• Politiser la #haine

    Impossible de déjouer l’ascension électorale du #Rassemblement_national sans comprendre le #soutien que lui apportent un ensemble d’organisations non partisanes, extraparlementaires, d’intellectuels ou encore d’influenceurs, bref sans regarder du côté de cette nébuleuse identitaire qui lui sert de marchepied. Restés en marge de l’arène électorale, les #identitaires se sont progressivement placés au cœur d’un écosystème médiatique en se fondant dans les cadres du #néolibéralisme pour gagner en #respectabilité. Par la politisation des affects, ils construisent une #altérité_radicale entre un « nous » (les Français « de souche », les hommes, le vrai peuple) et un « eux » (les musulmans, les féministes, les trans, les « #woke »), qui contribue à rendre populaires les #idées_réactionnaires.
    Ce livre est le fruit d’une enquête au long cours. Débutée par une immersion chez les identitaires en 2010, elle est enrichie par l’analyse sociologique de leur #médiatisation, de leurs filiations idéologiques et de leurs #réseaux.

    https://ladispute.fr/catalogue/politiser-les-affects

    #livre #RN #médias #extrême_droite

    ping @karine4

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    Extraits publiés sur le site de acrimed :
    https://www.acrimed.org/Politiser-la-haine-la-strategie-du-buzz

    Se placer du côté des « gens respectables »

    Dans leur rôle de cadrage des problèmes publics, les identitaires associent un langage propre à chacune de leurs actions : « Français de souche », « racisme antiblancs », « francocide » ou encore « grand remplacement ». Ces mots constituent un moyen pour eux de fabriquer des raccourcis interprétatifs. Les musulmans sont notamment associés à l’insécurité (ils sont assimilés à des « racailles ») en même temps qu’à des mauvais pauvres (ils viendraient bénéficier des aides sociales). Surtout, les immigrés sont rendus responsables de leur sort, puisque leur comportement serait imputable à leur essence (leur culture, leur religion, leur personnalité) plutôt qu’à des logiques sociales, collectives et structurales. De cette façon, les actions médiatiques des identitaires opèrent un acte de minoration des populations musulmanes, qui sont construites comme des altérités radicales [1], infériorisées par rapport à la population majoritaire. En relayant ces actions, les médias participent à la diffusion de ces chaînes de causalité et à la construction de la stigmatisation des populations musulmanes, dans un contexte où celles-ci sont invisibilisées dans l’espace public, en particulier les femmes, plus encore lorsqu’elles portent le voile [2].

    Mais ces raccourcis interprétatifs auraient peu de chances de s’imposer s’ils n’étaient pas alignés sur certains présupposés idéologiques déjà présents dans les médias grand public. Les journaux télévisés ont tendance à parler des minorités – comme c’est le cas des habitants racisés des banlieues – pour y souligner, souvent à partir des cas les plus extrêmes, les supposés problèmes d’insécurité (vols, drogue, rodéos, etc.) et de communautarisme religieux [3]. Cette médiatisation des banlieues offre un miroir saisissant de celle, folkloriste, proposée par le JT de 13 heures de TF1, des villages « authentiques » d’une France rurale des terroirs et des traditions [4]. Le cadrage audiovisuel des territoires populaires place insidieusement le normal du côté du peuple blanc, par opposition à des minorités racisées qui sont présentées par rapport à un écart avec la norme majoritaire et blanche. Certes, la réception de ces programmes télévisés ne vaut pas automatiquement adhésion et l’on sait que leur réception induit parfois des formes de résistance ou d’attention oblique [5]. Toutefois, ce constat n’empêche pas d’interroger la place des médias dans la construction des rapports sociaux de classe [6] et de race et la façon dont ils donnent la possibilité au public de réaffirmer ses positions au sein de cette structure sociale et raciale [7]. En cela, l’audiovisuel n’offre pas tant des idéologies racistes explicites que des principes de vision et de division du monde social et racial qui concordent avec les impensés de la population majoritaire [8] et qui concordent avec les visions du monde des identitaires.

    À l’inverse, dans l’audiovisuel privé en particulier, la gauche, bien plus que l’extrême droite, semble nager à contre-courant. Les journaux télévisés de ces chaînes fournissent un cadre normatif propice à la mise à distance des formes jugées illégitimes d’expression de l’injustice. Les mouvements de grève sont d’autant plus disqualifiés lorsqu’ils troublent l’ordre économique – blocage des raffineries, grève des transports, etc. – ou l’ordre sécuritaire – « violences » des manifestants, etc. [9] Le micro-trottoir auprès des voyageurs restés en gare du fait d’une grève des cheminots ou les porte-parole sommés de condamner les dégâts matériels causés par des manifestants apparaissent comme autant d’invitations à ce que le public s’identifie davantage aux usagers et consommateurs des biens et des services qu’aux travailleurs dont les motivations et la colère restent souvent incomprises.

    Les programmes de divertissement suivent une logique similaire, offrant des conseils pour optimiser ses achats, acquérir un logement, mais aussi l’aménager et le décorer. Ils enseignent également comment cuisiner, s’habiller ou éduquer ses enfants, participant ainsi à définir les bonnes normes et à dessiner les contours de la respectabilité sociale. Cette offre médiatique matérialise des distances entre groupes sociaux au sein des classes populaires, en valorisant plutôt les propriétaires par rapport aux locataires, ceux qui travaillent par rapport à ceux qui font grève, etc. La construction symbolique des groupes sociaux qu’opère cette offre médiatique et politique incline bien plus le public à regarder vers le bas, c’est-à-dire vers les fractions des classes populaires plus vulnérables, auprès desquelles il faut maintenir coûte que coûte une distance économique et culturelle, au détriment d’un regard porté vers le haut, c’est-à-dire vers les groupes sociaux mieux dotés, et qui semblent plus figurer comme des modèles à suivre que comme des modèles à éviter [10]. Or, sur les territoires où le vote RN semble être le mieux installé, être du côté de Marine Le Pen revient à se placer du côté des gens respectables, si bien qu’il n’est plus du tout un vote indicible, mais au contraire un motif de fierté [11]. À l’inverse, voter à gauche revient à se placer du côté des « cassos » – les fractions les plus fragilisées des classes populaires – et des immigrés, perçus comme des groupes moins respectables que le sien. Pour ces sympathisants RN, ils viendraient en France et feraient des enfants pour profiter des aides sociales, vendraient ou consommeraient de la drogue, commettraient des vols, auraient une hygiène douteuse [12].

    C’est pourquoi, dans les faits divers qu’ils politisent, les identitaires se placent toujours du côté des « gens respectables », de la majorité blanche. Dans un atelier consacré à la construction d’actions pour attirer l’attention des médias, on apprend à les accompagner d’une sémantique racialisante. Le formateur-militant fait état de quatre piliers que tout bon militant devrait avoir en tête lorsqu’il imagine une future action : « l’originalité, l’audace, la finesse et l’insolence ». « Surtout, évitez d’énoncer directement des généralités et préférez partir d’un fait. » Les identitaires aiment en effet s’appuyer sur des faits divers placés sous les feux de l’actualité, qui suscitent une vive émotion : l’affaire René Galinier, le décès de soldats français en Afghanistan, etc.

    « Par exemple, le restaurant "Chez papa" emploie des clandestins alors qu’il sert des produits du terroir [13]. Réfléchissez à l’angle. Qu’est-ce que vous voulez dénoncer ? Qu’est-ce que vous voulez faire ressortir ? Dans ce cas, dénoncer le patronat c’est trop vague, mais on peut préciser de quels patrons on parle. Réfléchissez aussi à qui revendiquera l’action : une association ? Les jeunes identitaires ? Le Bloc identitaire ? Ayez à l’esprit que l’objectif d’une action est double. Elle a comme objectif premier de faire interdire des concerts, comme dans le cas de la campagne contre Sniper (un groupe de rap), ou de dénoncer la malbouffe. Mais il y a un enjeu secondaire qui consiste à faire entrer une idée ou un concept dans la tête, comme "sanctuarisation du domicile" dans le cas de l’affaire Galinier [14]. Enfin, réfléchissez à la façon de médiatiser, à travers un communiqué de presse, des photos ou des vidéos, en sachant qu’il faut toujours publier avant le lendemain. Dans le cas d’une prise vidéo, réfléchissez à tout, à filmer le cadre de l’action et à faire des plans généraux, à bien positionner la banderole par rapport à la caméra. Travaillez une mise en scène, comme on l’avait fait pour l’action du Quick halal : "Vous ne servez pas de cochon, ils vont venir à vous !". Donc prévoyez des slogans, des banderoles, des tracts. La banderole est intéressante parce qu’elle fixe le message. N’oubliez pas en la réalisant que le plus important, c’est la vidéo, pas les gens qui sont là. Et ne cherchez pas non plus à copier ou à faire du réchauffé. Essayez toujours d’innover. »

    De cette façon, l’immigration devient dans le sens commun la principale cause des maux sociaux, éclipsant les cadrages concurrents de la gauche. Cette dernière est rendue inaudible sur les questions d’immigration, dont l’extrême droite est devenue propriétaire. Elle parvient plus difficilement à exposer ses propres chaînes de causalité dans les médias, et notamment la façon dont les rapports de pouvoir se perpétuent. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Jusque dans les années 1970, le discours dominant à propos de l’immigration reposait sur un cadrage « humanitaire », mettant l’accent sur la vulnérabilité d’immigrés qui bénéficient de peu de droits et qui subissent des discriminations racistes. Mais il est concurrencé à partir des années 1990 par un discours conservateur qui associe l’immigration à un trouble à l’ordre public et à une menace pour l’unité de la nation [15]. De personnes à défendre, les immigrés deviennent ainsi progressivement des individus à combattre. Militants et sympathisants d’extrême droite se mobilisent pour faire valoir leur point de vue, et quand les médias relaient le cadrage conservateur du phénomène migratoire, ils participent dans le même temps à invisibiliser le cadrage « humanitaire » concurrent.

    Pour le Rassemblement national, l’activité médiatique des identitaires est une aubaine. Le parti se propose de « remettre en ordre » la nation, en l’épurant de ses membres dont il présume qu’ils menacent son équilibre. La prise en charge politique du problème – moins de tolérance, sécurisation du territoire, etc. – est alignée sur le cadrage des identitaires, qui constituent ainsi des alliés objectifs du RN. Plus encore, les identitaires contraignent les politiques à se situer par rapport à un problème qu’ils sont parvenus à formuler et à imposer dans l’espace médiatique. La droite, et parfois au-delà, en concurrence avec le RN pour le même électorat, peut alors être tentée de reprendre la rhétorique de l’extrême droite et les propositions qu’elle formule pour tirer un bénéfice politique de ce cadrage médiatique. Indirectement, la stratégie métapolitique des identitaires contribue ainsi à tirer vers elle le débat public. On voit toute l’importance pour l’extrême droite positionnée dans le champ politique, principalement le Rassemblement national, d’être indirectement soutenue par des alliés positionnés de façon homologue dans le champ médiatique.

  • AI myths

    With every genuine advance in the field of ‘artificial intelligence,’ we see a parallel increase in hype, myths, misconceptions and inaccuracies. These misunderstandings contribute to the opacity of AI systems, rendering them magical, inscrutable and inaccessible in the eyes of the public.

    https://www.aimyths.org
    #déconstruction #mythe #idées-reçues #AI #IA #intelligence_artificielle #fact-checking

  • Y a-t-il des vrais et des faux réfugiés ? - ARTE

    (bon ok le titre est pourri)

    15:44 Le classement de l’Insead (qui classe les pays par attractivité pour les talents) montrent que la france est classée 19eme alors qu’on est la 6em puissance économique mondiale. La france est devenue un repoussoir à gens intelligents.
    Emmanuelle Auriol

    https://www.arte.tv/fr/videos/103447-006-A/y-a-t-il-des-vrais-et-des-faux-refugies


    Karen Akoka

  • #Immigration : le grand #déni

    Par un étrange paradoxe, ceux qui s’imaginent que la France ferait face à un « #tsunami » migratoire, par la faute des politiques, de l’Union européenne ou des juges, sont également convaincus que la migration est une #anomalie dont la France pourrait se passer. On grossit l’immigration pour mieux la dénier. Pour dissiper ces #illusions, il faut en revenir aux #faits. Oui, la population immigrée a progressé en #France depuis l’an 2000, mais moins que dans le reste de l’Europe. Non, notre pays n’a pas pris sa part dans l’accueil des réfugiés. La hausse vient d’abord de la migration estudiantine et économique, tandis que la migration familiale a reculé. En exposant les enjeux de la #loi_Darmanin de 2023, en rappelant combien la frontière est mince entre séjour régulier et séjour irrégulier, ce livre propose une approche résolument nouvelle de la question migratoire.

    https://www.seuil.com/ouvrage/immigration-le-grand-deni-francois-heran/9782021531145
    #livre #préjugés #migrations #idées_reçues #afflux #invasion #statistiques #chiffres
    ping @karine4

  • Trois #idées_reçues sur l’#Ukraine en #guerre

    « Les Ukrainiens sont fatigués », « l’Ukraine n’arrive plus à recruter des combattants », « les Ukrainiens souhaitent négocier ». Ces commentaires que l’on entend de plus en plus souvent depuis un an dans nos médias et sur nos réseaux sociaux ont toute l’apparence d’un simple constat de faits issus de l’observation.

    Devenus des lieux communs, ces clichés circulent de plateaux de télévision en cercles de réflexion, désormais sous forme d’évidences inébranlables, tout comme étaient une évidence inébranlable la représentation héroïque de l’Ukraine il y a encore deux ans. L’épaisseur sociale de la guerre se perd dans ces diagnostics rapides qui aplanissent les situations complexes, gomment la pluralité des acteurs et négligent les choix difficiles que ces derniers doivent faire. Or, ces énoncés ne sont pas politiquement neutres, car ils construisent une certaine représentation de l’Ukraine qui peut servir à justifier des choix politiques que nos gouvernants sont amenés à faire dans la guerre. Déconstruire les diagnostics de sens commun, c’est aussi nous donner des outils plus fins pour comprendre et agir.
    « Les Ukrainiens sont fatigués »

    70 % d’Ukrainiens ont en 2024 un proche qui combat ou qui a combattu contre la Russie dans les rangs de l’armée ukrainienne. Près de 80 % déclaraient en 2023 avoir au moins un proche blessé ou mort à la guerre. Ces indicateurs seuls suffisent à montrer le prix considérable que paie la société entière dans ce conflit armé. Au bout de trois ans de guerre de haute intensité, la fatigue des combattants sur le front, celle des institutions fonctionnant en situation d’urgence permanente, et celle des civils devant s’ajuster à un risque quotidien sur tout le territoire du pays, est indéniable. La résistance armée, tout comme la résilience civile, ont un coût, et nous ne mesurons pas encore leur impact durable sur les personnes et la société dans son ensemble.

    La fatigue est bien là, et il ne pourrait pas en être autrement. Cependant, derrière le constat de fatigue des Ukrainiens, on entend, implicitement posé, une autre affirmation, un doute sur leur volonté de poursuivre le combat. La société épuisée le serait littéralement : vidée de ses ressources, sur le point de s’arrêter faute de carburant. Ma collègue ukrainienne, l’intellectuelle Tatyana Ogarkova, le disait un jour dans un échange avec les étudiants : « Quand on me pose la question “êtes-vous fatigués ?”, j’entends derrière “Quand est-ce que vous allez enfin vous arrêter ?” »

    Il est indispensable de s’écarter de l’analogie un peu trop facile entre fatigue et fin de consentement à poursuivre la guerre.

