• Histoire des #femmes du #Pérou et de la région andine
    http://theses.ulaval.ca/archimede/fichiers/24272/ch04.html

    Karen Powers Vieira (2000) et Irene Silverblatt (1990 : 3, 36) expliquent qu’avant la #colonisation, le système #inca andin était basé sur la #complémentarité et le parallélisme : les femmes et les hommes de la société opéraient dans deux sphères autonomes, valorisées de manière relativement équivalente. Chacun des groupes disposait de sa propre organisation politique et religieuse. Ce parallélisme assurait aux femmes et aux hommes des droits égaux quant à la #propriété terrienne. Les filles héritaient de leur mère ; les fils, de leur père.

    Sur le plan politique, les reines étaient à la tête d’un réseau politique qui connectait toutes les femmes de l’empire (SILVERBLATT, 1990 : 90). La Coya, sœur et épouse de l’Inca, chapeautait la hiérarchie politique des femmes, qui existait en parallèle à celle des hommes (SILVERBLATT, 1990 : 11). Les deux systèmes se rejoignaient au sommet : au plus haut niveau, les positions importantes, dont celles de l’Inca et de ses conseillers, étaient presque toujours réservées à des hommes. Cependant, les épouses des dirigeants influents bénéficiaient aussi de prérogatives politiques substantielles. De plus, avant d’intégrer l’empire inca, certaines ethnies de la côte du Pérou et de l’Équateur étaient dirigées par des femmes. Lorsque l’empire en question a conquis ces peuples, leurs dirigeantes ont été intégrées au système inca en vigueur et elles ont maintenu leur position élevée dans la hiérarchie (ROTSWOROWSKI, 1992 : 34-35 et POWERS VIEIRA, 2000). Ainsi, quelques femmes occupaient aussi des postes officiels importants.

    Sur le plan de la religion, les femmes étaient considérées les filles de la lune [32] et les hommes, les fils du soleil. Les femmes avaient leurs déesses, leurs cérémonies et leurs prêtresses ; les hommes avaient les leurs. Les dieux avaient à la fois les caractéristiques associées à la masculinité et à la féminité, ainsi qu’une version corporelle des deux sexes. La confession, de même que la guérison, était une fonction autant masculine que féminine (SILVERBLATT, 1990 : 31-40). Le mariage était l’union de pairs égaux dans une visée d’équilibre et d’harmonie. La polygynie était pratiquée par les hommes politiques importants et les mariages entre les ethnies servaient des fonctions politiques. Au sein du peuple, la monogamie était pratiquée (POWERS VIEIRA, 2000).

    Chez les Incas, la notion de travail renvoyait au bien-être de la communauté en général. Les tâches étaient divisées en fonction de l’âge et du sexe. Les femmes s’occupaient des semences, du tissage, de la nourriture et du soin des enfants ; les hommes travaillaient la terre et assuraient la défense ; les récoltes se faisaient par tous. La gestion était pensée de manière globale. Par exemple, on envoyait des agriculteurs cultiver les terres éloignées pour produire des denrées auxquelles les sociétés andines n’avaient autrement pas accès. Cela permettait d’offrir une variété étendue d’aliments nutritifs sur une vaste région (POWERS VIEIRA, 2000 et SILVERBLATT, 1990 : 3).

    Cette vision de la société inca telle que décrite par Karen Powers Vieira, Irene Silverblatt et María Rotsworowski apparaît un peu idéalisée, phénomène qui s’explique en partie par la quête d’identité qu’occasionne un processus de la colonisation. Cependant, chez les Incas, la collectivité était très importante et le système, hautement hiérarchisé, cherchait toujours la complémentarité entre les hommes et les femmes. Chacun des groupes avait son espace politique et religieux, ces deux espaces étaient d’ailleurs fortement reliés.
    3.1.2 Colonisation

    Les institutions coloniales ont contribué à rompre les alliances qui soutenaient l’organisation socio-économique précolombienne. Le cadre idéologique de ces institutions incarnait une vision de l’univers étrangère aux autochtones. Pour les Espagnols, la nature et l’humanité se définissaient en fonction de leur valeur marchande. Leur manière de concevoir les relations entre la nature et la société, entre les groupes sociaux et entre l’homme et la femme a bouleversé le cadre de référence des peuples andins (SILVERBLATT, 1990 : 81).

    Le processus de colonisation a complètement bouleversé la représentation des femmes. Premièrement, la colonisation a mis un terme à leur rôle politique : elles ont été écartées du groupe inca qui s’est vu attribuer des fonctions au sein du gouvernement colonial. Deuxièmement, elles ne pouvaient plus occuper de fonctions religieuses et leur accès à l’éducation a été restreint. Troisièmement, la loi espagnole ne reconnaissait pas la femme comme l’égale de l’homme [33] . Pendant un certain temps, les femmes ont continué à jouer un rôle politique important dans la sphère informelle, mais il s’est progressivement estompé. L’évangélisation et l’imposition du nouveau système ont ainsi détruit la société des Incas, auparavant basée sur les principes de complémentarité, de réciprocité et de redistribution (SILVERBLATT, 1990 : 90).

    La colonisation a contribué à l’intensification progressive d’un système patriarcal où seuls les hommes avaient l’autorité dans les affaires religieuses et politiques, au sein de la famille et du ménage. Selon Powers Vieira, un changement dans la conception des rapports sociaux de sexe est survenu dès la fin du XVI e siècle, alors que la descendance patrilinéaire et la résidence patrilocale ont fortement désavantagé les femmes. De plus en plus, les hommes ont accaparé du pouvoir au sein de l’Église catholique, de l’État, de la communauté et du ménage :

    By the end of the sixteenth century, patriarchal notions of male dominance in the affairs of church, state, community and household not only governed colonial laws but had seeped into gender relations inside Andean communities. The official elimination of gender parallel political and religious organizations deprived indigenous women of autonomy and gave way to a system in which they were forced to depend on men to represent them both on earth and in the supernatural world (POWERS VIEIRA, 2000).

    #patriarcat #sexisme #histoire #droit_foncier

  • En Chine, le taux de condamnation atteint 99,93 % en 2014
    http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2015/03/12/plus-de-700-condamnations-pour-terrorisme-ou-separatisme-en-2014-en-chine_45

    La Cour suprême chinoise a publié jeudi 12 mars des statistiques confirmant que le système judiciaire de la Chine, soumis à l’autorité du Parti communiste, se résume à une machine à condamner de façon quasi systématique. En 2014, le taux de #condamnation a en effet atteint 99,93 % : 1,184 million de personnes ont été reconnues coupables des faits qui leur étaient reprochés et seulement 825 ont été acquittées.

