• « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/25/l-indifference-face-aux-morts-en-mediterranee-est-le-signe-d-un-effondrement

    « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    Tribune
    Michel Agier Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
    Filippo Furri Anthropologue, membre du réseau Migreurop
    Carolina Kobelinsky Anthropologue, chargée de recherche au CNRS
    Jusqu’à la difficile acceptation, le 22 juin, de la mort des cinq touristes embarqués dans le submersible Titan pour voir de près l’épave du Titanic, les médias du monde entier ont suivi heure par heure les rebondissements de cette tentative de sauvetage, dans laquelle plusieurs Etats s’étaient impliqués. L’émotion suscitée par cet accident a mis crûment en évidence, par contraste, le calme plat des Etats et de la plupart des médias européens face à un autre drame maritime, le naufrage, une semaine plus tôt, le 14 juin, d’un chalutier parti de Libye avec environ 750 passagers originaires pour la plupart du Pakistan, de Syrie et d’Egypte, dont seulement 104 personnes sont rescapées. A ce jour, seuls 84 corps ont été retrouvés.

    Reste un calcul que presque personne ne semble vouloir faire, portant à plus de 600 le nombre de victimes fatales. Ce naufrage n’est tristement pas le premier, mais il est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Pourtant, si le naufrage, déjà en Méditerranée, du 3 octobre 2013 et celui survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 ont provoqué un grand retentissement médiatique ainsi que des réponses des autorités italiennes, cette énième tragédie, elle, n’a pas eu d’effet.

    La tragédie n’a pas donné lieu à la sidération collective, elle n’a pas provoqué de polémique publique sur les politiques sécuritaires qui sont aujourd’hui la norme de presque tous les Etats européens. Elle n’a pas fait changer d’un pouce les discours xénophobes et sécuritaires des dirigeants européens. En France, les tractations continuent autour de la nouvelle loi sur l’immigration, sans cesse repoussée faute d’accord entre la droite et le centre droit, avec en perspective la remise en cause des conventions internationales de droits humains, et le durcissement des mesures sécuritaires antimigrants. En Europe, le nouveau pacte sur l’asile et la migration porte moins sur la capacité des pays membres à organiser un dispositif d’asile européen que sur le renforcement, une fois de plus, de la fermeture des frontières et de la logique d’externalisation [consistant à délocaliser la gestion administrative et policière des migrants dans les pays de départ ou de transit].
    Comme cela s’est passé après le naufrage dans la Manche du 21 novembre 2021, lorsque les gardes-côtes et sauveteurs français et britanniques se rejetèrent la responsabilité du drame, ou après celui de Cutro, en Calabre, le 26 février 2023, où la police, les douanes et les gardes-côtes italiens sont mis en cause, l’Agence européenne des frontières externes (Frontex) et les gardes-côtes grecs se renvoient la responsabilité de cet abandon en mer pour le drame du 14 juin. Plusieurs témoignages de rescapés accusent directement les gardes-côtes grecs d’avoir provoqué l’accident après avoir attaché un câble au chalutier afin de l’éloigner des eaux territoriales grecques pour ne pas avoir à prendre en charge ses occupants une fois à terre. Une telle pratique pour remorquer le bateau n’est pourtant pas recommandée, puisqu’elle comporte le risque de déstabiliser l’embarcation, voire de la faire chavirer.
    Détournant les regards ailleurs que sur les administrations grecques et européennes, la mise en cause rapide de neuf supposés « passeurs » parmi les rescapés n’est autre que l’invention cynique d’un bouc émissaire. Le renvoi (« push back »), l’abandon ou le harcèlement aux frontières sont devenus la règle implicite de la gestion migratoire contemporaine, au mépris du droit. Depuis que l’Europe de Schengen existe, elle a tué ou au moins « laissé mourir » plus de 55 000 exilés, hommes et femmes, à ses frontières. L’Organisation internationale pour les migrations, liée aux Nations unies, évoque quant à elle, selon ses données actualisées en juillet, le total de 27 675 morts et disparus dans la seule Méditerranée depuis 2014. Mais la publication de ces nombres, aussi édifiants soient-ils, semble sans effet.
    C’est surtout l’indifférence apparente des sociétés qui interpelle. Pour les uns, le sentiment d’impuissance et l’accablement laissent sans voix, pour les autres une acceptation ou une accoutumance coupables à une hécatombe interminable. Huit jours après le naufrage du 14 juin, un autre a déjà eu lieu près de Lampedusa, faisant 46 morts, passés cette fois totalement inaperçus. Des hommes et des femmes originaires d’Afrique subsaharienne avaient embarqué à Sfax pour échapper aux persécutions en Tunisie, alors que, dans le même temps, à l’instar de l’Italie, les pays européens marchandaient avec le président de ce pays, dont les propos racistes contre les Africains ont pourtant été largement rapportés, pour faire de la Tunisie un pays de rétention, comme l’est déjà la Libye.
    Ces politiques d’externalisation sont des manières de mettre en œuvre le rejet des indésirables, leur disparition des radars de l’attention publique, et elles ont besoin de l’indifférence des sociétés. A la peur des étrangers venus des pays du Sud, régulièrement entretenue ou suscitée par des dirigeants bornés, aveugles aux réalités du monde, succèdent des politiques de repli et de fermeture, puis, logiquement, des dizaines de milliers de « vies perdues », selon les mots du sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) dans son livre qui porte ce titre (Payot, 2006), consacré à « la modernité et ses exclus ».
    On évoque souvent, à propos de ce naufrage du 14 juin, « au moins 80 morts » et « des centaines de disparus ». Certes, parler de « disparus » peut être une forme minimale de respect à l’égard des familles et des proches qui attendent encore de voir les corps de leur frère, cousin ou enfant. Mais c’est aussi une façon de ne pas faire face collectivement à la réalité. Attend-on que les corps noyés se volatilisent ? Plus probablement, l’absence de reconnaissance et de deuil pour ces plus de 600 personnes qui avaient un nom, une vie et des proches contribuera à en faire des fantômes pour l’Europe. En 2015, après le naufrage du 18 au 19 avril, l’opération de récupération de l’épave organisée par le gouvernement italien de l’époque, coûteuse et complexe, avait interpellé la conscience collective, avec l’ambition de récupérer les corps des victimes et de mettre en place un dispositif médico-légal pour les identifier et leur donner un nom. Cette fois, ces corps semblent destinés à rester emprisonnés à jamais au fond de la mer. L’écart entre l’émoi suscité par la disparition des cinq occupants du Titan et l’indifférence à l’égard des centaines de personnes migrantes subissant le même sort huit jours plus tôt ne tient-il qu’à l’anonymat de ces dernières, au fait qu’il n’y aurait pas d’histoires à raconter, pas de suspense à susciter, tant leur sort s’est banalisé ? S’émouvoir, comprendre, agir sont trois moments indispensables pour faire face.
    L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité dont il nous faut prendre la mesure pour sortir du cercle infernal qui l’a provoqué. Il nous faut, collectivement, raconter toutes ces vies perdues, retracer ces destins individuels, comprendre ce qui est en train de se passer, et agir dans le respect de toutes les vies humaines. La tâche est « titanesque » et demande du temps et du courage, mais elle est absolument urgente. Paradoxalement, l’accoutumance, l’accablement ou l’indifférence apparente sont les signes les plus éclatants de cette urgence.
    Michel Agier(Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS), Filippo Furri(Anthropologue, membre du réseau Migreurop) et Carolina Kobelinsky(Anthropologue, chargée de recherche au CNRS)

    #Covid-19#migrant#migration#mortalite#UE#mediterranee#traversee#politiquemigratoire#humanitaire#postcovid

  • We Must Act Now to Avert a Humanitarian Catastrophe in Eastern Chad: IOM DDG Ugochi Daniels | International Organization for Migration
    https://www.iom.int/news/we-must-act-now-avert-humanitarian-catastrophe-eastern-chad-iom-ddg-ugochi-dani

    We Must Act Now to Avert a Humanitarian Catastrophe in Eastern Chad: IOM DDG Ugochi Daniels
    Geneva/ N’Djamena – The window of opportunity to avert a humanitarian catastrophe in Eastern Chad is rapidly closing. As the situation in Sudan, and particularly in Darfur deteriorates, I have witnessed firsthand the severe impact this senseless violence has had on ordinary civilians here in Chad. 
    The knock-on effects of the crisis in Sudan could have serious humanitarian implications on neighbouring countries particularly Chad which was already responding to a significant displacement crisis before this influx which was poorly resourced. I have heard stories of former teachers, nurses, and traders whose lives were upended by the fighting, who have had to return to Chad, and now need support to rebuild their lives. I appeal to the leaders of the Sudanese Armed Forces and the Rapid Support Forces to cease hostilities, restore calm, and begin a dialogue to resolve the crisis. 
    IOM estimates that 20 per cent (45,000 persons) of the 225,000 people displaced into Chad are Chadian returnees and stranded migrants from South Sudan, Ethiopia, Nigeria, Uganda, Niger, and Uganda. While a few of them have been able to integrate into local communities, the majority live in extremely precarious conditions across 25 sites, including a high school in the border town of Adré.  The first responders to this humanitarian crisis were local community members who provided returnees with space to settle, blankets to shelter themselves and food. Despite their already limited resources, they have shown solidarity and generosity to their brothers and sisters in need. 
    But today, as more people continue to arrive in Eastern Chad, local communities and authorities are reaching their breaking point.Since the beginning of the crisis in Sudan, IOM has been on the ground to support the Chadian Government’s efforts to respond to the situation. We are helping returnees meet some of their immediate needs through shelter, water trucking and unconditional cash assistance. We have also set up a humanitarian evacuation mechanism to enable stranded migrants to return home and reunite with their families.   But this is just a drop in this ocean of despair. The looming rainy season is already threatening to cut off entire communities, as rivers and wadis are filling with water, thus hindering the delivery of much-needed humanitarian aid.

