• Aide médicale vitale pour les personnes déplacées du Tigré | The Storyteller
    https://storyteller.iom.int/fr/stories/aide-medicale-vitale-pour-les-personnes-deplacees-du-tigre

    Aide médicale vitale pour les personnes déplacées du Tigré. Mekele, Tigré - « Je suis enceinte, je suis déplacée, mais je suis toujours en vie », se lamente Lete en caressant son ventre. Elle attend son examen prénatal dans une clinique mobile de l’OIM à Mekele, la capitale de la région du Tigré, en Ethiopie.Lete fait partie des plus de 1,7 million de déplacés internes touchés par la crise dans le nord de l’Éthiopie, qui a débuté après une flambée de violence dans la région du Tigré en novembre 2020. « J’ai marché 90 kilomètres depuis ma ville natale d’Adwa, dans le centre du Tigré, avec mes enfants. Étant enceinte, c’était extrêmement difficile. J’étais seule avec mes enfants, j’ai dû abandonner mon mari et nous ne l’avons pas revu depuis. À mi-chemin de notre voyage, des gens nous ont aidés et nous ont laissés monter dans leur voiture pour aller à Mekele », raconte-t-elle.
    Lete fait partie des centaines de déplacés internes qui reçoivent un soutien médical de l’équipe mobile de santé et de nutrition de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui travaille actuellement dans des sites de déplacement de fortune qui étaient autrefois des écoles. Chaque jour, l’équipe - composée de deux agents de santé, deux infirmiers, deux sages-femmes et deux psychologues - se rend sur différents sites à Mekele. Selon la Matrice de suivi des déplacements de l’OIM, plus de 1,7 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison du conflit actuel dans le nord de l’Ethiopie. Les établissements de santé sont débordés. De nombreuses personnes déplacées, notamment des femmes, des enfants, des nouveau-nés et des personnes handicapées, ont besoin de produits de première nécessité tels que de la nourriture et un abri. En outre, la menace de la COVID-19 accroît les craintes car de nombreuses personnes vivent dans des sites de fortune surpeuplés où les conditions d’hygiène sont mauvaises. Les pluies actuelles risquent d’aggraver la situation en provoquant davantage de déplacements dus aux inondations et en augmentant les cas de diarrhée aqueuse et de paludisme.

    #Covid-19#migrant#migration#ethiope#tigre#sante#personnedeplacee#santementale#vulnerabilite#urgence#humanitaire#crise

  • Débarquement en Sicile de 415 migrants secourus au large de la Libye par le Sea-Eye 4 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/32413/debarquement-en-sicile-de-415-migrants-secourus-au-large-de-la-libye-p

    Les 415 naufragés à bord du Sea-Eye 4 sont arrivés vendredi matin à Pozzallo, en Sicile. Le Sea-Eye 4 est arrivé vendredi matin au port sicilien de Pozzallo pour y débarquer les 415 migrants secourus quelques jours plus tôt en mer Méditerranée. Plus aucun navire humanitaire ne sillonne la zone de recherche et de sauvetage, au large de la Libye.Après plusieurs jours de navigation, le Sea-Eye 4 de l’ONG allemande éponyme a accosté vendredi 21 mai au port de Pozzallo, en Sicile. Les 415 naufragés, dont 150 enfants, à bord du navire humanitaire devraient débarquer dans la journée sur le sol italien après avoir effectué des tests nasaux pour détecter d’éventuelles contaminations au Covid-19.Les premiers examens ont débuté vendredi matin. Selon Jan Ribbeck, le directeur des opérations de Sea-Eye, « un bébé de huit mois et d’autres tout-petits hurlent » à cause des écouvillons nasaux. Des « remarques racistes » auraient également été proférées à l’encontre des exilés.
    Le Sea-Eye 4 a été informé mercredi soir par l’Italie qu’il pourrait accoster à Pozzallo, sur la côte sud-est de la Sicile, alors qu’il se trouvait au large de Palerme, au nord-ouest de l’île. Si l’équipage s’est félicité de cette décision, après avoir essuyé un refus de Malte, il a déploré d’avoir à reprendre la mer en direction de Pozzallo. « Le Sea-Eye 4 s’est enfin vu attribuer un havre de paix ! Mais pourquoi Pozzallo ? Comment avez-vous eu l’idée d’envoyer un navire de sauvetage avec des centaines de personnes épuisées et 150 enfants pour un voyage en mer de deux jours, alors qu’il était déjà devant un port sûr ? », s’est interrogée l’ONG sur son compte Twitter.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#sicile#sante#malte#depistage#humanitaire

  • Bill Gates, un capitalisme philanthropique ? Entretien avec Radhika Desaï

    Bon mari ou pas ? Avant que sa vie privée soit étalée dans les médias, Bill Gates en était le héros.
    Dans ce récit médiatique, Gates, tout comme George Soros, reste l’exemple du « bon capitaliste » qui, fortune faite, consacre ses vieux jours à faire le bien autour de lui. Et si cette image-là était, elle aussi, complètement bidon ?
    L’analyste indienne Radhika Desaï explique en quoi sa stratégie covid et pharmaceutique en général ne fait aucun bien au tiers monde. Au contraire.

    Bill Gates semble très différent des néolibéraux traditionnels et de Trump, il apparaît comme le capitalisme à visage humain. Bien des gens sont satisfaits de voir que dans toute cette jungle, au moins Bill Gates fait un travail humanitaire essayant d’aider les gens. Est-ce réel ou encore de la cupidité ?

    Je pense que c’est de la cupidité sous couvert d’aider les gens. Vous savez, les profits ont toujours été réalisés au nom d’un plus grand bien. Dans une économie complètement néolibérale classique, vous avez un système capitaliste où les entreprises se font concurrence, mais le résultat final est, nous dit-on, le bien-être de la société. Parce que les consommateurs obtiennent ce qu’ils veulent et au prix le plus bas, etc. Dans un certain sens, l’intérêt général a toujours été la justification, en arrière-plan, du capitalisme.

    Cependant, c’est différent maintenant. Par le passé, dans la phase de libre concurrence du capitalisme classique au XIXe siècle, vers 1850, les capitalistes et l’État étaient censés être séparés. Ensuite, on a vu la taille des entreprises capitalistes augmenter et leur collaboration devenir de plus en plus étroite avec l’État. Ce que nous voyons maintenant, c’est, sans le dire ouvertement, l’exploitation ouverte de l’État à des fins de profits. Je pense qu’il en existe de nombreux modèles. Mais l’élément essentiel est que ces entreprises – sociétés pharmaceutiques ou liées à la santé ou aux services publics – prétendent travailler pour le bien-être général. Ici, s’agissant de nouveaux médicaments et de vaccins, le client final devient l’État et la chose est justifiée en disant que les gens en ont besoin, mais qu’ils n’ont pas les moyens de les acheter. Donc l’État doit les payer à leur place.
     
    Cependant, les gens les paient quand même ?
    Bien entendu, les gens les paient, car l’État les taxe ensuite afin de payer des prix excessivement élevés à ces grandes sociétés monopolistiques.
     
    Vous nous dites que l’activité actuelle de Bill Gates est le résultat d’un nouveau problème dans le système capitaliste ? Les gens n’ayant plus les moyens d’acheter il faut donc trouver de nouveaux clients ?
    Exactement. Si vous y réfléchissez, en remontant aux années 1970, le modèle d’État-providence de l’après-guerre est arrivé lorsque le capitalisme était en crise. Fondamentalement, le système productif avait atteint sa capacité maximum, mais la demande ne suivait pas, ne pouvait augmenter et il y eut une stagnation économique. Vous aviez alors deux façons d’en sortir. La solution du moindre effort aurait été d’exploiter le budget de l’État pour augmenter la demande, et répondre aux besoins non satisfaits des pays en développement. Vous auriez pu utiliser un moyen progressiste en augmentant la demande dans les pays développés, cela aurait résolu le problème et l’investissement productif. Mais cette voie n’a pas été prise.

    La voie qui a été empruntée fut le néolibéralisme. Vous désengagez l’État, vous coupez les dépenses sociales, vous ne visez plus le plein emploi, mais plutôt une faible inflation. Ceci a structurellement exacerbé le un problème sous-jacent qui persiste depuis cinquante ans : la surcapacité de production et la difficulté à vendre.

    Il y avait donc différentes façons de surmonter ce problème, mais le capitalisme a gagné du temps. D’abord en créant un endettement public, puis en créant de la dette privée. Maintenant que ces deux modèles sont un peu épuisés, où aller ? Eh bien, vous exploitez la fiscalité de l’État !
     
    Bill Gates serait une solution pour répondre à la crise ?
    Absolument. Pensez à cet « Événement 201 ». Le 18 octobre 2019, la Fondation Gates, l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg et le Forum économique mondial ont organisé conjointement un événement à New York : une simulation d’épidémie de coronavirus. On a invité des personnes très influentes : ministres, anciens ministres, hauts fonctionnaires, grands PDG, organisations philanthropiques et l’armée. Ces divers intervenants ont réfléchi à la solution que pouvait adopter la communauté internationale pour réagir face à une telle crise. Évidemment, vous et moi savons que chaque fois que quelqu’un utilise le terme « communauté internationale », il représente les principales nations libérales de l’Occident, et tous ceux qui sont d’accord avec elles.

    Le scénario qu’ils avaient imaginé est très révélateur… L’économie mondiale est au plus bas et ruinée, la santé des gens est menacée, la pandémie a fait soixante-cinq millions de morts dans le monde, beaucoup de choses ne vont pas ici et là, les entreprises privées doivent se redresser en collaboration avec l’État. Mais pour eux, rien ne va vraiment très mal, ils n’ont pas conscience du type de fracture qui vient de se produire. De toute façon, leur idée dans ce scénario hypothétique est que l’État doit collaborer avec les entreprises privées pour fournir des solutions. Autrement dit, ce genre de catastrophes deviendra désormais la bonne raison permettant au secteur privé de fournir à l’État les biens dont le peuple et la société ont besoin et d’en tirer des bénéfices. Parce que le problème de la demande insuffisante reste très important. La vraie question est donc comment créer de la demande. Eh bien, une façon simple de créer de la demande sera tout simplement de vendre à l’État qui ensuite taxera les gens. Vous savez que dans l’économie néoclassique, on nous dit que nos besoins sont satisfaits en exerçant notre choix, eh bien, maintenant, dans cette période de pandémie nous n’aurons plus le choix !
     
    Dès que vous parlez de Bill Gates sur Internet, ce que j’ai fait à plusieurs reprises dans mes émissions Michel Midi, eh bien, dans les dix secondes, quelqu’un lance : « Bill Gates utilise les vaccins pour éliminer une partie des pauvres ». Pensez-vous que cette théorie du complot se trompe de débat ?
    Oui. Je n’ai aucun doute que Bill Gates est probablement assez malthusien, comme, je pense, la plupart des riches. Historiquement le meilleur moyen de blâmer les pauvres pour leur misère des pauvres, a toujours été de dire qu’ils sont trop nombreux, n’est-ce pas ? Si vous voyez ne serait-ce qu’un pauvre dans un contexte de riches, il est de trop, il ne devrait même pas être présent. Cela a toujours été ainsi et je ne doute pas que Bill Gates est un malthusien tranquille, qui pense que le monde irait mieux avec seulement la moitié de sa population.

    Quoi qu’il en soit, je ne pense pas qu’il se soucie vraiment du bien-être du monde, que ce soit avec plus ou avec moins de population. Ce qui lui importe, c’est comment créer plus de possibilités de profit. Tous les écrits sur Bill Gates et son organisation, basés sur des recherches sérieuses, le confirment : Bill Gates n’est plus un homme d’affaires, il tente aujourd’hui de résoudre le problème de la demande pour les grandes entreprises. Sa Bill and Melinda Gates Foundation et d’autres semblables réunissent PDG et gouvernements, ils concluent des accords entre eux et c’est ainsi que les entreprises vont survivre.

    Marx et Engels avaient estimé que la montée du capitalisme industriel éliminerait les effets du passé féodal comme le propriétaire foncier et le prêt d’argent, ainsi ces formes d’intérêts rentiers seraient supprimés une fois pour toutes. En réalité l’intérêt rentier renaît sous une forme beaucoup plus large et puissante, l’intérêt des rentiers est maintenant devenu le grand levier sous lequel nous vivons. Il prive notre économie productive de tout son pouvoir, il l’utilise simplement, vous savez, comme un parasite installé sur son hôte. Et dans ce scénario, bien sûr, le parasite tue l’hôte.
     
    Mon ami Johan Hoebeke m’explique que chaque fois que Bill Gates donne de l’argent, il prépare en fait de futurs investissements…
    Exactement. Comme Ronald Reagan aimait à le dire : « Un déjeuner gratuit, ça n’existe pas ». Vous pensez qu’il vous donne quelque chose pour rien, mais en fait cela prépare le profit futur. Il est remarquable de voir à quel point l’ancienne règle de droit selon laquelle les transactions devraient être exemptes de conflits d’intérêts a tout à fait disparu. Aujourd’hui, ils font ces études où ils classent les pays, en particulier ceux du tiers monde, en fonction de leur corruption. Mais la seule différence entre un pays du tiers monde et un pays comme les États-Unis ou le Canada est qu’ici la corruption est ouvertement légale. Il est parfaitement légal pour Bill Gates de rencontrer Trudeau ou Trump ou Boris Johnson, et de conclure un accord avec eux. C’est de la pure corruption, mais tout le monde l’accepte. L’organisation Transparency International ne considère pas le Royaume-Uni comme un des pays les plus corrompus du monde, c’est pourtant la réalité que nous vivons.
     
    Examinons l’activité concrète de Bill Gates, il dit qu’il fait de l’humanitaire contre la faim dans le monde, il est dans la finance et dans les entreprises pharmaceutiques, les vaccins, dans la santé en général…
    Le modèle que Bill Gates voudrait imposer à tous les pays, c’est essentiellement la médecine intensive en capital : tous les dollars doivent être disponibles pour les firmes des soins de santé : que ce soit dans un système public ou privé, ça n’a pas d’importance.
     
    C’est un grand marché !
    Les dollars disponibles pour les soins de santé devraient aller à l’achat de ces médicaments très chers et à ce matériel médical sophistiqué : donc aux intérêts privés. Le but n’est pas de produire une meilleure santé, mais de créer un marché pour les produits de ces entreprises. Qu’elles construisent des hôpitaux, dirigent des hôpitaux, fournissent des hôpitaux, cela n’a pas d’importance.
     
    Cet énorme nouveau marché, c’est une grande partie du budget des États…
    Exactement. Sous couvert de l’argument du bien-être. Par exemple, nous le savons tous, les États-Unis ont un système de santé privé. Vous devez acheter les soins de santé dont vous avez besoin, mais par le biais d’une compagnie d’assurance qui fait ensuite plus d’argent sur vous, c’est son business… Les États-Unis sont ceux qui dépensent le plus de capital pour sur la santé et ils sont parmi ceux qui ont les pires résultats et des résultats très moyens pour le segment inférieur de la population. Aux USA, vous trouvez souvent des conditions de santé du tiers monde. Des pays pauvres comme Cuba et le Vietnam ont de meilleurs résultats pour la santé.

    Donc, l’accent mis sur la médecine intensive de capital, la médecine lucrative, signifie que les résultats pour la santé sont mauvais. Je veux dire qu’un système de santé publique est vraiment nécessaire. Tout au long de la période néolibérale, nous avons réduit le personnel formé et embauché de plus en plus de personnel non formé. Cela signifie que nous n’avons pas les ressources humaines vraiment nécessaires pour produire de bons soins de santé, car ce n’est pas le modèle proposé par Bill Gates.

    Prenez la pandémie actuelle, voyez la très forte différence avec les pays qui ont bien réagi : la Chine, Cuba, le Vietnam, l’État indien du Kerala, etc. Ils ont investi dans une véritable épidémiologie à grande échelle : dès que vous apprenez qu’il y a un cas, alors un important personnel formé se rend sur place, va tracer ses contacts, les isoler et aussi soutenir ces gens ! Parce que si vous vous contentez d’enfermer quelqu’un, alors il va essayer de trouver une issue. Mais si vous dites : « Regardez, nous avons besoin que vous soyez loin de votre famille, de votre travail pour un nombre x de jours, mais nous vous traiterons et nous veillerons à ce que votre famille ne souffre pas des conséquences économiques de votre absence », alors, les gens le feront volontiers, n’est-ce pas ?
     
    Vous voulez dire que la clé est une médecine sociale ?
    Exactement. Une véritable épidémiologie à grande échelle, ça commence par des équipes qui doivent se déplacer, parfois à pied, pour trouver ces personnes. Aujourd’hui, nous n’avons absolument pas la médecine à forte intensité de travail social dont nous avons besoin. À la place, nous avons cette médecine intensive capitaliste antisociale.
     
    Bill Gates affirme aussi lutter contre la faim…
    Les organismes génétiquement modifiés (OGM) et toutes ces autres cultures à forte intensité de capital dont Bill Gates et d’autres font la promotion partout dans le monde, cela mène en fait, dans des pays comme l’Inde, à des suicides d’agriculteurs. Parce que les agriculteurs sont incités à adopter ces techniques, ils en deviennent dépendants, elles sont très chères. Mais vous savez que les prix des matières premières fluctuent beaucoup et que les agriculteurs s’endettent. Et, contrairement aux gens qui nous ont fait plonger durant la crise financière de 2008, ces pauvres agriculteurs, eux, assument la responsabilité personnelle de pour leurs dettes qui très souvent causent leur suicide. Et puis, avec ces horribles produits chimiques, en les ingérant, c’est souvent ainsi qu’ils meurent. Donc, ce type d’agriculture que Bill Gates promeut n’arrête pas la faim, il va l’augmenter, car il supprime nos cultivateurs.
     
    Bill Gates est aussi intervenu dans la finance avec le « micro-crédit »…
    La finance, c’est très intéressant. Au début des années 2000, Muhammad Yunus est devenu très célèbre avec ces microprêts, ce microcrédit… Ce qu’ils ont appelé « inclusion financière » est vraiment un moyen de ramener principalement les plus pauvres des pauvres et leurs maigres revenus dans le filet de la dette. Là où les grands capitalistes peuvent profiter de ces maigres revenus pour réaliser un profit. Car, en leur accordant un petit prêt, ils font un profit. Il n’y a pas eu d’inclusion financière. Cela a permis à Bill Gates de promouvoir cette grande catastrophe de démonétisation…
     
    En novembre 2016, le Premier ministre Modi est passé à la télévision en déclarant que tous les billets, sauf les plus petites coupures, étaient « démonétisés » avec seulement quatre heures de préavis. On ne pouvait plus payer avec eux, il fallait les apporter à la banque. Cela a conduit à des jours de chaos dans un pays où la moitié de la population n’a même pas de compte bancaire et où 90 % des paiements sont effectués en espèces.
    Ce sont en fait des moyens de piéger les agriculteurs à bas revenus pour les mettre dans le filet des grandes institutions financières.
     
    La montée de ce nouveau type de capitalisme, est-ce un signe que les temps sont très difficiles pour les néolibéraux traditionnels ?
    Je pense que oui, en fait. Vous avez mentionné les théories du complot, j’ai des amis enclins à croire certaines d’entre elles, je ne doute pas que leurs raisons soient très correctes, en tout cas, ils pensent que cette réaction à la pandémie est excessive, que c’est juste une excuse pour que l’État augmente son contrôle et sa surveillance sur nous tous. Et là, je ne doute pas que les États du monde entier en profitent pour le faire. Là où mon avis diffère du leur, c’est que les forces du grand capital, les politiciens qui sont dans leurs poches et l’État feront tout pour promouvoir les résultats qui leur sont favorables. Pour promouvoir ce modèle que j’appelle le capitalisme pseudo-philanthropique ou le néolibéralisme.
     
    Y parviendront-ils ?
    C’est loin d’être garanti. Parce que les choses se sont vraiment dégradées partout. Dans cette pandémie, personne n’écrit ce scénario. Les États-Unis sont aujourd’hui devenus ingouvernables en partie à cause de la nature de la réponse à la pandémie.
     
    Pourquoi les économies néolibérales se sont-elles écroulées de cette façon en devant fermer leurs entreprises ?
    La raison est très simple : au cours des quarante dernières années, la capacité de leur système de santé publique à faire face à tout cela a été complètement mise de côté en faveur d’une médecine intensive en capital. Et aussi parce que la capacité de l’État a disparu. Lorsque la Chine a été confrontée à la pandémie, son État avait suffisamment de capacité pour mobiliser : confinement de Wuhan, confinement du Hubei, création d’infrastructures comme les hôpitaux supplémentaires. Traitement du problème de manière décisive et rapide.
     