    Ces données viennent contredire le discours officiel du régime, qui affirme vouloir remédier aux erreurs judiciaires, à l’#arbitraire, aux #aveux extorqués et à la quasi-absence de #droits_de_la_défense. Le Parti communiste chinois s’est efforcé ces derniers mois de redorer le blason de la #justice en révisant quelques verdicts prononcés dans des affaires qui avaient rencontré un large écho. Reste qu’il est rarissime que la justice chinoise accepte de revenir sur une condamnation, en particulier dans le domaine pénal.

    La Cour suprême a en outre présenté devant l’Assemblée nationale populaire (ANP) les chiffres concernant des faits de #terrorisme ou de #séparatisme, révélant qu’en 2014, 712 personnes ont été condamnées pour de tels faits. La quasi-totalité de ces condamnations concernent des personnes d’origine tibétaine ou du #Xinjiang, vaste région notamment peuplée de Ouïgours, musulmans turcophones qui se disent victimes de discriminations.

    Les verdicts concernant des faits de terrorisme ou de séparatisme ont connu une augmentation de 13,3 % en 2014, selon ce document. Il s’agit d’une tendance en hausse correspondant aux #objectifs prioritaires de #répression que la Chine s’est fixés pour 2015, précise le rapport.
    La Cour suprême chinoise a placé en tête de ses priorités cette année le « maintien de la #sécurité nationale et de la #stabilité_sociale ». Pékin est par ailleurs en train d’élaborer sa première #loi_antiterroriste.

    #État_pénal #incarcération_de_masse #peine_de_mort

  • La pomme de terre, l’autre trésor inca | ARTE
    http://www.arte.tv/guide/fr/050291-000/la-pomme-de-terre-l-autre-tresor-inca

    Dans la région de Cuzco, ville des Andes péruviennes perchée à 4 500 mètres d’altitude, on cultive la pomme de terre depuis 8 000 ans. Gardant cette tradition bien vivace, les Indiens Quechua en cultivent pas moins de trois mille variétés différentes ! Pour préserver cette activité, les petits paysans se sont organisés en association. Leur objectif : léguer à la postérité leurs techniques ancestrales. Non contents de veiller sur le maintien des diverses variétés, ils travaillent à en développer de nouvelles, plus résistantes. Car le changement climatique se ressent jusque dans les Andes et menace régulièrement l’ensemble des récoltes. Genaro Puma Pacco, l’un d’eux, tient le rôle respecté de « protecteur de la pomme de terre » : il est chargé de transmettre à ses pairs son vaste savoir, de la plantation à la récolte, accompagnée chaque année en mai d’une cérémonie dédiée à la « Pachamama », la terre-mère.

    #pomme_de_terre

  • The greatest mystery of the Inca Empire was its strange economy
    http://io9.com/5872764/the-greatest-mystery-of-the-inca-empire-was-its-strange-economy

    So how do you become a continent-dominating empire without cash? In the case of the Incas, it’s likely that the technologies that granted them agricultural surplus (extra food and textile materials) helped them with their expansive empire-building. Food was their coin; pure labor structured their economy.

    Some have argued that the #Inca Empire was the ideal socialist state, while others have called it an authoritarian monarchy. In truth, the Inca probably created an empire like many others. Its leaders were distracted by civil war and internecine squabbles among the nobility. And its slaves and laborers built the dramatic works dreamed up by pre-Columbian civil engineers. What’s remarkable is that evidence suggests those slaves and laborers were probably well fed. Perhaps more remarkable, in this era where markets are associated with civilization, is the idea that an empire could achieve so much without ever spending a dime.

    #politique #économie #civilisation via @shaber33

  • Le rouge et le tricolore | par Alain Badiou
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/27/le-rouge-et-le-tricolore_4564083_3232.html

    Il y a eu en France, depuis bien longtemps, deux types de manifestation : celle sous drapeau rouge, et celles sous drapeau tricolore. Croyez-moi : y compris pour réduire à rien les petites bandes fascistes identitaires et meurtrières, qu’elles se réclament des formes sectaires de la religion musulmane, de l’identité nationale française ou de la supériorité de l’Occident, ce ne sont pas les tricolores, commandées et utilisées par nos maîtres, qui sont efficaces. Ce sont les autres, les rouges, qu’il faut faire revenir.

    • Le Rouge et la Marseillaise, par Bernard Chartreux, dramaturge
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/10/le-rouge-et-la-marseillaise_4573404_3232.html

      Ne pas signaler, comme le fait Badiou , ce versant religieux des crimes fascistes, c’est fermer volontairement les yeux devant ce qui est sans doute l’événement marquant –en concomitance il va sans dire avec la chute du communisme– de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, savoir le retour en force (et inattendu ?) tant sur le plan individuel qu’au niveau géo-stratégique, de la religion. C’est ne pas vouloir voir son caractère impérialiste, dominateur, conquérant, propre à toutes les dérives sectaires et criminelles. C’est s’imaginer que l’on peut l’utiliser (la religion) à des fins politiques toutes différentes de sa finalité propre –un ordre moral coercitif ici bas et la récompense céleste post mortem– alors qu’en réalité c’est elle qui, en dernière instance, va manipuler les apprentis manipulateurs (cf. par exemple les Etats Unis et le fondamentaliste afghan) .

      Avec la classique simplification aberrante sur l’"#opium_du_peuple" qui ne fait aucun cas de ce qui précède l’expression, à propos de la #religion comme « âme d’un monde sans coeur, esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu ».

