• De « C’est pas sorcier » au salon de l’aviation : les liaisons douteuses de Jamy
    https://reporterre.net/De-C-est-pas-sorcier-au-Salon-de-l-aviation-les-liaisons-douteuses-de-Ja

    Cachés derrière la façade de la science, les vendeurs d’armes se sont emparés depuis longtemps de la communication publicitaire pour masquer leurs gains à tuer des enfants avec des moyens #dernier_cri. Ils savent se trouver des larbins comme Jamy pour faire leur promotion comme depuis des années on peut par exemple l’observer à La cité de l’industrie à La Villette Paris.

    #industrie_de_l'armement #communication #salopards #vendeurs_d'armes #science

    Au fait, quel est le classement de la france dans les exportations d’armes déjà ?

  • Hellfest 2025 : bienvenue à ceux qui aiment buter du PD
    https://unidivers.fr/hellfest-crime-homosexuel

    Il y a des enfers qu’on choisit. Et d’autres qu’on impose. Quand le #Hellfest 2025 programme Bård « Faust » Eithun, batteur du groupe Emperor, le festival ne rend pas hommage à l’esprit de révolte, ni à la liberté d’expression. Il banalise un #meurtre_homophobe. Il valide l’effacement d’une victime. Il transforme une scène en tribune, une batterie en pierre tombale.

    Un meurtre, 37 coups de couteau, et pas une once de remords

    Petit rappel des faits. En 1992, à Lillehammer, en Norvège, Bård « Faust » Eithun poignarde à mort un homme, Magne Andreassen, dont la singularité était de préférer partager ses sentiments et ses nuits avec une personne du même sexe. Trente-sept coups de couteau. À l’époque, le jeune homme de 18 ans est déjà une figure de la scène #black_metal naissante. Celui qui aurait pu aussi bien se surnommer Voldemort était proche du groupe Emperor, dont l’un des musiciens a été condamné à de l’emprisonnement pour incendie d’églises tandis que le chanteur du groupe en a toujours fait l’apologie.

    Bård G. Eithun dit Faust purge neuf ans et demi de prison sur les quatorze prononcés. Depuis sa libération, il remonte régulièrement sur scène avec le groupe Emperor, sans jamais avoir exprimé publiquement de remord ni participé à un quelconque travail de mémoire ou de réparation. Et pourtant, après un première programmation en 2014, il est de nouveau programmé au Hellfest cette année. Comme la fois précédente. Tranquillement. Comme si de rien n’était. Comme si son histoire n’était qu’une parenthèse marginale, un folklore noir au service du storytelling extrême.

    La transgression à géométrie variable

    Dans un monde où la moindre maladresse s’échange contre des torrents de dénonciation, comment expliquer ce silence autour d’un acte aussi radicalement violent  ? Faudrait-il rappeler que si Bård « Faust » Eithun avait tué un policier ou une célébrité, son retour sur scène aurait été impossible  ? Mais tuer un homosexuel dans un parc la nuit… est-ce encore considéré comme un fait suffisamment grave pour empêcher de taper sur des fûts, dix puis vingt ans plus tard, dans un champ de Loire-Atlantique  ?

    la suite... par Nicolas Roberti sur Unidivers.fr

  • #Glyphosate : une nouvelle étude confirme le risque de #cancer

    Une étude scientifique menée sous l’égide de l’institut Ramazzini à Bologne, en Italie, et publiée jeudi dans la revue « Environmental Health », apporte de nouvelles preuves du caractère cancérogène de l’#herbicide le plus utilisé au monde (https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-025-01187-2).

    En novembre 2023, il était réautorisé dans l’Union européenne pour dix ans. Le glyphosate, herbicide le plus utilisé au monde, n’était pas considéré comme cancérogène par l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, et le gouvernement français ne s’était pas opposé à son maintien sur le marché.

    Une nouvelle étude, publiée jeudi 12 juin dans la revue scientifique Environmental Health, vient cependant d’apporter des preuves supplémentaires du caractère cancérogène de la molécule. Menée par l’institut Ramazzini à Bologne en Italie, en collaboration avec d’autres centres de recherche, notamment britannique et états-unien, elle montre un risque démultiplié de leucémie, mais aussi d’autres types de cancers, sur des rats exposés à différentes doses de glyphosate considérées jusqu’ici comme sans effet sur la #santé humaine ou celle des rongeurs.

    Considérée par l’ONG de lutte contre les pesticides PAN Europe comme « l’étude indépendante la plus complète jamais conduite sur le glyphosate à partir d’animaux de laboratoire », la publication vient compléter de nombreuses recherches scientifiques déjà effectuées sur le sujet.

    Car le glyphosate est reconnu comme « cancérogène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Pointé dans une expertise de l’Inserm, en 2021, qui faisait le lien entre exposition des agriculteurs et agricultrices et apparition du lymphome non hodgkinien – un cancer du sang –, il était aussi au centre, en 2019, d’une méta-analyse qui établissait, pour la population agricole exposée au glyphosate, un risque augmenté de 40 % de développer cette maladie.

    Le biologiste Daniele Mandrioli travaille depuis des années sur les #causes_environnementales des cancers. C’est lui qui a dirigé cette nouvelle recherche. Entretien.

    Mediapart : Comment avez-vous travaillé pour cette étude ?

    Daniele Mandrioli : C’est la plus large étude jamais réalisée en toxicologie sur le glyphosate. Les expériences ont été menées dans notre laboratoire à Bologne sur plus de 5 000 animaux, et nous avons travaillé en collaboration avec une dizaine d’instituts scientifiques dans le monde. Nous avons commencé en 2019 et avons donc mis six ans pour aboutir à ces résultats reconnus par les pairs pour le volet #cancérogénicité.

    Pourquoi avoir choisi d’étudier les effets du glyphosate ?

    Notre laboratoire est le plus grand laboratoire de toxicologie en Europe, et le deuxième au monde, en termes de nombre de produits étudiés pour leur cancérogénicité – plus de deux cents. Nous avons donc travaillé sur de nombreuses substances, et nous savions que concernant le glyphosate, il y avait un manque de connaissance à combler sur son possible caractère cancérogène, mais aussi neurotoxique, ou encore sur ses effets sur le microbiote intestinal.

    Nous pensions aussi qu’il fallait davantage étudier l’exposition prénatale à la molécule. C’est souvent ce qui s’avère le plus déterminant. Dans le cas du chlorure de vinyle, par exemple, une molécule utilisée pour produire le PVC, on s’est ainsi aperçu au cours des années 1970 et 1980 qu’une exposition pendant la #grossesse pouvait être extrêmement toxique pour le fœtus, alors qu’une exposition aux mêmes doses à l’âge adulte n’avait pas du tout les mêmes effets [il est classé cancérogène certain par le CIRC depuis 1987 – ndlr].

    À quels résultats avez-vous abouti ?

    Nous avons exposé les rats à différentes doses de glyphosate, et cette expérience a montré que près de la moitié d’entre eux – 40 % pour être précis – ont été atteints de #leucémie et en sont morts, et ce, avant d’avoir atteint l’âge de 1 an – ce qui correspond à l’âge de 35-40 ans chez les humains.

    Cependant, aucun cas de leucémie n’a été détecté au cours de la première année de vie chez les animaux témoins qui n’ont pas été exposés au glyphosate dans le cadre de notre expérience. De même, aucun cas de leucémie n’a été observé au cours de la première année de vie chez plus de 1 600 animaux de contrôle dans le cadre des études de cancérogénicité menées par notre institut et le Programme fédéral de toxicologie états-unien.

    C’est donc un résultat inquiétant et révélateur sur la mortalité précoce de ce cancer.

    Autre résultat remarquable de notre étude : la variété des organes touchés par cette exposition au glyphosate. La leucémie n’est pas la seule maladie que l’on a observée. Le foie, la peau, les reins, la vessie, l’utérus, la rate, les glandes mammaires… Le spectre des organes affectés est très large.

    Nos résultats viennent donc confirmer l’évaluation du CIRC publiée il y a dix ans, à savoir qu’il existe des « preuves suffisantes » que le glyphosate est cancérogène pour les animaux de laboratoire et qu’il est un cancérogène probable pour les humains, mais aussi d’autres études scientifiques qui avaient déjà démontré la cancérogénicité de la molécule.

    Qu’apporte votre étude de nouveau par rapport aux précédentes ?

    Ce qui est nouveau, au-delà d’avoir testé l’exposition in utero, c’est le niveau de l’exposition : nous avons donné aux rats des doses plus faibles que nos prédécesseurs, et qui sont considérées comme sans danger pour les humains. Et nous ne les avons pas seulement exposés au glyphosate pur, mais aussi aux produits commercialisés qui le contiennent : le #Roundup_Bioflow [utilisé dans l’Union européenne – ndlr] et le #Ranger_Pro [utilisé aux États-Unis – ndlr].

    Le caractère dévastateur de l’#exposition_prénatale et le large spectre des organes touchés auxquels nous avons abouti n’avaient pas été démontrés dans les études précédentes.

    Vous avez travaillé sur les rats. Que cela signifie-t-il pour les humains ?

    La #toxicologie repose depuis une cinquantaine d’années sur le principe que les expérimentations sur les rats sont ce qu’il y a de plus prédictible pour les humains. Il faut savoir que la leucémie est une maladie avec une latence d’au moins dix ans et les tumeurs solides ont des latences encore plus longues. Les études épidémiologiques menées sur les cohortes humaines sont donc très longues à réaliser, et cela demande de suivre énormément de gens avant de pouvoir tirer des conclusions. Les études toxicologiques nous permettent d’avoir d’autres types de résultats, et de façon plus rapide.

    Pas assez rapide, cependant, pour pouvoir interdire le glyphosate sur le sol européen, réautorisé fin 2023 pour dix ans…

    Nous espérons que nos résultats éclaireront les décideurs, pas seulement en Europe, mais dans le monde entier. Notre étude apporte des #preuves, mais ce n’est pas à nous de prendre les décisions, ce n’est pas notre rôle. Nous sommes des scientifiques indépendants.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/130625/glyphosate-une-nouvelle-etude-confirme-le-risque-de-cancer
    #agriculture #industrie_agro-alimentaire

  • The FDA Is Approving Drugs Without Evidence They Work
    https://jacobin.com/2025/06/fda-approval-drugs-effectiveness-risk

    5.6.2025 by Jeanne Lenzer , Shannon Brownlee - Over the last several decades, the Food and Drug Administration has allowed pharma companies to sell hundreds of drugs to patients without adequate evidence that they work and, in many cases, with clear signs that they pose a risk of serious harm.

    Nieraj Jain was puzzled by the patient sitting quietly in front of him. The woman, in her sixties, was losing her eyesight; that much was clear. Her vision was blurred, and she was having increasing difficulty seeing at night and in bright sunlight. Less obvious was the cause. A retinal specialist and surgeon at Emory University in Georgia, Jain pored over specialized scans of her eye and saw odd patches of pigment on her retina — patches that didn’t fit with any known diagnosis.

    A fleeting memory pulled him up short; hadn’t he seen another patient a few months before with a similar finding? Combing through patient records, Jain dug up five more patients at Emory with the same puzzling retinal changes. All were going blind — and all happened to be taking Elmiron, a drug for a bladder condition called interstitial cystitis. In 2018, Jain and his colleagues published their findings about this new cause of blindness, dubbing it “pigmentary maculopathy.”

    Meanwhile, gastroenterologists at Emory and other institutions were uncovering another troubling finding about Elmiron: some patients on the drug were being diagnosed with colitis, a chronic inflammatory bowel disease with potentially life-threatening complications.

    According to a government database analyzed by the Lever and the McGraw Center for Business Journalism at CUNY’s Newmark Graduate School of Journalism, by the end of 2024, hundreds of patients on Elmiron had suffered vision loss or blindness. Others taking the drug were even more unlucky. Dozens of patient deaths associated with Elmiron were reported to the Food and Drug Administration (FDA), and 45 patients were hospitalized with severe colitis.

    Another problem? There’s no good evidence that Elmiron works.

    When the government approved Elmiron in 1996, the manufacturer provided close to zero data that the drug effectively treated interstitial cystitis. Regulators allowed Elmiron on the market only on the proviso that the company conduct a second study to determine if it worked. It would take eighteen years for the various companies that bought and sold the drug’s license to produce that study — and it proved to be a resounding bust. Patients who took Elmiron did no better than those given a sugar pill. (Janssen, which manufactures Elmiron, did not respond to repeated requests for comment.)

    All of which raises a question: How could a drug with such serious side effects get on the market in the first place? And how could it stay on the market for nearly three decades, even after subsequent studies failed to show it was effective? The answer to both questions strikes at the heart of what ails the FDA today.

    Elmiron is just one of hundreds of drugs that have been approved by the FDA over the last several decades on the basis of flimsy or nonexistent evidence. Drug companies have been allowed to market hundreds of prescription drugs to doctors and sell them to unsuspecting patients despite glaringly inadequate evidence that they offer any benefit and in many cases amid clear signs that they pose a risk of serious, often irreparable harm.

    From January 2013 until December 31, 2022, the FDA approved 429 drugs, most of which were authorized on the basis of inadequate evidence that they worked, according to a database of government records created for this investigation. Based on an analysis of these records, the agency has allowed dozens of treatments, like Elmiron, to remain on the market even when subsequent studies failed to show they are effective. This investigation found that from 2013 through 2022:

    Seventy-three percent of drugs approved by the FDA did not meet the agency’s four foundational standards required to show they work as expected.
    More than half of drug approvals were based on preliminary data rather than sound evidence that patients had fewer symptoms, improved function, or lived longer.
    Fifty-five of the 429 drugs approved met only one of the four standards needed to show that a drug is safe and effective; thirty-nine drugs met none of them.

    Many of the issues with drug approvals uncovered in this investigation are particularly concerning with regard to cancer treatments.

    Only 2.4 percent of the 123 cancer drugs approved from 2013 through 2022 met all four of the FDA’s scientific criteria. Twenty-nine drugs — 23 percent — met none.
    Eighty-one percent of cancer drugs were approved based on preliminary evidence rather than data showing patients would live longer. Studies of cancer drugs approved on preliminary evidence have failed to show they improve survival in the vast majority of cases.

    These statistics come after billions of dollars and years of lobbying by the pharmaceutical industry and patient advocacy groups pressuring Congress to loosen the FDA’s scientific standards.

    The resulting seismic shift from proving drugs work before they are approved to showing they work only after approval — if ever — has been quietly accomplished with virtually no awareness by doctors or the public. Insurers and taxpayers effectively pay for research after drugs hit the market as pharmaceutical companies reap the profits. Patients serve as the unwitting guinea pigs — with very real consequences.

