• [Nantes] Rassemblement mensuel contre le projet de #CRA.
    https://nantes.indymedia.org/events/144290/nantes-rassemblement-mensuel-contre-le-projet-de-cra-5

    Le prochain rassemblement mensuel contre le projet de CRA se tiendra samedi 03 mai à 14h au Miroir d’Eau.        Comme dans de nombreuses autres villes en France, il y a un projet de construction d’un CRA à Nantes. Les CRA sont des lieux…

    #Immigration/sans-papierEs/frontieres #Prisons_/_Centres_de_rétention #Miroir_d'eau_Nantes

  • Après l’avoir quittée, ces migrants qui retournent en Espagne en espérant y obtenir l’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64026/apres-lavoir-quittee-ces-migrants-qui-retournent-en-espagne-en-esperan

    Après l’avoir quittée, ces migrants qui retournent en Espagne en espérant y obtenir l’asile
    Par Romain Philips Publié le : 16/04/2025
    Alors que la politique migratoire de nombreux pays européens ne cesse de se durcir, l’Espagne a opté pour une politique plus ouverte. Un discours qui incite de plus en plus de migrants à retourner dans ce pays du sud - qu’ils avaient quitté après leur arrivée aux Canaries. Pour autant, y obtenir l’asile ou un titre de séjour reste, pour la plupart, long et difficile.
    Quand il le peut, Alpha se rend devant la mairie d’Irùn, au Pays basque espagnol, pour épauler les bénévoles de l’association Irungo Harrera Sarea qui tiennent là un stand d’informations pour les migrants en transit. L’occasion de saluer ceux qui, il y a plus d’un an, l’ont conseillé alors qu’il était sur la route vers Paris.
    Arrivé le 8 octobre 2023 aux Canaries après une traversée d’une semaine dans une pirogue, le jeune homme de 22 ans est passé par Malaga, dans le sud de l’Espagne, avant de remonter jusqu’à Irùn, direction la France. (...) C’est à Hendaye, en France, qu’il croise la route d’un bénévole qui l’accompagne jusqu’à Pausa, le centre d’accueil de la ville de Bayonne et lui parle de la politique d’intégration de l’Espagne. Ainsi, après quelques jours, le Guinéen décide de rebrousser chemin et de tenter sa chance en Espagne car il a peur de vivre à la rue, lui qui est malade de la thyroïde.
    Après avoir été hébergé ici et là par des bénévoles, il finit par rentrer dans le programme du centre espagnol pour les réfugiés (CEAR) suit une formation de cuisinier dispensée par une association espagnole avant d’obtenir son permis de résidence en mars 2025. (...)
    Comme lui, sur les milliers de migrants qui quittent l’Espagne en direction d’autres pays européens après leur arrivée aux Canaries, "de plus en plus décident de revenir", explique Oihana, bénévole basque, qui évoque un "phénomène nouveau". "On a fait part de la situation au gouvernement provincial pour que ça remonte au niveau national", ajoute-t-elle.
    Car cette situation "crée des problèmes de logement", commente Alpha. Exceptionnellement, les migrants qui demandent l’asile peuvent rester 10 jours au refuge de la Croix-Rouge, contrairement aux trois accordés aux migrants en transit. Mais pour autant, ces dernières semaines, un groupe de huit demandeurs d’asile maliens a été découvert dans la rue à quelques dizaines de mètres de la Croix-Rouge. Car malgré les messages d’ouverture des autorités et les réformes engagées, la procédure reste longue.(...)
    "Les difficultés d’accès à la procédure, c’est le tout premier problème que rencontrent les demandeurs d’asile en arrivant ici, confirmait à InfoMigrants Mauricio Valiente, directeur de la CEAR, une ONG basée à Madrid. L’administration, bureaux d’asile comme la police, est saturée. Résultats, les exilés sont ballotés de bureaux en bureaux, de régions en régions. Certains mettent parfois un an avant de déposer seulement leur dossier".
    Depuis le début de l’année 2025, le pays a déjà reçu plus de 26 400 demandes d’asile, en majorité de ressortissants vénézuéliens, colombiens et maliens. En 2024, le bureau de l’asile a enregistré au total 167 366 demandes contre 163 000 en 2023, années record.
    Et avec 12% de taux de protection internationale en 2023, l’Espagne est dernière du classement européen. En 2024, le chiffre a légèrement augmenté à 18,5% mais reste bien loin de la moyenne européenne (42%), d’après un rapport de la CEAR. Toutefois, pour les migrants originaires de certains pays comme le Mali, le Soudan ou encore la Somalie, les taux d’acceptation dépassent les 90%.
    Et les déboutés du droit d’asile peuvent saisir une dernière chance : obtenir un titre de séjour connu sous le nom d’"arraigos", réservé aux les personnes pouvant justifier d’au moins deux ans de présence dans le pays. Une manière de "renforcer l’immigration de travail", pour "faire diminuer les demandes d’asile”, selon Mauricio Valiente. Au 31 décembre 2023, 210 334 personnes disposaient d’un titre de séjour de ce type, soit 85 000 de plus qu’en 2022.
    “Cette nouvelle politique attire des migrants”, soutien Alpha, régulièrement en contact avec les nouveaux arrivants à Irùn. "Mais pour autant, ca reste dur. Même après une longue procédure d’asile, le compteur est remis à zéro et les migrants doivent donc attendre deux ans en situation irrégulière avant de prétendre à l’arraigo", explique Iniaki, un bénévole basque. Devant la mairie d’Irùn où il a accueilli Alpha lors de son retour en Espagne, il explique d’ailleurs aux migrants fraichement arrivés "qu’il ne faut pas croire que ce sera facile ici". "Même si le climat actuel est moins rude qu’en France pour les migrants actuellement, l’Espagne, c’est dur. L’Europe est dure", explique-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#politiquemigratoire#immigration#migrationirreguliere#economie#retour#sante

  • Ah tiens, Lundi matin s’intéresse au Repli un docu de Joseph Paris sorti fin octobre 2024 :

    https://lundi.am/Dechirer-les-images-du-pouvoir

    J’avais vu ce film en salle et l’avais trouvé un peu décevant. La thématique du repli identitaire n’est, au fond, pas réellement traitée. Il s’agit de suivre Yasser Louati qui n’est jamais vraiment présenté. Le film est, quelque part, plus un document de lutte contre l’islamophobie.

    Le passage le plus intéressant et qui m’avait amené à aller voir ce film concerne la grève des OS de 1983. En vrai, cet événement à lui seul mériterait un documentaire.

    En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail, je m’étais demandé depuis quand un pouvoir « de gauche » avait dû affronter des grèves d’ampleur. J’avais cherché. Je pensais que les années qui suivaient 1981 avaient été calmes sur ce plan. Or, en réalité, il y a un gros pic autour de 1983.

    Ce sont les grèves « pour la dignité » des OS de l’automobile. Un numéro d’Hommes et migrations évoquait l’année 1983 côté médias et des chercheurs ont travaillé sur ce mouvement. Les archives des JT et un autre film intitulé Haya témoignent de ce moment.

    À l’époque, le gouvernement socialiste discrédite les grévistes en insinuant qu’ils sont manipulés par des religieux. Il remplace l’ancienne lecture de classes par une interprétation basée sur l’identité religieuse supposée des grévistes. Les OS musulmans pratiquants demandent, en effet, à pouvoir bénéficier de salles de prières plutôt que de devoir prier sur les chaînes de montage.

    Mais ce n’est pas le centre des revendications. Les conditions de travail sont désastreuses pour ces ouvriers (cadences, risques, salaires, petits chefs etc.) Les libertés syndicales ne sont pas respectées chez Peugeot et Talbot : syndicats jaunes d’extrême droite. Les OS espèrent simplement que la gauche apportera un changement aussi pour eux. Ils ne seront pas entendus.

    La même année, ce sont les municipales
    partielles de Dreux (Stirbois, FN). Le droit de vote pour les étrangers aux élections locales, de nombreuses fois programmé y compris pour la victoire de la gauche en 1981, n’a jamais été mis en place.

    https://journals.openedition.org/hommesmigrations/3546

    https://shs.cairn.info/revue-geneses-2015-1-page-110?lang=fr

    https://militotheque.org/wiki/Haya_(documentaire)

    #histoire_sociale_contemporaine
    #grève
    #industrie_automobile
    #classe_ouvrière
    #immigration
    #islamophobie

    • Un regard rétrospectif en parallèle
      La Marche pour l’égalité et contre le racisme « n’est pas assez entrée dans l’histoire », Mogniss H. Abdallah, 2014
      https://vacarme.org/article2609.html

      ... politique consistant à scinder la prise de parole des jeunes (français) de celle de leurs pères et mères (toujours perçus comme étrangers) ; à opposer la parole, entendue sinon admise, des jeunes « issus » de l’immigration, à celle des luttes de l’immigration (contre la double peine, pour les régularisations, etc.). Ce qui s’est joué à Talbot, Poissy, en 1982-84, s’est perpétué depuis : il est des luttes que l’on construit comme légitimes, et celles considérées illégitimes. La célébration œcuménique de la Marche a aussi pour effet, sinon pour fonction, de condamner les luttes de l’immigration, et d’encourager le clivage générationnel.

      edit c’est le 1er ministre Pierre Mauroy, social-démocrate bon teint, qui - 10 ans après la grève générale lancé par Mouvement des Travailleurs Arabes en 1972 - a initié ce type de disqualification des ouvriers grévistes arabes.

      Par ailleurs les années 80 sont marquées par la restructuration de diverses branches industrielles entamée dans les années 70 (mines, construction navale, sidérurgie), qui se poursuivent dans le secteur automobile. La grève chez Talbot est l’une de celle qui n’est pas encore enfermée dans une "défense de l’emploi" qui dès les années 70 servit essentiellement, en fonction du rapport de forces à récupérer du salaire malgré le licenciement (avec des "primes de départ" dont le montant variait en fonction de l’ampleur et du degré du rupture des mobilisations, cf Longwy).

      Tiens tiens, une préparation de congrès : Réconcilier le Parti Socialiste avec les classes populaires : un impératif pour éviter la dérive vers l’extrême droite https://www.parti-socialiste.fr/reconcilier_le_parti_socialiste_avec_les_classes_populaires_un_impe

      #racisme #PS

    • Oui ces grèves interviennent dans le contexte où l’on parle des « rodéos » dans les cités aux Minguettes (Vénissieux) par exemple puis de la Marche pour l’égalité et contre le racisme récupérée par le PS. Une série de crimes racistes sont aussi médiatisés. Mais ceci semble séparé du mouvement dans l’automobile. Peut-être que les émeutes dans les banlieues faisaient plus peur aux pouvoirs que les grèves des parents.

      Chez Talbot, les incidents sont violents (ces images sont dans Le repli) :

      https://youtube.com/watch?v=f727toiGcAg

      https://youtube.com/watch?v=8jP50q6ZFjA

      Il y a même un court essai d’autogestion, la mise en place de délégués d’ateliers. Mais avec la robotisation, les OS étaient destinés à être sacrifiés.

      Sur la question de la religion, il y a des notes internes aux usines puis des RG qui rapportent des éléments sur lesquels vont s’appuyer Defferre (Intérieur) puis Mauroy et Auroux (Travail).

      https://shs.cairn.info/revue-geneses-2015-1-page-110?lang=fr

      Le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre est le premier à évoquer le rôle d’« intégristes, de chiites » [26] dans les grèves, suivi par le premier ministre Pierre Mauroy qui déclare que « les principales difficultés sont posées par des travailleurs immigrés […] agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises » [27]. Mais c’est surtout Jean Auroux, ministre du Travail, qui multiplie les déclarations à ce sujet en l’espace de quelques jours

      Mais :

      Trente ans après les faits, Jean Auroux reconnaît lui aussi que bien que présente dans les usines, la religion n’a pu jouer qu’un rôle mineur dans les conflits

      Pourtant, en 2017, évoquant la fermeture de l’usine d’Aulnay, Jean-Christophe Lagarde (UDI) ressort ce vieil argument aussitôt démenti par le patronat :

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/yvelines/jean-christophe-lagarde-lie-fermeture-psa-aulnay-omnipr

  • Le Conseil d’État rejette froidement le recours des occupant·es de la Gaîté Lyrique
    https://radioparleur.net/2025/04/07/le-conseil-detat-rejette-le-recours-des-occupants-de-la-gaite-lyrique

    La nouvelle est tombée. Le Conseil d’État publie son ordonnance ce lundi 31 mars rejetant le recours du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville contre l’expulsion violente de la Gaîté Lyrique le 18 mars dernier. L’établissement était occupé par le Collectif depuis le 10 décembre 2024, afin de trouver des solutions d’hébergement pour les […] L’article Le Conseil d’État rejette froidement le recours des occupant·es de la Gaîté Lyrique est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Au_fil_des_luttes #Carousel_1 #anticolonialisme #conseil_d'état #droit_au_logement #droit_des_étrangers #immigration #justice #liberté #loi #mineurs_isolés #racisme

  • Les Soudanais du Sud interdits de visa aux Etats-Unis
    https://www.dakaractu.com/Les-Soudanais-du-Sud-interdits-de-visa-aux-Etats-Unis_a260245.html