      #incarnation

    • Le texte de Badiou dans sa version non tronquée par Le Monde

      Le Rouge et le Tricolore
      Alain Badiou

      1. Arrière-plan : la situation mondiale.
      Aujourd’hui, le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité. Nous vivons un pénible intervalle : celui qui sépare la fin de la deuxième étape historique de l’Idée communiste (la construction intenable, terroriste, d’un « communisme d’Etat ») de sa troisième étape (le communisme réalisant la politique, adéquate au réel, d’une « émancipation de l’humanité tout entière »). Dans ce contexte, s’est établi un conformisme intellectuel médiocre, une sorte de résignation à la fois plaintive et satisfaite, qui accompagne l’absence de tout futur autre que la répétition déployée de ce qu’il y a.
      Nous voyons alors apparaître, contre-partie à la fois logique et horrifiante, désespérée et fatale, mélange de capitalisme corrompu et de gangstérisme meurtrier, un repli maniaque, manœuvré subjectivement par la pulsion de mort, vers les identités les plus diverses. Ce repli suscite à son tour des contre-identités identitaires arrogantes. Sur la trame générale de « l’Occident », patrie du capitalisme dominant et civilisé, contre « l’Islamisme », référent du terrorisme sanguinaire, apparaissent, d’un côté, des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant pour se faire obéir le cadavre de quelques dieux ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique…) et faisant des milliers de victimes, sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.
      Il en ira ainsi tant que l’universalisme vrai, le prise en main du destin de l’humanité par l’humanité elle-même, et donc la nouvelle et décisive incarnation historico-politique de l’Idée communiste, n’aura pas déployé sa neuve puissance à l’échelle mondiale, annulant au passage l’asservissement des Etats à l’oligarchie des propriétaires et de leurs serviteurs, l’abstraction monétaire, et finalement les identités et contre-identités qui ravagent les esprits et en appellent à la mort.
      La situation mondiale, c’est que tarde à venir, mais viendra – si nous parvenons à le vouloir à grande échelle – le temps où toute identité (car il y aura toujours des identités, y compris différentes, y compris formellement contradictoires) sera intégrée égalitairement et pacifiquement dans le destin de l’humanité générique.
      2. Détails français : Charlie-Hebdo et la « République ».
      Né du gauchisme révolté des années soixante-dix, Charlie-Hebdo est devenu, comme nombre d’intellectuels, de politiciens, de « nouveaux philosophes », d’économistes impuissants et d’amuseurs divers, un défenseur à la fois ironique et fiévreux de la Démocratie, de la République, de la Laïcité, de la Liberté d’opinion, de la Libre entreprise, du Libre sexe, de l’Etat libre, bref, de l’ordre politique et moral établi. Ce genre de renégation, qui est comme le vieillissement des esprits au fil des circonstances, pullule, et n’a en soi-même guère d’intérêt.
      Plus nouvelle semble la construction patiente, entamée en France dès les années quatre-vingt du dernier siècle, d’un ennemi intérieur de type nouveau : le musulman. Cela s’est fait dans la foulée de diverses lois scélérates poussant la « liberté d’expression » jusqu’au contrôle tatillon des vêtements, de nouveaux interdits concernant le récit historique et de nouvelles franchises policières. Cela s’est fait aussi dans une sorte de rivalité « de gauche » avec l’irrésistible ascension du Front national, lequel pratiquait depuis la guerre d’Algérie un racisme colonial franc et ouvert. Quelles que soit la diversité des causes, le fait est que le musulman, de Mahomet à nos jours, est devenu le mauvais objet du désir de Charlie-Hebdo. Accabler de sarcasmes le musulman et faire rire de ses façons est devenu le fonds de commerce de ce crépusculaire magazine « humoristique », un peu comme il y a un petit siècle on se moquait, sous le nom de « Bécassine », des paysannes pauvres (et chrétiennes, à l’époque…) venues de Bretagne pour torcher les enfants des bourgeoises de Paris.
      Tout cela, au fond, n’est pas si nouveau. L’ordre établi parlementaire français – au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche « républicaine », de vingt mille ouvriers dans les rues de Paris – ce « pacte républicain » auquel se sont ralliés tant d’ex-gauchistes, a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. Il a toujours envoyé de fortes brigades policières dans ces endroits, et peuplé les prisons, sous d’innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Il a introduit dans les « bandes de jeunes » des délateurs corrompus. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d’esclavage requis par le maintien de l’ordre dans l’Empire colonial. Cet Empire sanguinaire, où l’on torturait avec constance les « suspects » dans le moindre commissariat de la moindre bourgade africaine ou asiatique, avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry, – décidément un activiste du pacte républicain – lesquelles exaltaient la « mission civilisatrice » de la France.
      Or, voyez-vous, un nombre considérables des jeunes qui peuplent nos banlieues, outre leurs louches activités et leur manque flagrant d’éducation (étrangement, la fameuse Ecole républicaine n’a rien pu, semble-t-il, en tirer, mais n’arrive pas à se convaincre que c’est de sa faute, et non de la faute des élèves), ont des parents prolétaires d’origine africaine, ou sont eux-mêmes venus d’Afrique pour survivre, et, par voie de conséquence, sont souvent de religion musulmane. A la fois prolétaires et colonisés, en somme. Deux raisons de s’en méfier et de prendre les concernant de sérieuses mesures répressives. La police, heureusement, sous la direction éclairée de nos gouvernements, tant de droite extrême que de gauche résolue, fait ce qu’il convient. Supposons que vous soyez un jeune noir ou un jeune à l’allure arabe, ou encore une jeune femme qui a décidé, par sens de la libre révolte, puisque c’est interdit, de se couvrir les cheveux. Eh bien, vous avez alors neuf ou dix fois plus de chances d’être interpellé dans la rue par notre police démocratique et très souvent retenu dans un commissariat, que si vous avez la mine d’un « Français », ce qui veut dire, uniquement, le faciès de quelqu’un qui n’est probablement ni prolétaire, ni ex-colonisé. Ni musulman. Charlie-Hebdo, en un sens, ne fait qu’aboyer avec ces mœurs policières.
      On prétend de ci de là que ce n’est pas le fait d’être musulman en soi, comme indice négatif, que visent les caricatures de Charlie-Hebdo, mais l’activisme terroriste des intégristes. C’est objectivement faux. Prenez une caricature typique : on y voit une paire de fesses nues, c’est tout, et la légende dit « Et le cul de Mahomet, on peut s’en servir ? ». Le Prophète des croyants, cible permanente de ces stupidités, serait-il un terroriste contemporain ? Non, cela n’a rien à voir avec quelque politique que ce soit. Rien à voir avec le drapeau solennel de la « liberté d’expression ». C’est une ridicule et provocatrice obscénité visant l’Islam comme tel, c’est tout. Et ce n’est rien d’autre qu’un racisme culturel de bas étage, une « blague » pour faire péter de rire le lepéniste aviné du coin. Une complaisante provocation « occidentale », pleine de la satisfaction du nanti, envers, non seulement d’immenses masses populaires africaines, moyen-orientales ou asiatiques qui vivent dans des conditions dramatiques, mais envers une très large fraction du peuple laborieux ici même, celui qui vide nos poubelles, nettoie la vaisselle, s’éreinte au marteau piqueur, fait à cadence accélérée les chambres des hôtels de luxe ou nettoie à quatre heures du matin les vitres des grandes banques. Bref, cette part du peuple qui, par son travail seul, mais aussi par sa vie complexe, ses voyages risqués, sa connaissance de plusieurs langues, sa sagesse existentielle et sa capacité à reconnaître ce que c’est qu’une vraie politique d’émancipation, mérite au moins qu’on la considère, et même, oui, qu’on l’admire, toute question religieuse mise de côté.
      Autrefois déjà, dès le XVIIIe siècle, toutes ces blagues sexuelles, antireligieuses en apparence, antipopulaires en réalité, avaient donné un « humour » de caserne ou de salle de garde. Voyez les obscénités de Voltaire à propos de Jeanne d’Arc : son La Pucelle d’Orléans est tout à fait digne de Charlie-Hebdo. A lui seul, ce poème cochon dirigé contre une héroïne sublimement chrétienne autorise à dire que les vraies et fortes lumières de la pensée critique ne sont certes pas illustrées par ce Voltaire de bas étage. Il éclaire la sagesse de Robespierre quand il condamne tous ceux qui font des violences antireligieuses le cœur de la Révolution, et n’obtiennent ainsi que désertion populaire et guerre civile. Il nous invite à considérer que ce qui divise l’opinion démocratique française est d’être, le sachant ou non, soit du côté constamment progressiste et réellement démocrate de Rousseau, soit du côté de l’affairiste coquin, du riche spéculateur sceptique et jouisseur, qui était comme le mauvais génie logé dans ce Voltaire par ailleurs capable, parfois, d’authentiques combats.
