• Sur le climat, les frontières, la subsistance, le soin et la lutte | Out of the Woods
    https://cabrioles.substack.com/p/sur-le-climat-les-frontieres-la-subsistance

    Ainsi, nous devons penser l’organisation contre le changement climatique en prenant en compte le fait qu’il est médiatisé par un monde dominé par le capital colonial et hétéropatriarcal. La violence est organisée et différenciée par ces structures, et c’est par la lutte contre ces structures qu’il nous sera possible de subsister. Nous pouvons nous faire une image précise de ce qui a toujours été fait dans les luttes contre les catastrophes — des luttes reposant sur le soin, la reproduction sociale et l’hospitalité. Ce sont ces choses qui ont toujours permis aux gens de survivre aux catastrophes. Même si les choses vont de pis en pis, ça ne s’arrête pas là ; il y a toujours de la place pour la lutte collective.

    Out of the Woods est un collectif international de recherche partisane qui s’attelle, depuis 2014, à penser la #crise_écologique dans une perspective communiste, décoloniale, féministe et queer.

    · Notes de Cabrioles : Les éditions Présence(s) ont récemment traduit et publié L’Utopie Maintenant ! Perspectives communistes face au désastre écologique [https://presences-editions.me/utopie-maintenant ], le receuil des écrits d’Out the Woods, un collectif dont les analyses et perspectives résonnent particulièrement avec le travail que nous avons mené ici. Cette publication est importante et riche de la variété des thèmes abordés. L’entretien qui suit, réalisé en 2017, en est extrait. Nous remercions chaleureusement les éditions Présence(s) de nous avoir confié cette publication ·

    #présent_catastrophique #covid #écologie #migrants_climatiques #climat #racisme #environnementalisme #frontière #nécropolitique #expertise_populaire #dystopies #luttes #communisme_de_désastre #planification_fugitive #soin #reproduction_sociale #hospitalité #travail_reproductif #traitre #indigène #Terre_cyborg #nation_indigène

    • Ce à quoi nous devons résister ici, c’est au romantisme colonial occidental — il faut absolument le détruire, et il ne s’agit pas d’une sorte de problème littéraire abstrait, il est ce qui impulse une grande partie du mouvement écologiste au Royaume-Uni à l’heure actuelle. Il existe encore un imaginaire populaire d’une sorte de nature originelle que l’on retrouve aussi bien chez les membres de la Société royale pour la protection des oiseaux (Royal Society for the Protection of Birds) que chez les militants écologistes purs et durs, et il faut à tout prix le refuser. Et dans le même temps, nous devons nous assurer de ne pas devenir des technofuturistes prêts à embrasser l’idée d’une invasion technologique de tout ce qui existe, sans tenir compte du paradigme colonial et du développement de la technologie européenne comme arme et arbitre du « progrès » colonial. D’un certain point de vue, nous sommes ici coincés entre le marteau et l’enclume, entre l’idéalisation de la wilderness et l’idéalisation de la technologie, aussi néfastes l’une que l’autre.

      Mérite un dialogue avec l’œuvre de Charbonneau, qu’illes ne connaissent peut-être pas.

      une adhésion à la possibilité antinationaliste d’une Terre cyborg — qui ne nie pas en même temps la possibilité d’une nation indigène — est le genre de contradiction sur lequel nous devons travailler

      Par contre je ne sais pas ce qu’illes entendent pas là, ayant parlé plusieurs fois au cours de la conversation d’écologie cyborg (mmmh ?) sans définir ce que c’est (seulement « voir le chapitre XXX plus loin »). Donc soit faut lire le bouquin en entier, soit faut trouver une explication ailleurs du concept et de ce que ça implique.

  • L’#Algérie sous #Vichy

    De l’été 1940 à l’été 1943, l’#Algérie_française se donne avec enthousiasme à la révolution nationale voulue par #Pétain. Ce dont de nombreux Européens d’Algérie rêvent depuis longtemps s’accomplit : rétablissement de l’#ordre_colonial, mise au pas des populations et abrogation du #décret_Crémieux qui, en 1870, avait fait des Juifs d’Algérie des citoyens français.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64265_0

    #WWII #seconde_guerre_mondiale #histoire #Juifs #antisémitisme #Maréchal_Pétain #collaborationnisme #impérialisme #France #Georges_Hardy #général_Weygand #Maxime_Weygand #Juifs_d'Algérie #déchéance_de_nationalité #licenciement #citoyenneté #exclusion_scolaire #Juifs_indigènes #catégorisation #Italiens_d'Algérie #indigènes #extrême_droite #Edouard_Drumont #Drumont #émeutes_antijuives #musulmans #Gabriel_Lambert #Messali_Hajj #assimilation #Ferhat_Abbas #égalité_par_le_bas #propagande #pauvreté #discriminations #typhus #Georges_Claude #confiscation_des_biens #aryanisation_économique #service_des_questions_juives #terres #camps #internement #camps_de_travail #camps_d'éloignement #indésirables #torture #Bedeau #chasse_aux_Juifs #service_d'ordre_de_la_légion (#SOL) #étoile_jaune #fascisme #oppression #résistance #José_Aboulker #Opération_Torch #général_Juin #Alphonse_Juin #François_Darlan #général_Giraud #unités_de_travail #Henri_Giraud #rafles #Fernand_Bonnier_de_la_Chappelle #Marcel_Peyrouton #débarquement #Etats-Unis #USA #spoliation #Jean_Monnet #Sidney_Chouraqui #armée_d'Afrique #camp_de_Bedeau #de_Gaulle #déshumanisation

    ping @postcolonial @isskein @karine4 @cede

  • Prison ferme pour un Canadien qui a tué une autochtone avec une boule d’attelage

    Un Canadien de 22 ans a été condamné lundi 7 juin à huit ans de prison pour avoir tué une femme autochtone avec une boule d’attelage lancée depuis une voiture qui roulait. Brayden Bushby, aujourd’hui âgé de 22 ans, se trouvait en état d’ébriété aux moments des faits . . . . . . . .

    Ce matin-là, le Canadien a lancé la boule d’attelage alors qu’il se trouvait assis sur le siège passager d’un véhicule en mouvement. « J’en ai eu une ! », aurait crié Brayden Bushby, hilare, après que la boule d’attelage eut heurté une passante, Barbara Kentner, à l’abdomen, alors qu’elle se promenait avec sa soeur dans une rue résidentielle. Barbara Kentner, 34 ans, membre de la Première Nation de Wabigoon Lake, est décédée six mois plus tard à l’hôpital après avoir subi une opération chirurgicale. Un médecin légiste a établi un lien entre sa mort et les blessures que lui avait infligées M. Bushby. « C’est une expérience courante pour les autochtones à Thunder Bay, de se faire jeter des objets par les voitures qui passent » , a regretté Helen Pierce, juge de la Cour supérieure de l’Ontario.

    « OEufs, boissons, bouteilles, briques, ordures. Vous vous êtes joints à cette activité dégoûtante. Maintenant on peut ajouter des boules d’attelage à cette liste », a-t-elle déclaré, selon la chaîne anglophone CBC.
    . . . . . . . .
    Source : https://www.lefigaro.fr/flash-actu/prison-ferme-pour-un-canadien-qui-a-tue-une-autochtone-avec-une-boule-d-att

    #civilisation #canada #indiens #innuits #femmes #enfants #hommes #sévices #viols #meurtres #extermination

  • Indigenous forest gardens remain productive and diverse for over a century | Ars Technica
    https://arstechnica.com/science/2021/05/indigenous-forest-gardens-remain-productive-and-diverse-for-over-a-cent

    This research, which was done in collaboration with the Tsm’syen and Coast Salish First Nations, shows that the gardens have become lasting hotspots of biodiversity, even 150 years after colonists forcibly removed the inhabitants from their villages. This work, combining archeology, botany, and ecology, is the first to systematically study the long-term ecological effects of Indigenous peoples’ land use in the region. The gardens offer ideas for farming practices that might restore, rather than deplete, local resources to create healthier, more resilient ecosystems.