    Les Soudanais du Sud interdits de visa aux Etats-Unis
    Les Etats-Unis ont annoncé samedi la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, une décision inédite contre un pays étranger de la part de l’administration Trump.
    Le secrétaire d’Etat Marco Rubio, qui a annoncé cette décision dans un communiqué, a accusé le pays africain de ne pas reprendre ses citoyens visés par une mesure d’expulsion, une problématique qui rappelle la récente polémique entre la France et l’Algérie. « Avec effet immédiat, le département d’Etat des Etats-Unis révoque tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud », a annoncé M. Rubio.
    Il s’agit de la première mesure de ce type prise contre l’ensemble des citoyens d’un pays du monde depuis le retour au pouvoir le 20 janvier du président Donald Trump, qui a engagé une politique radicale de lutte contre l’immigration. « Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des Etats-Unis », a accusé le chef de la diplomatie américaine. « Tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu’un autre pays, y compris les Etats-Unis, veut les expulser ». Le communiqué précise qu’en plus de la révocation des visas existants, Washington va cesser de remettre des nouveaux visas aux ressortissants du pays de 11 millions d’habitants."Nous nous tenons prêts à revoir cette politique lorsque le Soudan du Sud sera pleinement coopératif", a assuré M. Rubio.
    Lors de son précédent mandat, M. Trump avait signé en 2017 un décret interdisant l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans.La Libye, le Soudan, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Yémen et la Somalie avaient été visés.Le Soudan du Sud, pays à majorité chrétienne, avait à l’époque échappé à cette mesure. La décision de Washington frappe un des pays les plus pauvres de la planète. En 2022 (statistique publiée en 2024), le Soudan du Sud se classait avant-dernier dans l’indice mondial du développement humain publié par les Nations unies, juste avant la Somalie.Elle survient alors que le pays risque de replonger dans la guerre civile, a averti le mois dernier un haut responsable de l’ONU.
    Le Soudan du Sud - pays né en juillet 2011, sous les auspices des Etats-Unis, de la partition du Soudan - a traversé une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu’un accord de paix a été signé.Dans ce contexte, les Soudanais du Sud bénéficiaient jusqu’à présent d’un statut protégé octroyé à titre temporaire (TPS) sur le sol américain.
    Cette disposition, accordée par l’administration Biden, expire le mois prochain. Elle empêche d’expulser les ressortissants de pays qui ne peuvent pas rentrer chez eux pour cause de guerre ou de catastrophe naturelle ou autres circonstances « extraordinaires ».
    En 2023, l’administration Biden avait indiqué que 133 Soudanais du Sud bénéficiaient de ce statut, 140 autres étant éligibles à ce statut.
    L’administration Trump a commencé à revenir sur le statut TPS, qui a été retiré en janvier à plus de 600.000 Vénézuéliens.La justice vient de bloquer cette décision au motif que l’exécutif l’a justifiée en affirmant que la majorité des Vénézuéliens présents aux Etats-Unis seraient des criminels. D’après l’institut Pew Research Center, 1,2 million de personnes bénéficiaient en mars 2024 du statut TPS ou pouvaient y prétendre.

    #Covid-19#migrant#migration#soudansud#etatsunis#politiquemigratoire#visas#sante#expulsion#immigration

  • En Espagne, l’immigration porte la croissance de la population et de l’économie
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/04/02/en-espagne-l-immigration-porte-la-croissance-de-la-population-et-de-l-econom

    En Espagne, l’immigration porte la croissance de la population et de l’économie
    Par Sandrine Morel (Madrid, correspondante)
    (...) La population espagnole croît à un rythme effréné depuis la fin de la pandémie de Covid-19 et déborde les capacités de logement de la capitale. Selon les dernières données de l’Institut national de statistiques (INE), parues le 13 février, le nombre d’habitants a franchi la barre des 49 millions en 2024, après une hausse nette de 450 000 résidents venant principalement de Colombie (157 000), du Venezuela (107 000) et du Maroc (106 000). En 2022, le solde migratoire avait déjà été de 727 000 personnes, puis de 642 000 personnes en 2023. En trois ans, la population a ainsi augmenté de 1,6 million de personnes. Des chiffres qui dépassent ceux enregistrés durant la vague migratoire des années 2000, alors portée par le boom de la construction.
    « L’immigration est en train de sauver la démographie espagnole », résume Joaquin Recaño, chercheur au Centre d’études démographiques de l’Université autonome de Barcelone. L’Espagne est l’un des pays d’Europe les plus touchés par le vieillissement de la population et la baisse de la natalité, au point que le solde naturel, devenu négatif en 2015, se creuse de plus en plus. En 2022, l’Espagne a ainsi compté 133 000 décès de plus que de naissances, et, en 2023, 113 000. « L’indice de fécondité est très bas, de 1,12 enfant par femme, souligne M. Recaño. Et, pourtant, dans moins de deux ans, nous aurons atteint les 50 millions d’habitants – sans compter les effets de l’élection de Donald Trump sur les migrations internationales, avec une probable hausse de l’immigration latino-américaine vers l’Espagne, pour des raisons linguistiques et historiques. »
    Près de 9,4 millions de personnes, soit 19 % des habitants, sont nées à l’étranger, selon l’INE. Un chiffre sensiblement supérieur aux 6,9 millions de ressortissants étrangers (14 % de la population), du fait des processus d’acquisition de la nationalité espagnole, très fréquents parmi les Latino-Américains. Si les Marocains représentent la première communauté étrangère, avec 1,1 million de ressortissants, ceux d’Amérique latine sont plus de 4,2 millions, en particulier les Colombiens (850 000) et les Vénézuéliens (500 000).
    L’instabilité économique et politique en Amérique latine, mais aussi les besoins de main-d’œuvre dans le tourisme, l’hôtellerie et les services en Espagne, expliquent ce boom migratoire. Loin des discours anti-immigration qui se propagent en Europe, le pays non seulement n’a pas renforcé la fermeture de ses frontières, mais il a développé des instruments pour faciliter les régularisations.
    « Sans la population immigrée, la moitié des restaurants seraient fermés, les chantiers de construction à l’arrêt, nos aïeux privés de soins, nos cultures non récoltées, assure un haut responsable politique espagnol. Si les Européens veulent maintenir leur niveau de vie, ils ont besoin de millions d’immigrés. » Selon le gouvernement de gauche, qui s’appuie sur des estimations de la Banque d’Espagne, le royaume a besoin de 250 000 à 300 000 travailleurs étrangers par an pour soutenir son Etat-providence, en particulier son système de retraites.
    En novembre 2024, un nouveau règlement a été approuvé pour permettre la régularisation de près de 300 000 personnes en situation irrégulière par an jusqu’en 2027. Jusqu’à présent, un mécanisme permettait déjà d’obtenir un permis de résidence pour ceux qui pouvaient démontrer trois ans de présence sur le territoire, chose assez simple grâce à la possibilité ouverte à tous de s’enregistrer sur les registres municipaux. A présent, cette voie de régularisation, dite « par enracinement », a été étayée avec la définition de cinq types d’ancrage – social, socioformatif, socioprofessionnel, familial et de seconde chance (pour ceux qui n’ont pas renouvelé leur permis de résidence) –, et le délai nécessaire pour y accéder a été ramené à deux ans.
    Une mesure saluée par la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales, qui ne cesse d’appeler à ce que les permis de travail des étrangers soient « facilités et plus rapides ». « Nous avons besoin de 10 000 conducteurs de bus, de 80 000 personnes dans la construction, d’énormément de travailleurs dans l’hôtellerie, de 50 000 travailleurs dans la cybersécurité… Il est fondamental que nous accueillions des gens et que nous les formions », résumait, en janvier, un grand patron.
    Cette hausse de la population contribue, avec le boom du tourisme, à la forte croissance de l’Espagne, qui a été de 3,2 % en 2024, contre 1,1 % en France et – 0,2 % en Allemagne. Lors d’une conversation informelle avec des correspondants étrangers, en décembre 2024, le premier ministre, Pedro Sanchez, estimait ainsi que 40 % de la croissance actuelle pouvait être attribuée à l’apport de l’immigration, qui soutient notamment la demande de biens et la consommation.
    En 2024, seuls 60 000 des 470 000 emplois créés ont été occupés par des personnes nées en Espagne, et à 88 % par des ressortissants étrangers ou personnes nées à l’étranger ayant une double nationalité. Depuis janvier 2019, l’immigration a couvert 70 % des emplois créés.
    « Il y a deux ans, l’Espagne était encore majoritairement un pays de transit. C’est devenu une destination finale de la migration parce qu’il y a une forte croissance économique et une politique migratoire basée sur les droits humains », explique Pilar Cancela, secrétaire d’Etat aux migrations. Elle souligne que les nouveaux résidents qui arrivent sont en âge de travailler. Ils ont un taux d’activité supérieur à celui des Espagnols, utilisent moins le système de santé, saturé, et ne provoquent pas de pression sur le système éducatif, car le pays fait au contraire face à des classes de plus en plus vides. De plus, près de 2,9 millions de ressortissants étrangers cotisent à la Sécurité sociale, soit 13,6 % du total des affiliés – deux points de plus qu’en 2023.
    Si les régularisations ont été facilitées, les critères d’obtention de la nationalité ont aussi été élargis dans les pays d’origine, notamment grâce à la ley de nietos (« loi des petits-enfants »). Incluse dans la loi dite « de mémoire démocratique » approuvée en 2022, celle-ci a facilité l’obtention de la nationalité aux descendants des exilés « pour des raisons politiques, idéologiques, religieuses ou en raison de leur orientation et identité sexuelle » durant la dictature franquiste. Afin de faciliter les démarches, l’administration a présumé « que tous les Espagnols qui ont quitté l’Espagne entre le [soulèvement militaire du] 18 juillet 1936 et le 31 décembre 1955 [année de son entrée à l’Organisation des Nations unies] » sont des exilés. Et devant les consulats espagnols en Argentine, notamment, d’immenses files d’attente se sont formées pour obtenir le précieux sésame.

    La question du logement est le principal défi auquel le pays doit faire face. Selon la Banque d’Espagne, il manque 600 000 logements actuellement dans le pays. « Et, rien que pour absorber les flux migratoires actuels, il faudrait construire 50 000 à 60 000 logements par an », estime M. Recaño. Il y va de l’acceptation sociale du phénomène. En septembre 2024, l’immigration était la principale préoccupation des Espagnols, selon le baromètre mensuel du Centre de recherche sociologique. Une position inédite, liée à la crise migratoire traversée alors aux Canaries et aux disputes politiques entre les régions qui rechignent à accueillir les mineurs isolés. Depuis, elle a été reléguée à la sixième position, loin derrière le logement, l’économie et le chômage.Reste que l’arrivée de riches ressortissants européens, nord-américains et latino-américains, attirés par la qualité de vie dans le pays et capables d’acheter comptant des appartements à prix d’or, provoque également des tensions. Habituée aux slogans antitouristes, la ville de Barcelone a ainsi vu apparaître sur ses murs des graffitis appelant à mettre « dehors expatriés et nomades digitaux ».

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#immigration#demographie#economie#croissance#sante#logement

  • #Daniel_Veron : « Le #rejet social des #travailleurs_migrants renforce leur attrait économique »

    Les travailleurs migrants sont souvent perçus comme indispensables pour l’économie de leur pays d’accueil, tout en étant stigmatisés et désignés comme indésirables. Cette apparente contradiction n’en est pas une, explique le sociologue Daniel Veron, maître de conférences à l’université de Caen et auteur de Le travail migrant, l’autre délocalisation (La Dispute, 2024).

    C’est justement parce que ces travailleurs étrangers sont stigmatisés qu’ils sont corvéables à merci et que leur embauche est si intéressante pour les employeurs, rappelle-t-il en soulignant notamment qu’avec l’intérim et l’ubérisation, les travailleurs sans papiers sont toujours les premières victimes de la précarisation du travail. Ils en sont même les cobayes, avant extension à l’ensemble des travailleurs.

    Le chercheur, qui voit dans le travail migrant une forme de « délocalisation sur place » et discute la notion de « métiers en tension », propose quelques pistes pour lutter contre le dumping social et améliorer le sort de ces travailleurs.

    Vous avez étudié l’exploitation moderne du travail des étrangers dans plusieurs pays (Argentine, France et Canada). Quand est-elle apparue et pourquoi ?

    Daniel Veron : L’histoire du recours à des déplacements de populations pour exploiter leur travail est très ancienne, on pourrait la faire remonter à l’esclavage. Mais dans sa forme moderne, cela se joue entre le XIXe et le XXe siècle, concomitamment au développement des Etats-nations et des balbutiements de la protection sociale. Les premières lois organisant la migration de travail apparaissent en même temps que les premières règles protégeant les droits des travailleurs, afin justement de commencer à contourner ces régulations, en faisant en sorte soit qu’elles ne s’appliquent pas aux étrangers, soit que le statut infériorisé de ces popula­tions justifie qu’on les paye – et les traite – mal.

    En France, comment se sont construites les politiques d’immigration qui font des travailleurs migrants des « indésirables mais indispensables » ?

    D. V. : L’édifice des politiques migratoires commence à se structurer au moment de la Première Guerre mondiale. Dès cette période, il oscille entre deux pôles. D’une part, la nécessité économique : des secteurs ont besoin de cette main-d’œuvre étrangère. D’autre part, ces mêmes personnes sont rejetées et pointées du doigt : on dénonce leur caractère inassimilable, en particulier si elles sont originaires des colonies françaises.

    On retrouve cette double logique dans d’autres pays, au Canada par exemple, où, à la fin du XIXe siècle, la migration chinoise est perçue à la fois comme une menace pour l’ordre social et racial, et comme indispensable, pour la construction des chemins de fer notamment.

