• J’en ai marre d’être une femme.

    Reçu un mail d’une copine qui me demande de faire passer ce texte.

    J’en ai marre d’être une femme.
    J’aurais du être autre chose, je n’aurais pas tout ces problèmes aujourd’hui.
    Je ne me retrouverais pas à élever ma fille seule et à me dire que non non non je ne serais pas une victime consentante. Tant que tu n’en as pas conscience, ça passe encore, tu peux croire qu’il te suffit d’être toi même et de ne pas courber l’échine car c’est bien connu, la victime subit sa propre posture, elle n’a qu’à en redresser l’échelle des valeurs. Or, il ne suffit de décréter ce que l’on ne sera pas pour échapper au grand flot du patriarcat dans lequel on baigne, celui des autres mais aussi le sien. C’est pénible d’être éduquée en tant que victime et proie dès l’enfance, on passe son temps à se dire que c’est tout à fait normal de se faire abuser, sans pouvoir envisager qu’on l’a été, vu qu’on y a même pris du plaisir au final, salope. Ça doit surement être un réflexe qui se construit pour pouvoir survivre, on refoule tellement bien parfois, c’est pratique de se croire allié à ses agresseurs, au risque de se heurter à ne jamais pouvoir le penser, le dire, par peur de la honte. Et puis le jour où on commence à réaliser que cela n’était pas normal, jamais, que nous portions le poids de quelque chose qui n’était pas nous, on est victime sans vouloir l’être mais on le dit, et là le monde perturbé voudrait qu’aucune parole ne nous ait jamais été autorisée. bouuuhooo parler des affaires de sexualités, étaler son intimité et en plus comme si cela était politique, que là se jouaient les systèmes de domination, quel ridicule, le sexe c’est intime, ça ne s’étale pas, ça se vit, ça se subit, mais surtout ça se tait, franchement c’est nul d’être une victime, car sa parole est triste et sombre, vive les winners, vive les hommes.

    Ainsi, si j’étais un homme, je profiterai des avantages qui me sont interdits, je passerai au statut de dominant sans la nécessité de me poser des questions, naturellement dominant, avec la liberté d’agir comme bon me semble, le bon droit avec moi, en bon père de famille, distribuant des bonbons à qui en veut, baisant avec autant de femmes qui me plaisent sans jamais me faire traiter de nympho. Je les enfilerai sur ma bite comme des perles et m’en vanterai aux copains admiratifs qui entre eux diraient que j’ai vraiment des couilles et de la chance. Les gens ne manqueraient pas l’occasion de tisser des liens avec moi, de me filer du travail et de m’aider à réussir dans ma vie. Aaaah, gagner de l’argent et tomber des nanas fait certes un peu parvenu, mais en bon soldat du capitalisme je ne ferais qu’appliquer les principes de consommation que chacun valorise.
    J’ouvrirai un lieu pour que se sentent à l’aise les femmes libres, un truc anarchiste ou dans le genre, avec des soirées sympas et libertaires où je me ferais des tunes, genre je serai le chef, wééé. En plus l’éthique ça plait bien, très tendance, ça me valorise pas mal il est vrai de défendre la veuve et l’orphelin, l’égalité sociale c’est un bon créneau pour gagner la confiance.
    Les femmes libres, ou celles qui veulent être nos égales, apprendront ce que signifie d’aimer le sexe en liberté, et le must c’est la féministe qui se croit libérée, la power woman, qui s’illusionne sur le sexe libre.
    Les femmes ont été éduquées pour consentir à mon plaisir, franchement pourquoi me gênerais-je, ma place est plutôt confortable, et je les laisse se crêper le chignon entre elles pour savoir laquelle je baiserai ce soir.
    Le mieux dans l’affaire c’est que je peux être le pire des connards, je n’ai même pas besoin de violenter des idiotes qui oseraient bouder ma queue. Ma queue, c’est un peu comme le centre du monde, et dans un lieu qui attire autant, avec tous ces fins stratèges politiques masculins, je peux aisément séduire des proies qui résistent quelques temps, c’est plus drôle, à réserver à ma consommation personnelle les soirs d’ennui, quand on ne parle pas de choses sérieuses. Dans tous les cas je fais en sorte qu’elles soient persuadées être consentantes, même si la façon dont je les baise ressemble à un viol et que je les insulte et les maltraite, elles ne diront rien, le principal est que je me concentre sur mon plaisir et n’ai pas à me préoccuper du leur. Il faut savoir les remettre à leur place, et tant pis si elles se sentent humiliées, elles ont bien cherché à être punies.
    Oh bien sur, il y en aura toujours une pour aller se plaindre à ses petits copains et copines que je l’ai maltraité et que je suis un gros porc, elle n’a juste rien compris et de toute façon que vaut la parole d’une femme par rapport à la mienne ? Encore une coincée, qui se ridiculisera toute seule à parler en public de notre intimité, elle sait que c’est tabou et interdit, ok pour une société égalitaire mais bon, pas de trop quand même, on ne va pas changer les traditions machistes aussi vite. De toute façon, j’ai suffisamment de copines inféodées à mes partouzes régulières dans la cave pour lui faire comprendre qui est le maitre de cérémonie et la faire retourner à son silence. Et les copains trouveront bien de quoi noyer le poisson, une petite couche de solidarité avec l’accusatrice, puis retour à la normale, avec un couvercle bien verrouillé, parce que la politique c’est pas pour les gonzesses sans couilles, surtout dans un lieu collectif et militant si sympa. Et dans 6 mois, on sera de nouveau entre potes.

