Une organisation en #souffrance
Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.
Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...
L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”
Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?
Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905
#travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail
25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :
« On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."
Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :
« Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »
]]>Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/19/harcelement-scolaire-le-regime-de-sanctions-durci-notamment-a-l-ecole-primai
Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire
Un élève harceleur pourra, comme cela avait été annoncé en avril, être changé d’école, y compris sans l’aval de ses parents, selon un décret paru mercredi. Les représentants des parents et des enseignants invitent à accentuer en parallèle la prévention et l’accompagnement des élèves.
Par Eléa Pommiers
Les élèves de primaire auteurs de harcèlement pourront désormais être changés d’école, y compris sans l’aval de leurs parents. Un décret paru mercredi 16 août vient entériner cette mesure annoncée par l’ancien ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, au mois d’avril. [...]
Voilà qui semble ignorer la dimension sociale et collective du problème ; comme s’il s’agissait toujours, comme on aime à le montrer à la TV, d’un seul type de relation toxique, obéissant à un même modèle « psychologique » évanescent, dans lequel n’interviennent que deux personnes ; un·e harceleur·e et un·e harcelé·e.
Réponse facile où il suffit de déplacer « le problème » pour ne plus le voir.
« La mixité ? Nécessaire. Pas toujours possible »
Faut-il séparer les élèves par niveaux ou les réunir dans des #classes hétérogènes ? Alors que Genève votera sur CO22, qui privilégie la seconde option, que dit la recherche ?
Vaut-il mieux des #systèmes_scolaires séparant les élèves en filières ou les regroupant dans des classes hétérogènes ? Alors que Genève décidera le 15 mai s’il veut en finir ou non avec les sections et regroupements au Cycle d’orientation, que dit la recherche ?
L’association Changeons l’école (CLÉ) a justement voulu donner des clés de compréhension pour éclairer le débat sur CO22 en invitant quatre universitaires autour d’une table ronde. Son président, Stéphane Garcia, doyen dans un collège, précise que, sur CO22, CLÉ, fondée il y a six mois par des gens travaillant ou ayant travaillé au DIP, ne prend pas position, bien qu’on trouve dans son comité le député vert’libéral et référendaire Jean-Michel Bugnion.
Sociologue à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Barbara Fouquet-Chauprade affirme que, globalement, les #filières sont « les systèmes les moins efficaces et les plus inégalitaires ». Membre du Groupe genevois d’analyse des politiques éducatives, elle complète : « Plus l’orientation est retardée, mieux c’est pour limiter les inégalités. » Son collègue, Georges Felouzis, insiste sur le fait que la sélection précoce « laisse peu de place à la notion de seconde chance. La séparation a le défaut de pétrifier les statuts scolaires à la fin de l’école primaire. »
Le pédagogue Olivier Maulini, qui dirige le Laboratoire innovation, formation, éducation (Life), rattaché à la même faculté, complète : « Des effectifs réduits pour mieux prendre en compte les difficultés d’une partie des élèves sont une mauvaise bonne idée, car on isole de plus en plus ces élèves, on individualise de plus en plus leur prise en charge en les privant des ressources du groupe qui peut stimuler les apprentissages. Résultat, on ne fait alors qu’empiler les dispositifs pour toujours plus individualiser, voire médicaliser l’encadrement des élèves en difficulté. » Dans une classe mixte, quand l’enseignant·e s’adresse plus particulièrement à un groupe d’élèves, les autres doivent apprendre à se taire, et donc le respect d’autrui, ajoute-t-il. « En réalité, les enseignants enseignent toujours pour toute la classe. »
Lui aussi, au vu des comparaisons internationales, affirme que la recherche a prouvé la supériorité des systèmes hétérogènes, par exemple en Scandinavie ou en Asie. Dans une synthèse qu’il nous a fait parvenir, il note que « l’enseignement par niveaux est contesté dans (presque) toutes les sociétés : l’Allemagne tente de réduire le nombre de ses filières depuis que les comparaisons internationales l’ont mal classée ; la Pologne a unifié les siennes et nettement progressé ; la Corée du Sud a voulu à l’inverse avancer l’heure de la sélection, mais les experts l’en ont dissuadée. » Au micro, il explique : « Les effets de la concentration des difficultés sont l’étiquetage et la stigmatisation de ces élèves, un autodénigrement et un effet d’attente du corps enseignant, qui va adapter à la baisse ses exigences. »
« Et l’excellence ? »
Et plus les paliers d’orientation sont nombreux, plus les discriminations se durcissent : les parents des classes populaires ont tendance à auto-éliminer leurs enfants des filières les meilleures, explique le spécialiste. « Les enseignants ne font pas cette erreur pour leurs propres enfants et vont plutôt demander des dérogations. »
Dans sa synthèse, M. Maulini précise encore que les classements et déclassements précoces peuvent susciter des sentiments de révolte, d’injustice, de résignation, et que ces choix ardus reposent essentiellement sur les jeunes les moins bien formé·es, qui vivent une double peine.
Raison pour laquelle un système hétérogène profite en particulier aux élèves défavorisé·es. Ces gains sont largement supérieurs aux effets négatifs marginaux vécus par leurs camarades les mieux noté·es. Et l’excellence ? demande un enseignant dans le public. « Il est important pour tout pays de former une élite scolaire, mais là où on observe des politiques de mixité, on constate aussi que l’école est performante en termes d’excellence », répond M. Felouzis.
Puis il prend l’exemple de la France, où le collège unique cache une ségrégation de fait en fonction des emplacements géographiques des établissements. « Les inégalités scolaires y sont très fortes, tandis que l’élite est formée dans les grandes écoles. Abandonner les filières n’aboutit pas à avoir un enseignement moyen, mais à ce que l’obtention des diplômes et la formation des élites ne dépendent pas de l’origine sociale ou migratoire. »
Olivier Maulini affirme encore que « le passage mécanique des filières à des classes hétérogènes apporte une amélioration. Mais la plus-value augmente si l’on y ajoute une pédagogie différenciée efficace, privilégiant des remédiations intensives, ponctuelles et ciblées. » Tout le contraire d’un redoublement ou, justement, d’une séparation dans une classe à niveau. Les effets-leviers de ces remédiations, poursuit l’universitaire, ont un impact sur le climat de la classe, de l’établissement, du corps enseignant, une « boucle vertueuse » favorisant la cohésion sociale.
Or, tout dépend de ce que l’on privilégie : la cohésion ou la compétition sociale ? Et c’est là que ça peut coincer, à entendre Olivier Maulini : « Au vu de leurs effets de ségrégation avérés, il est nécessaire de se passer des filières. Mais le nécessaire n’est pas toujours possible, on est bien placés à Genève pour le savoir. » Car « dans les régions où les diplômes décident le plus des destins sociaux, tout le monde attache beaucoup d’importance à la réussite scolaire ».
Historien de l’éducation, Christian Alain Muller voit dans les Trente Glorieuses le début de la course aux diplômes, faisant qu’aujourd’hui, ne pas en avoir laisse comme seul débouché la livraison de pizzas. « Il fallait former de nombreuses personnes pour des emplois ‘moyens’ dans les services, nécessitant des diplômes. Aujourd’hui, l’école est très importante pour les gens des classes moyennes afin que les générations suivantes puissent conserver leur statut social. C’est pourquoi l’enjeu sur l’école est si fort et pas neutre du tout. »
Une paix scolaire
A Genève, ces rapports de force se sont traduits par ce qu’on appelle la « guerre scolaire » au début des années 2000, et, si l’on traduit correctement la pensée de ces universitaires, de la victoire de la compétition sociale : retour des notes à l’école primaire, puis retour des sections avec l’actuel « nouveau Cycle d’orientation ». Celui-ci, qui offre des passerelles pour passer d’un niveau à l’autre, se voulait une réponse politique consensuelle entre deux projets aux antipodes : l’hétérogénéité versus un Cycle multipliant des filières étanches. Genève s’est ainsi acheté la paix scolaire pour près de dix ans. Mais à quel prix ?
Alors que ce système se voulait plus sélectif, il n’a rien changé pour la grande masse des élèves, selon Mme Fouquet-Chauprade, qui a étudié cette réforme de près. En revanche, celles et ceux à la marge ont été figés dans la voie de garage de la section la plus faible et génératrice de mal-être, alors qu’avec le précédent système, ces jeunes auraient pu prétendre à un destin scolaire plus gratifiant.
Reste qu’elle aussi prévient : d’une réforme sur le papier comme CO22 à sa mise en pratique, il y a un fossé. Or « quand les acteurs du terrain ne sont pas impliqués dans une réforme éducative, ils ne s’y reconnaissent pas ». En ce sens, juge l’universitaire, en comparaison du système actuel qui a été « imposé par le politique », CO22 se veut « relativement innovant » au vu d’une « réelle volonté de négocier, du partenariat avec les syndicats, les partis ou encore l’apport des chercheurs ». Mais impossible de parler de co-construction puisque, de fait, « le corps enseignant du Cycle est divisé ». Si CO22 passe, une partie du corps enseignant réfractaire pourrait appliquer des stratégies d’évitement, comme on en observe à Neuchâtel, qui a abandonné les filières en 2017.
Olivier Maulini, lui, observe parfois dans les classes hétérogènes des « effets non désirés » : suradaptation de l’enseignement aux aptitudes supposées, sous-stimulation d’individus ou de groupes marginalisés, hiérarchies implicites d’évaluation, exclusions de l’intérieur, dirigisme, paix sociale plus ou moins négociée…
Au passage, le chercheur n’est pas étonné que, si le syndicat du Cycle s’abstient à propos de CO22, celui du primaire soutient cette réforme puisque, par un effet de cascade, « c’est au primaire que l’orientation se joue ».
Des élèves coulent
Conclusion du spécialiste : pour arbitrer entre hétérogénéité ou filières, il faut tenir compte d’au moins trois facteurs clés : un corps enseignant plus ou moins apte à mettre en œuvre une pédagogie inclusive ; le degré de cohésion social versus l’angoisse endémique d’être bien ou mal sélectionné ; une tradition politique de progrès patiemment négociés ou une autre, faite d’effets d’annonce sur fond de préférences idéalisées.
Quant à Christian Alain Muller, il attire l’attention sur une bombe sociale qui transcende ce débat : « 10 à 15% d’élèves coulent, qui ne se conforment pas à la forme scolaire, développent une phobie scolaire ou entrent dans un processus de médicalisation, certains ne supportent pas l’énorme pression des évaluations et développent une angoisse. Les parcours se prolongent, on multiplie les dispositifs. » Et la conclusion qui fait mal : en réalité, « on ne sait pas quoi faire avec ces élèves ».
Alors que la guerre scolaire a repris, le 15 mai, le peuple dira si, après le retrait de l’initiative pour l’hétérogénéité il y a treize ans, suivi de l’échec du retour des sections en termes d’égalité des chances, le canton est mûr pour à nouveau réformer son Cycle.
▻https://lecourrier.ch/2022/05/03/la-mixite-necessaire-pas-toujours-possible
#école #mixité #éducation #classes_sociales #inégalités #politiques_éducatives #sélection #seconde_chance #statuts_scolaires #séparation #isolement #apprentissage #individualisation #médicalisation #enseignement_par_niveaux #stigmatisation #excellence #discriminations #double_peine #remédiations #pédagogie_différenciée #cohésion_sociale #compétition #diplômes #réussite_scolaire #pédagogie_inclusive #Suisse #Genève
]]>eh ben voilà...
j’aime pas étaler ma vie mais là je suis trop dégouté...
2 ans
2 putain d’années à limiter les contacts, à faire gaffe, à expliquer aux enfants de faire gaffe, que c’est pas grave si d’autres le font pas, eux c’est important qu’ils le fassent.
Dernièrement l’angoisse de la montée des cas à l’école.
Cernés de partout, divergence incroyable entre ce qu’on dit partout autour de moi (repris de ce que dégueulent les médias mainstream) et ce qu’on lit sur seenthis.
Résultat je tarde un peu mais je me décide à trouver des rendez vous coûte que coûte pour vacciner les petites et acheter les « pure mask » conseillés ici.
Vaccins fait mercredi, pure mask reçu aujourd’hui...et ce qui devait arriver arriva...une des filles positives ce soir.
Je suis dégouté parce que tout le monde trouve ça génial parce qu’on va retrouver la vie d’avant grâce à ce virus qui circule si bien et qui est rien d’autre qu’une gripette maintenant hein (et même des gars avec des cerveaux de fou comprennent pas que rien ne changera tant qu’on aura pas vacciné massivement toute la planète).
Je suis dégouté parce que tout le monde dit c’est pas grave (mais putain...qu’est ce qu’on en sait ??? ouais la proba est faible...mais qu’est ce t’en sais que ça va tomber sur toi ou pas ?)
Je suis dégouté parce que j’ai pas voulu trop le faire en force et que j’aurais peut être dû...
Je suis dégouté que les mecs au gouvernement sont tellement nuls et cyniques qu’on en arrive à polariser la population comme jamais et que les gens comprennent plus rien à rien à force de dire n’importe quoi tout en faisant la chasse aux fake news qui se sont jamais aussi bien portées.
Je pourrais continuer sur pas mal de choses mais j’ai déversé ce qui me pesait déjà pas mal sur le coeur...alors je vais m’arrêter là....
...mais je suis dégouté
]]>#Salaire des #fonctionnaires : « On entre dans une logique de #contractualisation et de #liberté »
Selon le spécialiste de la réforme de l’Etat #Luc_Rouban, la #conférence_sur_les_perspectives_salariales des fonctionnaires qui s’ouvre mardi pourrait acter la mise en place d’une nouvelle architecture de la fonction publique.
Alors que la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, ouvre, mardi 21 septembre, une conférence sur les #perspectives_salariales des fonctionnaires, le spécialiste de la réforme de l’Etat Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, chercheur au Centre d’études de la vie politique française de Sciences Po (Cevipof), montre que cela sous-tend une transformation profonde de la #fonction-publique.
A six mois de la présidentielle, ouvrir une conférence de six mois sur la rémunération des fonctionnaires, est-ce un gadget politique ou le début d’un vrai travail de fond ?
C’est le début d’un vrai travail de fond. S’il s’agissait d’un gadget politique, le calendrier serait particulièrement mal choisi. Des promesses faites aujourd’hui n’engagent à rien… Ce serait même plutôt un mauvais calcul politique.
Là, il s’agit de régler un problème de fond. La disparition d’un certain nombre de #corps (celui des préfets, des inspections, etc.) amorce une réforme plus large de la fonction publique française. Celle-ci sort d’un #modèle_corporatif et se dirige vers un #modèle_d’emploi, comme dans la plupart des pays européens.
C’est-à-dire ?
L’existence de corps fait que le parcours des fonctionnaires est prévu à l’avance. Là, on fait sauter le #verrou_corporatif, et une nouvelle architecture de la fonction publique se met en place, avec une relation plus individualisée entre l’agent et l’employeur. Cela permet une plus grande #mobilité pour les fonctionnaires. Mais cela remet aussi en cause tout le système de #rémunération et de #progression. Il faut donc d’autres règles générales pour encadrer cette nouvelle situation, situation dans laquelle le jeu stratégique entre les #syndicats et le #gouvernement est brouillé.