    Ce qui apparaît comme une contradiction n’en est pourtant pas une. C’est précisément parce que ces hommes et ces femmes sont stigmatisés qu’ils sont désirables, d’un point de vue économique. Face à la dégradation de leurs conditions de vie, ils n’ont d’autre choix que d’accepter des conditions de travail au rabais et des salaires moindres. Leur relégation comme citoyens de seconde zone justifie ce traitement. Le rejet social renforce donc l’attrait économique.

    Dans votre livre, vous défendez l’idée que le travail migrant est une forme de « délocalisation sur place » des activités économiques non délocalisables ­physiquement. Pouvez-vous expliquer ?

    « Pour un certain nombre de secteurs dont la production n’est pas délocalisable, une opération équivalente est à l’œuvre, avec l’embauche des travailleurs sans papiers »

    D. V. : J’emprunte cette expression à l’anthropologue Emmanuel Terray 1, qui l’a forgée dès les années 1990 à propos, déjà, des travailleurs sans papiers. Pour un certain nombre de secteurs dont la production n’est pas délocalisable (le bâtiment, le nettoyage, l’aide à la personne, etc.), une opération équivalente est à l’œuvre, avec l’embauche de ces employés. Ils n’ont ainsi pas accès aux acquis et avantages sociaux dont bénéficie la main-d’œuvre locale en pleine possession de ses droits.

    Il existe en outre des formes légales de contournement, comme le travail détaché dans l’Union européenne. Ce dispositif permet d’asseoir une partie de la relation de travail sur la législation d’un autre pays et, in fine, de baisser le prix de certains segments de main-d’œuvre. Ce sont les faces légale et illégale d’une même pièce. Dans le premier cas, l’absence de droits permet de payer moins cher certains travailleurs, tandis que dans le second, c’est un montage légitime.

    Cette logique de délocalisation sur place est au cœur des métiers dits « en tension », dont le gouvernement est en train d’actualiser la liste et qui servira de base de référence pour accorder des titres de séjour aux travailleurs en situation irrégulière…

    D. V. : Tout à fait. Mais il y a un écueil important autour de la définition des secteurs dits en tension. On peut tout d’abord se demander si ce leitmotiv de la pénurie de main-d’œuvre ne relève pas d’une dimension plus qualitative que quantitative, une façon de dire que celles et ceux qui occupent ces emplois de facto ne seraient pas assez compétents, ce qui justifie de les payer moins cher.

    Et de fait, les présences et absences sur ces listes interrogent. Certains secteurs ne font pas face à des pénuries de main-d’œuvre, justement parce qu’ils recrutent beaucoup de salariés sans papiers. Ils ne sont donc pas sur la liste, voire n’y ont pas intérêt. Pour d’autres au contraire, cela facilite les recrutements de main-d’œuvre étrangère. Enfin, d’autres n’y sont pas parce que cela déboucherait sans doute, aux yeux du gouvernement, sur « trop » de régularisations.

    Vous écrivez que « le travail migrant est en première ligne des stratégies contemporaines du capital pour fissurer les institutions salariales ». Comment ?

    D. V. : A partir des années 1970, on assiste en France à deux mutations concomitantes. D’un côté, la désindustrialisation et la transformation de l’appareil productif accélèrent les phénomènes de sous-traitance et le développement de l’intérim. L’emploi se précarise et les étrangers sont les premiers touchés : ils ont supporté près de la moitié des suppressions d’effectifs dans l’industrie automobile entre 1975 et 1990. Ils subissent également de plein fouet l’expulsion du marché primaire du salariat, c’est-à-dire de l’emploi protégé par le contrat en CDI, vers le marché dit secondaire, avec des statuts plus précaires.

    « Depuis les années 1970, les travailleurs sans papiers subissent les premiers le mouvement de précarisation du monde du travail »

    De l’autre côté, les étrangers sont vulnérabilisés administrativement puisque la France met fin à l’immigration de travail en 1974 et instaure des politiques plus restrictives, qui produisent de l’illégalisation. Ainsi, depuis les années 1970, les travailleurs sans papiers subissent les premiers le mouvement de précarisation du monde du travail. Intérim structurel, travail au noir ou à temps partiel et multi-emploi pour les femmes dans le secteur domestique notamment, ubérisation aujourd’hui : ils sont systématiquement en première ligne face aux nouvelles formes d’emploi précaire. Ces innovations se diffusent bien sûr à d’autres franges du salariat et viennent fragiliser la protection du travail en général ainsi que les institutions salariales dans leur ensemble.

    Face à ces assauts contre les droits des travailleurs sans papiers, que faire ?

    D. V. : A chaque fois, l’exploitation du travail migrant repose sur la production d’un différentiel de traitement et donc de prix entre deux segments de main-d’œuvre. Ce qui crée, par répercussion, un effet de pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs.

    Si l’on veut lutter contre ces effets de dumping social, il faut donc remédier à tout ce qui crée un différentiel de prix du travail, qu’il soit justifié par des formes légales (comme le travail détaché), par l’absence de droit (comme pour les sans-papiers), mais aussi parfois par des logiques racistes ou sexistes. Il est donc totalement contre-productif, pour qui défend les droits des salariés, de rendre la vie impossible aux personnes clandestines, à qui on refuse le droit au séjour.

    La remise en cause de l’aide médicale de l’Etat (AME), une proposition récurrente, réduirait les possibilités d’un arrêt de travail en cas de soucis de santé par exemple, renforçant l’effet d’emprisonnement dans le travail. La suppression de l’AME favoriserait au final ce différentiel de traitement. Pour améliorer les conditions salariales et de travail de toutes et tous, il faut donc exiger l’égalité pleine et entière pour les sans-papiers.

    https://www.alternatives-economiques.fr/daniel-veron-rejet-social-travailleurs-migrants-renforce-attra/00114504
    #migrations #économie #travail #travailleurs_étrangers #stigmatisation #corvéables #interim #ubérisation #précarisation #conditions_de_travail #sans-papiers #travailleurs_sans-papiers #cobayes #délocalisation_sur_place #métiers_en_tension #dumping #exploitation #déplacements_de_populations #esclavage #migration_de_travail #régulations #droits_des_travailleurs #indésirables #main-d'oeuvre_étrangère #menace #indispensabilité #désirabilité #attrait_économique #droits #travail_détaché #détachement #titres_de_séjour #régularisations #immigration_de_travail #illégalisation #emploi_précaire #salaires #dumping_social

    ping @karine4

    • Le travail migrant, l’autre délocalisation

      Alors que les lois anti-immigration s’empilent, durcissant chaque fois un peu plus les conditions des travailleur·ses migrant·es, la main-d’œuvre étrangère s’avère pourtant toujours aussi indispensable dans de nombreux secteurs (BTP, restauration, nettoyage, travail à domicile, etc.). Le recours à ce « travail migrant » se fait au travers d’une variété de statuts, légaux ou non, qui permettent la mise au travail des personnes migrantes dans des conditions moins favorables et plus intensives que celles qui ont cours sur le marché du travail français. Travailleurs et travailleuses « sans-papiers », « temporaires » ou « détaché·es » : le recours au travail migrant apparaît bien comme une modalité particulière de mise en œuvre d’une forme de « délocalisation », à ceci près qu’elle s’exerce « sur place ».

      Daniel Veron montre comment cette surexploitation des travailleur·ses migrant·es s’affirme comme l’un des outils cruciaux d’une dégradation générale des conditions de travail. Dès lors, le seul horizon pour déjouer la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail ne peut passer que par la lutte pour l’égalité des droits de toutes et tous.

      https://ladispute.fr/catalogue/le-travail-migrant-lautre-delocalisation
      #livre #travail_migrant #délocalisation

  • La transformation merveilleuse de la #classe_ouvrière en étrangers


    https://www.youtube.com/watch?v=0tzyT30dQ6Q

    Samir utilise des photos de famille privées, des animations, des clips musicaux et des documents d’archives inconnues pour raconter de manière divertissante l’histoire de la migration des pays du Sud voisins vers la Suisse, de l’après-guerre à nos jours.
    Alors que jusque dans les années 1950, le PS et les syndicats ont dirigé la #culture_ouvrière suisse, ces institutions ont petit à petit perdu leur importance et une nouvelle force est apparue, qui a façonné notre société jusqu’à aujourd’hui : la #migration_du_travail. Aujourd’hui, plus personne ne parle de « classe ouvrière ». Et le terme « #ouvrier » est devenu synonyme d’ « #étranger ».

    https://www.dvfilm.ch/fr/movies/documentaries/die-wundersame-verwandlung-der-arbeiterklasse-in-auslaender
    #film #documentaire #Suisse #travailleurs_étrangers #film_documentaire #Samir #immigration #travail #économie #Gastarbeiter #logement #baraquements #saisonniers #immigrés_italiens #xénophobie #racisme #italianité

  • Gianmarco Daniele, Olivier Marie et Paolo Pinotti, économistes : « Il n’y a pas de lien de cause à effet entre l’immigration et la hausse de la criminalité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/24/il-n-y-a-pas-de-lien-de-cause-a-effet-entre-l-immigration-et-la-hausse-de-la

    Gianmarco Daniele, Olivier Marie et Paolo Pinotti, économistes : « Il n’y a pas de lien de cause à effet entre l’immigration et la hausse de la criminalité »
    Gianmarco Daniele économiste italien
    Olivier Marie économiste
    Paolo Pinotti économiste italien
    La conviction selon laquelle l’immigration augmente la criminalité est l’une des idées reçues parmi les plus ancrées et les plus anciennes dans l’opinion publique, tant aux Etats-Unis qu’ailleurs. Ce mythe, né il y a plus d’un siècle, perdure malgré de nombreuses preuves du contraire.
    Cette perception est entretenue par des figures politiques comme Donald Trump, qui en ont fait un axe central de leurs campagnes. Dès l’annonce de sa première candidature, en juin 2015, il a associé immigration et criminalité, affirmant, notamment : « Lorsque le Mexique nous envoie ses ressortissants, il n’envoie pas les meilleurs… Il envoie ceux qui nous amènent la drogue, le crime. » Au fil des ans, il a intensifié cette rhétorique, qualifiant l’immigration de menace pour la sécurité publique. Lors de sa dernière campagne, au cours d’un meeting à Waunakee, dans le Wisconsin, le 1er octobre 2024, il a déclaré : « L’épidémie de criminalité des migrants est la pire chose qui soit arrivée à notre pays en cinquante ans. »Et cela s’avère efficace politiquement : selon un sondage de septembre 2024 du Pew Research Center, l’immigration et la criminalité comptaient parmi les trois principales priorités des électeurs de Trump, juste après l’économie. Mais que disent les chiffres ?
    Les études sur le sujet montrent qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre l’immigration et la hausse de la criminalité. Des études menées aux Etats-Unis, anciennes et récentes, ainsi que des analyses sur l’Italie et le Royaume-Uni, confirment que l’immigration n’a pas d’impact significatif sur les taux de criminalité.
    Nous avons, de notre côté, analysé quinze années de données sur les flux migratoires et les taux de criminalité dans 216 régions de 23 pays européens. Les résultats ? Aucun lien significatif entre les niveaux d’immigration et les taux de criminalité. Au contraire, en utilisant des méthodes statistiques rigoureuses, il apparaît que, même dans les régions où l’immigration est importante, les taux de criminalité n’augmentent pas.
    Pourquoi la perception et la réalité divergent-elles ? L’influence des médias et de la rhétorique politique, en particulier, alimente le mythe liant immigration et criminalité. Une couverture sélective et des titres sensationnalistes renforcent les stéréotypes, une stratégie souvent exploitée à des fins électorales, comme aux Etats-Unis par Trump. Le Chili illustre aussi ce décalage. Entre 2000 et 2010, la population étrangère a triplé sans hausse des taux de criminalité, malgré une inquiétude croissante. Ce fossé entre perception et réalité s’explique en grande partie par une couverture médiatique intense et biaisée.
    Il serait cependant erroné d’affirmer que les migrants ne sont pas impliqués dans la criminalité. Dans de nombreux pays, ils sont surreprésentés en prison. Mais sans pour autant provoquer une hausse des taux de criminalité – une explication est que leur effectif reste trop faible pour influer significativement sur ces taux. De plus, un effet de « substitution » peut se produire, les immigrants remplaçant les locaux dans certaines activités illégales sans en accroître le volume global.
    Certaines recherches ont examiné l’impact de facteurs externes, tels que le statut juridique ou les opportunités économiques limitées, sur la surreprésentation des immigrés dans les statistiques criminelles. Elles montrent que l’accès à un permis de travail légal et à un emploi stable est associé à des taux de criminalité plus faibles. En Italie, par exemple, la régularisation de certains immigrants d’Europe de l’Est a entraîné une baisse de leur taux de criminalité de plus de 50 %. De même, une étude publiée aux Etats-Unis en décembre 2024 révèle que les immigrants d’aujourd’hui sont bien moins susceptibles d’être incarcérés qu’ils ne l’étaient dans les années 1960. Cette tendance s’explique, notamment, par de meilleures opportunités d’emploi et des structures familiales plus stables chez les hommes immigrés.
    Les recherches montrent ainsi que les politiques d’intégration peuvent réduire significativement la criminalité. L’octroi d’un statut légal aux immigrants favorise leur insertion économique et sociale tout en diminuant les comportements déviants. A l’inverse, les mesures restrictives qui criminalisent les immigrés en situation irrégulière ou limitent leur accès à l’emploi peuvent, paradoxalement, accroître la criminalité. Privés d’opportunités légales, ils deviennent plus vulnérables à l’exploitation ou aux activités illégales. L’élargissement de l’accès à l’emploi légal, notamment pour les demandeurs d’asile et les groupes vulnérables, contribuerait ainsi à des communautés plus sûres.
    Alors que les Etats-Unis et d’autres pays redéfinissent actuellement leur politique migratoire, privilégier les preuves causales plutôt que les discours alarmistes permettrait d’adopter des mesures bénéfiques tant pour les immigrants que pour leurs communautés d’accueil. Encourager la participation économique, corriger les perceptions erronées et investir dans l’intégration sociale sont des leviers essentiels pour bâtir des sociétés plus justes et plus sûres. Dépasser les récits fondés sur la peur et s’appuyer sur les données est la clé pour mieux comprendre et valoriser le rôle des immigrants.
    En définitive, l’immigration n’est pas une menace pour la sécurité publique, mais une ressource qui, bien gérée, peut enrichir et renforcer le tissu social et économique d’un pays.
    Gianmarco Daniele est maître de conférences en économie à l’université de Milan ; Olivier Marie est professeur d’économie à l’université Erasme à Rotterdam ; Paolo Pinotti est professeur d’économie à l’université Bocconi à Milan.