    In the United States alone, an estimated 128,000 people are killed each year by side effects of prescription drugs that are properly prescribed. That number excludes opioid overdoses and is more than deaths from all illegal drugs combined. And the rate at which the agency approves unproven drugs has accelerated dramatically in the last ten years.

    These are just some of the findings of a two-year investigation by the Lever and the McGraw Center into all 429 new drugs approved from 2013 through 2022. A team of four experts, three of whom are physicians and one a postdoctoral fellow at Harvard, evaluated the scientific studies cited by the agency in its approval decisions.

    In addition, the authors used government reports, internal FDA documents, investigators’ notes, congressional testimony, court records, and interviews with more than one hundred researchers, legal scholars, current and former federal officials, patients, and their families.

    A fourteen-member advisory committee including physicians, epidemiologists, biostatisticians, a patient advocate, an FDA insider, and an FDA advisor provided guidance for the investigation. Several of the advisors vetted the findings for accuracy.

    These experts were shocked by some of this investigation’s findings.

    “I’ve been discouraged about the FDA before, but the last few years have been the worst,” said one of those advisors, Diana Zuckerman, founder and president of the Washington, DC–based nonprofit National Center for Health Research. “The scientific bar is often so low it would be impossible to lower it much further.”

    Examining the nation’s drug approval process has gained urgency in the wake of President Donald Trump’s executive orders demanding federal agencies deregulate numerous industries. And while Martin Makary, Trump’s pick for FDA commissioner, has written widely about medical error and the need for more rigorous medical science, Health and Human Services secretary Robert F. Kennedy Jr is known for his unsupported claims about medicines and vaccines.

    Experts say the current political reality doesn’t bode well for a drug-approval process that’s already plagued by deficiencies.

    “We need an agency that’s independent from the industry it regulates and that uses high-quality science to assess the safety and efficacy of new drugs,” says Reshma Ramachandran, a codirector of the Yale Collaboration for Regulatory Rigor, Integrity, and Transparency and an expert in analyzing clinical trials. “Without that, we might as well go back to the days of snake oil and patent medicines.”
    “We Opened Pandora’s Box”

    Between drugs, food, dietary supplements, tobacco, and medical devices, the FDA regulates $3.9 trillion worth of products each year, roughly one-eighth of the entire US economy. With a budget of approximately $6.9 billion in 2024, hundreds of offices in the United States and abroad, and more than 19,000 full-time employees (prior to recent firings), the FDA’s resources and scope make it one of the most powerful agencies in the country and highly influential around the world.

    Its reputation was built on hard-won scientific standards put into place by Congress in 1938 and 1962 after a string of medical tragedies. These new laws, sometimes called “super-statutes” because they are so far-reaching, authorized the agency to require drug companies to provide evidence that their drugs are safe and effective before they could go on the market.

    Then came AIDS. By 1988, the epidemic was in full swing: 46,000 people had died, and another 37,000 were living in the US with the poorly understood condition. AIDS activist groups wanted access to new drugs — and fast. With news cameras rolling, activists blockaded the entrance to FDA headquarters in Rockville, Maryland, holding placards saying “Federal Death Administration,” and lying on the street holding cardboard tombstones that read “Killed by the FDA.”

    Activists found ready partners in drugmakers, who were eager to get their products to market. Together the activists and companies argued before the FDA that the compassionate, lifesaving strategy would be to loosen scientific standards for establishing the efficacy of drugs.

    Among those existing standards was the strong recommendation that companies submit two or more randomized, controlled clinical trials that show a drug is effective in order to win approval. That’s because any single study, no matter how well it’s conducted, will often yield results that can happen by chance alone and do not stand up to later scrutiny.

    But these trials can be expensive and time-consuming to conduct and analyze. Between that and a shortage of FDA reviewers, new treatments for AIDS were flowing through the chronically underfunded agency at the speed of chilled molasses. It took an average of seven to twelve years to take a drug through the development pipeline, three of which could be taken up while a company’s data sat on an FDA reviewer’s desk.

    Under pressure from patient groups and drugmakers, the FDA created an “accelerated pathway” in 1992, which allowed companies to provide preliminary evidence that their AIDS drugs were effective. The new rules let these companies conduct trials tracking unreliable patient outcomes known as “surrogates,” with the expectation that drugmakers would provide more substantive evidence of real patient benefit after the drugs were on the market.

    Surrogate outcomes are laboratory tests, or imaging studies like CT scans, that don’t themselves track quality or quantity of life but are hypothesized to be reasonably likely to predict a so-called “clinical benefit.” Clinical outcomes are the ones that matter to patients, like feeling better and living longer, but relying on surrogate outcomes means that drug companies could gain approval based on shorter and cheaper studies.

    The problem is that improvements in a surrogate outcome often fail to correlate with whether a drug actually improves patients’ lives. In addition, a surrogate outcome can’t reflect the harm that a drug can cause, a limitation that has been repeatedly confirmed.

    Some external experts therefore expressed concern about approving drugs based on surrogate outcomes — and those worries were borne out by the AIDS drug AZT.

    When AZT was approved in 1987, many expected it to be a raging success based on research that counted T-cells, disease-fighting cells that the AIDS virus attacks, and other studies that tracked early survival data. But less than two years later, researchers at the Claude Bernard Hospital in Paris published their findings on 365 AIDS patients treated with AZT, concluding the results were “disappointing.” The drug was toxic to blood cells, and after six months, patients “returned to their pretreatment levels [of T-cells] and several opportunistic infections, malignancies, and deaths occurred.’’ (AZT would prove beneficial in later years when used in lower doses as part of a triple cocktail of AIDS drugs.)

    Still, the pharmaceutical industry actively promoted the treatment. With a list price of $21,000 a year per patient in 2025 dollars, AZT delivered $2 billion in profits to its drugmaker Burroughs Wellcome in 1989. Seeing the rewards to be reaped, companies began lobbying Congress to force the FDA to apply the looser AIDS standards to all sorts of drugs.

    Big Pharma’s campaign contributions jumped from $1.9 million in 1990 to $3.6 million in 1992, according to the Federal Election Committee and OpenSecrets, an independent research group. That year, Congress passed the Prescription Drug User Fee Act, which explicitly directed the FDA to allow approvals based on lower standards.

    Rep. Henry Waxman (D-CA) slammed the legislation, saying that while it “sounds good . . . it is a hoax to imply that it will do more than the FDA is already doing to bring effective AIDS drugs to the market.”

    The act also required drug companies to pay “user fees,” which the agency used to hire nearly 600 new staff. But critics say such fees have led some senior agency officials to view the industry as “partners.” The agency would go on to launch multiple “public-private partnerships” with the companies it is tasked with regulating.

    Subsequent laws directed the FDA to expedite drug approvals by further lowering standards of evidence.

    “We opened Pandora’s Box, and pharma exploited it,” says Gregg Gonsalves, an AIDS activist and professor of epidemiology at the Yale School of Public Health. In 1993, he told an FDA advisory committee that with the best of intentions, and in the face of a terrifying health crisis, AIDS activists had helped “unleash drugs with well-documented toxicities onto the market, without obtaining rigorous data on their clinical efficacy.”

    The result, said Gonsalves, is “we’ve arrived in hell.”
    The Missing Evidence

    Today, hundreds of drugs intended to treat a wide range of diseases have been approved by the FDA without critical evidence demonstrating they work.

    According to the database created for this investigation, nearly three-quarters — 311 — of the 429 drugs approved from 2013 through 2022 were put on the market despite inadequate evidence of their efficacy.

    This analysis was based on the four essential criteria cited in the FDA’s own standards and case law for assessing whether drugs work and are safe:

    Control group: Patients taking the drug were compared to a control group that was given a placebo or a comparator drug.
    Replication: At least two “well-controlled” trials showed the drug was effective.
    Blinding: Subjects in the studies and the doctors who cared for them don’t know which patients are on the drug and which are in the control group.
    Clinical end point: The studies measured the drug’s effect on patients’ survival or function rather than a surrogate measure.

    These criteria are by no means a complete list of sound scientific evidence. Instead, they comprise the minimum criteria needed to determine whether drugmakers have provided “substantial evidence” to support claims of effectiveness for new drugs.

    Yet only 118 of the 429 drugs approved over that period, a mere 28 percent, met the four criteria. One hundred and twenty-three drugs (29 percent) met three of the criteria, while thirty-nine drugs, more than 9 percent of the total, failed to meet a single criterion. That doesn’t mean these drugs don’t work, but it does mean the FDA approved them without knowing whether they are more likely to help patients than hurt them.

    More than a quarter of the drugs approved over the study period, 123, were for various forms of cancer. This might seem like good news for the war on cancer, but only three of those drugs met all four of the minimum criteria, and twenty-nine cancer drugs failed to meet a single criterion. In other words, one in four cancer drugs were approved based on studies with no comparison group, no blinding, no replication, and no clinical outcome.

    The most common way drug companies get such cancer drugs approved is by using a surrogate outcome in their clinical trials, rather than measuring actual clinical benefit. Drug companies routinely study laboratory measures like how much a tumor shrinks in response to a drug, instead of mortality or symptom relief.

    But experts say the FDA should have no illusions regarding the unreliability of such surrogate outcomes, especially since these outcomes fail to take into account the harms a drug may cause, such as liver failure and anemia. These criticisms were hammered home after the agency approved Avastin to treat metastatic breast cancer.

    Originally approved for two other types of cancers, Avastin hit the market for breast cancer in 2008. At that time, women with metastatic breast cancer faced a dire prognosis: most would be dead within five years, even after multiple rounds of chemotherapy drugs. Avastin was hailed as a breakthrough because it doesn’t kill cancer cells the way chemotherapy does but instead inhibits the growth of blood vessels, which tumors need to grow.

    Avastin was approved based on a surrogate outcome called “progression-free survival,” which doesn’t actually look at patient survival but instead measures how long a cancer drug keeps a tumor in check. But just because a tumor isn’t growing or even shrinks doesn’t mean the patient will live longer or enjoy a better quality of life.

    In 2010, worldwide Avastin sales had hit $6.8 billion. The approval for breast cancer had come with the condition that the manufacturer, Genentech, conduct another study to determine whether the drug actually worked. Two years later, the company produced two studies that suggested the opposite: the drug did not help people live longer.

    In total, the company had conducted five clinical trials, none of which demonstrated that Avastin helped breast cancer patients live longer or with less disability. The new studies also documented the drug’s more serious side effects, which included blood clots, perforated intestines, stroke, heart problems, and kidney malfunction. Genentech did not respond to repeated requests for comment.

    But when the FDA proposed withdrawing approval for Avastin for breast cancer, Genentech and several patient advocacy groups fought back, sometimes viciously. At a two-day public hearing in 2011, one of the few patient advocates testifying in favor of the FDA’s decision came with a bodyguard after being threatened verbally by others who supported Avastin. FDA staff received violent threats, and police were posted outside the building.

    The FDA ultimately withdrew its approval of Avastin for breast cancer, but the episode, still referred to as “Armageddon” by some staff, had a chilling effect. The agency would not demand another drug withdrawal in the face of company opposition for more than two decades.

    Today progression-free survival, along with a half-dozen other surrogate outcomes, has become the norm for approving cancer drugs. This investigation found that 81 percent of the 123 cancer drugs approved from 2013 through 2022 were based on studies that did not track overall survival and instead reported on progression-free survival or another surrogate.

    Such approvals have real consequences for patients. Take Copiktra, a cancer drug manufactured by Secura Bio Inc. that was approved by the FDA in 2018 based on improved progression-free survival and other surrogate outcomes. According to a Lever review of FDA records, two-thirds of leukemia and lymphoma patients taking the drug developed serious complications. Patients treated with Copiktra also died eleven months earlier than patients treated with the comparator drug.

    In December 2021, the manufacturer announced it would stop marketing the drug for follicular lymphoma. Six months later, the FDA issued a warning about “possible increased risk of death and serious side effects.” But it wasn’t until July 2024 — six years after studies showed the drug cut months off the lives of patients — that the FDA announced that Copitra should not be used as first- or second-line treatment for certain types of leukemia and lymphoma “due to an increased risk of treatment-related mortality.”

    A spokesperson for Copiktra’s manufacturer, Secura Bio, told the Lever that in May 2022, the company sent a “Dear Healthcare Professional” letter to physicians about the results of the postmarket studies “in accordance with FDA requirements.” The company said Copiktra can still be prescribed for certain conditions if two other drug treatments have failed.

    Copiktra is hardly an exception. According to a 2015 study, only 14 percent of cancer drugs approved based on a surrogate outcome, such as progression-free survival, between 2008 and 2012 were later shown to improve real-world survival. In other words, 86 percent were not supported by evidence that they helped patients live longer. What the drugs did cause were numerous serious side effects, while costing patients, taxpayers, and insurers billions of dollars a year.

    Another, more recent study found that between January 2006 and December 2023, 147 cancer drugs that had been approved on a surrogate outcome were later tested to determine if they improved overall survival. Approximately three-quarters failed to do so.

    Even when cancer drugs do improve survival, the gains can be meager. A 2022 study by researchers at the National Cancer Institute found that the median survival time for 124 cancer medicines approved from 2003 through 2021 to treat solid tumors was just 2.8 months. The average cost of such drugs is more than $24,000 per month.

    In other words, after patients and their families spend financially crippling sums and go through side effects ranging from nausea to death, their outcomes are hardly better — and could be worse — than no treatment at all.

    That outcome is not what most cancer patients expect when their doctor writes a prescription. It’s also at odds with what doctors believe about the meaning of FDA drug approvals. In 2016, researchers published the results of a survey sent to physicians that included the following question: “For [the] FDA to approve a drug, must the studies show: a.) a clinically important result; b.) a statistically significant result; c.) both; d.) None of the above.” The correct answer was none of the above.

    Only 6 percent of doctors got the answer right. Aaron Kesselheim, a researcher at Harvard Medical School and coauthor of the report, said the result was “disappointing, but not entirely surprising. Doctors aren’t taught about the approval process.”
    When the Science Never Comes

    Nothing about ProAmatine would suggest it would ever get on the market.

    This investigation found that between 1990 and 1996, the FDA rejected the blood pressure drug four times. The agency told the company, Roberts Pharmaceutical, that its studies showing ProAmatine could treat low blood pressure when a patient stands up were “poorly conducted.” Nor were the “incremental” increases in blood pressure sufficient proof of benefit since they were surrogate measures, according to the agency, which wanted evidence that patients would feel or function better. The agency instructed the company to conduct randomized, double-blind, placebo-controlled studies.

