• RSA sous condition : la ministre du Travail annonce un élargissement de l’expérimentation « à 47 départements d’ici la fin du mois » - Public Sénat
    https://www.publicsenat.fr/actualites/emploi/rsa-sous-condition-la-ministre-du-travail-annonce-un-elargissement-de-le

    « La meilleure émancipation, c’est le travail », résume Catherine Vautrin au micro de Public Sénat pour expliquer la position du gouvernement en matière de lutte contre le chômage. À ce titre, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a annoncé un élargissement de l’expérimentation du conditionnement du #RSA à 15 heures d’activité : « Aujourd’hui, il y a 18 expérimentations, nous allons passer à 47 d’ici la fin du mois. »

    Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre avait déjà annoncé que ce dispositif – voté dans le cadre de la loi « pour le plein emploi » – serait généralisé à toute la France d’ici à 2025.
    Une réforme de l’allocation spécifique de solidarité

    Dans son discours devant l’Assemblée nationale, Gabriel Attal avait également annoncé son souhait de supprimer l’allocation spécifique de solidarité pour les #chômeurs en fin de droit, pour la remplacer par le versement du RSA.

    La disparition de cette allocation, destinée aux demandeurs d’emploi qui ont épuisé leurs droits à l’assurance chômage, suscite des inquiétudes. Les associations craignent une précarisation des chômeurs de longue durée, les départements – qui sont responsables du versement du RSA – alertent sur la création d’une nouvelle charge financière.

    « Un demandeur d’emploi, ce qu’il cherche c’est à retourner dans l’emploi. Notre objectif, c’est de l’accompagner à aller dans l’emploi, c’est la meilleure émancipation possible pour lui », assume de son côté Catherine Vautrin.

    Vain dieu, cette fois-ci je ne vais pas y couper alors que je ne cherche pas vraiment à retrouver du travail, le salaire me suffirai !

  • « Règles plus sévères » pour les chômeurs : Macron accusé de « stigmatisation »


    Conférence de presse d’Emmanuel Macron à Paris, le 16 janvier 2024. LAURENCE GEAI / MYOP POUR « LE MONDE »
    (ni De Gaulle, ni Pétain, n’aurait employé ce langage gestuel typique de l’engagement managérial)

    Lors de sa conférence de presse, mardi, le chef de l’Etat a annoncé, pour « le printemps prochain », une réforme du marché du travail.
    Par Bertrand Bissuel, 18 janvier 2024.

    Pour la quatrième fois depuis son arrivée à l’Elysée, en 2017, Emmanuel Macron veut modifier les droits et #devoirs des #chômeurs. Lors de la conférence de presse qu’il a donnée, mardi 16 janvier, le président de la République a annoncé, pour « le printemps prochain », une réforme du #marché_du_travail. Elle s’inscrira dans deux axes : d’un côté, « des règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées » ; de l’autre, « un meilleur accompagnement » [au fouet ?] des personnes privées d’activité. Les syndicats redoutent que cette initiative se traduise, une fois de plus, par un tour de vis au détriment des femmes et des hommes en quête d’un poste.

    Le plus souvent, les conditions d’indemnisation applicables aux #demandeurs_d’emploi sont fixées dans des « conventions » issues d’accords entre les partenaires sociaux, ceux-ci étant les gestionnaires de l’assurance-chômage. Mais si les organisations de salariés et d’employeurs n’arrivent pas à s’entendre, le gouvernement reprend la main : c’est ce qui s’est produit en 2019, avec une série de #décrets, étalés sur deux ans, ayant pour effet de durcir les règles (allongement de la durée de cotisation pour être éligible à une allocation, etc.). Un gouvernement peut également, de sa propre initiative, remodeler les normes imposées aux chômeurs. Ce fut le cas, avec la loi de septembre 2018 (refonte du barème de #sanctions infligées aux demandeurs d’emploi manquant à leurs obligations) et avec la loi de décembre 2022 (fermeture de l’assurance-chômage pour les salariés en CDD repoussant, à deux reprises, une offre en CDI).

    En faisant part de sa volonté d’engager une nouvelle #réforme, M. Macron a suscité des réactions de diverse nature chez les partenaires sociaux. La perplexité, tout d’abord : « Nous aimerions avoir davantage d’explications car les propos du chef de l’Etat peuvent signifier plusieurs choses », souligne Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Le but est-il de renforcer les sanctions à l’encontre des chômeurs qui s’affranchissent de leurs devoirs ? S’agit-il de changer les paramètres de l’indemnisation ?

    Si c’est la deuxième option qui tient la corde, elle est susceptible de créer des difficultés car les organisations d’employeurs et de #salariés (à l’exception de la CGT et de la CFE-CGC) ont récemment signé un accord qui révise les critères d’attribution d’une allocation. Ficelé en novembre 2023, ce compromis a débouché sur une « convention » qui n’attend plus que le feu vert du gouvernement pour entrer en vigueur. Mais l’intention affichée, mardi soir, par M. Macron risque de tout remettre en cause, selon Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO : « L’accord que les acteurs sociaux ont conclu à l’automne 2023 vient d’être enterré par le président de la République, puisqu’il a annoncé à peu près tout le contraire de ce qui avait été décidé par les syndicats et le patronat », déplore-t-il.

    « Toujours les mêmes rengaines »

    Le locataire de l’Elysée déclenche aussi des critiques, parmi les représentants des travailleurs, quand il évoque l’idée de « règles plus sévères ». Sa position est teintée d’« idéologie », estime Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT : « Le #chômage n’est pas lié à l’attitude d’une armée de demandeurs d’emploi qui se détourneraient des postes qu’on leur propose. » Pour Jean-François Foucard, secrétaire confédéral de la CFE-CGC, les déclarations de M. Macron montrent qu’« il ne connaît pas le marché du travail ». « On n’est plus au temps du servage », lance, provocateur, le syndicaliste. « Le chef de l’Etat sort toujours les mêmes rengaines, enchaîne Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT. On se demande s’il ne fait pas une fixation. En tout cas, c’est inadmissible. » Eric Courpotin, secrétaire confédéral de la CFTC, est sur la même longueur d’onde : « Le président reste encore dans la #stigmatisation. Pour lui, le demandeur d’emploi est un fainéant qui ne veut pas travailler. »

    Sans surprise, le ton est plus bienveillant du côté du patronat. Le discours de M. Macron « va dans notre sens », confie M. Chevée [il peut utiliser un pronom possessif : pas besoin d’arguer d’un semblant d’intérêt général en disant "dans le bon sens"] « Sur le principe, nous pouvons difficilement contester cette annonce », complète Michel Picon, vice-président de l’Union des entreprises de proximité. Cependant, il juge nécessaire d’« apprécier les raisons » pour lesquelles des chômeurs refusent des postes, en mentionnant les « freins périphériques »_ auxquels ces derniers peuvent être confrontés (logement, garde d’enfants…).

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/18/regles-plus-severes-pour-les-chomeurs-macron-accuse-de-stigmatisation_621156

    #idéologie_du_travail

    • Nouvelles menaces contre les chômeurs : Emmanuel Macron en remet une couche
      https://www.liberation.fr/economie/social/nouvelles-menaces-contre-les-chomeurs-emmanuel-macron-en-remet-une-couche

      .... il ne passe quasiment plus une année sans que les règles de l’#assurance_chômage changent, en général au détriment des travailleurs. Récapitulons rapidement : en 2019, la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits passe de quatre à six mois. Cette mesure, qui contribuera fortement à réduire de 20 % les ouvertures de droits entre juin 2019 et juin 2022, est suspendue au plus fort de la crise sanitaire du Covid-19, mais revient en avril 2021. Puis, quelques mois plus tard, un nouveau mode de calcul de l’allocation entre en vigueur, qui réduira de 16 % l’indemnisation versée à près d’un nouvel allocataire sur deux. Enfin, en février 2023, la durée d’indemnisation est raccourcie de 25 %, au nom de la conjoncture positive (le taux de chômage apparaît alors en baisse continue et s’approche des 7 %) : elle passe de 24 à 18 mois pour la plupart des inscrits, et de 36 à 27 mois pour les « seniors » de plus de 55 ans. Le tout au nom de la marche macroniste vers le « #plein-emploi »… qui pourtant semble désormais s’éloigner, puisque le chômage est reparti à la hausse sur les deux derniers trimestres.

      Faut-il donc en remettre une couche ? C’est ce que suggère Emmanuel Macron, sans rien dire de ce qu’il a dans la tête. Ni s’agissant des éventuelles mesures qui seraient prises ni s’agissant de la méthode, qui n’est pourtant pas un enjeu secondaire. Car pour l’heure, les règles de l’assurance chômage sont revenues aux mains des acteurs sociaux, qui ont conclu (à l’exception de la CGT et la CFE-CGC) en novembre un accord prévoyant des ajustements – modestes – des dernières réformes, plutôt en faveur des indemnisés. Difficile pour eux de faire davantage, puisque le gouvernement leur avait imposé, dans sa #lettre_de_cadrage, de préserver les mesures qu’il avait précédemment imposées. La convention qui en a résulté a été soumise pour agrément à Matignon, qui était encore occupé par Elisabeth Borne. Cette dernière a souhaité attendre les résultats d’une négociation interprofessionnelle sur l’#emploi_des_seniors qui a débuté fin décembre et doit aboutir d’ici à la fin mars, au sein d’une discussion plus globale autour d’un « nouveau pacte de la vie au travail ». Mais elle a aussi promis de transposer fidèlement le contenu d’un éventuel accord, dès lors qu’il n’alourdit pas la dépense publique.

      La schlague de Macron et « l’écoute » d’Attal

      Or, pendant qu’Emmanuel Macron promet de nouveau la schlague, son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, fait défiler les syndicats à Matignon. Et sa ligne de conduite consiste avant tout, pour l’heure, à les écouter. L’objet de ces rencontres ? « Dire à un nouveau Premier ministre tout ce qu’on avait dit à son prédécesseur, pour qu’il sache bien que certes le Premier ministre a changé, mais que nous n’avons pas changé », résume Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT. Mardi, la numéro 1 de son syndicat, Marylise Léon, a ainsi voulu pointer l’importance du « pacte de la vie au travail » évoqué plus haut, du « pouvoir d’achat » et de « l’index égalité femmes-hommes », a-t-elle expliqué à l’AFP. Reçue mercredi soir, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a déroulé pendant une heure trente la liste des sujets qui comptent pour son syndicat : augmentation du smic, échelle mobile des salaires, conditionnalité des aides publiques aux entreprises, médecins étrangers en demande de régularisation, répression syndicale, loi immigration… En face, très peu de réponses, mais un Premier ministre qui « a souhaité montrer qu’il était à l’écoute, disponible, ouvert, direct », constatait-elle à la sortie. Bref, un « contact agréable », même si elle « jugera sur pièces ».

      Il faudra aussi compter avec la nouvelle ministre du Travail, la conservatrice Catherine Vautrin, issue de l’UMP période Chirac-Sarkozy, qui a également hérité de la Santé et des Solidarités. L’ampleur du portefeuille laisse les syndicats dubitatifs, à l’image de Cyril Chabanier, le président de la CFTC, qui estime que « si ça reste comme ça, on pourrait se poser des questions sur l’efficacité » [elle va être vite répondue la question]. Pour l’heure, Catherine Vautrin, qui s’apprête à recevoir l’ensemble des organisations syndicales et patronales dans le courant de la semaine prochaine, s’est gardée de toute sortie remarquable. [le compte sur X de cette dame, qui est aussi ministre de la santé, a pour icono une pub pour le champagne, ou sévit la surexploitation de saisonniers agricoles souvent sans papiers]_

      « Recul des droits pour les salariés »

      Dans ce contexte, les déclarations d’Emmanuel Macron posent question. Que faut-il comprendre quand, évoquant mardi soir une future loi de simplification, il assure vouloir relever « tous les seuils de déclenchement des obligations » s’imposant aux entreprises ? Et quand, à Davos, il dit vouloir « favoriser tout ce qu’on peut transférer au niveau de l’#entreprise dans les négociations », suggérant d’aller plus loin dans le bouleversement de la #hiérarchie_des_normes qui était au cœur de la loi Travail de 2016 ? A défaut de précisions, Sophie Binet « comprend [ces propos] comme un recul des droits pour les salariés ».

      Or, si les syndicats demandent unanimement une révision des ordonnances de 2017, qui ont réformé le dialogue social dans les entreprises, c’est parce qu’elles compliquent bien davantage la vie des représentants du personnel que celle des employeurs. Pour François Hommeril, le président de la CFE-CGC, ce devrait être un chantier prioritaire de Gabriel Attal : « Est-il décidé à reconstruire un peu de ce qu’Emmanuel Macron a détruit dans l’équilibre de la sphère sociale ? » s’interroge le syndicaliste, qui juge que « la fusion des instances est une catastrophe totale. Or ça, personne ne le conteste, mais pour Emmanuel Macron, c’est le Saint-Graal, il ne faut pas y toucher. » Sans attendre que son secrétaire général, Frédéric Souillot, ait été reçu vendredi à Matignon, la commission exécutive de FO a quant à elle « condamné » ce jeudi « les annonces faites par le président de la République », en annonçant « un grand meeting national dans les prochaines semaines ». Un an exactement après le début de la crise des retraites, le fil fragile du « dialogue social » tant vanté par l’exécutif se tend de nouveau.

      .... pendant que l’on annonce que faute de hausse des salaires, les agents de la fonction publique seront payés au mérite.

      #travail #salaire #État

  • Aurore Bergé annonce des « travaux d’intérêt général pour les parents défaillants »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/10/aurore-berge-annonce-la-creation-d-une-commission-sur-la-parentalite_6204883

    Dans un entretien à « La Tribune Dimanche », la ministre des solidarités détaille également la mise en place d’une commission sur la parentalité, coprésidée par le pédopsychiatre Serge Hefez.

    Parmi les [...] mesures confirmées samedi, « des travaux d’intérêt général pour les parents défaillants, le paiement d’une contribution financière pour les parents d’enfants coupables de dégradations auprès d’une association de victimes et une amende pour les parents ne se présentant pas aux audiences qui concernent leurs enfants »

    « J’ai une certitude : nous ne pouvons pas nous passer des parents, ni faire sans eux, ni contre eux », a encore dit la ministre (...).

    #famille #société_punitive

  • Le 2 décembre tou⋅tes CONTRE LE CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ : NON À FRANCE TRAVAIL ! - Union syndicale Solidaires Seine-Saint-Denis
    https://solidaires93.org/index.php/2023/11/29/contre-le-chomage-et-la-precarite-non-a-france-travail

    Le 2 décembre tou⋅tes CONTRE LE CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ : NON À FRANCE TRAVAIL !
    29 novembre 2023

    À Paris rassemblement à 14 h le 2 décembre devant Pôle Emploi, [boulevard] Diderot et déambulation jusqu’à l’UNEDIC

    Appel unitaire AC APEIS MNCP CGT chômeurs à se mobiliser contre France Travail, le réforme de l’assurance chômage, le RSA conditionnel le 2 décembre 2023.

    De réforme en réforme, Macron, Borne et Dussopt n’ont eu de cesse de s’attaquer aux chômeurs/chômeuses plutôt que de s’attaquer au chômage. Leur projet de “France Travail” est la suite logique de leur “loi travail”, toujours moins de droits pour les salariés.

    Auparavant, ils s’étaient déjà attaqués à la formation professionnelle, à la médecine du travail, à l’inspection du travail, aux droits des prud’hommes… Le code du travail est donc plus épais mais avec plus d’exclusions, de particularités, d’exceptions, de contrats atypiques.

    L’objectif reste le même, nous forcer à accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel salaire et dans n’importe quelles conditions. La réforme du RSA avec ses 15h d’activité obligatoire est un pas de plus vers le travail forcé.

    Ce changement, c’est aussi le retour du fameux « contrat d’engagement » : plus de devoirs et moins de droits. C’est encore et toujours plus d’individualisation du traitement du chômage, cela dédouane la collectivité et son système, et culpabilise celui ou celle qui en est la victime.

    Et pourtant, aucune donnée -et certainement pas celles de Pôle emploi- ne montre que les personnes au chômage ne cherchent pas d’emploi.

    La volonté du gouvernement : faire des économies

    Faire diminuer artificiellement les chiffres du chômage, c’est s’assurer d’avoir un bon bilan à présenter, même bidon. Ainsi, tout est fait pour que certains allocataires se désinscrivent, quand d’autres sont poussés vers l’auto-entreprenariat. Quelqu’en soit les conséquences sur leurs revenus et droits sociaux.

    Aussi, c’est aujourd’hui incontestable : à l’échelle mondiale, la réduction de la main d’œuvre ouvrière est observable dans tous les secteurs. La production tendanciellement croissante se fait davantage avec des machines, une robotique dopée à l’intelligence artificielle.

    CE N’EST PAS D’UN GRAND OUTIL TECHNOCRATIQUE DE FLICAGE DONT NOUS AVONS BESOIN, MAIS D’UN GRAND, ET RÉEL SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI.

    Concernant la réforme du R.S.A. : Son versement sera conditionné à des « recherches d’emploi effectives » et à des efforts « vérifiables ». On ne sait pas trop ce que ça veut dire tant cela reste subjectif, à l’appréciation d’agents qui ont des directives et qui ne sont pas toujours suffisamment formés.

    Concernant la réforme de l’Assurance Chômage : Nous dénonçons le nouvel accord qui prévoit une baisse des cotisations patronales de près de 2M d’€, mettant ainsi en danger l’avenir même de l’Unédic, et imposant une nouvelle baisse généralisée des salaires. La mensualisation passera à 30 jours chaque mois (et non plus 30 ou 31 en fonction des mois) faisant ainsi perdre 5 à 6 jours d’allocations à l’année aux personnes indemnisées. Aucune contrepartie valable n’est proposée en échange.

    Notre système aujourd’hui, c’est punir les victimes. C’est une forme de travail forcé pour avoir droit à des miettes et ne pas complètement crever, après des décennies de casse industrielle, délocalisations, restructurations, licenciements massifs, fermetures d’entreprises…

    La suite ? la casse de toutes formes de service public. La fin de l’accompagnement, le sentiment d’abandon qui en découle, l’absence de solution, le manque de perspectives, le désespoir et la fatalité qui peuvent accompagner le tout. Mais ils s’en foutent des femmes et des hommes que leur système à broyé et sacrifié.

    ET DE L’ARGENT, IL Y EN A :

    Taxons les profits, bénéfices, dividendes, produits financiers, de tous ceux qui profitent des crises sociales, climatiques, énergétiques, sanitaires.
    Cessons de faire des dizaines de milliards de cadeaux aux entreprises, pour qu’elles les transforment immédiatement en profits et en dividendes, sans aucune autre contrepartie.
    Luttons contre les exonérations de cotisations sociales, contre l’optimisation et la fraude fiscale, afin de financer les retraites, le chômage et les services publics qui sont complètement à l’abandon.

    Cette 21ème journée de mobilisation contre le chômage et la précarité ce samedi 2 décembre doit nous permettre d’agir pour une vie décente débarrassée du chômage, de la précarité, des sales boulots et de la misère !

    Organisons nous et imposons nos revendications :

    • Refus de la mise en place de france travail, annulation des dernières réformes de l’assurance chômage et retour au paritarisme
    • L’indemnisation de 100 % des salariés privés d’emploi et précaires par l’assurance chômage, avec un minimum de 41 euros par jours un emploi stable, librement choisi et correctement rémunéré pour toutes et tous
    • L’arrêt des contrôles et des sanctions
    • La gratuité des transports pour les chômeurs et les précaires, puis pour tous
    • La retraite à 60 ans et une réduction du temps de travail
    • La création des emplois nécessaires pour que les services publics fonctionnent pour toutes et tous
    • Le gel des loyers et l’annulation de toutes les dettes locatives
    • Une allocation exceptionnelle dite « prime de noël » étendue à tous les chômeurs

    Si nous laissons faire, à n’en pas douter avec eux, ce sera FRANCE TRAVAIL famine pâtes riz…

    Avec le soutien de : Collectif UNEDIC, SUD Emploi IDF, CGT Pôle Emploi IDF, Stop Précarité, Solidaires, SUD Culture, Ensemble !..