Car on sort également de l’habitude du grand rendez-vous salarial annuel tournant autour de la question de l’augmentation générale du #point_d’indice, avec une application corps par corps. On entre dans une logique de #contractualisation et de #liberté. Le poids de l’#avancement pèse sur le fonctionnaire à titre individuel beaucoup plus qu’avant : ce sera à lui de se préparer, de chercher des formations, de rédiger un bon CV, de solliciter un autre ministère ou un autre établissement public, d’accepter d’être mis en #concurrence avec d’autres agents ou des candidats venant du privé.
On se rapproche de la logique du privé. C’est plus compliqué pour le fonctionnaire, mais les corps conduisent aussi à ce qu’après quelques années, on se retrouve bloqué dans son avancement. Vous arrivez à 45, 50 ans et vous n’avez plus beaucoup d’avenir. Il est souvent impossible d’accéder à l’#indice_salarial le plus élevé, et cela nourrit de la #frustration et du #mécontentement.
Le système est donc bien à bout de souffle, comme le dit #Amélie_de_Montchalin ?
Jusqu’à Nicolas Sarkozy, on faisait des augmentations générales, et on s’arrangeait avec les #primes. C’est une fausse #individualisation. Le système est bloqué et s’auto-reproduit : la #hiérarchie, des grands corps au sommet jusqu’aux fonctionnaires de catégorie C, est figée. Pourtant, la crise sanitaire a mis en lumière le caractère essentiel des #emplois_d’exécution. On commence donc à s’interroger sur la #hiérarchie_sociale et l’#utilité relative des uns et des autres dans la fonction publique.
Dans la perspective de la présidentielle, tout cela représente-t-il un atout pour Emmanuel Macron afin de séduire les 5,6 millions de fonctionnaires, quand la socialiste Anne Hidalgo propose de doubler le salaire des enseignants ?
Il peut se démarquer face à la proposition d’Anne Hidalgo, qui reste quantitative et très spécifique, en proposant une refonte qualitative concernant l’ensemble des fonctionnaires qui associe la question des #rémunérations à celle du déroulement des #carrières, des #qualifications et des #conditions_de_travail. Cela lui permet de faire du « en même temps » puisqu’il peut aussi se présenter comme quelqu’un de responsable qui cherche à préserver les équilibres budgétaires ou, du moins, à limiter les déséquilibres.
En mécontentant donc l’électorat de droite, essentiel pour le candidat Macron, qui souhaite diminuer la dépense publique ?
L’électorat de droite n’est pas totalement néolibéral… Même à droite, on défend le service public et l’Etat-providence. Le patronat a applaudi les mesures exceptionnelles qui ont protégé les entreprises et les salariés. Les Français ont conscience que le #service_public assure un minimum de #cohésion_sociale, ne serait-ce que par les forces de sécurité. Il existe une demande très forte de protection et d’intervention publique. La droite parlementaire fait une erreur stratégique en reprenant la logique néolibérale de 2017. Elle dit qu’il faut diminuer les dépenses, et donc, le nombre de fonctionnaires, mais sans proposer de réflexion sur l’architecture interne de la fonction publique et sur ses métiers. C’est donc un moyen pour Emmanuel Macron de se démarquer, ici aussi.
▻https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/09/20/salaire-des-fonctionnaires-on-entre-dans-une-logique-de-contractualisation-e
#fonctionnariat #néo-libéralisme
Das Bundesministerium für Bildung und Forschung hat Ende April 2021...
▻https://diasp.eu/p/12865404
Das Bundesministerium für Bildung und Forschung hat Ende April 2021 den ersten Schritt für den Aufbau einer Nationalen Bildungsplattform unternommen. Ein piqd von Anja C. Wagner ►https://www.piqd.de/zukunft-der-arbeit/die-nationale-bildungsplattform-als-digitales-grossprojekt und der Artikel auf haufe.de: ▻https://www.haufe.de/personal/hr-management/nationale-bildungsplattform_80_542294.html #Bildung
]]>AAH en couple : Sophie Cluzel dit huit fois non à l’individualisation - Faire Face - Toute l’actualité du handicap
►https://www.faire-face.fr/2021/02/18/aah-en-couple-sophie-cluzel-dit-huit-fois-non-a-lindividualisation
La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées a longuement rappelé aux sénateurs pourquoi elle ne soutiendrait pas la proposition de loi sur l’AAH en couple. Solidarité entre époux, droit commun pour tous, protection des perdants… : Sophie Cluzel a ratissé large.
L’Allocation adulte handicapé individualisée ne passera pas par elle. Devant la commission des affaires sociales du Sénat, Sophie Cluzel a redit, ce jeudi matin 18 février, son opposition à la déconjugalisation de l’AAH. Les sénateurs doivent en effet examiner, le 9 mars, la proposition de loi visant, entre autres, à supprimer la prise en compte des ressources du conjoint pour le calcul de l’AAH. La secrétaire d’État a développé un réquisitoire en huit points.
1 – La solidarité dans le couple est fondamentale
« Parce que le foyer est la cellule protectrice de notre société, la solidarité nationale doit s’articuler avec la solidarité familiale. » Les conjoints doivent s’entraider. Et si cela ne suffit pas, alors, et seulement alors, l’État prend le relais.
[...]
4 – Cela aurait valeur de – mauvais – exemple
Individualiser l’AAH « ouvre la brèche dans la déconstruction de nos dispositifs de protection sociale ». Et de citer le RSA, les APL, l’allocation de solidarité aux personnes âgées… Leur attribution dépend de la prise en compte des revenus du foyer.
[...]
8 – La question des violences est un vrai sujet mais…
Dès qu’une femme quitte son conjoint, les ressources de ce dernier ne sont plus prises en compte pour le calcul de l’AAH. Et la Caf s’engage à traiter ces situations de séparation dans les dix jours au plus tard.
Mais prendre une telle décision « peut-être difficilement réalisable pour des femmes en situation de handicap (…) parfois sous emprise », a reconnu Sophie Cluzel. « Il nous faut mieux les accompagner » a-t-elle conclu… sans préciser comment.
#AAH #RSA #ASPA #individualisation #déconjugalisation #familialisme
]]>Individualisation de tous les minima sociaux - e-pétitions du Sénat
▻https://petitions.senat.fr/initiatives/556
Les minima sociaux sont attribués par foyers, et non individuellement. Ainsi, une personne relevant du RSA se trouvera privée de revenus propres si son conjoint dispose même de faibles revenus. Autre conséquence : un foyer comprenant une mère seule et deux enfants à charge – soit trois personnes dont deux engagent des frais plus importants qu’un adulte – ne touchera pas trois fois mais seulement 1.8 fois le montant d’un RSA individuel.
Alors même que les minima sont calibrés pour être insuffisants pour vivre, ce mode de calcul induit et aggrave les situations de dépendance économique au sein du foyer (au sein du couple ou entre générations), avec pour résultat de priver d’autonomie des millions de personnes et de favoriser les contextes propices à toutes formes d’exploitation et de violences intrafamiliales, qu’elles soient physiques, psychiques et économiques.
Le calcul des minima aboutit ainsi à priver les personnes des moyen matériels nécessaires pour (re)conquérir leur autonomie et, le cas échéant, se protéger d’un foyer délétère – y compris pour celles et ceux qui restent économiquement dépendant•e•s d’un foyer qu’elles ou ils ont matériellement quitté.
]]>Il racconto dell’omicidio di #Agitu_Ideo_Gudeta evidenzia il razzismo democratico dei media italiani
L’imprenditrice #Agitu Ideo Gudeta è stata uccisa il 29 dicembre nella sua casa a #Frassilongo, in provincia di Trento. Da subito si è ipotizzato si trattasse dell’ennesimo femminicidio (72 donne dall’inizio del 2020), anche in ragione del fatto che in passato la donna era stata costretta a querelare un uomo per #stalking. In quell’occasione Gudeta aveva chiesto di considerare l’aggravante razziale, dato che l’uomo, un vicino di casa, la chiamava ripetutamente “negra”, ma il giudice aveva respinto la richiesta del suo avvocato. Il giorno successivo all’omicidio, il suo dipendente #Adams_Suleimani, – un uomo ghanese di 32 anni – ha confessato il crimine, aggravato dal fatto che l’ha violentata mentre era agonizzante. Il movente sarebbe un mancato pagamento.
Gudeta era nata ad Addis Abeba, in Etiopia, 42 anni fa. Non era più una “ragazza”, come hanno scritto alcune testate. La sua prima permanenza in Italia risale a quando aveva 18 anni, per studiare nella facoltà di Sociologia di Trento. Era poi tornata in Etiopia, ma nel 2010 l’instabilità del Paese l’ha costretta a tornare in Italia. Nello Stato africano si è interrotto solo pochi giorni fa il conflitto tra il Fronte di Liberazione del Tigré e il governo centrale etiope – i tigrini sono una minoranza nel Paese, ma hanno governato per oltre trent’anni senza far cessare gli scontri tra etnie – cha ha causato violazioni dei diritti umani, massacri di centinaia di civili e una grave crisi umanitaria.
Proprio le minacce dei miliziani del Fronte di Liberazione avevano spinto Agitu Ideo Gudeta a tornare in Italia. La donna aveva infatti denunciato le politiche di #land_grabbing, ossia l’accaparramento delle terre da parte di aziende o governi di altri Paesi senza il consenso delle comunità che le abitano o che le utilizzano per mantenersi. Per questo motivo il governo italiano le ha riconosciuto lo status di rifugiata. In Trentino, dove si era trasferita in pianta stabile, ha portato avanti il suo impegno per il rispetto della natura, avviando un allevamento di ovini di razza pezzata mochena, una specie autoctona a rischio estinzione, e recuperando alcuni ettari di terreni in stato di abbandono.
Il caseificio che aveva aperto rivelava già dal nome – La capra felice – il suo credo ambientalista e il suo antispecismo, ricevendo riconoscimenti da Slow Food e da Legambiente per l’impegno promosso con la sua azienda e il suo negozio. Agitu Ideo Gudeta era un nome noto nel movimento antirazzista italiano, ma oggi viene usata – persino dai Verdi – per presentare il Trentino come terra di accoglienza, in un tentativo di nascondere la xenofobia di cui era oggetto. Le origini della donna e del suo assassino stupratore sono sottolineate da tutti e precedono la narrazione della violenza, mettendola in secondo piano, salvo evidenziarla in relazione alla provenienza dell’omicida, che per una volta non è un italiano, né un compagno o un parente.
Alla “ragazza” è stata affibbiata in tutta fretta una narrazione comune a quella che caratterizza altre donne mediaticamente esposte, come le attiviste Greta Thunberg e Carola Rackete, la cooperante Aisha Romano o la giornalista Giovanna Botteri, basata su giudizi e attacchi basati perlopiù su fattori estetici. Razzismo, sessismo e classismo si mescolano in questa storia in cui la violenza – quella del vicino di casa, quella del suo assassino, quella del governo etiope – rischiano di rimanere sullo sfondo, in favore del Grande gioco dell’integrazione. A guidarlo è come sempre un trionfalismo tipico dei white saviour (secondo una definizione dello storico Teju Cole del 2012), come se esistesse un colonialismo rispettabile: insomma, in nome della tolleranza, noi italiani doc abbiamo concesso alla donna un riparo da un Paese povero, di una povertà che riteniamo irrimediabile. Usiamo ormai d’abitudine degli automatismi e un lessico che Giuseppe Faso ha definito razzismo democratico, in cui si oppongono acriticamente migranti meritevoli a migranti immeritevoli, un dualismo che sa vedere solo “risorse” o “minacce all’identità nazionale”.
Così il protagonismo di Agitu Ideo Gudeta viene improvvisamente premiato, trasformando lei in una migrante-eroina e il suo aguzzino nel solito stupratore non bianco, funzionale solo al “Prima gli italiani”. Ma parlare di Agitu Ideo Gudeta in termini di “integrazione” è un insulto alla sua memoria. Considerarla un simbolo in questo senso conferma che per molti una rifugiata sarà rifugiata per sempre e che una “migrante” non è altro che una migrante. La nostra stampa l’ha fatto, suggerendo di dividere gli immigrati in buoni e cattivi, decorosi e indecorosi, e trattando i lettori come se fossero tutti incapaci di accogliere riflessioni più approfondite.
Parallelamente però, un governo che come i precedenti accantona la proposta di legge sulla cittadinanza favorisce un racconto privo di sfumature, che rifiuta in nome di una supposta complessità non affrontabile nello sviscerare questo tema. Forse se avessimo una legge sulla cittadinanza al passo con i tempi, e non una serie di norme che escludono gli italiani di seconda generazione e i migranti, potremmo far finalmente progredire il ragionamento sulla cosiddetta convivenza e sulla coesione sociale ed esprimerci con termini più adeguati. Soprattutto chi è stato in piazza a gridare “Black Lives Matter”, “I can’t breathe” e “Say Their Names” oggi dovrebbe pretendere che la notizia di questo femminicidio venga data diversamente: in Trentino una donna di nome Agitu Ideo Gudeta è stata uccisa e violentata. Era diventata un’imprenditrice di successo nel settore caseario dopo essersi opposta alle politiche di land grabbing in Etiopia. Era un’attivista e un’ambientalista molto conosciuta. Mancherà alla sua comunità.
▻https://thevision.com/attualita/agitu-gudeta-razzismo
#féminicide #racisme #Italie #meurtre #femmes #intersectionnalité #viol #réfugiés #accaparement_des_terres #Trentin #éleveuse #élevage #Pezzata_Mòchena #chèvrerie #chèvres #La_capra_felice #xénophobie
#white_saviour #racisme_démocratique
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Le site web de la #fromagerie de Agitu Ideo Gudet :
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NB :
Grâce à une amie qui connaissait Agitu je viens de connaître une autre facette de cette histoire. Un drame dans le drame, dont je ne peux/veux pas parler ici.
C’est le #changement qui fait peur, pas la migration
Les changements très rapides engendrent des réactions de #défense. Certes, la migration est perçue comme un aspect du changement sociétal. Cependant, ce n’est pas la migration en soi qui fait #peur, mais les conséquences liées à la #croissance, comme l’activité soutenue du bâtiment, l’augmentation du #trafic_routier ou l’#appauvrissement redouté de la #vie_sociale. Telles sont les conclusions de la dernière étude de la Commission fédérale des migrations CFM. L’étude de terrain « Vivre-ensemble et côte-à-côte dans les communes suisses - Migration : #perceptions de la population résidente » donne une image variée des #sensibilités. Il s’avère également que la majorité des personnes interrogées attachent beaucoup d’importance à l’#échange sur le plan local et aux possibilités de #rencontre.
Environ 45 pourcent des habitants de Suisse vivent aujourd’hui dans des agglomérations. C’est là où l’évolution des dernières décennies est la plus visible et perceptible. Dans le cadre de l’étude, huit communes (Agno, Belp, Le Locle, Losone, Lutry, Oftringen, Rheinfelden, Rümlang) ont été visitées. La procédure avec des résultats ouverts comprenait des discussions informelles, de courts entretiens et un sondage ludique sur tablette.
