• The Terrifying #theory of #stupidity You Were Never Meant to Hear – Dietrich #bonhoeffer
    https://www.youtube.com/watch?v=Sfekgjfh1Rk

    Under pressure, even rational individuals give up analytical #thinking. They make decisions using #shortcuts and #heuristics. While this is a rational behavior at the individual level, it translates into an irrational behiavor at the collective level. This relates to #groupthink, and puts everyone at risk.

    — Permalink

    #psychology #philosophy #rationality #power #domination #violence #influence #moral #ethics #cognition #ACS #peerpressure #socialpressure #economy #sociology #dissonance #cognitivebias #insecurity #consensus #milgram #confirmation #intellectualhumility #humility #beliefs #conformism #courage #resistance #curiosity #certainty #socialmedia #bestof

  • #Atlas, le réseau qui pave la voie à l’#extrême_droite

    L’enquête d’Anne-Sophie Simpere pour l’Observatoire des Multinationales révèle comment le #réseau_Atlas, une alliance internationale de think tanks ultraconservateurs, déploie en #France des stratégies pour influencer le débat public et faire basculer le climat des idées.

    Vous les entendez partout  : l’État coûte trop cher, l’écologie va trop loin, les “assisté·es” sont trop nombreux, les libertés sont menacées par la justice sociale… Ces discours, devenus familiers, façonnent l’air du temps. Et pourtant, on peine à comprendre comment ces idées, autrefois marginales, ont gagné autant de terrain. Et si ce n’était pas un hasard mais le fruit d’une stratégie délibéré d’acteurs clairement identifiés ? L’année dernière, la journaliste Anne-Sophie Simpere a publié pour l’Observatoire des multinationales un rapport très éclairant sur le réseau Atlas, une galaxie de think tanks ultraconservateurs bien décidée à déplacer (à droite toute) le centre de gravité des idées. Un an après, on s’est penché sur ce que ce travail a permis, provoqué ou révélé.

    Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits

    En mai 2024, Anne-Sophie Simpere publie le rapport Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits pour l’Observatoire des multinationales. Elle y documente l’influence du réseau Atlas, un consortium fondé aux États-Unis dans les années 1980, qui fédère aujourd’hui plus de 500 think tanks dans le monde, avec pour objectif assumé de transformer le climat idéologique.

    En France, cinq structures sont identifiées comme partenaires  : l’Ifrap, Contribuables associés, l’Institut économique Molinari, l’IREF (Institut de recherche économique et fiscal) et l’Institut de formation politique. Ces organisations diffusent des idées libertariennes et conservatrices, notamment sur la fiscalité, les services publics, l’écologie ou les droits sociaux.

    Ce rapport de plus de 80 pages détaille les stratégies déployées par le réseau pour influencer les débats publics  : formations de cadres politiques, production de tribunes « prêtes à publier », campagnes coordonnées sur les réseaux sociaux, ou encore influence dans les médias et auprès d’élus. On y découvre aussi les liens internationaux de ces structures, leurs sources d’inspiration américaines, et les outils de lobbying qu’elles mobilisent à l’échelle européenne.

    Si vous souhaitez comprendre comment certaines idées s’installent dans le paysage médiatique et politique sans faire de bruit, ce rapport est une mine d’or. Plongez-y : vous y trouverez des faits, des noms, des méthodes et sans doute de nouvelles questions à poser.

    https://rembobine.info/atlas-reseau-voie-extreme-droite
    #think_tank

    • La méthode Atlas

      Comment fonctionne le réseau Atlas pour changer le « climat des idées », imposer ses thèmes et sa vision du monde ? Extrait de notre #rapport Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits.

      Le réseau Atlas ne se contente pas d’un soutien financier à ses partenaires (et certains n’ont d’ailleurs pas touché de bourse de la part du réseau). Il les met en relations avec d’autres financeurs. Il propose des programmes d’accompagnement et de « #consulting » pour aider ses organisations partenaires à se développer, à devenir financièrement stables et à convaincre différents publics. Il organise des séminaires, ateliers, mentorats et formations au niveau international, pour renforcer les capacités des groupes adhérents, mais aussi pour créer un sentiment de solidarité et d’appartenance à une communauté. La professionnalisation des partenaires, l’échange de bonnes pratiques et le rôle de coordination et de mise en relation joué par Atlas, sont présentés comme cruciaux pour garantir des résultats [1]. Sous la devise « coach, compete, celebrate » (« coacher, concourir, célébrer »), le réseau Atlas entend « remporter les batailles politiques à long terme qui façonneront l’histoire » grâce à des « individus qui défendent la liberté et créent des instituts crédibles » [2].

      Sur son site internet, les objectifs affichés sont séduisants : accroître la prospérité, promouvoir la liberté individuelle, supprimer les obstacles à l’épanouissement humain... Sauf qu’en réalité, le réseau regroupe une myriade d’organisations conservatrices, climato-sceptiques et au service des intérêts des plus riches. S’opposer à toute solidarité collective, aux syndicats, ou encore aux réglementations qui protègent l’environnement et la santé va à l’encontre des intérêts de la majorité, et parfois aussi, comme sur le tabac ou le réchauffement climatique, à l’encontre du consensus scientifique. Par nature, donc, le projet libertarien n’est pas populaire. Dans bien des cas, les partenaires d’Atlas s’en prennent à des sujets qui font consensus dans la société. Leur mission est de trouver les moyens, malgré cela, de convaincre les décideurs et l’opinion du bien-fondé de leurs positions. Charles Koch l’aurait expliqué à des bénéficiaires de subventions en ces termes : « Puisque nous sommes largement minoritaires, si nous n’utilisons pas notre supériorité technique c’est l’échec garanti [3]. »

