#Sénégal, #Ghana : les #visas évoluent pour “rendre la pareille” à l’#UE et favoriser l’#intégration_régionale
Coup sur coup, le Sénégal et le Ghana ont annoncé modifier leur politique portant sur les visas. Dakar exige désormais des pays européens un #traitement_équitable et réciproque dans la délivrance du précieux sésame, tandis qu’Accra entend ouvrir son territoire à la libre circulation de tout porteur d’un passeport africain.
#Réciprocité et #inclusion. Tels sont les maîtres mots de la politique des visas que plusieurs pays africains souhaitent désormais mettre en place. À commencer par le Sénégal, qui vient d’annoncer, par la voix de son Premier ministre, que le pays entendait désormais appliquer « le principe de réciprocité pour la délivrance de visas aux ressortissants de certains pays l’exigeant à nos ressortissants ». Les États qui imposent « des procédures complexes et coûteuses aux Sénégalais devront désormais s’attendre à la pareille », cingle Seneplus.
De son côté, le Ghana vient d’annoncer la suppression de l’obligation de visa pour tout Africain désirant se rendre sur son territoire. Business Insider African rappelle que le pays ouest-africain rejoint ainsi le Rwanda, les Seychelles, la Gambie et le Bénin en offrant l’entrée sans visa à tous les détenteurs d’un passeport africain. Jusqu’alors, le Ghana offrait un accès sans visa aux citoyens de 26 pays africains, tandis que les voyageurs de 25 autres pays africains pouvaient obtenir un visa à leur arrivée.
Un geste fort du président sortant, dont le mandat prendra fin le 7 janvier 2025, date à laquelle le président nouvellement élu, John Mahama, prendra le pouvoir au Ghana. En ouvrant un nouvel espace de libre circulation, il marque une étape importante vers la réalisation de l’objectif de l’Union africaine en matière d’intégration économique.
Un acte de #souveraineté
Ouestaf rapporte, ce 27 décembre, les propos d’Ousmane Sonko lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Ce dernier estime que les procédures de traitement des demandes de visa portent « préjudice » aux ressortissants sénégalais. Une façon de souligner, analyse le titre, le déséquilibre, voire l’inégalité, qu’induit la politique occidentale vis-à-vis des demandes de visas émanant de ressortissants sénégalais, et plus largement africains.
En effet, affirme Ouestaf, « les Sénégalais, comme beaucoup d’autres Africains, perçoivent comme une humiliation les procédures d’obtention de visas ainsi que les coûts élevés et les délais trop longs qui y sont liés. Selon le site Schengen News, l’UE a récolté 56 millions d’euros en 2023 sur des ressortissants africains dont les demandes de visas ont été rejetées. »
En juillet dernier, BBC Afrique indiquait de son côté que, toujours selon Schengen News, en 2023 les ressortissants africains avaient reçu 704 000 réponses négatives à leurs demandes de visas vers l’espace Schengen, ce qui représentait 41,3 % de toutes les demandes rejetées cette même année.
En outre, indique Ouestaf, cette politique délétère a produit « des pratiques peu orthodoxes dans les procédures de demandes de visas », notamment un trafic autour de la prise de rendez-vous, pour des montants pouvant aller jusqu’à 400 000 francs CFA, soit 612 euros. Autant de pratiques dénoncées par les organisations de la société civile sénégalaise qui n’ont cessé de réclamer une réforme de ces procédures.
Cette mesure s’inscrit également dans la volonté affichée par les nouvelles autorités sénégalaises de mener une politique active de protection des intérêts des Sénégalais à l’étranger.
Un « coup de poignard » pour le tourisme ?
Quoi qu’il en soit, si les modalités de cette nouvelle politique n’ont pas encore été annoncées, la presse sénégalaise spécule sur les pays qui seront désormais soumis à cette obligation de réciprocité. « Des pays comme la France, les États-Unis et plus d’une trentaine d’autres pourraient-ils bientôt être soumis à l’obligation de visa pour entrer au Sénégal ? » interroge ainsi Seneplus dans un autre article.
La presse sénégalaise ne cache pas aussi une légère inquiétude quant aux retombées économiques de cette mesure, notamment sur le secteur touristique du pays. Seneplus rappelle ainsi que le président précédent, Macky Sall, avait déjà mis en place cette mesure, qu’il avait fini par abandonner « après une évaluation des pertes économiques et sous la pression du secteur touristique », indique Seneplus.
Senenews rapporte ainsi les inquiétudes d’acteurs du secteur du tourisme qui estiment, pour certains, qu’une telle mesure revient tout simplement à donner un « coup de poignard fatal au tourisme sénégalais ». La crainte d’un manque à gagner s’ajoute au départ de l’armée française du Sénégal, annoncée à la fin de 2024, pensée aussi comme un acte de souveraineté par le tandem au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, mais qui a constitué la perte d’une « clientèle non négligeable pour le secteur touristique sénégalais ».
Des inquiétudes visiblement entendues par le gouvernement Sonko. En effet, note Seneplus, le Premier ministre sénégalais a indiqué que les répercussions potentielles sur le tourisme seront pris en compte.
Politique panafricaine d’intégration économique
La politique des visas devient aussi, pour de plus en plus de pays africains, le moyen de mettre en oeuvre une politique d’intégration régionale et panafricaine. Car les difficultés dans l’obtention de ces documents, qu’ils soient trop chers ou qu’ils nécessitent de lourdes procédures, limitent les possibilités de commerce, de tourisme et d’échanges culturels entre les pays africains, analyse Business Insider African.
Le titre économique panafricain note ainsi que, paradoxalement, certains pays étrangers bénéficient d’un accès sans visa à divers pays africains, alors que de nombreux États africains appliquent toujours des exigences strictes en matière de visas à leurs voisins. L’assouplissement des exigences dans ce domaine pourrait donc stimuler la croissance économique, le tourisme et les échanges culturels sur tout le continent.
Un constat déjà établi par Fair Planet. Le média en ligne notait, dès le mois d’avril, que l’Afrique gagnerait à créer un espace effectif de libre circulation, alors même que prendre l’avion de l’Afrique vers l’Europe ou les Émirats arabes unis peut revenir moitié moins cher que de voyager à l’intérieur du continent.
Fait Planet rappelle ainsi que l’introduction d’un passeport africain en 2016, conçu pour permettre à ses détenteurs de voyager sans visa sur tout le continent, a été pensé par l’Union africaine comme une étape majeure, sans qu’elle suffise toutefois à permettre une libre circulation intra-africaine complète.
Une Afrique délivrée des visas constituera surtout un formidable signe pour faire avancer la #zone_de_libre-échange_continentale_africaine (#ZLECA). Cette zone africaine, lancée en 2021, vise à unifier plus de 1,2 milliard d’Africains, ce qui en fait la plus grande zone de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.
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#union_européenne