    Ben en fait, je n’ai pas vraiment envie d’être un homme, (en tout cas pas celui-là) ni de gagner aucun pouvoir, j’avais juste envie que les choses avancent, qu’on grandisse vite, qu’on cesse l’omerta sur les rapports de domination planqués dans le sexe.
    Ma conception de l’acte sexuel est profondément vivante et égalitaire, non pas devoir faire le deuil de soi, subir une punition, mais se mettre en joie à deux.
    J’ai un âge où je ne cherche plus à être aimé et sympa en me masquant le fait qu’une relation hétérosexuelle est potentiellement une agression, qu’elle expose à la négation de mon intégrité et à l’abus. L’abus, c’est à dire la non reconnaissance en tant qu’être humain autonome, si encore j’ai la chance de conscientiser l’humiliation c’est que je ne suis pas encore totalement transformé en objet, même consentant. Il a fallu pour cette prise de conscience que je rebrousse le chemin d’apprentissage à la soumission qu’une femme doit suivre depuis sa naissance. Puis que je refuse la domination intrinsèquement masquée dans mes propres actes en distinguant ensuite mon propre désir et l’illusion de mon libre choix de tout le poids gigantesque qui s’abat avec le désir masculin.
    Je n’ai plus envie de jouer au sexe puis de me persuader que tout va bien quand non, si je repasse le film, ce n’était encore qu’un pas de plus vers mon anéantissement au profit de la domination masculine. Et il faudrait en plus me taire, que je fasse taire, qu’on me donne les mots à dire même, que je comprenne les systèmes de domination en jeu en croyant que j’en sortirais indemne, c’est bon, j’ai compris comment ça marchait, et c’est pour ça que je voudrais bien parfois changer de rôle, échapper à ce prédéterminisme des genres si facile à utiliser pour le plein profit des hommes.
    Parce que j’ose espérer qu’il existe des homme qui en ont pris conscience et qui tentent d’y échapper.
    En attendant je suis MOI, et je tente d’échapper à « la femme » supposée supporter ce qu’on lui impose de vivre sans droit à un désir propre.
    Je ne suis plus à même d’entrer dans cette danse de séduction où je réalise que ma position de générosité sexuelle se faisait surtout à l’encontre de mon jeune cul et de mon inexpérience, laminant ma capacité à voir le monde autrement que par les yeux d’une jeune femme téméraire. En vieillissant, je quitte le rayon frais du supermarché sexuel que je le veuille ou non, il n’y avait aucun libre choix pour moi, et j’ai surtout la chance d’échapper aux prédateurs et aux harcèlements multiples. Maintenant je peux le dire, j’ai cru baiser librement toute ma vie en pleine autonomie de mes choix mais je me suis surtout fait baiser, un terrible sens unique en forme d’impasse a fini par barrer mon chemin qui se voulait libre partage, et maintenant ça suffit et je dénonce les procédés mis en place pour faire taire les femmes et leurs désirs en imposant sournoisement celui des hommes dans lequel les femmes deviennent complices de leur propre domination.
    Ça suffit les délires freudiens du viol recherché par les femmes, de la possession du phallus au centre du désir féminin, ça suffit d’être définies pour et par le désir des hommes. De se faire jeter parce qu’on ne correspond plus aux critères de la baise masculine ou qu’on les a assouvit. De se faire nier quand on prend son courage pour dénoncer des salopards. Misère mais y’a vraiment pas un autre moyen que l’abstinence ou l’onanisme pour échapper à cette violence qui s’instaure comme la norme ? Car cela réitère comme un disque rayé les dominations sociales sur les moins bien loties, les gueux, les miséreux, ceux et celles qui n’ont plus la force de se battre, ceux et celles qui ne rentrent pas dans le système de méritocratie, les « tu l’as bien mérité » ça suffit. Je n’ai pas à être punie d’être une femme, je ne veux plus encaisser la maltraitance et perpétuer cela par mon silence.
    Je n’ai pas envie de cette chape de plomb qu’on voudrait à nouveau couler sur mes mots en m’expliquant que je ne suis pas victime mais accusatrice.