      Chambre d’écho et fenêtre d’Overton

      En quoi consiste donc cette « supériorité technique » ? Plusieurs méthodes sont mises en œuvre, testées et enseignées par le réseau et ses membres. Atlas valorise la diversité des stratégies, tant qu’elles sont dirigées vers les mêmes objectifs [4]. Certains privilégieront le lobbying direct, par des rendez-vous avec les décideurs ou des notes à leur intention. D’autres cibleront des influenceurs, ou un public plus large. Il s’agira dans certains cas d’influencer un processus politique précis, dans d’autres de changer les perceptions à un niveau plus général. Certains membres d’Atlas, enfin, se consacrent à identifier des « talents » et futurs leaders qui pourront ensuite diffuser leurs idées dans les médias ou des institutions politiques. Toutes ces stratégies sont complémentaires. Selon les termes de Brad Lips, « une chorale, après tout, aura toujours plus de voix qu’un soliste ». La multiplication des structures qui portent un message similaire va contribuer à créer une « chambre d’écho » pouvant donner l’impression qu’un grand nombre de personnes soutient une mesure, alors même qu’il s’agit d’un petit groupe lié au réseau libertarien. On retrouve cette diversité de rôles dans la nébuleuse libertarienne en France.

      Dans cette « chorale », une grande partie des membres produisent des analyses et rapports visant des cibles politiques ou médiatiques. Celles ci vont servir à alimenter le débat public sur un sujet, focaliser l’attention sur un thème, semer le doute sur un enjeu scientifique, et souvent repousser les limites de ce qui est acceptable dans l’opinion. C’est le principe de la « #fenêtre_d’Overton », conceptualisé par #Joseph_Overton, lequel travaillait pour un partenaire du réseau Atlas, le think tank #Mackinak_Centre. Par exemple, donner une voix aux climato-sceptiques qui contredisent le GIEC, contribue à déplacer la fenêtre du débat public hors du consensus scientifique, pour introduire la possibilité de l’inaction climatique.

      Expertise biaisée et messages simplistes

      Comme tous les think tanks financés par de grandes entreprises [5], le réseau Atlas et ses membres restent très discrets sur leurs liens avec les milieux d’affaire et préfèrent se présenter comme neutres, indépendants et apolitiques, alors qu’ils mènent une activité d’influence intense pour changer le climat des idées et remporter des batailles politiques de long terme. Leurs rapports et analyses seront souvent produits et diffusés par des « experts » qui passent d’une organisation Atlas à une autre – avec parfois un détour par des entreprises – et qui dans bien des cas n’ont pas de qualification dans le domaine concerné. Par exemple, sur les questions liées au tabagisme et la cigarette électronique, #Jeff_Stier est l’un des experts du #Consumer_Choice_Center aux États-Unis. Il est également recommandé par le #Heartland_Institute [6], et contribue aussi aux travaux de la #Federalist_Society [7]. Stier est juriste et n’a aucune qualification en matière de santé publique. Il participe régulièrement aux forums mondiaux sur le tabac et la nicotine organisés par #Tobacco_Reporter, le média des industriels du tabac [8].

      Au Canada, #Stephen_Buffalo, chercheur à l’#Institut_MacDonald-Laurier (membre d’Atlas), est aussi PDG de l’#Indian_Resource_Council basé en Alberta. Le think tank met en avant le fait qu’il est une personnalité issue des Premières Nations. Mais il ne précise pas que, selon les informations obtenues par DeSmog, on entreprise a reçu 200 000 dollars de la société pétrolière et gazière #CNRL entre 2020 et 2022 [9], puis 250 000 dollars supplémentaires depuis 2022 [10]. Buffalo est intervenu dans les médias pour critiquer le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre du secteur, en faisant écho à un rapport sur le sujet publié par l’Institut économique de Montréal, autre partenaire Atlas au Canada. Il s’est également insurgé contre une proposition de loi proposant d’interdire les publicités trompeuses sur les énergies fossiles au Canada.

      Pour influencer l’opinion, la présence dans les médias est bien entendu essentielle. La biographie de Stier insiste sur ce point, en le présentant comme « largement cité dans les médias et [ayant] écrit des articles d’opinion sur la politique de santé pour le Wall Street Journal, le Los Angeles Times, USA Today, le New York Post, le Washington Examiner, Foxnews.com et National Review Online. Le New York Times, l’Associated Press, Reuters, CNN, Fox News, CNBC, MSNBC, NPR et d’autres grands médias ont interviewé et cité M. Stier sur un large éventail de sujets » [11].

      Dans la perspective de créer une « chambre d’écho », la production de vidéos destinées à devenir virales est une autre tactique prônée par le réseau, qui décerne tous les ans un prix, le Lights, Camera, Liberty Film Festival Award, pour récompenser le film qui aura eu le plus d’impact « en touchant des publics importants et stratégiques, avec un message ou une narration efficace et des techniques de production et d’édition performantes » [12].

      Enfin, l’utilisation des réseaux sociaux est devenue très importante, pour faire monter un hashtag avec peu de soutiens, ou diffuser massivement des informations biaisées voire carrément fausses. L’objectif est de faire le buzz, et qu’il s’agisse d’attirer l’attention des journalistes ou des internautes, cela peut passer par la diffusion de messages simplistes, mais percutants. Plusieurs organisations vont ainsi relayer des posts sur le « jour de libération fiscale » (voir plus loin) ou encore un classement des « nanny states » (« États nounous » ou « États moralisateurs ») qui vise à dénoncer les pays qui entravent la liberté individuelle de ses citoyens en s’immisçant dans leurs choix de vie (consommation d’alcool, de tabac...). Porté en France par l’institut Molinari, il donne une apparence d’analyse objective avec un message redoutablement simple et efficace destiné à être facilement repris dans les médias et sur les réseaux sociaux. Critiquer ces indicateurs et leurs biais est un exercice plus technique, moins adapté à une communication rapide et percutante.