    #Covid-19#migrant#migration#tchad#deplaceinterne#conflit#crise#humanitaire#sante#soudan#ethiopie#nigeria#ouganda#niger#migrationretour#postcovid

  • Le navire-ambulance « Ocean-Viking » sauve 86 personnes, dont une majorité de mineurs, en Méditerranée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/28/le-navire-ambulance-ocean-viking-sauve-86-migrants-en-mediterranee_6179529_3

    Le navire-ambulance « Ocean-Viking » sauve 86 personnes, dont une majorité de mineurs, en Méditerranée
    Les autorités italiennes ont désigné Bari comme port sûr pour le débarquement des personnes sauvées au large de la Libye, ce qui représente trois jours de navigation, a regretté l’ONG.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 08h39, modifié à 09h47
    L’Ocean-Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru mardi 27 juin 86 personnes en détresse au large de la Libye. Sur une embarcation de fortune, elles tentaient de rejoindre l’Europe, a annoncé dans un communiqué l’ONG humanitaire basée à Marseille. « Les rescapés, pour la plupart originaires de Gambie et du Sénégal, souffrent de déshydratation, d’épuisement et de brûlures de carburant », a tweeté SOS Méditerranée dans la soirée. Ils seraient en grande majorité mineurs et ont tenté cette traversée périlleuse sans être accompagnés par leurs proches.
    Les rescapés ont été pris en charge par les équipes de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale de la Croix-Rouge à bord de l’Ocean-Viking. Les autorités italiennes ont désigné Bari comme port sûr pour le débarquement des rescapés, ce qui représente trois jours de navigation, a regretté l’ONG.
    Début janvier, plusieurs ONG internationales engagées dans des opérations de secours aux migrants en Méditerranée avaient dénoncé la volonté du gouvernement italien d’extrême droite « d’entraver l’assistance aux personnes en détresse ». Elles pointaient les effets croisés d’un décret obligeant les navires à se rendre « sans délai » vers un port italien après chaque sauvetage, et l’assignation habituelle de ports très éloignés, réduisant les capacités d’assistance.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 1 724 migrants y ont disparu contre 1 417 sur toute l’année 2022. En juin, un naufrage, présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, a fait au moins 82 morts, mais en Méditerranée orientale. L’OIM et le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) estiment qu’entre 400 et 750 passagers se trouvaient sur le chalutier, dont des femmes et des enfants.

    #COvid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#OIM#UNHCR#libye#humanitaire#postcovid

  • Le navire-ambulance « Ocean-Viking » sauve 86 personnes, dont une majorité de mineurs, en Méditerranée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/28/le-navire-ambulance-ocean-viking-sauve-86-migrants-en-mediterranee_6179529_3

    Le navire-ambulance « Ocean-Viking » sauve 86 personnes, dont une majorité de mineurs, en Méditerranée
    Les autorités italiennes ont désigné Bari comme port sûr pour le débarquement des personnes sauvées au large de la Libye, ce qui représente trois jours de navigation, a regretté l’ONG.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 08h39, modifié à 09h47
    L’Ocean-Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru mardi 27 juin 86 personnes en détresse au large de la Libye. Sur une embarcation de fortune, elles tentaient de rejoindre l’Europe, a annoncé dans un communiqué l’ONG humanitaire basée à Marseille. « Les rescapés, pour la plupart originaires de Gambie et du Sénégal, souffrent de déshydratation, d’épuisement et de brûlures de carburant », a tweeté SOS Méditerranée dans la soirée. Ils seraient en grande majorité mineurs et ont tenté cette traversée périlleuse sans être accompagnés par leurs proches.
    Les rescapés ont été pris en charge par les équipes de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale de la Croix-Rouge à bord de l’Ocean-Viking. Les autorités italiennes ont désigné Bari comme port sûr pour le débarquement des rescapés, ce qui représente trois jours de navigation, a regretté l’ONG.
    Début janvier, plusieurs ONG internationales engagées dans des opérations de secours aux migrants en Méditerranée avaient dénoncé la volonté du gouvernement italien d’extrême droite « d’entraver l’assistance aux personnes en détresse ». Elles pointaient les effets croisés d’un décret obligeant les navires à se rendre « sans délai » vers un port italien après chaque sauvetage, et l’assignation habituelle de ports très éloignés, réduisant les capacités d’assistance.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 1 724 migrants y ont disparu contre 1 417 sur toute l’année 2022. En juin, un naufrage, présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, a fait au moins 82 morts, mais en Méditerranée orientale. L’OIM et le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) estiment qu’entre 400 et 750 passagers se trouvaient sur le chalutier, dont des femmes et des enfants.

    #COvid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#OIM#UNHCR#libye#humanitaire#postcovid

  • Les dirigeants du CICR bénéficient de salaires pouvant dépasser 300’000 francs Ludovic Rocchi, Pôle enquête RTS - Radio Télévision Suisse

    Les langues se délient à l’interne du Comité international de la Croix Rouge (CICR), frappé par une crise financière sans précédent et forcé de licencier 1800 personnes sur un total de 22’700 employés. Dans ce climat très tendu, les critiques contre la hiérarchie sont nombreuses et des informations sur les avantages offerts aux plus hauts cadres du CICR ont été transmises au Pôle enquête de la RTS.

    Les chiffres qui circulent à l’interne émanent des données du fisc américain, qui contiennent tous les salaires et les autres avantages financiers dédiés aux postes à responsabilité. Le CICR doit fournir ces informations comme toute autre organisation de charité qui veut être exemptée d’impôts aux Etats-Unis.


    Les données fiscales rendues publiques s’arrêtent pour l’instant à 2021. En convertissant les dollars en francs suisses, on constate que des records ont été atteints pendant les années 2010, celles du règne de l’ancien président Peter Maurer. Il a touché jusqu’à 437’000 francs par année. L’ancien directeur général Yves Daccord, lui, a atteint 330’000 francs.

    Chiffres confirmés par le CICR
    Le CICR a confirmé ces chiffres à la RTS et a accepté de préciser leur évolution : l’ancien secrétaire d’Etat Peter Maurer a été nommé en 2012 avec un salaire initial de 390’000 francs, qui a donc été augmenté de plus de 40’000 francs par la suite. Historiquement, le rôle de directeur général est un peu moins bien payé. A son arrivée en 2010, Yves Daccord touchait 300’000 francs. Il aussi été augmenté par la suite. Cette tendance à la hausse connaît actuellement un coup d’arrêt. La nouvelle présidente du CICR Mirjana Spoljaric doit se contenter de 390’000 francs et le directeur général Roberto Mardini touche, lui, 320’000 francs de salaire de base.

    Selon les données du fisc américain, les plus hauts cadres ont aussi droit à un défrayement annuel allant de 18’000 à 24’000 francs. En 2021, les six autres membres de la direction touchaient des salaires compris entre 250’000 et 290’000 francs. Autre salaire en haut de la liste, celui du vice-président du CICR, Gilles Carbonnier, qui touche environ 290’000 francs par an.

    Les grandes agences de l’ONU comme point de comparaison
    Ces rémunérations sont régies par une grille salariale pour les membres de la direction, alors que les montants pour la présidence et le directeur général sont fixés par le comité du CICR et sa commission de rémunération. L’organisation phare de la Genève internationale défend la hauteur des rémunérations offertes à ses plus hauts cadres, comme l’a expliqué dans La Matinale de la RTS, la directrice des Ressources humaines Claire Sperandio : « C’est une organisation qui s’est énormément professionnalisée, avec plus 20’000 employés et plus de 2 milliards de francs de budget. Nous avons donc besoin dans nos fonctions dirigeantes des meilleurs talents possibles. Pour ce faire, on se doit d’être attractifs et compétitifs, le salaire en fait partie ».

    La directrice RH précise que « le CICR se situe en moyenne 20% en dessous des autres acteurs du secteur », selon des comparaisons régulièrement effectuées notamment avec les grandes agences de l’ONU. Ce point de comparaison est critiqué par un ancien du CICR, le conseiller national (Verts/GE) Nicolas Walder : « Le CICR devrait se montrer plus modeste sur ses rémunérations et ferait mieux de s’aligner sur des ONG que sur les agences de l’ONU. Il en va de la crédibilité de l’organisation qui a par ailleurs besoin d’être soutenue plus que jamais par la Suisse ».

    Coûteuses indemnités de départ
    Un autre avantage financier alimente les critiques sur la « Rolls de l’humanitaire », comme certains appellent le CICR à Genève. Il s’agit d’un système d’indemnités de départ lié à l’ancienneté, qui s’applique aux membres de la direction quand leur mandat prend fin. Les données du fisc américain font apparaître en 2021 un versement de plus de 300’000 francs à Yves Daccord, alors qu’il a quitté son poste de directeur général en juin 2020.

    Le CICR indique à la RTS qu’il s’agit d’un versement « tout à fait normal et réglementaire », qui correspond à une indemnité de départ de 12 mois de salaire, le maximum prévu si on a été plus de 16 ans au service du CICR, ce qui était le cas d’Yves Daccord. Mais il est parti de son plein gré après une fin de carrière passée au poste de directeur général.

    Comment justifier le versement d’une indemnité de départ, alors que le système a été conçu à la base pour accompagner les reconversions après de longues missions à l’étranger, puis étendu à l’ensemble du personnel dont le contrat n’est pas renouvelé ou prend fin ? Selon le CICR, le cas des membres de la direction est différent, car ils ont des mandats de quatre ans, renouvelables ou pas. « Il faut qu’ils puissent se consacrer à leur mandat jusqu’au dernier jour et ne pas penser à la suite, explique Claire Sperandio. Les indemnités de départ font partie d’une offre qu’on veut attractive et compétitive ».

    Ce système a coûté cher au CICR qui a renouvelé l’entier de sa direction ces trois dernières années. A part le directeur général, six autres membres de la direction sont partis. Le CICR a refusé d’indiquer à la RTS la somme consacrée à leurs indemnités de départ : « Nous considérons que de manière générale les salaires exacts des membres de notre personnel sont privés et confidentiels ».

    Il faudra donc attendre les prochaines publications du fisc américain pour avoir les chiffres précis. Selon notre estimation, cinq des six membres de la direction remplissaient les critères d’ancienneté pour toucher l’indemnité maximale de 12 mois de salaire. Au total, cela peut représenter plus d’un million de francs d’indemnités.

    #cicr l’ #humanitaire un #marché #ong #onu #Suisse
    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/14122276-les-dirigeants-du-cicr-beneficient-de-salaires-pouvant-depasser-300000-

    • « L’humanitaire est un marché très compétitif », justifie Yves Daccord

      Invité jeudi dans La Matinale, l’ancien directeur général du CICR Yves Daccord a réagi à l’enquête de la RTS sur les salaires des dirigeants de l’organisation, évoquant des « choix stratégiques ». « J’avais conscience que c’était important mais aussi qu’il était nécessaire d’avoir un bon salaire pour attirer les bonnes compétences », argumente-t-il.

      Et d’ajouter : « L’environnement de l’humanitaire est un marché très compétitif. Il fallait trouver des compétences remarquables, avec des personnes qui parlent plusieurs langues ». Il évoque notamment des médecins très pointus, des ingénieurs de système IT ou encore des diplomates. Pour Yves Daccord , les humanitaires font un métier complexe et ils méritent donc d’avoir des salaires justifiés, y compris en ce qui concerne les indemnités de départ.

  • « Les Etats et les institutions européennes doivent garantir un espace humanitaire en Méditerranée »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/08/les-etats-et-les-institutions-europeennes-doivent-garantir-un-espace-humanit

    « Les Etats et les institutions européennes doivent garantir un espace humanitaire en Méditerranée »
    Tribune Collectif
    A l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai, un collectif d’une centaine d’élus, parmi lesquels Martine Aubry, Carole Delga et Grégory Doucet, appelle, dans une tribune au « Monde », les Etats de l’UE à respecter les règles applicables au sauvetage en mer et à mettre fin aux sanctions contre les associations humanitaires.