La migration vue comme un aspect de la #transformation_sociétale
Les personnes interviewées sont conscientes à la fois des aspects positifs et négatifs du changement. Et elles les jugent d’une manière beaucoup plus différenciée que ce qui s’exprime souvent dans les débats politiques. La migration est généralement évoquée en relation avec d’autres sujets et est rarement mentionnée directement comme un problème majeur. Cependant, une #attitude négative à l’égard des changements dans l’agglomération peut se traduire par une position critique vis-à-vis des immigrés. Cela est notamment le cas lorsqu’ils sont perçus non seulement comme une composante, mais aussi comme les responsables du changement de la société. On leur attribue alors l’intensification de la #pollution de l’#environnement ou du trafic routier, de l’activité de construction et de l’#individualisation de la société - tous ces éléments portant préjudice à la qualité du #vivre_ensemble.
La présence et la participation importent plus que l’origine
La cohabitation avec des personnes venues de « pays proches » est jugée moins problématique. Mais l’étude démontre aussi que la #résidence durable dans la commune et la #participation à la #vie_locale relativisent l’importance que les résidents attachent à l’origine des membres de la communauté. La participation à la vie économique et les #compétences_linguistiques sont considérées comme des conditions importantes pour être accueillis dans la collectivité. D’un point de vue local, cela peut également être vu comme l’expression de la volonté et de l’intérêt de la population résidente d’échanger avec les nouveaux arrivants.
L’attitude de #pessimisme face aux changements s’accompagne de #scepticisme à l’égard de la migration
L’attitude des personnes vis-à-vis des changements varie selon la durée de leur présence dans la commune, selon leurs liens avec le lieu, leur âge et leur orientation politique. En particulier les #personnes_âgées, les résidents de longue date et les personnes attachées aux lieux ont tendance à être plus critiques à l’égard de la croissance locale et de l’arrivée d’étrangers. Ils accordent beaucoup d’importance à la préservation de l’aspect du lieu, du #paysage environnant et des #usages_locaux. À l’inverse, les personnes jeunes, mobiles, sympathisantes de gauche, les femmes et les personnes issues de la migration ont plus souvent tendance à éprouver les changements et la migration comme des phénomènes normaux. Les attitudes négatives envers les étrangers expriment donc des réserves face au changement social et à la #modernisation.
Diversité vécue et communauté doivent s‘équilibrer
Pour le futur développement des agglomérations, il est important de tenir compte des besoins de tous les habitants et de créer des passerelles entre les anciens habitants et les nouveaux arrivants. C’est pourquoi les changements rapides devraient être accompagnés, communiqués et si cela est possible planifiés avec des modalités basées sur la #participation.
▻https://www.ekm.admin.ch/ekm/fr/home/aktuell/mm.msg-id-81673.html
#préjugés #asile #migrations #réfugiés #changement_sociétal #perception #Suisse
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Transformation des communes : une étude avec et pour les habitants
▻https://www.youtube.com/watch?v=We7Ke1zvddY&feature=youtu.be
Pour télécharger la version succincte de l’étude :
▻https://www.ekm.admin.ch/dam/ekm/fr/data/dokumentation/materialien/studie-migration-ansaessige-bevoelkerung.pdf
#Handicap, #genre et #précarité : signer une #pétition pour protéger l’#Allocation_Adulte_Handicapé
« Savez-vous qu’une personne handicapée vivant en couple doit demander l’accord et le financement de son conjoint pour payer chacune de ses dépenses de la vie quotidienne ? En effet, une loi française calcule le versement de l’Allocation Adulte Handicapée (#AAH) sur les revenus du ménage. Ainsi, si le plafond des revenus annuels du couple dépasse 19 607 euros, en 2020, l’AAH n’est plus versée à la personne conjointe handicapée. Ce plafond est aussi majoré de 5400 euros environ par enfant à charge.
Le jeudi 13 février 2020, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi supprimant la prise en compte des ressources du conjoint, concubin ou pacsé pour le calcul de l’AAH. Mais, dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples et le chemin reste long et sinueux avant l’entérinement de cette loi. Pour nous aider à clarifier cette situation qui pèse énormément sur le moral des personnes handicapées vivant en couple, merci de bien vouloir soutenir notre pétition pour demander au législateur de prononcer dès que possible une nouvelle #loi pour mettre fin à cette incongruité et #injustice fondamentale. »
Or, on le rappelle, les #femmes_handicapées sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de #violences_conjugales - leur #autonomie_financière est fondamentale !
▻https://petitions.senat.fr/initiatives/i-416
Hashtag twitter avec plein d’infos #DésolidarisonsAAH : ▻https://twitter.com/search?q=%23DesolidarisonsAAH&src=typeahead_click
#intersectionnalité
Une enquête pour percer les bulles de filtres sur les réseaux sociaux
▻https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/ia-machine-learning-iot/enquete-decrypter-algorithmes-facebook-youtube
Pendant plusieurs mois, le site d’information The Markup va analyser les contenus proposés par les plateformes à 1 200 personnes.
On sait que les réseaux sociaux utilisent nos informations, nos likes et nos recherches pour mieux nous cerner, nous conforter dans des bulles de filtres et nous proposer certains types de contenus et publicités. Mais malgré les nombreuses enquêtes sur le sujet, nous connaissons encore mal tous les rouages des algorithmes utilisés.
Un navigateur fait-maison pour mener l’enquête
Pour tenter d’y voir plus clair, The Markup, un site d’information à but non lucratif, a lancé le 16 octobre un navigateur baptisé The Citizen Browser. 1 200 personnes de différents âges, origines ethniques, genres, opinions politiques, ont été choisies (et seront payées) pour l’utiliser pendant plusieurs mois lors de leurs visites sur Facebook et YouTube. Il s’agit d’un panel représentatif de la population américaine, souligne The Markup.
Le but est de savoir quel contenu est proposé à quelle personne. Les journalistes derrière ce projet pourront faire des connexions entre le profil démographique des participants et les contenus qui apparaissent sur leurs fils. Les données des panélistes seront anonymisées, précise le site.
Selon Julia Angwin, rédactrice en chef de The Markup interrogée par Fast Company, cette enquête menée en partenariat avec le New York Times permettra de savoir si les plateformes proposent les même contenus à une personne noire et une personne blanche par exemple, ou si certaines informations (ou fausses informations) sont davantage mises en avant sur le fil d’un conservateur versus celui d’un libéral. On sait déjà, grâce à une récente enquête de Radio France, que Facebook ne propose pas les mêmes offres d’emplois aux hommes et aux femmes. Il est donc possible que d’autres différences existent.
Percer les bulles de filtres
« Les réseaux sociaux dictent les informations que le public consomme grâce à des algorithmes “boîtes noires” conçus pour maximiser les profits au détriment de la vérité et de la transparence. Le Citizen Browser Project est un puissant moyen de contrôler la responsabilité de ce système, de percer les bulles de filtres et d’orienter le public vers un discours plus libre et démocratique », expose Julia Angwin sur le site de The Markup. La vérité d’un algorithme ne réside pas tant dans la manière dont il est écrit, mais dans les résultats qu’il produit, considère la journaliste qui a mené plusieurs enquêtes sur le sujet.
Les résultats de cette grande investigation au procédé inédit seront publiés l’année prochaine.
#Facebook #Bulle_filtre #Algorithme #Enquête #Individualisation
]]>« C’est le retour d’une morale individualiste qui bouscule le sens de l’Assurance chômage » - Entretien avec Hadrien Clouet Entretiens %
▻https://lvsl.fr/cest-le-retour-dune-morale-individualiste-qui-bouscule-le-sens-de-lassurance-ch
Alors que la réforme de l’Assurance #chômage devrait revenir au cœur des débats de la rentrée, plusieurs des mesures envisagées par le gouvernement ont été reportées à 2021. La période économique et sociale particulière faisant grandement intervenir le dispositif de chômage partiel en est la raison. Cependant, il s’agit bien là d’une des grandes réformes du quinquennat Macron : une #réforme en débat entre syndicats – salariés et patronaux – et le gouvernement depuis plus d’un an maintenant. Les mesures envisagées constituent des enjeux décisifs pour l’avenir du pays. Si les transformations qu’elles mettent en jeu apparaissent complexes à comprendre, elles procèdent toujours de la même visée : l’#individualisation de la condition de la personne et sa #privatisation. Pour nous éclairer sur les dangers qui guettent sur le sens et sur l’équilibre de ce pilier fondamental du système social français, nous avons rencontré Hadrien Clouet, docteur en sociologie et post-doctorant à Science Po Paris. Il est aussi membre du conseil d’orientation scientifique du laboratoire d’idées Intérêt Général, engagement sur lequel nous l’avons également interrogé. Entretien réalisé par Nicolas Vrignaud et retranscrit par Sebastien Mazou et Maxime Coumes.
]]>Aux Pays-Bas, les cartes d’identité ne mentionneront plus le sexe des citoyens - Le Parisien
▻https://www.leparisien.fr/international/au-pays-bas-les-cartes-d-identite-ne-mentionneront-plus-le-sexe-des-citoy
Une inscription jugée « inutile ». Le sexe des citoyens néerlandais ne sera plus mentionné sur leur carte d’identité d’ici quelques années, annonce la ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Science Ingrid van Engelshoven.
Dans une lettre adressée au parlement et consultée samedi par l’AFP, la ministre, également chargée de l’Emancipation, a fait part de son intention de supprimer l’inscription du sexe sur les cartes d’identité « à partir de 2024-2025 ».
Ingrid van Engelshoven souhaite « limiter dans la mesure du possible la mention inutile du sexe », qui restera cependant mentionné sur les passeports, rendu obligatoire par l’Union européenne.
« Les Pays-Bas ne seraient pas le premier État membre à posséder une carte d’identité sans mention de genre. La carte d’identité allemande ne mentionne pas de sexe », écrit la ministre.
« Façonner sa propre identité »
Ingrid Van Engelshoven estime que les citoyens doivent pouvoir « façonner leur propre identité et la vivre en toute liberté et sécurité ».
« C’est une excellente nouvelle pour les personnes qui éprouvent jour après jour des problèmes avec cette catégorie de genre sur leur carte d’identité », ont déclaré des organisations néerlandaises de défense des droits des homosexuels et autres minorités sexuelles.
#genre #individualisation_du_genre
cc @tetue puisqu’on avait parlé des mentions utiles et des mentions inutiles du genre.
« L’expression de “privilège blanc” n’est pas dénuée de pertinence pour penser le contexte français », Claire Cosquer
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/16/l-expression-de-privilege-blanc-n-est-pas-denuee-de-pertinence-pour-penser-l
La sociologue Claire Cosquer pense que le « privilège blanc », est inséparable du racisme, aux Etats-Unis comme en France.
Tribune. Le racisme peut-il exister sans faire de « privilégiés » ? Le racisme est un système de hiérarchies sociales entre les personnes, positionnées selon la façon dont elles sont perçues et rattachées à une supposée hérédité. Il se traduit concrètement par un système d’avantages et de désavantages, formant un immense iceberg dont les discriminations, la violence physique et verbale à caractère racial ne sont que la partie émergée.
L’expression « privilège blanc », propulsée de nouveau sur le devant de la scène médiatique par les manifestations récentes contre le racisme et les violences policières, désigne l’ensemble des avantages sociaux dont bénéficient les personnes qui ne sont pas les cibles du racisme. Elle souligne que le racisme relève d’un rapport social, c’est-à-dire d’une relation entre groupes sociaux : là où certains sont désavantagés, d’autres sont au contraire avantagés par les hiérarchies sociales. L’existence d’inégalités suppose donc, en toute logique, l’existence de privilèges. Dès lors, dire que le « privilège blanc » n’existe pas en France revient de façon rigoureusement identique à affirmer que le racisme n’existe pas en France. Prétendre que seul le second existe traduit soit une lecture très partiale de l’expression « privilège blanc », par exemple en la réduisant à un privilège en droit, soit une compréhension très restrictive du racisme, soit les deux.
Trouvant son origine dans les luttes des militants antiracistes et anticolonialistes, l’expression de « privilège blanc » a été popularisée par le texte de la chercheuse étatsunienne Peggy McIntosh White Privilege. Unpacking the Invisible Knapsack, publié en 1989. McIntosh y énumère des « petites choses du quotidien » qui relèvent de l’évidence pour une personne blanche mais peuvent être problématiques, sinon impossibles, pour les autres : allumer la télévision et y voir des personnes auxquelles il est facile de s’identifier, déménager sans se soucier de l’accueil dans un nouveau quartier, ne pas avoir à éduquer ses enfants en leur apprenant à se protéger du racisme…
Division raciale du monde
Apparue outre-Atlantique, l’expression de « privilège blanc » n’est pas dénuée de pertinence pour penser le contexte français. Certes, les Etats-Unis et la France ont des histoires différentes. Les Etats-Unis forment une colonie de peuplement structurée sur son sol même par l’esclavage, où la ségrégation raciale n’a été abolie en droit qu’en 1968. Mais la France, détentrice de l’un des plus grands empires coloniaux au monde, dont l’« outre-mer » représente aujourd’hui les dernières miettes, a aussi construit sa richesse sur la division raciale du monde et des échanges.
Napoléon, héros national acclamé, a rétabli l’esclavage en 1802 et une statue de Jean-Baptiste Colbert, auteur du Code noir, trône devant le Palais-Bourbon. L’encodage racial du patrimoine national n’est pas qu’un héritage symbolique rappelant une inégalité révolue : les violences policières, les discriminations à l’embauche, au logement ou devant la justice sont les expressions les mieux connues du racisme. Elles suffisent à définir un « privilège blanc » à la française : subir moins de contrôles policiers, par ailleurs moins violents, ne pas se voir refuser un emploi ou un logement en raison de sa couleur de peau ou de son origine, réelle ou supposée.
Ces privilèges reposent, en France comme aux Etats-Unis, sur un continuum du racisme qui relève aussi de ces « petites choses du quotidien », des avantages parfois peu perceptibles qui vont des sous-vêtements couleur « chair » conçus pour des peaux peu pigmentées au fait de n’être que très rarement la seule personne blanche dans la salle.
Domination et habitus
L’expression « privilège blanc » a certes des limites. Elle tend à consolider une image très statique des positions sociales : on serait ainsi ce que l’on détient, en matière de ressources, de capitaux et d’avantages, moins ce que l’on fait et ce que l’on reproduit, d’une façon consciente ou inconsciente. L’approche en matière de privilèges est à bien des égards moins riche que l’approche en matière de domination. A titre de comparaison, on peut plus ou moins rapidement faire le tour des « privilèges » de classe en les définissant par les revenus, les patrimoines, les statuts socioprofessionnels.
L’approche en matière de domination amène à explorer un niveau beaucoup plus fin des hiérarchies sociales : la notion devenue célèbre d’habitus, forgée par Pierre Bourdieu, permet de mettre en évidence que les inégalités de classe se reproduisent aussi au travers de pratiques, de goûts ou encore de comportements différenciés et inégalement valorisés. Les sciences sociales investissent aujourd’hui ce concept d’habitus, parmi d’autres outils analytiques, pour comprendre comment les inégalités raciales perdurent bien après leur abolition en droit. L’expression de « privilège blanc », finalement assez peu employée en sciences sociales, se révèle moins exigeante que les concepts de domination blanche ou d’habitus blanc, qui cristallisent les pistes de recherche les plus dynamiques.
