• Les liaisons dangereuses de l’industrie française de l’armement avec Israël - Observatoire des multinationales
    https://multinationales.org/fr/actualites/les-liaisons-dangereuses-de-l-industrie-francaise-de-l-armement-ave

    Depuis le début de l’offensive à Gaza, les livraisons d’armes occidentales à Israël sont dans le viseur du mouvement de soutien à la Palestine. Que sait-on des liens entre les industriels français et le complexe militaro-industriel israélien ?

  • Cents jours de Milei en Argentine : cruauté et transgression

    Trois mois de bruit et fureur alors que l’Argentine est sur la corde raide au bord de l’abîme

    Le 10 décembre dernier, à l’occasion du 40e anniversaire du retour de l’Argentine à la démocratie, l’économiste Javier Milei, un « anarcho-capitaliste » qui a exprimé son scepticisme à l’égard de la démocratie et qui continue à considérer l’État comme une « organisation criminelle », est arrivé à la Casa Rosada.

    Milei s’attache à montrer que son arrivée au pouvoir non seulement ne le modère pas, contrairement à ce qui se passe habituellement, mais qu’elle attise encore plus sa rage refondatrice. Une sorte d’« Atlas Shrugged » du Rio de La Plata qui reprend les images du capitalisme héroïque du roman d’Ayn Rand, publié en 1957, ainsi que des visions messianiques de la politique qui l’amènent à se comparer à Moïse ; ou à comparer sa sœur Karina à Moïse et à se réserver le rôle du frère et « traducteur » de Moïse, Aaron.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/23/cents-jours-de-milei-en-argentine-cruaute-et-t

    #international #argentine

  • Nous écrivons depuis l’Espagne…

    Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 28)

    Il y a vingt-cinq mois, la guerre déclenchée par Poutine contre l’Ukraine a repris à grande échelle. Des dizaines de milliers de soldats et de civils tués. Dix millions de personnes déplacées, six millions à l’étranger. Des petites filles et des petits garçons volés. Des violences sexuelles commises par l’armée russe (Commission d’enquête internationale indépendante auprès du Conseil des droits humains). Il ne s’agit pas d’une guerre OTAN-Russie ou « interimpérialiste », mais d’un projet annexionniste et criminel. Nous sommes aux côtés de l’Ukraine et de la Russie décente, celle qui refuse la guerre et l’assassinat de Navalny.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/23/nous-ecrivons-depuis-lespagne

    #international #ukraine

  • Libérez Boris Kagarlitsky et les autres prisonniers politiques russes opposés à la guerre

    Également publié sur https://freeboris.info Les signataires qui souhaitent être contactés par la campagne doivent s’inscrire sur ce site

    Nous, soussignés, avons été profondément choqués d’apprendre que le 13 février, Boris Kagarlitsky (65 ans), intellectuel socialiste russe de premier plan et militant anti-guerre, a été condamné à cinq ans de prison.

    Kagarlitsky a été arrêté en juillet de l’année dernière sous l’accusation absurde de « justifier le terrorisme ». Après une campagne mondiale reflétant sa réputation internationale d’écrivain et de critique du capitalisme et de l’impérialisme, son procès s’est achevé le 12 décembre par un verdict de culpabilité et une amende de 609 000 roubles ($EU 6 550).

    L’accusation a alors fait appel de l’amende, la jugeant « injuste en raison de sa clémence excessive » et affirmant faussement que Kagarlitsky n’était pas en mesure de payer l’amende et qu’il n’avait pas coopéré avec le tribunal. En réalité, il avait payé l’intégralité de l’amende et fourni au tribunal tout ce qu’il demandait.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/22/liberez-boris-kagarlitsky-et-les-autres-prison

    #international #russie

  • La question des nationalités (1907). Pour une « laïcité nationale »

    Si certain·es pouvaient penser que le sentiment d’appartenance à une histoire, une culture, un destin commun, en un mot le sentiment national, allait se dissoudre, il n’en a rien été.
    Catalogne, Kurdistan, Tibet, Ukraine, Fédération de Russie, Palestine/Israël, Rroms, sans oublier les multiples diasporas… partout dans le monde la question des nationalités, des peuples sans territoire, des territoires avec deux (ou plus) peuples déchire la planète et se pose aux internationalistes.
    La pleine réalisation de droits des peuples est la condition nécessaire à l’émancipation de toutes et tous à la disparition des nationalismes régressifs.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/22/la-question-des-nationalites-1907-pour-une-lai

    #politique #internationale #nation

  • « Le monde réel est Harkonnen » : Dune 2, blockbuster anticolonial ?
    https://www.revolutionpermanente.fr/Le-monde-reel-est-Harkonnen-Dune-2-blockbuster-anticolonial?var

    Longtemps, Dune a été réputé inadaptable. Avec des choix judicieux, Denis Villeneuve prouve le contraire, dans une adaptation où lire entre les lignes est primordial. (Cet article contient des spoilers )

    Difficile de ne pas penser à ce que vit le peuple palestinien dans la bande de Gaza depuis maintenant 6 mois en sortant de Dune 2, la deuxième partie de l’adaptation par Denis Villeneuve du roman éponyme de Frank Herbert. Le film détonne tellement dans le paysage cinématographique hollywoodien qu’une vaste entreprise de dépolitisation de son contenu semble avoir lieu en France, où toutes les critiques du film en font un blockbuster grandiose mais apolitique.

    Les premières scènes du film mettent en scène l’intégration de Paul Atréides (Timothée Chalamet) et de sa mère Jessica (Rebecca Ferguson) au sein des Fremen, le peuple autochtone de la planète Arrakis. Des scènes particulièrement réussies, tant d’un point de vue visuel que sonore. La volonté de Denis Villeneuve de tourner les scènes de désert en lumière naturelle permet de nous immerger dans un désert rugueux, violent, mortel. Celles-ci plongent directement le spectateur au cœur du groupe qu’il avait quitté à la fin du premier film et, rapidement, le film met en avant les principaux sujets au cœur de l’œuvre original : les luttes de décolonisation, les génocides, l’économie capitaliste, le rôle de la religion comme outil de contrôle des peuples ou encore les jeux de pouvoirs des nobles et leurs effets sur les dominés.

    « Celui qui contrôle l’Épice contrôle l’univers » : un film anticolonial ?

    Ne nous y trompons pas : Dune est un roman d’émancipation anti-colonialiste. L’œuvre originale porte en son sein cette question. Au cœur de l’histoire, on retrouve Arrakis, planète des sables, d’où est extrait l’Épice ou Mélange, substance psychoactive indispensable au voyage spatial, et les Fremen, peuple autochtone luttant pour sa survie. La planète est occupée par une puissance impérialiste, la faction de la famille Harkonnen, qui en extrait l’Épice au service de l’empereur galactique. Le livre, sorti en 1965, en plein contexte de guerre de décolonisation, parle donc des luttes d’émancipation nationale, en mettant au centre de celles-ci le contrôle des richesses, le parallèle entre l’Épice et le pétrole étant évident.

    Si le roman a été écrit au moment de la guerre du Vietnam et de la guerre d’Algérie, le propos est toujours aussi actuel. En mars 2024, impossible de ne pas voir dans les Fremen le peuple palestinien ou d’autres peuples qui ont souffert des guerres impérialistes, dans la lutte pour le contrôle du pétrole depuis un siècle et demi, et lutté pour leur auto-détermination. Les paysages désertiques, les Feydakin (les soldats Fremen d’élite), une lutte de guérilla : toutes les références dirigent le spectateur vers des parallèles avec les guerres du Moyen Orient pour le contrôle de l’or noir, depuis le partage de l’empire Ottoman jusqu’à nos jours, en passant par les guerres de décolonisation. Un propos réussi, mais qui n’a pas été sans contradiction dans la production du film.

    Dans ce cadre, et notamment au Moyen Orient, le film a suscité des critiques autour de la façon dont est traité l’Islam mais aussi pour son casting très occidental. Dans son livre, Frank Herbert ne cesse de mobiliser des références de l’Islam dans son vocabulaire, les concepts fondamentaux de sa religion et son organisation sociale. Un Islam proche du soufisme, mais qui mêle de nombreuses inspirations perses, tchétchènes, arabes ou encore ottomanes. Aussi, on peut s’interroger sur certains choix fait Denis Villeneuve et la production du film pour traduire ces réalités.

    Si l’aspect anticolonial de la lutte est omniprésent, dans un sens, le film a cherché, dans un sens, à « désislamiser » l’œuvre originale. Ce choix n’est pas un choix de narration, mais bien un choix politique. Il se traduit à deux niveaux : d’un côté, de nombreux termes musulmans présents dans le livre, comme le « Jihad » traduit en « Guerre Sainte », ont été en grande partie gommés et remplacés. Dans le même temps, la religion Fremen est en grande partie ridiculisée par le film, notamment au travers du personnage de Stilgar, chef politique des Fremen, présenté comme un dévot un peu idiot. L’œuvre originale insiste sur la façon dont Paul et Jessica radicalisent par la religion les Fremen, là où le film pose le fanatisme comme un fait préétabli.

    Le second niveau se traduit dans le casting des personnages : les deux personnages Fremen principaux, Stilgar et Chani, sont représentés respectivement par Javier Bardem, d’origine espagnole et Zendaya, d’origine américaine. Un choix regretté par de nombreux critiques moyen-orientaux, pour lesquels l’histoire a subi un « whitewashing » et pour lesquels il aurait fallu un casting mettant en avant des acteurs du Moyen-Orient. Choix de Denis Villeneuve ou des studios ? Difficile de le savoir, mais les faits sont là.

    « Le système actuel est Harkonnen » : les Fremen face au capitalisme

    Pour autant, ces éléments de critique ne remettent pas en cause la dimension clairement anticoloniale du film : les parallèles avec l’oppression du Moyen Orient par les occidentaux sont claires, y compris dans les intentions du réalisateur. Dans la préface de la réédition de Dune chez Robert Laffont en 2020, Denis Villeneuve expliquait : « La tendance à objectifier la nature débordant des frontières occidentales, les politiques néolibérales et leur globalisation se transformant en véritables dogmes planétaires, la religion économique règne maintenant sur l’ensemble des sphères d’activité humaines. Tout s’achète maintenant, même les consciences. Ce système est surpuissant, impitoyable, tricheur, aux relents colonialistes, enfante même parfois des entités corporatives psychopathes, bref, ce système est Harkonnen. Et pour le renverser et survivre à ses conséquences, il nous faudra peut-être suivre les pas de Muad-Dib ».

