#infanterie

  • L’#errance des habitants de #Gaza dans leur ville transformée en champ de #ruines

    Près de la moitié des bâtiments de la métropole, qui comptait plus d’un million d’habitants avant la guerre, a été détruite ou endommagée par les #bombardements israéliens lancés en #représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre.

    Gaza est une ville brisée. Un géant aveugle semble avoir piétiné des pans entiers de cette métropole de 1,2 million d’habitants. Depuis les massacres commis par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, les bombardements indiscriminés de l’armée israélienne l’ont ruinée pour une bonne part. L’armée cherche un ennemi qui se cache au beau milieu des civils, mais elle punit aussi une cité entière, jugée, dès les premiers jours, coupable des crimes du Hamas par les autorités israéliennes.

    Des lointaines banlieues nord de la #ville de Gaza, il ne reste que des carcasses calcinées, arasées par les frappes qui ont préparé l’invasion terrestre du 28 octobre. En trois semaines, les blindés et l’infanterie se sont rendus maîtres de la moitié ouest de la principale cité de l’enclave, progressant lentement sous un appui aérien serré, qui a percé de nombreux cratères le long des boulevards de Rimal et aux alentours des hôpitaux. Des combats ont encore eu lieu, dimanche 19 novembre, dans le centre-ville de Gaza. L’armée israélienne a affirmé, lundi, continuer « à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers » , notamment à Jabaliya.

    Depuis vendredi 17 novembre, l’#infanterie avance vers les ruelles étroites de la #vieille_ville, le centre et la moitié orientale de Gaza. Qu’en restera-t-il dans quelques semaines, lorsque Israël proclamera que le Hamas en a été chassé ? Dimanche, 25 % des zones habitées de la ville et de sa région nord avaient déjà été détruites, estime le ministère des travaux publics de l’Autorité palestinienne.

    Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires avance qu’au moins 58 % des habitations de l’ensemble de l’enclave sont détruites ou endommagées. L’étude de photographies satellitaires, à l’aide d’un logiciel développé par le site Bellingcat, permet d’estimer, avec prudence, que de 40 % à 50 % du bâti de la ville de Gaza avaient été détruits ou endommagés au 16 novembre – et jusqu’à 70 % du camp de réfugiés d’Al-Chati, sur le front de mer.

    Errance aux quatre coins de la ville

    Les autorités de Ramallah dressent des listes sans fin : elles dénombrent 280 institutions d’éducation et plus de 200 lieux de culte endommagés. Tous les hôpitaux de Gaza sont à l’arrêt, sauf un. Les réseaux de distribution d’eau et d’électricité sont inutilisables. Un quart des routes de l’enclave ont subi des dommages.

    « Gaza est d’ores et déjà détruite. Ce n’est plus qu’une ville fantôme, peuplée de quelques centaines de milliers de déplacés [800 000, selon l’Autorité palestinienne] . Les Israéliens ont voulu punir l’une des plus anciennes cités du monde, en frappant ses universités, ses librairies, ses grands hôtels, son parlement et ses ministères, déplore Ehab Bsaiso, ancien ministre de la culture de l’Autorité palestinienne . Le 13 novembre, une immense professeure de musique, Elham Farah, a été blessée en pleine rue par un éclat de shrapnel. Elle s’est vidée de son sang sur le trottoir, et elle est morte. C’est toute une mosaïque sociale, une culture qu’ils effacent, et bientôt les chars vont avancer vers le Musée archéologique et la vieille église orthodoxe Saint-Porphyre, dont une annexe a été bombardée dès le 19 octobre. » Issu d’une vieille famille gazaouie, ce haut fonctionnaire suit par téléphone, de Bethléem, dans la Cisjordanie occupée, l’errance de ses proches aux quatre coins de leur ville natale et de l’enclave sous blocus, le cœur serré.

    Depuis vendredi, l’armée bombarde puissamment le quartier de Zeitoun, dans le centre-ville. Oum Hassan y est morte ce jour-là. Les trois étages de sa maison se sont écroulés sur ses onze enfants, sur ses petits-enfants et sur des membres des familles de son frère et de son mari. Ils avaient trouvé refuge chez cette parente de 68 ans, après avoir fui des zones pilonnées plus tôt. « Ils sont tous morts. Ma sœur, son mari, leurs enfants, leurs petits-enfants, en plus des voisins qui étaient réfugiés chez eux » , craignait, le 18 novembre, Khaled [un prénom d’emprunt], le frère cadet d’Oum Hassan, exilé en Europe et informé par des voisins qui fouillent les décombres. « On a réussi à extraire deux ou trois corps, des enfants. Les autres sont encore sous les gravats. Il y avait environ 80 personnes dans la maison. Il y a un enfant survivant, peut-être deux. »

    Israël interdit aux journalistes d’entrer dans Gaza pour constater par eux-mêmes ces destructions. Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé jusqu’au début de la guerre par le Hamas, n’a pas encore publié lui-même un bilan de cette frappe : les réseaux téléphoniques se rétablissent lentement depuis vendredi, après une énième coupure complète. Depuis le 7 octobre, il estime qu’au moins 13 000 personnes ont péri sous les bombardements.

