• Dans les #banlieues, la naissance d’une #écologie_populaire et émancipatrice

    Accusés d’être indifférents aux questions écologiques, voire d’y être opposés, les habitants des #quartiers_populaires sont pourtant en première ligne des effets du dérèglement climatique. À l’avant-poste d’une écologie qui se veut plus discrète, conscients des #inégalités_structurelles des territoires qu’ils occupent, ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer une écologie populaire et émancipatrice.

    En mai 2021, dans les quartiers populaires de #Bagnolet, en #Seine-Saint-Denis, le syndicat Front de mères et l’association #Alternatiba créent la première #Maison_de_l’écologie_populaire, sous le nom de #Verdragon. L’objectif  ? Mettre en place des projets écologiques au plus près des besoins des habitants des quartiers populaires. Dès l’ouverture, les membres du syndicat #Front_de_mères, créé deux ans plus tôt par la politologue et militante #Fatima_Ouassak, sont taxés de #communautarisme après la parution d’une tribune adressée au maire de Bagnolet qui les accuse de propager des idées «  indigénistes et racialistes  » et d’utiliser Alternatiba comme caution écologiste.

    En réponse à ces attaques, Alternatiba publie un communiqué de soutien qui rappelle que «  ce sont les milieux populaires et particulièrement les personnes racisées qui sont et seront les plus touchés par l’aggravation du #changement_climatique  ». Depuis, le lieu poursuit sa vie, entre l’organisation de soirées pour discuter des rapports du GIEC, d’expositions sur les luttes paysannes, ou encore via la distribution de paniers de légumes avec l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Mais les attaques qu’ont subies les co-fondatrices de Verdragon peu après l’ouverture du lieu révèlent la difficulté de faire émerger un endroit qui réunit les habitants des quartiers populaires autour de l’écologie. Comme si ces derniers, emmurés dans des grandes tours, devaient s’accommoder d’un territoire où s’entassent datacenters, usines polluantes ou échangeurs autoroutiers, sans jamais espérer s’en affranchir.

    Des réalités multiples

    D’abord, qu’entend-on par quartiers populaires  ? Dans sa thèse, la géographe #Léa_Billen rappelle que cette catégorie a tendance à gommer des réalités plurielles  : «  Ce que j’appelle “quartiers populaires” désigne des quartiers classés en #politique_de_la_ville. Mais il s’agit d’une toute petite partie de ce qu’on appelle plus largement “quartiers populaires”, des territoires à la fois très divers d’un point de vue urbain, avec des quartiers de #grands_ensembles, des #faubourgs_ouvriers, des centres anciens plus ou moins dégradés et du point de vue de leurs habitants, avec une #mixité_sociale plus ou moins importante. Mais ce qui les rassemble, ce sont des #inégalités_sociales, urbaines et économiques très fortes.  » Son travail de terrain s’est concentré sur les initiatives qui «  transforment les modes de vie au quotidien  », comme l’installation de #composteurs de quartier ou de #jardinières partagées, les #groupements_d’achats de produits écologiques ou encore la mise en place d’ateliers d’#autoréparation.

    Des initiatives qui s’inscrivent dans une diversité de modes d’action  : mobilisations contre un projet d’aménagement, interpellation de la ville ou du bailleur, actions de sensibilisation… S’il n’existe pas à ce jour d’études quantitatives pour le démontrer, «  ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires, d’après la géographe. Elles sont juste très discrètes, car les personnes qui les portent ne communiquent pas forcément sur leurs actions en dehors du territoire concerné. Parfois, même, les personnes qui font vivre ces initiatives ne se revendiquent pas de l’écologie.  »

