• #Santé_menstruelle : un tabou qui freine l’avenir des filles

    Des millions de filles et de femmes dans le monde vivent leurs règles dans la #précarité, le #silence ou l’#humiliation. Parce que les #menstruations restent taboues, elles entraînent de fortes #inégalités sociales et de #genre et génèrent des #risques pour la #santé. Pour le Planning familial et Plan international, « faire du #droit_à_la_santé_menstruelle une réalité pour tous·tes, c’est faire un pas décisif vers l’#égalité. Il est temps de le franchir. »

    Des millions de filles et de femmes dans le monde vivent leurs règles dans la précarité, le silence ou l’humiliation. Parce que les menstruations restent taboues, elles entraînent de fortes inégalités sociales et de genre et génèrent des risques pour la santé. À l’occasion de la Journée mondiale consacrée à la santé menstruelle, Plan International France et le Planning familial rappellent que la santé menstruelle est un droit fondamental qu’il faut respecter, partout dans le monde.

    En 2025, avoir ses règles reste un facteur d’#exclusion pour des millions de filles dans le monde. En France, environ 4 millions de femmes menstruées vivent dans la #précarité_menstruelle, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas les #ressources_financières pour s’acheter des #protections_périodiques. Parmi elles, 1,7 millions sont des #mères_célibataires ou des #étudiantes.

    En France, plus d’un tiers des adolescent·es ressentent un sentiment de #honte du simple fait d’avoir leurs règles, selon un sondage Opinion Way de 2022 commandé par Plan International France. 35% avouent qu’elles ou une de leurs proches ont déjà subi des #moqueries et des #humiliations en milieu scolaire. Une fille sur deux a déjà raté l’#école pendant ses règles. Ces données montrent à quel point les #tabous entourant les règles restent vivaces.

    Un enjeu mondial de #dignité, de santé et d’#éducation

    Dans le monde, au moins 500 millions de filles et de femmes n’ont pas accès à des protections périodiques en quantité suffisante. Des millions de filles manquent l’école chaque mois, faute d’infrastructures adaptées ou simplement d’un endroit sécurisé pour pouvoir se changer.

    D’après l’Unicef, en 2022, 15% des filles au Burkina Faso, 20% en Côte d’Ivoire et 23% au Nigeria ont été contraintes de manquer l’école tout au long de l’année en raison de leurs règles.

    Au Népal, la pratique traditionnelle du chhaupadi contraint les femmes à vivre isolées dans des huttes pendant toute la durée de leurs règles.

    En situation de crise – conflits, catastrophes climatiques -, l’accès à la santé menstruelle est encore plus restreint.

    Ce manque entraîne des conséquences directes sur la santé des femmes, comme des #infections, des #douleurs_chroniques, un #mal-être psychologique. La #désinformation liée aux règles, les #mythes, les #préjugés sexistes empêchent les jeunes de comprendre leur propre corps, de poser des questions et prendre de soin de leur santé.

    Un #droit_humain trop ignoré

    La santé menstruelle ne peut plus être un sujet oublié ou relégué au second plan, surtout au moment où les #droits_sexuels_et_reproductifs sont remis en cause. Elle est une composante essentielle de la santé sexuelle et reproductive. Elle doit être pensée comme un droit humain à part entière, condition de la dignité, de l’#autonomie et de la pleine participation des filles et des femmes à la société.

    Accéder à une information fiable, des protections, à de l’#eau, disposer d’un lieu sûr, comprendre son cycle, tout cela fait partie du droit fondamental à la santé. Et pourtant, ce droit reste trop souvent ignoré, nié.

    Un levier en faveur de l’égalité de genre

    Une personne qui peut gérer ses règles dans de bonnes conditions a plus de chances de poursuivre sa #scolarité. Une personne qui vit ses règles sans honte ni obstacle peut participer pleinement à la vie sociale, économique et citoyenne.

    À l’inverse, tant que les règles seront entourées de silence et de stigmatisation, elles resteront un facteur d’exclusion. C’est un enjeu d’égalité de genre et de justice sociale.

    Nous agissons pour faire de la santé menstruelle un droit effectif

    Au Planning familial comme à Plan International France, nous agissons pour faire du droit à la santé menstruelle une réalité. Chacun·e à notre échelle, nous distribuons des protections périodiques, sensibilisons les jeunes à la question des règles, aux préjugés qui les entourent. Nous luttons contre les mythes et la désinformation.

    Mais ces actions doivent s’inscrire dans une dynamique plus large. Nous appelons les pouvoirs publics à garantir à chaque jeune un accès à une éducation complète à la sexualité, qui doit mieux inclure la question des règles. Il faut également assurer à tous·tes les adolescent·e un accès universel, continu à l’information, aux soins, aux protections, y compris en situation d’urgence. Nous exigeons également des produits menstruels sans risques pour la santé ainsi que la formation des professionnel·les de la santé ! Il est essentiel d’éviter l’errance médicale par une meilleure prise en compte de la douleur, une meilleure orientation des personnes et une sensibilisation aux diagnostics possibles.

    En parler, c’est déjà agir

    Chacun et chacune peut agir à son niveau. En parlant ouvertement des menstruations, en s’informant, en sensibilisant les plus jeunes. Ensemble, déconstruisons les stéréotypes, levons les tabous et exigeons des #politiques_publiques ambitieuses en faveur de la santé menstruelle. Faire du droit à la santé menstruelle une réalité pour tous·tes, c’est faire un pas décisif vers l’égalité. Il est temps de le franchir.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/01/sante-menstruelle-un-tabou-qui-freine-lavenir-des-filles/#more-94458
    #femmes #menstruation

  • Former la jeunesse des minorités aux USA
    https://laviedesidees.fr/Former-la-jeunesse-des-minorites-aux-USA

    Professeur d’éducation, Bianca Baldridge souligne l’importance de la #formation extra-scolaire pour les jeunes des minorités américaines, et le peu de reconnaissance sociale dont bénéficient les formateurs, expérimentés et compétents mais souvent peu diplômés.

    #International #inégalités #discrimination #école #CASBS
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250530_baldridgefr.pdf

  • Les Français fument moins au quotidien mais le #tabac reste un marqueur d’inégalités sociales
    https://www.nouvelobs.com/societe/20250520.OBS104103/les-francais-fument-moins-au-quotidien-mais-le-tabac-reste-un-marqueur-d-

    Le tabagisme quotidien recule en #France hexagonale, avec 23,1 % de fumeurs en 2023, mais les inégalités sociales restent « très marquées », les personnes déclarant des revenus modestes, au chômage ou encore moins diplômées fumant davantage, selon une étude diffusée ce mardi 20 mai.

    « En 2023, plus de trois personnes de 18-75 ans sur dix déclarent fumer du tabac (31,1 %) et 23,1 % fument quotidiennement », notent l’Observatoire français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT) et Santé publique France, dans une étude déjà diffusée en novembre et complétée pour y inclure notamment les facteurs socio-économiques liés au tabagisme. « C’est la proportion de fumeurs quotidiens la plus basse depuis la fin des années 1990 » et la création de cet indicateur, écrivent-ils dans un communiqué.

    En revanche, le tabagisme n’est pas hermétique aux #inégalités_sociales. « Les personnes sans diplôme ou ayant un diplôme inférieur au baccalauréat présentent un niveau d’usage quotidien du tabac nettement plus élevé (28,9 %) que celles déclarant un diplôme supérieur au baccalauréat (16,6 %) », souligne cette étude, d’après un sondage réalisé auprès de quelque 15 000 personnes.

    Les hommes fument toujours plus que les femmes

    La dynamique est similaire pour les revenus mensuels : trois personnes sur dix (30,3 %) gagnant moins de 1 160 euros fument tous les jours, près de deux fois plus que celles touchant plus de 2 510 euros (17 %). Si la part des personnes au chômage déclarant fumer quotidiennement est élevée (35,7 %), elle a baissé de 10 points par rapport à 2021 (45,8 %). « Les hommes restent plus souvent fumeurs quotidiens que les femmes (25,4 % vs 20,9 %) », poursuivent l’OFDT et Santé publique France.

    Le #vapotage continue d’augmenter, avec 6,1 % des adultes qui fument tous les jours la cigarette électronique en 2023, contre 2,7 % en 2017. « Près d’un adulte sur vingt (4,8 %) dit à la fois fumer du tabac et vapoter, la moitié d’entre eux de manière quotidienne », poursuit l’étude, et les jeunes générations vapotent davantage tous les jours (7,1 % des 18-24 ans et 8,7 % des 25-34 ans, contre 2 % des 65-75 ans).

    Cette étude complétée dévoile également certaines spécificités territoriales : le tabagisme quotidien est le plus faible en Ile-de-France (19,6 %) et en Bretagne (19,5 %). Les taux sont les plus élevés en Bourgogne-Franche-Comté (26,8 %) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (26,5 %). Lueur d’espoir dans la lutte contre le tabagisme, qui reste l’une des principales causes de décès en France : les 18-24 ans sont moins nombreux à fumer des cigarettes tous les jours que les 25-34 ans.