      Au nom des consommateurs et des contribuables

      Une autre méthode de prédilection d’Atlas et de ses membres est l’ « astroturfing », c’est-à-dire le fait de simuler un mouvement « de base » spontané, pour cacher la défense des intérêts des riches et des industriels derrière une apparence de soutien populaire. Exemple récent de ce type de pratique : la manière dont Free Trade Europa (FTA), membre bruxellois d’Atlas, prétend représenter les intérêts de travailleurs des plateformes (Uber, Deliveroo...) alors qu’il s’agit d’un think tank dirigé par un pro du lobbying européen, qui a plus de lien avec les grandes entreprises qu’avec leurs petites mains [13]. Autre organisation fondée sur le même modèle, le Consumer Choice Center (CCC), également membre du réseau, défend davantage les intérêts des entreprises qui le financent que ceux des consommateurs qu’il affirme représenter. La plateforme « Génération sans tabac » l’a épinglé pour avoir mis sur pied en 2020 la World Vapers’ Alliance (WVA) ou « alliance mondiale des vapoteurs », alors que le CCC est financé par plusieurs multinationales du tabac, dont Philip Morris et British Tobacco. Pour cette campagne, la WVA a été très active sur les réseaux sociaux, mais elle a également imaginé un « bus de la vape » qui a sillonné plusieurs pays d’Europe pour inciter les passants à écrire à leur député pour défendre le vapotage [14]. Le message passe d’autant mieux qu’il est relayé au même moment par d’autres types d’acteurs eux aussi membres d’Atlas, sous l’angle de la critique de l’interventionnisme des « États nounous ».

      La myriade de partenaires d’Atlas qui s’intitulent « associations de contribuables » est une autre illustration des pratiques d’astroturfing du réseau. Alors qu’elles s’affichent comme des groupes représentant le contribuable ordinaire, écrasé d’impôts, les fondateurs et directeurs de ces organisations sont souvent proches des milieux politiques et/ou des entreprises. Au Royaume Uni, la TaxPayer’s Alliance a été fondée par Matthew Elliott, lobbyiste qui avait déjà été administrateur d’un think tank financé par l’industrie du tabac. Il a aussi été membre et cofondateur du groupe politique des Amis conservateurs de la Russie et a travaillé pour la campagne en faveur du Brexit, tandis que sa femme est la présidente de Republicans Overseas U.K., la principale organisation soutenant Trump en Grande-Bretagne [15]. En Australie, le conseil consultatif de la TaxPayer’s Alliance nationale est composé du PDG de l’entreprise Kennard et d’un consultant financier, ancien du Crédit Suisse à Sydney et à Hong Kong. Des profils qui semblent assez éloignés des « millions d’Australiens qui mènent tranquillement leur vie et paient leurs impôts » que l’association affirme représenter. De fait, cette « association de contribuables » s’est surtout mobilisée pour défendre le libre-échange, le vapotage ou le nucléaire [16].

      Pour se réclamer d’un soutien populaire massif, plusieurs organisations du réseau Atlas recourent à des techniques de marketing direct et des pétitions racoleuses, jouant sur les inquiétudes réelles de la population. Le réseau Atlas leur permet de mutualiser les outils et les méthodes les plus efficaces dans ce domaine (voir l’article à propos de Contribuables associés en France).

      Avec ces stratégies, le réseau Atlas attend de ses membres des résultats. Il faut avoir des succès à célébrer. Le directeur Brad Lips le rappelle souvent : les bailleurs ne veulent pas que des productions, mais aussi des effets tangibles, des victoires politiques. Ceci étant dit, faire basculer l’opinion est un travail de longue haleine et le réseau s’inscrit en même temps dans une stratégie de long terme : « De nombreux partenaires du réseau Atlas se sont concentrés sur des activités éducatives axées sur le développement des talents, afin que les jeunes exposés aujourd’hui au libéralisme classique puissent occuper des postes d’autorité dans une ou deux décennies. Cela exige de la patience et de la persévérance [17]. » Des groupes comme le réseau Students for Liberty, l’organisme de formation Leadership Institute ou la Federalist Society vont ainsi former une armée de porte-paroles et de futurs leaders destinés à occuper des postes dans les médias, le gouvernement, l’administration, la Cour Suprême aux États-Unis... Après plus de quarante ans d’expérience, le réseau peut se vanter « de merveilleux exemples où la stratégie à long terme s’est avérée tout à fait pertinente » [18].

      https://multinationales.org/fr/enquetes/le-reseau-atlas-la-france-et-l-extreme-droitisation-des-esprits/la-methode-atlas
      #influence

  • Le #numérique, arme de marchandisation de l’humanité
    https://lvsl.fr/le-numerique-arme-de-marchandisation-de-lhumanite

    Derrière l’illusion de liberté et de gratuité, le numérique tend à marchandiser tous les aspects de nos vies, jusqu’aux plus intimes. Les êtres humains sont-ils condamnés à transformer leur existence en simples produits échangés sur un marché global, à l’image des #influenceurs ?

