• « Le dispositif de récupération des biodéchets est un miroir aux alouettes », Sabine Barles, urbaniste

    Jusqu’au tournant du XXe siècle, le mot « déchet » n’est pas employé pour désigner les matières organiques, tout simplement parce que ces résidus – épluchures, os, excréments… – sont considérés comme très utiles, notamment pour l’agriculture, où ils servent d’engrais. On les appelle boues, ordures (du latin horridus, qui veut dire « horrible »), ou immondices (du latin immunditia, « saleté »), ce qui n’empêche pas de les valoriser.

    Le mot déchet (qui vient du verbe choir) désigne, au contraire, ce qu’on n’utilise pas dans la fabrication ou la transformation d’un objet, comme les chutes de tissu lors de la confection d’un vêtement.

    [...]

    Depuis le 1er janvier, les collectivités doivent organiser le tri à la source des déchets organiques. Cette mesure marque-t-elle une étape dans ce nouveau récit ?

    A première vue, récupérer les matières organiques semble être une mesure positive. Mais au-delà même des difficultés de faisabilité, le dispositif est un miroir aux alouettes, une façon de nous laisser croire qu’on agit sans aborder les problèmes de fond. Pour que cette collecte soit vraiment utile, il ne suffit pas de déposer un bac et d’organiser une tournée supplémentaire. Il faut un objectif.

    Les #villes concentrent un gisement d’#engrais qui, si on le mobilise, peut contribuer à la nécessaire transformation de l’#agriculture et à la sortie des engrais industriels, à la fois à l’échelle locale pour développer l’agriculture urbaine, mais aussi plus largement à l’échelle régionale. Car il n’existe pas de ville autarcique, c’est une illusion. Chacune entretient des liens avec des territoires qui l’approvisionnent et qu’elle peut approvisionner. Et il est logique et nécessaire que les villes rendent à la #campagne ce qu’elles lui prennent, comme elles l’ont fait jusqu’au début du XXe siècle.

    Malheureusement, la question de cette complémentarité entre la ville et la campagne n’est pas abordée aujourd’hui. Pourtant, l’agriculture n’est jamais très loin de la ville. L’objectif n’est pas que le compost fasse des milliers de kilomètres, mais il peut en parcourir dix à vingt.

    Pour une région comme l’Ile-de-France et le bassin de la Seine, où plus de 40 % de l’espace est agricole, la récupération des fertilisants urbains permettrait, avec la généralisation d’un système de #polyculture et d’élevage biologique, de sortir des engrais industriels. On sait que cela fonctionne, mais ce n’est pas à l’agenda politique.

    Quels sont les principaux freins à de tels changements ?

    La valorisation agricole des #biodéchets se heurte à plusieurs obstacles : la production d’#énergie continue d’avoir la faveur de nombreuses collectivités, qui sont aussi souvent dépendantes des filières existantes. Ces filières nécessitent des équipements lourds – la massification entraînant des économies d’échelle – qui doivent être nourris en permanence. C’est le cas de l’#incinération, qui s’est considérablement développée depuis les années 1970 et permet la production de chaleur. Les villes équipées n’ont aucun intérêt à priver leurs incinérateurs de #déchets.

    Dans d’autres cas, la #méthanisation, qui consiste à dégrader les matières organiques par l’action de bactéries pour produire du biogaz, vient directement concurrencer le compostage des biodéchets. Or, ce procédé ne produit qu’une quantité limitée d’énergie et conduit à la perte d’une matière organique qui serait bien plus utile à l’agriculture. La priorité de l’utilisation agricole par rapport à la valorisation énergétique est pourtant inscrite depuis 2008 dans la hiérarchie officielle des traitements des déchets.

    Que faudrait-il faire pour aller plus loin ?