    À Paris rassemblement à 14 h le 2 décembre devant Pole Emploi Bd Diderot et déambulation jusqu’à l’UNEDIC

    • ils ont toujours marginalisé leur organisation de chômeurs (faible, et d’autant plus faible), sauf par force, lorsque celles-ci faisaient l’actualité dans des moments de lutte intense et massive (hiver 97/98). Staline et Stakhanov savent pourtant que, si ce n’est une touche « chômeurs rebelles » quasi tombée dans les oubliettes, la CGT chômeurs s’obstine à sacrifier au fétiche du plein emploi en parlant de "privés d’emplois" depuis des décennies, alors même que plus de 40% de la minorité de chômeurs qui sont indemnisés sont des chômeurs en activité à temps réduit, c’est à dire dune manière plus évidente encore que pour tous les autres concernés, des travailleurs précaires.

      ça n’aide évidement pas à ce que ces manifs rituelles du 1er samedi de décembre ne se bornent pas une commémoration le plus souvent clairsemée de la mobilisation massive de l’hiver 1997/98 dont on n’entretiendra d’ailleurs paradoxalement pas la mémoire, puisqu’il y était question - ô scandale ! - d’exiger pour tous un revenu garanti au SMIC.

      quant au texte, rien à en dire si ce n’est qu’il y a un souci de ponctuation autour du « minimum à 41 euros par jour » pour tous (?)

      #chômeurs #précaires

    • La CGT chômeurs est marginalisée, c’est l’évidence même, car fondamentalement, on porte un regard condescendant sur la personne qui n’est plus ou pas socialement raccordée au travail, mais il n’en reste pas moins que la CGT chômeurs c’est quand même la CGT et que cette absence de visibilité est insupportable et inacceptable.

      Oui, « privé d’emploi », ça fait parti des euphémismes surplombants assez pénibles. Je n’ai jamais rencontré de chômeur ou de chômeuse qui présentait sa situation en reprenant ce terme (à commencer par moi même quand cela m’est arrivé).

      L’obsession des emplois pour les emplois est une plaie redondante du monde syndical, alors qu’on devrait parler de revenus ou de vrais salaires garantis. Elle peut conduire à justifier la création de n’importe quel modèle économique, y compris les plus toxiques pour la « sauvegarde » du travail lui-même et des emplois (deux catégories distinctes qui sont couramment amalgamées, y compris dans le monde syndical ). On a vu, par exemple, comment les blaireaux du PS ont vendu comme une grande victoire pour l’emploi, l’implantation de centres Amazon.

    • c’est une manif testimoniale qui sans aucune perspective présente ou d’avenir commémore, 25 ans plus tard ! et d’année en année des luttes de l’hiver 97/98 dont elle doit ignorer le contenu politique (et chez nombres d’acteurs fossilisés cela va jusqu’à le travestir ou le nier) car elles n’en portent pour leur part aucun.
      c’est le rituel dépeuplé des restes d’AC !, de l’Apeis, de la CGT chômeurs, quasi rien dans chaque cas. cette manif n’a jamais été une manif confédérale, tout au plus une manif « sectorielle ». le chômage n’est pas une question confédérale, le chômage n’est pas l’emploi ! le chômage est supposé être l’envers du travail, notre noblesse !
      comme dans le cas des retraités, on lui concèdera tout au plus un caractèrere interpro, une modalité faible de ce qui caractérise la mythique grève générale, ce « tous ensemble », non pas « ça va pèter », vaste blague, menace sans suite, mais ce tous ensemble où l’on interrompt quelque chose plutôt que rien, pour un instant, un moment, quelque semaines au mieux.
      « privés d’emploi » c’est dire que le chômeur est celui qui est dans le manque, celui, celle, à qui il manque quelque chose pour compter dans le Mouvement ouvrier (dont on sait à quel point il existe si fort comme poids du mort, « mélancolie ouvrière » sans plus aucun génie de la transformation). c’est nier le fait, je le répète, qu’une part importante des chômeurs- chômeuses, sont des « chômeurs en activité à temps réduit », c’est à dire des personnes qui sont aussi dans rapport de sujétion salarial, mais pas suffisamment au yeux du syndicat pour avoir droit au chapitre, et surtout pas autrement que comme mendiants de l’emploi, afin d’enfin redevenir des travailleurs « complets » (c’est-à-dire ô combien amputés de leur vie et, le plus souvent, de tout pouvoir). après 50 ans de préconisation de l’emploi, ce n’est plus un angle mort, c’est une négation du travail réel, aujourd’hui, ici. on lui préférer une image, celle du travail d’autan (Nordine ou artisanal, peu importe), un autre travail abstrait.
      voilà le syndicat, voilà la gauche (et bien des « révolutionnaires » ou anarchistes avec eux)
      quand la CGT chômeurs était battante, elle avait inventé « chômeurs rebelles ». une désignation positive, depuis un excès, un refus, contenant un peu guévariste, souvent très stal, qui ne définissait par le chômeur par le manque.

      #idéologie_du_travail #travail #chômage #luttes

    • Testimoniale, je sais pas ce que ça veut dire mais en tous cas nous n’étions qu’à peine une centaine sur ce qui n’a été qu’un rassemblement (avec prises de paroles). Du coup je suis remonté par la Bastille pour retrouver quelques camarades sur la manif Palestine, nettement plus consistante.

  • une réunion de demandeurs de salaire dans une agence Policemploi : menacer pour être obéi, via Yann Gaudin
    https://twitter.com/yanngaudin/status/1728029593922044217

    Voici un témoignage au sujet d’une réunion d’usagers dans une agence Pôle emploi, c’est édifiant. Si un·e journaliste veut enquêter sur cette réunion, me contacter en DM.

    « Le mardi 21 novembre 2023, à 9h, je dois assister à la réunion collective intitulée Présentation du suivi intensif, réunion animée par deux conseillères Pôle emploi. Dès l’entrée de l’agence le ton est donné : on dispatche les demandeurs d’emploi, en vociférant Vous à gauche, vous à droite ! Mon groupe rentre dans une salle trop petite pour le nombre de personnes présentes. Conséquence : des gens restent debout pendant environ 2h.

    D’emblée l’une des deux conseillères prend la parole, elle la gardera pendant tout la session, c’est à peine si nous entendrons la seconde conseillère. La conseillère en chef prend alors un ton autoritaire et vexatoire, voici un florilège de ses propos :

    Si vous êtes dans cette salle, c’est que vous êtes à PE depuis trop longtemps et qu’on veut plus vous voir.

    Y’a du boulot, si vous ne trouvez pas c’est de votre faute.

    La restauration, le bâtiment, la sécurité pour les JO recrutent, on va vous faire travailler pour les #JO.

    Si vous avez des problèmes de santé, ce n’est pas notre problème, mettez-vous en arrêt maladie.

    Personne ne sortira de cette salle sans avoir une prestation.

    Si vous sortez de la salle, je vous déclare absent.

    Tant que vous n’avez pas d’emploi, Pôle emploi est votre employeur et vous devez obéir.

    Vous avez 12 mois pour trouver un emploi, sinon c’est dehors.

    Ceux qui ne savent pas parler français on va leur apprendre.

    Un chômeur à réagi, en demandant à la conseillère de ne pas humilier l’assemblée. Elle a répondu qu’elle faisait son boulot, point barre. La conseillère a refusé aux gens de s’entraider pour remplir le questionnaire en fin de réunion. Certaines personnes avaient des difficultés à écrire. Elle a estimé que ces personnes doivent apprendre à devenir autonomes. »

    dans la logique du suivi, « être autonome » c’est réussir seul à faire ce qu’il faut pour s’adapter aux contraintes, obéir

    #schlague #suivi_intensif #Pôle_emploi #France_travail_nous_voilà

    • Nous sommes trois historiens, Tal Bruttmann, Frédéric Sallée et Christophe Tarricone, spécialistes du nazisme et de la Shoah. La tribune est une réaction à l’entrevue accordée le 11 décembre 2017 par un historien du nazisme, Johann Chapoutot, à un média en ligne de la France Insoumise, Le vent se lève.

    • Merci @mfmb j’avais raté ca à l’époque. J’ai pas les connaissances pour tranché et l’émission que j’ai mise n’est pas celle dont ces 3 historiens discutent. Chapoutot met plutot en parallèle la philosophie du managment avec la manière des nazis de voire les ressources humaines et s’oppose à la philosophie des lumières. C’est vrai que Chapoutot surf sur le point godwin mais est-ce que toute comparaison avec le nazisme doit etre interdite ? Si on a pas le droit de reflechir sur cette periode ni de la nommé ni de la comparer à rien, est-ce qu’on se fabrique pas une autoroute pour que ca recommance et sans qu’on puisse le dire vu que c’est un crime de mauvaise pensée à la orwell de le faire ? Les nazis ont commencé par affamé les personnes internées en psychiatrie, si ca se reproduit en macronny est-ce qu’on peu dire que ca ressemble à du nazisme ou bien c’est antisémite/nazitophile d’y pensé ?

    • @mad_meg Merci. J’ai pas non plus toutes les billes mais je fais confiance à Bruttmann en tant que spécialiste de la Shoah et j’ai trouvé important d’apporter cette info . On peut et doit réfléchir sur cette période qu’est le nazisme. Ce que fait la macronny c’est de la macronny ! C’est dangereux, nocif, capitaliste, anti pauvre, violent, policier , sexiste, fasciste mais pas nazi. Ca ressemble à nombre tyrans cyniques...C’est pas du Poutine ou du Hitler . C’est du Macron et c’est violent c’est de l’Extrême Droite . Le nazisme c’est pas un étalon de mesure. On affame déjà en France il n’y a qu’à voir les chiffres de la pauvreté...Comparer au nazisme ça empêche de penser. C’est pas antisémite/nazitophile de comparer, ça embrouille.

    • @colporteur : j’avais pensé qu’illustrer la conclusion que tu donnais suite au « tweet » (on dit toujours comme ça ?) cité dans ton post, c’était certes un peu « impertinent » mais à peine exagéré. Non, parce que dire à des chômeurs : « Vous avez 12 mois pour trouver un emploi, sinon c’est dehors », si ce n’est pas exercer un droit de vie et de mort sur des individus qu’elle a l’air au demeurant de tenir en un profond mépris, c’est quoi d’autre ? Parce que « s’adapter à la contrainte, obéir », ce ne serait pas la seule issue proposée à toutes ces personnes si elles veulent envisager pour elles-mêmes une toute petite chance de ... survivre ?
      En outre, la dame en question m’a l’air d’appartenir à une certaine aristocratie managériale que n’auraient pas reniée les Waffen-SS de l’époque.

      A propos de la loi de Godwin :

      En réalité, la loi de Godwin est une conjecture — non mathématique — relevant de la sociologie. Dans cette perspective, la popularité de la loi de Godwin peut être considérée comme « un révélateur parmi d’autres de la fragilité de notre société, de son incapacité à se doter de référents universels clairs, et de notre propension à refouler une tendance humaine lourde et enfouie à aimer malgré nous la force, la consistance et le pouvoir dont les régimes totalitaires axés sur la volonté de puissance constituent les effrayants paroxysmes. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin

      Désolé @colporteur et @mfmb si je vous ai choqué·es. Ce n’était pas une attaque « ad Hitlerum » dirigée contre vous. Mais c’est vrai que le contexte actuel est terriblement clivant.

    • on ne dit plus « le travail rend libre », surtout en allemand, mais on peut dire, en français, « Le travail, c’est la liberté » (Sarkozy, 2007 https://www.cip-idf.org/spip.php?article4193 ) après avoir revendiqué « préférer une société de travail à une société d’assistance » (Jospin,1998 https://www.cip-idf.org/spip.php?article5633). je crois pas que Jospin soit plus nazi que Saint-Paul (« qui ne travaille pas ne mange pas », mot d’ordre repris par Staline), et pas non plus que Macron soit nazi (bien que Sarkozy le conseille). il semble que l’idéologie du travail ait plusieurs visages et s’accompagne de modalités diverses qu’il est nécessaire de distinguer plutôt que de les amalgamer.

      Cet impératif d’autonomie individuelle que le travail et l’emploi viennent démontrer ne promet pas l’éradication du mal mais l’accès au bien. L’impératif se formule ainsi depuis la moitié des années 70, on a mis en oeuvre des "politiques d’insertion". C’est tout autre chose que l’animalisation et l’extermination du juif (ou du tzigane). C’est une gestion politique des précaires qui oscille entre incitation et contrainte. Depuis la défaite des mouvements de chômeurs et précaires en 1998, stigmatisation et coupes budgétaires (revenus en baisse, au chômage comme au RSA et à la retraite) et, puisque la honte -aussi intériorisée puisse-t-elle être- et l’opprobre - aussi répandue soit-elle- ne sauraient suffire, discipline renforcée.
      Sans point d’arrêt ça ne peut que s’aggraver.

      #idéologie_du_travail

    • @sombre, rien de si grave, tkt. comme dit, ça me semble préférable de distinguer. tout ça reste inexplicable (comment tombe-t-on si bas ?) c’est effectivement à des phénomènes troublants que l’on a affaire. cette manière de surjouer le rôle de chiourme attendu (chez les contrôleurs, les agents pôle, tant d’autre), fait s’inquiéter sur notre espèce (et oui, les nazis étaient pas autre chose que des humains). pour Pôle on peut sans souci parler de management toxique ! oui, la jouissance du pouvoir (même au plus bas niveau) est une énorme souci. fragilité de la société, je crois pas. fragilités des contre pouvoirs effectifs, tacites (effondrement éthique) ou affirmés (effondrement politique). mais j’en sais rien. ça reste incompréhensible pour moi. raison de plus de trouver forte cette société, disons autoritaire : ce qui la constitue reste en bonne partie opaque.

      #jouissance #pouvoir

    • les SS l’auraient bien sur « renié », elle s’est même pas enquis des juifs dans ce groupe, on sait pas si elle peut dessouder quelqu’un de sang froid, ou mieux une série de gens, séparer des enfants de leurs parents à la main, que dalle !
      la question se poserait plutôt depuis le présent, jusqu’où irait cette dame pour kiffer d’incarner un pouvoir ?

      par ailleurs, que les chômeurs soient souvent dans la survie n’est pas une nouvelle. et la survie n’est pas l’extermination. au pire, on se suicide (ce qui n’est pas la même chose que d’être tué en nombre, industriellement et sciemment), on dort dehors, on va en prison, on prend un taf pourri et mal payé, et mille autre choses pas toujours ragoûtantes.

      [toujours prêts ?] à propos de survie, et du degré d’abjection auquel elle peut conduire, non pas cette fois parmi les bourreaux mais chez les enfermés, Hilsenrath raconte de l’intérieur un ghetto ukrainien entre 1941 et 1945 dans Nuit.

    • mettons de côté les torts et dégâts matériels et physiques, c’est davantage d’une mort symbolique du (supposé) « non-travailleur » qu’il est question. tomber au chômage, ça arrive, mais faut vectoriser ça vers la norme sociale. empresse toi de déjouer ton devenir déchet (là ça consonne sévère avec le fascisme)
      toute l’exigence théâtrale imposée au chômeur (le rôle de candidat, de demandeur d’emploi, de chercheur de dignité, d’aspirant à la réalisation de soi dans le canon capitaliste) vient de là. vénère nos fétiches ou cette fois tu tomberas pour de bon hors de la société.

    • @mad_meg @mfmb sur ce point Jacques Ellul disait des choses proches longtemps avant, dès le mois suivant la signature de fin du Reich : les nazis ne sont pas une exception mais un des aboutissements possibles de la logique industrielle, ils ont utilisé et mis en œuvre la plupart des techniques du management industriel, et surtout : après leur défaite, tout ça a continué d’être utilisé et diffusé en masse dans tous les autres pays, ce qui est une victoire du mode de gestion nazi.
      http://1libertaire.free.fr/EllulContreHitler.html

    • @mad_meg oui Chapoutot n’empêche pas de penser. C’est de ramener tout et rien au nazisme qui m’empêche de penser ! C’est un raccourci comme un mot magique repoussoir. ( pour moi).

    • tout ça reste inexplicable (comment tombe-t-on si bas ?) c’est effectivement à des phénomènes troublants que l’on a affaire. cette manière de surjouer le rôle de chiourme attendu (chez les contrôleurs, les agents pôle, tant d’autre), fait s’inquiéter sur notre espèce (et oui, les nazis étaient pas autre chose que des humains).

      Alors justement, on peut se référer à Hannah Arendt qui, à l’issue du procès de Adolf Eichmann à Jérusalem avait élaboré la thèse de la « banalité du mal », non pas qu’elle pensât que le « Mal » était, après les atrocités commises par les nazis, devenu banal mais plutôt que ceux qui l’avaient perpétré avait une personnalité effroyablement banale. Voici le passage que j’ai retenu de cette lecture :

      C’est donc dans le rapport consacré au procès Eichmann qu’Arendt a utilisé pour la première fois cette expression afin de désigner le « manque de profondeur évident » qui caractérisait le coupable, en sorte que le mal absolu, extrême, indéniable qui organisait ses actes ne pouvait être imputé ni à des convictions idéologiques fortes ni à des motivations spécifiquement malignes : « Les actes étaient monstrueux mais le responsable – tout au moins le responsable hautement efficace qu’on jugeait alors – était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque, ni monstrueux. » La seule caractéristique notable qu’on pouvait déceler dans sa conduite (passée et au cours du procès) était entièrement négative : ce n’était pas exactement de la stupidité mais un manque de pensée. L’homme était médiocre, dépourvu de motivations, caractérisé par l’absence de pensée et l’usage constant d’un langage stéréotypé, de clichés standardisés, destinés à le préserver des atteintes de la réalité. Son incapacité à penser était avant tout une incapacité à penser du point de vue d’autrui. « Il était impossible de communiquer avec lui, non parce qu’il mentait mais parce qu’il s’entourait du plus efficace mécanisme de défense contre les mots et la présence des autres et, partant, contre la réalité en tant que telle. » 
      On peut, à ce propos, faire deux remarques.
      1 / Il est clair que ce qui intéresse Hannah Arendt dans le cas Eichmann ce n’est pas la description psychosociologique d’un individu déterminé mais la mise en évidence de l’exemplarité d’un prototype : prototype issu d’un système, d’une organisation sociale et politique (le système totalitaire) dont elle avait analysé l’émergence et le déploiement dans les Origines du totalitarisme et plus particulièrement dans le Système totalitaire. Dans ce dernier ouvrage (mais déjà dans certains textes de l’immédiat après-guerre), Arendt tenait la « normalité » – d’abord sociologique – des complices, des exécutants et des chefs pour constitutive de la logique de mobilisation totale puis du meurtre de masse. L’amplification du système et l’organisation de la machine administrative n’ont pas été mises en œuvre par quelques dizaines de milliers de criminels monstrueux ou sadiques mais par des agents qui, a priori, moralement et socialement ne différaient en rien du reste de la population. Comme le remarque de son côté Raoul Hilberg, des « individus parfaitement ordinaires allaient accomplir un travail qui, lui, ne l’était pas ». Les analyses d’Arendt et celles de Hilberg convergent sur ce point : toutes les opérations nécessaires s’accomplissaient avec le personnel qu’on avait sous la main. « De quelque manière, remarque Hilberg, qu’on veuille tracer les limites de la participation active, la machine de destruction constituait un remarquable échantillon de la population allemande. Toutes les professions, toutes les spécialisations, tous les statuts sociaux y étaient représentés. »
      Cette normalité sociologique et statistique renvoie en premier lieu à des échantillons représentatifs de la population globale. Et c’est à ce titre qu’Eichmann pouvait être qualifié de « banal ». Il était le prototype exemplaire d’une société qui, dans son ensemble, avait été « protégée » par les mêmes voies des atteintes de la réalité : par le mensonge généralisé, par la constitution d’un monde fictif échappant au contrôle des expériences individuelles, par la perte du jugement, c’est-à-dire de la capacité à juger.
      Mais Eichmann était « banal » en un autre sens : dans la mesure où aucun fond, aucun sol, aucun enracinement ne se découvrait à travers son comportement mais plutôt, comme le souligne encore Hannah Arendt, un abîme de niaiserie, d’automatismes conditionnés, de justifications fictives et de bavardage. Il était « banal » parce qu’il n’était pas monstrueux au sens où se seraient affirmés en lui une détermination diabolique, une cruauté essentielle, une volonté ou un parti de faire le mal pour le mal : ce qui aurait témoigné d’une sorte d’altérité radicale échappant pour ainsi dire à l’humanité commune. Comme le remarquait un psychiatre au moment du procès de Jérusalem : Eichmann est « plus normal que je ne le suis moi-même ».
      2 / Sur les intentions et la position d’Arendt elle-même, il ne peut donc y avoir aucune méprise : en renvoyant le (ou les) auteur(s) du mal – cette nouvelle espèce de criminels « ennemis du genre humain » – à la commune humanité, Arendt n’a nullement banalisé ou minimisé le mal. C’est exactement l’inverse : qu’à l’incommensurable monstruosité du mal extrême réponde l’apparente normalité sociologique ou clinique des criminels est de fait l’un des problèmes les plus difficiles qu’il nous soit donné d’affronter aujourd’hui. Voilà donc en quoi réside très précisément ce qu’elle appelle, dans Eichmann à Jérusalem, « la terrible, l’indicible, l’impensable banalité du mal ». Ce qui signifie, en d’autres termes, la présence de l’inhumain au cœur de l’humain : une condition humaine inhumaine. Mais une fois récusée cette idée – très rassurante, il faut bien l’avouer – que les criminels portent en eux une malfaisance innée ou une disposition diabolique dont nous serions a priori exceptés, il faut se garder de basculer dans la tentation inverse en prenant acte qu’un petit Eichmann potentiel dort en chacun de nous. Prétendre que chacun de nous, parce qu’il est un homme, recèle en lui un Eichmann potentiel, c’est s’interdire d’appréhender ce nouveau visage du mal, c’est le diluer dans une sorte de culpabilité universelle qui dissout toute responsabilité : nous sommes tous coupables, personne n’est responsable.
      C’est bien à mon sens cette dernière tentation qu’induit le récent roman de Jonathan Littell, Les bienveillantes, et c’est peut-être l’une des raisons de la « fascination » qu’il a pu exercer, comme l’atteste son succès en librairie. Il est hors de propos dans ce cadre de revenir sur l’ouvrage dans sa globalité et de s’interroger sur les raisons de l’engouement qu’il a provoqué, mais on ne peut qu’être extrêmement frappé (je me contenterai de citer ce passage) par l’adresse au lecteur qui ouvre le premier chapitre : « Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s’est passé. On n’est pas votre frère, rétorquerez-vous, et on ne veut pas le savoir. » Ainsi parle le narrateur, le bourreau SS qui, à la fin du chapitre, poursuit en ces termes : « Je vis, je fais ce qui est possible, il en est ainsi de tout le monde, je suis un homme comme les autres, je suis un homme comme vous. Allons, puisque je vous dis que je suis comme vous ! »
      En un sens, cette phrase récapitule les ambiguïtés, les confusions, les mésinterprétations qui ont accompagné l’émergence de la notion de « banalité du mal » et qui touchent essentiellement à la question cruciale de l’identification.
      En effet, face au mal extrême commis par des hommes ordinaires, nous nous trouvons dans une situation paradoxale : nous ne pouvons pas a priori nous excepter de cette humanité commune à laquelle, comme eux, nous appartenons. Mais nous ne pouvons pas non plus nous identifier à leur « normalité » au sens où elle fait corps avec la monstruosité des crimes commis. Comme le disait Primo Levi, nous ne pouvons ni ne devons les « comprendre » au sens où comprendre, c’est « se mettre à la place de », c’est mettre en soi celui qui est responsable, c’est s’identifier à lui. En récusant l’idée d’une compréhension qui serait « identification » – c’est-à-dire reconnaissance du semblable par le semblable – Primo Levi rejoint la remarque d’Hannah Arendt dans Le système totalitaire, à propos de cette nouvelle sorte de criminels qui se trouve « au-delà des limites où la solidarité humaine peut s’exercer dans le crime ». Aussi sommes-nous confrontés – par le biais de la « terrible », de l’ « impensable » banalité du mal à une crise de l’identification au semblable.