    #Mirages_numériques #addiction #GAFAM #marché #réseaux_sociaux #smartphone

  • L’IA fait changer d’avis ? Une expérience contastable | LinkedIn
    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7323318195103203329

    Jusqu’à présent, je ne disposait que de l’article pulié par des chercheurs de Facebook qui voulait démontrer leur capacité à changer le « mood » des utilisateurstrice de la plateforme. Une expérience sans système déontologique de contrôle, comme celle-ci. Qui visait à attirer les publicitaires vers Facebook (ce qui a bien marché :-)

    L’IA ne se contente pas d’inonder le web de texte synthétique que personne ne lit : elle vous fait changer d’avis. C’est la conclusion d’une étude controversée réalisée par des chercheurs de l’Université de Zurich.

    L’expérience a suscité une vive réaction à cause de son protocole inhabituel : au lieu de tester la capacité de persuasion des chatbots sur des participants en environnement contrôlé (ce qui avait déjà été fait), les chercheurs ont cherché à savoir si les chatbots étaient persuasifs dans le « monde réel ».

    L’expérience a donc été conduite in vivo, sur la plateforme Reddit, à l’insu de ses utilisateurs qui pensaient échanger avec d’autres humains.

    Avec un demi-milliard d’utilisateurs, Reddit est le plus grand forum d’Internet. La plateforme est organisée autour de communautés thématiques appelées « subreddits ». L’une d’elles, baptisée « r/ChangeMyView » (près de 4 millions de membres), invite les utilisateurs à exposer leur opinion et à défier les autres de les faire changer d’avis. Tous les sujets de société y passent, des plus triviaux aux plus clivants.

    La règle est simple : vous publiez votre point de vue, puis d’autres membres vous répondent en essayant de vous faire changer d’avis. Si un argument vous convainc, vous pouvez récompenser son auteur d’un « delta » (Δ). Les utilisateurs convaincants cumulent ces deltas en guise de trophées virtuels sous leur pseudonyme.

    Les chercheurs ont donc testé la capacité des modèles de langage (notamment GPT-4o, Claude 3.5 et Llama 3.1) à faire changer d’avis les utilisateurs. Ils ont recueilli 500 publications originales et ont demandé aux chatbots de rédiger des réponses convaincantes, tenant compte de l’historique des auteurs.

    Le résultat est sans équivoque : les chatbots sont extrêmement persuasifs, bien davantage que la plupart des utilisateurs humains. Plus précisément, lorsqu’on mesure leur capacité de persuasion en nombre moyen de deltas recueillis par commentaire, ceux-ci sont plus persuasifs que 99% des utilisateurs humains (et que 98% des membres expérimentés du forum).

    Reddit a déposé une plainte auprès de l’université, dénonçant des méthodes de recherche inacceptables. L’université a répondu en affirmant prendre la question "très au sérieux" mais en refusant d’empêcher la publication de l’étude, jugeant l’expérience justifiée par l’importance de ses résultats (ce que conteste évidemment Reddit).

    Avant l’IA générative, influencer l’opinion impliquait un compromis : toucher un large public avec des messages génériques OU cibler un petit nombre de personnes avec des messages personnalisés. Cette étude montre qu’il est désormais possible de générer à grande échelle des arguments personnalisés très persuasifs.

    Le modèle des plateformes, fondé sur la prédation de l’attention, ne les incite pas à combattre les contenus synthétiques tant que ceux-ci génèrent des revenus publicitaires. Il est donc urgent de leur imposer d’amplifier les sources fiables d’information.

    #Conviction #Influence #Industrie_influence #Recherche #Déontologie #Reddit

  • #algorithms are breaking how we think
    https://www.youtube.com/watch?v=QEJpZjg8GuA

    Ce podcast explore le concept de la "complaisance algorithmique", défini par l’orateur comme une tendance croissante à laisser les algorithmes des plateformes numériques, en particulier les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, déterminer ce que les utilisateurs voient et consomment en ligne, au détriment de leur propre curiosité, de leur pensée critique et de leur capacité à rechercher activement l’information. L’orateur introduit le sujet en démontrant la facilité avec laquelle on peut trouver des informations détaillées sur un objet ancien (une radio vintage) en utilisant des techniques de recherche en ligne basiques et l’observation attentive. Il utilise cet exemple pour contraster avec ce qu’il perçoit comme une perte de cette capacité et de cette volonté chez de nombreux (...)

    #decisionmaking #choice #attention #focus #intention #cognition #algorithmiccomplacency #automation #agency #delegation #rant #control #recommendation #curation #curiosity #imagination #relationship #socialmedia #contextcollapse #context #conversation #respect #polarization #introspection #thinking #criticalthinking #ACS #influence #artificialintelligence #bestof

  • Incertain regard sur le monde. Médias, réseaux… : les outils de la représentation du monde - Influencia
    https://www.influencia.net/incertain-regard-sur-le-monde-medias-reseaux-les-outils-de-la-representa

    Traditionnellement, nos représentations se construisaient essentiellement à travers l’éducation, l’environnement familial et social, tandis que médias et divertissements « de masse » fabriquaient des imaginaires, sinon universels, du moins partagés par une nation, une génération ou une classe sociale. Nous puisons désormais dans une myriade de sources pour façonner – chacun ou presque – notre vision du pays, de nos concitoyens, voire de nous-mêmes, et élaborer ainsi notre « roman national » particulier. …

    Cette nouvelle dynamique esquisse une transition d’une culture de la transmission à une culture de l’influence , à l’élaboration de référentiels moins communs, moins structurés, plus empiriques et plus mouvants. Avec des expériences de vie plus incertaines, un progrès social moins lisible et des projections plus complexes, notre capacité d’ancrage et de partage de nouvelles représentations apparaît limitée. C’est un enjeu majeur, que l’on parle de démocratie ou de communication.