    Aucun parallèle avec les conflits au Moyen-Orient, mais aussi avec les horreurs créées par le système capitaliste n’est donc fortuit. Non seulement le film met en avant une lutte anti-impérialiste, mais aussi une lutte anticapitaliste. La différence entre la société fremen, où la monnaie d’échange est l’eau, matière première limitée sur la planète, et les solaris de l’Imperium est ainsi frappante : face au pouvoir de l’argent, s’imagine une société où la monnaie d’échange dépend des ressources planétaires limitée, qu’il convient de recycler à tout prix. « L’eau est l’argent » explique dans le livre Jessica, la mère de Paul en arrivant dans la communauté Fremen qu’elle ne connaît pas. Dans la description économique d’un tel monde, les deux films de Denis Villeneuve réussissent de loin à surpasser le Dune de David Lynch sorti en 1984, même si cette économie reste à l’état d’esquisse, de toile de fond.

    Entrevues dans le film, les immenses bassins de rétention de l’eau font partie d’un projet de terraformation de la planète pour en rendre une partie cultivable, tout en conservant une grande partie de désert, un projet conçu pour durer plusieurs générations avant de pouvoir se réaliser. Dans un contexte où l’opulence de l’empire contraste avec les ressources planétaires extrêmement limitées dont disposent les Fremen, le film montre la difficulté immense qu’ont les Fremen à construire une société qui sorte de la pénurie systémique face au pillage orchestré par les grandes les Maisons de l’univers de Dune. Malgré ce contexte de pénurie, il présente aussi une société planifiée et peut-être plus égalitaire, où le gaspillage de la moindre ressource n’est pas toléré.

    Une opposition qui justifie les massacres orchestrés par Rabban, le neveu du baron Harkonnen. Si le projet original des Atréides que porte le père de Paul, Leto, dans le premier film, paraît plus humain, il n’en reste pas moins un projet d’économie coloniale. Si Leto veut donner la paix aux Fremen et collaborer, ce n’est que pour contrer les Harkonnen et permettre une meilleure production de l’Épice. Les Atréides et les Harkonnen sont les deux faces d’une même pièce, et le passage de l’un à l’autre ne remet en cause qu’à la marge la domination coloniale. Le parallèle avec les tentatives d’adoucir le joug colonial après la deuxième guerre mondiale est évident. Paul symbolise ces deux faces d’une même pièce, par son père Leto Atréides, et par sa mère, qui n’est autre que la fille cachée du baron Harkonnen. Mais le massacre de sa famille va amener Paul à trouver d’autres moyens pour retrouver son statut social.

    Détournement de la révolte, épreuve de la religion : les dures épreuves de l’émancipation

    Le destin d’Arrakis, comme celui de tout l’univers connu, tourne autour de Paul Atréides. Né fils de Duc, il est aussi le résultat de croisements génétiques préparés par le Bene Gesserit et d’un entraînement et une éducation intensive visant à décupler ses facultés mentales et physiques. Le projet de la secte du Bene Gesserit est de développer des dirigeants dotés de pouvoirs psychiques extraordinaires, mais aussi de contrôler les grandes Maisons de l’Empire en les conseillant et en manipulant les populations. Comme sur toutes les planètes, la religion des Fremen a été créée de toute pièce par le Bene Gesserit : « des légendes protectrices fermement implantées dans ce peuple dans l’attente du jour où une Bene Gesserit en aurait besoin » explique le livre.

    En quête de pouvoir, Paul va donc se tourner vers la religion. Denis Villeneuve a consciemment concentré son adaptation sur le sujet du rapport entre politique et religion. Dans la société Fremen, une grande majorité des individus semblent adhérer aux mythes implantés par le Bene Gesserit : de nombreux croyants attendent un prophétique messie, le « Lisan al’Gaib » venant les délivrer de l’oppression, qu’ils pensent reconnaître en Paul. Dans le film, l’incarnation de cette ferveur est incarnée par Stilgar (Javier Bardem), chef d’une des villes Fremen, dont le rôle politique est effacé pour mettre en avant ses croyances superstitieuses.

    Si Timothée Chalamet peut rendre le personnage de Paul assez sympathique au premier plan, et si le personnage lui-même cherche à résister au début au projet qu’ont son père comme sa mère pour son avenir, il finit par l’embrasser entièrement. Dans ce sens, même si Denis Villeneuve pourrait avoir tendance à grossir le trait sur le niveau de fanatisme originel des Fremen, les faits sont là : la religion n’est en dernière instance qu’un outil de domination des puissants sur les opprimés. Un outil que manient à merveille de nombreux groupes comme le Bene Gesserit, qui ne sont en rien croyantes elles-mêmes, mais qui développent sciemment et cyniquement des religions au service des puissants : « Quand la religion et la politique voyagent dans le même équipage et que cet équipage est conduit par un homme saint, rien ne peut l’arrêter » nous explique-t-on dans les annexes de l’œuvre originale.

    Dès lors, les jolis sourires de Timothée Chalamet ne doivent pas nous tromper : l’objet de Dune est bien une critique de la société de classe et de ses outils de domination. « Cette déconstruction matérialiste de la religion montre comment le colonialisme façonne et déforme les cultures des opprimés, à la fois de manière ouvertement violente et de manière subtile et manipulatrice » expliquaient après la sortie de Dune Première partie Nathaniel Flakin et Lily Cichanowicz dans les colonnes de Left Voice. De surcroît, Paul Atréides, vus par les Fremen comme le Lisan al’Gaib, la « Voix venue d’Ailleurs » selon les croyances implantées par le Bene Gesserit, montre finalement qu’à aucun moment la religion ne peut être un outil d’émancipation jusqu’au bout des Fremens face à leurs ennemis.

    Sous la direction de Paul, et grâce à la religion, ce colon venu d’ailleurs finira par détourner un processus révolutionnaire anticolonial dans un projet impérialiste au service de sa famille et de ses intérêts propres. Si les Fremen ont gagné la liberté et le contrôle de leurs ressources sur Arrakis, ils se sont enchaînés plus durement encore au contrôle du nouvel empereur Paul Muad’Dib Atréides et à son pouvoir religieux. Dans cette critique de la religion, Villeneuve a fait le choix de transformer en grande partie le personnage Chani, une jeune Fremen qui tombe amoureuse de Paul. Si celle-ci suit son amant dans tous ses choix dans l’œuvre originale, elle incarne dans le film le doute envers la radicalité religieuse des Fremen, puis finit par se rebeller, refusant les choix politico-religieux de Paul. La décision de se marier à la princesse Irulan, fille de l’empereur, qui montre à toutes et tous que le dessein de Paul n’est pas d’abord de libérer Arrakis mais de prendre le contrôle de l’univers, est l’ultime déclencheur de ce tournant. Chani apporte ainsi un contrepoint, qui souligne combien Paul est tout sauf un héros, met le doigt sur les ambiguïtés de cette libération par un « sauveur » suprême, tout en ouvrant la voie à un personnage féminin, qui subvertit le cadre relativement patriarcal de l’œuvre originale.

    Chani : l’alternative féministe au fondement patriarcal de l’œuvre originale ?

    Si l’univers de Frank Herbert est d’une profondeur politique remarquable, le rôle des femmes y est malheureusement très traditionnel. On peut même dire que le roman a été l’un des premiers à représenter ce qui deviendra un archétype de la science-fiction : la femme-cyborg. Celui-ci figure des femmes aux pouvoirs extrêmement développés, à la limite de la machine, exerçant un fort pouvoir sur les hommes. Des personnages systématiquement présentés comme négatifs, comme des repoussoirs. Ici, on pense évidemment au Bene Gesserit, et en particulier à Dame Jessica et à la révérende-mère Gaius Helen Mohiam.

    Dans l’ouvrage collectif Dune, exploration scientifique et culturelle d’un monde univers, Carrie Lynn Evans développe les principaux aspects de ces personnages : un self-control mental extraordinaire qui leur confère un pouvoir de neuro-séduction dangereux (Dame Fenring, qui rencontre Feyd-Rautha Harkonnen pour coucher avec lui et sauvegarder son patrimoine génétique), l’utilisation du sexe comme arme contre les hommes pour leurs propres fins, le pouvoir de faire plier les hommes par le pouvoir de La Voix et le contrôle total sur la procréation et la sélection génétique. « Jessica et le Bene Gesserit possèdent tous les attraits habituels des femmes machines diabolisées : elles ont une sexualité et sont obéissantes, mais sont aussi des servantes secrètes et dangereuses, exerçant des disciplines mentales et physiques dangereuses. […] Des femmes qui œuvrent à accroître leur pouvoir pour tenter et terrifier le lectorat masculin » explique Carrie Lynn Evans.

    Face à ce stéréotype qui a irrigué la science-fiction, Denis Villeneuve prend le parti de faire du personnage de Chani un personnage plus indépendant. Contrairement au livre, Chani ne suit pas aveuglément Paul mais rejette la figure messianique qu’il devient. Le personnage gagne aussi en profondeur en portant un projet d’émancipation différent de celui dont Paul devient le leader. En faisant de Chani un personnage qui prend parti pour le fait que les opprimés ne peuvent compter que sur eux pour se libérer, Denis Villeneuve esquisse les divisions politiques qui ont toujours irrigué les mouvements de résistances.

    Alors même que le cinéma d’autres univers de science-fiction tendent à uniformiser politiquement les luttes de résistances. Chani pourrait donc incarner une alternative : une femme qui n’est ni une demoiselle (ou une esclave sexuelle) en détresse à sauver, ni une figure maternelle reléguée à son rôle procréatif, ni une héroïne sur-sexualisée et encore moins une sorcière ou religieuse maléfique. Dune Troisième partie tranchera sur l’évolution du personnage, qui, on l’espère, pourrait permettre à l’adaptation de Denis Villeneuve d’apporter une autre dimension à l’univers de Dune.

    En définitive, malgré la complexité de Dune, Denis Villeneuve réussit à en dessiner les grandes lignes. Une gageure tant l’histoire des adaptations cinématographiques de l’œuvre a été tumultueuse. Le film qui a déjà cumulé –trois semaines après sa sortie– 2,9 millions d’entrées au box-office français, pourrait être l’adaptation qu’attendent depuis 60 ans les nombreux fans de Dune. Denis Villeneuve confirme par ce film qu’il est possible en 2024 de proposer de vraies œuvres de science-fiction, face à la pauvreté du Marvel Cinematic Universe qui domine les super-productions hollywoodiennes. Une science-fiction qui, en dépit de sa dimension de blockbuster, renoue avec son objectif le plus noble : celui d’interroger le présent avec ce qui pourrait advenir.