    Before the agency rejected the drug for the fourth time, in March 1996, FDA medical reviewer Maryann Gordon noted a striking incidence of severe high blood pressure among treated patients. She suggested that this side effect might account for at least some of the strokes, heart attacks, and congestive heart failure that had occurred among patients on ProAmatine. She concluded, “The mostly unexplored benefits of midodrine do not outweigh its real risks, thus making midodrine [ProAmatine] not approvable.”

    But less than three months after the FDA’s fourth rejection of ProAmatine, the agency reversed course, saying that following a meeting with the company, it had “reconsidered” its prior rejection and would approve ProAmatine after all, under “21 Code of Federal Regulations Subpart H,” a provision in the regulations that the FDA interprets as giving the agency “flexibility” in its approval decisions.

    One FDA insider who asked to remain anonymous told the Lever, “Subpart H was never meant to rescue failed drug development programs after trials had already failed to show direct benefit to patients.” Instead the provision was designed to allow the agency leeway in approving drugs that looked highly promising for life-threatening conditions for which there were few or no other treatments.

    While the condition treated by ProAmatine is not life threatening, Roberts Pharmaceutical was able to use the regulation to get the drug on the market in 1996, agreeing to submit a follow-up study no later than 2000 to determine if the drug worked.

    The year 2000 came and went. No study. In 2003, the drug patent expired. Still no study. The FDA tried to induce the company to conduct the promised postmarket study by granting a three-year patent exclusivity extension, allowing the company to maintain a monopoly on the drug and keep its prices high. In 2005, the company submitted two studies, but the FDA found them insufficient.

    In 2013, researchers at the Mayo Clinic conducted a comprehensive review of all studies of the drug and found ProAmatine provided “no significant benefit” in blood pressure change on standing up. The drug also caused a higher incidence of adverse events, and the researchers concluded “there is insufficient and low-quality evidence” to support its use.

    Yet the drug was allowed to remain on the market with no caution issued to patients or doctors until 2017. As of 2009, it had generated $257 million in sales; in 2023, the midodrine market was estimated to be $745 million. Twenty-nine years after the drug was approved, there is still no evidence that it works.

    “I think rightly or wrongly, FDA managers have decided that completely bending their standards could still lead to good drugs,” says Matthew Herder, a legal scholar at the University of Dalhousie in Halifax, Canada. “They put a lot of faith in postmarket evidence.” But the history of ProAmatine demonstrates that once a drug has been approved on an expedited basis, a requirement for postmarket evidence can have little meaning.

    According to a 2022 analysis by the US Department of Health and Human Services Office of Inspector General, more than one-third of drugs approved on an accelerated pathway have never seen a confirmatory trial. When they did conduct the studies, regulators found companies took anywhere from a few months to twelve years to do so. This investigation found that confirmatory trials can take even longer — up to thirty years — and may not be performed at all.

    ProAmatine, no longer sold under its brand name, is currently manufactured by multiple companies under the generic name midodrine. Three generic manufacturers of midodrine failed to respond to requests for comment.

    Even when postmarket studies are submitted, they often provide no new information. Bishal Gyawali, an oncologist and associate professor at Queen’s University in Kingston, Canada, and two Harvard colleagues looked at cancer drugs approved based on surrogate outcomes between December 1992 and May 2017. Twenty percent of the time, the company submitted a follow-up study that looked at the same surrogate it used to get the drug approved — even though the point of the additional study was to determine whether the drug offered an actual clinical benefit. In another 21 percent, the follow-up trial used a different surrogate end point, rather than clinical outcomes.

    Such scenarios are so common that the agency has created a term, “dangling approvals,” for the status of drugs whose postmarket trials failed or weren’t conducted before their deadline. As of 2021, the FDA had allowed ten of thirty-five cancer treatments to remain on the market even after their follow-up studies failed. The manufacturers eventually withdrew eight of the ten treatments, but only after patients received ineffective treatments for years and companies reaped healthy financial rewards.

    Among the drugs with dangling approvals was one that had generated controversy before: Avastin, the failed breast cancer drug. Avastin has been shown to improve survival for some cancers, and in 2009, the FDA authorized the drug for recurrent glioblastoma, a fatal brain cancer, based on progression-free survival. In 2017, after the requisite “confirmatory” trials, the agency granted it full approval — even though the follow-up studies failed to show it helped patients live any longer.

    Avastin remains on the market for recurrent glioblastoma — at a cost of $153,000 per year. European regulators refused to approve the drug for that use, citing concerns about safety and efficacy. A spokesperson for Genentech said some patients could benefit, noting that 11 percent of patients were able to discontinue treatment with steroids.

    Then there’s Keytruda, which is widely advertised on TV for a number of cancers. Granted expedited approval in 2017 to treat a certain type of gastric cancer, the drug subsequently failed its postmarket study. Keytruda was sold for this use for nearly four years before regulators withdrew its approval in 2021. It remains on the market for other cancers. Keytruda maker Merck did not respond to requests for comment.

    While drug companies profit from the sales of unproven drugs, everyone else — patients, insurers, and the government — pays a heavy price. In just four years, from 2018 through 2021, the taxpayer-funded health insurance programs Medicare and Medicaid shelled out $18 billion for drugs approved on the condition that their manufacturers produce confirmatory trials that had yet to be delivered.

    “Everybody from the [FDA] commissioner on down keeps telling us that approving these marginal drugs will lead to an accumulation of benefits to patients over time, but if a drug doesn’t work, it doesn’t work, and putting them all together doesn’t add up to an effective treatment,” says Fran Visco, a breast cancer survivor and president and cofounder of the National Breast Cancer Coalition. “The entire medical oncology treatment world is built on a shaky foundation of limited evidence and uncertain patient benefit, but rather than admit that, we keep tweaking it and building on top of it. And it’s not just that you are giving people things that don’t work; these drugs will harm them, and they are financially toxic.”
    A Treatment World Built on Nothing

    In defending dangling approvals, Richard Pazdur, a physician and the head of the cancer drug division at the FDA, wrote in 2021 that when a drug fails in a clinical trial, it “does not necessarily mean that the drug is ineffective.” In one sense, Pazdur is right. Not having convincing evidence that a drug works is not the same as knowing it does not work.

    What the scenario does mean is no one knows if it works or not. This investigation’s database shows that hundreds of drugs are now being put on the market before anybody knows if they’re effective.

    In the past, having a promising surrogate end point was used by drug companies to decide whether proceeding to a clinical trial was worth the investment. Now drugs are put on the market, sold to thousands if not millions of patients, and the evidence to determine if they actually work is allowed to come later, if it comes at all.

    The arrangement can have devastating costs for people like Laura MacMillan.

    Starting in 2001, Laura MacMillan was diagnosed with a series of puzzling medical conditions. First came interstitial cystitis. Two years later, when she was only forty-five, she developed severe abdominal pain and diarrhea that was diagnosed as colitis. “I could barely leave my house,” she says. “I had frequent accidents and could only go to stores where I knew there was a bathroom.”

    Twelve years later, she began to see wavy lines as her vision progressively dimmed. One evening, she drove over a cement island in a parking lot, leaving her with a flat tire and $4,700 of damage to her car. Her ophthalmologist could find no known diagnosis for her eye condition and could offer no treatment. Between the colitis and progressing blindness, MacMillan’s world was closing in.

    Finally, in 2021, MacMillan came across Nieraj Jain’s troubling findings of blindness linked to the interstitial cystitis drug Elmiron and instantly put two and two together. She had been on Elmiron for twenty years and had experienced the same retinal changes Jain uncovered. She stopped the drug, and within weeks, her colitis symptoms went away. A subsequent colonoscopy showed her gut had completely healed, but MacMillan’s vision loss is permanent.

    “I can’t drive anymore,” she says. “I had to stop working thirteen years ago. When I get up in the morning, it can take about two hours for the blurriness to subside enough for me to see words on my tablet. Last summer, my husband and I drove [1,000 miles] to Toronto to see the Blue Jays play the Yankees. Even though we had good seats, I couldn’t see a damn thing. So we won’t ever be able to do that again.”

    MacMillan is relatively lucky compared to the hundreds of others uncovered by this investigation who suffered serious injuries or died while taking the drug.

    The FDA continues to approve medicines based on evidence as flimsy, contradictory, and inadequate as the data for Elmiron. Citing the need for “flexibility” and the importance of encouraging drug development when there are few treatment options, the agency has all but abandoned its hard-won standards for sound science, according to numerous experts.

    Jerome Hoffman, professor emeritus of medicine at the University of California, Los Angeles, and the lead analyst of the database created for this investigation, says:

    Most of us imagine that the primary goal of the FDA is to make sure that the drugs it approves are more likely to help people than to harm them. If so, the FDA would require drugmakers to submit rigorous studies. Instead, the agency seems to have forgotten about that goal and is more interested in promoting the interests of industry than protecting the public health.

    In 2014, the Elmiron Study Group published their results of the long-awaited clinical trial that showed Elmiron was no better than a placebo. “I thought that the next day it would be over for Elmiron,” says Curtis Nickel, a urologist at Kingston Hospital in Ontario, Canada, who led the study group. “Doctors would stop prescribing it. The FDA would order it off the market.” But none of that happened.

    Instead, after twenty-four years, Elmiron is still being sold, and doctors continue to prescribe it. Hundreds of thousands of patients have been exposed to the drug, and the American Urological Association lists it as the only FDA-approved medication for interstitial cystitis. The agency finally added a warning to the drug label in 2020, alerting doctors and patients to the risk of vision loss.

    Nowhere is there any mention that studies have never shown Elmiron is effective.

    #USA #médicaments #iatrocratie #industrie_pharmaceutique #lobbyisme

  • Face à la pénurie de psychotropes, des patients atteints de troubles psychiques confient leur désarroi | Blanche Ribault
    https://www.streetpress.com/sujet/1748954819-penurie-psychotropes-patients-maladies-mentales-temoignages-

    Depuis janvier, des milliers de patients atteints de maladies psychiques sont en rupture de traitement forcée. Entre crise de panique et trouble de l’anxiété, ils racontent les conséquences de ces pénuries et le manque d’alternatives. Source : StreetPress

  • Les dents de la mort : quand les champs de bataille fournissaient les dentiers RTBF

    Le dernier ouvrage édité par l’historien liégeois Bernard Wilkin révèle une pratique méconnue de l’histoire contemporaine. Le livre intitulé « Jusqu’à la moelle » est consacré à l’exploitation industrielle des ossements humains. Un chapitre attire l’attention : celui consacré à l’usage des dents des morts !

    Rappelez-vous le roman de Victor Hugo Les misérables  et la séquence épouvantable où Fantine se fait arracher les dents de devant pour les vendre.

    Des dents de soldats tués
    C’est la réalité que décrit Victor Hugo ! Il existait bel et bien dans notre passé proche un commerce de dents humaines.

    Au XIXᵉ siècle, les os humains sont recyclés à grande échelle pour produire du sucre. Les dents, elles, trouvent une destination évidente : les dentiers. « On va tirer les dents des morts, souvent sur les champs de bataille », explique Bernard Wilkin. Les jeunes soldats tués à la guerre, à la dentition épargnée par les ravages des sucreries, offrent une matière première idéale. Leurs dents sont revendues, parfois en vantant leur provenance supposée : c’est la légende des « dentiers de Waterloo ».


    « À Waterloo même, on a peu de sources » nuance l’historien.  "Mais pour d’autres champs de bataille, on sait que les dents étaient vendues au kilo.

    La pratique, bien réelle, révèle un temps où recycler les corps allait de soi. Faute de moyens, on récupérait tout, jusqu’à la matière humaine. Plus tard, la dentisterie va s’améliorer et on n’aura plus besoin de recourir à ces moyens lugubres".

    Le chapitre consacré à la récupération des dents est écrit par l’historien allemand Arne Homann. Les autres chapitres sont signés Bernard Wilkin, Hosni Kitouni, Robin Schäfer, Andrea Hampel, Dominique Bosquet, Tony Pollard et Fabien Knittel.

    Source : https://www.rtbf.be/article/les-dents-de-la-mort-quand-les-champs-de-bataille-fournissaient-les-dentiers-11
    #os #dents #dentiers #ossements #squelettes #Waterloo #Chimie #industrie #capitalisme #recyclage

  • Engels, Friedrich, Der deutsche Bauernkrieg, Vorbemerkung zur Ausgabe 1870 und 1875
    http://www.zeno.org/Philosophie/M/Engels,+Friedrich/Der+deutsche+Bauernkrieg/Vorbemerkung+%5Bzur+Ausgabe+1870+und+1875%5D

    Wir haben endlich einen Welthandel, eine wirklich große Industrie, eine wirklich moderne Bourgeoisie; wir haben dafür aber auch einen wirklichen Krach gehabt und haben ebenfalls ein wirkliches, gewaltiges Proletariat bekommen.

    Für den zukünftigen Geschichtsschreiber wird in der Geschichte Deutschlands von 1869 bis 1874 der Schlachtendonner von Spichern, Mars-la-Tour und Sedan, und was daranhängt, weit weniger Bedeutung; haben als die anspruchslose, ruhig, aber stetig fortschreitende Entwicklung des deutschen Proletariats. Gleich 1870 trat eine schwere Prüfung an die deutschen Arbeiter heran: die bonapartistische Kriegsprovokation und ihre natürliche Wirkung: der allgemeine nationale Enthusiasmus in Deutschland. Die deutschen sozialistischen Arbeiter ließen sich keinen Augenblick irremachen. Nicht eine Regung von nationalem Chauvinismus trat bei ihnen hervor. Mitten im tollsten Siegestaumel blieben sie kalt, verlangten »einen billigen Frieden mit der Französischen Republik und keine Annexionen«, und selbst der Belagerungszustand konnte sie nicht zum Schwelgen bringen. Kein Schlachtenruhm, kein Gerede von deutscher »Reichsherrlichkeit« zog bei ihnen; ihr einziges Ziel blieb die Befreiung des gesamten europäischen Proletariats. Man darf wohl sagen: einer so schweren, so glänzend bestandenen Probe sind die Arbeiter keines andern Landes bisher unterworfen worden

    #histoire #industrialisation #prolétariat #France #Allemagne #Einigungskriege #lutte_des_classes #guerre

  • « On n’est pas nos parents »,
    sur les grèves de #PSA #Aulnay

    C’est l’histoire de deux grèves à l’usine automobile de PSA-Aulnay-sous-Bois, en région parisienne. Deux #grèves mises en miroir, celle de 1982 qui est la première de l’usine et aussi la première grande grève des #OS (ouvriers spécialisés) #immigrés qui travaillent à la chaîne de montage ; et celle de 2013 qui est la dernière grève de l’usine puisque celle-ci ferme et supprime 3 000 emplois directs et plusieurs autres milliers « indirects » chez les sous-traitants. Pour les habitant-es du département de #Seine-Saint-Denis (93), c’est la disparition du premier employeur privé dans un territoire déjà marqué par la précarité. Mais loin d’être misérabiliste, ce #documentaire parle de lutte et de dignité ouvrière. Le réalisateur Matteo Severi et les co-autrices Madeleine Guediguian et Sarah Cousin ont été parties prenantes de cette lutte, les ouvriers leur ont ouvert les portes de l’usine et de leur #histoire qu’ils se sont chargés de nous transmettre par ce film. Voici une interview de Matteo et Madeleine, merci à eux d’avoir répondu à nos questions.

    https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4450

    https://vimeo.com/1048632804

    #mouvement_ouvrier
    #industrie_automobile
    #immigration

    Seen lié :

    https://seenthis.net/messages/1108423

    @colporteur

  • Festivals, concerts, artistes : comment des milliardaires s’accaparent l’industrie musicale | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1747301198-festivals-concerts-artistes-milliardaires-industrie-musique-

    Après la presse et l’édition, une poignée de grandes fortunes mettent la main sur la musique et les festivals. Le syndicat des musiques actuelles (SMA) publie une cartographie pour alerter sur la concentration en cours en France.

