• Travailleurs étrangers : Amnesty International dénonce des lenteurs et des erreurs de l’administration française, qui entraînent précarité et exploitation
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/11/05/travailleurs-etrangers-amnesty-international-denonce-des-lenteurs-et-des-err

    Travailleurs étrangers : Amnesty International dénonce des lenteurs et des erreurs de l’administration française, qui entraînent précarité et exploitation
    Propos recueillis par Aline Leclerc
    Dans son petit appartement meublé chichement d’objets de récupération disparates, Nadia, 45 ans, pile de courriers à la préfecture du Val-de-Marne devant elle, dresse un bilan douloureux de ces dernières années. « Moi, j’ai toujours suivi mon chemin, c’est l’Etat qui m’a fait dérailler », résume-t-elle. Son parcours est symbolique de ceux qu’a compilés Amnesty International dans un rapport publié mercredi 5 novembre. Il démontre comment la brièveté des titres de séjour, mais aussi la montagne de difficultés pour les faire renouveler en préfecture, « fabrique la précarité » de travailleurs étrangers légaux, y compris dans les métiers en tension.
    Titulaire, depuis 2015, d’un diplôme d’auxiliaire de vie – un secteur confronté à une forte pénurie de main-d’œuvre – et mère d’une fille de 11 ans qu’elle élève seule, Nadia (tous les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés) a longtemps travaillé pour un centre communal d’action sociale. Ivoirienne, elle a eu plusieurs cartes de séjour d’un an, puis de deux, puis de trois. En 2020, comme tous les travailleurs « essentiels », elle est restée à son poste pendant les confinements.
    Au printemps 2022, six mois avant l’expiration de son titre, elle dépose en ligne sa demande de renouvellement. Puis plus de nouvelles. A l’automne, inquiète, elle tente de contacter la préfecture. « Par téléphone, on tombe sur un message qui donne des renseignements pour faire les cartes grises, mais pas pour renouveler les titres de séjour, explique-t-elle. Je me suis présentée sur place, mais aujourd’hui tu ne peux plus rentrer, tout se fait en ligne. » Elle se met alors à envoyer mails et courriers frénétiquement, pour avoir des nouvelles de son titre ou au moins obtenir un récépissé pour continuer à travailler – c’est la pile devant elle. En vain.
    Début 2023, son titre arrive à échéance. La voilà en situation irrégulière, et son employeur met fin à leur collaboration. « Plus de papiers, plus de travail ; plus de travail, plus de ressources », résume-t-elle. Ses économies lui permettent un temps de continuer à payer son loyer, puis les dettes s’accumulent. « Nous allions aux Restos du cœur, au Secours populaire. Même payer l’assurance scolaire j’avais du mal. C’était vraiment très difficile, se souvient-elle. Mais tu ne peux pas te dire : “Cela ne marche pas, je vais voir ailleurs.” Car en face de toi, c’est l’Etat ! » Aidée par la Cimade, elle finit par attaquer l’Etat devant le tribunal administratif pour obtenir gain de cause. Elle a fini par recevoir, en avril, un titre de deux ans. Depuis, elle a retrouvé des heures de travail, mais doit encore rembourser de colossaux arriérés de loyer.
    « L’Etat fabrique de l’irrégularité ! Une rupture de droits comme celle-ci, c’est une attaque directe des droits économiques, sociaux et culturels, qui sont des droits fondamentaux, s’indigne Diane Fogelman, chargée de plaidoyer migrations à Amnesty International. Ces dysfonctionnements ont déjà été largement dénoncés, mais rien ne change. L’Etat n’assume pas ses responsabilités, alors que la situation devient humainement intenable. » Ces dysfonctionnements « systémiques » de l’administration chargée de la délivrance des cartes de séjour, constatés dans l’ensemble des préfectures, et leur impact disproportionné sur les droits des étrangers en France ont en effet été soulevés par la Défenseure des droits dans une dizaine de rapports et avis au Parlement depuis 2016, mais aussi par la Cour des comptes dans trois rapports depuis 2020 et par le Conseil d’Etat en 2018 et 2024 dans ses avis sur deux projets de loi relatifs à l’immigration. Dix organisations ont même attaqué l’Etat en avril pour « carence fautive ». Sur les 871 020 cartes de séjour renouvelées en 2024, 22 % l’ont été pour motif économique (37 % pour motif familial). Et 49 093 des 343 024 premières cartes de séjour qui ont été délivrées sont des titres « salarié », « travailleur temporaire » ou « travailleur saisonnier ».
    L’organisation non gouvernementale met en outre en évidence la façon dont cette « précarité » administrative ouvre la voie à des abus, en rendant ces travailleurs étrangers « corvéables à merci ». C’est ainsi parce qu’elle a peur de « perdre tous [s]es droits » que Célia, Colombienne de 41 ans, en France depuis 2016, n’ose pas quitter l’entreprise d’aide à domicile qui l’emploie. « On me demande de faire des tâches que je ne devrais pas faire, je me suis blessée en donnant une douche à une personne très lourde, raconte-t-elle. Et on me confie les cas les plus difficiles, des personnes qui vivent dans des conditions déplorables. » Elle constate aussi que certaines heures ne sont pas payées au bon taux horaire. « Mais si je me plains, l’employeur me dit : “N’oubliez pas que vous avez besoin de travailler pour renouveler vos papiers”, continue-t-elle, au bord des larmes. Je me sens prise au piège. » « Ces abus sont certes commis directement par des employeurs (…). Mais in fine, la responsabilité de l’Etat français est particulièrement mise en cause », insiste le rapport, qui évoque, entre autres, des vols de salaire, des tâches sans rapport avec le contrat de travail, des conditions de travail dangereuses et des cas de violences et de harcèlement.
    Mais il y a aussi la complexité des procédures. Chaque nouvel employeur d’un salarié étranger doit notamment faire une demande d’autorisation de travail auprès de l’administration. En France depuis 2018, Jean-Louis, Sénégalais de 34 ans qui a, lui aussi, vu sa carte de séjour se périmer alors qu’il attendait une réponse de la préfecture, a fini par recevoir, après deux ans de galère, une carte de séjour d’un an. « Mais avec ça, tu ne peux rien faire !, estime-t-il. Dans les entretiens, dès que j’évoquais la demande d’autorisation de travail, les employeurs changeaient de tête. Ils me disaient : “C’est trop de paperasse pour quelqu’un dont le titre va expirer dans quelques mois, j’ai une boîte à faire tourner.” » Or, cette multiplication de cartes de séjour courtes participe justement à l’engorgement de l’administration chargée du renouvellement, souligne Amnesty.
    Alors qu’il est diplômé d’un master 2 en gestion des territoires et développement local, Jean-Louis a, pour le moment, renoncé à chercher un emploi en lien avec ses compétences. « Quand tu disposes de si peu de temps, tu trouves plus facilement en tant qu’agent de sécurité », explique-t-il. C’est comme ça qu’il a pu renouveler son titre en septembre, recevant cette fois une carte de séjour de quatre ans. Il vient d’être embauché en CDI comme agent d’exploitation d’un parking. « Je suis un genre de gardien, je renseigne les clients. Mais si des sans-abri ont fait leurs besoins dans un coin, je nettoie, j’ai pas le choix. C’est pas le paradis, mais on respecte mes horaires et le salaire tombe à l’heure. J’ai connu tellement pire que, pour moi, c’est le Saint Graal », lance-t-il en souriant. « Ces situations sont absurdes, insiste Diane Fogelman. Cela montre bien que le système est dysfonctionnel à tout point de vue. Simplifier les procédures et permettre une stabilité de ces salariés serait bénéfique pour tout le monde : ces travailleurs, leurs employeurs et l’administration. »

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  • L’Algérie considère que la résolution de l’Assemblée nationale dénonçant l’accord migratoire de 1968 est pour l’instant une « affaire franco-française »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/11/03/alger-considere-que-la-resolution-de-l-assemblee-nationale-denoncant-l-accor

    L’Algérie considère que la résolution de l’Assemblée nationale dénonçant l’accord migratoire de 1968 est pour l’instant une « affaire franco-française »
    Le Monde avec AFP
    Le ministre des affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a réagi, dimanche 2 novembre, à l’adoption, quelques jours plus tôt, à l’Assemblée nationale française d’une résolution visant à dénoncer l’accord migratoire de 1968 qui institue un régime spécifique pour les Algériens en France. « C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant, souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée », a dit M. Attaf dans un entretien à la chaîne d’information algérienne AL24.
    « Très sincèrement, j’ai beaucoup de respect pour l’Assemblée nationale française, mais lorsque j’ai vu ce vote (…), la première pensée qui m’est venue à l’esprit [a été] “la course à l’échalote se poursuit” », a-t-il déclaré.
    Jeudi, les députés français ont adopté une proposition de résolution du Rassemblement national (RN) visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, dans un geste symbolique. Ce texte, non contraignant, a été adopté à une majorité d’une voix par l’Assemblée grâce à l’appui de députés des partis de droite Les Républicains et Horizons.« Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, c’est une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment », a rappelé le chef de la diplomatie algérienne.
    M. Attaf a toutefois précisé qu’« elle pourrait nous concerner si ça devient une affaire de gouvernement à gouvernement parce que l’accord de 1968 est un accord intergouvernemental. C’est un accord international et le gouvernement français ne nous a rien dit à ce sujet et donc sur le fond nous ne réagissons pas. » « Nous n’avons rien vu venir et nous espérons ne rien voir venir », a conclu le ministre algérien.
    Cet accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois en France et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour dix ans, y compris dans le cadre du regroupement familial.Paris et Alger sont empêtrés depuis plus d’un an dans une crise diplomatique, à la suite de la reconnaissance à l’été 2024 par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#france#accordmigratoire#immigration#politiquemigratoire

  • En France, les immigrés gagnent 28 % de moins que les natifs à leur arrivée sur le marché du travail, selon l’OCDE
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    En France, les immigrés gagnent 28 % de moins que les natifs à leur arrivée sur le marché du travail, selon l’OCDE
    Par Julia Pascual
    Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, les étrangers sont nettement moins bien payés que les travailleurs (de même âge et de même sexe) nés dans le pays d’accueil. Mais leur situation s’améliore au fil du temps, grâce notamment à leur mobilité vers d’autres entreprises. C’est l’un des enseignements d’une étude publiée lundi 3 novembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette dernière a pu mesurer les écarts de salaire mensuel dans une quinzaine de pays, dont la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne et les Etats-Unis. L’organisation s’est plongée, pour cela, dans des données portant sur plus de sept millions de nouveaux immigrants en emploi au début des années 2000, qu’ils soient majoritairement originaires d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie ou d’Europe.
    A leur arrivée dans l’emploi, les étrangers touchent ainsi en moyenne 34 % de salaire en moins que les natifs de même âge et de même sexe. Cet écart est de 28 % en France, comme au Danemark et au Portugal. Il grimpe à 45 % en Italie. Un différentiel de revenus que l’OCDE a essayé de comprendre et décomposer.
    D’abord, les étrangers se concentrent dans des secteurs qui payent moins, à l’instar des services (qui comprennent la sécurité ou le nettoyage), l’hôtellerie-restauration ou encore l’agriculture. « Et à l’intérieur de ces secteurs, ils se trouvent dans des entreprises moins productives, plus petites, qui concentrent plus d’étrangers et qui rémunèrent moins », explique l’économiste Ana Damas de Matos, l’une des trois auteurs de l’étude. Elle rappelle que « de nombreux travailleurs trouvent un emploi grâce à des recommandations et à leurs réseaux informels » et que, par conséquent, les étrangers ont logiquement tendance à travailler ensemble ainsi que dans des lieux de travail « qui ne font pas de discrimination à leur égard lors de l’embauche ».
    A l’arrivée, le secteur d’emploi et l’entreprise expliqueraient les deux tiers de l’écart de rémunération entre natifs et étrangers. Le désavantage subi est aussi lié au fait que les étrangers sont plus fréquemment à temps partiel, une situation qu’ils subissent souvent, notamment en France, et qu’à l’intérieur d’une même entreprise, ils occupent des emplois moins rémunérés. Mais, y compris à profession égale dans une même société, ils restent désavantagés. « Il demeure un écart qu’on ne parvient pas à expliquer, même si on peut faire l’hypothèse qu’il est lié à des questions d’ancienneté, d’expérience, de maîtrise de la langue, de niveau de formation ou encore de discriminations », poursuit Mme Damas de Matos.
    Les travaux de l’OCDE mettent en évidence une diminution de l’écart au fil du temps, qui passe en moyenne de 34 % à 21 % après cinq ans. En France, il tombe à 19 % et même à 14 % au bout de dix ans. « Cela s’explique par une mobilité professionnelle ascendante forte », souligne l’économiste. A l’intérieur d’une même entreprise, les étrangers gagnent plus en travaillant plus d’heures, mais aussi grâce à leur ancienneté ou encore en occupant des postes mieux payés.
    D’autre part, au fil du temps, les étrangers vont vers des secteurs et des entreprises qui rémunèrent mieux, sans nécessairement exercer des professions mieux rémunérées, ce dernier point pouvant découler d’un plus faible niveau d’instruction des étrangers mais aussi d’un phénomène de déclassement. En effet, les étrangers « occupent des professions moins qualifiées et moins bien rémunérées que ne le prédit leur niveau d’instruction », rappelle l’OCDE.
    Ce constat met en évidence l’« importance des politiques de reconnaissance des diplômes et des qualifications ». Surtout, il plaide pour favoriser la mobilité professionnelle des étrangers « notamment en fournissant des informations sur la recherche d’emploi et le marché du travail du pays d’accueil, en proposant des services d’orientation professionnelle et de développement de réseaux professionnels, en améliorant les transports locaux, en luttant contre la discrimination sur le marché du logement et en proposant des logements abordables », liste l’OCDE.

    #Covid-19#migrant#migration#france#OCDE#economique#immigration#declassement#formation

  • L’exil et le village
    https://laviedesidees.fr/L-exil-et-le-village

    Quelle place attribuer au prénom dans la détermination sociale d’un individu ? Pour l’immigré, il porte la double marque du pays quitté et du pays d’accueil, de l’exil douloureux et de l’intégration difficile.

    #Histoire #immigration #sociologie #Algérie #économie_sociale_et_solidaire
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20251103_prenom.pdf

  • Accord franco-algérien : la droite et les macronistes offrent au RN une victoire historique
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/301025/accord-franco-algerien-la-droite-et-les-macronistes-offrent-au-rn-une-vict

    Et soudain, l’extrême droite jubile. Les député·es du Rassemblement national (RN) et leurs alliés se sont levés en hurlant, jeudi 30 octobre, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, pour célébrer une victoire symbolique et un tournant majeur de l’histoire parlementaire. Grâce aux voix des groupes Horizons et de la droite Les Républicains (LR), mais aussi grâce à l’absence de nombreux députés macronistes, l’Assemblée a adopté à une voix près la proposition de résolution du RN visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968.