    #Covid-19#migrant#migration#postcovid#politiquemigratoire#UE#mediterranee#humanitaire#droit#asile

  • L’#aide_humanitaire en phase d’introspection

    Le mouvement #Black_Lives_Matter a relancé le débat autour du #racisme_structurel et du déséquilibre des pouvoirs dans les domaines de l’#humanitaire, du #développement et de la promotion de la #paix. Un dialogue ouvert et honnête est nécessaire pour aborder ces problèmes ancrés dans l’ADN du secteur.

    Un travail d’introspection demande courage et conscience critique. C’est précisément ce qu’exigent les acteurs du mouvement Black Lives Matter de la part des organisations, des agences et des acteurs actifs dans les domaines de l’aide humanitaire et de la #coopération_internationale. Il est important de faire son introspection pour identifier le #racisme, les dynamiques et les déséquilibres de pouvoir entre le Nord et le Sud, qui remontent à l’époque coloniale. « La gestion de l’aide humanitaire qui n’implique pas les communautés locales marginalisées, les laissant isolées et sans assistance, montre comment ce secteur continue de fonctionner selon les principes colonialistes », avance Lumenge Lubangu, représentant légal de l’Association des rescapés du massacre de Makobola, perpétré en décembre 1998 en République démocratique du Congo.

    Comme près de 160 militants, universitaires, journalistes et professionnels du monde entier, Lumenge Lubangu a participé en novembre 2020 à une consultation en ligne de trois jours, lancée par une coalition d’ONG britanniques. Le but était de partager des expériences, des recommandations et des idées sur le problème du racisme et les #structures_de_pouvoir dans les secteurs de l’humanitaire, du développement et de la promotion de la paix. Sur la base des résultats des discussions, l’ONG Peace Direct a publié un rapport intitulé Time to Decolonise Aid. « L’objectif est de promouvoir le débat et d’encourager la #décolonisation de l’aide humanitaire, de la coopération au développement et de la promotion de la paix pour que ces secteurs deviennent réellement inclusifs, en transférant le pouvoir et les ressources aux acteurs locaux », explique Shannon Paige, autrice du rapport.

    Logique eurocentrée

    La décolonisation de l’aide humanitaire est un sujet récurrent. Il fait son retour dans l’actualité cinq ans après le Grand Bargain, un accord signé lors du Sommet mondial sur l’action humanitaire qui s’est tenu à Istanbul en 2016. Malgré l’engagement pris par le secteur de s’attaquer aux inégalités du système, le pouvoir et l’aide économique n’ont pas encore été transférés aux communautés et aux acteurs locaux. Il y a de nombreuses raisons à cela, notamment une gestion de projet qui consolide les structures de pouvoir existantes.

    « De nombreux programmes sont menés selon une logique eurocentrée qui remonte à l’époque des Lumières, explique Kimon Schneider, maître de conférences et initiateur d’un cours sur le sujet (voir encadré) proposé par le Centre pour le développement et la coopération (NADEL) de l’EPFZ. C’est une logique qui a façonné le concept de progrès et de développement, ancré dans l’ADN du secteur humanitaire et imposé aux bénéficiaires de l’aide. »

    Un modèle occidental et postcolonial qui se manifeste dans différents domaines, notamment le recrutement. « Pourquoi pensons-nous qu’il est préférable d’engager un expert européen ou américain pour mettre en œuvre un projet dans le Sud ? questionne Shannon Paige. Plutôt que de financer les déplacements des experts occidentaux, les ONG et les donateurs devraient investir dans les chercheurs locaux. » Le rapportTime to Decolonise Aid mentionne d’autres contextes où le racisme structurel est favorisé.

    Dans la coopération au développement, on utilise souvent le terme « renforcement des capacités », un concept qui suggère que les communautés et les organisations locales manquent de compétences, perpétuant ainsi l’image du « sauvage » du Sud qui doit être « civilisé ». En outre, les réunions entre acteurs internationaux et locaux se déroulent généralement en anglais (la langue dominante dans le monde de la coopération internationale), même lorsque les anglophones sont minoritaires. Le langage utilisé par les humanitaires est truffé de termes spécialisés et académiques. Ceux-ci empêchent souvent les collaborateurs locaux de participer activement à la discussion et consolident le système d’exclusion ainsi que le déséquilibre de pouvoir entre le Nord et le Sud.

    « Qui définit ce qu’est la connaissance ? s’interroge Kimon Schneider. Qui décide que les connaissances locales et autochtones sont moins importantes que celles de l’Organisation mondiale de la Santé ou d’un professeur d’université ? ». Conscients du problème, de nombreux donateurs, ONG et agences encouragent l’échange d’informations Sud-Sud. Cependant, là aussi, l’évaluation des connaissances s’effectue selon les valeurs et les modèles occidentaux.

    Enfin, citons encore les collectes de fonds qui s’appuient sur des images d’enfants affamés ou de milliers de personnes attendant de la nourriture pour susciter l’empathie et ainsi récolter des dons. Ces clichés consolident l’imaginaire collectif selon lequel l’Africain est impuissant et dépendant de l’Occident, du « sauveur blanc ».
    Délocaliser les décisions

    « Cela fait des décennies que l’on parle d’une manière ou d’une autre de décolonisation de l’aide. Malgré les efforts déployés pour transférer le pouvoir au Sud, il n’y a pas eu de progrès substantiels. Bien qu’il y ait une plus grande prise de conscience de la question, on est resté plus ou moins au statu quo », souligne Kimon Schneider. Le problème du racisme dans la coopération internationale est difficile à aborder. On part souvent du principe que les acteurs du secteur ne peuvent pas être racistes, parce qu’ils sont des gens « bien » qui sacrifient leur vie pour aider les personnes défavorisées dans les pays du Sud.

    Pourtant, il existe des comportements inconscients et ritualisés. Aux yeux de Lumenge Lubangu, la clé du changement réside dans l’implication des acteurs locaux. « Sans la communauté locale, on n’arrive à rien », soutient l’activiste, qui se souvient de sa participation à une consultation des Nations Unies visant à élaborer des stratégies de prévention et d’atténuation de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo. « Les forces de l’ONU sur le terrain appliquent mes propositions, prises comme modèle pour gérer l’insécurité dans la région. Les premiers résultats sont prometteurs. »
    Espaces de dialogue

    Le rapport de l’ONG Peace Direct formule d’autres recommandations. Il demande, par exemple, aux donateurs, aux organisations et aux décideurs politiques de reconnaître l’existence d’un racisme structurel. « Cela ne signifie pas qu’il faille nier le bien que fait le secteur ou rejeter la coopération internationale. Il existe toutefois une responsabilité collective face à ce problème », peut-on lire dans le document.

    La création d’espaces de dialogue et de confrontation sur les déséquilibres de pouvoir du système est également proposée. Objectif : promouvoir la création de partenariats plus équitables avec les communautés locales et favoriser la décentralisation de la prise de décision, en la transférant vers le Sud. Une idée également soutenue par Kimon Schneider : « Nous avons besoin d’un dialogue constructif entre personnes provenant du monde entier pour créer un monde meilleur,. L’élément crucial est l’attitude, qui doit être humble, autocritique, ouverte et consciente. » Selon Shannon Paige, le rapport Time to Decolonise Aid n’est que le début du processus que l’aide humanitaire et la coopération internationale doivent entreprendre. « Le débat sur la décolonisation de l’aide est important, mais pas suffisant. Nous avons besoin d’une transformation des structures de pouvoir. »

    https://www.eine-welt.ch/fr/2021/edition-4/laide-humanitaire-en-phase-dintrospection
    #décolonial #pouvoir #coopération_au_développement #aide_au_développement #eurocentrisme #ressources_pédagogiques

    ping @cede @karine4

  • Valle di Susa, occuparono degli spazi per aiutare i migranti: tutti assolti

    La Procura aveva chiesto 19 condanne, riconoscendo però come attenuante che si era trattato di un’azione per scopi umanitari

    È finito con il proscioglimento di tutti i 19 imputati a Torino il processo per il caso degli edifici occupati in Alta Valle di Susa da gruppi di anarchici e antagonisti, nel 2018, per prestare assistenza e soccorso ai migranti diretti verso la Francia. Per la casa cantoniera di Oulx il tribunale ha sancito la «tenuità del fatto»; per i locali di pertinenza di una parrocchia a Claviere ha stabilito il non luogo a procedere per mancanza di querela. 

    La procura aveva chiesto 19 condanne riconoscendo però, come attenuante, che si era trattato di una azione per scopi umanitari. «Siamo soddisfatti parzialmente - è il commento di uno dei difensori, l’avvocato Danilo Ghia - perché, alla luce di quanto ha dimostrato il processo, bisognava arrivare a una assoluzione per «stato di necessità», in quanto gli imputati agirono per salvare la vita a delle persone».

    https://torino.corriere.it/notizie/cronaca/22_dicembre_07/valle-di-susa-occuparono-degli-spazi-per-aiutare-i-migranti-tutti-as

    #casa_cantoniera #Oulx #justice #Chez_Jesuoulx #Val_de_Suse #frontière_sud-alpine #Italie #France #frontières #solidarité #acquittement #migrations #asile #réfugiés #Alpes #humanitaire

  • Nous sommes une association humanitaire, nous ne faisons pas de politique. Face à une situation humanitaire d’urgence en #Méditerranée, notre raison d’être est notre mission de sauvetage en mer.  » François Thomas, Président de @SOSMedFrance


    https://twitter.com/SOSMedFrance/status/1595048540434464770
    #SOS_Méditerranée #sauvetage #humanitaire #politique #mer_Méditerranée #Méditerranée #migrations #réfugiés #asile #association_humanitaire

    ping @karine4

  • Human Rights Violations Against Migrants in Yemen Increase Amid Soaring Arrivals
    https://mailchi.mp/32f5e7091dc8/human-rights-violations-against-migrants-in-yemen-increase-amid-soaring-arri