    • Quand la réalité rejoint la fiction :

      Maroc / Israël : continuité et échange du savoir-faire colonial au Sahara Occidental
      https://contre-attaque.net/2024/03/21/maroc-israel-continuite-et-echange-du-savoir-faire-colonial-au-sahar

      Le colonialisme ne tue pas qu’à Gaza. Le Sahara Occidental, tout à l’Ouest de l’Afrique, est l’une des dernières colonies du continent. Ce territoire, bordé par l’océan Atlantique, est coincé entre la province marocaine de Tarfaya, l’Algérie et la Mauritanie.

      Une histoire d’autodétermination

      En 1973, un mouvement indépendantiste ancré à gauche, qui revendique l’auto-détermination du peuple sahraoui, créait le Front Polisario (FP) pour mettre fin à l’occupation espagnole du Sahara Occidental. Dans l’organisation, les femmes jouent un rôle social et politique important : elles étudient, prennent des responsabilités et supervisent la distribution de l’aide alimentaire dont dépend la majorité de la population, ou rejoignent directement les rangs de la guérilla.

      En février 1976, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique. Le groupe qui pratique la lutte armée s’oppose à la Mauritanie, mais surtout au royaume du Maroc qui a annexé l’ex-colonie espagnole à partir de 1975. Quand Franco meurt en Espagne, le Sahara occidental rêve enfin d’obtenir son indépendance, l’ONU valide le projet d’un référendum. Mais le roi autoritaire du Maroc, Hassan II, attaque le territoire pour y conserver son emprise.

      Une période de conflit intense débute avec les troupes marocaines, qui commettent de nombreux crimes contre la population. La guerre dure jusqu’en 1991 où un cessez-le-feu est signé entre les différentes parties. Après 30 ans de statu quo les combats ont repris.
      Reprise des hostilités

      Depuis 2021, l’armée marocaine a tué 86 civils, dont deux enfants, par des tirs de drones, notamment israéliens, au Sahara occidental. Le Maroc occupe 80% de la zone et réprime la guérilla des sahraouis avec des arrestations de masse, des bombardements au napalm et au phosphore blanc. Les populations civiles sont contraintes de fuir et vivent dans des camps de réfugiés en territoire Algérien.

      Dans cette guerre asymétrique, la résistance sahraouie fait face à une armée de 100.000 hommes, sur-équipée avec du matériel dernier cri : radars, avions et drones de reconnaissance ou de combat.

      Depuis 2020, le Maroc et le régime colonial israélien ont scellé un accord bilatéral en matière de défense, de renseignement, de cybersurveillance. Cet accord intervient dans la politique de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. Les militaires utilisent notamment des drones Harfang de l’entreprise publique israélienne IAI – Israël Aerospace Industries – pour effectuer leurs frappes.
      Solidarité coloniale et impérialiste

      Le Maroc a profité de l’expertise de l’État Israélien depuis plusieurs décennies dans sa guerre menée au Front Polisario. Au début des années 1980, Ehud Barak, haut gradé de l’armée israélienne, se trouvait au Sahara-Occidental pour conseiller le royaume marocain dans la construction du “mur de sable” pour prévenir les incursions du groupe indépendantiste armé en zone occupée.

      Le mur fait près de 2700 kilomètres de long, tandis que ses abords sont infestés par plus de 10 millions de mines anti-personnels et anti-chars. Ce mur a été érigé sur une idée de l’État major israélien, avec l’appui des grandes puissances impérialistes, notamment des États-Unis et de la France.

      En février dernier, Stéphane Séjourné, le ministre français des Affaires Étrangères, rencontrait son homologue marocain pour réitérer “un soutien clair et constant” à la politique coloniale du régime marocain au Sahara Occidental.

      Un continuum colonial et un échange de savoir-faire entre les États impérialistes, contre l’autodétermination des peuples opprimés du monde entier.

    • Merci @monolecte ! Elle faisait partie de ma liste de série à voir. https://www.numerama.com/pop-culture/1417986-le-probleme-a-trois-corps-tout-savoir-sur-la-serie-netflix.html

      Le synopsis est le suivant : « Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision désastreuse dont les répercussions à travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dérèglent sous leurs yeux, cinq anciens collègues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacé l’humanité. »

      Œuvre majeure de la science-fiction, et plus particulièrement de la « hard S-F », Le Problème à trois corps a droit à son adaptation Netflix. La version pour petit écran du roman de Liu Cixin est sortie le 21 mars 2024. Très attendue, la série est aussi une source d’inquiétude, car le récit de l’écrivain chinois repose fortement sur l’état de la science contemporaine.
      Cependant, les retours sur la série sont plutôt favorables. Numerama a en tout cas particulièrement apprécié (lire notre avis sur Le Problème à trois corps : https://www.numerama.com/pop-culture/1643756-on-a-vu-le-probleme-a-3-corps-notre-avis-sur-la-serie-netflix-de-s). Qualité de la distribution, intrigue captivante, enjeux de haute volée, rythme haletant… difficile de lui trouver un défaut majeur. C’est en tout cas de la SF plus convaincante que Rebel Moon…

      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      C’est quoi Le Problème à trois corps ?

      Le Problème à trois corps est le nom d’un roman écrit par l’écrivain chinois Liu Cixin. Publié en 2016 en France, huit ans après sa parution en Chine, il est le premier tome d’une trilogie, également composée de La Forêt sombre et La Mort immortelle. C’est un roman extrêmement réputé, lauréat du prix Hugo du meilleur roman en 2015, une prestigieuse récompense littéraire américaine.

      Le roman entre dans la catégorie dite de « hard science-fiction », un genre dans lequel tout doit être vraisemblable. Par exemple, on ne voyage pas plus vite que la lumière dans l’espace. Tout doit reposer sur des fondations scientifiques et techniques valables. En somme, on construit de la S-F autour de ce que l’on connait aujourd’hui du fonctionnement de l’univers.

      De fait, cela oblige le récit à rester dans les clous du savoir contemporain. Pas de choses trop farfelues, donc (même si certains évènements physiques décrits dans le roman apparaissent invraisemblables). On est censé évoluer dans des choses relativement plausibles. Même sans avoir un gros bagage scientifique, tout demeure accessible.

      Attention : des passages de cet article contiennent des spoilers issus du roman.

      Pour qui a déjà lu Le Problème à 3 corps, cela saute aux yeux : la narration fait de nombreux renvois vers la science et la technologie, sans verser dans de la facilité, qui pourrait sinon relever du fantastique ou du magique. L’auteur convoque souvent des notions de mathématique, d’astronomie, de physique, d’informatique, et ainsi de suite.

      Il s’agit d’un roman qui véhicule néanmoins une histoire, des péripéties et du spectaculaire. Si la narration s’attache à être la plus scientifiquement exacte, il y aura parfois des évènements qui donneront l’impression de déborder de ce cadre. Mais Liu Cixin donne toujours des éléments plausibles pour retomber correctement sur ses pattes.

      Le Problème à trois corps fait désormais l’objet d’une adaptation télévisée qui n’est toutefois pas la première (en Chine, il y a eu une série d’animation et une série en prises de vues réelles). Cette adaptation est très attendue, à la hauteur du succès rencontré par le roman — il est considéré comme l’un des récits les plus réussis de la S-F de l’époque récente.

      Quel est le rapport avec la science ?

      Le problème à trois corps est aussi le nom donné à un problème de mécanique céleste, qui occupe une place centrale dans l’œuvre de Liu Cixin. Il s’agit de savoir si on peut déterminer à l’avance les trajectoires d’un certain nombre de corps qui s’attirent mutuellement en raison de leur interaction gravitationnelle. On parle aussi de problème à N corps.

      Le Britannique Isaac Newton, père de la mécanique classique en physique, a réussi à trouver une solution lorsque N vaut 2 (le problème à deux corps).

      À N = 3, le problème à trois corps se complexifie fortement et sa résolution n’est pas pleinement achevée. Il entraîne des comportements chaotiques, pointe le CNRS, en se référant aux travaux du mathématicien français Henri Poincaré. Des difficultés réelles qui sont bien pratiques pour servir de point de départ au roman.

      « La théorie du chaos est née quand Henri Poincaré a découvert que trois corps isolés dans l’espace (typiquement une étoile et deux planètes), soumis à leurs seules attractions mutuelles, peuvent avoir des trajectoires extrêmement complexes », développe le CNRS. « Poincaré a montré que l’on ne peut pas prévoir la position à long terme des planètes . »

      Dans le roman, le problème concerne une planète qui tourne autour de trois étoiles dont les mouvements entraînent une alternance imprévisible entre des ères chaotiques et des ères régulières. Le comportement des soleils est si aléatoire que la durée des ères n’est jamais certaine. Parfois, elles sont brèves, parfois particulièrement longues.

      « Si l’on simule l’évolution du système à partir de plusieurs positions initiales des planètes légèrement différentes les unes des autres, on découvre des mouvements radicalement différents, note le CNRS. Un infime changement dans les positions initiales modifie complètement les trajectoires à long terme. »

      Quelle est l’histoire ?

      Dans le roman, on suit les péripéties de Wang Miao, un physicien spécialiste des nanomatériaux. Il se retrouve embarqué dans une mission top secrète aux enjeux mondiaux. Les autorités chinoises et d’autres gouvernements à travers le monde ont constaté des suicides inexpliqués de scientifiques après avoir côtoyé un groupuscule mystérieux.

      Wang Miao va être missionné pour infiltrer cette étrange « société des frontières de la science », et il va découvrir un curieux jeu vidéo, appelé Trois Corps. Celui-ci le plonge dans une réalité virtuelle dans laquelle il fait face à un monde où le temps et les cycles du jour et de la nuit sont irréguliers. En cause : trois soleils autour de ce monde.

      Le but du jeu est d’aider les habitants de ce monde à bâtir un calendrier qui anticiperait efficacement le mouvement des étoiles et, donc, les cycles de jour et de nuit. Ne pas y arriver entraîne la destruction du monde, et donc la fin de la partie — il y aura ainsi plusieurs game overs. C’est là que la science et le fameux « problème à trois corps » entrent en scène.

      Qui est derrière la « société des frontières de la science » ? À qui doit profiter la résolution du jeu Trois Corps ? Pourquoi des scientifiques se suicident-ils ? Qu’est-ce qui met en émoi les gouvernements du monde entier ? Voici quelques questions qui vont trouver des réponses progressivement au fil du roman ou des épisodes. Car on va très vite découvrir que cela dépasse la Terre…

      Comme toute adaptation, la version proposée par Netflix prend certaines libertés avec le matériau initial. Des personnages du roman sont remplacés par d’autres, avec parfois des changements de sexe, de nationalité ou de fonction. Cependant, la dynamique générale et les interactions demeurent fidèles au livre de Liu Cixin.