    • Très beau texte. Mais un oubli fondamental. La solidarité féminine n’est pas innée et lorsqu’on est une femme libre, la suspicion féminine fait autant horreur que le machisme des hommes.
      Et beaucoup de femmes reproduisent le schéma qu’elles ont vécu, élevant son fils de façon différente que sa fille...Tant qu’il y aura ce décalage, je ne crois pas que la condition féminine changera !

    • @geneghys, faut-il que je dise à mon amie qu’elle a fondamentalement oublié qu’elle procède de sa propre domination et que finalement c’est de la faute des femmes, entre autres parce qu’elles élèvent mal leurs enfants ? Je ne pense pas que ça va foncièrement lui plaire et tu montres bien là que le patriarcat trouve toujours meilleur responsable que les hommes, en l’état les femmes elles-mêmes, idéales bouc émissaire.
      Finalement c’est bien cela dont elle parle dans ce texte : ne pouvoir échapper aux rôles assignés, et quand bien même, devoir reconnaitre la domination avec comme seuls pôles de définition : victime ou accusatrice.

    • @touti Peut-être qu’il y a des jeunes femmes qui ne reproduisent pas le même schéma que celui que j’ai décrit. Mais c’est en constatant de visu qu’une femme est souvent fière d’avoir un garçon et le choiera d’autant plus que si c’était une fille. Le complexe d’Oedipe n’est malheureusement pas loin.
      Et si ce n’est « quasiment » plus dans nos us et coutumes, cela reste dans d’autres cultures.
      Je ne veux pas être le juge. Mais je constate !

      Peut-être cette différence est gommée quand on grimpe les échelons des différentes classes.
      Aux femmes de ne plus accepter d’être le bouc émissaire ! La victimisation est un schéma trop facile dans lequel certaines femmes se complaisent. Le fait de se l’avouer peut faire partie d’un grand pas en avant. Et je pense que le nier serait rester, voire régresser.

      La femme est oh combien assez forte pour pouvoir aller à contre-courant et de s’en battre les c...s de ce que les autres disent.
      Ton amie n’est peut-être pas ainsi, mais j’ai constaté et constate encore de visu ce que je vois.
      Il n’y a pas à être accusatrice non plus ! La femme a les forces nécessaires pour faire sa place dans le monde. Mais c’est une discussion à creuser un peu plus...