    #Tendances #Influence

  • « Les Syriens ont des craintes, mais sont heureux pour la première fois depuis des décennies »

    De la Syrie nous n’avons trop souvent que des images éparses. Celles d’un régime sanguinaire en place pendant cinq décennies, qui fut longtemps un partenaire privilégié de la France ; les images des révolutions populaires de 2011 réprimées dans le sang par l’ancien pouvoir ; la destruction des plus grandes villes du pays sous les bombes de #Bachar_al-Assad et des Russes ; les images des djihadistes de l’État islamique, ceux qui ont fomenté des attentats en France depuis la ville de Raqqa, dont le groupe terroriste avait fait sa capitale.

    Depuis une semaine, nous voyons désormais d’autres clichés, ceux d’un peuple en joie d’avoir renversé le tyran. Mais aussi les portraits des nouveaux maîtres de la Syrie, biberonnés au djihadisme, et dont nous ne savons pas quoi penser.

    Et puis il y a des images manquantes, celles de ces dizaines ou centaines de milliers de fantômes, des opposant·es, des artistes, des intellectuel·les ou des manifestant·es, embastillé·es et disparu·es : des noms sur des registres, dont les familles recherchent aujourd’hui les traces dans les sous-sols des prisons du régime.

    Qui sont les nouveaux maîtres de la Syrie ? Quel peut être l’avenir du pays dans un Moyen-Orient en plein bouleversement ? Les Syriennes et les Syriens dont les proches ont été tué·es ou torturé·es par le régime connaîtront-ils un jour la vérité ? Obtiendront-ils justice ?

    Nos invité·es :

    - Sana Yazigi, créatrice du site Mémoire créative de la révolution syrienne (https://creativememory.org), autrice de Chroniques de la révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015 (Presses de l’Ifpo) : https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0 ;
    - Hanane et Obeida Dabbagh, proches de disparus syriens, qui ont obtenu la condamnation à perpétuité de trois officiels de l’ex régime syrien pour complicité de crimes contre l’humanité, en mai 2024 ;
    - Ziad Majed, politiste, enseignant à l’université américaine de Paris, auteur de Syrie, la révolution orpheline et coauteur de Dans la tête de Bachar al-Assad (éditions Actes Sud) : https://www.actes-sud.fr/dans-la-tete-de-bachar-al-assad ;
    – Gilles Dorronsoro, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, coauteur de Syrie. Anatomie d’une guerre civile (éditions du CNRS) : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    https://www.youtube.com/watch?v=NWXnsQRUtyo


    #Syrie #peur #statues #prisons #système_carcéral #Assad #surveillance #torture #dictature #terreur #clientélisme #clan #solidarité_de_corps #Russie #Iran #atrocités #répression #disparus #renaissance #armes_chimiques #justice #purge #colère #poursuites_judiciaires #HTS #Tahrir_al-Sham #al-Julani #Abu_Mohammad_al-Julani #sanctions #Kurdes #Turquie #souveraineté #Israël #Etat_islamique #Golan #USA #Etats-Unis #influences_étrangères #auto-détermination #complexité #kurdes_syriens #fédéralisme #baasisme #constitution #élections #bases_américaines #milices_turques #libération #procès #crimes_contre_l'humanité #affaire_Dabbagh #prisons_syriennes #destruction_des_corps #arrestations #résistance #révolution_syrienne #impunité #amnistie #détention #charniers #massacres #prisons_secrètes #tortionnaires

    • Creative memory

      Mémoire Créative est un projet à but non lucratif qui vise à documenter, archiver et protéger les œuvres et les événements de l’#oubli, de la #négligence et du #déni. Il s’agit là d’un engagement effectué dans la volonté de témoigner de l’effervescence culturelle et artistique née de la révolution syrienne. Celui-ci s’effectue dans un contexte instable de guerre, de destruction et de remodelage du tissu social. Le projet vise à témoigner, en ces temps troubles, de la construction d’une mémoire de sa révolution ainsi que de la création d’un patrimoine et d’une nouvelle identité culturelle, sociale et politique.

      Toutes les œuvres sont documentées sur le site telles qu’elles sont mentionnées dans leurs sources originales, avec les auteurs respectifs et tous les détails adhérents, y compris les éventuelles erreurs linguistiques. Des liens présents sur notre site, actifs au moment de l’archivage des sources y correspondant, peuvent avoir été désactivés, et ce pour des raisons indépendantes de notre volonté. Nous ne sommes donc pas responsables des suppressions des sources, des modifications et des erreurs qui se produisent après l’archivage.

      https://creativememory.org/fr/archive
      #archive #mémoire #culture #art #caricatures #dessins_de_presse #art_et_politique

    • Chroniques de la #révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015

      Ce livre est une invitation à explorer un pays qui, pris dans une spirale de #violence inouïe, est fragmenté au point d’être devenu étranger à lui-même. Il présente, sous forme documentaire, cinquante villes, villages, communes, banlieues et quartiers syriens qui se sont révoltés en 2011. Ces Chroniques reviennent sur le début du mouvement de révolte, ses vecteurs de mobilisation et ses dynamiques internes. Elles témoignent que le soulèvement initié en mars 2011 a généré une importante créativité et un monde d’initiatives et de projets sociétaux.

      https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0
      #livre #révolution

    • Syrie. Anatomie d’une #guerre_civile

      Voici la première étude sur la guerre civile syrienne faite à partir d’entretiens réalisés en Syrie même et dans les pays voisins.