    « On marche sur nos voisins, sous les décombres »

    Depuis le début de cette guerre, le 7 octobre, Khaled maintient par téléphone un lien ténu entre ses six frères et sœurs encore en vie, éparpillés dans l’archipel de Gaza. Il demande que leurs noms soient modifiés, et que leurs abris ne soient pas identifiables. « Ils m’interrogent : “C’est quoi, les nouvelles ? Tu entends quoi ?” Parfois, je ne sais plus quoi leur dire et j’invente. Je prétends qu’on parle d’un cessez-le-feu imminent, mais je fais attention de ne pas leur donner trop d’espoir. »

    Le centre du monde, pour cette fratrie, c’est la maison de leur défunte mère, dans le quartier de Chajaya. Le fils aîné, Sufyan, vit encore dans un bâtiment mitoyen. A 70 ans, il est incapable de le quitter. Il a subi plusieurs opérations cardiaques : « Son cœur marche sur batterie. Il mourra s’il a une nouvelle crise », craint son cadet, Khaled. Trois de ses enfants ont choisi de demeurer à ses côtés, plutôt que de fuir vers le sud de l’enclave, où les chars israéliens ne sont pas encore déployés.

    D’autres parents les ont rejoints dans ce quartier qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Dès les premiers jours, l’armée israélienne a bombardé cette immense banlieue agricole, qui s’étend à l’est de Gaza, jusqu’à la frontière israélienne. Les représentants de ses vieilles familles, les clans Faraj, Jandiya ou Bsaiso, menés par le mokhtar(juge de paix) Hosni Al-Moghani, ont exhorté leurs voisins à évacuer, par textos et en passant de porte en porte.

    Ils craignaient de revivre la précédente invasion terrestre israélienne, en 2014, durant laquelle l’armée avait rasé Chajaya. Au-delà du mur israélien, tout près, s’étendent les kibboutz de Nahal Oz et de Kfar Aza, où le Hamas a semé la mort le 7 octobre. Ces communautés, longtemps agricoles, exploitaient les terres dont les grandes familles de Chajaya ont été expropriées en 1948, à la naissance de l’Etat d’Israël.

    Derrière la maison natale de Khaled, un pâté de maisons a été aplati par les bombes israéliennes, fin octobre. « Le feu et la fumée sont entrés jusque chez nous, la maison a vibré comme dans un tremblement de terre. Les portes et les fenêtres ont été arrachées » , lui a raconté l’une de ses nièces. Les enfants épuisés ne se sont endormis qu’à l’aube. Le lendemain, Sufyan, le patriarche, pleurait : « On marche sur nos voisins, sous les décombres. »Ce vieil homme se désespère de voir ces rues s’évanouir sous ses yeux. Il ressasse ses souvenirs. L’antique mosquée voisine, celle de son enfance, a été endommagée en octobre par une autre frappe, et le vieux pharmacien des environs a plié bagage, après que son échoppe a été détruite.

    Morne succession de blocs d’immeubles

    Dans les années 1970, du temps de l’occupation israélienne, le chemin de fer qui reliait Gaza à l’Egypte courait encore près de ces ruines. « Enfants, on montait sur le toit de la maison quand on entendait arriver les trains israéliens, et on comptait les blindés camouflés qu’ils transportaient vers le Sinaï » , se souvient Khaled. Aujourd’hui, ses petits-neveux regardent passer à pied les cohortes de Gazaouis qui quittent leur ville par milliers. Sur la route Salah Al-Din, chaque jour entre 9 heures et 16 heures depuis le 9 octobre, ils agitent des drapeaux blancs devant les blindés que l’armée israélienne a enterrés dans des trous de sable, dans une vaste zone arasée au sud.

    Début novembre, un second frère, Bassem, a rejoint la maison maternelle, après des semaines d’errance. Cet ancien promoteur immobilier, âgé de 68 ans, vivait à Tel Al-Hawa, une morne succession de blocs d’immeubles aux façades uniformes et poussiéreuses, qui borde la mer à l’extrémité sud-ouest de la ville de Gaza. Dès les premiers jours de bombardements, une frappe a tué son voisin, un avocat. Bassem a quitté immédiatement les lieux, avec sa trentaine d’enfants et de petits-enfants. Ils l’ignoraient alors, mais l’armée préparait son opération terrestre : les blindés qui ont pénétré l’enclave le 28 octobre ont rasé un vaste espace au sud de Tel Al-Hawa, pour en faire leur base arrière.

