en pleine rue, de disparitions puis de réapparitions avec des aveux extorqués.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#UE#humanitaire#ong#HCR#droit#sante#violence

  • Mer Méditerranée : plus de 150 migrants secourus ce week-end au large de la Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63019/mer-mediterranee--plus-de-150-migrants-secourus-ce-weekend-au-large-de

    Mer Méditerranée : plus de 150 migrants secourus ce week-end au large de la Libye
    Par La rédaction Publié le : 24/02/2025
    Cent-cinquante-trois personnes ont été secourues par les ONG SOS Méditerranée et Sea-Watch durant le week-end en mer Méditerranée. Parmi les exilés secourus figurent des femmes, dont l’une est enceinte, et des mineurs.
    Les trois opérations de sauvetage menées par les ONG ce week-end ont eu lieu au large de la Libye. Dans la nuit de samedi 22 à dimanche 23 février, Sea-Watch a porté assistance à 41 personnes qui « naviguaient entre de grosses vagues sur un bateau surchargé ».
    Dans le même temps, l’Ocean Viking, navire affrété par SOS Méditerranée, a secouru 112 migrants au large de la Libye lors de deux sauvetages entre samedi et dimanche, a annoncé l’organisation. Une première opération de sauvetage a eu lieu en pleine nuit. Elle a permis de secourir 25 migrants dont trois femmes, l’une étant enceinte. Quelques heures plus tard, dans la matinée de dimanche, 87 autres migrants qui se trouvaient sur un bateau en bois ont été pris en charge en coordination avec les autorités italiennes. Les personnes secourues viennent principalement du Bangladesh, de Somalie ou d’Égypte, a expliqué l’ONG.
    L’Ocean Viking se dirige désormais vers Livourne, en Toscane, port assigné par les autorités italiennes. Il se situe à plus de 1 000 km de la zone de sauvetage. Le navire Sea-Eye 4 - dont l’ONG éponyme mène des opérations conjointes avec Sea Watch -, s’est vu lui assigné par l’Italie le port de Naples, une destination qui nécessite trois jours de navigation. Depuis 2022 et le décret Piantedosi, les ONG doivent se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Si les navires humanitaires effectuent un autre sauvetage, ils doivent le faire avec l’accord de Rome. Sinon, ils s’exposent à des sanctions financières et à l’immobilisation du bateau.
    Ainsi, selon un rapport de SOS Méditerranée, les bateaux d’ONG ont perdu 735 jours à rejoindre des ports éloignés des lieux de sauvetage et ont parcouru au total plus de 275 000 km à cause des restrictions imposées par les autorités italiennes en mer. Et pour les navires qui n’ont pas respecté cette loi, depuis janvier 2023, « 640 jours de détention ont été imposés aux navires », indique le rapport. Et plus de 76 000 euros d’amendes ont été infligés aux ONG en seulement deux ans.
    Depuis le début de l’année, 129 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe sont décédées en mer Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Sur l’ensemble de l’année dernière, 2 333 personnes sont décédées en mer. L’immense majorité le sont en Méditerranée centrale, qui reste l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde avec près de 1 700 décès recensés l’année dernière. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#italie#oim#mortalite#routemigratoire#ong#humanitaire#libye#sante

  • Méditerranée : l’Ocean Viking porte secours à plus d’une centaine de personnes en quelques heures - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62478/mediterranee--locean-viking-porte-secours-a-plus-dune-centaine-de-pers