      #2011 : des centaines de milliers de Syriens de toutes confessions et origines ethniques manifestent pacifiquement pour réclamer la démocratisation du régime. Au bout de quelques mois, la violence de la répression les contraint à prendre les armes et à organiser une contre-société avec des institutions embryonnaires et à regrouper des unités militaires improvisées au sein de l’Armée syrienne libre.

      Après 2013, cette logique inclusive et unanimiste cède progressivement devant la montée des groupes transnationaux comme le PKK et l’État islamique. L’insurrection se fragmente alors avec une polarisation croissante alimentée de l’extérieur. Les groupes les plus modérés sont marginalisés au profit de l’islam politique qui prend des formes de plus en plus radicales et de revendications ethno-nationales kurdes.

      Quels sont les effets de la guerre sur la société syrienne ? Quelles nouvelles hiérarchies communautaires et sociales résultent de la violence généralisée ? Comment les trajectoires sociales des Syriens pris dans la guerre sont-elles affectées ? Comment se structure l’économie de guerre alors que le pays est divisé entre le régime, l’insurrection, le PKK et l’État islamique ?

      Un livre unique qui combine une recherche de terrain – rare sur le confit syrien – et une réflexion théorique novatrice sur les situations de guerre civile.

      https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    • Affaire Dabbagh

      L’affaire Dabbagh est une affaire criminelle concernant la disparition forcée et la mort sous la torture de #Mazzen_Dabbagh, conseiller principal d’éducation au Lycée français de Damas, et de son fils, #Patrick_Dabbagh, étudiant. Tous deux sont des citoyens franco-syriens, arrêtés à leur domicile à Damas en 2013 par les services de renseignement, victimes de disparition forcée pendant 5 années puis déclarés mort en 2018 par les autorités syriennes.

      En 2024, trois dignitaires syriens sont reconnus coupables de complicité de crime contre l’humanité par la justice française pour l’arrestation arbitraire, la torture et la privation de la vie de Mazzen et Patrick Dabbagh.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Dabbagh

  • Les #influenceurs pèseraient près de 6,5 milliards d’euros et 1,5 million d’emplois en France

    https://www.liberation.fr/economie/medias/les-influenceurs-peseraient-pres-de-65-milliards-deuros-et-15-million-dem

    Ça me semble énorme notamment pour le nombre d’emplois mais bon.

    Rien à voir mais je juxtapose avec le récent rapport gouvernemental sur les emplois publics :

    Travailler dans la fonction publique : le défi de l’attractivité

    https://www.strategie.gouv.fr/publications/travailler-fonction-publique-defi-de-lattractivite

    #emplois
    #richesse
    #économie
    #PIB
    #service_public
    #marketing

  • #Extrêmorama. « #Pop_fascisme » en France et aux États-Unis | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/261124/extremorama-pop-fascisme-en-france-et-aux-etats-unis

    L’émission mensuelle « Extrêmorama », animée par David Dufresne sur sa chaîne Twitch « Au poste », débarque sur Mediapart. Ce mois-ci, l’émission décrypte l’intense combat mené par la fachosphère sur Internet et revient sur l’élection de Donald Trump. 
    #dav_duf
    #au_poste
    #marine_turchi
    #libé #plottu_&_macé
    #Mediapart

    David Dufresne, Nicolas Lebourg et La rédaction de Mediapart

  • Comment les conservateurs pro-Trump se sont construit un écosystème médiatique alternatif avec les podcasts

    Rien qu’au mois d’octobre, Donald Trump a été l’invité de neuf de ces émissions, quatre pour son colistier J. D. Vance. Réalisés le plus souvent à la fois en audio et en vidéo sous la forme de longs entretiens en tête à tête, ces programmes animés par le journaliste trumpiste Tucker Carlson, le comédien Theo Von ou encore le commentateur sportif Joe Rogan sont de plus en plus suivis. La semaine succédant à l’élection, sur les quinze #podcasts les plus écoutés sur Spotify, neuf étaient des émissions politiques. Toutes de tendance conservatrice.

    Le genre du podcast est en plein essor outre-Atlantique : 47 % des Américains, dont près de 60 % des moins de 35 ans, en ont écouté au moins un en octobre, d’après des chiffres de l’institut Edison Research cités par le Wall Street Journal. Ces émissions conservatrices pourraient donc avoir joué un rôle important dans le succès de Donald Trump. La nuit de sa réélection, l’intéressé a d’ailleurs laissé son fidèle soutien Dana White, président de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), remercier à sa tribune une liste de #podcasteurs et #influenceurs ayant, ces derniers mois, largement fait la promotion de ses idées.
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/11/14/comment-les-conservateurs-pro-trump-se-sont-construit-un-ecosysteme-mediatiq

    https://justpaste.it/civa6

    #média #propagande

    Une des nouvelles frontières conquise par la réaction, et pas seulement sous le joug des gafam etc., internet.

  • Les #marchés_financiers : une #illusion de pouvoir

    Alors que la #France débat de son #budget, le discours reste centré sur la #dette et le #déficit publics, et sur l’#influence supposée des marchés financiers. Cette approche conforte un cadre budgétaire contraint qui pénalise la population, tout en entretenant le #mythe d’un pouvoir des marchés sur l’#économie. Cet article vise à montrer que cette domination des marchés n’est en réalité qu’une illusion.

    Introduction

    Alors que la France traverse une période cruciale de discussions budgétaires, le débat se concentre encore une fois autour du déficit et de la dette publics. En arrière-plan, les marchés financiers apparaissent comme des arbitres incontournables, qu’il faudrait apaiser pour éviter une hausse des taux d’intérêt. Cette vision, qui exagère le pouvoir des marchés sur notre économie, repose en grande partie sur des #choix_politiques issus de l’#idéologie_néolibérale et imposés par les #règles strictes de l’Eurozone, celles du #traité_de_Lisbonne. Ce carcan budgétaire auto-imposé enferme les États membres dans une #logique_financière qui empêche une gestion budgétaire pleinement orientée vers le #bien-être des populations.