    #peuples-premiers #indigènes #permaculture #forêt #jardin-forêt

  • #Équateur : les #gauches, l’extractivisme et la transition – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/equateur-gauche-extractivisme-transition
    #extractivisme

    En fin de compte, la mise en évidence de deux (et même de trois, avec celle de Hervas) options à gauche, à la faveur des élections équatoriennes, n’est pas une anomalie ni même une phase transitoire avant une prise de conscience, suivie d’un alignement derrière le candidat « naturel », mais l’état réel du champ politique. En Équateur comme ailleurs. Et depuis toujours[45]. Il n’y a pas unité, mais des convergences possibles ; en fonction et à la chaleur des luttes.

    Plutôt donc que d’entériner une union fantasmée et un peuple homogène, il faut partir du dissensus. Et de ce qui le fonde : la pluralité des acteurs et des intérêts, l’hétérogénéité des mouvements, les stratégies et visions différentes sur des enjeux, au premier rang desquels, en Amérique latine, l’extractivisme. À partir de là, il devient alors possible de penser les conditions du débat et, au-delà celles des alliances et convergences, ainsi que les limites et impasses des expériences précédentes, les chances d’une transition et d’une rupture[46].

    Même s’il n’est pas présent au second tour, les près de 20% qu’a récoltés la candidature de Yaku Pérez témoignent de l’autonomie et de la force acquises par le #mouvement_indigène au cours de ces dernières années. Son programme constitue l’expression actuelle, jusque dans ses tensions et contradictions, ses faiblesses et ses manques, du mouvement #indigène : métissage de discours de classe et ethnique, associés aux demandes écologiques, et mis en œuvre dans une politique qui cherche à tirer parti des opportunités[47]. Quant à Andrés Arauz, quelles que soient les critiques que soulève son programme, son élection est nettement préférable à celle de Lasso, en ce compris pour les droits des femmes, des indigènes et de la #nature. Cela n’efface pas pour autant ses contradictions, n’impose pas un ralliement aveugle, et ne suspend pas les conflits à venir.

    Nous n’avons d’autres choix que de penser avec et à partir de ces deux gauches « réellement existantes ». Non pas pour en choisir l’une contre l’autre, mais pour confronter les expériences passées et les projets d’émancipation à celles-ci.

  • Amérique latine : « L’accaparement des territoires indigènes s’est accéléré »
    https://www.cetri.be/Amerique-latine-L-accaparement-des

    Un entretien avec Bernard Duterme (CETRI), paru dans #Libération le 13 octobre (par Alexandra Pichard). On recense plus d’une centaine de conflits opposant des communautés autochtones à des investisseurs en Amérique latine, explique le sociologue Bernard Duterme. Le sociologue Bernard Duterme est directeur du Centre tricontinental (Cetri), un groupe d’études indépendant sur les rapports Nord-Sud, et membre du Groupe international de travail pour les peuples autochtones (Gitpa). Il est l’auteur de (...) #Le_regard_du_CETRI

    / #Mexique, #Indigènes, #Extractivisme, #Répression, #Contestation, Libération, #Homepage_-_Actualités_à_la_une, #Le_regard_du_CETRI, Le Sud en (...)

    #Le_Sud_en_mouvement
    https://www.cetri.be/IMG/pdf/liberation_20201014_14-10-2020-2.pdf

  • « Houria Bouteldja #sorcière, ça arrange tout le monde » : interview de la fondatrice du Parti des #indigènes de la République - Ehko
    https://ehko.info/houria-bouteldja-sorciere-ca-arrange-tout-le-monde-interview-de-la-fondatrice

    Nous sommes devenus radioactifs car la résistance du champ politique blanc est à l’œuvre et ne s’est jamais arrêtée d’agir. Le système immunitaire blanc comme j’aime à l’appeler a mobilisé toutes ses défenses pour sauver les structures de sa #domination. Et la gauche n’est pas en reste. Il a fallu 15 ans pour nous isoler totalement, ce qui est quasiment un hommage que ces forces nous rendent car cela aurait pu être plus rapide. Il suffisait de nous acheter ou coopter, ce que personne n’a réussi à faire. Comme nous étions intègres, la seule solution devenait l’isolement par la radioactivité.

    Notre fréquentation devenait un coût à payer pour nos alliés. Et c’est ce qui s’est passé. Cela ne s’est pas fait sans complicité indigènes bien sûr mais ça c’est très banal. Depuis cette annonce, nous recevons des tonnes d’hommages et de témoignages de reconnaissance. Beaucoup se disent « orphelins », « sonnés ».

  • Brazil Indigenous group celebrates 6 months without COVID-19
    https://apnews.com/0d03018fbfbc9a0e4acfb354b2a9c699

    The Tembé are the western branch of the Tenetehara ethnicity, located in the Alto Rio Guama Indigenous territory on the western edge of Para state. The virus has infiltrated the lands of dozens of Indigenous groups after they came to nearby cities to trade, buy staples and collect emergency welfare payments from the government.The hundreds of Tembé people of the Cajueiro, Tekohaw and Canindé villages locked their gate and allowed people out only in case of emergency, while restricting entry to agents from the federal Indigenous health care provider, SESAI. Now, after the number of daily COVID-19 cases and deaths in Para has finally plunged, the Tembé have begun believing they will emerge from the pandemic unscathed.
    “We didn’t go to the city, we didn’t go to other villages. We remained in quarantine. We got through, we are still getting through,” said Sérgio Muxi Tembé, the leader of the Tekohow village. “We are doing a small commemoration because of that, and it’s because of that we are happy that today we do not have any cases.”

    #Covid-19#migrant#migration#bresil#sante#indigene#minorite#isolement#migrationinterne

  • Changement climatique : les collectifs indigènes aux avant-postes | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/nastassjamartin/blog/210520/changement-climatique-les-collectifs-indigenes-aux-avant-postes

    « Ils sont aux avant-postes. » Voilà certainement une phrase que je reformule depuis des années, jusqu’au malaise. Après avoir travaillé auprès des Gwich’in en Alaska, puis chez les Even au Kamtchatka, la proposition s’est légèrement décalée : « ils sont en train de répondre. » De part et d’autre de Béring, je me suis demandée ce qu’il advenait de leurs cosmologies (c’est-à-dire de leurs manières de se relier au monde) lorsqu’elles étaient confrontées aux deux grandes productions de notre modernité : les politiques extractivistes qui violentent les milieux de vie, et le réchauffement climatique qui en modifie profondément les dynamiques.

    Partout dans le Grand Nord, les collectifs indigènes doivent composer avec un environnement en proie à des mutations accélérées. Qu’ils vivent encore partiellement (Gwich’in d’Alaska) ou de nouveau complètement (Even du Kamtchatka) de chasse et de cueillette, ils font tous face à un monde devenu simultanément incompréhensible et incontrôlable. Les Gwich’in constatent que les caribous changent de routes migratoires de manière inexplicable, que les saumons ne remontent plus les mêmes rivières, ou ne les remontent plus du tout. Les ours polaires descendent au sud, poussés par la faim ils quittent leur banquise natale, traversent des montagnes et viennent se perdre dans la taïga. En Arctique comme en Subarctique, les berges des rivières cèdent sous l’effet de la fonte du permafrost ; les forêts brûlent, rongées par l’action des insectes xylophages qui prolifèrent, laissant les arbres morts sur pieds s’embraser au premier éclair.

    #nastassja_martin #écologie #indigène #territoire

  • Profitant de la crise sanitaire, la déforestation et le pillage de l’Amazonie et des terres autochtones s’intensifient - Basta !
    https://www.bastamag.net/Bresil-indigenes-popualtions-autochtones-coronavirus-mines-Bolsonaro

    Le gouvernement de Bolsonaro encourage les grands propriétaires terriens et les compagnies minières à piller les ressources des terres indigènes. Aujourd’hui, les populations autochtones du Brésil doivent en plus affronter l’épidémie. Elles comptent sur le travail de leurs élues et représentants communautaires sur le terrain. Un article du site d’informations brésilien Agência Pública.