    « La plupart des festivals détenus par des grands groupes sont soutenus par des collectivités », souligne le chercheur Matthieu Barreira. Un cadeau aux plus riches qui s’explique par l’aptitude de #Live_Nation, #Vivendi ou #Fimalac à se rendre indispensables et attractifs par leur réseau et leur force de frappe. Des choix politiques plus proches du marketing que de l’accès du public à la culture.

    En face, les festoches indés qui observent chaque année une diminution globale des subventions publiques et l’inflation globale font la gueule. Celui dirigé par Lisa Bélangeon a lieu en Pays de la Loire, région dont la présidente Horizons #Christelle_Morançais a tout bonnement supprimé les subventions pour la culture en 2025. « Ça a été hyper violent », raconte la membre du SMA. « Il y a un vrai risque de disparitions de festivals indépendants. »

    #industrie_musicale

  • Des collectifs d’habitants perturbent l’assemblée d’actionnaires d’une multinationale minière

    Des collectifs des quatre coins de la France se sont rassemblés à Paris contre les projets d’une multinationale minière française, #Imerys. De la Bretagne à la Dordogne, tous sont impactés par l’extraction, poussée au nom de la #transition_écologique.

    « Les nouveautés 2025 ! Profitez du réchauffement : venez vous ressourcer au Parc Imeryx ! » lancent à la volée une vingtaine de personnes venues du Cantal, de Bretagne, de Dordogne et de l’Allier. Ils et elles se sont retrouvés ce 13 mai dans un quartier chic de la capitale, au quai de Grenelle, où se tient l’Assemblée générale des actionnaires d’Imerys, une multinationale minière française.

    Ces collectifs d’habitants sont tous engagés, chacun dans leur département, contre quatre projets d’#extraction_minière sur le territoire français. Ils profitent de l’assemblée des actionnaires pour alerter les investisseurs sur l’#impact_environnemental de l’entreprise, distribuant des tracts humoristiques aux nombreux hommes vêtus de costumes noirs qui entrent dans les locaux.

    Imerys extrait et transforme des #minéraux, pour les secteurs des biens de consommation, l’industrie et la construction. Implantée dans 46 pays, la multinationale possède plus de 200 sites dans le monde et 28 en France, regroupant #mines, carrières et usines. Et compte accroître son activité extractive en France.

    « L’entreprise projette d’ouvrir une quatrième fosse d’extraction à #Glomel, dans les Côtes-d’Armor, située sur une zone considérée comme le château d’eau de la Bretagne », dénonce un membre du collectif #Mines_de_Rien. Imerys y exploite depuis plus de 50 ans une carrière d’#andalousite – un minerai utilisé dans la #sidérurgie – et une usine d’extraction.

    Un autre projet d’Imerys a fait parler de lui récemment. Dans l’#Allier, à #Échassière et à #Saint-Victor, la multinationale compte exploiter une mine de #lithium ainsi qu’une usine de transformation du minerai pour produire la matière première pour 700 000 #batteries de voiture par an.

    Face cachée de la transition

    Sur le parvis où sont distribués les tracts, l’un des responsables du projet d’Imerys dans l’Allier, sort à la rencontre des militants. Le projet doit « réduire la dépendance française et européenne à l’importation de lithium », explique l’homme, « stimuler l’économie locale » et « relever le défi de la transition énergétique ». « C’est un projet stratégique pour la #décarbonation ! », lance-t-il.

    Le gouvernement a reconnu le projet d’Imerys dans l’Allier comme étant d’intérêt national majeur, promettant de faire de la France le premier producteur de lithium européen. Et l’État y investit directement à hauteur de 100 millions d’euros d’argent public. Étienne, du collectif Stop Mines 03, n’est pas convaincu. « Si le lithium extrait sert à construire des SUV et détruire la planète, ça n’a aucun sens de parler de décarbonation ! » répond-il au représentant de l’entreprise.

    L’appel à un débat sur les usages

    En avril dernier, Imerys a organisé un séminaire sur l’usage du lithium au cours duquel des SUV de la marque BMW ont d’ailleurs été présentés... Autre argument sur la question de l’usage : « On ne peut pas se passer de cette ressource si on veut la transition, mais on peut pas l’utiliser pour fabriquer des maillots de bain connectés qui vous indique quand remettre de la crème solaire », ironise Étienne alors que l’AG se poursuit à l’intérieur.

    « Nous, citoyens, demandons un débat public sur les usages de nos minéraux », réclame l’un des membres des collectifs au responsable d’Imerys.« On ne va pas, nous, Imerys, mener un débat public », répond le responsable, avant de repasser la porte du grand bâtiment où sont réunis les actionnaires. Le dialogue est clos. Mais dehors, l’action se poursuit.

    Des territoires sinistrés

    « Imerys exploite nos terres et s’étend telle une pieuvre dévorante », déplore au micro Nathalie, de l’association #Sauvegardons_Razac_et_le_Bassin_de_la_Cole, en Dordogne. La multinationale prévoit d’y étendre son extraction de #quartz sur 40 hectares. Le minerai est notamment utilisé dans les domaines de l’électricité et du numérique.

    À #Nouvialle, dans le Cantal, Imerys souhaite extraire de la #diatomite, minerai utilisé dans l’#industrie_agroalimentaire pour ses propriétés filtrantes. « Les 400 hectares concernés sont au centre d’un fragile équilibre, régulent naturellement le cycle de l’eau, c’est une ressource fourragère pour les agriculteurs, et ils abritent 142 espèces protégées », dénonce Chantal du #Collectif_pour_la_narse_de_Nouvialle, une #zone_humide.

    À Glomel, là où se trouve la carrière d’andalousite, les #landes, #tourbières et prairies humides laissent la place à des #bassins_de_décantation remplis d’eau acide. Imerys y raffine sa production d’andalousite. Comme le révélait le média breton Splann ! l’année dernière, des taux anormalement élevés de #nickel, #cobalt, #arsenic et autres #métaux_toxiques ont été retrouvés dans un ruisseau où la multinationale rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. « On a l’impression d’être une population et un territoire sacrifié au nom du profit et de l’andalousite », se désole l’un des membre de Mines de Rien.

    Alors que le collectif de Glomel clôt sa prise de parole, une longue silhouette colorée apparaît de l’autre côté de la rue. Drapé d’une chemise bleue recouvrant ses tentacules jaunes, vertes et rouges, une grande marionnette prend place sur le parvis du bâtiment accueillant l’AG. Nommée Pelletassou, elle porte une pancarte « Imerys » et ses bras sont en forme de pelleteuse. Ce monstre carnavalesque inspiré de la culture occitane représente « la grande machine extractiviste ». « #Pelletassou a été jugé par un tribunal populaire. Demain il sera au Parlement Européen, pour sensibiliser les dirigeants à la réalité que nos riverains vivent », explique François, l’un des militants, en souriant. Sur d’autres sites de production, ailleurs dans le monde, Imery est régulièrement accusé de générer des pollutions, comme à Barcarena, aux portes de l’Amazonie brésilienne.

    https://basta.media/Des-collectifs-perturbent-assemblee-d-actionnaires-multinationale-miniere-I

    #résistance #extractivisme

  • « C’est une course capitaliste extrême » : à Canton, dans les ateliers de la sueur de Shein
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/05/10/c-est-une-course-capitaliste-extreme-a-canton-dans-les-ateliers-de-la-sueur-


    [le journal ne légende pas mais c’est un atelier pliage-enpaquettage pour expédition individuelle, probablement d’un des sous traitant qui conçoit et produit des articles Shein - Amazon grillé]

    « Le Monde » s’est rendu dans plusieurs ateliers qui produisent des millions de vêtements pour le géant chinois de l’e-commerce. Employés et patrons racontent l’âpreté d’un système ultraconcurrentiel.

    .... ces métiers difficiles n’attirent pas les jeunes.


    A l’heure de la pause du dîner, la salle pleine d’un restaurant ouvrier, à Canton (Chine), le 15 avril 2025. GILLES SABRIÉ POUR « LE MONDE »


    Un immeuble abritant des ateliers de couture pour Shein, à Canton (Chine), le 15 avril 2025. GILLES SABRIÉ POUR « LE MONDE »

    « Ici, l’efficacité est double par rapport à l’Asie du Sud-Est, dit cet homme en tee-shirt beige. La Chine produit les matières premières et nous proposons les modèles. Autour de Canton, des centaines de milliers de gens travaillent dans ce secteur. »

    Il faut bien cela, car la cadence est élevée, comme en témoigne l’écran plat géant fixé au mur et sur lequel le directeur garde un œil : s’y affichent la production de l’atelier – des données partagées en temps réel avec le siège de Shein – ainsi que les commandes pour les semaines à venir. Il détaille : pour les habits qui sortiront en juin, les designs ont été proposés en avril, ils doivent être arrêtés définitivement mi-mai. « Si Shein veut soixante nouveaux produits par mois chez nous, on doit lui en proposer 600, et il y a des allers-retours », résume le patron.

    Une des clés de Shein est de confier largement aux ateliers fournisseurs le soin de lui proposer les nouveaux modèles.


    Une ouvrière dans un atelier produisant des vêtements pour Shein, à Canton (Chine), le 15 avril 2025. GILLES SABRIÉ POUR « LE MONDE »


    Dans un atelier produisant des vêtements pour Shein, à Canton (Chine), le 15 avril 2025. GILLES SABRIÉ POUR « LE MONDE »

    De même, Shein donne un avertissement si les employés travaillent plus de vingt jours d’affilée. L’entreprise demande que les ouvriers de ses fournisseurs ne fassent pas plus de huit heures par jour mais, comme ce n’est réaliste ni pour tenir la cadence ni pour assurer un revenu suffisant aux travailleurs, les fournisseurs acceptent de payer les amendes de Shein ou parviennent à contourner les règles. Les inspections, faites par un auditeur tiers, n’ont lieu que deux fois par an.

    M. Wang s’interroge lui-même sur la viabilité du modèle économique, tant les prix sont cassés entre producteurs et entre sites de vente en ligne concurrents. « C’est une course capitaliste extrême. Cette industrie va à une telle vitesse qu’elle va mourir d’ici à cinq ans », prédit le patron, qui voudrait bien savoir comment tout cela est perçu en Europe. Hasard de la mode, son assistant à côté porte un tee-shirt sur lequel est écrit « Nous sommes le prolétariat ».

    https://archive.ph/SGjfO

    On dit fast-fashion mais c’est un point de vue de consommateurs, de supposés esthètes ou de concurrents. Il s’agit de production accélérée et d’"innovation" rapide (offre renouvelée sans cesse pour susciter et éponger la demande)

    (sinon, pour une fois, le bourgeoisisme produit un bon titre avec cette allusion au sweat shop chargé d’histoire, qui boucle avec la chute, "prolétariat").

    #Chine #Canton #Mode #industrie_textile #sous_traitance #ouvriers et #journaliers #designers #avion-cargo

  • Les meilleures blagues sont les plus courtes…
    https://nantes.indymedia.org/posts/145213/les-meilleures-blagues-sont-les-plus-courtes

    https://sansnom.noblogs.org/archives/25842 Les meilleures blagues sont les plus courtes… Quand les Soulèvements de la Terre veulent préserver les emplois industriels de l’armement, du nucléaire, etc.  Beaucoup de critiques ont déjà été faites sur les Soulèvements de la Terre : leur composition avec la gauche, leur instrumentalisation des luttes locales…

    #Antimilitarisme #faux_critiques #Guerre #industrie_de_guerre #empire_Bolloré_=_fRance #Global

  • Kiabi, Shein, Decathlon : la fast fashion encaisse des millions d’euros d’argent public avec le don de vêtements invendus
    https://disclose.ngo/fr/article/kiabi-shein-decathlon-la-fast-fashion-encaisse-des-millions-deuros-dargent

    Les marques d’habillement à bas prix tirent profit de leurs invendus écoulés auprès d’associations comme Emmaüs ou La Croix Rouge, révèle Disclose, en partenariat avec Reporterre, à partir de documents confidentiels. Le résultat de la loi anti-gaspillage qui les encourage, depuis 2022, à donner leurs surplus en échange de 60 % de réduction fiscale. Au risque de financer la surproduction de l’industrie textile. Lire l’article

    • Les marques d’habillement à bas prix tirent profit de leurs invendus écoulés auprès d’associations comme Emmaüs ou La Croix Rouge, révèle Disclose, en partenariat avec Reporterre, à partir de documents confidentiels. Le résultat de la loi anti-gaspillage qui les encourage, depuis 2022, à donner leurs surplus en échange de 60 % de réduction fiscale. Au risque de financer la #surproduction de l’industrie textile.

      Sur le papier, l’offre est alléchante. Vingt palettes de vêtements neufs de la marque Shein envoyées depuis la Chine, gratuitement. Delphine Peruch, coordinatrice d’une #recyclerie dans le Var, n’en revient pas lorsqu’elle reçoit cette proposition, en novembre dernier. Elle a pourtant décliné : « Notre philosophie est de donner une seconde vie aux vêtements, pas de revendre du #neuf ». Ces derniers mois, son association croule sous les dons, comme toute la filière du #ré-emploi textile, asphyxiée par les #surplus. À la #Croix-Rouge, en Vendée, on ne récupère plus les vêtements confiés par les particuliers. Chez #Emmaüs, « on pousse les murs, on construit des chapiteaux, et certains dons ont dû être jetés », rapporte Louana Lamer, responsable textile de l’association.