    Human Rights Violations Against Migrants in Yemen Increase Amid Soaring Arrivals
    Women migrants walk along a highway in Yemen en route to the border with the Kingdom of Saudi Arabia. Photo: Rami Ibrahim/IOM 2022
    Aden – At least 27,800 people have crossed from the Horn of Africa to war-torn Yemen in the first five months of 2022, more than the total who made the journey all of last year along what was the world’s busiest maritime migration route prior to COVID-19, according to the International Organization for Migration’s (OIM) Displacement Tracking Matrix (DTM).
    IOM last year reported that an estimated 27,700 migrants entered Yemen through the so-called Eastern Route, down from 138,000 in 2019 due to heightened COVID-19 mobility restrictions. Approximately 37,500 made the journey in 2020. The rise in arrivals is cause for alarm in a country now grappling with its eighth year of conflict. “We are increasingly concerned about the safety and well-being of people moving through Yemen,” said Christa Rottensteiner, IOM Yemen’s Chief of Mission. “Our teams meet migrants every day who have been injured in the conflict or become stranded on their journeys.”
    A variety of factors may be influencing this year’s increase, including a loosening of COVID-19 mobility restrictions, more favorable weather conditions, and the security situation and drought in Ethiopia, where most migrants originate from. Upon arriving in Yemen, migrants face perilous onward journeys to Gulf countries in search of work. They often travel across conflict frontlines and face grave human rights violations such as detention in inhumane conditions, exploitation and forced transfers across lines of control. Women and girls often report experiencing gender-based violence, abuse or exploitation, usually at the hands of traffickers and smugglers.  In the north of the country, IOM’s partners and the local community have reported that over 1,000 migrants – including women and children – have been injured or killed by attacks this year. Every month, hundreds are treated for gunshot wounds at an IOM-supported hospital near the border town of Sa’dah. In Ma’rib – some 25 kilometres from one of the conflict’s frontlines – approximately 4,500 migrants are stranded, unable to continue their journey onward or return back. More than 900 migrants departed on Voluntary Humanitarian Return (VHR) flights from Aden in May (as of 31/05 mid-day), but greater funding is needed to help thousands of others waiting to leave from Aden, Sana’a and Ma’rib.
    “One of the main ways we can offer relief and protection is to open more opportunities for migrants who wish to return home to do so, and to provide life-saving assistance and medical aid to those in need,” said Rottensteiner. “At a time when funding for the Yemen response is on a decline, we must not turn our backs on stranded migrants who are often forgotten in times of crisis. We urgently require greater funding to ease the suffering of more than 190,000 migrants in need of assistance in Yemen.”
    IOM is currently appealing for USD 7.5 million to support thousands of stranded migrants to voluntarily return from Yemen to Ethiopia, through IOM’s VHR programme. The Organization also requires USD 9 million to continue its displacement and mobility tracking activities

    #Covid-19#migrant#migration#yemen#ethiopie#sante#routemigratoire#corridor#retour#violence#genre#humanitaire#conflit

  • IOM and UNICEF Sign New Strategic Collaboration Framework
    https://mailchi.mp/cac1fc8c7ba6/iom-and-unicef-sign-new-strategic-collaboration-framework?e=e777d31e35

    IOM and UNICEF
    Sign New Strategic Collaboration Framework
    IOM and UNICEF work closely to respond to the pressing issues migrant children face around the world. The new Framework builds on the well-established relationship between the two agencies and the 2006 Memorandum of Understanding that defined the main areas of cooperation between the agencies in humanitarian settings. Photo: IOM/M. Mohammed
    New York – The International Organization for Migration (IOM) and UNICEF today signed a new Strategic Collaboration Framework solidifying the organizations’ united commitment towards protecting the rights of migrant children.
    In 2006, UNICEF and IOM signed a Memorandum of Understanding defining the main areas of cooperation between the two agencies in humanitarian settings. The well-established operational relationship responding to the pressing issues facing migrant children around the world has been further strengthened since that time. “Strengthening our relationship, UNICEF and IOM will continue to enhance the capacities of a large spectrum of actors, including Civil Society and governmental authorities, to assist these children according to their rights and needs,” said IOM Director General António Vitorino. “Around the world, migrant children are facing alarming levels of xenophobia, the socioeconomic consequences of the COVID-19 pandemic, and limited access to essential services,” said UNICEF Executive Director Catherine Russell. “The growing partnership between UNICEF and IOM will improve our ability to reach these children with the services, support, and protection they need to make the most of their lives.” Signed at UNICEF House in New York prior to a multi-stakeholder dialogue organized as part of the International Migration Review Forum, the new Framework brings greater predictability and responsiveness to the partnership by establishing priorities that target the security and wellness of migrant children.
    This agreement provides an institutional framework to enhance and reinforce cooperation deeply rooted in and driven by the experience of our partnership in the field.
    Key priorities outlined in the Frameworks include:
    Capacity building for institutions and actors in charge of direct assistance; Data collection and dissemination to identify protection risks and vulnerability patterns among migrant and returnee children; Strengthening the capacity of child-sensitive health and educational services and ensuring these services are inclusively available to all children in national systems;
    Increasing cooperation between humanitarian actors and their initiatives to aid migrant children;
    Strengthening child and social protection systems through return and reintegration programs, case management and inclusive child protection procedures for all children; Influencing policies and systems from the local to international level, incentivizing cooperation between relevant humanitarian and development institutions and supporting national government agencies.
    UNICEF and IOM are currently working to address pressing global challenges and appeal to other humanitarian organizations and their partners to establish similar collaborative frameworks to ensure the safety and livelihood of migrant children.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#OIM#UNICEF#enfant#inclusion#politique#humanitaire#securite#protection

  • Le droit #International face à la #guerre en Ukraine
    https://laviedesidees.fr/Le-droit-international-face-a-la-guerre-en-Ukraine.html

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les accusations de crimes de guerre se multiplient, et le droit international est très souvent invoqué pour dénoncer les actions de l’armée russe. La juriste Julia Grignon revient sur les spécificités du droit international #humanitaire.

    #crime_d'Etat #tribunal_international #justice_internationale #Entretiens_écrits
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220418_grignon.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220418_grignon.pdf

  • Game Studios Show Support For Ukraine - Game Informer
    https://www.gameinformer.com/2022/04/04/game-studios-show-support-for-ukraine

    Russia openly attacked and invaded Ukraine on February 24 after weeks of mounting tensions between the two countries, with hundreds of Ukrainian citizens reportedly killed by bombings and Russian militia as a result. As the world watches this historical and terrifying event unfold, efforts have begun to aid civilians and organizations on the ground floor and those displaced, like the Ukrainian Red Cross. Many of these efforts have come from studios within the video game industry, some in the form of charity drives, others with public displays of support for Ukraine.

    […]

    Update: As of April 4, which is the last day that Epic Games is donating Fortnite proceeds to Ukraine humanitarian efforts, the Fortnite community and Xbox have raised $144 million.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #epic_games #xbox #jeu_vidéo_fortnite #humanitaire #guerre #crise #ukraine #croix_rouge #don #bénéfices #aide #directrelief #unicef #wfp #unhcr

  • Stand with Ukraine Bundle (payez ce que vous voulez et aidez les œuvres caritatives)
    https://www.humblebundle.com/stand-with-ukraine-bundle

    100% donated to Ukraine humanitarian relief efforts

    The violent and unlawful invasion in Ukraine is taking a tragic toll—displacing people, devastating families, and creating an urgent need for food, water, supplies, shelter, and safety. To help out how we can, we’ve joined forces with game creators, book publishers, and software makers around the globe for a bundle 100% dedicated to supporting the victims and refugees from Ukraine during this crisis.

    The Stand With Ukraine bundle features over 120 pieces of content worth over $2,500 […]

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #humble_bundle #guerre #ukraine #don #humanitaire #razom #irc #imc #directrelief

  • Soutenez l’effort humanitaire en Ukraine
    https://www.epicgames.com/fortnite/fr/news/support-humanitarian-relief-for-ukraine

    Epic s’engage à verser tous ses bénéfices de Fortnite entre le 20 mars et le 3 avril 2022 à l’aide humanitaire à destination des victimes de la guerre en Ukraine. Xbox se joint à nous dans cet effort et engage ses bénéfices nets pour Fortnite pendant cette période, afin que nous puissions pourvoir plus d’aide aux personnes d’Ukraine.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #epic_games #xbox #microsoft_xbox #jeu_vidéo_fortnite #don #guerre #ukraine #humanitaire #bénéfices #directrelief #unicef #wfp #unhcr

  • Les îles Tonga confinées à la suite de la détection de deux cas de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/01/les-iles-tonga-confinees-a-la-suite-de-la-detection-de-deux-cas-de-covid-19_

    Les îles Tonga confinées à la suite de la détection de deux cas de Covid-19
    Les deux hommes dont le test s’est révélé positif cette semaine à Nuku’alofa ont travaillé dans le port de la capitale, où l’aide humanitaire afflue du monde entier depuis l’éruption volcanique du 15 janvier.
    Les îles Tonga vont entrer en confinement, mercredi 2 février, à cause de la détection de deux cas de Covid-19, un nouveau coup dur pour ce royaume du Pacifique qui peine à se remettre de l’éruption volcanique et du tsunami dévastateurs de la mi-janvier, ont annoncé des responsables.
    Cette nation insulaire était pour l’instant l’un des rares endroits de la planète à avoir été épargnés par le virus, mais le premier ministre, Siaosi Sovaleni, a déclaré que les deux hommes dont le test s’est révélé positif cette semaine à Nuku’alofa avaient travaillé dans le port de la capitale, où l’aide humanitaire afflue du monde entier depuis le 15 janvier. L’éruption volcanique, l’une des plus importantes enregistrées depuis des décennies, a recouvert les Tonga de cendres toxiques, causant la mort de trois personnes.
    L’archipel a fermé ses frontières au début de 2020, en raison de la pandémie provoquée par le coronavirus. Depuis, ce pays de 100 000 habitants n’avait enregistré qu’un seul cas de Covid-19, celui d’un homme arrivé de Nouvelle-Zélande en octobre 2021 et qui s’est depuis totalement remis. Après l’éruption volcanique et le tsunami, des navires des marines australienne, néo-zélandaise, américaine, française et britannique ont livré de l’aide. Toutes les livraisons ont été effectuées en conformité avec des protocoles stricts de « non-contact » afin de tenir le virus à distance.
    M. Sovaleni a précisé que les deux hommes touchés étaient asymptomatiques et doublement vaccinés, comme environ 85 % de la population des Tonga.Le navire australien Adelaïde a accosté la semaine dernière à Nuku’alofa pour décharger de l’aide, alors qu’une vingtaine de membres de son équipage étaient contaminés par le virus.