    #Covid-19#migrant#migration#economie#immigration#criminalite#integration#sante#politiquemigratoire#droit

  • « Indispensables et indésirables », de Laurent Dornel : un moment métropolitain de l’oppression coloniale
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2025/03/02/indispensables-et-indesirables-de-laurent-dornel-un-moment-metropolitain-de-

    « Indispensables et indésirables », de Laurent Dornel : un moment métropolitain de l’oppression coloniale
    Par André Loez (Historien et collaborateur du « Monde des livres »)
    « Indispensables et indésirables. Les travailleurs coloniaux de la Grande Guerre », de Laurent Dornel, La Découverte, 350 p., 23 €, numérique 17 €.
    Durant la Grande Guerre, la France a recruté plus de 220 000 hommes dans ses colonies pour travailler en métropole. Un afflux d’hommes à la fois indispensables pour leur labeur, et indésirables en raison de leur origine. Indispensables et indésirables : le titre du remarquable livre de Laurent Dornel décrit parfaitement l’inconfortable tension générée par ces recrutements massifs.
    D’un côté, des besoins d’ouvriers sans précédent dans les usines d’armement et l’arrière-front, justifiant de recourir au réservoir apparemment inépuisable des colonies. De l’autre, l’inquiétude générée par la présence en France de travailleurs asiatiques et africains, dont les autorités redoutent les débordements, la promiscuité sexuelle ou, pire encore, des formes d’émancipation risquant de lézarder l’édifice colonial.
    L’historien montre bien l’ampleur des efforts fournis pour encadrer et surveiller cette main-d’œuvre à la fois vitale et suspecte. Toute une bureaucratie s’improvise au cours des années 1915 et 1916 pour canaliser, contrôler, enregistrer les migrants que l’on fait venir de l’empire français (Afrique du Nord, Madagascar, Indochine) et même de Chine – un Etat souverain, mais qui fournit des travailleurs dépendants, surnommés « coolies », aux Occidentaux et à leurs empires depuis des décennies, ce qui explique que les 37 000 Chinois alors recrutés par la France se retrouvent eux aussi sous une tutelle coloniale.
    Tous ces hommes sont en effet assignés aux tâches les plus rudes de l’effort de guerre, et surtout dans des conditions de subordination telles que Laurent Dornel peut à travers elles « saisir le colonialisme en métropole ». De fait, c’est une transposition massive, et sans doute sous-estimée jusqu’ici, de dispositifs de contrôle inégalitaires et impériaux sur le sol français qui s’opère alors.
    Cantonnés dans des baraquements improvisés, sans liberté de déplacement, exposés à de lourdes punitions en cas d’infraction, communément étiquetés comme « indigènes » quelle que soit leur origine, ces travailleurs sont bien soumis à des formes d’encadrement strictes, que tempèrent à peine quelques concessions culturelles ou religieuses, telle la création de « cafés maures » comme lieux de sociabilité pour les Nord-Africains.
    Ces éléments concrets sont sous-tendus par une notion plus générale, appelée à un grand avenir, si l’on ose dire, et qui se construit durant la période : « l’indésirabilité » des colonisés, perçus comme n’appartenant pas à la « race blanche » et qu’on s’empressera de congédier, autant que possible, une fois les hostilités terminées. Le premier conflit mondial est ainsi un laboratoire tant pour les logiques de hiérarchisation raciale que pour les politiques d’immigration choisie, redéployées ensuite dans d’autres contextes. C’est comme « indésirables » que pourront être rejetés, entre autres, des réfugiés juifs ou arméniens dans l’entre-deux-guerres, des Espagnols fuyant le franquisme, ou des immigrés issus des ex-colonies au sortir des « trente glorieuses ».
    S’il éclaire puissamment ces enjeux, Indispensables et indésirables veille cependant à ne pas s’enfermer dans un propos « doloriste », et consacre des pages neuves aux stratégies d’évitement et d’insubordination permettant aux travailleurs coloniaux de desserrer l’emprise étatique, par des ruptures de contrat voire des protestations collectives. Un jalon d’importance pour l’historiographie de la colonisation et de l’immigration.

    #Covid-19#migration#migrant#colonisation#economie#guerre#maindoeuvre#immigration#france#race#sante

  • Sénégal – Les résidents étrangers de Saly face à l’incertitude : entre insécurité, fiscalité et défis sanitaires
    https://www.dakaractu.com/Senegal-Les-residents-etrangers-de-Saly-face-a-l-incertitude-entre-insecu

    Sénégal – Les résidents étrangers de Saly face à l’incertitude : entre insécurité, fiscalité et défis sanitaires
    Depuis l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, le Sénégal traverse une période de transition marquée par des changements politiques et économiques significatifs. Parmi les décisions les plus symboliques figure la demande des autorités sénégalaises pour le départ des troupes françaises, une demande à laquelle Paris a acquiescé. Si cette décision a été saluée par une partie de la population sénégalaise, elle a également suscité des inquiétudes parmi les résidents étrangers, notamment les Français installés à Saly, une station balnéaire prisée des expatriés.
    Saly, connue pour ses plages idylliques et son cadre de vie attractif, abrite une importante communauté étrangère, principalement française et européenne. Cependant, ces derniers mois, de nombreux résidents étrangers expriment leur malaise face à une situation qui se dégrade sur plusieurs fronts. L’insécurité grandissante, les défis sanitaires et les pressions fiscales sont autant de facteurs qui poussent certains à envisager de quitter le pays.
    Cette tendance se reflète dans le marché immobilier local. Un simple coup d’œil sur les sites de petites annonces révèle une multiplication des biens immobiliers en vente dans les résidences de Saly. Villas, appartements et terrains sont proposés à des prix souvent attractifs, signe d’un désir croissant de partir. Cependant, malgré cette offre abondante, les acheteurs se font rares. La situation économique difficile du pays et le climat d’incertitude dissuadent de nombreux potentiels acquéreurs, augmentant ainsi le stress des expatriés désireux de quitter le pays.
    « Nous aimons le Sénégal, mais la situation devient compliquée. Entre l’insécurité et les taxes qui s’accumulent, on se sent un peu pris au piège. Et maintenant, impossible de vendre notre maison à un prix décent », confie un résident français sous couvert d’anonymat, dont la propriété est en vente depuis quelque temps sans succès. L’un des principaux motifs d’inquiétude est la montée de l’insécurité sur la Petite Côte, et surtout à Saly. Ces derniers mois, une série de cambriolages et de meurtres a semé la psychose parmi les habitants, notamment les expatriés. Les autorités locales ont été interpellées à plusieurs reprises, mais les mesures prises jusqu’à présent ne semblent pas suffire à rassurer la population.
    Le climat d’insécurité a récemment pris une tournure plus personnelle et dramatique pour une résidente allemande installée à Saly depuis plusieurs années. Agressée devant sa résidence il y a quelques jours, elle témoigne sous couvert d’anonymat : « J’ai été attaquée en pleine journée, devant chez moi. Ils m’ont arraché mon sac et m’ont menacée. Depuis, je n’ose plus sortir seule. J’ai très peur et je me sens vulnérable. » Son témoignage, loin d’être isolé, reflète une réalité de plus en plus préoccupante pour les étrangers vivant à Saly. (...)
    utre l’insécurité, les résidents étrangers pointent du doigt une nouvelle source de tension : la polémique autour des taxes locales, notamment la taxe sur les ordures ménagères (T.O.M). Dans chaque résidence de Saly, les propriétaires paient des frais de syndic mensuels, qui incluent la gestion de la résidence ainsi que la T.O.M. Cette taxe est ensuite versée par le syndic à la SAPCO (Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal) pour le ramassage des ordures.
    Cependant, depuis quelques mois, les résidents ont reçu un avis des impôts de Mbour les enjoignant à payer cette même T.O.M, d’un montant de 72 000 Fcfa, directement auprès des caisses des services fiscaux de Mbour. Cette demande a suscité une vive polémique, car les résidents estiment qu’ils paient déjà cette taxe via leurs frais de syndic. « C’est incompréhensible et injuste. On nous demande de payer deux fois pour la même chose. Cela devient insupportable », s’indigne un propriétaire français, dont la villa est désormais listée sur plusieurs sites immobiliers sans attirer d’acheteurs.
    Selon des informations de Dakaractu, cette situation pourrait encore s’aggraver. La T.O.M, actuellement fixée à 72 000 Fcfa, passera à 108 000 Fcfa en 2025. Par ailleurs, le foncier bâti, qui était de 120 000 Fcfa, augmentera également pour atteindre 180 000 Fcfa. Ces augmentations, décidées par les services fiscaux de Mbour, risquent d’accentuer la pression fiscale sur les résidents de la Petite Côte, déjà confrontés à des défis économiques et sécuritaires.
    Les résidents de Saly expriment également leur incompréhension face à la persistance des problèmes de salubrité, malgré le paiement des taxes sur les ordures ménagères. Les plages et les routes de la région sont souvent jonchées de déchets, ce qui contraste fortement avec les sommes importantes payées pour le ramassage des ordures.
    En plus des problèmes de salubrité, les motos Jakartas, qui envahissent les routes et les plages, constituent une nouvelle source de préoccupation. Les week-ends, et particulièrement les dimanches après-midi, ces motos roulent en bande et à grande vitesse sur les routes de la station balnéaire, perturbant la tranquillité des résidents et représentant un danger pour les piétons. Pire encore, elles se permettent de rouler sur les plages, notamment à la plage de Plein Sud, à la plage de Safari, et à celle située avant l’hôtel Movenpick (ex-Lamantin Beach Hotel), mettant en danger les enfants et les personnes qui se baignent.
    « C’est insupportable. Ils roulent à toute vitesse, sans respect pour les gens qui veulent se promener ou se reposer. C’est dangereux et bruyant », témoigne une résidente. « Les enfants ne peuvent même pas jouer en sécurité sur la plage. C’est inadmissible », ajoute un autre résident. En parallèle, les problèmes de salubrité dans la région restent un sujet de préoccupation. Malgré les efforts des nouvelles autorités, qui ont initié les journées "Set Setal" (nettoyage citoyen) une fois par mois, les résultats semblent mitigés. Face à cet échec relatif, le président Bassirou Diomaye Faye a décidé de suspendre temporairement l’initiative le temps de revoir son format.
    Alors que le Sénégal cherche à se repositionner sur la scène internationale et à affirmer sa souveraineté, les défis internes restent nombreux. Pour les résidents étrangers de Saly, la question n’est plus seulement de savoir s’ils peuvent s’adapter à ces changements, mais plutôt s’ils souhaitent rester dans un contexte de plus en plus complexe.
    Le départ des troupes françaises, bien que symbolique, semble avoir marqué un tournant dans les relations entre la France et le Sénégal. Pour les expatriés français, cette décision a également renforcé un sentiment de précarité, poussant certains à envisager de tourner la page et à chercher de nouveaux horizons. Cependant, avec un marché immobilier stagnant et une situation économique tendue, beaucoup se retrouvent coincés, incapables de vendre leurs biens et de partir. Les annonces immobilières qui fleurissent sur les sites spécialisés en sont un témoignage éloquent : Saly, autrefois considérée comme un paradis pour expatriés, pourrait bien perdre une partie de son attractivité si les défis actuels ne sont pas rapidement relevés. En attendant, les résidents étrangers doivent faire face à une réalité de plus en plus difficile, entre insécurité, pression fiscale et incertitude quant à leur avenir.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#france#expatrie#immobilier#sante#saly#securite#immigration

  • Donald Trump annonce la vente de titres de résidence « carte dorée », sur le modèle des cartes vertes, contre 5 millions de dollars
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/26/donald-trump-annonce-la-vente-de-titres-de-residence-carte-doree-sur-le-mode