      Le synopsis est le suivant :

      « Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision désastreuse dont les répercussions à travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dérèglent sous leurs yeux, cinq anciens collègues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacé l’humanité. »

    • Extrait du roman "La Rédemption du temps", de Baoshu, une fan fiction tirée de l’univers du "Problème à trois corps" et publiée aux éditions Actes Sud. — Situé dans l’univers de la trilogie du “Problème à trois corps”, “La Rédemption du temps” prolonge la saga multiprimée de Liu Cixin et s’attache à en éclairer les zones d’ombre. En pleine guerre interstellaire, Baoshu met en scène les conséquences du conflit opposant l’humanité et les Trisolariens, et porte un regard nouveau sur la conception de l’univers, depuis sa création jusqu’à son anéantissement. Une fan fiction absolument réussie et approuvée par le maître Liu Cixin en personne.

      https://issuu.com/actes_sud/docs/liseuse_la-redemption-du-temps_babel

      Attention Spoilers
      Le Problème à 3 corps : à quoi ressemblent vraiment les San-Ti ?
      https://www.journaldugeek.com/2024/03/23/le-probleme-a-3-corps-a-quoi-ressemblent-vraiment-les-san-ti

  • Gaza. La famine a commencé (+ autres textes)

    Amira Hass : Israël-Gaza-Palestine. « Le monde universitaire israélien s’exprimera-t-il contre les actions de l’armée à Gaza ? Pas question, alors que… »
    Caitlin Procter : Israël détruit systématiquement le patrimoine culturel de Gaza
    Amira Hass : Gaza. La famine a commencé. Le « corridor maritime » fait diversion. La voie terrestre et les structures traditionnelles de distribution peuvent seules limiter l’extension de la catastrophe
    Les alliés d’Israël utilisent un corridor maritime pour soutenir les plans du « jour d’après » d’Israël
    Communiqué de BADIL - Centre de ressource pour la résidence palestinienne et les droits des réfugiés
    Israël : Les assurances d’utiliser légalement les armes américaines sont peu crédibles
    Jacques Fath : Israël suspecté de génocide par la Cour internationale de Justice…
    Branko Marcetic : Les décisions juridiques internationales contribuent à bloquer la livraison d’armes à Israël
    Positions dans les Verts au sujet du génocide à Gaza
    Génocide en cours à Gaza : à défaut d’action immédiate la France sera complice
    Tal Hever-Chybowski : La destruction de Gaza
    Liens avec d’autres textes

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/22/gaza-la-famine-a-commence-autres-textes

    #international #palestine #israel

  • #Carte de #France des #fuites d’#eau_potable les plus importantes : Ardèche, Pyrénées-Orientales, Hautes-Alpes, Corse particulièrement touchées

    L’association Intercommunalités de France publie ce mercredi 20 mars une cartographie de 198 services d’eau potable dont le taux de fuites sur le réseau égale ou dépasse les 50 %. Il s’agit essentiellement de petites communes dites « isolées », solitaires dans leur gestion de l’or bleu, qui couvrent quelque 64 000 habitants.

    La sécheresse historique de 2022 a montré que l’or bleu devait être mieux géré en France. Cette année-là, plus de 1 000 communes ont eu des difficultés d’approvisionnement au robinet, un phénomène accentué par de nombreuses fuites dans les canalisations. En France, 20 % de l’eau potable est perdue lors de son acheminement. « C’est une situation aberrante qu’on doit corriger en urgence », avait tranché le président de la République fin mars 2023, en présentant un « plan eau », dont une partie était censée répondre à cet enjeu en mobilisant davantage d’aides. Le gouvernement avait alors identifié 170 communes prioritaires, victimes d’au moins 50 % de fuites, appelées « #points_noirs ».

    Mais il semblerait que le chiffre ait été sous-estimé. Ce mercredi 20 mars, #Intercommunalités_de_France, fédération nationale qui réunit métropoles, agglomérations, communautés urbaines et communautés de communes, dévoile une nouvelle carte, sur laquelle figurent 198 « points noirs » qui perdent donc plus de la moitié de leur eau. Cela représente 4 % des services d’eau en France et concerne un peu plus de 64 000 habitants. L’association a utilisé les données les plus récentes et les plus fiables de l’Observatoire national des services d’eau et d’assainissement, qui datent de 2022. La base, qui avait servi aux premières estimations officielles de 2023, s’est depuis étoffée sans toutefois devenir exhaustive car les communes les plus petites n’ont pas l’obligation de l’alimenter.

    Des petites villes dans le triste palmarès

    Parmi les « points noirs », tous ne sont pas pilotés de la même façon : 151 sont des régies municipales, 22 sont gérés en intercommunalité et 25 dépendent de syndicats des eaux. A travers cette cartographie inédite, Intercommunalités de France entend démontrer ce que le gouvernement avait déjà identifié : l’écrasante majorité des cas problématiques concerne de petites communes se débrouillant seules pour s’approvisionner en eau. Les #ressources_financières leur manquent pour entretenir les #réseaux et les subventions restent insuffisantes pour les inciter à réaliser des travaux réguliers. Ainsi, #Astet (Ardèche), une commune d’environ 40 habitants, se classe en tête de la liste des communes ayant le plus haut niveau de fuites en métropole : 91 %. Elle présente le même profil que les autres « fuyards » : un village de montagne solitaire dans sa gestion de l’eau. Rien de surprenant : en altitude, les réseaux sont les plus étendus et plus sujets aux fuites.

    « Refaire les #canalisations sur 1 km, c’est 1 million. Ça coûte très cher, précise à Libération Régis Banquet, vice-président en charge de l’eau d’Intercommunalités de France et président de Carcassonne agglomération. On a pris un retard phénoménal. Il faut renouveler les #tuyaux tous les cinquante ans pour qu’ils soient en bon état, or on les renouvelle tous les 120 à 140 ans. La prise de conscience qu’il faut porter attention à la moindre goutte d’eau est récente. »

    Si les services d’eau les plus en difficulté ne desservent en général que quelques dizaines ou centaines d’habitants, de petites villes figurent cependant dans le triste palmarès, comme #Scionzier, en Haute-Savoie, environ 9 000 habitants, ou #Contes, dans les Alpes-Maritimes, un peu plus de 7 500 habitants, qui fait partie d’un syndicat de quinze communes à proximité de Nice.

    « On doit agir vite et fort »

    Et une gestion mutualisée ne protège pas de tout. La communauté d’agglomération du Pays de Dreux, qui rassemble 78 communes à cheval entre Eure-et-Loir et Eure, connaît un taux de fuites de 74,7 %. La métropole de Perpignan, 36 communes, totalise, elle, près de 60 % de fuites. Dans ce type de cas, « ça n’est jamais l’ensemble de ses services qui présentent un rendement inférieur à 50 %, mais généralement quelques communes », précise Intercommunalités de France.

    La situation a peu de chances de s’être significativement améliorée depuis 2022, malgré le plan eau et les 53 millions débloqués récemment par l’Etat pour les fuites, car la réalisation de travaux ambitieux prend du temps. « C’est forcément un chantier de longue haleine », a reconnu le ministère de la Transition écologique mardi lors d’un point presse sur l’avancée du plan eau.

    « La situation est grave. Dans le contexte du changement climatique, on doit agir vite et fort. Une des solutions est le transfert vers l’intercommunalité pour toutes les communes gérant seules afin que la solidarité s’organise sur les territoires. Cette mise en commun des moyens permet de réaliser les #investissements colossaux nécessaires », plaide Régis Banquet. Il estime que 15 à 20 milliards d’euros devraient être exclusivement consacrés au renouvellement des #réseaux_d’eau dans les cinq ans à venir pour rattraper le retard accumulé.

    « Les petites communes isolées sont en difficulté »

    Il y a un an, Emmanuel Macron avait appelé à « mutualiser différemment » les ressources, en prenant en exemple « l’intercommunalité », un modèle à « consolider partout où c’est accepté ». La loi va dans ce sens. En 2026, plus aucune commune ne pourra gérer seule son eau. Mais certains maires s’y opposent. « Il reste un imaginaire un peu Manon des sources : “C’est le puits de mon village, je n’ai pas envie de le partager”. Ceux qui ont de l’eau ne sont pas toujours très enclins à en fournir à ceux qui n’en ont pas », explique Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. Et d’ajouter : « Les maires ruraux ont le sentiment qu’ils sont petit à petit dépossédés de toutes leurs compétences, celle sur l’eau est une de leurs dernières attributions. »

    Les deux départements comptant le plus de « points noirs » font justement partie de ceux dans lesquels beaucoup de maires rechignent au #regroupement, fait remarquer Intercommunalités de France. En tête, les Pyrénées-Orientales, avec 17 communes qui perdent plus d’un litre sur deux, alors que la sécheresse y sévit depuis trois ans, suivis par les Hautes-Alpes, qui en comptent quinze.

    « Le constat est clair : les petites communes isolées sont en difficulté, acquiesce Régis Taisne, qui est cependant moins catégorique qu’Intercommunalités de France. Il faut regrouper, mutualiser pour atteindre une taille critique permettant de faire face aux enjeux. Et dans beaucoup de cas, l’échelle intercommunale est cohérente. Mais dans d’autres, un autre #découpage_territorial peut s’imposer. Il existe par exemple de grands syndicats des eaux à l’échelle de toute la Vendée ou encore de l’Alsace-Moselle. » Cet expert invite surtout à rassembler des communes de diverses natures pour améliorer la solidarité : urbaines, rurales, de plaine, d’altitude, riches en eau ou dépourvues de ressources.

    https://www.liberation.fr/environnement/eau-potable-ardeche-alpes-maritimes-haute-savoie-la-carte-de-france-des-f
    #infrastructure #coût

    #cartographie #visualisation

    • Ce pays se « tiers mondise » à vitesse grand V. A quoi bon payer des impôts si c’est pour se retrouver avec des réseaux pareils !

  • #Wauquiez veut surveiller les #trains et #lycées régionaux avec l’#intelligence_artificielle

    #Laurent_Wauquiez a fait voter le déploiement de la #vidéosurveillance_algorithmique dans tous les lycées et trains d’#Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l’#expérimentation accordée aux #Jeux_olympiques de Paris.