    Pouvoir aux régies

    Cette écologie, plus silencieuse, se retrouve par exemple dans les #régies_de_quartier. Apparues dans les années 1980, elles viennent au départ répondre au problème de chômage des habitants des quartiers prioritaires. Elles fonctionnent sur un modèle hybride  : elles cumulent le statut d’association à celui d’entreprise d’insertion et les habitants sont majoritaires aux côtés d’élus, de représentants d’associations ou d’institutions aux instances de décision. Au départ, les régies de quartier se chargent principalement de l’entretien des lieux publics ou des résidences de quartiers et de l’insertion par l’emploi. Depuis l’arrivée de l’écologiste et ancien membre d’EELV Mathieu Glaymann à la direction de la régie de quartier de Saint-Denis, la régie s’est transformée en laboratoire de la #transition_écologique. Récupération et valorisation de cartons et de cagettes en bois, vide-grenier toutes les trois semaines, livraison en cyclo-logistique, ateliers zéro déchet, entretien des espaces publics avec des produits éco-labellisés… Les projets fleurissent sur le territoire.

    «  Ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires. Elles sont juste très discrètes.  »

    Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires de la régie de Saint-Denis repose sur des projets en lien avec la transition écologique  : «  Les régies de quartier en Seine-Saint-Denis comptent environ 500 salariés, affirme Mathieu Glaymann. Et dans notre régie, nous recrutons dans 95 % des cas des habitants de Saint-Denis. Il ne faut pas sous-estimer cet outil.  » Un puissant levier d’#émancipation, donc, qui fait écho à la stratégie d’#ancrage_territorial que la politologue et militante Fatima Ouassak revendique dans son essai La Puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/la_puissance_des_meres-9782348059377). L’autrice fait référence à l’#attachement ressenti par les habitants pour un territoire, critère indispensable selon elle, pour garantir sa protection.

    La théorie de l’indifférence

    Si le terme «  écologie  » est néanmoins toujours mis à distance par certains, «  c’est parce [qu’il] est associé à un discours dominant qui exclut les habitants des quartiers populaires et qui considère que l’écologie ne les concernerait pas, voire qu’ils y seraient même hostiles, note Léa Billen. Ce discours est performatif  : il produit un sentiment d’#impuissance chez ces habitants qui peuvent effectivement finir par penser que ce n’est pas pour eux  ». Pour en saisir les causes profondes, il faut revenir à l’histoire des politiques qui ont bâti ces quartiers. À partir des années 1960, le gouvernement décide de construire des grands ensembles pour répondre au défi du relogement des classes moyennes.

    Or, «  la construction des grands ensembles n’est pas accompagnée d’aménagements alentour  : il manquait beaucoup d’équipements publics, sociaux et culturels. Et malgré les plaintes des habitants de la classe moyenne, l’État est resté passif, analyse #Hacène_Belmessous, auteur de l’ouvrage Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), pour lequel il a fouillé les archives des municipalités populaires en périphérie des villes. Ces populations ont fini par céder à l’achat de maisons individuelles, laissant place à une population immigrée extra-européenne à qui l’on avait longtemps refusé l’accès à ces logements.  » Par la suite, la politique de #rénovation_urbaine dans les banlieues populaires qui se poursuit en 2003 après les émeutes des années 1990 est «  d’abord une tentative d’éliminer un problème politique  », poursuit le chercheur. L’objectif n’est pas de créer un meilleur cadre de vie pour les habitants, mais plutôt «  d’ouvrir les cités pour que la police puisse intervenir  ».

    Des quartiers qui étouffent

    Ces inégalités ont structuré les banlieues populaires. S’y ajoutent aujourd’hui des injustices environnementales. Documentées aux États-Unis depuis les années 1980, où les nuisances et pollutions frappent plus fréquemment les populations afro-américaines, elles deviennent une préoccupation en Europe à partir des années 2000. «  On étouffe à l’intérieur, entre les quatre murs des appartements HLM, trois étroits, trop chauds l’été, véritables passoires thermiques l’hiver, où l’air est pollué par l’ameublement bon marché  », constate aujourd’hui l’essayiste Fatima Ouassak, dans son ouvrage Pour une écologie pirate (Seuil, 2023). Mais aussi à l’extérieur, «  entre les quatre murs du quartier, submergés par le bruit des voitures, les odeurs nauséabondes, l’éclairage artificiel et la pollution atmosphérique  », poursuit-elle.