      L’ouvrage auquel cet article fait référence :
      Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal

      https://www.cairn.info/revue-cites-2008-4-page-17.htm

    • Et aussi, cette référence en lien avec le post de @rastapopoulos :

      Arendt dégage les caractéristiques propres du totalitarisme. Pour Arendt, le totalitarisme est avant tout un mouvement, une dynamique de destruction de la réalité et des structures sociales, plus qu’un régime fixe. Un mouvement totalitaire est « international dans son organisation, universel dans sa visée idéologique, planétaire dans ses aspirations politiques ». Le régime totalitaire, selon Arendt, trouverait sa fin s’il se bornait à un territoire précis, ou adoptait une hiérarchie, comme dans un régime autoritaire classique : il recherche la domination totale, sans limites.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Origines_du_totalitarisme

    • la passion de bien faire n’a pas à se soucier de faire le bien. mais elle peut aussi s’y attacher (le bien étant, par exemple, de peupler les prestations du Pôle emploi, de faire que ça tourne, ou d’éliminer les juifs, objectifs rigoureusement incommensurables). le contrôleur qui me dit « c’est la règle » alors que l’amende qu’il m’inflige est manifestement ubuesque aime à se faire objet et à me chosifier (une guichetière m’a vendu sans que je m’aperçoive de l’erreur - malintentionnée ?- un a/r daté du même jour pour un trajet de 2heures et demi qui ne m’aurait laissé qu’une heure sur le lieu de ma destination, ce qui lui permet de me sanctionner deux jours après cette dépense lors de mon retour). Eichmann avait la niaque pour faire l’imbécile, les variantes de ce que Jean Oury a désigné comme #normopathie n’interdisent pas la jouissance. éviter la psychologisation n’a pas à se payer de l’évitement de déterminations libidinales et pulsionnelles. on bute là sur l’opaque de l’époque.

  • RSA : le gouvernement intègre les heures d’activités obligatoires au contrat entre bénéficiaire et conseiller, le système de sanctions réformé
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/05/24/rsa-le-gouvernement-integre-les-heures-d-activites-obligatoires-au-contrat-e

    Le ministre du travail ne souhaite pas faire figurer dans la loi le conditionnement de l’attribution de la prestation à des activités menées par les bénéficiaires.

    La principale mesure portant sur le conditionnement du revenu de solidarité active (#RSA) en échange « de quinze à vingt heures d’activité obligatoires d’insertion par semaine » ne sera pas inscrite comme prévu dans le projet de loi France Travail, a assuré Olivier Dussopt, ministre du travail, mardi 23 mai. Ce temps d’activité figurera dans le contrat d’engagement signé entre les bénéficiaires et leur conseiller, ce qui permettra, selon le ministère, d’adapter le volume horaire de manière individualisée.

    « Ce n’est pas du tout une remise en cause du principe. Ça ne relève juste pas du niveau législatif », a assuré Matignon au Monde, avant de poursuivre que « le projet de loi prévoit en revanche que le contrat d’engagement, entre le bénéficiaire du RSA et l’organisme qui l’accompagne, précise l’intensité de l’#accompagnement. »
    En clair, le bénéficiaire et son conseiller signent un « contrat d’engagement ». C’est dans ce contrat − « qui existe depuis la création du RMI en 1988 », a précisé M. Dussopt − que la nature des activités (immersion et formation en entreprise, démarche sociale accompagnée, ateliers collectifs, etc.) et le nombre d’heures − entre quinze et vingt − sont fixés.

    Ben ouais, la gauche comme les syndicats se sont s’est plantés en réagissant aux annonces (because illégalité du travail forcé, et impossibilité de foutre « en activité » tant de monde). On s’emploie à rendre la bêtise plus stupide encore. Ainsi, Dussopt attribue à une loi de gauche le « contrat d’engagement » qui aurait été créé selon lui avec le RMI en 1988, ce qui est faux. En effet le RMI comprenait la possibilité dun « contrat d’insertion » (et ça chialait car quels 45% des allocaires en avant un), un cadre qui gardait dans les faits un caractère contractuel (le mythe capitaliste de l’égalité des parties comme garantissant la liberté). J’ai vu à l’époque des contrat stipulant « s’occupe d’un journal de chômeurs et précaires », donc indiquant quelque chose de réel et découlant de la volonté de l’allocataire, des formes d’insertion auto-administrée et pas simplement des contraintes imposées sous couvert d’insertion. C’est avec la création du RSA (activité !) en 2008 sous N.S. que l’aspect franchement asymétrique du « contrat » a été renforcé.

    La gauche et les syndicats, fidèles à un imaginaire suranné indissociable de ce qui leur reste de théorie (l’armée industrielle de réserve qui pèse sur les salaires), sont les idiots utiles de la contrainte réelle qui s’exerce sur les demandeurs de salaire. On a crié au loup, pas de bol, c’était le plus froid de tous les monstres.
    On va dissuader cette demande, y mettre obstacle, couper les vivre, c’est ça l’effet principal de ce tintouin. Et faute d’un espace politique où la factualité en la matière prévale, les allocataires effectifs ou potentiels participeront eux-aussi, en s’abstenant de demander leur droit (ne pas signer pour ne pas abdiquer, ne pas être soumis au contrôle), en sortant au plus vite, en signant n’importe quoi, en n’utilisant pas les voie de recours, en ne se battant pas sur une question qui les dénonce comme assistés, parasites, coûts indus. L’idéologie du travail s’incarne, et pas seulement dans les dispositions légales et les pratiques de guichet.

    #droits_sociaux #revenu #sanctions #idéologie_du_travail

  • Retraites, en direct : la CGT et la CFDT dénoncent le « mépris » et le « déni » d’Emmanuel Macron, la grève des éboueurs reconduite à Paris jusqu’à lundi
    https://www.lemonde.fr/politique/live/2023/03/22/retraites-en-direct-apres-l-interview-d-emmanuel-macron-la-cgt-et-la-cfdt-de

    Des associations s’indignent des propos d’Emmanuel Macron sur les bénéficiaires du RSA

    Plusieurs associations de lutte contre la précarité se sont indignées mercredi des propos du président de la République, Emmanuel Macron, selon qui le « sentiment d’injustice » en France se nourrirait en partie du fait que certains « ne travaillent jamais ».

    Pour le collectif Alerte, qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, « rassembler et apaiser, cela ne peut pas être en opposant ceux qui travaillent et ceux qui sont écartés de l’emploi ! ». « Nous plaidons pour un droit au travail mais aussi pour un revenu digne pour tous », a ajouté ce collectif sur Twitter.

    Le président « s’attaque aux personnes au RSA et au minimum vieillesse », ce qui revient à véhiculer « toujours les mêmes idées fausses », a fustigé de son côté ATD Quart Monde.

    « Emmanuel Macron est en train de nous expliquer que la colère des Français, en fait, est due aux assistés au RSA qui vont profiter du minimum vieillesse ? #leculot », a twitté Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre. « Désigner les chômeurs à la vindicte populaire jusque dans leur retraite, quel misérable calcul politique », a-t-il ajouté.

  • L’Abeille Verte à Lodève | Mediapart | 15.01.23

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/150123/la-rude-quete-de-l-emploi-pour-les-seniors-en-territoire-rural-violentes-e

    ou comment sortir les vieux du chômage en territoire rural.

    En 2019, elle voit un film qui va changer le cours de son existence. Nouvelle cordée, réalisé par Marie-Monique Robin, raconte l’histoire de la première « entreprise à but d’emploi » (EBE, une entreprise associative) de France, lancée dans les Deux-Sèvres dans le cadre de l’expérimentation « Territoire zéro chômeur de longue durée ».

    « J’en ai pleuré », se souvient Pierrette, qui décide de tenter l’aventure via un collectif de « privés d’emploi de longue durée » et de citoyen·nes lodévois·es militant pour obtenir une habilitation dans leur ville. Trois ans de travail acharné plus tard, le pari est gagné. Lodève devient le premier « territoire zéro chômeur » d’Occitanie.

    Sur 80 personnes, une seule a un véhicule

    L’entreprise à but d’emploi, baptisée « l’Abeille verte », se lance en septembre 2022. Quatre mois plus tard, elle emploie déjà 101 personnes dans quatre pôles : « recyclage et réemploi », « agriculture bio », « services de proximité » et « pôle support », pour l’administratif et le financier.

    « À terme on veut arriver à 250 salariés », explique Samuel Truscott, directeur général de l’Abeille verte. « Ici, l’embauche est non sélective, sans condition d’expérience et de diplôme », ajoute-t-il. La moyenne d’âge des salarié·es est de 46 ans. Il y a légèrement plus de femmes que d’hommes.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/240118/des-entreprises-utopiques-contre-le-chomage-de-longue-duree

    • la réaffectation des coûts directs, indirects et induits par la précarité et le chômage de plus d’un an peut permettre le financement d’emplois en CDI

      ces conneries (la propal #territoires_zéro_chômeur) sont triomphalement faites et écrites en 2018, en 2022, c’est les RSAstes qu’on veut (à nouveau) activer pour leur bien.

      l’#activation_des_dépenses_passives (aka les allocs chômage, les chômeurs) c’est une vieille merde OCDE qui a été au principe de toute les « réformes » du droit au chômage depuis au moins 20 ans.

      #story_telling #idéologie_du_travail #droit_au_chômage

    • Quant à Pierrette [bientôt 61 ans], elle préfère se concentrer sur l’aventure du moment, plutôt que de songer à la retraite. « Je ne me demande pas à quel âge j’aurai le droit de partir mais quand je vais “choisir” de partir. » Elle n’en a d’ailleurs pas terminé et se rêve « ambassadrice territoire zéro chômeur » au Québec, province canadienne qu’elle affectionne particulièrement. « Et quand j’aurai fini de transmettre, là, je m’arrêterai ! »

      et un peu avant dans l’article, on a le CV :

      « Les gens d’ici ont travaillé pour enrichir les grosses familles du textile puis pour enrichir les actionnaires de la Cogema. Et quand ils sont tous partis, il n’y avait plus rien ! », tempête Pierrette, qui vit à Lodève depuis plus de quarante ans.

      « Je célébrerai mes 61 ans en avril prochain », répond-elle, faussement grandiloquente, quand on lui demande son âge. Emmitouflée dans un ample pull blanc, avec de longs cheveux détachés tombant au milieu du dos, cette figure lodévoise – elle salue presque tout le monde dans la rue – n’a pas la langue dans sa poche.

      Son parcours professionnel est éclectique. Chevrière, animatrice de chantiers pour une ONG en Afrique, puis salariée en contrat aidé pour diverses associations, Pierrette dit n’avoir connu « que des niveaux de vie et des revenus limités ». Elle ne s’en plaint pas. Elle considère avoir toujours « choisi » sa façon de vivre.

      Mais tout a basculé en 2018, quand la majorité des contrats aidés ont été gelés par le ministère du travail. Celui de Pierrette, dans une association culturelle, n’a pas été renouvelé. Son ressentiment reste vif envers Emmanuel Macron, qu’elle surnomme « le roi ». « Je lui en veux car j’avais une vie de rêve », glisse-t-elle.

      Alors âgée de 56 ans, Pierrette se retrouve « au chômage et en dette », car le département lui réclame un gros arriéré de RSA, qu’elle a toujours contesté, mais qu’il a fallu payer. 10 000 euros à rembourser, prélevés par échéancier puis sur ses minima sociaux. L’héritage qu’elle avait perçu de ses parents est englouti.

      Commence une traversée du désert. La dépression, et un « parcours d’embauche » où Pierrette retient avoir été « violentée », à cause de son âge. « Personne ne va jamais te dire “t’es trop vieille”, mais comme tu n’as jamais de réponse, tu finis par comprendre. C’est toi qui fais ce constat, toute seule. »

  • Travail obligatoire et gratuit pour les allocataires du RSA
    https://lundi.am/Travail-obligatoire-et-gratuit-pour-les-allocataires-du-RSA

    Que s’est-il passé lundi 31 octobre dernier à la Maison Départementale de l’Insertion et de l’Emploi (MDIE) de Lille ? Si l’on en croit la presse régionale et nationale [1] et les services du département, un « groupuscule politique » aurait agressé les fonctionnaires en charge de l’accompagnement des allocataires du RSA. Selon Christian Poiret, président du département, une cellule psychologique aurait même été crée pour accompagner les accompagnants. Le Collectif précaires en colère à l’origine de cette intervention nous a transmis cette mise au point qui vient expliquer leur action et contester le récit médiatico-policier qui en a été fait. Cette réponse a été affichée sur les murs des différentes CAF, Pôle-Emploi et missions locales de la métropole lilloise.

    (...) Quelle surprise le lendemain lorsqu’on découvre dans l’ensemble de la presse nationale (AFP, Le Figaro, Voix du Nord, La Dépêche, Le Parisien, France 3, BFM TV, France Bleue, 20 Minutes…) un article clairement écrit d’une main policière et repris tel quel par l’ensemble des journalistes.
    On y parle d’agression physique qui n’a jamais eu lieu, d’un « groupuscule politique sans revendications claires » ; alors que nous sommes un collectif ouvert à toutes et tous et qu’un tract a été distribué à l’intention des salarié.es.

    #RSA #emploi #chômage #idéologie_du_travail

  • Fabien Roussel : les raisons d’une dérive idéologique au PCF
    par Mathieu Dejean

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140922/fabien-roussel-les-raisons-d-une-derive-ideologique-au-pcf

    En 2021, investi par le Parti communiste (PCF) pour l’élection présidentielle de 2022, Fabien Roussel se plaignait de partir « avec le handicap du manque de notoriété ». Depuis, en dépit des 2,28 % de suffrages exprimés en sa faveur, il a percé médiatiquement à grand renfort de polémiques savamment calculées pour se distinguer, notamment en prenant le contre-pied de ses rivaux à gauche, au premier rang desquels Jean-Luc Mélenchon.

    Malgré la fin de la séquence électorale, il persiste et signe, quand bien même le PCF s’est allié à La France insoumise (LFI) pour former la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes). En substance, LFI a mené une campagne trop « Terra Nova » à son goût (du nom du think tank proche du PS qui conseillait à la gauche de se focaliser sur les classes moyennes en 2012), alors que lui s’échinerait à rendre son lustre à une « gauche authentique et populaire ».

    Ses récents propos à la Fête de L’Humanité, opposant la « gauche des allocs » à la « gauche du travail », s’inscrivent dans cette continuité, en montant encore en gamme. D’un côté, il a fait l’unanimité contre lui de la part des responsables de la Nupes, qui lui reprochent d’aller contre l’histoire de son propre parti et de faire sienne la rhétorique droitière de « l’assistanat ». De l’autre, il a reçu le soutien de François Hollande et fait l’objet d’éloges de la part d’éditorialistes de droite.

    Un discours « en décalage » avec l’histoire du PCF

    Le 14 septembre, le député du Nord a maintenu ses déclarations, dénonçant les attaques de « ceux qui défendent le droit à la paresse » (titre d’un livre de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx) : « La gauche a entretenu ce système de revenu de substitution à vie pour certaines familles », dit-il, en aspirant à ce que le pays « garantisse à chacun de trouver sa place dans la société par le travail ».

    Déjà, dans son livre publié en 2021, Ma France , il critiquait « une société à deux vitesses, dans laquelle les uns, toujours les mêmes, pourraient travailler, se former à l’étranger, dans de confortables conditions, tandis que les autres seraient assistés, contraints d’accepter une allocation en forme d’aumône ».

    Cette exaltation de la « France du travail » par opposition à celle des « assistés » est « en décalage par rapport à l’histoire du PCF », affirme le sociologue Julian Mischi, auteur du livre Le Parti des communistes (2020), alors qu’« il y a toujours eu une intégration des chômeurs et des exclus de l’emploi dans la classe ouvrière » dans le discours des communistes. Et il n’est pas le seul à s’en étonner : plusieurs responsables communistes, comme les députés Elsa Faucillon et Stéphane Peu, ainsi que le cinéaste proche du parti Robert Guédiguian, ont manifesté leur désaccord. François Ruffin s’est pour sa part défendu de partager le même combat.

    Sur la viande, l’islam radical, la sécurité, le gouvernement d’« union nationale » avec Emmanuel Macron (auquel il ne fermait pas la porte) et désormais la « gauche des allocs », Fabien Roussel continue donc de jouer une petite musique dissonante à gauche, quitte à ce qu’au sein de son propre parti, certains se demandent s’il n’a pas perdu sa boussole idéologique.

    D’après les spécialistes du PCF que nous avons interrogés, cette stratégie n’est pourtant pas totalement inédite, ni surprenante compte tenu des dernières évolutions du parti. Élu secrétaire national du PCF en 2018, alors que pour la première fois le texte de la direction sortante de Pierre Laurent, qui avait travaillé à l’ouverture, n’était pas majoritaire, Fabien Roussel incarne un pôle identitaire.

    Le retour de Georges Marchais

    C’est le sens de ses références à l’héritage de Georges Marchais, l’ancien secrétaire général jusqu’en 1994 qui, à ses yeux, avait fait du PCF le « parti du monde du travail ». « Je souhaite que le Parti communiste français redevienne celui-là », écrit-il dans Ma France.