    En Occident, nous n’avons pas cela. Et nous avons un autre problème, constaté avec l’élection de Trump et de Johnson. Madame Merkel s’en est bien sortie, mais auparavant, comme vous le savez, elle avait également perdu une partie de sa légitimité politique avec une crise gouvernementale. Mais face au virus, l’Allemagne a connu une meilleure situation, car elle a conservé une grande partie de sa capacité à faire une médecine publique… Presque toutes les autres sociétés occidentales ont dû subir cette déchéance, car elles n’avaient pas la capacité de faire autrement. Alors elles ont dû utiliser un gros marteau au lieu d’un très fin scalpel. Quoi qu’il en soit, ce scénario n’est sous le contrôle de personne, car le capitalisme néolibéral est en crise. Alors les gens diront : « Nous aurons une autre forme de capitalisme », mais je dis, non, le capitalisme néolibéral est la seule forme de capitalisme possible en ce moment. Tout le reste sera le début d’un « non-capitalisme ». Du socialisme, j’espère ! Bien que vous pourriez avoir d’autres formes…
     
    En fait, tout le monde est maintenant socialiste en Europe ! Tout le monde dit : « Vive l’État, la fonction publique, les travailleurs ! »
    Oui. Mais ces voix qui semblent très socialistes se divisent en deux. La plus grande partie se lancera dans un capitalisme pseudo-philanthropique. Donc en collaboration avec les grandes sociétés privées. En fin de compte, nous le paierons, pour des produits de valeur douteuse et les énormes profits que les capitalistes en tireront.

    Seul un très petit nombre parlera autrement. Nous devons avoir des instruments politiques populaires au pouvoir, qui réalisent ce que le capitalisme n’est plus capable de faire. Premièrement, sauver la société de la pandémie. Deuxièmement, mettre en place une société différente. Tout le monde sait que l’ancien modèle n’est plus légitime. La pandémie l’a montré, tout le monde le sait : nous ne pouvons pas revenir à ce vieux capitalisme néolibéral, car c’est l’inégalité, le racisme, le sexisme, il n’a pas généré de bons emplois du tout, il a généré des emplois de merde pour les personnes marginalisées, etc.

    Il est clair aujourd’hui que le néolibéralisme sape le système de santé. Dans ce contexte, le capitalisme doit être pseudo-philanthropique : « Nous allons résoudre tous ces problèmes, nous allons vous donner une nouvelle forme de capitalisme ». Mais en réalité, ce sera juste une nouvelle forme de néolibéralisme : une forme de capitalisme avec un équilibre politique entre les mains du capital des entreprises privées. Lesquelles vont utiliser tous les moyens possibles – principalement ceux de l’État – pour augmenter leurs bénéfices. C’est là que le capital veut nous emmener…
     
    Et pour s’y opposer ?
    La seule façon de s’y opposer réside dans les forces politiques. Elles peuvent être initialement petites, mais je pense qu’elles peuvent aussi grandir très rapidement. Des forces politiques qui comprennent qu’il ne faut pas perpétuer les anciennes conditions. Vous ne devez pas abandonner le pouvoir aux grandes sociétés. Comprenez que ces sociétés sont si grandes et si lucratives qu’elles ont conquis des secteurs de la société qui sont des monopoles naturels. Si vous fournissez de l’électricité, de l’eau, des services de santé, des transports, si vous exploitez des ressources naturelles, ce sont tous des monopoles naturels : ne doivent-ils pas être entre les mains du public ? Aujourd’hui, nous avons une capacité sans précédent à gérer toutes ces choses grâce à la sophistication des technologies de l’information et de la communication. En réalité, toutes ces grandes entreprises sont déjà des économies géantes planifiées.
     
    « Planifiées » ! Un gros mot, nous dit-on… Pensez-vous que la seule raison pour laquelle la majorité des gens ne veulent pas passer du capitalisme à une autre société, c’est parce que les capitalistes ont réussi à les convaincre qu’il n’y a pas d’alternative ?
    Oui. Eh bien, aujourd’hui, je ne suis plus sûr que les gens croient qu’il n’y a pas d’alternative. Au Canada par exemple, un sondage récent montre que la population penche de plus en plus vers des choses ouvertement socialistes. Y compris la propriété publique des monopoles.
     
    La Fondation Bill Gates n’est pas la première dans l’histoire du capitalisme US. Celles de Rockefeller, Ford et Carnegie ont déjà joué un rôle important dans le capitalisme ?
    Absolument. Le théoricien marxiste italien Gramsci a décrit à quel point le constructeur Henry Ford avait essayé de contrôler la vie de ses travailleurs jusqu’à leurs types de divertissements. Les capitalistes ont toujours été intéressés à façonner la société. Oui, ces fondations ont toujours joué un très grand rôle dans tous les pays. Mais aux États-Unis, c’est une très forte tradition. Dans ce soi-disant modèle philanthropique, la philanthropie devient simplement un moyen pour les entreprises capitalistes de modeler les sociétés comme ils le souhaitent. Oui, c’est une longue tradition, contrôlée aujourd’hui par des sociétés plus grandes que jamais. Leur pouvoir sur les gens est encore plus important. Les sociétés sont devenues si puissantes qu’elles dominent les gouvernements.
     
    La Fondation Bill Gates a quelque chose de plus. C’est encore un pas supplémentaire par rapport aux fondations précédentes et son rôle est beaucoup plus large.
    Oui. Son rôle est beaucoup plus important à cause de la faiblesse du capitalisme. Il ne survivra que si la Fondation Bill Gates et d’autres semblables réussissent à créer une sorte de capitalisme philanthropique. Bill Gates est plus important que les fondations des Rockefeller et des Ford. À leur époque, le capitalisme en était encore à une phase relativement expansive, il était encore productivement dynamique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
     
    Les médias européens défendent très fortement Bill Gates, tout comme George Soros. Ils mettent en avant la fameuse théorie du complot « Bill Gates veut éliminer une partie de l’humanité ». Mais ainsi ils cachent le rôle essentiel de Bill Gates, pas du tout philanthrope. Pourquoi ce silence ?
    Quelque chose de très décisif s’est produit au cours des cent cinquante dernières années pour les classes intellectuelles et professionnelles dont les médias sont un élément très important. Ces classes ont perdu leur sens moral, leur sens politique. Il fut un temps où être intellectuel c’était être de gauche ; aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Tous les partis ont été repris par les classes moyennes professionnelles. Cependant, celles-ci ont déplacé les partis de droite vers la droite, mais elles n’ont pas déplacé les partis de gauche vers la gauche, mais bien également vers la droite. Les phénomènes Blair, Schröder, Bill Clinton, etc. Leurs actions suivent fondamentalement leurs intérêts économiques. Ces classes moyennes professionnelles de droite et de gauche forment maintenant un seul establishment et c’est pourquoi ce mécontentement contre tant de décennies de néolibéralisme a – jusqu’à présent en tout cas – été capitalisé par des forces différentes. Trump et Johnson sont venus d’ailleurs.

    La classe moyenne a perdu son sens critique. C’est pourquoi tous ces médias stéréotypés et mous utilisent l’expression « théorie du complot » et la lancent à quiconque pose simplement des questions. Où est passé notre droit de poser des questions ?
     
    Pour conclure, que suggérez-vous aux progressistes pour lutter contre les illusions sur Bill Gates ?
    => Le plus important est d’être en contact avec les gens ordinaires. Marx et Engels et d’autres intellectuels de la Deuxième Internationale ne se sont pas contentés de faire des déclarations incendiaires sur la classe ouvrière, non, ils ont travaillé avec la classe ouvrière. Je pense que nous devons nous reconnecter avec le mouvement des travailleurs. Y compris les plus marginalisés, car les syndicats dans la plupart des pays sont aussi devenus des organisations relativement élitistes. Nous devons donc aller au-devant des citoyens ordinaires et soutenir intellectuellement leurs mouvements. Je pense que c’est l’élément clé.

    Quand Marx et Engels écrivaient, il n’y avait en fait pas de partis au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Quand ils utilisaient le mot « parti », ils se référaient aux courants intellectuels. En tout cas, pour notre courant intellectuel, nous devons nous démarquer clairement de ces discours qui préparent le terrain au capitalisme pseudo-philanthropique. La clé, c’est de briser le fonctionnement de ces sociétés en « autorégulation » ; nous devons les remettre sous réglementation. Et surtout reparler de choses comme la propriété publique. Reparler du contrôle des capitaux, reparler de l’appropriation par l’État de tout le système financier. L’argent est une fonction d’État, il n’y a absolument pas besoin d’avoir un secteur financier privé. Ou alors il doit être si fortement réglementé qu’il devra se comporter comme un instrument public.

    Permettez-moi d’exposer une autre idée sur laquelle je vais probablement écrire. La gauche a également eu son propre néolibéralisme. Avec deux facteurs très importants.
    1. Un scepticisme total sur la planification et le contrôle de l’État.
    2. Un scepticisme complet sur les partis. Au lieu de planifier, on répand aujourd’hui l’idée que nous allons créer une sorte d’économie décentralisée de coopératives et de petits travailleurs collectifs sans planification globale. C’est justement ce que Marx critiquait dans le travail de Proudhon. Nous devons rejeter ce proudhonisme et l’idée qu’une économie moderne pourrait se passer de planification. Non, la planification est toujours nécessaire. Oui, vous pouvez la rendre démocratique, vous pouvez la décentraliser, vous pouvez faire toutes ces choses merveilleuses, mais il doit y avoir une sorte de planification globale !

    La deuxième illusion est que nous n’aurions pas besoin de partis. Non, nous devons avoir des partis. Encore une fois, ils peuvent être plus démocratiques, ils peuvent être responsables devant la base, etc. Mais sans une force politique capable de contrer tout ce dont dispose la classe capitaliste avec l’État, sans un instrument pour rompre ce lien et réorganiser massivement l’État en quelque chose de complètement différent, en serviteur du peuple, nous n’irons pas très loin.

    Voilà ce que nous devons garder à l’esprit pour sortir de ce terrible gâchis.

    Michel Collon & Radhika Desai . Professeure de politique à l’université de Manitoba au Canada. Auteure de Geopolitical Economy : After US Hegemony et de Globalization and Empire.
    Extrait du tome 2 de Planète malade de Michel Collon. Le tome 1 analyse d’autres aspects de Bill Gates.

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    Source : https://www.investigaction.net/fr/bill-gates-un-capitalisme-philanthropique-entretien-avec-radhika-des

  • L’OIM soutient le déploiement de la vaccination contre la COVID-19 par les Nations Unies au Yémen | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/loim-soutient-le-deploiement-de-la-vaccination-contre-la-covid-19-par-les-natio
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/second_image_yemen_vaccines.jpeg?itok=qKdK7sxj

    L’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) a commencé à soutenir le déploiement, par les Nations Unies, de la vaccination contre la COVID-19 au Yémen, où les cas ont récemment augmenté. L’Organisation administre des vaccins dans cinq centres de santé à Aden, Ma’rib, Shabwah, Tai’z et Lahij.Le 31 mars, le Yémen a reçu 360 000 doses de vaccin COVID-19 par le biais du pilier COVAX. Le déploiement de la campagne de vaccination a commencé le 20 avril. La COVID-19 a eu de graves conséquences sur la santé, le bien-être et les revenus des habitants du Yémen. Cependant, l’impact réel ne pourra jamais être vraiment connu, en raison du nombre limité de tests et de signalements dans le pays.
    La proportion mensuelle de cas positifs de COVID-19 a atteint plus de 2 400 en mars, le nombre le plus élevé confirmé en un mois depuis le début de la pandémie. En avril, le nombre de cas a continué à être plus élevé que les mois précédents avec plus de 1 500 cas. Début mai, le taux de mortalité était de plus de 19 pour cent, soit le taux le plus élevé de la région.
    « L’obtention d’une immunité étendue est essentielle pour stopper la pandémie de COVID-19 dans son élan. L’OIM se réjouit de soutenir la campagne de vaccination au Yémen pour aider à atteindre cet objectif », a déclaré Christa Rottensteiner, chef de mission de l’OIM au Yémen.
    « Il est extrêmement important que toutes les communautés vulnérables du Yémen aient accès au vaccin contre la COVID-19. L’OIM se félicite de la décision du gouvernement du Yémen d’adopter une approche inclusive pour le déploiement du vaccin en incluant les migrants dans le besoin. Nos communautés ne seront pas en bonne santé tant que tout le monde ne le sera pas ». A ce jour, plus de 18 500 travailleurs sanitaires et personnes souffrant de problèmes de santé ont été vaccinés dans tout le Yémen. Lors des prochains cycles de la campagne de vaccination, les migrants devraient être inclus conformément au plan national. L’OIM estime que plus de 32 000 migrants sont actuellement bloqués au Yémen, avec un accès limité aux soins de santé, à l’hygiène ou à d’autres ressources de prévention et de traitement de la COVID-19. Les vaccins administrés par l’OIM dans les cinq centres de santé sont fournis par le biais du pilier COVAX, qui est un partenariat entre la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI), Gavi (l’Alliance du Vaccin), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
    Avant le début de la campagne de vaccination, les médecins de l’OIM ont été formés à l’administration du vaccin par l’OMS, l’UNICEF et le Ministère de la santé publique et de la population. Les centres de santé auxquels l’OIM apporte son aide pour mener à bien la campagne de vaccination sont déjà soutenus par l’Organisation par d’autres moyens, notamment la fourniture de médicaments, d’articles, d’équipements, une aide salariale et des formations. L’OIM peut travailler avec ces centres de santé grâce au soutien du Bureau d’aide humanitaire (BHA) de l’USAID et du gouvernement japonais.Pour une plus grande efficacité des campagnes de vaccination à travers le monde, l’OIM appelle à supprimer tous les obstacles que les migrants et les personnes déplacées de force peuvent rencontrer pour accéder aux injections.

    #Covid-19#migrant#migration#yemen#OIM#sante#vaccination#inclusion#personnedeplacee#COVAX#OMS#UNICEF#humanitaire

  • 87 millions de dollars sont nécessaires pour soutenir l’accès équitable au vaccin et atténuer les effets de la COVID-19 en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/87-millions-de-dollars-sont-necessaires-pour-soutenir-lacces-equitable-au-vacci
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/ok_faces_pixelated_iom_team_is_providing_medical_assistance_for_migrants_arrivi

    87 millions de dollars sont nécessaires pour soutenir l’accès équitable au vaccin et atténuer les effets de la COVID-19 en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique. Nairobi - La pandémie de COVID-19 a fortement affecté la vie de milliers de migrants, de déplacés internes et de communautés d’accueil en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, rendant vulnérables de nombreuses personnes, communautés et économies, qui ont besoin d’un soutien et d’une protection supplémentaires.
    Les restrictions de circulation et les mesures induites par la COVID-19 ont un impact direct sur la vie quotidienne des déplacés internes, des réfugiés et des communautés d’accueil, en particulier dans les pays où de nombreuses personnes dépendent des envois de fonds.L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) recherche environ 87 millions de dollars pour soutenir les activités vitales de réponse et de relèvement dans l’Est et la Corne de l’Afrique.Les fonds sollicités dans le cadre du Plan stratégique de réponse et de relèvement à la COVID-19 2021 pour l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique garantiront la poursuite et l’intensification des services essentiels de santé et autres. Les fonds permettront à l’OIM d’atténuer les effets à long terme de la pandémie et d’éclairer les efforts de réponse et de relèvement en suivant l’impact de la COVID-19 sur la mobilité humaine, et en renforçant la prise de décision basée sur des preuves.
    L’OIM continuera également à plaider pour un accès équitable à la vaccination contre la COVID-19 pour les populations vulnérables, notamment les migrants, les déplacés internes et les communautés touchées.« Alors même que les pays commencent à déployer des programmes de vaccination pour enrayer la pandémie, les migrants et autres groupes vulnérables risquent d’être laissés de côté », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique.« Les migrants demeurent parmi les plus vulnérables à la perte de possibilités économiques, à l’expulsion et à l’absence de domicile, ainsi qu’à la stigmatisation et à l’exclusion des services essentiels. »
    Dans toute la région, les moyens de subsistance ont été perturbés et l’accès aux soins de santé reste limité. De nombreuses communautés accueillant des déplacés internes n’investissent pas suffisamment dans la santé, l’eau et l’assainissement. Elles vivent souvent dans des zones surpeuplées avec un accès limité à des abris et ressources adéquats et à des informations fiables.La région comprend également des pays qui subissent des crises humanitaires complexes et des conflits prolongés qui ont été aggravés par la pandémie.L’OIM travaillera avec les gouvernements et les partenaires pour soutenir l’inclusion des migrants dans la planification du relèvement et du développement, ainsi que dans les mesures de relèvement socioéconomique à moyen et long terme.Le Plan de réponse stratégique contre la COVID-19 est aligné sur le Plan stratégique mondial de réponse et de relèvement de l’OIM.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#OIM#inclusion#vaccination#personnedeplacee#refugie#conflit#humanitaire#vulnerabilite

  • #Campagnes de #dissuasion massive

    Pour contraindre à l’#immobilité les candidats à la migration, jugés indésirables, les gouvernements occidentaux ne se contentent pas depuis les années 1990 de militariser leurs frontières et de durcir leur législation. Aux stratégies répressives s’ajoutent des méthodes d’apparence plus consensuelle : les campagnes d’information multimédias avertissant des #dangers du voyage.

    « Et au lieu d’aller de l’avant, il pensa à rentrer. Par le biais d’un serment, il dit à son cousin décédé : “Si Dieu doit m’ôter la vie, que ce soit dans mon pays bien-aimé.” » Cette #chanson en espagnol raconte le périple d’un Mexicain qui, ayant vu son cousin mourir au cours du voyage vers les États-Unis, se résout à rebrousser chemin. Enregistrée en 2008 grâce à des fonds gouvernementaux américains, elle fut envoyée aux radios de plusieurs pays d’Amérique centrale par une agence de #publicité privée, laquelle se garda bien de révéler l’identité du commanditaire (1).

    Arme de découragement typiquement américaine ? Plusieurs États européens recourent eux aussi à ces méthodes de #communication_dissuasive, en particulier depuis la « crise » des réfugiés de l’été 2015. En #Hongrie comme au #Danemark, les pouvoirs publics ont financé des publicités dans des quotidiens libanais et jordaniens. « Les Hongrois sont hospitaliers, mais les sanctions les plus sévères sont prises à l’encontre de ceux qui tentent d’entrer illégalement en Hongrie », lisait-on ici. « Le Parlement danois vient d’adopter un règlement visant à réduire de 50 % les prestations sociales pour les réfugiés nouvellement arrivés », apprenait-on là (2). En 2017, plusieurs #artistes ouest-africains dansaient et chantaient dans un #clip intitulé #Bul_Sank_sa_Bakane_bi (« Ne risque pas ta vie »). « L’immigration est bonne si elle est légale », « Reste en Afrique pour la développer, il n’y a pas mieux qu’ici », « Jeunesse, ce que tu ignores, c’est qu’à l’étranger ce n’est pas aussi facile que tu le crois », clamait cette chanson financée par le gouvernement italien dans le cadre d’une opération de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) baptisée « #Migrants_conscients » (3).

    « Pourquoi risquer votre vie ? »

    Ces campagnes qui ciblent des personnes n’ayant pas encore tenté de rejoindre l’Occident, mais susceptibles de vouloir le faire, insistent sur l’inutilité de l’immigration irrégulière (ceux qui s’y essaient seront systématiquement renvoyés chez eux) et sur les rigueurs de l’« État-providence ». Elles mettent en avant les dangers du voyage, la dureté des #conditions_de_vie dans les pays de transit et de destination, les #risques de traite, de trafic, d’exploitation ou tout simplement de mort. Point commun de ces mises en scène : ne pas évoquer les politiques restrictives qui rendent l’expérience migratoire toujours plus périlleuse. Elles cherchent plutôt à agir sur les #choix_individuels.

    Déployées dans les pays de départ et de transit, elles prolongent l’#externalisation du contrôle migratoire (4) et complètent la surveillance policière des frontières par des stratégies de #persuasion. L’objectif de #contrôle_migratoire disparaît sous une terminologie doucereuse : ces campagnes sont dites d’« #information » ou de « #sensibilisation », un vocabulaire qui les associe à des actions humanitaires, destinées à protéger les aspirants au départ. Voire à protéger les populations restées au pays des mensonges de leurs proches : une vidéo financée par la #Suisse (5) à destination du Cameroun enjoint ainsi de se méfier des récits des émigrés, supposés enjoliver l’expérience migratoire (« Ne croyez pas tout ce que vous entendez »).

    Initialement appuyées sur des médias traditionnels, ces actions se développent désormais via #Facebook, #Twitter ou #YouTube. En #Australie, le gouvernement a réalisé en 2014 une série de petits films traduits dans une quinzaine de langues parlées en Asie du Sud-Est, en Afghanistan et en Indonésie : « Pas question. Vous ne ferez pas de l’Australie votre chez-vous. » Des responsables militaires en treillis exposent d’un ton martial la politique de leur pays : « Si vous voyagez par bateau sans visa, vous ne pourrez jamais faire de l’Australie votre pays. Il n’y a pas d’exception. Ne croyez pas les mensonges des passeurs » (6).