      Le secteur craque face à une production de vêtements débridée. Chaque seconde, près de 100 pièces neuves sont injectées sur le marché français. Une hausse de 30 % en seulement quatre ans. « On a créé un système malade où il est normal de produire en trop, dénonce Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire. Il faut que tout soit disponible tout le temps, jouer sur la #nouveauté, réduire les coûts avec des #économies_d’échelles… Le résultat, ce sont des niveaux élevés de surproduction. » Des vêtements qui ne servent à rien, donc, et qui alourdissent le #bilan_écologique désastreux de l’industrie de la mode, responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

      Pour limiter l’impact des textiles invendus, la loi anti-gaspillage interdit leur #destruction depuis 2022. Les entreprises présentes sur le marché français sont désormais obligées de les recycler, les vendre à des déstockeurs ou les donner à des #associations en échange d’une réduction fiscale équivalant à 60 % de la valeur des vêtements. Un effet d’aubaine méconnu, mais largement exploité par des poids lourds du secteur comme Shein, Decathlon et Kiabi.

      D’après l’enquête de Disclose, en partenariat avec Reporterre, qui s’appuie sur des documents internes et l’analyse d’une dizaine de rapports d’entreprises, les géants de la fast fashion reçoivent plusieurs millions d’euros de #réductions_d’impôt pour leurs surplus donnés à des associations. Exemple : pour un pantalon vendu 12 euros par Shein, la marque chinoise peut escompter une ristourne fiscale de 7,20 euros si elle choisit de l’offrir à une #recyclerie. De quoi rendre la surproduction rentable pour une enseigne capable de réduire ses coûts de fabrication à quelques dizaines de centimes par article. Mais en bout de chaîne, ce sont les associations qui trinquent : ensevelies sous les vêtements, elles doivent aussi, de plus en plus, les détruire par leurs propres moyens, voire… aux frais du contribuable.

      Un cadeau de Shein contre un reçu fiscal

      « Nous produisons ce que les clients veulent, au moment où ils le veulent et là où ils le veulent », assure le PDG de Shein, #Donald_Tang, dans un entretien au JDD en mars dernier. Selon lui, « ce modèle maximise l’efficacité et réduit le gaspillage presque à zéro ». Vraiment ? Sur le marché privé du #déstockage, où des entreprises s’échangent des lots de vêtements invendus, les colis du mastodonte chinois de la mode sont partout. Ils se vendent même par camions entiers, sur des sites web examinés par Disclose.

      Mais depuis quelques années, les habits Shein produits pour rien ont trouvé de nouveaux débouchés, bien plus rentables : les #brokers en invendus. Ces jeunes pousses françaises mettent en relation les grandes marques de vêtements avec les associations spécialisées dans le don. C’est l’un de ces brokers, baptisé #Dealinka, qui a contacté la recyclerie varoise de Delphine Peruch, en fin d’année dernière, pour lui proposer les palettes de vêtements de Shein.

      Cette #start-up créée en 2023, un an après l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage, collabore avec les grands acteurs de la solidarité : Les Restos du Cœur, le Secours Populaire ou Les Petits Frères des Pauvres. À ses clients de la fast fashion, Dealinka promet de « réduire les frais liés aux stocks encombrants [et] associés à la destruction des produits ». Surtout, elle insiste sur « les dons effectués par les entreprises à des associations [qui] peuvent être éligibles à des #avantages_fiscaux ». Un argument que l’on retrouve dans un e-mail envoyé à la recyclerie du Var et consulté par Disclose. Dealinka propose ainsi « 21 m3 de marchandises » de Shein, en échange d’un « reçu fiscal que nous retournerons à notre client donateur ». La cargaison étant estimée à 53 167 euros, le « client donateur » — la marque chinoise ou l’un de ses importateurs — peut ici espérer déduire 31 900 euros de ses impôts.

      « La #défiscalisation est d’autant plus intéressante financièrement que, dans le cadre du don, ce sont les entreprises elles-mêmes qui déterminent la valeur de leurs produits », décrypte Romain Canler, directeur de l’Agence du don en nature. Pour Shein, qui propose la bagatelle de 7 000 nouvelles références par jour, d’après les calculs de l’ONG Les Amis de la Terre, rien ne filtre sur le nombre d’invendus. Pas plus que sur le montant des économies fiscales réalisées. Interrogé par Disclose sur le manque à gagner pour l’État, le ministère de l’économie n’a pas donné suite. Mais pour une entreprise au moins, le cadeau du fisc se compte en centaines de milliers d’euros : Decathlon.

      « Donner, c’est bon pour ton portefeuille »

      D’après un tableau obtenu par Disclose, Decathlon a bénéficié de 709 000 euros d’avoirs fiscaux, en 2024, pour 1,18 million d’euros de produits invendus donnés via #Comerso. Le slogan de cette entreprise qui, à l’instar de Dealinka, relie les marques et les associations ? « Vos invendus ont de la valeur ». Dont acte : la ristourne fiscale reversée à Decathlon, propriété de la richissime famille Mulliez, a presque triplé entre 2021 et 2024, toujours selon ce document interne. « En 2023, ces dons en nature équivalent à 0,01 % du chiffre d’affaires de Decathlon France », relativise la marque auprès de Disclose.

      « On commence à générer pas mal de cash » (Thomas Moreau, cofondateur de la start-up #Done, un broker d’invendus qui travaille pour Decathlon)

      La promesse d’économies fiscales, c’est aussi l’argument coup de poing de l’autre broker partenaire de l’enseigne française, la start-up lilloise Done. Le déstockage de vêtements vers des associations y est carrément présenté comme un « acte noble récompensé par 60 % en réduction d’impôt ». « On commence à générer pas mal de cash », confiait l’un des cofondateurs de la start-up à La Voix du Nord, en janvier dernier. Done prélève une commission de 12 % sur la valeur des stocks récupérés. Soit 12 000 euros pour 100 000 euros de vêtements offerts à des associations, les 48 000 euros restants revenant aux enseignes sous forme de réduction fiscale.

      Plutôt que d’interroger son modèle de production, qui alimente l’exploitation humaine au Bangladesh et en Chine, mais aussi la déforestation au Brésil comme l’a révélé Disclose, Decathlon fait du don un mantra. Sollicitée, l’enseigne indique qu’en 2024 « près de 90 % de [ses] magasins en France ont participé à des actions de dons, bénéficiant à plus de 200 associations ». Et à ses finances. Sur un site web destiné aux responsables de magasin, que Disclose a consulté, l’incitation fiscale est clairement présentée comme une motivation au don : « donner, c’est bon pour ton portefeuille ». Et à ce jeu-là, une autre enseigne de la famille Mulliez a redoublé d’ingéniosité : Kiabi.

      Le tour de passe-passe de #Kiabi

      En France, le champion français du prêt-à-porter ouvre un magasin tous les dix jours. Et plus de 800 000 vêtements Kiabi sont mis en vente chaque jour. Combien d’autres sont produits pour rien ? Selon les calculs de Disclose, basés sur ses déclarations extra-financières, la marque a généré au moins 5,6 millions d’invendus en 2023. Un volume qui a quasi doublé en deux ans. S’ils étaient tous mis en rayon ensemble, ces vêtements occuperaient environ 100 magasins de l’enseigne.

      Fort heureusement, Kiabi a trouvé une combine pour écouler ses surplus, tout en profitant de la générosité de l’État : les #Petits_Magasins. Avec ce concept « génial », comme elle le vante sur ses réseaux sociaux, la marque déstocke ses invendus auprès de boutiques solidaires qui vendent uniquement ses produits, sans passer par des intermédiaires. Encore mieux, ces Petits Magasins forment des salarié·es en insertion. L’idée, lancée en 2017, coche toutes les cases du cercle vertueux. À un gros détail près.

      Les Petits Magasins sont chapeautés par la société #Kivi, une joint-venture entre #Bunsha, la holding des magasins Kiabi, et le groupe d’insertion #Vitamine_T, qui compte le DRH de Kiabi à son conseil d’administration. Autrement dit, dans ce système « génial », Kiabi donne à Kiabi. Sauf « [qu’]il y a des rescrits fiscaux derrière ces dons », révèle le responsable de l’une de ces structures qui souhaite rester anonyme. Une information confirmée à Disclose par un ancien cadre de la marque.

      D’ici 2026, le leader français de la #mode_éphémère ambitionne d’écouler la totalité de ses invendus via les Petits Magasins fiscalement optimisables. Kiabi n’a pas souhaité communiquer à Disclose le montant des #exonérations_fiscales déjà obtenues grâce à cette opération. Mais en extrapolant ses derniers chiffres connus — 430 000 vêtements donnés aux Petits Magasins en 2021, d’une valeur de 1,9 million d’euros —, Kiabi aurait pu compter sur une réduction d’impôts de près de 15 millions d’euros si elle avait donné l’intégralité de ses invendus en 2023. Et sa soif d’argent public ne s’arrête pas là.
      Double peine pour les finances publiques

      Malgré un chiffre d’affaires record de 2,3 milliards d’euros en 2024, dont 45 millions d’euros reversés en dividendes à la famille Mulliez, Kiabi profite d’autres largesses publiques pour rentabiliser sa surproduction. À Reims (Marne), son tout nouveau Petit Magasin est implanté dans des locaux subventionnés par un bailleur social. À Hem (Nord), c’est la mairie qui a prêté un local rénové à ses frais. La communauté d’agglomération de Lens-Liévin (Pas-de-Calais) a quant à elle attribué, début mars, une subvention de 3 000 euros au Petit Magasin de Kiabi.

      En quelques années, au moins 30 de ces « #boutiques_solidaires » ont essaimé sur le territoire. Pourtant, Kiabi ne parvient pas à liquider l’ensemble de ses invendus : au moins un vêtement sur cinq donné aux Petits Magasins ne trouve pas preneur. Ces habits encore étiquetés sont alors susceptibles d’être donnés à des associations, au risque de concurrencer les véritables pièces de seconde main. « En injectant des invendus dans cette filière, les #fripes ne sont plus compétitives », regrette Emmanuelle Ledoux de l’Institut national de l’#économie_circulaire. La raison ? Les vêtements d’occasion demandent beaucoup plus de travail aux structures de ré-emploi, comme l’explique Lisa Coinus, ex-responsable textile au sein d’une ressourcerie à Arles : « Derrière une fripe de seconde main, il y a 20 minutes de travail de tri. Si elle nécessite un nettoyage, on passe à 30 minutes. Avec une petite réparation, on monte à 45 minutes. Une fringue Kiabi ou Shein neuve qui arrive, vous la mettez directement sur les étals ».

      Illustration de la saturation du secteur, son ancienne association accumule les stocks de vêtements sur un parking, à l’air libre. « En mars dernier, on a dépensé 8 000 euros pour enfouir 10 tonnes à la déchetterie », témoigne Lisa Coinus. Et quand les structures ne peuvent pas assumer ces coûts, les collectivités locales prennent le relais. C’est là un dernier coût caché des invendus de la fast fashion : un jour ou l’autre, ils finiront dans la filière des #déchets textiles. En théorie, cette dernière est financée par une #taxe versée par les enseignes de mode sauf… si les vêtements ont fait l’objet d’un don. « Au final, l’entreprise transfère à la collectivité la charge de l’élimination de ses déchets », analyse Bertrand Bohain, délégué général du Cercle du recyclage. Gouffre pour les #finances_publiques, inutile pour limiter la production exponentielle de la fast fashion, la loi anti-gaspillage porte décidément mal son nom.

      #Kiabi #Shein #Decathlon #invendus #vêtements #habits #mode #fast-fashion #dons #business #loi_anti-gaspillage #réduction_fiscale #industrie_textile #textile #occasion #seconde_main #second-hand

  • Qui organise les campagnes d’hameçonnage visant les abonnés du « Monde » et de « Télérama » ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/04/30/qui-organise-les-campagnes-d-hameconnage-visant-les-abonnes-du-monde-et-de-t

    EnquêteDes tentatives d’arnaques avec des messages piégés ont ciblé, ces dernières semaines, les abonnés de plusieurs grands journaux, dont « Le Figaro » ou « Le Monde ». La trace des pirates mène en France.

    « Ne laissez pas votre abonnement expirer. » Ces dernières semaines, les lecteurs de plusieurs grands médias français, dont Télérama, puis Le Monde et Le Figaro, ont reçu des courriels leur assurant que leur abonnement arrivait à son terme et les incitant à cliquer sur un lien pour le renouveler. Cependant ces e-mails n’ont pas été envoyés par ces différents journaux : il s’agissait d’une campagne d’hameçonnage (« phishing ») visant à dérober les coordonnées bancaires des internautes.

    Si on ignore encore comment les arnaqueurs ont établi des listes d’adresses de courriels auxquelles envoyer leurs messages, Le Monde a néanmoins pu remonter en partie la trace des escrocs se dissimulant derrière cette opération ciblée et particulièrement bien faite. Alors que les campagnes de ce type sont le plus souvent gérées de l’étranger, les pirates ayant usurpé l’identité du Monde, de Télérama et du Figaro sont, eux, établis en France. Premier média touché par ces fraudes il y a trois mois, Télérama a porté plainte.
    Des faux sites par milliers

    Les escrocs ont en effet laissé derrière eux de multiples traces techniques. Les faux sites piégés du Monde et du Figaro, par exemple, recouraient à des adresses URL très proches et ont été enregistrés à la même période, en utilisant un même prestataire. Les sites trompeurs étaient également hébergés sur des serveurs contenant exclusivement des sites piégés, imitant ceux de l’Assurance-maladie, de services de livraison ou de streaming. Enfin, le code informatique contenait des signatures techniques bien documentées par des chercheurs en sécurité informatique : celles d’un « phishing kit », outil créé pour duper les internautes et vendu en ligne sous la marque Traffyque.
    Un « vouch », comme on appelle dans ce milieu les « témoignages clients » confirmant que le kit d’arnaque fonctionne bien. « Ratio UHQ » signifie ici qu’une partie importante des victimes ciblées a entré ses coordonnées bancaires.
    Un « vouch », comme on appelle dans ce milieu les « témoignages clients » confirmant que le kit d’arnaque fonctionne bien. « Ratio UHQ » signifie ici qu’une partie importante des victimes ciblées a entré ses coordonnées bancaires.

    Le modèle de Traffyque, qui dispose d’un site promotionnel pouvant se trouver en deux clics, est simple : contre un abonnement de 150 à 300 euros par mois, selon les fonctionnalités désirées, ses clients ont accès à des « scama », c’est-à-dire de faux sites clefs en main pour Netflix, Ameli, des banques ou même des compagnies d’eau ou d’électricité. A charge pour les acheteurs d’acquérir ensuite des noms de domaine imitant ceux des sites légitimes, d’y installer le kit piégé et d’en faire la promotion par e-mail ou SMS. Les informations de paiement entrées par les victimes leur sont ensuite envoyées directement sur la messagerie Telegram, grâce à un système automatisé.