    Donald Trump annonce la vente de titres de résidence « carte dorée », sur le modèle des cartes vertes, contre 5 millions de dollars
    Le Monde avec AFP
    « Environ 5 millions de dollars » (plus de 4,7 millions d’euros). C’est la somme dont il faudra s’acquitter pour obtenir les titres de résidence permanente baptisés « cartes dorées Trump », sur le modèle des « cartes vertes », dont Donald Trump a annoncé, mardi 25 février, la mise en vente prochaine aux Etats-Unis.
    « Les gens riches arriveront dans ce pays en achetant cette carte. Ils seront riches, et ils auront du succès et ils dépenseront beaucoup d’argent et paieront beaucoup d’impôts et emploieront beaucoup de monde », a déclaré le président américain à la presse depuis la Maison Blanche.
    La vente de cette Gold Card devrait commencer dans deux semaines, a-t-il précisé. « C’est en quelque sorte comme une “carte verte” », de résident permanent aux Etats-Unis, « mais à un niveau plus élevé de sophistication », a déclaré Donald Trump, précisant que cette « carte dorée » permettrait à ses titulaires d’accéder au « chemin vers la citoyenneté » à plus long terme. Les oligarques russes, pour la plupart sanctionnés par les Etats-Unis depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pourront potentiellement postuler à ce programme. « Je connais certains oligarques russes qui sont des gens très bien », a déclaré Donald Trump. « Il est possible » qu’ils soient éligibles, a-t-il ajouté.
    Un programme similaire à celui annoncé aujourd’hui, l’EB-5, existe déjà aux Etats-Unis. Une « carte verte » de résident permanent peut être obtenue par des ressortissants étrangers qui effectuent des investissements d’un certain montant aux Etats-Unis. Mais, selon Howard Lutnick, ministre américain du commerce, ce programme existant était sujet à trop de fraudes, et représentait « un moyen d’obtenir une “carte verte” à bas coût ». Il a donc annoncé que les Etats-Unis mettront fin à ce programme EB-5. « Nous allons le remplacer avec la “carte dorée Trump” », a-t-il déclaré dans le bureau Ovale aux côtés du président, qui a fait campagne en 2024 sur le renforcement des restrictions à l’immigration clandestine.
    Selon le président américain, la « carte dorée » permettra de « faire venir des gens dans l’informatique qui créent des emplois, des gens de très haut niveau ». « Je pense que les entreprises paieront pour amener des gens », a-t-il déclaré. « Donc Apple et toutes ces entreprises qui veulent que des gens viennent travailler pour eux pourront acheter une carte », a ajouté Donald Trump. Il a avancé que les Etats-Unis pourraient bénéficier de « la vente peut-être d’un million de ces cartes, peut-être plus que cela ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#goldvisas#immigration#economie#EB-5#politiquemigratoire#sante

  • La liste des métiers en tension par région laisse des « trous dans la raquette », déplorent les syndicats et les employeurs
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/28/la-liste-des-metiers-en-tension-par-region-laisse-des-trous-dans-la-raquette

    La liste des métiers en tension par région laisse des « trous dans la raquette », déplorent les syndicats et les employeurs
    Par Aline Leclerc et Julia Pascual
    Elle est attendue depuis plus d’un an, n’a toujours pas été publiée que, déjà, elle déçoit. Le gouvernement a fait part aux partenaires sociaux, vendredi 21 février, de son projet d’arrêté fixant la nouvelle liste des métiers en tension. Cette dernière est la base sur laquelle s’appuieront les préfets pour examiner l’opportunité de régulariser des travailleurs sans papiers. Selon le ministère du travail, l’arrêté définitif sera publié « début mars » alors que devait se tenir, vendredi 28 février, une ultime consultation nationale sur le sujet.
    La liste, qui n’avait pas été actualisée depuis 2021, sauf à la marge pour y inclure l’ensemble des métiers agricoles, était réputée déconnectée de la réalité. Une inadéquation qui semble perdurer, pour partie au moins. « La liste ne correspond pas aux réalités du pays, c’est un non-sens économique », remarque Lydie Nicol, secrétaire nationale de la CFDT, qui regrette un « simulacre de concertation ». « C’est du grand n’importe quoi, enfonce Jean-Albert Guidou, chargé des travailleurs migrants à la CGT Ile-de-France. Les maçons pourront bénéficier d’un titre de séjour dans toutes les régions françaises, sauf en Ile-de-France. On ne retrouve les agents de nettoyage que dans huit régions sur treize. Quant aux salariés du secteur des déchets, que ce soit pour la collecte ou le tri, ceux du secteur de la logistique, qu’ils soient manutentionnaires ou livreurs, ils n’apparaissent sur aucune liste ou si peu. »
    Bien que plus modérés, les employeurs constatent les mêmes écueils. Laurent Barthélémy, président de la commission formation-emploi à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), déplore que seuls soient pris en compte « les besoins à l’année, permanents », pas les pics de demande saisonnière, dans les localités touristiques. Il relève également des « trous dans la raquette » : serveurs et chefs cuisiniers sont absents de la liste en Bretagne, en Corse, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Ile-de-France, où les postes de commis de cuisine ne sont pas non plus jugés « en tension ». « C’est totalement incohérent avec la réalité de nos besoins », dit-il. Pour cette raison, l’UMIH revendique d’obtenir, comme le secteur agricole en 2024, un arrêté spécifique reconnaissant des difficultés de recrutement pour tous les métiers du secteur sur l’ensemble de la France métropolitaine.
    Le président du Syndicat national des établissements, résidences et services d’aide à domicile privés pour personnes âgées, Jean-Christophe Amarantinis, formule le même regret : « Le manque d’aides-soignants et d’infirmiers, c’est sur tout le territoire qu’il se fait sentir. Il n’y a pas une zone où ne remonte pas de difficultés. On ne comprend donc pas qu’il ne soit pas retenu pour l’ensemble des régions. » Le métier d’aide-soignant n’apparaît en tension que dans huit régions, celui d’infirmier que dans sept.
    La révision des métiers en tension était une promesse de la loi « immigration », promulguée en janvier 2024. Elle devait accompagner le souhait du ministre de l’intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, de favoriser la régularisation des travailleurs sans papiers face aux besoins de certains secteurs de l’économie et au détriment des régularisations en raison de la vie privée et familiale des étrangers. Le ministre avait, pour cela, engagé une simplification des critères de régularisation des travailleurs sur lesquels s’appuient les préfets (qui restent, à l’arrivée, détenteurs d’un entier pouvoir d’appréciation). Les travailleurs sans papiers doivent désormais justifier de trois ans de présence en France et de douze mois d’ancienneté dans le travail (contre vingt-quatre mois auparavant). Restait à actualiser la liste des métiers en difficulté de recrutement.
    Pour cela, la ministre du travail de l’époque, Catherine Vautrin, avait demandé dans une instruction aux préfets de tenir compte non seulement des difficultés de recrutement, mais aussi des métiers ayant largement recours à une main-d’œuvre étrangère, afin de mieux refléter les réalités de terrain. Le cadre était toutefois circonscrit : chaque région ne pouvait pas lister plus de 40 métiers.
    La dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, et l’arrivée de Bruno Retailleau Place Beauvau, en septembre 2024, tenant d’une ligne dure, ont embourbé ce projet. Mais des concertations régionales se sont malgré tout tenues, réunissant localement les partenaires sociaux, l’Etat et les régions. Sans que leur résultat ne se retrouve totalement dans le projet d’arrêté ministériel. « Il y a des incohérences, reprend Lydie Nicol, à la CFDT. On avait respecté le fait de ne pas dépasser 40 métiers par région, mais, à l’arrivée, on se retrouve avec un nombre moyen de 26 métiers par région. » Du côté de la CGT, on regrette déjà un texte qui « n’aura que peu d’impact » sur des travailleurs « corvéables à merci ».
    Tout à son souhait affiché de « réduire l’immigration » (les régularisations sont d’ores et déjà en baisse de 10 % au cours de 2024 et pour la première fois depuis 2020), Bruno Retailleau a pesé dans les arbitrages finaux. Dans l’entourage du ministre, on assume avoir « poussé pour resserrer la liste » des métiers. Le ministère du travail ne fait pas de commentaire. Interrogé par Le Monde, jeudi 27 février, le président du Medef, Patrick Martin, se dit « très réservé sur le resserrement des contingents de régularisation tels que prévus par les derniers textes du gouvernement ». « Je pense que ça va un peu trop loin […] L’immigration est un enjeu pour notre économie », poursuit-il. Face aux difficultés de recrutement, dit-il encore, « dans des métiers où les gains de productivité sont faibles et où l’intelligence artificielle ne pourra pas grand-chose, comme l’aide à la personne, l’immigration choisie peut être un élément de réponse ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#economie#metierentension#regularisation#immigrationchoisie#sante

  • [Nantes] Assemblée générale anticra
    https://nantes.indymedia.org/events/140034/assemblee-generale-anticra

    Dans le contexte de la fascisation de l’État et de la société et de la montée d’un discours haineux de plus en plus décomplexé envers les étranger·es, le projet de construction d’un centre de rétention administrative (CRA) à #Nantes nous paraît une problématique centrale. Un centre de rétention, c’est un…

    #Cra #Immigration/sans-papierEs/frontieres #Prisons_/_Centres_de_rétention

  • #Immigration : le grand #déni

    Par un étrange paradoxe, ceux qui s’imaginent que la France ferait face à un « #tsunami » migratoire, par la faute des politiques, de l’Union européenne ou des juges, sont également convaincus que la migration est une #anomalie dont la France pourrait se passer. On grossit l’immigration pour mieux la dénier. Pour dissiper ces #illusions, il faut en revenir aux #faits. Oui, la population immigrée a progressé en #France depuis l’an 2000, mais moins que dans le reste de l’Europe. Non, notre pays n’a pas pris sa part dans l’accueil des réfugiés. La hausse vient d’abord de la migration estudiantine et économique, tandis que la migration familiale a reculé. En exposant les enjeux de la #loi_Darmanin de 2023, en rappelant combien la frontière est mince entre séjour régulier et séjour irrégulier, ce livre propose une approche résolument nouvelle de la question migratoire.

    https://www.seuil.com/ouvrage/immigration-le-grand-deni-francois-heran/9782021531145
    #livre #préjugés #migrations #idées_reçues #afflux #invasion #statistiques #chiffres
    ping @karine4

  • Inclusion : en Espagne, les inégalités persistent pour les migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62977/inclusion--en-espagne-les-inegalites-persistent-pour-les-migrants

    Inclusion : en Espagne, les inégalités persistent pour les migrants
    Par Marlène Panara Publié le : 20/02/2025
    L’accès à la santé, à un logement ou au marché du travail reste plus difficile pour les étrangers extra-européens que pour les Espagnols, d’après un nouveau rapport du ministère de la Migration. Et ce, alors que l’immigration a largement bénéficié à l’économie du pays en 2024.
    C’est un rapport qui va à l’encontre des discours xénophobes régulièrement prononcés sur les réseaux sociaux ou dans la bouche de certains politiques. Dans son étude publiée mercredi 19 février, le ministère espagnol de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations met en lumière les multiples inégalités subies par la population étrangère dans le pays. Le document liste les difficultés d’accès pour les migrants aux services de base tels que la santé, l’éducation, l’emploi et le logement, par rapport aux Espagnols.
    Objectif du rapport ? Aider « les administrations publiques et les organisations de la société civile à développer des stratégies, plans et actions pour l’intégration et l’inclusion des immigrés et demandeurs de protection internationale » et « lutter contre le racisme, la discrimination raciale, et la xénophobie », peut-on lire dans le document.
    En 2024, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Espagne a atteint 3,2%, soit l’un des plus hauts taux de l’Union européenne, notamment grâce à l’apport des travailleurs étrangers à l’économie du pays. Dans certains secteurs, ils représentent près de 50% de la main-d’œuvre. Le gouvernement planche donc sur la création de politiques publiques qui favorisent leur inclusion dans la société.
    « L’Espagne a l’opportunité de bien faire », a déclaré la ministre de l’Inclusion, Elma Saiz. « Les administrations publiques doivent relever le défi que représente l’inclusion des migrants et mettre en œuvre des plans qui facilitent l’intégration », a-t-elle ajouté lors de la présentation du rapport, qui donne donc des pistes sur lesquelles les autorités doivent travailler.
    En premier lieu dans le domaine de l’éducation, où les inégalités sont de taille. Le décrochage scolaire est 20 % plus élevé chez les jeunes étrangers (31 %) que chez les Espagnols (11 %). Par ailleurs, bien que les migrants s’engagent davantage dans des formations professionnelles, ils le font moins dans les diplômes moyens, supérieurs et universitaires (jusqu’à 12 % de moins), indique le document.Autre secteur touché, le logement. « Les difficultés à se loger liées à l’augmentation des prix des loyers touchent l’ensemble de la population espagnole mais ont un impact encore plus important sur les citoyens d’origine étrangère », explique El Diario. Conséquence, de nombreux exilés se retrouvent à la rue : en 2022, sur un échantillon de 309 migrants, 41 étaient sans abri, affirme le ministère.
    La proportion d’étrangers vivant dans des logements suroccupés ou saturés est aussi plus importante. En 2023, ils étaient 23 % dans cette situation contre 6 % des Espagnols et 7 % des immigrés de l’Union européenne (UE). « Ce chiffre a augmenté ces dernières années pour toutes les nationalités, mais avec une plus grande incidence dans le cas des étrangers hors UE », précise l’étude.
    Dans le secteur de la santé également, des inégalités persistent. Selon le rapport, la population non européenne bénéficie moins des services de santé que les Espagnols. Un décret-loi royal garantit pourtant « l’universalité des soins de santé » en Espagne, c’est-à-dire « le droit à la protection de la santé et aux soins de santé, dans les mêmes conditions, à toutes les personnes de l’État espagnol ».
    D’après le rapport, le pourcentage de personnes de plus de 15 ans qui, au cours des 12 mois précédents, a consulté un médecin était de 87 % pour les Espagnols à 82 % pour les étrangers. Pour les rendez-vous en physiothérapie - traitements visant à rétablir la motricité - il passe de 18 % à 11 %. Seule exception : les services des urgences. Un pourcentage légèrement plus élevé d’étrangers consulte ces services, ce qui s’explique, selon le ministère, par une « plus grande exposition » des étrangers aux accidents du travail « en raison des emplois auxquels ils accèdent principalement », comme le secteur de la construction.
    En 2024, le gouvernement a tenté de réduire les écarts. En mai, il a approuvé le projet de loi garantissant l’accès à la santé à tous les exilés résidant dans le pays, y compris les sans-papiers. Les personnes arrivées en Espagne via le regroupement familial, les demandeurs d’asile et bénéficiaires d’une protection temporaire sont aussi concernés.L’universalité des soins de santé avait été entravée il y a plus de dix ans par une loi promulguée à l’initiative du Parti populaire (droite). « Nous voulons bannir à jamais l’exclusion sanitaire […] introduite en 2012 » et « refermer cette blessure », avait déclaré la ministre de la Santé, Mónica García.
    L’étude met également en évidence les fortes disparités qui prévalent entre nationalités dans le marché du travail : « Les étrangers sont concentrés dans des professions moins qualifiées, avec des conditions moins bonnes [...] un risque d’accident plus élevé, des horaires de travail plus longs et des salaires plus bas ».
    Et ce, dans des secteurs tels que l’hôtellerie, le commerce et la construction. « Les emplois de bureau peu qualifiés et à faible rémunération, notamment dans les centres d’appels » sont aussi très pourvoyeurs de travailleurs étrangers, notait une étude de la Banque d’Espagne publiée en août 2024.