    Cette inscription dans la lignée du dirigeant communiste, lui aussi connu pour ses saillies médiatiques, fait sens avec la trajectoire biographique de Fabien Roussel. « Roussel entre dans l’arène politique et dans l’engagement militant à partir de 1985, c’est-à-dire le moment où le PC se clive après les élections européennes de 1984, qui ont été un camouflet », explique l’historien du communisme Roger Martelli, auteur d’un livre à ce sujet, L’Occasion manquée. Été 1984, quand le PCF se referme (2014).

    Après une série de reculs électoraux successifs, le PCF s’engage à cette époque dans un mouvement de rétraction interne, qui plonge le parti dans une crise profonde : « C’est l’ère des dissidences, et le moment où Marchais, l’homme qui a participé à la signature du programme commun, s’arc-boute sur de prétendus “fondamentaux” après l’échec de 1984. Fabien Roussel s’inscrit dans cette période-là », note l’historien.

    Non seulement Fabien Roussel fait partie de cette génération militante qui veut réaffirmer l’identité communiste (son slogan lors de sa première campagne, les cantonales de 2004, en témoigne : « Je vote communiste et je t’emmerde »), mais en plus il fait ses classes dans la fédération du Nord, une des plus enracinées dans le monde ouvrier et qui a toujours défendu « l’identité » du PCF contre les « liquidateurs » qui voulaient le réformer.

    Sans jamais entrer en dissidence, la fédération du Nord, longtemps dirigée par Alain Bocquet, que Fabien Roussel considère comme son mentor politique, a ainsi été critique vis-à-vis du tournant de Robert Hue en 1994, de même qu’à l’égard de la candidature de Marie-George Buffet à la présidentielle de 2007, avec des « comités antilibéraux » largement ouverts. Ce contexte historique et géographique n’est donc pas anodin dans l’orientation prise par Fabien Roussel à la tête du PCF.

    Le secrétaire national s’inscrit aussi dans les pas de Georges Marchais en matière de stratégie médiatique. « Georges Marchais était plus combatif que les autres, complètement intégré à l’univers médiatique », a dit de lui Alain Duhamel, qui l’a maintes fois interviewé. Selon le sociologue Bernard Pudal, auteur de Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours (2009), la connaissance de l’univers médiatique par Fabien Roussel n’est pas pour rien dans son ascension jusqu’au sommet du parti.

    Effets pervers d’une envolée médiatique

    Le nordiste est fils d’un journaliste à L’Humanité, et a lui-même été journaliste, à France 3 notamment. De même, lorsqu’il a travaillé au cabinet de Michelle Demessine, secrétaire d’État au tourisme sous Jospin, il était chargé de communication.

    « Sa particularité, c’est sa connaissance, son implication, son intégration au monde des médias, remarque Bernard Pudal. Mon hypothèse, c’est que ce qui a joué dans son élection, c’est la perception au sein du PC d’une sorte d’inadéquation entre la représentation du PCF à travers Pierre Laurent [l’ancien secrétaire national, dont on a parfois raillé le manque de charisme – ndlr] dans un champ politique qui fonctionne de plus en plus aux logiques médiatiques. »

    Mais la stratégie de la personnalisation et de l’agitation médiatique, si elle permet de faire parler de soi, a ses travers. À la fin de l’année 1980 et au début de l’année 1981, à l’approche de la présidentielle, alors que le PCF était fortement concurrencé par le Parti socialiste (PS), Georges Marchais avait investi cet espace.

    Dans une logique électoraliste, alors que le PS était irrigué par les courants de pensée de 68, il avait pris un tournant conservateur, en tenant un discours anti-immigrés. La destruction au bulldozer d’un foyer de travailleurs maliens à Vitry-sur-Seine et la campagne calomnieuse contre un travailleur marocain et sa famille à Montigny-lès-Cormeilles avaient marqué cette inflexion.

    « C’est un antécédent historique où il y a eu un jeu avec les médias de la part de la direction du PCF, alors que ce discours ne reflétait pas ce qui mobilisait les militants, estime l’historien Julian Mischi. Ce tournant conservateur était lié à la compétition électorale. De la même manière, pour se démarquer d’une France insoumise en dynamique, Fabien Roussel met en avant des thématiques comme l’assistanat, la sécurité, l’immigration dans une logique électoraliste et médiatique. »

    Pour Julian Mischi, il s’agit d’une « dérive idéologique », car « ce ne sont pas les orientations décidées par le dernier congrès ». Cette relative autonomie du premier dirigeant communiste vis-à-vis du collectif s’était déjà manifestée à l’époque de Georges Marchais. Les militants avaient appris par voie de presse que le PCF abandonnait la référence à la dictature du prolétariat, en 1976.

    Roussel incarne un versant de l’histoire communiste, qui n’est pas le plus propulsif dans l’histoire du communisme français.

    En 2021, les communistes ont peut-être ressenti une surprise comparable en apprenant la participation de Fabien Roussel à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale – ce dont il avait dû s’expliquer dans L’Humanité, face au tollé. L’ami d’Olivier Marchais, fils du secrétaire général qu’il a connu au lycée à Champigny-sur-Marne, et qui est devenu son directeur de campagne, sait donc à quoi s’en tenir.

    De plus en plus, les sorties médiatiques du chef du PCF semblent pourtant dicter la ligne, preuve, selon Roger Martelli, que « l’organisation a perdu la main », au détriment d’une culture politique. Dans Ma France, Fabien Roussel confesse d’ailleurs avoir lu tardivement le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. « Roussel commence à militer dans les années 1990, quand les écoles du PCF déclinent. On est alors formé en interne, par sa propre famille ou la mairie, et non plus seulement par l’organisation. C’est possible que ce soit le reflet d’un éclatement idéologique chez les nouveaux dirigeants », affirme Julian Mischi.

    Une chose est sûre : le parti est à un tournant de son histoire, où l’équilibre interne entre la défense farouche de l’identité communiste et l’ouverture à la gauche anticapitaliste est brisé. « Je ne peux pas dire qu’il n’incarne pas l’histoire communiste. Il en incarne un versant, qui n’est pas le plus propulsif dans l’histoire du communisme français », conclut Roger Martelli.

    Ni ses oscillations à droite ni la surface médiatique importante acquise par Fabien Roussel durant la campagne n’ont en effet compensé l’absence d’un corps militant mobilisé.

    • Fabien Roussel suscite la polémique en déplorant l’absence de Michel Sardou à la Fête de l’Huma. #legorafi
      https://www.legorafi.fr/2022/09/15/fabien-roussel-suscite-la-polemique-en-deplorant-labsence-de-michel-sardou-

      À gauche, une polémique en chasse l’autre. Quelques jours seulement après avoir fustigé « la gauche des allocs » lors de sa prise de parole pendant un débat tenu à la Fête de l’Huma, Fabien Roussel fait de nouveau parler de lui. Plusieurs témoins rapportent des propos dans lesquels il joue la carte de la provocation en s’épanchant sur son regret de ne pas voir Michel Sardou dans la programmation.

      Pire, selon plusieurs personnes présentes dans le public, le secrétaire national du PCF aurait même profité d’un intermède entre deux concerts pour s’inviter discrètement sur la scène principale. Fabien Roussel aurait alors entonné plusieurs chansons de Michel Sardou, dont Les Ricains et Le Temps des colonies avant de lancer un « ça, c’est de la vraie musique de bonhomme » devant une foule partagée entre mécontentement et consternation.

      Évacué de force par la sécurité, Fabien Roussel aurait finalement quitté la scène en qualifiant l’événement de « rassemblement de gauchiasses et de bons à rien ». L’organisation de la Fête de l’Huma, qui fustige dans un communiqué l’intervention de Fabien Roussel, affirme avoir réussi à « éviter le pire » et à ramener le calme en diffusant instantanément des chansons de Tiken Jah Fakoly pour contenir la foule en colère.

    • « Entre le travail et les allocations, il y a la République sociale »

      Hadrien Clouet, député de la France insoumise, membre de la commission des Affaires sociales, répond à Fabien Roussel, qui assumait de « défendre le parti de travail » et défend les allocations.

      Voici sa tribune : « Juste avant la Fête de l’Humanité, la gauche avait imposé deux sujets dans le débat public : les surprofits scandaleux des grands monopoles privés et les vols d’affaire des ultrariches. Retournement de situation, avec la décision du secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, d’incriminer le versement de minima sociaux par “la gauche des allocations” défenseuse d’un “droit à la paresse”, et l’opposer à l’occupation d’un emploi par “la gauche qui défend le travail”. Loin de se cantonner à cette opposition, il a mordu la ligne la plus réactionnaire en pointant un “système qui nourrit le chômage par les allocations-chômage”. Le plein-emploi dépendrait-il donc, logiquement, de la suppression des allocations-chômage ?

      Soit Fabien Roussel n’a pas anticipé comment évoluerait le débat public, et c’est une erreur lourde. Soit il l’a anticipé, et il s’agit d’un propos politique indigne. Dans les deux cas, voilà l’extrême-droite en selle à partir d’âneries. Le rôle de chaque responsable politique est désormais de combattre le poison qu’il a diffusé, excitant absolument toutes les officines hostiles à la République sociale.

      Car depuis la Révolution française, notre pays a rompu avec l’idée d’un ordre divin inéluctable qui châtierait les pauvres, oisifs donc responsables de leur sort. La pauvreté dépend des politiques qui sont menées en matière de travail, d’emploi, de logement… Donc, le sort des plus pauvres est un choix politique. Donc, la pauvreté n’est pas une malédiction à subir : elle est un crime organisé à abolir. Elle n’est pas une peine individuelle méritée : elle est la condamnation collective de toute une famille, enfants compris, à la privation. Cette rupture fondamentale conduit les Révolutionnaires à créer dès 1793 une Caisse nationale de prévoyance, afin d’administrer les premiers versements aux femmes enceintes, aux familles, aux vieillards, soigner les pauvres ou protéger les enfants abandonnés. Et ce, parce qu’il n’y a pas de démocratie possible lorsqu’une partie de la population est tenue éloignée de la discussion publique, faute de temps, de repos et de tranquillité d’esprit pour s’y consacrer.

      Les propos incriminés sont d’autant plus effrayants qu’ils tournent le dos au drapeau tricolore et au drapeau rouge

      Les propos incriminés sont d’autant plus effrayants qu’ils tournent le dos au drapeau tricolore et au drapeau rouge. Ils abandonnent les principes fondamentaux du Parti communiste français, créateur de notre Sécurité sociale… avec l’idée d’abolir toute opposition entre salaire et allocations ! Les allocations familiales, par exemple, ne sont pas de la “solidarité nationale” mais bien un sursalaire. Lorsqu’il obtient en 1946 un vote unanime de l’Assemblée nationale en faveur de leur création, le ministre communiste Ambroise Croizat y voit “un moyen de transformer un salaire mesuré uniquement à l’importance des tâches fournies en un salaire social tenant compte des besoins de chacun”.

      Si l’opposition entre travail et allocs n’a pas de sens, c’est qu’une même personne passe régulièrement de l’un à l’autre. En effet, une partie conséquente des “allocs” en France… découle du travail ! On les appelle “contributives”, dans le sens où elles sont ouvertes à des individus qui ont préalablement cotisé, donc qui ont exercé un emploi. Pension de retraite, de réversion, d’invalidité, indemnisation du chômage, indemnités journalières pour maternité, maladie ou exploitants agricoles : toutes ne sont ouvertes qu’au titre de travailleur. Il est dès lors absurde d’opposer allocations et emploi, puisqu’il faut par exemple 6 mois de cotisation pour être éligible à une allocation-chômage. Le travail conduit donc aux allocations, en ce qu’il ouvre des droits sociaux. D’ailleurs, aujourd’hui, 13 millions de ménages (presque la moitié) perçoivent des allocations logement, des allocations familiales, des minima sociaux ou la prime d’activité !

      L’inverse est tout aussi exact : l’emploi est souvent au bout de l’allocation, d’où l’importance de les défendre avec acharnement, au nom du travail. C’est ce que montrent toutes les études sur la reprise d’activité et le parcours des allocataires. Une allocation suffisante permet de se rendre aux entretiens d’embauche, payer les transports, assurer la facture téléphonique… et donc rechercher un emploi dans de bonnes conditions. Les baisses d’allocation contrarient l’accès aux offres, car elles imposent de se concentrer sur la survie quotidienne au détriment de la poursuite de son projet personnel.

      En réalité, qui paie quoi dans notre pays ? Ce sont les pauvres et les classes moyennes qui subventionnent l’oligarchie

      En réalité, qui paie quoi dans notre pays ? Ce sont les pauvres et les classes moyennes qui subventionnent l’oligarchie. On l’oublie souvent, les 10 % les plus modestes s’acquittent de la contribution maximale : ils versent les deux-tiers de leur revenu primaire en cotisations sociales (22 %), impôts (6 %) et taxes (39 %). À l’inverse, les 10 % les plus riches ne mettent en commun que la moitié de leurs gains personnels. Personne ne fait plus d’effort que les pauvres ; personne n’en fait moins que les riches.

      Finalement, l’opposition entre allocation et travail rencontre une dernière limite essentielle : accéder aux allocations peut constituer un vrai travail, qui prend plusieurs heures par semaine ! C’est bien pour cette raison que le non-recours aux droits, c’est-à-dire le renoncement à une allocation alors qu’on y est éligible, est si fort dans notre pays. Prétendre qu’un allocataire du RSA représente le “camp de la paresse” est moralement indigne et pratiquement absurde – que Fabien Roussel tente de remplir un formulaire RSA afin de s’en rendre compte !

      Loin de ne concerner que les bénéficiaires, les allocations sociales protègent le pays tout entier. Chaque crise économique nous le rappelle amèrement. Lorsque les salaires reculent ou que le chômage augmente, ce sont les allocations qui maintiennent ouverts les magasins. Le fleuriste, la boulangère, ont besoin des allocataires en vue de conserver une clientèle et, donc, leur boutique ouverte ! Contrairement à celui des riches, l’argent les allocataires sociaux repart immédiatement vers les secteurs de l’économie les plus dynamiques. Puisque les allocataires n’ont pas les moyens de mettre beaucoup d’argent de côté, tout ce que l’on leur distribue alimente la demande auprès des entreprises.

      L’allocation de quelques-uns est le bouclier du plus grand nombre, qui force le patronat à des concessions

      Mais les allocations protègent aussi les salariés du pays. Pourquoi ? Car dès lors que l’on assure un filet de sécurité à une personne, celle-ci peut survivre sans exercer une multiplicité de petits boulots précaires. Elle peut refuser de travailler gratuitement, de conduire une demi-journée afin d’exercer un petit boulot ou d’enchaîner 15h par jour. Et ce qui est bon pour elle est bon pour tous, puisque les salariés en poste ne risquent pas d’être remplacés par des miséreux, prêts à faire la même chose en échange d’un salaire deux fois plus bas. L’allocation de quelques-uns est le bouclier du plus grand nombre, qui force le patronat à des concessions. Face à des chômeurs mieux indemnisés, donc forts d’un pouvoir de négociation et capables de comparer les emplois les uns aux autres pendant quelques semaines, les employeurs sont bien obligés de faire monter les enchères !

      Voilà notre histoire, voici la tâche toujours renouvelée de notre époque. Pour l’atteindre, il faut à la fois des emplois bien payés et la garantie que nul ne vive sous le seuil de pauvreté. Les deux vont de pair.

      La politique consiste à choisir les conflits que l’on entretient. Elle implique de distinguer ses alliés de ses adversaires. Fabien Roussel met son audience et son temps de parole au service d’un affrontement contre “la gauche”, “la paresse » et “les allocs” d’un même mouvement. Ce faisant, et en conséquence, il n’affronte pas la droite, les profiteurs de crise et les actionnaires. Pire, il reprend leurs mots et leur donne du grain à moudre. Chacun ses priorités. »

      https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-entre-le-travail-et-les-allocations-il-y-a-la-republique-sociale-41355

  • Jours de grève et retraites : la punition ignorée, Pierre Bitoun
    https://www.lantivol.com/2022/03/jours-de-greve-et-retraites-la-punition.html

    J’aurais pu, comme la quasi totalité de la population active ou retraitée, ne jamais m’en apercevoir. J’aurais pu, comme l’État, les syndicats ou les médias, ne pas ébruiter la nouvelle. J’aurais pu, enfin, accepter la mauvaise farce, si représentative d’une société, d’une époque. Oui, mais voilà, la retraite laisse parfois un peu de temps pour creuser les «   problèmes   »...

    Au hasard d’un appel

    Mais commençons par le commencement : la découverte. Aussi fortuite qu’ébouriffante. Ayant demandé en juin 2021 à faire valoir mes droits à la retraite – de fonctionnaire de l’État pour l’essentiel, de salarié du privé pour une part mineure – je reçois durant l’été un courrier de L’Assurance Retraite/CARSAT, la caisse en charge des retraites du privé. La lettre, toutefois, reprend l’ensemble de ma carrière, privée et publique, et m’indique plusieurs «   périodes incomplètes   » qu’il m’appartient de vérifier. Des cases, bien entendu, sont à cocher, avec divers justificatifs à renvoyer selon les réponses apportées. Comme l’instruction de mon dossier n’en est qu’à ses débuts et que, saisi de l’inévitable doute du demandeur, je crains de commettre quelque faux pas ralentisseur, je décide de téléphoner. Au 3960, service gratuit + prix de l’appel.

    -- Vos activités du régime général, dans le privé, ne sont pas concernées. C’est votre carrière de fonctionnaire. Sur ces années incomplètes, vous avez dû faire grève et c’est pour ça que…

    -- Pardon ? Comment ? Quand on fait grève, on est pénalisé sur sa retraite ??!!

    -- Oui. Dès le 1er jour de grève, vous n’avez plus vos 4 trimestres complets…

    -- Ah, c’est ça qui explique que dans la colonne des trimestres je n’ai que 3 pour ces années-là ?

    -- Oui. C’est probable, c’est souvent le cas si vous avez fait grève.

    en matière de #retraites, il y a un cas (fonction publique) où la #grève est plus pénalisante (un trimestre perdu dès quil y a gréve dans la période...) que le chômage non indemnisé

    #société_punitive #droits_sociaux

  • Roussel manifestant avec la police, c’était le Printemps républicain. Hier soir, le PCF organisait un hommage à Charlie. Parmi les invités à la tribune, place du Colonel Fabien : Fourest, Gorce et Aram.
    Source, Elsa Faucillon, Députée des Hauts-de-Seine (Gennevilliers, Colombes, Villeneuve), PCF
    .https://twitter.com/ElsaFaucillon/status/1479160731350319108

    Le Colonel Fabien était un résistant de la première heure, dès 1939, peu après la signature du pacte germano soviétique.

    #PCF #Printemps_républicain #honte

  • Internet sinon rien : Pôle emploi radie un chômeur qui postulait par courrier, Cécile Hautefeuille

    Un chômeur a été radié pour avoir envoyé des candidatures à des employeurs par courrier postal recommandé. Pôle emploi lui reproche de n’avoir pas utilisé les canaux numériques et conclut à un manque de sérieux dans ses démarches. Le demandeur d’emploi a saisi le tribunal administratif.

    Un mois sans allocation chômage. Un mois de privation totale de revenus pour avoir envoyé des candidatures jugées pas assez modernes, c’est-à-dire sous format papier et par La Poste, en recommandé simple. Patrick* a en effet été radié par Pôle emploi entre septembre et octobre 2021, à la suite d’un contrôle de sa recherche d’emploi.

    Dans la décision, que Mediapart a pu consulter, l’opérateur lui reproche d’avoir transmis des candidatures « ne correspondant plus aux standards adoptés par les entreprises depuis de nombreuses années » et le sanctionne pour « insuffisance d’actions en vue de retrouver un emploi », constatant « l’absence de caractère sérieux des démarches » entreprises pour retrouver un travail. Sollicitée par Mediapart pour commenter cette sanction, la direction générale de Pôle emploi n’a pas donné suite. 

    Au chômage depuis de nombreuses années, Patrick recherche un emploi en région parisienne dans un secteur de niche qu’il préfère ne pas dévoiler. « Les offres y sont peu nombreuses », indique-t-il. Ayant épuisé ses droits à l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi, versée par l’Unédic), il perçoit 507,30 euros mensuels d’allocation de solidarité spécifique (ASS, versée par l’État). Une somme dont il a donc été privé pendant un mois.