    Scrutin public n°3260 sur la proposition de résolution visant à dénoncer les accords franco-algériens du 27 décembre 1968 (article 34-1 de la Constitution).
    https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/3260
    https://seenthis.net/messages/1125419

    L’accord franco-algérien de 1968, un fantasme de la droite
    https://orientxxi.info/magazine/en-finir-avec-l-accord-franco-algerien-de-1968-une-obsession-de-la-droit

    Conçu pour faciliter l’immigration économique et pallier le besoin de main d’œuvre des Trente Glorieuses, l’accord prévoyait la libre circulation entre les deux pays pour les ressortissants algériens. Vidé de son contenu au cours des ans, le texte n’a aucune influence sur les flux migratoires ; pourtant la droite se mobilise pour l’abroger, ce qui lui permet d’agiter ses fantasmes sur l’invasion du pays.

    https://histoirecoloniale.net/tag/traite-franco-algerien-de-1968

    #France_Algérie #Paris #Alger #accord_de_1968

  • L’Observatoire de l’immigration et de la démographie, un think tank qui fabrique de la peur
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/29/l-observatoire-de-l-immigration-et-de-la-demographie-un-think-tank-qui-fabri

    L’Observatoire de l’immigration et de la démographie, un think tank qui fabrique de la peur
    Par Julia Pascual
    L’« échec collectif » de l’immigration étudiante, le « cercle vicieux » du coût de l’immigration, la « ruée » des Afghans vers l’Europe, l’asile « hors contrôle », l’« appel d’air » de la régularisation… A intervalles réguliers depuis deux ans, un think tank distille des études sur l’immigration, livrant clés en main des éléments de langage à quiconque voudrait agrémenter le débat public de considérations alarmistes. Avec un succès certain.
    L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) jouit d’une confortable exposition médiatique. Son directeur, Nicolas Pouvreau-Monti, est régulièrement convié sur les plateaux des médias de Vincent Bolloré, CNews ou Europe 1, mais il a aussi été plusieurs fois l’invité de Franceinfo ou du magazine d’actualité d’Arte, « 28 minutes ». Il obtient fréquemment la reprise de ses tribunes et publications dans Valeurs actuelles, Le Journal du dimanche, Le Point, Le Figaro ou encore Marianne. Le 31 août, François Bayrou, encore premier ministre, avait même dû répondre à l’intervieweuse star du groupe Bolloré, Sonia Mabrouk, qui l’interrogeait sur les « 3,4 points de PIB [produit intérieur brut] » que coûte l’immigration, selon un « organisme de référence » : l’OID.
    Une consécration pour cette structure que personne ne connaissait avant 2023. M. Pouvreau-Monti ne boude pas son plaisir. Ce trentenaire a pu quitter son poste de conseiller chez Accenture pour se consacrer à temps plein à l’OID. Lorsqu’il a fondé l’observatoire en 2020 avec « cinq copains », trois ans après avoir été diplômé de Sciences Po Paris, il savait qu’il y avait « une place à prendre dans le marché des idées ».
    A l’en croire, l’OID propose « une vision rationnelle et dépassionnée, fondée sur la rigueur scientifique et l’efficacité politique ». Surtout, il prend à rebours le « rassurisme qui relativise l’ampleur des flux », un prisme qui jouirait selon lui d’une « hégémonie » dans les débats d’experts. Experts qui, eux, constatent, déroutés, l’audience et la respectabilité acquises par l’OID. Affiliée à l’Institut Convergences Migrations (ICM), un établissement de recherche, l’économiste Flore Gubert se désole : « Leur force de frappe est impressionnante, alors qu’à l’ICM nous sommes 800 chercheurs et nous ne sommes pas audibles. C’est décourageant. »
    Le constat est d’autant plus amer chez certains chercheurs qu’à force de se présenter sous les airs d’un « GIEC de l’immigration » (Paris Match, 5 janvier 2024), l’OID est confondu avec un organe scientifique… qu’il n’est pas. Car, pour l’essentiel, il revisite des travaux de la statistique publique, souvent issus de l’Insee ou de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Ils sont complètement absents de la sphère académique », tient ainsi à souligner Jérôme Valette, économiste des migrations au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).
    Et si l’OID se prévaut d’un « conseil scientifique », un seul de ses membres, Gérard-François Dumont, est docteur en sciences économiques et a dirigé des thèses. Il est par ailleurs connu pour présider la revue nataliste Population et Avenir et avoir contribué à l’étude qui fit la une du Figaro Magazine, en 1985, sous le titre « Serons-nous encore français dans 30 ans ? », accompagné de l’image d’une Marianne voilée. A l’époque, M. Dumont s’inquiétait, aux côtés de l’écrivain ultraréactionnaire Jean Raspail, de l’écart entre la fécondité des Françaises et celle des « non-Européennes ».
    Parmi les quatre autres membres du conseil scientifique de l’OID, on trouve l’ancien diplomate Xavier Driencourt, qui préside aussi le comité stratégique du magazine d’extrême droite Frontières ; l’avocat et ancien conseiller sécurité de Valérie Pécresse, Thibault de Montbrial ; l’ex-préfet Michel Aubouin, contributeur occasionnel du mensuel d’extrême droite Causeur ; et l’ex-directeur général de la sécurité extérieure, Pierre Brochand, à qui l’on prête d’avoir conseillé Eric Zemmour pour peaufiner son programme de la présidentielle en 2022.
    De quoi orienter la « science » diffusée par l’OID, dont on sait mal comment il se finance. « Je ne ressens pas le besoin de transparence », évacue M. Pouvreau-Monti à ce sujet, mentionnant vaguement « plusieurs centaines de donateurs ». On sait pour sûr qu’il bénéficie depuis 2023 du fonds Périclès, du millionnaire réactionnaire et partisan du rapprochement entre la droite et l’extrême droite, Pierre-Edouard Stérin. L’ambition du fonds est sans ambiguïté de « transformer durablement le paysage politique et social français ».
    M. Pouvreau-Monti, lui, est convaincu qu’il faut un mandat présidentiel pour entreprendre des « grandes manœuvres » en matière d’immigration, qui passent par une réforme de la Constitution ou la dénonciation de la Convention européenne des droits de l’homme. Peu étonnant pour celui qui était membre, à Sciences Po, de l’association souverainiste Critique de la raison européenne, fondée par Alexandre Loubet – aujourd’hui député Rassemblement national (RN) de la Moselle et conseiller spécial de Jordan Bardella –, et dont a également été membre active Sarah Knafo, députée européenne Reconquête !.
    « On voit monter la défiance vis-à-vis du politique qui fait semblant de pouvoir, en même temps qu’on voit monter une crise de l’intégration. Le risque, c’est la rupture démocratique. Il y a urgence », déroule M. Pouvreau-Monti. Pour convaincre, il a été à l’école des conservateurs américains, en tant que lauréat de la bourse Tocqueville, fondée par un autre partisan de l’« union des droites », proche de M. Stérin et « conseiller opérationnel » de Périclès, Alexandre Pesey. A ce titre, il participe en 2019 à un voyage aux Etats-Unis, où il est formé au « passage médias et à la levée de fonds ».
    Pour marteler ses idées, l’OID s’appuie sur des « chiffres béliers » : 66 % des étudiants étrangers n’obtiennent pas leur licence en trois ans, seuls 34 % des immigrés arrivés en 2023 occupaient un emploi en 2024, ou encore 580 millions de personnes dans le monde sont éligibles au droit d’asile en France. Pour s’en faire l’écho, outre ses relais médiatiques, M. Pouvreau-Monti se targue d’avoir une « surface de contact » qui va du bloc central à l’extrême droite, et il voudrait bien « mettre un pied à gauche ».
    L’OID a été reçu par le cabinet de Gérald Darmanin quand celui-ci était Place Beauvau, et Bruno Retailleau, alors ministre de l’intérieur, ne l’a pas moins bien traité. En novembre 2024, sur invitation d’élus Les Républicains, le think tank organise une conférence à l’Assemblée nationale et une autre au Sénat, sur le thème de la « crise de l’asile ».Quelques mois auparavant, en avril 2024, M. Pouvreau-Monti était reçu à la direction générale des étrangers en France, l’administration centrale chargée des immigrés, pour animer un « petit déjeuner » en présence d’une vingtaine de membres du personnel, dont le directeur lui-même, ainsi que des chefs de bureau et autres chargés de mission, sur le thème « L’immigration en France aujourd’hui. Un état des lieux ». « Le contenu de l’intervention a été très mal perçu, rapporte néanmoins une source interne à l’administration. On l’a fait remonter en disant, en substance, plus jamais ça. »
    Pas de quoi faire craquer le vernis de respectabilité de l’Observatoire qui s’offrait en juin, en signature d’une note sur les Afghans, la contribution du directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Didier Leschi. Le préfet chevènementiste présente, dans cette parution, l’immigration afghane comme un « phénomène massif », constitué de « jeunes, masculins, peu scolarisés », au « conservatisme social (…) difficilement compatible avec les valeurs françaises ». « On s’est croisé avec Didier Leschi sur cette idée, se souvient M. Pouvreau-Monti. Et on est allé voir la Fondapol », un think tank qui a coédité l’étude de 35 pages. Interrogé sur le parti pris idéologique de l’OID, M. Leschi souligne au contraire l’excellence de leurs notes. « Ils s’intéressent aux effets sociaux de l’immigration que les chercheurs de gauche éludent, valorise le haut fonctionnaire. Et personne ne les prend en défaut sur les données. »
    Une assertion partiellement vraie. Le démographe François Héran, qui a occupé la chaire Migrations du Collège de France, a lu les 38 notes de l’OID. Il relève « des biais de méthode, permettant de grossir les ordres de grandeur », comme le fait de citer des chiffres absolus de migrants sans jamais les rapporter à la population des pays d’accueil.
    Ainsi, M. Leschi parle d’une « ruée afghane vers l’Europe » alors que « les demandes d’asile des Afghans cumulées entre 2014 et 2024 totalisent 21 personnes pour 10 000 habitants », relativise M. Héran. La même étude présente la France comme le « pays de l’asile afghan ». Or, « sur les 929 200 Afghans enregistrés comme demandeurs d’asile dans l’Union européenne dans la même période, 11 % l’ont été en France, 39 % en Allemagne ». M. Héran égrène les exemples. En janvier, Le Point dévoile une étude de l’OID selon laquelle 580 millions de personnes dans le monde pourraient obtenir l’asile en France. Le RN relaie cette extrapolation dans une campagne d’adhésion. Pourtant, « 80 % des déplacés externes dans le monde restent dans les pays limitrophes », rappelle M. Héran, qui note qu’un think tank britannique avait déjà estimé les demandeurs d’asile potentiels à plus de 700 millions, mais… pour le Royaume-Uni.
    De même, dans sa note sur « L’immigration dans les territoires. Quinze ans de bouleversement (2006-2021) », l’OID s’alarme d’un « basculement » des communes du Grand Ouest, où la présence immigrée a doublé. « Or, les données de l’Insee montrent qu’à l’échelle régionale il s’agit le plus souvent d’un passage de 2 % à 4 % ou de 3 % à 6 %. » « Le message martelé par l’OID est tout sauf “dépassionné”, conclut le chercheur. La France serait “débordée” par l’immigration. » Pourtant, « selon les données de l’OCDE ou de l’ONU, la France se situe au 35e rang dans le monde par la proportion d’immigrés et au 17e rang de l’Europe occidentale ».
    En matière économique, les parutions de l’OID suscitent les mêmes réticences au sein de la communauté scientifique. Le think tank insiste régulièrement sur la dégradation des comptes publics causée par l’immigration, en citant un chiffre de l’OCDE selon lequel les immigrés ne financent que 86 % des dépenses publiques qui leur sont affectées. « Ce chiffre est vrai, réagit l’économiste Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’OCDE. Mais pour les natifs, c’est 96 %. Donc les natifs non plus ne financent pas la totalité des dépenses publiques qui leur sont affectées. Et comme ils représentent 90 % de la population, ce sont eux qui créent le déficit public. »
    Economiste au Cepii, Lionel Ragot épingle à son tour les « approximations » de l’OID selon lequel si les immigrés avaient le même taux d’emploi que les natifs, le gain pour le PIB français serait de 3,4 points. « Pour obtenir ce chiffre, ils considèrent que le taux d’emploi des immigrés et de leurs descendants augmenterait de 3,36 points s’il rejoignait celui des personnes sans ascendance migratoire et ils reportent cette augmentation au PIB, résume M. Ragot. Or, ce n’est pas parce que la population active augmente de 3,36 % que le PIB va augmenter de 3,36 %. Il faut considérer le nombre d’heures travaillées et pondérer ce volume par un indice de capital humain reflétant la qualité du travail. Ensuite, le taux de croissance du PIB doit être pondéré par la part de la rémunération du facteur travail dans le revenu national. » Le chiffrage de l’OID apparaît donc largement surestimé.
    Dans une autre étude, l’OID évalue cette fois à 41 milliards d’euros le coût net de l’immigration, en partant d’un coût brut estimé à 75 milliards d’euros, auquel le think tank retranche les impôts et les cotisations sociales versées par les étrangers. « Non seulement on ne sait pas comment ils obtiennent le chiffrage des recettes, mais en outre cela voudrait dire que les étrangers ne contribuent qu’à hauteur de 45,3 % aux dépenses publiques qui leur sont consacrées, analyse M. Ragot. Or, dans l’étude sur l’impact de l’immigration sur l’économie française, l’OID reprenait le ratio de 86 % de l’OCDE. La différence est énorme et, à l’arrivée, les immigrés coûtent beaucoup plus cher. » Le mal est fait. Les chiffres s’instillent dans le débat public. Repris sur les plateaux télé et dans les journaux. A l’ère de la post-vérité, la croyance a gagné sur la réalité des faits.