    Laurent Wauquiez savoure. « Nous avions pris position sur la vidéosurveillance pendant la campagne des régionales. Depuis, les esprits ont bougé », sourit le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en référence à l’expérimentation de la #vidéosurveillance algorithmique (#VSA) accordée dans le cadre des Jeux olympiques de Paris. Surfant sur l’opportunité, il a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional sa propre expérimentation de vidéosurveillance « intelligente » des lycées et des trains d’Auvergne-Rhône-Alpes.

    L’ancien patron des Républicains (LR) justifie cette avancée technosécuritaire par l’assassinat du professeur #Dominique_Bernard dans un lycée d’Arras en octobre. Pour l’élu, cette tragédie « confirme la nécessité de renforcer la #sécurité des lycées ».

    Reste que cette expérimentation n’est pour l’instant pas légale. Laurent Wauquiez va demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d’élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux. « L’expérimentation des JO est faite pour tester ce qui sera appliqué. Il faut en profiter », défend Renaud Pfeffer, vice-président délégué à la sécurité de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

    Selon la délibération votée par le Conseil régional, cette #technologie qui combine vidéosurveillance et intelligence artificielle peut détecter huit types d’événements prédéterminés : « le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné. » Les événements sont ensuite vérifiés par un agent, qui décide des mesures à prendre.

    L’expérimentation doit durer deux ans

    L’exécutif régional promet d’utiliser cette vidéosurveillance algorithmique « sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d’identification de données biométriques [qui permettent d’identifier une personne]. » « On est sur du situationnel, pas sur de l’individu », insiste #Renaud_Pfeffer. Des promesses auxquelles ne croit pas Marne Strazielle, directrice de la communication de l’association de défense des droits et libertés sur internet La Quadrature du net. « En réalité, l’#algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur », insiste-t-elle.

    Cette expérimentation est programmée pour durer deux ans dans les trains, #gares, lycées et #cars_scolaires. Les flux vidéos seront examinés au #Centre_régional_de_surveillance_des_transports (#CRST) aménagé en gare de Lyon Part-Dieu. « Les caméras sont prêtes », assure Renaud Pfeffer. Depuis son arrivée à la tête de la Région en 2016, Laurent Wauquiez l’a généreusement équipée en vidéosurveillance : 129 gares sont surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires sont également équipés.

    « L’illusion d’avoir une approche pratique de l’insécurité »

    Pour défendre son projet, l’exécutif régional s’appuie sur la loi du 19 mai 2023, adoptée pour les Jeux olympiques de Paris et qui autorise l’expérimentation à grande échelle de la VSA par la police nationale jusqu’au 31 mars 2025. « On n’a le droit à la sécurité que pendant les Jeux olympiques et que à Paris ? On ne peut pas tester [la VSA] pour nos enfants, contre les problèmes de drogue ? », s’offusque Laurent Wauquiez.

    « Cette technologie permet aux décideurs politiques d’offrir l’illusion d’avoir une approche pratique de l’insécurité car ils mettent en place un dispositif, dénonce Marne Strazielle. Mais ce n’est pas parce qu’on enregistre et détecte une action dans l’espace public qu’elle va moins se produire. Souvent, cela ne fait que déplacer le problème. Il faut faire le travail de comprendre pourquoi elle s’est produite et comment la réduire. »

    La #Commission_nationale_de_l’informatique_et_des_libertés (#Cnil), qui n’a pas été consultée par l’équipe de Laurent Wauquiez, rappelle à Reporterre sa position de principe, qui « considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées ». Pour l’autorité administrative indépendante, « le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d’aller et venir, d’expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat ».

    https://reporterre.net/Wauquiez-veut-surveiller-les-trains-et-lycees-regionaux-avec-l-intellige
    #surveillance #IA #AI #France #JO #JO_2024

    • La région #AURA vote le déploiement de la VSA dans les gares et les lycées

      Il en rêvait, il l’a fait. Un article de Reporterre nous apprend que Laurent Wauquiez a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional, le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique dans tous les lycées et trains d’Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l’expérimentation accordée aux Jeux olympiques de Paris.

      Actuellement 129 gares seraient surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires seraient également équipés.

      Selon la délibération votée par le Conseil régional, l’équipement de ces caméras avec la vidéosurveillance automatisée pourra détecter huit types d’événements prédéterminés : « le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné. ». Les événements seront ensuite vérifiés par un agent, qui décidera des mesures à prendre.

      L’exécutif régional promet d’utiliser cette vidéosurveillance algorithmique « sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d’identification de données biométriques [qui permettent d’identifier une personne]. » Cependant, comme l’a très bien démontré la Quadrature du Net, la VSA implique nécessairement une identification biométrique.

      La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d’analyse d’images, la seule différence est que la première isole et reconnaît des corps, des mouvements ou des objets, lorsque la seconde détecte un visage.

      La VSA est capable de s’intéresser à des « événements » (déplacements rapides, altercations, immobilité prolongée) ou aux traits distinctifs des personnes : une silhouette, un habillement, une démarche, grâce à quoi ils peuvent isoler une personne au sein d’une foule et la suivre tout le long de son déplacement dans la ville. La VSA identifie et analyse donc en permanence des données biométriques.

      « En réalité, l’algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur » (Marne Strazielle, directrice de la communication de La Quadrature du net.)

      Ce sont généralement les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. Par exemple, la start-up française Two-I s’est d’abord lancé dans la détection d’émotion, a voulu la tester dans les tramways niçois, avant d’expérimenter la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz. Finalement, l’entreprise semble se concentrer sur la VSA et en vendre à plusieurs communes de France. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l’accepter c’est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.
      "Loi J.O. : refusons la surveillance biométrique", La Quadrature du Net

      Cela fait longtemps que M. Wauquiez projette d’équiper massivement cars scolaires et inter-urbains, gares et TER d’Auvergne-Rhône-Alpes en caméras et de connecter le tout à la reconnaissance faciale.

      En juin 2023, nous avions déjà sorti un article sur le sujet, au moment de la signature d’une convention entre la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF, autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares sur les quelque 350 que compte la région AURA.

      Depuis fin 2023, il demande également d’utiliser à titre expérimental des "logiciels de reconnaissance faciale" aux abords des lycées pour pouvoir identifier des personnes "suivies pour radicalisation terroriste".

      Une mesure qui a déjà été reconnue comme illégale par la justice, comme l’a rappelé le media Reporterre. En 2019 un projet de mise en place de portiques de reconnaissance faciale à l’entrée de lycées à Nice et Marseille avait été contesté par La Quadrature du net et la LDH. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), qui avait déjà formulé des recommandations, a rendu à l’époque un avis qui jugeait le dispositif pas nécessaire et disproportionné.

      Mais cela qui n’arrêtera Laurent Wauquiez, celui-ci a déclaré qu’il allait demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d’élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux...

      La CNIL, qui n’a pas été consultée par l’équipe de Laurent Wauquiez, a rappelé à Reporterre sa position de principe, qui « considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées ».

      Pour elle, « le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d’aller et venir, d’expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat ».

      Des dizaines d’organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d’association, et le droit à la non-discrimination.

      Résistons à la #VSA et à la technopolice !


      https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=5351

  • Appel à mobilisation suite à l’arrestation de membres de la communauté #Emmaus_Roya

    On partage cet appel venant d’#Emmaüs Roya

    Appel à mobilisation pour aujourd’hui 18h devant toutes les préfectures, de la part d’Emmaüs Roya :

    ****

    APPEL A MOBILISATION

    Hier, mercredi 20 mars 2024, un véhicule de #gendarmes_mobiles commence à suivre le véhicule de notre association Emmaüs Roya sur la route nationale entre Breil et Saorge, Alpes Maritimes. La camionnette transportait 3 compagnons Emmaüs, un des salariés (Cédric Herrou), 2 bénévoles et leur chien. L’équipe se rendait sur l’un des terrains agricoles de la communauté pour préparer la saison de maraîchage.

    Les gendarmes ont arrêté le véhicule et procédé à un #contrôle_d’identité. Ce contrôle d’identité semble n’avoir aucun autre fondement juridique que le contrôle au faciès et la volonté d’intimidation : la Préfecture du 06 s’emmêle dans sa communication officielle, clamant tantôt un simple contrôle routier, tantôt la lutte contre l’immigration clandestine.

    D’autres véhicules de gendarmes mobiles rejoignent le contrôle, à la fin il y a 4 véhicules de #gendarmerie pour 6 personnes interpellées. Après plus de 30mn d’immobilisation, les gendarmes reçoivent l’ordre de menotter tout le monde et de les embarquer à la caserne d’Auvarre à Nice.

    Cet épisode a lieu 10 jours après que nous ayons dénoncé des contrôles d’identité opérés illégalement par des Sentinelles. Un référé suspension contre ces pratiques irrégulières allait être déposé hier au Tribunal Administratif.

    Jusqu’à 17h nous ne savions pas quelle procédure était en cours. Nous apprenons enfin que #Cédric_Herrou a été placé en garde à vue pour « aide à la circulation irrégulière d’étrangers en France » d’après la police.

    Nous rappelons que le Conseil Constitutionnel a affirmé le 6 juillet 2018 que la fraternité avait une valeur Constitutionnelle et à ce titre, supprimait le délit d’aide à la circulation.

    Le compagnon français et les 2 bénévoles belges ont été relâché vers 19h.

    A l’heure actuelle 2 compagnons étrangers sont encore en rétenue administrative. Ils ont été emmenés au LRA (local de #rétention_administrative) de l’aéroport de Nice. A 14h20, cela fera 24h qu’ils auront été arrêtés : la Préfecture devra alors décider entre les libérer ou les placer en rétention administrative.

    Si à 14h les compagnons n’ont pas été libérés, nous appelons tous les groupes Emmaüs et autres structures qui voudraient nous soutenir à manifester physiquement leur soutien devant leur Préfecture de département, ce soir jeudi 21 mars à 18h. Camions, banderoles, casseroles, tout est bon pour hausser le ton.

    Ce contrôle aurait pu se passer n’importe où, frontière ou non, situation irrégulière ou non. Tous les jours des compagnons, et non compagnons, des simples gens sont contrôlés et arrêtés, seulement car ils ne possèdent pas les bons papiers. Tous les jours des associations connaissent des #intimidations ou des #pressions. Et plus grave encore. Les Préfectures ont de plus en plus tendance à confondre militance et délinquance.

    Et la situation ne risque pas de s’améliorer. On veut nous écraser, nous faire taire. La défense des sans-voix, des laissés-pour-compte sera toujours notre priorité.