    #Covid-19#migrant#migration#ilestonga#australie#nouvellezelande#sante#humanitaire#circulation#frontiere#contamination#non-contact

  • Iles Tonga : des vivres envoyés depuis Tahiti par la Polynésie française
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/26/iles-tonga-des-vivres-envoyes-depuis-tahiti-par-la-polynesie-francaise_61110

    Iles Tonga : des vivres envoyés depuis Tahiti par la Polynésie française
    Un navire militaire australien, où un foyer de Covid-19 est apparu, a accosté mercredi dans cet archipel du Pacifique Sud afin d’y débarquer l’aide d’urgence attendue.
    Les secours continuent d’être acheminés vers l’archipel. La Polynésie française va envoyer vendredi de Tahiti des vivres, de l’eau et des vêtements vers les îles Tonga, meurtries par une éruption volcanique et un tsunami, ont annoncé, mercredi 26 janvier, les services de cette collectivité d’outre-mer.Ces missions d’assistance sont compliquées par le refus des Tonga d’entrer en contact avec les équipages, afin de se préserver du Covid-19, celui-ci n’ayant pas encore atteint ces îles reculées du Pacifique Sud.
    Lire aussi Iles Tonga : des images satellites montrent l’étendue des dégâts après l’éruption qui a fait au moins deux morts sur l’archipel. « J’essaie d’obtenir du premier ministre, Siaosi Sovaleni, qu’on descende pendant une heure, mais ils n’ont fait aucune exception, pour personne », a déclaré à l’Agence France-Presse Manuel Terai, délégué aux affaires internationales de la Polynésie française, et coordonnateur de cette mission pour la collectivité ultramarine.
    Le navire Tahiti Nui doit apporter 120 citernes d’eau potable de 500 à 2 000 litres, l’eau sur l’archipel ayant été polluée par les retombées de cendres. La Polynésie française livre aussi 210 bâches destinées à protéger les toits des maisons, ainsi que des tronçonneuses.Le gouvernement local a mobilisé les églises et la population pour des dons de vivres et de vêtements, pour un total d’un millier de mètres cubes de fret, a assuré Manuel Terai.Le voyage du Tahiti Nui, qui devrait durer quatre jours et demi, pourrait être perturbé, selon M. Terai, par une dépression tropicale attendue le 29 janvier et par les signes de réveil d’un autre volcan, dans les îles Vanuatu.
    Un patrouilleur français, l’Arago, a quitté Papeete vendredi avec 40 tonnes de fret à son bord pour une arrivée prévue le 29 janvier à Tonga. Il livrera notamment du matériel permettant de construire des abris d’urgence (500 tentes, des cordages, des outils), des kits d’hygiène et des lampes solaires, ainsi que de l’eau et des rations alimentaires.Un autre patrouilleur français, La Glorieuse, achemine dix tonnes de fret depuis la Nouvelle-Calédonie. Le matériel sera déposé sur une île de l’archipel, en fonction des besoins recensés sur place, avant d’être récupéré par les Tongiens.La France a aussi déployé mardi de Nouméa un avion Falcon Guardian pour un vol de reconnaissance sur les îles isolées, et un avion Casa devrait livrer des ressources d’urgence mercredi. En Océanie, l’assistance en cas de catastrophe humanitaire est déployée par le mécanisme Franz : la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande coordonnent leurs moyens, notamment militaires.
    Un navire militaire australien, où un foyer de Covid-19 est apparu, a accosté mercredi aux Tonga afin de débarquer l’aide d’urgence attendue par cet archipel. Le ministre tongien de la santé, Saia Piukala, a précisé que l’équipage du HMAS Adelaïde déchargera sa cargaison « sans contact », conformément aux mesures drastiques en vigueur dans ce royaume isolé de 100 000 habitants, qui reste l’un des rares pays au monde encore épargné par le Covid-19.L’Adelaide achemine environ 80 tonnes de produits de première nécessité, dont quelque 250 000 litres d’eau, des kits médicaux et du matériel technique. Tous les membres d’équipage du navire avaient été testés négatifs avant leur départ de Brisbane, mais 23 cas ont été découverts mardi. Ce nombre est passé mercredi à 29, selon M. Piukala.
    Le navire compte plus de 600 membres d’équipage, tous vaccinés. Le ministre australien de la défense, Peter Dutton, a expliqué mardi que les 23 personnes positives étaient asymptomatiques ou montrant des symptômes légers. Le bateau compte 40 lits d’hôpital, des blocs opératoires et un service de soins intensifs.

    #Covid-19#migrant#migration#tonga#polynesie#france#australie#nouvellezelande#pacifiquesud#frontiere#circulation#insularité#humanitaire#catastrophenaturelle#circulationthérapeutique

  • Participer à cartographier le monde pour mieux prévenir les crises humanitaires

    Cartographier les zones de la planète les plus vulnérables pour faciliter l’intervention humanitaire en cas de catastrophe. C’est la mission que s’est fixée depuis des années le projet Missing Maps. Le tout grâce à la carte participative OpenStreetMap et à une armée de contributeurs bénévoles.

    « Au printemps dernier, les organisations humanitaires ont commencé à sonner l’alarme », rapporte Jana Bauerová, du bureau tchèque de Médecins sans frontières (MSF). L’une des pires sécheresses de ces dix dernières années, conjuguée à la pandémie de Covid-19 et aux divers confinements avaient plongé le sud de Madagascar dans une grave crise alimentaire. « Des collègues ont réalisé une mission d’exploration en mars », poursuit la jeune femme. Dans les districts les plus touchés, près de 28% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aigüe, dont une partie de malnutrition aigüe grave. Autrement dit, sans soins immédiats, leur chance de survie est faible.

    Problème : la zone est enclavée, beaucoup de routes ne sont pas carrossables, et surtout les cartes disponibles sont obsolètes. « Il y avait un fort besoin d’actualisation sur les populations, détaille Jana Bauerová, chargée de la communication et de la participation des communautés pour le projet Missing Maps au sein de MSF. On a donc mis en place une campagne pour cartographier les districts d’Amboasary et d’Ambovombe, dans la région d’Anôsy, les communes les plus atteintes, où nos collègues sur le terrain prévoyaient des projets de cliniques mobiles, d’accès à l’eau potable, également dégradé par la sécheresse, des actions de distribution alimentaire et même d’ustensiles de cuisine, certaines familles, au bord de la famille, ayant tout vendu. »
    Mieux visualiser les actions à mener

    « Nous avons pu cartographier 236 000 bâtiments et 7 239 zones résidentielles ainsi que 350 km de voies, précise Jana Bauerová. Cela a permis d’aider les collègues sur place à mieux visualiser la situation en prenant en compte les dernières données pour planifier les actions à mettre en place. » Mais au-delà de ces chiffres, les nouvelles données récoltées ont aussi permis à l’ONG de confirmer la pertinence de l’option de cliniques mobiles pour ces zones difficiles d’accès, et bien sûr d’organiser au mieux leur répartition.

    « Remettre les communautés les plus vulnérables sur la carte ». C’est le slogan du projet Missing Maps. Fondé en 2014 par les Croix Rouge américaine et britannique, l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT) et Médecins sans frontières UK, le projet part du principe que « la plupart des endroits où se produisent des catastrophes sont absents des cartes libres et accessibles, et les premiers secours manquent d’informations pour prendre les bonnes décisions ». L’idée est donc de cartographier préventivement ces zones afin d’améliorer la réponse des ONG en cas de crises.

    Comment ? Grâce à la cartographie numérique participative. « Le principe consiste à mobiliser des contributeurs autour d’un projet précis », explique Martin Noblecourt, responsable du projet Missing Maps au sein de CartONG. Basée à Chambéry, en France, cette ONG a pour vocation de mettre la donnée géographique au service de projets d’intérêt général, à travers notamment un appui technique à des organisations qui ont des besoins en cartographie.
    « Un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées »

    GPS, Google Maps… Les cartes sont entrées dans notre quotidien. Aujourd’hui, plus besoin de s’arracher les cheveux pour les plier, elles tiennent dans la poche et sont disponibles à tout moment. Mieux, elles sont sans cesse actualisées. Pourtant, qu’ils habitent dans des bidonvilles ou des régions reculées, « on estime qu’un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées, ce qui a un gros impact sur les ressources auxquelles elles peuvent accéder, en cas d’urgence particulièrement, si on ne sait même pas que des gens vivent là », souligne Gihan Hassanein, chargée de la communication pour l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT), l’ONG adossée à OpenStreetMap, ce projet qui a pour but de créer en ligne une carte libre du monde entier.

    Exister sur une carte n’a rien d’anodin, rappelle Christophe Chabert, cartographe indépendant et auteur du site Mind The Map. Il rappelle par exemple que le gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil veut demander aux peuples indigènes d’Amazonie de prouver, par des documents, qu’ils vivaient déjà sur ses terres lors de la signature de la Constitution de 1988. « S’il existait une cartographie qui recense les villages, on pourrait avoir un élément de preuve qui permettrait à ces populations d’accéder à la propriété sur ces terres », avance-t-il.

    Point essentiel, souligne Martin Noblecourt : les cartes sont réalisées sur OpenStreetMap, « le Wikipédia des cartes », « une carte du monde participative, collaborative et sous licence libre, donc qui peut être utilisée par tout le monde ». D’autres ONG pourront ainsi réutilisées librement ces données.

    Tout a commencé en 2010, explique la porte-parole de HOT, lors du tremblement de terre en Haïti. « Les dégâts étaient énormes à Port-au-Prince et il n’y avait pas de cartes fiables et actualisés de la ville. Les premiers secours ne savaient même pas où chercher les gens. » Une poignée de gens qui utilisaient déjà OpenStreetMap se sont alors réunis pour cartographier la zone à distance à l’aide des images satellites. Depuis, le petit groupe est devenu une ONG, qui n’a cessé de grandir, et des communautés de contributeurs locaux ont éclos autour du monde.

    Mais comment cartographier rapidement une région précise ? La première étape a lieu en ligne, explique le responsable projet Missing Maps de CartONG : des contributeurs tracent sur des images satellites les principaux éléments. Un outil permet de diviser la zone en petits carrés où ils identifient les quadrilatères ou polygones des bâtiments, les différentes voies, les cours d’eau. La deuxième étape se passe sur le terrain. « Cette partie à distance doit ensuite être complétée sur place, soit par des membres des ONG, soit par des contributeurs bénévoles locaux, qui se baladent avec un smartphone afin de récolter des informations sur des points précis tels que les centre de santé, les écoles, les installations sanitaires, etc. Ils peuvent aussi rajouter des informations plus qualitatives sur l’état de certaines infrastructures par exemple. » Un système de validations multiples permet de s’assurer de la fiabilité des données.
    « Mapathons »

    La démocratisation des images satellitaires, qui ne sont plus réservées à un usage militaire, et la multiplication des données disponibles ont mis la cartographie à la portée du tous. Pour participer, pas besoin d’être informaticien ou expert en cartographie, il suffit d’un ordinateur, d’une souris et d’une connexion wifi, expliquent les organisations. Et à la clé, la satisfaction d’avoir contribué, à son échelle et derrière son écran, à un projet à visée humanitaire.

    Pour encore plus d’efficacité, des « mapathons », où des anonymes viennent cartographier pendant un temps précis une zone précise, sont régulièrement organisés. En 2020, à la demande du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), CartONG a par exemple organisé plusieurs événements de ce type pour cartographier des camps de réfugiés au Soudan du Sud, au Soudan, en Birmanie et en Éthiopie, « des zones qui bougent vite et ne sont généralement pas sur les cartes officielles », commente Martin Noblecourt. « Ce qu’on voit essentiellement sur les images satellites, c’est le réseau routier, les tentes et quelques infrastructures pas forcément identifiées. Après, le personnel du HCR complète. » Selon le site de CartONG, quelque 700 contributeurs ont ainsi passé près de 700 heures à cartographier 180 000 bâtiments et 3 800 km de route. « Un moyen de calculer par exemple combien de tentes sont à moins de 50 ou 100 mètres d’un point d’eau et combien de personnes en dépendent. Et donc d’aider à la prise de décision : savoir où il faut réimplanter des points d’eau. »

    Évaluer les besoins, les représenter visuellement sur une carte, adapter les actions et mesurer leur impact… Les usages sont très variés. La pandémie de Covid-19 a par exemple généré des besoins en cartographie, notamment pour organiser les campagnes de vaccination. Mais il peut aussi s’agir de mieux préparer les populations aux catastrophes naturelles. « Nous venons de faire un projet au Tadjikistan qui a consisté à accompagner une ONG locale, The Little Earth, pour identifier des villages reculés et y collecter des données, notamment sur les réseaux hydrographiques et les risques que cela génère en termes d’inondations, les points de rassemblements, les installations sanitaires, etc. Et eux après, ont organisé des animations de sensibilisation au risque avec les habitants. »
    Renforcer les communautés contributeurs locaux

    Des projets collaboratifs qui permettent de créer une émulation locale. « J’étais justement en train de nettoyer les données », explique Jackson Mumbere Kombi au téléphone. En gros, un travail de tri. Il fait partie des centaines de membres de la communauté de contributeurs d’OpenStreetMap RDC (OSM RDC). Lorsqu’il a commencé à cartographier Beni, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, en 2018, explique-t-il, « la carte était quasi-vierge ». Avec d’autres contributeurs, ils y ont progressivement ajouté des données basiques – bâtiments, routes, lieux publics (églises, marchés, etc.) puis des données plus précises comme la localisation des centres de santé par exemple ou encore la délimitation des parcelles agricoles. Au fil du temps, il s’est formé aux outils. Puis c’est lui qui a formé une petite équipe de jeunes de Beni, toujours avec OSM RDC, qui continue à travailler sur la carte et à l’actualiser.