    Outre la mise en place d’une filière structurée de valorisation agricole, le plus urgent est aujourd’hui de diminuer les quantités de biodéchets. De 20 % à 30 % des produits alimentaires sont perdus à différents niveaux de la chaîne : une partie non négligeable du gaspillage intervient dans la sphère domestique et les services de restauration collective, mais beaucoup de pertes ont lieu plus en amont. Il serait nécessaire d’engager une réflexion sur l’ensemble du système #agri-alimentaire, ce qui n’est pas du ressort des collectivités qui gèrent les déchets.

    Le #recyclage, présenté comme l’alpha et l’oméga de la croissance verte, est une mauvaise réponse s’il est pensé en bout de chaîne, comme c’est le cas aujourd’hui. Une vraie stratégie de sobriété énergétique et matérielle suppose des implications économiques et politiques autrement importantes et une transformation profonde de la société. On en est encore loin.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/04/sabine-barles-urbaniste-le-dispositif-de-recuperation-des-biodechets-est-un-

    https://justpaste.it/fthlb

    #histoire #écologie

  • #Rima_Hassan : « Nous subissons une #punition_collective »

    Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à #Gaza est un « #carnage », qui relève d’une logique de « #génocide ». Elle dénonce le #cynisme de #Nétanyahou et la #récupération du #Hamas.

    Rima Hassan, 30 ans, est une Palestinienne dont toute la vie s’est déroulée en exil. Apatride jusqu’à ses 18 ans, aujourd’hui française, elle suit la guerre depuis la Jordanie, où elle séjourne actuellement pour une recherche à travers plusieurs pays sur les camps de réfugié·es palestinien·nes. Juriste autrice d’un mémoire de master en droit international sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud, cette fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés dénonce aujourd’hui un « génocide » et la #responsabilité d’#Israël dans la création du Hamas. Elle répond par téléphone à Mediapart samedi après-midi, alors que toutes les communications avec Gaza étaient coupées depuis la veille au soir.

    Mediapart : Qu’avez-vous comme informations sur ce qu’il se passe depuis vendredi soir à Gaza ?

    Rima Hassan : Les seules informations dont je dispose sont celles des journalistes d’Al Jazeera. C’est un carnage qui est en train de se passer. Jusqu’ici, l’#armée_israélienne prévenait tout de même avant de bombarder : #Tsahal larguait des centaines de petits coupons de papier sur la population gazaouie, pour avertir et donner quelques heures aux civils pour évacuer. Mais cette nuit-là, d’après Al Jazeera, il n’y a même pas eu d’annonce. Ce sont des #attaques_indiscriminées, par tous les moyens dont dispose l’armée israélienne. Il faudra mettre en perspective le nombre de responsables du Hamas tués par rapport au nombre de #victimes_civiles. D’après l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, 1,2 million de personnes de la bande Gaza ont par ailleurs déjà été déplacées.

    Ce qui se passe est inédit, paralysant, il est très compliqué de réfléchir. Depuis vendredi en fin de journée, on ne peut plus joindre personne dans la bande de Gaza.

    Comment qualifier les événements ?

    Cela relève du génocide. On n’a pas encore les chiffres précis, les Palestiniens ne sont plus en mesure de compter leurs morts. Ce vendredi 27 octobre était de toute façon une nuit sans précédent en termes d’intensification des #bombardements, dans l’un des territoires les plus densément peuplés au monde.

    Mais au-delà des morts, c’est tout ce qui entoure cette offensive qui caractérise le génocide : le fait de ne pas laisser de passages sûrs accessibles aux civils pour pouvoir fuir les combat, d’empêcher les humanitaires de passer, de ne pas prévenir les lieux qu’on cible, et le #blackout. En coupant toutes les communications, les autorités israéliennes veulent minimiser l’écho international de ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza. Je rappelle que 34 journalistes ont été tués dans le territoire depuis le 7 octobre.

    On fait tout pour concentrer une population sur un même espace, et précisément au moment où une résolution est adoptée à la majorité à l’ONU en faveur d’un cessez-le feu, on intensifie les bombardements, tout en bloquant tous les canaux de #communication : tout est mobilisé pour que les dégâts soient maximaux.

    Israël a tué bien plus à Gaza depuis le 7 octobre qu’au cours des vingt dernières années.