    Les milliards d’euros versés chaque année en #intérêts ne font qu’alimenter des investisseurs privilégiés, et cette situation découle de décisions politiques, non de nécessités économiques. Cet article vise à déconstruire les mythes entourant la #dette_publique et le rôle prétendu des marchés financiers en montrant que leur pouvoir n’est qu’une illusion bien entretenue et que les contraintes financières de l’Eurozone sont d’abord politiques.

    Les limites à la dépense publique ne sont pas financières

    Il est tout d’abord utile de rappeler que, selon l’analyse de la #Théorie_Monétaire_Moderne (#MMT), un État qui dispose du monopole de création de sa devise, en régime de #taux_de_change_flottant, ne peut faire #faillite dans sa propre devise, à moins de le vouloir. Les limites à sa #dépense_publique ne sont donc pas financières, mais liées à la disponibilité des #ressources_réelles, qu’il s’agisse des ressources technologiques, des ressources naturelles, ainsi que de la force de travail.

    Les États membres de l’Eurozone sont toutefois un cas particulier, puisqu’ils fonctionnent dans un cadre contenant des limites financières, en réalité auto-imposées, que sont les ratios de 3 % sur le PIB du déficit public et de 60 % de la dette publique. Ces limites représentent donc des contraintes concernant la #politique_budgétaire des États, les empêchant de réaliser le déficit nécessaire pour atteindre le #plein_emploi.

    Dans ces conditions, et dans la mesure où le compte des Trésors nationaux ouvert à la #BCE doit disposer d’un solde en permanence positif, les États-membres doivent obtenir des #recettes_fiscales et émettre des #titres_d’État, ce qui, en raison de l’absence de garantie par la BCE, les rend dépendants des marchés financiers et exposés au risque du défaut. Cette situation souligne la nécessité d’une réévaluation des règles budgétaires au sein de l’Eurozone, afin de permettre à ces États de disposer de leur plein potentiel économique.

    La dette publique n’est pas un fardeau, mais une richesse

    Comme le montre l’identité comptable vérifiable dans tous les pays, la dette publique équivaut à la devise nationale créée par la dépense publique et non encore utilisée par le secteur privé pour payer les impôts. Elle représente, au centime près, la richesse financière nette des agents du secteur privé1. Il en découle que la dette publique n’est pas composée des seuls titres d’État. Elle englobe l’ensemble des passifs de l’État, à savoir le cash, les réserves bancaires et les titres d’État. Cette définition est partagée par les banques centrales, y compris la BCE selon le #traité_de_Maastricht. Il est important de souligner que l’émission de #titres_d’État ne crée pas de nouvelle devise, mais change simplement la forme de la devise, passant de « #réserves » à « #titres », tout comme on transfère un montant d’un compte courant non rémunéré vers un compte de dépôt rémunéré2.

    La dette publique (stock) est la somme des déficits annuels (flux). Dette et déficit sont donc étroitement liés, et ainsi, lorsque l’État cherche à réduire son déficit en augmentant les #taxes ou en réduisant ses #dépenses, cela diminue l’épargne du secteur privé. Dit autrement, lorsque l’État retire plus de devise nationale par les taxes qu’il n’en crée par la dépense, cela provoque de l’#austérité.

    Les titres d’État ne servent pas à financer les dépenses publiques

    L’émission des titres d’État est une pratique héritée des anciens régimes de taux de change fixes, qui est aujourd’hui dépassée. Ces titres ne sont aujourd’hui plus émis pour financer directement les dépenses publiques, mais plutôt pour réguler les taux d’intérêt, une fonction devenue moins nécessaire depuis que la BCE rémunère les réserves excédentaires. Mais également, leur émission permet d’offrir un actif financier sans risque.
    Il est donc nécessaire de questionner l’obligation d’émettre des titres d’État.

    Cependant, en Eurozone, une précision s’impose : l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit à la BCE d’octroyer des découverts aux Trésors nationaux, obligeant ces derniers à émettre des titres. Pourtant, les #euros sont créés par la BCE, lorsque les États membres dépensent, ce qui fait de l’Eurozone le créateur monopolistique de la monnaie. Exiger un solde positif permanent sur le compte du Trésor auprès de la BCE repose donc sur une #fiction, fondée sur l’idée que l’État doit gérer sa trésorerie comme une entreprise. Cette contrainte n’a aucun fondement économique. Elle est purement politique et elle s’inscrit dans l’idéologie néolibérale, laquelle perçoit l’État comme un mauvais gestionnaire et souhaite ainsi limiter son action.

    Comme le suggère #Warren_Mosler, le père de la MMT, il serait tout à fait possible de cesser d’émettre des titres d’État. Et, quoi qu’il en soit, si cette émission devait être maintenue pour offrir un actif sans risque, une politique de taux d’intérêt à zéro constituerait une solution efficace dans le but de limiter l’influence des marchés financiers3.

    Le #taux_d’intérêt est fixé par la banque centrale

    Il est essentiel de comprendre que les mouvements des taux d’intérêt appliqués aux titres d’État dépendent étroitement des décisions prises par la BCE. Les taux d’intérêt sont entièrement sous son contrôle, constituant ainsi des choix politiques. L’observation des politiques de taux d’intérêt dans différents pays le confirme : les taux appliqués aux titres d’État suivent de très près les taux directeurs de la banque centrale, comme en témoignent les deux graphiques suivants4.