    Il y a une « fierté » pour les habitants à être cartographiés, « à pouvoir dire : ici, c’est ma maison », affirme-t-il. « Et cela leur permet de mieux maîtriser leur milieu. « L’idée, c’est que si quelqu’un a besoin d’une information, il puisse la trouver facilement, justifie-t-il. Grâce à cette cartographie précise, pendant l’épidémie d’Ebola, on a pu mieux localiser certains contacts à risque. Donc mieux orienter les personnels de santé. »

    « Soutenir les communauté OpenStreetMap dans le monde. » Aujourd’hui, c’est ce à quoi travaille l’équipe humanitaire OSM (HOT), qui revendique 268 000 contributeurs, explique sa porte-parole. « S’assurer qu’ils ont l’équipement dont ils ont besoin, qu’ils ont les compétences dont ils ont besoin, s’assurer que les données sont de bonnes qualités », précise Gihane Hassanein. Les communautés OSM peuvent aussi postuler à des bourses pour des projets précis.

    L’un des derniers chantiers pour Jackson Mumbere Kombi à Beni reste d’ajouter les noms de rues manquants. Dans cette ville en proie à des massacres répétés depuis plusieurs années, l’enjeu c’est aussi la sécurité. Après, pointe le contributeur, il faudra s’occuper de rendre « visible » le reste de la RDC.

    https://www.rfi.fr/fr/technologies/20211128-participer-%C3%A0-cartographier-le-monde-pour-mieux-pr%C3%A9venir-les-c

    #humanitaire #cartographie #crises #cartographie_collaborative #cartographie_participative #catastrophes #OpenStreetMap #OSM #Missing_Maps #Humanitarian_OpenStreetMap_Team (#HOT) #MSF #cartographie_numérique #mapathon #images_satellitaires #mages_satellites #géographie_du_plein #géographie_du_vide

    #ressources_pédagogiques

  • HCR - Face à l’augmentation des besoins, les partenaires humanitaires sollicitent 1,79 milliard de dollars pour venir en aide aux réfugiés et aux migrants vénézuéliens
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2021/12/61b21957a/face-laugmentation-besoins-partenaires-humanitaires-sollicitent-179-milliard.

    Face à l’augmentation des besoins, les partenaires humanitaires sollicitent 1,79 milliard de dollars pour venir en aide aux réfugiés et aux migrants vénézuéliens
    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) présentent aujourd’hui un plan régional d’un montant total de 1,79 milliard de dollars pour répondre aux besoins croissants des réfugiés et des migrants originaires du Venezuela et de leurs communautés d’accueil, et ce dans 17 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.Le nombre de réfugiés et de migrants originaires du Venezuela dans le monde a désormais dépassé les 6 millions, la grande majorité étant accueillie par des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. La plupart de ces personnes sont déracinées depuis de nombreuses années.
    Plusieurs pays d’accueil ont mis en place des mesures de protection et de régularisation innovantes pour leur permettre de faire valoir leurs droits et de bénéficier de services. Cependant, comme leur exil se prolonge, les vulnérabilités et les dangers auxquels les Vénézuéliens sont confrontés, ainsi que les besoins de leurs communautés d’accueil, ont considérablement augmenté.« Un soutien indéfectible de la communauté internationale reste crucial pour répondre aux besoins les plus urgents des réfugiés et des migrants, et pour aider les pays d’accueil à assurer leur intégration socio-économique », a déclaré Eduardo Stein, représentant spécial conjoint du HCR et de l’OIM pour les réfugiés et les migrants du Venezuela. « Ceux qui ont quitté le Venezuela sont prêts à contribuer et à contribuer au bien-être des communautés qui les ont accueillis. »
    La pandémie de Covid-19 a encore aggravé les conditions de vie des personnes les plus vulnérables de la région, notamment les réfugiés et les migrants. L’augmentation du chômage et de la pauvreté, les difficultés d’accès à l’éducation et aux services de base, ainsi que les risques sérieux de protection liés au fait de ne pas être en situation régulière ont plongé de nombreuses personnes dans le désespoir et les ont incitées à poursuivre leur route en quête de meilleures opportunités.Les frontières terrestres étant en grande partie fermées dans la région afin d’endiguer la propagation du Covid-19, les Vénézuéliens ont dû emprunter des itinéraires clandestins - souvent à pied - s’exposant ainsi à de sérieuses difficultés, telles que des conditions climatiques extrêmes, des menaces de la part des trafiquants d’êtres humains ou l’exploitation et les abus des passeurs. Malgré cela, les départs du Venezuela se poursuivent.Le Plan de réponse 2022 pour les réfugiés et les migrants (RMRP) est rendu public aujourd’hui pour répondre à ces besoins urgents tout en favorisant des solutions à plus long terme qui permettront aux Vénézuéliens de reprendre leur vie.Le RMRP vise à renforcer les réponses nationales et régionales, en soutenant les services humanitaires essentiels, notamment les interventions en matière de santé, d’hébergement, de nourriture, d’eau, d’assainissement et d’hygiène dans les pays d’accueil. Parallèlement, le RMRP se concentre sur l’intégration à plus long terme des personnes ayant passé plusieurs années dans les communautés d’accueil. Il encourage également le soutien au développement des pays d’accueil afin de garantir l’accès à l’éducation, à la protection, à la régularisation, au marché du travail ainsi qu’aux programmes nationaux de santé et de protection sociale. « Les efforts de régularisation en cours constituent un geste de solidarité fort et nécessiteront un investissement financier important pour aboutir », a indiqué Eduardo Stein. « Un engagement plus important et davantage de concertation sont nécessaires pour s’assurer que personne ne soit laissé pour compte. » Le plan de cette année rassemble 192 organisations partenaires impliquées dans la réponse, dont des agences des Nations Unies, des organisations non gouvernementales internationales et nationales, la société civile, des organisations gérées par des réfugiés ou des migrants et des organisations communautaires.

    #Covid-19#migrant#migration#ameriquecentrale#venezuela#OIM#UNHCR#protection#sante#humanitaire#routemigratoire#frontiere

  • Quelle #hospitalité est encore possible aujourd’hui ?

    À partir de quelques traits saillants de la définition de l’hospitalité, une analyse des pratiques d’hospitalité à l’épreuve du contexte politique actuel.

    Il existe plusieurs manières de définir l’hospitalité et l’une d’elles consiste à y voir un rapport positif à l’étranger. Autant dire un contre-courant radical des tendances du moment. L’action des gouvernements récents relèvent davantage d’une police des populations exilées, érigée en #politique mais qui précisément n’a rien de politique. Il s’agit d’une gestion, souvent violente et toujours anti-migratoire, des personnes, pour reprendre une idée empruntée à Étienne Tassin.

    Certes il existe une opposition à cette #gestion, mais elle ne forme pas un ensemble homogène. Elle est au contraire traversée de tensions et de conflits qui trouvent leurs racines dans des conceptions, moyens et temporalités différentes. Ce champ conflictuel met régulièrement en scène, pour les opposer, le milieu militant et les collectivités territoriales, pourtant rares à être volontaires pour entreprendre des #politiques_d’accueil*.

    L’#inconditionnalité de l’#accueil et la #réciprocité dans l’hospitalité sont deux piliers de ces pratiques. Elles nous aident à comprendre certaines tensions et certains écueils. Prenons-les pour guides dans une analyse des pratiques actuelles dites d’hospitalité, qu’elles soient privées ou institutionnelles.

    Inconditionnalité

    L’hospitalité se définit notamment par son inconditionnalité. Elle prévoit donc d’accueillir toute personne, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne et quelle que soit la raison de sa présence.

    Il est d’ailleurs intéressant de voir combien, dans la diversité des traditions d’hospitalité, cette question de l’origine de la personne accueillie est très différemment traitée. Certaines traditions interdisent simplement de questionner l’étranger·e accueilli·e sur qui ielle est et d’où ielle vient ; d’autres au contraire le prévoient, sans que cela conditionne ou détermine les modalités de l’hospitalité. Dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’une pratique d’ordre protocolaire.

    Aujourd’hui, l’équivalent de cette question porte, outre le pays d’origine, sur le statut administratif de la personne accueillie, c’est-à-dire sur la légalité ou non de son séjour sur le territoire. Le pays d’origine nourrit un certain nombre de préjugés que peuvent refléter les offres d’hospitalité privée quand les volontaires à l’accueil expriment une préférence en matière de nationalité. Ces #préjugés sont très largement nourris par la médiatisation comme le révèlent les contextes de 2015 au plus fort de l’exil des Syrien·nes ou plus récemment à la fin de l’été 2021 après la prise de pouvoir par les Talibans à Kaboul. La médiatisation des crises façonne la perception des personnes en besoin d’hospitalité au point parfois de déterminer l’offre. Le #statut_administratif conditionne de façon plus significative l’accueil et il peut devenir un critère ; autant du côté des collectifs citoyens d’accueil que des institutions dont les moyens financiers sont généralement conditionnés par le profil du public bénéficiaire et la régularité du statut.

    Qui organise aujourd’hui un accueil inconditionnel ?

    Une enquête récente (dont quelques résultats sont publiés dans cet article : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2021-3-page-65.htm) montre que les institutions et les collectivités territoriales rencontrent des contraintes qui entravent la mise en œuvre d’un accueil inconditionnel : la #catégorisation des publics destinataires distingués bien souvent par leur statut administratif et les territoires d’intervention en font partie. Les #collectifs_citoyens étudiés dans cette enquête réussissent à mettre ces contraintes à distance. Il faut préciser qu’à leur création, tous ne s’inscrivent pas dans un choix clair et conscient pour l’accueil inconditionnel mais c’est la pratique et ce qu’elle leur permet de comprendre du traitement administratif des populations exilées qui produit cet effet de mise à distance des contraintes. Le lien personnel créé par l’accueil explique également qu’il se poursuit au-delà des limites dans lesquelles le collectif s’est créé (statut administratif ; temporalité). Plusieurs collectifs montrent qu’un accueil inconditionnel a été effectivement mis en pratique, non sans débat, gestion de désaccords et disputes parfois, et grâce aux moyens à la disposition du collectif, à la capacité d’invention de ses membres et à l’indignation générée par le traitement administratif et politique des personnes et de la migration en général.