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#demographie#recherche#statistique

  • Il mio nome è Balbir

    Almeno sedici ore al giorno, sette giorni alla settimana, 365 giorni all’anno, il tutto moltiplicato per sei anni. A soli ottanta chilometri da Roma, nell’#Agro_Pontino, Balbir ha lavorato in condizioni di schiavitù per una retribuzione che variava tra i 50 e 150 euro al mese. Per mangiare, rubava il cibo che il padrone italiano gettava alle galline e ai maiali. Un inferno vissuto in un Paese democratico che afferma di essere fondato sul lavoro. Balbir ha però deciso di non rassegnarsi e di ribellarsi, di combattere per la sua e la nostra libertà e dignità, rischiando la vita più volte. Un uomo in rivolta, come direbbe Camus, la cui lotta ed esempio sono il più grande antidoto contro ogni forma di razzismo, fascismo, violenza, sfruttamento e schiavismo. Lui è Balbir Singh, un bracciante indiano, e questa è la sua storia.

    https://www.peoplepub.it/pagina-prodotto/il-mio-nome-%C3%A8-balbir
    #livre #immigration #migrations #travail #travailleurs_étrangers #conditions_de_travail #Italie #néo-esclavagisme #esclavage #exploitation #caporalato

  • Allemagne : le chancelier Friedrich Merz crée la polémique après des propos sur l’immigration - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/67748/allemagne--le-chancelier-friedrich-merz-cree-la-polemique-apres-des-pr

    Allemagne : le chancelier Friedrich Merz crée la polémique après des propos sur l’immigration
    Par RFI Publié le : 27/10/2025
    L’immigration en Allemagne suscite régulièrement des polémiques : le chancelier Friedrich Merz, défenseur d’une politique plus ferme sur la question, est connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce. Dernière en date, il y a une dizaine de jours : en évoquant les migrants, le chancelier allemand a parlé d’un « problème qui persiste dans le paysage urbain ».
    Tout est parti d’une déclaration de Friedrich Merz lors d’une conférence de presse il y a dix jours. Le chancelier allemand, évoquant les migrants, a parlé d’un « problème qui persiste dans le paysage urbain » malgré les mesures plus fermes de son gouvernement qu’il venait d’énumérer pour réduire l’immigration illégale et expulser des personnes en situation irrégulière. La déclaration de Friedrich Merz était assez floue, mais pouvait laisser penser que les étrangers, dans leur ensemble, constituaient un problème.
    Ces propos faisaient désordre alors que les instances dirigeantes des chrétiens-démocrates réunies le week-end dernier réitéraient fermement leur refus de toute alliance avec le parti d’extrême droite AfD. « Ce parti veut ouvertement détruire la CDU », a déclaré son président Friedrich Merz. Une prise de position motivée par les déclarations de trois anciens poids lourds conservateurs opposés à un rejet pur et dur du parti populiste.
    En Allemagne, face à ces déclarations, les réactions ont été très fortes à gauche, également parmi les sociaux-démocrates qui gouvernent le pays avec Friedrich Merz. Ils reprochent au chancelier de stigmatiser les étrangers ou les personnes d’origine étrangère de manière général. Des personnes concernées prennent position sur les réseaux sociaux où les vidéos sont nombreuses.
    Une manifestation spontanée a réuni le 19 octobre entre 2 000 et 5 000 participants à Berlin au pied de la porte de Brandebourg. Des membres de l’aile gauche des chrétiens-démocrates ont critiqué le président de leur parti pour des propos peu nuancés, notamment le candidat à la chancellerie de la CDU en 2021, Armin Laschet.
    Mais le chef du gouvernement a obtenu le soutien de nombreux cadres de son parti. Les deux tiers des Allemands approuvent les propos du chancelier, selon un sondage paru vendredi 24 octobre au matin.
    Le 20 octobre, face aux polémiques, le chancelier allemand a déclaré qu’il n’avait rien à retirer à ses propos et a répondu à un journaliste : « Demandez à vos filles. Elles vous confirmeront que les problèmes existent, au moins après la tombée de la nuit. » Des propos qui ont conduit à une manifestation de femmes hostiles à ces déclarations devant le siège de la CDU à Berlin le lendemain, mardi 21 octobre. Une pétition de femmes dénonçant les déclarations de Merz a réuni plus de 200 000 signatures.
    D’autres femmes, proches ou non de la CDU ont soutenu le chancelier. Face à un débat qui perdure, Friedrich Merz a réagi mercredi soir depuis Londres pour préciser que les problèmes qu’il mentionnait viennent des migrants en situation irrégulière, souvent sans travail et qui ont un comportement criminel. Dans le même temps, le chancelier a souligné l’importance de la migration pour l’économie allemande.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#migrationirreguliere#immigration#etranger#stigmatisation#violence#sante

  • A l’Assemblée, Horizons soutient le retour du délit de séjour irrégulier défendu par le RN
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/10/24/a-l-assemblee-horizons-soutient-le-retour-du-delit-de-sejour-irregulier-defe

    A l’Assemblée, Horizons soutient le retour du délit de séjour irrégulier défendu par le RN
    Par Marie Pouzadoux
    Publié le 24 octobre 2025 à 10h00
    Les niches du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale sont souvent truffées de pièges pour ses adversaires. La prochaine journée d’initiative parlementaire réservée au parti d’extrême droite, qui doit se tenir jeudi 30 octobre dans l’Hémicycle, ne fera pas exception. L’un des six textes portés par le parti lepéniste, la proposition de loi visant à rétablir le délit de séjour irrégulier, examinée mercredi 22 octobre en commission des lois, en est une démonstration.
    Ce délit visant à lutter contre l’immigration illégale avait été supprimé par François Hollande en 2012, en application d’une directive européenne qui interdisait qu’il soit assorti d’une peine de prison. Le rétablissement de la mesure avait failli voir le jour en 2024, après avoir été entériné par le Sénat lors de l’examen de la loi sur l’immigration, sur avis favorable du ministre de l’intérieur d’alors, Gérald Darmanin. Mais le texte, qui prévoyait le retour d’une amende de 3 750 euros, avait finalement été censuré par le Conseil constitutionnel, car considéré comme un cavalier législatif.
    Le groupe de Marine Le Pen a fait le choix opportun de reprendre la disposition de 2024 à son compte, pour pousser la droite à soutenir son texte. Les Républicains, qui ont de moins en moins de complexes à voter des propositions venues de l’extrême droite à l’Assemblée, ont sans surprise appuyé le dispositif. Mais, fait rare, les députés Horizons ont eux aussi apporté leur soutien à la mesure.
    « Notre groupe soutenait déjà largement ce rétablissement en 2024. Il nous a paru conforme de voter en faveur de la même chose, par constance et cohérence », résume le porte-parole du groupe Horizons, le député Xavier Albertini (Marne), qui a défendu cette position lors de l’examen en commission.
    Edouard Philippe comme ses députés s’étaient en effet déclarés en faveur du rétablissement d’un tel délit en 2023, au moment des débats sur la loi sur l’immigration. « On fait passer l’intérêt de la France avant », appuie M. Albertini.Pour Horizons, peu importe, donc, que le texte soit aujourd’hui remis sur la table par l’extrême droite et qu’il faille additionner ses voix avec elle. Il n’est pas question d’un quelconque « cordon sanitaire ». Plusieurs députés philippistes vont jusqu’à dénoncer « l’hypocrisie » des députés de centre et de gauche qui critiquent leur position. Estimant que dans une Assemblée sans majorité, où l’extrême droite compte près de 140 députés, une grande partie des textes adoptés le sont fréquemment avec les voix du RN.
    « Mais, en votant une telle disposition portée par le RN, Horizons prend le risque de valider le discours de l’extrême droite en matière d’immigration et de lui accorder le point », regrette le député Renaissance Guillaume Gouffier Valente, comme d’autres alliés d’Horizons au sein de l’ancienne majorité présidentielle. Conscient de la stratégie du parti lepéniste, Xavier Albertini rétorque qu’« il serait erroné de croire qu’Horizons court après l’extrême droite, alors que c’est le coucou du RN qui reprend les dispositions des autres à son compte ».
    En commission, mercredi, les députés Renaissance comme ceux du MoDem se sont de leur côté opposés au rétablissement du délit, argumentant sur le fond. « Le dispositif n’apporterait aucune efficacité supplémentaire, pire, créerait des lourdeurs [administratives] inutiles », a fait valoir le député de Gironde Thomas Cazenave (Renaissance). Le président de la commission, son collègue Florent Boudié, a fait de même, en rappelant l’opposition de leur parti à la mesure lors des débats houleux sur la loi sur l’immigration, malgré l’aval du gouvernement.
    Si le texte a pour l’instant été rejeté en commission après l’adoption de plusieurs amendements de suppression soutenus par la gauche, Renaissance et le MoDem, les députés Horizons ne comptent pas changer leur position. Ils soutiendront à nouveau la mesure portée par le RN dans sa niche jeudi 30 octobre, si elle arrive dans l’Hémicycle.

    #Covid-19#migration#migrant#france#politiquemigratoire#immigration#sante#droit

  • Immigrés du Mali, du Sénégal et de Guinée : Polémique après une publication du Département de la Sécurité intérieure sur des immigrés africains par son ton jugé discriminatoire et raciste
    https://www.dakaractu.com/Immigres-du-Mali-du-Senegal-et-de-Guinee-Polemique-apres-une-publication-

    Immigrés du Mali, du Sénégal et de Guinée : Polémique après une publication du Département de la Sécurité intérieure sur des immigrés africains par son ton jugé discriminatoire et raciste
    Une vive polémique enfle sur les réseaux sociaux après la diffusion d’une publication du Department of Homeland Security (DHS) sur son compte officiel X (ancien Twitter). Le message, accompagné d’une image controversée montrant huit visages d’Africains piégés dans des cristaux, affirme que neuf immigrés illégaux ont été arrêtés à New York pour divers crimes graves, dont vol, violence domestique, trafic de drogue et falsification.Selon le DHS, ces individus seraient originaires de Mali, du Sénégal et de Guinée, et auraient des antécédents judiciaires violents. La publication ajoute que, sous la présidence de Donald Trump et la direction de Kristi Noem, « les criminels illégaux ne sont pas les bienvenus aux États-Unis ». Mais c’est surtout le visuel utilisé — perçu comme une stigmatisation raciale — qui a déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#senegal#mali#guinee#immigration#stigmatisation#politiquemigratoire#sante#criminalisation

  • Et si l’immigration était un #projet_de_société positif et accueillant ?

    Le #Québec peut être cette nation qui sait conjuguer son désir d’affirmation tout en ouvrant les bras.

    Dans un contexte mondial où l’on assiste à la montée des mouvements antidroits et des pratiques autoritaires, dont le principal « #ennemi » est les personnes migrantes, la joute oratoire sur l’immigration à laquelle nous assistons à #Québec a de quoi nous inquiéter.

    Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) nous dit en substance que l’immigration est une #menace, et qu’il y en a trop. Une partie de l’opposition surenchérit. Ce faisant, on induit la population en erreur avec toutes sortes de #chiffres douteux, faisant monter un sentiment anti-immigrant empreint de #préjugés, discriminatoire. Cela nourrit un #climat_social polarisé et délétère.

    Plusieurs commentateurs ont critiqué l’escalade du #discours_anti-immigrants entre la CAQ et le Parti québécois (PQ). Il est important de comprendre qu’il s’agit là d’un #discours qui s’inscrit dans une logique portée par les #mouvements_antidroits, dont font aussi partie les mouvances identitaires. Alors à qui profite ce discours, et à quels desseins ? Cela ressemble à une #politisation opportuniste et électoraliste de l’immigration.

    Ces jours-ci se tiennent des consultations sur la planification de l’immigration au Québec. Le gouvernement a déjà annoncé son intention de réduire considérablement le nombre d’immigrants temporaires et permanents. De nombreux intervenants seront entendus jusqu’au 30 octobre. Plusieurs représentent des secteurs économiques qui emploient des travailleuses et des travailleurs étrangers. Il y a donc fort à parier que ces intervenants plaideront l’importance de maintenir un bon niveau d’immigration, notamment temporaire, pour assurer des besoins immédiats en main-d’œuvre.

    Amnistie ne se prononce pas sur le nombre de personnes immigrantes qu’un État souhaite accueillir. Toutefois, nous rappelons que pour tout programme d’immigration, les États, dans ce cas-ci le Québec, ont l’obligation de le déployer en tout respect et en toute protection des droits de ces personnes, et en respect du #droit_international.

    Ce qui inquiète Amnistie, c’est donc la #rhétorique_négative à l’égard de l’#immigration mise de l’avant pour justifier sa réduction, la façon dont c’est fait et les effets sur les personnes concernées. Nous sommes également inquiets de la tendance privilégiant une #immigration_temporaire au détriment de l’#immigration_permanente qui s’est accentuée ces dernières années.

    La CAQ promet depuis son élection en 2018 une réduction importante du nombre de personnes immigrantes au Québec. Cependant, pour répondre aux demandes des employeurs, le gouvernement n’aura eu de cesse de faire appel à un nombre accru de migrants temporaires, grossissant ainsi le bassin d’une population vulnérable.

    Les élus — de la CAQ et du PQ, principalement — déplorent souvent la forte augmentation du nombre de résidents non permanents, laissant entendre qu’il s’agirait d’un phénomène subi par le Québec et imposé par le fédéral. Or, c’est le #Programme_des_travailleurs_étrangers_temporaires (#PTET), sur lequel Québec a le plein contrôle, qui a connu l’augmentation la plus forte depuis 2018, soit 651 %.

    Cette augmentation record montre notre dépendance à l’égard de la main-d’œuvre temporaire pour des besoins permanents dans nombre de secteurs économiques. Les #employeurs comme le gouvernement doivent donc se demander si c’est vraiment d’une immigration temporaire dont ils ont besoin et qu’ont-ils à gagner à ce que ces personnes demeurent prisonnières d’un statut précaire ? Est-il plus pratique d’avoir recours à une immigration temporaire plus malléable, et en quelque sorte jetable ? Le projet est-il de bâtir une société basée sur un #marché_du_travail à deux vitesses, où certaines personnes ne peuvent se prévaloir de tous leurs droits en raison de leur statut migratoire précaire ?

    Les personnes migrantes travaillant au Québec dans le cadre du PTET sont précarisées en raison de leur #statut et des conditions inhérentes à leur #permis_de_travail fermé, qui les lie à un seul employeur. C’est ce qu’a confirmé l’enquête d’Amnistie internationale publiée en début d’année, qui conclut que la conception même du PTET exposait les travailleuses et travailleurs migrants à l’#exploitation et à une #discrimination systémique, ce qui place le #Canada et le Québec en situation de violation de leurs obligations internationales en matière de protection des droits de la personne.

    Lors de son passage au Canada en 2024, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, avait d’ailleurs dénoncé le PTET, qui, selon lui, alimente des « formes contemporaines d’esclavage ».

    À cela, ni le gouvernement ni aucun autre parti n’a réagi ni proposé de rectifier la situation. Comme si ces personnes ne comptaient pas ou n’étaient pas des êtres humains à part entière ?

    Tous les partis semblent préférer discourir sur la « #capacité_d’accueil », chacun y allant de son chiffre « magique ». Cela fait des années que la notion de « capacité d’accueil » est utilisée pour laisser entendre une limite objective dans la société et dans l’infrastructure sociale du Québec en matière d’immigration. Les personnes migrantes sont ainsi blâmées pour les manquements des politiques gouvernementales des dernières décennies dans nos services sociaux, la crise du logement et — pourquoi pas — le déclin du français. Ce discours favorise la #discrimination, présentant l’immigration comme un défi à craindre et à contenir plutôt que comme une #richesse dont la société québécoise tire de grands bénéfices.

    Lors des consultations sur la planification de l’immigration en 2023, plusieurs intervenants, dont Amnistie internationale, ont critiqué le discours négatif entourant la notion de « capacité d’accueil » et son absence d’assise scientifique. Le professeur sociologue-démographe Victor Piché, de l’Université Laval, proposait alors de parler de « #volonté_d’accueil » : si on augmente cette dernière, on augmente notre « capacité d’accueil », disait-il en résumé.

    Le Québec a la « #capacité_d’accueillir » une vision positive de l’immigration, où chaque personne peut jouir pleinement de ses droits et contribuer à enrichir sa société d’accueil. Le Québec peut être cette nation qui sait conjuguer son désir d’affirmation tout en ouvrant les bras pour accueillir des personnes venues de tous les horizons, avec toute l’humanité qu’on lui connaît.

    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/926868/si-immigration-etait-projet-societe-positif-accueillant
    #discours #narration #migrations #temporaire #main-d’oeuvre #travail #économie #précarisation #vulnérabilité #vulnérabilisation

    ping @karine4

  • L’#Espagne stimule sa prospérité grâce à l’immigration, un cas unique en Europe

    Madrid assume une politique migratoire ouverte. Portée par l’afflux de travailleurs latino-américains, l’économie espagnole devrait croître de 2,6 % en 2025.