    «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    En 2021, le Réseau action climat (RAC) et l’Unicef ont publié un rapport sur les liens entre la pauvreté des enfants et la pollution de l’air. Chez les enfants, «  cette exposition peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression  », souligne le rapport. Si les populations les plus riches résident aussi dans les centres urbains, là où la pollution atmosphérique est la plus forte, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les plus précaires. «  Les inégalités d’accès aux soins, liées aux revenus ou à la catégorie sociale, font qu’un même degré d’exposition a un impact différent sur la santé  », confirme l’Observatoire des inégalités dans une de ses analyses.
    S’émanciper des clichés

    Ces injustices sont de plus en plus largement dénoncées. Contre un discours écologique «  déconnecté des réalités des classes populaires  », #Féris_Barkat, né à Illkirch près de Strasbourg, a cofondé l’association #Banlieues_climat fin 2022, à tout juste 20 ans. Son but  ? Sensibiliser les jeunes de banlieue aux enjeux écologiques et leur permettre d’être formateurs à leur tour. Selon lui, l’écologie est avant tout un moyen de mettre en lumière des inégalités sociales «  peu audibles pour les politiques  ». Plusieurs membres de Banlieues climat sont ainsi allés former des parlementaires. Sept au total – dont le député La France insoumise François Ruffin et l’écologiste Marie-Charlotte Garin – ont bénéficié d’une formation de trois heures donnée par Féris, Sanaa, Someïa, Aymen, Imane et Khadim, le 17 janvier à l’Assemblée nationale. L’idée de cette formation est d’interpeller les élus. Pour le cofondateur de Banlieues climat, si leur message ne passe pas auprès des jeunes de banlieue, «  c’est une question de posture  »  : «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    Il y a aussi «  un manque de représentativité  », constate #Amine_Kessaci, âgé de 21 ans et originaire des quartiers nord de Marseille. En juin 2020, il a créé l’association Conscience qui mène des projets de sensibilisation et organise des campagnes de ramassage de #déchets dans son quartier. L’initiative prend vite et sera bientôt déclinée localement dans d’autres quartiers populaires en France. Un succès rapide qu’il attribue au fait que «  ces initiatives sont portées par d’autres jeunes de quartiers  ». Aujourd’hui, s’il se présente aux élections européennes de juin, sur la liste menée par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est principalement pour porter la voix des quartiers populaires et déconstruire les stéréotypes qui leur sont associés.

    À l’affirmation que l’écologie ne parlerait pas aux habitants des quartiers, il répond  : «  Au contraire  ! Le 2 décembre, plusieurs personnes de mon quartier sont montées à Paris avec moi au meeting de Marie Toussaint. Elles se sont retrouvées dans son discours et ont compris ce qu’elle défendait.  » De son côté, Féris Barkat annonce que l’association Banlieues climat aura bientôt un lieu dédié à leur formation, depuis peu certifiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Car, conclut-il, «  si les classes populaires ne sont pas outillées dès le départ à cause des inégalités d’accès à la connaissance, nous misons, au contraire, sur l’intelligence  ».

    https://www.socialter.fr/article/banlieue-climat-inegalites-ecologie-populaire
    #écologie

  • Les paysannes du Sud, premières victimes de la crise climatique

    Lorsque le changement climatique affecte l’agriculture, les femmes en deviennent d’autant plus vulnérables. Une situation particulièrement marquée dans des pays d’Afrique et d’Asie, montrent des chercheurs.

    Le changement climatique affecte l’agriculture et rend les petits paysans plus vulnérables, surtout dans les pays à bas et moyens revenus. Et ces vulnérabilités touchent particulièrement les femmes. Une carte du monde permet dorénavant de s’en rendre compte en un coup d’œil, grâce au travail réalisé par des chercheurs, publié le 16 novembre dans la revue Frontiers in Sustainable Food Systems (Les Frontières dans les systèmes alimentaires durables : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2023.1197809/full#SM1).