    Réciprocité

    « L’hospitalité, quoique asymétrique, rime avec réciprocité » (Anne Gotman)

    La réciprocité est un autre des éléments constitutifs fondamentaux de l’hospitalité. Comme le souligne #Anne_Gotman (Le sens de l’hospitalité), l’hospitalité pour s’exercer doit résoudre la contradiction entre la nécessaire réciprocité et l’#asymétrie évidente de la situation entre un besoin et une possibilité d’offre. Et c’est le décalage dans le temps qui permet cela : la réciprocité est mise en œuvre par la promesse d’accueil. On accueille inconditionnellement parce que tout le monde a besoin de savoir qu’ielle pourra être accueilli·e, sans faille, lorqu’ielle en aura besoin. Si l’on admet de considérer l’hospitalité comme une pratique de #don, la réciprocité est le #contre-don différé dans le temps.

    Cette interdépendance tient à un contexte où les circulations humaines et les voyages dépendaient de l’hospitalité sans laquelle il était impossible de trouver à se loger et se nourrir. Il s’agissait bien souvent d’un enjeu de survie dans des environnements hostiles. Si chacun·e a besoin de pouvoir compter sur l’hospitalité, chacun·e accueille. Aujourd’hui pourtant, la répartition des richesses et des pouvoirs au niveau global fait que ceux et celles qui voyagent n’ont plus besoin de l’hospitalité parce que cette fonction est devenue marchande et les voyageurs achètent l’« hospitalité » dont ielles ont besoin ; ce qui alors lui retire toute valeur d’hospitalité. Cette réalité crée une asymétrie, abyssale en réalité. Elle tire ses origines des fondations du capitalisme qui a construit l’Europe comme centre global et a posé les bases de la puissance et de la modernité occidentales.

    Aujourd’hui et dans le contexte français, cette asymétrie se retrouve dans une distribution de positions : celles et ceux qui sont les acteurs et actrices de l’hospitalité ne s’inscrivent plus dans ce système d’interdépendance dans lequel se situait l’hospitalité, ou se situe encore dans d’autres régions du monde. Ielles accueillent pour d’autres raisons. La #rencontre est souvent évoquée dans les enquêtes ethnographiques parmi les motivations principales des personnes engagées dans l’accueil des personnes venues chercher un refuge. Pourtant les personnes accueillies ne sont pas forcément dans cette démarche. Au contraire, parfois, elles se révèlent même fuyantes, renfermées par besoin de se protéger quand elles ont été abîmées par le voyage. Cette soif de rencontre qui anime les personnes offrant leur hospitalité n’est pas toujours partagée.

    Dans ce contexte, nous comprenons que l’hospitalité telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui autour de nous, et du fait de l’asymétrie des positions, pose une relation d’#aide. Or celle-ci est elle-même fortement asymétrique car elle peut se révéler prolonger et reproduire, dans une autre modalité, la relation de #domination. La #relation_d’aide est dominante quand elle ne conscientise pas l’asymétrie justement des positions et des moyens des personnes qu’elle met en jeu. Elle sortira de cet écueil de prolonger la domination en trouvant une place pour la réciprocité. C’est #Paulo_Freire qui nous a appris que l’#aide_authentique est celle qui permet à toutes les personnes impliquées de s’aider mutuellement. Cela permet que l’acte d’aider ne se transforme pas en domination de celle ou celui qui aide sur celle ou celui aidé·e.

    Pour éviter de rejouer une relation de domination, l’hospitalité qu’elle soit privée ou institutionnelle doit trouver ou créer un espace pour l’#aide_mutuelle. Dans les pratiques actuelles de l’hospitalité, les situations d’asymétrie sont nombreuses.

    Les deux parties réunies autour la pratique de l’accueil ne disposent pas d’une répartition égale de l’information sur chacune. En effet, les personnes accueillies disposent généralement de très peu, voire pas du tout, d’information sur les personnes qui les accueillent. Alors que les hébergeur·ses connaissent les nom, prénom, date de naissance et pays d’origine, et parfois des détails du parcours de la personne qu’ielles accueillent. Cette asymétrie de connaissance organise bien différemment la rencontre, en fonction du côté duquel on se trouve. Sans information, ce sont les représentations déjà construites qui s’imposent et plusieurs personnes accueillies témoignent de la peur qu’elles ont à l’arrivée, à la première rencontre, une peur du mauvais traitement qui peu à peu cède la place à l’étonnement face à la générosité, parfois à l’abnégation, des personnes accueillantes. On comprend qu’il contraste fortement avec les représentations premières.

    Une autre asymétrie, créant une forte dépendance, repose sur le fait de posséder un #espace_intime, un #foyer. Les personnes accueillies n’en ont plus ; elles l’ont perdu. Et aucun autre ne leur est offert dans cette configuration. En étant accueilli·es, ielles ne peuvent se projeter à long terme dans un espace intime où ielles peuvent déposer leur bagage en sécurité, inviter des ami·es, offrir l’hospitalité. L’#hébergement est généralement, au moins au début, pensé comme #temporaire. Ielles n’ont pas la maîtrise de leur habitat d’une manière générale et plus particulièrement quand des heures d’entrée et de sortie de l’habitation sont fixées, quand ielles ne disposent pas des clés, quand ielles ne sont pas autorisé·es à rester seul·es.

    Enfin cette relation dissymétrique s’exprime également dans les #attentes perçues par les personnes accueillies et qui sont ressenties comme pesantes. Le récit de soi fait partie de ces attentes implicites. Les personnes accueillies parlent de peur de décevoir leurs hôtes. Ielles perçoivent l’accueil qui leur est fait comme très fragile et craignent de retourner à la rue à tout moment. Cette #précarité rend par ailleurs impossible d’évoquer des choses mal comprises ou qui ne se passent pas bien, et ainsi d’éluder des malentendus, de s’ajuster mutuellement.

    Cette asymétrie finalement dessine les contours d’une relation unilatérale de l’accueil [peut-on encore parler d’hospitalité ?]. Les personnes et les entités (les institutions qu’elles soient publiques – collectivités territoriales – ou privées – associations) qui organisent une offre d’hospitalité, ne laissant pas de place à la réciprocité. Cela signifie que cette offre produit de la #dépendance et une grande incertitude : on peut en bénéficier quand l’offre existe mais on est dépendant de son existence. Par exemple, certains dispositifs publics ont des saisonnalité ; ils ouvrent, ils ferment. De même que l’hospitalité privée peut prendre fin : les collectifs citoyens peuvent se trouver à bout de ressources et ne plus pouvoir accueillir. Ou de manière moins absolue : les règles de l’accueil, dans le cas de l’hébergement en famille, sont fixées unilatéralement par les personnes qui accueillent : les heures d’arrivée et de retour ; les conditions de la présence dans le foyer etc. Cette asymétrie nous semble renforcée dans le cas de l’hospitalité institutionnelle où l’apparition du lien personnel qui peut produire de la réciprocité par le fait de se rendre mutuellement des services par exemple, a plus de mal à trouver une place.

    On le voit, il est nécessaire d’imaginer la forme et les modalités que pourraient prendre la réciprocité dans le cadre de l’hospitalité institutionnelle où elle ne peut surgir naturellement, mais également s’assurer qu’elle trouve un espace dans les initiatives citoyennes.

    Michel Agier voit dans le #récit_de_soi, livré par les personnes accueillies, une pratique de la réciprocité. L’accueil trouvé auprès d’une famille ou d’un foyer par une personne venue chercher un refuge en Europe ce serait le don. L’histoire de son exil racontée à ses hôtes serait le contre-don. Pourtant une analyse différente peut être faite : dans ces circonstances, le récit entendu par les hôtes relève d’une injonction supplémentaire adressée aux personnes venues chercher un refuge. Qu’elle soit implicite ou ouvertement exprimée, cette injonction structure la relation de domination qu’ielles trouvent à leur arrivée. C’est pourquoi le #récit ne peut représenter cette réciprocité nécessaire à l’instauration de l’égalité.

    La place de la réciprocité et l’égalité dans les relations qui se nouent autour des actes d’hospitalité se jouent à n’en pas douter autour des représentations de personnes auxquelles ces pratiques s’adressent : les discours dominants, qu’ils soient médiatiques ou politiques, construisent les personnes venues chercher un refuge comme des #victimes. S’il serait injuste de ne pas les voir comme telles, en revanche, ce serait une #instrumentalisation de ne les voir que par ce prisme-là. Ce sont avant tout des personnes autonomes et non des victimes à assister. L’#autonomie respective des protagonistes de l’acte d’hospitalité ouvre l’espace pour la réciprocité.

    #Politisation

    Le 21 décembre 1996, au Théâtre des Amandiers de Nanterre où avait été organisée une soirée de soutien à la lutte des « sans papiers », #Jacques_Derrida s’émeut de l’invention de l’expression « #délit_d’hospitalité » et appelle à la #désobéissance_civile. Suite à l’adoption d’une loi qui prévoit un tel délit et des sanctions jusqu’à l’emprisonnement, le philosophe invite à défier le gouvernement en jugeant librement de l’hospitalité que nous voulons apporter aux personnes irrégularisées. Avec cet appel, il transforme une opposition binaire qui mettait face à face dans ce conflit l’État et des immigré·es, en un triangle avec l’intervention des citoyens. Il appelle à la politisation de l’hospitalité.

    De son côté, Anne Gotman reconnaît le sens politique de la sphère privée quand elle devient refuge. Cette politisation s’exprime également par la mutation du geste d’hospitalité initial qui est action #humanitaire et d’#urgence à la fin de l’été 2015, quand les citoyen·nes ouvrent leur maison, offrent un lit et un repas chaud. En réalité, ielles créent les conditions d’un accueil que l’État se refusent à endosser dans l’objectif de dégrader les conditions de vie des personnes venues chercher un refuge pour les décourager. L’action citoyenne est de ce point de vue une #opposition ou une #résistance. Cette #dimension_politique devient consciente quand les citoyen·nes côtoient le quotidien des personnes en recherche de refuge et découvrent le traitement administratif qu’ils et elles reçoivent. Cette découverte crée une réaction d’#indignation et pose les bases d’actes de résistance conscients, de l’ordre de la #désobéissance.

    –-

    * Ceci dit, l’association des villes et territoires accueillants, l’ANVITA, a vu récemment le nombre de ses adhérents considérablement augmenter : en novembre 2021, elle compte 52 membres-villes et 46 membres élu·es.