  • #Léviathan

    Le #théâtre comme #contre-espace pour interroger le fonctionnement du #système_judiciaire, penser ses alternatives et imaginer d’autres #rituels symboliques.

    Créé après une longue immersion au cœur du système pénal, notamment des procédures de #comparution_immédiate, Léviathan interroge la justesse de la #justice_institutionnelle. En collaboration avec l’auteur #Guillaume_Poix, #Lorraine_de_Sagazan s’inspire des pratiques de la justice dite transformatrice et autres alternatives au schéma traditionnel juger-punir-enfermer. Sous un chapiteau dressé comme un #tribunal_de_fortune, en écho à l’installation présentée à la Collection Lambert, Léviathan cherche à comprendre – au-delà du bien et du mal – les liens entre le système juridique et les #inégalités qui régissent notre société, renversant au passage certaines évidences. À travers la figure biblique du Léviathan, le spectacle nous confronte à la #violence et à sa #régulation par le #droit, nous posant cette question cruciale : qui est le #monstre ?

    https://festival-avignon.com/fr/edition-2024/programmation/leviathan-348606
    #justice #théâtre #alternative #justice_transformatrice

    ping @karine4

    • #Léviathan

      Dans ce spectacle, Lorraine de Sagazan pense le théâtre comme un contre-espace pour interroger le fonctionnement du système judiciaire, ses béances, ses alternatives. Le Léviathan, figure biblique ambivalente, à l’immense héritage philosophique et littéraire pose la question suivante : qui est le monstre  ?
      Se confrontant à la construction instituée du droit, son organisation ; la #détention de l’#autorité et de la violence dite légitime, le spectacle tente, usant de registres divers, de renverser certaines évidences et d’opérer des points de bascules par delà le bien et le mal.

      Note d’intention

      Fruit de nombreuses rencontres avec avocats, magistrats, victimes et détenus, le spectacle s’intéresse aux lacunes de la justice institutionnelle. Parce qu’elle organise les rapports et régule les conflits entre les membres d’une société, la justice est la clef de voûte du schéma social et civique. Pourtant, si chacun s’entend sur sa vocation et sur sa mission, les opinions divergent quant à son application. La France, comme d’autres pays d’Europe, connait actuellement une crise de confiance sans précédent à l’égard de cette institution.

      Pendant plusieurs mois, une partie de l’équipe artistique s’est immergée dans la 23e chambre du Tribunal de Paris où ont lieu les procédures de comparution immédiate. Cette procédure simplifiée et expéditive, qui est une exception française, juge l’auteur présumé d’une infraction à sa sortie de garde à vue. Publique et durant, en moyenne, moins de trente minutes, elle est de plus en plus répandue et favorise largement l’incarcération puisque 70% des peines prononcées correspondent à des peines de prison ferme.
      En comparution immédiate, l’ordre juridique ne fonctionne pas comme une instance d’intégration et d’organisation collective, il s’inscrit dans les conflits politiques et reproduit des rapports de force. Nous avons pu y observer qu’un. e prévenu.e fait rarement face à sa victime mais fait face à un procureur qui pose la société comme la victime de l’infraction. Nous posons alors la question  : est-ce le code pénal qui fait le crime ou la présence d’une victime  ? Est-ce le code pénal qui réclame la justice ou la blessure et sa réparation  ? Pourquoi un droit répressif plutôt qu’un droit restitutif qui prendrait en charge la réparation du préjudice subi  ?
      Nous nous sommes intéressés à la justice transformatrice et à l’abolitionnisme pénal. Ces mouvements consistent à remettre en question le système pénal dans son ensemble (tribunaux, police et prisons) et à imaginer des alternatives. Il s’agit alors d’envisager une véritable confrontation des parties, créer les conditions d’un véritable «  débat politique  » au sein d’un tribunal où la victime et les besoins que celle-ci peut manifester est au centre des considérations et des décisions.

      Organisé autour de trois comparutions significatives, Léviathan interroge la validité de cette procédure et ménage une rencontre avec un témoin plusieurs fois jugé dans ce cadre. Sous un chapiteau imaginé comme un tribunal de fortune, le contre-espace théâtral se fait chambre de mémoire, avec huit interprètes dont un acteur amateur qui se porte garant de notre récit au même titre qu’il l’incite,.et confronte notre idéal de justice aux béances du système pénal contemporain. Léviathan tente de renverser certaines évidences et d’opérer des points de bascule par-delà le bien et le mal nous confrontant au dilemme de la violence, à son exercice légitime et à sa régulation par le droit.

      https://www.lorrainedesagazan.com/projets/leviathan
      #violence_légitime

  • Plan Filles et Maths : pour que les jeunes filles prennent toute leur place dans les métiers de l’ingénieur et du numérique
    https://www.education.gouv.fr/plan-filles-et-maths-pour-que-les-jeunes-filles-prennent-toute-leur-p
    Au programme :
    – formations des profs de la maternelle au bac sur les stéréotypes de genre en sciences ;
    – « objectifs ciblés » (à défaut de quotas) en nombre de filles/femmes sur le choix d’option maths en première et terminale, le nombre d’admises en prépa, les profs de maths en prépa et lycée ; expérimentation de classes à horaires renforcés « sciences » avec 50% de filles ;
    – rencontres avec des rôles modèles dès la 3e.

    Ce plan se base sur un rapport de l’IGF et l’IGÉSR :
    Filles et mathématiques : lutter contre les stéréotypes, ouvrir le champ des possibles
    https://www.education.gouv.fr/filles-et-mathematiques-lutter-contre-les-stereotypes-ouvrir-le-champ

    Il ne faudrait pas partir du principe que ce plan a pour objectif de lutter contre les inégalités hommes-femmes. Ce plan vise à amener des milliers de bonnes élèves dans les formations et les métiers des STEM (Sciences, Technology, Engineering and Mathematics), porteurs de croissance.

    certaines femmes non présentes dans les filières STEM, si elles avaient été formées aux sciences, auraient pu être des innovatrices et favoriser la croissance, de manière mesurable. […] La modélisation montre que l’effet sur la croissance de telles politiques favorisant l’accès des femmes les plus talentueuses aux métiers de l’innovation est très fort, à environ 10 Md€ par an dans un scénario médian.

    On manque de Xmille ingénieurs et de Ymille techniciens et c’est déjà blindé de garçons, donc il nous faut des filles. La lutte contre les inégalités présentée dans le plan est le moyen de récupérer Zmille filles pour alimenter la machine.

    C’est parce que les inégalités sont secondaires que le plan comme le rapport se focalisent sur le lycée général, les CPGE et les écoles d’ingénieur, les « femmes les plus talentueuses » et des classes « sciences » qui seront vraisemblablement des classes de très bon.nes élèves. Aucune importance, par exemple, que la voie professionnelle soit découpée en filières genrées ou que les garçons délaissent massivement certaines filières. Ce sont les filières d’élite traditionnelles qui intéressent, pour les renforcer.

    Pour faire bonne figure, la rhétorique du ministère est la suivante : ces formations mènent aux positions les plus valorisées ; or les filles y vont peu ; donc cela génère des inégalités entre femmes et hommes. Conséquence : il faut amener les filles dans ces filières pour résorber les inégalités.

    D’un point de vue général, les écarts de salaire s’expliquent aux trois quarts par des différences de diplôme et de caractéristiques de l’emploi occupé : les femmes et les hommes sont inégalement répartis dans les différents secteurs, avec une plus grande concentration des femmes dans des secteurs peu rémunérateurs, par exemple le secteur public ou le domaine des services à la personne.

    Si la lutte contre les inégalités était première, on remettrait justement en cause cette hiérarchisation des activités et on valoriserait des professions qui sont au moins aussi socialement utiles qu’informaticien, ingénieur et technicien (par exemple professeure des écoles ou aesh)… et dans lesquelles se trouvent les femmes. On valoriserait aussi du même coup leurs choix positifs plutôt que de leur reprocher continuellement de ne pas avoir fait les bons choix, les choix masculins.

    La persévérance des filles à éviter les filières STEM fait sourire.

    les travaux de la mission montrent que les écarts de niveau [par ailleurs jugés faibles par la mission, ndL] jouent un rôle secondaire pour expliquer les décisions d’orientation différentes des filles et des garçons. […] à niveau égal voire supérieur, les filles renoncent à s’orienter vers les STEM. Ainsi, en 2023, près de 11 000 filles ne s’orientaient pas dans des formations en STEM après le lycée général, alors qu’elles avaient été admises dans une de ces formations via Parcoursup et obtenaient une moyenne supérieure à 15/20 en spécialité mathématiques en terminale

    Comment mieux dire que ces filières ne leur plaisent pas ? On comprend assez bien... Et même plus : quand elles sont dedans, elles veulent partir.