      Mais aujourd’hui, tout cela pue la mentalité coloniale – comme du reste la loi contre le foulard « islamique » rappelait, en bien plus violent, hélas, les moqueries contre la coiffe bretonne de Bécassine : tous points où le racisme culturel racoleur fusionne avec l’hostilité sourde, l’ignorance crasse et la peur qu’inspire au petit bourgeois de nos contrées, très content de lui-même, l’énorme masse, banlieusarde ou africaine, des damnés de la terre.
      3. Ce qui est arrivé, 1 : Le crime de type fasciste.
      Et les trois jeunes Français que la police a rapidement tués ?
      Remarquons en passant que c’était faire, à la satisfaction générale, l’économie d’un procès où il aurait fallu discuter de la situation et de la réelle provenance des coupables. C’était aussi un trait tiré sur l’abolition de la peine de mort, le retour à la pure vengeance publique, dans le style des westerns.
      S’il faut les caractériser, disons qu’ils ont commis ce qu’il faut appeler un crime de type fasciste.
      J’appelle crime de type fasciste un crime qui a trois caractéristiques. D’abord, il est ciblé, et non pas aveugle, parce que sa motivation est idéologique, de caractère fascisant, ce qui veut dire : stupidement identitaire, nationale, raciale, communautaire, coutumière, religieuse... En la circonstance, les assassins avaient visiblement comme cibles trois identités souvent visées par le fascisme classique : les publicistes considérés comme du bord opposé, les policiers défendant l’ordre parlementaire haï, et les Juifs. Il s’agit de la religion dans le premier cas, d’une Etat national dans le second, d’une prétendue race dans le troisième. Ensuite, il est d’une violence extrême, assumée, spectaculaire, parce qu’il vise à imposer l’idée d’une détermination froide et absolue, qui du reste inclut de façon suicidaire la probabilité de la mort des meurtriers. C’est l’aspect « Viva la muerte ! », l’allure nihiliste, de ces actions. Troisièmement, le crime vise, par son énormité, son effet de surprise, son côté hors norme, à créer un effet de terreur et à alimenter, de ce fait même, du côté de l’Etat et de l’opinion, des réactions incontrôlées, lesquelles, aux yeux des criminels et de leurs patrons, vont justifier après coup, par symétrie, l’attentat sanglant.
      Ce genre de crime demande des tueurs que ceux qui les manipulent peuvent abandonner à leur sort dès que l’acte a eu lieu. Ce ne sont pas de grands professionnels, des gens des services secrets, des assassins chevronnés. Ce sont des jeunes du peuple, tirés de leur vie, qu’ils prévoient sans issue, ni sens, par la fascination de l’acte pur mêlé à quelques ingrédients identitaires sauvages, et qui accèdent aussi, ce faisant, aux armes sophistiquées, aux voyages, à la vie en bande, à des formes de pouvoir, de jouissance, et à un peu d’argent. En France même, on a vu, à une autre époque, des recrues de groupes fascisants capables de devenir des meurtriers et des tortionnaires pour des raisons du même genre. Ce fut notamment le cas, pendant l’occupation de la France par les nazis, de bien des miliciens embauchés par Vichy sous le drapeau de la « Révolution nationale ».
      Si l’on veut réduire le risque des crimes fascistes, c’est de ce portrait qu’il faut s’inspirer. Les facteurs décisifs autorisant l’apparition de ces crimes sont clairs. Il y a l’image négative que la société se fait des jeunes venus de la misère mondiale, la façon dont elle les traite. Il y a le maniement inconsidéré des questions identitaires, l’existence non combattue, voire encouragée, de déterminations racialistes et coloniales, les lois scélérates de ségrégation et de stigmatisation. Il y a surtout sans doute, non pas l’inexistence – on trouve dans notre pays des militants pleins d’idées et liés au peuple réel –, mais la faiblesse désastreuse, à échelle internationale, des propositions politiques hors consensus, de nature révolutionnaire et universelle, susceptibles d’organiser ces jeunes dans la solidité agissante d’une conviction politique rationnelle. Ce n’est que sur le fond d’une action persistante pour modifier tous ces facteurs négatifs, d’un appel à changer de fond en comble la logique politique dominante, qu’on aurait pu raisonnablement faire prendre à l’opinion la vraie mesure de ce qui se passait, et subordonner l’action policière, toujours dangereuse quand elle est livrée à elle-même, à une conscience publique éclairée et capable.
      Or la réaction gouvernementale et médiatique a fait exactement tout le contraire.
      4. Ce qui est arrivé, 2 : L’Etat et l’Opinion.
      Dès le début, l’Etat s’est engagé dans une utilisation démesurée et extrêmement dangereuse du crime fasciste. Au crime à motivations identitaires, il a opposé dans les faits une motivation identitaire symétrique. Au « musulman fanatique » on a opposé sans vergogne le bon Français démocrate. Le scandaleux thème de « l’union nationale », voire de « l’union sacrée », qui n’a servi en France qu’à envoyer les jeunes gens se faire massacrer pour rien dans les tranchées, est ressorti de ses placards naphtalinés. Que du reste ce thème soit identitaire et guerrier, on l’a bien vu lorsque nos dirigeants, les Hollande et les Valls, suivis par tous les organes médiatiques, ont entonné l’air, inventé par Bush à propos de la sinistre invasion de l’Irak – dont on connaît aujourd’hui les effets dévastateurs et absurdes –, de la « guerre contre le terrorisme ». C’est tout juste si, à l’occasion d’un crime isolé de type fasciste, on n’a pas exhorté les gens soit à se terrer chez eux, soit à revêtir leur uniforme de réserviste et à partir au son du clairon en Syrie.
      La confusion a été à son comble quand on a vu que l’Etat appelait, de façon parfaitement autoritaire, à venir manifester. Ici, au pays de la « liberté d’expression », une manifestation sur ordre de l’Etat ! On avait de bonnes raisons de se demander si Valls n’envisageait pas d’emprisonner les absents. On a puni, de ci de là, ceux qui étaient rétifs à la minute de silence. Nous aurons vraiment tout vu. C’est ainsi qu’au plus bas de leur popularité, nos dirigeants ont pu, grâce à trois fascistes dévoyés qui ne pouvaient imaginer un tel triomphe, défiler devant un million et quelques de personnes, à la fois terrorisées par les « musulmans » et nourries aux vitamines de la démocratie, du pacte républicain et de la grandeur superbe de la France. Il a même été possible que le criminel de guerre coloniale Netanyahou figure au premier rang des manifestants, supposés venir là célébrer la liberté d’opinion et la paix civile.
      La « liberté d’expression », parlons-en ! La manifestation affirmait au contraire, à grand renfort de drapeaux tricolores, qu’être français c’est d’abord avoir tous, sous la houlette de l’Etat, la même opinion. Il était pratiquement impossible, tous ces jours -ci, d’exprimer sur ce qui se passait une autre avis que celui qui consiste à s’enchanter de nos libertés, de notre République, à maudire la corruption de notre identité par les jeunes prolétaires musulmans et les filles horriblement voilées, et à se préparer virilement à la « guerre contre le terrorisme ». On a même entendu le cri suivant, admirable dans sa liberté expressive : « nous sommes tous des policiers ».
      Comment du reste ose-t-on aujourd’hui parler de « liberté d’expression » dans un pays où, à de très pauvres exceptions près, la totalité des organes de presse et de télévision sont aux mains de grands groupes privés industriels et/ou financiers ? Faut-il que notre « pacte républicain » soit souple et accommodant pour qu’on s’imagine que ces grands groupes, que Bouygues, que Lagardère, que Niel, et tous les autres, sont prêts à sacrifier leurs intérêts privés sur l’autel de la démocratie et de la liberté d’expression !
      Il est très naturel en réalité que la loi de notre pays soit celle de la pensée unique et de la soumission peureuse. La liberté en général, y compris celle de la pensée, de l’expression, de l’action, de la vie même, consiste-t-elle aujourd’hui à devenir unanimement des auxiliaires de police pour la traque de quelques dizaines d’embrigadés fascistes, la délation universelle des suspects barbus ou voilés, et la suspicion continue concernant les sombres « cités de banlieues », héritières des « faubourgs » où l’on fit autrefois un carnage des Communards ? Ou bien la tâche centrale de l’émancipation, de la liberté publique, est-elle bien plutôt d’agir en commun avec le plus possible de jeunes prolétaires de ces banlieues, le plus possible de jeunes filles, voilées ou non, cela n’importe pas, dans le cadre d’une politique neuve, qui ne se réfère à aucune identité (« les prolétaires n’ont pas de patrie ») et prépare la figure égalitaire d’une humanité s’emparant enfin de son propre destin ? Une politique qui envisage rationnellement que nos vrais maîtres impitoyables, les riches régents de notre destin, soient enfin congédiés ?
      Il y a eu en France, depuis bien longtemps, deux types de manifestations : celles sous drapeau rouge, et celles sous drapeau tricolore. Croyez-moi : y compris pour réduire à rien les petites bandes fascistes identitaires et meurtrières, qu’elles se réclament des formes sectaires de la religion musulmane, de l’identité nationale française ou de la supériorité de l’Occident, ce ne sont pas les tricolores, commandées et utilisées par nos maîtres, qui sont efficaces. Ce sont les autres, les rouges, qu’il faut faire revenir.