      Pose-moi les bonnes questions ;)

    • @Geneghys ca serait préférable que tu parle des femmes au pluriel, parler de La femme au singulier ca n’a pas de sens. C’est comme si tu disait « le noir » pour parler de toutes les personnes à la peau noir.

      Après dire que « La femme est oh combien assez forte pour pouvoir aller à contre-courant et de s’en battre les c...s de ce que les autres disent. »
      Ca ne veut rien dire non plus. La femme c’est personne et elle n’est donc ni forte ni faible. Après certaines individues sont fortes et d’autres non et ca serait sympas de pas coller des couilles à tout bout de champ. Dit qu’on s’en bat les ovaires, ou qu’on s’en bat les glandes, ou qu’on s’en bat le clito, ou qu’on s’en bat l’oeil, mais s’top pas de couilles, laisse les couilles à qui de droit.

      Ensuite le couplet sur « La victimisation est un schéma trop facile dans lequel certaines femmes se complaisent. » est consternant. Tu dit ca en plus en commentaire d’un témoignage d’une femme qui raconte sa souffrance.
      Je trouve qu’il y a à redire a chacune de tes phrases qui sont une enfilade de clichés et de yaka/fokon. Yaka s’en fiche. Fokon éleve mieux les chiards. Merde les femmes sont pas les seuls à élever les moutards et les mecs qui se prennent pour des demi-dieux c’est pas la faute des femmes c’est un ensemble qu’on appel LE SYSTHEME PATRIARCALE et toi ta contribution au bazar c’est de culpabiliser une/les victimes. Bravo t’es un·e bon·ne petit·e soldat·e du patriarcat.

    • Je suis émue @mad_meg et @aude_v car je vois que vous avez posté, merci !

      Après réflexion je m’étais résolue à répondre avec l’espoir que cela serve à d’autres, certes avec douleur et réticence car le travail risque d’être long et inabouti, et que le tag #feminisme aurait du nourrir ta pensée en amont @geneghys au lieu de nous infliger ce salmigondis sexiste englué dans tes a-priori.
      Je dois cependant te remercier d’oser adopter publiquement une posture aussi caricaturale car il va être d’autant plus facile de démonter ton pseudo raisonnement. Je ne voudrais pas qu’en retour tu te crois devenu un putching ball, je te classe plutôt dans la catégorie des ignorant·e·s qu’il faut affronter tous les jours, j’ai un peu pitié de toi à vrai dire car sur seenthis les propos féministes sont, contrairement à d’autres endroits du web, particulièrement les bienvenus et c’est une excellente forge pour affuter sa pensée.

      Il est affligeant de s’apercevoir que ce qu’on espérait acquis est en éternel recommencement et qu’il faut encore faire œuvre de pédagogie rééducative auprès de ceux et celles qui ont de la merde dans les yeux pour réitérer à l’envie encore et toujours, ne serait-ce que le concept de base : Non, la domination masculine n’est pas un point de vue, la #domination_masculine est une réalité.

      Montrer que parler de domination masculine implique forcément la dichotomie dominants/dominées. Que ce concept explicite clairement l’oppression que vivent les femmes. Que les femmes sont les victimes de cette domination si pernicieuse qu’elle accorde des privilèges aux hommes dont ils n’arrivent même pas à prendre conscience.
      Qu’il est nécessaire avant de l’ouvrir de commencer à prendre la mesure de ce que subissent en tant que victimes de ce système les femmes, TOUTES les femmes et non pas LA femme. LA femme étant une réification supplémentaire des femmes, qui leur nie toute existence au-delà de la forme d’un sexe, d’un ventre ou d’un corps.

      Si cela ne suffit pas, démontrer de nouveau le fondement de cette assertion, entre autres chiffres donner le nombre de femmes, en augmentation, qui se font démonter la gueule, avec seulement en france, une femme tous les deux jours tuée par son compagnon.
      Et tenter, encore une fois, de comprendre de quoi cette violence sexiste procède si ce n’est du déni de l’autre et de la femme en l’occurrence.