    Bassem souffre d’un cancer du côlon. Il transporte son « estomac »(un tube de plastique greffé) dans un sac. Marcher lui est difficile. Epaulé par ses enfants, il s’est établi chez des proches, plus près du centre, aux environs du cinéma Nasser, fermé au début des années 1980. A deux rues de son abri, il a retrouvé l’un des plus vieux parcs de Gaza, une merveille fermée le plus clair de l’année, dont seuls de vieux initiés gardent le souvenir. Puis l’armée a progressé jusqu’à la place Al-Saraya, un complexe administratif, une ancienne prison de l’occupant israélien. Bassem et les siens ont quitté les lieux.

    Communauté de pêcheurs

    Le propriétaire d’une vieille camionnette Volkswagen a bien voulu l’embarquer vers la maison de sa mère à Chajaya, avec sa nièce, une jeune photographe qui aurait dû se rendre en Europe, le 10 octobre, invitée pour une résidence d’artiste. Les autres se sont séparés. Plusieurs enfants de Bassem ont gagné le sud de l’enclave. D’autres ont rejoint leur tante, Oum Hassan, dans sa maison de Zeitoun, où ils ont été bombardés le 17 novembre.

    S’il est un lieu aujourd’hui méconnaissable de Gaza, c’est son front de mer. La nuit, les pêcheurs du camp de réfugiés d’Al-Chati ont tremblé sous le roulement des canons des bateaux de guerre israéliens, au large. Parmi eux, selon Musheir El-Farra, un activiste qui tournait un film sur cette communauté de pêcheurs avant la guerre, Madlen Baker fut l’une des premières à quitter ce labyrinthe de ruelles étroites, construit pour des réfugiés chassés de leurs terres en 1948, à la naissance d’Israël, dont les descendants forment 70 % de la population de Gaza.

    Enceinte de sa troisième fille, Madlen a fui la rue Baker, où la famille de son mari, Khaled, installait, avant la guerre, de longues tables mixtes, pour déguster des ragoûts épicés de crevettes aux tomates, les jours de fête. Elle a renoncé à se réfugier dans un village de tentes, dans les cours de l’hôpital Al-Shifa tout proche. Avec une quarantaine de voisins, tous parents, la jeune femme a rejoint Khan Younès, au sud. Elle y a accouché une semaine plus tard, et a juré que sa fillette aurait un sort meilleur que le sien.

    A 31 ans, Madlen est l’unique pêcheuse de la communauté d’Al-Chati, métier d’hommes et de misère. Pour nourrir sa famille, elle a pris charge, à 13 ans, de la barque de son père, gravement malade. Elle a navigué dans les 6 à 15 milles nautiques que la marine israélienne concède aux pêcheurs gazaouis, qui éblouissent et font fuir le poisson à force de serrer les uns contre les autres leurs bateaux et leurs lampes. Elle a craint les courants qui poussaient son embarcation au-delà de cette zone, l’exposant aux tirs de l’armée.

    « Le port a été effacé »

    Elle a envié les grands espaces des pêcheries de l’Atlantique, qu’elle observait sur les réseaux sociaux. « Je courais après les poissons et les Israéliens me couraient après », disait-elle avant la guerre, de sa voix profonde et mélodieuse, devant la caméra de Musheir El-Farra. Ce dernier l’a retrouvée à Khan Younès. Madlen ignore si sa maison est encore debout, mais elle sait que son bateau gît au fond de l’eau, dans les débris du port de Gaza.

    « Même si la guerre finissait, on n’aurait plus une barque pour pêcher. Le port a été effacé. Les bâtiments, le phare, les hangars où nous entreposions nos filets et nos casiers, tout a disparu », énumère son ami et l’un des meneurs de leur communauté, Zakaria Baker, joint par téléphone. Les grands hôtels et les immeubles qui donnent sur le port sont en partie éventrés. L’asphalte de l’interminable boulevard côtier a été arraché par les bulldozers israéliens, comme celui des rues aérées qui, avant la guerre, menaient les promeneurs vers la rive.

    Seule la mer demeure un repère stable pour Zakaria Baker : « Tous mes voisins ont été chassés par les bombardements, qui ont presque détruit Al-Chati, surtout la dernière semaine avant l’invasion du camp. » M. Baker s’est résolu à partir à la veille de l’entrée des chars dans Al-Chati, le 4 novembre. Il a mené un convoi de 250 voisins et parents vers le sud, jusqu’à Khan Younès. Ce fier-à-bras moustachu, plutôt bien en chair avant la guerre, est arrivé émacié, méconnaissable, dans le sud de l’enclave.