    • Le #philosophe et le #djihadiste, Jacob Rogozinski
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/20/le-philosophe-et-le-djihadiste_4580674_3232.html

      Dans une récente tribune (Le Monde, 28 janvier), Alain Badiou qualifie de « crime #fasciste » l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo et des Juifs de l’hypermarché casher. Peu importe que les tueurs se soient réclamé Al-Qaida et de Daech, peu importe qu’ils aient donné à leur acte une signification religieuse (« nous avons vengé le Prophète ! ») : comme si rien n’avait changé depuis les années 1930, notre philosophe n’y voit que du « fascisme ». Il s’obstine en effet à ressusciter le vieux nom sanglant de « communisme » et à désigner comme « fasciste » ce qui lui fait obstacle. Obstination qui le rend sourd et aveugle à ce qu’il y a de nouveau, de singulier dans la situation présente. (...)

      Foucault ne s’est pas assez interrogé sur ce qui incite les individus à adhérer aux dispositifs de pouvoir. Pour qu’un homme accepte de se soumettre à un dispositif, il faut que celui-ci soit parvenu à capter certains de ses affects, de ses désirs, de ses fantasmes, à les intensifier ou les modifier, à les infléchir en les orientant vers certaines cibles. Les affects qui animent un grand nombre de jeunes, victimes du chômage, du racisme, de leur relégation dans des quartiers déshérités, sont des sentiments de révolte contre l’injustice : l’indignation, la colère. Il arrive toutefois qu’une juste colère se transforme en un autre affect qui ne tient plus aucun compte du juste et de l’injuste, mais vise uniquement à détruire son objet.
      Cet affect mortifère est la haine. En captant la révolte, l’indignation, la colère, les dispositifs de terreur les exacerbent, les font virer à la haine et donnent à cette haine des cibles contre lesquelles se déchaîner. Comment empêcher le djihadisme d’exploiter une rébellion légitime ? En luttant concrètement contre l’injustice qui l’engendre, contre toutes les formes d’oppression et de ségrégation ; mais aussi en travaillant collectivement, patiemment, à re-fonder un projet d’émancipation qui aura tiré la leçon des désastres du XX° siècle. Seule une politique d’#émancipation qui saurait « tirer sa poésie de l’avenir et non du passé » pourra parvenir à briser la logique de la haine.