    Les concepteurs ont sollicité YouTube afin que la plate-forme diffuse les #vidéos sous la forme de publicités précédant les contenus recherchés par des internautes susceptibles d’émigrer. Le recours aux #algorithmes permet en effet de cibler les utilisateurs dont le profil indique qu’ils parlent certaines langues, comme le farsi ou le vietnamien. De même, en privilégiant des vidéos populaires chez les #jeunes, YouTube facilite le #ciblage_démographique recherché. Par la suite, ces clips ont envahi les fils d’actualités Facebook de citoyens australiens issus de l’immigration, sélectionnés par l’#algorithme car ils parlent l’une des langues visées par la campagne. En s’adressant à ces personnes nées en Australie, les autorités espéraient qu’elles inviteraient elles-mêmes les ressortissants de leur pays d’origine à rester chez eux (7).

    C’est également vers Facebook que se tourne le gouvernement de la #Norvège en 2015. Accusé de passivité face à l’arrivée de réfugiés à la frontière russe, il finance la réalisation de deux vidéos, « Pourquoi risquer votre vie ? » et « Vous risquez d’être renvoyés » (8). Les utilisateurs du réseau social avaient initialement la possibilité de réagir, par le biais des traditionnels « j’aime » ou en postant des commentaires, ce qui aurait dû permettre une circulation horizontale, voire virale, de ces vidéos. Mais l’option fut suspendue après que la page eut été inondée de commentaires haineux issus de l’extrême droite, suscitant l’embarras de l’État.

    Ici encore, Facebook offre — ou plutôt, commercialise — la possibilité de cibler des jeunes hommes originaires d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Érythrée, dont le gouvernement norvégien considère qu’ils ne relèvent pas du droit d’asile. L’algorithme sélectionne en particulier les personnes situées hors de leur pays d’origine qui ont fait des recherches sur Internet dénotant leur intérêt pour l’Europe et la migration. Il s’agit de toucher des migrants en transit, qui hésitent quant à leur destination, et de les dissuader de choisir la Norvège. Les Syriens ne font pas partie des nationalités visées, afin de ne pas violer le droit d’asile. De même, le message mentionne explicitement que seuls les adultes seront refoulés, afin de ne pas contester le droit des enfants à être pris en charge.

    À plusieurs reprises, depuis 2015, les autorités belges ont elles aussi utilisé Facebook pour ce type d’initiatives (9). En 2018, des photographies de centres de détention et d’un jeune migrant menotté, assorties du slogan « Non à l’immigration illégale. Ne venez pas en #Belgique » (10), furent relayées à partir d’une page Facebook créée pour l’occasion par l’Office des étrangers. Cette page n’existait toutefois qu’en anglais, ce qui a fait croire à un faux (y compris parmi les forces de l’ordre), poussant le gouvernement belge à la supprimer au profit d’un site plus classique, humblement intitulé « Faits sur la Belgique » (11).

    Si de telles initiatives prolifèrent, c’est que les États européens sont engagés dans une course à la dissuasion qui les oppose les uns aux autres. Le 30 mai 2018, en France, M. Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, affirmait lors d’une audition au Sénat que les migrants faisaient du « #benchmarking » pour identifier les pays les plus accueillants. Cette opinion semble partagée par ses pairs, et les États se montrent non seulement fermes, mais soucieux de le faire savoir.

    Le recours aux plates-formes de la Silicon Valley s’impose d’autant plus aisément que les autorités connaissent l’importance de ces outils dans le parcours des migrants. Une très large majorité d’entre eux sont en effet connectés. Ils dépendent de leur #téléphone_portable pour communiquer avec leur famille, se repérer grâce au #GPS, se faire comprendre par-delà les barrières linguistiques, conserver des photographies et des témoignages des atrocités qui justifient leur demande d’asile, appeler au secours en cas de naufrage ou de danger, ou encore retrouver des connaissances et des compatriotes dispersés.

    Un doute taraudait les autorités des États occidentaux : en connectant les individus et en leur facilitant l’accès à diverses sources d’information, les #technologies_numériques ne conféraient-elles pas une plus grande #autonomie aux migrants ? Ne facilitaient-elles pas en définitive l’immigration irrégulière (12) ? Dès lors, elles s’emploieraient à faire de ces mêmes outils la solution au problème : ils renseignent sur la #localisation et les caractéristiques des migrants, fournissant un canal privilégié de communication vers des publics ciblés.

    Systématiquement financées par les États occidentaux et impliquant de plus en plus souvent les géants du numérique, ces campagnes mobilisent aussi d’autres acteurs. Adopté sous les auspices de l’Organisation des Nations unies en 2018, le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (ou pacte de Marrakech) recommande ainsi de « mener des campagnes d’information multilingues et factuelles », d’organiser des « réunions de sensibilisation dans les pays d’origine », et ce notamment pour « mettre en lumière les risques qu’il y a à entreprendre une migration irrégulière pleine de dangers ». Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’OIM jouent donc le rôle d’intermédiaires privilégiés pour faciliter le financement de ces campagnes des États occidentaux en dehors de leur territoire.

    Efficacité douteuse

    Interviennent également des entreprises privées spécialisées dans le #marketing et la #communication. Installée à Hongkong, #Seefar développe des activités de « #communication_stratégique » à destination des migrants potentiels en Afghanistan ou en Afrique de l’Ouest. La société australienne #Put_It_Out_There_Pictures réalise pour sa part des vidéos de #propagande pour le compte de gouvernements occidentaux, comme le #téléfilm #Journey, qui met en scène des demandeurs d’asile tentant d’entrer clandestinement en Australie.

    Enfin, des associations humanitaires et d’aide au développement contribuent elles aussi à ces initiatives. Créée en 2015, d’abord pour secourir des migrants naufragés en Méditerranée, l’organisation non gouvernementale (ONG) #Proactiva_Open_Arms s’est lancée dans des projets de ce type en 2019 au Sénégal (13). Au sein des pays de départ, des pans entiers de la société se rallient à ces opérations : migrants de retour, journalistes, artistes, dirigeants associatifs et religieux… En Guinée, des artistes autrefois engagés pour l’ouverture des frontières militent à présent pour l’#immobilisation de leurs jeunes compatriotes (14).

    Le #discours_humanitaire consensuel qui argue de la nécessité de protéger les migrants en les informant facilite la coopération entre États, organisations internationales, secteurs privé et associatif. La plupart de ces acteurs sont pourtant étrangers au domaine du strict contrôle des frontières. Leur implication témoigne de l’extension du domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière.

    Avec quelle #efficacité ? Il existe très peu d’évaluations de l’impact de ces campagnes. En 2019, une étude norvégienne (15) a analysé leurs effets sur des migrants en transit à Khartoum, avec des résultats peu concluants. Ils étaient peu nombreux à avoir eu connaissance des messages gouvernementaux et ils s’estimaient de toute manière suffisamment informés, y compris à propos des aspects les plus sombres de l’expérience migratoire. Compte tenu de la couverture médiatique des drames de l’immigration irrégulière, il paraît en effet vraisemblable que les migrants potentiels connaissent les risques… mais qu’ils migrent quand même.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/PECOUD/62833
    #migrations #réfugiés #privatisation #Italie #humanitaire #soft_power

    –-

    Ajouté à la métaliste sur les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration :
    https://seenthis.net/messages/763551

    ping @isskein @karine4 @_kg_ @rhoumour @etraces

  • En Corée du Nord, le Covid-19 pousse les diplomates étrangers à l’exode
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/04/06/en-coree-du-nord-le-covid-19-pousse-les-diplomates-etrangers-a-l-exode_60757

    Si la raison de l’annulation par la Corée du Nord de sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo, annoncée mardi 6 avril, est bien le risque de contagion par le Covid-19, cette décision témoigne de la hantise du régime de voir se propager la pandémie sur son sol. Une hantise qui se traduit par des mesures draconiennes, conduisant les diplomates étrangers et les représentants des organisations humanitaires à déserter Pyongyang.
    Dans un message sur sa page Facebook, publié jeudi 1er avril, l’ambassade de Russie en République populaire démocratique de Corée (RPDC) révèle que la grande majorité des représentations diplomatiques dans la capitale nord-coréenne ont temporairement fermé.Seulement neuf ambassadeurs et quatre chargés d’affaires restent en poste. Les deux ambassades de Chine et de Russie, de loin les plus importantes en RPDC, ne sont pas exemptes du départ de leur personnel en raison des « restrictions sans précédent frappant la vie quotidienne ». « Un exode collectif qui risque de se poursuivre », ajoute l’auteur du message, qui illustre ses propos de photographies d’une douzaine d’ambassades fermées. Une rare critique directe de la RPDC par l’ambassade russe – dont il est difficile de penser qu’elle n’a pas l’aval de Moscou – et qui témoigne de la détérioration de la situation interne en RPDC.
    Contrôle accru sur la population

    Les ambassades d’Allemagne et du Royaume-Uni ainsi que le bureau de représentation français à Pyongyang avaient fermé temporairement dès mars 2020, peu après que la RPDC se soit claquemurée. Les gardes-frontières auraient reçu l’ordre de tirer à vue sur toute personne essayant d’entrer clandestinement en RPDC. Air Koryo, la compagnie aérienne nord-coréenne, qui a suspendu ses vols pour la Chine et pour Vladivostok (Russie), ne les a jamais repris.Le régime est hanté par le risque d’une contagion par le Covid-19 qui, en raison du délabrement du système sanitaire, décimerait la population. Pyongyang proclame n’avoir aucun cas de contamination, non sans susciter le scepticisme des experts. Du moins, s’il y a eu des cas, en particulier dans la région frontalière avec la Chine, la contagion semble contenue. Mais au prix d’un contrôle accru sur la population qui n’est pas sans rappeler la situation lors de la famine de la seconde partie des années 1990, estime Lina Yoon, chercheuse pour l’ONG Human Rights Watch.Selon le message de l’ambassade de Russie sur sa page Facebook, il ne reste que 290 étrangers à Pyongyang qui bravent la « détention corona ». Déjà compliquées en temps normal du fait de la restriction de mouvement en dehors d’un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de Pyongyang, les activités des ressortissants étrangers dans la capitale ont été encore réduites par les contrôles de sécurité sanitaire. Selon le message de l’ambassade de Russie sur Facebook, ils sont en outre confrontés à une « pénurie aiguë de denrées de première nécessité et des médicaments » en raison du quasi-arrêt des importations.
    En février, n’y tenant plus, des diplomates russes et leur famille ont effectué un périple de trente-deux heures en train pour rejoindre le port de Chongjin, dans le nord-est du pays, où se trouve un consulat russe, puis gagner l’étroite frontière avec leur pays, qu’ils ont franchie en poussant un chariot utilisé pour la réparation des rails, sur lequel avaient pris place épouses et enfants avec les bagages. Un trajet d’un kilomètre sur la voie ferrée traversant le fleuve Tumen qui sépare les deux pays.Les diplomates ne sont pas les seuls à avoir quitté la RPDC : c’est également le cas du personnel des missions onusiennes et des représentants des organisations humanitaires présentes à Pyongyang en raison, d’une part, des restrictions à leurs activités, qui affectent leurs capacités opérationnelles et, d’autre part, la crainte d’être bloqués en RPDC en cas de renforcement des mesures de fermeture du pays. Depuis mars, les organismes des Nations unies n’ont plus aucune équipe étrangère en RPDC.

    #Covid-19#migrant#migration#coredunord#sante#exil#diplomate#humanitaire#frontiere

  • How the aid sector marginalises women refugees

    ‘No one understands the issues women from war zones face better than we do ourselves.’

    I am a woman, a refugee from Darfur, and the co-founder of an organisation committed to supporting other Sudanese refugee women in Kampala, Uganda. I have heard about the localisation process in humanitarian aid, but I do not feel its effect. What I do feel, and experience on a daily basis, are the numerous ways women – especially refugee women – are discriminated against in the humanitarian system.

    My experiences have taught me that, wherever we go, women need to stand up for ourselves and take #leadership because no one understands the issues women from war zones face better than we do ourselves.

    When I was 12 years old my family fled to Kalma camp, the largest camp for displaced people in Darfur, home to more than 120,000 people. The war and insecurity were reason enough for me to leave my country, but when I was 16 I started being a human rights activist and helping women who had been raped.

    My work at the time consisted of writing down the details of what happened to the women who came to Kalma from villages to escape fighting and violence – mostly mothers and young girls. It made me a target because talking about rape was taboo, and recording the women’s stories was evidence of the crimes being committed in the war.

    When I finished high school I decided to leave. I wanted to go to university, but people like me were not safe in Sudan. The government attacked women’s rights activists in universities and in their homes, and sometimes kidnapped them. I was scared and wanted a future, so I left.

    I spent one year in South Sudan, where I continued my work with women, before arriving in 2012 in Kampala, where I registered as a refugee and attended university, earning a degree in International Relations and Diplomatic Studies.

    The issues we face

    Sudanese women are often in a difficult situation when they arrive in Kampala. Many are alone with their children. Most don’t speak English – the language you need to start building a life here. Their husbands are either dead, in prison, or missing. The women struggle to find work and struggle to feed their children. The ones who live with their husbands often experience domestic abuse when the men lash out because of financial stress.

    Many women have also been subjected to circumcision. They want to go to the hospital to receive medical care, but they do not know where to go, and fear judgement from the Sudanese community.

    A Sudanese woman will never speak about her rape to a man. She will never tell a man that she is having difficulties giving birth because of circumcision or that her husband treats her badly. She will never speak to a man about early marriage or young girls getting married to older men.

    These topics are considered shameful and taboo. Men commit many of the acts women suffer from, and women are afraid that they will be further victimised if they speak up. If a woman tells a man she is being beaten by her husband, the man will often ask the husband if it is true and the husband will only beat his wife more. Many Sudanese men will say these issues should be solved within the family and discourage women from seeking outside support.

    At the same time, Sudanese women also struggle to talk about these topics with Ugandan and Western aid workers who come from different cultures and speak different languages. But they will talk about them with other women from their own community, women who understand their experiences and speak their language.
    Representing and helping ourselves

    This is why refugee-led organisations like the one that I founded with fellow Sudanese refugee women are so important. We know the needs of Sudanese people. We can offer support on sensitive and intimate issues in ways that other organisations cannot, and we can act as a bridge to international humanitarian organisations to make sure people in our community are receiving food, healthcare, and the other essential support they need.

    Unfortunately, however, the humanitarian system is replicating the inequalities we face in our private lives. As a Sudanese woman leading an organisation, I feel like I am being left behind and marginalised, not because I want to be, but because the humanitarian system doesn’t recognise the additional barriers I face and the responsibilities I carry in my daily life.

    In Sudanese society, women are expected to get married, have children, take care of the home and take a secondary role to men. We have to fight for opportunities to have a role outside of the house and to be in leadership positions. We need to get paid for the humanitarian work we do in order to make it sustainable.

    Most international humanitarian organisations offer voluntary positions to women like me, even if we do as much work as people who are given a salary. Some organisations offer allowances of around $150 per month as compensation to volunteers. That is not enough to even pay rent, let alone feed our children or cover healthcare and education expenses.

    The Grand Bargain was supposed to change this, but in my experience it hasn’t. Instead of focusing full time on humanitarian work, I had to open a bakery to earn money to support myself and my family.

    If we get paid for our humanitarian work, we will be able to increase the time we dedicate to it and take more control over our own lives. There is a saying in Arabic: “He who does not own his own fuel does not own his own decisions.”

    Having funding to open a nursery at our organisation would also be a good starting place to allow us to increase our working hours and an important recognition of the multiple responsibilities we have as women.

    International humanitarian organisations should dedicate a specific percentage of funding to build the capacity of refugee women-led organisations to help these basic goals become a reality.

    Instead, donors expect women refugee-led organisations to compete for the same grants male-led organisations apply for and report on them on the same schedule. This is not feasible. Men have women taking care of their children, cooking their meals, and cleaning their houses while they are working. Women are doing both.

    Even me, I am currently pregnant with my third child. When I give birth, I will need to stay close to my baby for at least the first three months to feed and care for them. I won’t be able to leave my child to put in an eight-hour work day. I will need more time to complete the work I usually do, and I will need donors to understand this and adjust accordingly.

    But the humanitarian sector does not make any accommodations for the realities we face as refugee women. As a result, it is difficult for women refugee-led organisations to reach the same level as organisations led by men. This means that we are often denied a seat at the table to talk about the situations we face and to propose solutions.

    Without being able to raise these issues ourselves, no one will fight for us because men cannot imagine what we experience. If the humanitarian sector truly wants to address our needs, it is time to address the structural inequalities in the sector that prevent refugee women from leading for ourselves.

    https://www.thenewhumanitarian.org/opinion/first-person/2021/3/15/How-the-aid-sector-marginalises-women-refugees

    #femmes #femmes_réfugiées #marginalisation #humanitaire #inégalités #inégalités_structurelles #réfugiés

    ping @_kg_ @karine4

  • HCR - En RDC, le HCR relocalise des milliers de réfugiés centrafricains vers des lieux plus sûrs
    https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2021/3/603e263ca/rdc-hcr-relocalise-milliers-refugies-centrafricains-vers-lieux-rs.html

    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, relocalise des milliers de réfugiés centrafricains vers des lieux plus sûrs et éloignés des régions frontalières reculées et instables en République démocratique du Congo (RDC). Le HCR et la Commission nationale congolaise pour les réfugiés ont signé des accords et construisent un site d’une capacité d’accueil de 10 000 réfugiés à Modale, un village situé près de Yakoma dans la province du Nord-Ubangi. Un second site est actuellement envisagé près de Ndu dans la province du Bas-Uele, en attente de l’approbation du gouvernement. Des travaux sont en cours pour identifier deux sites supplémentaires où un plus grand nombre de réfugiés pourront être transférés. Le HCR et la CNR vont préparer quatre sites de relocalisation pour environ 35 000 réfugiés qui vivront aux côtés des communautés locales et cultiveront leurs propres récoltes, fréquenteront les écoles locales et bénéficieront d’autres services essentiels destinés à leurs hôtes congolais. L’installation des réfugiés dans les communautés locales leur permettra de vivre avec davantage de dignité et une indépendance accrue.
    Dans le site de Modale, le HCR établit de nouvelles installations pour la distribution d’eau et l’assainissement et prévoit d’accroître les infrastructures de santé et d’éducation. Les localités sélectionnées disposent déjà de services administratifs et judiciaires, de neuf écoles primaires, d’une école secondaire et d’un dispensaire. Le HCR renforce les services et les infrastructures existants qui seraient confrontés à des difficultés face à une hausse soudaine du nombre de nouveaux arrivants.
    Selon les autorités de RDC, 92 000 réfugiés sont déjà arrivés depuis la République centrafricaine (RCA) après l’éruption des violences liées aux élections en décembre 2020. La plupart des réfugiés centrafricains vivent actuellement sur les berges de rivières dans des régions frontalières difficiles d’accès, au sein de communautés d’accueil disposant de ressources limitées. Leurs conditions de vie sont désastreuses. De nombreux réfugiés dorment dans des abris de fortune. La plupart d’entre eux n’ont pas ou peu accès à l’eau potable, à des installations sanitaires ou à la nourriture. Certains sont hébergés par des familles d’accueil, avec parfois jusqu’à trois familles de réfugiés vivant dans une seule maison.
    Les besoins en matière de soins de santé sont aigus. Des équipes conjointes des agences des Nations Unies, d’ONG et de la division provinciale de la santé pour l’évaluation sanitaire ont signalé un risque élevé d’épidémie majeure de rougeole dans les zones d’accueil des réfugiés dans le Nord-Ubangi. Des cas suspects ont déjà été signalés dans les communautés d’accueil. L’équipe d’évaluation a recommandé une campagne de vaccination urgente, car moins de 30% des enfants réfugiés sont vaccinés. D’autres mesures pour lutter contre la pandémie de Covid-19 sont également nécessaires.
    Près de 40 000 réfugiés ont déjà été enregistrés au moyen de la biométrie par les équipes du HCR. Nos équipes viennent en aide à plus de 4500 réfugiés particulièrement vulnérables, notamment des enfants non accompagnés et séparés, des femmes vulnérables, des personnes handicapées ou affectées de graves problèmes médicaux. Nous apportons également un soutien à environ 80 victimes de violences sexuelles et sexistes, y compris des cas de mariages d’enfants. Tous ces incidents auraient eu lieu en République centrafricaine. Les besoins de milliers de réfugiés centrafricains continuent d’augmenter, ainsi que les besoins en financements. Les fonds destinés à la réponse humanitaire du HCR sont extrêmement limités et soumis à une forte pression en raison des besoins des réfugiés et des communautés d’accueil. Le HCR lance un appel de 164,7 millions de dollars pour des prestations vitales en matière de protection et d’assistance aux Centrafricains déplacé

    #Covid-19#migrant#migration#republiquedemocratiquecondo#centrafrique#refugie#UNHCR#sante#vulnerabilite#humanitaire#inclusion#zonefrontaliere

  • L’OIM lance un appel pour fournir une aide vitale à plus d’un demi-million de migrants déplacés et vulnérables au Niger | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/loim-lance-un-appel-pour-fournir-une-aide-vitale-plus-dun-demi-million-de-migra
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/niger_appeal_imgl9747_copy.jpg?itok=JeKGOJ9V

