Les ouvriers
Cette semaine, #Histoire_Vivante vous propose une série sur l’#histoire du monde et des mouvements ouvriers en Suisse.
Les ouvriers
Cette semaine, #Histoire_Vivante vous propose une série sur l’#histoire du monde et des mouvements ouvriers en Suisse.
Les ouvriers (1/5)
Premier épisode en compagnie de #Laurence_Marti, sociologue et historienne spécialiste de l’#histoire_industrielle et sociale. Elle s’intéresse tout particulièrement aux spécificités de l’#arc_jurassien. Avec elle, on évoque son ouvrage « L’émergence du monde ouvrier en Suisse au XIXe siècle », paru aux éditions Alphil.
▻https://www.rts.ch/play/radio/histoire-vivante/audio/les-ouvriers-15?id=11754141
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L’émergence du monde ouvrier en Suisse au XIXe siècle
« Ce que nous vous demandons ce sont les moyens de vivre honorablement, d’élever nous-mêmes nos familles, et de sortir peu à peu de cet état d’infériorité où vous vous complaisez à nous laisser depuis tant de siècles ! » Cette requête aux dirigeants helvétiques signée par #Marc_Aviolat, ouvrier typographe dans les années 1860, témoigne des changements que connaît l’univers du travail durant la première moitié du xıxe siècle.
Reléguée jusque-là aux marges de la société, la population ouvrière va dès lors prendre place au cœur des réflexions et des préoccupations. Comment a-t-elle pu parvenir à une telle centralité, au point même de se voir doter de la capacité d’influencer la marche du monde ? Cette question constitue la trame de cet ouvrage.
Libre accès au #travail, renforcement de l’#industrialisation, extension du #salariat, modifications dans la définition des métiers, dans les modes de vie et dans les représentations sont quelques-uns des aspects passés en revue au fil des chapitres et qui ont contribué à faire apparaître et exister le monde ouvrier.
Entre regard sociologique et analyse historique, cette synthèse se distingue de l’histoire ouvrière « classique », centrée sur le développement du mouvement ouvrier, pour s’orienter vers des réflexions plus larges, sur les processus et les conditions d’émergence et de reconnaissance d’une catégorie sociale au sein de la société helvétique du xıxe siècle.
▻https://www.alphil.com/index.php/l-emergence-du-monde-ouvrier-en-suisse-au-xixe-siecle.html
#livre
Les ouvriers (2/5)
Rencontre avec #Patrick_Auderset historien spécialiste en histoire contemporaine suisse. Il a collaboré en tant qu’historien aux travaux de plusieurs institutions comme le Musée d’Yverdon, le Musée historique de Lausanne et le Musée du CICR à Genève. Il est actuellement directeur au Collège du Travail et coordonne les activités de l’#AEHMO, l’#Association_pour_l'étude_de_l'histoire_du_mouvement_ouvrier.
▻https://www.rts.ch/play/radio/histoire-vivante/audio/les-ouvriers-25?id=11757464
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Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier (AÉHMO)
L’Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier (AÉHMO) a pour but de faire mieux connaître l’histoire politique et sociale du mouvement ouvrier en Suisse romande, en Suisse et au-delà.
Elle publie chaque année, depuis 1984, ses Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier.
Les ouvriers (3/5)
La Suisse n’a pas toujours été un havre de paix figé dans une stabilité politique grâce au « #génie_helvétique ». Cet #imaginaire masque en réalité des #injustices profondément ancrées qui ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. Entretien avec #Gilles_Descloux, doctorant en sciences politiques et auteur d’un travail de recherche titré : « De l’école au travail. Comment les enfants des #classes_populaires cherchent des boulots d’ouvriers » (▻https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_S_000000018269).
▻https://www.rts.ch/play/radio/histoire-vivante/audio/les-ouvriers-35?id=11760609
Les ouvriers (4/5)
Suite de cette série sur l’histoire du monde ouvrier en Suisse avec #Pierre_Jenny, historien et journaliste. Il est aujourd’hui responsable Communication des Transports publics fribourgeois et a publié son mémoire de licence en Histoire contemporaine à l’Université de Fribourg : « Du noir au rouge : La #mémoire_ouvrière fribourgeoise à travers la vie et les écrits de #Joseph_Meckler (1870-1914) ».
▻https://www.rts.ch/play/radio/histoire-vivante/audio/les-ouvriers-45?id=11763179
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"Du noir au rouge : La #mémoire_ouvrière fribourgeoise à travers la vie et les écrits de #Joseph_Meckler (1870-1914)"
Et le 5e épisode :
Les ouvriers (5/5)
Jürg, Michel, Georges, Walter, Jean-Louis et Martial sont les figures centrales du films « Moutier : les héros du tour ». Jean Leclerc s’entretient avec Bertrand Theubet, auteur du documentaire à découvrir dimanche 6 décembre à 20h50 sur RTS Deux.
Résumé :
A Moutier, au cœur de l’Arc Jurassien, des mécaniciens à la retraite consacrent bénévolement leur temps à la restauration d’anciens tours automatiques. Ces machines-outils complexes permettent de produite des pièces mécaniques que l’on retrouve dans les objets quotidiens, et qui contribuent au confort de la plupart d’entre nous…
[vidéo] L’homme a mangé la Terre | de Jean-Robert Viallet
▻https://www.youtube.com/watch?v=Udwm_YQGV7Y
De la révolution industrielle à aujourd’hui, un décryptage minutieux de la course au développement qui a marqué le point de départ de l’ère de l’anthropocène (ou l’ère de l’Homme) et de la déterioration continue de la planète. Un film de Jean-Robert Viallet (France, 2019, 1h38), a vec la collaboration à l’écriture de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz. D’après « L’événement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous », Éditions du Seuil. Source : Relevé sur le Net...
La #Suisse et ses colonies
La Suisse n’avait pas de colonies – et pourtant, des Suisses fonctionnaient en harmonie avec les puissances coloniales et bénéficiaient, en tant que resquilleurs économiques, de l’appropriation militaire des #terres et des #ressources.
Vers 1800, les naturalistes européens décrivaient les Confédérés comme des « semi-sauvages » qui rappelaient les visites aux « peuples non éduqués sur des côtes pacifiques ». L’Europe intellectuelle voyait dans les Suisses des gens qui vivaient encore dans leur état naturel — une image déformée que les Suisses se sont appropriée. Aucune publicité pour des yaourts et aucun concept touristique ne peut se passer d’images exotiques où les Suisses apparaissent comme de « nobles sauvages ». Cette image de soi se retrouve encore dans la rhétorique politique qui s’embrase de temps en temps, selon laquelle la Suisse menace de devenir une colonie de l’Union européenne.