    Estimez-vous qu’il y a une intention génocidaire ?

    Il suffit d’écouter les déclarations des officiels israéliens. L’#animalisation du sujet palestinien est constante, de la même manière que les Juifs et les Tutsis étaient comparés à des animaux. Toutes les catégories des groupes ayant fait l’objet de #massacres ont été déshumanisées dans le but de justifier leur exclusion de la communauté humaine ; c’était un préalable à leur #extermination. « Nous combattons des #animaux_humains », a dit le ministre israélien de la défense #Yoav_Gallant le 9 octobre…

    Les médias israéliens répandent en outre l’idée qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza : les civils tués sont assimilés au Hamas, à des terroristes – dans ces circonstances, un #dommage_collatéral n’est pas très grave. Les propos tenus sont sans ambiguïté : « #incinération_totale », « Gaza doit revenir à Dresde », « annihiler Gaza maintenant », etc. Voilà ce qu’a pu dire jeudi #Moshe_Feiglinun, ancien membre de la Knesset, sur un plateau télé.

    On a entendu dire également par #Benyamin_Nétanyahou que les Palestiniens pouvaient être accueillis dans le #Sinaï [territoire égyptien frontalier d’Israël et de la bande de Gaza – ndlr], ce qui renvoie, là aussi, à une logique de #disparition : c’est une population indésirable que l’on souhaite exclure.

    Toute cela s’inscrit dans une logique colonialiste de la part d’Israël, depuis sa création. Depuis longtemps on observe, chez les officiels israéliens, une constante à déshumaniser les Palestiniens, qui, bien avant le 7 octobre 2023, ont été comparés à des #cafards ou à des #sauterelles. « Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles (…) leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs », disait le premier ministre israélien #Yitzhak_Shamir en 1988. « Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes qu’à tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille », avait déclaré le chef d’état-major #Raphael_Eitan en 1983 d’après le New York Times.

    Les massacres du 7 octobre ont été perçus comme quelque chose d’explosif. En termes de vies civiles perdues, c’est sans précédent. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans un #conflit_colonial_asymétrique, où les #réfugiés_palestiniens ont vu l’abolition de leur #droit_au_retour, où les Palestiniens de #Cisjordanie vivent sous #colonisation et sous #occupation, où les Palestiniens citoyens d’Israël se sont vu octroyer un statut de seconde zone après un régime militaire jusqu’en 1967, et où les Palestiniens de Gaza vivent un #blocus illégal depuis dix-sept ans.

    Quelle est l’importance du facteur religieux ?

    Ce n’est pas un #conflit_religieux. Même si l’on a au pouvoir des gens liés à une #radicalité_religieuse, du côté du pouvoir israélien comme du Hamas. On observe une #dérive_religieuse dans les extrêmes des deux sociétés.

    La population palestinienne ne fait pas de reproche aux Israéliens pour ce qu’ils sont – des Juifs –, mais pour ce qu’ils font : la colonisation.

    Rappelons que les personnes à l’origine de la fondation de l’État d’Israël étaient des laïques, et non pas des religieux. L’identité palestinienne a par ailleurs toujours été multiconfessionnelle.

    Il est inconcevable de confisquer une souffrance palestinienne vieille de 75 ans avec la #récupération qui est faite aujourd’hui par le Hamas. Pour nous, c’est la #double_peine.

    Côté israélien, c’est d’un #cynisme sans nom : c’est Nétanyahou lui-même qui a soutenu le Hamas, car l’organisation islamiste était perçue comme rivale du #Fatah [parti nationaliste palestinien fondé par Yasser Arafat – ndlr]. Voilà ce qu’il déclarait par exemple en mars 2019, comme l’a rappelé récemment un article d’Haaretz : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. » Israël a une responsabilité majeure dans la création de l’organisation islamiste. Ce sont les autorités israéliennes qui ont nourri le monstre.