    A rebours d’une Europe obsédée par la fermeture, l’Espagne affiche un visage singulier. Son économie tourne à plein régime, 2,6 % de croissance estimée pour 2025, selon les prévisions de Madrid, dopée par une #immigration massive, venue en grande partie d’Amérique latine. Une vague migratoire assumée, encouragée par le gouvernement du premier ministre socialiste, #Pedro_Sanchez.

    Les #chiffres sont éloquents : depuis 2023, la population espagnole s’est accrue de 1,2 million de personnes, portée par l’arrivée d’étrangers. En un an et demi, plus de 800 000 nouveaux venus se sont installés dans la péninsule. Le pays compte désormais un peu plus de 49 millions d’habitants, dont 7 millions d’étrangers (14,3 %).

    Le Maroc reste le premier pays d’origine, avec plus de 1 million de ressortissants, mais les flux latino-américains ont explosé : + 74 % pour la Colombie depuis 2020, + 57 % pour le Venezuela et + 60 % pour le Pérou. Ces migrants, dispensés de visa, entrent le plus souvent en Espagne comme touristes avant de s’y installer durablement. Les aéroports sont ainsi devenus la principale porte d’entrée du pays.

    Réponse à « l’#hiver_démographique »

    Selon une étude publiée en juin par la Banque d’Espagne, l’immigration a contribué pour 0,4 à 0,7 point à la croissance du produit intérieur brut par habitant entre 2022 et 2024, soit près d’un quart de la hausse totale du niveau de vie. L’agence de notation américaine S&P, qui a relevé en septembre la note souveraine du pays de A à A+, a souligné « un #marché_du_travail dynamique nourri par une migration ciblée destinée à compenser les pénuries de main-d’œuvre nées après la pandémie ».

    Depuis quelques années, la croissance de la #population_active espagnole a été presque entièrement portée par l’immigration. D’après l’Institut national de la statistique (INE), en 2022 et en 2023, les étrangers ont représenté près de 80 % des nouveaux actifs. En 2024, ils ont entièrement compensé la baisse du nombre de travailleurs espagnols.

    Les étrangers sont surreprésentés dans les secteurs moteurs de la croissance espagnole. Ils constituent 28 % de la main-d’œuvre dans l’#hôtellerie et la #restauration et 20 % dans la #construction. Mais leur présence dépasse désormais les emplois peu qualifiés. « On les trouve dans la santé, la technologie, l’entrepreneuriat ; 90 % des nouveaux travailleurs indépendants sont des migrants », souligne Gonzalo Fanjul, directeur de recherche de la fondation PorCausa, spécialisée dans l’analyse des phénomènes migratoires.

    Ce n’est pas la première fois que l’Espagne ouvre grand ses portes. Au début des années 2000, l’économie, portée par la bulle immobilière, réclamait déjà de la main-d’œuvre : entre 2000 et 2010, la population étrangère a progressé de façon exponentielle pour atteindre 6 millions de personnes. « Cette première expérience, globalement réussie, a préparé le terrain », estime Gonzalo Fanjul.

    Conscient du #vieillissement accéléré du pays – le solde naturel est négatif depuis 2015 –, le gouvernement socialiste a choisi d’en faire un levier. Depuis mai 2025, la réforme du règlement sur les étrangers a encore assoupli la procédure d’« #arraigo » (« #enracinement ») afin de régulariser progressivement les 500 000 à 700 000 personnes actuellement en situation irrégulière. Cette voie, fondée sur la preuve d’une #résidence de deux ans seulement, offre cinq types d’ancrage : social, socioprofessionnel, familial, de « formation » et de « seconde chance ».

    Pedro Sanchez revendique cette singularité. Au #récit sécuritaire dominant en Europe, il oppose une vision pragmatique et humaniste : l’immigration comme #richesse et comme réponse à « l’hiver démographique ». Il rappelle volontiers qu’« il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était aussi un pays de migrants ».

    Tendance irréversible

    Les #entreprises, confrontées à des pénuries de main-d’œuvre dans le #tourisme, la construction ou les services, soutiennent ouvertement cette approche. « Nous sommes un pays d’accueil et nous avons besoin de travailleurs venus d’ailleurs ; il faut former les jeunes migrants pour qu’ils deviennent nos futurs ingénieurs », a déclaré Antonio Garamendi, président de la Confédération espagnole des entreprises.

    Mais le succès a son revers. L’afflux de nouveaux habitants accentue les tensions sur le #logement : il en manquerait près de 700 000, selon la Banque d’Espagne. Si l’immigration reste plutôt bien perçue, elle figurait parmi les principales préoccupations des Espagnols en septembre 2024, avant d’être dépassée par le logement et l’accès à la santé. Les émeutes racistes de Torre-Pacheco, en Murcie, en juillet, ont toutefois rappelé la fragilité de cet équilibre.

    Pour contrecarrer le discours de Pedro Sanchez et se distinguer de l’extrême droite de Vox, qui appelle à l’expulsion de « tous ceux venus vivre de l’effort des autres » ou « imposer une religion bizarre », le Parti populaire (PP, conservateur) a esquissé, en septembre, une « #troisième_voie », prônant une immigration « légale et utile ». Le texte souligne « le lien spécial qui unit l’Espagne aux nations sœurs de l’Amérique hispanique, avec lesquelles nous partageons langue, histoire et valeurs ».

    Derrière les débats politiques, la tendance paraît irréversible. Dès 2000, un rapport de l’Organisation des nations unies prévenait que l’Espagne aurait besoin de 12 millions de migrants, d’ici à 2050, pour maintenir son équilibre démographique. Vingt-cinq ans plus tard, la Banque d’Espagne estime ce besoin à 24 millions. « L’immigration est ici pour rester, il n’y a pas de retour en arrière possible », conclut M. Fanjul.

    Pour un pays qui fut longtemps une terre d’émigration, cette conversion rapide en destination d’accueil pourrait bien devenir son nouvel atout stratégique et, peut-être, le visage le plus inattendu de sa réussite économique.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/21/singuliere-en-europe-l-espagne-stimule-sa-prosperite-grace-a-l-immigration_6

    #ouverture #économie #démographie #migrations #travail #régularisation #pragmatisme #statistiques

    ping @karine4

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    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

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    voir aussi :
    First refugees arrive in tiny Catalan villages under repopulation plan
    https://seenthis.net/messages/983054

    • ‘It’s a question of humanity’: how a small Spanish town made headlines over its immigration stance

      Mayor explains why #Villamalea unanimously backed call to regularise undocumented migrants – across party lines.

      Flanked by farmland and nestled among the deep valleys of central Spain, few in Villamalea, a town of 4,200 people, expected to find their tranquil home splashed across Spanish media this summer.

      “I’ve never been contacted by so many media outlets in my life,” said José Núñez Pérez, the conservative mayor of Villamalea. With a laugh, he added: “It made me question, just what have we done here?”

      Everyone wanted to speak to him about the same thing; a town council motion, approved unanimously and across party lines, calling on the central government to push forward with a stalled proposal to regularise undocumented migrants in Spain.

      “To us, it was the most natural thing in the world,” explained Núñez Pérez, as he paused to greet residents in the town’s central plaza. In recent decades, migrants from across the globe had been atrracted to Villamalea for the many jobs on offer.

      The steady supply of labour had helped turn the town into an agricultural heavyweight – about 70% of the mushrooms sold in Spain come from here – while also transforming Villamalea into a rich tapestry of residents whose roots trace back to 32 countries.

      For the 11 town councillors who backed the motion to grant papers to undocumented migrants – from Núñez Pérez’s People’s party to the Socialists and the United Left – this reality took precedence over party lines.

      “We didn’t even debate it, we were all onboard right away,” said Núñez Pérez. “There’s a lot of work to be done here. And there could be even more – the problem for these companies is that they can’t find enough people to work.”

      With the town’s companies weighing up whether to bring in temporary foreign workers, it only made sense to allow those who were already here a fair chance at a foothold. “It’s not just economics, it’s a question of humanity,” said the mayor.

      In late August, the president of the European Central Bank, Christine Lagarde, said gross domestic output in Germany would have been about 6% lower in 2019 if it hadn’t been for foreign workers. The picture was similar across the eurozone, she said. “Although they represented only around 9% of the total labour force in 2022, foreign workers have accounted for half of its growth over the past three years.”

      In Spain, where the Socialist prime minister has insisted that migration is an opportunity, a surge in arrivals has helped to make the country a bright spot among Europe’s plodding economies.

      Of late, even some of the most ardent critics of immigration have conceded its necessity; in June Italy’s Giorgia Meloni, the far-right leader who has long called irregular migrants a threat to Europe’s future, said her government would issue nearly 500,000 new work visas for non-EU nationals in the coming years, in addition to the 450,000 handed out since she took power.

      While regularisation programmes have long been used across the EU, with 43 put in place by more than a dozen countries between 1996 and 2008, in Villamalea the push to grant papers was also rooted in the town’s history.

      During much of the 20th century, the town’s residents were forced to fan out across Europe in search of work, said Venancio Cuenca Lopéz, the head of a local retiree association. “Some of them had papers, but some had no papers, no job offers, nothing,” he said. “We can’t say: ‘Well we did it, but now we’re against it.’ We’re all human beings, we need to have some empathy.”

      He pushed back against claims that regularisation would push down wages. “There are companies that take advantage of undocumented workers, forcing them to work in poor conditions and paying them little. Then Spaniards can’t work because they’re competing with people who are getting paid peanuts,” he said. “So we regularise them, everyone has the same conditions.”

      The Guardian spoke to 10 or so residents, all of whom expressed support for the motion. From the pensioners who make up about a quarter of the town’s population to the around 20% who were born abroad – the majority from Morocco or Romania – residents shrugged off the far-right’s efforts to disparage diversity. “Here everyone has their life and their world, but when we get to together we all get along,” said María Anguix García.

      At Villamalea’s town hall, officials are swift to cite the efforts many have made to foster integration, keenly aware that they’re doing so against a backdrop of swirling disinformation about migration.

      “There was a day when people who practise Islam went to the church and got to know the prayer space and then they did the reverse; the Catholics went to the mosque and experienced it,” said the mayor “And around two months later, the five religions we have in Villamalea came together to pray in the church.”

      When the flood of media requests poured in earlier this year, most wanted to know how Núñez Pérez reconciled his stance with others in the conservative People’s party, particularly as the leader, Alberto Núñez Feijóo, was increasingly linking immigration to insecurity.

      Across the country, PP politicians have entered into governments supported by the far-right, anti-immigrant Vox party. As a result, PP politicians have lurched further to the right, leading to motions such as the one recently seen in Jumilla, a town of about 27,000 residents, where the PP-led council backed a ban on religious gatherings in public sports centres that appeared to target Muslims.

      Núñez Pérez bristled at the comparison. “I’ve always said that I’m not paid by my party, I’m paid by the people of this town,” he said. “In my party, as in all parties, there are differences of opinion. But if you look at the wider picture, we’re not that different.”

      It was, after all, the PP who had carried out more regularisation programmes than any other party since Spain returned to democracy.

      Others in the PP had also followed in Núñez Pérez’s footsteps; in late September, about 20 miles (32km) away in the town of Tarazona de la Mancha, a similar mix of councillors, though headed by a Socialist mayor, had come together to unanimously pass their own motion calling on the central government to grant papers to undocumented migrants.

      Even so, Núñez Pérez knew that the fact that he was a conservative mayor backing regularisation had become a “morbid” fascination for many. “But I think it’s the most natural thing; I know what happens in my town, we live quietly, we live in peace and we learn from each other,” he said. “In interviews they always ask me about my political party. But just because someone fires a shot over there, it doesn’t mean we’re all going to do the same.”

      https://www.theguardian.com/world/2025/oct/11/small-spanish-town-headlines-immigration-villamalea
      #villes-refuge #régularisation #José_Núñez_Pérez

    • #Torre_del_Burgo, en Espagne, un village qui revit grâce aux immigrés

      Isolement, exode rural et fermeture de services publics : au nord de Madrid, dans une région parfois surnommée la « Laponie espagnole », plusieurs villages étaient voués à disparaître. L’arrivée et l’installation de personnes migrantes ont tout changé.

      Depuis Guadalajara, il faut quitter la route départementale et s’enfoncer dans une rue étroite pour apercevoir les maisonnettes, l’église et la mairie. Vendredi 3 octobre, à l’heure du déjeuner, les ruelles de Torre del Burgo sont désertes. Seuls des chats osent s’aventurer sur la Plaza Major, égayée de façades colorées. Certaines maisons tombent en ruine, et un vieux terrain vague n’a visiblement jamais trouvé preneur. On fait le tour du village en dix minutes.

      À environ une heure de route au nord de Madrid, Torre del Burgo aurait pu tout bonnement disparaître si des personnes étrangères ne s’y étaient pas installées dans les années 2000. Ici, les immigré·es représenteraient entre 70 et 90 % de la population. Mais dans son bureau, le maire, José Carlos Moreno, insiste sur un point : « On n’a pas de réfugiés ni de migrants illégaux. » De sa voix rauque, il le répète une seconde fois pour être sûr d’être bien compris.

      Lui qui n’aime pas tellement l’exercice des interviews ne voudrait surtout pas que l’image de son parti soit entachée. Le Parti populaire (PP, droite) ne cache pas ses positions sur l’immigration, qu’il souhaite « ordonnée et régulée, en lien avec le marché du travail ». Il va jusqu’à reprendre les thèses racistes de l’extrême droite, comme le prétendu « appel d’air », qui laisse entendre que de bonnes politiques d’accueil pousseraient d’autres personnes à venir en Espagne.

      Le maire de Torre del Burgo adopte donc la ligne du parti, mais il reconnaît tout de même que sans les étrangers « légaux », le village serait sans doute mort. Au total, 21 nationalités s’y côtoient, entre les Bulgares (majoritaires), les Marocain·es, un Camerounais, des Italien·nes ou des Ukrainien·nes. « Vous savez ce que c’est, quand une famille vient, elle en amène une autre », commente le maire, en poste depuis quatorze ans.

      Les rares Espagnol·es qui possèdent un logement ici ne viennent que l’été, pour profiter de leur résidence secondaire. Les immigré·es y vivent à l’année, et travaillent le plus souvent dans l’agriculture et la logistique, deux secteurs florissants dans la région, connue notamment pour sa production d’asperges vertes.
      Déclin démographique

      Outre les questions liées à la régularisation des sans-papiers, qui ont occupé le débat public en Espagne ces dernières années, un autre volet pousse le gouvernement socialiste à prendre position en faveur de l’accueil des étrangers et étrangères : celui de la démographie. Sans l’immigration, « la population espagnole pourrait chuter de 48 à 24 millions [d’habitant·es] d’ici 2100 », soulignent les auteurs du rapport « Politique migratoire : l’exception espagnole », réalisé par la chercheuse en droit européen Tania Racho et le consultant indépendant Antoine de Clerck.

      Les Marocain·es, les Colombien·nes et les Vénézuélien·nes représentent les trois premières nationalités d’origine parmi la population espagnole ; et seuls deux pays de l’Union européenne (UE) figurent dans le top 10, la Roumanie et la France. Ces arrivées s’expliquent par les anciennes colonies en Amérique latine, la proximité géographique de certains pays et la liberté de circulation pour les pays de l’UE. Les immigré·es qui viennent en Espagne sont « globalement plus jeunes que la population espagnole », relève le rapport.