    De son refuge de fortune, il assure qu’il retournera à Al-Chati après la guerre. Mais nombre de ses concitoyens n’ont pas sa détermination. « Les gens ont perdu leurs maisons, leurs enfants. Gaza est une âme morte. Beaucoup d’habitants chercheront à émigrer à l’étranger après la guerre. Sauf si une force internationale vient protéger la ville, et prépare le terrain pour que l’Autorité palestinienne en prenne le contrôle. Mais il faudra encore au moins cinq ans et des milliards d’euros pour rendre Gaza de nouveau vivable » , estime l’analyste Reham Owda, consultante auprès des Nations unies.

    « Ce qui a été le plus détruit, ce sont les gens »

    A 43 ans, Mme Owda résidait, avant le conflit, du joli côté d’un boulevard qui sépare le pauvre camp d’Al-Chati du quartier bourgeois de Rimal. Son défunt père, médecin, a fondé le département de chirurgie plastique du grand hôpital voisin Al-Shifa. Il a aussi bâti la maison que Reham a fuie dès le 13 octobre avec sa mère, ses quatre frères et sœurs, et leurs enfants. Sa famille s’est établie durant une semaine à Khan Younès, parmi des milliers de réfugiés, dans les odeurs d’ordures et d’égouts. Manquant de nourriture, ils ont décidé de retourner à Gaza. « Chez nous, nous avions au moins des boîtes de conserve, du gaz et un puits dans le jardin de nos voisins pour l’eau de cuisson » , dit Reham.

    Ils y ont passé dix-sept jours, calfeutrés dans la maison, jusqu’à ce que les chars encerclent l’hôpital. Le 8 novembre, des balles ont ricoché sur leur balcon. « Une boule de feu » , dit-elle, s’est abattue non loin. Un mur d’enceinte s’est écroulé dans leur jardin. La famille a repris le chemin de l’exil, vers le sud. « C’était comme un film de zombies, d’horreur. Des gens erraient sur les boulevards sans savoir où aller. J’ai vu des morceaux de cadavres en décomposition, qui puaient. Mon frère poussait le fauteuil roulant de ma mère, tout en portant son fils et un sac. Quand j’ai voulu m’asseoir au milieu d’un boulevard, pour me reposer, un tir a retenti et je suis repartie. »

    Depuis lors, l’armée israélienne a pris le contrôle de l’hôpital Al-Shifa. Elle a affirmé, dimanche 19 novembre, y avoir découvert un tunnel du Hamas, menant à un centre de commandement. Pressant plusieurs centaines de malades d’évacuer les lieux, elle a aussi permis, dimanche, l’évacuation de 31 nouveau-nés, prématurés en danger de mort – quatre autres étaient décédés auparavant.

    Mme Owda craint d’être bientôt contrainte par l’armée de revenir une seconde fois dans sa ville natale, à Gaza. « Je crois que d’ici à la fin du mois, si Israël contrôle toute la cité, l’armée demandera aux habitants de revenir, puis elle pourra poursuivre son opération terrestre dans le Sud. » Samedi 18 novembre, le ministre de la défense, Yoav Gallant, a indiqué que les soldats s’y lanceraient bientôt à la poursuite des chefs du Hamas.

    « Ce qui a été le plus détruit à Gaza, ce sont les gens. Je ne les reconnais plus. Mon voisin est venu vérifier l’état de sa maison récemment. Il pesait 120 kilos avant la guerre, il en a perdu trente en six semaines » , s’épouvante le photographe Mohammed Al-Hajjar, joint par téléphone le 17 novembre. Ce barbu trentenaire, au rire rocailleux de fumeur, réside dans la rue Al-Jalaa, au nord de chez Owda, avec trente parents : ses frères et leurs familles. Le père de son épouse, Enas, a été tué dans un bombardement au début de la guerre.

    Les trésors du verger

    « Nous mangeons une fois par jour du riz, du pain ou une soupe. Nous, les adultes, nous pouvons survivre avec un biscuit par jour, mais pas nos enfants. Nous espérons que la guerre finisse et de ne pas être forcés de boire de l’eau polluée » , dit-il. Depuis le début de la guerre, Mohammed échange régulièrement sur WhatsApp avec deux amies, l’une à Jérusalem, l’autre, réfugiée dans le sud de Gaza. Mardi 14 novembre au matin, il leur écrivait que la pluie tombait sur Gaza depuis une heure : « Les rues sont pleines de boue, nos fenêtres brisées laissent entrer l’eau, mais je remercie Dieu pour cette pluie bienfaisante. » Il envoyait peu après une photographie de sa cuisine, où des grenades, des clémentines, des citrons et des oranges dégorgeaient de grandes bassines d’aluminium : des taches lumineuses dans l’air gris de Gaza.