    Toucher un compagnon c’est toucher à tous les compagnons. C’est toucher à tous les précaires, les rebuts de la société, ceux qu’on ne veut surtout pas voir et encore moins entendre.

    Réveillons nous, ne nous laissons pas marcher dessus. 10cm de liberté perdus, des années de lutte pour les retrouver. Comme disait l’abbé Pierre notre devoir est d‘ »empêcher les puissants de dormir« , bien que les puissants deviennent de plus en plus puissants et les sans-voix de plus en plus invisibles.

    Merci de votre soutien, et de faire tourner

    L’équipe d’Emmaüs Roya

    https://voieslibresdrome.wordpress.com/2024/03/21/appel-a-mobilisation-suite-a-larrestation-de-membres-de-

    #frontière_sud-alpine #arrestations #Roya #Vallée_de_la_Roya #Alpes_Maritimes #détention_administrative #rétention #garde_à_vue #sans-papiers #opération_Sentinelles

    via @karine4

    • Cédric Herrou : « Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique »

      Le militant a été placé en garde à vue mercredi 20 mars, et deux compagnons d’Emmaüs-Roya en retenue administrative, après un contrôle routier. Tous trois ont été relâchés jeudi midi. La préfecture des Alpes-Maritimes assume, le ministère de l’intérieur garde le silence.

      IlIl a d’abord signalé un nouveau « petit contrôle au faciès » dans une vidéo postée sur le réseau social X. Cédric Herrou n’imaginait sans doute pas qu’il serait interpellé, en plus des hommes qui l’accompagnaient en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, mercredi 20 mars, en début d’après-midi. Les gendarmes mobiles ont profité d’un contrôle routier pour constater que certains des compagnons, membres de la communauté Emmaüs-Roya, étaient en situation irrégulière.

      Ces derniers, l’un de nationalité gambienne, l’autre mauritanienne, ont été placés en retenue administrative, tandis que l’agriculteur, déjà connu pour son combat pour le principe de fraternité consacré par le Conseil constitutionnel, a été placé en garde à vue, pour « aide à la circulation d’étrangers en France ». « J’ai senti les policiers un peu embêtés, et c’est normal puisque ce n’est plus un délit à partir du moment où il n’y a pas de contrepartie financière », souligne Cédric Herrou. Tous trois ont été relâchés jeudi 21 mars, à midi.

      Au moment de l’interpellation, raconte Cédric Herrou, les gendarmes lui « ont mis les menottes ». « Je leur ai demandé le motif de l’interpellation, et si j’étais placé en garde à vue. Mais on m’a notifié mes droits 3 h 30 après ma privation de liberté. » Le préfet des Alpes-Maritimes a affirmé que Cédric Herrou aurait refusé de présenter les documents du véhicule. « C’est faux, rétorque l’agriculteur. Les gendarmes nous ont suivis, et c’est parce qu’il y avait des Noirs dans la voiture. Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique. Et dans un pays comme la France, cela interroge la notion d’État de droit. »

      À l’été 2023, Mediapart était allé à la rencontre d’Emmaüs-Roya et avait raconté la genèse de ce projet mêlant agriculture et social – une première en France. La communauté permet depuis sa création d’approvisionner toute la vallée de la Roya en produits locaux et bio, et a convaincu, à force de travail acharné et de pédagogie, les plus réfractaires à la présence de personnes étrangères. C’est la première fois que les forces de l’ordre et les autorités s’en prennent ainsi à la communauté Emmaüs.

      Dans la soirée de mercredi, le préfet des Alpes-Maritimes a choisi de communiquer sur X, confirmant l’interpellation de Cédric Herrou par des gendarmes mobiles dans le cadre d’un contrôle routier. « L’infraction routière retenue à son encontre et le refus de fournir les documents afférents à la conduite du véhicule ont entraîné l’immobilisation du véhicule. La présence à bord de passagers en situation irrégulière a conduit au placement en garde à vue de M. Cédric Herrou et au placement en retenue administrative des passagers », a-t-il poursuvi.

      Sollicité à plusieurs reprises, le ministère de l’intérieur a préféré garder le silence.
      « L’épine dans le pied de la préfecture »

      « On a l’impression que c’est lié aux dénonciations qu’on a faites il y a dix jours », explique Marion Gachet, cofondatrice de la communauté, en référence à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrant des militaires de l’opération Sentinelle effectuer un contrôle d’identité sur l’un des compagnons de la communauté, un contrôle « illégal » (ces derniers ne sont pas habilités à contrôler l’identité des citoyen·nes) et « au faciès » (la personne était noire), comme l’a souligné Cédric Herrou au moment des faits.

      Filmée, la scène a suscité l’indignation et a été reprise dans de nombreux médias. Cédric Herrou avait constaté ces pratiques illégales des mois plus tôt, notamment dans les trains circulant à la frontière franco-italienne ou dans les gares. Il avait déjà publié une vidéo, devenue virale, en novembre 2023 ; et un communiqué interassociatif était venu condamner ce type de pratique.

      « Des policiers m’ont dit que j’étais l’épine dans le pied de la préfecture. Je sais que tout ça fait suite au référé-suspension que j’ai déposé en justice pour mettre fin au contrôles d’identité effectués par les [soldats de] Sentinelle dans la région », confie Cédric Herrou.

      Mercredi 20 mars, les forces de l’ordre suivaient la voiture depuis quelques minutes, rapporte Marion Gachet, « comme [si elles] l’avaient repérée et attendaient de pouvoir intervenir ». « Dans le PV d’interpellation, il est écrit que les gendarmes ont suivi le véhicule de l’association depuis la gare, et l’ont contrôlé parce que l’un des feux arrière était cassé. »

      Par la suite, les motifs du contrôle et de l’interpellation ont évolué : d’abord présentée comme un simple contrôle routier, l’action s’est vite inscrite dans le cadre d’une « mission de lutte contre l’immigration clandestine », comme l’a affirmé le cabinet du préfet lui-même à France 3-Côte d’Azur.

      Deux bénévoles et un membre de la communauté de nationalité française, également présents dans le véhicule, ont d’ailleurs été relâchés en fin de journée, mercredi. Se voulant rassurant, Cédric Herrou affirme ne pas se décourager. « Au contraire, ça me rebooste. Pour les compagnons, c’est plus embêtant. Mais ils vont bien, ils appartiennent à une lutte, on est un peu une famille et ils savent qu’on sera toujours là. »

      Cédric Herrou et Marion Gachet invitent le préfet des Alpes-Maritimes à venir les rencontrer : « On dénonce des irrégularités parce qu’on est pour le respect du droit. Mais on est aussi dans une volonté de discussion et d’apaisement, on n’est pas là pour faire la guerre au préfet et il n’y a aucun intérêt à avoir de telles tensions, ni pour Emmaüs-Roya, ni pour la commune de Breil-sur-Roya, ni pour les autorités. »
      « Préfet bulldozer »

      Jusque-là, poursuit Marion Gachet, les membres de la communauté entretenaient « de très bonnes relations » avec la préfecture des Alpes-Maritimes. Mais, depuis l’arrivée du préfet Hugues Moutouh en septembre 2023, cette bonne entente s’est étiolée, regrette-t-elle. « Là, on a vraiment le sentiment qu’il se venge. » Le préfet est connu pour ses prises de position et de parole prônant la discrimination, comme lorsqu’il a déclaré, alors préfet de l’Hérault, que « les SDF étrangers n’étaient pas les bienvenus ».

      Surnommé « préfet bulldozer », il avait aussi réservé une interpellation surprise à plusieurs sans-papiers venus de Paris, dès la sortie du train, alors qu’ils devaient manifester à l’occasion du sommet France-Afrique organisé à Montpellier en octobre 2021 – manifestation déclarée aux autorités en amont. Plusieurs d’entre eux avaient fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), doublée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF).

      Ces dernières années, la militarisation de la frontière lancée par les autorités, avec pour seul objectif de la rendre hermétique – sans toutefois y parvenir –, a contribué à un renforcement des contrôles sans précédent, dans les cols de montagne, sur les routes, dans les gares… Mais ces contrôles mènent surtout à des refoulements en cascade (soit des renvois côté italien), sans empêcher concrètement les personnes exilées d’entrer en France au bout de plusieurs tentatives infructueuses, comme ont pu le documenter les associations présentes dans la région.

      Les associations d’aide aux exilé·es n’ont cessé d’alerter sur les effets de la militarisation de la frontière, qui conduit par ailleurs à l’enfermement de femmes, hommes et enfants dans des lieux sans véritable statut juridique (comme des préfabriqués) et pousse les personnes en migration à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles. L’histoire de Blessing Matthew, une jeune Nigériane retrouvée morte dans la Durance, après avoir franchi la frontière avec deux camarades et avoir été poursuivie par les gendarmes, en est l’illustration.

      Dans une décision rendue le 2 février 2024, le Conseil d’État a annulé l’article du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) « qui permettait d’opposer des refus d’entrée en toutes circonstances et sans aucune distinction dans le cadre du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures » et a enjoint à la France de respecter le droit d’asile, comme l’explique l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui a suivi le dossier de près.