      Sans immigration, « l’Espagne est exposée à une décroissance démographique majeure d’ici 2040, qui mettrait son modèle social et économique sous forte tension », affirment l’auteur et l’autrice, en s’appuyant sur les données de l’institut national de la statistique espagnol (INE). Une solution, donc, aux problèmes démographiques en Espagne ? « Les sans-papiers dans le pays, c’est une folie, tranche le maire de Torre del Burgo. Mais pour les autres [les étrangers en situation régulière – ndlr], oui, ça peut être une solution. »

      La province de Guadalajara, aux mains des socialistes depuis 2019, semble avoir fait ce pari, au point de proposer une aide pour le paiement de l’impôt foncier, afin d’inciter les jeunes de moins de 35 ans à acheter un bien immobilier dans la région. Ainsi, le taux de prélèvement chute à 3 % (contre 10 % à Madrid). « Sans ça, le village allait disparaître », explique Daria, une jeune trentenaire qui pensait en bénéficier lorsqu’elle a acquis, avec son mari, sa maison deux ans plus tôt.

      Mais alors qu’elle répondait aux critères, elle s’est heurtée à un refus lorsqu’elle est allée prendre des nouvelles de sa demande, un an plus tard : « On m’a dit qu’on n’aurait rien, sans explication », dit-elle depuis sa cuisine, ouverte sur le salon, où des pizzas maison sont tout juste sorties du four. Ici, elle a retrouvé le calme auquel elle aspirait, après avoir quitté en 2017 la ville de Melitopol, en Ukraine, désormais aux mains des Russes.

      D’une voix forte et dans un espagnol quasi parfait, qu’elle a appris seule, elle raconte avoir suivi son mari, venu en Espagne en 2015 pour travailler dans le BTP. « À combien s’élève le salaire minimum en Ukraine, déjà ? », interroge Daria en s’adressant à sa mère, venue lui rendre visite. Réponse : « 120 euros ». Daria lève les sourcils : « En Espagne, on peut gagner 1 000 euros par mois. » Le choix était vite fait.

      Son mari a des déplacements un peu partout, « alors [ils] n’avai[ent] pas vraiment besoin d’être basés à Madrid ». Le couple a choisi de s’installer ici, où ils pouvaient acheter une maison moins chère. Leur fille aînée, âgée de 7 ans, se plaît bien mieux au village que dans la capitale, où la famille a vécu un temps.
      Des opportunités

      « C’est un village d’immigrés, lance Daria, tout en précisant qu’il compte quinze enfants, contre deux seulement dans le village voisin. Tout le monde se connaît, il y a de l’entraide, de la sécurité. » L’école, située à l’entrée du village au bord de la route, tombe en ruine depuis bien longtemps. Alors Daria a passé le permis, afin de pouvoir déposer et récupérer ses filles chaque jour à Tortola de Henares, à onze kilomètres de là.

      Elle regrette l’absence d’une école et d’un vrai parc de jeu et voudrait voir plus d’investissements pour la rénovation de vieilles bâtisses. Mais lorsqu’on lui a récemment demandé quelle était sa « ville préférée » en Espagne, elle a répondu sans hésiter « Torre del Burgo ».

      Au milieu du village, vendredi après-midi, Sabina* s’avance vers les poubelles collectives pour y déposer un sac. À 38 ans, elle a donné naissance à deux enfants ici, après avoir rejoint son mari, venu pour travailler en Espagne dix ans plus tôt. « C’est sûr que le village serait beaucoup plus désert sans nous », dit-elle.

      Vêtue de noir, les cheveux tirés en arrière et le teint halé, elle raconte avoir préféré éviter une grande ville comme Madrid, « où tout est plus compliqué pour les étrangers ». « Ici, on a trouvé un logement facilement car il y avait peu d’habitants, et on travaille dans la cueillette des asperges, la logistique ou le ménage. »

      En quelques années, le village aurait doublé sa population grâce à l’arrivée des immigré·es, atteignant aujourd’hui 493 habitant·es selon l’INE. Il serait celui qui compte le taux le plus élevé d’étrangers et étrangères en Espagne.

      Non loin de là, le village de Heras de Ayuso s’est lui aussi repeuplé grâce aux immigré·es. Lui aussi a été confronté à l’exode rural et à la fermeture d’entreprises et de services publics, comme l’explique un article d’El Confidencial, réalisé avec la fondation PorCausa, qui tente de changer les regards sur les migrations. Surnommée la « Laponie espagnole », cette région souffre du taux de dépeuplement le plus élevé d’Europe.

      Daria, qui espère demander bientôt sa naturalisation, compte bien rester à Torre del Burgo. Sa mère, qui a fui l’Ukraine en 2022 après le début de la guerre d’invasion russe, apprend petit à petit l’espagnol et travaille comme cuisinière. Elle se dit heureuse d’avoir retrouvé sa fille, mais aussi sa sœur (la tante de Daria), installée en Espagne depuis plusieurs années. Et si la guerre s’arrêtait ? « Je crois que nous resterons, répond Daria. Mes filles ont grandi ici, elles parlent espagnol, elles ont la culture espagnole. On a tous envie de rester. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/241025/torre-del-burgo-en-espagne-un-village-qui-revit-grace-aux-immigres

  • Les modalités du nouvel « examen civique » pour les étrangers fixées par Bruno Retailleau juste avant son départ
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/10/15/les-modalites-du-nouvel-examen-civique-pour-les-etrangers-fixees-par-bruno-r

    Les modalités du nouvel « examen civique » pour les étrangers fixées par Bruno Retailleau juste avant son départ
    Par Aurélie Blondel
    Quarante questions, un point par bonne réponse et un score de 80 % requis pour réussir. A compter du 1er janvier 2026, les candidats à la naturalisation passeront un « examen civique » de trois quarts d’heure au maximum, destiné à vérifier leur niveau de connaissance de l’histoire, de la culture et de la société françaises. Ce sera aussi le cas des étrangers demandant une carte de résident ou une carte de séjour pluriannuelle.
    Cet examen se matérialisera par un questionnaire à choix multiples (QCM), dont les détails ont été actés par un arrêté du vendredi 10 octobre, publié au journal officiel du 12 octobre, mais passé relativement inaperçu dans le contexte politique rocambolesque du week-end. En signant ce texte in extremis – deux jours avant son départ du gouvernement –, le ministre de l’intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a posé la dernière pierre d’un édifice législatif et réglementaire qu’avait lancé, dès la rentrée 2022, son prédécesseur, Gérald Darmanin, avec l’annonce d’une loi sur l’immigration. Adoptée dans la douleur par le Parlement en fin 2023 avec les voix du Rassemblement national, puis en partie censurée par le Conseil constitutionnel, cette loi polémique avait ébranlé le gouvernement d’Elisabeth Borne, avant d’être promulguée en janvier 2024.
    « L’arrêté du 10 octobre était la dernière mesure réglementaire attendue dans le sillon de cette loi, qui visait à renforcer les exigences à toutes les étapes de l’intégration des étrangers », explique Jules Lepoutre, professeur de droit public à l’université Côte-d’Azur. Publié par un ministre démissionnaire chargé d’expédier les affaires courantes, ce texte pourrait-il être contesté ? A priori non, estiment Jules Lepoutre et Julien Boudon, professeur de droit public à l’université Paris-Saclay. Car la publication d’un tel arrêté était prévue dans un décret du 15 juillet, signé, lui, par des ministres de plein exercice. « Je reste toutefois prudent », précise M. Boudon, les affaires courantes constituant une zone grise, dans la mesure où elles ne sont cadrées ni par la Constitution, ni par la loi.
    Laïcité, fleuves, gastronomie…
    Dans le détail, les candidats à la naturalisation seront soumis, au cours de ce nouvel examen, à 40 questions de connaissances ou de mises en situation, relevant de cinq thématiques :
    les principes et valeurs de la République (onze questions) ;
    les droits et devoirs (onze questions) ;
    l’histoire, la géographie et la culture (huit questions) ;
    le système institutionnel et politique (six questions) ;
    la vie dans la société française (quatre questions).
    Parmi les très nombreux sujets de connaissances qui seront vérifiés, listés dans l’arrêté du 10 octobre : connaître et comprendre l’article 1er de la Constitution, le sens du mot égalité dans la devise française, l’histoire et le principe de la laïcité, le principe d’Etat de droit, le rôle des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), identifier les préfectures de régions et de départements, connaître la durée des principaux mandats électifs, les principales étapes de la construction européenne, les principaux textes garants des droits fondamentaux, les fleuves, les principaux plats de la gastronomie, etc.
    « Quand on lit l’arrêté, on se demande quel Français n’ayant pas un bac + 5 serait capable de répondre aux questions, même s’il faut bien sûr attendre de voir les questions qui seront précisément posées », réagit Danièle Lochak, professeure émérite de droit public et membre du Gisti, Groupe d’informations et de soutien des immigrés. « Qui connaît, par exemple, la charte de l’environnement [citée dans l’arrêté] ? », s’interroge-t-elle.
    Certes, le système actuel est « très subjectif et inégal », estime la juriste, évoquant les questions de connaissances sur la France aujourd’hui posées à l’oral par l’agent de la préfecture durant l’entretien que passent les candidats à la naturalisation. L’entourage de M. Retailleau s’était déjà félicité d’avoir fait baisser de 28 % les naturalisations par décret entre octobre 2024 et août 2025, sous le seul effet d’instructions restrictives données aux préfets.
    « Mais le nouvel examen sera une machine à exclure, étant donné la quantité de connaissances exigées et le seuil de réussite fixé », estime Mme Lochak, qui se dit par ailleurs « très étonnée » de lire que les exigences pour les cartes de résident et les cartes de séjour pluriannuelles, demandées par des immigrés qui n’ont pas forcément vocation à devenir Français, « seront les mêmes que celles fixées pour la naturalisation ».
    De son côté, Jules Lepoutre est plus nuancé sur les effets de l’instauration de l’examen : « Je ne suis pas certain qu’il puisse substantiellement diminuer le nombre de personnes naturalisées, puisque des questions sur ces sujets étaient déjà au programme de l’entretien d’assimilation et que les candidats pourront repasser le QCM sans limite. »
    A ses yeux, d’autres mesures issues de la loi immigration de 2024 sont susceptibles d’avoir un effet plus important sur les statistiques des naturalisations, au premier rang desquelles une nouvelle exigence qui doit aussi entrer en vigueur en janvier 2026 : le relèvement du niveau de français exigé à l’oral comme à l’écrit de B1 à B2 pour la procédure de naturalisation. C’est-à-dire un niveau avancé. « Ce sera très difficile pour certains. Il faudra trouver du temps pour apprendre. C’est beaucoup plus que le niveau requis pour s’exprimer dans la vie quotidienne », souligne-t-il.
    « On ne devient pas Français en répondant à un QCM ! », lançait Manuel Valls, le 19 octobre 2012, à Toulouse. Alors ministre de l’intérieur du gouvernement Ayrault, il rompait, par cette petite phrase restée dans les esprits, avec la politique de durcissement des conditions d’accueil des étrangers menée par son prédécesseur, Claude Guéant, sous la houlette du président Sarkozy.
    M. Valls renoncera ainsi à soumettre les candidats à la nationalité française au questionnaire à choix multiples qu’avait instauré le gouvernement Fillon quelques mois auparavant, avant son départ, par décret. Pour vérifier leur niveau de connaissance de l’histoire, de la culture et de la société françaises, Manuel Valls expliquera, dans une circulaire d’octobre 2012, préférer que le sujet soit abordé « dans le cours naturel de la conversation », avec l’agent chargé de l’entretien d’assimilation – principe toujours appliqué aujourd’hui.
    Treize ans plus tard presque jour pour jour, par cet arrêté du 10 octobre 2025 permettant l’entrée en vigueur prochaine de l’« examen civique », la boucle est bouclée par un gouvernement démissionnaire auquel, ironie de l’histoire politique, participait M. Valls : les étrangers demandant la naturalisation devront bien, à partir de janvier 2026, répondre à un QCM.

    #Covid-19#migrant#migration#france#QCM#naturalisation#politiquemigratoire#integration#immigration

    • article 4 du dernier arrêté du 10 octobre du Taïeau de sa mère
      https://seenthis.net/messages/1140882

      L’épreuve est réalisée sur support numérique et sa durée ne peut excéder 45 minutes, sauf pour les candidats bénéficiant d’un aménagement spécifique.
      Conformément aux articles R. 433-5 et R. 413-15 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile et au 10° de l’article 37-1 du décret du 30 décembre 1993 susvisé dans sa rédaction issue de l’article 6 du décret n° 2025-648 du 15 juillet 2025, les personnes qui présentent un handicap ou un état de santé déficient chronique incompatible peuvent bénéficier d’aménagements d’épreuve.

  • « Une machine à exclure » : juste avant de partir, Retailleau rehausse la difficulté du QCM de naturalisation pour les étrangers - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/societe/immigration/une-machine-a-exclure-juste-avant-de-partir-retailleau-rehausse-la-difficul

    #Bruno_Retailleau a signé 2 jours avant son départ du ministère de l’Intérieur un arrêté énonçant les thématiques du QCM nécessaire pour obtenir la nationalité française ou un long #titre_de_séjour. Des questions plus dures, qui ont pour objectif de compliquer l’intégration des étrangers, dans le cadre de la loi sur l’immigration de 2024.

    L’« examen civique », qui sera mis en vigueur le 1er janvier 2026, comporte 40 questions, un point par bonne réponse, avec une durée maximum de 45 minutes. Pour passer le test, il faut avoir 80 % de bonnes réponses. L’objectif affiché : vérifier leur niveau de connaissance de l’histoire, de la culture et de la société française.

    Derrière ces objectifs se cache un niveau rehaussé et excluant. On retrouve cinq grandes thématiques dans l’examen : les principes et valeurs de la République, les droits et devoirs, l’histoire, la géographie et la culture, le système institutionnel et politique et la vie dans la société française.
    Parmi les sujets du QCM : l’histoire et le principe de la laïcité, le principe d’État de droit, le rôle des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), identifier les préfectures de régions et de départements, les principales étapes de la construction européenne, les fleuves, les principaux plats de la gastronomie, etc.

    L’admission exceptionnelle au séjour (AES) des étranger⋅es après la circulaire Retailleau
    https://www.gisti.org/spip.php?article7476

    Arrêté du 10 octobre 2025 relatif au programme, aux épreuves et aux modalités d’organisation de l’examen civique
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000052381620

    Remplir ses obligations fiscales est un acte solidaire qui permet de financer les services publics au bénéfice de tous ; le principe de solidarité exige aussi que chaque citoyen doive défendre la Nation en cas de danger ;

    je suis un mauvais français, déjà j’ai pas fait mon sévice militaire et en plus je suis déserteur.