    En outre, même lorsque les filles choisissent les filières de formation des domaines STEM, elles s’engagent moins que les hommes, par la suite, dans les carrières scientifiques : des études concordantes décrivent une fuite de cerveaux féminins hors des carrières académiques en mathématiques ou sciences physiques, ou des carrières d’ingénierie, essentiellement pour des motifs d’insatisfaction des femmes scientifiques vis-à-vis de leur rémunération et de leurs perspectives de promotion, et non pour des facteurs liés à la vie personnelle ou à la famille (grossesse, maternité).

    C’est qu’en plus d’avoir une utilité sociale globalement négative, ces formations sont des repères sexistes. Deux tiers des filles en école d’ingénieur ont subi ou été témoins de VSS sur leur campus, sans parler du « sexisme d’ambiance ». Le rapport insiste sur la nécessité de lutter contre ces violences – c’est absent du plan.

    Tout cela étant dit, lutter contre les stéréotypes de genre en sciences est une bonne chose, et je serai très heureux d’être formé 2h sur le sujet. On se souvient que Borne voulait qu’on réfléchisse à son orientation dès la maternelle. On voit maintenant ce qui sera attendu : cette sensibilisation aux biais de genre en sciences vise, en bout de chaîne, à aller faire travailler des femmes dans l’intelligence artificielle.

    Enfin, quand on parle d’orientation, on devrait avoir en tête un facteur essentiel : la classe sociale. Habituellement, la classe est utilisée pour expliquer les différences de performance dans les matières littéraires ; pour les sciences, c’est le genre. Or la classe joue à plein dans les orientations scientifiques : 5% des enfants d’ouvriers non qualifiés faisaient un bac S ; un enfant de 6e d’une classe sociale parmi le plus favorisées a 6 fois plus de chance de finir en terminale S qu’un camarade de classe populaire (seulement 1.1 fois plus qu’une fille du même milieu que lui). Ignorer ça permet de ne pas se poser la question de l’efficacité du système éducatif à lutter contre les inégalités.

    Pour les filles plus spécifiquement, il est amusant que le titre du rapport appelle à « ouvrir le champ des possibles », alors que ce qui les caractérise au contraire c’est que leur champ des possibles est plus vaste que celui des garçons, dont les orientations sont plus contraintes. Est-ce qu’on pourrait ouvrir le champ des possibles de l’action publique à l’égard des femmes et revaloriser le secteur public et les formations universitaires où elles sont présentes ?
    #filles #mathématiques #ingénieurs #inégalités #sexisme

    • Ça y est, c’est la guerre des disciplines scientifiques :
      « Les mathématiques semblent être le seul repère pour les sciences dans notre pays » | Tribune de David Boudeau, Président de l’Association des professeurs de biologie et de géologie
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/05/13/les-mathematiques-semblent-etre-le-seul-repere-pour-les-sciences-dans-notre-

      les sciences de la vie et de la Terre représentent des centaines de milliers d’emplois par an en France, avec une progression de 100 000 sur dix ans. C’est le premier pôle industriel de France avec l’agroalimentaire, qui émarge à 180 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est l’agro-industrie, la médecine, la santé animale, la biochimie (plus fort taux de progression en France avec 17 % par an !), les industries du luxe (cosmétique, parfumerie), les biomédicaments, l’environnement, les énergies renouvelables, les ressources, la gestion des risques, etc.

      Les sciences du vivant et de la Terre sont des sciences intégratrices des mathématiques et de la physique-chimie qu’il ne faut pas mettre en concurrence, au contraire : ces trois disciplines doivent travailler en synergie pour appréhender la complexité du fonctionnement de notre système Terre. Cette condition permettra également de réduire l’écart entre les garçons et les filles.

    • Les écarts filles-garçons en mathématiques à l’école élémentaire, un enjeu pour les équipes pédagogiques, Le Regard du CEE, n° 25.01 [janvier 2025]
      https://www.education.gouv.fr/conseil-d-evaluation-de-l-ecole-305080

      Lorsque l’on étudie les résultats des élèves de CE1 sur les trois années considérées [2021, 2022, 2023], on observe des écarts fluctuants dans 81 % des écoles, tantôt en faveur des garçons, tantôt en faveur des filles, tantôt peu significatifs. [...] Dans la suite, l’expression école « stable » signifie que les écarts sont de même nature pour les trois années considérées : systématiquement en faveur des garçons, systématiquement en faveur des filles ou systématiquement nuls ou quasiment nuls. L’expression école « fluctuante » désigne toutes les autres situations.

      [...]

      La majorité des écoles aux écarts « fluctuants » peut donc alternativement présenter un fort avantage en faveur des filles ou des garçons. Ce résultat montre la difficulté, pour les enseignants de ces écoles, de s’approprier le sujet des inégalités filles-garçons en mathématiques. Le diagnostic doit en effet être redéfini chaque année.

      [...] Parmi les 19 % d’écoles « stables » (...), près de 16 % – soit une large majorité – connaissent une situation systématiquement en faveur des garçons, 3 % en faveur des filles et moins de 1 % des écoles sont en situation d’égalité.

      [...] En se restreignant aux seules écoles où les écarts sont persistants en faveur des garçons, le constat est plus marqué encore : ces écoles ne représentent que 16 % de l’ensemble des écoles françaises, mais plus de la moitié des écarts entre filles et garçons observés au niveau national en résolution de problèmes. Il conviendrait d’étudier prioritairement la situation de ces écoles.

      [...] On trouve moins souvent les situations stables en faveur des garçons dans les écoles dont le public d’élèves est socialement défavorisé, en éducation prioritaire renforcée notamment. Le focus sur les différents secteurs et l’éducation prioritaire pour les écoles « stables » montre que la stabilité en faveur des garçons apparaît plus souvent dans les écoles les plus favorisées. C’est en effet dans le secteur privé sous contrat que l’on voit le plus souvent une stabilité en faveur des garçons et en REP+ le moins souvent. Il convient cependant de relativiser ce constat : les 80 % d’écoles en situation d’écarts « fluctuants » se retrouvent tout autant dans les secteurs public et privé sous contrat ainsi qu’en éducation prioritaire renforcée.

      Une étude qualitative complémentaire permettrait de rechercher les causes de la persistance des écarts, dans un sens ou dans l’autre. Par exemple on pourrait étudier plus précisément l’impact du milieu socioculturel des familles de l’école.

    • Dès le CP...

      « C’est la durée d’exposition à l’école qui est associée à une augmentation de ces écarts », insiste la chercheuse [Pauline Martinot]. A l’appui de cette thèse, le résultat d’une « expérience naturelle » involontaire : en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, les enfants ont fait l’école à la maison deux mois et demi de plus. Résultat, les auteurs ont observé « une diminution des écarts de genre. »

      Pour Stanislas Dehaene, « nous avions tous l’idée que les enfants accumulaient des biais sociétaux implicites avant leur entrée à l’école, ce qui expliquait ces écarts de genre en faveur des garçons. Mais notre étude montre que ces écarts naissent au moment où les maths deviennent un enjeu compétitif, et qu’ils sont enseignés de manière formelle à l’école. »

      Mathématiques : le décrochage des filles, dès quatre mois d’école, éclairé par une étude française sur plus de 2,6 millions d’écoliers de CP et CE1
      https://archive.ph/mDey4

    • L’article dans Nature fait état de 2 « variations mineures » au cours des années étudiées : (i) l’effet confinement mentionné ci-dessus ; (ii) le fait qu’à l’entrée en CP, l’écart de genre est nul en 2018 (voire même un chouïa favorable aux filles) mais non nul (et favorable aux garçons) à partir de 2019. Pour expliquer succinctement ce changement, le papier mentionne les recommandations pédagogiques publiées en mai 2019 par Blanquer pour préparer aux évaluations de la rentrée 2019 (intitulées Un apprentissage fondamental à l’école maternelle : découvrir les nombres et leurs utilisations, on y trouve des formulations du type « En fin de grande section , les élèves doivent avoir appris à... »). D’après l’article, ces recommandations visent à introduire un enseignement des maths plus formel et tendraient à rapprocher la maternelle de l’élémentaire.

      C’est assez frappant que dans les différentes mentions de cette étude on dise des trucs du genre « les biais apparaissent après quelques mois d’école »... alors que tous ces enfants sortent de 3 ans d’école. Comme si on n’apprenait rien en maternelle et qu’il n’y avait rien d’intéressant à tirer de cette école qui semble ne pas produire de biais de genre en maths (d’ici qu’on y généralise des évaluations nationales).

  • Dans les #banlieues, la naissance d’une #écologie_populaire et émancipatrice

    Accusés d’être indifférents aux questions écologiques, voire d’y être opposés, les habitants des #quartiers_populaires sont pourtant en première ligne des effets du dérèglement climatique. À l’avant-poste d’une écologie qui se veut plus discrète, conscients des #inégalités_structurelles des territoires qu’ils occupent, ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer une écologie populaire et émancipatrice.