    Niamey - Le Niger, l’un des pays de transit des migrants les plus fréquentés de la région du Sahel, est confronté à de multiples situations d’urgence. La COVID-19, les menaces permanentes à la sécurité et des générations de pauvreté profondément enracinée ont contribué à une crise humanitaire croissante, avec plus d’un demi-million de déplacés internes et leurs communautés d’accueil ayant besoin de services essentiels. En 2021, 135 000 autres migrants vulnérables auront également besoin d’une aide au Niger. Afin de pouvoir fournir l’aide indispensable, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) lance aujourd’hui un appel de 121 millions de dollars pour apporter une aide essentielle aux migrants, aux déplacés internes et aux communautés d’accueil en 2021.
    Les retours continus de migrants d’Algérie - ainsi que les mouvements migratoires à travers le Niger, à la fois vers et depuis l’Algérie et la Libye - laissent les migrants sans abri, sans nourriture, sans eau et sans aide sanitaire. En plus de ces interventions humanitaires essentielles, l’OIM s’engage également à promouvoir la stabilité et la cohésion sociale entre les communautés d’accueil, les déplacés internes et les migrants. Malgré la fermeture officielle des frontières terrestres depuis le 19 mars, les migrants continuent de se rendre au Niger, de le traverser et de le quitter en empruntant des itinéraires migratoires de longue date, principalement vers la Libye et l’Algérie. L’OIM aide les migrants bloqués dans le cadre de ses opérations humanitaires (à la frontière avec l’Algérie) et de ses opérations de recherche et de sauvetage dans la région d’Agadez, au nord du Niger, après quoi de nombreux migrants reçoivent une aide dans l’un des six centres de transit de l’OIM au Niger.L’année dernière, une évaluation de l’OIM a conclu qu’au moins 2,7 millions de migrants étaient bloqués, dans l’impossibilité de retourner dans leur pays de résidence en raison des restrictions de mobilité imposées par la COVID-19.« En 2020, l’OIM a aidé plus de 9 000 migrants bloqués au Niger, dont la majorité provenait de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale », a déclaré Barbara Rijks, chef de mission de l’OIM au Niger. « Beaucoup de ces migrants ont été aidés à retourner volontairement dans leurs pays d’origine respectifs, malgré la fermeture officielle des frontières, par le biais d’un couloir humanitaire établi avec le gouvernement du Niger ».Plus de 2 100 Nigériens de retour ont également été aidés pour leur isolement face à la COVID-19 et ont bénéficié d’une aide ultérieure dans leur région d’origine une fois arrivés au Niger. Des convois officiels pour les nigériens bloqués ont été organisés à partir de divers pays d’Afrique de l’Ouest par d’autres bureaux de l’OIM en collaboration avec le gouvernement du Niger, y compris ses missions consulaires. Quelque 3,8 millions de Nigériens auront besoin d’aide en 2021, selon l’aperçu des besoins humanitaires publié par l’équipe de pays chargée de l’action humanitaire au Niger. L’OIM au Niger prévoit d’accroître son niveau d’assistance dans les zones qui ont été touchées par différentes crises, notamment les catastrophes naturelles et l’insécurité résultant de l’activité croissante des organisations extrémistes violentes au Niger.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#sante#personnedeplacee#refugie#afrique#insecurite#frontiere#humanitaire

  • Decolonisation and humanitarian response

    As part of our annual Careers in Humanitarianism Day, we were joined by:

    #Juliano_Fiori (Save the Children, and PhD Candidate at HCRI)
    – Professor #Patricia_Daley (Oxford University)
    – Professor #Elena_Fiddian-Qasmiyeh (UCL)

    in discussion (and sometimes disagreement!) on the notions of humanitarianism and decolonisation.

    https://www.youtube.com/watch?list=PLcf7O1Y_SOZQ24s6vCT8rtR9ANGs0nzEi&v=BSTjc3YCH9I&feature=youtu.b


    #décolonialité #décolonialisme #humanitaire #conférence

    ping @cede @isskein @karine4

    • Migration, Humanitarianism, and the Politics of Knowledge —> An Interview with #Juliano_Fiori.

      Elena Fiddian-Qasmiyeh: In this issue of Migration and Society we are interested in the overarching theme of “Recentering the South in Studies of Migration.” Indeed, it is increasingly acknowledged that studies of and policy responses to migration and displacement often have a strong Northern bias. For instance, in spite of the importance of different forms of migration within, across, and between countries of the “global South” (i.e., “South-South migration”), there is a significant tendency to focus on migration from “the South” to countries of “the North” (i.e., South-North migration), prioritizing the perspectives and interests of stakeholders associated with the North. Against this backdrop, what is your position with regard to claims of Eurocentrism in studies of and responses to migration?

      Juliano Fiori: To the extent that they emerge from immanent critiques of colonialism and liberal capitalism, I am sympathetic toward them.1 Decentering (or provincializing) Europe is necessarily an epistemological project of deconstruction. But to contribute to a counterhegemonic politics, this project must move beyond the diagnosis of epistemicide to challenge the particular substance of European thought that has produced systems of oppression.

      The idea of “decolonizing the curriculum” is, of course, à la mode (Sabaratnam 2017; Vanyoro 2019). It is difficult to dispute the pedagogical necessity to question epistemic hierarchies and create portals into multiple worlds of knowledge. These endeavors are arguably compatible with the exigencies of Enlightenment reason itself. But, though I recognize Eurocentrism as an expression of white identity politics, I am wary of the notion that individual self-identification with a particular body of knowledge is a worthy or sufficient end for epistemic decolonization—a notion I associate with a prevalent strain of woke post-politics, which, revering the cultural symbols of late capitalism but seeking to resignify them, surely produces a solipsistic malaise. Decolonization of the curriculum must at least aim at the reconstruction of truths.

      Eurocentrism in the study of human migration is perhaps particularly problematic—and brazen—on account of the transnational and transcultural histories that migrants produce. Migrants defy the neat categorization of territories and peoples according to civilizational hierarchies. They redefine the social meaning of physical frontiers, and they blur the cultural frontier between Self and Other. They contribute to an intellectual miscegenation that undermines essentialist explanations of cultural and philosophical heritage. Migration itself is decentering (Achiume 2019).

      And it is largely because of this that it is perceived as a threat. Let’s consider Europe’s contemporary backlash against immigration. The economic argument about the strain immigration places on the welfare state—often framed in neo-Malthusian terms—can be readily rebutted with evidence of immigrants’ net economic contribution. But concerns about the dethroning of “European values” are rarely met head-on; progressive political elites have rather responded by doubling down on calls for multiculturalism from below, while promoting universalism from above, intensifying the contradictions of Eurocentricity.

      It is unsurprising that, in the Anglophone world, migration studies developed the trappings of an academic discipline—dedicated university programs, journals, scholarly societies—in the late 1970s, amid Western anxieties about governing increased emigration from postcolonial states. It quickly attracted critical anthropologists and postcolonial theorists. But the study of the itinerant Other has tended to reinforce Eurocentric assumptions. Migration studies has risen from European foundations. Its social scientific references, its lexicon, its institutional frameworks and policy priorities, its social psychological conceptions of identity—all position Europe at the zero point. It has assembled an intellectual apparatus that privileges the Western gaze upon the hordes invading from the barrens. That this gaze might be cast empathetically does nothing to challenge epistemic reproduction: Eurocentrism directs attention toward the non-Western Other, whose passage toward Europe confirms the centrality of Europe and evokes a response in the name of Eurocentrism. To the extent that Western scholars focus on South-South migration, the policy relevance of their research is typically defined by its implications for flows from South to North.

      The Eurocentrism of responses to forced migration by multinational charities, UN agencies, and the World Bank is not only a product of the ideological and cultural origins of these organizations. It also reflects the political interests of their principal donors: Western governments. Aid to refugees in countries neighboring Syria has been amply funded, particularly as the European Union has prioritized the containment of Syrians who might otherwise travel to Europe. Meanwhile, countries like India, South Africa, and Ivory Coast, which host significant numbers of regional migrants and refugees, receive proportionally little attention and support.

      It is an irony of European containment policies that, while adopted as a measure against supposed threats to Europeanness, they undermine the moral superiority that Eurocentrism presupposes. The notion of a humanitarian Europe is unsustainable when European efforts to deter immigration are considered alongside the conditions accepted for other regions of the world. A continent of more than half a billion people, Europe hosts just under 2.3 million refugees; Lebanon, with a population of six million, hosts more than 1.5 million refugees from Syria alone. It should be noted that, in recent years, European citizens’ movements have mobilized resources to prevent the death of people crossing the Mediterranean. Initiatives like Alarm Phone, Open Arms, Sea Watch, and SOS MEDITERRANEE seem to represent a politicized humanitarianism for the network age. But in their overt opposition to an emboldened ethnonationalist politics, they seek to rescue not only migrants and refugees, but also an idea of Europe.

      EFQ: How, if at all, do you engage with constructs such as “the global North,” “the global South,” and “the West” in your own work?

      JF: I inevitably use some of these terms more than others, but they are all problematic in a way, so I just choose the one that I think best conveys my intended meaning in each given context. West, North, and core are not interchangeable; they are associated with distinct, if overlapping, ontologies and temporalities. As are Third World, South, and developing world.

      I try to stick to three principles when using these terms. The first is to avoid the sort of negative framing to which your work on South-South encounters has helpfully drawn attention (i.e., Fiddian-Qasmiyeh 2015, 2018; Fiddian-Qasmiyeh and Daley 2018). When we come across one of these terms being deployed negatively, it invariably describes that which is not of the West or of the North. As such, it centers Europe and North America, and it opens up an analytical terrain on which those residing beyond the imagined cultural bounds of these regions tend to be exoticized. When I need to frame something negatively, I try to do so directly, using the appropriate prefix.

      Second, I try to avoid setting up dichotomies and continuities. Placing East and West or North and South in opposition implies entirely dissimilar bodies, separated by a definite, undeviating frontier. But these terms are mutually constitutive, and it is rarely clear where, or even if, a frontier can be drawn. Such dichotomies also imply a conceptual equilibrium: that what lies on one side of the opposition is ontologically equivalent to what lies on the other. But the concept of the West is not equivalent to what the East represents today; indeed, it is questionable whether a concept of the East is now of much analytical value. South, West, North, and East might be constructed dialectically, but their imagined opposites are not necessarily their antitheses. Each arguably has more than one counterpoint.

      Similarly, I generally don’t use terms that associate countries or regions with stages of development—most obviously, least developed, developing, and developed. They point toward a progressivist and teleological theory of history to which I don’t subscribe. (The world-systems concepts of core, semiperiphery, and periphery offer a corrective to national developmental mythologies, but they are nonetheless inscribed in a systemic teleology.) The idea of an inexorable march toward capitalist modernity—either as the summit of civilization or as the point of maximum contradiction—fails to account for the angles, forks, and dead ends that historical subjects encounter. It also tends to be founded on a Eurocentric and theological economism that narrows human experience and, I would argue, mistakenly subordinates the political.

      Third, I try to use these terms conceptually, without presenting them as fixed unities. They must be sufficiently tight as concepts to transmit meaning. But they inevitably obscure the heterogeneity they encompass, which is always in flux. Moreover, as concepts, they are continuously resignified by discursive struggles and the reordering of the interstate system. Attempts to define them too tightly, according to particular geographies or a particular politics, can give the impression that they are ahistorical. Take Boaventura de Sousa Santos’s definition of the South, for example. For Santos, the South is not a geographical concept: he contends that it also exists in the geographical North (2014, 2016). Rather, it is a metaphor for the human suffering caused by capitalism and colonialism. It is anticapitalist, anticolonialist, antipatriarchal, and anti-imperialist. According to this definition, the South becomes representative of a particular left-wing politics (and it is negative). It thus loses its utility as a category of macrosociological analysis.

      Ultimately, all these terms are problematic because they are sweeping. But it is also for this reason that they can be useful for certain kinds of systemic analysis.

      EFQ: You have written on the history of “Western humanitarianism” (i.e., Fiori 2013; Baughan and Fiori 2015). Why do you focus on the “Western” character of humanitarianism?

      JF: I refer to “Western humanitarianism” as a rejoinder to the fashionable notion that there is a universal humanitarian ethic. Within both the Anglophone academy and the aid sector, it has become a commonplace that humanitarianism needs to be decolonized, and that the way to do this is to recognize and nurture “local” humanitarianisms around the world. In the last decade and a half, enthusiasm for global history has contributed to broader and more sophisticated understandings of how humanitarian institutions and discourses have been constructed. But it has also arguably contributed to the “humanitarianization” of different altruistic impulses, expressions of solidarity, and charitable endeavors across cultures.

      The term “humanitarian” was popularized in English and French in the first half of the nineteenth century, and it soon became associated with humanistic religion. It thus connoted the existence of an ideal humanity within every individual and, as Didier Fassin (2012) has argued, it has come to represent the secularization of the Christian impulse to life. It was used to describe a wide range of campaigns, from abolition and temperance to labor reform. But all promoted a rationalist conception of humanity derived from European philosophy. That is, an abstract humanity, founded upon a universal logos and characterized by the mind-body duality. What is referred to today as the “humanitarian system”—of financial flows and liberal institutions—has been shaped predominantly by Western power and political interests. But the justification for its existence also depends upon the European division between the reasoned human and the unreasoned savage. The avowed purpose of modern humanitarianism is to save, convert, and civilize the latter. To cast modern humanitarian reason as a universal is to deny the specificity of ethical dispositions born of other conceptions of humanity. Indeed, the French philosopher François Jullien (2014) has argued that the concept of “the universal” itself is of the West.

      Of course, there are practices that are comparable to those of Western humanitarian agencies across different cultures. However, claiming these for humanitarianism sets them on European foundations, regardless of their author’s inspiration; and it takes for granted that they reproduce the minimalist politics of survival with which the Western humanitarian project has come to be associated.

      So why not refer to “European humanitarianism”? First, because it must be recognized that, as a set of evolving ethical practices, humanitarianism does not have a linear intellectual genealogy. European philosophy itself has of course been influenced by other traditions of thought (see Amin 1989; Bevilacqua 2018; Hobson 2004; Patel 2018): pre-Socratic Greek thinkers borrowed from the Babylonians, the Persians, and the Egyptians; Enlightenment philosophes had exchanges with Arab intellectuals. Second, reference to the West usefully points to the application of humanitarian ideas through systems of power.

      Since classical antiquity, wars and ruptures have produced various narratives of the West. In the mid-twentieth century, essentialist histories of Western civilization emphasized culture. For Cold War political scientists, West and East often represented distinct ideological projects. I refer to the West as something approaching a sociopolitical entity—a power bloc—that starts to take form in the early nineteenth century as Western European intellectuals and military planners conceive of Russia as a strategic threat in the East. This bloc is consolidated in the aftermath of World War I, under the leadership of the United States, which, as net creditor to Europe, shapes a new liberal international order. The West, then, becomes a loose grouping of those governments and institutional interests (primarily in Europe and North America) that, despite divergences, have been at the forefront of efforts to maintain and renew this order. During the twentieth century, humanitarians were sometimes at odds with the ordering imperatives of raison d’état, but contemporary humanitarianism is a product of this West—and a pillar of liberal order.2

      EFQ: With this very rich historically and theoretically grounded discussion in mind, it is notable that policy makers and practitioners are implementing diverse ways of “engaging” with “the global South” through discourses and practices of “partnership” and supporting more “horizontal,” rather than “vertical,” modes of cooperation. In turn, one critique of such institutionalized policy engagement is that it risks instrumentalizing and co-opting modes of so-called South-South cooperation and “hence depoliticising potential sources of resistance to the North’s neoliberal hegemony” (Fiddian-Qasmiyeh and Daley 2018: 2). Indeed, as you suggested earlier, it has been argued that policy makers are strategically embracing “South-South migration,” “South-South cooperation,” and the “localisation of aid agenda” as efficient ways both “to enhance development outcomes” and to “keep ‘Southerners’ in the South,” as “part and parcel of Northern states’ inhumane, racist and racialised systems of border and immigration control” (Fiddian-Qasmiyeh and Daley 2018: 19). What, if any, are the dangers of enhancing “policy engagement” with “the South”? To what extent do you think that such instrumentalization and co-option can be avoided?

      JF: The term “instrumentalization” gives the impression that there are circumstances under which policy engagement can be objectively just and disinterested. Even when framed as humanitarian, the engagement of Western actors in the South is inspired by a particular politics. Policy engagement involves an encounter of interests and a renegotiation of power relations; for each agent, all others are instruments in its political strategy. Co-option is just a symptom of negotiation between unequal agents with conflicting interests—which don’t need to be stated, conscious, or rationally pursued. It is the means through which the powerful disarm and transform agendas they cannot suppress.

      The “localization agenda” is a good example. Measures to enable effective local responses to disaster are now discussed as a priority at international humanitarian congresses. These discussions can be traced at least as far back as Robert Chambers’s work (1983) on participatory rural development, in the 1980s. And they gathered momentum in the mid-2000s, as a number of initiatives promoted greater local participation in humanitarian operations. But, of course, there are different ideas about what localization should entail.

      As localization has climbed the humanitarian policy agenda, the overseas development divisions of Western governments have come to see it as an opportunity to increase “value for money” and, ultimately, reduce aid expenditure. They promote cash transfer programming as the most “empowering” aid technology. Localization then becomes complementary to the integration of emergency response into development agendas, and to the expansion of markets.

      Western humanitarian agencies that call for localization—and there are those, notably some branches of Médecins Sans Frontières, that do not—have generally fallen in line with this developmental interpretation, on account of their own ideological preferences as much as coercion by donor governments. But they have also presented localization as a moral imperative: a means of “shifting power” to the South to decolonize humanitarianism. While localization might be morally intuitive, Western humanitarians betray their hubris in supposing that their own concessions can reorder the aid industry and the geostrategic matrix from which it takes form. Their proposed solutions, then, including donor budgetary reallocations, are inevitably technocratic. Without structural changes to the political economy of aid, localization becomes a pretext for Western governments and humanitarian agencies to outsource risk. Moreover, it sustains a humanitarian imaginary that associates Westerners with “the international”—the space of politics, from which authority is born—and those in disaster-affected countries with “the local”—the space of the romanticized Other, vulnerable but unsullied by the machinations of power. (It is worth stating that the term “localization” itself implies the transformation of something “global” into something local, even though “locals”—some more than others—are constitutive of the global.)

      There are Southern charities and civil society networks—like NEAR,3 for example—that develop similar narratives on localization, albeit in more indignant tones. They vindicate a larger piece of the pie. But, associating themselves with a neomanagerial humanitarianism, they too embrace a politics incapable of producing a systemic critique of the coloniality of aid.

      Yet demands for local ownership of disaster responses should also be situated within histories of the subaltern. Some Western humanitarian agencies that today advocate for localization, including Save the Children, once faced opposition from anticolonial movements to their late imperial aid projects. More recently, so-called aid recipient perception surveys have repeatedly demonstrated the discontent of disaster-affected communities regarding impositions of foreign aid, but they have also demonstrated anguish over histories of injustice in which the Western humanitarian is little more than an occasional peregrine. It is the structural critique implicit in such responses that the localization agenda sterilizes. In the place of real discussion about power and inequalities, then, we get a set of policy prescriptions aimed at the production of self-sufficient neoliberal subjects, empowered to save themselves through access to markets.

      While some such co-option is always likely in policy engagement, it can be reduced through the formation of counterhegemonic coalitions. Indeed, one dimension of what is now called South-South cooperation involves a relatively old practice among Southern governments of forming blocs to improve their negotiating position in multilateral forums. And, in the twenty-first century, they have achieved moderate successes on trade, global finance, and the environment. But it is important to recognize that co-option occurs in South-South encounters too. And, of course, that political affinities and solidarity can and do exist across frontiers.

      EFQ: You edited the first issue of the Journal of Humanitarian Affairs, which focused on “humanitarianism and the end of liberal order” (see Fiori 2019), and you are also one of the editors of a forthcoming book on this theme, Amidst the Debris: Humanitarianism and the End of Liberal Order. New populisms of the right now challenge the liberal norms and institutions that have shaped the existing refugee regime and have promoted freer movement of people across borders. Can decolonial and anticolonial thinking provide a basis for responses to displacement and migration that do more than resist?

      JF: Any cosmopolitan response to migration is an act of resistance to the political organization of the interstate system.4 As blood-and-soil politicians now threaten to erect walls around the nation-state, the political meaning and relevance of cosmopolitan resistance changes. But if this resistance limits itself to protecting the order that appears to be under threat, it is likely to be ineffective. Moreover, an opportunity to articulate internationalisms in pursuit of a more just order will be lost.