    L’équipe internationale de scientifiques s’est employée à collecter de nombreuses données d’études hétérogènes et antérieures traitant de trois facteurs clés :

    - Les dangers climatiques pour les systèmes agroalimentaires (sécheresses, inondations, baisse des rendements agricoles, etc.) ;
    – Le niveau d’exposition des hommes et des femmes à ces dangers ;
    - La vulnérabilité des hommes et des femmes exposés à ces catastrophes climatiques.

    Ils ont ensuite combiné ces facteurs pour bâtir un index et identifier par des cartes les points chauds de ces « inégalités de genre-agriculture-climat ».

    Sur un total de 87 pays à bas et moyens revenus analysés par les chercheurs, en Amérique latine, en Asie et en Afrique, il ressort que les femmes les plus exposées et vulnérables se trouvent dans les régions sud, est et centrale de l’Afrique ainsi que dans l’ouest et le sud de l’Asie.

    De plus en plus documentées par la recherche, les inégalités de genre face au changement climatique, et plus particulièrement dans le cadre des systèmes agroalimentaires, s’expriment de différentes manières. D’une part parce que les femmes et les hommes ne sont pas soumis aux mêmes risques climatiques. D’autre part parce que, même face à un même risque, les femmes se trouvent souvent être plus vulnérables.

    En termes d’exposition aux risques, les chercheurs soulignent notamment que les contextes socioéconomiques et normes culturelles propres à chaque région entraînent une différenciation des rôles agricoles : les femmes travaillent en plus grande proportion que les hommes sur certains types de cultures.
    Un moindre accès aux ressources

    Dans le nord du Bangladesh, par exemple, les femmes ont un rôle majeur dans la culture du riz et de plus en plus dans la gestion des fermes. Notamment à cause de l’émigration croissante des hommes, de plus en plus pratiquée en réponse au changement climatique.

    À cela s’ajoute une plus grande vulnérabilité des femmes, liée à leur moindre accès aux ressources : leur statut social souvent défavorable, le manque d’éducation, leur manque d’accès aux informations pour anticiper les catastrophes et pour travailler à des systèmes plus résilients, leur moindre accès à la possession des terres et des compétences, les empêchent d’affronter les catastrophes dans de bonnes conditions.

    Le manque d’accès des femmes au capital et à la propriété, source de moindres capacités d’adaptation, s’explique aussi par les inégalités dans la rétribution du travail, les femmes n’étant pas ou moins bien payées que les hommes, dans des contextes climatiques aggravant parfois cet état de fait.

    Les cultivatrices de riz du nord du Bangladesh, par exemple, subissent doublement l’émigration climatique des hommes puisqu’elles se retrouvent à la fois seules aux champs et pour le travail domestique. Pour un temps de travail similaire au Bangladesh, les femmes passent 86 % de leur temps de travail affairées à des activités domestiques non rétribuées, contre 25 % du temps pour les hommes.

    Les normes sociales patriarcales finissent de désavantager les femmes lorsqu’il s’agit d’être promptes à s’adapter aux risques. Au Burundi, illustrent les chercheurs, les hommes adaptent plus rapidement que les femmes leurs cultures de bananes aux risques de maladies et mettent en place davantage de techniques innovantes, grâce à leur meilleur accès à l’information ainsi qu’à des groupes de formation des agriculteurs. En Ouganda, au Ghana ou au Bangladesh, ce sont également les normes et pratiques socioculturelles qui restreignent l’accès des femmes aux programmes de formation.

    Indépendamment des conséquences pour les paysannes sur leurs cultures en tant que telles, les inégalités de genre inhérentes au changement climatique pèsent également directement sur le corps des femmes. Après la survenue de catastrophes naturelles, les femmes et les filles sont ainsi plus sujettes à la faim que les hommes, indiquent les auteurs. « En Inde, par exemple, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à moins manger après une sécheresse », écrivent-ils.

    Les femmes ont en outre plus de risques d’être tuées lors de catastrophes naturelles, en partie, selon la littérature scientifique, en raison de leur moindre accès à l’information, aux abris et aux outils leur permettant de prendre les bonnes décisions dans les moments critiques.

