Les loyers impayés, bombe à retardement de la crise sanitaire ? Nathalie Birchem, le 17/04/2020
▻https://www.la-croix.com/France/Exclusion/loyers-impayes-bombe-retardement-crise-sanitaire-2020-04-17-1201089941
Analyse Face à la crise économique provoquée par le coronavirus, l’association Droit au #logement estime que plus de 2,5 millions de ménages peuvent être en difficulté pour payer leur #loyer ou leur prêt immobilier. Elle demande un moratoire des loyers.
Depuis deux ans déjà, Nicolas, 41 ans, qui vit dans un studio d’une résidence HLM dégradée de Lagny-sur-Marne, en banlieue parisienne, a du mal à payer son loyer. Mais jusqu’ici, il n’avait pas connu d’impayé. « Je touche l’allocation adulte handicapé (AAH), soit environ 1 000 € et je dois régler 422 € par mois. Quand j’ai payé toutes mes charges, il me reste 90 € pour passer la semaine, eh bien je peux vous dire que je ne m’autorise aucune sortie, aucun extra », souffle-t-il. Mais, ce mois-ci, il a reçu un courrier de son bailleur lui indiquant qu’il était en retard. « D’habitude, je reçois l’AAH le 3 du mois, là, elle est arrivée le 15 alors forcément ça m’a mis en difficultés », raconte le quadragénaire, qui est parti se confiner chez sa famille, ce qui lui permet de partager les frais alimentaires.
Combien sont ces personnes, qui, en cette période de coronavirus, sont en difficulté pour payer leur loyer ? Dans une note datée d’avril (voir ci-dessous), l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) a cherché à le savoir en croisant les estimations de l’Insee sur la baisse d’activité avec les données sur les ménages fragiles.
Note impayeÌ logt COVID IRES Concialdi 16 4 20 .pdf
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« Entre 2,5 et 2,8 millions de ménages sont en difficulté pour payer leur loyer ou rembourser leur prêt d’accession à la propriété », résume Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement, qui diffuse l’étude. (...)
Pour l’instant, le gouvernement n’a retenu ni l’idée du moratoire ni celui d’un dispositif d’aide supplémentaire. « Depuis le début de la crise, explique-t-on au cabinet du ministre chargé du logement Julien Denormandie, nous avons pris un certain nombre de mesures qui cherchent à maintenir le niveau de ressources des Français, dont le chômage partiel et la prime exceptionnelle pour les ménages modestes. Nous avons aussi reporté la trêve hivernale jusqu’à fin mai. Et pour la suite, nous allons nous assurer que le système d’aide qui existe est activé de façon dynamique. »
En particulier, détaille-t-on, « nous avons mobilisé l’Agence nationale d’information sur le logement, qui gère le numéro SOS Loyer impayé (tél. 0805.16.00.75) et peut conseiller les locataires sur les différentes aides et nous discutons avec les départements pour mobiliser le Fonds de solidarité logement. » Géré par les départements, le #FSL, doté de 350 millions d’euros, accorde des aides financières aux personnes qui rencontrent des difficultés pour payer leur loyer ou leur facture d’énergie ou d’eau. « Mais il est sous-doté et ses règles de fonctionnement comme sa réactivité sont trop hétérogènes selon les territoires pour une efficacité à la hauteur de l’enjeu », dénonce Christophe Robert.