Loin de culpabiliser les personnes blanches, l’expression de « privilège blanc » permet plutôt de reconnaître à peu de frais certains avantages, sans engager d’introspection potentiellement plus douloureuse sur les comportements et les modes de pensée qui maintiennent le racisme contemporain. Si elle est imparfaite, elle contribue cependant à la compréhension du racisme comme une relation inégale entre groupes sociaux, là où le discours public est volontiers d’ordre humanitaire, identifiant des victimes et des discriminations mais passant sous silence les bénéfices et les bénéficiaires. Les réactions particulièrement défensives qu’elle suscite, méconnaissant souvent sa définition même, illustrent une réticence aiguë à penser les deux côtés de cette relation inégale.
►https://seenthis.net/messages/861042
#privilège_blanc #racisme #rapports_sociaux #domination #domination_blanche #individualisation
]]>« Checker les privilèges » ou renverser l’ordre ? | Kaoutar Harchi
▻https://www.revue-ballast.fr/checker-les-privileges-ou-renverser-lordre
« Check Your Privilege » : le mot d’ordre est désormais fameux. On trouve même, sur Internet, des tests visant à calculer son niveau précis de privilège — en fonction des remarques que l’on reçoit sur son accent, du logement que l’on occupe, des tentatives de suicide que l’on a ou non commises ou encore de l’existence d’un lieu de culte honorant sa religion dans la ville que l’on habite. On dénombre ainsi un « privilège masculin », un « privilège hétérosexuel », un « privilège de classe », un « beauty privilege » ou bien un « privilège blanc ». C’est ce dernier, mobilisé aux États-Unis depuis les années 1970, qui retient ici l’attention de la sociologue et écrivaine Kaoutar Harchi. Si l’on ne saurait nier, avance-t-elle, toute pertinence théorique à ce concept, son succès académique et militant fait question : il (...)
]]>Espace urbain et distanciation sociale
▻https://acta.zone/espace-urbain-et-distanciation-sociale
Cet entretien avec Stefan Kipfer a été réalisé au beau milieu du confinement. Un an après la publication de son livre « Le temps et l’espace de la décolonisation. Dialogue entre Frantz Fanon et Henri Lefebvre », édité par Eterotopia France, on a voulu revenir sur certaines de ses idées et hypothèses pour interroger le présent et développer des pistes d’analyse concernant la manière dont la crise actuelle investit la production de l’espace urbain. Source : ACTA
]]>« A partir du 1er juin, les parents devront fournir une attestation à leur employeur pour justifier que l’établissement scolaire de leur enfant n’est pas en mesure de l’accueillir. Sans ce justificatif, ils n’auront plus droit au chômage partiel. »
]]>Pandémie, résilience, villes : Deux ou trois choses que nous savons d’elles par Jérôme Baratier
▻https://www.linkedin.com/pulse/pand%25C3%25A9mie-r%25C3%25A9silience-villes-deux-ou-trois-choses-que-nous-baratier/?trackingId=ofYErnv4Q%2FeJmV9EbyEnRg%3D%3D
Cet article tente de cerner ce que le COVID-19 nous dit de nos territoires et de nos actions collectives. Il ne s’agit pas d’un guide de recommandations[1] et encore moins d’un exercice prophétique. L’objectif est de commencer à identifier les questions que la pandémie pose à l’urbanisme et à l’organisation de nos territoires, puisqu’on ne saurait reprendre les choses telles qu’ont les a laissées avant le grand confinement.
[...]
Pandémie et solidarité : L’articulation du proche et du lointain plutôt que l’autarcie
[...] Cette subite conversion aux joies du voisinage recèle de nombreux bienfaits. [...] On peut se féliciter de cette résilience du proche, il faut cependant se garder d’en faire LA parade aux menaces actuelles et futures.
[...Néanmons] elles sont nombreuses les connexions qui, aux différentes échelles, augmentent notre résilience territoriale. Les lignes à grandes vitesses mobilisées pour désengorger les hôpitaux du Grand Est, les médecins cubains au chevet de l’Italie, le milliard de masques commandé à la Chine, les données compilées chaque jour par l’université Johns-Hopkin, autant de liens et de relations qui participent de notre capacité de résistance.
Où l’on voit que la résilience nécessite l’activation de systèmes territoriaux multi-échelles et l’invention de nouvelles proximités articulant le proche et le lointain. Tachons de nous en souvenir quand nous retournerons dans nos « périmètres » respectifs.
Pandémie et action collective : Prime à l’horizontalité et aux initiatives décentralisées
[...] les organisations qui se sont montrées les plus agiles, et donc les plus résilientes, sont celles qui avaient déjà mis en place le télétravail. La mise en place d’un système managériale fondé sur un rapport de confiance entre les acteurs donnait ici un avantage comparatif indéniable. Tout le monde ne peut évidemment pas télétravailler mais certaines entreprises, parce qu’elles n’ont pas su sortir de la verticalité et du contrôle, ont pris du retard et sont aujourd’hui en plus grande difficulté. La résilience passait ici par une intelligence collective fondée sur la confiance.
[...] On observe également une myriade d’initiatives décentralisées et collaboratives qui participent de la résilience globale. [...] Citons enfin l’engagement de la Région Grand Est qui s’est affirmée comme l’ajusteur en chef de la résilience locale. On voit ici se développer un « art de faire » la résilience qui ne repose pas sur des mots d’ordre centralisés mais sur de multiples initiatives proches ou lointaines, le plus souvent connectées. Soulignons l’importance du numérique dans cette mise en relation, internet jouant un rôle équivalent à celui de la canalisation d’assainissement au temps des hygiénistes.
Pandémie et aménagement du territoire : maillage et extension du domaine des communs
[...] La question de la relocalisation des moyens de production de biens essentiels est d’ores et déjà posée. Les logiques d’optimisation et de concentration des services urbains dans de grandes infrastructures pour chercher des économies d’échelle est également réinterrogée. Le maillage en offre de soin ne saurait obéir à une seule logique de massification. N’est-il ainsi pas préférable pour une métropole de province de bénéficier d’un CHU multisites plutôt que de tout concentrer au même endroit ? Il est probable que cette pandémie nous fasse voir avec de nouvelles lunettes des projets qui, à force de sembler évidents, n’étaient plus regardés.
Enfin, la liste des secteurs d’activités qui nécessiteraient de ne pas être régis par le seul jeu du marché s’allonge. Après l’eau, la culture, l’éducation, la biodiversité et l’énergie, la santé, la recherche, l’alimentation, et le numérique semblent devoir émarger dans cette liste. Gageons que nous saurons traduire dans l’organisation de nos territoires, ces pivots de notre résilience.
#coronavirus #covid-19 #territoire #urbanisme #localisme #interdépendance #marché
]]>#Projet_Nexus, 13ème semaine… Que se passe t-il à l’#Université_Paul_Valéry ?
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Que se passe-t-il à l’UPV ?
La perte de la 13e semaine d’#enseignement en #Licence depuis la rentrée 2018
Lors de sa séance du 13 mars 2018, le Conseil d’administration de Paul-Valéry a approuvé la réduction des semestres d’enseignement de 13 à 12 semaines à partir de la rentrée 2018. Pour les Licences, il s’agit d’une réduction sèche du volume horaire des formations : sur l’ensemble des 6 semestres de Licence, ce sont 6 semaines de cours qui sont perdues, soit près de la moitié d’un semestre.
Pour les Masters, il s’agit d’une simple réduction du nombre de semaines d’enseignement, la masse horaire demeurant la même. Cette relative préservation des Masters peut s’expliquer par la réduction drastique des volumes horaires en Master lors du dernier renouvellement des maquettes, et par le plus grand impact d’une réduction du volume horaire des Licences.
En effet, il ne s’agit pas d’une simple réorganisation du calendrier universitaire, sans quoi on aurait pu imaginer de conserver le même volume horaire sur un nombre réduit de semaines : l’enjeu est bien de réduire le volume des formations. Dans une université de Lettres, langues et sciences humaines comme Paul-Valéry, la principale dépense est la masse salariale (c’est-à-dire les salaires payés au personnel de l’université), loin devant les dépenses de fonctionnement qui sont très faibles.
En dépit des multiples mesures d’économie réalisées sur la masse salariale (gel des postes de titulaires, besoins croissants en formation assurés par des précaires sous-payés) et de l’inadéquation criante entre les besoins des étudiant.e.s et le nombre d’enseignant.e.s, la dotation de l’Etat peine à couvrir la masse salariale. Pire, la précarisation croissante du personnel de l’université publique sert d’argumente en faveur de la réduction des formations, puisqu’on entend la DGS de Paul-Valéry affirmer qu’il y aurait “trop de vacataires” dans notre université.
La décision d’amputer la Licence de 6 semaines est toutefois impopulaire auprès des enseignant.e.s comme des étudiant.e.s, d’où le calendrier opportuniste de cette décision (prise en catimini au printemps 2018, alors qu’étudiant.e.s et enseignant.e.s sont mobilisé.e.s contre la loi ORE et Parcoursup). Pour faire passer la pilule auprès des enseignant.e.s, les directions des UFR leur permettent d’ailleurs de réduire le nombre d’évaluations en cours de semestre. La réduction du semestre à 12 semestres contribue donc aussi à affaiblir le contrôle continu.
Déploiement du programme Nexus de numérisation des enseignements
Dans un courriel daté du 9 juillet 2018, le Président de l’UPV Patrick Gilli présentait ainsi le projet Nexus :
“Le projet Nexus que notre université avait déposé au titre des « Nouveaux cursus à l’université » (NCU) du PIA 3 a été retenu par le jury international. Doté de 7 millions d’euros sur 10 ans, il permettra à notre établissement d’engager la mutation progressive de nos formations qui intègreront des modules d’apprentissage numérique dans toutes les licences, de connecter plus fortement les sciences humaines et sociales à la nouvelle économie de la connaissance et ce faisant, de donner à nos étudiants davantage d’atouts dans leur vie professionnelle.”
Incroyable ! Paul-Valéry a obtenu plein d’argent pour faire évoluer les formations et faire réussir les étudiant.e.s ! Qui pourrait être contre un tel projet, dont le dossier d’expertise du Bâtiment Nexus de septembre 2019 nous dit que “par ses aspects modernes et innovants, il inscrit l’Université dans la dynamique du XXIième siècle” ?
Lorsqu’on lit ce même dossier d’expertise, la présentation d’ensemble du projet peut toutefois faire naître des premières inquiétudes, puisqu’il s’agirait de “construire grâce à une spécialisation et à une professionnalisation progressives, à une architecture modulaire et à un accompagnement des étudiants tout au long de leur cursus, des parcours plus flexibles et plus individualisés” et que “Les projets sélectionnés [à l’instar de Nexus] prévoient des actions structurantes, susceptibles de faire l’objet d’un déploiement à grande échelle”.
En français dans le texte, qu’est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire que Nexus organise :
le démantèlement de l’offre de formation à Paul-Valéry, éclatée en une multitude de modules ;
la numérisation de l’ensemble de l’offre de formation, l’intégration de modules d’apprentissage numériques dans toutes les licences ne constituant que la première phase du déploiement de Nexus
L’enseignement à distance (EAD) n’est pas une chose nouvelle à Paul-Valéry, comme le rappelle le dossier d’expertise du projet Nexus :
“L’UPVM offre un enseignement à distance depuis sa création en 1970. Elle est désormais la première université française pour l’offre de formations complètes à distance (L, M, D) : 10 licences complètes, 1 licence pro, 18 master 1, 22 master 2, 1 Ecole Doctorale (35 mentions), 3 DU, le DAEU A. Les effectifs se sont très fortement accrus depuis une dizaine d’années : 670 étudiants en 2008-2009, 1893 étudiants en 2016-2017 (soit près de 10% de nos étudiants).”
Toutefois, il est essentiel de distinguer entre l’EAD conçu comme la possibilité de donner accès à l’université à des personnes qui en seraient sinon exclues par des obstacles matériels insurmontables, et l’entreprise généralisée de numérisation des enseignements, guidée par l’austérité et une croyance millénariste dans le caractère inévitable de l’invasion numérique de l’ensemble de nos vies.
Ne nous contentons pas, toutefois, de cette présentation générale, et allons voir dans le détail ce que le projet Nexus nous prépare. Dans les documents de présentation de Nexus, ce dernier est caractérisé par les actions suivantes :
création de modules d’apprentissages (les « Briques ») centrés sur les Humanités numériques ;
labellisation des licences afin d’offrir une meilleure visibilité des parcours professionnels des étudiants ;
modularité des rythmes d’apprentissage ;
mise en place d’un tiers lieu, « La Fabrique » ;
accompagnement et orientation des étudiants
Création de modules d’apprentissages (les « Briques ») centrés sur les Humanités numériques
“Les Briques d’Humanités Numériques sont des modules de formation à distance, interdisciplinaires (cadre commun des 10 premières briques) et disciplinaires (10 briques suivantes), bâties sur des sujets propres aux humanités dans leurs liens aux mutations digitales de la société.”
“Chaque brique […] (Fig. 1) vaut pour 36h d’EQTD et se compose de 9 chapitres thématiques évolutifs, subdivisés en quatre niveaux d’alvéoles (± 1h) de contenu progressif (bases, développement, approfondissement, prolongement) [cf. Fig. 2].”
“Elles sont conçues par des équipes-projets interdisciplinaires qui font dialoguer les approches LLASHS, au coeur du dispositif, avec les sciences de l’ingénieur, de l’informatique et du codage et, d’autre part, avec les applications industrielles du domaine (sous forme d’études de cas). Diverses activités d’application mettent en oeuvre les savoirs-faire exposés.”
“Concrètement, les Briques se présentent sous la forme de modules de formation à distance interactifs et adaptables à la diversité des apprenants. Chacune de ces Briques vaudra pour 2 ECTS par semestre, soit 7% de la licence au total (ce pourcentage prenant uniquement en compte les Briques obligatoires ; les étudiants pourront accéder à des Briques supplémentaires grâce au label Humanités numériques).”
“Les thématiques abordées dans les dix premières briques sont :
Codage et langage
Litteracies numériques
Données et enquêtes
Espaces digitaux
Éthique et société connectée
Intelligences Artificielles
Industries numériques
Interfaces humain / machine
Information et attention
Art et cultures digitales.”
Dans un second temps, il est prévu de permettre la création de dix autres briques, plus spécialisées dans un domaine particulier des Humanités numériques (par exemple, philologie numérique, etc.) ou articulant deux à trois disciplines dans ce cadre.”
“L’offre est en ligne et scénarisée pédagogiquement, ce qui évite la lourdeur organisationnelle des enseignements présentiels tout en autorisant souplesse et personnalisation. Les premières alvéoles de chaque chapitre seront ouvertes en libre accès (dans une double fonction citoyenne et de vitrine de nos LLASHS), les autres seront accessibles sur la base d’une inscription à l’université et feront l’objet d’une validation pédagogique.”
Notre analyse
L’argumentaire de présentation de Nexus en révèle immédiatement un enjeu décisif : lorsqu’il est dit que l’offre en ligne permet d’éviter la “lourdeur organisationnelle des enseignements présentiels”, il faut comprendre qu’elle permet d’éviter de recruter et de payer des enseignant.e.s pour assurer des enseignements en présentiel et garantir de bonnes conditions d’apprentissage, et qu’elle permet d’éviter de financer la construction de nouvelles salles de cours nécessaires à l’amélioration des conditions d’études.