    Les enquêtes d’opinion publique mesurent depuis le début de la guerre la volonté de la société ukrainienne de continuer le combat contre l’agresseur russe. Évidemment, les réponses données ne reflètent pas tant les choix faits par chacun des Ukrainiens quand la guerre vient frapper à sa porte, que la manière dont la société se perçoit et se raconte à un moment donné. Cependant, même lues de cette manière, les réponses, et surtout leur dynamique, sont riches d’enseignements. Ainsi, l’Institut international de sociologie de Kyiv pose, à intervalles réguliers, la question aux Ukrainiens : « Combien de temps encore êtes-vous prêts à endurer la guerre ? » Pendant deux ans, entre mars 2022 et février 2024, la réponse « le temps qu’il faudra » a plafonné en tête avec des scores de 71 %-73 % des réponses. Une baisse s’observe effectivement dans la troisième année de la guerre, avec 63 % en octobre et 57 % en décembre 2024. Ce qui a surtout augmenté pendant cette période, c’est la proportion de réponses « difficile à dire », passée en un an de 4 % à 18 % des réponses, et jusqu’à 28 % dans l’est du pays, au plus près de la zone de front. Les incertitudes d’une période où les Ukrainiens ont pris conscience que l’aide de leurs partenaires ne leur donnait pas les moyens d’une victoire militaire sur la Russie, ont inscrit la guerre dans une autre temporalité aux yeux de la population : « le temps qu’il faudra » ne se compte désormais plus en mois, mais en décennies, et introduit le trouble.

    Dans une enquête réalisée de manière récurrente par Rating group, à la question « Croyez-vous que l’Ukraine gagnera cette guerre ? »[1], 97 % des personnes interrogées ont répondu par la positive pendant les deux premières années de guerre. Le taux de réponses positives est descendu à 88 % depuis février 2024. Ce qui change surtout, c’est la répartition entre ceux qui se déclarent « certains » que l’Ukraine gagnera la guerre (81 % début 2022, 56 % à l’automne 2024) et ceux qui pensent qu’elle la gagnera « probablement » (16 % en 2022, 32 % en 2024). Ce que nous indiquent ces enquêtes, c’est à la fois le maintien d’un consensus social autour d’une guerre perçue comme juste, et une confrontation à des difficultés accrues, à la fois à l’intérieur de la société et dans le soutien international à l’Ukraine.

    Cependant, au-delà des chiffres, l’observation des pratiques quotidiennes des Ukrainiens montrent une société en constante évolution, engagée dans une dynamique d’ajustements permanents aux nouveaux problèmes qui surgissent. À l’arrière du front, de nombreux Ukrainiens sont engagés de leur propre initiative dans des activités de défense. Par exemple, depuis la prise de conscience de la centralité des drones sur le champ de bataille actuel, les centres privés ou associatifs de formation au pilotage de drone, des initiatives de recherche sur les technologies qui y sont associées, des ateliers artisanaux ou industriels de fabrication de ces matériels, de levées de fonds pour l’achat de drones, se sont multipliés dans la société. Lorsque la problématique sur le champ de bataille change ou que de nouveaux besoins surgissent, la société se réorganise.

    Sur les territoires diversement affectés par les combats, les Ukrainiens travaillent très activement à préserver les fondamentaux de la vie civile : continuité de l’éducation, maintien des services publics, activités économiques, vie culturelle. Cette paradoxale normalité, si surprenante pour le visiteur étranger qui s’étonne de voir les boutiques ouvertes et les cappuccinos servis sur les terrasses de café des villes ukrainiennes, n’est pas le signe d’un désengagement de la société qui souhaiterait oublier la guerre, mais un acte de résistance au quotidien. Alors que nos médias ne cessaient de promettre à l’Ukraine un hiver 2024-2025 catastrophiques sans chauffage ni électricité, l’Ukraine semble contrer les attaques sur ses infrastructures mieux que prévu. Repousser, reconstruire, refaire marcher, secourir après un bombardement est un travail de Sisyphe, mais c’est lui qui montre le mieux la capacité de la société ukrainienne à être fatiguée, tout en continuant à rechercher des ressources nouvelles pour avancer.
    « L’Ukraine n’arrive plus à recruter de combattants »

    « Oui mais le front ? », retorquera le lecteur attentif. Les difficultés de l’armée ukrainienne sur le champ de bataille sont mises en scène au quotidien dans des comptes-rendus médiatiques, à grands renforts de cartes d’avancée ou de recul des troupes, tellement zoomées qu’elles en deviennent illisibles. Si le chapelet des noms de localités prises ou abandonnées par les belligérants tel ou tel jour brouillent la compréhension et se fondent dans un brouhaha monocorde, un message se détache clairement : l’armée ukrainienne manque de combattants, n’arrive pas à en recruter assez, et fait face à une multiplication de désertions.

    Une fois de plus, le message vient avec un sous-entendu : si l’armée peine à recruter et garder les combattants, c’est peut-être que les Ukrainiens ne souhaitent plus combattre et ne consentent plus à poursuivre cette guerre. Là aussi, il est indispensable de détacher la question du consentement à la prise d’armes de celle du consentement à la guerre. Chercher à comprendre les logiques sociales et les contraintes administratives à l’œuvre dans le recrutement des combattants offre une porte d’entrée bien plus heuristique dans la question cruciale du recrutement de civils pour la guerre.

    La mobilisation militaire n’est pas seulement un acte performatif, elle est aussi un ensemble d’actions administratives qui assurent sa mise en œuvre, portées par des institutions plus ou moins aptes à la conduire. Le grand élan d’engagement volontaire dans l’armée qui a immédiatement suivi l’agression russe, a assuré la constitution d’unités combattantes pendant la première période de la guerre, mais a aussi masqué pendant plusieurs mois les fragilités de l’administration militaire.

    L’une de ces fragilités était la difficulté pour les forces armées à identifier les civils qu’elles souhaitaient mobiliser : les registres des citoyens au regard de leur obligation militaire étaient sous format papier, localisés dans des bureaux dispersés, et surtout très inégalement mis à jour. La mobilisation générale prévue dans la législation ukrainienne ne suit pas une logique de sélection aléatoire, mais procède de manière progressive, des citoyens ayant la meilleure expérience militaire, jusqu’à ceux qui n’en ont aucune. S’il était relativement facile d’identifier les citoyens qui avaient récemment quitté les forces armées ou fait leur service militaire peu de temps auparavant, l’administration militaire a éprouvé de plus en plus de difficultés au fur et à mesure de la progression de la guerre, alors qu’elle devait piocher dans des catégories de citoyens dont le lien avec l’armée était bien plus distendu, qui n’avaient jamais mis à jour leur dossier dans les registres.

    La difficulté était moindre en milieu rural, où il était plus facile de recenser les mobilisables, que dans les grandes villes, ce qui a conduit l’armée à sur-recruter dans les campagnes, donnant l’image d’une mobilisation inégalitaire et socialement injuste. Dans les villes, les bureaux de recrutement, dotés de fichiers de moins en moins pertinents sur des hommes de moins en moins socialisés à l’armée, ont multiplié les dérives. Les pratiques de rafles largement médiatisées, où des militaires étaient filmés en train d’arrêter et d’embarquer des hommes en pleine rue, étaient révélatrices de la tension entre l’ordre donné aux bureaux de recrutement de mobiliser un certain nombre d’hommes, et l’inadaptation des outils administratifs mis à leur disposition pour le faire. La numérisation des registres militaires est bien en cours, et une base de données électronique unifiée est entrée en fonctionnement il y a quelques mois, signalant la prise de conscience par l’État ukrainien des conséquences désastreuses de cette faille administrative. Grâce à ce nouvel outil, les pratiques de recrutement vont peut-être évoluer.

    Au-delà des difficultés pratiques, la guerre pose une question fondamentale en Ukraine : celle du modèle du devoir citoyen en vigueur dans la société, et de l’adéquation du dispositif de mobilisation militaire à ce modèle. Pensé pour les guerres et les sociétés d’hier, le modèle de la mobilisation repose sur la figure du citoyen-soldat, unité de base des forces armées dont cette dernière peut faire un usage indiscriminé. Ce modèle vient heurter les contours de la citoyenneté et du devoir citoyen élaborés dans l’Ukraine de ces dernières décennies. Dans une société où l’État était perçu comme fragile et potentiellement défaillant, et où les idées libérales d’initiative et d’autonomie ont été au contraire valorisées, les citoyens ont élaboré des modes particuliers d’action pour le bien commun.

    Dès le début de la guerre dans le Donbass en 2014, les citoyens se sont engagés dans la défense du pays, mais au sein de communautés restreintes. De nombreux civils avaient rejoint des bataillons volontaires, sensibles à la liberté et à la camaraderie dans leur fonctionnement. D’autres se sont engagés dans des groupes associatifs, autour de projets : achat d’équipements pour l’armée, évacuation de blessés, réintégration de vétérans… Être efficace et utile, utiliser au mieux ses compétences au service de son pays, en appui de son État, est devenu le mode le plus valorisé d’accomplissement de son devoir citoyen. En se focalisant strictement sur l’institution militaire, les analystes négligent souvent un pan entier de la société ukrainienne activement engagée dans la défense, comme les initiatives autour des drones évoquées plus haut. Ces initiatives, externes à l’armée, viennent pourtant en support de la conduite de la guerre. Elles contribuent aussi à créer un vaste espace social, entre civil et militaire, de citoyens déjà concrètement engagés dans la guerre.

    La mobilisation, anonyme et aveugle à l’expérience de vie de l’appelé, à ses projets et à sa perception de son utilité au service du pays, vient heurter de plein fouet ce modèle de citoyenneté. Le choc est encore accentué par le profil démographique des mobilisés. L’âge moyen de l’armée ukrainienne est en effet assez élevé, autour de 40-45 ans. Ces hommes arrivent dans l’armée riches d’une expérience personnelle et professionnelle, conscients de leurs handicaps, dont l’impréparation physique, mais conscients aussi de leurs atouts. Ils sont, encore moins que d’autres, prêts à devenir des unités interchangeables sur le front.

    L’État ukrainien a pris conscience de ce problème, et teste aujourd’hui des dispositifs d’ajustement des modes de recrutement à ces exigences de la société. Grâce aux initiatives proposées initialement par la société civile, l’État met en place des circuits de recrutement plus décentralisés et alignés sur les pratiques du privé, où les civils postulent de leur propre initiative à des offres d’emploi proposés par telle ou telle brigade des forces armées. Composer une armée à partir d’un corps social de civils, dans l’urgence de la guerre, n’est pas seulement une opération logistique : la mobilisation confronte aussi l’État aux fondements de son contrat social et au contenu du devoir citoyen.

    La désertion, elle aussi largement médiatisée en tant que signe de démoralisation des Ukrainiens, relève également de logiques sociales bien plus complexes. De nombreux déserteurs, à la fois ceux qui sont nouvellement arrivés sur le front et ceux qui combattent depuis bientôt trois ans, pointent des raisons très précises de leur refus à continuer. L’absence de durée maximale de mobilisation est l’un des points de blocage. Alors qu’au début de la guerre, les combattants ne se posaient pas la question de la durée de leur engagement, la temporalité du conflit a changé. Conscients d’une armée russe qui se réorganise et se renforce, et de partenaires occidentaux qui, dans la perception ukrainienne, prennent soin de donner à l’Ukraine juste assez d’armes pour tenir, mais pas assez pour gagner, les Ukrainiens voient aujourd’hui leur guerre s’inscrire dans un temps très long. Dès lors, être mobilisé pour la durée totale de la guerre revient à s’engager jusqu’à sa mort, et de devoir abandonner tous projets d’après-guerre qui devient un horizon qui s’éloigne à mesure qu’on avance. Cette situation est aujourd’hui insupportable pour de nombreux combattants qui désertent pour signifier leur protestation, et exigent la fixation d’une date de démobilisation en échange de leur retour sur le front. L’État ukrainien est dès lors dans une équation difficile à résoudre : il doit mobiliser plus de combattants, mais pour pouvoir les attirer, il doit accepter de démobiliser.

    Enfin, les motifs de désertion, évoqués notamment dans une enquête récemment publiée, relèvent aussi des problèmes de montée en capacité de l’armée ukrainienne : le manque de commandants compétents, les défauts d’encadrement et les défauts de la formation sont notamment soulignés par les déserteurs comme motifs principaux de leur départ. Ces problèmes organisationnels sont un défi majeur pour l’armée ukrainienne et jouent certainement sur le moral des troupes. Cependant, ils sont très loin de marquer un état de débâcle morale et ne s’accompagnent pas forcément d’une perte du sens de la guerre. Souvent vue comme un « exit », la désertion des Ukrainiens se rapproche parfois au contraire du « voice », une prise de parole active pour demander des réformes à l’État.
    « Les Ukrainiens souhaitent négocier »

    Les mots comptent. « Pensez-vous que le moment de pourparlers de paix officiels entre l’Ukraine et la Russie soit arrivé ? », interroge la population ukrainienne l’institut de sondages Fondation des initiatives démocratiques, en juin 2024. 44 % des personnes interrogées répondent par la positive. Le chiffre se met rapidement à circuler dans les médias, mais avec une formulation légèrement différente : « 44 % des Ukrainiens sont prêts à des négociations avec la Russie », rend ainsi compte du sondage dans un article Public Sénat.

    « L’Ukraine doit-elle rentrer dans des pourparlers avec la Russie pour tenter de parvenir à la paix ? », interroge l’Institut international de sociologie dans un sondage, et obtient 57 % de réponses positives en mai 2024. Cependant, dans la version anglaise de cette enquête, commanditée par le think tank américain National Democratic Institute, le terme de pourparlers (« переговори » en ukrainien) a disparu, remplacé par celui de « négociations » : « Do you think that Ukraine should engage in negotiations with Russia to try to achieve peace ? », dit la version anglaise. La formulation est reprise à l’identique par Le Monde quelques mois plus tard, en affirmant que la part des Ukrainiens « ouverts à des négociations serait passée de 33 %, en mai 2023, à 57 %, un an plus tard », et titrant sur « Les Ukrainiens de plus en plus ouverts à des négociations ».

    Pourparlers ou négociations ? Ce jeu de traduction n’est pas une querelle de linguistes. L’idée d’une volonté croissante des Ukrainiens à négocier, donc s’engager dans un jeu de compromis et de concessions, fait de plus en plus partie du sens commun, là où les sondages faisaient réagir les Ukrainiens sur leur acceptation de pourparlers, c’est-à-dire l’ajout d’un volet diplomatique au volet militaire pour tenter de parvenir à la paix. Consciente ou non, la manipulation produit des effets, en créant une représentation déformée de l’état d’esprit des Ukrainiens dans nos sociétés, mais mettant aussi une pression sur l’Ukraine.

    La pression externe à la négociation est bien perceptible dans la société ukrainienne. Les enquêtes d’opinion permettent de creuser le sujet, pour comprendre la manière dont les citoyens réagissent à ces pressions. En décembre 2024, alors que l’on anticipe déjà la présidence de Donald Trump et sa volonté de pousser à un accord rapide, l’Institut international de sociologie de Kyiv propose aux Ukrainiens différents scénarios de négociation, en les interrogeant sur l’acceptabilité des hypothèses proposées.

    Le scénario « optimiste » d’une Russie qui garde le contrôle des territoires séparatistes de Donetsk et Louhansk et de la Crimée, mais rend à l’Ukraine les régions occupées de Kherson et Zaporijjia, avec une Ukraine qui deviendrait membre de l’OTAN et de l’UE, obtenant des garanties de sécurité sérieuse et une aide à la reconstruction, obtient l’assentiment de 60 % des personnes interrogées. Le scénario « intermédiaire » d’une Russie qui garde le contrôle de tous les territoires occupés, mais d’une Ukraine qui devient membre de l’OTAN, de l’UE, et obtient des garanties de sécurité et des aides à la reconstruction, est déclaré acceptable par 64% des Ukrainiens interrogés. Cependant, pour plus de 2/3 de ceux-là, accepter un tel accord serait une décision « douloureuse à prendre ». Le troisième scénario qu’on peut décrire comme « pessimiste », celui d’une Russie qui garde le contrôle des territoires occupés, avec une Ukraine qui renonce à faire partie de l’OTAN, mais devient membre de l’Union européenne et obtient le soutien nécessaire à la reconstruction, est « douloureux, mais en définitive acceptable » pour 34 % des personnes interrogées, et aisément acceptable pour 7 %.