      Apprendre que cela affectent les femmes, de l’ouvrière à la bourgeoise, mais aussi les hommes, parce que tant qu’il y a des opprimées il y a des oppresseurs et une obligation sociale viriliste et destructrice. Que cette inégalité est une construction qui affecte la société dans son entier, par son histoire, le vocabulaire employé, la grammaire, la taille de nos enfants, la couleur de nos jouets, que cela renforce toujours plus cette préemption sociale d’un sexe sur l’autre.
      Que cela procède d’un système capitaliste assis sur une construction archaïque du monde, où il faut échapper au darwinisme et à l’essentialisme pour comprendre que non, la loi du plus fort n’est pas un progrès social.
      Enfin, lister les combattant·e·s qui osent s’extraire du discours ambiant qui leur enjoint de se taire, pour déconstruire le patriarcat et historiciser la lutte des femmes.
      Et à ceux et celles qui n’arrivent toujours pas à entendre la situation, la comparer à celle que subissent les racisés, parler de la colonisation des corps et des processus de pouvoir et de destruction.

      Puis rigoler un bon coup ou sortir les couteaux quand on commence à vous expliquer qu’il ne faudrait surtout pas que les femmes se victimisent parce que c’est mauvais pour leur combat.

      Tout cela accompagné de quelques suggestions de lecture sur le féminisme :
      http://chiennesdegarde.com/article.php3?id_article=71

    • au sujet du « blâme des victimes » ou « victime_blaming » je conseil la lecture de cet article
      http://sandrine70.wordpress.com/2013/05/10/victimes-de-mais-pas-victimes-par-definition
      que j’avais référencé ici : http://seenthis.net/messages/137471

      et aussi voire wikipédia pour ce qu’est le blâme de victimes
      http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Bl%C3%A2mer_la_victime
      enfin il y a le tag #blame_the_victim qui fournira des exemples.

    • Excusez de n’avoir pas répondu plus tôt. Je viens de lire les réponses que je trouve aussi assez consternantes.
      Et cela tombe bien, car ce matin, j’ai entendu une émission sur une école maternelle ouverte dans un des pays scandinaves où les pédagogues laissent les enfants choisir ce dont ils en envie, comme les jouets, les livres, etc. Un boulot énorme puisque les mots « filles » et « garçons » ne doivent pas être prononcés afin que cette expérience ne soit pas faussée.
      Il en est de même avec certains contes qui ne doivent pas mentionner le genre. Ces contes ont ainsi été pré-fabriqués pour cette expérience. Sans compter que les couples qui ont mis ces enfants dans cette école jouent parfaitement le jeu et ont même réclamé cette nouvelle pédagogie. Ceci afin que l’enfant puisse s’épanouir sans avoir à vivre des préjugés. Ce n’est pas chose facile, mais il semblerait que cette expérience porte ses fruits puisque les enfants se sentent mieux dans leurs baskets.
      Ainsi, si la fille choisit un camion pour jouer, elle ne sera pas jugée pour ce choix, ne deviendra pas un « garçon manqué » comme on peut encore l’entendre aujourd’hui.
      Et cela répond parfaitement à ce que je voulais faire passer comme message qui visiblement, a mal été interprété et a sonné mon glas !

      J’en reviens donc à ce que vivent les enfants actuels qui ne bénéficient pas de ces structures et continuent à subir des cursus qui font et forment le patriarcat. Il y a pourtant eu un long débat en France et cela a été repris par l’extrême-droite qui n’a rien compris au binz, mais qui en a fait sa bouillie à jeter en pâture aux personnes qui ne se sont pas penchés sur cette étude universitaire qui est pourtant pas difficile à comprendre si on n’y met pas de mauvaise fois. Le but n’est pas de nier la personnalité sexuelle de l’enfant dès son plus jeune âge, mais plutôt de laisser l’enfant explorer son environnement sans être automatiquement jugé, voire persécuté si ilLE a choisi un camion ou une poupée.