    Cette discrimination, « en plus d’être injuste et de marquer la vie de ceux qui la subissent, affecte également négativement l’ensemble de l’économie de l’État », lui faisant perdre près de 17 milliards d’euros, selon un rapport de l’Observatoire espagnol du racisme et de la xénophobie, publié en novembre dernier.
    À noter en revanche, l’Espagne affiche le taux d’activité des étrangers le plus haut de l’UE. D’après la Banque nationale, le taux d’emploi des exilés - qui disposent d’un titre de séjour dans le pays - s’élève à 78 %, devant l’Allemagne (73 %), l’Italie (71 %) et la France (70 %). Des chiffres rendus possibles grâce à un contexte économique post-pandémie favorable. Depuis 2020, « l’accès à l’emploi des migrants s’est accéléré », note cette étude.Une situation qui s’explique en partie par les mesures prises par Madrid pour faciliter l’accès à l’emploi des exilés qui s’installent sur son territoire. En septembre 2022, le gouvernement a validé une réforme permettant à des milliers d’entre eux d’accéder au marché du travail. Celle-ci a notamment permis aux personnes en situation irrégulière mais qui peuvent justifier d’un séjour dans le pays d’au moins deux ans d’obtenir un titre de séjour de 12 mois, à une condition : effectuer une formation dans les secteurs qui manquent de main-d’œuvre.
    Les premières victimes des inégalités soulevées dans le rapport restent les personnes en situation irrégulière sur le sol espagnol. Parmi ces sans-papiers, il y a « des familles avec des enfants qui ne peuvent pas accéder à la santé ou à l’éducation », « victimes d’un système pervers qui les maintient dans l’extrême précarité », avait dénoncé Lamine Sarr à InfoMigrants, membre du mouvement Regularizacion Ya.Le groupe est à l’origine d’une pétition citoyenne de 700 000 signatures, réclamant la régularisation des sans-papiers en Espagne.
    Pour les défenseurs du projet, le texte vient combler une défaillance administrative qui empêche les exilés d’accéder à des droits fondamentaux et de bénéficier des services publics. « Nous faisons partie de la société et nous effectuons des travaux essentiels, mais nous ne pouvons pas louer d’appartement, ou signer un contrat », affirme le mouvement. « On nous dit que nous sommes essentiels, mais il nous manque les droits les plus élémentaires ».

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#immigration#travailleurmigrant#economie#inegalite#sante#education#logement

  • Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/18/delphine-diaz-historienne-une-vision-biologique-du-lien-national-s-impose-au

    Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    Tribune Delphine Diaz Historienne
    Invité le 9 février par BFM-TV à s’exprimer sur le devenir du droit du sol à Mayotte, une nouvelle fois amoindri par une proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a avancé que la nation n’existe en France « que par le consentement des gens qui la composent ». Présenter la nation comme le résultat d’une adhésion volontaire à un projet politique lui permettait sans doute de convoquer en creux la figure tutélaire d’Ernest Renan [1823-1892] : la nation n’est-elle pas en France un « plébiscite de tous les jours », comme le professeur au Collège de France l’avait affirmé en 1882 ?
    Mais la suite de l’intervention télévisée du ministre de la justice faisait appel à une tout autre histoire et à un tout autre imaginaire : la nationalité française ne saurait être, selon Gérald Darmanin, « automatique » pour les enfants étrangers nés sur le sol français – ce qu’elle n’est pas, puisqu’il s’agit d’une attribution conditionnelle –, et le droit du sol républicain mériterait à ses yeux d’être révisé aussi bien dans le département de Mayotte que, plus tard, dans l’Hexagone. La petite musique instillée par l’un des slogans du Front national, forgé en 1985 par [l’ancien député européen] Jean-Yves Le Gallou, « La France, ça s’hérite ou ça se mérite », se fait ainsi de plus en plus entendre dans le débat public. Plus que la conception méritocratique, c’est en réalité une vision biologique du lien national qui s’impose au-delà même de l’extrême droite, à l’heure où l’idée fausse de la « submersion migratoire » est relayée par le chef du gouvernement, François Bayrou.
    Attaquer le droit du sol est un geste lourd de sens, et le contexte international au sein duquel ces brèches sont ouvertes dans le soubassement même de notre histoire républicaine ne peut être ignoré. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump n’a-t-il pas voulu revenir lui aussi sur ce qu’il qualifie de principe « ridicule », par un décret immédiatement censuré, eu égard au caractère constitutionnel du droit du sol ?
    En France, comme de l’autre côté de l’Atlantique, le droit du sol a une histoire longue, remontant au temps de la monarchie, puis il a été fixé dans les usages républicains. En 1851, la IIe République a consacré le principe du double droit du sol : tout enfant né d’un père étranger, lui-même né sur le sol français, était de nationalité française, sauf s’il répudiait celle-ci. Mais c’est sous la IIIe République qu’a été adoptée, le 26 juin 1889, une loi fondatrice rendant d’une part irrévocable le double droit du sol, et d’autre part automatique le droit du sol.
    Dès sa majorité, voire avant, si les parents avaient réalisé une déclaration anticipée, l’enfant né en France d’un père étranger devenait un citoyen français, astreint comme ses compatriotes au service militaire, rendu universel par une loi presque concomitante du 15 juillet 1889. Les obligations militaires, ne s’appliquant pas aux étrangers de la première génération ni à leurs fils nés en France, constituaient en effet un argument récurrent des protestations qui s’étaient élevées au cours des années 1880 contre leur présence sur le territoire, alors que les patrons pouvaient privilégier cette main-d’œuvre épargnée par la conscription et moins regardante sur les salaires. « Ne chassons point les ouvriers étrangers, visons plutôt à en faire des ouvriers français. (…) Nous ne sommes pas une race, nous sommes une nation qui s’est formée depuis dix-huit siècles par les alluvions successives que cent peuples divers ont laissées sur notre sol », pouvait-on lire dans le journal républicain et conservateur Le Temps, le 27 janvier 1886.
    Il faut aussi chercher les origines de ce texte dans les trois départements algériens, où les autorités s’inquiétaient alors du nombre croissant, par rapport aux colons français, d’Européens – Espagnols, Italiens, Maltais… – qu’il convenait de franciser en urgence. Enfin, la loi de 1889 trouve sa source dans les angoisses relatives à la natalité française, singulièrement basse par rapport à celle du voisin allemand.
    Alors que ces inquiétudes autour d’une démographie jugée en berne ont poussé par le passé à fabriquer des Français par le droit du sol, la réaction du gouvernement actuel à la baisse de l’indice conjoncturel de fécondité (1,6 enfant par femme aujourd’hui) est exactement inverse. Il s’agit de priver chaque année quelque 30 000 enfants nés étrangers sur le sol français, éduqués dans les écoles de la République, de l’obtention de la nationalité, tout en invitant parallèlement les femmes françaises à œuvrer, par leur travail reproductif, au « réarmement démographique ».
    Confortant le droit du sol, la loi sur la nationalité du 10 août 1927 a répondu aux défis démographiques et économiques d’alors en facilitant la naturalisation. L’extrême droite assignait ces nouveaux Français à une nationalité « de papier », tout en protestant contre le poids jugé excessif des étrangers dans la société française : en 1931, ceux-ci représentaient 6,6 % des habitants du pays, soit un taux proche de celui mesuré aujourd’hui par l’Insee (8,2 % en 2023). Quant au régime de Vichy, s’il a bien révisé les naturalisations adoptées sur le fondement de la loi de 1927 – 15 000 Français dont plus de 7 000 juifs ont ainsi été dénaturalisés, comme l’a montré l’historienne Claire Zalc –, il n’est pas revenu sur le droit du sol. A la Libération, ce droit a été entériné tout en étant conditionné : l’exigence de cinq ans de résidence en France avant la majorité a été posée par l’ordonnance du 19 octobre 1945.
    Nombreux sont les leviers grâce auxquels le gouvernement peut limiter le droit du sol : « manifestation de volonté » obligatoire, comme au temps de l’application de la loi Pasqua-Méhaignerie entre 1993 et 1998 ; allongement de la durée de résidence de l’enfant en France ; ou encore exigence de titres de séjour possédés par ses parents, comme à Mayotte. Quelles que soient les voies empruntées, la remise en question du droit du sol, gage donné à l’extrême droite à des fins électoralistes, a valeur de symbole. Elle revient sur l’une des promesses de la République tout en plongeant les membres de la deuxième génération, nés et socialisés en France, dans une insupportable « condition d’incertitude ».
    Delphine Diaz est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#race#droitdusol#politiquemigratoire#submersion#nation#sante

  • Interdiction du mariage pour les personnes sans papiers : le Sénat vote la loi malgré la jurisprudence du Conseil constitutionnel
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/20/interdiction-du-mariage-pour-les-personnes-sans-papiers-le-senat-vote-la-loi

    Interdiction du mariage pour les personnes sans papiers : le Sénat vote la loi malgré la jurisprudence du Conseil constitutionnel
    Par Benoît Floc’h
    C’est au terme de deux heures trente de débats, aux accents parfois polémiques, que la proposition de loi interdisant le mariage aux étrangers en situation irrégulière a été votée par le Sénat, jeudi 20 février, par 227 voix contre 110. Ce texte, qui devra également être adopté par l’Assemblée nationale, est une mesure « logique et légitime », a assuré le porteur du texte, le sénateur centriste de la Somme Stéphane Demilly, justifiée par les mésaventures du maire (Union des démocrates et indépendants) d’Hautmont (Nord), Stéphane Wilmotte.
    En 2023, ce dernier avait été assigné en justice par l’imam de la mosquée de sa ville – fermée par la préfecture du Nord pour apologie du terrorisme –, qu’il avait refusé de marier trois jours avant son expulsion vers l’Algérie. « Comment est-ce possible que les maires risquent de longs mois de procès alors qu’ils agissent pour le bien d’un territoire ? », s’est interrogé M. Demilly devant ses collègues. Il a dénoncé « une situation ubuesque » : « Est-il concevable de lire les articles du code civil dans la maison municipale de la République à quelqu’un qui n’a pas le droit d’être là ? », a-t-il demandé.
    Les débats ont très vite pris une tournure politique. A peine monté à la tribune, le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis Fabien Gay a confessé avoir « hésité à venir ce matin ». « Un peu attristé, un peu sidéré », M. Gay a confié « avoir un peu honte collectivement ». Pour lui, il n’y a « pas de hasard de calendrier » au fait que soit abordée ces temps-ci la remise en cause du droit du sol à Mayotte, l’excuse de minorité en matière de justice des mineurs ou la laïcité dans le sport. « Vous donnez à chaque fois le point à l’extrême droite, a déclaré M. Gay. Et je vous le dis, chers collègues, vous vous ferez avaler par Marine Le Pen. Je pense que nous allons tous nous faire avaler… On sait quand arrive l’extrême droite au pouvoir. On ne sait jamais quand elle part et dans quel état elle laisse la République. »
    « Pas de leçons de morale », a rétorqué le ministre de la justice, Gérald Darmanin, venu apporter l’aval du gouvernement au texte de M. Demilly. Evoquant la situation du maire d’Hautmont, le garde des sceaux a estimé que « l’on fait monter le Rassemblement national [RN] quand on ne règle pas ces problèmes ».En réalité, a estimé la sénatrice écologiste représentant les Français établis hors de France Mélanie Vogel, la justification de ce texte, soutenu par le RN, est la suivante : qu’un étranger en situation irrégulière « puisse obtenir des droits en se mariant vous est insupportable », a-t-elle dénoncé, accusant ses opposants politiques de « lancer, nourris du racisme et de la xénophobie, une attaque en règle contre la Constitution et contre la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et donc contre l’Etat de droit ».
    Car le débat est aussi juridique. Au nom du « bon sens », le sénateur Demilly assure vouloir « clarifier les procédures ». Le ministre de la justice considère, en outre, que la proposition de loi permettra de « rétablir l’autorité de l’Etat ». Car, a-t-il développé, demander à une personne sans papiers de s’engager à respecter les obligations du mariage relève d’une « incohérence criante ». « Comment obliger à une communauté de vie, à l’éducation des enfants, à la pérennité de la famille quand on doit être expulsé du territoire national ? », a lancé M. Darmanin.
    Cependant, la jurisprudence du Conseil constitutionnel s’oppose aujourd’hui clairement à la mesure votée par le Sénat. Dans une décision de novembre 2003, l’instance a considéré que la liberté de se marier faisait partie de la liberté personnelle, laquelle est protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Et, dit le Conseil constitutionnel, son respect « s’oppose à ce que le caractère irrégulier du séjour d’un étranger fasse obstacle, par lui-même, au mariage de l’intéressé ». Par ailleurs, a souligné Mme Vogel, pour lutter contre les mariages simulés ou arrangés, parfois qualifiés de mariages « blancs » ou « gris », « nous avons un arsenal juridique très étoffé et qui s’est renforcé ».
    Mais l’évocation du gardien de la Loi fondamentale a fait sortir le sénateur (Les Républicains) des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi de ses gonds : « Nous sommes le Parlement, a-t-il tonné. Nous ne sommes l’annexe ni du Conseil d’Etat ni du Conseil constitutionnel. C’est à nous que revient de faire la loi. » Or, a précisé Stéphane Demilly, si le mariage est protégé, rien n’interdit d’en modifier les conditions par la loi, « pour éviter des contournements de son esprit ». D’autant que le contexte a changé depuis 2003 : il y avait alors 20 000 obligations de quitter le territoire français ; il y en a 130 000 aujourd’hui. Au reste, a ajouté Gérald Darmanin, « poser deux fois la même question au juge constitutionnel à vingt ans d’intervalle n’est ni insolent ni kamikaze. C’est reconnaître que la société évolue ».
    En attendant, les sénateurs ont adopté trois amendements visant à ménager une « voie de passage », espérant concilier les objectifs de la proposition de loi et la position du Conseil constitutionnel. Les futurs époux devront fournir au maire des justificatifs de séjour. Si ce document n’est pas fourni, cela constituera un élément supplémentaire justifiant la saisine du procureur de la République, qui seul peut interdire une union. Le temps d’enquête, et donc de sursis au mariage, de celui-ci sera porté de deux mois au maximum à quatre mois. Enfin, le sursis sera réputé automatique si le procureur n’a pas répondu sous quinze jours.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#mariage#droit#migrationirreguliere#sante