Avec Nexus, Paul-Valéry s’inscrit pleinement dans le programme du gouvernement actuel pour l’Enseignement supérieur et la recherche : plutôt que d’accorder aux universités publiques une dotation budgétaire leur permettant d’assurer une formation à la hauteur des besoins des étudiant.e.s, des dispositifs sont mis en place pour réduire le coût de la formation pour le budget de l’État.
Labellisation des licences
“Dans l’offre de formation 2021, à partir de la L2, les labels proposent de donner de la visibilité aux enseignements existants pré-professionnalisant en regroupant ces enseignements sous 5 labels :
Enseignement
Académique / Recherche
International
Monde socio-économique
Humanités Numériques”
“A partir du semestre 3, chaque étudiant pourra ainsi choisir de rejoindre l’un des 5 Labels proposés dans chacune des licences, avec possibilité d’en changer jusqu’au semestre 4, selon son projet professionnel mûri au long de sa Licence 1. Les Labels permettront de valider chacun 4 ECTS par semestre soit 9% de la licence au total. Comme les Briques de formation en Humanités numériques, les labels sont un parfait exemple de mutualisation et d’hybridation des cours. Ces labels sont composés de troncs communs transversaux (proposés à l’ensemble des étudiants de l’université à l’identique) et de développements spécifiques à chaque discipline. La part de tronc commun est variable selon les labels : 20% pour les labels Enseignement et Académique (nourris par les spécialités disciplinaires), 50% pour le label International, 80% pour Entreprise et 100% pour Humanités numériques.”
Modularité des rythmes d’apprentissage
“Afin de faciliter le parcours de l’étudiant et sa personnalisation, Nexus permet l’inscription à l’UE en présentiel ou distanciel. L’objectif est de proposer, dans 10 ans, cette alternative pour 80% des cours de licence.”
“Le projet Nexus souhaite permettre une plus grande flexibilité dans les modalités d’apprentissage. Actuellement, un étudiant se voit proposer une offre de formation exclusivement en EAD ou exclusivement en présentiel, sans possibilité de mixer les deux. Afin d’individualiser davantage son offre, Nexus prévoit le passage en EAD de l’ensemble de ses licences et une inscription à la carte : tout étudiant pourra choisir de s’inscrire en EAD ou en présentiel à chaque module d’enseignement. Cette hybridation des modes d’apprentissage permet de réussir en licence via : i) l’individualisation des emplois du temps « à la carte » rendant la formation adaptable au rythme de vie et disponibilités des apprenants : étudiant salarié, FTLV, étudiant en situation de handicap ou publics empêchés, étudiants à l’étranger ou éloignés une partie de l’année, etc. ; ii) l’individualisation des parcours : l’étudiant peut suivre plusieurs cursus à la fois (double licence) sans pâtir d’incompatibilité d’emplois du temps ; iii) l’individualisation des rythmes d’apprentissage : l’étudiant peut suivre par anticipation des cours en EAD (jusqu’à valider une licence en 2 ans) et compléter sa licence plus rapidement ou libérer du temps pour davantage de stages en fin de licence.”
Notre analyse
Tant d’attention portée au rythme de vie et aux disponibilités individuelles des “apprenants”, c’est vraiment touchant ! La numérisation est toutefois conçue comme une réponse aux besoins spécifiques des étudiant.e.s d’une université publique en Lettres, langues et sciences humaines et sociales, dont les conditions d’études sont effectivement affectées par la difficulté à financer leurs études. Plutôt que donner aux étudiant.e.s les conditions financières leur permettant de suivre leurs études dans de bonnes conditions, ce qui supposerait que la collectivité prenne ses responsabilités à l’égard de la jeunesse, Nexus propose aux étudiant.e.s de se contenter de cours en ligne.
Sur la pertinence de ceux-ci, on se contentera de remarquer qu’une telle numérisation massive des cours n’est envisagée qu’à l’université publique, et certainement pas dans les classes préparatoires aux grandes écoles qui scolarisent les enfants des classes supérieures. La dépense par étudiant.e est, en France, 50% plus élevée pour un.e étudiant.e de CPGE que pour un.e étudiant.e de Licence : cela correspond aux heures beaucoup plus nombreuses d’enseignement (en présentiel) en CPGE, y compris individuellement ou en petits groupes.
Ensuite, 80% des enseignements de Licence proposés également en distanciel d’ici 10 ans, cela veut dire 80% des enseignements qui pourront n’être plus proposés qu’en distanciel au prochain tour de vis de l’austérité, lorsque le gouvernement exigera que les universités réduisent plus fortement encore leur masse salariale.
Accompagnement et orientation des étudiants
“Un test de positionnement sera réalisé par l’ensemble des étudiants dès la cinquième semaine de Licence 1.”
“Ce test, propre à chaque filière et dont les résultats seront traités de manière automatisée, permettra une meilleure appréhension des compétences, connaissances et sentiment d’auto-efficacité de chaque étudiant. Il sera réalisé en partenariat avec les enseignants pour déterminer quelles compétences évaluer et à quels profils proposer la remédiation. Selon les résultats du test, des réunions collectives et entretiens individuels seront proposés aux étudiants. Ils seront réalisés par les directeurs d’études (mis en place par la loi ORE du 8 mars 2018) et permettront de proposer à chaque étudiant un parcours adapté à sa situation. A la suite, chaque étudiant se verra proposer un parcours adapté à sa situation.”
“L’offre de formation portée par Nexus a été construite de façon à faciliter l’accompagnement et l’orientation personnalisés des étudiants tout au long de leur cursus. Trois aspects sont essentiels de ce point de vue :
l’orientation des étudiants néo-entrants dans la structure de la maquette Nexus, en particulier sur le choix de Labels à opérer par la suite
le repérage des difficultés des étudiants afin de proposer des parcours individualisés (L1 en deux ans) ;
la possibilité de réaliser le parcours de licence de manière accélérée pour les étudiants le souhaitant (à haut potentiel), par la déclinaison massive des formations permettant l’hybridation. [= possibilité de s’inscrire en distanciel]”
Notre analyse
A travers ce dispositif, Nexus s’inscrit complètement dans la continuité de la loi ORE, qui fait reposer les difficultés des étudiant.e.s à terminer leur Licence non pas sur la dégradation des conditions d’études, non pas sur la nécessité pour beaucoup de travailler à côté des études, non pas sur le fait que la L1 peut constituer un lieu d’attente d’une place dans une formation dite sélective, mais sur les seules faiblesses des étudiant.e.s : il serait donc urgent de les classer, dès la 5e semaine de L1, entre des étudiant.e.s en difficulté dont le parcours serait ralenti, et des étudiant.e.s “à haut potentiel” dont le parcours serait accéléré. Avec Nexus, la “modularité des rythmes d’apprentissage” est mise au service du classement des étudiant.e.s selon leur “potentiel”, qui vient remplacer les résultats obtenus aux examens comme déterminant du rythme de la formation.
Mise en place d’un #tiers_lieu, « La Fabrique »
“L’approche par compétences vise, conformément au processus de Bologne, à permettre une mise en valeur des formations et des diplômes non pas en fonction des contenus ou de la durée de la formation, mais selon les acquis des étudiants. En conséquence, elle suppose une mise en place de nouvelles conceptions des formations et des évaluations, et impose une clarté permettant la valorisation des diplômes par les professionnels.”
“La nouvelle offre de formation sera aussi complétée par des dispositifs innovants de formation.
Fabrique Nexus, un tiers-lieu pour la pédagogie par projet, en lien avec les entreprises (et notamment la French Tech) et le monde socio-économique (institutions, collectivités, associations…)
L’Atelier, un service d’accompagnement à la transformation et à l’innovation dans l’enseignement et la recherche sera mis en place dès la rentrée 2018. L’ensemble des enseignants seront accompagnés pour permettre la mise en place de dispositifs de formation hybrides permettant la fluidité des apprentissages ;
Archipel, une salle d’expérimentation pédagogique, préfigurant le Learning center d’Atrium (2020) sera également en place dès la rentrée 2018.”
“Le projet Nexus requiert des ingénieurs pédagogiques, des développeurs, des espaces d’innovation qui doivent être gérés, mais aussi des responsables financiers, des porteurs de projets, etc. Il doit être arrimé à un environnement institutionnel et administratif à la fois flexible et de proximité : flexible, parce que les personnes qui accompagnent l’innovation sont financées sur des missions spécifiques et temporaires qui nécessitent un accompagnement particulier ; de proximité parce que les enseignants-chercheurs ont besoin de trouver le soutien, en amont comme en aval, de leurs projets, en ayant identifié clairement les lieux et les personnes idoines.”
Notre analyse
Le massacre des formations continue, puisqu’il s’agit de structurer celles-ci non plus en fonction de contenus d’enseignement ou de progression pédagogique pensée comme un ensemble d’étapes, mais en termes de compétences. Cela veut dire qu’au lieu d’évaluer des productions/réalisations des étudiant.e.s, ce sont les étudiant.e.s elles-mêmes et eux-mêmes qui sont évalué.e.s pour identifier leur acquisition de compétences.
Cette nouvelle conception de l’enseignement semble nécessiter, aux yeux de nos dirigeant.e.s éclairé.e.s, la construction d’un bâtiment de prestige, dont le dossier d’expertise précise qu’il sera équipé d’un “showroom”, d’une “salle de créativité”, d’un “grand écran de téléprésence”, ou encore de “murs inscriptibles”. C’est probablement plus important que d’équiper l’ensemble des salles de cours de tableaux vraiment fonctionnels et de systèmes multimédia : est-ce parce que le bâtiment Nexus accueillera “les entreprises et le monde socio-économique”, auxquelles la direction de l’université souhaite offrir des conditions d’accueil meilleures que celles des personnels et des étudiant.e.s ? C’est probablement aussi la raison pour laquelle l’accès à ce bâtiment sera sélectif/select, le dossier d’expertise précisant : “L’accès au bâtiment, puis à certains espaces spécifiques, seront réservés aux porteurs de projets en lien avec les humanités numériques et à leurs partenaires suivant un système de contrôle d’accès avec demande en ligne et autorisation d’accès pour une période déterminée.”
Nexus, c’est toutefois le prestige au moindre coût, puisqu’il est bien rappelé que “les personnes qui accompagnent l’innovation sont financées sur des missions spécifiques et temporaires” (= précaires), et que l’accueil du bâtiment Nexus sera assuré par un “agent virtuel / écran tactile”. C’est l’occasion de rappeler les gels et suspensions de postes systématiques dans notre université, justifiés notamment par la nécessité d’apporter les garanties budgétaires exigées par les financeurs des nouveaux bâtiments comme Nexus.
Si Nexus est l’avenir de l’université publique, nous ne sommes pas pressés d’y être !
Contextualisation
Numérisation : l’illusion du progrès
La numérisation des formations prévue par le projet Nexus est présentée comme un outil au service de la réussite étudiante et comme une réponse à la “digitalisation” de l’économie. Il semble utile de rappeler plusieurs choses concernant la numérisation :
la numérisation n’est pas une dématérialisation écologiquement vertueuse, mais repose sur le déploiement d’une infrastructure (serveurs, réseaux, ordinateurs, etc) consommatrice de ressources produites par les industries d’extraction et d’électricité ;
la numérisation n’est pas un processus inévitable, mais le résultat de choix politiques visant à l’économie de moyens dans les processus de production (automatisation) et dans la délivrance de services (numérisation des impôts, etc), qui renforcent la précarisation dans l’ensemble des secteurs affectés ;
la numérisation n’est pas, par elle-même, source de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur : elle nécessite des ressources matérielles (connexion internet, ordinateur) dont l’ensemble des étudiant.e.s (et de celles et ceux qui souhaitent le devenir) ne disposent pas, et de compétences numériques qui sont inégalement distribuées, si bien qu’elle est susceptible de renforcer les inégalités sociales dans l’accès aux études et la réussite dans celles-ci.
Logique d’austérité
La suppression de la treizième semaine du semestre sur le calendrier universitaire correspond à la perte de six semaines sur une licence, soit environ un douzième de la formation.
Pour justifier cette suppression, la Présidence de l’Université plaide le manque de budget. En effet, cela fait des années que les dotations de l’état n’augmentent pas ou peu, alors que le nombre d’étudiant-e-s ne cesse de croître, d’environ 2,5% chaque années. Le résultat de cela est la stagnation, voire la réduction du nombre de places dans les Universités, ainsi que le non-recrutement de nouveaux-elles enseignant-e-s.
Face à ce manque d’investissements, le gouvernement a une parade toute trouvée : Il investit en fin de compte dans l’ESR, mais passe par des appels à projets. Ceux-ci ont un effet pervers : d’une part, ils accentuent les inégalités entre établissements, d’autre part, ils incitent fortement les universités à mettre en œuvre la politique du gouvernement pour décrocher ces financements.
Ceci est une des conséquences de la LRU de 2007 (Loi Relative aux libertés et responsabilités des Université) qui confie la gestion de leur budget aux Universités, c’est à dire que comme le feraient des chefs d’entreprise, les Présidents des Universités gèrent leur masses salariales et leur patrimoine immobilier.
C’est notamment dans cette logique d’austérité que le projet Nexus est défavorable, à la fois aux enseignant-es mais aussi aux étudiant-es. En effet, numériser toujours plus d’enseignements (Jusqu’à 80% prévu en 2028), revient forcément à réduire la masse salariale enseignante, dans un premier temps par la réduction du nombre de vacataires et dans un second temps par une accélération probable du non-remplacement des départs à la retraite. Dans un troisième temps, on peut tout à fait imaginer un plan de départs volontaires, comme le permet désormais la Loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique.
Le Projet Nexus, droit dans la logique du plan étudiant
– Réduction de la part de l’enseignement
L’article 8 de la loi ORE supprime le minimum de 1500 heures de cours en présentiel, c’est à dire que ces 1500 heures pourront maintenant compter des heures de travail en autonomie, de stage, de projet etc. C’est l’aboutissement du Processus de Bologne, à savoir qu’une licence en vient à être définie par l’obtention de 180 ECTS – des crédits dont la modalité d’accumulation importe peu. Cela explique la liberté de plus en plus grande laissée aux établissements quant à la manière dont ces crédits sont obtenus (forme des cours, nombre d’heure de cours, voire pas de cours du tout)… Ce qui laisse la place à des dérives mettant en jeu la valeur du diplôme.
– Individualisation des parcours : L1 en 2 ans ; Licence accélérée
L’arrêté licence, complétant la loi ORE, permet la personnalisation des parcours par le contrat pédagogique. Ce contrat pédagogique, qui prend en compte le profil des étudiant-e-s, énonce des “engagements réciproques” entre l’étudiant-e et l’Université mais n’a aucune portée juridique. L’objectif est clairement de concilier le caractère national du diplôme et la mise en place de parcours personnalisés. Le cadre national du diplôme est affaibli lorsque la Licence est est définie principalement par l’acquisition des 180 ECTS, et plus par un nombre d’heures définies.
Il est dit très clairement que le projet Nexus “s’inscrit dans [la réforme de la loi ORE]. Ainsi, dans la même lignée que cette loi, il propose “la possibilité de réaliser le parcours de licence de manière accélérée”. Il prévoit que les étudiant-e-s passeront un “test de positionnement” dès la cinquième semaine de cours de licence 1. Ces tests permettront de proposer aux étudiant-e-s de passer leur licence en deux ans. L’instauration de cette individualisation des parcours crée une inégalité entre détenteurs du même diplôme.