Pourtant, dans leur histoire moderne, les Suisses se sont rarement rangés du côté des colonisés, mais plus souvent du côté des colonisateurs. Il est vrai que la Suisse, en tant qu’État-nation, n’a pas poursuivi de politique impérialiste et n’a soumis aucune colonie. Même des tentatives de création d’organisations économiques comme la Compagnie des Indes orientales ont échoué.
Cependant, le colonialisme inclut la conviction que les habitants des zones colonisées étaient inférieurs aux Européens blancs. Cette idée faisait également partie de la compréhension générale du monde dans la Suisse du 19e siècle.
Des générations de Suisses ont grandi avec des histoires pour enfants présentant des « négrillons stupides », des reportages sur des sauvages naïfs et enfantins et des images publicitaires dans lesquelles les colonisés apparaissaient au mieux comme des figurants pour les produits coloniaux. Cet #héritage continue de marquer le pays jusqu’à aujourd’hui.
Des #soldats_suisses dans les colonies
Mais le problème de l’enchevêtrement historique de la Suisse avec le colonialisme va bien au-delà de polémiques sur des noms ou du déboulonnage de statues. Cela semble particulièrement évident dans les colonies où des Suisses ont combattu comme soldats.
Quand, en 1800, les esclaves noirs de l’île de #Saint-Domingue — dans l’actuelle Haïti — se sont soulevés contre leurs maîtres français, Napoléon a fait combattre 600 Suisses, qui avaient été mis contractuellement à la disposition de la France par le gouvernement helvétique contre rémunération. Mais ce ne fut pas un cas isolé. Même après la fondation de l’État fédéral en 1848, des Suisses ont continué à se battre pour les puissances coloniales — bien qu’illégalement.
L’une des motivations était la solde des #mercenaires. Ils touchaient en effet une bonne rente s’ils ne mouraient pas d’une maladie tropicale dans leurs premiers mois de services ou s’ils ne mettaient pas prématurément fin à leur engagement.
Commerce des esclaves
Cependant, les grandes sommes d’argent des colonies n’allaient pas aux mercenaires, qui venaient souvent de familles démunies et voyaient le fait de servir les Pays-Bas ou la France comme une grande aventure, mais dans le #commerce des marchandises coloniales — et dans le commerce des habitants des colonies.
L’une des imbrications les plus problématiques de la Suisse avec le colonialisme mondial est celle de la #traite_des_esclaves.
Des Suisses et des entreprises suisses ont profité de l’#esclavage en tant qu’#investisseurs et #commerçants. Ils ont organisé des #expéditions_d’esclaves, acheté et vendu des personnes et cultivé des #plantations dans des colonies en tant que #propriétaires_d’esclaves.
Le système de l’esclavage a fonctionné dans l’Atlantique jusqu’au XIXe siècle sous forme de commerce triangulaire : des navires chargés de marchandises de troc naviguaient vers les côtes africaines, où ils échangeaient leur cargaison contre des esclaves. Ces derniers étaient ensuite transportés à travers l’océan. Enfin, les navires revenaient d’Amérique vers l’Europe chargés de produits fabriqués par les esclaves : le sucre, le café et surtout le coton.
Selon Hans Fässler, qui fait des recherches sur l’histoire des relations suisses et de l’esclavage depuis des décennies, la Suisse a importé plus de #coton que l’Angleterre au XVIIIe siècle. Il souligne également que la traite des esclaves était une industrie clef qui a rendu possible la production de nombreux biens. Pour dire les choses crûment : sans le coton cueilli par les esclaves, l’#industrialisation de la production #textile suisse aurait été impossible.
Une branche de cette industrie a manifestement bénéficié directement de la traite des esclaves : les producteurs de ce que l’on appelle les #tissus_indiens. Ceux-ci ont été produits pour le marché européen, mais aussi spécifiquement comme moyen d’échange pour le #commerce_triangulaire. Souvent, même les modèles ont été conçus pour répondre au goût des trafiquants d’êtres humains qui échangeaient des personnes contre des produits de luxe sur les côtes africaines.
Une famille suisse qui produisait ce genre de tissus faisait la publicité suivante dans une annonce de 1815 : « La société #Favre, #Petitpierre & Cie attire l’attention des armateurs de navires négriers et coloniaux sur le fait que leurs ateliers tournent à plein régime pour fabriquer et fournir tous les articles nécessaires au troc des noirs, tels que des indiennes et des mouchoirs ».
Passage à un colonialisme sans esclaves
Après l’interdiction de la traite des esclaves aux États-Unis, l’industrie textile mondiale a sombré dans une crise des #matières_premières : les marchés du coton en #Inde redevenaient plus attractifs. La société suisse #Volkart, qui opérait en Inde depuis 1851, en a profité et s’est spécialisée dans le commerce du coton brut en Inde. Ici, les Britanniques contrôlaient la production : les agriculteurs indiens étaient obligés de produire du coton au lieu de denrées alimentaires. Grâce à une étroite collaboration avec les Britanniques, Volkart a pu rapidement prendre en charge un dixième de toutes les exportations indiennes de coton vers les usines textiles de toute l’Europe.
Une autre entreprise qui a bien survécu à la crise provoquée par la fin de l’esclavage est la #Mission_de_Bâle, la communauté missionnaire évangélique. Soutenue par les mêmes familles bâloises qui avaient auparavant investi dans la traite des esclaves, la mission a ouvert un nouveau modèle commercial : elle a converti les « païens » au christianisme en Inde. Les convertis étaient abandonnés par leurs communautés et la Mission de Bâle les laissait alors travailler dans ses usines de tissage.
Un missionnaire faisait ainsi l’éloge de ce modèle vers 1860 : « Si des païens veulent se convertir au Christ (...) nous les aiderons à trouver un abri autour des #fermes_missionnaires et à trouver un emploi pour gagner leur vie, que ce soit dans l’agriculture ou dans tout autre commerce. C’est ce qu’on appelle la colonisation. »
Le colonialisme comprend également l’exploitation de relations de pouvoir asymétriques au profit économique des colons. Cependant, l’État suisse a laissé la recherche de ce profit dans les colonies entièrement à l’initiative privée. Des demandes parlementaires appelant à un plus grand soutien à « l’émigration et au colonialisme » par l’État fédéral ont été rejetées. Le Conseil fédéral objectait notamment qu’un pays sans accès à la mer ne pouvait pas coloniser et que la Confédération n’était pas à même d’assumer une telle responsabilité.
Il est intéressant de noter que ces demandes ont été faites dans les années 1860 par les démocrates radicaux, ceux-là mêmes qui préconisaient des réformes sociales et se battaient pour une plus grande influence de la démocratie directe face à la bourgeoisie au pouvoir. Les démocrates radicaux qui soutenaient le colonialisme se considéraient comme les représentants de ceux qui fuyaient la pauvreté et la faim en Suisse.