    La veille, Mohammed avait tenu une promesse faite à son fils de 7 ans, Majed, et à sa cadette, Majdal, âgée de 2 ans. Il a parcouru la ville à ses risques et périls pour rejoindre un verger qui appartient à sa famille. Il en a rapporté ces fruits, véritables trésors, dans des sacs en plastique gonflés à ras bord. « Nos oliviers et nos goyaviers ont été ravagés par le bombardement d’une maison, en face du jardin. Il y a eu aussi des combats au sol, pas loin. Nos canards et nos moutons en ont profité pour s’échapper » , écrivait-il alors, par texto, à ses deux amies .Mohammed l’a regretté : sa famille aurait eu bien besoin de cette viande.

    Plusieurs fois par semaine, lorsque son téléphone est près de s’éteindre, Mohammed dit un dernier « adieu » à ses amies. Puis il trouve le moyen de le recharger, sur une batterie de voiture à laquelle des voisins branchent une douzaine de mobiles. Il rentre alors embrasser son épouse, dans le salon neuf du rez-de-chaussée, où elle lui interdisait de traîner avant la guerre, de peur qu’il le salisse. Il monte quatre à quatre les escaliers jusqu’au sixième étage, où le réseau téléphonique est meilleur. Là-haut, le jeune homme filme les éclats des bombardements, la nuit, dans une ville sans électricité que seuls les incendies éclairent, et où les blindés israéliens circulent tous feux éteints, lâchant parfois une fusée éclairante.

    Au matin, Mohammed raconte ses rêves à ses amies sur WhatsApp, et leur demande des nouvelles de la progression de l’armée. C’est lui qui leur avait annoncé, les 7 et 8 octobre, la destruction par les bombes israéliennes des grands immeubles du centre-ville, les tours Palestine, Watane, Al-Aklout et Alimane ; celle du plus moderne centre commercial de la ville, Le Capital, et les frappes méthodiques sur les demeures des responsables politiques du Hamas. Mais il sort de moins en moins. Le photographe rassemblait encore son courage afin de photographier, pour le site britannique Middle East Eye, l’hôpital Al-Shifa, avant son invasion par l’armée. Aujourd’hui, il a faim : il envoie des images des épiceries détruites de la rue Al-Jalaa, et d’une longue rangée de réfrigérateurs vides dans un supermarché voisin.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/20/l-errance-des-habitants-de-gaza-dans-leur-ville-transformee-en-champ-de-ruin

    #guerre #IDPs #déplacés_internes #réfugiés #destruction #7_octobre_2023 #armée_israélienne #cartographie #visualisation

  • A Gaza, la guerre urbaine a commencé

    ... Le chef d’état-major, Herzi Alevi, a précisé qu’il était hors de question de s’en tenir aux incursions « modulaires » actuelles : « Les objectifs de cette guerre requièrent une opération terrestre. Les meilleurs soldats sont à présent en train d’opérer à Gaza. »

    Il avait été envisagé que le contingent de 360 000 réservistes, rappelés en toute urgence après le 7 octobre, puisse être mobilisé pour cette campagne. Ce n’est plus le cas. « Les opérations doivent être menées par des unités bien entraînées. Ce serait une erreur de déployer dans Gaza des réservistes. Avec eux, c’est le cœur de la société qui pourrait être touché. Benyamin Nétanyahou le sait bien. Il sait aussi que le pays s’engage dans une guerre longue. Demain, cela peut conduire à de nouvelles manifestations contre le gouvernement », analyse Yagil Levy, politiste à l’Open University d’Israël et spécialiste de l’armée.

    ... Côté israélien, d’autres « surprises » pourraient être employées dans cette guerre des tunnels. Il a été envisagé de les boucher en coulant du béton, d’y injecter de l’eau sous forte pression ou de les noyer en forant depuis la Méditerranée des conduits laissant entrer l’eau de mer. Des armes font aussi partie de cet arsenal anti-tunnels, comme les bombes « bunker busters ». Au final, conclut Daphné Richemond-Barak : « Ce n’est qu’en dernier ressort qu’on envoie des soldats dans les tunnels, car c’est beaucoup trop meurtrier. »

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/30/a-gaza-la-guerre-urbaine-a-commence_6197329_3210.html

    https://archive.ph/3reHu

    contrairement à Piotr Smolar (correspondant Le Monde USA), Jean-Philippe Rémy (envoyé spécial à Jerusalem) ne marque aucune distance. soldats US, otages et gaz incapacitant non cités
    https://seenthis.net/messages/1023220

    #Gaza #Underground_Warfare #Guerre #guerre_urbaine #tunnels #guerre_souterraine #Israël

    • Aujourd’hui, à Gaza, les chars et les véhicules blindés d’Israël – complètement scellés et tirant donc en grande partie à l’aveugle – sont détruits par des attaques à bout portant de la part de combattants de la résistance palestinienne, à une distance rapprochée contre laquelle aucun blindage au monde n’est suffisant.[27] L’#infanterie inefficace d’Israël, plus habituée à harceler les Palestinien.nes aux points de contrôle qu’à affronter des ennemis entrainés et qui ripostent réellement, n’est pas préparée au #combat_rapproché dans un paysage de ruines urbaines, ce qui, depuis la bataille de #Stalingrad, a toujours donné l’avantage aux défenseurs sur les attaquants.