      In recent years, liberal commentators have given a great deal of attention to Trump, Salvini, Duterte, Orbán, Bolsonaro, and other leading figures of the so-called populist Right. And these figures surely merit attention on account of their contributions to a significant conjunctural phenomenon. But the fetishization of their idiosyncrasies and the frenzied investigation of their criminality serves a revanchist project premised on the notion that, once they are removed from office (through the ballot box or otherwise), the old order of things will be restored. To be sure, the wave that brought them to power will eventually subside; but the structures (normative, institutional, epistemological) that have stood in its way are unlikely to be left intact. Whether the intention is to rebuild these structures or to build new ones, it is necessary to consider the winds that produced the wave. In other words, if a cosmopolitan disposition is to play a role in defining the new during the current interregnum, resistance must be inscribed into strategies that take account of the organic processes that have produced Trumpism and Salvinism.

      French geographer Christophe Guilluy offers an analysis of one aspect of organic change that I find compelling, despite my discomfort with the nativism that occasionally flavors his work. Guilluy describes a hollowing out of the Western middle class (2016, 2018). This middle class was a product of the postwar welfarist pact. But, since the crisis of capitalist democracy in the 1970s, the internationalization of capital and the financialization of economies have had a polarizing effect on society. According to Guilluy, there are now two social groupings: the upper classes, who have profited from neoliberal globalization or have at least been able to protect themselves from its fallout; and the lower classes, who have been forced into precarious labor and priced out of the city. It is these lower classes who have had to manage the multicultural integration promoted by progressive neoliberals of the center-left and center-right. Meanwhile, the upper classes have come to live in almost homogenous citadels, from which they cast moral aspersions on the reactionary lower classes who rage against the “open society.” An assertion of cultural sovereignty, this rage has been appropriated by conservatives-turned-revolutionaries, who, I would argue, represent one side of a new political dichotomy. On the other side are the progressives-turned-conservatives, who cling to the institutions that once seemed to promise the end of politics.

      This social polarization would appear to be of significant consequence for humanitarian and human rights endeavors, since their social base has traditionally been the Western middle class. Epitomizing the open society, humanitarian campaigns to protect migrants deepen resentment among an aging precariat, which had imagined that social mobility implied an upward slope, only to fall into the lower classes. Meanwhile, the bourgeois bohemians who join the upper classes accommodate themselves to their postmodern condition, hunkering down in their privileged enclaves, where moral responses to distant injustices are limited to an ironic and banalizing clicktivism. The social institutions that once mobilized multiclass coalitions in the name of progressive causes have long since been dismantled. And, despite the revival of democratic socialism, the institutional Left still appears intellectually exhausted after decades in which it resigned itself to the efficient management of neoliberal strategies.

      And yet, challenges to liberal order articulated through a Far Right politics create a moment of repoliticization; and they expose the contradictions of globalization in an interstate system, without undermining the reality of, or the demand for, connectivity. As such, they seem to open space for the formulation of radical internationalisms with a basis in the reconstruction of migrant rights. In this space, citizens’ movements responding to migration have forged a politics of transnational solidarity through anarchistic practices of mutual aid and horizontalism more than through the philosophizing of associated organic intellectuals. Fueled by disaffection with politics, as much as feelings of injustice, they have attracted young people facing a precarious future, and migrants themselves; indeed, there are movements led by migrants in Turkey, in Germany, in Greece, and elsewhere. They construct social commons with a basis in difference, forming “chains of equivalence.” Decolonial and anticolonial thinking is thus more likely to influence their responses to migration and displacement than those of Western governments and conventional humanitarian agencies. Indeed, beyond the political inspiration that horizontalism often draws from anticolonial struggles, decolonial and postcolonial theories offer a method of deconstructing hierarchy from the inside that can transform resistance into the basis for a pluralist politics built from the bottom up. But for this sort of internationalism to reshape democratic politics, the movements promoting it would need to build bridges into political institutions and incorporate it into political strategies that redress social polarization. To the extent that this might be possible, it will surely dilute their more radical propositions.

      I rather suspect that the most likely scenario, in the short term at least, involves a political reordering through the reassertion of neoliberal strategies. We could see the development of the sort of political economy imagined by the early neoliberal thinker Gottfried Haberler (1985): that is, one in which goods, wages, and capital move freely, but labor doesn’t. This will depend on the consolidation of authoritarian states that nonetheless claim a democratic mandate to impose permanent states of emergency.

      https://www.berghahnjournals.com/view/journals/migration-and-society/3/1/arms030114.xml

      #migrations

    • Conceptualising the global South and South–South encounters

      Long before the institutional interest in ‘engaging with’, and ostensibly mobilising and co-opting actors from across the global South, rich, critical literatures have been published in diverse languages around the world, demonstrating the urgency of developing and applying theoretical and methodological frameworks that can be posited as Southern, anti-colonial, postcolonial and/or decolonial in nature.[1] These and other approaches have traced and advocated for diverse ways of knowing and being in a pluriversal world characterised (and constituted) by complex relationalities and unequal power relations, and equally diverse ways of resisting these inequalities – including through historical and contemporary forms of transnational solidarities.

      Of course, the very term ‘South’ which is included not once but twice in the title of the Handbook of South-South Relations, is itself a debated and diversely mobilised term, as exemplified in the different usages and definitions proposed (and critiqued) across the Handbook’s constituent chapters.

      For instance, a number of official, institutional taxonomies exist, including those which classify (and in turn interpellate) different political entities as ‘being’ from and of ‘the South’ or ‘the North’. Such classifications have variously been developed on the basis of particular readings of a state’s geographical location, of its relative position as a (formerly) colonised territory or colonising power, and/or of a state’s current economic capacity on national and global scales.[2]

      In turn, Medie and Kang (2018) define ‘countries of the global South’ as ‘countries that have been marginalised in the international political and economic system’. Indeed, Connell (2007) builds upon a long tradition of critical thinking to conceptualise the South and the North, respectively, through the lens of the periphery and the metropole, as categories that transcend fixed physical geographies. And of course, as stressed by Sabelo Ndlovu-Gatsheni and Kenneth Tafira in their contribution to the Handbook, such geographies have never been either static or defined purely through reference to physical territories and demarcations:

      ‘imperial reason and scientific racism were actively deployed in the invention of the geographical imaginaries of the global South and the global North.’

      Through conceptualising the South and North through the lenses of the periphery and metropole, Connell argues that there are multiple souths in the world, including ‘souths’ (and southern voices) within powerful metropoles, as well as multiple souths within multiple peripheries. As Sujata Patel notes in her chapter in the Handbook, it is through this conceptualisation that Connell subsequently posits that

      ‘the category of the south allows us to evaluate the processes that permeate the non-recognition of its theories and practices in the constitution of knowledge systems and disciplines’.

      It enables, and requires us, to examine how, why and with what effect certain forms of knowledge and being in the world come to be interpellated and protected as ‘universal’ while others are excluded, derided and suppressed ‘as’ knowledge or recognisable modes of being.[3] Indeed, in her chapter, Patel follows both Connell (2007) and de Sousa Santos (2014) in conceptualising ‘the South’ as ‘a metaphor’ that ‘represents the embeddedness of knowledge in relations of power’.

      In turn, in their contribution to the Handbook, Dominic Davies and Elleke Boehmer centralise the constitutive relationality of the South by drawing on Grovogu (2011), who defines ‘the term “Global South” not as an exact geographical designation, but as “an idea and a set of practices, attitudes, and relations” that are mobilised precisely as “a disavowal of institutional and cultural practices associated with colonialism and imperialism”’ (cited in Davies and Boehmer). Viewing the South, or souths, as being constituted by and mobilising purposeful resistance to diverse exploitative systems, demonstrates the necessity of a contrapuntal reading of, and through, the South.

      As such, as Ndlovu-Gatsheni and Tafira powerfully argue in their chapter,

      ‘the global South was not only invented from outside by European imperial forces but it also invented itself through resistance and solidarity-building.’

      In this mode of analysis, the South has been constituted through a long history of unequal encounters with, and diverse forms of resistance to, different structures and entities across what can be variously designated the North, West or specific imperial and colonial powers. An analysis of the South therefore necessitates a simultaneous interrogation of the contours and nature of ‘the North’ or ‘West’, with Mignolo arguing (2000) that ‘what constitutes the West more than geography is a linguistic family, a belief system and an epistemology’.

      Indeed, the acknowledgement of the importance of relationality and such mutually constitutive dynamics provides a useful bridge between these rich theoretical and conceptual engagements of, with and from ‘the South’ on the one hand, and empirically founded studies of the institutional interest in ‘South–South cooperation’ as a mode of technical and political exchange for ‘international development’ on the other. In effect, as noted by Urvashi Aneja in her chapter, diverse policies, modes of political interaction and ‘responses’ led by political entities across the South and the North alike ‘can thus be said to exist and evolve in a mutually constitutive relationship’, rather than in isolation from one another.

      An important point to make at this stage is that it is not our aim to propose a definitive definition of the South or to propose how the South should be analysed or mobilised for diverse purposes – indeed, we would argue that such an exercise would be antithetical to the very foundations of the debates we and our contributors build upon in our respective modes of research and action.

      Nonetheless, a common starting point for most, if not all, of the contributions in the Handbook is a rejection of conceptualisations of the South as that which is ‘non-Western’ or ‘non-Northern’. As noted by Fiddian-Qasmiyeh (here and in the Handbook), it is essential to continue actively resisting negative framings of the South as that which is not of or from ‘the West’ or ‘the North’ – indeed, this is partly why the (still problematic) South/North binary is often preferred over typologies such as Western and non-Western, First and Third World, or developed and un(der)developed countries, all of which ‘suggest both a hierarchy and a value judgment’ (Mawdsley, 2012).

      In effect, as Fiddian-Qasmiyeh argues in the Handbook (drawing on Brigg), such modes of negative framing risk ‘maintaining rather than disrupting the notion that power originates from and operates through a unidirectional and intentional historical entity’. She – like other contributors to the Handbook addressing the relationships between theoretical, conceptual and empirical dynamics and modes of analysis, response and action – advocates for us to ‘resist the tendency to reconstitute the power of “the North” in determining the contours of the analysis’, while simultaneously acknowledging the extent to which ‘many Southern-led responses are purposefully positioned as alternatives and challenges to hegemonic, Northern-led systems’.

      This is, in many ways, a ‘double bind’ that persists in many of our studies of the world, including those of and from the South: our aim not to re-inscribe the epistemic power of the North, while simultaneously acknowledging that diverse forms of knowledge and action are precisely developed as counterpoints to the North.

      As noted above, in tracing this brief reflection on conceptualisations of the South it is not our intention to offer a comprehensive definition of ‘the South’ or to posit a definitive account of Southern approaches and theories. Rather, the Handbook aims to trace the debates that have emerged about, around, through and from the South, in all its heterogeneity (and not infrequent internal contradictions), in such a way that acknowledges the ways that the South has been constructed in relation to, with, through but also against other spaces, places, times, peoples, modes of knowledge and action.

      Such processes are, precisely, modes of construction that resist dependence upon hegemonic frames of reference; indeed, the Handbook in many ways exemplifies the collective power that emerges when people come together to cooperate and trace diverse ‘roots and routes’ (following Gilroy) to knowing, being and responding to the world – all with a view to better understanding and finding more nuanced ways of responding to diverse encounters within and across the South and the North.

      At the same time as we recognise internal heterogeneity within and across the South/souths, and advocate for more nuanced ways of understanding the South and the North that challenge hegemonic epistemologies and methodologies, Ama Biney’s chapter in the Handbook reminds us of another important dynamic that underpins the work of most, perhaps all, of the contributors to the Handbook. While Biney is writing specifically about pan-Africanism, we would argue that the approach she delineates is essential to the critical theoretical perspectives and analyses presented throughout the Handbook:

      ’Pan-Africanism does not aim at the external domination of other people, and, although it is a movement operating around the notion of being a race conscious movement, it is not a racialist one … In short, pan-Africanism is not anti-white but is profoundly against all forms of oppression and the domination of African people.’

      While it is not our aim to unequivocally idealise or romanticise decolonial, postcolonial, anti-colonial, or Southern theories, or diverse historical or contemporary modes of South South Cooperation and transnational solidarity – such processes are complex, contradictory, and at times are replete of their own forms of discrimination and violence – we would nonetheless posit that this commitment to challenging and resisting all forms of oppression and domination, of all peoples, is at the core of our collective endeavours.

      With such diverse approaches to conceptualising ‘the South’ (and its counterpoint, ‘the North’ or ‘the West’), precisely how we can explore ‘South–South relations’ thus becomes, first, a matter of how and with what effect we ‘know’, ‘speak of/for/about’, and (re)act in relation to different spaces, peoples and objects around the world; subsequently, it is a process of tracing material and immaterial connections across time and space, such as through the development of political solidarity and modes of resistance, and the movement of aid, trade, people and ideas. It is with these overlapping sets of debates and imperatives in mind, that the Handbook aims to explore a broad range of questions regarding the nature and implications of conducting research in and about the global South, and of applying a ‘Southern lens’ to such a wide range of encounters, processes and dynamics around the world.[4]

      […]

      From a foundational acknowledgement of the dangers of essentialist binaries such as South–North and East–West and their concomitant hierarchies and modes of exploitation, the Handbook aims to explore and set out pathways to continue redressing the longstanding exclusion of polycentric forms of knowledge, politics and practice. It is our hope that the Handbook unsettles thinking about the South and about South–South relations, and prompts new and original research agendas that serve to transform and further complicate the geographic framing of the peoples of the world for emancipatory futures in the 21st century.

      This extract from Elena Fiddian-Qasmiyeh and Patricia Daley’s Introduction to The Handbook of South-South Relations has been slightly edited for the purposes of this blog post. For other pieces published as part of the Southern Responses blog series on Thinking through the Global South, click here.

      References cited

      Anzaldúa, G., 1987. Borderlands/La Frontera: The New Mestiza. San Francisco: Spinsters/Aunt Lute.

      Brigg, M., 2002. ‘Post-development, Foucault and the Colonisation Metaphor.’ Third World Quarterly 23(3), 421–436.

      Chakrabarty, D., 2007. Provincializing Europe: Postcolonial Thought and Historical Difference. Princeton, NJ: Princeton University Press.

      Connell, R., 2007. Southern Theory: The Global Dynamics of Knowledge in Social Science. London: Polity.

      Dabashi, H., 2015. Can Non-Europeans Think? London: Zed Books.

      de Sousa Santos, B., 2014. Epistemologies of the South: Justice Against Epistemicide. Boulder, CO: Paradigm Publishers.

      Dussel, E., 1977. Filosofía de Liberación. Mexico City: Edicol.

      Fiddian-Qasmiyeh, E., 2015. South-South Educational Migration, Humanitarianism and Development: Views from the Caribbean, North Africa and the Middle East. Oxford: Routledge.

      Gilroy, P., 1993. The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness. London: Verso.

      Grosfoguel, R., 2011. Decolonizing Post-Colonial Studies and Paradigms of Political-Economy: Transmodernity, Decolonial Thinking, and Global Coloniality. Transmodernity: Journal of Peripheral Cultural Production of the Luso-Hispanic World 1(1). Available from: https://escholarship.org/uc/item/21k6t3fq [Accessed 7 September 2018].

      Grovogu, S., 2011. A Revolution Nonetheless: The Global South in International Relations. The Global South 5(1), Special Issue: The Global South and World Dis/Order, 175–190.

      Kwoba, B, Nylander, O., Chantiluke, R., and Nangamso Nkopo, A. (eds), 2018. Rhodes Must Fall: The Struggle to Decolonise the Racist Heart of Empire. London: Zed Books.

      Mawdsley, E., 2012. From Recipients to Donors: The Emerging Powers and the Changing Development Landscape. London: Zed Books.

      Medie, P. and Kang, A.J., 2018. Power, Knowledge and the Politics of Gender in the Global South. European Journal of Politics and Gender 1(1–2), 37–54.

      Mignolo, W.D., 2000. Local Histories/Global Designs: Coloniality, Subaltern Knowledges, and Border Thinking. Princeton, NJ: Princeton University Press.

      Mignolo, W.D., 2015. ‘Foreword: Yes, We Can.’ In: H. Dabashi, Can Non-Europeans Think? London and New York: Zed Books, pp. viii–xlii.

      Minh-ha, Trinh T., 1989. Woman, Native, Other: Writing Postcoloniality and Feminism, Bloomington: Indiana University Press.

      Ndlovu-Gatsheni, S.J., 2013. Empire, Global Coloniality and African Subjectivity. New York and Oxford: Berghahn Books.

      Quijano, A., 1991. Colonialidad y Modernidad/Racionalidad. Perú Indígena 29, 11–21.

      Said, E., 1978. Orientalism: Western Conceptions of the Orient. New York: Vintage Books.

      Spivak, G.C., 1988. In Other Worlds: Essays in Cultural Politics. New York: Routledge.

      Sundberg, J., 2007. Reconfiguring North–South Solidarity: Critical Reflections on Experiences of Transnational Resistance. Antipode 39(1), 144–166.

      Tuhiwai Smith, L., 1999. Decolonizing Methodologies: Research and Indigenous Peoples. London: Zed Books.

      wa Thiong’o, N., 1986. Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature. London: Heinemann Educational.

      Wynter, S., 2003. Unsettling the Coloniality of Being/Power/Truth/Freedom: Towards the Human, After Man, Its Overrepresentation – An Argument. The New Centennial Review 3(3), 257–337.

      * Notes

      [1] For instance, see Anzaldúa 1987; Chakrabarty 2007; Connell 2007; de Sousa Santos 2014; Dussell 1977; Grosfoguel 2011; Kwoba et al. 2018; Mignolo 2000; Ndlovu-Gatsheni 2013; Quijano 1991, 2007; Said 1978; Spivak 1988; Sundberg 2007; Trinh T. Minh-ha 1989; Tuhiwai Smith 1999; wa Thiong’o 1986; Wynter 2003.

      [2] Over 130 states have defined themselves as belonging to the Group of 77 – a quintessential South–South platform – in spite of the diversity of their ideological and geopolitical positions in the contemporary world order, their vastly divergent Gross Domestic Product (GDP) and per capita income, and their rankings in the Human Development Index – for a longer discussion of the challenges and limitations of diverse modes of definition and typologies, see Fiddian-Qasmiyeh 2015.

      [3] Also see Mignolo 2000; Dabashi 2015.

      [4] Indeed, Connell notes that ‘#Southern_theory’ is a term I use for social thought from the societies of the global South. It’s not necessarily about the global South, though it often is. Intellectuals from colonial and postcolonial societies have also produced important analyses of global-North societies, and of worldwide structures (e.g. Raúl Prebisch and Samir Amin).

      https://southernresponses.org/2018/12/05/conceptualising-the-global-south-and-south-south-encounters
      #développement

    • Exploring refugees’ conceptualisations of Southern-led humanitarianism

      By Prof Elena Fiddian-Qasmiyeh, Principal Investigator, Southern Responses to Displacement Project

      With displacement primarily being a Southern phenomena – circa 85-90% of all refugees remain within the ‘global South – it is also the case that responses to displacement have long been developed and implemented by states from the South (a construct we are critically examining throughout the Southern Responses to Displacement project – see here). Some of these state-led responses to displacement have been developed and implemented within the framework of what is known as ‘South-South Cooperation’. This framework provides a platform from which states from the global South work together to complement one another’s abilities and resources and break down barriers and structural inequalities created by colonial powers. It can also be presented as providing an alternative mode of response to that implemented by powerful Northern states and Northern-led organisations (see here).

      An example of this type of South-South Cooperation, often driven by principles of ‘internationalism,’ can be found in the international scholarship programmes and schools established by a number of Southern states to provide primary, secondary and university-level education for refugees from across the Middle East and North Africa. In particular, since the 1960s, Cuba has provided free education through a scholarship system for Palestinian refugees based in camps and cities across the Middle East following the Nakba (the catastrophe) and for Sahrawi refugees who have lived in desert-based refugee camps in Algeria since the mid-1970s.

      In line with the Southern Responses to Displacement project, which aims to purposefully centralise refugees’ own experiences of and perspectives on Southern-led initiatives to support refugees from Syria, throughout my previous work I have examined how Palestinian and Sahrawi refugees have conceptualised, negotiated or, indeed, resisted, diverse programmes that have been developed and implemented ‘on their behalf.’ While long-standing academic and policy debates have addressed the relationship between humanitarianism, politics and ideology, few studies to date have examined the ways in which refugee beneficiaries – as opposed to academics, policymakers and practitioners – conceptualise the programmes which are designed and implemented ‘for refugees’. The following discussion addresses this gap precisely by centralising Palestinian and Sahrawi graduates’ reflections on the Cuban scholarship programme and the extent to which they conceptualise political and ideological connections as being compatible with humanitarian motivations and outcomes.

      This blog, and my previous work (here and here) examines how Palestinian and Sahrawi refugees have understood the motivations, nature and impacts of Cuba’s scholarship system through reference to identity, ideology, politics and humanitarianism. Based on my interviews with Palestinians and Sahrawis while they were still studying in Cuba, and with Palestinian and Sahrawi graduates whom I interviewed after they had returned to their home-camps in Lebanon and Algeria respectively, this short piece examines the complex dynamics which underpin access to, as well as the multifaceted experiences and outcomes of, the scholarship programme on both individual and collective levels.
      Balancing ‘the humanitarian’

      Although both Palestinian and Sahrawi interviewees in Cuba and Sahrawi graduates in their Algeria-based home-camps repeatedly asserted the humanitarian nature of the Cuban scholarship programme, precisely what this denomination of ‘humanitarianism’ might mean, and how compatible it could be given the ideological and political links highlighted by Palestinian graduates whom I interviewed in a range of refugee camps in Lebanon, requires further discussion.