    Méditerranée : l’Ocean Viking porte secours à plus d’une centaine de personnes en quelques heures
    Par La rédaction Publié le : 28/01/2025
    Le navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée a porté secours lundi après-midi à 22 personnes dont l’embarcation avait été repérée par la plateforme Alarmphone. Quelques heures plus tard, le navire est à nouveau intervenu, conjointement avec l’ONG Sea Punks, auprès de deux autres embarcations en difficulté sur lesquelles se trouvaient 148 personnes en tout.
    Lundi 27 janvier, l’équipage de l’Ocean Viking a porté secours à 22 personnes, hommes et femmes, qui se trouvaient sur un petit bateau de fibres de verre. L’embarcation se trouvait en difficulté dans la zone de recherche et secours (SAR zone) maltaise. Quelques heures plus tard, toujours dans la SAR zone maltaise, le navire humanitaire a été de nouveau engagé dans le sauvetage de deux embarcations, réalisé conjointement avec l’ONG Sea Punks.
    Une opération particulièrement périlleuse car « le cœur d’une enfant de sept ans, secourue à bord d’une des embarcations, s’est arrêté de battre », indique SOS Méditerranée. « Les équipes à bord ont réussi à pratiquer une réanimation cardio-pulmonaire avant qu’elle ne soit évacuée d’urgence par hélicoptère, avec sa mère et sa sœur, par les autorités maltaises », précise l’ONG.
    Arrivées les premières sur les lieux, les équipes de Sea Punks ont pris en charge 56 personnes. L’Ocean Viking a, lui, accueilli 92 rescapés à bord. En plus des 22 personnes déjà présentes et en tenant compte du départ de la petite fille réanimée, de sa mère et sa soeur, 111 personnes se trouvent désormais à bord du navire de SOS Méditerranée."L’OceanViking se dirige maintenant vers le port lointain d’Ancône, à 1 400 km de la zone d’opérations, imposant 3,5 jours de voyage aux personnes rescapées qui ont déjà subi une expérience profondément traumatisante en mer", ajoute l’ONG.
    Ces nouveaux sauvetages surviennent quelques jours seulement après que le navire humanitaire a débarqué 43 rescapés au port de Gênes, dans le nord de l’Italie. Des mineurs qui se trouvaient à bord du navire avaient été autorisés à débarqués plus tôt à Olbia, en Sardaigne. Mais l’Italie avait contraint l’équipage à faire quatre jours de navigation supplémentaire jusqu’à Gênes pour débarquer les autres migrants à bord.
    Les traversées de la Méditerranée sont toujours nombreuses malgré l’hiver et les drames sont fréquents. Le week-end a été marqué par un naufrage meurtrier survenu dans les eaux maltaises, à environ 85km de l’île italienne de Lampedusa, dimanche 26 janvier.
    Le navire humanitaire du Sea Punks a pu secourir 15 personnes mais une mère de famille a perdu trois enfants dans ce drame. « C’est déchirant […] L’un est mort dans les bras du médecin qui tentait de le réanimer par massage cardiaque », a raconté Arturo Centore, le commandant, au média italien Radio radicale.
    Les exilés, dont la plupart se trouvaient en état d’hypothermie, ont ensuite été transférés sur un navire des gardes-côtes italiens et envoyés à Lampedusa, tandis qu’une femme enceinte et un homme ont été évacués d’urgence en hélicoptère vers l’hôpital de La Valette, à Malte.Selon les rescapés, le bateau avait quitté Zouara, à l’ouest de la Libye, quelques jours plus tôt, avec une vingtaine de personnes à bord. Il y aurait ainsi plusieurs disparus.
    Avec la Tunisie, la Libye est le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe. Mais les embarcations utilisées par les passeurs, pneumatiques ou en bois, ne sont pas adaptées à la traversée de la Méditerranée.Dans cette zone, les naufrages se multiplient faisant de la Méditerranée la route migratoire la plus meurtrière au monde. L’année 2025 a d’ailleurs commencé par un drame : 27 cadavres ont été repêchés le 1er janvier par les autorités tunisiennes, au large des îles Kerkennah. Parmi ces corps « figurent des femmes et des enfants », avait indiqué une source officielle tunisienne. La Garde nationale, elle, avait affirmé sur sa page Facebook qu’un bébé fait partie des victimes.
    Au total depuis début janvier, on compte déjà près de 50 morts en Méditerranée, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et sur l’ensemble de 2024, les données de l’agence onusienne recense plus de 2 300 morts et disparus dans cette zone maritime.