      C’est donc à la base même de l’éducation que l’on doit intervenir si on veut abolir le patriarcat et que les êtres humains soient sur le même pied d’égalité. Et ce ne sera que par le biais de l’éducation et de l’environnement que ces enfants ne reproduiront plus le schéma « maman fait la cuisine » alors que « papa travaille plus que maman, parce qu’il gagne plus parce que c’est un homme ».

      Si les parents reproduisent inconsciemment le même schéma que celui vécu depuis des lustres, je ne vois pas comment le patriarcat sera aboli. Parce qu’à moins d’être aveugle, le patriarcat est bien installé et a encore de profondes racines.

      J’espère que cette fois-ci, je me suis bien fait comprendre, parce que je ne peux être plus claire.

      De plus, j’ai dû me battre et faire ma place. J’étais une des toutes premières femmes à faire des chantiers et j’ai dû faire mes preuves à double pour être prise au sérieux. Je n’ai pas voulu d’enfant par choix personnel - donc je ne suis pas accomplie - et je ne me suis pas mariée, ce qui m’a valu d’être catherinette à 25 ans. J’ai subi toutes sortes de pressions pour être mariée pendant que j’avais encore des ovules, que ce soit par la génération de mes parents que de ma propre génération, j’en passe et des meilleures.
      J’ai fait et réparais mes motos très jeune et ai passé mon permis bagnole qu’à l’âge de 22 piges pour des raisons professionnelles. J’ai fait une période dans une boîte informatique pour le développement d’un logiciel de dessin en formant un gars qui gagnait plus de 1’000 chf par mois parce que c’était un homme. Quant aux femmes, elles me voyaient comme un danger parce que j’étais libre et je revendiquais cette liberté. Comme si j’allais piquer leur mari !

      Je ne me sens pas féministe et je ne pense pas que je l’aie été une fois. Je me sens féminine sans plus, parce que je n’ai pas la force d’un homme. J’aime bien m’habiller relax voire originale, ce que ne peuvent pas faire les hommes. Je me suis toujours très peu maquillée parce que je n’avais pas appris à le faire, les jeunes filles qui se maquillaient étant considérées comme des putes !
      Je me sens plus dans le slogan « ni pute, ni soumise » que dans « les chiennes de garde ». C’est mon choix, quoique je n’aime pas faire partie de clan.

      Les affronts, je les connais et j’ai plus été rejetée par les femmes que par les hommes. J’ai appris simplement à ne plus faire gaffe à toutes ces « injustices » parce que je ne voulais pas me plier à des stéréotypes qui étaient et sont encore enseignés. J’ai eu cette possibilité que je me suis donnée pour pouvoir griller ma vie par les deux bouts et je ne regrette rien, même si actuellement, je passe à la caisse...comme tout le monde un beau jour.

      Entendez bien que je ne veux pas me victimiser, loin de là, parce que je me suis trop bien amusée sans tenir compte de touTES les personnes qui n’ont pas voulu me comprendre... ou qui m’ont aussi parfois enviée. C’est pourquoi, lorsque je vois que le schéma n’est pas encore brisé, bien qu’il y ait un léger mieux, je me permets de faire ce constat, n’en déplaisent à ceuSSEs qui veulent encore cadrer et encadrer, voire mouler leurs enfants pour les surprotéger peut-être. Alors qu’un enfant peut être très fort...et moins con qu’on le pense.

      C’est pas tout ça, par contre, je subis le chiennarcat et là, il n’y a pas de triche.
      Amitiés

    • Hum, je vais tenter de te répondre @geneghys même si il me semble l’avoir déjà fait sans que tu ne sembles lire ni ma réponse ni les propositions de lecture faites sur le #féminisme et notamment celles de @mad_meg.

      Le texte de départ ne parlait nullement d’éducation, il parlait d’une femme qui en a marre d’osciller entre ce qu’elle veut vivre et ce qu’elle doit subir du fait d’être une femme. Pour l’éducation au genre, ouvre un autre post, et commençons par parfaire ou détruire des pans de la nôtre si il le faut.

      http://sandrine70.wordpress.com/2013/05/10/victimes-de-mais-pas-victimes-par-definition

      Comme tous les systèmes qui acceptent les inégalités, l’ordre néolibéral déteste les victimes. Parler d’un être humain sans défense, d’un être vulnérable, suppose en effet la nécessité d’une société juste et le besoin d’une protection sociale. Rendre #tabou la notion de victime est une étape pour légitimer le fossé entre les classes sociales et les sexes.