    Nous subissons avec ce blocus une punition collective. Nous qui utilisons le droit international et la voie diplomatique, qui nous battons depuis des dizaines d’années pour un État laïque, nous nous trouvons face à des autorités qui ont soutenu le Hamas... et qui aujourd’hui nous bombardent.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective
    #Palestine #7_octobre_2023 #déshumanisation #religion #à_lire

  • Why plastic ? - Le #mensonge du #recyclage

    Qu’advient-il réellement de nos déchets plastiques une fois que nous les avons mis dans le bac de recyclage ?
    Alors que la crise de la pollution plastique est devenue un scandale international, les plus grandes marques de biens de consommation de la planète ont déclaré avoir une solution : le recyclage. Mais nos emballages plastiques ont toujours plus de chances de finir brûlés ou jetés que recyclés.

    https://pages.rts.ch/docs/doc/12884036-why-plastic-le-mensonge-du-recyclage.html
    #film #documentaire #film_documentaire
    #Bulgarie #incinération #emballage #décharges_sauvages #déchets_plastique #Grüne_Punkte #économie_circulaire #tri #décyclage #électricité #valorisation_thermique_des_déchets #Chine #marché_noir #Turquie #crime_organisé #corruption #combustible #Terracycle #Tom_Szaky #éco-blanchissement #industrie_pétrochimique #Alliance_to_end_plastic_waste

  • Des niveaux de dioxines « exceptionnellement élevés » autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII


    Vue générale de la ville d’Ivry-sur-Seine et de #Paris avec, en arrière-plan, la fumée qui se dégage de l’incinérateur, le 15 septembre 2021. RAFAEL YAGHOBZADEH/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

    Des analyses effectuées par la fondation ToxicoWatch autour du plus grand incinérateur d’Europe font apparaître des teneurs élevées en dioxines, souvent au-dessus des normes sanitaires et parmi les plus hautes valeurs retrouvées en Europe.

    L’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, le plus grand d’Europe, représente-t-il une menace pour ses nombreux riverains ? Une étude inédite à laquelle Le Monde a eu accès ravive le débat. Elle révèle en effet des niveaux élevés de #dioxines aux alentours de l’usine, posée en bordure de périphérique, à cheval sur le 13e arrondissement de Paris et la commune d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Chaque heure, 100 tonnes d’ordures ménagères – issues de quatorze communes – partent en fumée dans ses deux grandes cheminées avec ses émanations d’oxydes d’azote et de soufre, d’acide chlorhydrique, de poussières, de métaux lourds ou encore de dioxines. Aussi toxiques que persistantes dans l’environnement, les dioxines figurent sur la liste noire des composés chimiques les plus préoccupants de l’Organisation mondiale de la santé. Elles sont classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer. Dangereuses même à des doses infimes, elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire.

    L’étude a été réalisée par la fondation ToxicoWatch, une ONG néerlandaise constituée de chercheurs qui fait référence dans l’analyse toxicologique des polluants émis par les incinérateurs et en particulier des dioxines. L’investigation a été menée à la demande du collectif 3R (Réduire, réutiliser, recycler), qui milite pour les alternatives à l’incinération des déchets. Elle s’inscrit dans un programme européen de recherche de biosurveillance concernant plusieurs centres d’incinération en Espagne (Madrid et Zubieta), en République tchèque (Pilsen) ou encore en Lituanie (Kaunas).
    Les études de biosurveillance permettent d’évaluer l’exposition à des polluants à partir de biomarqueurs. Trois marqueurs ont été choisis pour cette étude : des œufs de poules élevées en plein air, des feuillages d’arbres et des mousses. Tous font apparaître des niveaux élevés en dioxines, souvent au-dessus des normes sanitaires et parmi les plus hautes valeurs retrouvées en Europe par ToxicoWatch.

    Des œufs pour évaluer le niveau de contamination

    Les œufs de poule sont utilisés dans de nombreuses publications scientifiques pour évaluer le niveau de contamination de l’environnement : les dioxines vont s’y concentrer par un phénomène de bioaccumulation. Des échantillons ont été prélevés dans huit poulaillers situés dans un périmètre compris entre 800 et 3 000 mètres de l’incinérateur, sur les communes d’Ivry-sur-Seine, Paris et Alfortville.