    Au 13 avril, le coronavirus avait déjà tué trois personnes parmi les peuples autochtones du Brésil : un adolescent Yanomami de 15 ans dans l’État du Roraima, un Borari de 87 ans à Alter do Chão, au Pará, et un homme Muro de 55 ans à Manaus. Le virus avait infecté au moins neuf autres personnes au total, 23 autres cas considérés suspects étaient traités, selon les données officielles du ministère de la Santé brésilien. Sous la pression d’une vague d’invasions de leurs territoires, les communautés autochtones doivent faire face, quasiment seules, à l’arrivée de l’épidémie dans les villages.

    #indigène #écologie #territoire #terre #covid_19 #bolsonaro #yanomami

  • #Brésil : #Bolsonaro autorise l’#exploitation des #terres #indigènes | www.cnews.fr
    https://www.cnews.fr/monde/2020-02-06/bresil-bolsonaro-autorise-lexploitation-des-terres-indigenes-924944

    Le nouveau texte, qui n’a pas encore a été rendu public, sera soumis prochainement au vote du Congrès. « J’espère que ce rêve va se concrétiser », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une cérémonie officielle à Brasilia lors de laquelle il apposé sa signature sur le projet de loi rédigé par le gouvernement.

    « Les indigènes sont des êtres humains comme nous, ils ont un coeur, des sentiments, des désirs, et des nécessités. Ils sont aussi Brésiliens que nous », a-t-il poursuivi.

    À l’issue d’une grande réunion d’une semaine au Mato Grosso (ouest) à la mi janvier, plusieurs centaines de leaders indigènes avaient dénoncé dans un manifeste un « projet de génocide, ethnocide et écocide ».

    Le projet de loi prévoit de réguler une série d’activités économiques sur les territoires indigènes, autorisant ainsi l’exploration minière ou pétrolière, les barrages hydroélectriques ou l’agriculture.

    La législation actuelle interdit toute exploration minière ou exploitation agricole non traditionnelle.

    Si le projet de loi est approuvé, ces activités pourront être pratiquées par les indigènes eux-mêmes, ou des personnes venues de l’extérieur, sous réserve d’une autorisation des communautés autochtones.

    L’ouverture aux activités économiques des terres indigènes faisait partie des promesses de campagne du président d’extrême droite, ce qui a accru ces derniers mois, selon des représentants de ces communautés indigènes et d’ONG, la violence et la pression des entreprises minières et d’exploitation du bois en Amazonie.

    « Ce grand pas en avant dépend du Parlement, qui va subir des pressions des écologistes. Si je pouvais, j’aimerais confiner ces écologistes au beau milieu de l’Amazonie (...) pour qu’ils arrêtent d’embêter les peuples amazoniens depuis la ville », a ironisé Jair Bolsonaro.

    Ce projet est défendu de longue date par le président d’extrême droite, qui a déclaré à plusieurs reprises que les restrictions aux activités minières et agricoles dans leurs territoires condamnaient les indigènes à être « confinés comme dans un zoo ».

    Le gouvernement dit avoir le soutien de nombreux leaders indigènes. Mais de nombreux caciques comme l’emblématique Raoni Metuktire n’ont cessé de critiquer cette politique environnementale qui menace selon eux leur mode de vie traditionnel, mais aussi l’équilibre écologique de toute la planète.

    voir aussi : Au Brésil, Bolsonaro nomme un créationniste pour diriger l’agence de l’enseignement supérieur

  • A propos des tremblements déters en Amérindies du Sud, au travers des traductions de textes & prises de paroles de féministes indigènes :

    Les veines ouvertes de l’Amérique du SUD
    https://nantes.indymedia.org/articles/47363

    Nous, Femmes autochtones du monde, nous devons nous unir et nous battre avec spiritualité et sagesse, car c’est seulement ainsi que nous gagnerons.
    /.../
    La #plurinationalité des territoires n’a pas besoin d’autorisation pour exister. Abattons les #frontières, la solidarité va s’étendre sans barrières. Ni le pouvoir des Églises ni celui des militaires n’arrêteront la lutte pour une vie juste, digne et diverse dans chaque territoire.

    +

    À propos des évènements en cours en #Bolivie / Cette conjoncture nous offre une grande leçon contre le triomphalisme. Participation de Silvia Rivera Cusicanqui au Parlement des femmes de La Paz, à La Paz, en Bolivie, le 12 novembre 2019
    https://portapluma.blogspot.com/2019/11/a-propos-des-evenements-en-cours-en.html

    Je ne crois en aucune des deux hypothèses qui ont été présentées. Le triomphalisme qui dit qu’avec la chute de Evo nous avons retrouvé la démocratie me paraît excessif, une analyse qui vise à côté.
    /.../
    La seconde fausse hypothèse, qui me semble à moi hautement dangereuse, c’est celle du #coup_d’État, qui ne cherche qu’à légitimer, tout entier, avec le paquet et tout, enveloppé de cellophane, tout le gouvernement de #Evo_Morales dans ses moments d’abâtardissement les plus forts.

    Et ce passage ô combien important pour la compréhension :

    Il a fait croire que nous étions face à un gouvernement révolutionnaire dans le style cubain, mais nous engueulait pour les nostalgies gauchistes d’un groupe de machos qui ne sont pas seulement les #machos de Camacho, mais aussi les machos gauchistes, misogynes, qui nous traitent comme chair à canon et comme chair à hameçon afin de créer leurs réseaux de perversion des secteurs populaires.

    + lire aussi

    "Le coup d’État en Bolivie est raciste, patriarcal, ecclésiastique et économique" / “El golpe de Estado en Bolivia es racista, patriarcal, eclesiástico y empresarial”
    source : https://www.pagina12.com.ar/230580-el-golpe-de-estado-en-bolivia-es-racista-patriarcal-eclesias

    traduction de l’intro :

    #Adriana_Guzmán représente le #féminisme #communautaire antipatriarcal de Bolivie et les féministes d’Abya Yala. Elle s’est reconnue dans cette lutte avec d’autres compagnes de la guerre du gaz en 2003, raison pour laquelle elle dit souvent qu’elle a appris dans la rue ce qu’était le #patriarcat et pourquoi le #féminisme était un outil fondamental pour la création d’autres modes de vie. À l’heure actuelle, elle résiste aux progrès des #milices qui ont célébré, sur la place publique l’incinération du #Whipala, le drapeau des peuples #indigènes, geste de violence symbolique tel qu’il est difficile de le nommer sans se déchirer le cœur. Dans ce dialogue, elle définit le coup d’État, appelle à y faire face et à soutenir les actions de la Résistance.

    • El_portaplumas ajoute ces liens en complément sur son blog :
      – cet article plutôt honnête et relativement complet sur la situation (pour un média mainstream) : https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/l-article-a-lire-pour-comprendre-ce-qui-se-passe-en-bolivie_3699383.htm
      – un texte qui date d’avant la crise bolivienne et qui donne sans doute à comprendre l’une des clefs de la chute de Morales, l’extractivisme : https://www.bastamag.net/Bolivie-Amazonie-Evo-Morales-Industries-minieres-extractivisme-Terre-Mere-
      – un texte qui tente de prendre en compte le contexte de l’histoire politique bolivienne mais qui porte une vision politique sans doute trop marquée par l’émergence de cette gauche latino-américaine de gouvernement : https://blogs.mediapart.fr/pablo-stefanoni/blog/141119/bolivie-comment-evo-est-tombe
      – enfin, un texte plus politiquement marqué, quoi qu’encore emprunt d’un certain légitimisme, mais qui sans se noyer dans le contexte socio-historico-politique, se focalise sur les évènements présents et les forces en présence : https://agitationautonome.com/2019/11/13/bolivie-un-soulevement-populaire-exploite-par-lultra-droite

      (@tradfem peut-être les deux traductions et le 3ème texte non-traduit peuvent vous intéresser ?)