      Le 16 mars, l’association Tous migrants organisait une « grande maraude solidaire » pour dénoncer les « politiques d’invisibilisation » du sort réservé aux exilé·es et la « militarisation des frontières françaises dans le contexte de durcissement des politiques migratoires et de la loi Darmanin ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/210324/cedric-herrou-je-viens-de-faire-22-heures-de-garde-vue-parce-que-je-suis-u

  • La tyrannie du productivisme d’État – À propos Congrès national du peuple de Chine de 2024

    Le Congrès national du peuple est actuellement en session à Pékin, au beau milieu d’une forte récession économique qui affecte les conditions de vie de millions de personnes : resserrement du crédit sur le marché immobilier qui s’étend maintenant à d’autres secteurs financiers (voir mon article ici), déflation, ralentissement de l’industrie manufacturière, fuite massive des investissements étrangers, augmentation du chômage, etc. En réponse à ces problèmes, le Premier ministre Li Qiang [1] a présenté un rapport qui n’est rien d’autre qu’une longue liste de mesures définit par ses 26 ministères et qui fait penser à l’inventaire d’une épicerie. Il y a en fait quelque chose de plus : des slogans creux. Le mystère plane toujours sur ce que Li Qiang a dans la tête quant à la stratégie globale à appliquer pour résoudre la crise qui se dessine. Il a reconnu qu’il y avait eu des « difficultés et problèmes entremêlés », mais il a rassuré son auditoire sur le brillant avenir de la Chine : « sous la ferme direction du Comité central du PCC, avec le camarade Xi Jinping à sa tête, le peuple chinois a le courage, l’ambition et la force de relever n’importe quel défi et de surmonter n’importe quel obstacle ». De fait, il a mentionné Xi à 19 reprises, le couvrant d’éloges en tous genres. S’il y a un thème principal qui revient dans l’inventaire de l’épicerie dressé par le Premier ministre, c’est bien le culte du dirigeant suprême.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/21/la-tyrannie-du-productivisme-detat-a-propos-co

    #international #chine

  • Appel aux sénatrices et aux sénateurs : votez non à la ratification du Ceta

    Mesdames et Messieurs les sénatrices et sénateurs,
    Le 21 mars prochain, vous serez amené.es à vous prononcer sur la ratification du Comprehensive Economic and Trade Agreement (Ceta), cet accord de libéralisation du commerce et de l’investissement entre l’Union européenne et le Canada. Conclu en 2016, le Ceta n’est toujours pas pleinement ratifié, ni en France ni au sein de l’UE, huit ans plus tard. La partie commerciale de l’accord, soit environ 90% du texte, est pourtant entrée en application provisoire dès septembre 2017, sans que les parlementaires nationaux n’aient été consulté·es à ce sujet. La France fait partie des 10 Etats-membres de l’UE qui n’ont toujours pas pleinement ratifié le Ceta. Le contexte actuel de crise agricole devrait nous permettre de compter sur vous.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/02/12/accords-de-libre-echange-un-front-large-pour-stopper-le-ceta/#comment-60469

    #international #ceta

  • #Le_Caire en chantier, la #brique rouge en voie de disparition ?
    https://metropolitiques.eu/Le-Caire-en-chantier-la-brique-rouge-en-voie-de-disparition.html

    La brique rouge marque fortement le paysage du Grand Caire. En s’intéressant à la production et à l’utilisation de ce #matériau, Corten Pérez-Houis montre que le déclin de la brique industrielle traduit un accaparement de la #construction par le gouvernement et les grands promoteurs privés. Le 5 septembre 2023, un immeuble s’est effondré dans le quartier d’Hadayek al-Kobba, au nord-est du Caire, faisant trois morts et cinq blessé·es. Ces accidents sont assez fréquents en #Égypte, notamment dans les deux #Terrains

    / brique, construction, #habitat_précaire, #industrie, Le Caire, Égypte, matériau, #usine

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_perez-houis.pdf

  • Datenschützer warnen vor Kooperation : Berliner Charité vergibt Patientenportal an Doctolib
    https://www.tagesspiegel.de/berlin/datenschutzer-warnen-vor-kooperation-berliner-charite-vergibt-patienten

    Doctolib est connue pour le niveau inacceptable de la protection des données des patients. L’entreprise fait partie des lauréats du prix Big Brother de l’association Digital Courage. L’hôpital berlinois Charité fera gérer les données de ses patients par cette entreprise à sombre réputation

    .https://digitalcourage.de/pressemitteilungen/2022/doctolib-abschalten

    21.3.2024 von Robert Kiesel - Die Berliner Charité plant eine tiefgreifende Zusammenarbeit mit dem von Datenschützern seit Jahren massiv kritisierten Unternehmen Doctolib. Wie ein Sprecher des Klinikums dem Tagesspiegel bestätigte, hat der französische Konzern eine EU-weite Ausschreibung für die Entwicklung und den Betrieb des Patientenportals in Europas größter Universitätsklinik gewonnen.

    Doctolib soll dort künftig das digitale Terminmanagement, automatische Terminbenachrichtigungen sowie einen Messenger zur Kommunikation mit den Patienten zur Verfügung stellen. Ebenfalls geplant ist ein digitaler Austausch medizinischer Dokumente. Anlass für die Ausschreibung ist das Krankenhauszukunftsgesetz, das Kliniken zur Einrichtung eines Patientenportals bis Ende 2024 verpflichtet.

    Unklar ist, in welchem Umfang sensible Patientendaten künftig von Doctolib gespeichert und verarbeitet werden dürfen. „Die Anzahl der Datensätze ist abhängig von der Adaptionsquote des Portals durch Patient:innen und kann deshalb aktuell noch nicht belastbar beziffert werden“, erklärte der Sprecher. Er ergänzte, die Nutzung des Portals werde nicht verpflichtend sein. Es gehe um einen „zusätzlichen, einheitlichen und digitalen Kommunikationskanal als moderne Alternative“.

    Mit der Auftragsvergabe an den schon jetzt in vielen Arztpraxen für die Terminbuchung verantwortlichen Dienstleister begibt sich die Charité auf datenschutzrechtlich heikles Terrain. Seit Jahren steht der rasch expandierende Konzern mit Sitz in Paris im Verdacht, es bei seinen Aufträgen vor allem auf die Patientendaten abgesehen zu haben. 2021 verlieh ihm der Datenschutzverein Digitalcourage seinen jährlichen Big-Brother-Award – einen Negativpreis.

    Wir hätten uns gewünscht, dass die Charité uns vorher schon eingebunden hätte. Simon Rebiger, Sprecher der Berliner Datenschutzbehörde

    In Berlin ist Doctolib bestens bekannt: Kurz nach Beginn der Corona-Pandemie hatte die Gesundheitsverwaltung das Terminmanagement der Impfkampagne an den Konzern vergeben. Binnen weniger Monate gelangte Doctolib so fast zum Nulltarif an die Daten hunderttausender impfwilliger Berliner. Die Datenverarbeitung durch das Unternehmen wurde von der Berliner Datenschutzbehörde einst gerügt.

    Auch die seit Anfang März laufende Zusammenarbeit zwischen der Charité und Doctolib wird die Berliner Beauftragte für Datenschutz und Informationsfreiheit, Meike Kamp, beschäftigen. Zwar werden einem Klinik-Sprecher zufolge ohne die offizielle Abnahme der erstellten Datenschutzfolgeabschätzung – „gegebenenfalls durch die Berliner Datenschutzbehörde“ – weder Patientendaten verarbeitet noch die geplante Pilotierung des Patientenportals in Teilbereichen der Charité begonnen.


    Meike Kamp leitet die Berliner Datenschutzbehörde. © Aubrey Wade

    Die Skepsis in der Behörde Kamps ist dennoch groß. „Wir hätten uns gewünscht, dass die Charité uns vorher schon eingebunden hätte“, erklärte Sprecher Simon Rebiger am Mittwoch mit Blick auf die Formulierung von Anforderungen im Vergabeverfahren. Aktuell würden mehrere durch Bürger-Beschwerden angestoßene Prüfverfahren gegen Doctolib laufen, bestätigte Rebiger eine Aussage Kamps zu Wochenbeginn im Berliner Abgeordnetenhaus.

    Diese war genau wie die für die Verwaltungsdigitalisierung zuständige Staatssekretärin Martina Klement (CSU) von der Nachricht der Zusammenarbeit kalt erwischt worden. Zuerst hatte das Nachrichtenportal „Business Insider“ berichtet.

    Während der Charité-Sprecher jegliche Bedenken zurückwies und erklärte, das Unternehmen habe als einziger Bewerber sämtliche Zertifikate und Testate zu Datenschutz und IT-Sicherheit vorlegen können, übte der Datenschutzexperte Thilo Weichert scharfe Kritik. Doctolib betreibe „absolut aggressiv Expansion“ und gehe zentrale Datenschutzprobleme nicht an, erklärte der ehemalige Datenschutzbeauftragte des Landes Schleswig-Holstein. Tobias Schulze, gesundheitspolitischer Sprecher der Linksfraktion, forderte: „Daten dürfen auf keinen Fall für Zwecke außerhalb von Krankenversorgung und Forschung genutzt werden.“

    #iatrocratie #informatique #hôpital #patients #vie_privée #surveillance #bg_brother

  • Transition écologique : « D’où vient cette idée que, pour sauver le climat, il faut absolument ouvrir des mines ? », Jean-Baptiste Fressoz
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/20/transition-ecologique-d-ou-vient-cette-idee-que-pour-sauver-le-climat-il-fau

    La multinationale Imerys projette d’ouvrir à #Echassières, dans l’Allier, une des plus grandes mines de #lithium d’Europe. Le « dossier du maître d’ouvrage » remis par l’entreprise à l’occasion du débat public est un document qu’il faut lire pour comprendre les enjeux que soulève l’électrification du parc automobile. Les chiffres impressionnent : avec des réserves estimées à 375 000 tonnes, Echassières est l’un des plus importants gisements de lithium en Europe. Tréguennec, dans le Finistère, deuxième sur le podium français, serait cinq fois moins riche. L’exploitant annonce une extraction de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an.
    Etant donné la teneur du minerai, son exploitation implique de retirer du sous-sol plus de 2 millions de tonnes de granit, de les concasser, de les broyer et de les soumettre à divers traitements chimiques. Tout cela consomme énormément d’#eau – sans doute plus de 1 million de mètres cubes – et d’énergie : un four à calcination brûlera 50 millions de mètres cubes de gaz par an et l’ensemble du projet consommera 446 gigawattheures d’#électricité par an, soit un millième de la production électrique française tout de même.

    Le plus surprenant est que, malgré ce gigantisme, le site d’Echassières ne représente qu’une toute petite partie de l’#industrie_minière nécessaire pour électrifier le parc automobile français. De cette #mine, Imerys prévoit de sortir suffisamment de lithium pour fabriquer 17 millions de #voitures, soit seulement un tiers du parc actuel. Bien d’autres Echassières en France, et surtout ailleurs, sont donc à prévoir. Cerise sur le gâteau, le lithium ne représente que 4 % du poids des batteries des véhicules électriques, les 96 autres – graphite, aluminium, cobalt, manganèse, nickel et cuivre – posant aussi des problèmes environnementaux.