  • Le Sénat vote une loi interdisant le mariage aux étrangers en situation irrégulière, avec l’appui du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/20/le-senat-vote-une-loi-interdisant-le-mariage-aux-etrangers-en-situation-irre

    Le Sénat vote une loi interdisant le mariage aux étrangers en situation irrégulière, avec l’appui du gouvernement
    Le Monde avec AFP
    Soutenue par Gérald Darmanin et Bruno Retailleau mais contraire à la jurisprudence constitutionnelle, l’interdiction du mariage pour les étrangers en situation irrégulière a été approuvée, jeudi 20 février, au Sénat, en première lecture. « Le mariage ne peut être contracté par une personne séjournant de manière irrégulière sur le territoire national » : la proposition de loi du sénateur de la Somme (groupe Union centriste) Stéphane Demilly, qui tient en une phrase, a été adoptée à 227 voix contre 110. « Ce texte est simple, univoque, laconique », a résumé son auteur, « choqué » de voir les maires priés de « lire des articles de la loi française à de futurs époux alors qu’ils n’ont rien à faire dans le pays ».
    L’initiative du parlementaire entend répondre par la loi à l’affaire du maire UDI d’Hautmont, Stéphane Wilmotte, assigné en justice par un ancien responsable de mosquée expulsé vers l’Algérie qu’il avait refusé de marier en juin 2023. L’objectif du sénateur : lutter contre des mariages « blancs » ou « gris », c’est-à-dire simulés, arrangés, « de complaisance » ou « frauduleux », contractés pour faciliter par la suite l’obtention de la nationalité française.
    Ce vote intervient de surcroît deux jours après la convocation devant le procureur de Montpellier du maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, poursuivi pour avoir refusé de célébrer un mariage entre une Française et un Algérien en situation irrégulière, en juillet 2023. L’édile, qui estime « ubuesque » de plaider coupable, risquait en théorie jusqu’à cinq ans de prison, une amende de 75 000 euros et une peine d’inéligibilité.
    L’actualité judiciaire et l’agenda parlementaire se rejoignant, ce dossier a rapidement gagné le sommet du pouvoir, avec des prises de position des ministres de la justice et de l’intérieur, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, en faveur de cette proposition de loi, qui doit encore passer par l’Assemblée nationale avant d’être adoptée définitivement.
    Mais la jurisprudence du Conseil constitutionnel est très claire sur ce sujet : « Le respect de la liberté du mariage (…) s’oppose à ce que le caractère irrégulier du séjour d’un étranger fasse obstacle, par lui-même, au mariage de l’intéressé », écrivent les sages dans une décision de 2003. Néanmoins, « poser deux fois la même question au juge constitutionnel à vingt ans d’intervalle n’est ni insolent ni kamikaze. C’est reconnaître que la société évolue », a insisté le garde des Sceaux devant les sénateurs.
    L’écologiste Mélanie Vogel a dénoncé « une attaque en règle contre la Constitution, contre la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et donc contre l’état de droit », quand la socialiste Corinne Narassiguin a fustigé une initiative qui « reprend le programme de l’extrême droite » pour « alimenter des fantasmes et amplifier un climat anxiogène de xénophobie et de racisme ». L’élue pointe aussi la « volte-face » de Gérald Darmanin, qui s’était clairement opposé à cette proposition lors des débats sur la loi immigration fin 2023 devant la Chambre haute.
    Si l’Association des maires de France est favorable au texte, les maires de l’Association nationale des villes et territoires accueillants l’ont, eux, jugé « discriminant ». Mais l’alliance LR-centristes, majoritaire au Sénat, a tout de même fait adopter cette disposition jeudi matin, tout en l’assortissant d’autres dispositifs jugés plus « solides » juridiquement. La même alliance a ainsi voté une mesure, avec l’appui du gouvernement, pour imposer aux futurs époux de nationalité étrangère de fournir au maire des justificatifs de séjour. Cet outil devant permettre aux maires de caractériser une « absence de consentement » suspectée, par exemple, avant de saisir le procureur de la République, seule autorité pouvant interdire une union.
    Les sénateurs ont aussi allongé le délai du « sursis au mariage », soit le temps d’enquête du procureur saisi par le maire en ce sens. Sursis qui serait réputé automatique en l’absence de réponse du procureur sous quinze jours. Autant d’aménagements destinés à « trouver une voie de passage », insiste Stéphane Demilly, qui estime que « ce n’est pas parce que le Conseil constitutionnel dresse un immense nuage noir au-dessus de nos têtes qu’on n’a pas le droit d’essayer de passer à travers ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#politiquemigratoire#migrationirreguliere#droit#mariage#sante

  • How Spain’s radically different approach to migration helped its economy soar | Spain
    https://www.theguardian.com/world/2025/feb/18/how-spains-radically-different-approach-to-migration-helped-its-economy

    Tue 18 Feb 2025 08.00 CET

    As #immigration has increased, #GDP has surged and #unemployment has fallen to lowest level since 2008

    J’ai déjà partagé cette info, il y a quelques semaines. La tendance se confirme. Mais si on parle de 2008, ça veut peut être dire qu’on se rapproche d’un retournement ?...

    #spain #espagne #économie #croissance #pnb #chômage

  • [Nantes] Rassemblement mensuel contre le projet de #Cra.
    https://nantes.indymedia.org/events/139694/nantes-rassemblement-mensuel-contre-le-projet-de-cra-4

    Le prochain rassemblement mensuel contre le projet de CRA se tiendra samedi 1er mars à 14h au Miroir d’Eau. Comme dans de nombreuses autres villes en France, il y a un projet de construction d’un CRA à #Nantes. Les CRA sont des lieux prévus pour l’enfermement des étranger.es que l’Etat…

    #Immigration/sans-papierEs/frontieres #Prisons_/_Centres_de_rétention #Miroir_d'eau

  • Immigration : polémique sur des tests de français

    La nouvelle #loi_immigration durcit les tests de français pour les étrangers alors que le #budget alloué aux #cours a été réduit. Ils vont devoir prouver leur niveau de français, au nom de l’#intégration, en réalité, des 10aine de milliers d’entre eux vont devenir expulsables.

    Jusqu’à présent, pour obtenir une #carte_de_séjour, les étrangers doivent signer un contrat d’intégration républicaine et s’engagent notamment à apprendre le français, mais aucun examen n’est exigé. Avec la loi immigration, ils devront désormais passer et réussir une #épreuve_écrite.

    300 000 personnes vont devoir s’y soumettre sous peine de perdre leur titre de séjour

    Une condition nécessaire pour qu’ils s’intègrent selon le ministre de l’intérieur

    "quand depuis plusieurs années, un étranger en situation régulière ne maîtrise pas le Français c’est qu’il n’a pas produit l’ effort" (Bruno Retailleau Ministre de l’intérieur, Versailles 24 janvier 2024)

    Pour obtenir un titre de séjour de 2 à 4 ans il faudra valider un niveau collège, pour une carte de 10 ans, un niveau lycée et pour la nationalité française, un niveau universitaire.

    À Marseille depuis cette annonce, les étrangers que nous avons rencontrés dans un cours de langue, ont l’impression de jouer leur avenir. Tous ou presque ont un emploi, certains sont ici depuis plus de 10 ans comme Marianne d’origine comorienne. Elle a quitté l’école en 6eme et enchaîne les boulots de femme de ménage. Mais un examen écrit pour renouveler son titre de séjour lui paraît inaccessible

    “le souci c’est que j’ai pas le temps. J’ai pas fait d’étude en France, j’ai pas le niveau nécessaire c ‘est ça le problème” (Marianne, A l’Œil du 20 heures)

    La formatrice elle-même s’inquiète

    " Il y a des gens qui parlent très bien français, qui communiquent tous les jours dans leur travail, mais qui ne vont pas réussir cet examen. Il y a une forme d’inquiétude d’angoisse d’être ici depuis 10 ans et de se dire , cette fois-ci on pourra pas l’avoir” (Chloe Odent Formatrice coordinatrice de l’association A Voix Haute, A l’Œil du 20 heures)

    Les conséquences sont bien réelles : si au bout de 3 ans, ils n’ont pas atteint le niveau collège, avec la nouvelle loi, ils deviendront expulsables. Le ministère intérieur a même fait ses calculs :
    20 000 immigrés risquent de perdre leur titre de séjour et 40 mille se verront refuser la #carte_de_résident.

    Dans le même temps le nombre d’heure de formation de langue est en baisse, parfois même il a été divisé par deux. Pour remplacer les cours en présentiel, les étrangers devront se débrouiller avec simple site internet. Une catastrophe selon l’un des cadres de l’OFII qui souhaite rester anonyme

    “ les cours sont maintenus pour une infirme minorité en présentiel. Pour tous les autres,c’est simplement la proposition d’une plateforme internet. Beaucoup n’ont pas d’ordinateur, pas de connexion internet, ils n’ont que leur téléphone. C‘est quasiment laisser la personne dans l’échec" (Un cadre de l’OFII, l’Office Français de l’Immigration, A l’Œil du 20 heures)

    Mais pour le patron de l’OFII, en augmentant les exigences de langue, la France ne fait que s’aligner sur les pays voisins, comme l’Allemagne notamment.

    l’ensemble du dispositif vise à responsabiliser les personnes et à les aider à s’intégrer. Je pense qu’il faut avoir confiance dans les gens. Ils ont 3 ans pour atteindre le niveau minimal et renouveler leur titre de séjour" (Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), A l’Œil du 20 heures)

    Quand à ceux qui veulent obtenir nationalité française, la marche est encore plus haute, au point que certains français eux-mêmes se casseraient les dents sur cet examen de niveau universitaire.

    10 volontaires ont accepté de passer l’épreuve en condition réelle. Tous sont plutôt très diplômés, un seul n’a pas le bac. Pendant une heure et demie ils ont notamment planché sur des questions à partir d’enregistrements audio. Sur l’une des questions suivante : Le Robot émotionnel est capable d’interpréter, de provoquer ou de manifester les émotions ? Plusieurs candidats ont semblé perdu. “Je pense que je me suis trompée plusieurs fois " affirme une étudiante pourtant dotée d’un bac + 5 en littérature. Résultat, après correction, 5 candidats n’ont pas eu la moyenne à l’écrit mais compensent à l’oral et 2 ont même raté l’examen pour obtenir leur propre nationalité.
    "Il faut compter 2 à 3 mille heures de cours pour obtenir ce niveau, c’est vraiment inatteignable".

    Selon des associations qui préparent aux épreuves, quand le français n’est pas la langue maternelle,les chances de réussite sont maigres.

    “ c’ est un niveau qui est beaucoup trop élevé pour la plupart des étrangers qui veulent demander la nationalisation ou un titre de long séjour en France. (Félix Guyon Délégué Général de l’école THOT pour les réfugiés et demandeurs d’asile, A l’Oeil du 20 heures)

    Ces nouveaux tests de langue seront mis en place avant la fin de l’année. Une épreuve facturée une centaine d’euros, à leur charge.

    #france #loi #immigration #langue #test #naturalisation #nationalité #français #langue_française

    ping @karine4

  • Près de 70 % des Français n’éprouvent pas de « sentiment de submersion » migratoire, selon une enquête sociale européenne

    Selon l’#Enquête_sociale_européenne 2023-2024 menée par des universitaires dans 31 pays européens, au moins 69 % des Français sont favorables à l’#accueil d’étrangers dans notre pays. Bien loin du « sentiment de #submersion_migratoire » évoqué par le premier ministre François Bayrou.