    A l’exception d’un poulailler, tous les échantillons font apparaître des niveaux de concentration en dioxines supérieurs aux limites européennes en matière de sécurité sanitaire des aliments. Et dans des proportions importantes : entre deux fois et plus de quatre fois la valeur limite, fixée à 5 picogrammes (pg) par gramme de matière grasse. En d’autres termes, si ces œufs étaient produits pour être commercialisés, ils seraient interdits à la vente. A titre de comparaison, l’œuf « témoin », acheté dans un supermarché d’Ivry-sur-Seine, présente une concentration en dioxines de 0,5 pg/g.
    « Les résultats de ces analyses sont exceptionnellement élevés », commente Abel Arkenbout, toxicologue et directeur de ToxicoWatch. Entre 2019 et 2021, la fondation a mené des recherches à partir de l’analyse d’œufs autour d’incinérateurs aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en République tchèque et en Lituanie. Les échantillons collectés autour de l’installation francilienne présentent les niveaux les plus élevés en dioxines et là aussi dans des proportions importantes : deux à quatre fois supérieurs à ceux mesurés en Belgique ou en Espagne.

    Des valeurs record observées en Europe

    L’analyse des prélèvements d’arbres et de mousses (réalisés dans des parcs et jardins publics dans un périmètre d’un kilomètre autour de l’incinérateur) révèle également des niveaux élevés en dioxines. Pour les arbres (pin sylvestre, cèdre, cyprès), tous les échantillons se classent parmi les valeurs record observées en Europe par ToxicoWatch.

    Suez, qui exploite l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, mesure également les teneurs en dioxines dans les mousses. Les résultats communiqués dans son rapport 2021 – concernant la période 2016-2020 – sont compris entre 0,3 et 1,2 pg/g. L’exploitant en conclut qu’« aucun impact lié à l’incinérateur ne peut être détecté ». Des teneurs et des conclusions bien éloignées de celles de ToxicoWatch : les résultats des échantillons de mousses prélevés dans le cadre de l’étude oscillent entre 1,2 pg/g et 4,90 pg/g, soit des niveaux quatre fois supérieurs.

    Contactée par Le Monde, l’agence métropolitaine des déchets ménagers (#Syctom), propriétaire de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, indique ne pas pouvoir réagir à l’étude faute d’avoir pu en prendre connaissance.

    « Des anomalies très inquiétantes »

    Les niveaux élevés de dioxines mis en évidence dans l’étude sont-ils attribuables à l’incinérateur ? Une voiture qui brûle ou un feu de déchets verts émet également des dioxines. « Il est scientifiquement difficile d’établir avec certitude l’origine des dioxines, reconnaît ToxicoWath. Mais l’analyse des dioxines a montré la présence de profils typiques de l’incinération des déchets. »

    Les profils des dioxines relevés autour de l’incinérateur francilien sont similaires à ceux observés par la fondation directement dans les cheminées de l’incinérateur de Harlingen, aux Pays-Bas. Construit en 2011, cet incinérateur de dernière génération a dû renforcer la surveillance de ses émissions après que ToxicoWatch a mis en évidence des niveaux élevés de dioxines, déjà dans des œufs, et obtenu sa condamnation en 2019 par le Conseil d’Etat néerlandais pour avoir sous-estimé le niveau réel des émissions. Les travaux de ToxicoWatch, à l’instar de plusieurs publications scientifiques, ont montré que les rejets les plus importants ont lieu lors des phases d’arrêt et de redémarrage des fours, marquées par une instabilité des températures propice à la formation des dioxines.