La politique d’émigration de la Suisse a en effet changé au XIXe siècle : si, au début du siècle, les colonies étaient encore considérées comme des lieux d’accueil de personnes que l’on ne pouvait plus nourrir, elles sont devenues de plus en plus la base de réseaux mondiaux. Les colonies offraient un terrain d’essai à de nombreux jeunes commerçants.
Les Suisses jouissaient des mêmes privilèges que les membres des régimes coloniaux européens — ils étaient des colons, mais sans patrie impérialiste. En 1861, l’économiste allemand #Arwed_Emminghaus admirait cette stratégie des « liens commerciaux étendus » de la Suisse et la considérait comme une variation de la politique expansionniste impériale des puissances coloniales : « Nul besoin de flottes coûteuses, ni d’administration coûteuse, ni de guerre ou d’oppression ; les #conquêtes se font par la voie la plus pacifique et la plus facile du monde. »
Sources (en allemand)
– Andreas Zangger: Koloniale Schweiz. Ein Stück Globalgeschichte zwischen Europa und Südostasien (1860-1930). Berlin 2011.
- Lea Haller: Transithandel: Geld- und Warenströme im globalen Kapitalismus. Frankfurt am Main 2019.
- Patricia Purtschert, Barbara Lüthi, Francesca (Hg.): Postkoloniale Schweiz: Formen und Folgen eines Kolonialismus ohne Kolonien
- Thomas David, Bouda Etemad, Janick Marina Schaufelbuehl: Schwarze Geschäfte. Die Beteiligung von Schweizern an Sklaverei und Sklavenhandel im 18. und 19. Jahrhundert. Zürich 2005.
- Hans Fässler: Reise in schwarz-weiss: Schweizer Ortstermine in Sachen Sklaverei. Zürich 2005.
▻https://www.swissinfo.ch/fre/la-suisse-et-ses-colonies/45906046
#colonialisme_suisse #Suisse_coloniale #colonialisme #colonisation #impérialisme
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Ajouté à la métaliste sur la Suisse coloniale:
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L’#écologie_municipale, ou la ville face à son histoire
Les verts élus dans les grandes #villes doivent faire un #choix : se focaliser sur la qualité de vie de leurs administrés au risque de renforcer la #fracture entre #centres urbains et #périphéries, ou au contraire renouer avec les #territoires_fantômes que les #métropoles consomment et consument.
Après le succès des candidatures et alliances écologistes dans certaines des plus grandes villes de France dimanche, une chose a très peu retenu l’attention des commentateurs politiques. C’est le paradoxe, au moins en apparence, d’une #métropolisation de l’écologie politique – le fait que les valeurs vertes semblent trouver dans les grands centres urbains leur principal lieu d’élection. Au lieu de s’interroger sur les motivations et les idéaux des personnes qui peuplent ces villes pour essayer d’y lire l’avenir, peut-être faut-il alors renverser la perspective et regarder l’objet même que constitue la #ville, sa réalité indissociablement écologique et politique.
Au regard de l’#histoire, cette #urbanisation des #valeurs_vertes ne va pas du tout de soi. La ville a souvent été définie, en Europe au moins, par l’enveloppe protectrice des remparts qui tenait à distance les ennemis humains et non humains (animaux, maladies), et qui matérialisait la différence entre l’espace de la cité et son pourtour agraire et sauvage. En rassemblant les fonctions politiques, symboliques, sacerdotales, les villes engendrent des formes de socialité qui ont fasciné les grands penseurs de la modernisation. Saint-Simon, par exemple, voyait dans la commune médiévale italienne l’origine du développement matériel et moral propre à la #modernité. Durkheim, plus tard, faisait de la ville le prototype du milieu fait par et pour l’humain, le seul espace où pouvait se concrétiser le projet d’#autonomie.
Aspirations urbaines
Mais les villes sont également devenues, avec le processus d’#industrialisation, de gigantesques métabolismes matériels. L’explosion démographique des métropoles industrielles au XIXe siècle va de pair avec la concentration du travail, de l’énergie, et plus largement des flux de matière qui irriguent l’économie globale. Au cœur des transformations de la vie sociale, la ville est aussi au cœur de ses transformations matérielles : elle aspire d’immenses quantités de ressources, pour les relancer ensuite dans le commerce sous forme de marchandises. En laissant au passage les corps épuisés des travailleurs et des travailleuses, ainsi que des montagnes de déchets visibles ou invisibles, résidus non valorisés du processus productif.
Ainsi la ville irradie le monde moderne de son prestige symbolique et culturel, mais elle tend aussi à déchirer le tissu des circularités écologiques. L’un ne va pas sans l’autre. Chaque ville, par définition, est tributaire de circuits d’approvisionnement qui alimentent ses fonctions productives, ou simplement qui la nourrissent et la débarrassent des contraintes spatiales. Chaque ville est entourée d’une périphérie fantôme qui l’accompagne comme son ombre, et qui est faite des #banlieues où vivent les exclus du #rêve_métropolitain, des champs cultivés et des sous-sols exploités. Chaque urbain mobilise malgré lui un espace où il ne vit pas, mais dont il vit.
L’une des sources de la #sensibilité_écologique contemporaine se trouve justement dans la critique de l’avant-garde urbaine. Dans l’Angleterre victorienne, William Morris ou John Ruskin retournent à la #campagne pour démontrer qu’une relation organique au #sol est susceptible de régénérer la civilisation, sans pour autant compromettre les idéaux d’émancipation. Mais ils luttaient contre une tendance historique dont l’extraordinaire inertie a rapidement provoqué la disqualification de ces expériences. Surtout pour le #mouvement_ouvrier, qui avait en quelque sorte besoin des formes spécifiquement urbaines d’#aliénation pour construire la #solidarité_sociale en réponse.
Si l’on replace dans cette séquence d’événements le phénomène d’urbanisation des attentes écologiques actuelles alors il y a de quoi s’interroger sur l’avenir. Deux trajectoires possibles peuvent s’esquisser, qui ont cela d’intéressant qu’elles sont à la fois absolument irréconciliables sur un plan idéologique et matériel, et quasiment impossibles à distinguer l’une de l’autre dans le discours des nouveaux édiles de la cité verte.