      « Malgré la pression exercée » par l’armée israélienne, a rapporté le correspondant militaire du Ha’aretz, Amos Harel, le 5 novembre, « il n’y a pas d’effet significatif apparent sur le commandement et le contrôle du Hamas, qui continue de fonctionner ». Quiconque a regardé les vidéos d’attaques palestiniennes contre des troupes et des blindés israéliens sur Al Jazeera Arabic aurait pu arriver à la même conclusion.[28] Depuis son incursion terrestre dans la bande de Gaza il y a deux semaines, Israël a reconnu que des centaines de soldats ont été tués ou blessés (? ndc) : comme l’armée impose des limites strictes à la déclaration de ces pertes, les journalistes affirment que les chiffres réels sont sans aucun doute plus élevés. Il est difficile de savoir combien de pertes supplémentaires l’armée israélienne peut supporter en son propre camp – en dépit de l’indifférence face aux victimes que son acharnement aveugle cause parmi les civil.es palestinien.nes.

      https://seenthis.net/messages/1028515

      #pertes #soldats_morts

  • „‚Wenn die Kugeln knapp am Kopf vorbeizischen ...“ : Deutscher Legionär schildert Schrecken des Ukraine-Kriegs
    https://www.merkur.de/politik/ukraine-krieg-legionaer-deutschland-erlebnis-schilderung-verwundet-butscha-ru

    La guerre en Ukraine est différent de la guerre en Aghanistan. En Ukraine c’est comme dans À l’Ouest, rien de nouveau avec drones. Témoignage d’un légionnaire allemand.

    26.4.2023, Interview: Klaus Rimpel - Der Ex-Bundeswehr-Soldat kämpfte in Butscha und Irpin für die Ukraine. Nun gibt er im Merkur-Interview Einblick in die Realität des Krieges.

    München/Kiew – Er konnte dem Unrecht in der Ukraine nicht tatenlos zusehen: Der 25-jährige Ex-Bundeswehrsoldat Jonas Kratzenberg kämpfte als Legionär in Irpin, Butscha und im Donbas gegen Russland – bis er bei einem Drohnenangriff von Granatsplittern im ganzen Körper schwer verletzt wurde. Im Gespräch mit dem Münchner Merkur und in dem Buch „Schützenhilfe“ (Yes Publishing, 22 Euro) beschreibt der Aachener, was er in der Internationalen Legion im Ukraine-Krieg erlebte.

    Münchner Merkur: Sie wurden in der Bundeswehr zum Panzergrenadier ausgebildet. Warum sind Sie als deutscher Soldat zum Kämpfen in die Ukraine gegangen?

    Jonas Kratzenberg: Schon Wochen vor Kriegsausbruch war mir klar, dass Russland die Ukraine überfallen würde. Ich war angewidert von der Inaktivität der Bundesregierung, von der Inaktivität der Nato und litt darunter, dass die Ukraine zumindest in der Anfangsphase in diesem Krieg völlig alleingelassen wurde. Und mir hat der Kampfgeist der Ukrainer imponiert. Als der Krieg ausgebrochen ist, war ich gerade aus der Bundeswehr ausgeschieden. Ich hatte keinen Job, hatte keine Freundin, keine Verpflichtungen – so schien es mir die perfekte Gelegenheit, etwas für den Frieden in Europa zu tun und das, was ich fünf Jahre lang bei der Bundeswehr gelernt hatte, auf dem Schlachtfeld einzusetzen.

    Sind Sie einfach an die ukrainische Grenze gefahren und haben gesagt, Sie würden gerne gegen die Russen kämpfen?

    Mehr oder weniger. Man kann sich im Konsulat anmelden, danach muss man nur zum ausgemachten Treffpunkt in der Ukraine gehen, wo man genommen oder abgelehnt wird. Die Internationale Legion ist grob in drei Gruppen aufgeteilt: Die Russischsprachigen, da kommen die meisten aus Georgien. Dann gibt es sehr viele Spanischsprachige aus Lateinamerika. Der Rest wurde in den Topf englischsprachige Ausländer gesteckt, wo auch Deutsche oder Franzosen drin sind, die gar kein Englisch können. Aber irgendwie haben wir uns immer verständigt.
    Ukraine-Krieg: „Die Details sind es, die man nicht los wird“

    Und dann ging es gleich aufs Schlachtfeld?