Recomposition de l’ESR : une université à deux vitesses
Le mode de gestion du secteur de l’ESR par le ministère, qui combine austérité budgétaire et inégalité de traitement par l’attribution d’appels à projets, met en concurrence l’ensemble des établissements pour donner la priorité aux quelques rares universités susceptibles d’être concurrentielles à l’échelle internationale.
Le projet Nexus répond d’ailleurs à l’appel à projets “ANR PIA NCU”, inscrit dans le PIA 3 (Programme d’Investissement d’Avenir), dans lequel le gouvernement a insufflé 700 millions d’euros. Le but est de renforcer leur “stratégies d’excellence” sur les plans de la recherche et de la formation, au travers de “programmes de grande ampleur, à vocation fortement structurante et se déployant dans la durée”. Ceci participe à faire émerger quelques universités d’élite au détriment des autres. Face à cela, nous revendiquons la fin des financements des appels à projets ainsi qu’un investissement massif dans toute les universités selon leur besoin.
▻https://solidairesetudiants34.wordpress.com/2019/11/12/defendons-nos-formations-projet-nexus-13eme-semaine
#ESR #université #France #Nexus #calendrier_universitaire #enseignement #précarisation #précaires #numérisation #numérique #évaluation #contrôles_continus #apprentissage_numérique #nouvelle_économie_de_la_connaissance #it_has_begun #flexibilité #flexibilisation #individualisation #enseignement_à_distance #EAD #austérité #humanités_numériques #souplesse #budget #coût_de_la_formation #loi_ORE #tiers-lieu #French_Tech #innovation #transformation #hybridation #expérimentation_pédagogique #pédagogie #innovation #compétences #créativité #showroom #bâtiment_Nexus
]]>Le gouvernement mise sur une appli pour faire décoller la formation professionnelle
▻https://www.latribune.fr/economie/france/le-gouvernement-mise-sur-une-appli-pour-faire-decoller-la-formation-profes
le gouvernement parie sur une « appli » mobile, lancée jeudi, pour faire décoller la formation professionnelle, un an après l’adoption d’une réforme du secteur.
[…]
Cet outil, une application téléchargeable sur smartphone et tablette (mon compte formation) mais aussi un site internet, a pour objectif de simplifier le recours à une formation alors qu’il est souvent difficile de s’y retrouver, de savoir ce à quoi on a droit, et comment procéder. Elle permettra à chaque salarié de trouver, de réserver et de payer la formation de son choix. Développée par la Caisse des dépôts, qui gèrera le paiement aux organismes de formation, elle sera comme « le livret A de la formation », explique la ministre.
[…]
Chez les DRH, tout en sachant que la réforme n’a pas enlevé aux entreprises son obligation de formation, la « désintermédiation » passe moins bien. « Nous, pilotes des services de formation, ne demanderions pas mieux que de participer, mais la ministre a dit ’c’est fait pour les salariés’ », avait réagi en septembre Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des DRH. Ce CPF est « entièrement à la main des salariés », a aussi déploré le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, en s’interrogeant : « Comment faire en sorte que les formations soient en lien avec les besoins présents et à venir de l’entreprise ? »
]]>▻https://twitter.com/s_cluzel/status/1184407458074247169
L’amélioration du pouvoir d’achat des personnes #handicapées était une promesse de campagne du President. Promesse tenue avec la 2ème revalorisation de l’#AAH qui passera ainsi à 900 €/mois au 1er novembre. + 11% du pouvoir d’achat en 2 ans.
Je poste pour les commentaires : l’AAH n’est pas un revenu individualisé, pas possible donc de se mettre en couple sans la perdre et devenir « à charge du conjoint ». Pour les #femmes handicapées comme pour les autres... pour les femmes handicapées plus que les autres, car elles sont d’autant plus touchées par les violences masculines, #individualisation du #revenu et #autonomie ! Personne n’est une moitié.
]]>Prix Nobel d’économie 2019 : les limites de la méthode des essais cliniques
▻http://theconversation.com/prix-nobel-deconomie-2019-les-limites-de-la-methode-des-essais-clin
Le prix Nobel d’économie vient d’être attribué à Esther Duflo, Abijit Banerjee et Michael Kremer pour leur travail consistant à adapter la méthode des essais cliniques aux interventions en matière de développement. Le jury Nobel a jugé que ce nouveau type d’expérimentation a « considérablement amélioré notre capacité à lutter contre la pauvreté globale » et « à transformer l’économie du développement ». S’il y a des raisons de s’en réjouir (l’une des trois nominé·e·s est une femme, jeune et française de surcroît ; le prix rend ses lettres de noblesse à l’économie du développement et à des travaux empiriques proches du terrain), il faut néanmoins questionner la validité et les conséquences de l’usage croissant de cette méthode.
Depuis une quinzaine d’années, ces essais cliniques (qu’on désigne couramment par leur acronyme anglais RCT, pour randomized control trials) se sont ouverts à un champ nouveau : celui des politiques et de l’aide au développement. Une vaste panoplie d’interventions est ainsi passée au crible de la « randomisation », notamment en matière d’éducation (incitations visant à réduire l’absentéisme des enseignants, vermifuges destinés à diminuer l’absence des élèves), de santé (filtres à eau, moustiquaires, formations ou systèmes de primes pour le personnel soignant, consultations gratuites, conseils médicaux par SMS, etc.), de finance (microcrédit, microassurance, épargne, éducation financière) ou encore de « gouvernance ».
Les RCT appliquées au développement pourraient être une avancée scientifique, à condition d’en reconnaître les limites (nombreuses) et le champ d’application (étroit). Prétendre résoudre la pauvreté avec ce type de méthode, comme le revendiquent certain·es de ses promoteurs, et au premier chef les trois lauréats du prix Nobel, est une double régression : épistémologique d’abord, puisque cette prétention illustre une conception positiviste de la science, aujourd’hui surannée ; politique ensuite, puisque des questions pourtant centrales pour la compréhension et la lutte contre la pauvreté et les inégalités sont laissées de côté.
La consécration va-t-elle conduire les randomisateurs du développement à plus de mesure quant aux bienfaits des différentes méthodes, ou au contraire à en profiter pour consolider leur position déjà quasi hégémonique ? Il y a de bonnes raisons d’être inquiets.
]]>La CAF s’immisce dans la chambre à coucher, elle est déboutée
▻https://www.estrepublicain.fr/actualite/2019/05/23/la-caf-s-immisce-dans-la-chambre-a-coucher-elle-est-deboutee
C’est avec surprise qu’Elodie, en avril 2016, a pris connaissance du courrier de la CAF 54 qui lui réclame 7.355 €. Cette somme correspond au remboursement d’un trop perçu de prestations sociales. En clair, à des sommes qu’elle aurait touchées indûment. La quinquagénaire, qui vit en colocation dans le Saintois touche l’allocation adulte handicapé et l’allocation logement. Le montant de ces aides varie en fonction des ressources du bénéficiaire mais aussi de celles de son éventuel conjoint ou concubin.
La CAF, dans son courrier, assure qu’au terme de l’enquête qu’elle a menée, Elodie ne vit pas en colocation avec Antoine mais « maritalement », qu’il y a « une communauté d’adresse » et surtout une « communauté d’intérêts » : Elodie règle seule le loyer et Antoine les charges courantes. Elodie a beau assurer à la CAF qu’elle vit en colocation, présenter le bail de son appartement sur lequel figure cette mention, rien n’y fait. Et sa requête amiable est rejetée. « Ma cliente n’a pas eu d’autre solution que de saisir le tribunal des affaires sanitaires et sociales (TASS) », explique Me Fabrice Gossin qui relève, avec malice, qu’« une communauté d’adresse, pour des colocataires, cela semble normal, non… ? Par ailleurs, ils n’ont pas de compte bancaire commun ».
Deux chambres séparées
Le TASS a donc débouté la CAF de sa demande de trop-perçu. Pour les magistrats, « deux colocataires peuvent librement décider de partager leurs charges non par moitié mais selon une autre proportion ou décider qu’un paiera un certain type de charges et l’autre d’autres ». Par ailleurs, « une situation de concubinage nécessite une communauté matérielle de vie mais également une intention, un souhait d’entretenir des relations amoureuses et/ou intimes ». Or, lors de sa visite, relève Me Gossin, « l’agent de la CAF n’a pas noté de chambre commune mais bien deux chambres séparées ». En outre, Antoine, dans une attestation, a déclaré que son orientation sexuelle ne lui permettait pas d’avoir une relation sentimentale avec Elodie.
#CAF #TASS #vie_maritale
]]>La souffrance individuelle (et collective) est-elle un critère politique ? – Chi-Chi Shi
►http://revueperiode.net/definir-ma-propre-oppression-le-neoliberalisme-et-la-revendication-de-
De bien des manières, le défi radical que constituaient les politiques de l’identité a été désarmé et subsumé sous la valorisation néolibéraliste de la différence individuelle. Sans théorie explicative de l’identité, les identités apparaissent comme déjà constituées, des fac-similés cristallisés de la lutte sociale. Séparées de l’histoire matérielle de l’identité, les politiques de l’identité deviennent complices de la diversification du capitalisme.
C’est ce que montre l’injonction à en finir avec le « classisme » en tant que discrimination contre les membres de la classe ouvrière, une tentative erronée de saisir la manière dont les rapports de domination fonctionnent au travers de la classe. Le « classisme » est un symptôme d’une société capitaliste fondée sur l’exploitation de classe. Se focaliser sur les effets culturels de l’identité mène à une analyse dématérialisée qui ne peut appréhender le système de classes comme étant nécessaire à l’exploitation du travail, plutôt qu’en termes d’identité dénigrée qui doit être libérée. Cela s’ancre dans la logique sociale et politique du néolibéralisme qui traite les forces marchandes du capitalisme comme étant inévitables et incontestables. La prévalence des glissements discursifs vers une explication de l’oppression en termes de préjugés et de stigmates, ce qu’illustre le langage du classisme, s’inscrit dans cette naturalisation. Cela dissocie l’oppression d’une analyse systémique utile reconnaissant la fonction systémique cruciale jouée par l’oppression. En conséquence, cela naturalise les systèmes d’oppression. Le classisme en est l’exemple le plus évident. Selon cette analyse, les pauvres et les membres de la classe ouvrière souffrent à cause de l’attitude des membres des classes moyennes et supérieures envers eux, et non parce qu’ils sont exploités par les modes de production capitalistes. Les inégalités de richesse et de revenus sont imputées aux préjugés : « le classisme est un traitement différencié en raison de la classe sociale ou de la classe sociale perçue. Le classisme est l’oppression systématique des groupes des classes subordonnées pour avantager et renforcer les groupes des classes dominantes. C’est l’assignation systématique des caractéristiques de valeur et de capacité basées sur la classe sociale41 ».
L’organisation Class Action a son propre slogan : « bâtir des ponts pour réduire la fracture de classe », situant la discrimination de classe dans les relations interpersonnelles qui découlent des caractéristiques systémiques des préjugés. Au lieu d’abolir les rapports de classe, le classisme met l’accent sur l’atténuation des effets individuels des rapports de classe, comme « se sentir inférieur aux membres des classes supérieures ». Au lieu d’exiger le démantèlement du système de classes capitaliste, Class Action met l’accent sur la reconnaissance de la souffrance causée par les relations interpersonnelles comme solution à l’inégalité, aplanissant la fonction de la race, de la classe et du genre en les égalisant par le prisme de l’identité descriptive.
Je ne remets pas en question le fait que la souffrance qui marque la vie des sujets opprimés doive jouer un rôle dans la résistance à l’oppression. Toutefois, la tendance au culturalisme dont font preuve les politiques de l’identité contemporaines mène à concevoir la résistance comme tournée vers l’intérieur, vers les symptômes de l’oppression et à un éloignement des causes systémiques. Ce repli sur soi s’incarne dans la popularité de la théorie du privilège. La théorie du privilège est un exemple de la manière dont les inégalités structurelles sont situées dans les positions individuelles des sujets. La conception qu’a Peggy McIntosh du privilège blanc se situe au fondement à la compréhension actuelle. Elle compile une liste de 50 bénéfices quotidiens du privilège blanc : « J’en suis venue à voir le privilège blanc comme un ensemble invisible d’atouts immérités que je peux encaisser chaque jour, mais desquels je demeure inconsciente42 ». Le concept de privilège personnel comme « avantage immérité (…) à cause de la discrimination » est devenu omniprésent dans le discours des politiques de l’identité43. L’expression « Check your privilege » est devenue un cri de ralliement politique, laissant entendre que la résistance doit débuter par la reconnaissance de la position personnelle de chacun au sein du système.
#identité #politique_de_l'identité #théorie_du_privilège
Edit #privilège_blanc #intersectionnalité #individualisation
Reste étonné par ce glissé/collé là : le #classisme vu comme représentation redoublant un stigmate, #stigmatisation et donc utilisable comme catégorie négative, voire insulte à destination de suppôts de l’oppression, plutôt que le classisme (d’antan ?), position de classe, position théorique revendiquée. Un effet de la pullulation universitaire ?
]]> Chroniques françaises , par Toni Negri
14 Décembre 2018
Nous proposons ici la traduction d’une contribution rédigée par Antonio Negri au lendemain du discours d’Emmanuel Macron du 10 décembre dernier. Il s’agit d’un texte d’analyse (...) qui avance (...) des pistes de lecture intéressantes, notamment pour ce qui est des clivages classe/peuple, de l’impossibilité de médiation et de l’épuisement de la gouvernance, mais aussi de la question de la socialisation du salaire et de l’enjeu de la prolifération des foyers des luttes.
▻http://www.platenqmil.com/blog/2018/12/14/chroniques-francaises
#giletsjaunes #fédéralisme #municipalisme #macron #salaire #salaire_social #classe #peuple #multitude #médiation #représentativité #néolibéralisme #Macron #giletsjaunes #gilets_jaunes #Negri
]]>Notation des salariés : l’autre guerre des étoiles
▻http://www.liberation.fr/france/2018/03/29/notation-des-salaries-l-autre-guerre-des-etoiles_1639923
De plus en plus d’entreprises utilisent les questionnaires de satisfaction remplis par les clients comme un outil managérial : des notes attribuées à la va-vite qui peuvent influer sur les salaires ou aboutir à une perte d’emploi. « Nous remarquons que vos dernières notes sont très en dessous des standards de qualité qu’attendent les utilisateurs. » Trois mois après avoir pris le volant de sa berline noire, Fabien (1) reçoit ce texto comme un coup dans le ventre. Les évaluations laissées par les clients (...)
#Apple #Deliveroo #Microsoft #Starbucks #Uber #travail #contrôle #travailleurs (...)
]]>Les étudiants livrés au marché de l’anxiété - Annabelle Allouche, Le Monde Diplomatique, avril 2018
▻http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8217
La réforme du baccalauréat et l’instauration de critères de sélection à l’entrée des universités bouleversent l’articulation entre enseignements secondaire et supérieur. Dès la classe de seconde, les élèves sont désormais sommés de se projeter dans l’avenir, au risque de prendre la mauvaise voie. (...)