      The contemporary international humanitarianism regime is habitually equated with the principles of humanity, impartiality, neutrality and independence (Ferris 2011: 11), and a strict separation is firmly upheld by Western humanitarian institutions between morality and politics (as explored in more detail by Pacitto and Fiddian-Qasmiyeh 2013). However, many critics reject the assertion that humanitarianism can ever be separated from politics, since ‘“humanitarianism” is the ideology of hegemonic states in the era of globalisation’ (Chimni 2000:3). Recognising the extent to which the Northern-led and Northern-dominated humanitarian regime is deeply implicated in, and reproduces, ‘the ideology of hegemonic [Northern] states’ is particularly significant since many (Northern) academics, policymakers and practitioners reject the right of Southern-led initiatives to be denominated ‘humanitarian’ in nature on the basis that such projects and programmes are motivated by ideological and/or faith-based principles, rather than ‘universal’ humanitarian principles.

      Palestinians who at the time of our interviews were still studying in Cuba, in addition to those who had more recently graduated from Cuban universities, medical and dentistry schools and had ‘returned’ to their home-camps in Lebanon, repeatedly referred to ‘ideology’, ‘politics’, ‘humanitarianism’ and ‘human values’ when describing the Cuban scholarship programme. Yet, while they maintained that Cuba’s programme for Palestinian refugees is ‘humanitarian’ in nature, Palestinian graduates offered different perspectives regarding the balance between these different dimensions, implicitly and at times explicitly noting the ways in which these overlap or are in tension.

      Importantly, these recurrent concepts are to be contrasted with the prevalent terminology and frames of reference arising in Sahrawi refugees’ accounts of the Cuban educational programme. Having also had access to the Cuban educational migration programme, Sahrawi graduates’ accounts can perhaps be traced to the continued significance of Spanish – the language learned and lived (following Bhabha 2006:x) in Cuba – amongst graduates following their return to the Sahrawi refugee camps, where Spanish is the official language used in the major camp-based Sahrawi medical institutions.

      As such, in interviews and in informal conversations in the Sahrawi camps, Cuban-educated Sahrawis (commonly known as Cubarauis) consistently used the Spanish-language term solidaridad (solidarity) to define both the nature of the connection between the Sahrawi people and Cuba, and the nature of the scholarship programme; they also regularly cited Cuban revolutionary figures such as José Martí and Fidel Castro. In contrast, no such quotes were offered by the Palestinian graduates I interviewed in Lebanon, even if the significance of Fidel Castro and Ché Guevara was noted by many during our interviews in Cuba.

      Explaining his understanding of the basis of the scholarship programme for Palestinians, Abdullah elaborated that this was:

      ‘mainly prompted because Cuban politics is based upon human values and mutual respect, and in particular upon socialism, which used to be very prominent in the Arab world during that time.’

      In turn, referring to the common visions uniting both parties and facilitating Cuba’s scholarship programme for Palestinian refugees, Hamdi posited that:

      ‘Certain ideological and political commonalities contributed to this collaboration between the Cuban government and the PLO. However, the humanitarian factor was present in these negotiations.’ (Emphasis added)

      These accounts reflect the extent to which ideology and humanitarianism are both recognised as playing a key role in the scholarship programme, and yet Hamdi’s usage of the term ‘however’, and his reference to ‘the humanitarian factor’, demonstrate an awareness that a tension may be perceived to exist between ideology/politics and humanitarian motivations.

      Indeed, rather than describing the programme as a humanitarian programme per se, eight of my interviewees offered remarkably similar humanitarian ‘qualifiers’: the Cuban education programme is described as having ‘a humanitarian component’ (Marwan), ‘a humanitarian dimension’ (Younis), a ‘humanitarian aspect’ (Saadi), and ‘humanitarian ingredients’ (Abdel-Wahid); while other interviewees argued that it is ‘a mainly humanitarian system’ (Nimr) which ‘carr[ies] humanitarian elements’ (Hamdi) and ‘shares its humanitarian message in spite of the embargo [against Cuba]’ (Ibrahim).

      As exemplified by these qualifiers, Palestinians who participated in this programme themselves recognise that humanitarianism was not the sole determining justification for the initiative, but rather that it formed part of the broader Cuban revolution and a particular mode of expressing support for other liberation movements, including the Palestinian cause.

      In terms of weighting these different motivating and experiential elements, Mohammed argued that the ‘humanitarian aspect outweighs the ideological one’, emphasising the ‘programme’s strong humanitarian aspect’. In turn, Ahmed and Nimr declared that the Cuban scholarships were offered ‘without conditions or conditionalities’ and without ‘blackmailing Palestinians to educate them’.

      These references are particularly relevant when viewed alongside critiques of neoliberal development programmes and strategies which have often been characterised by ‘tied aid’ or diverse economic, socio-political and gendered conditionalities which require beneficiaries to comply with Northern-dominated priorities vis-à-vis ‘good governance’ – all of which are, in effect, politically and/or ideologically driven.

      Concurrently, Khalil argued that the programme is ‘humanitarian if used correctly’, thereby drawing attention to the extent to which the nature of the programme transcends either Cuba’s or the PLO’s underlying motivating factors per se, and is, rather, characterised both by the way in which the programme has been implemented since the 1970s, and its longer-term impacts.

      With reference to the former, claims regarding the absence of conditionalities on Cuba’s behalf must be viewed alongside the extent to which Palestinians could only access the scholarships if they were affiliated with specific Palestinian factions (as I explore in the book): can the programme be ‘truly’ humanitarian if individual participation has historically been contingent upon an official declaration of ideological commonality with a leftist faction and/or the Cuban internationalist project?

      With universality, neutrality and impartiality being three of the core ‘international’ humanitarian principles, a tension is apparent from the perspective of ‘the Northern relief elite’ who arguably monopolise the epithet humanitarian (Haysom, cited in Pacitto and Fiddian-Qasmiyeh 2013: 6). Indeed, although José Martí’s humanitarian principle to ‘compartir lo que tienes, no dar lo que te sobra’ (‘to share what you have, not what is left over’) has historically guided many of the Cuban state’s revolutionary programmes on national(ist) and international(ist) levels, precisely who Cuba should share with (on a collective) has often been geopolitically framed. Whilst designed to overcome the historical legacy of diverse exclusionary processes in Cuba, the programme could itself be conceptualised as being guided by an ideological commitment to inclusion with exclusionary underpinnings.

      The imposition of a hegemonic discourse leaves people out, primarily on ideological grounds. Ideological repression means that everybody who questions the regime in a fundamental way is basically left out in the dark. There is a creation of boundaries between Self and Other that leaves very little room for fundamental critique. However, the existence of a hegemonic discourse, and demands for students to publicly assert their affiliation to an official ideological stance, whether this refers to Cuban or Palestinian discourses, should not necessarily be equated with the exclusion of individuals and groups who do not share particular opinions and beliefs.

      In the case explored in this blog and in the book it is based on, a distinction can therefore perhaps be usefully made between the collective basis of scholarships primarily being offered to groups and nations with political and ideological bonds to Cuba’s revolutionary project, and the extent to which individual Palestinian students have arguably negotiated the Cuban system and the factional system alike to maximise their personal, professional and political development. To achieve the latter, individuals have developed official performances of ideological loyalty to access and complete their university studies in Cuba, whilst ultimately maintaining or developing political and ideological opinions, and critiques, of their own.

      With reference to the broader outcomes of the programme, is it sufficient to announce, as seven Palestinian graduates did, that the project was ‘humanitarian’ in nature precisely because the beneficiaries of the scheme were refugees, and the overarching aim was to achieve professional self-sufficiency in refugee camps?

      In effect, and as explored in my other research (here) Cuba’s programme might appear to fall under the remit of a developmental approach, rather than being ‘purely’ humanitarian in nature, precisely due to the official aim of maximising self-sufficiency as opposed to addressing immediate basic needs in an emergency phase (with the latter more readily falling under the remit of ‘humanitarian’ assistance).

      Nonetheless, Cuba’s aim to enhance refugees’ self-sufficiency corresponds to the UNHCR’s well-established Development Assistance to Refugees approach, and programmes supporting medium- and long-term capacity building are particularly common in protracted refugee situations. At the same time, it could be argued that the distinction between humanitarianism and development is immaterial given that the rhetoric of solidarity underpins all of Cuba’s internationalist projects, whether in contexts of war or peace, and, furthermore, since Cuba has offered scholarships not only to refugees but also to citizens from across the Global South.

      Related to the programme’s reach to citizens and refugees alike, and simultaneously to the nature of the connection between humanitarianism and politics, Younis drew attention to another pivotal dimension: ‘although the educational system had a humanitarian dimension, I don’t think it is possible to separate the human being from politics’. Cuba’s political (in essence, socialist) commitment to the ‘human being’ was reasserted throughout the interviews, with Saadi, for instance, referring to Cuba’s prioritisation of the ‘relationship between a human being and a fellow human being’, and Khalil explaining that Cuba had adopted ‘the cause of the human being, and that’s why it supported Palestinians in their struggle’.

      While critiques of Northern-led human rights discourses have been widespread, and such critiques have often paralleled or influenced critical analyses of humanitarianism (as I explore elsewhere), in their responses Palestinian graduates invoked an alternative approach to supporting the rights of human beings.

      By conceptualising Cuba’s commitment to human beings as being inherently connected to politics, graduates, by extension, also highlighted that politics cannot be separated from approaches geared towards supporting humanity, whether external analysts consider that such approaches should be labelled ‘development’ or ‘humanitarianism’. Whilst absent from the terminology used by Palestinian graduates, it can be argued that the notion of solidarity centralised in Cubaraui (and Cuban) accounts captures precisely these dimensions of Cuba’s internationalist approach.
      Moving Forward

      These dynamics – including conceptualisations of the relationship between politics, ideology, and humanitarianism; of short-, medium- and long-term responses to displacement; and how refugees themselves negotiate and conceptualise responses developed by external actors ‘on their behalf’ – will continue to be explored throughout the Southern Responses to Development from Syria project. This ongoing research project aims, amongst other things, to examine how people displaced from Syria – Syrians, Palestinians, Iraqis, Kurds … -, experience and perceive the different forms of support that ‘Southern’ states, civil society groups, and refugees themselves have developed in Lebanon, Jordan and Turkey since the outbreak of the Syrian conflict in 2011. This will include reflections on how refugees conceptualise (and resist) both the construct of ‘the South’ itself and diverse responses developed by states such as Malaysia and Indonesia, but also by different groups of refugees themselves. The latter include Palestinian refugees whose home-camps in Lebanon have been hosting refugees from Syria, but also whose educational experiences in Cuba mean that they are amongst the medical practitioners who are treating refugees from Syria, demonstrating the complex legacies of the Cuban scholarship programme for refugees from the Middle East.

      *

      For more information on Southern-led responses to displacement, including vis-à-vis South-South Cooperation, read our introductory mini blog series here, and the following pieces:

      Carpi, E. (2018) ‘Empires of Inclusion‘

      Fiddian-Qasmiyeh, E. (2019) ‘Looking Forward. Disasters at 40′

      Fiddian-Qasmiyeh, E. (2018) Histories and spaces of Southern-led responses to displacement

      Fiddian-Qasmiyeh, E. (2018) Internationalism and solidarity

      Fiddian-Qasmiyeh, E. (2018) Refugee-refugee humanitarianism

      Fiddian-Qasmiyeh, E. (2014) The Ideal Refugees: Islam, Gender, and the Sahrawi Politics of Survival

      Fiddian-Qasmiyeh, E. and Daley, P. (2018) Conceptualising the global South and South–South encounters

      Featured Image: A mural outside a school in Baddawi camp, N. Lebanon. Baddawi has been home to Palestinian refugees from the 1950s, and to refugees from Syria since 2011 (c) E. Fiddian-Qasmiyeh, 2017

      https://southernresponses.org/2019/04/08/exploring-refugees-conceptualisations-of-southern-led-humanitaria

      #réfugiés #post-colonialisme #ressources_pédagogiques

  • #Rwanda : un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires

    Juillet 1994. Les principaux membres du gouvernement responsable du #génocide des #Tutsis sont dans une zone contrôlée par l’#armée_française. Leur arrestation est possible et même réclamée. Un document inédit, émanant du cabinet du ministre des affaires étrangères de l’époque, #Alain_Juppé, prouve aujourd’hui que la #France a préféré les laisser partir. Il est signé de l’actuel patron de la DGSE.

    L’#ordre_politique de laisser s’enfuir à l’été #1994 les principaux membres du gouvernement responsable du génocide des Tutsis au Rwanda, alors que leur arrestation était possible et même demandée, a été directement pris par le #gouvernement_français, selon un document inédit émanant du ministère des affaires étrangères.

    Le massacre des Tutsis du Rwanda, dernier génocide du XXe siècle, a fait près d’un million de morts en cent jours, entre avril et juillet 1994.

    Le document, dont Mediapart a pu prendre connaissance, apparaît vingt-cinq ans après les faits comme la pièce manquante de l’un des épisodes les plus sombres de la #responsabilité française dans la tragédie rwandaise.

    Il a été obtenu par le chercheur François Graner, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda et membre de l’association Survie, qui a récemment pu accéder à des #archives inexplorées de la présidence Mitterrand grâce à une décision du Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative a mis fin, en juin dernier, à des années d’entraves orchestrées par les gardiens de la mémoire de l’ancien chef de l’État et de la politique de la France durant le génocide des Tutsis.

    Le document en question est un télégramme « confidentiel diplomatie » émis le 15 juillet 1994 par le cabinet du ministre des affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, aujourd’hui membre du Conseil constitutionnel, et adressé à l’ambassadeur #Yannick_Gérard, alors représentant du Quai d’Orsay auprès des militaires français envoyés au Rwanda dans le cadre de l’#opération_Turquoise.

    L’ambassadeur Gérard avait réclamé le jour même des « instructions claires » du gouvernement (pour lui et pour l’armée française) afin de procéder sur place à l’#arrestation des autorités qui, écrivait-il dans un télégramme, « portent une lourde responsabilité dans le génocide ». Le fait est que les principaux membres du gouvernement génocidaire, au premier rang desquels son président, #Théodore_Sindikubwabo, se trouvaient alors dans une zone intégralement contrôlée par l’armée française, à proximité du Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), pays frontalier du Rwanda.

    « Nous n’avons pas d’autre choix, quelles que soient les difficultés, que de les arrêter ou de les mettre immédiatement en résidence surveillée en attendant que les instances judiciaires internationales compétentes se prononcent sur leur cas », soulignait le haut fonctionnaire, conscient d’avoir des génocidaires identifiés à portée de main.

    La réponse du gouvernement français fut pourtant à l’exact opposé de la requête de l’ambassadeur Gérard. Dans le télégramme du 15 juillet, rédigé à 18 h 22 et adressé à « Yannick Gérard seul », le cabinet du ministre Juppé donne ainsi pour instruction de transmettre aux autorités génocidaires « notre souhait qu’elles quittent » la #zone_contrôlée par les forces armées françaises.

    Le message à transmettre semble si délicat que le cabinet Juppé demande à son ambassadeur de ne pas s’entremettre personnellement avec les génocidaires. « Vous pouvez en revanche utiliser tous les canaux indirects et notamment vos contacts africains, en ne vous exposant pas directement », peut-on lire dans le télégramme, qui a d’ailleurs pour titre : « Le département vous autorise à passer notre message de manière indirecte ».

    « Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de ces soi-disantes autorités », précise encore le télégramme, qui, insistant de la sorte sur une décision à venir de la communauté internationale, offre un #sauf-conduit au gouvernement génocidaire pour quitter sans la moindre anicroche le territoire sous contrôle français. Et passer au #Zaïre.

    Le document porte la signature « #EMIE ». Il s’agit de #Bernard_Émié, l’actuel directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l’un des principaux #services_secrets français, qui était à l’époque conseiller d’Alain Juppé au ministère des affaires étrangères, avant de rejoindre l’Élysée sous la présidence de Jacques Chirac.

    Sollicité par Mediapart, Alain Juppé a fait savoir qu’il ne souhaitait pas répondre à nos questions. Également sollicité, Bernard Émié n’a, pour sa part, pas donné suite.

    Un quart de siècle après la tragédie rwandaise, il n’y a aujourd’hui pas de doute sur le fait que la France savait qui étaient les organisateurs et commanditaires du génocide, et où ils se trouvaient. C’est donc en toute connaissance de cause que le gouvernement et l’Élysée les ont laissés filer.

    D’innombrables documents et témoignages, obtenus depuis des années par des historiens, des journalistes ou des juges, ont déjà largement permis de documenter que la France avait connaissance d’un génocide en préparation avant que celui-ci n’ait lieu et qu’elle a maintenu un soutien indéfectible aux autorités en cause quand le pire a commencé.

    Cela est si vrai que le gouvernement génocidaire, constitué au lendemain d’un attentat ayant tué le président #Habyarimana, jugé trop modéré par la frange la plus radicale du pouvoir hutu, a été formé, le 8 avril 1994, dans les locaux mêmes de l’#ambassade de France à Kigali, sous le nom de « #gouvernement_intérimaire_du_Rwanda » (#GIR).

    C’est un certain Théodore #Sindikubwabo, ancien président de l’Assemblée nationale, qui sera choisi pour diriger le pays avant que celui-ci ne s’enfonce dans les ténèbres. Pédiatre de formation, Sindikubwabo est considéré comme l’un des commanditaires du génocide, soupçonné d’avoir personnellement incité aux #massacres – notamment à l’occasion d’un discours retransmis le 19 avril sur Radio Rwanda – et d’avoir démis de leurs fonctions les préfets et autorités qui ne tuaient pas assez.

    Sindikubwabo fait partie des responsables politiques du génocide qui ont pu rallier le Zaïre en juillet 1994 avec l’aval du gouvernement français. Il est mort en 1998 dans des circonstances mal connues et sans jamais avoir été inquiété pour ses crimes.

    L’ordre de Juppé, l’ombre de Védrine

    Il existe dans les archives disponibles la trace d’un contact, en mai 1994, entre Sindikubwabo et le général #Christian_Quesnot, le chef d’état-major particulier du président de la République. Dans une note du 6 mai écrite à l’attention de #François_Mitterrand, après son échange avec le nouveau chef de l’État génocidaire – les massacres ont débuté un mois plus tôt –, le militaire indique que le dignitaire rwandais le « remercie » pour tout ce qu’il a « fait pour le Rwanda ».

    Dans ses commentaires personnels à la fin du document, le général Quesnot préconise alors d’appuyer, même au prix d’une « #stratégie_indirecte », le pouvoir rwandais face aux forces armées tutsies. Le général Quesnot dit, en effet, craindre l’établissement d’un « #Tutsiland » (sic), le tout « avec l’aide anglo-saxonne et la complicité objective de nos faux intellectuels remarquables relais d’un lobby tutsi auquel est également sensible une partie de notre appareil d’État ». Le document est annoté de la main du secrétaire général de la présidence de la République, #Hubert_Védrine, d’un mot : « Signalé ».

    Pourtant, sur le terrain, la diplomatie et les services de renseignements français ne cessent d’accumuler des éléments sur la responsabilité du gouvernement intérimaire dans le génocide.

    Un télégramme « confidentiel diplomatie » daté du 10 juillet 1994 de l’ambassadeur Gérard, également découvert par le chercheur François Graner grâce à la décision du Conseil d’État de juin dernier, évoque même « un témoignage digne de foi qui confirme la responsabilité collective et personnelle des autorités de #Gisenyi [le gouvernement génocidaire – ndlr] dans les massacres ». Le diplomate ajoute que, selon d’autres témoignages « directs et concordants », le président Sindikubwabo a personnellement appelé à plusieurs reprises à « l’élimination totale des Tutsis » et que l’une de ses ministres a, en particulier, réclamé le massacre « des femmes et des enfants ».

    Cinq jours plus tard, c’est donc en parfaite connaissance de cause que l’ambassadeur Gérard demande des « instructions claires » au gouvernement pour pouvoir mettre aux arrêts ou, au moins, en résidence surveillée les génocidaires.

    En vain.

    À Paris, la question de l’arrestation des membres du gouvernement génocidaire a pourtant été source de confusion au sommet de l’État, comme le prouvent plusieurs autres documents.

    Dans les archives de l’Élysée figure notamment la copie d’une dépêche émise depuis Paris, le 15 juillet en fin de matinée, par l’agence de presse Reuters sous un titre éloquent : « Paris prêt à arrêter les membres du gouvernement ». « Les membres du gouvernement intérimaire rwandais […] seront mis aux arrêts s’ils tombent aux mains de soldats de français dans la #zone_humanitaire_protégée par l’opération Turquoise », indiquait l’agence de presse internationale, qui disait tenir ses informations d’une « source autorisée à Paris ».