    –-> Intervention présentée à la semaine de l’Hospitalité, organisée entre le 13 et le 23 octobre par la métropole du Grand Lyon

    Références :

    – « Philosophie /et/ politique de la migration », Étienne Tassin, éditions Raison publique, 2017/1 n°21, p197-215

    – Le sens de l’hospitalité. Essai sur les fondements sociaux de l’accueil à l’autre, Anne Gotman, PUF 2001

    – Lettres à la Guinée-Bissau sur l’alphabétisation : une expérience en cours de réalisation, Paulo Freire, Maspero, 1978

    – Hospitalité en France : Mobilités intimes et politiques, Bibliothèque des frontières, Babels, Le passager clandestin, 2019, coordonné par Michel Agier, Marjorie Gerbier-Aublanc et Evangéline Masson Diaz

    – « Quand j’ai entendu l’expression “délit d’hospitalité”… », Jacques Derrida, Intervention retranscrite, 21/12/1996 au Théâtre des Amandiers ; http://www.gisti.org/spip.php?article3736

    https://blogs.mediapart.fr/modop/blog/221121/quelle-hospitalite-est-encore-possible-aujourd-hui

    ping @karine4 @isskein

  • Pour la constitution d’un humanitaire de combat face au néolibéralisme

    Les formes historiques des rapports sociaux ont été modifié par quarante ans de politiques néolibérales. L’idéologie de l’individu·e seul·e responsable de sa vie et de ses capacités, de la soi-disant liberté d’entreprendre et d’être, de l’impuissance des formes délibératives et collectives de gestion des affaires de la cité a largement été diffusée.

    Le marché et le commerce ont été naturalisés dans la négation des contradictions et des contraintes que les rapports sociaux font peser sur les individu·es.

    Note sur : Bertrand Bréqueville : L’humanitaire sous l’emprise du néolibéralisme

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/10/01/pour-la-constitution-dun-humanitaire-de-combat-face-au-

    #humanitaire #ong

  • HCR - Inondations, incendies et Covid : nouveaux défis pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh
    https://www.unhcr.org/fr-fr/news/stories/2021/9/6132144da/inondations-incendies-covid-nouveaux-defis-refugies-rohingyas-bangladesh.html

    Inondations, incendies et Covid : nouveaux défis pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh. La pandémie mondiale, les inondations et les incendies ne sont que quelques-unes des difficultés auxquelles ont fait face les réfugiés rohingyas au cours de l’année écoulée. Quatre ans après avoir fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh, les réfugiés rohingyas viennent peut-être de passer l’année la plus difficile de leur histoire.
    La vie dans les camps surpeuplés qui abritent plus de 880 000 réfugiés rohingyas était déjà difficile, mais la pandémie de Covid19 a apporté de nouvelles difficultés : limitation des déplacements, fermeture des centres d’apprentissage et réduction de l’assistance fournie par les organisations humanitaires. Puis est survenu en mars un violent incendie qui a réduit en cendres près de 10 000 abris et tué 11 réfugiés. Cet incendie a été suivi d’une mousson particulièrement humide qui a apporté plus de 700 mm de pluie en une seule semaine entre le 27 juillet et le 3 août. Plus de 400 villages ont été inondés et de nombreux abris emportés. Les inondations et glissements de terrain occasionnés ont coûté la vie à vingt personnes, dont 10 réfugiés. Environ 24 000 réfugiés ont été contraints d’abandonner leurs habitations et leurs biens.« Puisque nous vivons dans la promiscuité, nous avons toujours peur des maladies, des incendies et des inondations », déclare Asmida, 33 ans, l’une des plus de 7 000 réfugiés volontaires formés par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires pour répondre aux urgences telles que les incendies et les inondations.
    Pendant la mousson, elle a aidé des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées de son voisinage à se mettre à l’abri. Elle et d’autres volontaires ont également travaillé sans relâche pour aider à organiser et à coordonner le travail de déblaiement des coulées de boue et de réparation des abris, des routes et des ponts.Les volontaires réfugiés rohingyas comme Asmida, ainsi que les travailleurs bangladais des communautés voisines du district de Cox Bazar, constituent l’épine dorsale dans la fourniture de services humanitaires dans les camps, en particulier au cours des 18 derniers mois, période durant laquelle les restrictions liées au Covid-19 ont réduit la présence des travailleurs humanitaires. Ils savent où se trouvent les personnes les plus vulnérables de leurs communautés, susceptibles d’avoir besoin d’aide en cas d’urgence. Ils gardent également un œil sur les zones les plus exposées aux inondations dans les camps lorsque les pluies sont particulièrement fortes.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#bangladesh#rohingyas#coxbazar#vulnerabilite#maladie#humanitaire#HCR

  • De jeunes migrants survivent à une expérience de mort imminente en traversant le Yémen déchiré par la guerre | The Storyteller
    https://storyteller.iom.int/fr/stories/de-jeunes-migrants-survivent-une-experience-de-mort-imminente-en-tr

    De jeunes migrants survivent à une expérience de mort imminente en traversant le Yémen déchiré par la guerre . Sana’a – Épuisement, faim, désorientation et peur. Voilà ce que ressentent la plupart des migrants en arrivant au Yémen. «  Je n’ai bénéficié d’aucune aide. Quand je suis arrivé au Yémen, je dormais sur le trottoir - effrayé, affamé et malade  », se souvient Bilal Muhammad, un migrant éthiopien de 18 ans qui s’est récemment retrouvé bloqué dans le pays. Bilal est l’un des milliers de migrants dont le rêve d’une nouvelle vie dans les pays voisins du Golfe a été brisé par le conflit et les restrictions de mouvement liées à la COVID-19. Il s’est retrouvé, avec 32 000 autres personnes, bloqué au Yémen, dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Malgré son jeune âge, Bilal a quitté sa mère et ses trois frères restés en Éthiopie et a décidé de s’engager sur la dangereuse route vers le Yémen, dans l’espoir de trouver une bonne source de revenus au Royaume d’Arabie saoudite qui lui permettrait d’offrir une vie meilleure à sa famille. «  Je suis parti d’’Éthiopie pour rejoindre Djibouti, puis j’ai traversé la mer du Yémen jusqu’à la côte de Shabwah, je me suis rendu dans le gouvernorat d’Aden, puis j’ai voyagé à pied jusqu’au gouvernorat de Sa’dah  », a-t-il déclaré. Avec l’assouplissement récent des restrictions sur les mouvements internationaux, les arrivées de migrants au Yémen ont commencé à augmenter lentement, même si le nombre global reste faible par rapport aux années d’avant la pandémie. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu’en 2019, plus de 138 000 migrants sont arrivés au Yémen, tandis qu’un peu plus de 37 500 sont arrivés en 2020. A ce jour, en 2021, l’Organisation a enregistré plus de 11 500 arrivées de migrants dans le pays. Les migrants qui arrivent à se rendre au Yémen continuent de se heurter à des obstacles importants pour accéder aux services humanitaires et aux emplois nécessaires à leur survie. La pandémie et le conflit persistant les ont poussés encore plus dans l’ombre et les ont rendus dépendants des réseaux de trafic illicite pour s’en sortir.
    La plupart des migrants qui viennent de la Corne de l’Afrique arrivent sur la côte ouest du Yémen - quelque part entre Hajjah et Shabwah - avant de tenter de poursuivre leur route. Les passeurs assurent ensuite le transport des migrants qui ont les moyens de faire le voyage, et les emmènent à Aden. Les migrants qui n’ont pas d’argent voyagent généralement pendant des semaines à pied pour atteindre la même destination. Désireux de franchir les frontières vers l’Arabie saoudite, ils entreprennent ensuite un voyage extrêmement dangereux d’Aden à Sa’dah. En chemin, de nombreux migrants se retrouvent pris dans des affrontements armés.

    #Covid-19#migration#migrant#yemen#ethiope#arabiesaoudite#sante#vulnerabilite#conflit#crise#pandemie#humanitaire

  • Le Directeur des opérations d’urgence de l’OIM appelle à trouver des solutions rapides et durables à la crise prolongée des Rohingyas | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/le-directeur-des-operations-durgence-de-loim-appelle-trouver-des-solutions-rapi
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/photo_3-edited_0.jpg?itok=KzBZIRUo

    Le Directeur des opérations d’urgence de l’OIM appelle à trouver des solutions rapides et durables à la crise prolongée des Rohingyas. Cox’s Bazar - Près de 900 000 réfugiés rohingyas vivant dans des camps surpeuplés dans le district de Cox’s Bazar au Bangladesh ont désespérément besoin d’une action urgente pour assurer leur avenir, près de quatre ans après avoir été forcés de fuir le Myanmar, a déclaré un haut responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Au cours de sa semaine à Cox’s Bazar, le Directeur de DOE a vérifié l’avancement de la reconstruction des camps détruits par un incendie en mars qui a laissé des milliers de personnes sans abri.« J’ai vu des travailleurs mettre en place des structures en bambou, rétablir les services et travailler avec la communauté et les réfugiés pour s’assurer que les gens retrouvent leur vie le plus rapidement possible », a-t-il déclaré.
    M. Labovitz a également visité les principaux établissements de santé de l’OIM, qui, selon lui, ont joué un rôle essentiel dans la réponse à la pandémie de COVID-19.« La pandémie a fait que les économies locales ont également souffert », a poursuivi le Directeur de DOE. « Nous avons des communautés d’accueil qui ont également besoin de programmes de développement, nous devons donc trouver un équilibre où nous aidons à la fois la communauté d’accueil et les réfugiés avec dignité. »
    M. Labovitz a été témoin du soutien apportée par l’OIM aux moyens de subsistance des communautés d’accueil dans un nouveau centre de formation à Hnila, qui fait participer les membres de la communauté d’accueil à des modules de formation sur la création d’entreprise et la fabrication d’objets artisanaux. Le partenaire de l’OIM, Prottyashi, aide également les participants à entrer sur les marchés nationaux et internationaux pour les produits créés.M. Labovitz a été impressionné par le projet « Digital Island » sur l’île de Moheshkhali, mis en œuvre depuis 2016 par l’OIM et le gouvernement du Bangladesh. Le projet a transformé l’île en un centre informatique en améliorant l’accès de la population isolée à l’internet haut débit et aux services sociaux.
    Le Directeur de DOE a également participé à des réunions stratégiques avec des responsables du Ministère des affaires étrangères, du Ministère de la gestion des catastrophes et des secours, et du Bureau du commissaire aux réfugiés et au rapatriement, ainsi qu’avec des partenaires humanitaires clés, des donateurs et d’autres agences des Nations Unies.Alors que de nouveaux défis continuent d’apparaître, les besoins en financement augmentent également, a souligné M. Labovitz. L’OIM a lancé en mai un appel de 140 millions de dollars pour soutenir plus de 1,3 million de membres des communautés d’accueil et de réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar.La plateforme mondiale de réponse aux crises de l’OIM donne un aperçu des plans et des besoins de financement de l’OIM pour répondre à l’évolution des besoins et des aspirations des personnes touchées par la crise et les déplacements, ou risquant de l’être, en 2021 et au-delà.

    #Covid-19#migrant#migration#bangladesh#royhingyas#coxsbazar#pandemie#OIM#OMS#urgence#humanitaire#camp