Faire atterrir le #métabolisme_urbain
D’un côté, on trouve le scénario d’une consolidation des #inégalités_sociales et spatiales à partir des valeurs vertes. Pour le dire de façon schématique, les grands pôles urbains poussent la #désindustrialisation jusqu’à son terme en éliminant les dernières nuisances et toxicités propres à la #ville_productive : elles se dotent de parcs, limitent les transports internes et créent des #aménités_paysagères (comme la réouverture de la Bièvre à Paris). C’est ce que la sociologie appelle la #gentrification_verte, dont #San_Francisco est le prototype parfois mis en avant par les prétendants écologistes aux grandes mairies. Au nom d’une amélioration difficilement critiquable de la qualité de vie, la ville des #parcs et #jardins, des boutiques bio, des #mobilités_douces et des loyers élevés court le risque d’accroître le #fossé qui la sépare des périphéries proches et lointaines, condamnées à supporter le #coût_écologique et social de ce mode de développement. #Paris est de ce point de vue caractéristique, puisque l’artifice administratif qui tient la commune à l’écart de sa banlieue est matérialisé par la plus spectaculaire infrastructure inégalitaire du pays, à savoir le #boulevard_périphérique.
Mais si le vert peut conduire à consolider la #frontière entre l’intérieur et l’extérieur, et donc à faire de la qualité de vie un bien symbolique inégalement distribué, il peut aussi proposer de l’abolir – ou du moins de l’adoucir. Une réflexion s’est en effet engagée dans certaines municipalités sur le pacte qui lie les centres-villes aux espaces fantômes qu’elles consomment et consument. La #renégociation de la #complémentarité entre #ville et #campagne par la construction de #circuits_courts et de qualité, l’investissement dans des infrastructures de #transport_collectif sobres et égalitaires, le blocage de l’#artificialisation_des_sols et des grands projets immobiliers, tout cela peut contribuer à faire atterrir le #métabolisme_urbain. L’équation est évidemment très difficile à résoudre, car l’autorité municipale ne dispose pas entre ses mains de tous les leviers de décision. Mais il s’agit là d’un mouvement tout à fait singulier au regard de l’histoire, dans la mesure où il ne contribue plus à accroître la concentration du capital matériel et symbolique à l’intérieur de la cité par des dispositifs de #clôture et de #distinction, mais au contraire à alléger son emprise sur les #flux_écologiques.
Le défi auquel font face les nouvelles villes vertes, ou qui prétendent l’être, peut donc se résumer assez simplement. Sont-elles en train de se confiner dans un espace déconnecté de son milieu au bénéfice d’une population qui fermera les yeux sur le sort de ses voisins, ou ont-elles engagé un processus de #décloisonnement_social et écologique ? L’enjeu est important pour notre avenir politique, car dans un cas on risque le divorce entre les aspirations vertes des centres-villes et la voix des différentes périphéries, des #ronds-points, des lointains extractifs, alors que dans l’autre, une fenêtre s’ouvre pour que convergent les intérêts de différents groupes sociaux dans leur recherche d’un #milieu_commun.
▻https://www.liberation.fr/debats/2020/06/30/l-ecologie-municipale-ou-la-ville-face-a-son-histoire_1792880
#verts #élections_municipales #France #inégalités_spatiales #mobilité_douce #coût_social ##décloisonnement_écologique
Le temps des ouvriers. Le temps de l’#usine (1/4)
Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des « damnés de la terre ».
Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie « industrielle et commerciale », portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d’ouvriers, sur des métiers appartenant à des marchands devenus industriels. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage.
Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière primitive, qui oppose à la main de fer de l’industrie naissante des révoltes spontanées et sporadiques, va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte, dans une alliance parfois malaisée avec les républicains anglais, inspirés par la Révolution française de 1789. Ses revendications sont sociales et politiques : réglementation du travail des enfants, salaires, durée du temps de travail, liberté syndicale, droit de grève, suffrage universel... Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, une classe ouvrière anglaise puissante et combative semble en mesure de faire la révolution.
Temps complet
La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lénine, Gorki – La révolution à contre-temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’informations. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.
►https://www.arte.tv/fr/videos/082189-001-A/le-temps-des-ouvriers-1-4
#documentaire #film_documentaire #film
#agriculture #cleasning #nettoyage #industrie #industrie_textile #industrialisation #expulsions_forcées #histoire #Ecosse #UK #exode_rural #déplacés_internes #IDPs #histoire #force_de_travail #classe_ouvrière #Highlands #désindustrialisation #compétition #factory_system #esclavage #Crowley #temps #contrôle_du_temps #salaires #profit #filatures #travail_d'enfants #enfants #femmes #New_Lanark #Robert_Owen #silent_monitor #école #Institut_pour_la_formation_du_caractère #paternalisme #contrôle #tyrannie #liberté_de_commerce #grève #émeute #insécurité_sociale #pauvreté #workhouse #criminalisation_de_la_pauvreté #résistance #Enoch #Great_Enoch #John_Ludd #général_Ludd #luddisme #luttes #insurrection #cadence #progrès_technique #accidents_de_travail #Angleterre #insurrection_luddite #massacre_de_Peterloo #odeur #intercheangeabilité
Sur le silent monitor :
This small four-sided wooden block was known as a ’silent monitor’ and was used by Robert Owen as a means of imposing discipline at his #New_Lanark_Mills.
Robert Owen was strongly opposed to the use of corporal punishment, so in order to keep discipline at the New Lanark Mills, he devised his own unique system. The ’silent monitors’ were hung next to each worker in the mills, with each side displaying a different colour. ’Bad’ behaviour was represented by the colour black; ’indifferent’ was represented by blue; ’good’ by yellow; and ’excellent’ by white. The superintendent was responsible for turning the monitors every day, according to how well or badly the worker had behaved. A daily note was then made of the conduct of the workers in the ’books of character’ which were provided for each department in the mills.
New Lanark :
Voir aussi les chansons qui sont chantées dans le documentaire :
#Smile_In_Your_Sleep
►https://seenthis.net/messages/848095
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The Cropper Lads
►https://seenthis.net/messages/848102
Hush, hush, time tae be sleepin
Hush, hush, dreams come a-creepin
Dreams o peace an o freedom
Sae smile in your sleep, bonnie baby
Once our valleys were ringin
Wi sounds o our children singin
But nou sheep bleat till the evenin
An shielings stand empty an broken
We stood, wi heads bowed in prayer
While factors laid our cottages bare
The flames fired the clear mountain air
An many lay dead in the mornin
Where was our fine Highland mettle,
Our men once sae fearless in battle?