    #Covid-19#migration#migrant#mediterranee#humanitaire#sante#routemigratoire#libye#tunisie#migrationirreguliere#italie

  • Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara - InfoMigrants
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    Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    L’ONG Alarme Phone Sahara a alerté, dans un communiqué publié lundi, sur le nombre de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger au cours de l’année 2024. Plus de 30 000 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes et envoyées dans le désert. Un nombre record par rapport aux années précédentes.
    Jamais autant de migrants n’ont été expulsés d’Algérie vers le Niger qu’en 2024. C’est le constat dressé par l’ONG Alarme phone (APS) qui a publié, lundi 13 janvier, un communiqué à ce sujet. « Au moins 31 404 personnes (...) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », avance l’ONG qui dénonce les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre de ces exilés.
    Dans un précédent rapport, APS indiquait que l’Algérie avait refoulé quelques 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Mais, en 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger a « dépass[é] tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne Alarme Phone Sahara.
    Ces expulsions ont lieu après des arrestations massives de migrants dans le pays. Or, ces interpellations de masse sont de plus en plus fréquentes. « Les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants », rapporte APS dans son communiqué.
    « On observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées [depuis la] Tunisie, souvent après des pushbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne », ajoute l’organisation.
    Depuis 2014, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages d’exilés qui ont été expulsés d’Algérie après avoir été arrêtées dans leur quotidien ou bien à la suite d’une tentative de traversée de la Méditerranée avortée. Les exilés sont alors déposés dans le désert au sud de l’Algérie et sommés de traverser la frontière à pieds jusqu’à rejoindre la ville nigérienne d’Assamaka, où se trouve un centre de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mamadou, un Sénégalais de 22 ans, a notamment affirmé à InfoMigrants avoir passé plus de 20 jours dans une prison algérienne après son arrestation dans le pays. Le jeune homme a ensuite été menotté et forcé à monter dans un bus."Au bout de cinq ou six heures […], on nous a déposés dans le désert, il n’y avait rien autour. La police algérienne nous a crié : ‘Voilà Assamaka !’ en pointant le doigt vers l’horizon. ‘L’OIM [Organisation internationale des migrations], c’est tout droit’. On s’est mis en marche, je ne sais plus pour combien de temps. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais épuisé, complètement à bout de forces. J’ai quand même réussi à faire la dizaine de km qui nous séparaient d’Assamaka", a-t-il raconté.En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. À son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    Mais les expulsions depuis l’Algérie ne sont pas les seules à inquiéter APS. Ces derniers mois, les expulsions de Libye vers l’est du Niger - et notamment vers la ville de Dirkou - se multiplient.
    Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsion initiée par Tripoli a été « encadrée par une escorte (militaire) jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée qui indique que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’OIM.
    L’augmentation de ces expulsions et l’afflux de migrants à Dirkou créé un goulot d’étranglement dans le minuscule centre d’accueil de l’OIM qui ne compte qu’une trentaine de place. En conséquence, une centaine de personne s’est retrouvée à devoir dormir à l’extérieur du centre à partir de la mi-novembre. « Certains sont même là depuis trois mois », alertait déjà Azizou Chehou, coordinateur de la plateforme d’APS au Niger.La situation s’est depuis aggravée. Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 janvier, 613 migrants nigériens sont arrivés dans la ville de Dirkou après avoir été expulsés de Libye. Pour les autorités de Dirkou et l’OIM, la seule solution de désengorgement est que ces personnes soient transférées vers Agadez. Mais les centres d’accueil de la capitale nigérienne manquent eux aussi de places d’hébergement.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#libye#dirkou#assamaka#expulsion#frontiere#refoulement#rapatriement#sante#humanitaire