      Encore une alternative piégée, #mao_stal et/ou #anticommuniste.

      #dispositifs_de_terreur

  • #agriculture, #civilisation, #élites, #patriarcat, #guerre_contre_la_nature, #phallocentrisme tous réunis dans ce #mythe_fondateur

    For the #Incas, agriculture was closely linked to warfare: The earth was defeated, as if in battle, by the plow. So the harvest ceremony was carried out by young noblemen as part of their initiation as warriors, and they sang a haylli as they harvested the maize to celebrate their victory over the earth.

    Lu dans An Edible History of Humanity, de Tom Standage

    • Another example was the maize-planting ceremony that took place in August. When the sun set between two great pillars on the hill of Picchu, as seen from the center of Cuzco, the Inca capital, it was time for the king to initiate the growing season. He did so by plowing and planting one of several sacred fields that could only be tilled and worked by members of the nobility. According to one eyewitness account: “At sowing time, the king himself went and ploughed a little . . . the day when the Inca went to do this was a solemn festival of all the lords of Cuzco. They made great sacrifices to this flat place, especially of silver, gold and children.” The plowing was then carried on by Inca nobles, but only after the king had started the process. “If the Inca had not done this, no Indian would dare to break the earth, nor did they believe it would produce if the Inca did not break it first,” noted another observer. Further sacrifices of llamas and guinea pigs were made as the maize planting began.

      #culture_du_viol ?

  • Mass Incarceration: The Whole Pie

    Wait, does the United States have 1.4 million or more than 2 million people in prison? And do the 688,000 people released every year include those getting out of local jails? Frustrating questions like these abound because our systems of federal, state, local, and other types of confinement — and the data collectors that keep track of them — are so fragmented. There is a lot of interesting and valuable research out there, but definitional issues and incompatibilities make it hard to get the big picture for both people new to criminal justice and for experienced policy wonks.

    On the other hand, piecing together the available information offers some clarity. This briefing presents the first graphic we’re aware of that aggregates the disparate systems of confinement in this country, which hold more than 2.4 million people in 1,719 state prisons, 102 federal prisons, 2,259 juvenile correctional facilities, 3,283 local jails, and 79 Indian Country jails as well as in military prisons, immigration detention facilities, civil commitment centers, and prisons in the U.S. territories.

    http://www.prisonpolicy.org/reports/pie.html

    #prison #USA #incarcération_de_masse #visualisation

  • #Cape_Town Gangster Films
    http://africasacountry.com/cape-town-gangster-films

    There’s a growing body of Cape Flats gangsta-chic in both print and #FILM that is all the vogue popping up in publications and film festivals worldwide. Much of it makes spurious claims to authenticity and the inside track to the ‘great coloured psychosis of alienation and street gang warfare amongst the urban working class youth […]

    #MEDIA #coloureds #Dylan_Valley #Incarcerated_Knowledge #Riaan_Hendricks #The_Devil's_Lair

  • Top 10 Films of #2013
    http://africasacountry.com/top-10-films-of-2013

    To be sure, 2013 has been quite a year for #FILM, with plenty of great stuff to choose from. In terms of African cinema, this has been a particularly impressive time for short films, making it hard to choose just two to include on this list. I’m sure there are plenty of films that didn’t […]

    #MEDIA #MUSIC #Popular #VIDEO #12_Years_a_Slave #Bheki_Mseleku #Grisgris #Incarcerated_Knowledge #Jonah #Kwaku_Ananse #Le_President #Mother_of_George #Of_Good_Report #The_Square #Under_the_Starry_Sky

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » La haine de la République et l’incapacité de penser
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/11/24/la-haine-de-la-republique-et-lincapacite-de-penser

    Le texte que j’ai écrit sur ce blog « Les fonctionnaires sont productifs. Ras-le-bol des âneries ! », ainsi que sa version publiée dans Libération le 29 octobre 2013, « Les fonctionnaires, créateurs de richesse et de valeur », ont soulevé un torrent de haine et d’insultes sur le site de Libération et sur un site de droite extrême délirant d’idéologie ultra-libérale nommé « Contrepoints », relayées ici même. La haine et les insultes déversées contre moi sont une chose qui, somme toute, ne devraient susciter qu’un haussement d’épaules. Mais elles donnent une idée effrayante de la haine de la République qu’éprouvent leurs auteurs, en même temps que de leur incapacité de penser.

    La haine de la République

    Je reviens donc une nouvelle fois sur un point de théorie qui bouscule à droite et aussi à gauche parce qu’il vise à montrer que la terre économique tourne autour du soleil et non pas l’inverse.

    Ce que ne comprennent pas ceux qui enverraient bien dans un camp de rééducation, ou pire, s’ils en avaient le pouvoir, tous les citoyens qui ne pensent pas en rond comme eux, a trait à l’économie vue comme un circuit. Ils ne comprennent pas qu’on puisse mettre en doute l’idée selon laquelle seule l’économie marchande crée de la richesse, en tant que biens et services utiles, mais aussi de la valeur, en tant que quantité de monnaie qui circule dans l’économie en contrepartie de la production. La thèse que je soutiens est que, à l’inverse, les travailleurs employés dans la sphère non marchande créent eux aussi de la richesse qui a une valeur économique monétaire, bien que non marchande, qui s’ajoute à celle produite dans la sphère marchande.

    Il s’ensuit que les impôts et autres prélèvements sont effectués sur un PIB total, incluant sa part marchande et sa part non marchande. Donc, les fonctionnaires ne sont pas payés par les seuls citoyens travaillant dans la sphère marchande, ils sont payés par tous les citoyens, eux compris....

    #haine
    #République
    #incapacité-de-penser

    • D’abord, parce que les délireurs ultra-libéraux ne supportent pas que la collectivité décide qu’une partie des ressources humaines et matérielles disponibles soit affectée à la production de services qui ne pourront pas engendrer de la plus-value grossissant le capital avide de rentabilité, ces ressources n’étant dès lors plus disponibles pour cela.

      Oui cette idée que la part de richesse produite qui est gérée (c’est à dire affectée à des dépenses, donc par raccourci « dépensée ») par la collectivité ne serait pas une vraie richesse (puisqu’elle n’enrichit pas directement un investisseur privé), c’est vraiment un lieu commun à combattre.
      Les capitalistes, à travers leur belle mythologie néolibérale, ont réussi à convaincre les masses qu’une activité privée rentable pour des investisseurs était forcément économiquement meilleure, plus performante, plus saine qu’une activité publique utile pour la collectivité. Ils sont très forts ( = on très naïfs)

      Cette confusion entre la richesse produite par l’activité du territoire dans son ensemble (PIB) et la richesse qui intéresse les capitalistes (la production du secteur privé), @monolecte en avait dégoté un bel exemple ici
      http://seenthis.net/messages/161287

      Cette controverse n’est pas anecdotique, cette volonté de nier à la puissance publique son rôle/efficacité économique, on comprend bien quel intérêt cela a pour le pouvoir capitaliste, pour lesquels les Etats redistributifs sont le dernier obstacle à leur pouvoir total.

