#ilan_halévi

  • Ilan Halevi: Palestinian Jew and Citizen of the World, 1943-2013 | Institute for Palestine Studies

    http://www.palestine-studies.org/jps/fulltext/165588

    via Dominique Vidal

    Much was said about Ilan Halevi following his death at a clinic in Clichy outside Paris on 10 July 2013. His Palestinian friends eulogized him as an unwavering comrade-in-arms—though born to Jewish parents, he not only championed their cause but actually joined their ranks. Obituaries in the French press and elsewhere recounted some of his life story but much of the information was inaccurate or biased. And, unsurprisingly, Zionist internet sites vilified him in death as in life, accusing him of anti-Semitism and branding him a self-hating Jew who had betrayed his people.

    #israël #palestine #ilan_halevi

    Truth be told, the most fitting description of Halevi is the one he himself bestowed on his friend, Felix Guattari: a “singular internationalist” was how he described the great French thinker who died in 1992. In an era of narrow tribal and communal sectarianisms, Halevi noted, those who viewed the world as an indivisible whole were indebted to Guattari (“ceux qui justement réfléchissent sur la réalité du monde vu-comme-un-tout”[1]). Ilan’s internationalism, like Guattari’s, was no mere ideological or political stance: it was the warp and weft of his life, as reflected in his biography, fanciful details included. The departures from the truth, which Ilan sometimes propagated even among his close friends, ranged from the fabrication of his name to the concealing of his precocious political awakening and the extraordinary artistic and literary talents about which any other person would have simply bragged.[2]

  • Isabelle Avran à propos d’Ilan Halévi - Il est presque impossible de parler aujourd’hui.

    https://www.facebook.com/isabelle.avran/posts/173169826195750

    Un texte d’Isabelle Avran qui persiste à poster sur Facebook plutôt que sur Seenthis, hélas.

    Cher Ilan,

    Il est presque impossible de parler aujourd’hui. Pas seulement parce que l’on est submergé par l’inimaginable de ton départ. Mais aussi parce qu’il semble si insensé de dire, sans risquer de trahir par des mots impuissants, toute la richesse attentionnée d’un ami. De dire l’appétit de complexité que tu as su nous transmettre ; la diversité des moments de bonheur, au-delà, ou au contraire totalement dans, le politique ; les découvertes musicales, les plaisirs poétiques, les voyages culinaires, la délectation des récits… Les fragments heureux affluent à la mémoire en une multitude désordonnée ; qui jamais ne parviendra à restituer l’immensité de la perte qui nous déboussole aujourd’hui. Car nous sommes orphelins d’un ami ; et orphelins d’une boussole pour tenter de penser le monde et contribuer à le faire bouger.
    Oui, bien sûr, la Palestine. La Palestine résistant à la persévérance de la Nakba, de la dépossession, de l’expulsion, du sociocide et des logiques anachroniques de la colonisation. Et ce que tu nous en as enseigné dans une disponibilité permanente, à l’autre, à chacun, à l’engagement. Tu as su tout à la fois, proche du président Arafat, te faire écouter des chancelleries, et sillonner la France ou l’Europe pour répondre à l’appel du plus petit groupe local de militants avides d’efficacité et donc de ta connaissance et de tes analyses que tu as toujours veillé à rendre accessibles. Sachant, avec la même exigence historique et intellectuelle, transmettre toute la réflexion portée par tes livres dans des articles de journal militant ou dans des universités d’été grandeur humaine. Je crois, Ilan, que tu me permettras de saluer ici, aujourd’hui, la mémoire de notre camarade et ami, investi de l’Amfp à la naissance, avec l’AFP, de l’AFPS, Jean-Marie Gaubert.
    Tu nous as enseigné la revendication permanente du droit comme première rose des vents. Ami et héritier, tout à la fois, de Maxime Rodinson et de sa démarche, tu nous as légué le rejet fondamental de tout essentialisme ; toutes les formes de racisme, quelles qu’en soient les singularités, les avatars, les cibles, de leurs sordides petites traductions ordinaires, de leurs curiosités morbides, à leurs monstrueuses folies meurtrières n’étant que les complices idéologiques les unes des autres, les mêmes aberrations aussi imbéciles que funestes. Légué aussi la lucide détermination à la quête de vérité contre les orthodoxies, et contre les démissions intellectuelles d’auteurs de Temps dits Nouveaux, cette détermination par laquelle Maxime Rodinson savait distinguer sous Israël, aussi, le fait colonial.
    Et si tu nous as éveillés à la compréhension de la formation des idéologies, c’est aussi pour mieux nous mettre en garde contre leur confort facile, un luxe que les peuples en lutte pour leurs droits apprennent plus tôt que d’autres à relativiser par la nécessaire pragmatique de leur combat.
    Et c’est là que se distinguent les fausses certitudes des vraies convictions. Parmi elles, ton refus du renoncement. Auditionné l’an dernier par la commission des Affaires étrangères du Sénat, tu répondais avec bienveillance aux questions simples de tes interlocuteurs que les Palestiniens n’avaient ni le temps ni l’agrément du désespoir. Et à aucun moment tu n’as renoncé à la pédagogie de la négociation. Non pas celle dont l’affichage des offres de générosité prétendue est inversement proportionnel à leur respect du droit, mais celles portant sur les modalités d’application du droit international au bénéfice de sociétés alors réconciliables avec l’Histoire pour sortir hors des murs où l’occupant et la colonisation les enclavent.
    Avec toi, nous avons pu aimer la géographie d’une terre et de son histoire, découvrir des amis nouveaux et débattre sans fin, mais aussi passer du témoignage à l’agir, de l’indignation à l’exigence, en dépit des campagnes odieuses prétendant aujourd’hui délégitimer voire condamner celles et ceux qui refusent, dans le BDS, l’impunité dont nos gouvernements complices permettent aux politiques coloniales de jouir sans entrave.
    Tu nous as fait savourer l’ironie sans concession du démystificateur déboutant le ridicule des faux amis ou des vrais adversaires. Un amoureux de la vie, passionné du verbe, débordant de la générosité de l’intelligence, et donc de l’écoute, à l’étonnement insatiable, passeur de pluralité, de transversalités, de dialogues fructueux et annonciateurs d’avenirs possibles. Un ouvreur de frontières. De cultures. De Bandiagara à Paris ou Porto Alegre, et Jérusalem. Détrompant les assignations identitaires dans le bonheur de la créolisation et de l’altérité. Dont nous nous désaltérerons encore.
    « "Quel est ce pays ?" Demanda-t-il. Et il lui fut répondu : "pèse d’abord chaque mot, connais chaque douleur" ». Ainsi s’ouvre un roman de ton ami Edouard Glissant.
    Tu étais un homme libre. Un homme sans-frontière. Un homme Tout-Monde. Ami, cher, pour toujours. Au revoir Ilan.

    #palestine #isarël #ilan_halévi