      Tu dis :

      Je ne me sens pas féministe et je ne pense pas que je l’aie été une fois.

      Je me sens plus dans le slogan «  » que «  »

      Laissons de côté les slogans pour le moment, d’autant que les émanations sarkozystes à la sauce pseudo féministe me révoltent. À vrai dire, je sature un peu de ce genre d’assertion qui se désintéressent d’ #élargir_au_politique, la position féministe participant de ce politique, c’est à dire penser et questionner (donc douter) au-delà de son propre vécu. Je tente de comprendre ton mélange d’expériences douloureuses que tu as décrit plusieurs fois sur seenthis, mêlé à une posture de non-victime et de non-féministe puis tes affirmations sur ce que devraient faire les femmes. Sache que ton discours sonne ou comme du déni ou comme un renfort à l’ordre patriarcal, une sorte de #mansplaining ou la réussite de l’individu extrait de son contexte prévaut dans une sorte de qui le veut le peut … que tu sois une femme augmente seulement ma consternation. Je suis étonnée que tu ne vois pas la contradiction et à quel point tu valides la position des dominants.

      J’ai appris simplement à ne plus faire gaffe à toutes ces « injustices » parce que je ne voulais pas me plier à des stéréotypes qui étaient et sont encore enseignés.

      Que tu fasses de la moto ne change rien de ce à quoi tu as été confrontée et comment les femmes sont socialement déconsidérés, quelles qu’elles soient ou fassent individuellement.
      Si je prends l’exemple du job où tu as été moins payée qu’un homme, tu ne sembles pas vouloir admettre que tu as été « victime de » patrons qui considèrent, consciemment ou pas, que les femmes sont méprisables. J’entends ton refus comme beaucoup d’infériorisé·e·s d’un terme qui de par son existence définit le contour des possibles (à exploser) et pourtant il n’existe pas d’autre mot.
      Si tu ne fais plus gaffe aux injustices que tu as vécu, c’est bien que le processus de l’anesthésie a fonctionné. Les femmes peuvent donc continuer à se prendre des coups, à ne pas dire qu’elles sont victimes, et à accepter que d’autres en prennent, de toute façon, à un moment, on ne sent plus rien. Cela marche de la même façon avec la violence physique, je le sais, j’ai été frappée enfant, à un moment, on décroche pour ne plus rien sentir.

      Dire qu’on en a marre d’être assignée au rôle de victime qui est donné aux femmes ne signifie pas baisser les bras, et peut-être faudrait-il inventer un autre mot, ou dire « victime DE » et non « victime » tout court ? Le texte de départ tentait de dénoncer le tabou de cette énonciation qui permet aux allemandes violées pendant la guerre de serrer les dents en souriant pendant plus de 60 ans et de ne rien dire des atrocités vécues ? alors qu’accepter d’en user vaut bien acte de révolte et non de soumission, avec au-delà au moins l’espoir que cela cesse. On peut aussi voir ce texte comme une aide à d’autres femmes pour dénoncer leur ras-le-bol, et modestement se poser des questions. Nier ce que subissent nombre de femmes d’un revers de son propre vécu, ce n’est pas un ’franc parler’ c’est inconscient, et si cela ne l’est pas, c’est dégueulasse.

    • Mea culpa, je crois avoir lu trop vite le texte de départ et avoir zappé l’essentiel. Et je zappe souvent cet essentiel-là pour des raisons qui me sont propres.
      Je suis désolée d’avoir écrit ce que j’ai écrit et comme tu dis, c’était dégueulasse de ma part. On ne peut même pas parler d’inconscience car je n’entends pas lorsqu’on parle d’abus et de viol.
      Je n’ai que ça à rajouter...