      D’où l’importance pour tous de bien comprendre de quoi on cause quand on parle de PIB..
      http://seenthis.net/messages/190597
      #idéologie

    • Le privé n’a pas démontré sa performance en matière de gestion. Je prends pour exemple celui de la Sécurité sociale qui a réduit ses coûts de gestion entre 2005 et 2010 de 3,6% des dépenses à 3,07%. ▻http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110323trib000610153/comment-la-securite-sociale-veut-reduire-ses-couts-de-gestion.html

      Les mutuelles se situent actuellement vers 12% .
      En 2014, obligation d’informer les assurés du pourcentage de frais de gestion prélevé sur leur cotisation http://www.argusdelassurance.com/acteurs/mutuelles-de-sante-ip/un-arrete-reporte-a-2014-la-publication-des-frais-de-gestion-sant
      ,

    • Au delà des préjugés sur la « productivité » du secteur public, il y a un autre aspect idéologique qui fait que les libéraux ont du mal à admettre que le secteur public puisse créer des richesses : pour eux toute dépense collective qui ne passe pas par le « marché » n’est pas une richesse car elle est « subie » par le consommateur (le libéralisme a transformé le citoyen-contribuable en consommateur-tout-court).
      Si celui ci n’a pas la liberté de dépenser son argent comme il l’entend sur un marché, si le financement de ce bien passe par l’impôt au lieu de passer par une transaction de marché, ce consommateur compulsif se sent dépossédé, floué, appauvri.

      Dans le libéralisme, le moteur c’est la liberté d’assouvir ses instincts égoïstes. Et dans la psychologie libérale, le collectif c’est l’oppression. Une richesse produite/consommée collectivement c’est un non-sens pour eux. La richesse publique, c’est pour eux quasiment un oxymore.. D’où l’agressivité des réactions aux propos de JM Harribey..

  • Aux Etats-Unis, 10.000 détenus bientôt libérés par manque de moyens - Infos - Replay
    http://videos.tf1.fr/infos/2013/aux-etats-unis-10-000-detenus-bientot-liberes-par-manque-de-moyens-824434

    C’est une décision de La Cour suprême : l’administration pénitentiaire de Californie va devoir libérer 10.000 prisonniers. En cause, le manque de moyens alloué à l’Etat qui ne peut plus « accueillir » dignement les détenus dans des prisons surpeuplées.

    Un pas vers le contrôle des sous-traitants ou un moyen de pression pour augmenter le budget de la sous-traitance ?

    #prison #Etats-unis

  • Polémique estivale ! Un arrêt de la Cour de cassation est venu invalider un décret du ministère de la justice passé en 2004 par M. Dominique Perben pour suspendre les délais de prescription des peines. Certaines personnes, détenues illégalement entre 2004 et 2012, devraient donc être libérées… Des prisons vidées par une garde des sceaux « laxiste » ?! Mme Christiane Taubira a aussitôt retourné le compliment à l’opposition, au pouvoir en 2004, tout en assurant que la levée d’écrou ne concernait pour l’heure que six individus. Elle aurait pu également rappeler que c’est sous le mandat de M. Perben que l’Etat a commencé à privatiser des prisons, qui n’ont jamais été aussi surpeuplées qu’aujourd’hui. L’occasion de relire cette analyse de Loïc Wacquant.

    Détenus libérés : Taubira contre-attaque et ironise sur le "laxisme" de droite http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/07/taubira-contre-attaque-et-ironise-sur-le-laxisme-de-droite_3458573_3224.html

    Privatisations, par Mathilde Du Pasquier (#2004/09)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/DU_PASQUIER/11455

    La prison comme arme absolue, par Loïc Wacquant
    http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/WACQUANT/11454

    Gavées de discours apocalyptiques sur l’insécurité, l’Europe et la France se sont engagées dans le sillon américain de la privatisation des #prisons et se sont lancées dans une escalade pénale. L’#incarcération est devenue l’arme absolue pour lutter contre les désordres urbains et sociaux. Elle frappe en premier les couches les plus défavorisées. Non seulement elle ne règle aucun problème, mais elle devient un instrument de paupérisation et de marginalisation.

    #Justice #Pauvreté #Société #Criminalité #Libéralisme #France

  • La revue des ressources, On ne peut pas améliorer les prisons
    http://www.larevuedesressources.org/on-ne-peut-pas-ameliorer-les-prisons-l-incarceration-a-tout-va

    Nous confrontons, à treize décennies d’écart, les constats de Pierre Kropotkine [...] et ceux d’analystes du XXIe siècle [...] sur l’état des #prisons : inhumanité de l’#incarcération, #travail carcéral, rôle des entrepreneurs privés dans le secteur, #récidive, échecs d’hier et d’aujourd’hui de politiques répressives non seulement brutales mais intéressées.

  • Sterilization for women in prison : reproductive rights and choices of female inmates under pressure and coercion

    http://bitchmagazine.org/post/california-prison-sterilize-women-reproductive-rights-investigation

    Starting in 2006, Christina Cordero spent two years in California’s Valley State Prison for Women for auto theft. She arrived at the prison pregnant and was taken to see the the prison OB-GYN James Heinrich. “As soon as he found out that I had five kids, he suggested that I look into getting it done. The closer I got to my due date, the more he talked about it,” said Cordero, now age 34. Cordero finally agreed to the procedure before being released in 2008. “Today,” she said, “I wish I would have never had it done.”

    Cordero is one of nearly 250 women who have been sterilized while in the California prison system over the last few decades. While millions of eyes were focused on reproductive-rights debates happening in Texas, Wisconsin, and North Carolina this month, the Center for Investigative Reporting released a report that revealed nearly 150 women were sterilized in California prisons from 2006 to 2010 without proper state oversight. According to state documents, approximately 100 additional women had been sterilized in the late 1990s. Several women said Heinrich had pressured them into the operation, sometimes when they were actively in labor or on the operating table for a C-section.