    Quelques semaines plus tôt, au déclenchement de son contrôle, il s’était pourtant plié à toutes les exigences et avait adressé « un pli de 66 pages » à Pôle emploi. « J’y apportais des réponses exhaustives au questionnaire ainsi que la copie de 29 candidatures envoyées à des employeurs, accompagnées des avis de recommandés », souligne le quadragénaire.

    Pôle emploi a d’ailleurs reconnu « la fourniture de très nombreuses candidatures » dans le cadre du contrôle. Ce qui démontre que Patrick est en recherche active. Mais c’est bien son choix de postuler par courrier postal qui a été balayé. L’opérateur n’est jamais revenu sur sa décision, à la suite du recours du demandeur d’emploi. Le directeur régional adjoint, chargé des opérations, a en effet maintenu la radiation, jugeant que la transmission des candidatures sous format papier « ne permet pas de garantir la recevabilité de celles-ci auprès des recruteurs » et répétant que le format numérique est devenu « le modèle standard »

    « Le recommandé, c’est au contraire l’assurance que mon courrier a été reçu, rétorque Patrick, insistant sur l’investissement financier que représentent, pour lui, ces envois postaux. Ça me rend visible auprès des employeurs. »

    Il brandit d’ailleurs l’extrait d’une formation en ligne à laquelle il a participé pour « dynamiser son évolution professionnelle ». Le livret recommande, comme « ultime astuce de la candidature spontanée », d’envoyer des courriers postaux pour se distinguer dans le flux des dizaines « voire centaines de mails » reçus chaque jour par les managers. Ironie de l’histoire, l’organisme de formation préconisant ces démarches est référencé sur le portail de... Pôle emploi.

    Pour expliquer son choix, Patrick poursuit : « Je n’aime pas que mes données numériques traînent sur le Net. Et surtout, comme je rogne sur tout, je n’ai pas d’abonnement Internet, je n’avais pas d’ordinateur personnel à l’époque du contrôle et je détiens un simple forfait téléphonique à quelques euros par mois. »

    Une « précarité numérique » sur laquelle il a insisté dans son recours gracieux. Un argument, là encore, rejeté par Pôle emploi. « Votre situation ne permet pas de justifier de l’impossibilité d’utiliser les modes de communication dématérialisés (téléphone portable, email, ordinateur) tel (sic) que les services de Pôle emploi vous l’ont recommandé afin d’optimiser vos chances de recrutement », lui a répondu le directeur régional adjoint.

    Ne souhaitant pas en rester là, Patrick a saisi le tribunal administratif, le 17 novembre, pour contester la décision. Pôle emploi a reçu sa requête le 30 novembre. « A priori, ils ont un mois pour répondre, mais ça peut traîner », précise le demandeur d’emploi. 

    « Je suis tombé dans une trappe à pauvreté, souffle-t-il, pudiquement. Pour Pôle emploi, je suis un méchant chômeur de longue durée et je sais bien que je suis dans le collimateur. Pour me pousser à rechercher autre chose, sur des métiers en tension. Et me forcer la main, pour passer au numérique. »

    Trois contrôles en cinq ans

    Il y a une dizaine d’années, Patrick avait déjà été radié 15 jours au motif qu’il ne se connectait pas assez à son espace personnel sur Internet et que ce dernier n’était pas assez enrichi. Pôle emploi avait finalement annulé la sanction, après une action de la coordination des intermittents et précaires.

    Ces cinq dernières années, il a également été contrôlé à trois reprises sur sa recherche d’emploi. Sans jamais, jusqu’alors, être sanctionné. « L’avant-dernière fois, c’était en 2017, indique-t-il, document à l’appui. J’avais procédé exactement de la même manière, en adressant mes candidatures papier, envoyées en recommandé. Ça n’avait posé aucun problème ! Pôle emploi avait reconnu que je respectais mes obligations de recherche d’emploi. Aujourd’hui, ils me disent que les employeurs favorisent les canaux numériques “depuis de nombreuses années” . Mais 2017, ça n’est pas si loin. »

    Patrick ne manque pas de rappeler cet épisode, dans sa requête devant le tribunal administratif. « Dans les faits, Pôle emploi vient se déjuger et se contredire, montrant encore plus ici le caractère totalement arbitraire de cette décision de radiation. »

    Il souligne également « qu’aucun texte n’interdit l’usage des services postaux » ou « n’impose de recourir obligatoirement au numérique, pour démarcher sérieusement des entreprises » et dénonce « une erreur manifeste d’appréciation des faits par rapport au droit existant ». Patrick s’appuie sur le Bulletin officiel de Pôle emploi, citant une instruction de 2019 selon laquelle « le demandeur d’emploi justifie ses recherches et démarches par tout moyen ».

    Outre la contestation de la sanction sur le fond, Patrick interpelle également sur des irrégularités dans sa procédure de radiation. Des bizarreries kafkaïennes, comme Pôle emploi sait parfois en produire. D’abord, il a été radié le 15 septembre mais la notification de la sanction ne lui est parvenue que sept jours plus tard. Le cachet de la poste du courrier de Pôle emploi, que Mediapart a pu vérifier, étant daté du 20 septembre.

    Or, depuis 2012, les chômeurs ne peuvent plus être radiés rétroactivement [https://www.lemonde.fr/emploi/article/2012/12/27/pole-emploi-abolit-la-retroactivite-des-radiations-administratives_1810981_1, à la date du manquement constaté, mais bien à la date de la notification de la sanction au demandeur d’emploi, comme indiqué dans cette instruction du Bulletin de Pôle emploi [http://www.bo-pole-emploi.org/bulletinsofficiels/instruction-n2012-166-du-10-dece.html?type=dossiers/2012/bope-n2012-131-du-19-decembre-20].

    La seconde irrégularité, pointée par Patrick, porte sur le courrier « d’avertissement avant sanction », que Pôle emploi est tenu d’envoyer avant de conclure à une radiation. Il expose les griefs de l’opérateur et accorde au demandeur d’emploi un délai de dix jours pour se justifier.

    Or, dans le cas de Patrick, le courrier d’avertissement ne lui reprochait pas ses envois de candidatures en recommandé mais... de n’avoir fourni aucun élément pour prouver ses démarches de recherche !

    Pour une raison obscure, ses 66 pages de justificatifs n’avaient pas toutes été prises en compte. « Sur mon espace personnel, Pôle emploi avait uniquement enregistré et validé sept pages ! Les dizaines d’autres étaient notées comme “réceptionnées mais non prises en compte” », s’étrangle le quadragénaire qui avait immédiatement contesté. « Je suis surpris de votre lettre d’avertissement, dans laquelle vous prétendez ne pas disposer d’éléments vous permettant d’évaluer mes recherches d’emploi, alors qu’ils apparaissent tous réceptionnés depuis plus d’un mois par vos services, mais qu’ils n’ont pas été pris en compte », avait-il écrit, en réponse à l’avertissement.

    Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, quinze jours plus tard, qu’il était bel et bien radié. Mais cette fois, à cause des fameuses candidatures envoyées par La Poste. « Ils ont changé le motif en cours de route », s’indigne Patrick. Dans sa requête administrative, il regrette donc de n’avoir « pas été en mesure de présenter [ses] observations écrites dans le respect du contradictoire » puisque la sanction reposait sur d’autres griefs que ceux pour lesquels il a été amené à s’expliquer.

    Les contrôles de la recherche d’emploi vont s’intensifier

    « Tout ceci est absurde, rien ne tient la route ! », commente Camille, membre de la CGT des Privés d’emploi qui a publié un communiqué de soutien à Patrick, co-signé par plusieurs autres organisations, dont Solidaires Sud, Culture Sud ou encore la Quadrature du Net. L’association, qui « promeut et défend les libertés fondamentales dans l’environnement numérique », a d’ailleurs évoqué le sort du demandeur d’emploi dans ce billet de blog sur Mediapart [https://blogs.mediapart.fr/la-quadrature-du-net/blog/221221/pole-emploi-dematerialisation-et-controle-social-marche-forcee] pointant « la marche forcée vers la dématérialisation et le contrôle numérique des personnes privées d’emploi ».

    Un appel à témoignages est également lancé à destination « de celles et ceux ayant fait l’objet d’un contrôle Pôle emploi ou CAF ou auprès des agent·es du service public qui en ont été témoins » [https://solidaires.org/Controles-radiations-pole-emploi-caf-Appel-a-temoignages-et-a-AG]. Camille, de la CGT des Privés d’emploi, indique avoir déjà reçu des témoignages « de gens qui sont dans de grosses batailles individuelles, parfois depuis plusieurs années » et espère « créer un espace collectif, avec des relais locaux » autour de ces questions de contrôles, y compris numériques.

    Si Patrick a su trouver la force et les armes pour se défendre face à une sanction qu’il juge injustifiée, beaucoup de demandeurs d’emploi baissent les bras « alors qu’ils pourraient contester et obtenir gain de cause », souligne encore Camille. Elle rappelle que les contrôles de la recherche d’emploi vont s’intensifier. Depuis le 1er décembre, et pour les six prochains mois, 250 000 contrôles seront réalisés. Soit 25 % de plus par rapport à la moyenne habituelle.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/291221/internet-sinon-rien-pole-emploi-radie-un-chomeur-qui-postulait-par-courrie

    #Pôle_emploi #contrôle_des_chômeurs #radiations #revenu (dématérialisé) #dématérialisation

  • Assurance-chômage : « Une réforme inefficace, injuste et punitive »

    Tribune. Une centaine d’économistes, parmi lesquels Thomas Piketty, Aurélie Trouvé ou Dominique Plihon, dénoncent l’entrée en vigueur le 1er octobre de la réforme de l’assurance-chômage.

    Le gouvernement s’obstine à mettre en œuvre la réforme de l’assurance-chômage, deux fois suspendue par le Conseil d’Etat, qui vise à fortement diminuer les droits des chômeurs. Le régime d’assurance-chômage a pourtant pleinement joué son rôle de stabilisateur automatique durant la crise en maintenant un revenu aux personnes privées d’emploi grâce à l’indemnisation chômage et à l’activité partielle, que l’Unédic [ l’association paritaire qui pilote le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi] a financée pour un tiers. En tant qu’économistes, nous nous opposons fermement à la mise en œuvre de cette réforme que nous jugeons inefficace, injuste et punitive.

    Cette réforme va toucher de très nombreux allocataires de l’assurance-chômage, en diminuant drastiquement le montant des allocations dans un contexte de crise sans précédent. Tous ceux ayant eu deux périodes d’emploi non contiguës verront leur indemnité réduite. Plus de 1 million d’indemnisés seront ainsi touchés par la réforme du salaire journalier de référence (SJR), soit 40 % des allocataires.

    Un parti pris idéologique

    Le nouveau mode de calcul se base sur la moyenne des salaires perçus au cours de la période comprise entre le premier et le dernier jour d’emploi dans les vingt-quatre derniers mois. En plus des jours travaillés, les jours non travaillés sont pris en compte. Cela induit une baisse du montant de l’allocation pouvant aller jusqu’à 43 %. Pire, selon la répartition des périodes travaillées et non travaillées, le montant des allocations pourrait varier fortement, à rémunération et nombre d’heures travaillées identiques.

    L’argument selon lequel les chômeurs « gagnent plus quand ils sont au chômage qu’en travaillant » est mensonger. L’allocation d’assurance-chômage représente entre 57 % et 75 % du salaire journalier de référence, elle ne peut donc être supérieure au salaire antérieur. En cas de reprise d’une activité (réduite), le cumul de l’allocation-chômage avec le salaire issu de cette activité ne peut être supérieur au salaire antérieur. Si ce seuil est dépassé, l’indemnisation est suspendue.

    Rappelons que l’indemnisation moyenne s’élève à 910 euros par mois et que seuls 40 % des demandeurs d’emploi perçoivent une allocation-chômage. Loin de la caricature du « chômeur optimisateur », la réalité des chômeurs est la méconnaissance des droits et la difficulté à calculer leur indemnité, ainsi que cela a été démontré par plusieurs équipes de chercheurs.

    Selon ces travaux, ce que recherchent avant tout les chômeurs, c’est un emploi pérenne. La thèse que la dégradation des règles de l’assurance-chômage aurait des effets favorables sur l’emploi est un parti pris idéologique. L’effet d’une telle dégradation serait de contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi au plus vite, à bas salaire et aux mauvaises conditions de travail, au mépris de l’efficacité économique et sociale (« Emploi discontinu et indemnisation du chômage. Quels usages des contrats courts ? », par Mathieu Grégoire [coord.], Olivier Baguelin, Julie Dulac, Ji Young Kim, Delphine Remillon et Claire Vivès, https://hal-cnam.archives-ouvertes.fr/hal-03234720 « Rapport d’études » n° 4, Dares, mai 2021 ; « Le recours à l’activité réduite : déterminants et trajectoires des demandeurs d’emploi », par Sabina Issehnane [coord.], Fabrice Gilles, Léonard Moulin, Leïla Oumeddour et Florent Sari, rapport de recherche, Etudes et recherches, n° 8, Pôle emploi, août 2016 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02306056).

    Le mythe des emplois vacants non pourvus

    Selon Elisabeth Borne, ministre du travail, le système de cumul permis par l’assurance-chômage inciterait les chômeurs à accepter des contrats courts, ce qui pousserait les employeurs à les utiliser massivement. Cet argument est surprenant. C’est oublier que la flexibilité accrue de l’emploi provient des réformes du marché du travail menées par ce gouvernement et les précédents, et que la relation salariale est une relation de subordination.

    Le rapport de force est particulièrement défavorable aux travailleurs lorsque le chômage est élevé. Le chômeur n’a donc guère le choix d’accepter ou non un emploi qu’on lui propose. Si le gouvernement désire réellement réduire l’utilisation des contrats courts, il doit supprimer les possibilités de proposer des contrats courts offertes par les lois successives. La modulation de la cotisation d’assurance-chômage en fonction de l’utilisation des contrats courts, quant à elle, est renvoyée à septembre 2022…

    Le troisième argument invoqué par ce gouvernement est celui de la reprise économique et des difficultés de recrutement dans certains secteurs d’activité. Le mythe des emplois vacants non pourvus est une antienne bien connue. Il ne suffit malheureusement pas de traverser la rue pour trouver un travail. L’enquête « Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre » (Acemo) du ministère du travail comptabilise 265 000 emplois vacants.

    De son côté, Pôle emploi comptabilise 300 000 offres d’emploi non pourvues, ce qui est très peu face aux 6,7 millions de demandeurs d’emploi. Dans un tiers des cas, l’employeur retire son annonce car le besoin a évolué ou disparu. Dans d’autres, l’offre demande des compétences inexistantes sur le marché, ou les conditions de travail et de rémunération ne sont pas acceptables.

    Un chômage qui perdure

    Le gouvernement a introduit dans son décret du 30 mars deux dispositions dites « clauses de retour à meilleure fortune » : si l’on enregistre 130 000 chômeurs en moins sur six mois consécutifs et 2,7 millions d’embauches de plus d’un mois sur quatre mois consécutifs, il faudra avoir travaillé au moins six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour bénéficier de l’assurance-chômage au lieu des quatre mois auparavant nécessaires. Près de 500 000 chômeurs pourraient ainsi ne pas ouvrir de droits ou n’être indemnisés que bien plus tard en raison du durcissement de ces règles. La dégressivité pour les hauts salaires sera alors effective à partir du septième mois, et non plus à partir du neuvième.

    Il reste que le chômage perdure à un niveau particulièrement élevé avec plus de 3,8 millions de chômeurs au deuxième trimestre 2021. Les demandeurs d’emploi de catégorie A ont certes légèrement diminué, mais le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues reste stable.

    Les demandeurs d’emploi en formation (catégorie D) et en emploi aidé (catégorie E) sont plus nombreux, en raison du plan de formation des chômeurs. Quant aux premiers concernés par la réforme, les demandeurs d’emploi en activités réduites (catégories B et C), leur nombre s’est fortement accru pour atteindre plus de 2 millions.

    Rien ne justifie la mise en œuvre de cette réforme. Elle a pour seul objectif de faire des économies – plus de 2 milliards d’euros – au prix d’une augmentation de la pauvreté des chômeurs et de leurs familles.

    Cette tribune a été signée par plus de 100 économistes français, dont Anne Eydoux, Sabina Issehnane, Thomas Piketty, Thomas Porcher, Dominique Plihon et Aurélie Trouvé. Voir la liste complète des signataires.

    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2021/09/30/assurance-chomage-une-reforme-inefficace-injuste-et-punitive_6096533_1698637

    #chômage #droitauchômage #précaires #société_punitive

    • je comprends pas ce pli systématique de la gauche qui d’une part critique l’attaque libérale contre un #revenu susceptible de favoriser une « préférence pour le chômage » en disant que ce n’est pas le cas et, de l’autre, proclame que des allocs faibles ou inexistantes exercent une contrainte à l’emploi dégradé et sous payé. j’y vois une énième manifestation de mépris des chômeurs.

      #chômeurs #emploi #emploi #emploi #travail #travail #travail

    • La réforme de l’assurance-chômage, un symbole politique pour Emmanuel Macron
      A sept mois de l’élection présidentielle, (...)

      Après avoir défendu cette mesure phare de son quinquennat, en février 2018, comme un élément de sécurité face à la précarité du marché de l’emploi – en contrepartie à la flexibilité offerte par les ordonnances travail –, le locataire de l’Elysée la présente désormais comme une manière d’inciter les chômeurs à la reprise du travail. (...) M. Macron a réaffirmé sa conviction pour défendre la mise en œuvre de cette réforme. « Il faut s’assurer qu’il n’est jamais plus rentable de ne pas travailler que de travailler » [si on à 900 balles de chomdu alors que des emplois à 6 ou 800 cherchent preneurs ? si on sort de taffs à 2000 avec une alloc de 1500 alors qu’il y a masse d’emploi à 1200, et qu’on pourrait en créer d’autres pour les futurs licenciés et fin de contrat ? ndc], a-t-il lancé, le 16 septembre, lors d’un discours devant la principale organisation des indépendants – artisans, commerçants, professions libérales – à la Maison de la mutualité. Avant de poursuivre : « Nous devons réengager la nation tout entière dans cette culture du travail et du mérite, c’est un combat culturel. »

      Une manière d’envoyer un signal à l’opinion, surtout sa frange la plus conservatrice, particulièrement sensible au thème de la lutte contre « l’assistanat ». « Il y a une arrière-pensée électorale de la part d’Emmanuel Macron, qui s’inscrit dans sa stratégie plus générale de capter l’électorat de droite, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l’IFOP.
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/01/la-reforme-de-l-assurance-chomage-un-symbole-politique-pour-emmanuel-macron_

      #idéologie_du_travail #assistanat

    • Un très critique édito du Monde : la réforme est « mal née », et on la comprend pas bien.

      Assurance-chômage : une réforme déséquilibrée
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/02/assurance-chomage-une-reforme-desequilibree_6096853_3232.html

      Présenté comme un outil pour lutter contre la précarité et comme une source d’économies, le nouveau mode de calcul des indemnités risque d’aboutir à fabriquer de nouveaux pauvres, alourdissant, in fine, d’autres dépenses publiques. [ pour l’édification d’échafauds ?]

      Contestée, reportée, amendée [contrairement au Conseil de défense], la réforme de l’assurance-chômage a connu un parcours des plus chaotiques. Presque deux ans après le début de sa mise en œuvre, elle franchit une étape supplémentaire, avec l’entrée en vigueur, vendredi 1er octobre, des nouvelles règles relatives à l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Cet aboutissement dans [vers ?] la douleur est loin de clore le débat sur un texte mal né, dont les effets restent à démontrer [pour qui ’a pas regardé les prévisions de chute et d’absence massive de droits réalisées par l’Unédic] et qui, ne sachant pas convaincre sur le bien-fondé de ses modalités d’application [un gâchis ! alors même que la CFDT et d’autres sont prêts à négocier le poids des chaines et la couleur des galetas, et la prochaine date de réunion des partenaires sociaux], se trouve sous la menace d’une décision du Conseil d’Etat [dont on sait d’expérience le but avoué : faire capoter autant de plans des militants du capital que possible].