    « Ces résultats traduisent des anomalies très inquiétantes dans le contrôle des concentrations de dioxines : ils aggravent la situation de non-conformité de l’agglomération parisienne avec la réglementation européenne sur la qualité de l’air très préjudiciable à la santé humaine ainsi qu’à l’environnement », commente Louis Cofflard, l’avocat à l’origine du recours des Amis de la Terre qui a conduit le Conseil d’Etat à condamner le gouvernement à une amende record de 10 millions d’euros pour son action insuffisante sur le front de la pollution de l’air. « Il n’est pas acceptable que l’#incinération demeure le mode de traitement de plus de 70 % des déchets de Paris et de ses communes voisines, estime Me Cofflard. Des investissements conséquents doivent être engagés pour rattraper notre retard en termes de prévention et de taux de recyclage, notamment en vue de la généralisation du tri à la source des biodéchets » avant 2025.

    A cette date, le gouvernement s’est fixé pour objectif de recycler 55 % des déchets ménagers. En Ile-de-France, le taux de recyclage plafonne à 22 %. Pour le compte du collectif 3R et de Zero Waste France, Me Cofflard a déposé plusieurs recours contre la construction d’un nouvel incinérateur sur le site d’Ivry-Paris XIII. En vain. L’usine actuelle, construite en 1969 et modernisée à plusieurs reprises, arrive en fin de vie.

    En chantier, la nouvelle « unité de valorisation énergétique » (terme désormais préféré à celui d’incinérateur, une partie des déchets brûlés alimentant le système de chauffage urbain parisien) doit entrer en service en avril 2024. Selon le Syctom, sa capacité sera réduite de moitié, pour passer de 700 000 à 350 000 tonnes incinérées par an. Pour tenir cet objectif ambitieux, il est prévu qu’une « unité de valorisation organique » (UVO) voie également le jour à la place du vieil incinérateur pour absorber les quelque 350 000 tonnes de déchets alimentaires et les transformer en compost ou biogaz par méthanisation. Contesté notamment par le maire d’Ivry, cet UVO fait aujourd’hui l’objet d’un moratoire.
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/07/des-niveaux-de-dioxines-exceptionnellement-eleves-autour-de-l-incinerateur-d

  • Health Authority in northeast Syria buries coronavirus dead with precautionary measures in Syria’s north Aleppo - North Press Agency

    The Co-chair of Health Authority in the Autonomous Administration, Hevin Hussein, said that a specialist medical team has buried the bodies of those deceased from coronavirus and placed them in marked graves.

    In a special statement, she told North Press on Saturday that the medical team implemented precautionary measures by wearing appropriate personal protective equipment (PPE) according to standard precautions (gloves, disposable gowns, masks, eye protection and disposable shoes) before sterilization of the body.

    #Covid-19#Syrie#Décès#Incinération#Pandémie#migrant#migration

    https://npasyria.com/en/blog.php?id_blog=3109&sub_blog=12&name_blog=Health%20Authority%20in%20nort

  • Coronavirus: Inside Iraq’s only Covid-19 cemetery- Middle East Eye VIDEO
    A small group of volunteers in Iraq are taking on the emotionally and physically demanding task of burying Covid-19 victims after local cemeteries refused to take in those who died of the novel disease

    #Covid-19#Iraq#Décès#Incinération#Pandémie#migrant#migration

    https://www.middleeasteye.net/video/coronavirus-inside-iraqs-only-covid-19-cemetery
    https://youtu.be/HAc2Qllk3aw

  • Aux Etats-Unis, des centaines de villes, croulant sous leurs déchets, ne recyclent plus
    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/03/28/aux-etats-unis-des-centaines-de-villes-croulant-sous-leurs-dechets-ne-recycl

    Depuis que la Chine, jusqu’alors la destination numéro un des déchets américains – et pas seulement –, a choisi de ne plus être la « poubelle du monde », des centaines de municipalités à travers les Etats-Unis découvrent ce qu’il en coûte de consommer, et donc de produire des tonnes de déchets. Et se voient obligés de réinventer la gestion de leurs déchets. [...]

    Conséquence : le tri du papier, des plastiques, du métal et du verre, ainsi que la recherche de débouchés pour ces produits se révèlent aujourd’hui des opérations trop onéreuses pour nombre de communes américaines. Même pour la plus grande ville de Pennsylvanie, dont les habitants produisent 400 tonnes de déchets recyclables par jour.