    • Coup d’État réactionnaire et révolte populaire en Bolivie
      ACTA : https://acta.zone/coup-detat-reactionnaire-et-revolte-populaire-en-bolivie

      « Un argument environnemental, tout d’abord, avait fait basculer une partie de l’électorat – indigène notamment – du président Morales dans le camp de l’opposition. Après ses premières années de gouvernance, Morales avait en quelque sorte rompu le "pacte environnemental" de défense de la Pachamama (Terre-Mère) qui le liait à une partie de la population indigène depuis son arrivée au pouvoir et s’était lancé dans une politique de plus en plus extractiviste, allant parfois jusqu’à l’expulsion des indigènes de leurs terres. Une telle politique lui permettait de garantir le rôle important de l’exportation de matières premières pour la croissance économique bolivienne.

      [...] Camacho est à la tête de l’opposition depuis le début de la crise bolivienne, et même depuis plusieurs années. Il est le président du comité pro-Santa Cruz (Santa Cruz étant la capitale économique du pays et le bastion de l’opposition), mais est aussi connu pour avoir été le leader de la Unión Juvenil Cruceñista, un groupe paramilitaire raciste (anti-indigène) et fasciste, mettant en avant des symboles tels que la croix gammée. Aujourd’hui, Camacho promeut un discours évangélique, fustigeant le communisme et en appelant à la justice divine pour que l’élite blanche, occidentalisée et urbaine du pays prenne sa revanche sur des années de politique indigéniste et socialiste.

      [...] Face à ce coup d’État en bonne et due forme, les franges indigènes de la population, celles qui étaient opposées à une réélection d’Evo Morales comprises, des partisans du MAS, mais aussi des opposants au MAS qui s’insurgent contre le coup d’État réactionnaire, sont descendus dans les rues. En témoigne le soulèvement de la ville d’El Alto, surnommée "El Alto l’endormie", qui est entrée mardi dernier en "grève civique illimitée". Tous les jours depuis mardi, malgré la répression, les "alteños" descendent par milliers à la Paz, capitale bolivienne, pour protester contre la présidence auto-proclamée de Jeanine Añez et le coup d’État. »

      #Bolivia #FueraGolpistas #NoAlGolpe #LaLuchaSigue

    • Traduction du 3ème texte par serpent@plumes :

      C’est encore une voix féminine, une voix indigène également qui s’exprime ici, à travers la voix d’Adriana Guzmán, pour le média Pie de Pagina.

      « Ce n’est pas un coup porté à l’État, mais aux peuples »
      https://portapluma.blogspot.com/2019/11/toujours-propos-de-la-bolivie.html

      Adriana Guzmán, féministe communautaire aymara, prévient : ce qui se joue en Bolivie, ce n’est pas le siège présidentiel ou le retour d’Evo Morales, mais la volonté d’une nouvelle colonisation des peuples indigènes. Elle questionne le féminisme qui, depuis l’université, est incapable de regarder un mouvement indigène, et elle envoie un message au Evo : « les morts ne se négocient pas ».
      Source : https://piedepagina.mx/este-no-es-un-golpe-al-estado-es-a-los-pueblos

  • Amérique du Sud : sous-continent sous tension (2/4) : Evo Morales : la fin d’un rêve pour les indigènes boliviens
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/amerique-du-sud-sous-continent-sous-tension-24-evo-morales-la-fin-dun-


    Depuis qu’Evo Morales a modifié la Constitution en faveur des indigènes en 2009, ces derniers, n’étant plus réunis par un objectif commun, ont vu rejaillir les dissensions qui existaient entre eux, en particulier entre les indiens des plaines et les indiens des Andes. Les premiers accusent en effet les seconds, face aux difficultés de la vie dans les montagnes, de descendre coloniser l’Amazonie. (...) D’où viennent ces divisions qui traversent la société bolivienne, et même la « communauté indigène » ? Comment expliquer l’échec d’Evo Morales à créer une unité indigène autour de lui ? Dans quelle mesure cet échec est-il à l’origine de la crise politique actuelle ? Et comment en sortir ?

    #bolivie #evomorales #démocratie #luttes #inclusion-sociale #économie

  • Un nouveau meurtre en Amazonie fait craindre le pire pour les tribus isolées
    https://www.nationalgeographic.fr/photographie/2019/10/un-nouveau-meurtre-en-amazonie-fait-craindre-le-pire-pour-les-tri

    Le récent assassinat d’un #militant affecté à la protection des peuples isolés dans l’extrême ouest du #Brésil a soulevé des craintes quant à la sécurité des peuples autochtones d’#Amazonie et de ceux qui les défendent.

    L’activiste en question, #Maxciel_Pareira_dos_Santos, a été abattu le 6 septembre dans la rue principale de #Tabatinga par un homme non identifié assis à l’arrière d’une moto. Cette ville se situe à la frontière de l’immense vallée du #Javari, un territoire #indigène et une zone protégée qui recense le plus grand nombre de #tribus_isolées et non contactées au monde.

    Santos travaillait depuis 12 ans pour la Fondation nationale de l’Indien, ou #FUNAI, au service d’un avant-poste stratégique établi au confluent de deux rivières qui s’enfoncent profondément dans cette réserve de 85 000 km² où vivent 5 000 indigènes selon les estimations. Ce poste et son maigre personnel constituent l’unique barrière entre la riche #biodiversité de la vallée du Javari et le potentiel déluge de #bûcherons et de #braconniers enhardis.

    #forêt #déforestation #peuples_autochtones

  • Le numéro 0 de la revue #Nunatak , Revue d’histoires, cultures et #luttes des #montagnes...


    Sommaire :

    La revue est disponible en ligne :
    https://revuenunatak.noblogs.org/files/2016/09/nunatakzero.pdf

    Je mettrai ci-dessous des mots-clés et citations des articles...

    –-----

    métaliste des numéros recensés sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/926433

    #revue #montagne #Alpes #montagnes

  • Chido ! Une série de traductions françaises viennent d’arriver sur le site de l’#EZLN https://enlacezapatista.ezln.org.mx !!!
    Certains sont un peu « vieux » (l’anniversaire des 25 ans est passé) mais la lumière intrinsèque demeure... Et la guerre que mène le capitalisme aux indigènes par le biais des accords Etat/Multinationales y est férocement, et tristement, lisible.
    Immense merci à l’équipe de traducteurices <3

    PAROLES DU CCRI-CG DE L’EZLN AUX PEUPLES ZAPATISTES LORS DU 25ème ANNIVERSAIRE DU DÉBUT DE LA GUERRE CONTRE L’OUBLI.
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/01/28/paroles-du-ccri-cg-de-lezln-aux-peuples-zapatistes-lors-du-

    Paroles du Sous-commandant insurgé Moisés Le 31 décembre 2018.

    DÉCLARATION DE LA SECONDE ASSEMBLÉE NATIONALE DU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE – CONSEIL INDIGÈNE DE GOUVERNEMENT
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/01/28/declaration-de-la-seconde-assemblee-nationale-du-congres-na

    Aux Réseaux de soutien au Conseil Indigène de Gouvernement A la Sexta nationale et internationale Aux peuples du Mexique […]

    Invitation à la célébration du 25ème Anniversaire du Soulèvement Zapatiste et à une Rencontre de Réseaux
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/01/28/invitation-a-la-celebration-du-25eme-anniversaire-du-soulev

    ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE. MEXIQUE. 17 novembre 2018. Aux individu.e.s, groupes, collectifs et organisations des Réseaux de Soutien au […]

    Communiqué du Congrès National Indigène et du Conseil Indigène de Gouvernement pour le 25ème anniversaire du soulèvement armé de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/01/28/communique-du-congres-national-indigene-et-du-conseil-indig

    À l’Armée Zapatiste de Libération Nationale Aux réseaux de soutien au CIG Aux réseaux de résistance et de rébellion Au […]

    Communiqué au peuple Mapuch
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/01/28/communique-au-peuple-mapuch

    Communiqué : Au peuple mapuche, Au peuple chilien, Aux peuples originaires d’Amérique À la Sexta Internationale Frères et sœurs du digne […]

    #zapatisme #neo_zapatisme #anticapitalisme #indigenes #terres_et_toits #tierra_y_libertad #GPII #multinationales

  • Sangue indígena : nenhuma gota a mais
    https://www.cetri.be/Sangue-indigena-nenhuma-gota-a

    Trinta anos depois de aprovada a Constituição Federal de 1988, que trouxe o respeito à identidade cultural dos povos indígenas e ao direito sobre as terras que tradicionalmente ocupam, nós continuamos sofrendo ameaças. A mais recente, ​cometida pelo novo governo de Jair Bolsonaro, se deu com a Medida Provisória (MP) n.º 870/2019 e os decretos assinados pelo presidente para reorganizar a estrutura e as competências ministeriais que deixaram, deliberadamente, graves lacunas nos instrumentos e políticas (...)