      Les intentions sont légitimes. Le principe consiste à lutter contre la précarité [une lutte devenue depuis les stages Barre un devoir sacré de la nation] et la multiplication des contrats de travail de courte durée [dont abusent les chômeurs tant et plus, pensez donc ! ils sont un million sept cent mille à être "en activité à temps réduit" ]. Constatant une recrudescence spectaculaire du phénomène de la « permittence », c’est-à-dire l’alternance de CDD ou de missions d’intérim avec des périodes de chômage plus ou moins brèves [et parfois jusqu’à 4 mois d’allocs avant de cesser d’être indemnisés,], le gouvernement souhaite inciter les entreprises comme les demandeurs d’emploi à s’orienter vers des contrats plus pérennes [qu’on trouve en traversant la rue]. Toute la difficulté réside dans le mode d’incitation choisi [on ne discutera jamais assez des variantes de la trique, le progrès humain est à ce prix depuis que l’homme est le capital le plus précieux].

      Pour ces « permittents », la réforme modifie le calcul de leurs indemnités -[et, là, c’est des maths, c’est complexe, une affaire de #salaire divisé non plus par le nombre de jours travaillés mais par le nombre de jours travaillables sur une longue, longue période précédant l’inscription au chômage. faites polytechnique, on en reparle après], qui, pour beaucoup, vont sensiblement chuter, tout en allongeant [afin de protéger de la précarité, comme on vous l’a dit] la période d’affiliation permettant l’ouverture de droits à l’assurance-chômage [ce qui permet d’augmenter le nouveau diviseur qui s’applique au salaire pour calculer le montant de l’alloc, m’enfin, si par égard pour les traditions on doit transitoirement parler encore de salaire, au moment ou le travail indépendant représente l’avenir de la jeunesse de France, c’est pas sûr que la croissance puisse redémarrer]. Le gouvernement cherche à « encourager le travail » [à se faire exploiter]- au détriment du versement d’allocations devenues moins protectrices [et plus souvent qu’actuellement, inexistantes, comme c’est déjà le cas pour la moitié des chômeurs]. Parallèlement, il s’agit d’instaurer une modulation [à la flûte] de la cotisation patronale à l’assurance-chômage visant à pénaliser les entreprises qui ont un taux de ruptures de contrats de travail excessif.

      Un rendez-vous manqué

      Si l’effet incitatif du mécanisme reste à prouver, son impact immédiat sur les demandeurs d’emploi les plus précaires ne fait pas de doute [si vous êtes un peu juste avec tous vos frais et cherchez une femme de ménage, un jardinier, une nounou, soyez patients une seconde, ça va bien se passer]. Présentée comme une source d’économie, la mesure risque d’aboutir à l’effet inverse en fabriquant de nouveaux pauvres [bheurk, et en plus du dégoût ça ouvre à une question embêtante, est-ce que ça risque pas de Giléjauner quelque chose quelque part ?], qu’il faudra ensuite orienter [on reste disposés pour les aider, c’est certain, regarder comment les distributions alimentaires marchent bien ces derniers mois] vers d’autres dispositifs d’accompagnement [que ces pauvres gens ne connaissant pas malgré la nécessité] comme le revenu de solidarité active (RSA) [auquel ils n’accéderont malheureusement qu’en fonction du revenu du ménage - la vie est mal faite, c’est le déficit des comptes publiques, comme les pauvres payent pas assez de TVA avec leurs achats d’écrans, on a du mal à en sortir] ou la prime d’activité [à condition qu’ils prennent le genre de taff qui se trouve, pas trop payé, l’État ne peut pas tout, et même parfois pas grand chose, la bienveillance ne suffit pas, on doit aussi savoir rester humbles dans certains domaines]. En clair [tadadam !], l’allégement des charges de l’Unédic pourrait [on en est pas sûrs] déboucher sur une augmentation de celles assumées par les collectivités publiques. A l’arrivée se profile un jeu à somme nulle [assomme qui ?combien ? on me dit dans l’oreillette que certains comprennent pas]– ou presque – pour le contribuable-cotisant [qui se sait déjà pressuré sans que sa sécurité soit garantie, malgré les efforts faits pour remplacer des emplois de profs et de soignants par d’autres de policiers, et des lits d’hostos par des blindés légers, des grandes, des LBD et des munitions].

      La réforme fait d’autant moins consensus que, si pour les chômeurs le nouveau système entre en vigueur dès maintenant, les entreprises, elles, ne se verront appliquer le bonus-malus que dans un an [quand Macron sera réélu et leur aura fabriqué de nouvelles marges de manœuvre]. Par ailleurs, celui-ci ne concernera qu’un nombre limité de secteurs d’activité, donnant l’im-pre-ss-ion [mdr] que c’est surtout sur les épaules des demandeurs d’emploi que reposent les efforts [à moins que ce soit sur leurs pieds, s’ils dépassent, tellement ils auront la tête sous terre ?].

      De cette réforme ressort le sentiment [un peu triste, mais bientôt il y a les Fêtes de Noël] d’un rendez-vous manqué. Il est [extrêmement très] frappant de constater que les partenaires sociaux, pas plus que le gouvernement, n’ont été capables d’établir un di-ag-no-stic partagé sur le fonc-ti-on-ne-ment du ré-gi-meuh d’assurance-chômage. Ils se sont accusés mutuellement de malhonnêteté intellectuelle [on a rien à voir, l’objectivité, c’est plus intelligent que ça !] en brandissant le travail d’économistes qui eux-mêmes ne sont pas arrivés à s’accorder sur l’efficacité des mesures [comme si la démocratie, qui est en danger de Zobi, d’anti vax et tout ça, pouvait se le permettre !]. Les chiffres de l’Unédic, géré par les premiers, sont venus contredire ceux de Pôle emploi, structure pilotée par l’Etat.

      Ce dialogue de sourds a accouché d’une réforme d’autant plus mal née qu’elle n’a pas été annoncée telle quelle en début du quinquennat [et là, quand même, on se retient de poser la question, mais disons, en hommage à une femme qu’on ne citera pas (et paix à son âme), une telle grossesse non désirée, on doit pouvoir l’interrompre ? oui ; non ; nsp]. Alors qu’Emmanuel Macron s’était toujours opposé à la dégressivité des allocations [comme à leurs augmentation], c’est ce que retiendront surtout les demandeurs d’emploi [qui ont des allocs dont les montants sont assez élevées pour être concernées par la dégressivité telle qu’elle a été actée, comme nous] sans garantie d’échapper à terme à la précarité.

      mon diagnostique à moi, pour pleurer le manque d’entente et de dialogue sans arriver à en dire les raisons ,et l’irréductibilité, ces couillons ont lu du Habermas lors des cursus de matrixage de cerveau qui les ont préparé à leurs fonctions

      #cadres #précarité_des_cadres

  • Contrôles des Caf : « Faire de la fraude une question centrale, c’est s’attaquer aux organismes de protection sociale » - Basta !
    https://www.bastamag.net/Controles-allocations-familiales-CAF-RSA-fraudes-aux-prestations-sociales-

    Les pratiques abusives ou frauduleuses existent, mais elles demeurent au final assez limitées, encore plus si on les rapporte au défaut de cotisations des employeurs ou à la fraude fiscale. Pourtant, le « fraudeur » est devenu le point d’aboutissement ultime de la figure négative de l’assisté, l’assistanat étant représenté comme le repoussoir de la valeur travail placée au centre du projet de société promu par une fraction de la droite qui arrive au pouvoir avec Nicolas Sarkozy en 2007. La question de la fraude devient alors le point de cristallisation de toute une vision du monde, d’un programme politique, social et économique. Derrière la figure du fraudeur, il y a la remise en cause générale de certaine aides sociales. Et derrière le constat souvent très exagéré de dépenses injustifiées dues à la fraude aux prestations sociales, il y a en ligne de mire l’État social lui-même. Faire de la fraude une question centrale, c’est s’attaquer aux organismes de protection sociale tout en prétendant faire le contraire, en disant que lutter contre la fraude, c’est maintenir le système de solidarité.

    • Encore un article où la droite est citée comme représentante exclusive de la moralisation des pauvres au nom du travail et de leur contrôle sous prétexte de lutte contre la fraude. Le premier ministre Jospin ("je préfère une société de travail à l’assistance", 1998), par exemple, jamais cité. Le journalisme de gauche cultive l’amnésie et on est passé tranquillement de « pas de droit sans devoir » (faut s’insérer, etc) à « vous avez avant tout des devoirs » (Macron 2021, à propos de migrants mineurs).

      #idéologie_du_travail #contrôle #Caf

  • Obscurantisme : « La meilleure connaissance des paramètres de l’assurance-chômage exerce bien un effet d’enfermement dans le chômage »

    Enfin, une expérimentation https://voxeu.org/article/lock-effects-part-time-unemployment-benefits auprès d’environ 150 000 allocataires de l’assurance-chômage nous semble aussi apporter un éclairage intéressant. Cette expérimentation a consisté à donner des informations sur le système d’activité réduite qui permet de cumuler indemnisation chômage et revenu d’activité. Ce système a été mis en place par les partenaires sociaux pour accélérer la sortie du chômage, mais son paramétrage est susceptible de favoriser de fait l’enchaînement de contrats courts en alternance avec des périodes d’inactivité, comme l’a souligné une note du Conseil d’analyse économique en 2015.

    Assurance-chômage et accroissement des emplois instables
    Dans cette expérimentation, initiée en janvier 2017, des personnes récemment entrées au chômage ont été réparties aléatoirement en deux groupes. Dans le premier, elles reçoivent des emails les informant du fonctionnement du système de cumul emploi chômage. Dans le second, qui sert de groupe de contrôle, aucune information n’est envoyée. Les personnes qui ont reçu des informations sur le système d’activité réduite ont davantage travaillé en contrats courts tout en continuant à être partiellement indemnisées.

    Mais cette hausse de la propension à travailler pendant la période d’indemnisation est associée à une baisse du taux de sortie du chômage. Une personne qui travaille sur des emplois de courte durée du fait de la réception du message a 25 % de chances en plus d’être au chômage à la date qui aurait été celle de l’épuisement des prestations en l’absence de travail pendant la période d’indemnisation.
    La meilleure connaissance des paramètres de l’assurance-chômage exerce donc bien un effet d’enfermement dans le chômage. Et cet effet est de grande ampleur. Ce phénomène n’est pas nécessairement la conséquence de comportements optimisateurs. Il est possible que les personnes induites à travailler sur les emplois précaires aient moins de temps pour chercher des emplois stables et s’enferment, malgré elles, dans la précarité.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/01/la-meilleure-connaissance-des-parametres-de-l-assurance-chomage-exerce-bien-

    À propos de qui cherche à échapper au chômage non indemnisé (cas majoritaire), Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et François Fontaine alertent contre un "enfermement dans le chômage". Ceux du château suggèrent qu’on pleure dans les chaumières. Bénissons encore l’emploi. Ou pas. L’expérimentation citée réduisait l’omerta (ici, il serait de bon ton aujourd’hui pour être entendu de dire : ignorance systémique) sur les droits collectifs. On peut en tirer des conclusions rigoureusement opposées à celle des auteurs.

    Dans Courrier International , en mai, un article relayait divers témoignages de salarié.e.s de l’hôtellerie restauration commerce (et les inquiétudes de leurs employeurs) qui ayant vécu payé.e.s au chômage partiel pandémique ont décidé.e.s de ne pas retourner dans ces secteurs aux bas salaires, temps de travail en coupure et à rallonge, et conditions de travail dégueulasses.

    Du côté du travail, l’#activité_réduite avec droit au chômage est utilisée comme une reprise de la lutte pour la réduction du temps de travail (emploi) et une "libre activité" qui cherche à se dégager des impératifs de la valorisation qui en organisent la capture. Ces comportements sont politiques. Il n’y a aucune force politique ou syndicale qui vienne explicitement contribuer à ce renversement de la précarité par les précaires eux mêmes.

    #idéologie_du_travail #précaires #droits_collectifs #revenu #opacité_défensive #emploi

    Edit, on trouve les trois tribunes évoquées, dont « La réforme de l’assurance-chômage va clairement dans le bon sens » (sic), ici
    https://justpaste.it/53lqj

  • « L’entretien avec l’agent de la CAF a été une humiliation » : Les bénéficiaires du RSA dans l’enfer des contrôles
    https://justpaste.it/9ki0y

    Au fil des ans, des progrès du big data et des croisements de fichiers, les Caisses d’allocations familiales et les départements intensifient leur chasse aux fraudeurs, parfois jusqu’à l’acharnement.

    [...]

    « Tant pis si les sommes à recouvrer sont prescrites ou si les dossiers ne sont pas assez étayés… » , dénonce une ancienne agent de la CAF.

    [...]
    Sur les forums de discussion entre fonctionnaires territoriaux, les « bonnes recettes » s’échangent. « Sur le RSA, les premiers contrôles ont porté sur les travailleurs indépendants, avec demande de relevés bancaires [professionnels] et personnels. Ce créneau semble très porteur », se félicite un contrôleur des Hauts-de-Seine. « Si pas de contrat [d’engagement réciproque signé], radiation après trois mois », recommande de son côté un responsable de Tarn-et-Garonne.

    Prestations sociales : les « dérives » de la chasse à la fraude, 2017, Toubon...
    https://seenthis.net/messages/627815

    #CAF #RSA #APL #contrôles #radiations #chasse_aux_pauvres #visites_domiciliaires

    • Souvenir de mon dernier passage à la CAF : après un an de tentatives pour obtenir mes droits auprès de la CAF, l’"aide de 3 assisstantes sociales" et d’un centre obligatoire qui ne sert qu’a t’enfoncé, j’étais venu avec les texte de loi pour faire valoir mes droits, car le statut d’artiste est inconnu des agents et fort complexe. L’agente me dit sans même jeté un oeil «  la CAF n’est pas soumise à la loi, nous avons notre propre réglementation interne », je lui ai dit que la CAF n’était pas un état indépendant de la France et j’ai demandé à voire son supérieur hiérarchique, elle m’a montré du doigt une affichette qui menace de poursuite les allocataires malpolis et un vigile s’est approché. Je suis partie et j’ai lâché l’affaire. Peut etre 9 mois après un agent de la CAF m’appel au tel pour me dire que je peu bénéficié de l’aide de la CAF, sauf que depuis 21 mois que j’aurais du avoir le RSA, j’ai bien du me démerdé en taxant à droite à gauche et donc j’aurais certainement été l’objet de poursuite pour fraude vu que mes déclarations dataient de presque 2 ans, du coup j’ai dit au mec que c’etait trop tard et que je ne voulais pas de leurs emmerdes garanties à 100% et j’ai raccroché. Bref tout ca pour dire que non seulement ils chassent les fraudes en dépis du bon sens mais leurs méthodes fabriquent des fraudes qui n’existent pas à la base.

    • On voit bien dans ce que tu racontes @mad_meg comment est fabriquée un partie du #non_recours...
      On le droit de se faire accompagner (par exemple pour rappeler le texte de loi sans être menacé.e de poursuites...).
      La dernière fois que j’ai « accompagné » une allocataire lors d’une visite domiciliaire, l’examen des relevés de compte bancaire tendait à faire conclure à l’agent contrôleur que 30 balles mentionné au crédit du compte constituait un revenu non déclaré alors que c’était une somme reçue pour avoir covoituré quelqu’un... Soit dit en passant, quand même, le type a battu en retraite progressivement, nous avons trouvé après sa visite de quoi « justifier » les quelques rentrées « louches », et il n’y a pas eu d’indus ni de coupure de revenu.

      Si ce guide n’est plus tout à fait d’actualité (des choses sont à vérifier sur légifrance etc.), il est bon de le conseiller aux allocataires, demandeurs de revenus, etc.
      https://cafard93.wordpress.com/2012/04/06/organisons-nous-face-aux-controles-domiciliaires-caf

      #droit_à_l'accompagnement

    • Arf, j’avais bien cru comprendre que tu avais lâché l’affaire, @mad_meg.
      Au CAAP, on passe pas mal de temps à rappeler à la CAF qu’elle n’est pas du tout au-dessus des lois et comme nous sommes un syndicat assez hargneux, nous obtenons généralement gain de cause… L’agente, là, on aurait pu la démonter.
      Dommage, mais ça se comprend que personne n’a envie de vivre dans la peau d’un·e présumé·e coupable permanent·e.

    • Tu m’avais quand même bien conseillé @monolecte c’est comme ca que j’étais venu avec le texte de loi. Mais je pouvais pas resté 21 mois sans aucune forme de revenus et du coup ce sont des proches qui m’ont aidé le temps que je trouve mes propres moyens de subsistance, sauf que cette aide qui m’a été apporté me mettais de fait en situation de fraude vis à vis de la CAF et ca se mordait la queu.

    • Cool.
      On prépare notre AG et c’est un gros casse-tête parce qu’on est un millier + ou - à jour de cotisations, ce qui nous permet de peser contre les pouvoirs publics qui ne font pas le taff… mais met à rude épreuve le bureau que ne suffit plus à tout gérer.

      Là, on se demande si on ne devrait pas répliquer à cette infâmie et comment.

      Viendez, les AA  : https://www.helloasso.com/associations/caap/adhesions/adherer-au-caap-1

    • il semble que la diffusion sans autorisation écrite contrevienne à un article des conditions d’utilisation
      https://justpaste.it/terms

      just copy and pasteyou agree not to distribute any part of or parts of the Website or the Service, including but not limited to any Content, in any medium without JustPaste.it prior written authorisation, unless JustPaste.it makes available the means for such distribution through functionality offered by the Service;

    • Le contrôleur de la CAF est arrivé chez moi alors qu’on avait ensemble décalé le rendez-vous du contrôle de mes revenus. Il était derrière la grille à vouloir entrer et moi au téléphone avec le secrétariat de l’institut Curie à gérer un rendez-vous entre deux opérations. Il a pâlit quand il a compris, il est quand même revenu quinze jours plus tard, je sortais de la chirurgie pour entrer en radiothérapie. Je pense qu’il a eu quand même honte parce qu’il a été assez rapide à vérifier les papiers que j’avais préparé, je crois que j’ai même eu pitié de lui à le voir paniquer devant mes sourires de cancéreuse. J’ai aussi compris que j’avais été dénoncé par mes anciens proprios qui avaient la haine contre moi parce que j’avais demandé qu’ils réparent la porte défoncée de l’immeuble et le plafond qui m’était tombé dessus. Je pense que eux n’ont jamais eu aucun souci pour palper l’argent de la CAF qui aide les proprios à s’enrichir sans aucune obligation de décence du logement.
      Mais ça m’a bien retournée qu’ils osent faire ça alors que j’étais en arrêt maladie, à côté les humiliations constantes des assistantes sociales pour le suivi RSA sont devenues une rigolade.

    • Dans cet article, la CAF est tout de même responsable du suicide d’une femme …
      L’article se termine par

      Nous demandons, avec le Secours catholique, que l’État fasse confiance aux pauvres.

      nan mais tu imagines où on en est arrivé ?

      Tu crois que sous Hitler ils l’auraient aussi écrit sans sourciller

      Nous demandons, avec le Secours catholique, que l’État fasse confiance aux juifs.

      #guerre_aux_pauvres
      #surnuméraires
      #catholicisme

    • Avant ou après le cancer que j’ai eu (on s’en fout, mais quand même, je suis devenue un poil plus exigeante vu que je suis aux premières loges pour une fois) j’ai toujours détesté la facilité morbide à comparer un fait politique à une maladie ou un virus que ce soit ou non entre guillemets c’est médiocre, inopportun et il serait temps de corriger ce mode d’expression chaque fois qu’il se présente à la bouche d’égout.
      Utiliser ces termes comme si la politique était une affaire médicale, c’est inepte et je le reçois vraiment très mal après ce que je viens de poster ici.

    • Oui, entièrement d’accord @vraiment (avant on avait eu "le chômage, cancer de la société française", ça marche à tout coup pour brouiller les choses). Ici je n’ai pas tiqué, les «  » citant Wauquiez étant suivis de "préjugé".
      À part l’aspect sondage, l’article est plutôt intéressant pour les éléments historiques qu’il présente. Il se conclue "à gauche" : « Si l’on mesurait la part des budgets publics qui va aux pauvres et celle qui va aux privilégiés, on aurait sans doute des surprises », un "renversement de perspective, qui fait du pourfendeur de l’assistanat… un assisté qui s’ignore", sans avoir jamais pointé... la responsabilité des socialistes (emploi emploi emploi).