    En mai 2021, dans les quartiers populaires de #Bagnolet, en #Seine-Saint-Denis, le syndicat Front de mères et l’association #Alternatiba créent la première #Maison_de_l’écologie_populaire, sous le nom de #Verdragon. L’objectif  ? Mettre en place des projets écologiques au plus près des besoins des habitants des quartiers populaires. Dès l’ouverture, les membres du syndicat #Front_de_mères, créé deux ans plus tôt par la politologue et militante #Fatima_Ouassak, sont taxés de #communautarisme après la parution d’une tribune adressée au maire de Bagnolet qui les accuse de propager des idées «  indigénistes et racialistes  » et d’utiliser Alternatiba comme caution écologiste.

    En réponse à ces attaques, Alternatiba publie un communiqué de soutien qui rappelle que «  ce sont les milieux populaires et particulièrement les personnes racisées qui sont et seront les plus touchés par l’aggravation du #changement_climatique  ». Depuis, le lieu poursuit sa vie, entre l’organisation de soirées pour discuter des rapports du GIEC, d’expositions sur les luttes paysannes, ou encore via la distribution de paniers de légumes avec l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Mais les attaques qu’ont subies les co-fondatrices de Verdragon peu après l’ouverture du lieu révèlent la difficulté de faire émerger un endroit qui réunit les habitants des quartiers populaires autour de l’écologie. Comme si ces derniers, emmurés dans des grandes tours, devaient s’accommoder d’un territoire où s’entassent datacenters, usines polluantes ou échangeurs autoroutiers, sans jamais espérer s’en affranchir.

    Des réalités multiples

    D’abord, qu’entend-on par quartiers populaires  ? Dans sa thèse, la géographe #Léa_Billen rappelle que cette catégorie a tendance à gommer des réalités plurielles  : «  Ce que j’appelle “quartiers populaires” désigne des quartiers classés en #politique_de_la_ville. Mais il s’agit d’une toute petite partie de ce qu’on appelle plus largement “quartiers populaires”, des territoires à la fois très divers d’un point de vue urbain, avec des quartiers de #grands_ensembles, des #faubourgs_ouvriers, des centres anciens plus ou moins dégradés et du point de vue de leurs habitants, avec une #mixité_sociale plus ou moins importante. Mais ce qui les rassemble, ce sont des #inégalités_sociales, urbaines et économiques très fortes.  » Son travail de terrain s’est concentré sur les initiatives qui «  transforment les modes de vie au quotidien  », comme l’installation de #composteurs de quartier ou de #jardinières partagées, les #groupements_d’achats de produits écologiques ou encore la mise en place d’ateliers d’#autoréparation.

    Des initiatives qui s’inscrivent dans une diversité de modes d’action  : mobilisations contre un projet d’aménagement, interpellation de la ville ou du bailleur, actions de sensibilisation… S’il n’existe pas à ce jour d’études quantitatives pour le démontrer, «  ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires, d’après la géographe. Elles sont juste très discrètes, car les personnes qui les portent ne communiquent pas forcément sur leurs actions en dehors du territoire concerné. Parfois, même, les personnes qui font vivre ces initiatives ne se revendiquent pas de l’écologie.  »

    Pouvoir aux régies

    Cette écologie, plus silencieuse, se retrouve par exemple dans les #régies_de_quartier. Apparues dans les années 1980, elles viennent au départ répondre au problème de chômage des habitants des quartiers prioritaires. Elles fonctionnent sur un modèle hybride  : elles cumulent le statut d’association à celui d’entreprise d’insertion et les habitants sont majoritaires aux côtés d’élus, de représentants d’associations ou d’institutions aux instances de décision. Au départ, les régies de quartier se chargent principalement de l’entretien des lieux publics ou des résidences de quartiers et de l’insertion par l’emploi. Depuis l’arrivée de l’écologiste et ancien membre d’EELV Mathieu Glaymann à la direction de la régie de quartier de Saint-Denis, la régie s’est transformée en laboratoire de la #transition_écologique. Récupération et valorisation de cartons et de cagettes en bois, vide-grenier toutes les trois semaines, livraison en cyclo-logistique, ateliers zéro déchet, entretien des espaces publics avec des produits éco-labellisés… Les projets fleurissent sur le territoire.

    «  Ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires. Elles sont juste très discrètes.  »

    Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires de la régie de Saint-Denis repose sur des projets en lien avec la transition écologique  : «  Les régies de quartier en Seine-Saint-Denis comptent environ 500 salariés, affirme Mathieu Glaymann. Et dans notre régie, nous recrutons dans 95 % des cas des habitants de Saint-Denis. Il ne faut pas sous-estimer cet outil.  » Un puissant levier d’#émancipation, donc, qui fait écho à la stratégie d’#ancrage_territorial que la politologue et militante Fatima Ouassak revendique dans son essai La Puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/la_puissance_des_meres-9782348059377). L’autrice fait référence à l’#attachement ressenti par les habitants pour un territoire, critère indispensable selon elle, pour garantir sa protection.

    La théorie de l’indifférence

    Si le terme «  écologie  » est néanmoins toujours mis à distance par certains, «  c’est parce [qu’il] est associé à un discours dominant qui exclut les habitants des quartiers populaires et qui considère que l’écologie ne les concernerait pas, voire qu’ils y seraient même hostiles, note Léa Billen. Ce discours est performatif  : il produit un sentiment d’#impuissance chez ces habitants qui peuvent effectivement finir par penser que ce n’est pas pour eux  ». Pour en saisir les causes profondes, il faut revenir à l’histoire des politiques qui ont bâti ces quartiers. À partir des années 1960, le gouvernement décide de construire des grands ensembles pour répondre au défi du relogement des classes moyennes.

    Or, «  la construction des grands ensembles n’est pas accompagnée d’aménagements alentour  : il manquait beaucoup d’équipements publics, sociaux et culturels. Et malgré les plaintes des habitants de la classe moyenne, l’État est resté passif, analyse #Hacène_Belmessous, auteur de l’ouvrage Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), pour lequel il a fouillé les archives des municipalités populaires en périphérie des villes. Ces populations ont fini par céder à l’achat de maisons individuelles, laissant place à une population immigrée extra-européenne à qui l’on avait longtemps refusé l’accès à ces logements.  » Par la suite, la politique de #rénovation_urbaine dans les banlieues populaires qui se poursuit en 2003 après les émeutes des années 1990 est «  d’abord une tentative d’éliminer un problème politique  », poursuit le chercheur. L’objectif n’est pas de créer un meilleur cadre de vie pour les habitants, mais plutôt «  d’ouvrir les cités pour que la police puisse intervenir  ».

    Des quartiers qui étouffent

    Ces inégalités ont structuré les banlieues populaires. S’y ajoutent aujourd’hui des injustices environnementales. Documentées aux États-Unis depuis les années 1980, où les nuisances et pollutions frappent plus fréquemment les populations afro-américaines, elles deviennent une préoccupation en Europe à partir des années 2000. «  On étouffe à l’intérieur, entre les quatre murs des appartements HLM, trois étroits, trop chauds l’été, véritables passoires thermiques l’hiver, où l’air est pollué par l’ameublement bon marché  », constate aujourd’hui l’essayiste Fatima Ouassak, dans son ouvrage Pour une écologie pirate (Seuil, 2023). Mais aussi à l’extérieur, «  entre les quatre murs du quartier, submergés par le bruit des voitures, les odeurs nauséabondes, l’éclairage artificiel et la pollution atmosphérique  », poursuit-elle.

    «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    En 2021, le Réseau action climat (RAC) et l’Unicef ont publié un rapport sur les liens entre la pauvreté des enfants et la pollution de l’air. Chez les enfants, «  cette exposition peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression  », souligne le rapport. Si les populations les plus riches résident aussi dans les centres urbains, là où la pollution atmosphérique est la plus forte, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les plus précaires. «  Les inégalités d’accès aux soins, liées aux revenus ou à la catégorie sociale, font qu’un même degré d’exposition a un impact différent sur la santé  », confirme l’Observatoire des inégalités dans une de ses analyses.
    S’émanciper des clichés

    Ces injustices sont de plus en plus largement dénoncées. Contre un discours écologique «  déconnecté des réalités des classes populaires  », #Féris_Barkat, né à Illkirch près de Strasbourg, a cofondé l’association #Banlieues_climat fin 2022, à tout juste 20 ans. Son but  ? Sensibiliser les jeunes de banlieue aux enjeux écologiques et leur permettre d’être formateurs à leur tour. Selon lui, l’écologie est avant tout un moyen de mettre en lumière des inégalités sociales «  peu audibles pour les politiques  ». Plusieurs membres de Banlieues climat sont ainsi allés former des parlementaires. Sept au total – dont le député La France insoumise François Ruffin et l’écologiste Marie-Charlotte Garin – ont bénéficié d’une formation de trois heures donnée par Féris, Sanaa, Someïa, Aymen, Imane et Khadim, le 17 janvier à l’Assemblée nationale. L’idée de cette formation est d’interpeller les élus. Pour le cofondateur de Banlieues climat, si leur message ne passe pas auprès des jeunes de banlieue, «  c’est une question de posture  »  : «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    Il y a aussi «  un manque de représentativité  », constate #Amine_Kessaci, âgé de 21 ans et originaire des quartiers nord de Marseille. En juin 2020, il a créé l’association Conscience qui mène des projets de sensibilisation et organise des campagnes de ramassage de #déchets dans son quartier. L’initiative prend vite et sera bientôt déclinée localement dans d’autres quartiers populaires en France. Un succès rapide qu’il attribue au fait que «  ces initiatives sont portées par d’autres jeunes de quartiers  ». Aujourd’hui, s’il se présente aux élections européennes de juin, sur la liste menée par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est principalement pour porter la voix des quartiers populaires et déconstruire les stéréotypes qui leur sont associés.