    #El_Sur_en_movimiento

    / #Indigènes, #Brésil, #APIB, Agriculture & luttes pour la terre, Le Sud en (...)

    #Agriculture_&_luttes_pour_la_terre #Le_Sud_en_mouvement

  • 1994-2019 : 25 ans de rébellion zapatiste
    https://www.cetri.be/1994-2019-25-ans-de-rebellion

    Retour sur le potentiel d’un mouvement pionnier, en matière d’émancipation et d’autonomie. Intervention de Bernard Duterme, sociologue et directeur du CETRI, dans le cadre du 3e colloque international « Penser l’émancipation », Université libre de Bruxelles - ULB.

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Mexique, Relations entre mouvements sociaux & gouvernements, #Indigènes, #Zapatisme, #Homepage_-_Actualités_à_la_une

    #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements

  • Un des nombreux massacres de l’armée française coloniale, celui de Thiaroye au Sénégal, mérite d’être rappelé sans cesse, pour la brutalité et l’injustice de la colonisation, mais aussi parce que ces crimes ne sont ni reconnus à leur juste valeur, ni réparés par des dédommagements légitimes.

    En 1988, l’écrivain et réalisateur sénégalais, et ancien tirailleur lui même, Semben Ousmane, réalise l’excellent Camp de Thiaroye, prix spécial du jury à la Mostra de Venise, jamais diffusé à la télévision française, mais visible ici :
    https://rarefilmm.com/2018/05/camp-de-thiaroye-1988

    Fidèle à ma réputation, je me dois de signaler deux détails musicaux sur ce film qui, à ma grande suprise, n’étaient signalés ni sur wikipédia (j’ai corrigé ça) ni sur l’IMDB :

    La musique est composée et jouée, entre autre à l’harmonica, par Ismaila Lo. Il s’agit de l’artiste qui deviendra célèbre en 1994 sous le nom d’Ismael Lo, avec son tube Dibi Dibi Rek, et son harmonica qui lui valut le surnom du Bob Dylan africain :
    https://www.youtube.com/watch?v=WlqXmlrvHv8

    Ismael Lo joue aussi dans le film, justement le soldat harmoniciste qui calme Pays en lui jouant Lili Marlène. Il jouera encore dans un court métrage de Idrissa Ouedraogo, Afrique, mon Afrique (1995, dont il composera aussi la musique), et dans Tableau Ferraille, de Moussa Sene Absa (1996).

    Autre acteur et musicien dans ce film, le congolais Casimir Zoba, plus connu sous le nom de Zao, et qui joue un soldat congolais. Déjà célèbre depuis 1984 et son tube Ancien Combattant, dans lequel on retrouve la même langue imagée que dans le film, Zao continuera de composer jusqu’en 1999, mais je ne sais pas s’il tournera dans d’autres films. Après une pause, il recommence à donner des concerts depuis 2006 et je vous le recommande chaudement s’il passe près de chez vous...
    https://www.youtube.com/watch?v=K4w6kSucANY

    Le massacre de Thiaroye a déjà été couvert sur Seenthis, ici :
    https://seenthis.net/messages/316726
    https://seenthis.net/messages/316990
    https://seenthis.net/messages/317126
    https://seenthis.net/messages/317354
    https://seenthis.net/messages/440328
    https://seenthis.net/messages/704475

    #Thiaroye_44 #Thiaroye #Massacre_de_Thiaroye #tirailleurs_sénégalais #indigènes #france #afrique #sénégal #seconde_guerre_mondiale #mémoire #histoire #colonialisme #Semben_Ousmane #Camp_de_Thiaroye #Ismael_Lo #Zao

    • Le texte ? On peu le demander gentiment, le texte en clair ?

      Les abus du Canada sont incroyables et trop bien cachés. Envers la terre, envers le territoire, envers les habitants déjà. Un pays pareil, tant vanté par le commun, aucun paywall ne peut se justifier face à la denonciation de ses exactions. Si ?!

      J’dis ça, en l’air.

    • Tout à fait..., Simon Roger partage sûrement cet avis.

      Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta
      Par Simon Roger

      Publié le 06 Septembre 2018
      Contaminations (5/7). La province canadienne est souillée et défigurée par l’exploitation des sables bitumineux, qui empoisonne les fleuves, les lacs et les populations amérindiennes.

      A la sortie du long virage qui laisse entrevoir les premiers chalets de Fort Chipewyan, un panneau invite tout individu témoin d’un crime à contacter la cellule téléphonique mise à disposition par la police.

      La localité de 900 âmes du nord de l’Alberta, accessible par la route seulement quelques semaines par an, lorsque le froid est si mordant qu’il fige le lit des rivières en une glace suffisamment épaisse pour laisser circuler les véhicules, n’a pourtant pas le profil d’une cité de la peur. Ses habitants sont d’ailleurs bien incapables de se remémorer le moindre acte criminel commis ces dernières années dans le village peuplé de Premières Nations Mikisew Cree et Athabasca Chipewyan, deux groupes amérindiens parmi les cinquante composantes autochtones du Canada.

      La population de « Fort Chip », pourtant, débute la journée avec la boule au ventre, redoutant de tomber malade et inquiète pour l’avenir du lac dont la rive méridionale domine le panorama. Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie de cette ligne d’horizon d’un blanc infini : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.

      D’une superficie de près de 8 000 km2, le lac est de loin la plus grande retenue d’eau d’Alberta et de l’Etat voisin du Saskatchewan. Il est aussi la principale source de subsistance pour les populations amérindiennes, habituées depuis toujours à pêcher le grand brochet et le doré jaune dans l’Athabasca, à traquer le caribou, l’élan ou le bison dans les forêts alentour et à récolter des baies dans la nature environnante. Un mode de vie ancestral qui semble de moins en moins compatible avec une autre histoire albertaine, débutée celle-là vers la fin des années 1960, celle de l’extraction du pétrole issu des sables bitumineux.

      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. »
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » .
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Quand les entreprises minières ont commencé à déverser leurs eaux usées dans la rivière Athabasca, qui se jette dans le lac, elles ont contaminé le poisson. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » « Jusqu’où irons-nous, nous, les êtres humains, dans la destruction de toute chose ? », s’interroge le vieil homme avant de confier avoir perdu une quinzaine de membres de sa famille, victimes de cancers. Les rejets industriels qui affectent l’air, l’eau et le sol en seraient la cause.

      Infirmière au centre de santé, Jane Lepine recense de plus en plus de cas de cancers de l’estomac, du poumon ou du foie, de diabètes, de pathologies neurodégénératives, « parmi la population adulte, mais également chez les enfants de Fort Chipewyan ». « Cet endroit est une décharge publique de substances contaminantes, se désole l’infirmière, pour qui la prévalence de ces maladies ne peut être dissociée des émissions des activités pétrolières. Malheureusement, on manque de données sanitaires qui confirmeraient nos craintes. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté l’autorité de santé de la province, Health Alberta, et son équivalent fédéral, Health Canada, qui a compétence pour agir dans les réserves indiennes dont fait partie le territoire de Fort Chipewyan.