      #idéologie_du_travail

  • Carnet d’un conseiller de Pôle emploi : la discrimination, un combat quotidien - Le Point
    http://www.lepoint.fr/societe/carnet-d-un-conseiller-de-pole-emploi-2-la-discrimination-un-combat-quotidie

    Hier, j’ai bouclé le dossier de candidature d’une jeune femme qui recherche un poste de vendeuse en prêt-à-porter. Elle est pleine de vie, dynamique, passionnée... Bref, elle en veut. Et ce n’est pas si fréquent dans le dédale de Pôle emploi. J’adresse son CV avec un long commentaire sur ses qualités, son expérience à un de mes collègues qui œuvre dans la ville limitrophe à la mienne. Il fait partie des conseillers affectés au service Entreprises, présent dans chaque agence. Ces conseillers n’accompagnent plus directement les demandeurs d’emploi (DE), mais ils gèrent les relations avec le monde des entreprises : ils prennent note des offres, sélectionnent et présentent des candidats... Ce collègue est donc censé valider les compétences de ma candidate et faire suivre son CV à l’employeur. Ah, si tout était aussi évident !

    Quelques heures, à peine, après l’envoi de la candidature, il m’a transmis son refus de soumettre le dossier de ma jeune DE. Motif ? Il a décidé qu’elle habitait trop loin de l’emploi proposé ! Je le rappelle : la ville de la DE et la ville du magasin se touchent… Ce collègue ignore que ce qu’il fait, c’est de la discrimination. Ce n’est pas moi qui le dis, mais la loi. Il devait avoir « piscine » le jour de la formation « lutte contre les discriminations », obligatoire dans le parcours d’un conseiller Pôle emploi. Une simple recherche sur Internet « discriminations + critères » permet de se rafraîchir la mémoire… À cette annonce, je suis tombé de ma chaise, car nous, conseillers de Pôle emploi, sommes censés être les garants de la lutte contre les discriminations en tant que serviteurs du service public de l’emploi.

    Nous sommes confrontés quotidiennement à la discrimination
    J’ai averti mon supérieur hiérarchique. Mais ni lui ni moi ne pouvons passer outre ce collègue. Du coup, la candidature de la jeune fille ne sera pas transmise. Que lui dire ? La vérité ? Cela finirait sans faute sur le bureau de notre médiateur. Avec des conséquences qui pourraient être ennuyeuses pour mon collègue. Lui, conseiller entreprise, tient à satisfaire l’employeur, moi, conseiller à l’emploi, je dois favoriser ceux qui en ont le plus besoin. Pôle emploi devra résoudre ce dilemme né avec la création récente des conseillers « entreprise », et qui conduit à ce genre d’absurdités.

    La discrimination est un sujet sérieux auquel nous sommes confrontés quotidiennement. (...)
    Depuis plusieurs années, j’accompagne deux jeunes femmes d’origine maghrébine dans leur recherche d’emploi. Toutes deux ont un diplôme d’études supérieures dans le tertiaire. Elles sont modernes, compétentes, pétillantes, volontaires ; aucune ne porte de voile. Pourtant, alors qu’habituellement, j’arrive à placer ce type de profil en quelques semaines – avec des prénoms d’origine française –, je n’ai pu jusque-là trouver seulement, pour chacune d’elle, un contrat aidé. Nous arrivons avec difficulté à obtenir des entretiens malgré nos dizaines de candidatures. Pour moi, cela ne fait aucun doute que la discrimination est responsable de ces échecs. Je dois à chaque rendez-vous les motiver. Car pour ceux qui ne sont pas soutenus, la discrimination peut conduire au désespoir, au découragement, à l’oisiveté, parfois mère de tous les vices.

    Il est bien calibré le conseiller avec son « chalenge » à ne pas arriver à vendre de la chômeuse dont il vante le dynamisme...
    #idéologie_du_travail #Pôle_emploi #embauche #discrimination #oisiveté #demandeurs_de_salaire #chômeurs #coaching

    • Carnet de bord d’un conseiller de Pôle emploi 1 : la réforme permanente
      http://www.lepoint.fr/societe/carnet-de-bord-d-un-conseiller-de-pole-emploi-1-la-reforme-permanente-24-10-

      J’en ai connu des réformes, du suivi mensuel au conseiller personnel à double compétence, du « faire plus pour celui qui en a le plus besoin » à l’emploi store et au tout-numérique. Aujourd’hui, nous devons appliquer le « NPDE », le nouveau parcours du demandeur d’emploi. Ce « nouveau parcours » s’est adapté aux nouvelles technologies et permet de dématérialiser l’ensemble des modalités d’inscription, cette dernière n’étant plus possible que par le canal d’internet. Les DE sont ensuite reçus en ESI (entretien de suivi individuel) où un diagnostic est posé par le conseiller qui détermine la modalité dans laquelle sera positionné le DE : suivi, guidé ou renforcé. En fonction de ce choix, le DE sera accompagné par un conseiller ou, considéré comme autonome, remis entre les « mains » des outils numériques et les contacts « à distance ». Ainsi les « portefeuilles » des conseillers peuvent varier entre 70 et 800 DE. En ce qui me concerne, je ne suis pas à plaindre. Affecté à une modalité dite « renforcée » et destinée aux jeunes de moins de 26 ans (Accompagnement intensif des jeunes), mon portefeuille de 70 DE est raisonnable.

      Connaissez-vous Bob emploi ?

      Avec l’arrivée et le développement du numérique, j’ai vu notre travail se transformer : j’ai l’impression qu’un siècle s’est passé depuis que j’adressais des CV papier par la poste. Nous sommes à présent au tout-numérique et à la mise en service d’algorithmes. Connaissez-vous Bob emploi ? C’est le conseiller numérique créé par Paul Duan fondateur et président de Bayes Impact, une ONG spécialisée dans le traitement de données, qui devrait baisser le chômage. Cette application « intelligente » et personnalisée est censée aider chaque jour nos DE dans leurs recherches et leurs projets en se « nourrissant » des « datas » qu’elle peut récolter et leur faire des propositions pertinentes. Pour notre bien ? Pour le bien du DE ? Rien n’est moins sûr, car l’humain dans sa diversité est si complexe que seule l’écoute attentive par un cerveau entraîné peut diagnostiquer les causes et mettre en place les remèdes nécessaires à chacun dans ses difficultés avec la vie professionnelle. Un exemple que ne pourraient pas régler les algorithmes ? Bob et ses algorithmes ne pourront jamais respirer l’haleine chargée du DE alcoolique, l’odeur de la misère et de la précarité, le désespoir du DE malade, cassé, déprimé… Comment Bob va-t-il aider Irena, seule, deux enfants à charge, roumaine d’origine et travaillant depuis plus de huit ans comme femme de chambre dans un hôtel, pour moins de 600 euros par mois, sans aucune reconnaissance, sans cesse houspillée et qui n’en peut plus. Bob n’est pas humain, il ne comprend pas la détresse…

      #dématérialisation #algorithmes #data #moins_de_600_euros_par_mois

  • Le « cancer » de l’assistanat : origine d’un préjugé

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/26/les-procureurs-de-l-assistanat_5206354_3232.html

    Quelque 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Comment cette peur du « profiteur » a-t-elle envahi l’esprit des politiques et des citoyens ?

    Deux petites lettres ont suffi pour ­jeter l’opprobre sur le monde fragile des déshérités. En préférant le néologisme « assistanat » au mot traditionnel d’« assistance », Laurent Wauquiez, qui brigue la présidence des Républicains (LR), ­remet en cause la légitimité des politiques ­sociales qui viennent en aide depuis plus d’un siècle aux démunis. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes instruit jour après jour le procès de la solidarité nationale : il dénonce inlassablement les « dérives », voire le « cancer » de l’assistanat.

    Au fil des ans, le mot s’est imposé dans le discours d’autres élus de droite – Nicolas Sarkozy juge la République « incompatible avec l’assistanat » et l’ancien député LR Hervé Mariton regrette que la France plébiscite « la culture de l’assistanat ». Avec un indéniable succès : selon une enquête Ipsos Sopra-Steria réalisée en mars, 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Inusité il y a une vingtaine d’années, le terme semble désormais banal, évident, presque incontournable.

    Parasites sociaux

    Né au début des années 2000, le mot assistanat appartient pourtant au registre du vocabulaire politique de combat. « Au XIXe siècle et jusqu’en 1953, l’assistance était un terme juridique neutre, utilisé pour désigner l’aide sociale, rappelle Axelle Brodiez-Dolino, chargée de recherche CNRS en histoire au Centre Norbert-Elias, à Marseille. S’il a pu être valorisé au XXe siècle, il est devenu un peu vieillot après les années 1950 mais n’avait pas de connotation péjorative. Ce n’est pas le cas du mot assistanat, un terme un peu nauséabond et répréhensible. »

    Nul besoin de faire parler longtemps les pourfendeurs de l’assistanat pour comprendre en effet que ce mot n’est pas le synonyme, mais le dévoiement de l’assistance. Leurs discours évoquent plus ou moins explicitement une cohorte de parasites sociaux qui vivent indûment de la solidarité nationale alors que d’autres s’échinent à travailler. Ces propos ne visent pas uniquement les fraudeurs : bien qu’ils vivent dans le dénuement – pour une personne seule, le RSA s’élève à 545 euros par mois –, tous les allocataires des minima ­sociaux sont, à leurs yeux, des privilégiés qui profitent du système.

    Selon le philosophe Frédéric Worms, cette « idéologie » repose sur un double soupçon : celui de la passivité et celui de la ruse. « L’assisté est conçu soit comme un être entièrement passif, soit comme un être instrumentalisant l’assistance, expliquait-il en 2012. C’est une ­ambivalence aussi ancienne que la philosophie du soin, du secours ou même de l’éducation. Si vous ouvrez l’Emile, de Jean-Jacques Rousseau [1762], vous comprenez que le nourrisson est à la fois un être passif qui ne peut rien faire et un être qui peut, dès la naissance, devenir un tyran en abusant du pouvoir paradoxal que lui ­donnent sa faiblesse et le dévouement de ceux qui le secourent. »

    Accents moraux

    Dans la France de 2017, le discours politique sur l’assistanat se caractérise avant tout par ses accents moraux : au lieu d’analyser les ­mécanismes économiques et sociaux qui précipitent certains dans la pauvreté, il emprunte le vocabulaire de l’opprobre et de l’infamie pour montrer du doigt les paresseux. S’il les condamne, c’est au nom de l’amour du labeur, du sens de l’effort, du devoir de la volonté. « Le discours sur l’assistanat néglige les questions qui touchent au droit, à la citoyenneté et à l’égalité », résume le sociologue Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis.

    Parce qu’ils s’inscrivent dans ce registre moral, les procureurs de l’assistanat distinguent volontiers les « bons pauvres » des « mauvais pauvres ». Les premiers sont les personnes âgées ou handicapées victimes de l’âge ou de la maladie ; les seconds, les chômeurs qui pourraient travailler s’ils s’en donnaient la peine. Les premiers ne sont pas responsables de leur mauvaise fortune ; les seconds doivent leur malheur à eux-mêmes. Les premiers reçoivent légitimement le minimum vieillesse ou l’allocation handicapé ; les seconds profitent indûment du RSA. Les premiers méritent notre compassion, les seconds, nos reproches.

    Ces discours puisent dans une imagerie très ancienne. Depuis plus de sept cents ans, la ­figure du mauvais pauvre traverse en effet l’histoire de France – et c’est sans doute pour cette raison qu’elle est parvenue, dans les ­années 2000, à s’imposer aussi rapidement dans le débat public. « L’idée du “mauvais ­pauvre” est ancrée au plus profond de notre histoire politique, religieuse et économique, analyse l’historienne Axelle Brodiez-Dolino. Elle repose sur des préjugés concernant la ­sédentarité et le labeur qui se sont installés dans nos mentalités au Moyen Age. »

    Les bons et les mauvais pauvres

    La première pierre de cet édifice est posée dès la fin du XIIIe siècle, à une époque où la croissance démographique, les disettes, les guerres et les épidémies jettent sur les routes des ruraux à la recherche de travail. « Redoutant ces errances, les autorités prennent peur et instaurent une dichotomie entre les bons et les mauvais pauvres », raconte Axelle Brodiez-Dolino. Les bons pauvres sont les « gens contre­faits, aveugles, impotents et autres misérables personnes » qui méritent l’aumône, estime le roi de France, Jean II le Bon, dans une ordonnance de 1351. Les mauvais sont les « gens sains de corps et de membres qui puissent besogne faire dont ils puissent gagner leur vie », proclame-t-il.

    Face à la pauvreté, le monde médiéval ­oscille entre la potence et la pitié, analyse l’historien Bronislaw Geremek : les vieillards, les veuves, les malades et les femmes en ­couches bénéficient de la charité chrétienne alors que les vagabonds sont durement persécutés. « On les marque au fer rouge, on les cloue au pilori, on les envoie aux galères et, surtout, on les enferme, comme l’ont notamment montré les travaux de Michel Foucault, raconte Axelle Brodiez-Dolino. Nous sommes les héritiers de cette violence qui imprègne ­depuis des siècles les mentalités et le droit : il a fallu attendre 1994 pour que la France abroge le délit de vagabondage ! »

    A la faveur de la Révolution française, la ­figure du mauvais pauvre, cependant, se transforme. Pour lutter contre le dénuement, les hommes de 1789 préfèrent l’arme du droit au geste de la charité chrétienne : en 1790, le Comité de mendicité proclame que tout homme a droit aux secours de la société et, en 1793, la Constitution affirme que l’aide publique constitue une « dette sacrée ». L’émergence du droit ne fait pas pour autant disparaître la figure du « mauvais pauvre » : si la société doit porter secours aux miséreux, l’oisiveté reste sévèrement condamnée. « Le droit individuel de protection trouve son symétrique dans le devoir de travailler », résume, en 2012, Colette Bec, professeure à l’université Paris-Descartes.

    « Pauvrophobie »

    Cette figure du mauvais pauvre change de ­visage un siècle plus tard, au début de la IIIe République, au moment où apparaît une politique d’assistance envers les déshérités. Sous l’influence de la doctrine solidariste du député radical Léon Bourgeois, qui plaide en faveur de la mutualisation des risques dans son ouvrage Solidarité (1896), les républicains de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ­instaurent l’assistance médicale gratuite, le placement des orphelins, l’aide aux vieillards, aux infirmes et aux incurables, les secours aux femmes en couches sans ressources et l’aide aux familles nombreuses nécessiteuses.

    Dans ce paysage politique radicalement nouveau, le visage du mauvais pauvre évolue : il n’est plus un citoyen oisif qui refuse de travailler, mais un profiteur qui abuse ­indûment de la solidarité nationale. « Avec l’instauration du droit arrive la terreur de la corruption et du détournement, explique ­Nicolas Duvoux. C’est une forme de pessimisme anthropologique : on craint que les ­parasites ne jouent pas le jeu de la solidarité qui est au fondement de l’assistance, et qu’ils bénéficient sans contribuer. »

    Aujourd’hui, cette peur du profiteur semble plus vivante que jamais. Multiplication des arrêtés anti-mendicité, mobilier urbain anti-sans-abris, discours politiques stigmatisant le « piège » de l’assistanat, selon la formule de François Fillon lors de la campagne prési­dentielle : certaines associations caritatives dénoncent, dans la France de 2017, une « pauvrophobie » qui s’exprime sans détours dans les sondages d’opinion – en juin 2016, 36 % des personnes interrogées considéraient que les personnes pauvres « ne faisaient pas ­d’effort pour s’en sortir ».

    « Lassitude compassionnelle »

    Si la hantise du mauvais pauvre semble si forte, c’est parce que la France est atteinte, ­depuis le début des années 2000, d’une forme de « lassitude compassionnelle », analyse Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. « A la fin des années 1980, au ­moment de la création du revenu minimum d’insertion (RMI), les deux tiers des Français estimaient que la pauvreté n’était pas liée au comportement individuel des gens mais aux défaillances du marché du travail. Dans les ­années 1990 et surtout 2000, ils se sont cependant montrés de plus en plus critiques envers les allocataires du RMI, puis du revenu de solidarité active, le RSA. »

    Nulle surprise, dans ce climat, à ce que les discours sur l’assistanat s’imposent avec tant de facilité dans le débat public. Quand ­Laurent Wauquiez somme les allocataires du RSA de faire « des efforts », il convoque l’antique ­figure du mauvais pauvre qui se complaît dans l’oisiveté au lieu de retrousser ses manches. Ce plaidoyer, qui semble convaincre nombre de Français, colle pourtant mal aux réalités : tous ceux qui côtoient le monde des déshérités savent qu’il ne suffit pas de faire des efforts pour s’extraire de la misère.

    Dans une société qui compte 3,7 millions de chômeurs, la pauvreté n’a en effet pas grand-chose à voir avec l’absence de courage ou la faiblesse de la volonté. « Quand on a commencé à réfléchir au RSA, dans les années 2005-2007, le marché du travail était beaucoup moins dégradé qu’aujourd’hui, raconte Julien Damon, qui était à l’époque chef du ­département Questions sociales au Centre d’analyse stratégique. Notre ambition d’aider les allocataires à retrouver le chemin de l’emploi paraissait donc réaliste. Mais la crise de 2008 a fait brutalement remonter le chômage. Cet effet de conjoncture a rendu la politique de retour à l’emploi extrêmement difficile. »

    Si la détermination ne permet pas, à elle seule, de quitter le monde de la pauvreté, c’est aussi parce qu’elle est le fruit d’une longue liste de handicaps – absence de formation et de qualification, problèmes de logement, ­difficultés de transport, conséquences d’un divorce, rareté des modes de garde, fréquence des maladies… « Même l’entrée sur le marché du travail n’est plus une garantie de sortir de la précarité, pourraient témoigner un million de travailleurs pauvres », constatait, en mars, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).

    Si les allocataires du RSA étaient vraiment les profiteurs que décrivent les discours sur l’assistanat, ils vivraient en outre leur oisiveté avec légèreté – ce qui n’est pas le cas. « Les études montrent qu’il y a une immense souffrance et un énorme déni de dignité à vivre des minima sociaux, souligne Axelle Brodiez-Dolino. La pauvreté est une source de stigmatisation et d’isolement extraordinaire : on survit plus qu’on ne vit. » Depuis des siècles, la pauvreté est – parfois volontairement – associée à l’indignité : pour l’économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834), l’assistance doit toujours s’accompagner d’« un peu de honte ».

    Contrairement à ce que disent les procureurs de l’assistanat, l’aide sociale, encore aujour­­d’hui, est une épreuve, dont l’importance du taux de non-recours est devenu le symbole. Ce terme quelque peu abscons désigne la part des citoyens qui ne touchent pas le RSA alors qu’ils y ont droit. Et il est incroyablement élevé : selon une enquête quantitative de la Dares, le service des études du ministère du travail, menée en 2011, il atteint 35 % pour le RSA-socle et 68 % pour le RSA-activité. Nombreux sont donc les citoyens qui, loin de leur image de profiteurs, renoncent à toucher les prestations d’assistance qui leur sont pourtant destinées.

    « Etiquette infamante »

    Certains sont mal informés, d’autres se découragent à l’idée de remplir d’épais dossiers aux guichets de l’aide sociale, mais plus d’un quart d’entre eux disent ne pas avoir envie « de dépendre de l’aide sociale, de devoir ­quelque chose à l’Etat ». Deux grandes idées ressortent de l’examen de ce non-recours, ­estimait en 2010 Pierre Mazet, ingénieur d’études au laboratoire Pacte-CNRS-Sciences Po Grenoble, dans un article du magazine La Vie des idées : les individus précaires sont capables de choix et d’autonomie ; la non-demande montre ce qu’il en coûte de requérir des protections et d’être protégé.