    Ende März wurden wir ohne formales Training nach Irpin und Butscha geschickt. Schon während ich es erlebte, war mir klar, dass das, was ich dort sah, mich nie mehr loslassen würde. In Irpin standen wir an einem Observationspunkt, direkt am letzten Abschnitt vor der russischen Front, quasi im Niemandsland zwischen Russen und Ukrainern. Auch wenn man die Bilder des Krieges aus den Medien kennt – man kann es sich nicht vorstellen, wie schlimm es wirklich war. Die Details sind es, die man nicht los wird.

    Können Sie diese Details beschreiben?

    (stockt, lange Pause) Die Leichen. Die Leichen …

    Haben Sie auch Kameraden in diesen Kämpfen verloren?

    Ja …

    Wie geht man damit um?

    Man lebt weiter.

    Erfahrungen aus dem Ukraine-Krieg: „Panik begleitete uns jederzeit“

    Gibt es psychologische Hilfe?

    Ich habe das Glück, dass ich als ehemaliger Bundeswehr-Angehöriger Zugriff auf den Sozialdienst der Bundeswehr habe. Wenn ich nicht bei der Bundeswehr gewesen wäre, würde ich nicht wissen, an wen ich mich wenden könnte – außer vielleicht an den Dorfpfarrer. Es gibt Dinge, die kann man alleine nicht verarbeiten. Artillerie-Beschuss oder im Kampf zu stehen: Darauf bereitet einen nichts vor, egal, ob man im Kampf gehärteter Soldat oder Zivilist im friedlichen Deutschland ist. Da kommt man nicht ungeschoren raus. Egal wie mutig oder sogar verrückt man ist: Wenn die Kugeln knapp am Kopf vorbeizischen, wenn man das Pfeifen der Artillerie hört, dann scheißt sich jeder ein. Panik begleitete uns jederzeit. Die Hauptsache ist, diese Angst zu unterdrücken und trotzdem weiterzumachen.

    Die Ukraine ist von Kopf bis Fuß ein korruptes Land, und das trifft auch auf das Militär zu.

    Wie erlebten Sie Ihre ukrainischen Vorgesetzten?

    Die Ukraine ist von Kopf bis Fuß ein korruptes Land, und das trifft auch auf das Militär zu. Ausländische Kämpfer, die kein Ukrainisch sprechen und die sich juristisch nicht wehren können, sind der Willkür der Kommandeure ausgeliefert. Jede Art von Beschwerde stößt im besten Fall auf taube Ohren.

    Haben Sie nicht gedacht: Wenn ihr mich hier so behandelt, dann gehe ich zurück nach Deutschland!

    Am Gehen wird man grundsätzlich nicht gehindert. Aber meine Kameraden und ich waren nicht bereit, den Kampf aufzugeben, vor allem nicht nach dem, was wir in Irpin und Butscha erlebt hatten.
    Ukraine-Krieg: „Es ist ‚Im Westen nichts Neues‘ mit Kampfdrohnen“

    Es heißt oft, dass der Krieg in der Ukraine mit seinen Schützengräben an den Ersten Weltkrieg erinnert. Stimmt das?

    Ja, es ist „Im Westen nichts Neues“ mit Kampfdrohnen. Artillerie vorbereiten, Infanteriewellen mit gepanzerter Unterstützung – alles wie im Ersten Weltkrieg. Wir hatten das Glück, Teil einer Spezialeinheit zu sein, und hatten so dynamischere, gefährlichere Missionen. Aber dafür blieb es uns erspart, dauernd im Schützengraben zu sitzen.

    Es heißt, russische Soldaten würden wie Kanonenfutter verheizt.

    Ja, aber beide Seiten haben sich da nicht viel genommen. Nur: Die Russen haben mehr Menschen zum Verheizen.

    Wir waren auf dem Weg zurück in die Basis. Auf den letzten Metern kam eine Drohne, ich hab mich auf den Boden geworfen, wie es mir beigebracht wurde. Die Drohne hat sich mich ausgesucht, dann hat’s gerummst.

    Werden in der Ukraine auch die Internationalen Legionen verheizt?

    Tatsächlich nicht. Es wurden falsche Entscheidungen getroffen, weil es an erfahrenen Offizieren fehlt. Dadurch wurden Leben unnötig weggeworfen. Aber zumindest der vom Geheimdienst geführte Legions-Teil, bei dem ich war, wurde grundsätzlich nicht als Kanonenfutter missbraucht.

    Wie war es, als sich die Russen aus Irpin und Butscha zurückzogen?

    Wir haben gejubelt. Der Punkt, wo das Leiden sich ausgezahlt hat, wo man einfach abschalten kann, ist ein pures Glücksgefühl. Wenn der Sieg der Ukraine irgendwann kommt, wird die Nachricht für mich in Deutschland weit weniger bedeuten, als wenn ich sie kämpfend in der Ukraine hätte erleben können.