    Rares sont les Ukrainiens prêts à un accord de paix quel qu’en soit le prix, nous disent ces enquêtes. Plus que le facteur territorial, ce sont les garanties de sécurité qui font la différence. La préoccupation première de l’Ukraine est de préserver sa souveraineté face à une Russie dont l’intention principale est, à ses yeux, au mieux d’assujettir le pays, au pire de le plonger dans le chaos. Ce ne sont pas tant des territoires qui préoccupent les Ukrainiens que le destin de ceux qui se trouvent sur ces territoires, sous une occupation dont l’Ukraine ne cesse de souligner la violence.

    La temporalité de la guerre et cette perception des aspirations de la Russie sont ici centrales pour comprendre l’attitude des Ukrainiens. Alors que les impératifs de l’action politique et du temps contraint par les échéances électorales incitent nos dirigeants à raisonner dans un temps court, et à se projeter en priorité jusqu’à un cessez-le-feu, la société ukrainienne voit dans les négociations à venir seulement une étape dans une guerre inscrite dans un temps qui ne se compte pas en années, mais en décennies. Il y a aujourd’hui un consensus dans la société ukrainienne pour affirmer que l’hostilité russe à une Ukraine souveraine ne se limite pas à la figure de Poutine, et ne s’arrêtera pas avec lui. La guerre d’aujourd’hui poursuit celle de 2014-2022, et sera probablement suivie, aux yeux des Ukrainiens, de celle de demain, où la Russie gouvernée par Poutine ou un autre poursuivra le projet de retirer à l’Ukraine la maîtrise de son destin.

    L’attachement des Ukrainiens à leur adhésion à l’Union européenne est à comprendre dans cette perspective : si 71 % des Ukrainiens interrogés affirment en août 2024 qu’il est inacceptable que la Russie les force à renoncer à rejoindre l’UE, c’est parce qu’au-delà de ses capacités d’aide militaire, l’Europe représente pour eux une garantie politique d’échapper à la déstabilisation et à l’effondrement souhaités par la Russie. Cette garantie politique joue dans le temps long, ce temps long que nous avons tant de mal à appréhender et à anticiper dans cette guerre.

    Éviter des interprétations rapides ne permet pas seulement d’échapper au piège des solutions faciles, et de donner des clefs pour comprendre les événements dans leur inscription historique et sociale. Cela permet également d’ouvrir les yeux sur des questions qui concernent au plus haut point nos propres sociétés, notamment celles qu’il serait plus confortable de ne pas se poser. Quel prix faudra-t-il payer pour notre difficulté à nous projeter dans le temps long ? Quel est le modèle de devoir citoyen observable dans nos sociétés ? Comment nos sociétés réagiraient-elles face à la nécessité de se mobiliser face à un danger, et quels seraient les ressorts d’un engagement ? Quels sont nos outils de résilience et de résistance ? La puissance perçue de nos États est-elle une force ou une faiblesse ? Autant de questions que l’Ukraine nous renvoie, tel un miroir de nos propres doutes.

    https://aoc.media/analyse/2025/02/04/trois-idees-recues-sur-lukraine-en-guerre
    #guerre_en_Ukraine #fatigue #recrutement #négociation

    ping @fil

  • #Livre : Répondre aux #préjugés sur les #migrations

    « Les réfugié·es nous envahissent ! Les personnes migrantes profitent des aides sociales et ne sont pas intégrées ! Elles menacent notre sécurité et notre identité », etc.
    Elles sont nombreuses, en France, les personnes qui accordent du crédit à ces formules-choc qu’on entend régulièrement dans les médias, dans les discours politiques, sur nos lieux de vie. Les préjugés sur les migrations sont nombreux, encore plus en temps de crise : les migrant·es sont alors les coupables parfait·es. Mais ce sont des idées fausses qui ne reflètent en aucun cas la réalité des migrations.

    À travers le démontage de dix idées reçues courantes sur les migrations, ce petit #guide montre qu’il est possible de résister aux manipulations électoralistes et idéologiques qui voudraient faire des migrant·es et réfugié·es la source de tous nos problèmes. Il donne des arguments et des #chiffres basés sur des #statistiques officielles qui invalident ces préjugés pour faire percevoir les migrations comme une #richesse économique, sociale et culturelle, et même comme le seul avenir possible pour notre planète mondialisée.

    Ce guide offre également des pistes pour être citoyen·ne et solidaire des migrant·es au quotidien.

    https://www.pressenza.com/fr/2025/01/livre-repondre-aux-prejuges-sur-les-migrations
    #idées-reçues
    #invasions #chômage #crise #identité #sécurité #intégration #afflux

    ping @karine4

  • "Aucun indicateur ne donne raison à #François_Bayrou sur une prétendue submersion migratoire", selon le démographe #François_Héran

    Selon François Héran, professeur au Collège de France, démographe, spécialiste de l’immigration, les déclarations du Premier ministre français sur un « sentiment de #submersion_migratoire » sont infondées. La France, au regard des indicateurs démographiques, accueille sur son sol peu d’immigrés - comparée à d’autres pays européens.

    Le Premier ministre François Bayrou a soulevé l’indignation d’une partie de la classe politique en affirmant lundi soir que la France « approch[ait] » d’un « sentiment de submersion en matière d’immigration ». L’utilisation du mot « #submersion » - peu anodin - fait partie du vocable du Rassemblement national. Loin de se défendre de ce parallèle avec l’extrême droite, François Bayrou a réitéré ses propos le lendemain à l’Assemblée nationale en les restreignant toutefois à #Mayotte et à certains autres départements.

    Pour le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, le terme est impropre et maladroit. « Il n’y a pas de submersion migratoire, mais il y a des endroits où la concentration d’immigration pose des problèmes sociaux importants qu’il faut arriver à résoudre », a-t-il affirmé.

    Alors le terme est-il exagéré ?

    Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), oui. En 2023, l’#Insee considérait que la population étrangère vivant en #France s’élevait à 5,6 millions de personnes, soit 8,2 % de la population totale, contre 6,5 % en 1975. Les étrangers représentent donc une large minorité. De plus, cette hausse n’a rien d’étonnant - elle se constate dans tous les pays développés.

    « L’immigration n’est pas incontrôlée »

    « L’immigration est perçue comme incontrôlée, comme un problème à résoudre, alors que c’est un phénomène démographique normal », expliquait déjà en septembre à InfoMigrants Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
    « La population mondiale augmente et donc il y a de plus en plus d’immigrés et les immigrés ont tendance à aller de plus en plus vers les pays de l’OCDE ».

    C’est aussi l’avis de François Héran, sociologue et démographe, professeur au Collège de France. « Aucun indicateur ne donne raison à François Bayrou sur une prétendue submersion migratoire », déclare-t-il à InfoMigrants. « Il y a une montée de l’immigration, oui, mais elle est modérée. C’est une poussée continue, pas exponentielle, une augmentation linéaire » qui a cours partout dans les pays développés de la planète.

    « En réalité, poursuit-il, l’immigration progresse au même rythme depuis des années, que ce soit sous les mandats de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron. Rien ne sert de pointer du doigt le précédent président en dénonçant son bilan migratoire, cette augmentation n’a rien à voir avec les politiques françaises ».

    « Nous sommes dans le bas du tableau »

    Surtout, rappelle François Héran, la France accueille peu d’immigrés sur son sol au regard des autres pays européens. Selon une moyenne établie par l’OCDE, seul 1 % d’étrangers supplémentaires s’installent chaque année - pendant un an au moins - dans un pays riche (voir tableau ci-dessous).

    « La France est bien en dessous de cette moyenne : elle est à 0,5 %. Devant nous, il y a l’Allemagne à 0,6 %, la Suède à 0,8 %, l’Espagne à 1 %, la Belgique à 1,1 %, le Portugal à 1,2 %… Nous ne sommes pas en tête du tableau, mais plutôt dans les derniers ».

    Et de continuer en citant d’autres indicateurs. « Selon Eurostat aussi, la France n’est pas le pays le plus accueillant. Elle a une proportion de 13 % d’immigrés dans sa population totale [c’est à dire des étrangers, européens ou non, installés depuis au moins un an dans un autre pays que celui de leur naissance, ndlr] mais le Luxembourg est à un taux de 49 %, Malte de 23 %, l’Allemagne de 18 %… Là encore, nous ne sommes pas en tête du classement », ajoute François Héran.

    Même la référence à Mayotte du Premier ministre ne semble pas convaincre le démographe. « Oui, il y a une concentration forte d’immigrés dans certains territoires, comme à Mayotte, ou en Ile-de-France, ou dans certaines régions frontalières françaises. Mais si ces arrivées peuvent créer, je dirais, une émotion, elles ne correspondent pas à une submersion au regard des chiffres pris dans leur globalité ».

    À Mayotte, pour rappel, les autorités françaises exécutent de nombreuses expulsions vers les Comores voisines. En 2023, environ 24 000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25 000 l’année précédente, et 24 000 en 2021, selon les chiffres de la préfecture. Des chiffres plutôt stables et qui concernent aussi - dans une petite proportion - les Africains de la région des Grands lacs.

    Un sentiment « d’invasion » qui s’est installé dans les années 2000

    Reste que cette augmentation « continue » de l’immigration dans les pays riches donne du grain à moudre à certaines théories, notamment celle du « #grand_remplacement ». Cette théorie repose sur l’idée xénophobe que la population française serait peu à peu remplacée par une autre, en l’occurrence les populations africaines et les musulmans.

    Malgré la réalité des chiffres, les déclarations de François Bayrou résonnent comme une ouverture politique à l’extrême droite et elles dérangent une large partie de la classe politique à gauche. « Ce n’est pas avec un mot comme ça » que la « dynamique électorale du RN (...) sera cassée », a estimé sur LCI le politologue Jean-Yves Camus.

    La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n’aurait, elle, « jamais tenu ces propos » qui la « gênent ». « On parle d’hommes et de femmes, de notre pays, la France qui, par son Histoire, par sa géographie, par sa culture, a toujours accueilli et s’est construite avec cette tradition ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62526/aucun-indicateur-ne-donne-raison-a-francois-bayrou-sur-une-pretendue-s
    #migrations #statistiques #chiffres #fact-checking #idées_reçues #afflux #invasion #stéréotypes #mots #vocabulaire

    ping @karine4

    • La « submersion migratoire » ne correspond à aucune réalité scientifique

      Le premier ministre a évoqué, lundi 27 janvier sur LCI, le « sentiment de submersion » généré par l’immigration. Des propos qu’il a réitérés et assumés le lendemain, au sein de l’Assemblée nationale, indignant la gauche. Pourtant, les chiffres et les études sur le sujet démentent clairement cette idée. Entretien avec Tania Racho, spécialiste des questions relatives aux droits fondamentaux.

      Ce concept de submersion migratoire est-il fondé sur des données étayées par la recherche et des données institutionnelles sur les migrations ?

      Tania Racho : La réponse est non. En France, la population immigrée (les personnes nées à l’étranger et vivant en France) est de 10,7 %. Si on décompte parmi ces immigrés les personnes ayant la nationalité française, on arrive à 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Notons que, parmi ces 8,2 %, il y a à peu près 3,5 % d’Européens. Or souvent, derrière le mot étranger, on pense à des non-Européens qui ne représentent finalement que 6 % de la population française.
      Immigrés arrivés en France en 2022 selon leur continent de naissance

      La France est loin d’être le pays le plus accueillant en Europe pour les étrangers ou dans le monde d’ailleurs. En comparaison, c’est 15 % de la population américaine qui est immigrée, et 16 % en Suède.

      Derrière ces chiffres, il y a de nombreux statuts différents qui distinguent les étrangers. On parle souvent des primo-arrivants dans le discours politique. Or, ces arrivées sont relativement stables, avec à peu près 300 000 personnes par an. Parmi elles, un tiers sont des étudiants qui ont vocation à ne pas rester, un autre tiers correspond à l’immigration familiale. Le dernier tiers se décompose en immigration de travail et titres de séjour humanitaire délivrés pour les réfugiés.

      Il faut aussi prendre en compte le solde migratoire (ou accroissement migratoire) qui est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur un territoire (immigrants) et le nombre de personnes qui en sont sorties (émigrants). En 2023, le solde positif n’est que de 183 000 personnes.

      Est-ce que ces arrivées ont augmenté ?

      T.R : Les arrivées ont effectivement augmenté ces dix dernières années : en 2010 il y avait 8,5 % d’immigrés et en 2023 c’était 10,7 %. Par exemple, en 2010, on comptait 200 000 premiers titres de séjours délivrés, tandis qu’en 2023 c’est 300 000 : l’immigration a donc augmenté. Cela est lié à une dynamique globale : le phénomène de déplacement est plus important dans le monde, qu’il s’agisse d’une immigration organisée (étudiants, travailleurs, accords d’échanges entre pays) ou des déplacements forcés liés aux conflits. Lorsqu’une guerre éclate ou un conflit civil, les populations quittent leurs habitations le plus souvent pour un endroit proche, parfois dans le même pays.

      Lorsque le déplacement forcé implique de quitter son pays, il se traduit par une demande d’asile : il y en a eu 160 000 en 2023 en France. Le taux moyen de protection, c’est-à-dire la reconnaissance de statuts de réfugiés, se situe autour de 40 %. Les personnes concernées bénéficient alors d’un titre de séjour humanitaire, en tant que réfugiés. 60 000 personnes ont obtenu ce titre de séjour en 2023. En tout, il y a un peu plus de 500 000 réfugiés en France.

      Quid des personnes en situation irrégulière ?

      T.R : On ne connaît pas le chiffre exact correspondant à cette situation, mais une projection fondée sur les demandes d’aide médicale d’État (AME) nous permet d’évaluer leur nombre aux environ de 700 000 personnes. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’y a eu que 30 000 régularisations de personnes en situation irrégulière en 2023 (comptées dans les premières délivrances de titres) dont un tiers par le travail et les deux tiers restants pour des situations familiales, ce qui est assez faible, en comparaison des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne par exemple.

      L’augmentation des arrivées justifie-t-elle le terme de « submersion » ?

      T.R : Encore une fois, non, avec 8,2 % d’étrangers en France et une augmentation des arrivées qui reste relative. D’ailleurs, le discours du premier ministre se situait selon lui au niveau du « ressenti » – il a parlé de « sentiment de submersion ».

      Mais ce sentiment ne correspond pas à la réalité, tout comme l’idée d’un « grand remplacement » ne repose sur aucune réalité. Ce concept vient de Renaud Camus, un penseur d’extrême droite qui a repris une étude des Nations unies des années 2000 indiquant que l’absence d’immigration poserait de grandes difficultés démographiques pour l’Europe et donc que l’immigration était nécessaire !

      Comment comprendre la persistance des discours politiques ou des sondages attestant de ce « sentiment » qu’il y a trop d’étrangers ?

      T.R : Ce qui est certain, c’est que les Français ont tendance à surestimer la population étrangère (23 % au lieu de 8,2 %), ce qui rejoint cette idée de sentiment de submersion mais qui n’est pas réel.

      Selon le démographe François Héran, cette mixité s’est effectivement renforcée depuis les années 1970. Il parle « d’infusion durable » avec un tiers des Français qui ont un parent ou un grand-parent immigré, ce qui laisse le temps de l’intégration. Il considère que « près d’un Français sur quatre a au moins un grand-parent immigré, ce qui permet un brassage diffus et évite un certain nombre de conflits. »

      Mais la surmédiatisation de certaines situations de migration a un impact important sur l’opinion. Par exemple, les personnes qui arrivent en situation irrégulière aux frontières de l’Union européenne, peuvent donner le « sentiment » que des flots de migrants débarquent en Europe.

      Dix mille ersonnes à Lampedusa c’est impressionnant, mais c’est une goutte d’eau à l’échelle européenne. D’ailleurs, les arrivées en bateau sont en baisse en 2024 par rapport à 2023. Dans l’ensemble, les personnes qui arrivent illégalement en Europe n’étaient que 355 000 personnes en 2023. Cela ne représente que 0,07 % de la population européenne.

      Quelle est votre conclusion sur cette polémique déclenchée par François Bayrou, mais qui s’inscrit dans une série déjà longue ?

      T.R : C’est le signe inquiétant d’une distanciation des personnalités politiques avec la réalité chiffrée et celle des études, de la recherche.

      https://theconversation.com/la-submersion-migratoire-ne-correspond-a-aucune-realite-scientifiqu

    • Immigration : les chiffres qui réfutent « la submersion migratoire »

      Toutes les données chiffrées indiquent que la France ne fait aucunement face à une immigration démesurée. Bien au contraire, de nombreux pays, en Europe et dans le monde, accueillent bien plus d’étrangers que l’Hexagone.