    De la même manière, certains allocataires du RSA choisissent de reprendre le travail alors qu’ils y perdent financièrement. « Le RSA équivaut, grosso modo, à un demi-smic, souligne Julien Damon. Sur le papier, beaucoup d’allocataires du RSA n’ont aucun intérêt à travailler à mi-temps – d’autant que le travail engendre parfois des coûts de garde d’enfants ou de transports. Pourtant, beaucoup le font parce que le travail leur est essentiel. Cela concerne une proportion substantielle des allocataires du RSA. Ils veulent se défaire de cette étiquette infamante et subvenir à leurs besoins. »

    Dans un article publié en 2002 dans la Revue française de sociologie, François Dubet et ­Antoine Vérétout décryptaient cette perte – apparente – de la « rationalité » en écoutant la voix de RMIstes qui avaient repris le travail. « Même s’ils se sentent exploités et fatigués le soir, c’est une autre fatigue que celle de l’inactivité qui les clouait dans l’apathie et la solitude. (…) Ils parlent beaucoup moins de l’activité proprement dite que de la sociabilité du travail, des collègues, de la fierté retrouvée, de ce que l’on appelait l’éthique du travail, celle qui ­permet de “se regarder en face” parce que les autres vous regardent “en face”, enfants, ­famille, voisins, collègues. »

    Avec ces regards, on est loin, très loin, des ­discours de tous ceux qui, en dénonçant l’assistanat, renvoient les déshérités à une forme d’inutilité sociale – une notion qui déplaît profondément au philosophe Patrick Savidan. « On accuse les pauvres d’être des parasites mais, au fond, comment mesurer la contribution de chacun à la coopération ? Un pauvre qui s’investit dans une association ou qui s’occupe d’une personne âgée a une utilité sociale, même si elle n’est pas mesurée en termes ­économiques. Les perspectives utilitaristes mal comprises nous rendent aveugles à la contri­bution de ceux qui ne sont pas inscrits dans le marché du travail. »

    Patrick Savidan va plus loin. « Les vrais assistés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Si l’on mesurait la part des budgets publics qui va aux pauvres et celle qui va aux privilégiés, on aurait sans doute des surprises. Les citoyens les plus riches mobilisent une part importante des subsides de l’Etat : ils vivent dans des quartiers bien entretenus, ils profitent presque exclusivement de certains investissements publics et leurs enfants suivent des études longues, en grande partie financées par l’Etat, ce qui n’est pas le cas des pauvres. » Laurent Wauquiez n’apprécierait sans doute pas ce renversement de perspective, qui fait du pourfendeur de l’assistanat… un assisté qui s’ignore.

  • Vie et Mort de la « Valeur Travail » - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/Vie-et-Mort-de-la-Valeur-Travail-18202

    Déconstruction et analyse de l’idéologie de la "Valeur Travail", depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, à l’heure des ordonnances du gouvernement Macron sur la Loi Travail.

    « Ma vie aujourd’hui, c’est d’abord un combat pour des valeurs que j’ai chevillées au corps. La première, c’est le travail. Car oui, je considère que le travail est une valeur. Parce que c’est la première source d’émancipation individuelle et parce que c’est le moyen le plus puissant de se libérer du déterminisme : c’est par le travail que l’on peut devenir celui ou celle que l’on a envie d’être » : c’est par ces mots qu’Emmanuel Macron commence l’inventaire de ses principales "valeurs" sur le site internet de son parti. À l’heure où le même homme place au cœur du débat politique la refonte du code du Travail par toute une série d’ordonnances autoritaires, prétendant ainsi "libérer le travail" et lui redonner sa pleine place au cœur de la société, c’est l’occasion de déconstruire et d’analyser les fondements idéologiques de cette fameuse "valeur Travail" si chère à notre président et si souvent brandie comme un étendard par ses prédécesseurs. Publié originellement dans le n°4 de la revue INTERNATIONALE UTOPISTE à l’automne 2013, l’article ci-dessous se propose d’amorcer cet exercice, le tout en revenant sur le développement de cette idéologie depuis sa naissance à la fin du Moyen-Age jusqu’à aujourd’hui et avec l’objectif avoué d’entrevoir ainsi sa possible disparition

    https://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/local/cache-vignettes/L450xH348/vichy_tfp_travail2-8c847-e304e.jpg?1506090627

    #travail

    • Encore une critique idéologique de la valeur travail (du Christ à nos jours...), pourquoi pas... Mais que grève, lutte et refus, par exemple, soient parmi les mots manquants de ce type de texte indique assez qu’il ne s’agit de rien d’autres que d’une « histoire des idées ». On doit d’ailleurs remonter loin dans le temps pour lier ça à quelque chose de l’ordre de l’analyse sociale :

      Des aristocrates, on pouvait critiquer sans retenu le système d’esclavage et de domination sociale qui assurait leur oisiveté et leur confort. Au moins cette classe sut-elle mettre à profit ce temps ainsi libéré pour créer un art de vivre qui, une fois libéré des préjugés puritains de la religion, put parfois atteindre un grand niveau de raffinement. Son hédonisme contraste brutalement avec l’apparition de cette classe d’hommes laborieux et austères, tous vêtus de noir, et qui ne juraient plus que par l’argent et le travail.

      https://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/local/cache-vignettes/L267xH200/arton18202-acb6a.jpg?1506090649

      C’est ce discours [situationniste] dont s’est largement emparé un mouvement comme celui de mai 1968 : la plupart des révolutionnaires de cette époque ne se sont pas battu-e-s pour le plein emploi (celui-ci était à peu près garanti à l’époque, de toute façon) ou pour une simple amélioration des conditions de travail et des salaires mais pour une nouvelle organisation de l’existence quotidienne et pour une vie plus passionnée et moins ennuyeuse, en même temps que pour un projet de société nouvelle. Le rejet du tryptique « métro, boulot, dodo » en fut une illustration parmi d’autres.

      Okdac, pourquoi pas un tel résumé (grosse fatigue
      ...) Mais lorsque le plein emploi est mort et le temps libre mis au travail et capté par la valorisation capitaliste, à quoi pourrait bien servir l’#aristocratisme situ ?

      #idéologie_du_travail

  • Notre insertion contre la leur ! Archives du précariat.
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8006

    Lorsqu’existait le RMI, l’idéologie du travail vantait l’« insertion », il fallait impérativement greffer l’« exclu » au vigoureux tronc du travail, productif (?) et intégrateur (?). Quitte à lui forcer la main.

    Depuis, la société de concurrence a marqué des points. Avec le #RSA, on se droit d’être en « activité », de développer son « autonomie », comme ils disent. Le mot a changé, la conditionnalité de ce mini #revenu et le contrôle de ses allocataires ont été renforcés. Une récente surenchère (un vote du conseil départemental du Haut-Rhin) voudrait que les RSAstes soient contraints à des heures de « bénévolat »... D’aucuns pourraient penser que c’est d’une droite de droite soucieuse de se démarquer d’un gouvernement qui applique sa politique. Non sans raison. Mais qui imite qui ? Comme vous le verrez à la lecture de l’article qui suit, la gauche de droite n’a pas été en reste pour prôner le travail forcé au nom de la morale.

    Notre insertion contre la leur !

    Le 19 septembre [1998] à Perpignan, une manifestation organisée à l’initiative d’AC ! s’est achevée par une tentative d’occupation du Conseil général des Pyrénées-Orientales, peu avant d’être dispersée par la police. Le Président #socialiste du Conseil général, Christian Bourquin, avait en effet annoncé vouloir imposer aux #allocataires du #RMI du département des heures de travail non rémunérées.

    #Idéologie_du_travail #travail_forcé #société_punitive #précarité

  • Originial. En 1998 déjà, des socialistes voulaient imposer un travail obligatoire aux RMIstes sous peine de radiation... Mais lorsqu’il prône aujourd’hui l’emploi forcé des RSAste, le parvenu N.S n’en dit mot.

    Notre insertion contre la leur ! #CARGO (Collectif d’Agitation pour un Revenu Garanti Optimal)
    http://www.ac.eu.org/spip.php?article496

    Le 19 septembre dernier [en 1998, sous #Jospin] à Perpignan, une #manifestation organisée à l’initiative d’#AC ! s’est achevée par une tentative d’occupation du #Conseil_Général des Pyrénées-Orientales, peu avant d’être dispersée par la police. Le Président #socialiste du Conseil Général, Christian Bourquin, avait en effet annoncé vouloir imposer aux allocataires du #RMI du département des heures de #travail_non_rémunérées. (...) Ils nous veulent honteux et soumis nous choisissons l’arrogance et la fierté.
    Non, nous ne pleurnicherons pas pour obtenir des emplois, nous ne supplierons pas les patrons de nous exploiter, nous ne ramperons pas à genoux devant les #employeurs, histoire que les #salaires baissent encore un peu plus. Ce que fait le #travaillisme, c’est propager de la mauvaise conscience pour aiguiser la #concurrence dans l’obtention d’un poste, pour que le travail devienne une lutte de tous contre tous, et ce, pour le seul profit des exploiteurs. Le Workfare ne passera pas par nous, nous ne serons pas les « jaunes » des temps modernes dont les patrons se serviraient à volonté pour briser les grèves, détériorer les conditions de travail et faire baisser les salaires.

    #luttes_sociales #Archives #idéologie_du_travail

  • C’est une aberration de parler de « tripartisme » – Le blog de Gérard Filoche
    http://www.filoche.net/2015/03/31/c%e2%80%99est-une-aberration-de-parler-de-%c2%ab-tripartisme-%c2%bb

    Il existe deux classes sociales fondamentales.
    L’actionnariat et le salariat. Ceux qui produisent les richesses et ceux qui se les accaparent. Ceux qui vendent le mieux possible leur force de travail et ceux qui l’exploitent au maximum. Ceux qui soutiennent la finance qui pille et ceux s’en défendent pour vivre. Il y a d’un coté, le salariat qui produit les richesses et n’en reçoit la part qu’il mérite, et de l’autre les 1 % de l’oligarchie qui se goinfrent des milliards arrachés au travail.

    Le seul truc avec lequel on ne sera jamais d’accord, c’est l’endroit où il place le curseur de séparation entre la gauche et la droite.

    Il n’y a pas de classe moyenne en France. Le salariat a gagné largement. Il représente 93 % des actifs. Et 98 % des ces 93 % gagnent moins de 3200 euros nets. Entre le bas et le haut du salariat les intérêts fondamentaux sont proches : les mêmes menaces existent contre le droit à l’emploi et le niveau du salaire.

    • Il est encore au PS, il croit encore qu’il parviendra à prendre le pouvoir au PS (tu as reçu toi aussi sa newsletter où il en parle ?). Et il continue à mépriser tout ce qui ne croit pas au PS. Donc...

      Ceci dit, ses analyses sont toujours pertinentes... C’est triste qu’il ne comprenne pas qu’il se rend muet en restant là où il est...

    • Analyses pertinentes, Filoche ? D’un point de vue défensif, certainement, pour une bonne part. Mais partager et propager encore un idéal du « plein emploi » (et le « modèle du CDI » ) le met à la remorque du PS et même de certains syndicats qui veulent bien en causer pour mystifier leur auditoire (car ils ne lâchent pas ce bobard) et par là préserver un lien imaginaire (qui ne mène nulle part) mais ne sont eux mêmes plus tout à fait dupes.

      #idéologie_du_travail

  • La future #prime_d’activité selon Le Monde
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/02/28/comment-la-nouvelle-prime-d-activite-va-fonctionner_4585089_823448.html

    La prime pour l’emploi (PPE) et le #RSA_activité sont bientôt morts, bienvenue à la nouvelle « prime d’activité ».

    La PPE, qui consiste en un crédit d’impôt versé en septembre, bénéficie en effet à 6,3 millions de foyers qui gagnent entre 0,3 et 1,3 smic, mais son montant moyen mensuel était de seulement 36 euros. Trop de bénéficiaires pour un montant trop faible, versé trop tard : la PPE était critiquée pour son absence d’effet incitatif. Elle sera versée pour la dernière fois en septembre 2015. De son côté, le RSA activité (à différencier du RSA socle pour les personnes qui ne travaillent pas du tout et qui va perdurer) bénéficiait lui à seulement 700 000 personnes, mais pour un montant moyen de 176 euros.

    Jugée trop complexe, cette prestation est sous-utilisée, avec à peine un tiers des bénéficiaires potentiels qui en font la demande. « Le bénéficiaire doit effectuer deux déplacements physiques, remplir six pages de formulaires et fournir de nombreuses pièces justificatives pour déposer une demande », dénonçait le député PS Christophe #Sirugue, dans un rapport remis en juillet 2013 et qui a servi de base à la réforme du gouvernement.

    Selon nos informations, M. #Valls devrait annoncer que la nouvelle prime, dont le fonctionnement sera très proche du RSA activité, sera concentrée sur les travailleurs gagnant entre 570 et 1 360 euros net, soit entre 0,5 et 1,2 #smic. Tous les bénéficiaires actuels de la PPE au-delà de ce seuil ne percevront plus rien, mais le gouvernement estime que la perte sera très faible, de l’ordre de quelques dizaines d’euros par an.

    La prime d’activité sera bien versée dès le premier euro gagné mais les #salariés touchant jusqu’à 0,5 smic (soit environ 570 euros) ne devraient pas voir de grand bouleversement, le montant de la nouvelle prime d’activité restant pour eux à peu près le même que celui du RSA activité. « Il s’agit de ne pas inciter les tout petits contrats à temps partiel », justifie un des acteurs du dossier [ah ! ah ! ah !, ndc]. « Le dispositif doit fonctionner comme une incitation à travailler davantage », abonde Matignon. Quitte à ne pas aider les #travailleurs les plus #pauvres. Le montant devrait être maximum pour les salariés gagnant autour de 800 euros . Le collectif Alerte, qui regroupe les associations de lutte contre la pauvreté, a demandé que ce maximum soit de 250 euros, mais le rapport Sirugue avait évoqué de son côté 215 euros.

    Un geste pour les #apprentis ?

    Surtout, la prime d’activité sera ouverte aux #jeunes entre 18 et 25 ans, qui n’ont aujourd’hui pas accès au RSA. Selon le rapport Sirugue, environ #300000_jeunes pourraient ainsi toucher cette prestation. Mais les derniers arbitrages du gouvernement pourraient finalement être bien moins généreux, car les jeunes résidant chez leurs parents verront les revenus de l’ensemble du foyer fiscal pris en compte . « Nous voulons que les jeunes de moins de 25 ans qui travaillent puissent en bénéficier quoi qu’il arrive de manière autonome, sinon seulement 200 000 jeunes pourront en profiter », critique François Soulage, président du collectif Alerte. Le gouvernement s’y oppose pour l’instant, mais serait prêt à faire un geste pour les apprentis qui au départ ne devaient pas bénéficier de la prime. « C’est un point qui pourra bouger lors de l’examen parlementaire [prévu cet été] et faire l’objet d’amendement », confirme Matignon.

    Cette nouvelle prime, qui entrera en vigueur début 2016, devrait coûter environ 4 milliards d’euros par an, le même coût que la PPE et le RSA cumulés. Environ 7 millions de personnes y seraient éligibles, mais Matignon a fondé ses calculs sur le fait que seulement 50 % des bénéficiaires potentiels en feront au final la demande . En revanche, l’allocation spécifique de solidarité (ASS), versée par Pôle emploi à 450 000 chômeurs en fin de droit, ne sera pas incluse dans la réforme et gardera donc son − complexe − fonctionnement propre. Au grand regret des associations de lutte contre la pauvreté.

    En 1998, lorsqu’il était premier ministre et confronté à une mobilisation massive des #chômeurs et #précaires, Lionel Jospin dénigrait déjà -bien avant Sarkozy...- la #solidarité. Il avait déclaré : "je préfère une société de travail à l’#assistance" .

    Voir À gauche poubelle, précaires rebelles
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5374

    #Droits #non_recours #précarité #salaire #travail #emploi #travaillisme #inégalité #idéologie_du_travail #activation_des_dépenses_passives (comme ils disent)

    • Toujours à la rubrique, #l'économie_est_la_politique_du_capital, les 5,3 milliards d’économie réalisées actuellement par l’état grâce au non-recours des #ayants_droits potentiels qui ne demandent pas le RSA ne seront pas perdus avec cette #prime_d'activité : « Matignon a fondé ses calculs sur le fait que seulement 50 % des bénéficiaires potentiels de cette prime en feront au final la demande. »...
      Le salaire que soutiendra le moins mal cette prime c’est 800 boules. Pour les #jeunes, faudra pas qu’ils soient déclarés sur les impôts de leur parents, sinon ceinture. Et toujours pas de droit au RSA « socle » pour ces centaines de milliers d’entrants dans le #salariat qui n’ont pas droit à une #allocation_chômage..

      #austérité #pauvreté #exploitation

    • La « #préférence_nationale » introduite dans la loi RMI en 1988 continue à faire des petits...Ègalite ? mon oeil. Extraits dun mel reçu :

      La future nouvelle « prime d’activité » va remplacer (fusionner) le RSA activité (qui relève, avec le RSA dit « socle », du CASF) et la prime pour l’emploi (qui relève du code des impôts). Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2016 (article 26 avant projet de loi), sauf pour Mayotte où ce sera une ordonnance...

      Le RSA activité, comme le RSA, est conditionné pour les étrangers non UE à une résidence régulière depuis plus de 5 ans (cadeau Hirsch-Sarkozy de la loi RSA)
      La prime pour l’emploi ne comporte pas de telles conditions, elle était due à tout contribuable, donc y compris au sans papiers.
      Eh bien pour la nouvelle prime d’activité (qui relèvera du Code de la sécurité sociale), quelle est la condition retenue ? bingo ! c’est la plus restreinte et discriminatoire des deux... (seul point positif, tous les étrangers UE y ont droit, mais c’est une obligation du droit de l’UE, cela découle de la libre circulation des travailleurs).

      Politiquement, puisque cette prime d’activité est destinée aux #pauvres_méritants car ils travaillent (même pour des semblants de boulot, des bribes de travail, des heures..), et non comme le RSA socle à ces feignasses d’assistés qui se prélassent dans l’oisiveté, on peut se demander pourquoi en priver les étrangers en situation régulière « méritants » qui travaillent ?
      Et pourquoi, puisque l’objectif de la prime d’activité, comme le RSA activité, est d’inciter au travail (), d’encourager à la vertu, de permettre l’insertion professionnelle, pourquoi ne pas vouloir de cet objectif pour les #étrangers résidant régulièrement en France et qui y travaillent ? () selon l’exposé des motifs « encourager l’activité en soutenant le pouvoir d’achat des travailleurs modestes, de façon simple et lisible, avec une prime mensuelle, dont le montant est étroitement lié aux revenus d’activité des bénéficiaires »
      Le maintien de la condition d’antériorité de 5 ans (en séjour régulier avec droit au travail) est lamentable. Lamentable de la part du mnistère du travail Rebsamen en charge de ce projet de loi, et probablement de la ministre des affaires sociales Touraine (sans doute co-responsable sur le volet sécurité sociale / prime d’activité).

      Voir l’avant projet de loi dialogue social dans lequel figure cette condition, l’article 23 concerne la prime d’activité.
      Pour les autres conditions de la prime d’activité, il semble que c’est un copié-collé des articles du CASF sur le RSA (ce serait à vérifier), avec des choses renvoyées aux décrets.

      #Xénophobie_d'état

  • Le taux de suicide augmente avec le chômage - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150106.AFP4698/le-taux-de-suicide-augmente-avec-le-chomage.html

    Le taux de décès par suicide augmente avec le taux chômage et près de 600 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage observée en France entre 2008 et 2010, selon une étude publié mardi.

    « Entre 2000 et 2010 en France, le taux de chômage est significativement et positivement associé au taux de suicide », estiment les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui signent cette étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS).

    Lorsque le taux de chômage augmente de 10%, le taux de suicide (nombre de décès par suicide rapporté à la population) progresse en moyenne de 1,5% pour l’ensemble de la population de plus de 15 ans.

    L’association entre chômage et suicide apparaît plus marquée pour les hommes de 25 à 49 ans : la hausse de 10% du taux de chômage s’accompagne par une hausse de 1,8% à 2,6% du taux de suicide.

    Mais les chercheurs soulignent le caractère statistique et « observationnel » de leur étude : « aucun lien » de cause à effet entre chômage et suicide au niveau des individus « ne peut être déduit à partir de ces résultats ».

    La causalité du chômage sur le suicide reste en effet « débattue » car plusieurs « facteurs de confusion » peuvent entrer en jeu. Par exemple, des troubles psychiatriques chez une personne peuvent être se traduire à la fois par un risque accru de chômage et de suicide, expliquent les chercheurs.

    Si on retient l’hypothèse qu’il existe bien un lien de cause à effet entre chômage et suicide alors, selon l’étude, « le nombre de suicides attribuables en France à la hausse du chômage entre 2008 et 2010 » peut être « estimé à 584 » (par rapport au nombre de suicides si le chômage était resté stable au niveau de fin 2007).

    D’après l’Observatoire national du suicide, la France possède un des taux de suicide les plus élevés d’Europe avec un décès sur 50 attribué à un suicide.

    En 2011, 11.400 morts par suicide ont été enregistrées en France métropolitaine, selon un rapport publié en novembre par l’Observatoire, un organisme public créé en 2013 et dépendant du ministère de la Santé.

    Comme dans les autres pays, on compte trois fois plus de décès par suicide chez les hommes que chez les femmes : en moyenne 27,7 décès pour 100.000 habitants chez les hommes et 8,1 chez les femmes.

    #suicide_français #emploi #chômage #violence_masculine #misère #idéologie_du_travail