  • BASTIONI DI ORIONE 09/10/2025 – UNO SGUARDO PREOCCUPATO ALLA SVOLTA NAZIONALISTA GIAPPONESE COME ANTIDOTO ALLA STAGNAZIONE ECONOMICA E UN’IMMERSIONE IN UNA NARRAZIONE ALTERNATIVA ALLA PROPAGANDA BELLICA PRO UCRAINA DELL’UNIONE EUROPEA
    https://radioblackout.org/podcast/bastioni-di-orione-09-10-2025-uno-sguardo-preoccupato-alla-svolta-naz

    Nella consueta indifferenza dell’informazione occidentale il partito al potere in #giappone dal dopoguerra a oggi si è adeguato al vento di destra imposto dal trumpismo, preparando il nazionalismo nipponico al suo ruolo al centro del fronte del Pacifico nel prossimo conflitto: la premier in pectore è #takaichi Sanae, creatura di Taro Aso, ipermilitarista conservatrice. Marco […]

    #ABENOMICS #eastchinasea #gcap #immigrationpolicy #ishiba #japan #komeito #ldp #nikkei #sanaetakaichi #Taiwan #taroaso
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/10/Banzai-IlSolLevanteInGuerra.mp3

  • « L’AME n’est pas une faveur, mais un dispositif qui protège l’ensemble de la société »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/07/l-ame-n-est-pas-une-faveur-mais-un-dispositif-qui-protege-l-ensemble-de-la-s

    « L’AME n’est pas une faveur, mais un dispositif qui protège l’ensemble de la société »
    Dans une tribune au « Monde », un collectif de plus de 3 500 soignants considère que les récents projets de décret visant à réformer l’aide médicale d’Etat semblent plus motivés par des considérations politiques que par de véritables enjeux de santé publique. S’ils aboutissaient, ils pourraient avoir des conséquences désastreuses.
    Début septembre, la presse a révélé deux projets de décret visant à réformer l’aide médicale d’Etat (AME), qui permet aux personnes étrangères en situation irrégulière d’accéder aux soins. Ces textes prévoient de durcir les conditions d’octroi du dispositif, en restreignant les pièces permettant de justifier de son identité, en intégrant les ressources du conjoint en séjour régulier dans le calcul d’éligibilité, mais aussi en réduisant encore le panier de soins.
    Ces annonces, dévoilées à la veille d’échéances politiques importantes, semblent davantage guidées par des calculs électoraux que par des considérations de santé publique. Bien que ces projets de décret aient été provisoirement suspendus avec la démission du gouvernement Baytou, la rencontre, le 23 septembre, entre le premier ministre d’alors, Sébastien Lecornu [qui a démissionné le 6 octobre], et les auteurs du rapport de décembre 2023 sur l’AME (Claude Evin et Patrick Stefanini) est un signal laissant craindre une volonté persistante de réforme de ce dispositif.
    Une fois encore, l’AME est instrumentalisée, au prix de la santé de personnes particulièrement vulnérables. Pourtant, toutes les évaluations réalisées montrent que les réformes du dispositif n’ont aucune efficacité prouvée sur le contrôle migratoire. Leurs conséquences négatives sur la santé des patients et sur le fonctionnement de notre système de soins, elles, sont bien connues.
    En tant que soignants, nous rappelons que l’accès aux soins est un droit humain fondamental, inscrit dans les engagements internationaux de la France et au cœur de notre éthique professionnelle. L’AME n’est pas une faveur, mais un dispositif de santé publique qui protège l’ensemble de la société. Empêcher une partie de la population de se soigner, c’est provoquer des complications médicales évitables et des coûts plus lourds pour les hôpitaux. Dans un système de santé déjà fragilisé, ces reports d’activité ne peuvent qu’aggraver la crise hospitalière.
    La restriction des pièces justificatives, avec l’exigence d’un document d’identité comprenant une photographie, ignore la réalité des situations vécues par les personnes concernées par l’AME. Nombre d’entre elles sont en situation précaire, ont perdu leurs papiers, se les sont fait voler ou confisquer, ou bien vivent dans des conditions où il est impossible de conserver des documents en sécurité. Refuser l’accès à l’AME sur cette base revient à priver de soins des personnes déjà en grande précarité. Cette mesure n’a aucun fondement médical, et s’oppose aux constats répétés de la Caisse nationale d’assurance-maladie, qui souligne le caractère extrêmement marginal de la fraude.
    La conjugalisation des ressources est tout aussi problématique. Le plafond de revenus pour bénéficier de l’AME est déjà très bas – 862 euros par mois pour une personne seule – ce qui exclu nombre de travailleurs sans papiers aux revenus modestes. Si les revenus du conjoint français ou étranger en séjour régulier sont désormais pris en compte, la situation deviendra encore plus restrictive. Dès lors que le revenu du foyer dépasse le plafond fixé pour un couple – 1 292 euros par mois –, la personne en situation irrégulière perdra tout droit à l’AME et devra assumer seule l’intégralité de ses frais de santé, ou renoncer aux soins.
    Ce mécanisme touchera particulièrement les femmes étrangères en grande précarité, souvent déjà fragilisées par des situations de dépendance ou de violence. Ces femmes se retrouveront sans droit ouvert à l’AME, ni accès à aucune autre protection. C’est une régression grave, tant pour leur santé que pour leur autonomie.
    Il convient de rappeler que l’AME ne couvre pas, ou très marginalement, certains postes de soins essentiels comme les lunettes, les prothèses auditives et les soins dentaires complexes. L’instauration d’accord préalable pour d’autres actes, tels que la kinésithérapie, les dispositifs optiques, auditifs ou dentaires, aurait en revanche des conséquences très concrètes : elle alourdirait inutilement les démarches administratives, compliquerait le travail des médecins et des agents de l’Assurance-maladie, et retarderait la prise en charge de patients atteints de pathologies graves.
    Des études comme celle de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé ont démontré que les bénéficiaires de l’AME ne consomment pas plus de soins que les autres patients. Par ailleurs, pour une même maladie, les hospitalisations sont plus longues et plus coûteuses lorsque les patients n’ont pas accès à l’AME. Depuis des mois, les soignants défendent ce dispositif.
    Le rapport de 2023 sur l’AME, aujourd’hui convoqué pour justifier ces décrets, a été largement contesté dès sa publication par les professionnels de santé, les sociétés savantes et les institutions spécialisées. Nos messages sont constants : affaiblir l’AME, c’est affaiblir la santé publique. Nos priorités restent l’accès aux soins, la simplification des démarches, le renforcement de l’hôpital et des dispositifs de proximité.
    Nous, soignants, appelons à retirer ce projet de décret, à conserver et à dépolitiser l’AME, à supprimer le plafond de revenu existant et les exigences de pièces administratives impossibles à fournir afin de garantir un accès effectif au droit à la santé pour tous en France.
    (collectif)

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#immigration#AME#politiquemigratoire#santepublique

  • Au Royaume-Uni, les « Pink Ladies » défilent contre la migration « de masse »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/10/05/au-royaume-uni-les-pink-ladies-defilent-contre-la-migration-de-masse_6644515

    Au Royaume-Uni, les « Pink Ladies » défilent contre la migration « de masse »
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    Le mouvement des « Pink Ladies » (« dames en rose ») compte parmi les manifestations les plus troublantes de la vague antimigrants au Royaume-Uni. Il est apparu à l’été 2025, en marge des rassemblements contre les hébergements d’urgence de demandeurs d’asile, à Epping, dans le nord-est de Londres, et à Canary Wharf, le quartier financier de l’est de la capitale britannique, après que des agressions contre des femmes et des jeunes filles ont été dénoncées à la police. Fin septembre, un ressortissant éthiopien a été condamné à un an de prison pour agressions sexuelles sur une jeune fille à Epping, en juillet.
    Les « Pink Ladies », vêtues de tee-shirts ou de bonnets rose fuchsia, disent lutter contre la violence faite aux femmes et aux enfants, un combat jusqu’à présent mené par la gauche au Royaume-Uni, mais elles visent d’abord les migrants « illégaux » et les demandeurs d’asile. Certaines sont sincèrement préoccupées par la sécurité de leur communauté, d’autres sont davantage politisées et réclament des « expulsions de masse », relayant les discours du parti Reform UK. Leur mouvement ne compte que quelques centaines de membres actifs, mais il dispose de puissants relais sur les réseaux sociaux et d’une attention soutenue de la chaîne de télévision GB News, le « Fox News » britannique.
    Mercredi 1er octobre, une centaine d’entre elles, enceintes, ont fait le déplacement devant Downing Street, avec des drapeaux de l’Union Jack rouge et rose et des mégaphones, pour réclamer « la sécurité » pour les femmes et les enfants, et la fin de la « migration illégale ». « Avec tous ces migrants illégaux qui arrivent tous les jours dans notre pays, j’ai peur pour mes enfants et petits-enfants », explique Eileen, 65 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille et assure n’être « ni raciste ni d’extrême droite ». Avant d’ajouter : « Mais nous n’avons jamais voulu de cette migration de masse, personne ne nous a demandé notre avis. »
    Elle était de la manifestation géante à l’appel du leader d’extrême droite Tommy Robinson, à Londres, le 13 septembre. Ex-hooligan, repris de justice et militant anti-islam, il relaie régulièrement les manifestations des « Pink Ladies » sur son compte X (1,7 million d’abonnés), alors que, jusqu’à présent, il s’est très peu préoccupé des violences faites aux femmes, sauf pour dénoncer les grooming gangs, des gangs souvent constitués de Britanniques d’origine pakistanaise, qui, pendant des décennies, ont séduit et abusé des centaines de jeunes filles vulnérables dans les quartiers défavorisés du centre et du nord de l’Angleterre.
    Malgré des reportages, notamment dans le Times, dès le début des années 2010, les autorités (police, conseils municipaux et travailleurs sociaux) ont longtemps fermé les yeux, par manque de considération pour la parole des victimes ou par peur d’être taxées de racisme. Ces graves négligences, dénoncées dans plusieurs rapports indépendants – le dernier, de la baronne Louise Casey, date de juin –, ont alimenté une forte défiance du public. Mercredi, la justice a condamné Mohammed Zahid, 65 ans, chef d’un grooming gang de Rochdale, au nord de Manchester, à trente-cinq ans de prison, pour des faits remontant au début des années 2000.
    « Depuis trente ans, nous avons ces gangs de violeurs, qui terrorisent les femmes dans des dizaines de villes et tout le monde a dissimulé les faits », regrette Eileen, qui estime que « seules des réformes radicales » pourront enrayer la « décrépitude » du pays et voudrait « des élections maintenant » pour donner sa chance à Nigel Farage, le chef de file de Reform UK. A côté d’elle, Lorraine Kavanagh, 70 ans, fondatrice du mouvement « Pink Ladies » à Canary Wharf, peste contre la cinquantaine de manifestants ayant répondu à l’appel de l’association Stand Up to Racism, qui les défie de l’autre côté du boulevard : « Ils disent qu’on est racistes ? Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je m’en moque ! »
    Susan Hall, cheffe de file des conservateurs à la mairie de Londres, s’est aussi déplacée, tout comme Orla Minihane, responsable de l’antenne locale de Reform UK à Epping, qui clame : « Nous faisons partie d’une longue lignée de femmes qui ont combattu pour leurs droits, comme les suffragettes. » Même Lucy Connolly fait une apparition en fin de manifestation : elle est devenue une égérie de l’extrême droite, après avoir été condamnée à trente et un mois de prison pour un tweet incitant à la haine contre les migrants posté après la tuerie de Southport, en juillet 2024, au cours de laquelle trois fillettes ont été tuées.
    « L’idée selon laquelle les femmes et les filles doivent être protégées des hommes de couleur est le plus vieux cliché raciste du monde et nous devons nous y opposer à tout prix », insiste, de l’autre côté de la rue, la députée du Labour Diane Abbott, 72 ans, première femme noire à être élue à la Chambre des communes, en 1987. Elle fait partie de ces voix féminines qui, à gauche, dénoncent la récupération de la lutte contre les violences faites aux femmes par l’extrême droite.En 2018, Nigel Farage expliquait encore qu’il ne savait « même pas ce que veut dire » être féministe et, en 2024, il qualifiait l’influenceur masculiniste Andrew Tate, poursuivi pour viol, de « voix importante pour les hommes ». Pourtant, jusqu’à présent, le gouvernement travailliste de Keir Starmer n’est pas monté au créneau pour contrer cette récupération.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#extremedroite#racisme#genre#immigration#sante

  • Portugal : le Parlement adopte une loi qui durcit les conditions d’entrée dans le pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/67261/portugal--le-parlement-adopte-une-loi-qui-durcit-les-conditions-dentre

    Portugal : le Parlement adopte une loi qui durcit les conditions d’entrée dans le pays
    Par La rédaction Publié le : 01/10/2025
    Le Parlement portugais a adopté mardi, avec les voix du camp gouvernemental et de l’extrême droite, une réforme de sa loi sur l’immigration qui durcit les conditions d’entrée dans le pays, notamment l’accès au regroupement familial.Une semaine après sa présentation par le gouvernement, la réforme de la loi sur l’immigration a été adoptée mardi 30 septembre par le Parlement portugais, avec les voix du camp gouvernemental et de l’extrême droite. Le texte est une version amendée de celui voté en juillet dernier, qui s’était heurté à un véto présidentiel en raison des objections soulevées par la Cour constitutionnelle concernant les dispositions sur le regroupement familial.
    Lors du débat précédant le vote, le porte-parole du gouvernement, Antonio Leitao Amaro, a défendu la réforme en affirmant que « le temps d’une immigration irresponsable est terminé », tout en soulignant la nécessité de « contrôler et réguler les flux pour pouvoir intégrer avec humanisme ».
    La nouvelle loi maintient un délai minimum de deux ans de résidence légale avant de pouvoir demander un regroupement familial, comme stipulait l’ancien texte. Toutefois, la dernière version de cette réforme prévoit des exceptions permettant de raccourcir ce délai, notamment pour les couples mariés, voire de le supprimer lorsqu’il s’agit d’enfants mineurs. La disposition réservant les visas de recherche d’emploi aux travailleurs hautement qualifiés est maintenue, ainsi que celle qui met fin à la possibilité pour les Brésiliens, le plus important contingent immigré, de régulariser leur situation après leur arrivée au Portugal avec un visa touristique.
    Le paquet de mesures voté en juillet prévoyait également la création d’une nouvelle unité au sein de la police nationale, chargée de lutter contre l’immigration illégale et d’organiser les expulsions. Cette disposition est entrée en vigueur. En revanche, un troisième volet de cette réforme portant sur les conditions d’accès à la nationalité portugaise reste toujours en discussion.
    « Ceci n’est pas la loi initiale que nous avions proposée, mais elle poursuit l’objectif de réguler l’immigration de façon humaniste », avait déclaré la semaine dernière en conférence de presse le ministre et porte-parole du gouvernement, Antonio Leitao Amaro, en estimant que cette réforme était « urgente, nécessaire et importante ». « Il faut des règles et un contrôle. C’est important pour le Portugal, pour les Portugais, mais aussi pour que les citoyens étrangers et les immigrants soient accueillis dignement ».
    Arrivé au pouvoir en avril 2024, le gouvernement minoritaire de droite de Luis Montenegro a décidé de durcir la politique migratoire. L’an dernier, l’exécutif avait déjà abrogé une disposition qui permettait à tous les immigrés de demander leur régularisation en prouvant qu’ils travaillaient depuis au moins un an et cotisaient à la sécurité sociale, même s’ils étaient entrés sur le territoire avec un visa touristique. Fin 2024, le nombre d’étrangers établis au Portugal a dépassé 1,5 million, soit environ 15% de la population totale et près de quatre fois plus qu’en 2017.
    Longtemps pays d’accueil, le Portugal bénéficiait d’une politique migratoire parmi les plus ouvertes d’Europe. Pendant de nombreuses années, les migrants pouvaient obtenir un statut légal en travaillant, en créant une entreprise ou en étant freelance, qu’ils soient entrés de manière régulière ou non dans le pays. La loi adoptée en 2018 par l’ancien gouvernement socialiste qui permettait aux immigrés de demander une régulation s’ils prouvent avoir travaillé depuis au moins un an en cotisant pour la sécurité sociale, a ainsi été abrogée en juin 2024.