    Le nombre de clients de Traffyque est inconnu, mais le service semble très populaire : le Français Cédric Pernet, chercheur en sécurité informatique, a pu documenter plus de 900 sites piégés utilisant son infrastructure, en octobre 2024. Des recherches complémentaires montrent que, depuis, le service a été utilisé sur plus d’un millier d’autres adresses Web. Ces sites ont en général une durée de vie très courte, avant d’être bloqués ou supprimés par les escrocs eux-mêmes.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Arnaque au faux Brad Pitt : pourquoi personne n’est à l’abri des escroqueries financières
    De probables escrocs français

    Cette activité intense, dans de nombreux pays, fait que Traffyque a attiré, en 2024, l’attention de l’agence polonaise de cybersécurité KNF CSIRT, les internautes polonais ayant été massivement ciblés par de faux sites de Netflix et d’Orange. Dans un rapport détaillé, les chercheurs en sécurité du KNF CSIRT notaient que plusieurs indices indirects suggéraient que les opérateurs du service étaient francophones : des mots en français avaient été oubliés dans le code des pages, et, chose très inhabituelle, certains des faux sites utilisant cet outil affichaient un poème d’un auteur français peu connu lorsqu’on s’y connectait d’un pays étranger.

    D’autres éléments collectés par Le Monde laissent penser que les administrateurs de Traffyque sont bel et bien français. Une vidéo promotionnelle mise en ligne par le groupe sur son site laisse brièvement apercevoir la barre de favoris du navigateur de la personne qui la tourne : on y aperçoit des liens vers des services et produits tricolores, dont un lien accréditant fortement le fait qu’elle réside dans l’Essonne. Ces mêmes vidéos utilisent aussi des musiques de rappeurs français peu connus à l’étranger. Dans les espaces de discussion du groupe, toutes les conversations se font dans la langue de Molière.
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    Sollicités, les administrateurs de Traffyque n’ont pas donné suite à nos demandes d’information. Cependant, après avoir été contactés sur Telegram, ils ont bloqué le compte de notre journaliste dans les espaces de discussion liés au service.

    Qui a employé les outils de Traffyque pour créer de faux sites du Monde ou du Figaro ? Là aussi, la piste mène en France. Si le pirate a eu la prudence de changer régulièrement d’adresse e-mail et de numéro de téléphone pour enregistrer ses sites truqués, de multiples traces techniques, tout comme l’utilisation d’adresses e-mail très similaires, permettent de le relier à des dizaines de sites piégés imitant ceux de plusieurs grandes entreprises, et ce, depuis au moins 2022.

    Ces différents éléments ont permis au Monde de retrouver son adresse e-mail personnelle ; or HaveIbeenpwned, un outil permettant de surveiller les fuites de données, montre que cette adresse figurait dans la base des inscrits à France Travail, piratée en 2024.

    Le Monde a également pu retrouver des messages publiés par ce même client sur des sites spécialisés dans l’achat et la vente de bases de données piratées. Dans ces espaces anglophones, il écrit la plupart de ses messages en français. Les fausses adresses et les faux noms qu’il a utilisés pour acheter des noms de domaines sont tous liés à la France, et le faux nom dont il se sert sur la messagerie Telegram est, lui aussi, français. Contacté, il n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.
    Professionnalisation des « kits d’arnaque »

    Les services comme Traffyque se sont largement professionnalisés au cours des trois dernières années, note le KNF CSIRT, joint par Le Monde. « Nous avons pu observer une évolution significative des techniques antidétection utilisées par ces vendeurs, qui ont désormais recours à des outils comme le geofencing [blocage d’un site à l’étranger], le cloaking [le fait d’afficher une page différente selon l’origine du visiteur] ou le filtrage du trafic. Ces méthodes complexifient la tâche des chercheurs en sécurité, et nous forcent à nous adapter rapidement. »
    Exemple de « bot » Telegram où arrivent les informations bancaires dérobées, ici par le biais d’un faux site de Mondial Relay.
    Exemple de « bot » Telegram où arrivent les informations bancaires dérobées, ici par le biais d’un faux site de Mondial Relay.

    Les escroqueries au vol de carte bleue sont mal documentées, les victimes ne portant pas systématiquement plainte. Il est par ailleurs très difficile de démanteler complètement les réseaux qui s’y livrent, tant cette criminalité est aujourd’hui « ubérisée », avec une séparation des rôles bien définie : les fournisseurs de « scama », comme Traffyque, se contentent de fournir l’infrastructure technique, tandis que leurs clients dérobent les numéros de cartes bleues ou les identifiants bancaires, mais ne s’en servent en général pas eux-mêmes. Les données sont le plus souvent revendues à d’autres escrocs spécialisés.

    Le Monde a pu consulter plusieurs groupes Telegram français consacrés à ces petites mains qui, en bout de chaîne, sont celles qui utilisent les cartes bancaires volées. Un numéro de carte bleue se revend en général entre 20 euros et 40 euros ; les informations sont ensuite exploitées pour acheter des produits sur Internet, récupérés par une mule.
    Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Derrière les fausses interviews d’Elise Lucet ou de Jamel Debbouze, les mafias des arnaques aux placements

    Dans certains cas, les informations sont utilisées pour appeler la victime et la convaincre que sa carte a été piratée. Une fois cette dernière persuadée qu’elle parle à un conseiller de sa banque et qu’elle a fait opposition, un coursier est dépêché pour récupérer la carte bancaire de la victime chez elle. La carte servira plus tard à acheter des produits de luxe, facilement revendables, dans de grands magasins.
    Que faire si vous avez reçu un message « Le Monde » suspect ?

    Vérifiez toujours l’adresse e-mail de l’expéditeur. Les e-mails relatifs à la gestion de votre abonnement proviennent uniquement de l’adresse suivante : lemonde@fidelite-abo.lemonde.fr.

    Signalez tout message suspect. Lorsque vous recevez un e-mail semblant émaner du Monde mais dont le contenu ou l’adresse vous paraît douteux, nous vous invitons à nous le signaler à l’adresse suivante : clientnumerique@lemonde.fr.

    Si néanmoins vous avez inscrit vos données de carte bancaire sur un site frauduleux, faites immédiatement opposition. Si vous avez été victime de transactions malhonnêtes, vous pouvez porter plainte, mais aussi contacter votre assurance – certains contrats proposent des garanties en cas de détournement de vos moyens de paiement.

    #Hameçonnage #Phishing #Industrie #Economie_numerique

  • Valorisation des #algues_vertes : l’entreprise #Olmix n’assure pas la sécurité d’une usine à #Bréhan selon l’État
    https://splann.org/valorisation-algues-vertes-olmix-brehan

    Olmix, spécialiste des solutions biosourcées pour le bétail et les cultures, vient d’être épinglé pour de nombreux manquements environnementaux sur son site de production d’engrais du Guétavet, à Bréhan (56). Sa mise en demeure, le 14 mars, par le préfet du Morbihan, est du plus mauvais effet, au moment où le député Mickaël Cosson vante les avantages de la valorisation des algues vertes dans le cadre d’une mission parlementaire. L’article Valorisation des algues vertes : l’entreprise Olmix n’assure pas la sécurité d’une usine à Bréhan selon l’État est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en (...)

    #Industrie_agroalimentaire #Pollutions #bezhin_glas #sécurité

  • L’IA fait changer d’avis ? Une expérience contastable | LinkedIn
    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7323318195103203329

    Jusqu’à présent, je ne disposait que de l’article pulié par des chercheurs de Facebook qui voulait démontrer leur capacité à changer le « mood » des utilisateurstrice de la plateforme. Une expérience sans système déontologique de contrôle, comme celle-ci. Qui visait à attirer les publicitaires vers Facebook (ce qui a bien marché :-)

    L’IA ne se contente pas d’inonder le web de texte synthétique que personne ne lit : elle vous fait changer d’avis. C’est la conclusion d’une étude controversée réalisée par des chercheurs de l’Université de Zurich.

    L’expérience a suscité une vive réaction à cause de son protocole inhabituel : au lieu de tester la capacité de persuasion des chatbots sur des participants en environnement contrôlé (ce qui avait déjà été fait), les chercheurs ont cherché à savoir si les chatbots étaient persuasifs dans le « monde réel ».

    L’expérience a donc été conduite in vivo, sur la plateforme Reddit, à l’insu de ses utilisateurs qui pensaient échanger avec d’autres humains.

    Avec un demi-milliard d’utilisateurs, Reddit est le plus grand forum d’Internet. La plateforme est organisée autour de communautés thématiques appelées « subreddits ». L’une d’elles, baptisée « r/ChangeMyView » (près de 4 millions de membres), invite les utilisateurs à exposer leur opinion et à défier les autres de les faire changer d’avis. Tous les sujets de société y passent, des plus triviaux aux plus clivants.

    La règle est simple : vous publiez votre point de vue, puis d’autres membres vous répondent en essayant de vous faire changer d’avis. Si un argument vous convainc, vous pouvez récompenser son auteur d’un « delta » (Δ). Les utilisateurs convaincants cumulent ces deltas en guise de trophées virtuels sous leur pseudonyme.

    Les chercheurs ont donc testé la capacité des modèles de langage (notamment GPT-4o, Claude 3.5 et Llama 3.1) à faire changer d’avis les utilisateurs. Ils ont recueilli 500 publications originales et ont demandé aux chatbots de rédiger des réponses convaincantes, tenant compte de l’historique des auteurs.

    Le résultat est sans équivoque : les chatbots sont extrêmement persuasifs, bien davantage que la plupart des utilisateurs humains. Plus précisément, lorsqu’on mesure leur capacité de persuasion en nombre moyen de deltas recueillis par commentaire, ceux-ci sont plus persuasifs que 99% des utilisateurs humains (et que 98% des membres expérimentés du forum).

    Reddit a déposé une plainte auprès de l’université, dénonçant des méthodes de recherche inacceptables. L’université a répondu en affirmant prendre la question "très au sérieux" mais en refusant d’empêcher la publication de l’étude, jugeant l’expérience justifiée par l’importance de ses résultats (ce que conteste évidemment Reddit).

    Avant l’IA générative, influencer l’opinion impliquait un compromis : toucher un large public avec des messages génériques OU cibler un petit nombre de personnes avec des messages personnalisés. Cette étude montre qu’il est désormais possible de générer à grande échelle des arguments personnalisés très persuasifs.

    Le modèle des plateformes, fondé sur la prédation de l’attention, ne les incite pas à combattre les contenus synthétiques tant que ceux-ci génèrent des revenus publicitaires. Il est donc urgent de leur imposer d’amplifier les sources fiables d’information.

    #Conviction #Influence #Industrie_influence #Recherche #Déontologie #Reddit

  • Valorisation des #algues_vertes : l’entreprise #Olmix n’assure pas la sécurité de son site à #Bréhan selon l’État
    https://splann.org/valorisation-des-algues-vertes-lentreprise-olmix-nassure-pas-la-securite-de-

    Olmix, spécialiste des solutions biosourcées pour le bétail et les cultures, vient d’être épinglé pour de nombreux manquements environnementaux sur son site de Bréhan (56). Sa mise en demeure, le 14 mars, par le préfet du Morbihan, est du plus mauvais effet, au moment où le député Mickaël Cosson vante les avantages de la valorisation des algues vertes dans le cadre d’une mission parlementaire. L’article Valorisation des algues vertes : l’entreprise Olmix n’assure pas la sécurité de son site à Bréhan selon l’État est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Industrie_agroalimentaire #Pollutions #bezhin_glas #sécurité

  • Hausse sans précédent des dépenses militaires mondiales avec un bond en Europe et au Moyen-Orient
    https://www.obsarm.info/spip.php?article693

    (Stockholm, 28 avril 2025) - Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 718 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 9,4 % en termes réels par rapport à 2023. La plus forte hausse annuelle jamais enregistrée depuis au moins la fin de la guerre froide. Les dépenses militaires ont augmenté dans toutes les régions du monde, avec une hausse particulièrement rapide en Europe et au Moyen-Orient. Les cinq plus grands dépensiers – États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde – (…) #Transferts_d'armements

    / Dépenses militaires / Budgets, #Guerres, #Industrie_d'armement, #La_une

    #Dépenses_militaires_/_Budgets
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/2005_milex_pr_fre.pdf

  • #guerre_commerciale : vers la dédollarisation et la mort de l’industrie européenne ?
    https://lvsl.fr/guerre-commerciale-vers-la-dedollarisation-et-la-mort-de-lindustrie-europeenne

    La guerre commerciale de #Trump remet en cause un demi-siècle de mondialisation. Si la #chine pourrait profiter de cette situation pour accélérer la fin du privilège du #dollar, l’Union européenne risque d’être la principale victime de cet affrontement. Incapable de remettre en cause son libre-échangisme, elle se retrouve prise au piège.

    #Économie #commerce #douane #euro #industrie #souveraineté #taxes #Union_Européenne

  • La tyrannie de la #commodité (par #Tim_Wu)

    Traduction d’un texte essentiel sur la notion de commodité, de #confort, publié en 2018 par le juriste américain Tim Wu dans le New York Times[1]. Les organisations (institutions étatiques, think tanks, ONG, associations, etc.) et influenceurs de la mouvance éco-capitaliste ne remettent aucunement en question le confort moderne. Le pouvoir ne remettra évidemment jamais en cause ce qui lui permet de tenir le peuple en laisse. Ce texte est à mettre en relation avec une excellente réflexion critique sur le confort publiée récemment par l’anthropologue Stefano Boni.

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    La commodité est la force la plus sous-estimée et la moins comprise dans le monde d’aujourd’hui. En tant que moteur des décisions humaines, elle n’offre pas le frisson coupable des désirs sexuels inconscients de Freud ou l’élégance mathématique des incitations de l’économiste. La commodité est ennuyeuse. Mais l’ennui se différencie de la banalité.

    Dans les pays développés du XXIe siècle, la commodité – c’est-à-dire des moyens plus efficients et plus pratiques pour accomplir des tâches quotidiennes – semble être la force la plus puissante qui façonne nos vies et nos économies. C’est particulièrement vrai en Amérique, où, malgré tous les hymnes à la liberté et à l’individualité, on se demande parfois si la commodité n’est pas en fait la valeur suprême.