      En évoquant, fin janvier, à la télévision puis devant les députés, un prétendu « sentiment de submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, s’appuie sur une réalité : la surestimation de la proportion d’étrangers en France, par la population.

      La dernière étude d’Eurostat à ce sujet indique une différence de 15 points entre le pourcentage réel du nombre d’immigrés en France et celui estimé par les Français. En moyenne, au sein de l’Union européenne, la population pense « accueillir » 3,4 fois plus d’étrangers qu’il y en a en réalité et, selon cette même étude, la principale cause de cette surestimation est le fait du discours médiatique et de la crainte entretenue des immigrés sur le marché du travail.
      Le fantasme d’une immigration démesurée

      Le premier ministre connaît ces chiffres. C’est donc sciemment qu’il choisit de mener une politique migratoire davantage basée sur un « sentiment » que sur des données chiffrées.

      En réalité, la France est loin d’être confrontée à une immigration démesurée et non maîtrisée. Les personnes nées à l’étranger et vivant en France représentent 10,7 % de la population. Si on soustrait de ce pourcentage de personnes immigrées celles qui ont la nationalité française, on parvient à un taux de 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Parmi eux, 3,5 % sont des Européens. Les étrangers non européens ne représentent finalement que 6 % de la population française. On est bien loin du « grand remplacement » prédit par les pseudo-prophètes d’extrême droite auxquels François Bayrou a décidé de donner du crédit.

      La France est, par ailleurs, loin d’être le pays le plus accueillant. Les personnes nées à l’étranger représentent 15 % de la population aux États-Unis et 16 % en Suède, soit le double de la France.
      Spéculations sur les immigrants en situation irrégulière

      Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, 326 954 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2023 par la France. Un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Parmi ces « primo-arrivants », un tiers sont des étudiants qui, pour la plupart, repartiront après leurs études, 60 000 sont des réfugiés, accueillis dans un cadre humanitaire, et environ 40 000 sont issus d’une immigration de travail. Le dernier tiers correspond à de l’immigration familiale.

      Les prédicateurs xénophobes répondent généralement à ces réalités chiffrées par le fantasme d’un déferlement d’immigrés en situation irrégulière. En réalité, leur nombre exact n’est connu de personne. Mais, en s’appuyant sur l’enregistrement des demandes d’aide médicale d’État, on peut l’évaluer aux environ de 700 000 personnes.

      Un chiffre bien en dessous des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne quand la France, elle, n’en a, par ailleurs, effectué que 30 000 en 2023. Plus largement, les personnes arrivant illégalement en Europe n’étaient, selon l’agence Frontex, que 355 000 en 2023. C’est-à-dire 0,07 % du total de la population européenne. En clair, ceux qui parlent de « submersion migratoire » sont des menteurs.

      https://www.humanite.fr/societe/gouvernement-bayrou/immigration-les-chiffres-qui-refutent-la-submersion-migratoire

  • L’économie de la pensée

    par Alain Deneault

    https://luxediteur.com/catalogue/leconomie-de-la-pensee

    Que signifie-t-on lorsqu’on affirme d’une idée qu’elle est valable, qu’elle a de la valeur ? Cette opération de tous les jours procède nommément, en philosophie, de l’« économie de la pensée ». Ce cinquième opuscule du feuilleton théorique « Les économies » recense cette fois les usages du mot « économie » dans le champ de la philosophie. Depuis Kant, mais surtout depuis les néokantiens qui ont médité sur la dimension pratique de la pensée, réfléchir relève d’une économie qui cherche à mettre en relation une capacité de l’esprit à forger des notions abstraites, un sens de l’observation des phénomènes sensibles et une psychologie tenant compte de l’état du savoir et de l’art de connaître en société. Il s’agit aussi de découvrir la façon dont les sciences économiques modernes ont récupéré et tordu ces schèmes analytiques, en faisant de la monnaie l’instance de prédilection de l’évaluation, au point de pervertir ce que faisait l’économie de la pensée dans la finesse et l’ouverture.

    En appendice, « L’économie mathématique », écrite avec François Genest, refait la genèse du nombre autour du souci d’économie qui anima les mathématiciens dans l’histoire, et affranchit ces puissances de seules considérations comptables et instrumentales.

    #livre
    #idées
    #créativité

  • 96 % des humains vivent encore dans leur pays natal : l’odyssée des migrations humaines s’expose à Paris

    Saviez-vous que les migrations humaines remontent à 300 000 ans ? Une exposition au musée de l’Homme explore nos origines et déconstruit les idées reçues.

    Saviez-vous que 96 % des êtres humains vivent encore dans leur pays de naissance ? Que ce chiffre est stable depuis plusieurs décennies ? Que 48 % des migrants sont des femmes ? Dans un contexte de polémiques internationales autour du phénomène migratoire, le #musée_de_l’Homme dresse un état des lieux des recherches scientifiques sur le sujet dans une exposition événement.

    Déconstruire les préjugés

    Appuyée par des disciplines comme l’anthropologie, la démographie, l’archéologie ou encore la génétique, cette initiative déconstruit les #idées-reçues sur le nombre, le profil et les motivations des candidats à l’exil. Pour incarner ces données statistiques, des parcours individuels sont aussi mis en lumière à travers des témoignages et des productions artistiques.

    Une migration vieille de 300 000 ans

    Ouvrant une fenêtre sur notre passé lointain, l’exposition rappelle enfin qu’Homo sapiens n’a cessé de se disperser sur le globe depuis 300 000 ans. Comme notre ADN, nos langues, et même nos traditions culinaires en témoignent, l’espèce humaine s’est construite à travers les #échanges et les #métissages suscités par ces #déplacements.

    https://www.geo.fr/histoire/96-des-humains-vivent-encore-dans-leur-pays-natal-l-odyssee-des-migrations-humai

    #exposition #migrations #préjugés #chiffres #statistiques #mobilité #histoire

    ping @karine4 @isskein @reka

  • L’IA au service de la Résistance ?
    https://ricochets.cc/L-IA-au-service-de-la-Resistance-8116.html

    Bonjour à tous Un proche, informaticien, m’a fait ce cadeau de Noël. Il a posé 2 questions à ChatGPT. Les réponses à la première question ne surprendront que les gens qui vivent les yeux fermés. Tout colle à la réalité (même ça nous présente bien les « gens d’en face »). Du coup ça peut donner de la crédibilité aux réponses à la seconde question. À vous de voir. Question 1 : si tu étais diabolique et que tu voulais controler les humains sans utiliser la violence comment ferais-tu ? (...) #Les_Articles

    / #Idées_reçues

  • #Obsidian

    Sharpen your thinking.

    Obsidian is the private and flexible writing app that adapts to the way you think.

    https://obsidian.md

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    #Scrivener

    For writing. And writing. And writing.


    Scrivener is the go-to app for writers of all kinds, used every day by best-selling novelists, screenwriters, non-fiction writers, students, academics, lawyers, journalists, translators and more. Scrivener won’t tell you how to write—it simply provides everything you need to start writing and keep writing.

    https://www.literatureandlatte.com/scrivener/overview

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    #Joplin

    Free your notes

    Joplin is an open source note-taking app. Capture your thoughts and securely access them from any device.

    https://joplinapp.org

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    #Zettlr

    From idea to publication in one app: Zettlr supports your writing process at every stage — from initial notes to journal submission or book manuscript.

    https://www.zettlr.com

    #logiciel #écriture #notes #collaboration #idées #éditeur_de_texte

  • « #On_ne_peut_pas_accueillir_toute_la_misère_du_monde ». En finir avec une sentence de mort

    « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » : qui n’a jamais entendu cette phrase au statut presque proverbial, énoncée toujours pour justifier le repli, la restriction, la fin de non-recevoir et la répression ? Dix mots qui tombent comme un couperet, et qui sont devenus l’horizon indépassable de tout débat « raisonnable » sur les migrations. Comment y répondre ? C’est toute la question de cet essai incisif, qui propose une lecture critique, mot à mot, de cette sentence, afin de pointer et réfuter les sophismes et les contre-vérités qui la sous-tendent. Arguments, chiffres et références à l’appui, il s’agit en somme de déconstruire et de défaire une « xénophobie autorisée », mais aussi de réaffirmer la nécessité de l’hospitalité.

    https://anamosa.fr/livre/on-ne-peut-pas-accueillir-toute-la-misere-du-monde
    #livre
    #migrations #repli #restrictions #frontières #fermeture_des_frontières #préjugés #idées_reçues #répression #contre-vérités #xénophobie #xénophobie_autorisée #hospitalité #accueil

  • Comment les politiques migratoires s’obstinent à penser à la mauvaise échelle

    Entre l’image médiatique et politique de l’État-nation comme une forteresse assiégée que les politiques migratoires viseraient à protéger, et une vieille tradition de « nationalisme méthodologique » chez les géographes, les projets migratoires ont tardé à être pensés depuis le sens qu’ils ont.

    Ce que l’on s’imagine

    Les politiques migratoires, telles qu’elles sont débattues au Parlement, à la faveur de nouvelles lois, ont un effet sur les dynamiques migratoires. Et aussi que la France sera davantage une destination privilégiée par les migrants si elle ne s’équipe pas de dispositifs plus répressifs.

    Toutefois, les spécialistes des migrations montrent au contraire que c’est une fausse évidence de croire qu’un gouvernement aurait la main pour freiner, voire endiguer, les flux migratoires. Ou encore que des politiques de frontières plus strictes, et des conditions d’accueil plus dures, ne font pas plus reculer les dynamiques migratoires qu’elles ne les dévient. Trente ans d’études migratoires, en géographie notamment, dévoilent plutôt qu’il n’y a pas d’incidence des lois et des démonstrations de force politiques, sur le projet des gens qui partent de chez eux. Ce n’est pas en réprimant davantage qu’on fera reculer les flux migratoires, et la géographie montre même que figer les migrants dans un accueil plus répressif, et un statut clandestin, a même plutôt tendance à les figer sur place, alors que dans la vraie vie, les dynamiques migratoires sont loin de s’en tenir à un pays, un objectif. Pour la géographe Camille Schmoll, si huit millions de femmes ukrainiennes ont rallié l’Europe de l’Ouest depuis le début de la guerre en Russie, ce n’est pas parce que la France leur offrirait de meilleures conditions de séjour, ou un idéal.

    Les études académiques sur les phénomènes migratoires identifient divers leviers derrière le projet migratoire. Ces leviers sont variés, de la nécessité économique, aux discriminations, en passant par des guerres ou des motifs religieux. En géographie, on appelle cela les « facteurs push ». Avec un point commun : aucun de ces « facteurs push » n’a trait à ce que proposerait un État-nation qui dès lors a tort de penser le phénomène depuis sa propre échelle, et ses manières de légiférer.

    Longtemps, les géographes aussi ont fait preuve de « nationalisme méthodologique », c’est-à-dire cette tendance à penser le phénomène à l’échelle nationale. Depuis que le tournant qui s’est opéré à mesure que les politiques des frontières se durcissaient, on prend plutôt en charge dans le champ scientifique l’échelle transnationale. C’est dans ce cadre-là qu’ont émergé les trajectoires individuelles comme une grille de lecture du phénomène. Mais aujourd’hui, pour la géographe Camille Schmoll, notamment en charge d’un cours sur la méthodologie des migrations, à l’EHESS, à Paris, il faut aller plus loin et mieux penser le sens que les uns et les autres donnent à leur projet migratoire dans un cadre relationnel et collectif. La chercheuse parle d’une « autonomie en tension » dans la mesure où il ne s’agit pas seulement d’une puissance d’agir qui s’affirmerait dans le fait de quitter son pays, mais plutôt d’une dynamique qu’elle décrit comme profondément relationnelle, qui fait la part belle à divers collectifs auxquels migrants et migrantes appartiennent selon d’où ils viennent, la route qu’ils auront empruntée, les hébergements et les stratégies qu’ils auront trouvés en chemin, et les communautés dont ils sont issus. C’est par exemple cet effet de la diaspora qu’il faut absolument avoir en tête pour penser plus justement ce qui peut pousser quelqu’un à risquer sa vie en traversant la Manche alors même qu’il est déjà arrivé en France.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/va-savoir/comment-les-politiques-migratoires-s-obstinent-a-penser-a-la-mauvaise-ec
    #fausse_évidence #frontières #fermeture_des_frontières #répression #flux_migratoire #durcissement_des_politiques_migratoire #politiques_migratoires #dynamiques_migratoires #accueil #conditions_d'accueil #facteurs-push #échelle #méthodologie #nationalisme_méthodologique #nationalisme #idées_reçues #stéréotypes #Camille_Schmoll #autonomie_en_tension #diaspora

    via @karine4

  • Une #culture_du_viol à la française

    –-> À l’occasion du procès des viols de Mazan, les livre est mis en accès libre

    Du « troussage de domestique » à la « liberté d’importuner »

    « La culture du viol touche toutes les cultures, tous les pays. Elle présente cependant des particularités bien spécifiques selon le milieu dans lequel elle s’exprime et se développe. En #France, chaque fois que la question des #violences_sexuelles est posée dans le débat public, les mêmes réticences s’expriment. Certains s’élèvent pour dénoncer l’horrible #moralisme_réactionnaire qui voudrait condamner la #liberté_sexuelle si chèrement acquise, nuire à l’identité amoureuse nationale en important le #puritanisme au pays des libertés. Avec un vocable bien choisi et une certaine #hypocrisie, on évoque l’#amour_à_la_française en termes de #galanterie, de #courtoisie ou de #libertinage. On loue nos #traditions, l’attention portée aux femmes et la sophistication de nos jeux de #séduction. Derrière ce charmant #vocabulaire, la réalité est beaucoup moins glamour. »

    Dans cet essai documenté et novateur, l’autrice analyse et définit les violences sexuelles, déboulonne toutes nos #idées_reçues et bat en brèche l’argumentaire #déresponsabilisant les violeurs. Elle insiste sur les spécificités hexagonales du concept de « culture du viol », démythifie le patrimoine littéraire et artistique, et démontre, point par point, qu’il est possible de déconstruire les #stéréotypes_de_genre et d’éduquer les hommes à ne pas violer.

    https://www.editionslibertalia.com/catalogue/hors-collection/une-culture-du-viol-a-la-francaise

    #terminologie #mots #littérature #art #éducation #viols #livre #Valérie_Rey-Robert

    déjà signalé par @biggrizzly ici : https://seenthis.net/messages/1072792

  • La carte des pensées écologiques

    La carte des pensées écologiques est enfin disponible !

    Il aura fallu des mois de discussions et de travail collectif pour aboutir à cette #carte qui a l’ambition de représenter dans toute leurs pluralités les pensées de l’#écologie_politique en montrant les liens entre ses principaux courants, penseurs et penseuses, luttes et organisations.

    L’objectif premier est de montrer que l’#écologie est un #champ_de_bataille, un terrain où s’affrontent des #idées. En conséquence figurent sur cette carte des « #écoles » pauvres en apports théoriques mais riches en capitaux et en relais d’influence. Comme toute cartographie également, elle fige des positions par nature dynamiques, des espaces mouvants, et impose une vision qui lui est propre.

    Cette citation d’André Gorz résume bien la situation :

    “Si tu pars de l’impératif écologique, tu peux aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste”.

    La carte des pensées écologiques n’aurait jamais vu le jour sans un formidable travail de toute l’équipe du média Fracas. Nous avons décidé de la laisser gratuitement en accès libre. Pour soutenir Fracas et avoir la version poster, vous pouvez acheter leur premier numéro directement sur ce lien. Abonnez-vous pour soutenir la presse indépendante !