      « Se faire soigner coûte très cher ici »
      Mais jusqu’à présent, les questions de la population locale n’ont reçu que des réponses très parcellaires. Cette quête de vérité obsède aussi John O’Connor. Ce médecin irlandais est arrivé au Canada il y a trente ans pour y remplacer un collègue européen ; il a fini par s’installer à demeure à Fort McMurray, la grande agglomération du nord de l’Alberta.

      Depuis 2000, lorsque plusieurs familles lui ont demandé d’y assurer quelques consultations hebdomadaires, le praticien s’intéresse au sort du village. « Je suivais déjà d’autres populations indiennes, mais pas Fort Chip, qui a la particularité d’être une communauté très isolée et condamnée à vivre en autosuffisance, explique John O’Connor. La route hivernale n’est ouverte que deux mois par an. Le reste du temps, il faut prendre l’avion pour aller se faire soigner à Fort McMurray, mais ça coûte très cher. »

      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan.
      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan. .
      Au gré de ses allers et venues, le médecin accumule les témoignages. « Les discussions tournaient beaucoup autour des changements de l’environnement, comme la raréfaction du nombre d’oiseaux, la mauvaise qualité de la viande issue de la chasse, les difformités constatées sur certains poissons… avec une préoccupation centrale, la qualité de l’eau du lac, décrit le praticien. J’ai observé ensuite des pathologies que je n’aurais jamais pensé identifier parmi une population d’un millier de personnes, par exemple plusieurs cas de cancers des voies biliaires, une maladie qui touche en temps normal un individu sur 100 000. » Il en informe les chefs des Premières Nations, interroge ses collègues médecins à Fort McMurray puis interpelle, en 2005, les autorités de santé. Sans réponse de ces dernières.

      Ce mutisme prendra fin après la diffusion par la télévision nationale canadienne CBC, quelques mois plus tard, d’un sujet relayant les questionnements de John O’Connor. Contraint de réagir à l’écho médiatique du reportage, Health Canada dépêche trois médecins sur place en mars 2006.

      Devant les journalistes qui couvrent la visite au centre de santé de Fort Chipewyan, l’un des représentants de l’agence fédérale boit un verre d’eau du robinet : preuve est faite que l’eau est parfaitement potable ! Aucune mesure sanitaire ne s’impose, concluent les trois experts avant de rejoindre leur avion en esquivant les questions de l’auditoire.

      « Taux de cancers plus élevés de 29 % »
      Les autorités de santé s’intéressent en revanche de près au docteur un peu trop suspicieux. Une procédure de radiation pour « mauvais comportement » dans le dossier de Fort Chip est ouverte contre John O’Connor par le collège des médecins et chirurgiens d’Alberta. La procédure ne s’éteindra qu’en novembre 2009, grâce à l’intervention d’un avocat et des habitants qui lancent une pétition pour soutenir leur médecin.

      Au même moment, fin 2009, sont rendues publiques les conclusions d’un rapport de l’Alberta Cancer Board sur l’incidence des cancers à Fort Chipewyan entre 1995 et 2006. Le document confirme l’augmentation de plusieurs types de pathologies (cancer des voies biliaires, du sang, du système lymphatique) et exige des études complémentaires afin d’en préciser les causes et d’évaluer l’état de santé général de la population. Une demande, là encore, classée sans suite.

      George Poitras est un ancien chef de la communauté indienne Mikisew Cree de Fort Chipewyan. « C’est David contre Goliath. Tout le delta est contaminé. Moins de 1 % des terres exploitées par les compagnies pétrolières ont été restaurées en cinquante ans. » SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Ces taux de cancers 29 % plus élevés que la moyenne sont-ils de cause héréditaire, liés au mode de vie ou d’origine environnementale ? Nous avons plus que jamais besoin d’une étude impartiale, complète et rigoureuse pour répondre à cette question », insiste John O’Connor. Au centre de santé, on répond poliment que les informations – logiquement publiques – ne sont pas disponibles.

      « En 2017, plus de vingt personnes sont mortes à Fort Chip, presque toutes d’un cancer. C’est devenu une chose normale », relève Warren Simpson. A 48 ans, cet ancien salarié de plusieurs entreprises de sables bitumineux, qui fait face lui-même à son deuxième cancer, admet que peu de ses concitoyens osent pointer du doigt les industries. « C’est compliqué de scier la branche sur laquelle on est assis. »

      Ici comme partout ailleurs en Alberta, le pétrole règne en maître. Sur la route du cimetière de Fort Chipewyan se dresse un lycée. Il a été construit grâce aux subsides de la compagnie Shell Albian, comme le signale un panneau placé bien en évidence. Un peu plus loin sur la même chaussée apparaît un vaste complexe sportif, avec son terrain de hockey et sa piscine. Ces équipements ont été financés par le premier groupe pétrolier canadien, Syncrude, dont le logo orne la façade du bâtiment devant lequel se rangent, en fin d’après-midi, les pick-up qui laissent tourner leur moteur pour résister aux températures glaciales.

      « Notre industrie est le plus gros employeur de personnes autochtones au Canada, avance Terry Abel, vice-président de l’Association des producteurs de pétrole du Canada (CAPP en anglais). Au cours des dernières années, l’industrie bitumineuse a participé pour 4 milliards de dollars canadiens [2,5 milliards d’euros] au chiffre d’affaires des entreprises autochtones. Aucun autre secteur ne réalise un volume d’affaires équivalent avec elles », assène le dirigeant au siège de la CAPP, dans le quartier des affaires de Calgary, la capitale économique de l’Alberta.

      Des sables bitumineux faciles d’accès
      Le Canada possède la troisième réserve pétrolière de la planète, derrière le Venezuela et l’Arabie saoudite. Plus de 95 % de cet or noir imprègne les sables bitumineux, l’hydrocarbure non conventionnel composé de sable, de bitume et d’eau (80 % à 85 % de silice et d’argile pour environ 10 % de bitume).

      Selon les projections du Centre de recherches internationales associant Sciences Po et le CNRS (CERI), l’exploitation des sables bitumineux devrait apporter, au cours des vingt prochaines années, 200 milliards de dollars par an à l’économie canadienne. Seule la Russie pourrait se prévaloir d’une telle manne, mais ses gisements bitumineux, localisés en Sibérie, sont à des latitudes trop extrêmes pour envisager une activité rentable.

      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray.
      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray. .
      Les sables d’Alberta, en revanche, sont faciles d’accès. Autour de Fort McMurray, le bitume affleure à moins de 70 mètres de profondeur : il est extractible à l’aide de pelles géantes. Dans les deux autres gisements de la province, plus profonds, Peace River et Cold Lake, les compagnies recourent à la technique dite « in situ » : elles forent des puits et y injectent de la vapeur d’eau pour liquéfier le bitume, aspiré ensuite vers la surface. Ensemble, ces trois gisements couvrent une zone exploitable de 142 000 km2, plus vaste que la superficie de l’Angleterre, qui fit du Canada un dominion de la Couronne britannique en 1867.

      A cette époque, Fort Chipewyan était le haut lieu du commerce de fourrure de la région. Fondé en 1788 par la Compagnie du Nord-Ouest, le plus vieux comptoir de l’Alberta vivait au rythme des saisons de trappe et des campagnes de pêche sur le lac. Une existence à laquelle les doyens des communautés indiennes ont pu goûter, avant que l’industrialisation ne vienne rompre cet équilibre.

      « Quand j’étais enfant, on pouvait boire l’eau du lac, parfaitement limpide, et la forêt autour de Fort Chip était d’un vert profond, se remémore Ed Marten, conseiller au centre de santé local. Aujourd’hui, l’eau est couleur chocolat et la végétation est flétrie. »

      A la suite de la mise en route des premières installations minières en 1973, « des trappeurs sont tombés malades après avoir bu l’eau des rivières environnantes. On a vu arriver, venant du Sud, des fumées et des cendres des installations de Syncrude. On se disait que quelque chose ne tournait pas rond », retrace le Mikisew Cree de 65 ans, atteint d’un cancer à l’estomac, comme sa mère, morte en 2017.