    Redorer le blason de la mine

    L’argument principal à l’appui du dossier est évidemment l’impératif de la transition énergétique. « Le projet, peut-on lire, pourrait représenter une solution de décarbonation permettant de contribuer à l’objectif fixé par l’Union européenne de zéro émission nette d’ici à 2050. » La formulation, alambiquée, se comprend quand on voit le graphique qui suit : à l’échelle européenne, la voiture électrique ne réduit que de 60 % les émissions de CO2 par rapport à un véhicule thermique. Un progrès donc, mais qui nous laisse assez loin de l’objectif de la #neutralité_carbone. Il est probable que l’électrification en cours du parc automobile ne fasse que reporter à un peu plus tard le franchissement des + 2 °C par rapport à l’époque préindustrielle.
    D’où vient alors cette idée que, pour sauver le climat, il faut absolument ouvrir des mines ? Dans un livre récent, La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition (Seuil, 352 pages, 23 euros), la journaliste Celia Izoard a retracé l’histoire de cette association. Au début des années 2000, face la montée en puissance de l’industrie chinoise, l’Europe et les Etats-Unis se préoccupent de leur souveraineté minérale, car il leur faut sécuriser des approvisionnements en métaux « critiques » pour l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, l’armement… Dans les rapports sur ce sujet, la question du #climat est alors absente. En 2012, Arnaud Montebourg, le ministre chargé de l’industrie, lance, par exemple, la « stratégie du renouveau minier » : il n’est pas question de transition, mais de souveraineté et de « redressement industriel ».

    Naturellement, les ONG considèrent ces initiatives d’un mauvais œil, tant les mines sont, par la nature même de leur activité, polluantes. Le lobby du secteur, Euromines, se plaint de l’hostilité ambiante auprès de la Commission européenne. Arrive 2015 et l’accord de Paris : l’occasion rêvée pour redorer le blason de la mine. En 2017, la Banque mondiale, en collaboration avec les géants miniers, calcule les besoins en métaux pour décarboner l’infrastructure énergétique mondiale. Après cette date, les mêmes rapports, portant sur les mêmes problèmes d’approvisionnement, se placent dorénavant sous la bannière du climat. Le lobby minier parle maintenant « des métaux pour la transition », alors qu’il s’agit souvent de métaux pour l’électronique et l’industrie en général. En quelques années, le climat est ainsi parvenu à réenchanter la mine.

    #voiture_électrique #écologie

    • 5.5 Transports : une consommation au plus bas depuis la fin des années 1980 | Bilan énergétique de la France pour 2020
      https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/bilan-energetique-2020/29-55-transports--une-consommation-au-plus-bas-depuis-la-fin-des-annees-1980.php

      En 2020, l’usage des transports représente 30 % de la consommation énergétique finale, soit 445 TWh, dont 244 TWh sont liés aux déplacements des ménages (cf. 5.2) et 201 TWh relèvent des entreprises et administrations. Par convention statistique internationale, cette consommation exclut les soutes internationales aériennes (31 TWh) et maritimes (11 TWh).

      Il est à peu près impossible de se rendre compte de la quantité de carburant qui part en fumée chaque jour, du fait de nos véhicules thermiques. Du carburant qui disparaît pour toujours. Quand la batterie a une certaine durée de vie... Il faut la remplir, mais elle ne disparaît pas en fumée. Et il y a moyen d’utiliser des sources d’énergies dites renouvelables. De toute façon, un jour, on n’aura plus le choix, l’extraction ne fonctionnera plus, y-aura plus rien dans le sol.

      Qu’il s’agisse de véhicules électriques ou thermiques, le souci premier, c’est le nombre délirant. On rouspète parce qu’on a un smartphone par personne. Mais un smartphone, c’est 100 à 200g de matières. On est dans un monde où l’on prétend que pour vivre il faut un véhicule par personne. Et un véhicule, ce sont 1 à 2 tonnes de matières.

      Donc, batterie ou pas, il faudrait résoudre ce souci du véhicule individuel. Trouver une solution intermédiaire.

      Quant à l’extraction de 2 millions de tonnes de granit, c’est là aussi particulièrement difficile à se figurer. Une sorte d’érosion naturelle en accéléré x1000. Ce n’est pas nocif comme du plomb ou du mercure, mais c’est une forme de révolution de l’habitat, habitat dans lequel il y a des habitants qui vont devoir s’y adapter, au même titre qu’une désertification ou d’un trait de côte qui se déplace. Une parfaite illustration de ce que l’on nomme l’anthropocène.

    • Alors, comme solution, il y avait l’idée de faire de plus grandes voitures, de les attacher l’une derrière l’autre et de les mettre sur des routes spéciales en fer… ça avait l’air très efficace pour transporter plein des gens, partout et à pas cher.

  • « On a détruit en partie ma vie »L’interview de Serge Duteuil Graziani, survivant de Sainte-Soline
    https://www.off-investigation.fr/on-a-detruit-en-partie-ma-vielinterview-de-serge-duteuil-graziani

    Lors de la manifestation de Sainte-Soline, le 25 mars 2023, le militant anti bassine Serge Duteuil-Graziani est grièvement blessé à la tête par une grenade qui aurait été tirée en “tir tendu".Lire la suite : « On a détruit en partie ma vie »L’interview de Serge Duteuil Graziani, survivant de Sainte-Soline

    #Interviews

  • TÉMOIGNAGE. Victime d’#inceste, elle raconte comment son père et des juges ont détruit sa famille
    https://www.ouest-france.fr/faits-divers/pedophilie/temoignage-victime-dinceste-elle-raconte-comment-son-pere-et-des-juges-

    La mère célibataire souhaite intégrer la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), la création « d’un vrai ministère à l’Enfance », un plan de communication destiné au grand public comme celui pour le harcèlement scolaire. « Gabriel Attal me suit sur Instagram. Je parlais avec son cabinet quand il était à l’Éducation. Il attend quoi pour me recevoir ? », lâche-t-elle en colère.

    Grâce à son témoignage, elle pointe du doigt les incohérences du système judiciaire : les parents incestueux qui gardent leur autorité parentale, les victimes envoyées en foyer, la parole des enfants pas assez écoutée. « Tout ce que je fais, c’est pour que Carl ne soit pas mort pour rien… Je ne veux plus entendre d’histoires similaires. »

  • Guerre ou paix ? Un faux dilemme dans la polémique autour de la question ukrainienne

    En l’absence des conditions pour des négociations, parler d’un cessez-le-feu immédiat comme l’alternative au soutien militaire, ce ne sont que des mots vides destinés au public français dans le cadre de la campagne électorale. Faute d’autres options réalistes, la solidarité concrète exige la poursuite de l’aide militaire à l’Ukraine.

    Ce texte est issu d’une intervention lors du meeting de L’assemblée féministe – Paris banlieue, le 12 mars 2024 à la Belleviloise.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/20/guerre-ou-paix-un-faux-dilemme-dans-la-polemiq

    #international #ukraine

  • Les abus des talibans exacerbent surtout la situation des femmes et des filles
    « La situation empire chaque jour », m’a dit Ahmad, un ancien journaliste qui vit à Herat, en Afghanistan. « Je pense que plus personne n’a les moyens d’acheter assez de nourriture. »

    L’Afghanistan est en proie à une crise économique depuis plus de deux ans, après que les donateurs ont réduit les financements étrangers suite au retour pouvoir des talibans en 2021, et exclu la Banque centrale afghane du système international. Les violations des droits des femmes par les talibans dans des domaines tels que l’emploi, l’éducation et la liberté de circulation ont exacerbé la situation, intensifiant son impact sur les femmes et les filles. La réponse humanitaire n’a pas suffi à répondre à la crise, notamment parce que les donateurs ont réduit l’aide, en particulier depuis 2023, en réponse aux actions des talibans.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/20/loin-des-regards-des-afghanes-et-afghans-souff

    #international #afghanistan

  • Christine Angot : “On n’en peut plus de la clownerie masculine” | Les Inrocks
    https://www.lesinrocks.com/cinema/christine-angot-on-nen-peut-plus-de-la-clownerie-masculine-609491-17-03-

    “Depuis MeToo, parler des agressions qu’on a subies est totalement intégré à ce qu’on peut dire publiquement”

    On trouve aussi dans Une famille des extraits de deux émissions de Thierry Ardisson dont tu es l’une des invité·es. On se souvenait de ces extraits comme si c’était hier. Mais en les revoyant, on a l’impression que c’était il y a cent ans. Qu’un tel niveau d’irrespect, de sexisme, d’inconscience des mécanismes d’abus et de domination ne serait plus tout à fait possible aujourd’hui… As-tu aussi ce sentiment ?

    Ce qui est certain, c’est que depuis MeToo, parler des agressions qu’on a subies est totalement intégré à ce qu’on peut dire publiquement. Jusque-là c’était inaudible, irrecevable – ou très codifié. Que cette parole soit désormais admise dans l’espace public, je n’avais jamais connu ça, et c’est une très bonne chose pour la société. Mais ce n’est pas si confortable pour soi. Avant, j’en parlais dans des espaces que j’avais trouvés : l’analyse, certaines personnes proches. Mais les moments où je ne pouvais plus en parler permettaient aussi de penser à autre chose. Maintenant j’y pense tout le temps. Même dans les espaces sociaux. Je suis envahie tout le temps. Je ne regrette pas l’époque d’avant, bien sûr, celle où on n’en parlait pas. On en parle, c’est bien, c’est important. Mais aussi très éprouvant. Tu as tout le temps cette saloperie dans la tête, et c’est dur.

    “C’est assez frappant de voir à quel point on ne supporte plus Macron et son monde, et les postures d’autorité… On n’en peut plus de la clownerie masculine”

    Ce qui se passe aujourd’hui dans le cinéma français avec les prises de parole de Judith Godrèche, Judith Chemla, tout ce qui se joue autour de Gérard Depardieu, tu le suis avec un très vif intérêt ?

    Oui, bien sûr. Qu’est-ce qu’on voit ? On mesure avec le recul qu’on a accepté, pendant très longtemps, et au-delà du cinéma, que la société, le monde, ce soit les hommes. Que les réalisateurs soient les hommes. Que les écrivains qui s’internationalisent, ce soit les hommes. Que les écrivains qui racontent des trucs importants sur le monde, ce soit les hommes. Ceux qui ont une vision, de la société, du contemporain, où je ne sais quoi – les hommes… On a vécu là-dedans tout le temps. Je crois que ce qu’on n’avait pas vu, et qu’on commence à voir, c’est la dimension ridicule de la comédie de la masculinité. C’est assez frappant aussi de voir à quel point on ne supporte plus Macron et son monde, et les postures d’autorité… On n’en peut plus de la clownerie masculine. C’est ça qui vacille.

    #Christine_Angot #Inceste #Metoo #Masculinisme

  • Le trésor des seniors
    https://laviedesidees.fr/Le-tresor-des-seniors

    Comment financer les investissements d’avenir qui nous attendent, en particulier concernant la transition écologique ? Par taxation de l’héritage, qui permette aux parents d’épargner pour leurs enfants. À propos de : André Masson, Chronique d’un #impôt sur l’héritage en perdition. Pourquoi et comment le sauver ?, Puf

    #Société #inégalités #héritage