    À l’affirmation que l’écologie ne parlerait pas aux habitants des quartiers, il répond  : «  Au contraire  ! Le 2 décembre, plusieurs personnes de mon quartier sont montées à Paris avec moi au meeting de Marie Toussaint. Elles se sont retrouvées dans son discours et ont compris ce qu’elle défendait.  » De son côté, Féris Barkat annonce que l’association Banlieues climat aura bientôt un lieu dédié à leur formation, depuis peu certifiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Car, conclut-il, «  si les classes populaires ne sont pas outillées dès le départ à cause des inégalités d’accès à la connaissance, nous misons, au contraire, sur l’intelligence  ».

    https://www.socialter.fr/article/banlieue-climat-inegalites-ecologie-populaire
    #écologie

  • « Hériter » : le pouvoir économique de la famille : épisode 27/44 du podcast Le mot de l’éco | Radio France | France Culture
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/heriter-ce-qui-nous-revient-de-droit-8763884

    Depuis les années 1970, l’héritage fait son retour dans la constitution du patrimoine privé des français, atteignant des niveaux comparables à ceux du XIXème siècle. Comment le retour aux penseurs de ce "siècle de l’héritage" peut-il nous aider à repenser la transmission du patrimoine aujourd’hui ?

    Avec Mélanie Plouviez, maîtresse de conférences en philosophie à l’université Côte d’Azur, en charge du pilotage du projet de recherche « Philosophie de l’héritage » financé par l’Agence Nationale de Recherche

    #héritage #richesse #inégalités #économie #philosophie

  • Les maisons de santé aux prises avec le #financement par projet
    https://metropolitiques.eu/Les-maisons-de-sante-aux-prises-avec-le-financement-par-projet.html

    Éclairant l’héritage militant de trois maisons de santé, Renaud Gay et François-Xavier Schweyer analysent le soutien des autorités municipales et sanitaires locales à leur action contre les #inégalités de santé ainsi que les limites et ambiguïtés de leurs financements par projet. Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), qui regroupent des professionnel·les exerçant en libéral et censé·es travailler de manière coordonnée, se sont imposées dès la fin des années 2000 comme l’une des principales #Terrains

    / santé, inégalités, financement, #socialisme_municipal, maison de santé

    #santé #maison_de_santé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_gay-schweyer.pdf

  • Quand les Etats-Unis osaient demander des comptes aux milliardaires : l’incroyable procès Mellon | « La grande H. », Romain Huret, Julien Théry
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/quand-les-etats-unis-osaient-demander-des-comptes-aux-milliardaires-lincro

    Romain Huret raconte le procès retentissant du milliardaire étatsunien Andrew Mellon pour fraude fiscale, dans les années 1930, à l’instigation de l’administration Roosevelt. Le débat sur la #Capitalisme ouvert à cette occasion est d’actualité

    #Culture #Histoire #Inégalités

  • « Les moins riches, ils n’ont pas de voiture » : les propos d’Agnès Pannier-Runacher sur les ZFE font polémique Gautier Cruchaudet - le figaro

    Une telle déclaration, prononcée ce mardi par Agnès Pannier-Runacher, n’est pas passée inaperçue. Interrogée sur le fait que les restrictions de circulation imposées par les vignettes « Crit’Air 3 » concernent aussi les « moins riches », la ministre de la Transition écologique a affirmé de but en blanc que « les moins riches, ils n’ont pas de voitures, ce sont en ceux qui sont le moins équipés ».

    La ministre était invitée dans l’émission « Première Édition » de BFM TV pour évoquer le sujet de la pollution de l’air. Le sujet brûlant des Zones à faible émission (ZFE) était au centre de la discussion, alors que l’Assemblée nationale examine ce mardi 8 avril un texte demandant leur suppression.


    « Les ZFE sont un des outils pour baisser la pollution de l’air »
    Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-moins-riches-ils-n-ont-pas-de-voiture-la-maladresse-de-pannier-runacher
    #bourgeoisie #racisme #ville #zfe #ville #inégalités #zones_à_faibles_émissions #ecologie #écologie #politique les #camions ne polluent donc pas ! #agnès_pannier-runacher #domination des riches

  • Enquêter sur les chemins du RSA dans les milieux ruraux
    https://metropolitiques.eu/Enqueter-sur-les-chemins-du-RSA-dans-les-milieux-ruraux.html

    La numérisation, censée parer aux #inégalités d’accès aux allocations sociales, peut-elle au contraire les renforcer ? Clara Deville a mené une enquête sociologique sur les effets de cet instrument d’action publique en milieu rural. Depuis une vingtaine d’années, le débat public français sur l’aide sociale est à la fois marqué par la question budgétaire et par celle des ayants #droit ne menant pas les démarches pour accéder aux allocations (Warin 2006 ; Fragonard 2012). Plus récemment, les politiques #Commentaires

    / droit, #numérique, inégalités, #accès_aux_droits, #mondes_ruraux, #dématérialisation, #minima_sociaux, action (...)

    #action_publique
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bouquet-pascual.pdf

  • Pourquoi les #supermachés coopératifs n’arrivent pas à passer à la vitesse supérieure

    Neuf ans après l’ouverture de #La_Louve, premier #supermarché coopératif et participatif en France, le modèle s’est étendu. Sans pour autant réussir à franchir une barrière sociale.

    « Quand il n’y a plus de carottes, je regarde dans les réserves pour en remettre. Comme ça, je ne dérange pas celui qui est à la caisse. » Au moment de faire vos courses, cela ne vous viendrait pas à l’idée. Pour Pascale, si. Elle est coopératrice de #Supercoop, « supermarché coopératif et participatif » à Bègles, dans la métropole bordelaise.

    Ici, ce sont des #bénévoles qui permettent à la boutique de tourner : pour faire leurs courses dans le magasin, il leur faut effectuer chaque année treize créneaux de trois heures de #bénévolat. Cela allège les charges de fonctionnement et permet de réduire les marges sur les produits… et donc les #prix finaux.

    Le premier modèle du genre est né aux États-Unis, en 1973, avec le magasin #Park_Slope_Food_Coop, à New York. En France, la première enseigne, La Louve, a ouvert en 2016 à Paris. Aujourd’hui, on dénombre une cinquantaine d’#épiceries et de supermarchés coopératifs dans le pays.

    Retour à Bègles. L’aventure Supercoop a démarré en 2016 avec une #mini-épicerie ouverte deux jours par semaine. Elle rassemble aujourd’hui 600 consommateurs réguliers et 400 personnes qui effectuent « leurs services », selon l’expression consacrée. Sur l’exercice 2023-2024, le magasin a réalisé 1 million d’euros de chiffre d’affaires, pour un résultat net de 15 000 euros. Le deuxième bilan positif en neuf ans de fonctionnement, bien aidé par une subvention annuelle de 20 000 euros de la métropole bordelaise.

    Supercoop cherche les clés de son « #autonomie » admet Jean-Paul Taillardas, son président : « Il suffit d’un poil pour qu’on soit bien ». Cela passe par plus de consommateurs, et donc plus de coopérateurs qui prennent des parts sociales et effectuent leurs heures de service.

    Des bénévoles volatils

    C’est là que le bât blesse. « Aujourd’hui, on a cinq ou six personnes dans les réunions d’information contre 40 ou 50 à notre lancement », relate Jean-Paul Taillardas. La structure a enregistré huit nouveaux coopérateurs au mois de novembre 2024. La tendance est plutôt à la stagnation.

    « Il y a beaucoup de turnover côté bénévole : les personnes peuvent ne plus se retrouver dans les choix de la structure, ou tout simplement déménager, accueillir un enfant dans leur foyer, connaître les aléas de la vie, analyse Clotilde Grassart, coopératrice bénévole de #SuperQuinquin à Lille, et également docteure en économie et sociologie. C’est une éternelle insatisfaction pour les structures car les recrutements actuels permettent seulement de combler les départs, pas de grossir. »

    Pour glaner de nouveaux consommateurs, Supercoop cherche à alléger la contrainte des « services ». L’épicerie a mis en place les « binômes » : « On donne la possibilité de former des duos pour faire treize services à deux, au lieu de treize par personne », explique Jean-Paul Taillardas. Une idée qui revient à diviser par deux la charge de travail.