    Comme l’a récemment déclaré Evan Williams, co-fondateur de Twitter, « la commodité décide de tout ». La commodité semble prendre les décisions à notre place, l’emportant sur ce que nous aimons imaginer être nos véritables préférences. (Je préfère faire mon café, mais le Starbucks instantané est si pratique que je ne fais presque jamais ce que je « préfère »). Faciliter les choses ne suffit pas, il faut trouver la manière la plus facile de faire, la meilleure.

    La commodité a la capacité de rendre d’autres options impensables. Une fois que vous avez utilisé une machine à laver, le lavage du linge à la main semble irrationnel, même s’il est probablement moins onéreux. Une fois que vous avez fait l’expérience de la télévision à la demande, attendre de voir une émission à une heure déterminée à l’avance semble idiot, voire un peu indigne. Résister à la commodité – ne pas posséder de téléphone portable, ne pas utiliser Google – en vient à exiger un dévouement particulier souvent pris pour de l’excentricité, voire du fanatisme.

    Malgré toute son influence dans sa manière de façonner les décisions individuelles, la part la plus importante du pouvoir de la commodité pourrait découler de décisions prises à un échelon global, à un niveau où il contribue de manière critique à structurer l’économie moderne. La bataille pour la commodité, particulièrement dans les secteurs liés à la #technologie, c’est la bataille pour s’assurer la #domination dans l’#industrie.

    Les Américains disent qu’ils accordent une grande importance à la #concurrence, à la multiplication des #choix, à l’individu. Pourtant, notre goût pour la commodité engendre plus de commodité, grâce à la combinaison des #économies_d’échelle et du pouvoir de l’#habitude. Plus il est facile d’utiliser Amazon, plus Amazon devient puissant – ce qui rend encore plus facile d’utiliser Amazon. La commodité et le #monopole semblent être des alliés naturels.

    Compte tenu de la croissance de la commodité – en tant qu’#idéal, #valeur, #mode_de_vie – il est utile de se demander ce que notre obsession pour celle-ci fait pour nous et pour notre pays. Je ne veux pas suggérer que la commodité est une force malfaisante. Rendre les choses plus faciles n’est pas un mal en soi. Au contraire, elle ouvre souvent des possibilités qui semblaient autrefois trop onéreuses à envisager, et elle rend généralement la vie moins pénible, en particulier pour les personnes les plus vulnérables aux corvées quotidiennes.

    Mais nous nous trompons en présumant que la commodité est toujours une bonne chose, car elle entretient une relation complexe avec d’autres idéaux qui nous sont chers. Bien qu’elle soit comprise et promue comme un instrument de libération, la commodité dévoile une face plus sombre. Avec sa promesse d’#efficacité en douceur et sans effort, elle menace d’effacer le genre de luttes et de défis qui donnent un sens à la vie. Créée pour nous libérer, elle peut devenir une #contrainte influençant ce que nous sommes prêts à faire. Et donc de manière subtile, elle peut nous asservir.

    Il serait pervers d’ériger l’inconfort en idéal, mais lorsque nous laissons la commodité décider de tout, nous capitulons trop souvent.

    La commodité telle que nous la connaissons aujourd’hui est un produit de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, lorsque des dispositifs permettant d’économiser le travail à la maison ont été inventés et commercialisés. Parmi les #innovations marquantes, citons l’invention des premiers « #aliments_de_confort », tels que le porc et les haricots en conserve et le Quaker Quick Oats [flocons d’avoine en boîte, NdT], les premières machines à laver électriques, les produits de nettoyage comme la poudre à récurer Old Dutch, et d’autres merveilles comme l’aspirateur électrique, le mélange pour gâteau instantané et le four à micro-ondes.

    La commodité apparaissait comme la version domestique d’une autre idée de la fin du XIXe siècle – l’#efficience_industrielle et la « gestion scientifique du travail » qui l’accompagnait. Elle représentait l’adaptation de la philosophie de l’usine à la vie domestique.

    Aussi banal que cela puisse paraître aujourd’hui, la commodité, grande libératrice de l’humanité enfin délivrée du #travail, était un #idéal_utopique. En faisant gagner du #temps et en éliminant la #corvée, elle créerait la possibilité de s’adonner à des #loisirs. Et avec les loisirs viendrait la possibilité de consacrer du temps à l’apprentissage, aux passe-temps ou à tout ce qui pouvait vraiment compter. La commodité mettrait à la disposition du grand public le type de liberté et d’élévation culturelle autrefois réservé à l’aristocratie. Dans cette perspective, la commodité apparaissait également comme une grande niveleuse des inégalités.

    Cette idée – la commodité perçue comme une #émancipation – peut être enivrante. Ses représentations les plus captivantes se trouvent dans la science-fiction et les univers futuristes imaginés au milieu du XXe siècle. Des magazines sérieux comme Popular Mechanics et des divertissements loufoques comme The Jetsons nous ont enseigné que la vie dans le futur atteindrait l’idéal du confort parfait. La nourriture serait préparée en appuyant sur un bouton. Les trottoirs en mouvement nous épargneraient l’ennui de la marche. Les vêtements se nettoieraient d’eux-mêmes ou s’autodétruiraient après une journée à les porter. La fin de la lutte pour l’existence pourrait enfin être envisagée.

    Le rêve de la commodité se fonde sur une représentation cauchemardesque de l’#effort_physique. Mais le travail éprouvant est-il toujours un cauchemar ? Voulons-nous vraiment être émancipés de tout cela ? Peut-être que notre humanité s’exprime parfois par des actions incommodes et des quêtes de longue durée. C’est peut-être la raison pour laquelle, à chaque avancée du confort, des résistants se manifestent. Ils résistent par entêtement, oui (et parce qu’ils ont le luxe de le faire), mais aussi parce qu’ils voient une menace pour leur identité, pour leur capacité à contrôler les choses qui comptent pour eux.

    À la fin des années 1960, la première révolution de la commodité commença à s’étouffer. La perspective d’une vie où l’inconfort aurait disparu semblait avoir perdu la première place parmi les grandes aspirations de la société. Commodité signifiait #conformité. La #contre-culture incarnait le besoin des gens de s’exprimer, de réaliser leur potentiel individuel, de vivre en harmonie avec la nature plutôt que de chercher constamment à surmonter ses nuisances. Jouer de la guitare n’était pas facile. Il n’était pas non plus aisé de cultiver ses propres légumes ou de réparer sa propre moto, mais de telles choses étaient néanmoins considérées comme ayant de la valeur – ou plutôt considérées comme un accomplissement. Les gens recherchaient à nouveau à se réaliser en tant qu’individus.

    Dès lors, il était peut-être inévitable que la deuxième vague de technologies de confort – la période que nous vivons – cherche à récupérer cet idéal. Elle rendrait l’#individualité plus pratique.

    Vous pouvez faire remonter le début de cette période à la sortie du Walkman de Sony en 1979. Avec le #Walkman, nous pouvons observer un changement subtil mais fondamental dans l’idéologie de la commodité. Si la première révolution de la commodité promettait de vous faciliter la vie et le travail, la seconde promettait de vous faciliter d’être vous-même. Les nouvelles technologies étaient des catalyseurs de l’#individualité. Elles ont permis l’application de l’efficience industrielle à l’expression individuelle.

    Prenons l’homme du début des années 1980 qui se promenait dans la rue avec son walkman et ses écouteurs. Il est enfermé dans un environnement acoustique de son choix. Il profite, en public, du genre d’expression qu’il ne pouvait autrefois connaître que dans son salon privé. Une nouvelle technologie lui permet de montrer plus facilement qui il est, ne serait-ce qu’à lui-même. Il se pavane dans le monde entier telle une vedette jouant dans son propre film.

    Cette vision est si séduisante qu’elle en est venue à dominer notre existence. La plupart des technologies puissantes et dominantes créées au cours des dernières décennies mettent la commodité au service de la #personnalisation et de l’#individualité. Pensez au magnétoscope, à la playlist, à la page Facebook, au compte Instagram. Ce genre de commodité ne consiste plus à économiser du travail physique – beaucoup d’entre nous n’avons plus à transpirer pour gagner notre vie. Il s’agit de minimiser les ressources mentales nécessaires pour choisir parmi les options disponibles afin d’exprimer son individualité ; la commodité en un clic, un guichet unique, l’expérience sans accroc du « plug and play ». L’idéal poursuivi ? La #préférence_individuelle, le tout sans effort.

    Bien sûr, nous sommes prêts à payer un prix plus élevé pour la commodité, mais nous réalisons moins souvent que nous acceptons de remplacer un service gratuit par un service payant plus commode. Par exemple, à la fin des années 1990, les technologies de distribution de la musique comme Napster ont permis de mettre de la musique en ligne gratuitement, et beaucoup de gens ont profité de cette nouvelle option. Mais s’il reste facile d’obtenir de la musique gratuitement, pratiquement plus personne n’en télécharge illégalement aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que le lancement de l’iTunes store en 2003 a rendu l’achat de musique encore plus pratique que le téléchargement illégal. La commodité a battu la #gratuité.

    Alors que les tâches quotidiennes se simplifient, un désir croissant pour davantage de confort crée une incitation à rendre tous les aspects de notre vie encore plus simple. Ce qui ne devient pas plus commode se fait distancer. Nous sommes pourris gâtés par l’instantanéité et nous sommes agacés par les tâches qui restent à un niveau antérieur d’effort et de durée. Lorsque vous pouvez éviter la file d’attente et acheter des billets de concert sur votre téléphone, faire la queue pour voter lors d’une élection devient irritant. C’est particulièrement vrai pour ceux qui n’ont jamais eu à faire la queue (ce qui peut expliquer le faible taux de participation des jeunes aux élections).

    La vérité paradoxale à laquelle je veux en venir, c’est que les technologies actuelles d’individualisation forment un ensemble de technologies d’individualisation de masse. La personnalisation peut être étonnamment uniformisante. Tout le monde ou presque est sur Facebook : c’est le moyen le plus pratique pour garder le contact avec vos amis et votre famille, qui en théorie devraient représenter ce qui il y a d’unique en vous et dans votre vie. Pourtant, avec Facebook, nous nous ressemblons tous. Son format et ses conventions nous privent de toutes les expressions d’individualité, sauf les plus superficielles telle que la photo d’une plage ou d’une chaîne de montagnes que nous choisissons en image de couverture.

    Je ne nie pas que faciliter les choses peut être d’une grande utilité en nous offrant de nombreux choix (de restaurants, de services de taxi, d’encyclopédies open-source) là où nous n’en avions que peu ou pas du tout auparavant. Mais être humain ne se résume pas à avoir des choix à faire. Il s’agit également de savoir comment faire face aux situations qui nous sont imposées, comment surmonter les défis qui en valent la peine et comment mener à bien les tâches difficiles – les combats qui contribuent à faire de nous ce que nous sommes. Qu’advient-il de l’expérience humaine lorsque tant d’obstacles et d’entraves, d’exigences et de préparatifs sont supprimés ?

    Le culte moderne de la commodité ne reconnaît pas que la #difficulté est une caractéristique constitutive de l’expérience humaine. La commodité y est décrite comme une destination et non un voyage. Mais escalader une montagne, ce n’est pas pareil que de prendre le tramway pour se rendre jusqu’au sommet, même si l’on arrive au même endroit. Nous devenons des personnes qui se soucient principalement ou uniquement des résultats. Nous risquons de faire de la plupart de nos expériences de vie une série de trajets en tramway.

    La commodité doit servir un but plus élevé qu’elle-même, de peur qu’elle ne conduise qu’à plus de commodité. Dans un ouvrage paru en 1963 devenu depuis un classique (The Feminine Mystique), Betty Friedan a examiné l’apport des technologies domestiques pour les femmes. Elle en a conclu que l’#électroménager avait simplement créé plus de demandes. « Même avec tous les nouveaux appareils qui permettent d’économiser du travail », écrit-elle, « la femme au foyer américaine moderne passe probablement plus de temps à faire des #travaux_ménagers que sa grand-mère ». Lorsque les choses deviennent plus faciles, nous pouvons chercher à remplir notre temps de vie avec d’autres tâches plus « faciles ». À un moment donné, la lutte déterminante pour la vie se transforme en une tyrannie de petites corvées et de décisions insignifiantes.

    Une conséquence fâcheuse de la vie dans un monde où tout est « facile » ? La seule compétence qui compte se résume à la capacité de faire plusieurs choses à la fois. À l’extrême, nous ne faisons rien ; nous ne faisons qu’organiser ce qui sera fait, une base bien peu solide pour une vie décente.

    Nous devons consciemment accepter l’#inconfort – pas toujours, mais plus souvent. De nos jours, faire au moins quelques choix incommodes, c’est cela l’individualité. Vous n’avez pas besoin de baratter votre propre beurre ou de chasser pour vous procurer votre propre viande, mais si vous voulez être quelqu’un, vous ne pouvez pas permettre que la commodité soit la valeur qui transcende toutes les autres. La lutte n’est pas toujours un problème. Parfois, la #lutte est une solution. Elle peut devenir une solution pour découvrir qui vous êtes.

    Accepter l’inconfort peut sembler étrange, mais nous le faisons déjà sans le considérer comme telle. Comme pour masquer le problème, nous donnons d’autres noms à nos choix incommodes : nous les appelons #hobbies, loisirs, #vocations, #passions. Ce sont les activités non utilitaires qui contribuent à nous définir. Elles nous récompensent en façonnant notre personnalité car elles impliquent de se frotter à une résistance significative – avec les lois de la nature, avec les limites de notre propre corps – par exemple en sculptant du bois, en faisant fondre des matières premières, en réparant un appareil cassé, en écrivant un code, en surfant des vagues ou encore en persévérant au moment où vos jambes et vos poumons commencent à se rebeller lorsque vous courez.

    De telles activités prennent du temps, mais elles nous redonnent aussi du #temps. Elles nous exposent au risque de #frustration et d’#échec, mais elles peuvent aussi nous apprendre quelque chose sur le monde et sur la place que nous y occupons.

    Réfléchissons donc à la #tyrannie_de_la_commodité, essayons plus souvent de résister à sa puissance stupéfiante, et voyons ce qui se passe. Nous ne devons jamais oublier le plaisir pris à faire quelque chose de lent et de difficile, la #satisfaction de ne pas faire ce qui est le plus facile. Cette constellation de choix inconfortables est probablement ce qui nous sépare d’une vie totalement conforme et efficiente.

    https://greenwashingeconomy.com/tyrannie-commodite-par-tim-wu
    #facilité #résistance

  • Ah tiens, Lundi matin s’intéresse au Repli un docu de Joseph Paris sorti fin octobre 2024 :

    https://lundi.am/Dechirer-les-images-du-pouvoir

    J’avais vu ce film en salle et l’avais trouvé un peu décevant. La thématique du repli identitaire n’est, au fond, pas réellement traitée. Il s’agit de suivre Yasser Louati qui n’est jamais vraiment présenté. Le film est, quelque part, plus un document de lutte contre l’islamophobie.