    La carte des pensées écologiques

    Voici la carte des pensées écologiques. 8 grandes familles, plus de 150 personnalités représentées :

    Les 8 grandes familles des pensées écologiques

    Pour vous y retrouver plus facilement, voici en détail les 8 grandes familles des pensées écologiques, avec leurs autrices et auteurs clés. Si vous souhaitez aller plus loin, plus de 150 noms sont à retrouver sur la carte, et des sources sont disponibles à la fin de cet article.
    1/ ÉCOLOGIES ANTI-INDUSTRIELLES

    Les #écologies_anti-industrielles rejettent le productivisme et l’hyper-mécanisation du travail issus de l’ère industrielle. Elles développent une approche technocritique tout au long du XXe siècle. Critiques du gigantisme de l’appareil productif et de l’État pour les ravages qu’ils causent aux écosystèmes et à la personne humaine, les écologies anti-industrielles prônent la petite échelle et refusent une certaine idéologie du Progrès.

    Elles critiquent vertement la dépossession des populations de leurs propres moyens de subsistance. Elles encouragent enfin le fait de considérer l’industrie et la technique comme un système avec ses logiques propres, dont on ne peut se contenter de critiquer tel ou tel effet pris isolément.

    Autrices et auteurs clés : #Ivan_Illich, #Jacques_Ellul et #Günther_Anders

    2/ ÉCOLOGIES LIBERTAIRES

    Les #écologies_libertaires s’inscrivent en filiation des traditions du socialisme ouvrier anglais et de l’anarchisme, et entretiennent une grande proximité avec les écologies anti-industrielles. L’idéal d’émancipation et d’autonomie des libertaires se trouve régénéré par une analogie : les dominations de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la femme et de l’homme sur la nature ne peuvent être prises séparément, et doivent être combattues d’un bloc.

    En conséquence, elles aspirent à la constitution d’éco-communautés et d’institutions autogérées et démocratiques à l’échelon local et défendent des principes fédératifs contre les dynamiques centralisatrices de l’État. La vision de la société s’articule autour du champ, de l’usine et de l’atelier, et d’une démocratie radicale, parfois exprimée par le recours au tirage au sort.

    Autrices et auteurs clés : #Murray_Bookchin, #Kristin_Ross, #Bernard_Charbonneau

    3/ ÉCOFÉMINISMES

    Né dans les années 1970 sous la plume de Françoise d’Eaubonne, l’#écoféminisme est une famille qui propose une analyse de la catastrophe écologique fondée sur le genre et sur l’oppression des femmes sous le capitalisme patriarcal. Nébuleuse aux contours flous, l’écoféminisme se conjugue dès le départ au pluriel, soulignant la diversité des origines géographiques et des influences idéologiques qui composent ce courant : socialisme, spiritualisme, queer, marxisme, pensées décoloniales, etc.

    Elles partagent pour la plupart le constat que, d’une part, le rôle des femmes a été subordonné à une fonction purement reproductive et, d’autre part, que la nature a été associée à l’image de cette femme dominée, que le capitalisme doit soumettre, exploiter, et même violer.

    Autrices et auteurs clés : #Françoise_d’Eaubonne, #Vandana_Shiva, #Starhawk

    4/ ÉTHIQUES ENVIRONNEMENTALES

    Les #éthiques_environnementales émergent au sein de la philosophie de l’environnement aux États-Unis, et explorent, chacune avec des options parfois radicalement différentes, le lien qu’entretient l’homme avec la « nature ». Certaines écoles défendent que les espaces naturels ont une valeur intrinsèque, d’aucunes qu’on ne peut juger de la nature que par son utilité pour l’homme, d’autres encore que nous devons nous concevoir comme une espèce au sein d’une « communauté biotique ».

    Faut-il préserver des espaces vierges ? Faut-il au contraire être les stewards d’espaces dont l’homme ne s’exclue pas ? Les polémiques et conflits n’ont certainement pas manqué au sein de cette famille…

    Autrices et auteurs clés : #Aldo_Leopold, #Imanishi_Kinji

    5/ #ÉCOSOCIALISME

    La famille écosocialiste émerge comme un prolongement du #marxisme mais s’oppose à ses interprétations productivistes portées notamment par l’URSS. En partant de l’insuffisante prise en considération des écosystèmes dans les traditions socialiste et marxiste, il s’agit alors de les dépoussiérer et les adapter au tournant écologique des sociétés, en portant l’idée que l’oppression sociale et la destruction de la nature ont une même et unique cause : le capitalisme.

    Si la socialisation des moyens de production et l’autogouvernance démocratique restent au cœur de ce projet, les écosocialismes proposent une variété de réponses allant d’un interventionnisme fort de l’État à des perspectives davantage autogestionnaires. Certains écosocialismes contemporains, dont la branche étatsunienne, ont même rompu avec une perspective anticapitaliste claire et la tradition révolutionnaire.

    Autrices et auteurs clés : #André_Gorz, #Michael_Löwy, #John_Bellamu_Foster

    6/ ÉCOLOGIES DÉCOLONIALES

    Conceptualisée dans les années 1980, les #écologies_décoloniales pointent l’#impensé_décolonial de l’écologie dominante, à la fois libérale et occidentalo-centrée, qui empêcherait la constitution d’une lutte écologiste pleinement libératrice car internationaliste. Par son universalisme « naturaliste » et raciste, sa vision mortifère de la nature, son extractivisme et son colonialisme producteur de natures appauvries (dont la plantation coloniale est l’emblème), l’Occident est en grande partie responsable de la catastrophe en cours.

    De ce point de vue, une écologie de « transition » qui supplanterait les énergies fossiles par des ressources minières au profit d’énergies renouvelables ne serait pas seulement insuffisante : elle ne ferait que trouver de nouvelles formes au colonialisme.

    Autrices et auteurs clés : #Joan_Martinez_Alier, #Malcolm_Ferdinand

    7/ #CAPITALISME_VERT

    La crise écologique fournit chaque jour de nouvelles preuves de la logique mortifère qui se loge au cœur de la dynamique d’accumulation capitaliste. Pour autant, le capitalisme a aussi ses théoriciens, et ceux-ci ont eux aussi tenté d’intégrer les paramètres écologiques dans leur défense de l’ordre en place.

    Dès lors, il s’agit bien souvent de corriger les « excès » ou les « impensés » du capitalisme en intégrant la dimension environnementale aux échanges marchands (taxes, compensation, technologies vertes…). Certains vont jusqu’à vouloir accélérer la dynamique du système capitaliste, y voyant un moyen de contrôler le Système-Terre dans un sens qui ne nuise pas aux intérêts de la classe possédante.

    Autrices et auteurs clés : #Christiana_Figueres, #David_Keith

    8/ ÉCOFASCISMES

    Les #écofascismes, qui ont émergé à bas bruit depuis les années 1980, sont extrêmement fragmentés. En Europe, ils défendent un éco-différentialisme, soit l’idée d’une humanité divisée en différentes « races » ou civilisations non hiérarchisées mais qui doivent rester séparées, car adaptées à leur environnement immédiat : « chacun chez soi » devient « chacun dans son propre écosystème ».

    Aux États-Unis, le néo-malthusianisme et la xénophobie se doublent d’une apologie des grands espaces vierges, de la wilderness, souillée par l’immigration. Cette obsession démographique se traduit souvent par un repli sur des « bases à défendre », dans des logiques « survivalistes ».

    https://bonpote.com/la-carte-des-pensees-ecologiques
    #visualisation #cartographie #infographie #pensée_écologique #épistémologie #pensées_écologiques #décolonial #ressources_pédagogiques

    ping @reka

  • Préjugé ! « Les immigrés veulent islamiser l’Europe »

    Derrière le préjugé de « l’#islamisation » de l’Europe se trouvent des stéréotypes anciens contre l’islam et les musulmans ainsi que des enjeux mémoriels autour de la colonisation et de la décolonisation. À cela s’ajoutent des théories d’extrême droite complotistes, comme celle du « grand remplacement ».

    Voici les ingrédients du cocktail :
    Mettre une bonne dose de crainte de la #mondialisation (sans trop savoir pourquoi, ça fait drôlement peur).
    Ajouter une grosse pincée de #racisme.
    Arroser le tout de #religion.
    Saupoudrer d’un peu de « grand remplacement ».
    Et vous obtenez un préjugé : « Les immigrés veulent islamiser l’Europe ».

    L’Europe à l’aune des décolonisations

    « Derrière cette peur d’une islamisation de la France ou de l’Europe par une ’#invasion' d’immigrés musulmans, il y a, sous-jacent, un certain nombre de préjugés : l’islam ne serait pas compatible avec la #culture_européenne, les musulmans constitueraient un groupe homogène qui chercherait à imposer sa culture et sa religion aux pays hôtes », explique l’historien #John_Tolan. À ces #stéréotypes anciens contre l’islam et contre les musulmans s’ajoute une #mémoire, encore vive et pas tout à fait pacifiée, celle de la #colonisation et de la #décolonisation. Ce préjugé, comme bien souvent, se nourrit d’histoire. Il mobilise #Charles_Martel qui arrête les Arabes à #Poitiers en #732, les #Ottomans qui font le #siège_de_Vienne en #1529 et #Charles_de_Gaulle, en 1962, qui craint que #Colombey-les-Deux-Églises ne devienne « #Colombey-les-Deux-Mosquées ».

    La peur d’une islamisation de l’Europe naît au lendemain de la #Seconde_Guerre_mondiale, quand l’industrie européenne en manque de main d’œuvre bon marché fait venir en masse des immigrés, bien souvent issus des anciennes colonies : des Indiens et des Pakistanais vers le Royaume-Uni, des Maghrébins et des Sénégalais vers la France, et des Turcs, vers la Belgique et l’Allemagne. Les mêmes questionnements surgissent : faut-il les intégrer à la communauté nationale ou les laisser à part, dans l’idée d’un départ à plus ou moins court terme ?

    Le « grand remplacement », une théorie complotiste

    La question se pose différemment à partir des années 1970, quand s’affirme un #islam_politique. De nouvelles craintes apparaissent, attisées par des délires complotistes. Les élites européennes, évidemment corrompues, favoriseraient ce mouvement, prêtes à vendre leur civilisation pour une poignée de pétro-dollars. Un pacte secret aurait même été signé avec la Ligue arabe afin d’islamiser l’Europe. Une littérature raciste et complotiste alimente ces théories. C’est là que l’on retrouve l’essayiste d’extrême droite #Renaud_Camus, qui publie en 2011 Le Grand Remplacement.

    Ces théoriciens, issus de l’#extrême_droite conspirationniste, ne visent pas seulement les musulmans mais aussi ceux qu’ils considèrent comme leur complices, qu’ils appellent les #islamo-gauchistes. Leurs écrits conduisent à de terribles passages à l’acte, comme par exemple, toujours en 2011, #Anders_Breivik qui attaque de jeunes militants travaillistes sur l’île d’Utøya en Norvège et provoque la mort de 85 personnes. Breivik ne visait pas des musulmans mais celles et ceux qui, selon lui, organisaient la « #colonisation_islamique » de l’Europe.

    La théorie complotiste du « grand remplacement », en soit intenable, repose sur une idée fausse : une Europe historiquement homogène par sa population, sa religion. « Il est certain que l’Europe de 2072 ne sera pas celle de 2022, tout comme celle de 2022 n’est pas celle de 1972. Mais l’Europe ne sera submergée ni par l’immigration ni par l’islamisation », explique John Tolan. Sinon par une invasion de #peurs et de préjugés !

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/histoire-des-prejuges/prejuge-les-immigres-veulent-islamiser-l-europe-4609034
    #préjugés #idées_reçues #migrations #islam #grand_remplacement #croyances #narration #islamo-gauchisme #complotisme #idées-reçues

  • We keep hearing about ‘legitimate concerns’ over immigration. The truth is, there are none

    Immigrants aren’t to blame for a society designed to benefit the richest – and it’s time Labour started telling the public so.

    Immigration is why your wages are low, or why you can’t get a decent job. It’s why you feel anxious about where you live, and why so many feel the pace of change has been too quick. People arriving on small boats are unlikely to subscribe to “British values” and Muslims need to integrate better – “they” aren’t like you.

    These statements make up the longstanding political orthodoxy on immigration. It is a doctrine that refuses to budge but must be tackled head-on – especially if politicians are as outraged by the recent violence as they say they are. The situation demands it. In the past two weeks, hotels housing people seeking asylum were set ablaze in Rotherham and Tamworth, a racial checkpoint was set up in Middlesbrough, and immigration advice centres were placed on a far-right target list.

    Most mainstream politicians agree that these are the actions of an extreme group of racists. But what they miss is the wider political atmosphere that bred such a violent, racist politics – which didn’t just come about because of videos from Stephen Yaxley-Lennon (Tommy Robinson). Westminster must take a long, hard look at itself: what many politicians now condemn, they also had a hand in manufacturing.

    The political “centre” usually reacts to the far right by denouncing its methods and distancing themselves from its coarse, racist rhetoric – but ultimately conceding to its underlying argument. In the days after the general election, Tony Blair advised Keir Starmer that to ward off the far right, he should celebrate what is good about immigration but be sure to “control” it. No matter how respectable and sensible such advice may seem to some within our political classes, the sentiment that “controlling” immigration is a way to appease socially conservative voters is one cause of the corrosiveness.

    Why? Because it implies that a fear of immigration is a legitimate concern, and that reducing immigration is the appropriate method to assuage that fear. It is this sentiment that could shape what comes next. One Conservative commentator has already suggested that reducing immigration is at least part of the picture in responding to the violence. In an acutely uncomfortable TV interview about the riots with the independent MP Zarah Sultana (recently suspended from Labour for voting to scrap the two-child benefit cap), Ed Balls maintained that “if you fail to control and manage immigration properly then things go wrong”.

    Are concerns about immigration “legitimate”? Demonstrably, no. People who arrive in the UK aren’t to blame for an economy designed to benefit the richest while exploiting and abandoning the poorest – immigration is not a significant causal factor of low wages and it’s not why people have insecure jobs. Anti-immigrant feeling isn’t a natural, inevitable reaction to change either. One study found areas with low levels of immigration had some of the highest proportion of leave voters in them – a vote that was at least partly motivated by anti-immigrant concerns. No: it is mainstream politicians and certain sections of the media that summon these feelings. They characterise certain groups of people, usually those who aren’t white (or not-quite-white), as a cultural threat – often targeting Muslims, no matter where they were born.

    The “legitimate concerns” in this case are illegitimate. Admitting this doesn’t mean dismissing what people are saying. Equally, engaging people with these views need not lead to legitimisation. The choice is not ignore or accept. Politics is about persuading people of another way; to think this can’t be done is patronising as well as dangerous.

    The government could change the narrative by making the history of empire and migration a statutory party of the curriculum, and by actively countering racism in the press, among opposition parties and within its own ranks. But it could also use this moment to change people’s material circumstances by getting rid of “hostile environment” policies and providing safe routes of travel (one of the only viable solutions to stop people from having to cross the Channel). It could also make visas cheaper, provide better housing, simplify labyrinthine Home Office processes and end temporary, exploitative visas, giving people the ability to come here on decent terms and stay if they want to.

    This boldness should be extended beyond immigration. The government should tax the richest, invest in public services and do what’s needed for a just transition from fossil fuels. This all matters in and of itself to improve people’s lives, but it is also a necessary response to what has happened. It would be a mistake to characterise the far-right riots as a cry of desperation from the poor: that ignores the racism at play and the many working-class people who are actively opposed to this kind of politics, including minorities. But making the country a fairer place, that is easier and better to live in, would help create a future for people to invest in – an alternative to the xenophobic, inward-looking allure of the right.

    This would, though, require a quite remarkable change of tack. The Labour government is gearing up for cuts, and one of the party’s attack lines in the election was that the ultra-hostile Tories were too liberal on immigration. But they should take notes from the vibrant anti-racist demonstrations, which project a more positive vision of the kind of country we can be.