    Lorsqu’ils étaient recyclés, la municipalité de Philadelphie gagnait de l’argent : en 2012, Republic Services, l’un des géants de la gestion du secteur, versait 67,35 dollars (environ 60 euros) à la ville pour le traitement d’une tonne de déchets. Mais après la décision des autorités chinoises, la donne a changé. A l’été 2018, lorsque Republic Services renégociait le contrat, l’entreprise envisageait de facturer 170 dollars le recyclage d’une tonne de déchets.

    Trop cher pour la ville, qui a décidé de recourir aux services d’un concurrent, Waste Management. Mais celui-ci n’est en mesure de traiter que la moitié des ordures municipales, pour 78 dollars la tonne. Le reste est incinéré par Covanta Energy, un autre acteur du secteur des déchets et de l’incinération. « La plupart d’entre nous pensent que le recyclage est un service offert par notre ville, mais c’est en réalité un business », rappelle le site Earther.

    #déchets #consommation #surconsommation

  • #Pollution en #Macédoine : la justice ouvre une enquête contre la #décharge de #Skopje

    Depuis des années, les associations écologistes de Skopje dénonçaient la pollution de l’air entrainée par l’#incinération des déchets de la décharge de #Drisla et le fonctionnement opaque de la société italienne gestionnaire. La justice macédonienne semble enfin les avoir entendues et vient d’ouvrir une enquête.


    https://www.courrierdesbalkans.fr/Macedoine-le-Parquet-ouvre-une-enquete-sur-les-activites-de-la-de
    #Italie #privatisation #déchets
    cc @ieva

  • Tomgram: #Dahr_Jamail, Incinerating Iraq | TomDispatch
    http://www.tomdispatch.com/post/175869/tomgram%3A_dahr_jamail%2C_incinerating_iraq

    The disintegration of Iraq is the result of U.S. policies that (...) have generated a modern-day Middle Eastern #Catch-22 in which all sides are armed, funded, and supported directly or indirectly by Washington or its allies.

    (...)

    What is left of Iraq, this mess that is no longer a country, should be considered the legacy of decades of U.S. policy there, dating back to the moment when Saddam Hussein was in power and enjoyed Washington’s support. With Maliki, it has simply been a different dictator, enjoying even more such support (until these last weeks), and using similarly barbaric tactics against Iraqis.

    Today, Washington’s policies continue in the same mindless way as more fuel is rushed to the bonfire that is incinerating Iraq.

    #Etats-Unis #incinération #Irak #Moyen-Orient #chaos

  • Usine d’incinération : la CGT produit les chiffres des polluants envoyés dans l’air
    http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2014/05/23/societe/usine-dincineration-pollution-chiffres-cgt

    La CGT a extrait des données en provenance des capteurs installés dans l’usine d’incinération des déchets du Rohrschollen. Et selon le syndicat, ces mesures confirment qu’il y a bien eu des pollutions atmosphériques à de nombreuses reprises et que les rapports officiels ne contiennent pas tous les incidents.
    [...]
    Mais la CGT est allée fouiller dans le « PC Dreal », un ordinateur collectant les données issues des capteurs installés dans l’usine et produisant des rapports destinés à la Direction régionale de l’environnement (Dreal).
    [...]
    Les capteurs au sein du « processus de valorisation » des déchets surveillent les émissions de HCl (acide chlorhydrique), CO (monoxyde de carbone), NOx (ozone), SO2 (dioxyde de souffre), NH3 (ammoniac), poussières… Ainsi le 17 décembre, vers 7h du matin, l’usine a rejeté 181,5 mg/m³ de poussières quand le seuil maximum autorisé est de 30 mg/m³. Au même moment, 314,5 mg/m³ d’azote ont été envoyés dans l’atmosphère quand le seuil maximum instantané est de 150 mg/m³. Des dépassements de ce genre, les grévistes en ont relevé des dizaines et des dizaines.

    #Pollution #Strasbourg #CGT #Déchet #Incinération