    In his defense, Dr. Heinrich told the Center for Investigative Reporting that the $147,000 spent on sterilizing inmates was minimal “compared to what you save in welfare paying for these unwanted children—as they procreated more.”

    Heinrich’s comment reflects the widespread attitude that certain women, such as women in prison (or women in Texas or Wisconsin if you believe those state lawmakers) should not have the right to determine their reproductive choices.

    (...)

    These sterilizations are part of a gamut of reproductive justices facing people in women’s prisons, and not just those in California: until recently, pregnant women in Arizona’s Maricopa County jail had been denied abortions unless they obtained a court order and prepaid transportation and security costs. Such requirements often prevented women from accessing abortions. In most states, childbirth behind bars occurs in shackles and chains.

    (...)

    These attacks are a gendered way of heaping more punishment onto people in women’s prisons, the majority of whom are women of color. We have to remember that the United States has a long history of coerced sterilization of women of color that reaches as late as the 1960s and 1970s. Medical staff often lied to women about the procedure, assuring them that it was reversible, or simply did not tell them that an additional procedure had been added to their prescheduled surgery. Coercing sterilization of women inside prisons is a way to continue these attacks out of the public eye.

    Let’s also remember that people in men’s prisons were not offered, let alone coerced into, sterilization regardless of how many children they have.

    (...)

    #incarceration #pregnancy_in_prison #prisons #reproductive_justice #reproductive_rights #women_in_prison #sterilization #BirthingBehindBars

    • @bp314 je pense qu’il s’agit de femmes qui rentrent en prison déjà enceintes. Sinon je ne sais pas comment sont aménagées les prisons là bas mais en France les parloirs, s’ils n’autorisent pas les rapprochements « charnels », n’ont pas de séparation entre le prisonnier et son visiteur... Il existe aussi des aménagements réglementés pour les couples.

    • Sur le sujet je conseil ce texte
      Sexualités féminines en prison : pratiques, discours et représentations
      par Gwénola Ricordeau
      http://gss.revues.org/830

      À partir d’une enquête de terrain dans cinq établissements pénitentiaires et de la réalisation d’entretiens avec des hommes et des femmes incarcérés, nous questionnons l’idée d’une spécificité féminine des expériences sexuelles en prison, mais aussi d’une spécificité en prison de ces expériences sexuelles féminines. Ce questionnement passe par une description des pratiques sexuelles dans les détentions féminines et des représentations masculines de la sexualité féminine incarcérée, mais aussi par une comparaison des économies de la sexualité dans les détentions masculines et féminines. Trois thèmes sont mobilisés pour cette comparaison : les rapports avec le personnel de surveillance du sexe opposé, les violences à caractère sexuel en détention et les formes de catégorisation – et subséquemment de hiérarchisation – existant parmi les personnes détenues.

      #femme #femmes #prison #sexualité #stérilisation

    • @bp314 Il s’agit effectivement de femmes qui entrent en prison alors qu’elles sont déjà enceintes. Et s’il existe des « bébés parloirs » en France malgré l’interdiction, je ne sais pas quelle possibilité est réellement laissée aux détenues aux USA.

      @soseen Merci pour la référence en Français. Ici l’article sur les prisons californiennes et leurs méthodes de « contournement » du consentement obligatoire en matière de stérilisation des détenues dont le papier de Slate est probablement issu :

      Former inmates and prisoner advocates maintain that prison medical staff coerced the women, targeting those deemed likely to return to prison in the future.

      Crystal Nguyen, a former Valley State Prison inmate who worked in the prison’s infirmary during 2007, said she often overheard medical staff asking inmates who had served multiple prison terms to agree to be sterilized.

      (...)

      The allegations echo those made nearly a half-century ago, when forced sterilizations of prisoners, the mentally ill and the poor were commonplace in California. State lawmakers officially banned such practices in 1979.

      Read more here : http://www.sacbee.com/2013/07/07/5549696/female-inmates-sterilized-in-california.html#storylink=cpy

  • 5 New #Films_To_Watch Out For, N°28
    http://africasacountry.com/5-new-films-to-watch-out-for-n28

    Here’s another pick of five interesting-looking new films that have come out recently. #Born_This_Way is a #FILM by Shaun Kadlec and Deb Tullmann about gay activists and members of “Alternatives Cameroun,” the first LGBT organization in Cameroon — a cause made all the more urgent by the recent killing of Camfaids director and activist Eric [...]

    #Aya_de_Yopougon #El_Gusto #Incarcerated_Knowledge #The_New_World

  • comment soutenir les personnes incarcérées et autres inculpé-e-s - Zone A Défendre #NDDL
    http://zad.nadir.org/spip.php?article1040

    Nous tenons à vous rappeler que DEUX camarades de la lutte contre l’aéroport sont en ce moment en prison (et un troisième a été condamné à 6 mois avec mise à l’épreuve, c’est-à-dire qu’il risque d’être enfermé à un moment ou un autre).
    Tout acte de solidarité est le bienvenu. Participer à la #lutte contre l’#aéroport et son monde en est un. Puis rester en contact avec les personnes incarcérées pour leur montrer notre #soutien en est un autre, bien nécessaire pour rendre leur temps d’#incarcération plus vivable et pour qu’ils n’oublient pas qu’ils ne sont pas tous seuls face à ce monde répressif. N’hésitez donc pas à leur écrire des LETTRES ou des cartes postales.

  • Christian Vanneste, Proposition de loi visant à rendre obligatoire le travail en détention afin notamment de faire participer les personnes condamnées aux frais de leur incarcération
    http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion4306.asp

    La pension en centre pénitencier représente un véritable #coût pour la collectivité. À titre d’exemple, le coût moyen d’un détenu en maison d’arrêt dépasse les 100 euros par jour. Il n’est pas normal que cet effort financier soit en totalité soit pris en charge par les contributions publiques, car l’#incarcération du détenu n’est que le résultat de son comportement.

    Je préfère largement Christian Vanneste à Stéphane Hessel. Alors que le second appelle à gentiment s’indigner, le premier signe sans cesse des appels à tout cramer.

  • Unicef criticises Britain for jailing children over riots | UK news | The Guardian
    http://www.guardian.co.uk/uk/2011/oct/09/unicef-britain-riots-children-jailed

    Unicef has criticised the UK judicial system for locking up children allegedly involved in the August riots and warned ministers that they are likely to be in breach of their UN obligations to children’s rights.

    The UN children’s fund said official figures showing that 45% of all under 18s detained on charges of rioting and looting had no previous criminal history were “very worrying”, and represented a possible breach of the 1989 UN convention on the rights of a child.

    #enfants #incarcération