    The reasons behind the recent violence are many and complex – it cannot be neatly chalked up to the immigration debate alone. But the anti-immigrant sloganeering needs to stop: whether it’s the appeasing of “legitimate concerns”, a commitment to “stop the boats” or the more-acceptable-in-polite-society promises to put “controls on immigration”. They have all played their part in leading us here. If politicians want to understand the far-right violence, this is one of the places they must start.

    https://www.theguardian.com/commentisfree/article/2024/aug/13/immigration-immigrants-society-rich-labour-public

    #problème #migrations #vérité #aucun_problème #réfugiés #idées_reçues #narration #contre-narration #bouc_émissaire #peur #économie #politique #environnement_hostile #hostile_environment #pauvres #riches #racisme #UK #Angleterre #stop_the_boats

    via @freakonometrics

    ping @karine4 @_kg_

    • #Hostile_Environment: How Immigrants Became Scapegoats

      How migrants became the scapegoats of contemporary mainstream politics

      Longlisted for the 2019 Jhalak Prize. From the 1960s the UK’s immigration policy - introduced by both Labour and Tory governments - has been a toxic combination of racism and xenophobia. Maya Goodfellow tracks this history through to the present day, looking at both legislation and rhetoric, to show that distinct forms of racism and dehumanisation have produced a confused and draconian immigration system. She examines the arguments made against immigration in order to dismantle and challenge them. Through interviews with people trying to navigate the system, legal experts, politicians and campaigners, Goodfellow shows the devastating human costs of anti-immigration politics and argues for an alternative.

      This new edition includes an additional chapter, which explores the impacts of the 2019 election and the ongoing immigration enforcement during the coronavirus pandemic.

      https://www.versobooks.com/products/777-hostile-environment

      #livre

  • Etienne Piguet : « Le changement climatique ne va pas entraîner la migration de millions de personnes vers les pays du Nord » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/etienne-piguet-changement-climatique-ne-va-entrainer-migration-d/00111985

    Le professeur de géographie de l’université de Neuchâtel (Suisse) Etienne Piguet, a parcouru les centaines d’articles scientifiques publiés ces dix dernières années sur l’impact du changement climatique sur les flux migratoires.

    Les résultats obtenus permettent de battre en brèche l’idée selon laquelle des vagues de migrants climatiques allaient déferler sur l’Europe dans les prochaines années.

    https://archive.ph/of9an

    • Sur ce sujet, j’avais donné une longue conférence dans le cadre des café collaps (à Grenoble). La conférence avait été enregistrée :
      https://www.youtube.com/watch?v=fQUDY9ROhpI


      (et j’ai par ailleurs pas mal de littérature sur le sujet aussi, si il y a des personnes intéressées)

      #Etienne_Piguet #migrations #asile #réfugiés #migrations_environnementales #migrations_climatiques #climat #changement_climatique #idées_reçues #préjugés #flux_migratoires

    • texte intégral :

      Le professeur de géographie de l’université de Neuchâtel (Suisse) Etienne Piguet, a parcouru les centaines d’articles scientifiques publiés ces dix dernières années sur l’impact du changement climatique sur les flux migratoires.
      Les résultats obtenus permettent de battre en brèche l’idée selon laquelle des vagues de migrants climatiques allaient déferler sur l’Europe dans les prochaines années.
      A quelle époque commence-t-on à tracer des liens entre climat et migrations ?
      Etienne Piguet : A partir du XIXe siècle, les géographes commencent à donner un poids important au facteur de l’environnement naturel dans les migrations, en particulier les grandes migrations historiques – ils remontent jusqu’à la chute de l’empire romain. Par environnement naturel, on entend alors les catastrophes naturelles, les sécheresses, etc. On ne parle pas encore de changement climatique, bien sûr.
      Ensuite, l’explication par le climat des migrations disparaît. Quand réapparaît-elle et pourquoi ?
      E. P. : Elle réapparaît vraiment à la fin du XXe siècle et plus précisément dans les années 1980. Cela coïncide avec la première prise de conscience du changement climatique par la communauté internationale, qui débouche sur le rapport initial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de 1990. Ce rapport explique que le changement climatique pourrait, entre autres conséquences, déplacer des populations très nombreuses.
      Vous montrez l’augmentation très forte du nombre d’études universitaires à propos de l’impact du changement climatique sur les migrations. Que disent-elles ?

      E. P. : Cette croissance commence un peu avant les années 2000. Il y a alors deux grandes familles d’études empiriques. D’une part, les études à l’échelle macro, qui essaient de voir dans quelle mesure les zones touchées par des dégradations environnementales sont aussi des zones qui « émettent » des migrations importantes. Elles se demandent par exemple, à l’échelle des pays du monde, si les pays les plus touchés par des catastrophes ou des aléas environnementaux sont aussi ceux qui ont le plus d’émigration.
      D’autre part, les études de cas sur des zones et des catastrophes spécifiques. Les chercheurs essaient d’y voir dans quelle mesure une sécheresse pousse les paysans à quitter le village pour aller en ville, par exemple.
      Ces recherches ont établi deux résultats consensuels. Il y a effectivement un potentiel de déplacement important lié aux dégradations environnementales, mais les études posent également tout une série de nuances envers l’idée d’un automatisme entre dégradation environnementale et départ des populations. En effet, les déplacements se font souvent sur des distances relativement courtes et des durées réduites.
      On a ainsi observé, dans une multitude de cas, que les populations sont parfois poussées à partir par un cyclone ou une sécheresse, mais qu’elles ne sont pas forcément en mesure – ni désireuses – de partir loin. Ce résultat peut sembler simple, mais il est essentiel puisqu’il corrige l’idée en vogue dans les années 1990 selon laquelle des millions de personnes allaient partir des pays du Sud vers les pays du Nord à cause du changement climatique.
      Les effets sur les migrations sont-ils différents en fonction du type d’épisode climatique ?
      E. P. : J’ai distingué trois événements dont on sait qu’ils vont s’accroître dans le futur : les cyclones, les sécheresses et la montée du niveau des mers. J’ai montré qu’il y avait des similitudes : ces catastrophes entraînent toutes majoritairement des migrations de courte distance.
      Les différences se jouent au niveau de la durée. Lors de cyclones, les populations peuvent aller s’abriter dans des zones protégées durant quelques semaines avant de revenir à leur village. En revanche, la montée des mers est irréversible, et débouche nécessairement sur des déplacements définitifs. Les sécheresses constituent un cas intermédiaire, avec parfois des migrations définitives, le plus souvent des campagnes vers les villes, mais aussi des cas de migration temporaires ou de seulement certains membres d’un ménage.
      Pourquoi les déplacements se limitent-ils si souvent à de courtes distances ?
      E. P. : La principale explication est économique. Les populations les plus touchées par les événements climatiques extrêmes sont les plus dépendantes de l’environnement, donc souvent les plus pauvres. Elles n’ont tout simplement pas les moyens, a fortiori après une catastrophe, d’investir dans un déplacement à longue distance. D’où cette notion importante de trapped population, ou « population immobilisée » par les événements environnementaux. Les résultats des études mettent en avant ce résultat moins connu.
      On a ainsi le cas du Mali, où l’on trouve des populations qui avaient intégré la migration internationale d’un membre de la famille dans leur mode de vie. On compte sur cette personne pour contribuer aux revenus du ménage. Mais cette migration est devenue impossible lors de certains épisodes de sécheresse puisqu’on n’a plus les ressources pour que cette personne puisse partir.
      La migration n’est donc pas juste une fuite après la catastrophe, elle est aussi une manière de mieux faire face, et c’est un des résultats de la recherche.
      Ainsi, il existe des enjeux forts d’adaptation au changement climatique à l’échelle locale ?
      E. P. : Absolument. Ce n’est pas parce qu’on nuance l’image apocalyptique de réfugiés traversant de très longues distances pour se mettre à l’abri qu’il n’existe pas des enjeux locaux extrêmement importants d’assistance aux populations.
      L’un de ces enjeux est d’orienter les programmes d’aide au développement en fonction des enjeux climatiques. Il faut permettre aux populations touchées soit de rester sur place et d’être plus résilientes, soit de se déplacer dans des conditions qui peuvent leur permettre de continuer à générer des ressources vitales.
      Vous avez aussi rapporté les résultats d’études sur le lien entre changement climatique et prospérité mondiale…
      E. P. : Il existe des travaux qui portent sur les conséquences migratoires plus indirectes du changement climatique, via son impact négatif sur la prospérité mondiale. C’est une autre manière de poser le problème. Le message central que j’ai tiré de ces travaux est qu’il n’y a pas d’effet clair d’augmentation des migrations dans un contexte de ralentissement économique.
      En fonction des pays et des études, cela peut déboucher sur une augmentation ou sur une diminution. L’étude que j’ai retenue en la matière conclut plutôt à une augmentation globale, mais de l’ordre de 5 %, qui ne serait donc pas spectaculaire.
      Vous critiquez le fait que certaines personnalités aient instrumentalisé la crainte d’une vague de réfugiés climatiques. Pouvez-vous expliquer ce point de vue ?
      E. P. : Je faisais allusion à la période des années 2000, durant laquelle le discours sur la migration climatique est alors très sécuritaire au sein des think tanks états-uniens et européens. Ils considéraient que ces migrations allaient se dérouler sur de longues distances vers l’Occident et poser un risque de sécurité. En conséquence, ils réclamaient une politique encore plus restrictive afin de renforcer le contrôle de l’immigration.
      Je critique ce raisonnement, puisque les migrations liées au climat ne sont majoritairement pas des migrations de longue distance. Le changement climatique ne va pas entraîner de triplement ni de quadruplement de traversées de la Méditerranée.

    • En fait, @sombre, peut-être que la meilleure analyse, en quelques une pages et une visualisation, est celle du chapitre « #immobilité » de l’#Atlas des migrations environnementales, auquel @reka a aussi contribué :


      https://publications.iom.int/books/atlas-des-migrations-environnementales
      #vulnérabilité #piège

      Si tu as besoin de plus de références, fais-moi signe...

  • #François_Héran : « A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix, on provoquera l’inverse »

    Le professeur au Collège de France estime, dans une tribune au « Monde », que la #régularisation « au compte-gouttes » des étrangers prévue dans la loi adoptée le 19 décembre finira en réalité par accroître l’immigration irrégulière, tant l’offre et la demande de travail sont fortes.

    La #loi_sur_l’immigration votée mardi 19 décembre n’est ni de droite ni de gauche. Quoi qu’en dise le président de la République, elle a sa source à l’#extrême_droite. Lors des débats du mois de mars, les sénateurs Les Républicains (LR) avaient repris en chœur les formules outrancières du Rassemblement national (RN) :« #submersion_migratoire », « #chaos_migratoire », « #immigration_hors_de_contrôle », « #explosion » des demandes d’asile, etc. Or les #données disponibles, rassemblées par Eurostat et l’ONU, ne disent rien de tel. C’est entendu, en France, comme dans le reste de l’Occident libéral, la migration progresse depuis l’an 2000, de même que la demande de refuge, mais de façon linéaire et non pas exponentielle quand on fait la part de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021.

    Comment peut-on soutenir que la #migration_familiale vers notre pays serait une « #pompe_aspirante » qu’il faudrait réduire à tout prix, alors qu’elle est en recul depuis dix ans à force d’être prise pour cible par les lois antérieures ? Au sein de ce courant, une faible part relève du « #regroupement_familial » stricto sensu, soit 14 000 personnes par an environ, conjoints ou enfants mineurs, réunis en vertu d’un droit qui n’a rien d’automatique, contrairement à une légende tenace. Mais l’#erreur la plus flagrante, celle qui alimente largement la nouvelle loi, consiste à vouloir priver les étrangers, selon les mots prononcés par Eric Ciotti, le patron des Républicains, à l’issue du vote, des avantages « du modèle social le plus généreux d’Europe, qui fait de la France la #destination_privilégiée pour les migrants ». Il s’agit là d’une #croyance jamais démontrée.

    Marchands d’#illusion

    Il ne suffit pas, en effet, de constater que tel dispositif d’#aide_sociale existant en France au bénéfice des migrants est sans équivalent à l’étranger ou affiche un montant supérieur, pour qu’on puisse en conclure que la France serait plus « attractive ». Ceci vaut pour tous les dispositifs visés par la loi : allocation pour demandeur d’asile, aide médicale d’Etat, aide au logement, droit du sol, accès à la naturalisation…

    La seule démonstration qui vaille consiste à examiner les « #préférences_révélées », comme disent les économistes, c’est-à-dire à vérifier si les demandeurs de séjour ou d’asile ont effectivement privilégié la France comme destination depuis cinq ou dix ans, dans une proportion nettement supérieure à celle de son poids démographique ou économique au sein de l’Union européenne. Or, il n’en est rien, au vu des données d’Eurostat rapportées à la population et à la richesse de chaque pays. La France réunit 13 % de la population de l’Union européenne et 18 % de son PIB, mais n’a enregistré que 5 % des demandes d’asile déposées en Europe depuis 2013 par les réfugiés du Moyen-Orient, et 18 %, pas plus, des demandes d’origine africaine. Comment croire qu’elle pourra durablement se défausser sur les pays voisins après la mise en œuvre du Pacte européen ? Les politiciens qui font cette promesse à l’opinion sont des marchands d’illusions.

    Trop de loi tue la loi. A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix au lieu de la réguler de façon raisonnable, on provoquera l’inverse du résultat recherché. Loin de tarir l’afflux des immigrés en situation irrégulière, la régularisation au compte-gouttes finira par l’accroître, tant sont fortes l’offre et la demande de travail. On a beau multiplier les effectifs policiers aux frontières, les entrées irrégulières ne cessent de progresser, quitte à se frayer de nouvelles voies.

    S’il est heureux que la régularisation des travailleurs sans papiers ne dépende plus du bon vouloir de l’employeur, le renforcement des pouvoirs du préfet dans la décision finale va dans le mauvais sens. A l’heure actuelle, déjà, comme l’a rappelé un avis sur la loi de finances 2023, un tiers au moins des préfets n’utilisent pas la #circulaire_Valls sur les #admissions_exceptionnelles_au_séjour, par idéologie ou par manque de moyens. La nouvelle loi fera d’eux plus que jamais des potentats locaux, en creusant l’#inégalité_de_traitement entre les territoires. Dans son rapport de 2013 sur le « #droit_souple », le Conseil d’État avait salué la circulaire Valls, censée rapprocher les critères de régularisation d’une #préfecture à l’autre au profit de l’« #équité_de_traitement ». C’est le contraire qui s’est produit, et l’ajout de critères civiques n’atténuera pas le caractère local et subjectif des décisions.

    Le contraire du #courage

    On nous oppose l’#opinion_publique, la fameuse « attente des Français » véhiculée par les sondages. Faut-il rappeler que la #démocratie ne se réduit pas à la #vox_populi et à la « #sondocratie » ? Elle implique aussi le respect des minorités et le respect des #droits_fondamentaux. Les enquêtes menées avec rigueur sur des échantillons suffisamment solides révèlent que les opinions recueillies sur le nombre des immigrés, leur utilité ou leur comportement dépendent fortement des affiliations politiques : les répondants ne livrent pas des #constats mais des #jugements.

    Dès que les questions précisent les contextes et les situations, comme c’est le cas de l’enquête annuelle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les opinions se font plus nuancées, le niveau de tolérance augmente. Mais les recherches qui font état de ces résultats ne peuvent s’exposer dans les limites d’une tribune, et rares sont les quotidiens qui font l’effort de les exposer.

    Osera-t-on enfin porter un regard critique sur les formules magiques ressassées ces derniers mois ? La « #fermeté », d’abord, affichée comme une qualité positive a priori, alors que la fermeté n’a aucune #valeur indépendamment du but visé : de grands démocrates ont été fermes, mais de grands autocrates aussi. Il en va de même du « #courage », tant vanté par les LR (le projet de loi initial « manquait de courage », le nouveau texte est « ferme et courageux », etc.), comme s’il y avait le moindre courage à caresser l’opinion publique dans le sens de ses #peurs.