    Seulement voilà : une annotation manuscrite, inscrite par Hubert Védrine dans la marge de la dépêche imprimée par les services de l’Élysée, montre qu’il n’en était, en réalité, rien. « Lecture du Président : ce n’est pas ce qui a été dit chez le Premier ministre », peut-on lire sous la plume du secrétaire général de l’Élysée.

    Le document du cabinet Juppé sur l’ordre de laisser filer les génocidaires, daté lui aussi du 15 juillet, vient aujourd’hui conforter le soupçon d’un ministre des affaires étrangères, Alain #Juppé, en accord avec la politique élyséenne, bien qu’appartenant à un gouvernement de cohabitation dirigé par #Édouard_Balladur. Ce dernier fera d’ailleurs savoir à ce sujet, en 1998, qu’il « n’était pas question » aux yeux de Mitterrand « de châtier les auteurs hutus du génocide ». « Et il n’était pas question aux miens, ajoutait-il, de permettre à ceux-ci d’aller se mettre à l’abri au Zaïre ».

    C’est pourtant exactement ce qui s’est passé, et ce, sur ordre de son propre ministre Alain Juppé. Sur le terrain, l’#exfiltration est pilotée par le lieutenant-colonel #Jacques_Hogard, qui commande le groupement Sud-Turquoise au Rwanda, formé de troupes de la #Légion_étrangère.

    Dans un supplément spécial consacré aux opérations au Rwanda, la revue militaire Képi blanc a résumé des années plus tard la situation dans un style d’une raideur militaire qui ne fait guère dans la contorsion : « L’#EMT [#état-major_tactique] provoque et organise l’#évacuation du gouvernement de transition rwandais vers le Zaïre. »

    Le lieutenant-colonel #Hogard confirmera lui-même à plusieurs occasions les faits, notamment au journaliste David Servenay et à l’universitaire Gabriel Périès, auteurs du livre Une guerre noire (La Découverte). Dans cet ouvrage, le militaire raconte être allé voir en ces termes son homologue zaïrois pour lui parler des génocidaires qu’il s’apprêtait à laisser partir : « Vous ne fermez pas les #frontières, vous les laissez poreuses, je ne veux pas que vous empêchiez ces gens-là de partir, le Zaïre est grand, ils n’ont que ça pour partir. »

    Dès le 16 juillet, c’est-à-dire au lendemain du télégramme envoyé par le cabinet Juppé, le lieutenant-colonel Hogard rencontre le chef de l’État du Rwanda pour lui faire savoir que lui et ses hommes doivent – et peuvent – partir dans les vingt-quatre heures. Et c’est ainsi que la France escorte du Rwanda à la frontière zaïroise parmi les principaux responsables politiques du génocide.

    Un militaire de l’opération Turquoise, Guillaume Ancel, a raconté des années plus tard dans un livre (Rwanda, la fin du silence, éditions Belles Lettres) avoir vu le lieutenant-colonel Hogard quelque temps après cette scène. « Certes, il est convaincu que ce n’est pas notre rôle de rendre justice, mais escorter poliment des décideurs qui ont de terribles responsabilités dans les massacres et “du sang jusqu’au cou” le tourmente. Il aurait pu les arrêter, il aurait même pu les neutraliser, mais ses ordres ne lui laissaient pas le choix », a-t-il témoigné.

    Un document déclassifié de l’état-major de l’armée française confirme que les membres du gouvernement génocidaire « ont franchi la frontière rwando-zaïroise » le 17 juillet en fin de journée, « l’option clairement avouée étant de replier également le reste des #FAR [#forces_armées_du_gouvernement – ndlr] avec leur armement au Zaïre, afin de poursuivre la #résistance depuis ce pays ».

    En un mot : que les génocidaires soient à l’abri pour que le sang, lui, continue de couler.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140221/rwanda-un-document-prouve-l-ordre-de-la-france-de-laisser-s-enfuir-les-gen
    #génocide #Quesnot #Balladur #Edouard_Balladur

    signalé par @arno : je mets ici le texte complet

    • Une guerre noire. Enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994)

      Au printemps 1994, au Rwanda, près d’un million de personnes ont été exterminées en quelques semaines. À un rythme trois fois plus élevé que le génocide des juifs d’Europe. Comment un tel crime de masse a-t-il été rendu possible ? Quelle est la responsabilité des grandes puissances occidentales et de la France, surtout, si proche des génocidaires ? Après quatre ans d’enquête, dans les archives du monde entier, sur le terrain, auprès des militaires français, rwandais et belges, à interroger diplomates et politiques, Gabriel Périès et David Servenay tentent de répondre à ces questions. À l’aide de témoignages inédits et de documents confidentiels, ils lèvent le voile sur l’une des origines secrètes du génocide rwandais : la doctrine française de la « guerre révolutionnaire ». Des opérations clandestines menées dans le « pré carré » au moment de la décolonisation, en passant par le trouble jeu du général De Gaulle, ils établissent la généalogie de ce qui fut pendant des décennies un véritable savoir-faire de l’armée française. Formalisé pendant la guerre d’Indochine et appliqué en Algérie, il a largement inspiré les dispositifs répressifs mis en place dans un grand nombre d’États africains… dont le Rwanda des années 1960. Et ce n’est pas le fruit du hasard si l’un des meilleurs élèves africains de la « guerre révolutionnaire » perpétra, plus de trois décennies plus tard, le dernier génocide du XXe siècle : hiérarchies politico-militaires parallèles, gardes présidentielles transformées en escadrons de la mort, action psychologique, quadrillage administratif et militaire des populations formèrent un système efficace susceptible de mobiliser toute une société au service du projet exterminateur de ses dirigeants. Cette histoire inconnue éclaire d’un jour nouveau la responsabilité de l’État français dans le génocide rwandais.

      https://www.editionsladecouverte.fr/une_guerre_noire-9782707149145

      #livre #Gabriel_PÉRIÈS #David_SERVENAY

    • Rwanda, la fin du silence. #Témoignage d’un officier français

      Au lourd secret qui entoure le véritable rôle de la France et de son armée lors du génocide des Tutsi au Rwanda, #Guillaume_Ancel oppose la vérité de ses carnets de terrain, témoignage des missions auxquelles il a participé durant l’opération Turquoise. La fin du silence est aussi le récit du combat mené par cet ancien officier pour faire savoir ce qui s’est réellement passé durant cet été 1994 et « rendre hommage, dignement, aux centaines de milliers de victimes rwandaises que nous n’avons pas su empêcher. »
      Officier de la Force d’action rapide, détaché au sein d’une unité de la Légion étrangère, le capitaine Ancel mène avec ses hommes des opérations d’extraction de personnes menacées. Sous couvert d’une opération humanitaire destinée à mettre fin aux massacres, cet officier comprend vite que la France soutient le gouvernement génocidaire rwandais dont elle a formé l’armée. Il décrit les errements de l’armée française, ballotée au gré de décisions politiques dont les motivations sont toujours tenues secrètes, les archives officielles restant inaccessibles. Ce témoignage dévoile également certains épisodes méconnus de cette opération « #humanitaire » durant laquelle l’armée française a tué. Parfois pour défendre, parfois pour des raisons moins avouables.

      https://www.lesbelleslettres.com/livre/3565-rwanda-la-fin-du-silence
      #opération_humanitaire

  • Les migrants jouent un rôle essentiel dans la réponse aux catastrophes, l’OIM explore la participation de la diaspora dans l’aide humanitaire | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/les-migrants-jouent-un-role-essentiel-dans-la-reponse-aux-catastrophes-loim-exp
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/e72a9462._diaspora.jpg?itok=7DdIoV4f

    Lorsqu’ils réfléchissent aux contributions qu’apportent les migrants à leur pays d’origine, beaucoup de gens pensent d’abord aux envois de fonds - les milliards de dollars transférés chaque année depuis les pays de destination « développés » à haut revenu vers les régions du Sud à plus faible revenu.
    Pendant des décennies, les envois de fonds ont été plus importants que le niveau total de l’aide publique au développement dans les pays à faible et moyen revenu, et plus stables que les flux de capitaux privés. En 2020, année pendant laquelle les experts ont prévu qu’une pandémie mondiale fera baisser les envois de fonds dans le monde entier, cette baisse est loin d’être aussi considérable que prévu. Les travailleurs migrants et les membres de la diaspora - dont beaucoup sont employés dans les services essentiels - continuent à envoyer de l’argent chez eux. Le Mexique, l’Égypte, le Pakistan et le Bangladesh ont même vu leurs envois de fonds augmenter.
    Pourtant, les diasporas apportent bien plus qu’un soutien financier. Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, les diasporas ont trouvé des solutions transnationales créatives pour soutenir leurs communautés, tant dans leurs nouveaux pays de résidence que dans ceux d’origine. Les diasporas font don de fournitures aux hôpitaux ; elles déploient des tuteurs et des traducteurs dans les communautés pour les enfants en âge d’aller à l’école. Elles créent des lignes d’assistance téléphonique pour les familles touchées par la pandémie, élaborant des campagnes pour lutter contre les fausses informations. Et bien d’autres choses encore.Pour accroître la portée de l’aide humanitaire dans le monde, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mis en œuvre un projet visant à élaborer et à piloter un cadre pour la participation des diasporas à l’aide humanitaire.En coopération avec l’Alliance pour le renouveau d’Haïti, l’OIM a commencé à mener des consultations à distance avec des acteurs clés dans le monde entier. Elle a également lancé un sondage destinées aux organisations de la diaspora afin d’explorer les meilleures pratiques que les migrants peuvent utiliser pour renforcer leur participation. (...)
    Cet effort intervient à un moment crucial, alors que la pandémie de COVID-19 actuelle met à rude épreuve les ressources destinées à l’aide.
    « La participation des diasporas est déjà une composante essentielle de l’aide humanitaire, ouvrant des portes et des connaissances qui pourraient ne pas être disponibles autrement. La participation contribue également à accroître la résilience des communautés », a déclaré Luca Dall’Oglio, chef de mission de l’OIM à Washington, D.C. « La participation des diasporas a le potentiel de renforcer tous les aspects de la réponse humanitaire, de la préparation et du relèvement ».

    #Covid-19#migrant#migration#sante#diaspora#sante#resillience#humanitaire#transfert

  • L’OIM a besoin de 3 milliards de dollars pour venir en aide à 50 millions de personnes touchées par les crises en 2021 | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/loim-besoin-de-3-milliards-de-dollars-pour-venir-en-aide-50-millions-de-personn
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/crp_0.jpg?itok=qCU9YSBa

    Un an après le début de la réponse à la pandémie de COVID-19, un nombre sans précédent de personnes sont aux prises avec les effets des crises et ont un besoin urgent d’aide et de protection. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) annonce aujourd’hui qu’elle vise à répondre aux besoins d’environ 50 millions de personnes déplacées ou touchées par des crises grâce à sa réponse à la crise en 2021. Selon l’Aperçu de la situation humanitaire mondiale, rédigé par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 229 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire et de protection en 2021, soit une augmentation de 40 pour cent par rapport à la même période l’an dernier. Les conflits, les catastrophes et l’instabilité continuent d’éroder la résilience des communautés, poussant des dizaines de millions de personnes à se déplacer en quête de sécurité. Des millions de migrants sont également bloqués dans des crises et ont des difficultés pour accéder aux services essentiels.
    « La COVID-19 a tragiquement accentué les souffrances et l’insécurité de centaines de millions de personnes dans le monde », a déclaré António Vitorino, Directeur général de l’OIM.Pour répondre de manière adéquate aux crises de plus en plus complexes dans le monde, l’OIM aura besoin de 3 milliards de dollars dans l’année à venir. Les plans de réponse à la crise de l’Organisation présentent les réponses globales de l’OIM aux besoins urgents de protection et d’aide humanitaires, ainsi que les effets à long terme des crises et du déplacement.

    #Covid-19#migration#migrant#sante#vulnerabilite#crise#humanitaire#oim#personnedeplacee#resilience

  • Humanitarian #OpenStreetMap Team | Developing a Web Map Repository of Kampala’s Informal Settlements (by Resilience Mappers)
    https://www.hotosm.org/updates/developing-a-web-map-repository-of-kampalas-informal-settlements

    The growth of informal settlements, slums, and poor residential neighborhoods is a global issue. The rise in urban population in cities like Kampala is no exception. The characteristics of these settlements, such as high density and unplanned, crowded houses, together with a lack of infrastructure, have led to acute problems including drainage, sanitation, and solid waste management.

    In April 2020, the Uganda government launched a relief program to distribute food to the vulnerable poor in the urban settlements of Central Uganda. The recipients were motorcycle riders, taxi drivers, manual workers, etc., who work hand-to-mouth and were directly affected by the drastic measures to contain COVID-19 infections.

    #ouganda #humanitaire #osm #cartographie #cartographie_humanitaire

  • Journeys of hope: what will migration routes into Europe look like in 2021? | Global development | The Guardian
    https://www.theguardian.com/global-development/2021/jan/14/journeys-of-hope-what-will-migration-routes-into-europe-look-like-in-20
    https://i.guim.co.uk/img/media/702b605b8c2f99aab20674bcf266d02354d1d707/120_0_3429_2057/master/3429.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    “The onset of the Covid-19 pandemic in 2020 has decreased migration flows along the western Balkan route,” says Nicola Bay, DRC country director for Bosnia. Last year, 15,053 people arrived in BiH, compared with 29,196 in 2019. “But in the absence of real solutions the humanitarian situation for those entering BiH remains unacceptable and undignified.”In December, a fire destroyed a migrant camp in Bosnia, which had been built to contain the spread of Covid-19 among the migrant population. The same day the International Organization for Migration declared the effective closure of the facility. The destruction of the camp, which was strongly criticised by rights groups as inadequate due to its lack of basic resources, has left thousands of asylum seekers stranded in snow-covered forests and subzero temperatures. When countries in the region begin to ease Covid-19 restrictions this year, Bay says it is highly likely there will be a surge of arrivals to BiH, which remains the main transit point for those wanting to reach Europe – a scenario for which the EU and the region remain unprepared.

    #Covid-19#migrant#migration#ue#balkans#sante#humanitaire#oim#camp#transit#restrictionsanitaire#vulnerabilite

  • La Grèce bâillonne la parole dans les camps de migrants

    Signe d’un durcissement du discours à l’égard des #ONG qui accueillent les réfugiés, un #décret impose une #clause_de_confidentialité aux humanitaires.

    Un bâton dans les roues, en plein rebond de la vague migratoire. Le gouvernement grec a émis un décret resserrant un peu plus l’étau sur les #humanitaires qui accueillent les migrants. Publié au journal officiel local le 30 novembre, il empêche « toutes les personnes » qui travaillent dans les camps de réfugiés de révéler toute « information, document ou données » sur leurs résidents.

    Le document menace directement les ONG de poursuites légales si elles ne respectent pas cette clause de confidentialité, suffisamment vague pour dépasser le règlement européen sur la protection des données.

    Un moyen de réduire les humanitaires « au silence », selon Manos Moschopoulos, de la fondation Open Society. « Une partie du rôle des ONG est d’assister aux opérations d’accueil des migrants pour remplir les vides laissés par les autorités sur le terrain. Et une autre partie de leur rôle est d’obliger le gouvernement à rendre des comptes en cas de manquements. Cette nouvelle règle les empêche de pouvoir le faire. »

    Une simple file indienne de distribution de nourriture qui prend trop de temps ne pourrait pas être dénoncée. « Ça empêche tout lien entre le camp et l’extérieur, s’inquiète Manos Moschopoulos. Alors que ce sont ces liens avec la population qui permettent de s’insérer, de donner des habits ou de la nourriture. »

    Sur place, à Lesbos, principale porte d’entrée des embarcations en Mer Égée, une volontaire (qui requiert l’anonymat) s’inquiète d’un texte « jamais vu ». « Je ne sais même pas si c’est légal, explique-t-elle, apprenant tout juste la nouvelle. Plus rien ne m’étonne. Ça fait des mois qu’on fait tout pour nous empêcher de faire notre boulot. »

    L’exécutif grec en campagne contre les ONG

    Ce n’est pas la première fois qu’Athènes prend les humanitaires en grippe. Cette nouvelle règle pour les #camps s’inscrit dans un contexte d’efforts constants du gouvernement pour limiter l’implication des civils dans l’accueil des réfugiés. Dernier épisode en date, le ministre grec des migrations Notis Mitarachi a accusé, mardi, des ONG d’acheter des visas turcs pour faciliter le passage de migrants somaliens, nombreux à échouer sur les côtes grecques en novembre.

    « L’agenda politique prime sur la politique migratoire, décrypte Michael Maietta, ancien responsable humanitaire et spécialiste des questions de solidarité. Nous sommes dans une période de l’année où les flux qui passent par la Grèce et les Balkans sont très forts. Le gouvernement veut rassurer son électorat et montrer qu’il maîtrise ses frontières. »

    Cet automne, les autorités grecques ont multiplié les attaques contre les #organisations_humanitaires accusées d’« espionnage » et de complicité avec les passeurs. Plusieurs d’entre elles dénoncent la récurrence des refoulements illégaux de réfugiés vers les côtes turques. Si Athènes a toujours nié l’existence de telles pratiques, l’agence européenne Frontex, qui dispose de 600 agents pour aider les garde-côtes de la péninsule, a ouvert une enquête interne sur ces allégations.

    https://www.la-croix.com/Monde/Grece-baillonne-parole-camps-migrants-2020-12-09-1201129173

    #asile #migrations #réfugiés #camps_de_réfugiés #silence #confidentialité #solidarité #criminalisation_de_la_solidarité

    ping @karine4 @isskein

  • Les secrets d’une puissance invisible

    Derrière une propagande bien rôdée, la #Suisse fait partie des grandes nations impérialistes de ce monde. L’historien #Sébastien_Guex expose les stratégies mises en place pour parvenir à déployer un impérialisme helvétique « masqué ou feutré », ainsi que les dégâts, inhérents à une politique capitaliste, que ce modèle a causé et continue de causer.

    Proportionnellement à sa taille, mais aussi dans l’absolu, la Suisse fait partie des principales puissances impérialistes du monde depuis longtemps. J’y reviendrai. Mais il n’existe guère en Suisse, y compris au sein du mouvement ouvrier ou de la gauche, de conscience directe de ce phénomène. Plusieurs raisons contribuent à l’absence de cette conscience.

    Tout d’abord, la Suisse n’a jamais eu de véritables colonies et n’a donc pas été directement engagée dans la manifestation la plus claire du colonialisme ou de l’impérialisme, c’est-à-dire la guerre coloniale ou la guerre impérialiste.

    Au contraire, la bourgeoisie industrielle et bancaire suisse s’est depuis très longtemps avancée de manière masquée : derrière la neutralité politique, c’est-à-dire avançant dans l’ombre des grandes puissances coloniales et impérialistes (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Etats-Unis) ; masquée aussi derrière un discours propagandiste omniprésent essayant et réussissant souvent à faire passer la Suisse pour le pays de la politique humanitaire, à travers la Croix-Rouge, les Bons offices, la philanthropie, etc. ; enfin, masquée par un discours, complémentaire au précédent, que j’ai appelé la « rhétorique de la petitesse » 1, présentant toujours la Suisse comme un David s’affrontant à des Goliath, un petit Etat faible et inoffensif.2

    Pour ces différentes raisons, certains auteurs ont caractérisé l’impérialisme suisse d’impérialisme secondaire. Mais l’expression me semble mal choisie, car elle entretient l’idée que l’impérialisme suisse serait de peu de poids, marginal, bref, beaucoup moins important que l’impérialisme des autres pays. Or la Suisse est une importante puissance impérialiste. Je préfère donc l’expression d’impérialisme masqué ou feutré.

    Au cœur des impérialismes européens

    Depuis des siècles, le capitalisme suisse est au cœur du développement du capitalisme européen. Au XVIe siècle déjà, les grands marchands et banquiers de Genève, Bâle, Zurich, sont au cœur des réseaux internationaux de circulation des marchandises et des crédits. Dès le XVIIe siècle, et surtout au XVIIIe, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les milieux capitalistes bâlois, genevois, neuchâtelois, saint-gallois, zurichois, bernois, etc., participent de manière dense à cette immense opération d’exploitation et d’oppression du reste du monde par le capitalisme ouest et sud-européen en plein essor, soit le commerce triangulaire. L’origine de la fortune de la grande famille bourgeoise des de Pury, l’un des inspirateurs du fameux Livre blanc de 1993, vient de l’exploitation de centaines d’esclaves importés de force d’Afrique vers d’immenses domaines agricoles en Amérique.

    En 1900, la Suisse est le pays qui compte le plus de multinationales au monde par milliers d’habitants. Nestlé est probablement la multinationale la plus internationalisée au monde, c’est-à-dire qui compte le plus de filiales à l’étranger. Mais de l’autre côté, les milieux industriels et bancaires suisses sont entravés dans la course à la colonisation du monde par un gros obstacle : ils ne disposent que d’une puissance militaire relativement faible, et surtout, ils n’ont pas d’accès direct aux océans, à la différence de la Hollande ou de la Belgique, pays comparables dont le débouché sur la mer leur a permis de se lancer dans la conquête coloniale.

