Mince, je considère que ce qui constitue la toxicité du capitalisme, c’est son couplage intrinsèque à la finance capitaliste, c’est à dire le privilège de propriété qui confère au propriétaire un droit à la prédation sur ses congénères (par vampirisme et abus de faiblesse).
Je distingue de cela la finance fonctionnelle, fonction qui permet l’organisation opérationnelle et collaborative des efforts d’investissements économiques (les richesses dégagées aujourd’hui peuvent préparer celles de demain), et qui comme toute fonction à valeur ajoutée, doit juste être rémunérée à sa juste valeur (pas de privilège !!).
Marx a démontré – même si les marxistes l’ont vite oublié – que la propriété privée des moyens de production est elle-même la conséquence du fait que dans le capitalisme – et seulement dans le capitalisme – l’activité sociale prend la forme de la marchandise et de la valeur, de l’argent et du travail abstrait. Un véritable dépassement du capitalisme ne peut se concevoir sans se libérer de ces catégories.
Je ne connais pas cette démonstration ni sa validité, mais je doute quand même de l’interprétation qui en est faite. Si la valeur est une condition nécessaire à l’émergence du capitalisme, peu importe qu’elle l’ait précédé ou non d’ailleurs, je ne vois pas comment Marx peut démontrer que l’existence de la valeur, de la monnaie, implique le capitalisme (dans son essence prédatrice). Pire je ne vois pas comment il est possible, à l’échelle d’une civilisation de pouvoir sortir en même temps du capitalisme ET de l’utilitarisme.
D’ailleurs l’utilitarisme ne me semble pas mauvais en soi. C’est juste un travail difficile que de définir ce qui m’est utile sans que cela ne me transforme en prédateur vis à vis de mes congénères. Mais je ne vois pas comment une collectivité peut être « saine » et viable sans que les individus qui la composent n’aient pas conscience de leur besoins et de ce qui peut leur être utile, et sans que la collectivité soit pensée pour aider ces individus à répondre à leurs besoins.
Bref, je suis peut être naîf, mais pour moi l’utilitarisme ce n’est pas « mal ». Il manque un mot en isme pour désigner ce mécanisme moral qui permet à un individu de profiter de sa supériorité sur son congénère pour en tirer un avantage à ses dépens, grâce à l’acceptation sociale de l’existence de privilèges « dûs » et mérités, et dont le capitalisme se nourrit allègrement.
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Les explications offertes par l’extrême droite attirent une partie des victimes de la crise, car elles paraissent évidentes à ces dernières. Elles se concentrent presque toujours sur le rôle de l’argent. Hier c’était la chasse aux « usuriers », aujourd’hui aux « spéculateurs ». « Briser l’esclavage du taux d’intérêt » : voilà qui pourrait être un slogan du « mouvement des occupations ». En vérité, ce fut un des principaux points programmatiques du Parti nazi à ses débuts.
J’aimerais vérifier les termes utilisés par l’extrême-droite, mais je pense qu’il doit y a voir quelques nuances de taille. Je n’ai jamais entendu l’extrême-droite vouloir briser des esclavages.
L’extrême-droite ne s’attaque pas à la finance dans son principe, elle ne s’attaque pas au système, elle s’attaque aux financiers, ces fameux intrus apatrides transnationaux qui nuisent et menacent la nation (avec dans le viseur en filigrane la religion bien connus de ces financiers)
La confusion est effectivement facile, d’autant que les gens de gauche sont aussi tentés de confondre le combat des idées avec le combat contre les individus, mais ce n’est pas pour autant qu’on doit s’abstenir de critiquer la finance.
Attac a été précurseur fin des années 90 en dénonçant la dictature des marchés financiers. Problème son discours trop abstrait, systémique a du mal à toucher la grande partie de la population, contrairement au discours sur le « mondialisme » tenu en même temps par Le Pen père...
Faut il qu’on soit mal inspiré en ce moment pour s’entre-déchirer en se faisant à gauche des procès de proximité avec l’extrême-droite, alors que ce n’est pas qu’on soit venu à elle, c’est plutôt elle qui est venue à nous en colonisant nos thématiques...