    #Covid-19#migrant#migration#portugal#politiquemigratoire#immigration#economie#regularisation#regroupementfamilial

  • Groupe Bolloré : un empire qui alimente l’exil avant de le stigmatiser ?

    « En moins de deux décennies, Bolloré Africa Logistics a construit un quasi-monopole sur la logistique portuaire en Afrique de l’Ouest, renforcé par la gestion de réseaux ferroviaires tels que Camrail et Sitarail. »

    « Des ONG comme Sherpa et Les Amis de la Terre ont décrit en 2019 des journées de 12 heures pour moins de 2 euros, sans protection malgré l’usage de produits chimiques dangereux. »

    Pendant que ses filiales exploitent une main-d’œuvre sous-payée et suscitent des conflits sociaux, le groupe Bolloré consolide son pouvoir en France via Vivendi, Canal+, CNews et Havas.

    « CNews est devenue la première chaîne d’information en continu en France en 2022, en imposant un agenda sécuritaire et anti-immigration. »

    Les mêmes réseaux qui alimentent la misère et l’exil contribuent ensuite à stigmatiser les migrants en Europe.

    📎 https://lenouveauparadigme.fr/groupe-bollore-un-empire-qui-alimentait-lexil-avant-de-le-stigmat

    #Bolloré #Françafrique #Immigration #CNews #Corruption #Médias

  • Accord « un pour un » avec le Royaume-Uni : un 2e vol d’expulsion décolle vers la France - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/67037/accord-un-pour-un-avec-le-royaumeuni--un-2e-vol-dexpulsion-decolle-ver

    Accord « un pour un » avec le Royaume-Uni : un 2e vol d’expulsion décolle vers la France
    Par La rédaction Publié le : 19/09/2025
    Un ressortissant érythréen a été renvoyé vendredi vers la France depuis le Royaume-Uni. C’est le deuxième migrant à être expulsé. Il était arrivé sur le sol britannique illégalement en août en traversant la Manche. La Haute Cour de Londres a donné son accord à cette expulsion - que le migrant avait contesté devant la justice.
    Un deuxième avion transportant un migrant érythréen a décollé, vendredi 19 septembre, du Royaume-Uni à destination de la France dans le cadre de l’accord franco-britannique, a indiqué le ministère britannique de l’Intérieur. « Aujourd’hui, nous avons un deuxième avion qui décolle avec un migrant qui n’a pas le droit de rester ici et qui est renvoyé », a déclaré à ITV le ministre du Commerce Peter Kyle, qui s’exprimait au nom du gouvernement.
    La veille, la Haute Cour de Londres avait donné son feu vert à l’expulsion de ce ressortissant érythréen, après avoir temporairement bloqué mardi l’expulsion d’un autre migrant de la même nationalité. Il était arrivé au mois d’août sur une petite embarcation. « Il portait un sweat à capuche blanc et était assis [...] à l’arrière de l’avion. Le ministère de l’Intérieur [Home office] a confirmé qu’il était à bord du vol Air France, arrivé à l’aéroport Charles de Gaulle vers 7h30 », peut-on lire sur la BBC. « Il a été remis à trois policiers français par des responsables britanniques immédiatement après avoir quitté l’avion. Il a déclaré qu’il se sentait ’très mal’ d’être de retour en France et lorsqu’on lui a demandé ce qu’il comptait faire maintenant, il a répondu : ’Je ne sais pas’ avant d’être conduit dans une partie séparée de l’aéroport ».
    Ce projet pilote, qui repose sur le principe de « un pour un », prévoit le renvoi en France de migrants arrivés à bord de « small boats » au Royaume-Uni, en échange de l’envoi outre-Manche de migrants se trouvant en France et exprimant leur volonté de demander l’asile.
    Désormais, les migrants traversant clandestinement la Manche en petites embarcations pourront être placés en détention au Royaume-Uni et expulsés vers la France. Mais « les autorités françaises sont très frileuses et passent au crible les profils des personnes qu’on veut leur renvoyer », ont indiqué plusieurs sources à l’AFP.
    Dans l’autre sens, de premiers exilés autorisés à venir au Royaume-Uni arriveront « dans les prochains jours » depuis la France.
    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste de Keir Starmer, qui a abandonné le controversé plan Rwanda, agit sur divers fronts pour tenter de réduire l’immigration irrégulière. Il a signé plusieurs accords de coopération avec d’autres pays dont l’Allemagne et l’Irak, renforcé les moyens de la police aux frontières pour lutter contre les réseaux de passeurs. Quelque 35 000 migrants ont été expulsés, une hausse de 13 % sur un an, selon le Home Office. Plus de 30 000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises depuis début janvier, un chiffre record à ce stade de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#france#immigration#migrationirreguliere#politiquemigratoire#droit

  • Donald Trump inflige une pénalité de 100 000 dollars pour les visas H-1B prisés par la Silicon Valley
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/09/20/donald-trump-inflige-une-penalite-de-100-000-dollars-pour-les-visas-h-1b-pri

    Donald Trump inflige une pénalité de 100 000 dollars pour les visas H-1B prisés par la Silicon Valley
    Par Arnaud Leparmentier (San Francisco, correspondant)
    100 000 dollars (85 000 euros) le visa qualifié : c’est le tarif exorbitant fixé par Donald Trump pour l’obtention d’un visa de travail dit H-1B. Ces visas, antichambre pour la carte verte et l’immigration définitive aux Etats-Unis, sont utilisés, notamment, par les géants de la technologie pour recruter. Le salaire minimal exigé d’environ 60 000 dollars par an n’a pas été réévalué. De ce fait, ces visas attirent également les personnes qui, moyennement qualifiées, acceptent des salaires inférieurs aux 100 000 dollars, le plus souvent proposés par la tech.
    Dans son décret, Donald Trump accuse les entreprises informatiques d’avoir « manipulé de manière flagrante le système H-1B, portant gravement préjudice aux travailleurs américains » et estime que ce programme « a rendu encore plus difficile pour les diplômés universitaires de trouver un emploi dans le secteur informatique », les firmes américaines préférant recruter à l’étranger. Selon lui, les salariés débutant sous visa ont un salaire inférieur de 36 % par rapport aux travailleurs traditionnels à temps plein.
    Il accuse les entreprises d’embaucher des H-1B tout en procédant à de licenciements. « Cela garantira que les personnes recrutées par les entreprises sont réellement très qualifiées et qu’elles ne sont pas remplaçables par des travailleurs américains », a déclaré le secrétaire du cabinet de la Maison Blanche, Will Scharf. « Si vous voulez former quelqu’un, formez un jeune diplômé d’une des grandes universités de notre pays. Formez des Américains. Arrêtez de faire venir des gens qui nous volent nos emplois », a renchéri le secrétaire au commerce, Howard Lutnick. Ce dernier a même introduit une ambiguïté encore plus détonante, expliquant que les 100 000 dollars étaient à payer chaque année, mais cette disposition ne figure pas dans le décret présidentiel.
    Créés en 1990, ces visas, d’une durée de trois ans renouvelable et limités à 85 000 par an, ont été victimes de leur succès. Résultat, une loterie a été créée – frais de participation de 215 dollars – mais a été en partie détournée par les candidats inscrits plusieurs fois en présentant plusieurs offres d’emploi. Les gagnants sont sponsorisés par les entreprises, qui doivent avancer quelque 5 000 dollars, sans compter les frais d’avocat, qui doublent ou quadruplent le coût de la procédure. Selon la National Foundation of American Policy, environ 700 000 personnes titulaires d’un tel visa vivent actuellement aux Etats-Unis.
    L’Inde a reçu, l’an dernier, plus de 70 % de visas H-1B suivie de loin par la Chine (12 %). Au premier semestre 2025, Amazon était la première entreprise bénéficiaire, avec 10 000 visas H-1B approuvés, suivie par Microsoft, Meta et l’indien Tata avec chacune plus de 5 000 approbations. Viennent ensuite Google et Apple avec environ 4 200 visas. En termes cumulés, les géants de l’informatique (Tata, Cognizant, Infosys, Wypro, Accenture, Microsoft, Deloitte), ont reçu de 50 000 à 100 000 visas depuis 2009. Vendredi 19 septembre, les actions Cognizant et Infosys ont baissé sensiblement en Bourse. Pas de crainte pour les possesseurs de ce visa, qui a l’avantage de ne pas être révoqué au changement d’employeur. Les bénéficiaires sont à 70 % des hommes, avec un âge médian de 33 ans.
    Les patrons de la tech, qui ont prêté allégeance à Donald Trump pour son second mandat, sont particulièrement silencieux. Le capital-risqueur, associé de Menlo Ventures, Deedy Das, s’afflige sur X : « Nouvelle catastrophique sur l’immigration. » « Cela décourage l’attraction des talents les plus brillants du monde vers les Etats-Unis », déplore-t-il, notant qu’ils ne pourront plus amortir le coût élevé de leurs études. « Si les Etats-Unis cessent d’attirer les meilleurs talents, sa capacité à innover et à développer son économie s’en trouvera fortement réduite. »
    A l’ère Trump, tout est à l’arbitraire de l’exécutif. Ainsi, le décret précise que les 100 000 dollars ne sont pas dus « si le secrétaire à la sécurité intérieure détermine, à sa discrétion, que l’embauche de ces étrangers pour être employés comme travailleurs spécialisés H-1B est dans l’intérêt national et ne constitue pas une menace pour la sécurité ou le bien-être des Etats-Unis ». La portée de ce paragraphe n’est pas claire.
    Selon The Wall Street Journal, la légalité du décret de Donald Trump n’est pas certaine : ces frais doivent être décidés par le Congrès ou faire l’objet de consultations préalables avec le public. Aaron Reichlin-Melnick, directeur à l’American Immigration Council ajoute que « le Congrès a seulement autorisé le gouvernement à fixer des frais pour couvrir les coûts de l’examen d’une demande ».
    Toujours vendredi 19 septembre, Donald Trump a créé des visas ouverts à ceux qui souhaitent faire un don de 1 million de dollars au département du commerce. Si une entreprise sponsorise un particulier, il lui en coûtera 2 millions de dollars. Le plus grand défenseur des visas H-1B était Elon Musk, natif d’Afrique du Sud : « La raison pour laquelle je suis aux Etats-Unis avec tant de personnes décisives qui ont construit SpaceX, Tesla et des centaines d’autres entreprises qui ont fait la force de l’Amérique, c’est à cause du H-1B », twittait-il en décembre 2024. Brouillé avec Donald Trump, l’homme le plus riche du monde n’a plus guère de poids.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#immigration#visas#H-1B#migrationqualifiee#inde#chine#economie

  • Immigration : les vérités qui fâchent les fachos (1/4)
    Nouveau dossier LNP – Politique & Société

    Non, l’immigration n’est pas un « problème moderne ». Elle est la conséquence directe de plusieurs siècles d’esclavage, de colonisation et d’impérialisme économique.

    Dans ce premier volet, on revient sur les racines historiques du « grand déplacement », loin des fantasmes du « grand remplacement ».

    À lire ici :
    https://lenouveauparadigme.fr/immigration-les-verites-qui-fachent-les-fachos-1-4

    📝 Une série en quatre parties, à suivre dans les prochaines semaines :
    → néolibéralisme et migrations
    → multinationales et extraction des richesses
    → avenir de l’Europe face aux exodes

    #immigration #histoire #colonialisme #capitalisme #LNP #xénophobie #réfugiés #société #France #Europe

  • Accord « un pour un » : la justice britannique bloque le renvoi d’un migrant vers la France - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/66990/accord-un-pour-un--la-justice-britannique-bloque-le-renvoi-dun-migrant

    Accord « un pour un » : la justice britannique bloque le renvoi d’un migrant vers la France
    Par La rédaction Publié le : 17/09/2025
    La Haute Cour de Londres a bloqué l’expulsion d’un premier migrant, un Érythréen, qui devait être renvoyé par avion mercredi en France. L’accord conclu avec Paris, entré en vigueur début août, prévoit le retour en France de migrants arrivés à bord de petites embarcations au Royaume-Uni, en échange de l’envoi outre-Manche de migrants se trouvant en France.
    La Haute Cour de Londres a temporairement bloqué mardi 16 septembre le renvoi en France d’un migrant, le premier à contester en justice son expulsion dans le cadre de l’accord récemment conclu entre les deux pays. Cet accord franco-britannique n’a pour l’instant débouché sur aucun renvoi de migrant. Le ressortissant érythréen de 25 ans, dont l’identité n’a pas été communiquée, devait être renvoyé en France par avion mercredi matin. « Le demandeur ne sera pas expulsé à 09h00, mais cette affaire sera renvoyée devant ce tribunal dès que cela sera raisonnablement possible », une fois que les autorités compétentes auront réévalué s’il s’agit ou non d’un dossier de traite d’êtres humains, a déclaré le juge.
    L’accord franco-britannique, conclu le 10 juillet, et entré en vigueur début août, repose sur le principe de « un pour un » : il prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni par « small boat », en échange de quoi Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté de demander l’asile.
    Concrètement, le texte, consulté par InfoMigrants, prévoit que les ressortissants étrangers en France pourront déposer une demande pour le Royaume-Uni à condition d’être originaire d’un pays étranger à l’espace économique européen, être âgé de plus de 18 ans et avoir des documents d’identité récents. Les demandeurs ne doivent pas non plus avoir obtenu la protection internationale auprès d’un autre pays ou une autorisation de séjour en France.
    Depuis début août, le Royaume-Uni a commencé à placer en détention des migrants dans le cadre de cet accord très critiqué par les ONG. Selon le journal The Guardian, 92 personnes sont ainsi détenues en attendant leur renvoi en France. Un porte-parole de Downing Street avait réaffirmé mardi que les premiers retours au titre de cet accord, destiné à dissuader les traversées de la Manche, devaient avoir lieu « de façon imminente ». L’avocate du ressortissant érythréen, Sonali Naik, avait plaidé qu’il existait un « risque réel » que cet homme, arrivé au Royaume-Uni en août 2025, se retrouve dans la « misère » une fois renvoyé en France. Elle avait également affirmé que le dossier de son client, qualifié de « vulnérable », comportait « une plainte pour trafic d’êtres humains ». L’avocate du Home office, Kate Grange, avait, elle, estimé dans ses conclusions écrites que cet homme pourrait demander l’asile en France, sachant que « deux associations avait indiqué qu’elles lui fourniraient un hébergement » s’il entamait cette procédure. Elle a souligné que l’accord migratoire devait répondre à une « grave préoccupation sociale et politique », et rappelé que 78 personnes ont perdu la vie en 2024 lors de ces traversées.
    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le Premier ministre travailliste Keir Starmer a fait, comme ses prédécesseurs, de la lutte contre l’immigration sa priorité. Mais malgré une kyrielle de mesures ces derniers mois, les traversées de la Manche ne diminuent pas. Plus de 31 000 personnes sont arrivées sur les côtes britanniques depuis début janvier, un chiffre record à ce stade de l’année, selon un bilan de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels. Le chef du gouvernement britannique est également sous la pression du parti d’extrême droite Reform UK, mouvement ouvertement anti-immigration, qui caracole en tête des sondages. Depuis le mois de juillet, des manifestations anti-migrants ont régulièrement lieu au Royaume-Uni aux abords des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, pour exiger leur départ du pays.
    Samedi 13 septembre, entre 110 000 et 150 000 personnes se sont rassemblées à Londres, à l’appel du militant d’extrême droite britannique Tommy Robinson. Lors de cette manifestation, les revendications étaient hétéroclites, mais portaient prioritairement sur l’immigration. Parmi les milliers de drapeaux britanniques et anglais qui ont inondé le centre de la capitale, des dizaines de pancartes réclamaient « la fin des small boats ». Les derniers décès portent à 21 le nombre de personnes migrantes mortes en mer en tentant de rejoindre le Royaume-Uni depuis le début de l’année, selon un décompte réalisé par InfoMigrants. Les traversées de la Manche restent particulièrement périlleuses en raison de la surcharge des embarcations, de l’absence fréquente de gilet de sauvetage, des pannes de moteur ou encore des mauvaises conditions de navigation dues à la météo.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#france#routemigratoire#politiquemigratoire#accordmigratoire#droit#immigration

  • Le Japon confronté à une vague montante de sentiment xénophobe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/09/17/le-japon-confronte-a-une-vague-montante-de-sentiment-xenophobe_6641532_3210.