    Durant la période qui va de la guerre franco-prussienne de 1870 aux débuts de la Première Guerre mondiale, les cercles dirigeants de la Suisse rêvent d’un agrandissement territorial de la Confédération, soit du côté italien soit du côté français, qui leur donnerait accès à la mer (Gênes ou Toulon). En 1914 et 1915 par exemple, ils envisagent sérieusement d’abandonner la neutralité et d’entrer en guerre aux côtés de l’impérialisme allemand dans l’espoir d’obtenir, en cas de victoire, une part du butin, c’est-à-dire un couloir vers la Méditerranée, accompagné de quelques colonies en Afrique.3 Mais ils jugent finalement l’aventure trop risquée, sur le plan intérieur et extérieur, et choisissent de poursuivre dans la voie de la neutralité. Ce choix se révélera rapidement extrêmement payant, puisqu’il permettra aux industriels et banquiers helvétiques de faire de formidables affaires avec les deux camps belligérants.
    Dans l’ombre des puissants

    C’est cette position particulière qui va marquer les formes et aussi le contenu de l’impérialisme suisse depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui : comme la grande bourgeoisie industrielle et bancaire helvétique ne peut pas miser sur l’atout militaire, elle va apprendre et devenir virtuose dans l’art de jouer sur les contradictions entre grandes puissances impérialistes afin d’avancer ses propres pions. Dans ce sens, elle utilise de manière combinée deux atouts :

    - La politique de neutralité, alliée à celle des Bons offices et à la politique humanitaire (Croix-Rouge, etc.) permettent à l’impérialisme suisse de ne pas apparaître comme tel aux yeux de très larges pans de la population mondiale, ce qui lui confère une forte légitimité. Elles lui permettent aussi d’être fréquemment choisie pour jouer les arbitres ou les intermédiaires entre les grandes puissances impérialistes. Camille Barrère, Ambassadeur de France à Berne de 1894 à 1897, avait déjà compris cette stratégie lorsqu’il écrivait : « La marine de la Suisse, c’est l’arbitrage ».4
    – La bourgeoisie industrielle et bancaire suisse est capable d’offrir une série de services spécifiques (secret bancaire, fiscalité plus que complaisante, extrême faiblesse des droits sociaux, etc.), dont les classes dominantes des grandes puissances impérialistes ont fortement besoin, mais qu’elles peuvent difficilement garantir dans leur propre pays, généralement pour des raisons politiques internes. L’impérialisme helvétique ne leur apparaissant pas comme un rival trop dangereux, en raison de sa faiblesse militaire notamment, ces puissances accepteront que le pays s’installe et se spécialise durablement dans plusieurs niches hautement profitables (celle de paradis fiscal et de place financière internationale, en particulier).

    Les exemples qui illustrent la manière et la précocité avec laquelle la bourgeoisie suisse a su avancer ses propres intérêts dans le sillage des grandes puissances impérialistes, en jouant au besoin sur leurs contradictions, sont nombreux. Prenons-en deux :

    - Dès 1828, des Missionnaires bâlois, rapidement suivis par les commerçants d’une société, la Basler Handelsgesellschaft, fondée par le cœur de l’oligarchie bâloise (les familles Burckhardt, Merian, Iselin, Ehinger, Vischer), s’installent sur la côte de l’actuel Ghana. Ils vont jouer un rôle décisif dans la colonisation de cette région par la Grande-Bretagne. Dans les années 1860, ils entreprennent dans ce sens un véritable travail de lobbying, couronné de succès, auprès du Parlement anglais et ils participeront directement à la longue guerre coloniale menée par l’Angleterre contre le Royaume Achanti.5
    - En récompense, les négociants bâlois verront leurs affaires facilitées dans le Ghana placé sous tutelle britannique, de telle sorte que la Basler Handelsgesellschaft devient au début du XXesiècle l’une des plus grandes sociétés au monde d’exportation de cacao (le taux de profit net qu’elle dégage au Ghana atteint 25% en moyenne annuelle entre 1890 et 1910). Une anecdote permet à elle seule de mesurer l’influence acquise dans le pays par les négociants suisses et de montrer à quel point ils le considèrent comme leur pré carré. En mars 1957, le Ghana est la première colonie européenne d’Afrique à conquérir son indépendance. L’événement est historique. Cela n’empêche pas, quatre mois plus tard, lors de la fête organisée par les expatriés helvétiques pour le 1er août 1957, l’orateur suisse de conclure son discours devant des centaines d’invités par ces mots : « Vive le canton suisse Ghana ! ».6
    – Mais en parallèle à la carte anglaise, le capitalisme helvétique sait aussi jouer de la carte allemande ou française. Les Suisses vont même jouer un rôle de premier plan dans la politique coloniale allemande en Afrique, ce qui leur permettra, en retour, de disposer de la bienveillance des autorités coloniales et de développer de florissantes affaires.

    La stratégie évoquée ci-dessus s’est révélée particulièrement efficace, de sorte que la Suisse s’est transformée, au cours du XXe siècle, en une puissance impérialiste de moyenne importance, voire même, dans certains domaines, de tout premier plan. En voici deux illustrations :

    – Les multinationales suisses appartiennent au tout petit nombre des sociétés qui dominent le monde dans une série de branches, que ce soit dans la machinerie industrielle (ABB : 2erang mondial), de la pharmacie (Roche : 2e rang ; Novartis : 4e rang), du ciment et des matériaux de construction (LafargeHolcim : 1er rang), de l’agroalimentaire (Nestlé : 1er rang), de l’horlogerie (Swatch : 1er rang), de la production et de la commercialisation de matières premières (Glencore : 1er rang ; Vitol : 2e rang), de l’assurance (Zurich : 10e rang) ou encore de la réassurance (Swiss Re : 2e rang).
    – Dès la Première Guerre mondiale, la Suisse est également devenue une place financière internationale de premier plan, qui est aujourd’hui la quatrième ou cinquième plus importante au monde. Mais sur le plan financier, l’impérialisme helvétique présente à nouveau une spécificité. Les banques suisses occupent en effet une position particulière dans la division du travail entre centres financiers : elles sont le lieu de refuge de prédilection de l’argent des capitalistes et des riches de la planète entière et se sont donc spécialisées dans les opérations liées à la gestion de fortune.

    Exploitation massive

    Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

    Notes
    1. ↑ Sébastien Guex, « De la Suisse comme petit Etat faible : jalons pour sortir d’une image en trompe-l’œil », in S. Guex (éd.), La Suisse et les Grandes puissances 1914-1945, Genève, Droz, 1999, p. 12.
    2. ↑ Cf. par exemple Documents diplomatiques suisses, vol. 6, pp. 146-148, 166-167 et 240-243.
    3. ↑ Lire Hans-Ulrich Jost, « Le Sonderfall, un mythe bien pratique », Moins ! n°49.
    4. ↑ Cité dans Jean-Claude Allain, « La politique helvétique de la France au début du XXe siècle (1899-1912) », in R. Poidevin, L.-E. Roulet (Dir.), Aspects des rapports entre la France et la Suisse de 1843 à 1939, Neuchâtel, La Baconnière, 1982, p. 99.
    5. ↑ Sébastien Guex, « Le négoce suisse en Afrique subsaharienne : le cas de la Société Union Trading Company (1859-1918) », in H. Bonin, M. Cahen (Dir.), Négoce blanc en Afrique noire, Bordeaux, Société française d’histoire d’outre-mer, 2001, p. 237.
    6. ↑ H. W. Debrunner, Schweizer im kolonialen Afrika, Basel, Basler Afrika Bibliographien, 1991, p. 19.

    https://lecourrier.ch/2020/12/06/les-secrets-dune-puissance-invisible

    #colonialisme #colonialisme_sans_colonies #impérialisme #capitalisme #guerres_coloniales #guerres_impérialistes #bourgeoisie_industrielle #bourgeoisie_bancaire #neutralité #discours #propagande #rhétorique_de_la_petitesse #impérialisme_secondaire #impérialisme_masqué #impérialisme_feutré #banquiers #banques #commerce_triangulaire #histoire #esclavage #de_Pury #multinationales #accès_à_la_mer #industrie #Bons_offices #humanitaire #politique_humanitaire #légitimité #arbitrage #paradis_fiscal #Basler_Handelsgesellschaft #Burckhardt #Merian #Iselin #Ehinger #Vischer #Ghana #Afrique #lobbying #Royaume_Achanti #cacao #finance #délocalisation_sur_place #Pury #Neuchâtel

    ping @cede

    • Intéressant le lien que l’auteur fait entre l’impérialisme suisse dans l’histoire et l’#exploitation des #travailleurs_étrangers sans droits politiques voire sans papiers plus contemporaine :

      Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

      #sans-papiers #droits_politiques #saisonniers

  • Yemen: in a country stalked by disease, Covid barely registers | Global development | The Guardian
    https://www.theguardian.com/global-development/2020/nov/27/yemen-disease-covid-war
    https://i.guim.co.uk/img/media/a9c05d186fa56ffc150c4d1419e5af7cf1f9c036/524_698_5236_3142/master/5236.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Shabwa, an oil-rich region contested by all three of Yemen’s warring parties, has been firmly under the control of government-loyal forces since last summer. The province is relatively wealthy and stable compared with other areas of the country, leading Yemenis displaced by the fighting or migrant workers sent home from Saudi Arabia to settle here. As a result, Shabwa’s population has swollen from 600,000 to an estimated 1 million, and concrete and cinder-block building sites on the outskirts of Ataq have begun to encroach on the sand. Silk Road caravans used to traverse the tabletop mountains that tower above Shabwa’s plains in search of frankincense; today they have been replaced by oil pipelines and convoys of tankers.Shabwa’s governor, Mohammed Saleh bin Adyo, appointed in 2018, has invested millions in beefing up local security forces and infrastructure projects to try to lure foreign oil companies back to the area. The fighting between the western-backed Saudi coalition, Iran-supported Houthi rebels and a separatist movement seeking renewed independence for South Yemen shows no sign of stopping any time soon, however. Al-Qaida still lurks in the desert.For ordinary Yemenis, the impact of war can be blunted only so far. The currency, the rial, has lost two-thirds of its value since the conflict began and continues to slide, making it harder and harder to put food on the table. A rise in food prices, coupled with devastating aid cuts, means the prospect of widespread famine is once again on the horizon. (...)
    Half of the country’s healthcare facilities have been destroyed, hundreds of doctors have died or fled the country, and public sector salaries often go unpaid, putting unsustainable pressure on the hospitals and clinics that remain.At the beginning of 2020, as Covid-19 began to spread from China and around the world, health workers and aid agencies predicted that the virus’s impact on Yemen’s vulnerable population would be catastrophic, forecasting a 90% infection rate.Yet despite its other afflictions, so far the war-torn country appears to have emerged relatively unscathed by the pandemic, reporting just 2,124 cases and 611 deaths to date.

    Testing facilities and comprehensive data are almost nonexistent, so it is highly unlikely the official statistics reflect the coronavirus’s true impact. But according to several doctors and healthcare officials, in Shabwa at least, the virus is not a pressing concern.
    Asked why the number of Covid-19 cases in Yemen appears to be so much lower than elsewhere, despite the absence of social distancing and extra hygiene measures, the centre’s director Dr Hisham Saeed, says “high morale” and a population that skews young have kept Yemenis safe from the coronavirus.He worries, however, that the growing stigma associated with the disease and the difficulty of travel mean people in need of treatment are just staying at home. “It is very hard to tell what the impact is,” he says. “People think it’s a normal fever. Sometimes they ask me whether coronavirus is all just a big lie.”Satellite imagery analysis of graveyards in the southern province of Aden, where Covid-19 appears to have hit hardest, suggests otherwise. A study from the London School of Hygiene & Tropical Medicine found that the number of new burials in the area had nearly doubled since the first case of Covid-19 was confirmed in April, and there have been 2,100 excess deaths, against an expected baseline of about 1,300 by the end of September.

    #Covid-19#migration#migrant#yemen#conflit#personnedeplacee#sante#humanitaire

  • A Goris, dans le sud de l’Arménie, la vie en suspens des réfugiés du Haut-Karabakh
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/26/a-goris-la-vie-en-suspens-des-refugies-du-haut-karabakh_6061153_3210.html

    Entre 15 000 et 25 000 sont déjà repartis depuis le 14 novembre, selon les estimations. Mais d’autres continuent d’arriver, avec la restitution progressive de trois districts entourant le Haut-Karabakh – Agdam, Kelbajar et Latchine – qui échappaient au contrôle de Bakou depuis près de trente ans après la première guerre. Ces habitants dépossédés de leurs terres, qui représentent près de 30 % de la population du Haut-Karabakh enregistrée avant le conflit, arrivent dans une Arménie exsangue après la défaite, alors que le nombre de cas de Covid-19 explose et qu’une crise économique majeure se profile. C’est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontées les autorités arméniennes, qui les encouragent à se réinstaller dans l’enclave.Vartan Mangassarian, 62 ans, a attendu le dernier moment pour partir. L’idée d’abandonner sa maison et de la voir passer aux mains de ses ennemis lui était insupportable. Le voilà maintenant à Goris, à pousser un chariot rempli de sacs de pommes et de biens de première nécessité dans un immense bâtiment transformé en entrepôt d’aide humanitaire. Arrivé le matin même, il ne songe déjà qu’à repartir vers la capitale de la région : « J’attends de voir ce qui va se passer à Stepanakert, si je peux avoir un appartement là-bas. » Autour de lui, les cartons virevoltent dans une atmosphère agitée. Des bénévoles trient les dons de conserves, huile et farine qui s’empilent jusqu’au plafond. L’adjointe au maire, Irina Yolyan, fait claquer ses hauts talons en courant d’un point à l’autre. Depuis le début de la guerre, c’est elle qui gère tout : le maire est parti au front dès les premiers jours. « Toute l’aide arrive ici, explique-t-elle. Depuis le 27 septembre, 10 500 réfugiés en ont bénéficié. Pour l’instant, les besoins fondamentaux sont satisfaits, mais on manque cruellement de chaussures d’hiver. » Les premières neiges rendent la situation encore plus difficile pour les réfugiés, partis dans l’urgence, les mains vides.

    #Covid-19#migrant#migration#armenie# hautkarabakh#refugie#sante#humanitaire

  • Rapport de l’ONU : la COVID-19 pourrait causer plus de déplacements alors que la faim augmente parmi les migrants et les déplacés | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/rapport-de-lonu-la-covid-19-pourrait-causer-plus-de-deplacements-alors-que-la-f
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/somalia_2_1.jpg?itok=rC6wm93b

    Le rapport –le premier du genre - a été publié aujourd’hui par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. Il montre comment la pandémie a aggravé l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité des migrants, des familles qui dépendent des envois de fonds et des communautés contraintes de quitter leur domicile en raison des conflits, de la violence et des catastrophes. Les deux agences des Nations Unies avertissent que l’impact social et économique de la pandémie pourrait être dévastateur et appellent à empêcher cela en renforçant le soutien en réponse aux besoins humanitaires immédiats et croissants, en s’attaquant aux impacts socioéconomiques de la crise et en veillant à ce que les plus vulnérables ne soient pas oubliés.
    «  L’impact socioéconomique de la pandémie est plus dévastateur que la maladie elle-même. De nombreuses personnes dans les pays à faible et moyen revenu, qui étaient pauvres il y a quelques mois mais sur le point de s’en sortir, constatent aujourd’hui que leurs moyens de subsistance sont réduits à néant. Les fonds envoyés par les travailleurs depuis l’étranger vers leurs familles restées au pays se sont également taris, ce qui entraîne de grandes difficultés. En conséquence, les taux de famine montent en flèche dans le monde entier  », a déclaré, David Beasley, Directeur exécutif du PAM. 
    «  L’impact de la crise de la COVID-19 sur la santé et la mobilité humaine menace de faire reculer les engagements mondiaux, notamment dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et d’entraver les efforts déployés pour aider ceux qui ont besoin d’aide. Il est de notre responsabilité collective de sauvegarder les droits des personnes en situation de déplacement et de veiller à ce qu’elles soient protégées contre de nouveaux préjudices  », a déclaré António Vitorino, Directeur général de l’OIM. 
    L’impact de la pandémie sur la façon dont les gens se déplacent est sans précédent. Les mesures et les restrictions mises en place dans plus de 220 pays, territoires ou zones pour contenir la propagation de la maladie limitent la mobilité humaine et les possibilités de travailler et de gagner un revenu, mettant à rude épreuve la capacité des personnes migrantes et déplacées à se procurer de la nourriture et à satisfaire d’autres besoins fondamentaux.
    L’insécurité alimentaire et les déplacements sont étroitement liés. La faim - surtout lorsqu’elle est associée à un conflit - est un facteur d’incitation essentiel qui pousse les gens à se déplacer. Neuf des dix pires crises alimentaires mondiales se produisent dans les pays qui comptent le plus grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Parallèlement, la majorité des personnes déplacées se trouvent dans des pays touchés par une insécurité alimentaire et une malnutrition aiguës.

    #Covid-19#migrant#migration#personnedeplacee#sante#humanitaire#insecurite#malnutrition#insecuritealimentaire

  • Les conclusions des Nations Unies sur la malnutrition au Yémen soulèvent des inquiétudes concernant les enfants déplacés | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/les-conclusions-des-nations-unies-sur-la-malnutrition-au-yemen-soulevent-des-in
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/d76a3393.jpg?itok=IqBp_xPD

    « Les Yéménites déplacés quittent leur maison sans rien et se retrouvent souvent à chercher une sécurité dans des endroits où il n’y a pas de possibilités d’emploi et à peine assez de services, notamment de soins de santé », a déclaré Christa Rottensteiner, chef de mission de l’OIM pour le Yémen.« Cela peut créer des pénuries de nourriture pour les personnes vulnérables et leur famille. Compte tenu des taux de malnutrition aiguë signalés par les partenaires des Nations Unies chez les enfants de moins de cinq ans, qui sont les plus élevés jamais enregistrés dans certaines régions du Yémen, nous sommes extrêmement préoccupés pour les enfants des familles déplacées ».
    La situation à Ma’rib est particulièrement préoccupante car l’escalade des hostilités a déplacé plus de 90 000 personnes vers la ville et a provoqué une pénurie drastique de services. Les personnes déplacées à Ma’rib déclarent que la nourriture est l’un de leurs besoins les plus urgents. Parmi les sites de déplacement évalués par l’OIM en octobre, certains ont indiqué que les pénuries alimentaires étaient une préoccupation majeure pour environ 50 pour cent de leurs résidents.En réponse à l’insécurité alimentaire, les kits d’aide d’urgence distribués dans le cadre du mécanisme de réponse rapide par l’OIM aux familles nouvellement déplacées comprennent des rations alimentaires d’urgence. L’OIM mène également des activités de soutien aux moyens de subsistance pour les communautés déplacées afin de les aider à générer des revenus. Plus récemment, l’Organisation a aidé les femmes déplacées à fabriquer des masques faciaux qui aident leur communauté à lutter contre la propagation de la COVID-19.

    #Covid-19#migrant#migration#yemen#sante#personnedeplacee#oim#humanitaire#conflit#vulnerabilite

  • Beirut’s migrant workers persist in the shadow of the blast | Gallery | Al Jazeera
    https://www.aljazeera.com/gallery/2020/10/14/in-pictures-beiruts-migrant-workers-persist-in-the-shadow-of-th

    The twin explosions in the Port of Beirut on August 4 exacerbated Lebanon’s deepening economic crisis, stranding thousands of destitute migrant workers without work and no clear route home. The International Organization for Migration (IOM) estimates 24,500 migrants lost their jobs, homes or were directly affected in other ways by the Beirut blasts.
    Lebanon’s 400,000 migrant workers hail from Ethiopia, the Philippines, Kenya, Sierra Leone, and Bangladesh, among other countries. They have taken great risks to work in Lebanon with hopes of earning US dollars and supporting their families back home. Many came to Lebanon through the kafala system, a sponsorship-based employment scheme used by many countries in the Middle East that allows one to work while their employer doubles as their sponsor, handling their visa and legal status. While the system is intended to open jobs to migrants, it also exposes them to exploitation by placing great power in the hands of employers, many of whom confiscate their employees’ passports, making it extremely difficult to leave.
    The economic crisis has now further destabilised the lives of many. The Lebanese pound has devalued by 80 percent since October 2019, leaving employers unable to pay wages and pushing migrant workers into debt, unable to pay for rent, food or other basic services, let alone send money to their families back home.The rising number of evictions has forced many migrants to sleep in the streets, while others have pooled their money to rent rooms so small it is impossible to maintain physical distancing, creating potential breeding grounds for the spread of COVID-19.
    Humanitarian agencies now worry the lack of sustainable employment and safe shelter will expose even more people to trafficking or abuse by their employers, forms of exploitation that already plagued the country’s migrant workers before the deadly blast.

    #Covid-19#migrant#migration#liban#travailleurmigrant#crise#moyenorient#kafala#humanitaire#vulnerabilite#economie#sante