La loi ORE réalise une promesse formulée par le président Emmanuel Macron : « Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde » (Le Point, 31 août 2017). Fondée sur deux volets, l’un relatif à l’instauration de critères de sélection à l’université, l’autre sur la réforme du baccalauréat et du lycée, ce texte sonne le glas des politiques de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur menées depuis les années 1960 dans le but d’élargir le nombre de salariés qualifiés.
La réforme promeut une conception « tubulaire » de l’orientation, qui relie directement la classe de seconde au marché du travail dans une suite ininterrompue d’épreuves sélectives et de choix d’orientation « rationnels », selon une approche parfois appelée « bac — 3 - bac + 3 ». Avec le futur lycée à la carte, qui verra disparaître les filières scientifique, littéraire et économique, un élève souhaitant entrer à l’université devra, dès la seconde, s’assurer que les « disciplines de spécialité » et les modules choisis correspondent bien aux critères de sélection (les « attendus ») de l’établissement qu’il veut intégrer. Cela suppose non seulement d’avoir une idée claire de l’offre de formation disponible, mais aussi d’être certain de son choix d’orientation, à un âge de découverte, et non de projection dans l’avenir. Au risque de se retrouver coincé dans une mauvaise voie.
La loi fait ainsi reposer sur l’élève — et sur des choix effectués à 15 ou 16 ans — la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Fini les errements, les tâtonnements que permettait dans une certaine mesure l’ancien système : désormais, chacun doit anticiper la place qu’il veut se donner dans la société, sous peine qu’on la lui impose. Bien sûr, de ce point de vue, la réforme n’invente pas tout. Elle renforce des logiques déjà présentes dans l’univers scolaire, en particulier ce que Pierre Bourdieu nommait dès 1964 la « culture de la précocité », c’est-à-dire la prime donnée aux trajectoires linéaires et aux « voies royales » .
#école #étudiants #lycéens #sélection #réforme #individualisation #peur
]]>#SUPERHUMANS ? - Les mots sont importants (lmsi.net)
▻http://lmsi.net/SUPERHUMANS
Tout d’abord, le nom de la campagne « We are Superhumans » est révélateur de l’impossibilité pour les médias de sortir de la désormais célèbre dichotomie « mendiant/héros » dont j’ai déjà eu l’occasion de parler.
Sportifs de haut niveau ou non, pourquoi devrions nous être plus que des humains ?
Parce que si nous ne répondons pas à la définition du misérable, nous ne pouvons être que des héros, des « superhumains » comme le confirme cette vidéo, et rien d’autre.
Les figures du mendiant et du héros ne sont pas seulement d’affreuses caricatures déshumanisantes, mais constituent de véritables injonctions sociales pour les personnes handicapées.
Nous ne sommes visibles et acceptables socialement que si nous entrons dans l’une et l’autre de ces catégories. Nous sommes sommés d’être soit objet de pitié, soit objet d’admiration, et en tout état de cause toujours « objets ».
Il nous est donc interdit d’être banalement humains, simplement nous mêmes, d’être des sujets libres d’agir et de s’exprimer, notamment sur notre existence en tant que personne handicapée, sans craindre de verser dans l’une ou l’autre de ces caricatures, ce qui est proprement insupportable.
Ensuite, le titre et le refrain de la chanson, qui se veulent le slogan de la campagne et martèlent « Yes I can » sont au service d’une énième #individualisation et #dépolitisation de la question du #handicap.
]]>Quand les superaliments deviennent un outil de #discrimination sociale | Slate.fr
▻http://www.slate.fr/story/124223/superaliments-outil-discrimination-sociale
« Cela créé une #individualisation massive, une quête absurde pour une nouvelle forme de #narcissisme que l’on pourrait intituler : “comment puis-je vivre éternellement ?” [...] Ce qui est terrible avec cette obsession de la classe aisée pour la “bonne” #nourriture c’est que les gens sont obsédés par ce qu’ils mangent –le kale, le quinoa– comme si c’était des choses magiques dont ils voulaient s’entourer pour être en bonne #santé et se protéger le plus possible, sans pour autant se préoccuper de ce que mangent les autres. »
]]>Gilles Carrez : le prélèvement à la source est « inutile » et « complexe »
▻http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/08/03/gilles-carrez-le-prelevement-a-la-source-est-inutile-et-complexe_4977681_823
[...] nous ne voyons pas l’intérêt de s’embarquer dans une réforme qui sera extrêmement complexe, notamment sur la question des #niches_fiscales ou du traitement des revenus de l’année 2017.
[...] L’#impôt_sur_le_revenu souffre déjà d’une concentration de plus en plus excessive : aujourd’hui, moins de la moitié des foyers fiscaux payent cet impôt. Si la #CSG devenait elle aussi progressive et subissait elle aussi la même concentration, cela serait un vrai martyr fiscal pour les classes moyennes et supérieures .
Enfin, le prélèvement à la source sera aussi les prémices d’un autre changement ; dans un deuxième temps, le système du #quotient_familial sera remplacé par un crédit d’impôt forfaitaire. Notre système fiscal a la particularité d’être familiarisé, c’est-à-dire calculé par « foyer fiscal ». Avec cette réforme, il deviendrait à terme individualisé or nous ne voulons pas d’une #individualisation_de_l’impôt.
]]>Eye Scan Therefore I am: The Individualization of Humanitarian Aid
The iris of an eye is surely one of the most individual parts of a person – a unique signifier of each one of us. Today, Syrian refugees standing at ATM machines in Jordan are being recognized by iris scanning technology so they can withdraw UN #cash that enables their families to survive another month.
▻https://iow.eui.eu/2015/03/15/eye-scan-therefore-i-am-the-individualization-of-humanitarian-aid
#aide_humanitaire #individualisation #réfugiés #asile #migrations #Jordanie #surveillance (?) #iris #aid_in_cash #cash_based_intervention #monétisation
خطبة جريئة على الهواء مباشرة وبدون تقاليد عائلية تثير جدلا في الأردن | رأي اليوم
▻http://www.raialyoum.com/?p=365950
Petit scandale en #Jordanie ! Deux étudiants se sont en effet fiancés « à la mode occidentale », comprendre sans cérémonie familiale mais à l’occasion d’une grosse fête à l’Université (pour laquelle ils n’avaient bien entendu pas demandé d’autorisation).
Comme dans ce message précédent, j’y vois le signe de la marche inéluctable d’un processus d’#individualisation qui traverse toutes les jeunesses arabes.
Cette fois-ci, @dror je n’oublie pas la vidéo !
]]>نداء شرارة تكسر القاعدة... محجبة تفوز بـ « ذا فويس » | الأخبار
▻https://www.al-akhbar.com/node/248892
On peut l’interpréter comme on veut, à savoir un signe d’ouverture (après tout, pourquoi pas une comme elle ?) ou comme un signe de repli (attention les filles, désormais il faudra être comme elle). En tout cas, la victoire, au concours télévisé, d’une fille voilée, la première du genre dans l’histoire de la téléréalité moderne arabe, fait couler pas mal d’encre. (En plus, signe qu’on peut interpréter positivement, elle a concurru contre la volonté de son père...) Bref, l’ #individualisation fait son bonhomme de chemin dans les esprits du #monde_arabe.
]]>Mélissa et Alison en #service_civique à Pôle emploi, la parole au directeur de l’antenne.
▻http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-forbach/2015/11/03/forbach-melissa-et-alison-en-service-civique-a-pole-emploi
Vêtues de leur gilet bleu, siglé "service civique", les deux jeunes filles se repèrent facilement à l’#accueil de #Pôle_emploi. Mélissa Bekka, 19 ans, de Petite-Rosselle, et Alison Cokovic, 19 ans, de Henriville, ont démarré leur mission lundi à 9 h à l’agence de la Ville-Haute à Forbach. « Elles ne sont ni salariées, ni stagiaires, ni bénévoles », indique Pascal Thuillier, directeur, qui accueille, pour la première fois, des volontaires du service civique. « Une nouveauté chez nous. Pôle emploi de Lorraine a décidé d’ouvrir ses portes au service civique. » A Forbach, les deux agences accueillent chacune deux jeunes filles pour une mission de huit mois. « C’est une très bonne #expérience pour elles comme pour nous » , se réjouit Pascal Thuillier, mettant en avant la notion d’#intérêt_général et d’engagement de ce dispositif destiné aux 16-25 ans, « cela a un parfum de #cohésion_sociale. »
Facilitateurs d’inclusion numérique
Plongées dans le grand bain dès leur arrivée, Alison et Mélissa se sont immédiatement retrouvées en contact avec le public. « Leur mission consiste à aider les #usagers [9alors, il disent ni D.E ni candidats, ndc] qui arrivent en zone d’accueil, en particulier ceux qui rencontrent le plus de difficultés à utiliser nos nouveaux #services_numériques , détaille le responsable. Elles sont là, en renfort des animateurs de Pôle emploi, pour accompagner les gens un peu perdus dans l’utilisation des services digitaux, pour leur permettre de gagner en #autonomie. »
D’ici juin, les jeunes volontaires seront également appelées à coanimer les ateliers de Pôle emploi sur les #services_à_distance. « Comme notre emploi store que nous avons mis en place récemment », souligne Pascal Thuillier, souhaitant que les deux recrues soient avant tout « des facilitateurs d’inclusion numérique. »
Le directeur de l’agence insiste sur l’impact du numérique dans la recherche d’emploi : « Aujourd’hui, 89 % des #DRH utilisent internet. Un recrutement par ce biais dure trois semaines contre trois mois par la voie traditionnelle. Un demandeur d’emploi qui n’a pas de #CV_en_ligne et qui ne dispose pas de boîte mail va être pénalisé. »
« Une vraie valeur ajoutée »
Suivies par un tuteur durant toute leur mission Mélissa et Alison ont un statut spécifique. « Elles ont signé un contrat d’engagement du service civique, elles travaillent 24 heures par semaine chez nous et touchent des indemnités » [#467€34/mois, soit un peu plus que le montant du RSA, ce minimum que la classe politique a en 1988 interdit aux moins de 25 ans à l’initiative du PS, ndc], explique le directeur de Pôle emploi.
Très heureux d‘accueillir les jeunes filles, Pascal Thuillier compte sur leur maîtrise de l’outil numérique pour développer le portail digital et améliorer les services rendus aux usagers.
« Nos agences de Forbach sont particulièrement visitées dans un bassin d’emploi compliqué , note-t-il. Pour l’instant, nous n’avons qu’un CV sur trois en ligne, un niveau assez faible. Nous allons essayer de passer un cap avec nos volontaires, qui représentent une vraie valeur ajoutée. »
Depuis les #stages Barre en 1976, le « manque d’expérience » des #entrants_sur_le_marché_du_travail a servi le prétexte pour les sous payer au nom de l’insertion dans le monde de l’entreprise et de l’emploi. Un phénomène dont l’ampleur a explosé durant le premier septennat socialiste (Travaux d’utilité collective, stage d’insertion à la vie professionnelle, etc.). On note que ces deux femmes sont en première ligne dans le travail de l’agence (accueil), quelles effectuent un travail de formation à partir d’une #qualification_gratuite (une maîtrise des outils informatiques, ici faiblement indemnisé par l’état, Pôle n’ayant rien à dépenser). L’#échelle_des_salaires comporte désormais une myriade de niveaux, une stratification accrue accompagnée d’une #individualisation, la destruction de ces valeurs collectives là a permis de faire exploser les #inégalités de salaires. It’smore fun to compete, et il n’y a pas d’alternative, sauf à rejoindre les casso’s, mais, la aussi, la #concurrence façonne fortement les moeurs.
#B-scale_partout_Reagan_Thatcher_itou
L’« Ubérisation » de l’emploi est déjà partout !, Marie-Claire Carrère-Gée (Présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE))
▻http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/11/05/l-uberisation-de-l-emploi-est-deja-partout_4803410_1698637.html
Les débats sur les nouvelles #formes_d’emploi sont marqués par la nostalgie d’un passé imaginaire – l’âge d’or du CDI – et la fascination pour un avenir fantasmagorique – la fin du salariat.
Or, l’âge d’or du CDI n’a jamais existé. La construction législative et jurisprudentielle du #CDI comme emploi protégé et stable ne date que des crises des années 1970. Au même moment, le législateur reconnaissait l’#intérim et le #CDD, leur assurant ainsi une progression fulgurante.
En fait, depuis le début des années 2000, la répartition des grandes composantes de l’emploi – en CDI, temporaires, indépendant – est stable. En France, comme ailleurs, le CDI demeure la forme ultradominante d’emploi, autour de 87 % de l’emploi salarié. L’explosion du CDD et de l’intérim est derrière nous. Et nous n’assistons pas non plus à une explosion du #travail_indépendant : il s’est stabilisé autour de 10 % de l’emploi total, avec un regain récent tiré par l’autoentrepreneuriat.
C’est vrai, on assiste à une diversification des formes juridiques d’emploi aux confins du salariat et du travail indépendant, avec le portage salarial, les coopératives d’activité et d’emploi, ou lorsqu’un indépendant exerce son activité dans un cadre contraint (la franchise, l’agent commercial mandataire indépendant, le gérant non-salarié de succursales de commerce de détail). Mais ces formes d’emploi, récentes ou plus anciennes, sont ultraminoritaires.
Le CDI déjà minoritaire
Alors, rien n’aurait changé ? Si, bien sûr. C’est même à un véritable bouleversement auquel nous assistons, avec une grande vague de #flexibilisation et d’#individualisation, qui touchent toutes les conditions d’emploi.
A tout seigneur, tout honneur, le premier concerné est le CDI : le fameux « CDI à temps plein avec des horaires stables et chez un seul employeur » est déjà minoritaire, avec la progression du #temps_partiel, qui concerne un peu plus de 4 millions de #salariés, et des horaires décalés et variables. Près d’un tiers des salariés travaillent habituellement ou occasionnellement le dimanche, contre un sur cinq il y a vingt ans. La part des horaires à la carte a aussi quasiment doublé et dépasse les 10 %. L’unité de lieu du travail est également remise en question avec l’essor du #télétravail, qui concerne près de 17 % des actifs.
La flexibilisation progresse aussi de façon fulgurante au sein des CDD : les contrats temporaires les plus courts explosent. Les flux d’emploi de moins de trois mois en CDD ou intérim représentent neuf embauches sur dix. L’explosion est encore plus forte pour les contrats de moins d’un mois.
L’emploi indépendant s’individualise également de plus en plus : c’est, en son sein, l’emploi indépendant sans aucun salarié qui progresse avec notamment 1 million d’#autoentrepreneurs.
Individualisation de l’activité
Mais le phénomène le plus marquant de ces dernières années est l’individualisation de l’activité elle-même, avec l’explosion de la #pluriactivité – avoir plusieurs emplois salariés, ou un emploi salarié et un autre indépendant. Elle concerne aujourd’hui plus de 2,3 millions d’actifs, contre 1 million il y a dix ans. Un tiers des autoentrepreneurs le sont en complément d’un emploi salarié.
A l’origine de ces évolutions, il y a des facteurs économiques : la crise, la financiarisation et la mondialisation de l’économie, qui conduisent les entreprises à réduire leurs coûts ; l’essor du secteur tertiaire ; l’installation d’un #chômage de masse, qui réduit les capacités de négociation des actifs.