    Le Japon confronté à une vague montante de sentiment xénophobe
    Rétif à l’immigration, l’Archipel voit la population d’étrangers augmenter rapidement. La tendance nourrit un sentiment d’insécurité abondamment véhiculé sur les réseaux sociaux et repris par des élus qui profitent du moindre fait divers pour attiser la peur et le rejet de l’autre.
    Par Philippe Mesmer (Kawaguchi, envoyé spécial)
    Drapé dans un drapeau japonais, regard intense et verbe haut, Yusuke Kawai sait théâtraliser ses prises de parole. « Je me bats pour que les femmes puissent de nouveau marcher seules en ville le soir », assène le quadragénaire né à Kyoto, diplômé de sciences humaines et d’économie, mais aussi ancien comédien.
    Debout sur son petit camion électoral orné du slogan « Nihonjin First » (« les Japonais en premier »), le président du petit parti d’extrême droite Yamato débite son discours sécuritaire et anti-immigrés. Sous le regard de nombreux policiers, 200 personnes, surtout des jeunes et des femmes, ont bravé la moiteur de ce soir de septembre pour l’écouter devant la gare de Warabi, à Kawaguchi.
    La ville, située au nord de Tokyo, catalyse les discours hostiles aux étrangers, de plus en plus virulents dans un Japon historiquement rétif à l’immigration, attaché à sa sécurité et à la préservation de sa culture, inquiet au point d’avoir porté au Parlement des partis ouvertement xénophobes et incité le gouvernement à durcir le contrôle de l’immigration.
    Aux côtés de M. Kawai, Chikako Fujiwara, élue de Chiba (à l’est de Tokyo), s’en prend à la quinzaine de militants antiracistes présents pour montrer leur hostilité au rassemblement. « Ici, c’est le Japon. En soutenant les immigrés, vous faites de la discrimination des Japonais », lance-t-elle à une jeune femme qui l’appelle à « arrêter de prétendre que [son] racisme est du patriotisme ». Puis elle s’attaque aux étrangers qui « abusent [de l’équivalent] du RMI, réservé aux Japonais les plus pauvres, avant de faire venir leur famille ».
    Les Kurdes particulièrement ciblés
    A Kawaguchi, ville de tradition métallurgique de 600 000 habitants, la population baisse, comme partout dans l’Archipel. Le nombre d’étrangers atteint 7,32 % du total, contre à peine 3 % à l’échelle nationale, sur une population de 125,8 millions d’habitants. Chinois, Coréens, Vietnamiens, Népalais ou encore Kurdes de Turquie y font leur vie, profitant de loyers modérés et de la proximité de Tokyo, à seulement une demi-heure en train.
    Depuis 2023, un ressentiment cible en particulier les quelque 2 000 Kurdes vivant à Kawaguchi, la plupart travaillant dans le recyclage des matériaux. A l’origine du mécontentement, une émeute que plusieurs d’entre eux ont provoquée en 2023 devant l’hôpital de la ville pour une histoire d’adultère réglée au couteau, ou encore des agressions sexuelles de collégiennes. Autant d’événements qui ont poussé la ville à adopter une « résolution demandant un renforcement de la répression des crimes commis par certains étrangers », largement reprise par la presse nationale, à commencer par le très droitier quotidien Sankei.
    Les attaques contre la communauté ont atteint un tel niveau qu’une plainte a été déposée en février contre les organisateurs d’un rassemblement antikurde, en décembre 2024, à Kawaguchi, où des propos discriminatoires ont été formulés. Vakkas Cikan, président de l’Association culturelle kurde du Japon, a appelé au calme et à « une société dans laquelle les minorités peuvent vivre sans avoir peur ».
    Les médias brodent aussi abondamment sur les crimes des étrangers, comme l’attaque au couteau, le 12 septembre, par un Ethiopien dans un konbini, une supérette de proximité. Les réseaux sociaux bruissent quant à eux des violences commises en Europe ou aux Etats-Unis par des personnes issues des minorités, ainsi que des discours populistes du mouvement MAGA (Make America Great Again) de Donald Trump. La mémoire du militant Charlie Kirk, qui s’était rendu plusieurs fois au Japon et a été assassiné le 10 septembre, a ainsi été saluée par l’extrême droite.
    Le retentissement national des incidents de Kawaguchi a exacerbé l’hostilité à l’égard des étrangers, auparavant surtout tournée contre les Coréens et les Chinois. Elle se nourrit aussi de la hausse rapide du nombre d’immigrés – 3,7 millions en 2024, contre 2,2 millions en 2014. On assiste à une multiplication des visas à vocation professionnelle : recherchés par des entreprises en manque de main-d’œuvre, les immigrés irriguent la restauration, la distribution, la santé, la construction et l’industrie. Si le flux se poursuit au rythme actuel, la population étrangère du Japon dépassera 10 % du total au plus tard en 2067, selon l’Institut sur la population et la sécurité sociale.
    Les chiffres de la police n’indiquent aucune explosion de crimes et délits commis par les étrangers mais, note Shunsuke Tanabe, sociologue à l’université Waseda, à Tokyo, « comme ces derniers sont en plus grand nombre dans leur voisinage, les Japonais pensent que la sécurité se détériore ». La révision de la loi sur l’immigration en 2023, entre autres pour lutter contre les demandes d’asile répétées soupçonnées de masquer des séjours illégaux, a dopé la montée du sentiment discriminatoire, ajoute Megumi Fukushima, élue sans étiquette de Tsurugashima, près de Kawaguchi : « La formule “immigrés clandestins” a été martelée dans les médias et sur les réseaux sociaux, créant un lien avec le discours selon lequel “les clandestins perturbent l’ordre public au Japon”. » Avec des conséquences sur le plan électoral. Au scrutin sénatorial de juillet, le très xénophobe parti Sanseito a décroché 15 sièges, contre un dans l’Assemblée sortante. Le leader, Sohei Kamiya, déplorait l’« invasion silencieuse d’étrangers ».
    A cela s’ajoutent l’explosion du tourisme et le mécontentement qui en découle : 21,5 millions d’étrangers ont visité l’Archipel entre janvier et juin, soit 7,6 % de plus qu’à la même période en 2024. Un record historique qui se traduit par la hausse des prix de la restauration et de l’hôtellerie dans un pays durement touché par l’inflation, et qui alimente la colère contre les meiwaku gaijin, les « étrangers dérangeants », dont les comportements sont jugés irrespectueux par les Japonais. Les Chinois, de leur côté, se voient reprocher de faire monter les loyers et les prix de l’immobilier par leurs achats massifs de logements, souvent utilisés comme locations touristiques.
    Le discours hostile à l’égard des étrangers s’entend partout. Début septembre, la militante d’extrême droite Masako Ganaha déplorait, à Tokyo, un « remplacement des vrais Japonais » avec l’« appui de l’ONU ». La peur de l’islam a provoqué des manifestations dans la capitale contre un projet de formation de jeunes Egyptiens par la ville. Sanjo, cité sélectionnée par l’Agence japonaise de coopération internationale pour des projets avec le Ghana, a annulé, le 9 septembre, la venue d’une délégation de ce pays. La mairie a reçu plus de 7 000 plaintes d’habitants inquiets d’une « déferlante migratoire ».Cette montée de l’inquiétude dans l’Archipel a convaincu le gouvernement de rappeler son refus de faire du Japon un « pays d’immigration » – le gouvernement pousse à l’emploi des femmes et des personnes âgées, mais cela reste un objectif difficile tant la démographie est en berne – et son engagement à lutter contre l’immigration illégale. Il a créé en juillet une agence chargée d’élaborer une « société de coexistence ordonnée et harmonieuse avec les étrangers ». Le contrôle des achats des biens immobiliers et de l’accès aux aides sociales a été renforcé. « Il faut éviter les tensions et les troubles observés dans certains pays d’Europe. L’enjeu est d’ajuster le rythme auquel nous acceptons les étrangers », a souligné le ministre de la justice, Keisuke Suzuki.
    De quoi rappeler, comme le fait Kikuko Nagayoshi, de l’Institut des sciences sociales de Tokyo, que « les Japonais considèrent les étrangers comme des “invités” de passage, rien de plus. Si les choses se passent mal, la situation peut aboutir à des propos comme “les étrangers devraient être exclus des prestations sociales”, voire “ils doivent quitter le pays” », explique la spécialiste de l’immigration.

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    Les premiers renvois de migrants du Royaume-Uni vers la France devraient avoir lieu cette semaine
    Par La rédaction Publié le : 15/09/2025
    Les premiers renvois de migrants entre la France et le Royaume-Uni, dans le cadre de l’accord migratoire conclu en juillet sur le principe du « un pour un », auront lieu à compter de cette semaine, a appris l’AFP auprès des autorités françaises. Les exilés devront accepter un « retour volontaire » ou se verront notifier d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ce ne serait plus qu’une question de jours : en vertu d’un accord entre Paris et Londres, les premiers renvois de migrants du Royaume-Uni vers la France par avion auront lieu « en début de semaine », a appris l’AFP auprès des autorités françaises. Seul l’aéroport parisien de Roissy sera concerné.
    Dans l’autre sens, les premiers départs depuis la France auront lieu à compter de « samedi prochain », le 20 septembre, a indiqué à l’AFP le ministère français de l’Intérieur. Au Royaume-Uni, le Home Office a, lui aussi, affirmé à l’AFP qu’il s’attendait à ce que « les premiers retours aient lieu de façon imminente ». « Protéger les frontières britanniques est notre priorité », a-t-on ajouté de même source.
    Selon le ministère français de l’Intérieur, « cela ne concernera pour le moment que quelques individus ». « On pourra interrompre l’accord si on ne s’y retrouve pas », a précisé la même source, en insistant sur « le côté encore très expérimental de cet accord ».
    À leur arrivée en France, les migrants seront placés dans un centre d’hébergement « où ils seront incités à accepter l’aide au retour volontaire » proposée par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), a indiqué à l’AFP Didier Leschi, le directeur général de l’organisme. Ceux qui refusent cette aide et ne relèvent pas de l’asile pourront faire l’objet d’une OQTF (obligation de quitter le territoire).
    L’accord franco-britannique, conclu le 10 juillet, repose sur le principe de « un pour un » : il prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni par « small boat », en échange de quoi Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté de demander l’asile. Selon le texte, consulté par InfoMigrants, les ressortissants étrangers en France pourront déposer une demande pour le Royaume-Uni à condition d’être originaire d’un pays étranger à l’espace économique européen, être âgé de plus de 18 ans et avoir des documents d’identité récents. Les demandeurs ne doivent pas non plus avoir obtenu la protection internationale auprès d’un autre pays ou une autorisation de séjour en France. Si le dossier est accepté, le candidat se verra accorder une autorisation d’entrée au Royaume-Uni « pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois », peut-on lire dans le document.
    Au moment de sa signature, ce partenariat avait été largement dénoncé par les ONG. Médecins sans frontières (MSF) avait jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde », mais « aussi extrêmement dangereux ». Les associations venant en aide aux exilés sur le littoral avaient, elles aussi, condamné le texte. « La France et le Royaume-Uni ont annoncé un accord pour ’échanger des migrants’. Nous appelons ça de la traite d’êtres humains », avait dénoncé Utopia 56.
    Les acteurs locaux s’étaient également exprimés de manière virulente contre le projet pilote. « Je pense que cet accord va aggraver la situation », avait estimé sur BFMTV Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France. « Tel qu’il est présenté, cet accord est mauvais pour la France et bon pour les Anglais. Eux auront l’immigration choisie et nous l’immigration subie, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».
    L’objectif de cet accord pilote « est d’exercer un effet dissuasif sur les traversées, d’une part en ouvrant une voie d’admission légale pour des personnes souhaitant rejoindre le Royaume-Uni, d’autre part en prévoyant la réadmission en France de ceux qui réussissent la traversée », affirme un décret paru le 11 août, qui précise que les deux procédures « sont vouées à s’équilibrer à échéance régulière ».
    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le Premier ministre travailliste Keir Starmer a fait, comme ses prédécesseurs, de la lutte contre l’immigration sa priorité. Mais malgré une kyrielle de mesures ces derniers mois, les traversées de la Manche atteignent des records. Depuis janvier, plus de 30 000 migrants ont atteint les côtes anglaises, un chiffre jamais enregistré à cette période de l’année. Le chef du gouvernement britannique est également sous pression du parti d’extrême droite Reform UK, mouvement ouvertement anti-immigration, qui caracole en tête des sondages. Depuis le mois de juillet, des manifestations anti-migrants ont lieu régulièrement au Royaume-Uni aux abords des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, exigeant leur départ du pays.
    Et samedi 13 septembre, entre 110 000 et 150 000 personnes se sont rassemblées à Londres, à l’appel du militant d’extrême droite britannique Tommy Robinson. Lors de cette manifestation, les revendications étaient hétéroclites, mais portaient prioritairement sur l’immigration. Entre les milliers de drapeaux britanniques et anglais qui ont inondé le centre de la capitale, des dizaines de pancartes réclamaient « la fin des small boats »
    "C’est probablement la plus grande manifestation d’extrême droite jamais organisée au Royaume-Uni", a déploré Joe Mulhall, de l’association Hope not Hate, qui lutte contre la diffusion des idées d’extrême droite, lors d’une interview à la BBC.

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