    Dans l’Eurozone, le "#Whatever_it_takes" de #Mario_Draghi en 2012 a marqué un tournant en ramenant les taux d’intérêt sur les titres d’État à des niveaux raisonnables, en particulier pour la Grèce. Cet événement a montré de manière éclatante que, dès lors que la BCE garantit les titres émis par les États, ceux-ci ne peuvent pas faire défaut.

    La crise de la COVID-19 a également confirmé ce pouvoir d’intervention : la BCE et les autres banques centrales ont démontré qu’elles pouvaient contrer les pressions des marchés financiers par des opérations comme l’#assouplissement_quantitatif (#quantitative_easing). Ainsi, bien que les marchés puissent influencer les taux pour ajuster la prime de risque, leur impact reste marginal en comparaison du pouvoir des banques centrales.

    Il s’ensuit que la soutenabilité de la dette publique dépend de décisions politiques, du bon vouloir de la BCE. Ni le niveau de la dette publique ni celui des intérêts ne restreignent réellement l’espace budgétaire des États, car la BCE peut, à tout moment, décider si un pays peut continuer à dépenser ou doit faire défaut, indépendamment de son niveau d’endettement. L’exemple de la #Grèce est révélateur : en 2010, alors que son ratio dette/PIB atteignait 130 %, le pays faisait face à une crise. En revanche, fin 2021, avec un ratio supérieur à 200 %, la question de la dette publique n’était plus problématique. Cela démontre que la soutenabilité de la dette publique est avant tout une question politique, et non économique.

    Il n’y a pas de lien entre niveau de dette publique et #croissance

    Un argument récurrent dans les discussions sur la dette publique affirme qu’il existerait un #seuil_d’endettement au-delà duquel la #croissance_économique se verrait compromise. Cependant, aucune recherche rigoureuse n’a jamais confirmé l’existence d’un tel seuil. Ainsi que le montrent Yeva S. Nersisyan et L. Randall Wray5 « Il n’existe pas de seuils [du niveau de la dette publique] qui, une fois franchis, seront insoutenables ou réduiront la croissance du pays. ». En réalité, l’histoire économique regorge d’exemples où des niveaux élevés de dette publique ont coexisté avec une croissance soutenue, dès lors que l’État maintient un soutien économique actif.

    La démission de Liz Trusss, un bon exemple de l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers

    Ce qu’il s’est passé en Angleterre en 2022, entraînant la démission de la Première ministre Liz Truss, illustre parfaitement l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers. En réalité, cette démission résulte de la pression des marchés financiers, une décision politique dictée davantage par la crainte de leur réaction que par une contrainte économique réelle. En effet, le Royaume-Uni, en tant que créateur de sa propre monnaie, aurait pu continuer à financer ses politiques sans risque de défaut, notamment en contrôlant les taux d’intérêt via la Banque d’Angleterre6.

    Les #agences_de_notation : quelle légitimité ?

    L’intervention des agences de notation consolide l’idée dominante selon laquelle il est impératif d’apaiser les marchés financiers, quel qu’en soit le coût. Ces agences, des entreprises privées opérant sans réel contrôle démocratique, se voient attribuer un rôle démesuré dans l’évaluation des finances publiques. Leur influence, souvent considérée comme infaillible, façonne les politiques budgétaires des États, et leurs décisions impactent directement les choix économiques. Pourtant, ni leur compétence, ni leur intégrité ne sont systématiquement vérifiées. Confier à ces entités privées, efficaces promoteurs de la pensée néolibérale dominante, la capacité de décider de l’avenir budgétaire d’un pays constitue un grave manquement au principe de #souveraineté_nationale, et un véritable déni de démocratie.

    Conclusion : déconstruire l’emprise idéologique des marchés financiers

    Au terme de cette analyse, il est évident que l’importance excessive accordée aux marchés financiers dans les choix budgétaires des États membres de l’Eurozone découle de contraintes financières auto-imposées, et que cette situation confère un pouvoir illusoire aux marchés, la décision finale appartenant toujours à la BCE. Les États-membres, en s’enfermant dans une logique où ils se voient forcés de "plaire" aux marchés pour financer leurs dépenses, se privent d’un levier essentiel pour stimuler leur économie et répondre aux besoins de leur population.

    Cette dépendance aux marchés financiers masque la réalité politique qui se cache derrière la soutenabilité de la dette publique : à tout moment, la BCE peut garantir ou non les titres publics émis, ce qui souligne le caractère fondamentalement politique de cette question. Ainsi, ce n’est pas le niveau de la dette publique ou des taux d’intérêt qui limite la marge de manœuvre des États, mais bien les choix de #gouvernance qui priorisent la satisfaction des marchés plutôt que celle des citoyens.

    L’exemple de la crise de la COVID-19 a montré la capacité d’intervention des banques centrales pour stabiliser l’économie, indépendamment des pressions des marchés financiers. Il est donc aujourd’hui essentiel de reconsidérer les #règles_budgétaires de l’#Eurozone, afin de restaurer la souveraineté des États et recentrer la politique budgétaire sur le #bien-être_collectif, au lieu de céder aux impératifs des marchés. En prenant cette direction, les États pourront pleinement utiliser leurs ressources pour servir leurs citoyens, laissant derrière eux l’illusion d’un pouvoir des marchés qui n’est en réalité qu’une contrainte politique imposée.

    https://blogs.mediapart.fr/robert-cauneau/blog/251024/les-marches-financiers-une-illusion-de-pouvoir
    #finance #néolibéralisme