    À cette violence sociale s’ajoute une violence plus frontale, les cas de trafic d’êtres humains, d’esclavage sexuel et d’autres violences genrées s’accroissant après des catastrophes naturelles.

    Au sein des régions asiatiques et africaines les plus fortement concernées par ces inégalités, les scientifiques ont appliqué plus en détail leur méthodologie à 4 pays : le Mali, la Zambie, le Bangladesh et le Pakistan, mettant en exergue des différences structurelles dans la manière dont se mettaient en place ces inégalités.

    « Pour les deux pays d’Asie, les forts dangers climatiques et l’exposition des femmes paysannes à ces dangers sont les facteurs principaux, tandis que pour les deux pays africains, les inégalités structurelles jouent un rôle plus important », analyse dans un communiqué l’autrice principale de l’étude, Els Lecoutere, chercheuse au sein du partenariat international CGIAR, à la Gender impact platform au Kenya.
    Investir contre les inégalités structurelles

    La carte confectionnée par les auteurs reste incomplète et souffre de diverses lacunes. Plusieurs pays à faibles revenus, susceptibles d’être hautement concernés par cet indice d’inégalité de genre-agriculture-climat, sont notamment absents de leur travail, faute de données disponibles.

    Pour autant, les chercheurs espèrent avec cet outil inciter les décideurs politiques à prendre à bras-le-corps cette question des inégalités de genre, fondamentale dans l’adaptation au changement climatique. Sur les « points chauds » identifiés sur la carte, l’adaptation des systèmes agroalimentaires vers des modèles justes et durables « ne dépendra pas seulement de la capacité à réduire les inégalités de genre dans les systèmes agroalimentaires mais aussi à éviter qu’ils ne s’aggravent », souligne l’étude.

    « Un autre moment clé pour utiliser les résultats de notre étude sera la COP28 à venir et les négociations en cours autour du fond pour les pertes et dommages, et des autres investissements climatiques », dit encore Els Lecoutere. À bon entendeur.

    https://reporterre.net/Agriculture-une-carte-revele-les-inegalites-femmes-hommes-face-au-climat
    #paysannerie #agriculture #femmes #climat #changement_climatique #genre #inégalités #vulnérabilité #accès_aux_ressources #monde #inégalités_structurelles

  • How the aid sector marginalises women refugees

    ‘No one understands the issues women from war zones face better than we do ourselves.’

    I am a woman, a refugee from Darfur, and the co-founder of an organisation committed to supporting other Sudanese refugee women in Kampala, Uganda. I have heard about the localisation process in humanitarian aid, but I do not feel its effect. What I do feel, and experience on a daily basis, are the numerous ways women – especially refugee women – are discriminated against in the humanitarian system.

    My experiences have taught me that, wherever we go, women need to stand up for ourselves and take #leadership because no one understands the issues women from war zones face better than we do ourselves.

    When I was 12 years old my family fled to Kalma camp, the largest camp for displaced people in Darfur, home to more than 120,000 people. The war and insecurity were reason enough for me to leave my country, but when I was 16 I started being a human rights activist and helping women who had been raped.

    My work at the time consisted of writing down the details of what happened to the women who came to Kalma from villages to escape fighting and violence – mostly mothers and young girls. It made me a target because talking about rape was taboo, and recording the women’s stories was evidence of the crimes being committed in the war.

    When I finished high school I decided to leave. I wanted to go to university, but people like me were not safe in Sudan. The government attacked women’s rights activists in universities and in their homes, and sometimes kidnapped them. I was scared and wanted a future, so I left.

    I spent one year in South Sudan, where I continued my work with women, before arriving in 2012 in Kampala, where I registered as a refugee and attended university, earning a degree in International Relations and Diplomatic Studies.

    The issues we face

    Sudanese women are often in a difficult situation when they arrive in Kampala. Many are alone with their children. Most don’t speak English – the language you need to start building a life here. Their husbands are either dead, in prison, or missing. The women struggle to find work and struggle to feed their children. The ones who live with their husbands often experience domestic abuse when the men lash out because of financial stress.