    Sie haben deshalb nicht bis zum Ende des Krieges kämpfen können, weil Sie im November 2022 in der Nähe des südukrainischen Mikolajew schwer verletzt wurden …

    Es war eine meiner heftigsten Missionen, wir hatten Verluste, Verwundete, aber wir hatten es nach einem schweren Feuergefecht rausgeschafft. Wir waren auf dem Weg zurück in die Basis. Auf den letzten Metern kam eine Drohne, ich hab mich auf den Boden geworfen, wie es mir beigebracht wurde. Die Drohne hat sich mich ausgesucht, dann hat’s gerummst.

    Jonas Kratzenberg nach seiner Verwundung im Ukraine-Krieg.
    Jonas Kratzenberg nach seiner Verwundung im Ukraine-Krieg. © fkn
    Gruppe Wagner „deutlich kompetenter und gefährlicher als die russische Armee“

    Wie war die medizinische Versorgung?

    Ich wurde von meinen Kameraden stabilisiert und in ein Krankenhaus nach Odessa gebracht, wo ich alle Hilfe der Welt hatte. Die medizinische Versorgung auch an der Front ist sehr gut. Aber es war trotzdem sehr schwierig in einem Krankenhaus, wo man die Sprache nicht richtig spricht, wo man nicht weiß, was mit einem passiert, wo man sich völlig hilflos fühlt.

    Haben Sie da nicht bereut, als Kämpfer in die Ukraine gegangen zu sein?

    Nein! Keine Sekunde! Ich werde es auch niemals bereuen.

    Haben Sie auch gegen Söldner der Gruppe Wagner gekämpft?

    Gott sei dank nicht. Aber meine Kameraden sind, nachdem ich verwundet wurde, in den Donbass gezogen und haben dort gegen Wagner gekämpft. Sie erzählen, dass Wagner deutlich kompetenter und gefährlicher ist als die russische Armee.
    Deutscher Legionär schildert Eindrücke aus dem Ukraine-Krieg: Nicht mit Afghanistan-Mission vergleichbar

    Ist es illegal, in einem fremden Land zu kämpfen?

    Grundsätzlich darf ein Zivilist mehr oder weniger machen, was er will. Wer aber für den deutschen Staat bei einer Sicherheitsbehörde oder der Bundeswehr arbeitet, macht sich strafbar, wenn er für ein anderes Land kämpft. Deshalb musste ich bis Ende Februar warten, ehe ich in die Ukraine konnte.

    Sie waren als Bundeswehr-Soldat auch in Afghanistan. War das vergleichbar mit dem, was Sie in der Ukraine erlebten?

    Nicht im Mindesten. Klar, in Afghanistan war Krieg, aber was wir dort unten gemacht haben, war kein Krieg. Es war eine Stabilisierungsmission. Das Highlight meines Einsatzes war, dass eine Rakete in unser Lager einschlug und einen Generator zerstörte. Geholfen hat mir aber in der Ukraine, dass ich vor dem Afghanistan-Einsatz eine gute infantristische Ausbildung bekam. Und in Afghanistan habe ich Dinge gelernt, an die man beim Soldatsein nicht unmittelbar denkt: Im Gefecht ist es ungemein wichtig, den Alltagsstress möglichst gering zu halten. Wann immer es möglich war, habe ich in den Kampfpausen in der Ukraine gelesen. Und in einem Dorf gab es WLAN. Wenn wir nicht im Schützengraben saßen, gingen wir dorthin, um mit unseren Angehörigen daheim zu sprechen.

    Wie fanden es Ihre Eltern, dass Sie in den Krieg gezogen sind?

    (Lange Pause) Irgendwie haben sie es verkraftet. Es war schrecklich, vor allem für meine Mutter. Sie hat mit niemandem darüber geredet, wo ich bin, nicht einmal mit ihren Schwestern. Sie wusste, wenn das Thema zur Sprache kommt, dann kann sie nicht mehr aufhören zu weinen.
    Sieg gegen Russland? „Es steht besser um die Ukraine als viele glauben“

    Haben die Ukrainer eine Chance, gegen das mächtige Russland zu gewinnen?

    Es steht besser um die Ukraine, als viele bei uns glauben. Solange der Westen in seiner Unterstützung nicht nachlässt, ist das machbar. Die Frage ist, wie viele Menschenleben das noch kosten wird. Wenn die Ukraine das komplette Kriegsziel mit der Befreiung der Krim erreichen will, wird das noch lange dauern. Das Einzige, worauf man für einen schnellen Sieg hoffen kann, ist, dass es einen Putsch in Russland gibt.

    Gehen Sie nach Ihrer Genesung wieder zurück in den Kampf in der Ukraine?

    Ich verspüre schon noch den Drang, zurückzukehren und wieder zu kämpfen. Aber mein Platz ist hier bei meiner Freundin, die ich in der Ukraine kennengelernt habe, und bei meiner Familie, und da muss ich anfangen, mir eine Zukunft ohne den Krieg aufzubauen.

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