    Le passage le plus intéressant et qui m’avait amené à aller voir ce film concerne la grève des OS de 1983. En vrai, cet événement à lui seul mériterait un documentaire.

    En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail, je m’étais demandé depuis quand un pouvoir « de gauche » avait dû affronter des grèves d’ampleur. J’avais cherché. Je pensais que les années qui suivaient 1981 avaient été calmes sur ce plan. Or, en réalité, il y a un gros pic autour de 1983.

    Ce sont les grèves « pour la dignité » des OS de l’automobile. Un numéro d’Hommes et migrations évoquait l’année 1983 côté médias et des chercheurs ont travaillé sur ce mouvement. Les archives des JT et un autre film intitulé Haya témoignent de ce moment.

    À l’époque, le gouvernement socialiste discrédite les grévistes en insinuant qu’ils sont manipulés par des religieux. Il remplace l’ancienne lecture de classes par une interprétation basée sur l’identité religieuse supposée des grévistes. Les OS musulmans pratiquants demandent, en effet, à pouvoir bénéficier de salles de prières plutôt que de devoir prier sur les chaînes de montage.

    Mais ce n’est pas le centre des revendications. Les conditions de travail sont désastreuses pour ces ouvriers (cadences, risques, salaires, petits chefs etc.) Les libertés syndicales ne sont pas respectées chez Peugeot et Talbot : syndicats jaunes d’extrême droite. Les OS espèrent simplement que la gauche apportera un changement aussi pour eux. Ils ne seront pas entendus.

    La même année, ce sont les municipales
    partielles de Dreux (Stirbois, FN). Le droit de vote pour les étrangers aux élections locales, de nombreuses fois programmé y compris pour la victoire de la gauche en 1981, n’a jamais été mis en place.

    https://journals.openedition.org/hommesmigrations/3546

    https://shs.cairn.info/revue-geneses-2015-1-page-110?lang=fr

    https://militotheque.org/wiki/Haya_(documentaire)

    #histoire_sociale_contemporaine
    #grève
    #industrie_automobile
    #classe_ouvrière
    #immigration
    #islamophobie

    • Un regard rétrospectif en parallèle
      La Marche pour l’égalité et contre le racisme « n’est pas assez entrée dans l’histoire », Mogniss H. Abdallah, 2014
      https://vacarme.org/article2609.html

      ... politique consistant à scinder la prise de parole des jeunes (français) de celle de leurs pères et mères (toujours perçus comme étrangers) ; à opposer la parole, entendue sinon admise, des jeunes « issus » de l’immigration, à celle des luttes de l’immigration (contre la double peine, pour les régularisations, etc.). Ce qui s’est joué à Talbot, Poissy, en 1982-84, s’est perpétué depuis : il est des luttes que l’on construit comme légitimes, et celles considérées illégitimes. La célébration œcuménique de la Marche a aussi pour effet, sinon pour fonction, de condamner les luttes de l’immigration, et d’encourager le clivage générationnel.

      edit c’est le 1er ministre Pierre Mauroy, social-démocrate bon teint, qui - 10 ans après la grève générale lancé par Mouvement des Travailleurs Arabes en 1972 - a initié ce type de disqualification des ouvriers grévistes arabes.

      Par ailleurs les années 80 sont marquées par la restructuration de diverses branches industrielles entamée dans les années 70 (mines, construction navale, sidérurgie), qui se poursuivent dans le secteur automobile. La grève chez Talbot est l’une de celle qui n’est pas encore enfermée dans une "défense de l’emploi" qui dès les années 70 servit essentiellement, en fonction du rapport de forces à récupérer du salaire malgré le licenciement (avec des "primes de départ" dont le montant variait en fonction de l’ampleur et du degré du rupture des mobilisations, cf Longwy).

      Tiens tiens, une préparation de congrès : Réconcilier le Parti Socialiste avec les classes populaires : un impératif pour éviter la dérive vers l’extrême droite https://www.parti-socialiste.fr/reconcilier_le_parti_socialiste_avec_les_classes_populaires_un_impe

      #racisme #PS

    • Oui ces grèves interviennent dans le contexte où l’on parle des « rodéos » dans les cités aux Minguettes (Vénissieux) par exemple puis de la Marche pour l’égalité et contre le racisme récupérée par le PS. Une série de crimes racistes sont aussi médiatisés. Mais ceci semble séparé du mouvement dans l’automobile. Peut-être que les émeutes dans les banlieues faisaient plus peur aux pouvoirs que les grèves des parents.

      Chez Talbot, les incidents sont violents (ces images sont dans Le repli) :

      https://youtube.com/watch?v=f727toiGcAg

      https://youtube.com/watch?v=8jP50q6ZFjA

      Il y a même un court essai d’autogestion, la mise en place de délégués d’ateliers. Mais avec la robotisation, les OS étaient destinés à être sacrifiés.

      Sur la question de la religion, il y a des notes internes aux usines puis des RG qui rapportent des éléments sur lesquels vont s’appuyer Defferre (Intérieur) puis Mauroy et Auroux (Travail).

      https://shs.cairn.info/revue-geneses-2015-1-page-110?lang=fr

      Le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre est le premier à évoquer le rôle d’« intégristes, de chiites » [26] dans les grèves, suivi par le premier ministre Pierre Mauroy qui déclare que « les principales difficultés sont posées par des travailleurs immigrés […] agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises » [27]. Mais c’est surtout Jean Auroux, ministre du Travail, qui multiplie les déclarations à ce sujet en l’espace de quelques jours

      Mais :

      Trente ans après les faits, Jean Auroux reconnaît lui aussi que bien que présente dans les usines, la religion n’a pu jouer qu’un rôle mineur dans les conflits

      Pourtant, en 2017, évoquant la fermeture de l’usine d’Aulnay, Jean-Christophe Lagarde (UDI) ressort ce vieil argument aussitôt démenti par le patronat :

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/yvelines/jean-christophe-lagarde-lie-fermeture-psa-aulnay-omnipr

  • #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • « L’#hypocrisie des #puces_électroniques#made_in_France” »

    Relocaliser l’industrie numérique, telle que la production de puces électroniques, est un #leurre. #Quartz, #silicium, #cobalt... viennent du Sud global. « Le #numérique est une #technologie_impériale », résume notre chroniqueuse.

    C’était un mot qui faisait souffler un vent d’idéalisme, un mot de contre-sommet plus que de journal télévisé : « relocaliser ». Dans les années 2000, les altermondialistes voulaient « relocaliser l’économie ». Défendre la menuiserie de bois local contre la production mondialisée d’Ikea, soutenir l’agriculture paysanne contre la monoculture d’exportation. Le monde entier était devenu la base logistique des multinationales. Relocalisation et coopération s’opposaient à ce libre-échange impérial qui permet d’obtenir de l’huile de palme d’Indonésie ou du soja d’Amazonie cultivé sur les terres ancestrales des peuples autochtones.

    Mais en vingt ans, et plus encore depuis le Covid, « relocaliser » est devenu un mantra du patronat. Ce sont désormais les #multinationales qui demandent à l’État de les aider à rapatrier certaines activités « stratégiques ». Entre-temps, le sens du mot a complètement changé. Le but est aujourd’hui de « sécuriser les #chaînes_d’approvisionnement » : aider l’industrie à avoir sous le coude #matières_premières et #composants.

    Imaginez qu’un missile tombe sur Taïwan où se trouvent les principales fonderies de semiconducteurs, ces puces électroniques présentes dans le moindre objet du quotidien (Il y en a 160 dans un téléphone, plus de 3 500 dans une voiture hybride [1]). Voilà qui mettrait à l’arrêt la production de voitures, de drones, de satellites, d’objets connectés et d’armement (la France étant le deuxième exportateur d’armes du globe).

    Les multinationales n’ont pas subitement décidé qu’un autre monde était possible et qu’elles devaient exploser en millions de coopératives locales. C’est plutôt que, pour elles, la planète n’est plus cette base logistique commodément aménagée par les politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. L’hégémonie occidentale est terminée. Il y a plusieurs empires en concurrence pour les ressources et les marchés. Tous veulent des #métaux, des #semiconducteurs, etc. pour produire peu ou prou les mêmes objets.

    #Dépendance à un vaste tissu économique mondialisé

    C’est dans ce contexte que les députés européens ont voté en juillet 2023 le #Chips_Act. Objectif : produire sur le continent 20 % de la demande européenne de semiconducteurs. À #Crolles, près de #Grenoble, l’État va consacrer 2,9 milliards du #Plan_France_Relance pour augmenter les capacités de l’usine #STMicroelectronics, un groupe franco-italien dont le siège est en Suisse.

    Une usine de semiconducteurs est-elle relocalisable comme la production de chaussettes, qu’on peut approvisionner en laine de brebis du causse d’à côté ? En quoi consiste la production de puces électroniques ? À cette question, le #collectif_Stop_Micro a consacré toute une enquête (https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/11/01/ce-que-signifie-relocaliser), publiée en amont des rencontres organisées à Grenoble du 28 au 30 mars avec Les Soulèvements de la Terre.

    Décrivant les étapes de la production d’une puce électronique, ce document d’une quarantaine de pages illustre « le degré de dépendance de l’industrie de la #microélectronique à un vaste tissu économique mondialisé ». « Les produits made in France de ST sont en réalité de purs produits de la #mondialisation capitaliste, et ne pourraient exister sans elle », conclut-il.

    Fondé en 2022, #Stop_Micro s’oppose à l’agrandissement des usines de puces électroniques, deux sites industriels situés en Isère qui consommeront bientôt plus d’#eau et d’#électricité qu’une ville de 200 000 habitants. Ces besoins colossaux s’expliquent par le degré de #miniaturisation des composants. Sur la moindre puce de quelques millimètres sont gravés des dizaines de milliards de #transistors dont chacun est « 10 000 fois plus fin qu’un cheveu humain », précise l’Esia, l’association européenne des semiconducteurs, dans une brochure. De l’#eau_potable ultrapure est nécessaire pour laver les plaquettes de silicium et les débarrasser de contaminants présents à l’échelle nanométrique.

    Milliards de #subventions_publiques

    Pourtant, malgré leur consommation de ressources, les usines de STMicroelectronics à Crolles et de #Soitec à #Bernin « ne produisent formellement même pas “des puces” », selon le collectif. En résumant beaucoup, disons qu’une puce électronique commence avec l’extraction de quartz dans une carrière puis sa transformation en silicium métal dans de hauts fourneaux. Pour atteindre le niveau de pureté de 99,9999999 % requis pour les semiconducteurs, il faut y ajouter de nombreuses étapes impliquant produits chimiques et hautes températures pour obtenir des lingots de silicium monocristallin ultrapur qui sont ensuite découpés en galettes très fines (#wafers).

    Ce n’est qu’à ce stade qu’interviennent les usines grenobloises. Elles reçoivent ces galettes pour y graver « par photolithographie (dans l’esprit d’une photo argentique mais en autrement plus complexe), des milliards de transistors et circuits miniatures ». À la sortie de ces usines, la puce n’existe pas encore comme objet séparé, précise Stop Micro. C’est dans d’autres sites en Asie qu’elles sont découpées, testées et préparées individuellement de façon à pouvoir être intégrées à des circuits électroniques. Ces usines « relocalisées » en Isère au moyen de milliards de subventions publiques ne sont donc qu’une étape parmi des dizaines d’autres, réparties sur toute la planète.

    Autre exemple : une minuscule puce peut contenir des dizaines de métaux différents : arsenic, tantale, titane, antimoine, gallium…. #Intel, le plus grand vendeur de semiconducteurs au monde, a travaillé pendant six ans pour retracer la provenance du #cobalt qu’il utilise afin de comprendre s’il est extrait dans des zones de guerre en République démocratique du Congo. L’entreprise n’y est parvenue qu’en partie, alors que le cobalt n’est qu’un seul de tous les métaux utilisés.

    Le fait que STMicro, à Crolles, ait plus de 6 600 fournisseurs directs donne une idée de la complexité des process mis en œuvre sur ce gigantesque site. « La fabrication de semiconducteurs est l’activité de fabrication la plus complexe que l’on connaisse actuellement », résume l’Esia. « Avant d’atteindre le stade du produit final, une puce peut faire 2,5 fois le tour du monde et traverser 80 frontières ».

    Des chaînes d’approvisionnement d’une complexité inouïe

    Il y a des technologies emblématiques de certaines formes politiques. Le métier à tisser mécanique, par exemple, cristallise le capitalisme industriel anglais du XIXe : le coton produit en Inde, les usines textiles de Manchester alimentées au charbon, les cotonnades vendues aux marchands d’esclaves africains. La puce de silicium, elle, est emblématique de l’hégémonie néolibérale des puissances occidentales des années 2000.

    Elle nécessite de maîtriser des chaînes d’approvisionnement d’une complexité inouïe, réparties sur des dizaines de pays. C’est la pax americana qui a rendu possible la Silicon Valley. Si cette domination mondiale n’avait pas existé, naturelle au point de passer pour « la fin de l’Histoire », si le monde n’avait pas été cet espace de libre-échange commodément organisé pour achalander les multinationales, il ne serait venu à l’idée de personne de numériser toutes les activités humaines.

    Car au fond, est-il bien raisonnable de rendre une société entière dépendante, pour sa survie, d’un objet qui repose sur l’activité de centaines de mines aux quatre coins du monde, qui franchit en moyenne 80 frontières avant d’atteindre le stade du produit final ? Le numérique est une #technologie impériale. Que devient-il quand l’empire vole en éclats ?

    Pour promouvoir l’activité de ses entreprises, l’Esia souligne que les semiconducteurs sont indispensables « aux soins médicaux critiques », « aux infrastructures d’eau », « à l’agriculture durable qui nourrit le monde ». Faut-il en conclure que tout doit être mis en œuvre pour trouver des terres rares, des galettes de silicium ou du cobalt ? Ou, au contraire, que l’hôpital, la distribution d’eau et l’agriculture devraient absolument pouvoir fonctionner sans informatique ? Qu’il est follement inconséquent de laisser les services essentiels à la merci de la moindre cyberattaque ou rupture d’approvisionnement.

    C’est tout ce qui sépare la quête d’#autonomie et de #sobriété, dont nous avons besoin pour nous protéger autant que pour rendre le monde plus juste, des politiques actuelles de « #souveraineté_industrielle » qui, en augmentant notre dépendance à des technologies impériales, nous condamnent à la guerre des ressources.

    https://reporterre.net/L-hypocrisie-des-puces-electroniques-made-in-France
    #puces #relocalisation #industrie