They stand, cowed, huddled like cattle
Soon tae be shipped owre the ocean
No use pleading or praying
All hope gone, no hope of staying
Hush, hush, the anchor’s a-weighing
Don’t cry in your sleep, bonnie baby
–-> song about Scottish #Highland_Clearances :
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Highland_Clearances
#histoire #Ecosse #industrialisation #clearance #nettoyage #violence #terres #arrachement #déracinement #déplacements_forcés #Fuadaich_nan_Gàidheal #évacuations #déportation #décès #morts #histoire #agriculture #moutons #élevage #Highlands #montagne
#musique #chanson #musique_et_politique
ping @sinehebdo @odilon @reka @simplicissimus
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Découverte dans ce documentaire qui passe en ce moment sur Arte :
Le temps des ouvriers
►https://www.arte.tv/fr/videos/082189-001-A/le-temps-des-ouvriers-1-4
►https://seenthis.net/messages/848105
Une pièce de théâtre autour de ces événements :
The Cheviot, the Stag, and the Black Black Oil
The Cheviot, the Stag and the Black, Black Oil is a play written in the 1970s by the popular playwright #John_McGrath. From April 1973, beginning at a venue in Aberdeen (Aberdeen Arts Centre), it was performed in a touring production in community centres on Scotland by 7:84 and other community theatre groups. A television version directed by John Mackenzie was broadcast on 6 June 1974 by the BBC as part of the Play for Today series.
▻https://en.wikipedia.org/wiki/The_Cheviot,_the_Stag,_and_the_Black_Black_Oil
Du coup, je découvre aussi ce site web d’un groupe où j’ai trouvé la chanson et qui va beaucoup plaire à @sinehebdo (mais pas que...)
Three Acres And A Cow. A history of land rights and protest in folk song and story
Telling the history of land, housing and food in Britain is always a multi-stranded narrative. On one side we have the history of enclosure, privatisation and the dispossession of land based communities; on the other we have the vibrant histories of struggle and resistance that emerged when people rose up and confronted the loss of their lands, cultures and ways of life.
These multiple histories go largely undocumented in the literature of the times, often expressed simply as a hanging here and an uprising there, yet in the music and stories of the people they take on a different life.
‘Three Acres And A Cow’ connects the Norman Conquest and Peasants’ Revolt with Brexit, fracking and our housing crisis via the Enclosures, English Civil War, Irish Land League and Industrial Revolution, drawing a compelling narrative through the radical people’s history of England in folk song, story and poem.
Part TED talk, part history lecture, part folk club sing-a-long, part poetry slam, part storytelling session… Come and share in these tales as they have been shared for generations.
Le blog :
▻https://threeacresandacow.co.uk/blog
#résistance
Song On The Times
You working men of England one moment now attend
While I unfold the treatment of the poor upon this land
For nowadays the factory lords have brought the labour low
And daily are contriving plans to prove our overthrow
So arouse! You sons of freedom! The world seems upside down
They scorn the poor man as a thief in country and in town
There’s different parts in Ireland, it’s true what I do state
There’s hundreds that are starving for they can’t get food to eat
And if they go unto the rich to ask them for relief
They bang their door all in their face as if they were a thief
So arouse! You sons of freedom! The world seems upside down
They scorn the poor man as a thief in country and in town
Alas how altered are the times, rich men despise the poor
And pay them off without remorse, quite scornful at their door
And if a man is out of work his Parish pay is small
Enough to starve himself and wife, his children and all
So arouse! You sons of freedom! The world seems upside down
They scorn the poor man as a thief in country and in town
▻https://www.youtube.com/watch?v=caWkGxu3Mgw
Version #Chumbawamba :
#Dùthaich_Mhic_Aoidh – song about the Highland clearances in Sutherland, Scotland for sheep
Mo mhallachd aig na caoraich mhòr
My curse upon the great sheep
Càit a bheil clann nan daoine còir
Where now are the children of the kindly folk
Dhealaich rium nuair bha mi òg
Who parted from me when I was young
Mus robh Dùthaich ‘IcAoidh na fàsach?
Before Sutherland became a desert?
Tha trì fichead bliadhna ‘s a trì
It has been sixty-three years
On dh’fhàg mi Dùthaich ‘IcAoidh
Since I left Sutherland
Cait bheil gillean òg mo chrìdh’
Where are all my beloved young men
‘S na nìonagan cho bòidheach?
And all the girls that were so pretty?
Shellar, tha thu nist nad uaigh
Sellar, you are in your grave
Gaoir nam bantrach na do chluais
The wailing of your widows in your ears
Am milleadh rinn thu air an t-sluagh
The destruction you wrought upon the people
Ron uiridh ‘n d’ fhuair thu d’ leòr dheth?
Up until last year, have you had your fill of it?
Chiad Dhiùc Chataibh, led chuid foill
First Duke of Sutherland, with your deceit
‘S led chuid càirdeis do na Goill
And your consorting with the Lowlanders
Gum b’ ann an Iutharn’ bha do thoill
You deserve to be in Hell
Gum b’ fheàrr Iùdas làmh rium
I’d rather consort with Judas
Bhan-Diùc Chataibh, bheil thu ad dhìth
Duchess of Sutherland, where are you now?
Càit a bheil do ghùnan sìod?
Where are your silk gowns?
An do chùm iad thu bhon oillt ‘s bhon strì
Did they save you from the hatred and fury
Tha an diugh am measg nan clàraibh?
Which today permeates the press?
Mo mhallachd aig na caoraich mhòr
My curse upon the great sheep
Càit a bheil clann nan daoine còir
Where now are the children of the kindly folk
Dhealaich rium nuair bha mi òg
Who parted from me when I was young
Mus robh Dùthaich ‘IcAoidh na fàsach?
Blog super intéressant, merci, mais musique pas très rock’n’roll...
The enduring culture and limits of political song
Simon Cross, Cogent Arts & Humanities 4:1 (2017)
▻https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23311983.2017.1371102
[La bande à Piksou] Enregistrement - #industrie au sud ?
▻http://www.radiopanik.org/emissions/la-bande-a-picsou/industrie-au-sud-pas-sur-
« Le #développement de l’activité industrielle est-il un passage obligé pour sortir les sociétés de la pauvreté ? »
Ca, c’est une question récurrente, pour plein de monde : des écologistes aux libéraux en passant par... les industriels aux-mêmes, les financiers, les syndicats, les décroissants, les politiques, les ... Tout le monde, en fait !
Et cette question revient sur le devant de la scène. Souvenez-vous des années 90 & 2000 où des dirigeants évoquaient un futur avec « des entreprises sans usines ! ». Ben, on dirait que ça marche pas !
Justement, une des manières d’essayer de répondre à cette question, c’est d’envisager ce que devient une société où les usines disparaissent ! C’est ce qui arrive actuellement dans beaucoup de pays du « sur ».
Et c’est ce qui est évoqué et analysé dans l’ouvrage "Quêtes (...)
#CETRI #ça_déménage #Boeing #industrie,CETRI,ça_déménage,développement,Boeing
▻http://www.radiopanik.org/media/sounds/la-bande-a-picsou/industrie-au-sud-pas-sur-_07891__0.mp3
Quêtes d’#industrialisation au Sud
Transformer ses matières premières plutôt que les exporter à des prix vils ou instables. Longtemps considérée comme la « voie royale du développement », l’industrialisation est aujourd’hui un enjeu marginal au sein des discours internationaux sur le développement.