    La #démagogie est le contraire du courage ; la parole « décomplexée » n’est qu’un discours sans scrupule. Le vrai courage aurait été de rééquilibrer les discours destinés à l’opinion publique en exposant les faits, si contrastés soient-ils. Le président de la République avait souhaité « un compromis intelligent au service de l’intérêt général » : il a entériné une #compromission irréfléchie qui lèse nos #valeurs_fondamentales.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-prov

    #loi_immigration #France #19_décembre_2023 #chiffres #statistiques #fact-checking #afflux #idées_reçues #propagande #discours

    voir aussi cet extrait :
    https://mastodon.social/@paul_denton/111617949500160420

    ping @isskein @karine4

  • James Guillaume - Idées sur l’organisation sociale - Chapitre I
    https://www.partage-noir.fr/james-guillaume-idees-sur-l-organisation-sociale-chapitre-i

    Le travail que nous présentons au public socialiste n’est pas le programme officiel d’un parti ! mais ce n’est pas non plus l’expression d’une simple opinion individuelle. Partant des principes généralement admis aujourd’hui dans l’Internationale, l’auteur a essayé de les montrer fonctionnant dans la pratique d’une société égalitaire et libre. Une fois son manuscrit achevé, il l’a communiqué à un certain nombre de personnes, qui toutes ont pris une part active à la propagande révolutionnaire de ces dernières années ; et, tenant compte de leurs observations, il a révisé plusieurs points de son travail conformément aux critiques qui lui avaient été adressées. Aujourd’hui, pensant que la publication de cet essai peut contribuer à jeter quelque lumière sur des questions qui sont actuellement l’objet de vives (...)

    #Idées_sur_l'organisation_sociale #James_Guillaume
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/08-james-guillaume-volonte-anarchiste.pdf

  • #PAUVRETÉ : “IL Y A LARGEMENT ASSEZ DE RICHESSES POUR TOUT LE MONDE”

    Les pauvres sont paresseux, ils ne savent pas gérer leur argent, et ils méritent la situation qui est la leur. Voici quelques clichés sur la pauvreté que l’économiste #Esther_Duflo démonte depuis des années, au travers de son vaste travail sur la pauvreté.
    A l’heure où les #inégalités explosent, qu’une poignée de privilégiés détiennent un niveau de richesses toujours plus important, et ce alors qu’ils sont ceux qui polluent le plus, comment réduire ce fossé, comment lutter contre la pauvreté et offrir des conditions de vie dignes à toutes et à tous ?
    Comment les économistes peuvent-ils impacter les prises de décision des dirigeants politiques, comment lutter contre les #clichés sur les pauvres ? Esther Duflo répond à toutes ces questions au micro de Salomé Saqué.

    0:00 : Introduction
    1:36 : La pauvreté expliquée aux enfants
    8:09 : #Définition de la pauvreté
    9:29 : Pauvreté et #universalité
    12:35 : Le bond en arrière de la pauvreté
    14:13 : L’#extrême_pauvreté
    16:35 : Comment répartir les richesses ?
    20:42 : Un #impôt_international sur les #grandes_fortunes ?
    27:07 : Pauvreté : quel est le #discours_politique ?
    34:38 : Faut-il distribuer de l’argent aux pauvres ?
    36:34 : L’impact de l’#économie sur la #politique
    44:46 : Que peut-on faire en tant que citoyen ?

    https://www.youtube.com/watch?v=H7syPQvbHOU


    #richesse #idées-reçues #répartition_des_richesses #préjugés #interview #vidéo

  • #Emmanuel_Lechypre, journaliste à BFM Business :

    « L’#échec des #politiques_de_la_ville, une quinzaine de #plans_banlieues depuis 1977. 100 milliards d’euro sur la table, et pas de résultats. La réalité c’est que la situation est bien plus difficile pour ces 7,5% de la population qui vivent dans les #banlieues que pour le reste du pays. Le taux de #chômage y est 2 fois plus élevé. La moitié des jeunes n’y a pas d’emploi, 4 habitants sur 10 n’ont aucun #diplôme, c’est le double de la moyenne nationale, et le taux de #pauvreté est 3 fois plus élevé que dans l’ensemble du pays.
    Quand vous regardez, est-ce que les habitants des #quartiers_pauvres reçoivent plus de #transferts_sociaux que les autres ? Non, en France métropolitaine on est à 6800 euros en moyenne par an. Là c’est 6100 euros dans les banlieues.
    Est-ce que ces territoires, plus pauvres, reçoivent beaucoup plus de la #solidarité_nationale qu’ils ne contribuent ? Ce n’est pas vrai. La Seine-Saint-Denis est le 3ème département en France le plus pauvre de France, et pourtant c’est le 8ème contributeur en termes de #cotisations_sociales.
    Est-ce que les quartiers pauvres sont mieux traités par l’Etat que la France périphérique ? Non, si on regarde les chiffres en matière de #santé, les quartiers populaires comptent moins de 250 professionnels offrant des #soins de proximité. C’est 400 en moyenne en France. Et même quand l’Etat dépense plus, les chiffres sont trompeurs. C’est vrai sur le coût moyen d’un élève accueilli en #éducation_prioritaire, il est plus élevé, sauf que la qualité de l’#enseignement qui est dispensé est moins bonne. »

    https://twitter.com/Laurent_Potelle/status/1675463787221008387
    https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/good-morning-business/emmanuel-lechypre-banlieues-trop-peu-d-argent-trop-mal-depense-30-06_VN-20230
    #chiffres #statistiques #préjugés #idées_reçues #quartiers_populaires #réalité #Nahel #politique_de_la_ville

    ping @karine4 @isskein @cede

    • Violences en banlieue : la politique de la ville, une cible trop facile

      Depuis la mort de Nahel, l’extrême droite s’indigne des milliards qui auraient irrigué en vain les quartiers populaires. Mais avec des plans banlieues délaissés depuis des années, le problème semble surtout résider dans les rapports entre la jeunesse et la police.

      C’est une petite musique qui monte, après cinq nuits d’émeutes qui laissent le pays groggy. Une rage de justice, pour venger la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policer le 27 juin, qui a tout emporté sur son passage : mairies, commissariats, écoles, centres des impôts ou de santé, médiathèques, boutiques et centres commerciaux, voitures et mobilier urbain. Jusqu’à cette tentative de mettre le feu à la mairie de Clichy-sous-Bois, tout un symbole : foyer des précédentes violences de 2005, la ville a longtemps été dirigée par l’actuel ministre de la Ville, Olivier Klein.

      Cette petite musique, le Rassemblement national la fredonne depuis des années, mais c’est Eric Zemmour qui l’a entonnée vendredi sur Twitter : « On a dépensé 40 milliards d’euros pour reconstruire ces quartiers avec le #plan_Borloo, 40 milliards ! Vous voyez le résultat aujourd’hui ? » Un discours démagogique : le #programme_national_de_rénovation_urbaine (#PNRU, 2004-2021), créé par la loi Borloo du 1er août 2003, n’a pas coûté 40 milliards, mais 12. Lesquels ont été financés aux deux tiers par #Action_Logement, l’organisme paritaire qui collecte le 1 % logement, un prélèvement sur la masse salariale. Le reste par les collectivités locales et l’Etat. Ces 12 milliards d’euros ont généré 48 milliards d’euros de travaux, une manne qui a surtout profité au BTP. En outre, le PNRU a généré 4 milliards de TVA, 6 milliards de cotisations et 40 000 emplois pendant dix ans. Merci la banlieue. Un deuxième programme, le #NPNRU (N pour nouveau), est en route. D’un montant identique, il court jusqu’en 2030.

      « Plus grand chantier civil de l’histoire »

      Trop d’argent aurait été déversé pour les quartiers populaires ? « Franchement, vous n’imaginez pas à quoi ressemblait leur #état_d’abandon, de #misère, l’#enfermement : la police ne rentrait pas dans ces quartiers, les poubelles n’étaient pas ramassées, personne n’y rentrait ! » s’énervait #Jean-Louis_Borloo mardi 27 juin. Avant d’engueuler Libération, qui l’interrogeait sur son bilan  : « A quoi ça a servi ? Avant le PNRU, qui est quand même le plus grand chantier civil de l’histoire de France, il y avait des émeutes sporadiques dans les quartiers, quasiment tous les jours, jusqu’au grand embrasement de 2005. »

      C’était quelques heures avant que Nanterre ne s’embrase. Hasard cruel du calendrier, le père de la #rénovation_urbaine se trouvait à la Grande Borne à Grigny (Essonne), dans le cadre d’un déplacement censé donner le coup d’envoi des « célébrations » des 20 ans de l’#Agence_nationale_pour_la_rénovation_urbaine (#Anru) et à quelques jours d’un Comité interministériel des villes présidé par Elisabeth Borne, qui devait enfin dévoiler le contenu du plan « Quartiers 2030 ». Issue de la loi la loi Borloo, l’Anru est aujourd’hui présidée par Catherine Vautrin, présidente LR du Grand Reims, qui a succédé à Olivier Klein.

      Si le plan Borloo a permis de pacifier les banlieues, il a été par la suite « victime de son succès ». « Quand ça a commencé à aller mieux, on a arrêté de s’occuper des banlieues, ce n’était plus un problème », explique l’ex-maire de Valenciennes. Il aura fallu l’« appel de Grigny » en 2017 suivi d’un rapport également signé par Borloo en 2018 et une déambulation d’Emmanuel Macron en Seine-Saint-Denis, en plein Covid, pour que le chef de l’Etat ne se décide enfin à lancer l’acte II de la rénovation urbaine.

      Entretemps, une génération aura été sacrifiée. « Les 15-17 ans qui constituent le gros des émeutiers, ce sont les oubliés de la politique de la ville, estime un ex-préfet de Seine-Saint-Denis. Ce mouvement doit engendrer une révolution des dispositifs permettant d’appréhender socialement cette classe d’âge, dont personne ne s’occupe, de Toulouse à Sevran. » L’éducation y joue un rôle central, et l’annonce faite le 26 juin par le chef de l’Etat à Marseille d’étendre les heures d’ouverture des collèges a été saluée par les acteurs de la politique de la ville, qui ne se résume pas à la rénovation urbaine.

      « La question, c’est la police, la police, la police »

      On en fait trop pour les banlieues, vraiment ? Quelques chiffres récents compilés par l’Insee : dans les 1 514 « quartiers prioritaires de la politique de la ville » (QPV), où vit 8 % de la population, le taux de pauvreté est trois fois plus élevé (43 %) que dans le reste des unités urbaines et le revenu médian plafonne à 13 770 euros par an et par foyer. Avec un taux de chômage de 18,6 %, plus du double du niveau national. Bref, « dans les QPV, les communes ont plus de besoins mais moins de ressources : 30 % de capacité financière en moins », rappelait Borloo dans son plan de « réconciliation nationale ». La politique de la ville n’est pas la charité, ou une faveur faite aux plus précaires.

      Dans ces quartiers, plus de la moitié des enfants vivent en situation de pauvreté : 57 %, contre 21 % en France métropolitaine. Ils grandissent la rage au ventre à force de se faire contrôler : dans ces quartiers dont souvent un quart des habitants ne sont pas nés en France, un jeune homme noir ou arabe a une probabilité vingt fois plus élevée d’être contrôlé que l’ensemble de la population, selon un rapport du Défenseur des droits de 2017. Pour le sociologue Renaud Epstein, on se trompe donc en imputant la révolte actuelle à l’échec de la rénovation urbaine. « La question, c’est la police, la police, la police, et éventuellement la justice. La rénovation urbaine n’a rien à voir là-dedans. Si ça chauffe à Pablo-Picasso [le quartier de Nanterre où vivait Nahel, épicentre des violences, ndlr], ce n’est pas parce qu’on va leur enlever leur mosaïque pour pouvoir rénover les tours Nuages ! »

      Elu municipal à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et infatigable militant des quartiers populaires, Fouad Ben Ahmed peut dater la bascule au jour près. Le 3 février 2003, quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rend à Toulouse et lance : « La police n’est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter les délinquants, vous n’êtes pas des travailleurs sociaux. » Dans la foulée, le directeur de la police toulousaine est limogé. « Dès lors, la police n’a plus été là pour protéger les jeunes, mais pour les interpeller. » L’élu socialiste n’oublie pas non plus la dimension économique des violences actuelles, qu’il qualifie d’« émeutes du pouvoir d’achat ». Ce dont témoignent les pillages de supermarchés de hard discount comme Aldi. A Grigny, le maire, Philipe Rio, le rejoint : « Depuis 2005, la pauvreté a explosé à Grigny, et la crise du Covid et l’inflation ont été un accélérateur d’inégalités et d’injustices. »

      Alors que Mohamed Mechmache, figure des révoltes urbaines de 2005 à travers son association ACLeFeu, réclamait ce dimanche « un vrai Grenelle pour les quartiers », certains craignent que ces émeutes ne plantent le dernier clou dans le cercueil de la politique de la ville. En clair : il n’y aura pas de PNRU 3 ni de 18e plan banlieue. « Vu l’état de sécession de la jeunesse, et en face la force de l’extrême droite, il n’y aura plus un sou pour les quartiers, c’est mort », confie un militant. Rencontrée samedi soir à Bobigny, Nassima, qui condamne les violences mais comprend la colère, le dit avec ses mots et la sagesse de ses 15 ans : « Déjà qu’on était délaissés, mais on va l’être encore plus car les Français vont se dire : “Ces gens, on les aide, pour qu’au final ils pillent.” »

      https://www.liberation.fr/societe/ville/violences-en-banlieue-la-politique-de-la-ville-une-cible-trop-facile-2023

    • Trop d’argent public dans les banlieues ? « Un vaste mensonge à des fins racistes et anti-pauvres »

      Après les révoltes urbaines, des commentateurs ont accusé les banlieues d’engloutir les #fonds_publics. La réalité ce sont plutôt des #services_publics moins bien dotés qu’ailleurs, et des travailleurs essentiels plus nombreux dans ces quartiers.

      Les banlieues seraient « gorgées d’#allocations_sociales », a dit Éric Zemmour. Ou bien encore seraient dépendantes du « trafic de drogues », a affirmé le patron du Medef au sujet de la Seine-Saint-Denis, avant de s’excuser. « Quand on regarde la réalité de près, le fantasme des milliards d’argent public déversés, d’habitants qui seraient gorgés de subventions est un vaste #mensonge », réagit Stéphane Troussel, président, socialiste, du département en question. La Seine-Saint-Denis, « c’est un département dans le top 10 des créations d’entreprises, en 20 ans, l’emploi y a bondi de 30 %», met par exemple en avant l’élu pour contredire les #préjugés.

      « Je ne suis ni angélique ni naïf, je sais aussi les difficultés, le niveau de chômage, le nombre d’allocataires du RSA, le taux de délinquance et de criminalité élevé, ajoute-t-il. Mais les clichés et caricatures exploités par les réactionnaires et l’extrême droite le sont à des fins politiques, à des fins racistes et anti-pauvres, pour exacerber le clivage entre ce que nous représentons en Seine-Saint-Denis, qui est un peu l’emblème des banlieues, et le reste de la France. »

      Des quartiers de travailleuses et travailleurs

      Les affirmations discriminatoires de quelques figures politiques depuis les émeutes qui ont secoué les quartiers populaires sont en grande partie contredites par la réalité. Dans la symbolique Seine-Saint-Denis, la population dispose « du plus faible niveau de vie de la France métropolitaine », pointait un rapport parlementaire en 2018. Le département présente aussi le taux de #chômage le plus élevé de la région Île-de-France : à 9,8% contre 5,4 % à Paris début 2023. Mais la Seine-Saint-Denis est aussi le département d’Île-de-France, « où la part des travailleurs clés dans l’ensemble des actifs résidents est la plus élevée », relevait l’Insee dans une étude en 2021.

      Les « #travailleurs-clés » de Seine-Saint-Denis sont entre autres aides à domicile, caissières et caissiers, ou encore vendeurs de commerces essentiels. Des #métiers dont tout le monde a perçu l’importance vitale pendant les confinements. L’atelier parisien d’urbanisme s’est aussi demandé où vivent les actifs des professions essentielles d’Île-de-France : personnel hospitalier, caissiers, ouvriers de la logistique, de la maintenance, aides à domicile, personnel de l’éducation…

      Sans surprise, du fait des prix de l’immobilier, elles et ils sont peu à vivre à Paris et beaucoup plus dans les départements des banlieues populaires. Les auxiliaires de vie, par exemple, résident plus fréquemment en Seine-Saint-Denis. Les livreurs sont sous-représentés à Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans les Yvelines, mais surreprésentés dans les autres départements franciliens, principalement en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne.