      « Rejets durables »
      La génération d’Ed Marten a connu aussi le départ forcé pour le pensionnat catholique, « coupé des miens, de ma langue et de ma culture ». Ce passé douloureux est perceptible dans d’autres communautés indiennes, comme à Fort Smith, à 200 kilomètres plus au nord.

      Un panneau routier y signale le passage de la frontière avec la province voisine des Territoires du Nord-Ouest, mais rien ne distingue la localité de 2 500 habitants de sa cousine albertaine. Même quadrillage urbain, mêmes habitations colorées, même concentration humaine autour des points cardinaux de la vie dans le Grand Nord que représentent les stations-service et les épiceries.

      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing.
      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing. .
      François Paulette, un des chefs de la communauté Smith’s Landing, a préféré s’installer à la lisière de la forêt bordée par l’Athabasca. Dans cette zone où la rivière est agitée de puissants rapides, l’eau reste libre de glace au plus fort de l’hiver. « Un peu plus loin, on trouve un autre cours d’eau, Dog River, sur le plateau canadien, indique-t-il d’un geste ample. Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau. »

      « Mais il fut un temps [au début des années 1960] où le gouvernement décida de nous expulser de nos terres, prétextant que notre manière de vivre était en voie d’extinction, poursuit le chef de la communauté Déné, retiré à ses parents à l’âge de 6 ans pour l’école paroissiale. Quant à l’eau, il faudrait être naïf ou stupide d’espérer ne pas être touché par l’industrialisation. Les usines de pâte à papier, et après elles les compagnies de sables bitumineux, ont consommé beaucoup d’eau et rejeté beaucoup de déchets dans la rivière. »

      Le « traité no 8 », le texte qui régit depuis 1899 les rapports entre les communautés du nord de l’Alberta et la Couronne d’Angleterre, accorde aux populations indiennes un droit inaliénable de chasse et de pêche. Que vaut cet engagement sur des étendues de terres et d’eau souillées par les activités humaines ?, interpelle François Paulette.

      La région de Fort Smith n’a pourtant pas de pétrole, pas plus que celle de Fort Chip. Mais elles sont toutes deux irriguées par le réseau hydrographique de l’Athabasca. C’est par cette veine immense et ses affluents que les infrastructures pétrolières installées à plus de 200 km en amont diffusent leur poison liquide.

      « Le programme de suivi de la qualité de l’eau mis en place par le gouvernement d’Alberta n’est pas adapté aux risques des activités industrielles, soutient l’hydrogéologue canadien Gilles Wendling. On n’étudie pas, par exemple, les effets cumulatifs de ces rejets durables. » C’est l’une des revendications de l’association Keepers of the Water Athabasca (« Gardiens de l’eau de l’Athabasca »), qui tente de mesurer les impacts hydrographiques de l’exploitation des sables bitumineux, très consommatrice d’eau. L’ONG créée en 2006 recourt à l’expertise de chercheurs indépendants comme Gilles Wendling. « On en avait assez de la propagande des industriels et des agences gouvernementales de régulation, explique Jule Asterisk, l’une des porte-parole de Keeper. Les résistances sont très fortes lorsqu’on se penche sur ce sujet. »

      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor.
      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Sujet de tension entre la société civile, les autorités et les industriels, la question de l’eau n’épargne pas la sphère académique d’Edmonton, la capitale administrative de la province. Dans les bâtiments de briques rouges qui donnent à l’université d’Alberta un petit air de campus anglais, une étude alimente particulièrement la controverse, celle du professeur David Schindler. Connu pour avoir identifié, dans les années 1970-1980, les pluies acides comme vecteur de la mortalité des poissons des Grands Lacs, le biologiste a publié en 2010 la première étude d’importance sur la rivière Athabasca et ses affluents. Son équipe a retrouvé dans l’eau treize types de métaux lourds attribués à l’industrie des sables bitumineux, parmi lesquels du mercure, du nickel, du plomb, du thallium, de l’uranium et de l’arsenic.

      « Les concentrations de métaux lourds sont toutes très basses, en amont comme en aval des installations de sables bitumineux, et elles n’ont pas varié depuis des décennies », affirme de son côté William Shotyk, titulaire de la chaire d’agriculture et d’environnement de l’université d’Alberta, à partir de mesures collectées en 2016. Pour ce géologue, fier de faire visiter le laboratoire ultramoderne construit grâce aux fonds d’Alberta Innovates, l’agence de recherche financée par la province et le secteur pétrolier, « on retrouve les mêmes valeurs de contaminants que celles que l’on peut observer au nord de la Norvège, dans la région la mieux préservée d’Europe ! »

      « Risque extrême »
      « Soutenir qu’une industrie qui brûle de fortes quantités de pétrole et utilise des solvants chimiques en grand nombre ne génère pas de pollution n’est tout simplement pas crédible, rétorque le biologiste, aujourd’hui retraité. La question n’est pas de savoir si la pollution est avérée ou non, mais jusqu’à quel point elle affecte la biosphère. »

      Six mois après l’étude de David Schindler, un autre rapport scientifique a corroboré ses résultats, les experts de la Société royale du Canada ont notamment relevé le haut niveau de toxicité « chronique » des eaux rejetées par l’industrie dans ses bassins de décantation. Un an plus tard, la presse albertaine rendait public un document confidentiel du ministère de l’environnement qui qualifiait la contamination de la rivière Athabasca de « sujet de première importance ».

      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. »
      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. » .
      Masqués par la neige abondante de l’hiver, ces lacs artificiels vérolent peu à peu le paysage du nord de l’Alberta. Après un demi-siècle d’activité pétrolière, ils contiennent, en volume cumulé, 1 300 milliards de litres d’eau polluée, et pourraient nécessiter 50 milliards de dollars de frais d’assainissement, selon les calculs de Pembina. L’institut canadien spécialisé dans l’énergie a alerté à plusieurs reprises sur les fuites de certains bassins remplis de déchets industriels. « C’est un risque extrême sur le plan environnemental, confirme Simon Dyer, le directeur de Pembina à Edmonton, d’autant que le gouvernement d’Alberta continue d’exempter les entreprises de nettoyer ces bassins, comme la réglementation les y oblige. » En 2008, Syncrude avait été condamné à une amende de 3 millions de dollars à la suite de la mort de 1 600 canards qui s’étaient posés sur l’un des bassins de la compagnie pétrolière.

      La forêt boréale porte elle aussi les stigmates de cette addiction à l’or noir. Depuis la route bosselée et glissante qui relie Fort Chipewyan à Fort McMurray, l’agglomération de 75 000 habitants développée pour et par l’industrie bitumineuse, les futaies d’épinettes, de sapins, de mélèzes et de peupliers font apparaître d’impressionnantes trouées. Certaines sont dues aux feux de forêts qui embrasent régulièrement l’Ouest canadien pendant l’été. Mais les clairières résultent aussi des coupes dictées par les compagnies extractives.

      Cette déforestation n’est pas sans effets sur la biodiversité animale. Le caribou figure au premier rang des espèces les plus menacées. « En coupant les arbres, on crée des corridors qui permettent aux prédateurs comme le loup d’accéder plus facilement aux hordes de caribous », déjà fragilisés par le réchauffement climatique, explique Simon Dyer. Dans certaines régions de l’Alberta, leur population a décliné de 80 % depuis les années 2000, note l’Institut Pembina.

      Regroupé dans le parc national Wood Buffalo, le plus grand troupeau du monde de bisons des bois en liberté pourrait être la prochaine victime collatérale de l’industrie pétrolière. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983, cette aire naturelle n’est qu’à 30 km d’un énorme projet d’exploitation de sables bitumineux porté par le consortium sino-canadien Teck Resources. Cette mine à ciel ouvert, d’une superficie de 290 km2, permettrait d’extraire 260 000 barils de pétrole par jour pendant plus de quarante ans.