Révolution néolibérale, lutte contre la pauvreté et urgence écologique sont passées par là. Autrefois clé du « nouvel ordre économique international » défendu par les forces se réclamant du « tiers-monde », elle a pris le rôle de « mère de tous les maux » – pollutions, exploitation des travailleurs et des travailleuses, expropriations… – dans le plaidoyer d’une certaine société civile post-industrielle.
Il existe, dans ce domaine comme dans tant d’autres, un déphasage Nord-Sud indéniable : davantage que ses effets négatifs potentiels, ce sont les ingrédients du #décollage _ndustriel qui sont au centre des préoccupations des élites intellectuelles et politiques dans beaucoup de pays pauvres et émergents.
En la matière, bonne gouvernance et libéralisation ne font plus recette, l’exemple est-asiatique démontrant le rôle décisif des politiques industrielles et des marges de manœuvre nationales.
Si l’essor de la Chine fascine, il est aussi à l’origine du mouvement inquiétant de « #désindustrialisation_précoce » qui touche les économies latino-américaines et africaines. L’inversion de cette tendance est possible et ne dépend pas de la seule faculté des États à attirer les investisseurs étrangers en misant sur le moins-disant social, environnemental ou fiscal.
Tolkien, technocritique et héraut d’une écologie de combat
▻https://reporterre.net/Tolkien-technocritique-et-heraut-d-une-ecologie-de-combat
J.R.R. Tolkien, le célèbre auteur du « Seigneur des anneaux », était un ardent défenseur de la nature contre les ravages de l’industrialisation. À l’occasion de l’exposition « Tolkien, voyage en Terre du Milieu », Reporterre vous emmène à la découverte d’un pan méconnu de la personnalité de cet écrivain à l’imaginaire foisonnant.
[…]
Devenu professeur à Oxford, Tolkien voit dans la Seconde Guerre mondiale la confirmation que le monde moderne et industriel court à sa perte. « Il y a seulement un point positif : l’habitude grandissante qu’ont les hommes mécontents de dynamiter les usines et les centrales électriques ; j’espère que cela, maintenant que c’est encouragé comme un acte de “patriotisme”, pourra rester une habitude ! Mais cela ne sera aucunement profitable si ce n’est pas universel », écrivit-il le 29 octobre 1943 à son fils Christopher, lui-même engagé dans la Seconde Guerre mondiale. « Donc, la Première Guerre des Machines semble toucher à son dernier chapitre, sans conclusion — en laissant, hélas, tout le monde plus pauvre, beaucoup dans le deuil ou blessé, et des millions, morts ; et une seule chose qui triomphe : les Machines. Puisque les serviteurs des machines deviennent une classe privilégiée, les Machines vont être infiniment plus puissantes. Que vont-elles faire ensuite »
#Tolkien #écologie #critique_techno #industrialisation #Le_seigneur_des_anneaux #William_Morris (influence de)
Politique industrielle au #Chili : pour un nouveau paradigme
▻https://www.cetri.be/Politique-industrielle-au-Chili
Le débat sur l’importance de l’industrie manufacturière a longtemps été occulté par le néolibéralisme. La majeure partie de l’Amérique latine est confrontée à une désindustrialisation suite aux politiques adoptées ces dernières décennies. À l’encontre du modèle actuel, une politique industrielle est envisageable au Chili, qui reposerait sur la formation de clusters autour de ses principales ressources (...)
/ Chili, #Industrialisation
#Pakistan et Asie de l’Est : des politiques industrielles aux résultats contrastés
▻https://www.cetri.be/Pakistan-et-Asie-de-l-Est-des
Le rôle de l’État développeur a été déterminant dans la croissance du secteur manufacturier dans plusieurs pays asiatiques. La Corée du Sud en particulier s’est développée en une génération grâce à un processus de rattrapage technologique maîtrisé. Le Pakistan doit s’inspirer de ces expériences pour mettre en place un cadre institutionnel propice à la mise à niveau technologique de son tissu (...)
/ Pakistan, #Industrialisation
#Inde : des réformes au détriment de l’industrialisation
▻https://www.cetri.be/Inde-des-reformes-au-detriment-de
En Inde, les réformes économiques néolibérales de 1991 devaient à la fois stimuler la croissance économique, libérer le potentiel industriel et amener la prospérité. Ce triple objectif n’a pas été atteint. Malgré une croissance relativement soutenue, l’industrie n’a pas vraiment décollé, tandis que le chômage et la pauvreté sont demeurés très élevés. Les rôles respectifs du marché et de l’État dans l’industrialisation sont (...)
/ Inde, #Industrialisation
De quel type de politique industrielle avons-nous besoin ?
▻https://www.cetri.be/De-quel-type-de-politique
La politique industrielle est en voie de réhabilitation dans les stratégies internationales de développement. Au-delà de la quête d’insertion dans les chaînes de valeur mondiales, le processus d’industrialisation exige que les États se redonnent les leviers permettant de soutenir le processus de modernisation technologique et se ménagent un degré de contrôle sur les flux financiers comme sur les disciplines (...)
Quelle politique d’industrialisation numérique pour le Sud ?
▻https://www.cetri.be/Quelle-politique-d
La numérisation de l’économie pose aujourd’hui d’importants défis aux pays en développement. Des défis qui dépassent de loin les seuls enjeux liés à l’échange de biens et de services sur internet. Au risque de se retrouver piégé dans de nouveaux rapports de dépendance et d’exploitation vis-à-vis du Nord, il est urgent pour le Sud de se doter d’une véritable politique d’industrialisation numérique, en protégeant ses propres (...)
Histoire des métiers (1/4) : Résister à la technique ou la dompter ? Les métiers face aux technologies
▻https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-metiers-14-resister-a-la-technique-ou-la-dompter-les-meti
C’est en ce moment, on y parle des #typographes
Pour ouvrir cette semaine consacrée à l’histoire des métiers, Emmanuel Laurentin reçoit François Jarrige, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, grand spécialiste de l’#histoire des #techniques, de l’#industrialisation, et des enjeux sociaux qui leur sont liés.
Au XIXème siècle, le développement technologique s’accélère comme jamais auparavant, les nouvelles techniques gagnent tous les pans de la société et la modifient en profondeur, et en premier lieu, le monde du travail. Ouvriers, artisans, comment les travailleurs voient-ils leur activité et par conséquent tout leur quotidien modifié, et comment appréhendent-ils ces changements ? L’univers machinique nouveau a-t-il suscité des résistances, des enthousiasmes ? Comment les penseurs du travail s’en sont-ils emparés ?