    Many women have also been subjected to circumcision. They want to go to the hospital to receive medical care, but they do not know where to go, and fear judgement from the Sudanese community.

    A Sudanese woman will never speak about her rape to a man. She will never tell a man that she is having difficulties giving birth because of circumcision or that her husband treats her badly. She will never speak to a man about early marriage or young girls getting married to older men.

    These topics are considered shameful and taboo. Men commit many of the acts women suffer from, and women are afraid that they will be further victimised if they speak up. If a woman tells a man she is being beaten by her husband, the man will often ask the husband if it is true and the husband will only beat his wife more. Many Sudanese men will say these issues should be solved within the family and discourage women from seeking outside support.

    At the same time, Sudanese women also struggle to talk about these topics with Ugandan and Western aid workers who come from different cultures and speak different languages. But they will talk about them with other women from their own community, women who understand their experiences and speak their language.
    Representing and helping ourselves

    This is why refugee-led organisations like the one that I founded with fellow Sudanese refugee women are so important. We know the needs of Sudanese people. We can offer support on sensitive and intimate issues in ways that other organisations cannot, and we can act as a bridge to international humanitarian organisations to make sure people in our community are receiving food, healthcare, and the other essential support they need.

    Unfortunately, however, the humanitarian system is replicating the inequalities we face in our private lives. As a Sudanese woman leading an organisation, I feel like I am being left behind and marginalised, not because I want to be, but because the humanitarian system doesn’t recognise the additional barriers I face and the responsibilities I carry in my daily life.

    In Sudanese society, women are expected to get married, have children, take care of the home and take a secondary role to men. We have to fight for opportunities to have a role outside of the house and to be in leadership positions. We need to get paid for the humanitarian work we do in order to make it sustainable.

    Most international humanitarian organisations offer voluntary positions to women like me, even if we do as much work as people who are given a salary. Some organisations offer allowances of around $150 per month as compensation to volunteers. That is not enough to even pay rent, let alone feed our children or cover healthcare and education expenses.

    The Grand Bargain was supposed to change this, but in my experience it hasn’t. Instead of focusing full time on humanitarian work, I had to open a bakery to earn money to support myself and my family.

    If we get paid for our humanitarian work, we will be able to increase the time we dedicate to it and take more control over our own lives. There is a saying in Arabic: “He who does not own his own fuel does not own his own decisions.”

    Having funding to open a nursery at our organisation would also be a good starting place to allow us to increase our working hours and an important recognition of the multiple responsibilities we have as women.

    International humanitarian organisations should dedicate a specific percentage of funding to build the capacity of refugee women-led organisations to help these basic goals become a reality.

    Instead, donors expect women refugee-led organisations to compete for the same grants male-led organisations apply for and report on them on the same schedule. This is not feasible. Men have women taking care of their children, cooking their meals, and cleaning their houses while they are working. Women are doing both.

    Even me, I am currently pregnant with my third child. When I give birth, I will need to stay close to my baby for at least the first three months to feed and care for them. I won’t be able to leave my child to put in an eight-hour work day. I will need more time to complete the work I usually do, and I will need donors to understand this and adjust accordingly.

    But the humanitarian sector does not make any accommodations for the realities we face as refugee women. As a result, it is difficult for women refugee-led organisations to reach the same level as organisations led by men. This means that we are often denied a seat at the table to talk about the situations we face and to propose solutions.

    Without being able to raise these issues ourselves, no one will fight for us because men cannot imagine what we experience. If the humanitarian sector truly wants to address our needs, it is time to address the structural inequalities in the sector that prevent refugee women from leading for ourselves.

    https://www.thenewhumanitarian.org/opinion/first-person/2021/3/15/How-the-aid-sector-marginalises-women-refugees

    #femmes #femmes_réfugiées #marginalisation #humanitaire #inégalités #inégalités_structurelles #réfugiés

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