      « Sentiment de honte »
      Teck assure que le projet n’affectera pas l’« intégrité » du parc. Les conclusions de l’entreprise, relayées par l’agence canadienne d’évaluation environnementale, ne convainquent pas les communautés riveraines, qui ont alerté l’Unesco. Dans leur rapport de mission, les experts onusiens estiment que le Canada manque à ses devoirs de protection et demandent aux autorités de mettre en œuvre d’ici à la fin 2018 les dix-sept recommandations énumérées dans leur synthèse.

      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Le gouvernement refuse de choisir entre croissance économique et exigence environnementale, analyse Becky Kostka, et les petites communautés indiennes du Nord ne pèsent pas face aux besoins énergétiques des grandes villes du sud de la province, Edmonton et Calgary. » La responsable des terres et des ressources de la Première Nation de Fort Smith, qui n’est pas d’ascendance indienne, dénonce aussi un problème de mentalité : « La plupart des Canadiens ignorent le sort des Premières Nations ou alors ils éprouvent un sentiment de honte face aux missions catholiques qui les ont colonisées par le passé. »

      Avec l’expansion de l’activité bitumineuse, la colonisation prend un autre visage en Alberta, celui d’hommes blancs célibataires, originaires des quatre coins du Canada et parfois même des Etats-Unis ou d’Europe, tous aimantés par « Fort McMoney » (le surnom de Fort McMurray) et sa ceinture d’usines fumantes et crépitantes. Car en dépit des variations du prix du pétrole, les sables bitumineux restent le meilleur filon pour amasser des dollars.

      Souvent installée dans des baraquements à la sortie de la ville, cette population uniforme écume à la nuit tombée les bars de la ville. Entre deux pintes de bière, Brad et ses collègues natifs d’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, à l’autre bout du pays, partagent la même motivation. Opérateurs pour Syncrude, ils gagnent 150 000 dollars par an, « cinq fois plus que ce que l’on pourrait toucher dans nos provinces d’origine », précise Brad. « L’eau n’est pas polluée et le Canada est bien moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un pays comme la Chine », ajoute son ami Daven.

      « Il faut stopper cette industrie sale »
      De toute façon, « les sables bitumineux, c’est comme la politique, mieux vaut ne pas aborder le sujet si vous voulez conserver vos amis, ironise Denis Roy, électricien pendant quarante ans à Fort McMurray. Bien sûr que l’industrie pétrolière contamine la région, confie le retraité, mais personne ne veut perdre son boulot. »

      Selon les prévisions de la CAPP, la production de pétrole brut (issu des sables bitumineux de l’Ouest canadien) devrait passer de 2,3 millions de barils par jour en 2015 à 4,8 millions en 2030. « Tant que la demande mondiale de pétrole sera forte, l’industrie canadienne des sables pétrolifères souhaitera y répondre », commente sobrement Terry Abel, le numéro deux des producteurs de pétrole.

      De Calgary à Fort Chipewyan, 900 km plus au nord, personne n’envisage la fin prochaine de l’exploitation des gisements bitumineux. « On a besoin l’un de l’autre, résume Archie Waguam, le chef des Mikisew Cree de Fort Chip, à propos des compagnies pétrolières. Et puis, si c’est nécessaire, on peut sortir un carton rouge et bloquer un projet trop nocif pour l’environnement. » Mais le leader indien préfère sortir son carnet de chèques et faire prospérer les affaires des siens. En décembre 2017, les Mikisew Cree et la Première Nation de Fort McKay ont conclu une participation de 49 % dans un parc de stockage du pétrolier Suncor d’un montant historique de 500 millions de dollars.

      Le tableau blanc sur lequel Archie Waguam a griffonné les priorités de sa communauté pour les cinq ans à venir fait apparaître le développement économique en tête de liste, et la santé en cinquième position. Les permis d’exploitation accordés aux compagnies pétrolières assurent aux Premières Nations des revenus de plusieurs millions de dollars chaque année. « On a plusieurs joint-ventures avec les pétroliers et on développe nos propres affaires. On vient par exemple de lancer la construction d’un hôtel de luxe à Fort McMurray », se vante le responsable.

      Si les montants de ces tractations demeurent confidentiels, l’existence de négociations entre populations locales et secteur privé est connue de tous. « Qu’est-ce qui est préférable, poursuivre une entreprise pour atteinte à l’environnement et prendre le risque de perdre devant la justice, ou négocier directement avec elle des compensations financières ? », argumente Melody Lepine, qui défend les intérêts des Mikisew Cree auprès de l’industrie.

      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.
      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Parmi les habitants de Fort Chip, tout le monde ne goûte pas le pragmatisme des élus indiens. « L’argent est l’autre fléau qui mine notre communauté », s’inquiète le guide et trappeur Robert Grandjambe, qui dénonce pêle-mêle la corruption de certains chefs et les enveloppes de 350 dollars distribuées par les compagnies pétrolières, selon plusieurs témoins, aux participants à leurs réunions publiques.

      « C’est l’argent qui mène le monde aujourd’hui, constate aussi Alice Rigney, la responsable du centre local pour les jeunes. Mon père a vécu quatre-vingt-dix ans, il n’avait que ce qu’il pêchait dans le lac et ce qu’il trouvait dans la nature, mais il est mort heureux. Il faut stopper cette industrie sale qui contamine l’eau et pollue la planète. » « Personne n’ignore aujourd’hui que les énergies fossiles aggravent l’état de la planète, et pourtant elles continuent de se développer, note l’ancien chef des Mikisew Cree de Fort Chipewyan, George Poitras. C’est comme si quelqu’un vous frappait et que vous lui répondiez : ne t’arrête pas, continue de frapper. »

      Contaminations : sept reportages dans des zones souillées à tout jamais
      Depuis dix mois, Le Monde s’est associé au photographe Samuel Bollendorff pour explorer et rendre compte d’une réalité à peine imaginable. Des zones entières du globe, des villes, des forêts, des lacs, des océans, sont devenues impropres au développement humain, souillées à tout jamais, peut-être le prélude à notre monde de demain. Ces territoires se situent majoritairement dans les pays qui ont vu naître l’industrialisation.

      Sept journalistes se sont succédé d’Anniston aux États-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewayn au Canada, à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à « la terre des feux » à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Ils ont enquêté sur ces millions de kilomètres carrés contaminés aux produits chimiques, aux hydrocarbures, à la radioactivité. Et ont découvert des paysages dévastés ainsi que des populations rongées par un mal invisible, le lent poison qui s’est infiltré dans leur environnement, avec l’assentiment des autorités. Leurs reportages ont été rassemblés dans une série baptisée « Contaminations », que nous publions du 1er au 8 septembre en sept volets.

      Au premier abord, dans les images, tout semble paisible, harmonieux, rassurant : une mer calme, une forêt éclairée par une lumière douce… Mais derrière cette séduction apparente, la réalité est toxique. Car la contamination est bien souvent invisible à l’œil nu. Et c’est tout l’intérêt de cette démarche photographique : elle donne l’illusion de la beauté bucolique à l’endroit même où la nature est empoisonnée. Le travail photographique de Samuel Bollendorff est aussi exposé à Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme à Perpignan, du 1er au 16 septembre.

  • Archéologie d’une régression

    Moriel

    http://lavoiedujaguar.net/Archeologie-d-une-regression

    Nedjib Sidi Moussa
    La Fabrique du Musulman
    Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale

    Dans une époque marquée par la confusion et l’indifférenciation, où les horions, les anathèmes et les procès en sorcellerie ont pris le pas sur la délibération, l’ouvrage de Nedjib Sidi Moussa fait figure de contre-feu salutaire.

    Comment des thèses dont on aurait pu penser qu’elles étaient, jusqu’à il y a peu, la marque de fabrique exclusive de l’extrême droite, ont-elles pu diffuser vers des milieux se disant de gauche ? (...)

    #communautarisme #identité #Indigènes_de_la_République #race #religion #aliénation