    Accoler « #sentiment » au concept de « submersion migratoire » relève d’une #stratégie_de_communication millimétrée qui place le débat au-delà des #réalités_statistiques sur l’#immigration. Qui peut nier les #ressentis subjectifs des citoyens, aussi biaisés soient-ils ? Des #données d’enquêtes internationales qui interrogent les Français sur la #politique_migratoire de notre pays montrent pourtant que le « #sentiment_de_submersion_migratoire » n’existe pas.

    La submersion migratoire, une idée largement démentie

    Le 27 janvier 2025 sur LCI, les déclarations de François Bayrou font des émules lorsqu’il évoque l’idée qu’il existe en France un « sentiment de submersion » migratoire. Difficile de croire que les mots n’ont pas été méticuleusement choisis. En réaction, le PS annule une réunion avec le gouvernement sur le budget et dix jours plus tard, le chef du gouvernement se prononce pour un débat plus large sur qu’« est-ce qu’être français ».

    Dans une tribune parue dans le Monde, le sociologue Emmanuel Didier souligne qu’en désavouant l’#Insee, dont les #statistiques contreviennent à l’idée de #submersion, le chef du gouvernement participe à la fragilisation de notre administration et de notre institut de statistiques dont la réputation n’est pourtant plus à faire. Dans cette lignée, l’historien et sociologue Hervé le Bras a consacré en 2022 un ouvrage complet sur l’idée tout aussi fausse qu’il existerait un « #grand_remplacement ».

    Le professeur au Collège de France François Héran rappelait quant à lui que « la France n’était pas le pays le plus attractif d’Europe, bien au contraire » et qu’il faudrait plutôt s’en inquiéter.

    Le sentiment des Français, une dimension qui compte

    Mais les mots du chef du gouvernement sont choisis. Il parle de « sentiment ». Peu importe la réalité, même si on sait que, partout dans le monde, les citoyens surestiment systématiquement la part d’étrangers dans leur société comme le démontre très bien un article, au sérieux indiscutable, publié par la Française Stefania Stantcheva, professeure à Harvard.

    Peut-on aller contre le sentiment des Français, aussi biaisé soit-il ? Cela paraît difficile tant le peuple devrait être souverain en démocratie. Mais avant de penser la mise en pratique de cet aspect théorique de notre modèle politique, encore faut-il que ce « sentiment » ait une quelconque matérialité.

    En employant le terme « sentiment », le chef du gouvernement s’appuie sur une appréciation subjective de la réalité qui lui permet de placer le débat au-delà des données collectées par l’Insee et du même coup créer l’embarras. Qui dispose de la légitimité pour nier le « #ressenti » de nos citoyens, fondé sur la #perception de leur environnement au quotidien ? A priori personne.

    On peut en revanche s’attacher à documenter si ce sentiment existe réellement en France. Certes, les Français surestiment le nombre d’étrangers dans notre pays, mais ont-ils pour autant le sentiment d’être submergés ? Peut-être y voient-ils une richesse culturelle, un atout pour notre pays, ou sont-ils tout simplement indifférents ?

    Repartir des données

    Si les données les plus récentes de l’Insee ne permettent pas de répondre à cette question, il va de soi que les données collectées par un parti politique, les microtrottoirs réalisés pour illustrer tel ou tel documentaire, ou les rapports élaborés par les associations ne constituent en rien des preuves exploitables à verser au débat. Il faut pour cela des données d’enquête collectées via un #protocole_statistique clair et éprouvé, fondé sur les techniques de #sondage que seules quelques organisations sont en mesure de mettre en œuvre. Il faut une photographie représentative des sentiments des Français.

    L’Enquête sociale européenne (ESS), dispositif transnational bisannuel, menée par des universitaires dans toute l’Europe, a récemment fait paraître les résultats de sa onzième campagne réalisée en 2023-2024 dans 31 pays.

    Trois questions invitent les enquêtés à se prononcer sur la mesure dans laquelle la France devrait autoriser des #étrangers à venir vivre en France. Les données sont disponibles en ligne et téléchargeables sans prérequis.

    La première question concerne le fait d’autoriser les personnes du même groupe ethnique que la plupart des habitants de la France. La seconde question concerne les personnes de groupes ethniques différents. La troisième porte sur les personnes venues de pays pauvres hors Union européenne. Les répondants ont le choix des réponses entre « beaucoup », « un certain nombre », « peu » ou « aucun ».

    Les Français ont-ils le sentiment de boire la tasse ?

    Un sentiment de submersion de la part des Français se traduirait par une majorité de répondants en faveur d’une opposition catégorique à l’accueil d’étranger dans notre pays ou, a minima, par une majorité de répondants s’exprimant en faveur de « peu » ou « aucun ». Or les chiffres de l’enquête ne confirment absolument pas cette réalité.

    Sur ces trois questions, le pourcentage de Français catégoriquement opposés à l’accueil d’étrangers oscille entre 3,5 % et 8,2 % tandis que ceux qui y sont très largement favorables s’établit entre 17,4 % et 23,3 %.

    On est loin d’une opposition totale comme le montre le graphique 1 où chaque point représente une des quatre modalités de réponse pour chacune des questions.

    Graphique 1 – La France devrait-elle autoriser des étrangers à venir vivre en France ?

    Entre ces deux cas polaires, ils sont entre 51,6 % et 60 % à répondre qu’ils sont favorables à l’accueil d’un certain nombre d’étrangers (traduction de l’anglais « some », quantité indéfinie) et entre 13,2 % et 22,9 % en faveur du « peu ». Et lorsqu’on groupe les modalités par paire (« beaucoup » et « quelques-uns » vs « peu » et « aucun »), on obtient un pourcentage de répondants vraiment favorables supérieur à 69 % dans les trois cas.

    Au moment de l’enquête, les citoyens français semblent donc bien loin de percevoir une submersion migratoire. Mais peut-être que cette « photographie » statique cache tout de même une tendance de fond qui se dégrade ?
    En quatre ans, une dépolarisation des avis sur l’accueil des migrants

    L’avis des Français sur l’accueil des étrangers s’est dépolarisé en quatre ans. La puissance de l’ESS repose notamment sur sa bisannualité. Il est donc possible de comparer l’évolution de l’avis des Français entre deux campagnes.

    Le graphique 2 résume ces évolutions. Les points rouges, qui capturent l’évolution des opposants stricts à l’immigration entre les deux périodes, enregistrent les évolutions les plus marquées, toutes à la baisse, entre 6 et 17 % selon les catégories. Les points verts, qui eux capturent l’évolution des partisans d’une immigration large, enregistrent également une baisse, mais plus contenue, comprise entre 6 et 10 %.

    Entre les deux, la part des Français qui expriment une opinion en faveur d’« un certain nombre de migrants » stagne pour les étrangers venus de pays pauvres hors de l’UE et progresse pour les deux questions qui contiennent une référence à l’ethnie dominante en France. Les partisans du « peu » progressent également de plus de 10 % pour les migrants issus de pays pauvres hors UE, mais est en quasi-stagnation ou régressent pour les deux autres questions.

    Graphique 2 –– Évolution (en %) de l’avis des Français entre l’enquête de 2020-2022 et celle de 2023-2024.

    Cette tendance à la dépolarisation des Français ne révèle en aucun cas un « sentiment de submersion migratoire ». Le constat d’un tel écart entre les éléments de langage du chef du gouvernement et des réalités établies par la recherche ou des données accessibles à tous appelle à la mise en œuvre de propositions plus sérieuses dans le débat public.

    Aujourd’hui, sur l’immigration, plus que sur tout autre sujet, l’État doit être garant de l’utilisation d’une information fiable pour mener à bien sa mission de gardien de la cohésion sociale.

    https://theconversation.com/pres-de-70-des-francais-neprouvent-pas-de-sentiment-de-submersion-m
    #France #biais #migrations

    ping @reka @isskein @karine4

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    voir aussi ce fil de discussion sur la "submersion migratoire"
    https://seenthis.net/messages/1095770

  • Le maire de New York se dit prêt à collaborer davantage avec Donald Trump sur l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/02/14/le-maire-de-new-york-se-dit-pret-a-collaborer-davantage-avec-donald-trump-su

    Le maire de New York se dit prêt à collaborer davantage avec Donald Trump sur l’immigration
    Le Monde avec AFP
    Le maire de New York a affirmé, jeudi 13 février, vouloir collaborer davantage avec l’administration Trump en matière d’immigration, se disant notamment prêt à ouvrir les portes de la prison de Rikers Island aux agents fédéraux, quitte à fragiliser le statut de « sanctuaire » de la mégalopole.
    L’édile Eric Adams a reçu, jeudi, Tom Homan, chargé par le président américain de la politique d’expulsion massive des immigrés en situation irrégulière. Les deux hommes ont discuté de la façon de « travailler ensemble pour expulser de [New York] les gangs violents de migrants », selon un message publié par le maire sur X. « Nous travaillons à la mise en œuvre d’un décret présidentiel qui rétablira la possibilité pour les agents de l’ICE [l’agence fédérale chargée du contrôle des frontières et de l’immigration] d’opérer à Rikers Island », la plus grande prison de la ville, a écrit le maire.
    Depuis l’adoption en 2014 du statut de « sanctuaire », censé limiter la coopération de New York avec la politique fédérale en matière d’immigration, l’ICE n’y avait plus de bureaux, ce qui lui permettait de faciliter le transfert des détenus directement vers des centres de rétention en vue de leur expulsion.Cette fois, a précisé le maire, les agents fédéraux de l’immigration seront affectés pour aider les « enquêtes criminelles, en particulier celles concernant les criminels violents et les gangs ». « J’ai dit clairement que je voulais travailler avec la nouvelle administration fédérale, pas lui faire la guerre », a insisté l’ancien capitaine de police devenu maire d’une ville qui a accueilli, selon lui, plus de 230 000 migrants depuis 2022. Il a également évoqué la possibilité « d’intégrer plus de détectives de la police new-yorkaise » au sein des polices fédérales sur ce thème.
    Depuis plusieurs mois, les positions du maire sur l’immigration se rapprochent de celles du président républicain. De son côté, l’administration Trump a demandé, lundi, aux procureurs fédéraux de Manhattan d’abandonner les poursuites pour corruption à l’encontre d’Eric Adams, arguant notamment que celles-ci l’empêchaient de « consacrer toute son attention et ses ressources à la lutte contre l’immigration ». Cette affaire a provoqué, jeudi, la démission de la procureure fédérale de Manhattan chargée du dossier.
    Dans un communiqué commun, plusieurs élus de l’aile gauche du conseil municipal de New York ont déploré une démarche « inquiétante » et illégale au regard de la législation locale. « Cette annonce ne fait que renforcer l’inquiétude au sujet d’un maire qui donne la priorité aux intérêts de l’administration Trump plutôt qu’à ceux des New-Yorkais », ont dénoncé ces élus démocrates.
    Pour l’ONG Immigrant Defense Project, Eric Adams « s’est efforcé de s’attirer les faveurs du président Donald Trump » ces dernières semaines dans l’espoir de voir « les poursuites pour corruption [à son encontre] abandonnées ». Mercredi, la ministre américaine de la justice, Pam Bondi, a, par ailleurs, annoncé l’ouverture de poursuites contre les autorités de l’Etat de New York en raison de son rôle de « sanctuaire ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#newyork#villesanctuaire#immigration#expulsion#politiquemigratoire#droit#sante

  • Espagne : 25 000 étrangers affectés par les inondations dans la région de Valence seront régularisés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62763/espagne--25-000-etrangers-affectes-par-les-inondations-dans-la-region-

    Espagne : 25 000 étrangers affectés par les inondations dans la région de Valence seront régularisés
    Par RFI Publié le : 11/02/2025
    Mardi 11 février, le Conseil des ministres espagnol va approuver une mesure fortement symbolique : la régularisation de 25 000 étrangers non communautaires affectés par la « goutte froide » qui s’était abattue dans la région de Valence, le 29 octobre. De terribles inondations firent 224 morts. Ces personnes se trouvent dans une situation d’extrême précarité.
    C’est un grand soulagement pour des milliers d’étrangers qui ont subi les affres des inondations gigantesques de la fin du mois d’octobre et qui ont tout perdu dans le sud-est de l’Espagne. Ils vont bénéficier d’un permis de résidence et d’un permis de travail d’un an.
    C’est la décision du gouvernement espagnol socialiste qui, par ailleurs, a lancé un vaste plan de sauvetage économique pour les dizaines de milliers de Valenciens qui ont tout perdu avec la « goutte froide » dévastatrice et meurtrière. Les terribles inondations avaient fait 224 morts.
    La seule condition imposée aux migrants ayant été affectés est qu’ils doivent être recensés dans une des municipalités ayant souffert des inondations. Une spécificité qui, d’après l’organisation non gouvernementale Oxfam, va faire que des centaines de migrants ne pourront pas en bénéficier.
    Les associations humanitaires rappellent qu’être migrant et avoir été touché par cette « goutte froide » est une double peine : avoir tout perdu, et en plus avoir peur de demander de l’aide, étant donné l’importance des déploiements policiers dans la région.
    Quant au responsable régional de la reconstruction, l’ancien militaire Gan Pampols, l’idéal serait, pour lui, de faire de ces mêmes immigrés en passe d’être régularisés, de la main-d’œuvre supplémentaire dans l’immense chantier consistant à nettoyer et déblayer.

    #Covid-19#migration#migrant#espagne#valence#regularisation#immigration#inondation#economie#sante