Le véganisme fait-il le jeu du capitalisme ? (France Culture, 27.02.17)
▻https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/le-veganisme-fait-il-le-jeu-du-capitalisme
« Être anti-vegan, c’est défendre l’unité du genre humain » (Paul Ariès, L’Humanité, 30.01.2019)
▻https://www.humanite.fr/alimentation-etre-anti-vegan-cest-defendre-lunite-du-genre-humain-667130
Les #vegan sont les chevaux de Troie de l’#industrialisation et de la #dépolitisation des enjeux agricoles et alimentaires. Voilà plusieurs années que de grands PDG […], affirment qu’il faut en finir avec la viande d’élevage. Leur objectif est d’imposer sur le #marché les fausses viandes, qu’elles soient végétales ou cellulaires. Ces dernières relèvent de la prouesse #biotechnologique.
[…]
Oui, mais je n’oppose pas #protéines végétales et protéines animales. Or, c’est cela, le piège tendu. On est en train de nous faire croire que notre régime alimentaire d’#omnivores a intrinsèquement une responsabilité dans la #crise_climatique ou celle de la #faim. Or c’est faux. C’est le développement de l’#élevage_industriel et intensif qui conduit aux travers environnementaux et sanitaires que l’on sait. Et c’est précisément cette responsabilité que le #capitalisme refuse de nommer.
[…]
Le mouvement vegan est la figure de proue du courant #antispéciste, derrière lequel on trouve un philosophe clé, Peter Singer, auteur de la #Libération_animale, qui prône l’égalité entre tous les #êtres_vivants. Cela peut paraître une belle idée, mais il nous dit très vite qu’un jeune chien est plus digne d’intérêt qu’un nourrisson, qu’un grand handicapé ou qu’un vieillard sénile. Il réintroduit de la division, et elle n’est pas spécifiquement favorable à nos frères humains.
Excavating Calabazas Creek : An Inefficient Route Through Silicon Valley, by Jenny Odell
▻https://medium.com/@the_jennitaur/excavating-calabazas-creek-an-inefficient-route-through-silicon-valley-8f6d0
Magnifique enquête (ou déambulation) #cartographique dans l’#histoire de la #Silicon_Valley, à la recherche d’un vieil arroyo qui passe sous le nouveau « campus » d’#Apple.
#Forêts : l’ONF en butte à des difficultés financières - Sciences et Avenir
▻https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/forets-l-onf-en-butte-a-des-difficultes-financieres_130876
Dernier coup d’éclat des agents, le rassemblement fin octobre de centaines d’entre eux dans la forêt de Tronçais (Allier) pour dénoncer également l’"industrialisation croissante" des forêts publiques.
« On est en train de faire sauter les digues qui protègent la forêt de l’#industrialisation »
Ces dernières représentent, hors départements d’outre-mer, plus du quart de la forêt française. Elles comptent surtout les arbres les plus convoités de la futaie hexagonale, de magnifiques chênes centenaires, recherchés dans le monde entier, notamment en Asie, au grand désespoir des scieurs et industriels français.
« Il est urgent de réagir. On est en train de faire sauter les digues qui protègent la forêt de l’industrialisation et de la malforestation. Aujourd’hui, on nous dit qu’on n’a pas de temps à perdre pour faire des plans durables de gestion de la ressource. On coupe, on coupe », avait déclaré lors de la manifestation en forêt Frédéric Bedel, représentant syndical de Snupfen Solidaires, premier syndicat de l’ONF.
#pollution Près de #Marseille, #Berre est un étang très étudié tant pour ses ressources que pour les #risques sanitaires et environnementaux que l’#industrialisation fait courir
►https://sms.hypotheses.org/12577
#écologie,#pollution, #polluer, #industrie, #industriel, #Berre, #France, #risque, #sanitaire, #social, #environnement, #étang, #ressource
Pays longtemps fermé, la Chine est désormais ouverte malgré la persistance d’un système politique autoritaire. Elle est en outre devenue un des moteurs de l’économie mondiale.
►https://sms.hypotheses.org/12951
#chine, #chinois, #mutations, #croissance, #urbanisation, #industrialisation, #développement, #émergent, #pauvreté, #histoire, #communisme, #économie, #société, #totalitarisme, #globalisation, #ouverture, #modèle, #réforme
#pollution Près de #Marseille, #Berre est un étang très étudié tant pour ses ressources que pour les #risques sanitaires et environnementaux que l’#industrialisation fait courir
►https://sms.hypotheses.org/12577
#pollution, #pollueur, #polluer, #entreprise, #Berre, #étang, #Marseille, #industrie, #chimie, #risque, #sanitaire, #environnement, #industrialisation, #écologie, #histoire, #documentaire, #film
Usines à gaz
▻http://www.laviedesidees.fr/Usines-a-gaz.html
En prenant pour objet d’étude le « brouillard de la Meuse » de 1930, un épisode important dans l’histoire de la régulation de la #pollution industrielle, Alexis Zimmer revient sur les conséquences sanitaires de ce désastre, qui furent à l’origine de réflexions menées, dans les années suivantes, par différentes institutions au niveau local et international.
/ #risque, pollution, #industrialisation
Le choix de polluer
►http://www.laviedesidees.fr/Le-choix-de-polluer.html
Dans une synthèse inédite d’histoire mondiale, François Jarrige et Thomas Le Roux explorent les sources politiques et scientifiques des pollutions et montrent que leur #mondialisation à l’âge industriel n’avait rien d’inéluctable.
Livres & études
/ mondialisation, #environnement, #pollution, #industrialisation
Les scientifiques, au premier rang desquels les chimistes, ont joué un rôle éminent dans cette évolution juridique et politique, « en redéfinissant le sain et le malsain, et la frontière entre l’incommodité et l’insalubrité » (p. 102).
La deuxième partie développe plus particulièrement le rôle de ces scientifiques au cours du XIXe siècle (1830-1914). Ayant accaparé le rôle d’experts, ils produisirent des recherches aboutissant à une « naturalisation des pollutions » (p. 106). Ces travaux tendaient à les présenter comme inhérentes à l’industrialisation, elle-même imposée comme un « progrès » évidemment désirable et bénéfique malgré des contestations et des discussions de plus en plus vives.