Mais des facteurs sociologiques sont aussi à l’œuvre, avec des aspirations croissantes à davantage d’autonomie dans le travail, et de liberté dans la gestion de son temps. Enfin, l’essor des nouvelles technologies donne un formidable élan à toutes les formes d’activité dans lesquelles le travail ne s’exerce pas dans l’#entreprise qui embauche.
C’est le cas des sites de « jobbing » entre particuliers, des plates-formes de services entre professionnels, des sites de free-lance, où un nombre important de personnes, rémunérées ou non, contribuent à la réalisation d’un #projet divisé en microtâches.
Stress, flou entre vie professionnelle et personnelle
Pour les entreprises, les avantages vont de soi. Mais, énormément d’actifs y trouvent également leur compte, et davantage encore le pourraient : meilleur accès à l’emploi, revenus supplémentaires parfois très significatifs, diminution du risque en multipliant les employeurs ou donneurs d’ordre, souplesse dans l’organisation de son temps, plus grand intérêt d’un travail autonome et varié, acquisition de nouvelles compétences, possibilités accrues de reconversion, envie de faire autre chose en plus ou à la place de l’activité habituelle.
Les risques sont tout aussi clairs : stress, flou entre vie professionnelle et personnelle, enfermement dans la #précarité, difficulté d’accès aux prêts et au logement pour les CDD très courts et les indépendants, déplacement du partage du risque économique, pertes de chance d’accéder à la formation, perte de ressources pour les assurances sociales, difficulté d’application de la législation du travail (notamment pour la rémunération minimale, la durée maximale et la santé), nécessité d’inventer d’autres formes de dialogue social…
Il n’y a pas l’ancienne économie, d’un côté, et la nouvelle économie, de l’autre, les salariés et les « anciens indépendants » contre les « ubérisés » : la nouvelle économie est partout. L’enjeu n’est pas d’inventer de nouvelles formes juridiques d’activité, mais de maximiser les avantages de la flexibilisation et de l’individualisation de toutes les formes d’emploi, et d’en minimiser les risques pour tous.
]]>La spirale infernale de la dette de l’Unédic et l’austérité menacent le droit aux indemnités chômage
▻http://www.bastamag.net/La-spirale-infernale-de-la-dette-de-l-Unedic-et-l-austerite-menacent-le-dr
La dette de l’assurance-chômage s’accumule, amplifiée par la crise, et dépasse les 21 milliards d’euros. Les cinq millions de sans emplois en seraient-ils les principaux responsables, comme le laisse croire la multiplication des contrôles et des contraintes contre ceux qui bénéficient du droit – constitutionnel – à une indemnité chômage ? Nous nous sommes plongés dans la dette de l’Unédic pour savoir d’où elle venait et comment elle augmentait. Et pourquoi aucune solution pérenne n’est mise en place pour la (...)
/ A la une, #Syndicalisme, Quel avenir pour nos #Protections_sociales ?, #Enquêtes, Emploi , #Fractures_sociales, #Finance, Protections (...)
]]>Premiers guichets de l’accès au droit, les associations militantes se bureaucratisent| AlterEco+ Alterecoplus
▻http://www.alterecoplus.fr/en-direct-de-la-recherche/quand-les-associations-militantes-tombent-dans-la-bureaucratie-20150528
plusieurs facteurs sont mis en avant par les deux chercheurs : #externalisation croissante de l’action publique, #juridicisation et #individualisation de la vie sociale, complexification du #droit, présence accru des spécialistes du droit parmi les #militants, diffusion d’une « #culture_du_résultat » au sein des associations... Selon Pette, « la position offensive des années 1970 s’est effacée au profit d’une position plus défensive. La défense des acquis sociaux, des emplois ou des individus occupe aujourd’hui la plus grande partie du temps et du travail militant. Par conséquent, les répertoires ont eux aussi changé (...) et la négociation semble privilégiée par les militants. » Cet enrôlement des associations semble en tout cas être garant d’une certaine efficacité : Weil montre, statistiques à l’appui, que « les requérants soutenus par une association ont environ deux fois plus de chances de valider leur recours que ceux qui ont fait l’objet d’un simple suivi par un #travailleur_social ». (...)
... En intégrant les attentes de l’Etat
Mais cette efficacité a un prix : celui d’une #sélection drastique des #candidats défendus, pour ne retenir que les « bons », autrement dit ceux qui ont la plus grande chance d’obtenir une réponse positive de l’administration.
]]>« Oui, les musulmans sont en accord avec la République »
▻https://lejournal.cnrs.fr/print/718 31.03.2015, par Nadia Marzouki
La plupart des médias et des politiques continuent de diffuser l’image de musulmans tiraillés entre leur supposée identité religieuse et leur adhésion aux valeurs de la République. La chercheuse Nadia Marzouki nous explique pourquoi cette vision n’est pas fondée.
Parmi les nombreuses interrogations suscitées par les attentats de janvier, la question de la prétendue incompatibilité de l’islam avec la laïcité est, une fois de plus, apparue au premier plan. Face à la énième réitération de ce débat dans les champs médiatique et politique, on sent une certaine lassitude, voire du découragement, chez les chercheurs spécialistes de l’islam en France. Car cela fait au moins depuis les années 1990 que les enquêtes de sciences sociales ont fait apparaître la non-pertinence de questions du type « peut-on réformer l’islam ? » ou « l’islam est-il compatible avec… ? ». Ce que montrent tous ces travaux, c’est que la question de la sécularisation n’a de sens que lorsqu’elle est posée au niveau des pratiques concrètes et que, de ce point de vue, la majorité des musulmans français s’accommodent très bien des règles de la laïcité. Plutôt que demander si l’islam est compatible avec la laïcité ou comment le réformer, il convient aujourd’hui de se demander pourquoi le fait accompli de la sécularisation des musulmans français est toujours en question.
Le débat public repose encore largement sur une conception caricaturale du rapport que les musulmans entretiendraient au dogme, à la norme et à l’autorité. Dès lors que l’on envisage la subjectivité musulmane comme intégralement déterminée par son obéissance à un corpus théologique, à une autorité religieuse ou a une communauté d’origine, l’obsession actuelle des journalistes et responsables politiques pour la question de la réforme de la théologie et de l’éducation des imams se comprend mieux. Pourtant, les enquêtes de sciences sociales n’ont cessé de montrer comment la migration a produit non pas un repli identitaire et communautaire, mais une déconnexion importante entre la quête de religiosité et la culture dite d’origine1. Dans son livre sur les imams en France2, le sociologue Romain Sèze parle de « bricolage » et de « braconnage » pour décrire le rapport des imams et de leurs fidèles à la norme religieuse. Les imams jouent un rôle essentiel dans la déconnexion entre religion et culture d’origine, en rejetant un grand nombre de pratiques comme relevant de la « tradition » et en appelant à une contextualisation des principes du droit islamique. Beaucoup d’entre eux recourent au raisonnement par analogie (al-qiyās) afin de redéfinir certaines normes. Loin du fantasme de l’islam rigoriste et communautaire, Romain Sèze décrit la religion qu’enseignent les imams comme un islam « fragile ».
L’enquête de Christine Rodier 3 sur les pratiques de consommation halal menée auprès d’une population habitant en Moselle depuis les années 1970 et originaire du sud du Haut Atlas marocain montre également en quoi aborder l’application d’une règle religieuse dans la seule perspective de la soumission est erroné. La sociologue fait apparaître toute la part d’individualisme, d’inventivité et de réflexivité qui caractérise l’appropriation de cette prescription. Elle déplore le simplisme des oppositions binaires entre le halal et la laïcité ou la modernité. L’adoption de cette pratique, loin d’être un indice de communautarisation ou de rejet de la laïcité, reflète l’individualisation importante de la religiosité. À la différence des premières générations de musulmans, chez les jeunes générations de pratiquants, le halal est devenu un « concept éthique à la base d’une hygiène de vie qui va au-delà de la simple prescription alimentaire 4 ».
Il y a une forte part d’individualisme et d’inventivité dans la consommation halal des jeunes générations.
Ceux que Christine Rodier décrit comme des « mangeurs consommateurs » se distinguent de leurs aînés en ce qu’ils « désirent manger des plats dits français auxquels ils s’identifient (comme la plupart des jeunes de cette classe d’âge), étant eux-mêmes nés sur sol français ». À côté de cette figure du « consommateur », Christine Rodier évoque également celles du mangeur « revendicatif », qui trouve que ses parents ne sont pas assez pieux, et celle de l’« ascète », qui souhaite afficher une identité spécifique. Mais, dans les trois cas, manger halal découle d’un choix libre et individuel. Cette pratique révèle un rapport réflexif aux prescriptions et aux normes religieuses « en faveur d’une éthique sollicitant davantage l’engagement personnel et la recherche d’une ascèse 5 ».
On pourrait multiplier les exemples de travaux de sciences sociales qui font apparaître, à partir de cas différents, ce même processus d’individualisation de la religiosité et d’intégration inventive au contexte laïc républicain. Ainsi de la recherche du sociologue Elyamine Settoul 6 sur l’intégration des Français musulmans dans l’armée française, ou des travaux en cours de Warda Hadjab sur les relations amoureuses entre jeunes musulmans français. Ces derniers parviennent à conjuguer des normes issues de la tradition que veulent leur transmettre les parents et une expérimentation subjective de la vie séculière européenne. L’image de l’islam comme « problème » ou source de conflit est doublement invalidée. D’une part, parce que la majorité des conflits qui naissent de la rencontre de ces normes sont résolus au sein de la famille, de l’environnement amical, de la mosquée, des espaces associatifs, des réseaux sociaux. D’autre part, parce que, pour nombre de ces jeunes, l’appropriation de la norme religieuse est précisément une ressource qui les aide à s’affirmer contre une pression familiale. C’est ainsi qu’ils parviennent à justifier le mariage avec une personne d’une autre origine, voire d’une autre religion, contre l’avis des parents, au nom des valeurs « islamiques » de l’amour ou de la famille.
Quant aux formes d’expression religieuses les plus piétistes, systématiquement présentées dans les médias sous l’angle de l’oppression de la femme musulmane, elles ne peuvent pas non plus être comprises dans la seule perspective binaire de l’opposition au féminisme ou au sécularisme. Le travail de Claire Donnet sur les pratiques de femmes qui cultivent une forme de piété intégraliste – respect strict des temps de prières, du halal, port du voile… – montre que la recherche de cette féminité pieuse a en réalité deux enjeux : critiquer la conception libérale du féminisme, mais aussi déconstruire les normes machistes et patriarcales au sein de leur propre environnement. Autrement dit, ces femmes mettent en avant leur respect des « fondamentaux » de l’islam pour pouvoir en parallèle s’affirmer et réaliser différents objectifs : travailler, étudier, prendre la parole…
Certaines femmes utilisent leur respect des fondamentaux de l’islam pour s’affirmer dans le travail, les études...
Étudiant la démarche des participantes au site Web islamique féminin Hijab and the City, Claire Donnet affirme que « ces blogueuses, au croisement de multiples rapports de domination, se réapproprient les représentations essentialisées de la femme et s’en servent stratégiquement pour changer leur condition au sein de leur groupe confessionnel. Elles s’insèrent dans l’ordre normatif préexistant pour le changer 7 » Les travaux très riches sur le féminisme islamique font apparaître la même ambivalence face au sécularisme libéral, qui est rejeté en tant qu’il est associé à une forme d’impérialisme culturel, mais dont l’idée centrale – les droits individuels – est acceptée et réappropriée.
L’affaire du jugement « SAS contre France » 8 est de ce point de vue éclairante. Pour protester contre la loi interdisant le port de la burqa dans l’espace public, une requérante française a saisi la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg en mettant en avant un argumentaire tout à fait cohérent avec le registre libéral de la défense des droits des individus. Son argument ne consistait en effet pas à se plaindre de l’impossibilité pour elle de vivre enfermée dans sa « communauté » musulmane, mais à dénoncer l’incompatibilité de la loi de 2009 avec des articles précis de la Convention, notamment avec l’article 9 qui défend la liberté religieuse des individus.
Qu’ils optent pour une stratégie de transformation du religieux en éthique en réinterprétant des normes strictes en valeurs ouvertes, ou au contraire qu’ils défendent une conception plus fondamentaliste du religieux en voulant détacher l’activité pieuse de l’influence des folklores culturels des pays « d’origine », dans les deux cas les musulmans acceptent, voire renforcent, l’idée fondamentale du sécularisme, celle de la séparation entre l’espace du religieux et celui du politique. Paradoxalement, alors que la plupart des musulmans français insistent pour qu’on fasse la distinction entre l’islam comme religion et ce qui relève des traditions ou de la culture d’origine, le débat public et politique repose largement sur l’idée selon laquelle le seul islam acceptable, c’est l’islam folklorisé des instituts de « cultures d’islam » et des festivals de musique soufie, ou l’islam athéisé promu par les intellectuels d’origine musulmane non croyants et non pratiquants.
Ce malaise à l’égard de la religion comme telle, dès lors qu’elle n’est pas neutralisée en « fait religieux historique » ou en culture folklorique, est contradictoire avec les injonctions à rejeter la communautarisation. Alors que la question de l’institutionnalisation de l’islam revient au centre du débat public, il faut rappeler que l’institutionnalisation étatique, de tradition gallicane, n’implique pas la sécularisation, au contraire. Il paraît plus important et plus urgent de créer les conditions pour que se poursuive le processus en cours d’individualisation et de pluralisation des pratiques de l’islam en France, et de cesser d’assigner les musulmans à une « communauté » d’identité ou de culture, qui devrait pouvoir être unifiée et représentée. Loin des fantasmes de l’islam conquérant et communautaire, il est temps pour les médias et les responsables politiques de voir les musulmans français tels qu’ils sont et tels que les décrivent les chercheurs depuis plusieurs décennies…
Notes
1.L’Islam mondialisé, Olivier Roy, Le Seuil, 2001.
2.Être imam en France, Romain Sèze, Éditions du Cerf, 2013.
3.La Question halal. Sociologie d’une consommation controversée, Christine Rodier, PUF, 2014.
4. « Manger Halal, pour diversifier ses pratiques alimentaires », Christine Rodier, Le Monde, 20 mars 2012.
5.Ibid.
6. « Présence musulmane croissante dans l’armée », Elyamine Settoul, Le Monde, 26 mars 2012.
7. « Hijab et City et la construction d’une féminité pieuse », Claire Donnet, Actes de colloque, coll. « Fira-HAL-SHS », janvier 2012, pp. 1-9.
8. Arrêt de Strasbourg, affaire « SAS contre France », 1er juillet 2014.❞
Le ciel des travailleurs
▻http://www.greekcrisis.fr/2015/03/Fr0417.html
Dans un premier temps, durant la soirée du lundi (9 mars), une nouvelle avait été diffusée par les medias, faisant état d’une altercation verbale qu’aurait eu lieu entre Yanis Varoufákis et Wolfgang Schäuble, au soir de l’Eurogroupe. Le ministre des Finances allemand et de l’Europe unifiée... à travers les victimes des génocides économiques en cours et futurs, aurait rétorqué devant son (supposé) homologue grec, que les mesures visant à lutter contre la crise humanitaire sont unilatérales car non chiffrées, et que de ce fait, elles devraient être suspendues (hebdomadaire “To Pontíki”). Source : greek crisis
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