    Supercoop s’est pour cela inspiré de #La_Cagette, le supermarché coopératif de Montpellier ; la pratique a également cours chez SuperQuinquin, à Lille. Cette dernière a par ailleurs ouvert ses portes aux non-coopérateurs lors de l’été 2024 pour une durée limitée. De quoi combler une habituelle période creuse tout en attirant de potentiels nouveaux sociétaires.

    Dans les étals de Supercoop, les coopérateurs convaincus n’en sont pas moins lucides. Rabia, la trentaine, convient ainsi que le projet « est séduisant sur le papier mais ça reste contraignant », tout en achetant ses pommes bio et locales.

    Depuis cinq ans, cette médecin y trouve son compte : « Ça me sort de mon quotidien. Ça nous rapproche des producteurs locaux tout en leur permettant de vivre correctement. » Chez Supercoop, ce sont eux qui fixent les prix, sans négociation de la part du magasin.

    #Inégalités_sociales face au #temps_libre

    Jean-Paul Taillardas saute d’étals en étals. « Pour six œufs bio, produits dans le Lot-et-Garonne (département limitrophe, NDLR) on est à 2,52 €. Pour des spaghettis bio, farine complète, produits en France, on est à 2 € le kilo. Sur ces produits, on est imbattables. » Pourquoi cela n’attire pas plus, notamment les personnes les plus défavorisées ?

    « Les #prix des produits ne suffisent pas à rendre le modèle attractif, pointe Alban Ouahab, docteur en sciences de gestion. C’est plus facile de se dire “ça me vide la tête” quand on est médecin que quand votre métier c’est déjà de vider des palettes ou de faire une tâche répétitive, de travailler sans être déclaré ou de faire des heures supplémentaires pour boucler les fins de mois »

    Le temps libre inégalement réparti selon le genre et les milieux sociaux est une difficulté structurelle difficile à dépasser. Après neuf ans d’existence, le constat reste amer pour Jean-Paul Taillardas : « Notre rêve du bio pour tous à très bon marché, on a du mal à l’atteindre. On ne peut pas bien payer les producteurs et faire du low cost. »

    D’autant que, dans les supermarchés coopératifs, « le bénévolat reste une pratique socialement marquée alors qu’à l’origine, ces projets ont pour objectif d’aller vers un modèle de consommation inclusif socialement », rappelle Clotilde Grassart. Clarisse Da Col, membre active de l’épicerie associative et participative #Coqueli’Coop, à Cachan (Val-de-Marne), raconte comment la structure s’est heurtée à cette limite après son ouverture à Fresnes, en 2020.

    « On avait une prévision de croissance trop ambitieuse. Un magasin de 150 m2, beaucoup d’emprunts, des équipements très chers. Rapidement on a atteint un plafond de 250 coopérateurs, alors qu’on visait 500. »

    En 2023, le projet est arrêté dans cette commune pour être poursuivi à Cachan, une commune voisine plus aisée. « La mairie est plus impliquée, les associations aussi, et la population est plus à l’écoute et réceptive. Le profil des habitants de Cachan est différent de celui des habitants de Fresnes », décrit-elle en se demandant : « Comment intégrer nos voisins plus largement ? »

    https://www.alternatives-economiques.fr/supermaches-cooperatifs-narrivent-a-passer-a-vitesse/00113858

    #coopérative #supermarchés_collaboratifs

  • Le Nord ne doit pas perdre le Sud
    https://laviedesidees.fr/Le-Nord-ne-doit-pas-perdre-le-Sud

    Les pays du Sud formulent des propositions de financements pour le développement soutenable, mais les pays du Nord freinent ces efforts. Pourtant, ces propositions sont soutenues par une large majorité de la population, même au Nord.

    #Économie #International #justice #redistribution
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250325_fabre.pdf

  • Faut-il abolir le système pénal ? | France Culture
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-le-debat/faut-il-abolir-le-systeme-penal-1706622

    Avec

    Denis Salas Magistrat et chercheur français
    Geoffroy de Lagasnerie Philosophe et sociologue français

    La France compte aujourd’hui plus de 80 000 détenus pour environ 62 000 places, un record qui illustre la crise du système carcéral. Malgré des réformes annoncées, la surpopulation et les conditions de vie en prison restent préoccupantes. Face à ce constat, le mouvement abolitionniste, théorisé notamment par des penseurs comme Michel Foucault ou Angela Davis, propose une refonte radicale de la justice. Aujourd’hui, des intellectuels comme Shaïn Morisse rappellent que la prison touche principalement les populations marginalisées et ne remplit ni un rôle dissuasif ni réhabilitatif.

    Pour ses partisans, la prison ne réduit ni la criminalité ni la récidive. Elle accentue au contraire les inégalités et s’attaque davantage aux populations précaires qu’aux véritables causes des infractions. Certains abolitionnistes plaident pour une suppression totale du système pénal, tandis que d’autres défendent un modèle de justice réparatrice, axé sur la médiation et la réinsertion plutôt que sur la sanction.

    (...)

    #Société
    #Justice
    #Prison #Système_carcéral
    #Pauvreté #Précarité
    #Inégalités_sociales

    G. de Lagasnerie parle de #punitivisme et de #séquestration_d'état

    • (...) la surpopulation et les conditions de vie en prison restent préoccupantes (...)

      Tjs cette volonté de faire comme si on était nuancé et équilibré, à la façon dont on pourrait dire que la politique de Frontex est préoccupante, quand il s’agit d’institutions dont les politiques provoquent des crimes contre l’humanité.

      Ces politiques sont des infractions aux diverses déclarations et traités relatifs aux droits humains, mais quand on est un journaliste sérieux, on se doit d’avoir un point de vue équilibré qui préserve les dominants et euphémise leurs infractions.

  • Faut-il vraiment en finir avec la démocratie participative ?
    https://metropolitiques.eu/Faut-il-vraiment-en-finir-avec-la-democratie-participative.html

    L’ouvrage de Manon Loisel et Nicolas Rio défend une thèse forte : pour démocratiser la démocratie, il faudrait en finir avec la #démocratie_participative. Dans sa lecture de cet ouvrage, Julien Talpin souligne combien ces propositions appellent à une réinvention des formes de #participation plus qu’à leur abandon. Le coup de grâce sera donc venu de ceux et celles auxquels on s’attendait le moins : de professionnels qui vivent de l’organisation de processus participatifs. Manon Loisel et Nicolas Rio, #Commentaires

    / démocratie participative, participation, #inégalités, #deliberation, #pouvoir_local

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_talpin2.pdf

  • #Intelligence_artificielle : les 7 choses qu’on ne vous dit pas

    Du 10 et 11 février, la France accueille le Sommet mondial sur l’Intelligence Artificielle. Au programme  : une vitrine sur l’avenir qui n’exposera pas les #dangers de l’IA. Bien que ces technologies offrent des avancées réelles - dans le domaine de la médecine par exemple - elle présente aussi des dangers sérieux pour les droits humains. Avec plusieurs organisations de la société civile, nous listons ici les faces cachées de l’IA qui ne seront pas présentées au sommet.

    En organisant à Paris le sommet mondial sur l’Intelligence artificielle (IA), Emmanuel Macron souhaite que «  la France ne passe pas à côté de cette révolution. » Sous couvert d’innovation, c’est la course à la productivité et au profit qui est en jeu. Au rythme foudroyant à laquelle l’IA se développe, les dirigeants ne semblent pas pressés de réfléchir aux enjeux humains, sociaux et environnementaux que posent ces nouvelles technologies. Pourtant, l’un des plus grands enjeux est là.

    Développer l’IA pour continuer d’obtenir des avancées majeures dans des domaines comme la médecine oui, mais développer l’IA en mettant en péril des droits : c’est non. Les droits humains et la justice environnementale doivent être placés au cœur de la régulation de l’intelligence artificielle.

    Et parce que les dangers de l’IA ne figureront pas au programme officiel du Sommet mondial, nous vous les rappelons ici.

    1. L’IA perpétue le #racisme

    Pour fonctionner, l’IA s’appuie sur des #bases_de_données qui intègre les #préjugés et #biais des personnes qui l’ont créé. L’IA perpétue donc les #stéréotypes et accentue les #discriminations déjà existantes.

    ➡️Aux États-Unis, la police utilise une IA pour prédire la récidive criminelle. C’est le fait qu’une personne accusée va potentiellement commettre un nouveau un délit. Cette IA cible deux fois plus les accusés Noirs que les accusés Blancs.

    2. L’IA accentue le #sexisme

    L’intelligence artificielle s’impose comme un miroir de nos sociétés  : elle reflète, aussi, ses biais et accentue les #inégalités_de_genre. 

    ➡️En Autriche, des #algorithmes utilisés dans des outils d’accès à l’emploi ont écarté les femmes des secteurs informatique.

    3. L’IA permet la #cybercriminalité

    Les montages perçus les plus crédibles générés par IA sont un réel danger pour les femmes et les enfants.