#science #scientifiques #progressisme #Progrès #expertise #industrie
On achève bien les éleveurs. Résistances à l’#industrialisation de l’élevage
Ce que nous nommons encore #élevage se trouve aujourd’hui pris entre deux feux. D’un côté, le souci légitime de l’impact écologique et sanitaire de la production industrielle de #viande et de produits d’origine animale rejoint le refus de maltraiter – voire tuer – les animaux. De cela émerge une remise en cause profonde du geste d’élevage. Est-ce là un progrès pour notre humanité ou un nouveau stade de l’« administration du désastre » ? De l’autre côté, les éleveurs sont dépossédés de leur métier par des procédures toujours plus rigides et intrusives : puçage #RFID des ovins et caprins, chantage aux primes agricoles, bureaucratisation croissante, reproduction artificielle… Décriés d’une part, ils sont administrés de l’autre – en attendant que disparaisse la possibilité même d’élever des animaux autrement qu’en les concentrant dans de gigantesques usines. Ces menaces qui pèsent sur l’élevage sont un des symptômes de la soumission toujours plus grande de toutes et tous à la société industrielle. Le monde se referme alors que la liberté s’efface devant le contrôle systématique : au fond, ce que nous faisons subir aux animaux, nous nous l’infligeons également à nous-mêmes. Éleveurs et chercheurs qui les accompagnent dans leurs luttes, toutes et tous expliquent dans ce livre pourquoi l’élevage doit être préservé afin que nos vies restent authentiquement humaines.
▻http://lescahiersdubruit.com/on-acheve-bien-les-eleveurs
En décembre 2017, est paru chez L’échappée On achève bien les éleveurs. Ce beau livre grand format s’attaque à un sujet important, celui de l’élevage et de notre rapport à celui-ci. Il s’agit d’un recueil d’entretiens (brillamment) illustrés, classés en grands chapitres qui interrogent des domaines aussi variés que la politique agricole du 20ème siècle, les rapports historiques entre humains et animaux, l’agriculture biologique, le puçage des bêtes, l’acte de tuer un animal… Les personnes interrogées sont des universitaires, des chercheurs, des éleveurs, des militants, dont les points de vue se complètent ou se font écho. Aux cahiers du bruit, nous avons eu envie de poser quelques questions à Aude Vidal, qui a coordonné le livre, et à Guillaume Trouillard, qui l’a illustré. Ils ont eu la gentillesse de nous répondre :
Le jeudi 31 mai 2018 à 20h00
ON ACHÈVE BIEN LES ÉLEVEURS
Présentation-débat en présence d’Aude Vidal et de Jocelyne Porcher // dès 20h dans la librairie (23 rue Voltaire Paris XIe, m° Rue des Boulets ou Nation).
▻http://www.librairie-quilombo.org/on-acheve-bien-les-eleveurs
La jeune #Russie_soviétique était #écologiste... puis #Staline vint
▻https://reporterre.net/La-jeune-Russie-sovietique-etait-ecologiste-puis-Staline-vint
La jeune Russie des soviets fut, entre 1917 et 1927, le pays du monde le plus avancé en matière d’#écologie et de #protection_de la_nature, assure l’auteur de cette tribune. Avant que les purges staliniennes ne frappent les écologistes et n’impose l’#idéologie productiviste.
#phytosociologie #biocénologie #dynamique_trophique #vladimir_vernadski #biosphère #socialisme #kojevnikov #chasse #déboisement #érosion #pêche #parc_naturel #NEP #science #Goskomitet #revue_Conservation
Pourquoi ne pas utiliser le mot #Industrialisation ? #révolution_industrielle ?
On achève bien les éleveurs
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/On-acheve-bien-les-eleveurs
Un livre d’entretiens édité par Aude Vidal, illustré par Guillaume Trouillard
Avec Jean-Pierre Berlan, Jocelyne Porcher, Xavier Noulhianne, Christophe Richard, le groupe Marcuse, Fabrice Jaragoyhen, les fermiers du Pic-Bois et Stéphane Dinard
144 pages, 24 euros
Parution le 1er décembre 2017
À l’origine de ce livre, le dessinateur Guillaume Trouillard. Loin de se contenter d’illustrer les entretiens qui sont ici retranscrits et mis en forme, il a ouvert les premières pistes de ce qui est devenu On achève bien les éleveurs. C’est lui que la lecture de La Liberté dans le coma, ouvrage du groupe Marcuse, a convaincu de la nécessité d’aborder la question du puçage des bêtes, du contrôle et plus globalement de l’administration du métier d’éleveur… et des résistances à cette lame de fond. C’est encore lui qui, après avoir découvert la chercheuse Jocelyne Porcher et l’éleveur Xavier Noulhianne dans l’émission de Ruth Stegassy sur France Culture, « Terre à terre », a souhaité que nous les rencontrions.
[…]
Dans les milieux écologistes radicaux et anarchistes, l’antispécisme et la condamnation de l’élevage deviennent peu à peu une évidence, au titre de la lutte contre toutes les dominations : celle des hommes sur les femmes mais aussi des blanc-hes sur les personnes racisées, des adultes sur les enfants, celle enfin des humain-es sur les animaux. De prime abord, lutter contre ces dominations semble une nécessité, morale et politique. Mais, à la réflexion, la réduction des relations entre êtres humains et animaux à un rapport de domination fait perdre de vue le tableau qui est présenté ici : celui de la soumission toujours plus forte de toutes et tous à la société industrielle. Le monde se referme, la liberté cède le pas devant le contrôle systématique, les relations deviennent inhumaines : au fond, ce que nous faisons vivre aux animaux (une vie administrée), nous nous l’infligeons à nous-mêmes. Un point de vue critique de l’industrialisme, pas seulement anticapitaliste, est alors nécessaire. Des éleveurs et éleveuses, des chercheurs et chercheuses l’expriment dans ce livre.
#livre #élevage #Aude_Vidal #Guillaume_Trouillard #alimentation #agriculture #industrialisation
La question animale n’est cependant pas réductible à la question environnementale et les productions végétales sont soumises aux mêmes logiques prédatrices et destructrices. Le problème n’est donc pas tant le type de production, animale ou végétale, que le mode de production, capitaliste et industriel. Même si l’impact est démultiplié avec les animaux, il faut se garder d’une « administration du désastre » et éviter de raisonner depuis le point de vue de consommateurs et de consommatrices urbaines en criant haro sur le baudet. Nous devons penser l’élevage au cœur d’une réflexion sur l’agriculture, la campagne et ses prairies. Il s’agit de considérer toute la diversité paysagère, donc biologique, que l’on doit à l’élevage, son imbrication avec l’agriculture, tout ce que les animaux apportent en agriculture biologique et la nécessité (sauf à renouveler fondamentalement la manière dont nous cultivons) d’avoir sur une ferme ni trop ni trop peu de bêtes. Derrière les alertes consensuelles sur l’impact écologique des productions animales avance le refus de toute relation d’élevage.
@vazi question technique comment tu fais pour avoir le liens du message ? je voudrais mettre en lien l’émission de radio.
@aktivulo1 Dans ce cas, j’ai affiché le message et simplement fait un copier/coller de son adresse.
Pour les émissions radio j’ouvre le lien permettant la ré-écoute et pareil : copier/coller de l’adresse.
Voir l’émission de radio Itw d’Aude Vidal