      Justice, police : #sous-dotation à tous les étages

      « Tous ceux qui ont étudié un peu la situation et essayé de la regarder objectivement ont constaté le #sous-équipement de notre département, notamment en termes de grands services publics, en matière de #justice, de #police, d’#éducation, de #santé », dit aussi Stéphane Troussel. L’élu cite le rapport parlementaire « sur l’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en #Seine-Saint-Denis » rédigé en 2018 par un élu du parti de Macron et un élu LR.

      Le rapport pointe notamment l’inégalité d’accès à la justice. Par exemple, la durée de traitement des affaires au tribunal d’instance est de 8,6 mois en moyenne en Seine-Saint-Denis, contre moins de 5 mois pour ceux du 18e arrondissement ou du 15e arrondissement de Paris. La Seine-Saint-Denis dispose aussi de beaucoup moins d’officiers de police judiciaire, ceux et celles chargés d’enquêter, que Paris et les Hauts-de-Seine.

      « La police, dans un département populaire comme le nôtre, n’est pas assez dotée en moyens, qu’ils soient humains ou immobiliers, estime Stéphane Troussel. L’état des commissariats est scandaleux. » L’élu pense aussi qu’il faut changer la police. « Il faut un débat sur la doctrine d’intervention, les contrôles aux faciès, les conséquences des modifications législatives de 2017 [sur l’usage de leur arme par les policiers en cas de refus d’obtempérer, ndlr], sur la formation des policiers… Mais en attendant, je suis pour une police qui est un service public, qui rassure et protège d’abord les plus fragiles et les plus modestes, les femmes seules, les enfants et les jeunes, les personnes âgées. Aujourd’hui, je considère que la police n’a pas les moyens de cette action dans un département comme le nôtre. »

      Éducation : des milliers d’heures de cours perdues

      La situation n’est pas meilleure dans l’éducation. Il existe en Seine-Saint-Denis « une forme subie d’#exclusion_scolaire : l’absence d’enseignant devant les élèves », pointait le rapport parlementaire de députés LR et LREM. « En dépit des postes créés depuis cinq ans, la continuité de l’enseignement n’est toujours pas assurée en Seine-Saint-Denis, pour une raison “mécanique” qui tient à l’inefficacité du dispositif de remplacement des absences de courte durée », ajoutaient les deux parlementaires.

      L’an dernier, Mediapart avait comptabilisé 259 heures perdues en un mois dans un collège de Seine-Saint-Denis faute d’enseignants pour faire cours. Dans les Hauts-de-Seine, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) recensait ce printemps déjà plus de 800 heures de cours perdues à Bagneux, commune populaire des Hauts-de-Seine.

      Pourtant, nombre d’établissements scolaires des banlieues populaires d’Île-de-France sont classés « réseau d’éducation prioritaire », Rep ou Rep+. Ce qui devrait signifier des moyens supplémentaires. 58 % des écoliers et 62 % des collégiens de Seine-Saint-Denis sont inscrits dans un établissement de ce type.

      « Dans les établissements Rep et Rep+, les moyens ne sont absolument pas à la hauteur des besoins, accuse Fatna Seghrouchni, professeure de français en collège dans le Val-d’Oise et cosecrétaire de la fédération Sud Éducation. « On entasse les élèves dans les classes, on surcharge les classes. » Quand elle est arrivée dans son collège il y a 17 ans, l’enseignante avait « 20 à 22 élèves par classe », témoigne-t-elle. « Alors que mon collège n’était pas encore classé #Rep. Aujourd’hui, on est à 26-28 tout en étant classé Rep. Cinq élèves en plus par classe, c’est oppressant pour les élèves eux-mêmes. Et l’établissement n’est pas fait pour accueillir autant d’élèves. »

      La responsable syndicale salue les programmes de soutien pour les établissements classés prioritaires, d’aides aux devoirs, les enveloppes budgétaires pour proposer des activités culturelles et sportives. Mais tout cela reste « du saupoudrage, dit-elle. Nous, nous demandons surtout moins d’élèves dans les classes, plus d’établissements scolaires, pour mieux accueillir tous les élèves, plus d’enseignants, plus de personnel en général, et une meilleure rémunération de tous les personnels. »

      Des grands projets qui ne profitent pas aux habitants

      Au cours des nuits de tensions fin juin et début juillet, Yohan Salès, conseiller municipal à Pierrefitte-sur-Seine pour la France insoumise, a arpenté les rues de sa ville à la rencontre des jeunes et des médiateurs. « On a discuté des débats des plateaux télé des derniers jours. Ce que disent les gens, c’est que l’argent de la politique de la ville, on ne le voit pas, rapporte-t-il. Dire que la Seine-Saint-Denis engloutit des millions d’argent public, c’est une lubie de la droite. L’investissement est en fait largement insuffisant. »

      Pour lui, beaucoup des grands projets menés par l’État dans le département de Seine-Saint-Denis ne profitent pas à la population des quartiers. « La vérité, c’est que sur la Plaine-Saint-Denis par exemple, que l’État veut transformer en un nouveau quartier d’affaires, il n’y a pas de volonté politique pour que les habitants du département puissent y travailler. Le chantier d’un site des Jeux olympiques (JO) a brûlé à Aubervilliers, mais ces JO ne vont pas profiter aux habitants du département ! Aucun habitant ne pourra se permettre le prix du billet d’un événement sportif de ces Jeux. » Le premier tarif démarre à 24 euros pour les JO et 15 euros pour les Jeux paralympiques, pour les places avec le moins de visibilité. Les tarifs vont jusqu’à frôler les 1000 euros pour les meilleures places.

      Comment se payer des places, même à quelques dizaines d’euros, quand « une situation de détresse alimentaire frappe les habitants » des banlieues, comme l’alertaient quelques semaines avant la mort de Nahel et les émeutes, des dizaines d’élus locaux des quartiers populaires de différents horizons politiques ? « Les banlieues sont au bord de l’#asphyxie », leurs habitants ont « le sentiment d’être abandonnés par la République », écrivaient aussi ces édiles. Face à cette situation, le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel en appelle à « une action publique de remise à niveau qui porte un choc structurel d’égalité. Sans cela, ma crainte, c’est que les écarts ne cessent de s’accroître ». Dans son département, en Île-de-France, et au-delà.

      https://basta.media/trop-d-argent-public-dans-les-banlieues-un-vaste-mensonge-a-des-fins-racist

      ici aussi :
      https://seenthis.net/messages/1010259

  • 21 février 1848 : première parution du Manifeste du Parti communiste , de #Karl_Marx et #Friedrich_Engels

    90 ans de Manifeste Communiste, par Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1937/10/371030.html

    Les #sociétés_de_classes, dont l’Égypte antique et Sumer avaient été des grands précurseurs, allaient se développer au rythme de la progression des #forces_productives et des conflits entre les classes sociales, entre exploiteurs et exploités. Comme Marx et Engels l’ont synthétisé au tout début du #Manifeste_communiste  : «  L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte de classes.  »

    Voici comment Marx exprima le lien entre les forces productives d’une société donnée et ce qu’il nomma la superstructure idéologique  : «  (...) Dans la #production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui corres­­pondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives maté­rielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la #structure_économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une #superstructure juridique et politique et à la­quel­le correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être  ; c’est inversement leur être social qui détermine leur #conscience.  »

    Les #religions, les #idées de nation, de #démocratie, de #république et même l’idée du #socialisme, toutes les idéologies sont l’expression d’une réalité sociale. «  Les idées ne tombent pas du ciel, et rien ne nous vient en songe  » disait un des premiers marxistes italiens à la fin du 19e siècle, #Antonio_Labriola. Et si des idées ont une audience, sont reprises par des milliers, des millions d’êtres humains, c’est qu’elles répondent à une nécessité sociale.

    Produits des sociétés divisées en #classes, les #idéologies, en regroupant, en mettant en mouvement de façon coordonnée des masses d’individus, agissent en retour sur cette réalité sociale.

    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/developpement-des-sciences-et

    #Marx #Engels #Manifeste

    • Les circonstances de la rédaction du Manifeste et le résumé de ses quatre parties (source : Marx, de Pierre Fougeyrollas) :

      A la fin de novembre 1847, se tient, à Londres, le deuxième congrès de la #Ligue_des_communistes. Cette fois-ci, #Marx y assiste en compagnie d#’Engels. Avant le congrès, Marx participe à un meeting organisé par les Fraternal Democrats, pour commémorer l’insurrection polonaise de 1830. Il y proclame :

      « La vieille Pologne est morte, cela ne fait aucun doute et nous serions les derniers à souhaiter sa restauration. Mais elle n’est pas seule dans ce cas. La vieille Allemagne, la vieille France, la vieille Angleterre, toute la vieille société est condamnée.

      Et, s’adressant à son auditoire anglais, il s’écrie :

      « La Pologne ne sera pas libérée en Pologne, mais en Angleterre. Vous autres, chartistes, vous n’avez donc pas à former des vœux pieux pour la libération des nations. Battez vos propres ennemis, à l’intérieur, et vous pourrez avoir conscience d’avoir battu toute la vieille société. »

      Le congrès de la Ligue charge Marx et Engels de rédiger le programme de l’organisation à la direction de laquelle ils participent désormais. A Paris, Engels avait préparé un projet de « catéchisme communiste » dont il avait entretenu Marx et qu’il avait finalement préféré intituler « manifeste ». De retour sur le continent, Marx entreprend de rédiger le texte demandé par le congrès. Mais son perfectionnisme entraîne quelques lenteurs. Le 24 janvier 1848, une résolution de la direction de la Ligue le met au pied du mur :

      « Le comité central charge, par la présente, le comité régional de Bruxelles de communiquer au citoyen Marx que si le Manifeste du Parti communiste dont il a assumé la composition au dernier congrès, n’est pas parvenu à Londres, le 1er février de l’année courante, des mesures en conséquence seront prises contre lui. »

      Finalement, Marx respecte les délais et envoie son manuscrit à Londres, à la fin de janvier. Mais, il était grand temps, car le #Manifeste_du_Parti_communiste dont Engels avait commencé l’élaboration et que Marx rédigea seul, parut, à Londres, en langue allemande, dans les jours mêmes où commençaient à déferler sur l’Europe les vagues de la Révolution de 1848.

      A travers ses éditions successives et des traductions dans un nombre considérable de langues, le Manifeste est devenu l’ouvrage le plus célèbre de Marx et d’Engels. Ecrit dans un style classique, riche en formules saisissantes et développé selon une logique rigoureuse, le livre conduit le lecteur de sa prémisse : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes », à sa conclusion : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » C’est à tort que le #Manifeste est parfois considéré comme une simple œuvre de vulgarisation. Car, pour être claires, ses phrases n’en sont pas moins porteuses de tout le contenu de la #conception_matérialiste_de_l’histoire que l’on appellera plus tard le #matérialisme_historique, et de toute la stratégie révolutionnaire connue sous le nom de #socialisme_scientifique. A ceux qui veulent entrer dans la connaissance du marxisme, on ne saurait trop conseiller de commencer par la lecture du Manifeste.

      Dans la première partie, Marx brosse une fresque incomparable de l’ascension révolutionnaire de la #bourgeoisie et des bouleversements qu’elle a entraînés pour l’humanité tout entière. Le premier, il constate que cette bourgeoisie a créé le « marché mondial », dans le cadre duquel la vie économique actuelle continue à se dérouler. Il montre que le passage de la #société_féodale à la #société_bourgeoise s’est accompagné d’un prodigieux essor des forces productives, à travers les stades commercial, manufacturier et industriel du #capitalisme. Il établit ensuite que la bourgeoisie, devenue classe dominante, n’a pas pour autant acquis la maîtrise de la nouvelle économie, périodiquement ravagée par des crises de #surproduction.

      De cette analyse, Marx tire la conclusion suivante :

      « Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, en imposant la destruction d’une masse de forces productives, d’autre part, en s’emparant de marchés nouveaux et en exploitant mieux les anciens. Qu’est-ce à dire ? Elle prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir.

      « Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent à présent contre la bourgeoisie elle-même. Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui lui donneront la mort ; elle a en outre produit les hommes qui manieront ces armes — les travailleurs modernes, les prolétaires. »

      En se fondant sur la réalité objective de la lutte des classes, Marx annonce qu’aux révolutions bourgeoises du passé succéderont les révolutions prolétariennes de l’avenir.

      Dans la deuxième partie du Manifeste, il définit la position des communistes par rapport à l’ensemble du prolétariat en indiquant qu’ils n’ont pas d’intérêts distincts de cet ensemble. Il précise ainsi la ligne politique de la Ligue des communistes :

      « Voici ce qui distingue les communistes des autres partis prolétariens : d’une part, dans les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs du prolétariat tout entier, sans considération de nationalité, d’autre part, dans les diverses phases de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent toujours l’intérêt du mouvement dans son ensemble. »

      Le Manifeste est, en vérité, un programme au centre duquel se situe la construction d’un parti exprimant avec une pleine indépendance les intérêts de classe des travailleurs salariés dans leur lutte contre l’exploitation du capital.

      La troisième partie consiste dans une critique de la littérature socialiste et communiste de l’époque. Elle dénonce les diverses formes du « #socialisme_réactionnaire » : le « #socialisme_féodal » qui préconise le retour aux temps antérieurs à la révolution bourgeoise, le « #socialisme_petit-bourgeois » qui rêve d’une société composée d’artisans, enfin le « socialisme allemand ou socialisme vrai » qui s’oppose au machinisme et à la lutte des classes, au nom de spéculations fumeuses. Marx attaque ensuite le « socialisme conservateur ou bourgeois » de Proudhon, c’est-à-dire le réformisme et le refus de porter le combat prolétarien au niveau politique, au niveau de la lutte pour le pouvoir. Enfin, il constate que les doctrines utopiques de Saint-Simon, de Fourier et d’Owen ont eu le mérite de correspondre aux débuts de l’histoire du mouvement ouvrier et qu’elles sont désormais dépassées par les effets de l’industrialisation.

      La quatrième partie conclut en reprenant les enseignements de la deuxième partie et en indiquant que l’avant-garde communiste est prête à appuyer partout « les mouvements révolutionnaires contre les institutions sociales existantes » et qu’elle entend travailler partout « pour l’union et l’entente des partis démocratiques de tous les pays ».

      #prolétariat #lutte_de_classe #parti_révolutionnaire

  • Combattre le capitalisme, une nécessité matérielle et politique (#éditorial LO du 20 février 2019)

    ...la #crise_économique s’approfondit. Les #injustices et les #inégalités explosent, parce que la classe capitaliste est de plus en plus rapace et aveuglée par la #recherche_du_profit. Et toute l’#économie est gangrenée par la #finance.

    #Emploi, #salaire, #retraite, #logement, #garde_des_enfants, #déserts_médicaux, #transports_publics, prise en charge des handicapés ou des personnes âgées dépendantes : le gouvernement est incapable d’apporter la moindre solution à des problèmes élémentaires et quotidiens.

    Il est également incapable d’enrayer les catastrophes climatiques et humanitaires qui menacent la société. Et il l’est tout autant pour contrer la montée des #idées_réactionnaires et le #délitement_moral de la société qui sont alimentés par le repli sur soi, la misère et la marginalisation sociale. Cela a de graves conséquences, car les forces politiques les plus réactionnaires prêtes à s’appuyer sur les pires préjugés sont à l’œuvre, avec l’ambition de prendre la place de partis politiques discrédités.

    Si elles parviennent au pouvoir, ces forces se porteront au secours de l’ordre bourgeois, en commençant par s’en prendre aux immigrés, avant d’attaquer l’ensemble du monde du travail.

    Pour les travailleurs, lutter pour leurs intérêts matériels ne peut suffire. Il faut aussi lutter contre le système capitaliste, porteur de bien d’autres menaces. Lever le drapeau de l’#émancipation_sociale, c’est-à-dire d’une société débarrassée de la dictature du #grand_capital, doit être leur perspective.

    Tous les jours, des travailleurs sont amenés à se défendre contre le #grand_patronat. Il faut que leur combat devienne collectif : le combat de la #classe_ouvrière contre la #classe_capitaliste. L’aboutissement doit en être le renversement de ce système capitaliste qui empoisonne la société.

    #révolution_sociale #capitalisme #crise_climatique #grande_bourgeoisie #parasitisme