    ➡️Les #deepfakes sont massivement utilisés dans le but de nuire aux femmes et de générer des contenus pédocriminels.

    4. L’IA impacte la planète

    ➡️D’ici 2027, l’IA générative nécessitera une alimentation en #électricité équivalente à celle de l’Argentine, cinq fois la France en superficie.

    Les pays du Sud sont les premiers impactés par les ravages écologiques de l’IA : les #data_center y pullulent, l’extraction de #minerais comme le #cobalt (utilisé pour la fabrication des #batteries) met en péril la santé des populations et entraîne la #pollution des eaux et des terres.

    Les émissions de CO2 des "géants de la Tech” ont augmenté de 30 à 50% en 2024 suite au développement fulgurant de l’intelligence artificielle.

    5. L’IA désinforme

    Beaucoup d’outils d’intelligence artificielle permettent et participent à la #désinformation  :

    ➡️Des «  #bots  », ces robots qui imitent l’activité humaine sur les réseaux sociaux pour manipuler l’information, en spammant du contenu, en renforçant la notoriété de comptes ou en diffusant de fausses informations.

    ➡️Montage photo généré par l’IA. Lors de la campagne américaine, Donald Trump a relayé une photo générée par IA montrant Kamala Harris de dos en leader communiste face à une foule de partisans. Une image vue 82 millions de fois.

    ➡️Les deepfakes, ces fausses vidéos de célébrité qui prolifèrent sur les réseaux sociaux, outil notamment utilisé lors de campagnes présidentielles pour attribuer de faux propos aux candidats en lice.

    À la vitesse laquelle se développe l’IA, il va devenir de plus en plus difficile de déceler le vrai du faux. 

    6. L’IA surveille

    Les systèmes d’IA sont aussi utilisés à des fins de #surveillance contre certaines populations. En témoigne les pratiques de la Chine, dotées d’outils dopées à l’IA pour surveiller la population ouïghoure. Et bien souvent, ces technologies sont développées par les pays occidentaux.

    ➡️L’IA est d’ailleurs déjà utilisée aux #frontières européennes à des fins de surveillance contre les personnes exilées. Parmi les outils  : des #détecteurs_de_mensonge et d’émotions sont utilisés pour contrôler les frontières. Baptisé #iBorderCtrl, le projet est financé par l’Union européenne et déjà testé dans 3 pays  : Hongrie, Grèce et Lettonie.

    7. L’IA peut tuer

    L’IA, c’est aussi ça  : des drones et autres armes sophistiquées capables de choisir leurs propres cibles et de les attaquer sans contrôle humain. Des robots-tueurs, décidant via leurs algorithmes de qui vit et de qui meurt, se développent et se vendent déjà sur le marché.

    ➡️À Gaza, l’armée israélienne a utilisé une IA appelée Lavender, censée cibler des terroristes mais qui ont provoqué la mort de milliers de civils gazaouis.

    https://www.amnesty.fr/actualites/intelligence-artificielle-les-sept-choses-qu-on-ne-vous-dit-pas

    #IA

    • TRIBUNE | « L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux »

      Plus d’une vingtaine d’organisations réunies au sein de la coalition Hiatus, parmi lesquelles Attac, La Quadrature du Net et la Ligue des droits de l’homme, estiment, dans une tribune au « Monde » (https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/06/l-intelligence-artificielle-accelere-le-desastre-ecologique-renforce-les-inj), qu’il faut résister au déploiement massif de l’IA, au nom des droits humains, sociaux et environnementaux.

      Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique.

      Partout dans les services publics, l’IA est ainsi conduite à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.

      Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?
      Des conséquences désastreuses

      Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

      Que de l’agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l’éducation, risque d’avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?

      Or, au lieu d’affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adopté par l’Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu’il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.
      Une maîtrise démocratique

      A longueur de rapports, l’IA apparaît ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux États-Unis et à la Chine.

      Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d’avance.

      Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d’inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

      La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.
      Premiers signataires

      David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l’union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L’Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France.

      https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/l-ia-contre-les-droits-humains-sociaux-et-environnementaux

  • Une double relégation : l’accès aux soins des immigré·es dans un « désert médical »
    https://metropolitiques.eu/Une-double-relegation-l-acces-aux-soins-des-immigre-es-dans-un-deser

    À partir d’une enquête dans le Grand Est, Ana Portilla montre comment l’argument de la « pénurie de soins » pour l’ensemble de la population justifie l’éloignement des immigré·es vis-à-vis du système de santé en milieu rural et accentue leur relégation sociospatiale. Le cas des immigré·es en milieu rural est révélateur des #inégalités d’accès aux soins dans ce qu’on appelle couramment les « déserts médicaux ». À travers une enquête de terrain menée en 2022-2023 dans une petite ville rurale de la région Grand Est, #Terrains

    / santé, inégalités, #désert_médical, #ségrégation, #accès_aux_droits, #droit, ruralité, #migrants

    #santé #ruralité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_portilla.pdf

  • #Multinationales et #inégalités multiples : nouveau #rapport

    Depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune tandis que, dans le même temps, la richesse cumulée de 5 milliards de personnes a baissé. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités mondiales.

    Si cette tendance se poursuit, nous pourrions voir dans près de 10 ans la fortune d’un multimilliardaire franchir pour la première fois le cap de 1000 milliards de dollars alors qu’il faudra encore 230 ans pour éradiquer la pauvreté.

    Malgré les crises successives, les milliardaires prospèrent. Pourquoi ? Car ils achètent le pouvoir politique et économique.
    Inégalités mondiales : les chiffres-clés

    #Monde

    - La fortune des 5 hommes les plus #riches a grimpé de 114 % depuis 2020.
    – La #fortune des #milliardaires a augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, à une vitesse 3 fois plus rapide que celle de l’inflation.
    - Les 1 % les plus riches possèdent 48 % de tous les actifs financiers mondiaux.
    - Les pays riches du Nord détiennent 69 % des richesses mondiales et accueillent 74 % des richesses des milliardaires alors qu’ils n’abritent que 21 % de la population mondiale.
    - Au rythme actuel, il faudrait plus de deux siècles pour mettre fin à la pauvreté, mais dans à peine 10 ans nous pourrions voir pour la première fois la fortune d’un multimilliardaire franchir le cap des 1 000 milliards de dollars. Avoir 1 000 milliards, c’est comme gagner plus d’un million d’euros par jour depuis la naissance de Jésus-Christ.
    - Sept des dix plus grandes entreprises mondiales sont dirigées par un·e milliardaire.
    - 148 grandes entreprises ont réalisé 1800 milliards de dollars de bénéfices cumulés – soit 52 % de plus en moyenne sur les 3 dernières années – et distribué d’énormes dividendes à de riches actionnaires tandis que des centaines de millions de personnes ont été confrontées à des réductions de salaires réels.

    #France

    - Les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles – la famille Arnault, la famille Bettencourt Meyers, Gérard et Alain Wertheimer – ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020. Dans le même temps, la richesse cumulée de 90% des Français a baissé.
    – Sur cette même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, autant que pour faire un chèque de 3 400 euros pour chaque Français-e.
    – Les 1 % les plus riches détiennent 36 % du patrimoine financier total en France alors que plus de 80% des Français ne déclarent posséder ni assurance-vie, ni actions directement.
    - 11 des plus grandes entreprises françaises ont réalisé 101 milliards de dollars de bénéfices entre juin 2022 et juin 2023, soit une augmentation de 57% par rapport à la période 2018-2021.
    - L’héritière Françoise Bettencourt est devenue la première femme milliardaire à voir sa fortune atteindre les 100 milliards d’euros.

    Grandes entreprises, médias : comment les milliardaires achètent le pouvoir

    Depuis 2020, l’accroissement de la fortune des milliardaires et l’accumulation de profits des multinationales sont intrinsèquement liés.

    A l’heure où l’élite économique se réunit à Davos, le rapport « Multinationales et inégalités multiples » révèle notamment que sept des dix plus grandes entreprises mondiales ont un·e PDG milliardaire ou un·e milliardaire comme actionnaire principal·e.

    Les grandes entreprises ont un pouvoir démesuré et sont une machine à fabriquer des inégalités. Salaires qui augmentent moins que la rémunération des PDG, bénéfices majoritairement utilisés pour rémunérer les actionnaires, optimisation fiscale : les milliardaires veillent avant tout à ce que les multinationales contribuent à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population.

    Ils utilisent par ailleurs leur richesse pour asseoir et conforter leur influence politique, en particulier via leur emprise sur les médias et leurs relations avec les hautes sphères de l’Etat.
    En France aussi, les milliardaires s’enrichissent et la pauvreté s’intensifie

    Les 4 milliardaires français les plus riches (Bernard Arnault et sa famille, Françoise Bettencourt Meyers et sa famille ainsi que Gérard Wertheimer et Alain Wertheimer) ont vu leur fortune augmenter de 87% depuis 2020.

    Sur la même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, soit l’équivalent d’un chèque de 3 400 euros pour chaque Français·e. Alors que les Français et Françaises subissent l’inflation de plein fouet et sont confronté·e·s à une véritable crise du pouvoir d’achat, l’enrichissement continu des ultra-riches fracture la société.

    Comme dans le reste du monde, l’omniprésence des milliardaires dans les mondes économique, politique et médiatique, est indéniable. En tête de proue : Bernard Arnault, à la tête de l’empire du luxe LVMH et de certains des plus grands médias français comme Les Échos ou Le Parisien, mais aussi le milliardaire Vincent Bolloré, qui fait des médias dont il est actionnaire principal une arme au service de l’extrême droite.

    Les recommandations d’Oxfam

    Oxfam appelle les États à réduire rapidement et radicalement le fossé entre les ultra-riches et le reste de la société grâce notamment aux mesures suivantes :
    Augmenter les impôts sur les ultra-riches

    Oxfam estime qu’un impôt sur la fortune pour les multimillionnaires et les milliardaires du monde entier pourrait rapporter 1 800 milliards de dollars par an.

    Plus précisément, Oxfam France formule une série de recommandations fiscales qui permettraient de dégager 88 milliards d’euros par an, tout en préservant le pouvoir d’achat de 70% des Français, dont :

    - Un impôt sur la fortune climatique pour les multimillionnaires et les milliardaires : Il s’agit de taxer, d’une part, le niveau de patrimoine (la taille de la fortune), et d’autre part, la quantité de CO2 qu’il contient (son impact sur le climat).

    Réguler les multinationales

    – Encadrer la part des bénéfices versés aux actionnaires
    - Conditionner les aides publiques aux entreprises aux investissements dans la transition
    - Imposer un écart de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du dirigeant et le salaire médian de l’entreprise.

    https://www.oxfamfrance.org/rapports/multinationales-et-inegalites-multiples
    #Oxfam #richesse #chiffres #statistiques

  • La limitation des transferts et des évacuations sanitaires de patients comoriens vers Mayotte et La Réunion : une opération fondamentalement politique ?

    https://journals.openedition.org/anthropologiesante/13982

    par Anne Vega

    Cet article porte sur les déplacements sanitaires de patients depuis les trois îles de l’Union comorienne vers les départements français de Mayotte et de La Réunion. Prenant appui sur une étude ethnographique collective, il explore les expériences de déplacement, légal ou non, du point de vue des patients et des professionnels les prenant en charge et interroge la légitimité de l’accès aux soins : il s’agit de mieux comprendre, d’une part, les logiques de parcours de soins contrastés socialement dans ces territoires où les inégalités sociales de santé continuent à se creuser et, d’autre part, de questionner (les effets de) l’aide à la coopération.


    CArtographie : Philippe Rekacewicz, visionscarto.net, 2002.

    #Comores
    #Mayotte
    #Réunion
    #santé
    #inégalités

  • « Le plus efficace contre la délinquance, c’est l’etat social » - Sebastien Roché (entretien filmé)
    https://www.off-investigation.fr/interview-le-plus-efficace-contre-la-delinquance-etat-social-inter

    Je n’ai pas le savoir-faire et la pugnacité pour aller sur un plateau. Il y a des responsables politiques qui sont de très bons communicants, qui vont aller sur ces plateaux et qui vont savoir se battre. Moi, je ne sais pas faire ça. Nous, on est à l’université, on se bat autour des idées, des résultats, des interprétations. Il y a beaucoup de discussions, parfois vives, mais c’est toujours appuyé sur des faits et sur des études. Sur les plateaux télé, ce n’est pas possible. Vous avez différents experts et tous ont la même valeur. C’est-à-dire que quelqu’un qui n’a jamais étudié le sujet a autant de valeur que quelqu’un qui a étudié le sujet pendant 20 ans. Donc pour nous, c’est très déstabilisant et je n’estime pas que j’ai quelque chose à y faire.

    #État_social #pauvreté #inégalités #déviance #incivilités #délinquance #criminalité #police #gauche #criminologie

    edit
    – quant à ce média qui joue les ordures en demandant si il faut exécuter tous les délinquants, je crois nécessaire de rappeler ce que Freud disait du mot d’esprit, à savoir qu’il comporte toujours une part de vérité.
    – matez le décor, qui est je le suppose le domicile de Roché (pauvre France, misérables intellectuels, ici, cadre amidonné et blazer velours)

  • Zones à Faibles Émissions : un enjeu de santé et de justice sociale
    https://carfree.fr/index.php/2025/01/14/zones-a-faibles-emissions-un-enjeu-de-sante-et-de-justice-sociale

    Oxfam #france, le mouvement citoyen au service de la lutte contre les #inégalités et la pauvreté, fait le point sur les Zones à Faibles Émissions (ZFE). Le sujet des Zones Lire la suite...

    #Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #Pollution_automobile #Réchauffement_climatique #lille #lyon #marseille #paris #pollution #santé #société #strasbourg #toulouse #ZFE

  • Géographie de la justice spatiale en France

    Arnaud Brennetot

    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7283002423701340160

    En France, la “circulation invisible des richesses” (Davezies) en faveur des territoires les plus fragiles continue à garantir une forme d’équité spatiale

    En France métropolitaine, l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux (CSG, CRDS) ainsi que les diverses prestations sociales (pour les familles, le logement, l’autonomie, etc.) redistribuent une partie des revenus perçus par les ménages les plus aisés et les reversent aux ménages les moins fortunés. Cette redistribution se traduit géographiquement par des flux de revenus depuis les territoires habités par des populations plus riches que la moyenne nationale vers les territoires dont la population a, en moyenne, des revenus plus faibles

    #France
    #justice_spatiale
    #économie
    #revenus
    #inégalités
    #cartoexperiment_2025

    • Selon l’importance qu’on accorde aux inégalités, on pourra trouver cette politique de redistribution spatiale des revenus, pour les uns, excessive et, pour les autres, insuffisante. Au cours des dernières années, la fragilisation des impôts sélectifs (ISF, taxe d’habitation) au profit d’impôts à taux uniques (TVA, TICPE, prélèvement forfaitaire sur les revenus du capital) et l’évasion fiscale ont compromis ces mécanismes redistributifs et la cohésion sociale et territoriale qui en découle. Or, en votant fortement pour le RN, les citoyens habitant les territoires les moins riches (Nord, Nord-Est, Languedoc) font le choix d’une politique anti-fiscale qui, si elle était appliquée, reviendrait à réduire les mécanismes redistributifs dont ils sont pourtant parmi les principaux bénéficiaires, exposant leurs bassins de vie à un régime de concurrence qui les fragiliserait encore plus qu’ils ne le sont déjà. Seule une ambitieuse politique d’aménagement du territoire serait à même de répondre à leurs attentes mais celle-ci ne figure ni dans le programme du RN, ni dans la réorientation idéologique en cours des forces d’extrême-droites, désormais ouvertement favorables à la dérégulation et à l’individualisme.

  • #Mayotte : #histoire_coloniale, fractures sociales et désastre environnemental

    Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en #crise, où la #misère humaine et les #catastrophes_naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – #séismes, #tornades, #montée_des_eaux – ne sont que la face visible d’un #effondrement plus global. Ils révèlent une #vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des #inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

    En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’#Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

    L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette #départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des #infrastructures et des #services_publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.

    Effondrement des services publics

    L’#éducation, en particulier, est le symbole de cet #échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le #système_scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du #système_éducatif alimente un sentiment d’#abandon et de #mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’#égalité_républicaine reste une illusion.

    Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une #pression_démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les #bidonvilles, des espaces d’#exclusion où se forment des #bandes_de_jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de #violences et d’#émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du #droit_du_sol, ces enfants peuvent acquérir la #nationalité_française.

    La #colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’#environnement. Mayotte est une île en pleine #dégradation_écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’#assainissement, rejettent leurs #déchets dans une #mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des #mangroves (due à un #développement_urbain incontrôlé et au #changement_climatique) et en conséquence des #récifs_coralliens, essentiels pour limiter l’#érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

    Une gestion écologique devenue symbole technocratique

    À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du #parc_naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la #biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette #conservation comme une nouvelle forme de #colonialisme : une « #colonisation_bleue » où la priorité est donnée à la #nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le #sentiment_d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

    Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les #sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en #eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

    Un avenir impensable et tragique

    Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le #présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’#urgence et l’incapacité d’anticiper.

    Mayotte incarne cette #temporalité_brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’#impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

    La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’#hypercriticité : un état où les #tensions_sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un #effondrement_global.

    Ce terme désigne non seulement l’accumulation des #vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’#accès_à_l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

    Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la #globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses #fractures_coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans "Une planète, plusieurs mondes" (https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/une-planete-plusieurs-mondes), ce croisement marque une #rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

    Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’#effondrement_insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la #double_identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’#hybridité_culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

    https://theconversation.com/mayotte-histoire-coloniale-fractures-sociales-et-desastre-environne
    #Comores #colonialisme #environnement